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Les sépultures de Cugnaux, La Vimona et la ZAC Agora Pascale Marlière, Jean Vaquer, Myriam Texier, Muriel Gandelin, Jean-Pierre Giraud, Maxime Remicourt Chapitre 5 : Les sépultures de Cugnaux / Zac Agora Hormis une sépulture en fosse trouvée lors de l’opé- ration de diagnostic de la zone d’accès au lycée de Cugnaux, la plupart des sépultures trouvées à Cugnaux ont été découvertes lors des opérations de fouilles pré- ventives de la ZAC Agora, réalisées en 1996-97 sous la direction de S. Brossier. Le site de la ZAC Agora à Cugnaux a permis de collecter un ensemble très diversifié de données archéologiques relatives à l’occupation du sol durant la période chasséenne. La fouille a mis en évidence une série d’installations domestiques, telles que des fosses, des silos, des fours à galets chauffés, des ensembles de trous de poteaux et trois fossés interrompus palissadés. L’abondance des structures reconnues dans cette zone de fouille et les quelques recoupements de structures observés, voire l’existence d’une possible stratigraphie dans la zone basse du talweg de la Vimona, indiquent clairement que toutes ces structures résultent d’une longue durée d’occupation. L’opération préventive a permis d’identifier quel- que 300 structures associées à trois fossés palissadés sur les 2,09 hectares dégagés par les décapages. Parmi ces vestiges, 10 sépultures ont été découvertes fortuite- ment soit durant les terrassements, soit au cours de la fouille de certaines structures domestiques ou défen- sives. Dans cette monographie, nous avons choisi de distinguer les termes «structure» et «sépulture» ou «inhumation» dans la mesure où le creusement d’une part et le squelette qui s’y trouve d’autre part ne sem- blent pas toujours ni intimement, ni directement liés. L’étude montre en effet que certaines fosses ont été creusées pour être des tombes, tandis que d’autres existaient auparavant avec d’autres fonctions avant et parfois même après avoir reçu des restes humains. Le terme «structure» sera donc plus strictement réservé au «contenant», les mots «sépulture» et «inhumation» semblant plus adaptés à une partie du «contenu». Lors de l’étude, on fera également référence aux «structures funéraires» ou «structures à inhumation», qui dans ce cas feront référence à l’ensemble archéologique com- plet, structure et sépulture. L’examen du plan général des vestiges découverts sur le site montre que les dix sépultures ont été installées dans des structures toutes creusées dans la moitié nord- est du site à substratum de lœss (fig. 1). Aucun vestige comparable n’a été décelé à l’ouest. Dans les zones où le substratum est constitué de sol limoneux brun, sur les graviers de la terrasse, plusieurs facteurs défavorables à la conservation des sépultures ont pu jouer : d’une part, l’acidité de ce type de sol qui semble peu propice à la conservation des vestiges osseux et d’autre part, l’éro- sion du site, à la fois naturelle et causée par les labours et l’arasement du site par les décapages préliminaires.
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Les sépultures de Cugnaux La Vimona et la ZAC Agora

May 13, 2023

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Page 1: Les sépultures de Cugnaux La Vimona et la ZAC Agora

Les sépultures de Cugnaux, La Vimona et la ZAC Agora

Pascale Marlière, Jean Vaquer, Myriam Texier, Muriel Gandelin,

Jean-Pierre Giraud, Maxime Remicourt

Chapitre 5 : Les sépultures de Cugnaux / Zac Agora

Hormis une sépulture en fosse trouvée lors de l’opé-ration de diagnostic de la zone d’accès au lycée de Cugnaux, la plupart des sépultures trouvées à Cugnaux ont été découvertes lors des opérations de fouilles pré-ventives de la ZAC Agora, réalisées en 1996-97 sous la direction de S. Brossier.

Le site de la ZAC Agora à Cugnaux a permis de collecter un ensemble très diversifi é de données archéologiques relatives à l’occupation du sol durant la période chasséenne. La fouille a mis en évidence une série d’installations domestiques, telles que des fosses, des silos, des fours à galets chauff és, des ensembles de trous de poteaux et trois fossés interrompus palissadés. L’abondance des structures reconnues dans cette zone de fouille et les quelques recoupements de structures observés, voire l’existence d’une possible stratigraphie dans la zone basse du talweg de la Vimona, indiquent clairement que toutes ces structures résultent d’une longue durée d’occupation.

L’opération préventive a permis d’identifi er quel-que 300 structures associées à trois fossés palissadés sur les 2,09 hectares dégagés par les décapages. Parmi ces vestiges, 10 sépultures ont été découvertes fortuite-ment soit durant les terrassements, soit au cours de la fouille de certaines structures domestiques ou défen-sives. Dans cette monographie, nous avons choisi de distinguer les termes «structure» et «sépulture» ou

«inhumation» dans la mesure où le creusement d’une part et le squelette qui s’y trouve d’autre part ne sem-blent pas toujours ni intimement, ni directement liés. L’étude montre en eff et que certaines fosses ont été creusées pour être des tombes, tandis que d’autres existaient auparavant avec d’autres fonctions avant et parfois même après avoir reçu des restes humains. Le terme «structure» sera donc plus strictement réservé au «contenant», les mots «sépulture» et «inhumation» semblant plus adaptés à une partie du «contenu». Lors de l’étude, on fera également référence aux «structures funéraires» ou «structures à inhumation», qui dans ce cas feront référence à l’ensemble archéologique com-plet, structure et sépulture.

L’examen du plan général des vestiges découverts sur le site montre que les dix sépultures ont été installées dans des structures toutes creusées dans la moitié nord-est du site à substratum de lœss (fi g. 1). Aucun vestige comparable n’a été décelé à l’ouest. Dans les zones où le substratum est constitué de sol limoneux brun, sur les graviers de la terrasse, plusieurs facteurs défavorables à la conservation des sépultures ont pu jouer : d’une part, l’acidité de ce type de sol qui semble peu propice à la conservation des vestiges osseux et d’autre part, l’éro-sion du site, à la fois naturelle et causée par les labours et l’arasement du site par les décapages préliminaires.

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L’interprétation archéologique liée à l’ensemble des observations faites à la fouille montre que trois types de structures ont accueilli des inhumations :

- des silos réutilisés aussi comme dépotoir (struc-tures 19, 20 et 30) ;

- des structures souterraines alignées sur le bord du fossé 3 (structures 13 et peut-être18) ;

- des fosses dans les comblements du fossé 2 ou à sa base (structures 50, 107, 161, 165 et 166).

Fig. 1 - Z.A.C. Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan général des structures néolithiques avec localisation des sépultures. (Infographie : M. Gandelin, d’après Brossier 1997).

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Défunts néolithiques en Toulousain

Cette diff érenciation morphologique et typologi-que retenue pour l’étude s’est révélée conforme aux réalités archéologiques du terrain puisque chaque type de structure y apparaît dans un secteur géographique bien précis : les silos sont creusés dans l’angle sud-est de la zone de lœss, à l’intérieur du tracé du fossé de l’enceinte 3 ; les grands souterrains allongés recoupent l’extrémité de ce même fossé. Les sépultures liées au fossé 2 sont regroupées sur un tronçon de celui-ci, dans l’angle nord-ouest de l’enceinte.

Le fossé 1 qui est plus récent car il recoupe les deux autres enceintes n’a livré que quelques ossements isolés, en vrac dans ses comblements. Aucune sépul-ture n’est apparue à ses abords immédiats. L’insuffi -sance des données stratigraphiques, due à l’arasement du site, ne permet pas de mettre immédiatement en évidence les relations chronologiques entre les diff é-rents types de vestiges, domestiques, défensifs et funé-raires, seule une étude globale et détaillée des séries mobilières pourrait permettre de faire des proposi-tions de périodisation.

L’analyse qui va suivre se propose de conduire, de façon simultanée, une étude archéologique des contextes funéraires et une étude taphonomique des corps inhumés de manière à mettre en évidence certains aspects du rituel funéraire mis en œuvre au Néolithique.

Avant de présenter les études archéologiques et taphonomiques relatives aux différentes structures funéraires fouillées sur le site Agora de Cugnaux, il faut tout d’abord insister sur un aspect fonda-mental et commun à toutes les inhumations, quels que soient leur groupe typologique d’origine et leur état de conservation : tous les cas présentent les caractéristiques propres aux dépôts primaires. Cette conclusion s’appuie sur l’observation des connexions très étroites préservées sur l’ensemble des squelettes et plus particulièrement au niveau des mains et des pieds qui ne sont pas exclusive-ment le fait d’un espace colmaté. De prime abord, la sépulture 13 semblait déroger à cette règle étant donné le grand désordre des ossements. Cependant les différents assemblages d’os montrent une cer-taine logique anatomique et quelques connexions préservées qui mettent en évidence le caractère pri-maire de ce dépôt.

La sépulture chasséenne de la Vimona (Vim 1)

Cette sépulture a été découverte et fouillée par J.-P. Giraud lors de la phase de diagnostic du sec-teur de l’accès au lycée de Cugnaux (Giraud 1985 ; Nacfer 1991).

Description de la structure

Cette sépulture d’un adulte reposant sur le ventre orienté nord-sud était manifestement une inhuma-tion avec décomposition du corps en espace colmaté, elle était donc obligatoirement dans une structure en creux. La reconnaissance des limites précises de cette fosse était cependant impossible car le comblement de la tombe était peu diff érent du substratum loessique et le faible niveau d’enfouissement n’a pas permis d’ob-server d’anomalie pédologique susceptible d’en préci-ser les limites.

Description de la sépulture

L’individu était conservé en connexion (fi g. 2). Les ossements les plus hauts conservés se trouvaient à une vingtaine de centimètres sous la surface du sol actuel. Le squelette était couché sur le ventre, les jambes repliées. L’extrémité de ses membres inférieurs a été bougée par le décapage, aussi n’a-t-elle pas été relevée en place. Cependant nous avons pu constater que les tibias et fi bulas étaient parallèles, les talons ramenés à une vingtaine de centimètres du bassin. Le bras gauche était plié, l’humérus en connexion avec la scapula, le radius et l’ulna passant sous la colonne vertébrale. Les os de la main étaient dispersés, la plupart des méta-carpiens sous le gril costal, quelques phalanges et os du carpe plus largement remaniés. Ces remaniements sont à mettre au compte des activités des petits ron-geurs, dont les terriers étaient nombreux à cette faible profondeur. Le bras droit était strictement replié sur lui-même, l’ulna sous l’humérus. La main droite était elle aussi plus ou moins déconnectée et se trouvait à la hauteur de la scapula et des premières côtes.

En ce qui concerne le squelette axial, si le bassin était presque à plat, la colonne vertébrale apparaissait par sa face latéro-postérieure droite. Les trois premiè-

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res vertèbres cervicales étaient déconnectées : la troi-sième, vue par sa face antéro-latérale droite, faisait un angle de 90° par rapport à l’axe de la quatrième ; l’axis apparaissait par sa face antérieure, l’apophyse odon-toïde tournée vers le bas du corps, descendu au niveau de la première vertèbre thoracique et reposant sur la partie supérieure de la scapula gauche ; l’atlas était resté à proximité du crâne, mais était aussi retourné car il apparaissait par sa face antéro-latérale gauche, sa face inférieure tournée vers le crâne.

Le gril costal était dissymétrique, les extrémités distales des côtes gauches engagées sous les vertèbres, celles des côtes droites nettement éloignées de l’axe du corps.

Le crâne reposait sur le côté gauche, la face vers le sud. La partie droite du crâne a été anciennement remaniée, le temporal, le pariétal et le frontal droits ayant été arrachés. La branche montante de l’hémi-mandibule droite était brisée en deux fragments soule-vés à quelques centimètres au-dessus du crâne.

Si ces derniers remaniements sont attribuables à un labour ancien, ceux aff ectant l’extrémité supérieure

de la colonne vertébrale sont probablement dus à un mouvement du corps peu de temps après l’inhumation. Le corps a dû être déposé sur le ventre (procubitus), avec une légère composante à gauche, puis une mise à plat lors de la décomposition. Le fait que le crâne devait reposer sur le sol de façon stable a entraîné une torsion qui a disloqué les connexions entre les trois premières cervicales. L’ampleur du mouvement de basculement implique la présence d’un vide autour du corps (enveloppe ou protection en matière organique relativement durable).

Analyse anthropologique

Description morphométrique

Il s’agit d’un sujet adulte dont l’âge au décès est estimé à 30 ans et plus (Owing-Webb, Suchey 1980). Sa taille corporelle calculée à partir des os longs (Cleuvenot, Houët 1993) est de 171,7 (+/- 4) cm. Le sujet est de sexe masculin d’après l’observation morphologique des os coxaux (Bruzek 1992).

Le squelette appendiculaire

La conservation osseuse est médiocre, aussi l’étude métrique a porté uniquement sur le squelette appen-diculaire. Le sujet de la Vimona se présente comme l’individu le plus robuste du groupe de Cugnaux. Les bras (humérus) et les avants bras (radius et ulnas) sont longs. Les indices de robustesse indiquent des os moyennement robustes, avec des périmètres mini-mums moyens mais toutefois plus élevés que chez les autres individus. La tête humérale montre un déve-loppement sagittal plus marqué que l’ensemble du groupe. Les membres inférieurs, surtout représentés par les tibias, sont robustes et longs. La platycnémie des tibias traduit une diaphyse aplatie transversale-ment, caractéristique qui se retrouve seulement chez un sujet masculin 161. La diaphyse fémorale, seule partie conservée, présente une section sous-trochanté-rienne aplatie antéro-postérieurement.

Il apparaît comme le sujet le plus robuste du groupe et présente également la stature la plus élevée. Cette tendance à la robustesse est confi rmée par une

Fig. 2 - La Vimona, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Vim 1. (Relevé J.-P. Giraud ; infographie : M. Gandelin).

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Défunts néolithiques en Toulousain

variable anatomique : l’insertion en creux du ligament costo-claviculaire.

En eff et, bien que son déterminisme demeure dis-cuté (Saunders 1978 ; Crubézy 1988), une liaison au développement de la force musculaire a été envisagée. D. Castex (1994) constate une fréquence plus élevée chez les individus de sexe masculin et plus souvent du côté droit dans des populations médiévales. Nous constatons que ce caractère se manifeste chez deux individus de sexe masculin dont la robustesse apparaît plus affi rmée relativement au reste du groupe.

Mobilier

Une pointe de fl èche tranchante en silex blond a été trouvée sur ou dans le corps au-dessus de la deuxième vertèbre lombaire. Un gros éclat cortical et une pièce à retouches bifaciales ont été découverts à une quinzaine de centimètres au nord du bassin. Quelques tessons de poterie d’une taille de l’ordre du centimètre ont été découverts dans les sédiments recouvrant le corps. On ne peut savoir si la pointe de fl èche est une off rande où si elle était fi chée dans le corps du défunt. On ne peut exclure qu’elle soit parvenue fortuitement avec les terres de comblement.

La sépulture de la fosse Cx Ag 19

Le squelette bien conservé d’un enfant âgé de 3 à 5 ans a été découvert à la base du comblement d’une structure circulaire. Il apparaissait dans une position contractée, le tronc face contre terre, la tête tournée vers la droite et les membres inférieurs fl échis et rabat-tus à droite du tronc. Les deux pieds ont été acciden-tellement prélevés lors de la découverte et les corps vertébraux ont été pratiquement dissous par l’acidité du sédiment qui comblait la structure.

Description de la structure

Cette fosse sub-circulaire d’environ 1,10 m de diamè-tre était conservée sur une profondeur d’une quaran-taine de centimètres (fi g. 3). La pente de la paroi est irrégulière, très évasée «en entonnoir» dans la partie supérieure de la structure et localement verticale, voire

rentrante. On peut interpréter cette structure comme le fond d’un silo tronconique.

Un surcreusement ovalaire aux parois verticales ou obliques est apparu au centre du fond plat de la fosse sans qu’on puisse saisir exactement la signifi ca-tion de ce trou (trou de poteau, terrier de fouisseur, ou trou volontaire pour disposer un élément en matière organique qui aurait disparu ?). Après le démontage du squelette, la fouille de cette structure annexe a montré qu’elle avait une trentaine de centimètres de profondeur. La nature de cet aménagement échappe à toute interprétation archéologique. Il ne semble pas directement lié au fait funéraire puisqu’il était comblé au moment de l’installation de la sépulture qui s’y superpose.

Les comblements supérieurs de la structure 19 étaient constitués principalement de limon brun. On a pu noter trois dépôts successifs, dont la teneur en charbons de bois s’accroissait de haut en bas.

Fig. 3 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan et coupe de la structure Cx Ag 19. (Infographie : M. Gande-lin, d’après Brossier 1997).

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Ils recouvraient un tas de cendres posé directement sur le squelette qui apparaissait dans un niveau de loess tapissant le fond de la structure. Cette accumulation de loess a dû se constituer durant la phase d’abandon du silo par eff ritement de la voûte et c’est elle qui a comblé le trou central.

Le dépôt funéraire est intervenu après cette phase. Le corps a été déposé bien au centre de la fosse, juste au-dessus de l’ancien trou, dont le remplissage en se tassant sous le poids des comblements supérieurs a lit-téralement aspiré le corps en décomposition. Le crâne et les pieds sont restés posés sur le bord, à l’extérieur du trou, tandis que les os longs des membres inférieurs fl échis et le squelette du tronc, contraint par l’exiguïté du creusement, se sont plaqués contre la paroi.

La coupe stratigraphique de la fosse montre qu’il n’existe eff ectivement aucun creusement préalable à l’inhumation, qui est intervenue juste après la période d’abandon du silo sur un « sol » horizontal. Les cen-dres recouvraient directement le corps. Durant la décomposition, elles se sont infi ltrées progressivement

entre les ossements jusqu’à se mélanger au remblai inférieur du trou sous-jacent, dont le tassement a pro-voqué à la fois l’enfoncement du corps et le tassement des comblements supérieurs. Ce phénomène, très net pour chacune des couches encore en place, peut impli-quer qu’un très court laps de temps a séparé les diff é-rents dépôts, tous en place avant la fi n du processus de décomposition. Cette hypothèse suggère que l’inhu-mation clôt le cycle d’utilisation de la fosse. L’espace parfaitement colmaté a permis alors la conservation intégrale des connexions anatomiques du corps, dans deux dimensions, horizontale et verticale.

Description de la sépulture

Le squelette est apparu sur plusieurs plans, verticaux, horizontaux et obliques, dont la succession est condi-tionnée par le tassement progressif du comblement et la confi guration du trou sous-jacent, sous la pression exercée par la mise en place des remblais supérieurs dans la structure 19 (fi g. 4 et 5).

Les connexions du squelette post-crânien, par-faitement préservées par un espace immédiatement colmaté, laissent transparaître la position primaire du corps, tronc face contre terre et tête tournée à droite. Les membres supérieurs sont fl échis sous le thorax, les membres inférieurs repliés sur le côté droit. Sur le fond du silo 19, dans le plan supérieur du squelette, le crâne apparaissait en premier par sa face latérale droite, en position primaire hors du trou de poteau. Les ver-tèbres cervicales sont restées groupées au-dessous de l’occipital, nettement détachées des premières thoraci-ques qui ont été entraînées par l’aff aissement du reste du corps dans le trou. Cette rupture marque au niveau de C. 6-C. 7 un premier changement de plan, passant de l’horizontale du crâne à la verticalité du tronc et se conformant exactement à celle de la paroi. Le thorax se présentait en face supéro-postérieure.

L’asymétrie des scapulas est due à une diff érence de profi l qui aff ecte les parois du trou de poteau. A l’est, sur le côté droit du corps, elles sont très évasées et retiennent les membres inférieurs et supérieur droit fl échis. A l’ouest, sur la gauche du squelette, elles sont parfaitement verticales et n’exercent aucune contrainte sur l’hémi-corps qui s’est eff ondré plus librement au fur et à mesure que les comblements inférieurs se sont

Fig. 4 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan et mobilier de la sépulture Cx Ag 19. (Relevé : P. Marlière ; infographie : M. Gandelin).

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tassés dans le trou central sous-jacent. Les clavicules refl ètent également ce déséquilibre : la gauche descend en même temps que toute l’articulation de l’épaule homolatérale. La clavicule droite a été bloquée sous la mandibule du fait de la compression de l’épaule contre la paroi.

Les vertèbres thoraciques superposées sont aff ec-tées par une légère torsion : les sept premières, en vue supéro-postéro-latérale droite, refl ètent l’eff ondrement vertical du corps, tout en conservant les caractéristi-ques imposées par la rotation du crâne vers la droite. Cet axe est progressivement dévié jusqu’à la première lombaire, les vertèbres restant strictement en face pos-téro-supérieure. Les côtes, toujours en connexion ana-tomique avec les vertèbres, ont rabattu leurs extrémités antérieures vers le bas du corps, de part et d’autre du rachis. Elles apparaissaient par leur face inférieure.

Les humérus adoptent des inclinaisons diff érentes. A gauche, l’humérus suit la pente verticale du trou tandis que le droit, oblique, reste comme suspendu dans le plan supérieur de la structure, accroché à la paroi évasée. Les deux avant-bras se sont déconnectés sous l’eff et du rabattement des côtes et de l’aff aisse-ment diff érencié des épaules. La fl exion très marquée du membre supérieur gauche est soulignée par les vestiges de la main en avant et au-dessus de l’épaule gauche, reposant encore partiellement sur le fond de la structure 19 à l’extérieur du trou. La rupture du coude droit est nettement plus marquée, le radius et l’ulna occupent un plan oblique, parallèle à celui de l’humé-rus, mais ont été entraînés quelques centimètres plus bas dans le trou central avant d’être retenus à mi-pente contre la paroi.

Les dernières lombaires et les vertèbres sacrées, détachées du reste du rachis, conservent entre elles des connexions très lâches. Elles reposent à la surface du remblai contemporain de la phase d’abandon du silo qui s’est progressivement tassé dans le trou. Leur appa-rition marque également la limite inférieure de l’af-faissement du corps et celle du tassement des remblais cendreux qui ont suivi la déposition du cadavre. Profi -tant des vides provoqués par la décomposition elles se sont infi ltrées plus profondément dans les creux entre les ossements.

Les iliums ont été retrouvés au fond du trou, à la surface du remblai le plus ancien, dans le même plan

que les vertèbres lombaires et sacrées. Ils apparaissaient de chant, collés à la paroi verticale. Les ischiums et pubis ne présentaient plus aucune connexion : ils ont dû être à la fois entraînés par l’enfoncement du corps et retenus par la paroi oblique.

Les membres inférieurs étaient primitivement fl é-chis sur le côté droit du corps. Les deux pieds étaient posés à l’extérieur du trou de poteau. De ce fait les tibias et les fi bulas à droite comme à gauche apparais-sent par leur extrémité distale. Entraînés vers le fond, ils ont été plaqués progressivement contre la paroi évasée du creusement. Le membre inférieur gauche était peut être au départ moins fl échi que le droit ce qui a facilité ou du moins n’a pas empêché son tasse-ment à une profondeur plus importante.

La structure funéraire 19 se distingue au sein de ce groupe par une stratigraphie relativement nette et

Fig. 5 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Vue rap-prochée de la sépulture Cx Ag 19. (Cliché N. Neyssensas).

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bien conservée. L’absence de creusement visible dans les diff érents remblais du silo montre clairement qu’au moment du dépôt du corps la structure était encore partiellement vide. Etant donné la bonne cohésion du squelette, on peut penser qu’au moment de l’ins-tallation du cadavre le trou central était parfaitement rebouché, du moins qu’aucun tassement de son rem-plissage n’était encore intervenu : l’existence d’un vide partiel dans la partie supérieure du trou, sous le corps, aurait permis des déplacements d’os gravitaires et endogènes, uniquement liés à la décomposition, qui n’existent pas dans ce cas. On peut alors émettre plu-sieurs hypothèses. La première considère que le com-blement du trou est entièrement naturel, en relation avec l’abandon du silo, et la deuxième, au contraire, que le remplissage procède d’un apport volontaire de sédiment immédiatement antérieur au dépôt du corps, qui compense le dénivelé provoqué par le tas-sement du remblai naturel antérieur. On peut aussi envisager que le trou sous-jacent contenait un élément en matière organique dont la disparition a enfoncé les

restes humains lors de la décomposition du cadavre.Trois éléments sont alors entrés en concurrence

pour donner au squelette sa confi guration : en pre-mier lieu, le tassement du comblement initial du trou, qui a aspiré le tronc ; ensuite, la pression exercée sur les connexions anatomiques par le poids des remblais supérieurs qui recouvraient le corps et lui ont imprimé ce mouvement si particulier; enfi n le processus de décomposition lui-même.

Leur action simultanée a limité la formation de vides résiduels, tant dans les cavités corporelles que dans le trou lui-même, ce qui fait qu’aucun déplace-ment d’os n’était possible par gravité, sauf dans le trou sous-jacent où le corps, pendant la décomposition, a «comblé» progressivement le vide créé par le tassement du remplissage inférieur.

La rupture très nette du rachis peut montrer que le tassement s’est poursuivi après la décarnisation du squelette puisque les vertèbres lombaires et sacrées tombées très bas constituent un segment anatomique parfaitement indépendant du reste du corps.

Fig. 6 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Mobilier de la sépulture Cx Ag 19.(Infographie : M. Remicourt, d’après Brossier 1997).

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Mobilier

Une perle discoïde en variscite a été retrouvée à hau-teur du frontal gauche (fi g. 4). C’est le seul objet que l’on peut directement mettre en relation avec le corps. On ne peut affi rmer que l’éclat de quartz qui se trou-vait près du crâne sur le fond du silo (à l’extérieur du trou central) est lui aussi un dépôt intentionnel, de même que la côte de boeuf, posée à plat au sommet du tas de cendres qui recouvrait entièrement le squelette.

Le remplissage de la fosse présentait toutefois un certain nombre de vestiges matériels divers.

Mobilier lithique

Un peu de matériel lithique était présent dans le rem-plissage de la fosse :

- un éclat de silex, partiellement cortical, évoquant le silex gris bleuté du Tertiaire des Petites-Pyrénées

- deux fragments d’éclats en silex sénonien d’Aqui-taine, un de la variété blonde, l’autre de la variété grise

- le silex blond bédoulien du Vaucluse est repré-senté par deux fragments légérement brûlés, mais à surfaces mates. On note un fragment distal de lamelle et un fragment mésial de lame à section trapézoïdale qui présente une réserve corticale beige grenue, ce qui indique une absence de traitement thermique anté-rieur au débitage

- on compte aussi deux fragments d’éclats en silex brûlé dont un très brillant pourrait correspondre à du silex bédoulien chauff é et un débris trés fi ssuré par l’ustion.

Le macro-outillage était représenté par un gros éclat de quartzite à talon cortical présentant des coches et une série de retouches semi-abruptes. Un fragment et une meule entière en granite (28,5×13×9 cm) ont éga-lement été mis au jour, ainsi qu’une molette en granite (13,7×7,8×5,1 cm).

Mobilier céramique

La Cx Ag 19 a également livré 336 tessons se rappor-tant à une trentaine de récipients diff érents, dont deux vases globuleux, deux vases à col, une coupe à cran interne et une écuelle carénée.

Vases restituables :- Vase 1 : Six tessons ont permis de restituer un

vase globuleux ovoïde à bord droit et lèvre arrondie. Ce vase mesure 21 cm de diamètre à l’embouchure et une paroi d’environ 13,5 cm de haut. Le diamètre maximum est de 31 cm.

- Vase 2 : Il s’agit d’un vase globuleux ovoïde à fond rond représenté par quarante-huit tessons. Il présente un bord droit à lèvre légèrement évasée vers l’extérieur. Il porte deux anses en ruban dans sa partie supérieure. Il mesure 13 cm de diamètre à l’ouverture (son diamè-tre maximum est de 14 cm) et la paroi a 6 cm de haut (fi g. 6, n° 2).

- Vase 3 : Vingt-cinq tessons représentent un petit bol à profi l sinueux d’un diamètre à l’ouverture de 8,5 cm. Son fond est rond, son bord est évasé à lèvre biseautée. Un élément de préhension est représenté par un petit téton.

- Vase 4 : Un second bol ovoïde est présent dans la fosse. Il est également à fond rond, à lèvre biseautée, mais son bord est droit. Il mesure 8 cm de diamètre à l’ouverture et 8,5 cm de diamètre maximum.

Formes identifi ables :Coupe :- un bord évasé à lèvre arrondie apparte-

nant à une assiette à marli épaissi oblique à cran interne (fi g. 6, n° 3).

Ecuelle carénée :- un tesson à carène appartenant à une

écuelle carénée.

Eléments isolés :Les bords peuvent être classés ainsi :- deux bords droits à lèvre biseautée- un bord évasé à lèvre arrondie- trois bords droits à lèvre arrondie- quatre bords rentrants à lèvre biseautée- un bord droit à lèvre équarrie- un bord évasé à lèvre équarrie- un bord évasé à lèvre ourlée- un bord rentrant à lèvre équarrie.

Les éléments de préhension sont représentés par :- deux anses en boudin- une anse en ruban

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- une languette applatie- une languette applatie à perforation horizontale.

Deux tessons indéterminés appartenant à des frag-ments de panse.

Faune mammalienne

Les restes fauniques se rapportent à trois individus, un capriné adulte agé de plus de trois ans (4 restes) et à deux bovinés (3 restes) dont un adulte (une côte de boeuf ) et un jeune de moins de trois ans.

Arguments de datation

Le matériel céramique présent dans le remplissage de la fosse 19 se rapporte à la phase ancienne du Chasséen garonnais. On y trouve des vases globuleux ovoïdes ou à profi l sinueux et bords évasés, des anses en ruban, des bols à mamelons, une assiette à marli épaissi plutôt caractéristiques de la phase ancienne. On note égale-ment des vestiges céramiques annonçant la phase clas-sique comme des fragments de vases carénés ou des vases à languettes perforées. Cette sépulture s’inscrit sans doute vers la fi n de la seconde moitié du cin-quième millénaire.

La sépulture de la fosse Cx Ag 20

Lors de la fouille de la structure 20 est apparu le sque-lette bien conservé d’un sujet périnatal déposé en décu-bitus latéral gauche, la tête au sud. On a pu observer quelques germes dentaires en place dans les alvéoles mandibulaires. Aucune off rande n’a été reconnue avec le corps. Cette sépulture était ponctuellement pertur-bée par des terriers qui ont sans doute causé la dis-parition de l’avant-bras droit. Lors de la découverte, les os des pieds et des mains ont été complètement dispersés, les petits os ont pu cependant être récupérés après tamisage des déblais.

Description de la structure

Le corps a été déposé, à mi-profondeur, contre la paroi est de cette fosse ovalaire de 1,80 m sur 1,50 m qui

était encore conservée sur une profondeur d’environ 0,60 m. Les parois rentrantes et le fond plat laissent interpréter cette structure comme un silo (fi g. 7). Bien que celui-ci soit arasé, la fouille a permis de distinguer au moins deux phases diff érentes dans son utilisation. Sur le fond, au-dessous du corps, un niveau de limon brun correspond à des eff ondrements de paroi et à un premier remblai, signifi catif d’une phase d’abandon. Dans le comblement supérieur conservé, des accumu-lations détritiques se sont successivement constituées en couronne au pied de la paroi. Des rejets de galets, d’ossements d’animaux et de céramiques très fragmen-tées montrent la poursuite du processus d’utilisation de la fosse comme dépotoir.

Ces épandages disparaissent presque totalement aux abords de la sépulture qui était englobée dans la couche d’abandon du silo. On ne peut toutefois affi r-mer, en raison du manque de traces semblables dans les autres comblements, que l’absence des rejets est bien la conséquence de leur destruction ponctuelle par le recreusement préalable à la sépulture (fi g. 8 et 9).

Fig. 7 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan et coupe de la structure Cx Ag 20. (Infographie : M. Gande-lin, d’après Brossier 1997).

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Défunts néolithiques en Toulousain

On a trouvé deux galets sous le nourrisson, qui pourraient provenir des rejets supérieurs, tombés au fond de la fosse d’inhumation lors de son creusement, confi rmant l’hypothèse d’un recreusement. Ils appar-tiennent peut-être simplement au comblement infé-rieur du silo, mais ils ne peuvent en aucun cas être tombés après le dépôt du corps puisqu’ils sont sous les coxaux et le fémur dont ils ont facilité le basculement durant la décomposition.

Description de la sépulture

Le crâne apparaissait par sa face supéro-latérale droite. L’hémi-frontal gauche, en contact avec le sol, s’est assez fortement déformé, sans se rompre, sous le poids des comblements. Les diff érentes pièces en écaille consti-tutives de la voûte crânienne ont été mises à plat sans modifi cation notable des connexions. Cet écrasement est responsable du décrochement de l’hémi-mandi-bule droite qui a basculé vers l’extérieur. Le maxillaire

droit retrouvé au niveau du bord supérieur des orbites est très mal conservé, mais révèle la présence dans une alvéole d’un germe d’incisive. Dans la mandibule, les alvéoles se sont vidées après désintégration de l’os.

La pression du comblement a provoqué un certain nombre de mouvements et de déplacements aff ectant les diff érentes parties du corps. Le rachis a subi une torsion progressive depuis les cervicales, qui appa-raissent par leur face latérale droite, jusqu’aux vertè-bres sacrées visibles par leur face antérieure. La mise à plat de l’hémi-thorax droit sur le gril gauche ouvert a entraîné le basculement vers l’avant de la scapula homolatérale qui apparaît désormais par sa face posté-rieure, recouvrant les vertèbres et les extrémités posté-rieures des côtes. L’appui de la scapula contre la paroi a empêché sa migration vers l’arrière. L’aff aissement du thorax a provoqué sa bascule vers l’avant, la replaçant dans le volume intérieur du cadavre. L’ilium droit s’est d’abord ouvert en face latérale, puis il est remonté dans l’abdomen, légèrement dévié de son axe anatomique. On peut voir dans ce mouvement contrarié le résultat de la contrainte exercée par la paroi proche. Les vertè-bres sacrées sont restées groupées, en face antérieure, retenues par un galet qui est également responsable de la dislocation du bassin au moment de la décomposi-tion et de la chute des ischiums.

Les fl exions diff érentes qui aff ectent les membres inférieurs semblent correspondre à la position initiale du nourrisson. La disjonction du genou gauche semble imputable au léger dénivelé du comblement inférieur

Fig. 8 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Cx Ag 20. (Relevé : P. Mar-lière ; infographie M. Gandelin).

Fig. 9 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépulture Cx Ag 20. (Cliché N. Neyssensas).

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du silo. Le membre inférieur droit conserve une meilleure connexion anatomique semi-fl échie dans le même plan horizontal que le reste du squelette.

Les bouleversements les plus importants sont impu-tables à un terrier, comme le retournement des côtes hautes et le déplacement de l’humérus gauche. Cet os a été déplacé perpendiculairement à l’axe du corps, son extrémité proximale ramenée sur la diaphyse de l’humérus droit, dans une position anatomiquement improbable. Il se retrouve ainsi parallèle au radius et à l’ulna homolatéraux qui peuvent avoir conservé leur position initiale semi-fl échie. Le membre supérieur droit est incomplet après la disparition de l’avant-bras. L’humérus a glissé vers l’avant lorsque le thorax s’est aff aissé. Le radius et l’ulna du membre supérieur droit n’ont pas été retrouvés après le tamisage des déblais de fouille. Cette opération a pourtant permis de complé-ter le squelette du membre inférieur droit et de retrou-ver un certain nombre de petits os des pieds et des mains, dont on ignore la position initiale. Il semble que l’on puisse admettre pour l’avant-bras droit une destruction ancienne sans doute par un terrier, en rela-tion avec le déplacement de l’humérus homolatéral.

Déconnecté de la scapula, l’humérus droit est resté sur le gril costal homolatéral. Il est légèrement désé-quilibré, inclinant son extrémité proximale vers le crâne dans la partie supérieure du thorax désorganisée et vidée par le terrier.

Il ne restait qu’un petit nombre de phalanges en place, hormis celles déplacées lors de la découverte. Leur dispersion, entre les vertèbres, dans le thorax ou le crâne, rend impossible la localisation de leur emplacement initial.

Les informations recueillies, bien qu’el-les ne portent pas sur un squelette com-plet, mettent quand même en évidence une décomposition en ambiance colmatée. Les ossements mis à plat occupent un même plan horizontal. L’hémi-thorax gauche est resté ouvert, dans une position anatomique naturelle, les extrémités postérieures des côtes toujours en contact avec les rachis. Les déplacements gravitaires sont très limités, à l’occasion de vides ponctuels et temporaires dans les volumes libérés par la disparition des parties molles.

Mobilier

Mobilier lithique

Le remplissage de la structure comprenait 1 débris en silex indéterminé, 1 fragment de meule en granite, mais également les restes d’une industrie sur galets. Il s’agit de deux ébauches de hache sur galet, l’une en quartzite, l’autre en schiste. D’un galet en quartzite à encoches et d’un autre en schiste portant des traces de retouches. Un éclat esquillé sur galet était également présent.

Mobilier céramique

Le remplissage de la fosse contenait 268 tessons qui ont permis de reconnaître un certain nombre de formes dont deux vases ovoïdes, un vase à col mal diff érencié, une écuelle carénée et une coupe à cran. Une partie du matériel n’a toutefois pas permis de défi nir précisément à quels types de formes on pou-vait le rattacher.

Vases restituables :- Vase 1 : La partie supérieure d’un vase ovoïde

représentée par sept tessons, à lèvre équarrie et bord droit. Son diamètre à l’ouverture est de 26 cm. Son fond semble rond.

- Vase 2 : Un vase ovoïde bas représenté par six tessons, à lèvre en biseau, bord rentrant et fond rond.

Fig. 10 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Mobilier de la sépul-ture Cx Ag 20. (Infographie : M. Remicourt, d’après Brossier 1997).

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Défunts néolithiques en Toulousain

Son diamètre à l’ouverture est de 13 cm. Il porte un téton à perforation verticale sur la panse (fi g. 10).

- Vase 3 : La partie supérieure d’un vase globuleux est reconnaissable à partir de 2 tessons. La lèvre est biseautée et le bord est droit. Son diamètre à l’ouver-ture mesure environ 26 cm.

- Vase 4 : Quatorze tessons appartiennent à une écuelle carénée complète. Son bord est droit, à lèvre équarrie, son fond est rond. Son diamètre à l’ouver-ture est de 11,5 cm et elle mesure 6,8 cm de haut, la carène est à 3,3 cm.

Formes identifi ables:Coupe :- un bord évasé à lèvre en biseau appartenant à une

coupe à cran interne.

Eléments isolés :Les bords peuvent être classés ainsi :- deux bords droits à lèvre arrondie- un bord rentrant à lèvre arrondie- deux bords évasés à lèvre arrondie- un bord évasé à lèvre en biseau- deux bords rentrants à lèvre en biseau- une lèvre en biseau.

Les éléments de préhension sont représentés par :- un fragment de panse à deux barrettes triforées

verticalement représenté par 28 tessons- trois fragments d’anses rubanées.

198 tessons de panse indéterminés.

Faune mammalienne

La Cx Ag 20 a livré en tout 63 restes de faune qui se déclinent de cette façon si l’on estime le nombre mini-mum d’individus :

- trois caprinés (44 restes, 111 g), dont 1 adulte, 1 jeune d’environ un an et demi et un individu très jeune aux vertèbres non soudées.

- deux bovinés (18 restes, 1924 g), dont un adulte et un jeune de moins de trois ans et demi, quatre ans.

- un suiné adulte (1 reste, 95 g)On constate dans cette structure une inversion de

la représentation des bovins et des caprinés entre le

nombre de restes et le poids d’os. Les caprinés passent de 70 % en nombre de restes, à 5 % en poids d’os, presque autant que les suinés qui ne sont représentés que par un fragment.

Arguments de datation

Le matériel céramique présent dans cette fosse est attri-buable à la fi n du cinquième millénaire avant J.-C. On retrouve quelques éléments à mettre en relation avec la phase ancienne du Chasséen garonnais, en particulier des anses en ruban, des vases ovoïdes, mais également annonçant la phase classique, notamment une écuelle carénée à bord droit, profonde, à carène médiane.

La sépulture de la fosse Cx Ag 30

Le squelette d’un adulte mature de sexe masculin est apparu en position contracté au pied de la paroi est de cette fosse circulaire. Il se présentait de trois-quarts en vue postérieure, le tronc face contre terre. La tête, à l’ouest, regardait vers le nord. Les membres supé-rieurs et inférieurs étaient fl échis également à droite du corps. Parmi les nombreux objets contenus dans le comblement de la structure, seuls une côte de bœuf, sous le corps, et deux outils en os au niveau des mains peuvent être assurément interprétés comme des off randes. L’acidité du limon brun utilisé comme rem-blai a fragilisé la texture des ossements compromettant notamment le prélèvement des côtes.

Description de la structure

Il s’agit également d’un silo, caractérisé par des parois verticales légèrement rentrantes et un fond rigou-reusement plat. La fosse de 1,50 m de diamètre était encore conservée sur une profondeur de 0,30 m dans le substrat. La coupe transversale de la structure mon-trait une stratigraphie élémentaire (fi g. 11).

- Au fond de la fosse, un niveau de lœss et de galets témoignait de l’abandon du silo et d’une première phase de rejets, antérieure au dépôt du corps.

- Le comblement supérieur, très organique, conte-nait une grande quantité de restes fauniques, de galets, des fragments de céramiques et d’éclats de silex. Ce

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type de rejets est caractéristique d’une utilisation comme dépotoir, mais il est diffi cile de préciser si ce dernier est un remblai destiné à colmater rapidement la fosse ou s’il s’est formé plus graduellement par apport successif de vidanges de foyers.

Le squelette apparaissait donc dans un environ-nement détritique dont la densité a gêné beaucoup l’observation du contexte du dépôt funéraire. Deux hypothèses contradictoires peuvent être émises quant à l’état de la structure et à son degré de comblement (total ou partiel) au moment de l’inhumation.

La première s’appuie sur l’identifi cation et la loca-lisation des objets déposés intentionnellement dans cette structure à titre d’off randes funéraires. On iden-tifi e assez facilement deux outils en os, un poinçon en avant du crâne, et un ciseau près des mains, ainsi qu’une côte de bœuf posée sous le genou gauche fl échi. Par contre, on éprouve plus de diffi cultés pour les restes d’une petite écuelle carénée découverte en arrière et à l’opposé du corps au pied de la paroi sud-

ouest. Ce vase n’est que très partiellement représenté et les fragments disjoints formaient deux lots séparés par une vingtaine de centimètres. Le fait que ces élé-ments aient pu être déposés aussi loin, à 0,80 m en arrière du crâne, laisserait penser que l’inhumation réutilise le silo primitif tel quel, juste après une courte phase d’abandon et que le comblement détritique est immédiatement postérieur au dépôt du corps.

Une deuxième hypothèse antithétique résulte de l’examen de la répartition de l’ensemble du mobilier dans le comblement détritique de la structure. Les relevés en plan et en altimétrie montrent que les divers vestiges sont répartis dans tous les plans horizontaux du remblai mais que leur densité est plus faible au-dessus du squelette. On pourrait y voir le fantôme d’une fosse d’inhumation qui aurait été rebouchée avec les déblais issus de son propre creusement immé-diatement après le dépôt du corps.

Rien ne permet de déterminer si, après l’inhuma-tion, le remblaiement a été défi nitif ou si la structure a continué à être utilisée pendant une certaine durée. La disposition anatomique du squelette permet de penser toutefois que le corps s’est décomposé en ambiance colmatée ce qui suggère un comblement conséquent et probablement rapide.

Description de la sépulture

Les premières observations mettent l’accent sur l’as-pect très contracté du squelette. A l’inverse du maté-riel archéologique, que l’on retrouve très dispersé dans les comblements du silo, le squelette n’occupe qu’un seul plan horizontal. Le processus de décomposition n’ a entraîné aucun os en dehors du volume initial du corps, ce qui permet de restituer un espace colmaté (fi g. 12 et 13).

Le crâne apparaissait par sa face latérale droite, légèrement tourné vers le bas. Un galet s’est infi ltré contre les cervicales, sous l’occipital provoquant pen-dant la décomposition un infi me basculement du crâne vers l’avant. La mandibule est légèrement déca-lée vers l’avant du maxillaire, ce qui indique qu’elle a subi un léger déplacement gravitaire, probablement endogène.

Les extrémités postérieures des côtes ont conservé leurs connexions anatomiques avec le rachis thora-

Fig. 11 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan et coupe de la sépulture Cx Ag 30. (Infographie : M. Gande-lin, d’après Brossier 1997).

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Défunts néolithiques en Toulousain

cique. Lors de la décomposition du tronc, les deux hémi-thorax se sont rabattus vers le bas du corps. La mise à plat des côtes n’est pas totale, le thorax con-serve un certain volume puisque certaines côtes droi-tes appuient légèrement leur extrémité antérieure sur le sol. La scapula droite repose sur l’hémi-thorax homolatéral en contact direct avec les côtes. La sca-pula gauche, sous le poids du tronc, s’est aplatie au sol, face antérieure visible sous le gril costal. Un terrier a perturbé l’organisation des côtes basses et du rachis au niveau des dernières thoraciques et des lombaires. Seules les vertèbres L. 4 et L. 5 sont restées en position anatomique sur le sacrum, qui apparaît par sa face pos-térieure. Les os coxaux se sont comportés exactement comme les scapulas. Le coxal gauche s’est mis à plat sur le fond de la fosse, montrant sa face antérieure; le droit s’est rabattu sur le fémur gauche.

La fl exion des membres inférieurs est assez impor-tante, elle ramène le genou gauche au niveau des avant-bras repliés. La patella gauche est tombée et se retrouve, visible par sa face postérieure, posée sur le radius et l’ulna droits. Seul le fémur droit a conservé intacte sa connexion avec l’os coxal homolatéral. La fi bula droite conserve sa position anatomique normale contre la face latérale du tibia.

En dépit des angles de fl exion diff érents des mem-bres inférieurs, les pieds sont superposés, le droit sur le gauche, contre la paroi du silo. Les connexions du tarse et des métatarsiens sont bien préservées. On remarque un certain désordre au niveau des phalan-ges proximales : celles qui subsistent en connexion anatomique avec les métatarsiens, autant à droite qu’à gauche, ont été retrouvées en hyper-extension, bascu-lées vers la face dorsale du pied. Elles ne peuvent avoir été retournées de cette façon que sous la contrainte exercée par la paroi, pendant la décomposition lors de l’aff aissement du cadavre et de son tassement dans le plan inférieur du comblement de la structure. Un talus de mouton provenant des épandages de détri-tus s’est infi ltré au bout des métatarsiens droits, tandis que d’autres phalanges, appartenant au pied gauche, sont restées accrochées à la paroi.

Les membres supérieurs sont repliés en avant du thorax. L’humérus gauche bloqué sous le corps n’a pas bougé. Le droit, par contre, s’est légèrement détaché de

la scapula homolatérale. Il a glissé sur les côtes droites et est tombé quelques centimètres plus bas, au même niveau que les mains, sans pour autant se détacher de l’avant-bras homolatéral. Les mains sont également dans un parfait état de conservation. La main droite apparaît par sa face dorsale, les phalanges moyennes et distales repliées sous les phalanges proximales. Le poignet gauche replié amène la main, doigts en exten-sion, au-dessous du menton, au niveau de la tête de l’humérus droit.

L’étude détaillée des connexions et de la position du squelette dans la fosse, si elle met plus clairement en évidence les modalités de la décomposition du cadavre dans un espace colmaté, ne permet cependant pas de conclure sur l’état de la structure au moment même du dépôt du corps.

Fig. 12 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Cx Ag 30. (Relevé : P. Marlière ; infographie : M. Gandelin).

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Analyse anthropologique

Description morphométrique

Le sujet inhumé dans la structure 30 présente un squelette robuste probablement masculin. Il s’agit d’un individu adulte dont la stature s’élevait à 160 cm (erreur standard : 4 cm).

Le squelette céphalique

L’hyperdolichocrânie du sujet 30 s’explique par une déformation post-mortem, la largeur du crâne ayant été modifi ée par la pression sédimentaire. Il peut plus probablement être considéré comme dolichocrâne, sa longueur étant très proche de celle de l’individu 166. Le développement des bosses pariétales est peu pro-noncé. Le front est moyennement divergent et large

(eurymétope). Le développement de la glabelle est modéré. Le front est bombé. Les orbites sont larges et hautes (hypsiconques). L’ouverture nasale est plutôt haute mais surtout étroite (leptorhinie).

En norma occipitalis la courbe transversale est régu-lièrement arrondie, sans saillie médiane de la suture sagittale. Les parois latérales sont symétriques et droi-tes. Les reliefs occipitaux sont faiblement indiqués.

En norma basilaris, l’indice du palais indique un palais étroit, soit leptostaphylin. L’arcade dentaire est de forme elliptique. Elle est étroite (dolicuranique).

La mandibule est plutôt large et courte, l’indice mandibulaire est donc peu élevé (brachygnathe). Le menton est très peu saillant. Les fosses mentonnières sont moyennement marquées. L’éversion de l’angle goniaque est importante. Les branches sont basses et de largeur moyenne.

Le squelette appendiculaire

Les humérus sont de longueurs moyennes. L’aplatis-sement diaphysaire est modéré (eurybrachique). L’in-dice de robustesse traduit des humérus plus robustes pour cet individu en raison d’une longueur maximale modérée. Les extrémités distales sont étroites. La tête humérale montre un développement important. Les radius sont courts et l’indice de robustesse indique qu’ils sont moyennement robustes. Les ulnas sont de longueurs moyennes et modérément robustes. L’apla-tissement diaphysaire a tendance à être marqué dans le sens antéro-postérieur tandis que l’aplatissement transversal l’est peu (eurôlènie).

Les fémurs sont longs et peu robustes. Le dévelop-pement du pilastre est nul. La section sous-trochanté-rienne est aplatie antéro-postérieurement. Les valeurs de l’indice de la tête fémorale montrent une tendance au faible aplatissement antéro-postérieur. L’indice de largeur bicondylienne traduit une extrémité distale massive relativement à la longueur du fémur. La tête fémorale est de petite dimension. La diaphyse des tibias est peu aplatie (mésocnémique).

Lésions pathologiques

Ce sujet présente des lésions pathologiques mineures. Celles-ci aff ectent le troisième métacarpien gauche

Fig. 13 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépul-ture Cx Ag 30. (Cliché N. Neyssensas).

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Défunts néolithiques en Toulousain

Fig. 14 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Mobilier céramique de la structure Cx Ag 30. (Dessin : J. Vaquer).

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dont la convexité est anormalement accentuée. Une origine traumatique est envisageable.

Mobilier

Mobilier lithique

Le remplissage de la fosse contenait un mobilier lithi-que abondant. Le silex est représenté par plusieurs types de matière première, comme le silex tertiaire à cortex roulé de type alluvial provenant de régions pro-ches (basse plaine de la Garonne, vallées du Tarn ou de l’Aveyron) et le silex blond bédoulien du Vaucluse à texture fi ne. La série se décline ainsi :

- Le silex tertiaire des Petites-Pyrénées est repré-senté par trois pièces, un débris à réserve corticale par-tiellement brûlé, un micro-éclat et un éclat de silex gris blond trés grenu qui est lui-même tiré d’un gros éclat paléolithique trés cacholonné. On peut donc affi rmer que l’approvisionnement en silex tertiaire des Petites-Pyrénées est double, en partie sur les gîtes, en partie sur les terrasses de la Garonne.

- Le silex tertiaire régional est présent sous forme d’un micro-éclat gris blond trés fi n qui évoque le faciès du Verdier (Tarn).

- Le silex blond bédoulien du Vaucluse est repré-senté par trois pièces mates, donc issues de nucléus non chauff és. Il s’agit d’un éclat brut, d’un éclat déta-ché d’une pièce esquillée et d’un fragment proximal de lame à retouches latérales semi-abruptes. La corniche montre une préparation par abrasion. Le talon facetté est épais, la lèvre est bien marquée, ce qui semble indiquer un détachement par percussion indirecte. La lame d’origine devait avoir une largeur supérieure à 1,5 cm et une épaisseur de l’ordre de 0,5 cm.

- Le silex brûlé (régional) est représenté par un micro-débris et un fragment d’éclat à fl anc cortical.

Une industrie locale sur galet de quartzite est éga-lement présente. On rencontre ainsi une ébauche de hache sur galet de quartzite, à retouches semi-abrup-tes, et partiellement polie à environ 50 % de la sur-face. Un grattoir, une pièce à retouches semi-abruptes et une pièce esquillée sur éclat de galet de quartzite.

Un nucléus à éclats (17 par 12 cm) sur galet de quart-zite et toute une série d’éclats (3 entiers, 2 fragments proximaux, 1 fragment mésial retouché, 4 fragments distaux, 1 accident Siret et deux débris). La série contenait également un gros éclat entier de galet de schiste. Un galet entier en schiste présentait des traces de bouchardage.

On peut noter la présence d’un fragment distal d’éclat en cornéenne pouvant provenir d’une lame de hache polie. Un galet en calcaire à perforation natu-relle était également présent.

Le matériel de meunerie était représenté par deux fragments de meules en granite.

Mobilier céramique

Vases restituables :- Vase 1 : Un bord surcuit permet de restituer

une assiette à marli épaissi. La face externe porte la trace d’un mamelon perforé horizontalement. Ce vase mesure 31 cm de diamètre à l’embouchure et approxi-mativement 5,6 cm de haut (fi g. 14, n° 7). La pâte grise surcuite et poreuse contient un dégraissant de sable quartzeux et un peu de mica. Le volume de ce vase peut être estimé à 1,7 l.

- Vase 2 : Un bord à lèvre légèrement ourlée vers l’extérieur appartient à une grande coupe en calotte qui mesure 36 cm de diamètre et approximativement 15,3 cm de haut (fi g. 14, n° 10). La pâte est brune, légèrement micacée à dégraissant de sable quartzeux. Le volume de ce vase peut être estimé à 8,5 l.

- Vase 3 : Un bord à lèvre amincie appartient à un bol tulipiforme qui mesure 16 cm de diamètre et 15 cm de haut (fi g. 14, n° 2). La pâte est noire à dégrais-sant de sable quartzeux fi n. Le volume de ce vase peut être estimé à 1,2 l.

- Vase 4 : Une dizaine de tessons se rapportent à une petite écuelle profonde à paroi évasée et carène basse qui mesure 9 cm de diamètre et 5,5 cm de haut, le diamètre à la carène est de 7,5 cm à 1,9 cm de haut (fi g. 14, n° 1). La pâte est noire légèrement micacée à fi n dégraissant de sable quartzeux. Le volume de ce vase peut être estimé à 0,2 l.

- Vase 5 : Une dizaine de tessons dont deux bords permettent de restituer un vase ovoïde qui mesure 22 cm de diamètre à l’embouchure, 22,2 de haut et

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Défunts néolithiques en Toulousain

Fig. 15 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Mobilier osseux de la structure Cx Ag 30. (Dessin : J. Vaquer).

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25 cm de diamètre maximal à 9,3 cm de haut (fi g. 14, n° 5). Il est probable que ce vase portait des languettes perforées horizontalement dont la position précise ne peut être déterminée. La pâte micacée est noire avec un abondant dégraissant de sable quartzeux grossier. Le volume de ce vase peut être estimé à 7,9 l.

Formes identifi ables :Coupes : Deux bords ouverts, l’un à lèvre amincie, l’autre à

lèvre ourlée extérieurement se rapportent à des coupes en calotte non décorées.

Vases à col :Deux fragments se rapportent à des vases à col avec

raccord col/panse non segmenté.

Vases globuleux :Deux bords rentrants légèrement concaves se rap-

portent à des vases globuleux probablement ovoïdes dont un mesure 21 cm de diamètre à l’embouchure.

Eléments isolés :Les bords peuvent être classés ainsi : - un bord évasé fi n,- trois bords fi ns rentrants concaves dont deux

munis de barrettes ou de cordons multiforés disposés sur le bord (fi g. 14, n° 6 et 8),

- trois bords fi ns indéterminables,- trois bords épais rentrants dont un avec un épais-

sissement externe anguleux (fi g. 14, n° 9),- un bord épais indéterminable.

Les éléments de préhension ou de suspension sont représentés par :

- une plaquette circulaire biforée sur renfl ement d’une panse très convexe (fi g. 14, n° 4),

- un mamelon prismatique perforé verticalement sur convexité de la panse (fi g. 14, n° 3),

- deux grosses languettes sur tessons épais,- deux tessons avec des trous de réparation.

Outillage en os

L’outillage en os trouvé dans la structure 30 comporte quatre pièces dont deux associées à la sépulture.

- Un poinçon sur la partie distale d’un métapode de petit ruminant fendu en deux à base entièrement façonnée. La pièce a dû être débitée par rainurage, la poulie a été ôtée et l’ensemble de la pièce a été façonné par abrasion (fi g. 15, n° 1).

- Un ciseau à tranchant convexe en double biseau a été réalisé sur la partie proximale d’un métapode de grand ruminant débité en quart. Le débitage a été réalisé par rainurage, puis la pièce a été façonnée par abrasion. La base transversale plate a été façonnée elle aussi par abrasion (fi g. 15, n° 3).

- Un lissoir cassé a été réalisé sur une lamelle corti-cale d’une côte de gros ruminant. La pièce a été façon-née par abrasion (fi g. 15, n° 2).

- Un fragment d’outil en os brûlé montre un sup-port sur diaphyse épaisse, façonnée par rainurage et abrasion (fi g. 15, n° 4).

Torchis et argile cuite

On note la présence de deux fragments de poids de métier à tisser de type tronconique dont un à tendance aplatie. Ils ont été réalisés dans une argile fortement dégraissée.

Faune mammalienne

La faune présente dans cette structure se décline ainsi en nombre minimum d’individus :

- 3 caprinés (12 restes, 152 g), dont 1 adulte (1 chèvre), 1 jeune d’environ un an et 1 très jeune sans réelle précision d’âge visible sur une scapula droite.

- 2 bovinés (11 restes, 1351 g), dont 1 adulte et un jeune de moins d’un an et demi.

- 3 suinés (29 restes, 517 g), dont un adulte, un jeune de moins d’un an et demi et un jeune de moins d’un an visible par une diapyse de tibia non épiphysée.

- 1 cervidé (1 reste, 33 g)

Comme dans les autres structures les bovins sont toujours les plus nombreux en nombre de restes et en poids, tandis que les suinés dominent largement les caprinés en poids d’os, donc en poids de viande. Il est intéressant également de noter que la chèvre est présente dans le remplissage de cette fosse (métatarse

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Défunts néolithiques en Toulousain

distal, cheville osseuse), tout comme le cerf représenté par un fragment de diaphyse de tibia. On soulignera également qu’une partie de la colonne vertébrale d’un porc a été rejetée dans cette structure (vertèbres cervi-cales, thoraciques et lombaires).

Arguments de datation

Le mobilier céramique de la fosse est typologiquement représentatif du faciès garonnais du Chasséen ancien dont il présente la plupart des caractères (assiette à marli épaissi, vase à col à profi l non segmenté, bou-tons prismatiques perforés verticalement). Pour mieux asseoir cette interprétation d’attribution chronologi-que et culturelle une datation radiométrique AMS sur un échantillon osseux tiré de l’individu a été réalisée. Le résultat est trés proche de la datation radiocarbone obtenue sur un os pour la série de la fosse D4/7 de Vil-leneuve-Tolosane et aux datations obtenues pour les fosses silo de la fouille du secteur de La Vimona-Lycée de Cugnaux qui ont livré des séries comparables attri-buables à la seconde moitié du cinquième millénaire av. J.-C : Ly 2326 : 5340±45 BP, soit après calibration à deux sigmas, 4330-4040 av. J.-C.

La sépulture de la structure Cx Ag 13

Les ossements d’une femme âgée ont été reconnus dans le plan inférieur du comblement. Ils apparaissent dans un désordre si chaotique que peu de connexions anatomiques étaient encore identifi ables. Il est donc diffi cile de restituer la position originelle du corps, mais on peut sans doute considérer que l’axe longitu-dinal de l’ensemble, nord-ouest / sud-est de la tête aux pieds, correspond à peu de chose près à l’orientation primitive de l’inhumation.

Plusieurs off randes accompagnaient la défunte. A l’extrémité sud de l’assemblage osseux, sept poinçons en os et la pointe brisée d’un huitième plus petit ont été déposés ainsi qu’un éclat de silex à une vingtaine de centimètres de la paroi ouest. Les fragments d’une pendeloque polie en os et le bout d’une autre ont été découverts près d’un amas de phalanges.

Description de la structure

Encore profonde de 0,50 m pour une longueur de 5,50 m et une largeur de 2 m, elle développait les mêmes caractéristiques morphologiques que la structure 12, qui subsistait avec une partie de sa voûte conservée. Cette structure 12 était un véritable souterrain, long

Fig. 16 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan et coupe de la sépulture Cx Ag 13. (Infographie : M. Gande-lin, d’après Brossier 1997).

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de 5,15 m pour une largeur de 1,20 m, creusé dans le lœss, où la voûte, en arc surbaissé, était partiellement visible. Aménagée à environ 0,80 m de profondeur sous la surface du sol actuel, elle couvrait un passage de 1,27 m de hauteur. Aucun moyen d’accès à cette galerie n’a été retrouvé, ni horizontal vers le fossé, ni vertical comme l’ouverture d’un silo. En l’absence d’éléments spécifi ques découverts dans les comble-ments autres que des déchets domestiques de faune ou quelques tessons de céramique, l’usage primitif de ce type de structure reste indéterminable.

Toutefois à Cugnaux ce type est récurrent sur le fl anc interne du fossé 3 et un lien entre les souter-rains et le fl anc du fossé est hautement probable. On peut imaginer soit que les souterrains aient été creusés à partir de la paroi du fossé juste après son creuse-

ment et l’édifi cation des structures liées, la palissade et une levée de terre, soit que les souterrains aient été creusés à partir du fossé en partie comblé, se déve-loppant sous les ruines encore en relief de la levée de terre. En tout état de cause, la localisation des sou-terrains tient compte du tracé de l’enceinte qui était donc encore visible.

La structure 13 devait être du même type mais elle était beaucoup plus arasée. La coupe transversale montre nettement que les parois et la voûte se sont eff ondrées, comblant progressivement tout le volume de la cavité. Le fond de cette galerie est plat et sa sur-face, légèrement indurée, peut témoigner du vide de la structure pendant une durée assez prolongée. Son extrémité nord était imperceptible dans les comble-ments du fossé, tandis qu’au sud elle se terminait en arrondi avec des parois très évasées. Ce souterrain semble avoir connu une phase d’abandon caractérisée par un colmatage de lœss et des rejets de galets, anté-rieure à l’inhumation (fi g. 16).

Description de la sépulture

La taphonomie des vestiges témoigne des conditions particulières de la décomposition du corps. La pre-mière est un espace vide, qui a permis aux diff érentes parties du corps de suivre tous les déplacements ou basculements possibles intervenant au fur et à mesure de la décomposition. Ces mouvements gravitaires sont à la fois endogènes, générés par la dynamique de décomposition du cadavre lui-même, et exogènes, pro-voqués dans le même laps de temps par l’eff ondrement des parois et de la voûte de la galerie. Cette condition ne justifi e cependant pas pleinement l’apparition uni-quement en face inférieure des composants de certains ensembles osseux. C’est le cas notamment d’un amas de côtes et de vertèbres : il constitue un assemblage anatomiquement cohérent, bien que sans aucune réelle connexion anatomique. Les éléments du thorax apparaissaient par leur face inférieure, indiquant un complet retournement du tronc que la position la plus caractéristique de la période chasséenne, en décubitus latéral contracté, ne permet pas, même dans un espace vide et avec des eff ondrements de voûte et de paroi.

Aucune autre position particulière du corps, même accroupie, ne semble pouvoir entraîner un tel désordre

Fig. 17 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan détaillé de Cx Ag 13. (Relevé : P. Marlière ; infographie : M. Gandelin).

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Défunts néolithiques en Toulousain

durant la décomposition. On doit donc aussi mettre ces bouleversements sur le compte d’un facteur exo-gène supplémentaire susceptible de créer une nouvelle dynamique, suffi samment puissante pour compro-mettre ainsi la cohésion du squelette au cours de la décomposition. La surélévation initiale du corps entier devient alors la deuxième condition sine qua non d’un tel processus. Il s’agit de restituer un support, comme par exemple un « lit » funéraire en matière organique, qui impose au corps en voie de décomposition une autre série de déplacements, plus importants, causés par sa propre désintégration (fi g. 17, 18 et 19).

La mise en œuvre de cette pratique funéraire particulière, combinant l’utilisation d’une chambre souterraine et d’un lit funéraire, suscite quelques interrogations en comparaison avec l’aspect plus rudi-mentaire ou du moins nettement moins sophistiqué des autres sépultures.

L’arasement de la structure ne permet pas d’en déterminer la fonction primitive. Son aspect général évoque un véritable hypogée, mais l’existence de la structure 12 en meilleur état de conservation et des quelques autres structures du même type retrouvées vides de sépulture tend à suggérer que leur concep-tion, même si elle le permet largement, n’est pas ini-tialement prévue pour l’inhumation.

Analyse anthropologique

Description morphométrique

La structure 13 renfermait les ossements d’une femme adulte, dont la stature est particulièrement faible 148 cm (erreur standard : 4 cm).

Le squelette céphalique

Le crâne de ce sujet est allongé (dolichocrâne) de forme ovoïde en vue supérieure. Le développement des bosses pariétales est peu prononcé. Le front est moyennement divergent. Le développement de la glabelle est faible. Le front est bombé. Ce sujet présente deux méplats symétriques dans la partie supérieure du frontal. On observe une dépression pré-lambdatique de la suture sagittale. Le développement en longueur du pariétal

et du frontal est égal. La saillie de la région iniaque est faiblement marquée. De profi l, la face supérieure est orthognathe (maxillaire non saillant). La voûte crâ-nienne est élevée par rapport à la longueur (acrocrâne), et moyenne par rapport à la largueur (orthocrâne). La face est étroite et relativement haute (leptoprosope). Les orbites sont basses (chamaeconque). La forme d’ouverture des orbites suivant la classifi cation de Szil-vassy (in Hauser et Stéfano 1989) est proche du type a, soit plutôt carrée pour le sujet 13. Le développement de la région sus-orbitaire est très faiblement marqué. L’ouverture nasale est plutôt haute mais surtout étroite (leptorhinie). En vue postérieure une dépression lon-gitudinale (2 mm de profondeur relativement à la sur-face des pariétaux) située sur la suture sagittale s’étend du point lambda jusqu’à la région de l’obélion (lon-gueur : 70 mm ; largeur : 15 mm). Les parois latérales sont symétriques et droites. Les bosses pariétales sont à peine marquées. La ligne nuchale supérieure est mar-

Fig. 18 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépul-ture Cx Ag 13. (Cliché N. Neyssensas).

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quée par la présence de bourrelets dans la région iniaque. La ligne nuchale inférieure et la crête occipitale externe sont à peine indiquées.

En vue inférieure la forme elliptique carac-térise l’arcade dentaire. Elle est moyennement étroite (mésuranique, limite dolicurani-que). En revanche, la longueur du palais est très faible.

La mandibule est dolichognathe. Elle est particulièrement étroite. Le menton est saillant. Les fosses men-tonnières sont faible-ment marquées. On remarque l’absence de divergence des branches montantes pour l’individu 13 (indice = 100). Cet individu ne montre aucune extroversion des gonions. Les branches sont plutôt basses et de largeur moyenne. Les condyles sont plus hauts que les proces-sus coronoïdes.

Le squelette appendiculaire

On note également la longueur très faible des humé-rus du sujet 13 (la longueur maximale correspond aux limites inférieures connues de la variabilité étudiée par Olivier 1960). L’aplatissement diaphysaire est modéré (eurybrachique). L’indice de robustesse est très faible pour l’individu 13, indiquant des humérus graciles en plus d’être courts. Les extrémités présentent des dimensions modérées. Les radius sont très courts. Le périmètre minimal faible conforte cette tendance à la gracilité. Les ulnas ne sont pas présentes.

Les fémurs sont très courts et d’une robustesse modérée chez le sujet 13. L’indice pilastrique traduit un pilastre moyen. La section sous-trochantérienne est arrondie (eurymérie). La valeur de l’indice de la tête fémorale montre une tendance au faible aplatissement antéro-postérieur. L’extrémité distale est très étroite.

L’indice de largeur bicondylienne est particulièrement faible. Les tibias sont très courts. La diaphyse n’est pas aplatie transversalement (eurycnémie).

Lésions pathologiques

Le rachis lombaire montre deux ponts osseux bilaté-raux entre la 3e et 4e vertèbre et une destruction du corps des 4e et 5e vertèbres.

Plusieurs éléments sont en faveur du diagnostic de spondylodiscite microbienne : le siège de la lésion (rachis lombaire), la destruction de vertèbres adjacen-tes. On peut évoquer une spondylodiscite d’origine tuberculeuse ou « mal de Pott ». Une spondylodiscite d’origine brucellienne (fi èvre de Malte ou « pseudo-pott mélitococcique ») est également envisageable. Le diagnostic diff érentiel est rendu diffi cile car les signes osseux sont dans les deux cas très similaires (Palfi 1997). Toutefois la construction osseuse est moins rapide et de moindre importance dans le cas de la spondylodiscite tuberculeuse (Palfi 1997). Or la néo-formation osseuse est, dans notre cas, très importante. D’autres germes infectieux (staphylocoque doré, strep-tocoque) peuvent également être évoqués, notamment par une contamination de proximité.

Fig. 19 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Vue des restes humains déconnectés de la sépulture Cx Ag 13. (Cliché N. Neyssensas).

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Défunts néolithiques en Toulousain

Mobilier

Mobilier lithique

Cinq pièces ont été découvertes dans le comblement de cette structure. Il s’agit d’un petit éclat en silex gris calcédonieux à talon lisse et de deux fragments d’éclats en silex blond sénonien, dont un proximal à talon lisse présentant des retouches abruptes et un fragment mésial à retouches semi-abruptes.

Un fragment de lame de hache polie sur galet en schiste à tranchant poli était également présent, ainsi qu’un fragment mésial de galet retouché. Le matériel de meunerie était représenté par un fragment de meule en granite.

Mobilier céramique

Le matériel céramique était représenté dans le remplis-sage de la structure par 36 tessons qui se rapportent à au moins trois vases. Seul un tesson attribuable à une écuelle carénée a permis la détermination d’une forme céramique. Vingt-huit petits fragments de panses, bien que semblant appartenir au même vase, n’ont pas permis d’identifi er une forme. De même que pour un autre tesson de panse isolé appartenant toutefois à un autre vase.

Outillage en os

Le mobilier associé à cette sépulture comporte dix pièces en os (fi g. 20) :

- Un poinçon sur la partie distale d’un tibia de capriné, façonné par abrasion qui a masqué toute trace de débitage. La partie articulaire est conservée quoique partiellement abrasée. Toute la partie active de cette pièce présente un poli sans doute lié à l’utili-sation (fi g. 21, n° 1).

- Un poinçon allongé et très fi n réalisé sur la partie proximale d’un métapode débité en quart par rainurage longitudinal puis façonné par abrasion. La base articulaire est conservée mais partiellement abrasée. La pièce présente un poli sur toute sa lon-gueur (fi g. 21, n° 2).

- Un poinçon long à base en poulie réalisé sur la partie distale d’un métapode de grand ruminant, probablement un cervidé vu la longueur de la pièce. Cet outil a été débité par rainurage longitudinal puis façonné par abrasion jusqu’à éliminer toute trace du canal médullaire, sauf vers la base où la poulie conser-vée n’est que partiellement abrasée (fi g. 21, n° 3).

- Un poinçon long, à base totalement façonnée par abrasion, a été réalisé sur un métapode de grand rumi-nant, sans doute un cervidé en raison de la taille de la pièce. Cet outil a été débité par rainurage longitudi-nal, puis façonné par abrasion jusqu’à éliminer toute trace du canal médullaire et des faces articulaires de la poulie qui est totalement abrasée (fi g. 21, n° 4).

- Un poinçon long, à base en poulie, réalisé sur la partie distale d’un métapode de grand ruminant, probablement un cervidé. Cet outil a été débité par rainurage longitudinal puis façonné par abrasion jus-qu’à éliminer toute trace du canal médullaire, sauf vers

Fig. 20 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépul-ture Cx Ag 13. Mobilier osseux. (Cliché N. Neyssensas).

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Fig. 21 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépulture Cx Ag 13. Mobilier osseux. (Dessin et infographie : J. Vaquer et M. Gandelin).

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Défunts néolithiques en Toulousain

la base où la poulie conservée n’est que partiellement abrasée (fi g. 21, n° 5).

- Un poinçon long, à base en poulie, réalisé sur la partie distale d’un métapode de grand ruminant, éventuellement un cervidé. Cet outil a été débité par rainurage longitudinal puis façonné par abrasion jus-qu’à éliminer toute trace du canal médullaire, sauf vers la base où la poulie conservée n’est que partiellement abrasée (fi g. 21, n° 6).

- Un poinçon très fi n réalisé sur une partie distale de métapode de petit ruminant ; on ne voit que l’amorce de la poulie qui a été ôtée. L’abrasion a masqué toute trace de débitage (fi g. 21, n° 8).

- Une pointe de poinçon entièrement façonnée par abrasion (fi g. 21, n° 10).

- Une pendeloque sur lamelle osseuse entièrement façonnée par abrasion probablement sur partie corti-cale de côte, dont la spongiosa a été entièrement éli-minée. La perforation est biconique et l’extrémité en languette (fi g. 21, n° 7).

- Une extrémité en languette d’une lamelle osseuse tirée d’une côte entièrement façonnée par abrasion, qui faisait probablement partie d’une pendeloque similaire à la précédente (fi g. 21, n° 9).

Faune mammalienne

Le remplissage de cette structure ne contenait que les restes d’une mandibule de porc d’un âge estimé de deux ans et demi à trois ans.

Arguments de datation

Ces pièces osseuses sont typologiquement attribuables au Néolithique moyen. De longs poinçons parfois qualifi és d’épingles, morphologiquement proches de ceux trouvés dans la sépulture 13, ont été signalés en contexte chasséen à Saint-Michel-du-Touch (Méroc, Simonnet 1981). Une pendeloque rectangulaire sur lamelle osseuse est attestée dans la série du puits chas-séen de Villeneuve-Tolosane. Dans un contexte plus élargi il faut souligner que des lots de longs poinçons parfois associés à des pendeloques sur lamelles osseu-ses fi gurent dans certains dépôts funéraires du faciès Vallesià de la culture catalane des tombes en fosses, par exemple dans les tombes hypogées de la nécropole de

Camí de Can Grau à La Roca-del-Vallès, en Espagne (Marti i Rossel et al. 1997).

Cette interprétation d’attribuation chronologique et culturelle est renforcée par une datation radiomé-trique AMS obtenue sur l’un des ossements de cet individu : Lyon-3697 (GrA) : 5310±40 BP, soit après calibration à deux sigmas, 4260-3990 av. J.-C. Comme dans le cas de la sépulture 30, nous nous situons dans la fi n de la seconde moitié du cinquième millénaire av. J.-C.

La sépulture de la structure Cx Ag 18

Il s’agit du squelette d’un sujet adulte âgé dont le sexe a été considéré comme féminin lors de la fouille : sur l’endocrâne, la synostose crânienne semble achevée, tandis que sur la face externe, le sillon de la suture lambdoïde est encore ponctuellement apparent. En dépit de son mauvais état de conservation, le coxal gauche permet l’observation du sillon préauricu-laire. Couché sur le dos et sur le côté gauche, la tête à l’ouest, le corps apparaissait dans une position très contractée. Les mains étaient ramenées en avant du crâne. La courbure du rachis thoracique, fortement convexe vers le thorax, pourrait être d’origine patho-logique. La fl exion des membres inférieurs est si forte qu’elle ramène les genoux à hauteur du thorax et des avant-bras repliés.

Le creusement d’un sondage avait déjà arraché les pieds et une partie du bassin du squelette qui avait été complètement dégagé par les décapages préliminaires de l’été 1996. Les conditions de cette découverte ont aff ecté la conservation des faces supérieure et anté-rieure du crâne et des coxaux. Plus anciennement, l’in-tervention des fouisseurs avait ponctuellement détruit les connexions du rachis lombaire et déplacé un grand nombre de petits os. Le squelette a également souff ert des eff ets de la circulation d’eau dans le sol, des con-crétions et de l’acidité du comblement de loess altéré. Ces agents ont compromis la texture de l’os, ce qui a rendu le prélèvement et l’observation délicats.

A une trentaine de centimètres, en arrière du crâne, un vase à col a été déposé. Il s’est renversé sous

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la pression du comblement de la fosse. Le tamisage du sédiment qui le remplissait au moment de la décou-verte n’a livré aucun élément particulier de faune ou de graines. On ne sait pas s’il a été déposé vide dans la tombe ou si au contraire, il contenait une off rande ali-mentaire. Deux pendeloques perforées sur défenses de sanglier ont été découvertes au niveau de l’extrémité distale de l’avant-bras gauche ainsi qu’un éclat de silex sous l’hémi-thorax droit.

Au pied de la paroi est, un petit fragment de canine de suidé a été trouvé en limite du sondage d’évaluation.

Description de la structure

Le squelette est apparu dans le quart sud-ouest d’une fosse quadrangulaire, d’une largeur de 2 m (est-ouest) environ pour une longueur de 3 m (nord-sud) encore conservée sur une profondeur de 20 cm dans le lœss. Cette structure ressemble aux souterrains 12 et 13, principalement en raison de ses relations stratigraphi-ques avec le fossé et de ses dimensions imposantes. Aucune trace d’eff ondrement de voûte n’apparaissait cependant dans le comblement très arasé de la struc-ture. Son identifi cation doit donc faire l’objet de certai-nes réserves, notamment au niveau de l’interprétation. Le relevé du profi l de cette fosse montre des diff érences au niveau de la confi guration de la paroi très abrupte au sud tandis qu’à l’ouest elle présente une pente beau-coup plus douce jusqu’au fond relativement plat. Au nord, les limites du creusement disparaissaient dans le comblement du fossé 3 essentiellement composé de lœss altéré, de même nature que celui de l’inhuma-tion et que le sol encaissant. Il s’est avéré impossible de déterminer pendant la fouille les liens stratigraphiques et chronologiques exacts entre les deux structures.

Un vase et un silex ont été déposés assez loin en arrière du corps presque au pied de la paroi est, ce qui indique clairement que toute la surface primitive de la structure était disponible au moment de l’inhumation. Etant donné l’absence de stratifi cation dans les com-blements de cette structure, on pourrait penser que le remblai y a été déversé en une seule fois et que par conséquent l’inhumation en achève l’utilisation. Cette hypothèse ne peut être confi rmée du fait de l’arase-ment des niveaux supérieurs par les labours anciens et les décapages préliminaires.

Description de la sépulture

L’aspect très contracté du squelette contraste assez for-tement avec l’ampleur de la fosse soulignée par l’ab-sence de paroi nette à l’ouest. Le démontage a montré que les os étaient le plus souvent en contact direct les uns avec les autres, sans trop de sédiment infi ltré entre les diff érents plans du squelette (fi g. 22 et 23).

Le crâne, la main droite et le coxal droit ont été endommagés au moment de la découverte parce qu’ils se situaient dans un plan du comblement légèrement supérieur à celui du reste du corps. Il était peut-être initialement surélevé, ce qui a permis un basculement vers l’avant lorsque l’articulation de l’épaule gauche a cédé et que le thorax s’est aff aissé. Ce déplacement peut aussi être plus simplement causé par la bascule vers l’arrière de l’épaule droite. Une rupture s’est opérée alors au niveau de la quatrième cervicale qui est restée avec les premières empilées sous le crâne, à l’arrière de la mandibule, tandis que le reste du rachis s’est eff ondré entre les grils costaux. Le mouvement du crâne a été peut-être retenu par la présence de la main droite, dont 3 métacarpiens subsistent sous l’hémi-face gauche. Ils sont déconnectés du carpe et de l’avant-bras

Fig. 22 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Cx Ag 18. (Relevé : P. Marlière ; infographie : M. Gandelin).

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Défunts néolithiques en Toulousain

droits, tombés quelques centimètres plus bas après la mise à plat du thorax. Les phalanges proximales et les métacarpiens gauches se sont également dissociés du carpe qui repose sur le fond de la fosse toujours en connexion plus ou moins étroite avec les extrémités distales des os de l’avant-bras.

On peut essayer de diff érencier les causes de ces translations entre les plans supérieur et inférieur du comblement. En ce qui concerne la main droite, elle semble liée simplement au tassement conjugué du corps en décomposition et du comblement naturel antérieur. Pour la main gauche, un tel déplacement est possible mais seulement après dispersion des méta-carpiens et des phalanges qui apparaissent sans aucune connexion. Cette hypothèse ne cadre pas avec une ambiance totalement colmatée. On ne peut toutefois exclure une perturbation exogène liée à un fouisseur intervenue après la décarnisation du squelette. Le membre supérieur gauche, plaqué sur le fond de la fosse, a conservé sous le crâne l’ensemble de ses con-nexions anatomiques et la scapula homolatérale s’est

mise à plat. On peut donc admettre qu’il a conservé intégralement sa position initiale, en dépit de l’aff ais-sement de l’épaule gauche. A l’inverse, la connexion du bras et de l’avant-bras droits a légèrement souff ert de la décomposition du tronc.

L’hémi-thorax gauche (plus récemment perturbé par un terrier) est plaqué au sol, les côtes visibles par leur face, tandis que le gril costal droit, entraîné par l’articulation de l’épaule homolatérale, a tendance à s’ouvrir au lieu de se refermer comme en témoigne la scapula qui apparaît presque de chant. La clavi-cule droite en face supérieure et les premières côtes se sont mises à plat et se sont déconnectées du rachis. Les extrémités postérieures des côtes suivantes sont toujours en connexion avec les vertèbres thoraciques. Retenues par l’omoplate, elles n’ont pas pu s’ouvrir et l’humérus les a rabattues sur le rachis entraîné par le déplacement de la scapula. La connexion du membre supérieur a été rompue au niveau de l’ar-ticulation du coude après la mise à plat de l’hémi-thorax droit. C’est donc toute l’épaule qui, en un

Fig. 23 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépulture Cx Ag 18. (Cliché N. Neyssensas).

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seul mouvement, semble avoir glissé sur les côtes et le long du rachis qui s’est tordu légèrement. La scapula droite sort légèrement du volume initial du cadavre, sans doute à cause d’un espace vide tempo-raire en relation avec la décomposition d’un élément en matière périssable déposé en arrière des épaules. Cependant la contrainte qui s’est exercée sur elle et a bloqué son ouverture est liée à la décomposition du corps en espace colmaté, qui a assuré également le maintien des patellas en équilibre sur les extrémités distales des deux fémurs.

L’aspect désordonné des phalanges de la main gauche ne peut dès lors s’expliquer que par l’interven-tion exogène d’un fouisseur. Un terrier est aussi à l’ori-gine de la destruction totale du rachis lombaire, les vertèbres étant remontées assez nettement dans le plan supérieur du corps. Leur examen met en évidence des stigmates d’arthrose.

Le sacrum est resté en connexion avec le coxal gauche mis à plat. Le coxal droit est très endommagé. Il a basculé vers l’arrière et en dedans, amenant le pubis droit de chant au niveau de l’articulation sacro-iliaque gauche.

Le membre inférieur gauche se caractérise par une fl exion très marquée, le tibia et la fi bula sont ainsi parallèles au fémur. La fl exion à droite est un peu moins importante et les connexions plus lâches. L’extrémité distale du fémur qui reposait sur la cuisse gauche a basculé vers le corps près de l’ulna gauche et présente sa face postéro-latérale. Le tibia repose directement sur les os du membre inférieur droit sans infi ltration de sédiment entre eux. Il a légère-ment tourné et apparaît également avec une légère composante postérieure. Les deux fi bulas sont restées parfaitement au contact de leur tibia homolatéral, ce qui renforce la perception d’un espace colmaté. Les pieds ne sont que très faiblement représentés. La moitié supérieure du calcanéum gauche a été conservée entre l’extrémité distale du tibia et la tête du fémur homolatérales. Les cunéiformes médial et intermédiaire droits ont été retrouvés contre le fémur droit. Il va sans dire qu’ils sont fort éloignés de leur situation anatomique théorique. Ils ont été déplacés le long d’un terrier qui, partant de la coupe de l’an-cien sondage, se faufi lait entre les fémurs pour abou-tir dans le thorax.

Fig. 24 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Mobilier de la sépulture Cx Ag 18 : n° 1 et 2 : pendeloques ; n° 3 : vase à épaulement (Dessin et infographie : M. Gandelin).

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Défunts néolithiques en Toulousain

Analyse anthropologique

Description morphométrique

La sépulture 18 contenait les restes mal conservés d’un sujet adulte dont le sexe n’a pu être nettement déter-miné. Sa stature est comprise entre 150,4 cm et 158,4 cm d’après la longueur des fémurs.

Le squelette céphalique

Seule une partie de la face et de la voûte crânienne sont conservées. Les orbites sont larges et hautes (hyp-siconques). En norma occipitalis les reliefs sont faible-ment indiqués. Concernant la mandibule, le menton est peu saillant, le bord alvéolaire est proéminent rela-tivement à l’éminence mentonnière. Les fosses men-tonnières sont très accusées.

Le squelette appendiculaire

Les humérus sont de longueur moyenne. L’aplatisse-ment diaphysaire est modéré (eurybrachique). L’indice de robustesse est de valeur moyenne. La tête humé-rale est de dimensions modérées et l’extrémité distale est étroite. Les radius sont courts et moyennement robustes. Les ulnas sont de longueur moyenne, euro-lènes (l’aplatissement transversal de l’ulna est moyen), l’aplatissement diaphysaire est marqué antéro-posté-rieurement. Ils sont moyennement robustes.

Les fémurs sont de longueur moyenne et peu robustes. Le développement du pilastre est nul. L’apla-tissement antéro-postérieur de l’extrémité proximale de la diaphyse est marqué (hyperplatymérie). La tête fémorale est de petite taille. Les tibias, trop fragmen-tés, n’ont pu faire l’objet d’une étude.

Mobilier

- La seule pièce lithique trouvée dans cette sépul-ture est une pièce esquillée dont le support est un nucléus à éclat en silex blond sénonien.

- Le vase trouvé en arrière du crâne est un vase à col haut et à panse cordiforme ; il mesure 10 cm de diamètre à l’embouchure, 14,5 cm de haut avec un

diamètre de 13 cm à la base du col et un diamètre maximal de 15,5 cm à 5,5 cm de haut. Ce vase était muni de quatre modes de suspension consistant en doubles perforations verticales sous-cutanées dans le renfl ement de la panse (fi g. 23, n° 3).

On note également la présence dans le remplis-sage d’un autre vase dont 24 tessons dessinent un bord droit à lèvre arrondie sans toutefois permettre de déterminer la forme initiale de la pièce.

- Les deux pendeloques retrouvées au poignet gauche sont des lamelles arquées, tirées de défenses de suidés, la plus grande est quadriforée, l’autre biforée (fi g. 24, n° 1 et 2 ; fi g. 25).

Arguments de datation

Cette sépulture présente des analogies fl agrantes avec une des inhumations fouillées sur le site de Villeneuve-Tolosane (VTC P4-3). Le sujet de Villeneuve-Tolosane est de sexe féminin et est accompagné du même type d’off randes, un vase à col ou à épaulement et deux pendeloques faites à partir de défenses de sanglier dont une à perforation quadruple. La seule diff érence est la présence d’une pièce esquillée dans la tombe 18 de Cugnaux. Le vase appartient à un type fréquent dans le Chasséen de faciès méridional, classique et surtout récent, dans la première moitié du quatrième millé-naire av. J.-C.. Cette proposition d’attribuation chro-nologique et culturelle est confortée par une datation radiométrique AMS obtenue sur l’un des ossements de cet individu : Lyon-3558 (GrA) : 5090±30 BP, soit après calibration à deux sigmas, 3970-3790 av. J.-C.

Fig. 25 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Détail de la sépulture Cx Ag 18. (Cliché N. Neyssensas).

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La sépulture de la structure Cx Ag 50

Le squelette d’une femme âgée, atteinte d’arthrose lombaire, se présentait en trois-quarts antérieur droit, la tête au nord-est, dans le lœss altéré à proximité de l’interruption du tronçon A3 du fossé 2 située à quel-ques mètres à l’est du tronçon B.

Aucune off rande n’était associée au cadavre. Le squelette a été assez sérieusement perturbé au moment de sa découverte par les terrassements mécaniques, notamment au niveau de l’hémi-thorax droit, des membres supérieur et inférieur droits et des pieds. L’ensemble présente cependant les caractéristiques d’une décomposition en espace colmaté.

Description de la structure

Le squelette apparaissait à l’extérieur de l’extrémité ouest du tronçon A3 du fossé 2. Lors de la fouille, on a eu beaucoup de mal à restituer en plan les limites irréguliè-res de cette partie du fossé, dans un contexte pédologi-que essentiellement lœssique. De la même façon aucun creusement associé à la sépulture n’a pu être décelé. Ces lacunes ne permettent pas de proposer une hypothèse unique sur le dispositif en creux qui contenait cette inhumation. On peut penser que, comme la sépulture 166, elle se trouvait dans une fosse sortant des limites strictes des portions conservées du fossé d’enceinte tout en restant plus ou moins sur son tracé.

Une autre hypothèse peut être avancée qui interpré-terait l’irrégularité des contours de l’extrémité du tron-çon A3 comme le résultat d’une érosion importante et d’eff ondrements de la paroi. Ces niveaux hétérogènes mêlent le lœss naturel encaissant et le lœss altéré des remblais qui ont comblé progressivement le fossé. Il est alors diffi cile d’identifi er dans ce contexte les limites d’une éventuelle fosse, d’autant plus que celle-ci peut avoir été comblée immédiatement après le dépôt du corps avec les déblais issus de son propre creusement.

Description de la sépulture

Le squelette était contenu dans un seul plan horizon-tal. Le sol sur lequel il reposait montrait une légère pente du bassin vers le crâne. Celui-ci, en vue latérale

droite, se trouvait déjà dans une position légèrement surélevée par la présence de la main droite sous la joue gauche, ce qui a accentué les destructions par la pelle mécanique (fi g. 26 et 27).

Un terrier, vu lors de la fouille, est responsable de la désorganisation des vertèbres cervicales. Peu de con-nexions étaient encore observables. Cependant la con-nexion stricte du crâne et de la mandibule laisse voir le caractère originel de la position du corps.

Les deux hémi-thorax sont ouverts, mis à plat sur le sol de part et d’autre du rachis. Les extrémi-tés antérieures des côtes se sont rabattues vers le bas du corps, et leurs extrémités postérieures sont toujours en contact avec les vertèbres thoraciques. La scapula gauche est la seule encore en place. Elle est toujours en connexion avec l’humérus homolatéral. Le radius et l’ulna gauches, détachés du bras, sont en extension et amenaient la main probablement au niveau de l’abdomen. Il ne reste

Fig. 26 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Cx Ag 50. (Relevé : P. Marlière ; infographie : M. Gandelin).

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Défunts néolithiques en Toulousain

aucune phalange en place. Seuls deux petits os du carpe ont été retrouvés, tombés de part et d’autre du pubis droit. On ne sait pas comment expliquer cette absence, si ce n’est par des déplacements exo-gènes liés aux fouisseurs.

Le membre supérieur droit a conservé le radius et l’ulna intacts, mais le décapage l’a privé de son humé-rus. Trois métacarpiens et deux os du carpe subsistent en pronation sous l’hémi-face gauche, ainsi que le pouce en vue médiale légèrement replié. Deux autres phalanges, ainsi que le lunatum, ont été retrouvés assez loin des vestiges de la main en place sous le crâne. Cette dispersion ne peut s’expliquer que par un terrier.

Le rachis thoracique, dont les connexions sont très relâchées, a beaucoup souff ert de l’acidité du lœss altéré qui a dissout un certain nombre de corps vertébraux. L’apparition des vertèbres est relative-ment homogène en face antérieure à antéro-latérale

droite jusqu’à la dernière lombaire en place sur la surface articulaire du sacrum qui se présente en vue antérieure légèrement supérieure et un peu désaxé par rapport au rachis. Ce dernier semble s’être eff ondré dans le bassin après que le coxal gauche se soit mis à plat. Le coxal droit apparaît de chant. On ne peut pas déterminer si il a été maintenu dans cette position par l’espace colmaté ou si c’est la proximité de la paroi qui l’a retenu pendant la décomposition.

Les membres inférieurs sont fl échis à gauche du corps. Le membre droit a presque entièrement dis-paru. L’extrémité distale du tibia et la malléole de la fi bula sont conservées à quelques centimètres sous le coxal droit, avec le calcanéum, seul vestige du pied homolatéral. Un fragment de l’extrémité proximale du tibia repose sur la diaphyse de la fi bula gauche. Le membre gauche plaqué sur le fond de la fosse a con-servé ses connexions anatomiques. L’articulation du genou, avec la patella restée en place, se trouve à une trentaine de centimètres en avant du thorax, à hau-teur de la neuvième vertèbre thoracique. Le pied était probablement en extension dans le prolongement de l’axe du tibia. Cet eff et de contrainte peut être lié à la proximité de la limite du creusement qui contenait la sépulture.

Les études archéologique et taphonomique de cette inhumation ne peuvent compenser la défi cience des observations de terrain. Les connexions observées plaident pour une décomposition en ambiance col-matée. Aucun aspect particulier du développement du corps pendant la décomposition ne permet de resti-tuer le contexte de son dépôt.

Cette inhumation se distingue malgré tout des autres par le fait qu’un des membres supérieurs est en extension amenant la main en avant du bassin, et non en fl exion.

Analyse anthropologique

Description morphométrique

La conservation du squelette de la structure 50 est médio-cre. C’est un individu adulte de sexe féminin. La taille corporelle est comprise entre 156.8 cm et 164.8 cm.

Fig. 27 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépul-ture Cx Ag 50. (Cliché N. Neyssensas).

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Le squelette céphalique

Le squelette céphalique trop fragmentaire n’a pas permis d’étude morphométrique.

Le squelette appendiculaire

Les humérus sont de longueur moyenne. Ce sujet féminin présente des dimensions sensiblement équi-valentes à celle des hommes. L’aplatissement diaphy-saire est modéré (eurybrachique). L’extrémité distale est peu large. La tête humérale montre un développe-ment important. Les ulnas sont de longueur moyenne. L’eurôlénie est également prépondérante. L’indice de robustesse traduit une ulna plutôt courte et robuste. L’aplatissement diaphysaire a tendance à être marqué dans le sens antéro-postérieur (indice diaphysaire) tra-duisant un bord osseux relativement saillant.

Les fémurs sont longs et peu robustes. L’indice détermine un pilastre fort. L’extrémité supérieure du fémur est aplatie transversalement (sténomérie). Le tibia a une diaphyse peu aplatie transversalement (mésocnémique).

La sépulture de la fosse Cx Ag 161

Elle contenait les restes d’un adulte mature, de sexe masculin, inhumé la tête à l’est. Le corps reposait sur le côté gauche, avec les membres supérieurs et infé-rieurs fl échis. Aucune off rande n’a été déposée dans la fosse d’inhumation. Le squelette était très bien con-servé, si l’on excepte les dommages infl igés au coxal droit et aux genoux par les décapages mécaniques. Les perturbations liées à la circulation des animaux fouisseurs sont assez peu nombreuses et ne concernent que l’éparpillement de quelques phalanges. Le con-texte pédologique a entraîné la formation de concré-tions calcaires qui ont soudé certains ossements entre eux. Sur le maxillaire droit, au-dessus de la première molaire, on observe une petite perforation circulaire, de 6 millimètres de diamètre, communiquant directe-ment avec l’alvéole de cette dent. De celle-ci subsiste un fragment de racine, carié et cassé. On peut voir là les stigmates d’une réaction infl ammatoire (granulum apical) qui a abouti à une fenestration. La face anté-

rieure de la deuxième vertèbre lombaire présente des ostéophytes en bordure du plateau supérieur.

Description de la structure

Le corps a été enfoui dans l’axe longitudinal d’une fosse ovalaire. Elle était longue de 1,80 m pour une largeur de 1 m, encore profonde d’une trentaine de centimètres, spécifi quement creusée pour son dépôt. Les extrémités de cette fosse étaient arrondies et assez pentues. La longueur du fond se trouvait donc réduite à 1 m et adoptait de ce fait un profi l axial en cuvette. Comme les contours de la structure funé-raire étaient parfaitement visibles, cette sépulture peut être intégrée à la stratigraphie du fossé : son niveau d’ouverture coïncide avec le sommet du comblement inférieur correspondant aux eff ondrements des parois du fossé. Le remblai de lœss altéré qui a suivi le dépôt du cadavre était constitué des déblais issus du creuse-ment même de la structure. L’inhumation disparais-sait totalement sous un niveau plus organique, rejeté volontairement dans le fossé, après le tassement des niveaux antérieurs.

Cet ensemble funéraire peut donc parfaitement être contemporain du fossé 2 et de sa palissade, bien qu’il soit situé au sein du comblement du fossé de l’enceinte.

Description de la sépulture

La décomposition en espace colmaté est assurée par l’absence de déplacements d’os en dehors du volume corporel. Les connexions labiles des pieds étaient parfaitement préservées en dépit de leur position en déséquilibre, le pied droit reposant sur la gauche au niveau des métatarsiens. Ceci indique clairement que le squelette est toujours dans la position originelle du dépôt (fi g. 28 et 29).

Le crâne apparaissait dans le plan supérieur du corps, par sa face supéro-latérale droite, appuyé au pied de la pente oblique de la paroi est du creusement. La mandibule reposait, légèrement déplacée et entrou-verte, sur l’extrémité latérale de la clavicule gauche.

Le rachis est encore en connexion relativement étroite. Les cervicales, conformément à la présenta-tion surélevée du crâne, apparaissaient en face antéro-

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Défunts néolithiques en Toulousain

latérale droite et légèrement supérieure. Un eff et de torsion très progressive du rachis thoracique amène les trois dernières vertèbres lombaires, parce qu’elles étaient détachées du reste de la colonne par une irré-gularité du fond de la fosse, en face nettement plus antérieure. Cette rotation est également visible au niveau de la ceinture sacro-coccygienne : le coxal droit apparaît de chant, le sacrum est en face supéro-latérale droite et le coxal gauche est en vue antéro-médiale, à plat sur le fond de la fosse. Ces trois éléments ont conservé leurs connexions anatomiques intactes, à la fois entre eux et avec les deux fémurs, dont les extré-mités proximales sont toujours logées dans les cavités acétabulaires des coxaux.

Les membres inférieurs sont fl échis, amenant les fémurs à angle droit par rapport au squelette axial, et les pieds en extension, l’un sur l’autre (droit sur gauche), à moins de 10 centimètres au-dessous du bassin. Le genou gauche, appuyé contre la paroi, a subi une faible contrainte : il a été retenu pendant la décomposition et la patella, qui a cependant conservé sa position anatomique sur les épiphyses distale du fémur et proximale du tibia, apparaît en face médiale, légèrement antérieure. Les déplacements d’os sont très minimes : on ne relève que la chute de l’extré-mité proximale de la fi bula droite en arrière du tibia, tandis que la malléole externe est restée sur le calca-néum homolatéral. Ces translations gravitaires se sont exercées uniquement dans le volume initial du cada-vre, renforçant la perception d’un espace colmaté. Les connexions des pieds sont encore très étroites. La con-trainte exercée à la fois par la paroi oblique à l’ouest de la fosse d’inhumation et le tassement progressif des remblais pendant la décomposition sont responsables de l’hyper-extension des phalanges du pied droit et de la rétraction des orteils gauches.

Les déplacements les plus importants aff ectent le tronc qui épouse dans sa partie supérieure la pente oblique de la paroi et sa jonction en légère cuvette avec le fond de la fosse. Cette topographie locale contribue pour une large part au développement dissymétrique des deux hémi-thorax. Le côté gauche s’est mis à plat au sol pendant la décomposition, écrasé par le poids des comblements supérieurs de la fosse d’inhumation. La scapula gauche a épousé la remontée du fond dans son raccord avec la paroi et

a conservé cependant sa connexion avec le membre supérieur homolatéral. Elle apparaît par sa face anté-rieure, légèrement supérieure, sous les trois premiè-res côtes gauches, aplatie par la clavicule, tandis que les côtes basses sont largement ouvertes. Le corps du sternum est tombé dans l’hémi-thorax gauche vide, son extrémité proximale reposant sur les vertèbres thoraciques. A l’inverse, l’hémi-thorax droit conserve un certain volume : les extrémités postérieures des côtes arciformes sont toujours en connexion avec le rachis. Leurs extrémités antérieures, à l’exception des trois dernières côtes, reposent sur les vertèbres tho-raciques basses et les deux premières vertèbres lom-baires. Cet aspect montre le caractère progressif du colmatage du thorax et plus généralement du volume intérieur du cadavre.

Fig. 28 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Cx Ag 161. (Relevé : P. Marlière ; infographie : M. Gandelin).

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La rupture du membre supérieur droit, au niveau de l’articulation du coude, a pu également être pro-voquée par ce basculement du tronc vers l’arrière : l’humérus a été entraîné par la scapula droite, tandis que l’avant-bras s’est détaché et est tombé avec l’hémi-thorax gauche lorsque celui-ci s’est mis à plat, rabat-tant les extrémités antérieures des côtes vers le bas du tronc. La main droite apparaît dans sa position pri-maire, en supination, le pouce rabattu sur la paume. Le poignet est replié presque à angle droit par rapport à l’axe des radius et ulna. La main gauche a été disper-sée, sans doute par un animal fouisseur qui a entraîné un certain nombre de phalanges loin de leur position d’origine et qui a peut-être causé la disparition des métacarpiens. La disposition des os de l’avant-bras et des phalanges épargnées laisse restituer une position comparable à celle de la main droite.

Cette inhumation, à laquelle on associe clairement un creusement spécifi que préalable, se distingue des sépultures des deux autres groupes par une position moins contractée. La fl exion des membres inférieurs amène les fémurs à 90° par rapport à l’axe longitudi-

nal du squelette et les pieds sous les coxaux. Il en est de même pour les bras et avant-bras. L’aspect moins contracté du squelette est en relation avec le creuse-ment d’une fosse spécifi que dont les dimensions sont adaptées au volume du corps, ce qui s’oppose à la réu-tilisation de structures en cours de comblement dont l’espace disponible n’était pas maîtrisable.

Analyse anthropologique

Description morphologique

Le squelette est dans l’ensemble bien conservé hormis les membres inférieurs dont les épiphyses sont frag-mentées. C’est un sujet adulte (30 ans et plus), de sexe masculin, de stature sur-moyenne (165,7 ± 4 cm) selon la classifi cation de H.-V. Vallois (1948).

Le squelette céphalique

Le crâne est allongé (dolichocéphale), ovoïde. Le front divergent et bombé est particulièrement long. La gla-belle est modérément développée (type 2 : Braüer, 1988). La voûte présente un segment aplati au niveau de l’obélion. Elle est moyennement élevée par rapport à la longueur du crâne (orthocrâne). La face est à la fois très haute et étroite (hyperleptoprosope). Une légère asymétrie apparaît chez l’individu 161, l’orbite droite est mésoconque et la gauche est hypsiconque. (Il s’agit d’une diff érence de largeur et de hauteur peu signifi cative 1,5 mm d’écart en largeur, et un écart de hauteur de 0,5 mm en faveur de l’orbite droite). Mais elle est induite par des valeurs se situant aux limites supérieure et inférieure des intervalles défi nissant ces deux catégories. L’individu 161 a une ouverture nasale particulièrement haute et étroite (leptorhinie).

En vue postérieure la courbe transversale est régu-lièrement arrondie, sans saillie médiane de la suture sagittale. Les parois latérales sont symétriques et droi-tes, les bosses pariétales à peine marquées. Les lignes nuchales supérieures sont marquées. Le sujet 161 pré-sente une arcade alvéolaire de type upsiloïde mais cette forme est induite et accentuée par une usure anormale d’ordre pathologique. L’arcade alvéolaire est étroite (dolicuranique).

Fig. 29 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépul-ture Cx Ag 161. (Cliché N. Neyssensas).

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Défunts néolithiques en Toulousain

La mandibule est dolichognathe, dont la longueur est supérieure à celle des autres sujets. De plus elle est accentuée par une déformation post-traumatique qui aff ecte la région symphysaire.

Le squelette appendiculaire

Les humérus sont de longueur moyenne, l’aplatisse-ment diaphysaire est modéré (eurybrachie). Ils sont nettement asymétriques. L’humérus droit est plus long et plus robuste. Les extrémités distales et proximales sont également plus robustes à droite. La diaphyse droite montre une incurvation de la zone d’insertion du muscle deltoïde plus marquée à droite qu’à gauche. Les radius sont de longueur moyenne. Les ulnas pré-sentent une asymétrie de longueur importante (11 mm en faveur de l’ulna droite). De même l’aplatissement transversal est plus marqué du côté droit (catégorie platôlénie) que du côté gauche (catégorie eurôlénie).

L’examen macroscopique n’a révélé aucune patho-logie justifi ant cette asymétrie.

Les fémurs dont très fragmentés. Les seules infor-mations métriques concernent les extrémités du fémur gauche. L’indice de platymérie montre un apla-tissement antéro-postérieur marqué (hyperplatimérie). L’indice de largeur bicondylienne traduit une extré-mité de tendance massive relativement à la longueur du fémur. Les tibias sont courts, plutôt robustes. La diaphyse est aplatie transversalement (platycnémie).

Lésions pathologiques

Ce sujet présente une déformation de la mandibule localisée au niveau de la symphyse. Elle se manifeste par une déviation de l’axe symphysaire vers la gauche accompagnée d’une déformation volumique de l’éminence mentonnière. L’épaisseur basilaire est très importante avec une incisure sous-mentonale légè-rement convexe. Les fosses digastriques sont asymé-triques : elle est petite et profonde à gauche, vaste et moins profonde à droite. Les apophyses géni supérieu-res montrent également une asymétrie importante ; la crête gauche est volumineuse et saillante (larg. 7,82 mm, long. 7,82 mm, épais. 3,83 mm). Une incurva-tion du bord inférieur du corps conduit à une surélé-vation de la branche gauche par rapport à la branche

droite. Deux alvéoles sont absentes, seules deux incisi-ves permanentes sont actuellement en place.

L’examen radiologique montre une ostéocondensa-tion très localisée sur la zone symphysaire, répondant à la zone du cal, visible sur l’os. Il est plus dense dans la région basale, ce qui est logique au vu de l’épais-seur de l’os à cet endroit, mais il se poursuit vers la partie alvéolaire en direction de l’apex de la canine inférieure gauche (33), ce qui traduit le cheminement du trait de fracture.

Ces observations sont en conformité avec une clas-sique fracture par choc direct antérieur (fracas osseux mentonnier et trait de fracture simple supérieur), avec des lésions dentaires associées. Deux hypothèses peu-vent être envisagées : la fracture a pour conséquence soit une dégénérescence des germes dentaires avec un remodelage de l’os alvéolaire, soit, une expulsion des incisives permanentes. Le grand axe des alvéo-les « restantes » étant parallèle à celui des canines, et l’absence de distoversion des incisives en place, est en faveur de l’expulsion ou dégénérescence des germes des dents centrales.

Mobilier

Seul un fragment de panse, constitué de 5 tes-sons, a été découvert dans le remplissage de la fosse. Il ne permet toutefois pas de reconnaître une forme particulière de vase.

La sépulture de la fosse Cx Ag 166

Un adulte mature de sexe masculin reposait dans l’axe longitudinal de cette structure. Il se présentait en trois-quarts antérieur droit, la tête au sud/sud-est. Les membres supérieurs et inférieurs étaient fl échis à gauche du corps. Ce sujet avait souff ert d’arthrose lombaire. Une pointe de fl èche tranchante en silex blond et une hache polie en quartzite ont été dépo-sées à titre d’off randes au niveau du crâne dans l’angle sud de la fosse d’inhumation. La hache reposait sur l’hémi-mandibule droite. Une fi ne couche de sédi-ment, de 2 cm d’épaisseur minimale (comparable au comblement général de la fosse), montre qu’elle ne se trouvait pas en contact direct avec le crâne. De plus

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le talon se présentait en premier dans le comblement supérieur, le tranchant se trouvant légèrement plus bas sur l’hémi-face. On ne peut donc pas affi rmer qu’elle se trouvait dans sa position primaire. Par ailleurs, la pointe de fl èche se trouvait dans le plan supérieur du comblement, au même niveau que les phalanges dis-persées de la main gauche. Il est donc également pos-sible qu’elle ait été déplacée (fi g. 30).

Description de la structure

Il s’agissait d’un creusement oblong, de plan très régu-lier, large de 0,70 m pour une longueur de 1,60 m. Les parois étaient parfaitement verticales et le fond plat. Le squelette apparaissait très groupé dans les deux-tiers sud de la fosse. On éprouve quelques diffi cultés à cerner

précisément le contexte archéologique exact de cette inhumation. Les terrassements ont dégagé dans ce sec-teur deux « poches » de remblai assez riche en matière organique. Ce composant leur confèrait une coloration brun-foncé qui se distinguait très nettement à la sur-face du lœss encaissant et dessinait en plan deux fosses oblongues, aux extrémités arrondies, à quelques mètres de distance l’une de l’autre. On a donc restitué dans ce secteur très précis du fossé 2 une interruption entre deux tronçons successifs (B et C), dans la continuité de la confi guration déjà attestée au sommet de la terrasse à l’ouest du site.

Les contours de la fosse d’inhumation apparais-saient à la même profondeur que les remblais bru-nâtres, apparemment dans l’intervalle entre B et C, l’ensemble de ces vestiges étant bien entendu très pro-bablement arasé par le décapage mécanique. Le pro-blème est que, une fois le dépôt organique enlevé, la structure funéraire était toujours très nette mais il ne subsistait plus aucune trace des deux creusements. Le contexte lœssique redevenait homogène. Deux hypo-thèses peuvent être émises :

- soit la fosse d’inhumation a été creusée dans la couche d’altération du substrat, entre les deux tronçons du fossé, et n’a alors aucun contact direct avec eux ;

- soit elle a été aménagée, comme les autres exem-plaires de ce groupe, dans des comblements naturels consécutifs à l’eff ondrement des parois (en l’occur-rence des extrémités) et dans un secteur du fossé qui avait été creusé moins profondément que le reste. Elle se trouverait alors dans une position stratigraphique comparable à celle de ses voisines.

Aucune de ces hypothèses ne peut cependant être privilégiée.

Description de la sépulture

Le squelette se trouvait dans une position contractée, et occupait les deux tiers sud de la fosse d’inhumation. Les parois de la fosse n’ont exercé ici aucune contrainte sur le cadavre en décomposition (fi g. 31 et 32).

Le crâne repose partiellement sur l’épaule gauche. Il occupe une position secondaire, apparaissant en dominante latérale droite. La déconnexion de l’atlas, apparaissant en vue inférieure, du reste du rachis en vue antéro-latérale droite atteste d’un basculement

Fig. 30 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Cx Ag 166. (Relevé : Brossier 1997 ; infogra-phie : M. Gandelin).

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Défunts néolithiques en Toulousain

de la tête à la fois vers « le haut » et vers la gauche, sans doute après la rupture des contentions cervica-les. L’observation des autres vertèbres cervicales peut fournir quelques indices permettant d’expliquer ce déplacement : en eff et, elles apparaissent en vue légèrement supérieure, ce qui indique que la posi-tion initiale du crâne était surélevée par rapport au reste du corps. Ce déplacement n’est possible qu’à la faveur d’un vide temporaire sous-jacent au crâne. On peut donc envisager la présence d’un coussin en matière organique périssable.

Le squelette axial est aff ecté par deux ruptures au niveau des vertèbres thoraciques hautes et entre la dou-zième thoracique et la première lombaire, qui correspon-dent chacune à une variation sensible de l’orientation des segments ainsi individualisés. Le gril costal gauche est ouvert à plat sur le fond de la fosse. Le manubrium et la gladiola (corps du sternum) sont tombés en face pos-térieure entre les quatrième et neuvième côtes gauches, dont les extrémités postérieures sont restées en contact (et non en connexion) avec le rachis thoracique.

L’hémi-thorax droit apparaît légèrement en dehors du volume initial du cadavre comme l’épaule et le membre supérieur homolatéraux. Les côtes se sont mises à plat, rabattant leurs extrémités antérieures vers le bas du tronc sur les dernières thoraciques et la pre-mière lombaire. Leurs têtes sont encore en connexion avec le rachis. La scapula et la clavicule droites, une fois le gril mis à plat, ont profi té d’une plus grande latitude et ont glissé le long de la courbure du tronc. L’humérus n’est plus en position anatomique hors de la cavité glénoïde de la scapula.

L’articulation du coude, qui repose sur la qua-trième vertèbre lombaire, est restée très étroite, très probablement peu éloignée de sa position primaire. Il ne reste que peu d’éléments de la main droite rame-née par la fl exion du membre supérieur (à 90°) sur le bras gauche. Les quelques os du carpe encore en place apparaissent par leur face latérale. Le membre supérieur gauche est le plus fl échi, les extrémités dis-tales du radius et de l’ulna sont amenées à la hauteur du menton, à une dizaine de centimètres à peine du crâne. La dispersion des os de la main est très impor-tante puisque certaines phalanges apparaissent dans un plan du comblement nettement supérieur à celui de l’avant-bras ou très éloignées de leur position anato-

mique théorique. L’éparpillement est peut-être le fait d’un terrier, aucune connexion n’ayant été préservée.

Les vertèbres lombaires sont toujours en connexion avec le sacrum. L’ensemble apparaît en face supéro-anté-rieure, cette fois très légèrement latérale droite, moins aff ecté semble-t-il par le basculement du tronc que les autres segments du squelette axial. Le coxal gauche s’est ouvert et mis à plat tandis que le droit est resté de chant. Les membres inférieurs ont conservé l’intégra-lité de leur connexion. La fl exion du membre inférieur gauche est maximale : le tibia et la fi bula sont presque parallèles au fémur et le calcanéum ne se trouve qu’à quelques centimètres de la tête fémorale encore logée dans la cavité acétabulaire. Les os du tarse et quatre métatarsiens gauches sont restés dans le plan intermé-diaire du comblement de la fosse d’inhumation, soit à une profondeur de 10 cm sous le niveau d’ouverture

Fig. 31 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Cx Ag 166. (Relevé : P. Marlière ; infographie : M. Gandelin).

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visible de la structure et à une quinzaine de centimètres au dessus de l’extrémité distale du membre inférieur homolatéral. On peut envisager que cet assemblage qui conserve une certaine logique anatomique, en dépit de l’absence de connexions réelles, s’est détaché du membre inférieur gauche en raison du tassement des comblements sous-jacents au corps vers le fond de la fosse, bien qu’il soit aussi possible de conclure, une fois encore, à l’intervention exogène d’un fouisseur, comme celui qui a déplacé deux métatarsiens droits. Aucune hypothèse ne peut être privilégiée.

Cette sépulture met en évidence la relativité de l’adap-tation des dimensions des creusements à celles des corps. A l’inverse de la sépulture 161 précédemment décrite, le corps est ici placé dans une partie de la structure seule-ment et ne l’occupe pas toute entière. Cependant la posi-tion parfaitement centrée du corps, sur l’axe longitudinal de la fosse, renforce la spécifi cité du creusement.

En l’absence de relation claire entre les deux ensembles, il n’est pas possible de préciser la séquence stratigraphique de l’utilisation du fossé 2 à laquelle se rattache l’inhumation.

Analyse anthropologique

Description morphométrique

La sépulture 166 a livré le squelette bien conservé d’un individu adulte de sexe masculin. Sa taille cor-porelle estimée à partir des fémurs est de 163,3 cm (erreur standard : 4 cm).

Le squelette céphalique

Le crâne est dolichocéphale (allongé). Le dévelop-pement des bosses pariétales est peu prononcé. Le front est divergent, large (eurymétope) et bombé. Le développement de la glabelle selon l’échelle de Broca (modifi ée par Martin, in Braüer 1988) est fortement marqué (type 3). La protubérance externe de la région iniaque est saillante. L’indice de hauteur au porion indique une voûte moyennement élevée par rapport à la longueur (orthocrâne). La face est étroite et rela-tivement haute (leptoprosope). Les orbites sont larges et hautes (hypsiconques). L’ouverture nasale est large (platyrhinie) contrairement à l’ensemble du groupe.

En norma occipitalis, la courbe transversale est régulièrement arrondie, sans saillie médiane de la suture sagittale. Les parois latérales sont symétriques et droites. La ligne nuchale supérieure est marquée.

En norma basilaris, l’indice du palais indique qu’il est étroit, soit leptostaphylin. La forme elliptique caractérise l’arcade dentaire. Cette dernière est étroite (dolicuranique).

La mandibule est plutôt large et courte (brachy-gnathe). Le menton est peu saillant et les fosses men-tonnières sont faiblement marquées. L’éversion de l’angle goniaque est importante. Les branches sont relativement basses et larges.

Le squelette appendiculaire

Les humérus sont de longueur moyenne. L’apla-tissement diaphysaire est modéré (eurybrachique). L’indice de robustesse (périmètre minimal/longueur maximale) est de valeur moyenne. Les extrémités distales sont étroites, la tête humérale est en revan-che bien développée. Les radius sont courts et l’indice

Fig. 32 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépul-ture Cx Ag 166. (Cliché N. Neyssensas).

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Défunts néolithiques en Toulousain

de robustesse indique des os moyennement robustes. Les ulnas sont assez courts, relativement robustes. L’aplatissement transversal est plus important du côté gauche (catégorie platôlénie) que du côté droit ( caté-gorie eurôlénie).

Les fémurs sont longs et peu robustes. L’indice pilastrique traduit un pilastre moyen. L’aplatisse-ment antéro-postérieur de l’extrémité proximale de la diaphyse est marqué (hyperplatymérie). Les valeurs de l’indice de la tête fémorale montrent une tendance au faible aplatissement antéro-postérieur. L’extrémité distale est plutôt étroite, la tête fémorale est de petite taille. Les tibias sont courts et plutôt graciles.

Lésions pathologiques

Ce sujet présente la particularité d’une occlusion dentaire en bout à bout ayant pour conséquence une usure coronaire disto-linguale des incisives centrales supérieures, ainsi qu’une érosion vestibulo-linguale des molaires inférieures. Cette anomalie dentaire s’ac-compagne d’une pseudo surface articulaire de la cavité

glénoïde correspondant à l’articulation temporo-man-dibulaire. D’autre part, un kiste périapical est visi-ble sur la première molaire supérieure gauche, ayant entraîné la destruction osseuse de la face linguale.

Mobilier

Le mobilier retrouvé entre le crâne et la main gauche est composé d’une lame de hache polie en schiste et d’une armature de fl èche tranchante en silex blond.

La lame de hache polie est en schiste tacheté noir, incluant des paillettes de muscovite (fi g. 33). Cette lame a une forme en plan trapézoïdale à tranchant convexe large qui est tronquée sur un côté par une cas-sure partiellement repolie. La section transversale de la pièce est ovalaire et la section longitudinale biconvexe avec un tranchant en double biseau symétrique. Le mode de façonnage peut être déduit des traces obser-vables sur le corps de la pièce. Une dépression près du talon témoigne sur la face inverse d’une étape de mise en forme par taille. La seconde étape se caractérise par

Fig. 33 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Mobilier de la sépulture Cx Ag 166. (Dessin : J. Vaquer ; infographie M. Remicourt).

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un fi n bouchardage, visible sur la moitié proximale. La troisième étape est un polissage qui a été réalisé jusqu’à eff acer les traces du bouchardage sur le tiers distal. Un cran bouchardé est nettement visible sur le latéral droit, il est moins poussé sur le côté gauche. Il corres-pond probablement à la limite d’un emmanchement direct. Cette lame de hache de provenance sans doute pyrénéenne a manifestement servi. Elle a été cassée et réparée avant d’être déposée dans la tombe.

L’armature tranchante est en silex blond du ter-tiaire régional. Elle a été mise en forme par retouches obliques bifaciales, d’abord sur la face inverse puis sur la face directe pour le bord latéral droit et en premier lieu sur la face directe puis sur la face inverse pour le bord latéral gauche. Le façonnage a délimité une forme triangulaire équilatérale dont le tranchant à conservé le cortex naturel (fi g. 34).

Arguments de datation

Une datation radiométrique AMS a été réalisée sur un des ossements de cet individu qui situe cette inhuma-tion à la fi n de la seconde moitié du cinquième millé-naire avant notre ére : Ly-3559(GrA) : 5325±30 BP, soit après calibration à deux sigmas, 4260-4040 av. J.-C.

La sépulture de la structure Cx Ag 107

Cette sépulture a été particulièrement endommagée par les décapages mécaniques, principalement le côté droit du corps.

Le squelette reposait en décubitus latéral gauche avec la tête à l’ouest. Les avant-bras fl échis ramènent les mains en-dessous de l’épaule gauche très près du thorax. Les membres inférieurs sont fl échis à 90° par rapport au squelette axial, les pieds se trouvent ainsi à une vingtaine de centimètres au-dessous du bassin.

La diagnose sexuelle n’est pas possible étant donné le très mauvais état du coxal gauche, le seul trouvé en place, qui nécessiterait une restauration importante.

Aucune off rande n’a été retrouvée à proxi-mité du corps.

Description de la structure

Le squelette est apparu au décapage à l’extrémité est du tronçon C. Il est allongé sur un sol parfaitement horizontal, parallèlement au tracé de la paroi sud. Les vestiges osseux sont noyés dans le lœss altéré brun, légèrement plus organique qui comble déjà la partie supérieure du fossé 2. Les remblais inférieurs corres-pondent davantage à des colmatages naturels et à des eff ondrements de paroi. Aucune limite de recreuse-ment n’a pu être reconnue par la fouille, laissant sup-poser encore une fois que s’il existe, il a probablement été comblé par ses propres déblais.

Description de la sépulture

L’ensemble du squelette est contenu dans un seul plan horizontal d’une épaisseur de 10 centimètres seule-ment. La disparition quasi totale du gril costal droit et du coxal homolatéral ne permet pas la restitution du volume comme c’est le cas pour quelques autres sépul-tures. Malgré les destructions, on décèle quelques indi-ces caractérisant la décomposition du corps en espace colmaté. La branche ischio-pubienne droite apparaît en position anatomique, indiquant que le coxal était de chant et se trouvait toujours dans le volume initial du cadavre. On peut là encore se demander si cette position ne peut pas être liée à la proximité d’une paroi de la fosse d’inhumation (fi g. 35 et 36).

Il ne reste du crâne que l’hémi-face gauche visi-ble par sa face médiale. La tête se présentait par sa face latérale droite. La disparition totale des vertè-bres cervicales et des vertèbres thoraciques hautes ne permet pas de dire s’il est ou non dans sa position originelle.

Fig. 34 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Arma-ture de la sépulture Cx Ag 166. (Dessin : M. Remicourt).

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Défunts néolithiques en Toulousain

Les hémi-thorax montrent le même type de rabat-tement des extrémités antérieures des côtes vers le bas du corps, mais cette déformation n’a pas eu les mêmes conséquences à droite et à gauche. Ce mouve-ment est seulement restitué pour le côté droit qui n’est plus représenté que par les extrémités postérieures de quelques côtes hautes, retrouvées contre les corps vertébraux des premières thoraciques, peu éloignées sans doute de leur position anatomique. Par contre, l’hémi-thorax gauche est encore légèrement concave, ouvert au sol. Les extrémités postérieures des côtes sont appuyées contre la face antérieure des vertèbres. La gladiola est tombée dans le gril costal gauche et repose sur les dernières côtes.

La scapula gauche apparaît sous les côtes, toujours en connexion avec le membre supérieur homolatéral fl échi. Le tiers inférieur de la diaphyse ulnaire porte le stigmate d’une fracture réduite apparemment sans trop de dépla-cement et bien réossifi ée. La main gauche, parfaitement préservée en avant de l’épaule, était en supination, les pha-langes probablement repliées vers la paume.

Le membre supérieur droit, également fl échi, est mal conservé. L’ulna et le radius ont été endomma-gés par les terrassements. La main apparaît par sa face dorsale au-dessus de la diaphyse de l’humérus, près de la main gauche. Le pouce et l’index sont en extension. Le mode d’apparition en face proximo-palmaire des phalanges proximales des trois autres rayons semble indiquer que ces doigts étaient repliés.

En dépit d’un mauvais état de conservation de la structure de l’os, le rachis présente encore, au niveau des lombaires, des connexions assez étroites. Les ver-tèbres conservées en place apparaissent toutes par leur face latérale droite. Par contre le sacrum est actuel-lement en vue supéro-antérieure, en connexion avec le coxal. Cette divergence est soulignée également en altimétrie par la position légèrement supérieure du sacrum par rapport aux lombaires qui se trouvent de fait assez nettement détachées de la base du sacrum. On ne peut tirer aucune conclusion défi nitive sur la position du coxal droit représenté seulement par un fragment d’ischium.

Les membres inférieurs sont fl échis, bien que très endommagés par les terrassements, et conservent un certain nombre de caractéristiques : la fl exion ramène les pieds à une vingtaine de centimètres au-dessous du

bassin. Le fémur gauche est en connexion étroite avec le coxal. Le droit est par contre très incomplet puisqu’il ne reste qu’une moitié de son extrémité distale. Les modalités de sa destruction sont sans doute signifi cati-ves de l’apparition initiale du fémur par son extrémité proximale, possible seulement si le coxal homolatéral a été maintenu de chant pendant la décomposition. Une partie du pied gauche en extension est conservée. Il apparaissait par sa face latérale. Le tarse et les méta-tarsiens ont été mis à plat. Les phalanges ont totale-ment disparu. Il ne reste aucun élément du pied droit ramené à une vingtaine de centimètres sous le bassin.

Les observations concernant l’évolution du corps pendant la décomposition sont malheureusement assez incomplètes. Les dommages, causés ici par la pelle mécanique, pourraient être considérés comme négligeables dans la mesure où ils ne gênent pas la

Fig. 35 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Cx Ag 107. (Relevé : P. Marlière ; infographie : M. Gandelin).

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défi nition des caractères généraux de la position du squelette. Un certain nombre d’éléments permettent de restituer une décomposition en espace colmaté, comme le maintien du coxal droit dans sa position anatomique de chant. Cependant, dans le cadre d’une étude taphonomique, ils nous privent d’un certain nombre de données qui permettraient une approche mieux structurée et plus approfondie du corps dans sa globalité et non plus des diff érents segments anatomi-ques considérés individuellement.

Analyse anthropologique

Description morphométrique

Le squelette issu de la sépulture 107 est très fragmen-taire. Le sexe est indéterminé. La stature est de 159,3 cm (erreur standard : 4 cm).

Le squelette céphalique

Le crâne incomplet et très fragmenté n’a pu faire l’ob-jet d’une analyse métrique et morphologique.

Le squelette appendiculaire

L’aplatissement diaphysaire de l’humérus est modéré (eurybrachique). Les radius sont de longueur moyenne. Les ulnas sont de longueurs moyennes. L’aplatisse-ment transversal est marqué (platôlénie). L’aplatisse-ment diaphysaire est très fortement marqué dans le sens antéro-postérieur traduisant un bord osseux rela-tivement saillant.

L’individu 107 présente des fémurs plutôt longs. La section sous-trochantérienne est arrondie (eurymé-rie). La tête fémorale est de petite taille.

Lésions pathologiques

Le sujet 107 dont seule l’hémi-mandibule gauche est conservée montre une exostose importante au niveau de l’insertion du muscle ptérigoïdien médial et un renfl ement à la base du col du condyle. Etant donné l’état de conservation du bloc cranio-facial et l’absence de description de ce cas dans la littérature, il est diffi cile de dresser un diagnostic anatomo-pathologique.

La sépulture de la structure Cx Ag 165

Un individu adulte de sexe féminin était enseveli en décubitus dorsal, les membres inférieurs fl échis sur le côté gauche du corps, la tête au sud-ouest. Le corps apparaissait comme le mieux conservé et le plus complet du site. Certaines connexions, par exemple au niveau des pieds, ont été préservées dans leur intégralité par un concrétionnement calcaire important. Deux poinçons et un fragment de lissoir en os ont été découverts à gauche du bassin en avant des fémurs.

Fig. 36 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépul-ture Cx Ag 107. (Cliché N. Neyssensas).

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Défunts néolithiques en Toulousain

Description de la structure

Le squelette est apparu dans le comblement de limon brun encore en place dans la partie supérieure du fossé 2. Cette inhumation présente un certain nombre de points communs avec la sépulture 107. Elles sont d’abord très proches l’une de l’autre en termes de dis-tance puisque seulement quelques mètres les séparent. Les corps sont orientés selon le même axe, la tête à l’ouest, parallèlement au bord de cette structure.

Les deux sépultures 107 et 165 correspondent ainsi apparemment à la même séquence stratigraphique du segment du fossé C puisqu’elles sont contenues dans le comblement supérieur (le plus récent retrouvé en place) de lœss altéré brun qu’elles recoupent, bien que dans les deux cas les contours de la fosse d’in-humation demeurent invisibles. Dans le cas de cette sépulture 165, la découverte d’off randes à proximité immédiate du corps n’est pas utilisable pour déceler une éventuelle paroi.

Description de la sépulture

L’état de conservation du squelette est assez remar-quable. Les seules perturbations relevées sont liées aux galeries des fouisseurs qui ont épargné les connexions mais détruit ou déplacé quelques os. Les restes sque-lettiques présentent tous les caractéristiques d’une décomposition en espace colmaté (fi g. 37).

Le crâne et le rachis cervical apparaissent par leur face antéro-latérale droite, en position légèrement supérieure par rapport au reste du squelette. Ils sont surélevés par une irrégularité du sol qui aff ecte éga-lement le développement de l’hémi-thorax droit. La mandibule s’est très légèrement décrochée pendant la décomposition. Elle repose, entrouverte et déca-lée sur la gauche du crâne, sur la cinquième vertèbre cervicale.

Entre la première et la sixième vertèbre thoracique, l’axe du rachis est légèrement dévié, bien que l’appari-tion de toutes les vertèbres soit homogène, désormais en face antérieure, jusqu’à la dernière lombaire. La déformation du squelette axial et le relâchement des connexions des dernières vertèbres thoraciques ont été provoqués par le sol irrégulier, en pente, qui autorise le redressement du crâne vers l’avant. De part et d’autre

du rachis les deux hémi-thorax se sont mis à plat par le rabattement des extrémités antérieures des côtes vers le bas du tronc. Le gril gauche est légèrement plus ouvert que le droit. Cette diff érence de développement est liée à la contrainte que la pente du sol a exercé sur la scapula droite, bloquant ainsi l’expansion de l’hémi-thorax homolatéral. Le manubrium et la gladiola sont tombés dans les côtes gauches assez loin de leur posi-tion anatomique théorique.

Le membre supérieur gauche est complètement replié, en fl exion forcée. La main, dont les connexions sont remarquablement conservées, apparaît par sa face palmaire. Le premier rayon est en extension. Les phalanges du pouce se sont détachées du métacarpien et sont tombées au contact de la scapula. Les quatre

Fig. 37 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Plan de la sépulture Cx Ag 165 (Relevé : P. Marlière ; infographie : M. Gandelin).

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autres doigts sont repliés vers la paume. Le membre supérieur droit est fl échi, la paume de la main plaquée en avant des deux premières lombaires. Les métacar-piens apparaissent par leur extrémité proximale, en équilibre sur le rachis au bord d’un terrier creusé dans l’hémi-thorax gauche, au-dessous de la dernière côte en place. Seuls les trois derniers rayons sont conser-vés, reposant sur les dernières côtes gauches. Les doigts sont contractés, les phalanges moyennes repliées sous les phalanges proximales. Les distales ont été aspirées par le terrier et n’ont pas toutes été retrouvées.

Le sacrum et les coxaux en connexion stricte appa-raissent en vue antérieure. La fl exion du membre infé-rieur droit amène le fémur à 90° par rapport à l’axe du rachis et l’articulation du genou sur la diaphyse du fémur gauche. La patella droite a été déplacée le long du tibia homolatéral peut-être le long d’un terrier. Elle est en tout cas restée dans le volume intérieur du corps. Le pied droit, à une dizaine de centimètres en-dessous du bassin, repose par le calcanéum sur les métatarsiens gauches. Les métatarsiens et les phalanges sont soudés par des concrétions calcaires, préservant ainsi l’hyper-extension des orteils des deux pieds. Cette observation peut se rapporter à l’existence d’une paroi qui au cours de la décomposition les aurait retenus et contraints sous la pression du comblement.

L’espace colmaté a contribué pour une large part à la conservation des connexions labiles, telles celles des pieds et des mains qui paraissent avoir été en position instable. Cette remarque souligne que l’espace a été colmaté aussitôt après le dépôt du corps.

Analyse anthropologique

Description morphométrique :

L’individu inhumé dans la sépulture 165 est une femme adulte, d’une stature comprise entre 144 cm et 152 cm.

Le squelette céphalique

Le crâne est moyennement allongé (mésocrâne). En norma verticalis, le contour crânien est rhomboïde. Les bosses pariétales sont proéminentes. Le front est moyennement divergent et large (eurymétope). La

glabelle montre un développement modéré (type 2 : Braüer 1988), le front est bombé. La voûte présente une légère incurvation pré-lambdatique. Les arcs sagit-taux décroissent dans l’ordre pariétal-frontal-occipital. La saillie de la région iniaque est très peu marquée (Broca 1875). La voûte est de hauteur moyenne par rapport à la longueur (indice de hauteur au basion : orthocrâne) et à la largeur (métriocrâne). Le progna-tisme facial estimé (indice gnatique de Flower) traduit un maxillaire non saillant (orthognatisme). En norma occipitalis, les faces latérales sont régulièrement courbes et légèrement obliques en bas et en dedans. La ligne nuchale supérieure, la crête occipitale externe et les

Fig. 38 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Détail du membre supérieur gauche de la sépulture Cx Ag 165. (Cliché : N. Neyssensas).

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Défunts néolithiques en Toulousain

fosses cérébelleuses sont marquées. En norma basilaris, le palais est leptostaphylin, soit étroit. La mandibule est particulièrement large, brachygnate (mandibule large et courte). Le menton est saillant, l’éversion des angles goniaques est importante, les branches basses et larges (fi g. 39).

Le squelette appendiculaire

Les humérus sont de longueur moyenne, l’aplatis-sement diaphysaire est modéré (eurybrachique). L’indice de robustesse indique des humérus un peu plus robustes pour ce sujet que pour l’ensemble du groupe à l’exception du sujet 30, en raison d’une lon-gueur maximale modérée. Les extrémités distales sont étroites, la tête humérale présente des dimensions modérées. Les radius montrent un écart de longueur important entre le côté droit et gauche (17 mm en faveur du droit) imputable à une fracture. Cette asy-métrie se rencontre également au niveau des ulnas (11 mm en faveur de l’ulna droite). Les ulnas montrent un aplatissement transversal modéré (eurôlénie). L’apla-tissement antéro-postérieur est marqué. Les ulnas sont moyennement robustes selon l’indice de robustesse. Le périmètre minimum est moyen (fi g. 38).

Les fémurs sont courts et robustes, le développe-ment du pilastre est nul. L’indice de platymérie tra-

duit une asymétrie des sections sous-trochantériennes (platymérie à gauche, eurymérie à droite). Les valeurs de l’indice de la tête fémo-rale montrent une tendance au faible aplatissement antéro-posté-rieur, l’extrémité distale est plutôt étroite, l’indice de largeur bicon-dylienne traduit une extrémité massive relativement à la longueur du fémur. Les tibias sont courts et robustes avec une asymétrie d’ori-gine pathologique marquée en faveur du côté droit. Le tibia droit est eurycnémique (aplatissement nul) et mésocnémique à gauche. Cette asymétrie relève également une anomalie pathologique.

Lésions pathologiques

Ce sujet off re un tableau lésionnel impressionnant. Il souff re d’une fracture du poignet gauche qui se traduit par le raccourcissement du radius, la déformation axiale et l’atrophie du processus styloïde de l’ulna gauche. Ces observations sont en faveur d’un diagnostic de fracture radio-ulnaire avec arrachement du processus styloïde de l’ulna, dite fracture de « Pouteau-Colles » (chute avec réception sur les mains) courante dans la littérature (Mafart 1984). La discrétion des stigmates favorise le diagnostic d’une fracture non-compliquée, intervenant alors que la croissance de l’os n’est pas ter-minée. En eff et ces observations ne s’opposent pas à la possibilité d’une fracture survenue pendant l’enfance dite en « bois vert », aux signes lésionnels mineurs (Th illaud 1996).

La scapula gauche présente une fracture du proces-sus coracoïde avec formation d’un cal vicieux. Le méca-nisme causal le plus vraisemblable est une fracture par choc direct de l’épaule. Les fractures du poignet et de l’épaule gauche peuvent être contemporaines.

La jambe droite (tibia et fi bula) présente des déformations osseuses qui ont pour conséquence, en position anatomique, une réduction de l’espace inter-osseux. Cette lésion a pour retentissement fonc-tionnel des lésions dégénératives (arthrose secondaire

Fig. 39 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Détail du squelette céphalique de la sépulture Cx Ag 165. (Cliché : N. Neyssensas).

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talo-calcanéenne visible par une ostéophytose du bord postéro-latéral du calcaneus) et la création de petites surfaces éburnées secondaire talo-calcanéenne). Les observations macroscopiques (radiologie) écartent le diagnostic d’une pathologie traumatique ou infec-tieuse, cette lésion semble être d’origine congénitale.

Le maxillaire droit présente une perforation au niveau du palais qui correspond à une ostéolyse provo-quée par le développement lent, progressif et pulsatif d’un processus tumoral très vascularisé. L’hypothèse d’une tumeur anévrismale peut être retenue.

Mobilier

Le mobilier de cette tombe comporte trois outils en os qui étaient regroupés au-dessus du genou gauche fl échi. Il s’agit de deux poinçons et d’un lissoir.

- Un long poinçon très effi lé a probablement été réalisé sur la partie proximale d’un métapode de cer-vidé débité en quart. La pointe est à section circulaire et la base forme une palette trapézoïdale entièrement façonnée par abrasion (fi g. 40, n° 1). Cette pièce est identique à des exemplaires qualifi és d’épingles qui ont été trouvés sur le site de Saint-Michel-du-Touch (Méroc, Simonnet 1981)

- Un poinçon a été réalisé sur une partie distale de métapode de capriné débité en deux par rainurage longitudinal. Le façonnage de la pointe ogivale a été réalisé par abrasion, la poulie articulaire brute forme la base (fi g. 40, n° 2).

- Le lissoir a été réalisé sur la corticale externe d’une côte. L’extrémité est convexe et la spongiosa a été tota-lement abrasée sur la face inférieure (fi g. 40, n° 3).

Arguments de datation

Une datation radiométrique AMS a été réalisée sur un des ossements de cet individu qui situe cette inhuma-tion à la fi n de la seconde moitié du cinquième millé-naire av. J.-C : Ly-3699(GrA) : 5250±35 BP, soit après calibration à deux sigmas, 4230-3970 av. J.-C.

Les restes humains isolés

Des os humains ont été isolés lors de l’étude de la faune issue des fossés de Cugnaux mais la nature exacte de ces vestiges reste à déterminer par une étude anthropologique.

Fig. 40 - ZAC Agora, Cugnaux (Haute-Garonne). Sépul-ture Cx Ag 165. Mobilier osseux. (Dessin et infographie : M. Gandelin).

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Défunts néolithiques en Toulousain

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