LES SECTES, COMMENT FAIRE FACE A LEURS MENACES, Kakmeni Yametchoua pdf

LES SECTES, COMMENT FAIRE FACE A LEURS MENACES ? KAKMENI YAMETCHOUA

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LES SECTES,

COMMENT

FAIRE FACE A

LEURS

MENACES ?1

Occupant de plus en plus l’espace public, les sectes envahissent

littéralement notre société. Elles profitent du contexte ambiant dominé par

l’anxiété éprouvée d’une société en proie au doute et au désespoir, minée par le

chômage, la pauvreté, la crise de confiance, la démission et le laxisme des

religions traditionnelles et des autorités politiques. Les sectes prospèrent

exponentiellement, car on remarque une prolifération inquiétante de leurs lieux

de cultes et de leurs adeptes. Elles sont semblables à une « épidémie » qui

ravage et inquiète. Elles suscitent donc peur et fascination. Peur, d’une part,

parce qu’elles touchent à l’irrationnel, s’entourent de mystères, d’occultisme, de

pratiques et de rites étranges qui conduisent à la manipulation mentale, à la

dépendance totale de l’adepte à un gourou pouvant aller jusqu’à l’escroquerie

financière, la rupture du lien social ou au suicide. Elles portent ainsi atteintes aux

libertés fondamentales. D’autre part, elles provoquent de l’envie, parce qu’elles

promettent une nouvelle spiritualité, c’est-à-dire un « patchwork magico-

spirituel », ce que d’aucuns qualifient de mirage. Elles plongent ainsi leurs

adeptes dans un engrenage infernal : la dérive sectaire qui s’appuie sur

l'utilisation constante des procédés d’endoctrinement et de manipulation

mentale, parfois appelée « lavage de cerveau ». C’est dire que par leurs actions,

les sectes représentent un véritable danger pour leurs adeptes et la société. Ne

se présentent-elles pas comme « communauté sans communion », puisqu’elles

rompent le lien social et installent l’adepte dans un mirage spirituel et dans une

dépendance durable? Est-il possible de faire face à leurs menaces ? Comment ?

Suffit-il de garder son esprit en éveil, sa foi et ses convictions vivantes pour venir

à bout de leurs dérives?

1 KAKMENI YAMETCHOUA, Ph. D Student, Enseignant de philosophie, bloggeur, www.kakmenischaller.kazeo.com, [email protected]

http://www.kakmenischaller.kazeo.com/

mailto:[email protected]


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I- DEFINITION ET TYPOLOGIE DES SECTES

A- Définition

Du latin, sequi, suivre; ou, selon certains étymologistes, sectare, couper ; les

sectes désignent dans la tradition chrétienne le nom donné à un groupe organisé

de personnes qui a adopté une même doctrine dérivée, c'est-à-dire hérétique,

des religions traditionnelles. D’après l’expression de Bossuet, il est question de

« faire secte à part », c'est-à-dire rompre les liens extérieurs de l'unité de

l'Église. De nos jours, le mot secte a une signification plus étroite pour désigner

certains Nouveaux Mouvements Religieux avec parfois une connotation négative

pour attirer l'attention sur les dangers que représentent certaines de ces

organisations pour le bien être des individus et pour le progrès social.

La religion fait appel à la communauté et se fonde sur la communion entre

les uns et les autres dans un esprit de fraternité, d’où le verbe religare qui

signifie relier, établir un lien. Le sens de la religion est de relier les hommes entre

eux en les reliant tous à Dieu. Les sectes sont donc des faux mouvements

religieux qui se caractérisent principalement par la rupture des liens avec les

autres et la divinité. Elles sont une communauté sans communion, un

conglomérat d’individus juxtaposés ou concurrents. Leur objectif étant d’abord

financier, elles fonctionnent comme de véritables entreprises dont le but est de

tirer un maximum de gain de ses adeptes. Pour le faire, il faut les maintenir par

tous les moyens en créant la dépendance permanente.

L’individu n’a plus le libre choix, il est privé de sa conscience et est par

conséquent incapable de penser, de discerner. Les sectes sont immorales. Elles

sont singulièrement caractérisées par leurs aspects négatifs ou leurs méfaits que

par le contenu de leur doctrine. Le comportement sectaire se manifeste alors

par le refus des lois, en exerçant des voies de fait, en accomplissant des

détournements, des abus de confiance, des escroqueries, des infractions

financières et fiscales, des mauvais traitements, de la non-assistance à la

personne en danger, des incitations à la haine raciale et tribale, des trafics de

stupéfiants, la torture, le mensonge, etc. En clair, c’est un groupe dans lequel on

pratique la manipulation mentale qui entraîne endoctrinement, contrôle de la

pensée, viol psychique, destruction de la personne et de la famille, voir de la

société.


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Une secte est un groupe constitué de personnes qui adhèrent à une même

doctrine religieuse ou philosophique. D’après la définition de la Commission des

Droits de l'Homme (1993), les sectes sont des « groupements se présentant ou

non comme religions, dont les pratiques sont susceptibles de tomber sous le coup

de la législation protectrice des droits des personnes ou du fonctionnement de

l'Etat de droit ». Au nom de la liberté de conscience et d’association, les sectes

de nos jours ont pour la plupart une existence légale et sont protégées

juridiquement. L’existence légale des sectes s’insère dans le cadre du respect de

la tolérance démocratique qui tient compte de la pluralité des opinions et des

croyances. Cependant, peut-on tout tolérer ? La tolérance est-elle possible à

l’égard de ceux qui menacent son exercice par le fanatisme, l’escroquerie et la

violence aveugle ?

B- Typologie des sectes

D’après la classification du sociologue Bryan Wilson2, on peut catégoriser

les sectes en quatre groupes, mais nous en ajouterons un cinquième :

- Le premier ou secte « conversionniste » se caractérise par un grand

attachement à la véracité littérale de la Bible et par l'importance accordée à

l'Évangile, aux thèmes du péché et de la rédemption. Il dérive souvent au

fanatisme et au fondamentalisme. On peut citer l'Armée du Salut et certaines

Églises évangéliques et pentecôtistes.

- Le deuxième, secte « puriste » ou secte adventiste fait de la foi authentique et

non de l'expérience de la conversion la condition principale de l'adhésion. Elle

attend d'une intervention divine le renversement de l'ordre social existant. A cet

effet, elle se rapproche des mouvements millénaristes qui annoncent

l'imminence d'un changement radical et bénéfique ouvert à tous ceux qui ont la

foi. On peut énumérer dans la liste les mormons et les témoins de Jéhovah.

- Le troisième ou secte « introversionniste » insiste sur le repli hors du monde et

dans la communauté des élus. Cette tendance à l'isolement est un trait commun

à beaucoup de sectes contemporaines.

- le quatrième grand type est la secte « gnostique » qui, loin de souscrire au

retrait hors du monde, offre au contraire sa propre théorie et interprétation de

2 Bryan Wilson, Diversité des religions et tolérance, Los Angelos, Freedom Publishing, 1995.


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la véracité divine

spécialement formulée pour

la vie en société. Dans cette

catégorie on peut classer : la

scientologie, les mouvements

du New Age.

- le cinquième ou secte

« syncrétiste » est un mélange

ou une confusion de la

religion chrétienne ou musulmane et des religions africaines traditionnelles.

II- COMMENT- FONCTIONNENT-ELLES ? L’ENDOCTRINEMENT ET LA

MANIPULATION

Les thèmes de prédilection des sectes sont extrêmement divers. A coté des

sujets religieux, les sujets écologiques, humanistes, médicaux, éducatifs, les

sujets liés à l’épanouissement personnel ou sexuel font également recettes. Rien

n’est négligé. A ces thèmes abordés, elles ont toujours la bonne ou la parfaite

solution. Par l'utilisation de techniques sophistiquées de manipulation, la secte,

après avoir fait croire à l'adepte qu'avec elle, il aura les solutions à ses

problèmes, parvient à l'endoctriner, à le placer sous sa dépendance et à

contrôler ses pensées. Elle lui donne une doctrine, c'est-à-dire une croyance,

une opinion toute faite à laquelle il adhère aveuglement et sans jugement

critique ; elle crée une rupture avec les références communément admises

(éthiques, scientifiques, civiques, éducatives), et entraînant des dangers pour les

libertés individuelles, la santé, l'éducation, les institutions démocratiques. Ainsi,

les critères permettant de repérer le caractère sectaire d'une organisation

peuvent être : le recrutement, l’endoctrinement , la rupture avec ses attaches

traditionnelles, l’enfermement, la centralisation du pouvoir aux mains d'une

personne ayant une autorité charismatique(gourou), l’organisation pyramidale,

l’exclusion et la marginalité, l’asservissement financier et l’extorsion de fonds,


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l’identité cachée, les affaires de mœurs, l’incontestabilité de la doctrine,

l’apocalypse et la fin du monde, etc.

Les sectes procèdent d’abord par la séduction et l’enchantement. Elles

séduisent par des promesses et des techniques d’accrochage. Elles avancent en

cachant leur véritable identité. Elles avancent masquées et ont l’art de tendre la

main en utilisant les points faibles du moment. Pour le faire, elles corrompent

l’émotion, la partie sensible de l’homme. Elles se cachent donc derrière

n’importe quel prétexte afin de capturer leur proie, car tous les moyens sont

bons pour séduire et captiver : démarchage dans les rues ou dans les domiciles,

diffusion des journaux, publicité par voies d’affichage classique et

moderne(internet), conférences, cours de rattrapages, tests de personnalité,

actions humanitaires, jobs pour élèves et étudiants, mariages, etc. Par exemple,

elles se lancent aussi dans les pirouettes qui consistent à dire du mal des autres

sectes et religions. Elles sont omniprésentes, c’est-à-dire qu’elles sont partout en

même temps et ne lésinent sur aucun moyen pour faire parler d’elles afin de

convertir le maximum d’âmes sensibles, « heureux les doux de cœur, les pauvres

en esprit ». Elles n’investissent pas seulement la place publique, elles la

confisquent, elles deviennent publiques. Car, elles monopolisent les médias et se

vendent comme des produits de la pub. On assiste à des grands shows

prosélytes qui menacent la tranquillité et la paix des citoyens dont l’une des

conséquences est la nuisance sonore et la pollution de l’espace publique. Leurs

méthodes de diffusion ne sont pas différentes de la propagande totalitaire.

La phase de recrutement achevée, elles vont demander à leur nouvelle

proie de s’investir un peu plus dans le groupe en lui demandant quelques menus

services. Le but est de maintenir graduellement le nouveau venu par

l’engagement et le dévouement. En posant des actes de charités humanitaires, il

se crée chez ce dernier le sentiment d’être utile. Par la suite, il se voit proposer

une formation avec le gourou, il est question de lui enseigner la doctrine de

l’organisation, de le remodeler. S’il accepte, il entre définitivement dans la secte,

ceci se réalise par des procédés initiatiques, tels le baptême, le serment. Il est

désormais embrigadé suite à une ruse subtile.

Il n’y a pas de secte sans gourou. Le gourou est l’homme à qui les adeptes

attribuent un pouvoir particulier, qu’ils idéalisent. C’est l’homme providentiel à

qui ils vouent un culte exceptionel. Certains se font appeler « le grand berger »,


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« grand maître », le « roi » ou « papa » à l’instar de Tsala Essomba au Cameroun,

fondateur et gourou du Ministère Va et Raconte. C’est autour de la pensée du

gourou que s’élabore tout le système de croyance des adeptes. La cohésion du

groupe est assurée par l’entretien d’un sentiment de persécution et par

l’obtention d’une allégeance inconditionnelle et totale au grand maître et tout

puissant. Il exerce sur ses adeptes une dictature de la conscience et une

déstabilisation mentale. Ayant été remodelés, ils ont été introduits dans un

nouveau monde, celui de la grâce, de la joie et de l’éternité. Personne n’ose plus

décider par soi-même ou prendre des grandes décisions concernant les choses

de sa vie quotidienne sans consulter le papa, l’être suprême qui est la vérité.

C’est de lui que provient la clé de la réussite et de la prospérité, qui sont l’un de

leurs thèmes majeurs de prédilection. Sa parole est la loi et la foi.

Le gourou influence et contrôle la vie de chaque converti et ses

prédications ou ses prophéties sont des paroles d’Evangile. Il guérit, délivre,

désenvoute, exorcise, enrichit, venge, etc., il est capable de tout et rien ne peut

lui échapper. Il est non seulement omniprésent mais aussi omnipotent et

omniscient puisqu’il a toutes les qualités d’une divinité. Le but de cette

entreprise mafieuse, dont il est le chef d’orchestre, est de tirer le maximum de

profit. Il faut rentabiliser au maximum, et tous les coups sont permis.

L’asservissement financier et l’épuisement total de l’adepte victime sont alors

mis en pratique. Par l’asservissement financier, le gourou spolie, exploite et

maintient l’adepte dans la dépendance. Les gourous font fonctionner leurs

organisations comme des entreprises capitalistes. Les séances de prières et de

délivrances seront multiples et les prières par exemples seront vendues au plus

offrant, ainsi que d’autres objets comme de l’eau, du sel, de l’huile, le mouchoir,

le calendrier, le stylo, le pagne dits bénis. Lors des célébrations, plusieurs

offrandes seront organisées, car « celui qui donne recevra au centuple ». La

dîme et le dernier de culte sont obligatoires et ceux qui ne s’acquittent pas sont

humiliés en publics et/ou sanctionnés.

Rois de la manipulation, les gourous procèdent également par

l’enfermement mental et l’isolement social. Le départ d’un membre

contributeur est souvent vécu comme pilule amère. Il insiste à cet effet sur les

témoignages et des séances de miracle divin. C‘est pourquoi l’adepte est tout le

temps endoctriné afin qu’il ne s’ouvre pas au monde extérieur, jugé de


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diabolique et de pervers. Par exemple, tout contact avec l’extérieur c’est-à-dire

la famille, les amis, la lecture de certains livres sont interdits parce qu’ils

risqueraient de développer un jugement critique ou un éveil d’esprit et une prise

de conscience.

De même, il est souvent interdit de se marier en dehors du groupe, car les

autres sont jugés dangereux et impies. Il y a donc tentative de contrôle des

sources d'information et des interactions sociales externes des membres. Pour

arriver à cette fin, les sectes utilisent le plus souvent la technique « du saint et

du malsain » ou « du pur et l’impur », qui consiste à faire croire que la pureté est

à l’intérieur du groupe et l’impureté à l’extérieur. Le danger est que cette

stratégie conduit au dogmatisme

inconditionnel et à l’aveuglement

total. Incapable de discernement

et de jugement, l’adepte fini

parfois par sombrer dans

l’intolérance et le fanatisme, car

il est prêt à se sacrifier ou à

sacrifier la vie des autres au nom

de la vérité défendue par la

secte. A ce stade, l’adepte est en

rupture totale et complète avec

la réalité, il est coupé, car le lien

est rompu. Il pense détenir toute

la vérité, raison pour laquelle il a

tendance à s’isoler du reste de la société. Eux, les véritables croyants, les purs et

saints seront sauvés, et tous les autres, les non croyants et les incrédules, seront

brûlés dans les flammes de l’enfer. La seule issue pour les gens du monde est

d’être comme eux, les convertis. Ce qui justifie une croisade contre les infidèles.

En plus d’être pyramidales, les sectes sont a-sociales et tyranniques. Elles nient

la pluralité et la diversité. Elles sont intolérantes et par conséquent destructrices

pour le lien social et familial. Elles sont pour la plupart les fossoyeuses de la

démocratie, de l’état de droit et du pluralisme.

Par ailleurs, certaines sectes chrétiennes entretiennent un climat de peur

par rapport à la fin du monde et aux catastrophes qui précéderaient le retour du


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Christ. Elles vont parfois jusqu’à prédire une date exacte annonçant la fin du

monde. Cela devient une obsession. Elles prêchent l’avènement d’une ère

nouvelle et idéale. C’est le cas des adeptes des Témoins de Jéhovah. D’autres

voient dans la mort la seule issue pour une libération. Il s’agit de mourir, pour

renaître afin d’être purifier et de profiter du bonheur divin sur terre. On assiste à

propagation du martyr et la promotion du suicide collectif. Nous avons encore à

l’esprit la tragédie subie par les membres de la secte de la restauration des dix

commandements de Dieu en Ouganda, secte millénariste, créée et dirigée par

Credonia Mwerinde et Joseph Kibwetere. Les adeptes de cette secte ont été

victimes de l’endoctrinement perpétré par Credonia Mwerinde et Joseph

Kibwetere qui leurs prédisaient la fin du monde. Complètement aliénés, ces

adeptes ont été invités à se réunir dans leur synagogue habituelle pour prier,

chanter dans l’attente d’une fin du monde imminente, ceci après avoir chacun

légués tous leurs biens aux gourous. Ce fut l’occasion pour ces derniers de

concrétiser leur plan diabolique et inhumain. Complètement dépouillés de leurs

biens par les responsables de la secte, les adeptes ont été livrés aux flammes et

brulés vifs. Un mensonge insupportable qui a conduit à la liquidation d’un millier

de personne. Voici le récit de François Caviglioli à propos de cette dérive

meurtrière : « Séparés de leurs parents, les enfants sont entassés dans une hutte

de boue. Credonia demande de sacrifier deux enfants en leur arrachant les yeux

et en les faisant brûler vifs, mais leur père refuse. Une femme ’’possédée par

Satan’’ est brûlée vive. Credonia annonce la fin du monde pour décembre 99, puis

mars 2000. Elle demande aux fidèles de laisser leurs biens aux dirigeants et

organise la tuerie, aidée dans sa besogne par des rebelles Hutus des forces

armées révolutionnaires, responsables du génocide rwandais. Parmi les tueurs

figurent également des occidentaux, belges, italiens, espagnols, australiens. La

police qui était informée des agissements de la secte n’a pas réagi ».3Quelle

tragédie !

De telles situations sont légions dans notre quotidien. A Douala par

exemple, un monsieur s’est permis dans un obscurantisme innommable de

conserver le corps de sa femme après son décès dans une chambre à coucher au

motif qu’elle n’était pas morte et qu’à tout moment elle devait être ressuscitée

selon la prédiction du pasteur-prophète. Malencontreusement, six mois après la

3 François Caviglioli, Le Nouvel Observateur, 13 avril 2000.


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résurrection n’avait jamais eu lieu, le corps était plutôt en putréfaction totale.

Quel aveuglement mental ! Il y a lieu de s’inquiéter devant un tel

comportement, car il se trouve que l’adepte perd complètement le sens critique

et la liberté. Au lieu d’être délivré ou de naitre de nouveau, il a été capturé en

esclavage et colonisé mentalement. Au regard de tous ces tragédies, On assiste,

indubitablement, à l’éclatement de certaines religions en sectes hérétiques,

dévoyées et surtout pernicieuses et meurtrières.

Ainsi, en mettant en œuvre les techniques de la manipulation mentale et

d’endoctrinement, les sectes parviennent à acquérir domination psychique et

physique, pouvoir, profits et exploitation financière au détriment de leurs

victimes. Lorsque la victime tente de se réveiller de cette situation, elles jouent

leur dernière carte : celle de la culpabilité et du chantage. Il est facile d’y entrer à

cause des moyens de séduction mais difficile d’y sortir complètement à cause

des techniques de manipulation et d’endoctrinement. Tomber dans une secte

est donc plus périlleux que de se faire avoir par la publicité pour de la mauvaise

mayonnaise par exemple. Entrer dans une secte, c’est comme entrer dans une

cage, sauf que les barreaux et les bourreaux sont virtuels ; c’est perdre sa

personnalité, c’est renoncer à ses choix et sa liberté ; c’est ce laisser

instrumentaliser, c’est ce laisser arnaquer, c’est refuser d’être responsable ;

c’est mourir peu à peu de façon inconsciente. Les sectes sont toutes funestes,

pernicieuses et sanguinaires, il faut s’en méfier au risque de périr.

Comment faire pour sortir de cet engrenage infernal?

III- QUELQUES PISTES POUR SORTIR DE L’ENGRENAGE INFERNAL

DES SECTES

Face à la profusion des sectes et leurs menaces pour l’individu et la société,

il ne faut pas imposer une chasse aux sorcières, un interdit systématique ou un

athéisme matérialiste et humaniste. Il faut appliquer une tolérance zéro à

l’égard des attitudes sectaires, à cause de leur intolérance et de leur étroitesse

d'esprit en matière de politique, de religion, de philosophie, etc. Ce n'est pas en

raison de leurs dogmes que les sectes sont en effet critiquables, mais pour leurs


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dérives et les comportements potentiellement dangereux qu'elles peuvent

engendrer. Car il n'est pas question ici de remettre en cause la liberté

individuelle de pratiques religieuses et de croyances, aussi farfelues soient-elles.

Mais de protéger les individus et la société. Il est donc du devoir de chacun de

dénoncer toutes ces atteintes à la dignité et à l'intégrité humaine, car de telles

conduites dénient à l'individu sa liberté et son droit à disposer de lui-même.

Tout le monde est interpelé, les pouvoirs publics en particulier, sinon on fonce

tout droit vers une crise sociétale aigüe. Le désordre observé décourage et

révolte. Il est urgent de dire le droit et punir sans excuses.

Les responsables politiques devraient mettre un terme au laxisme constaté

et fragrant vis-à-vis de la prolifération inquiétante des sectes sur la place

publique. Ils doivent en conséquence mettre un terme à leur collusion volontaire

avec les gourous des sectes ceci à des fins électoralistes et pouvoiristes. Le cas

de Tsalla Essomba illustre cette complicité dangereuse. Lorsque vous vous

rendez à son Ministère Va et Raconte à Mvan, la surprise est le grand portrait du

Chef de l’Etat camerounais Paul Biya qui domine le lieu de culte, on dirait un

dieu. De plus, ce dernier ne manque pas d’invectiver tous les opposants au

régime, il leur promet l’enfer. Pour lui, il est évident que le pouvoir du Chef de

l’Etat est divin et sacré, par conséquent ne pas lui reconnaitre cette source est

un grave pêché. Quel absolutisme ! Un retour direct au moyen âge. Une croisade

contre la démocratie et le pluralisme. Ces sectes sont une menace permanente

pour la démocratie à cause de leur intolérance et leur refus de la pluralité. Elles

légitiment ouvertement l’absolutisme, la dictature, et militent pour la plupart

pour le statu quo,

l’absence

d’alternance et

l’immobilisme. Le

message qu’elles

proposent

généralement est

une dénonciation et

un rejet des valeurs

fondamentales de la

civilisation


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moderne. Elles sont donc fondamentalement opposées à l’esprit critique, la

tolérance, le respect de la personne humaine, la liberté démocratique, la laïcité,

la croyance en la volonté individuelle, l'initiative, l'action, le progrès. Elles n’ont

rien de normal ni de logique. C’est pourquoi John Rawls proposait déjà contre

ceux qui s’opposent à la tolérance une « guerre juste », ceci sous le couvert de la

loi et son application stricte. Il est indispensable de sanctionner plus

sévèrement les infractions sectaires, y compris dans les domaines nouveaux

où les sectes s'investissent (les médias notamment) ; de dissoudre les

associations qui auraient fait l'objet d'une grave sanction pénale (avec

interdiction de reconstitution) ; de protéger les individus, en état ou non de

faiblesse contre les pressions sectaires exercées sur eux.

Les Eglises traditionnelles sont également interpellées, c’est leur rôle de

défendre la liberté de religion et aussi de dénoncer les agissements des sectes,

condamner toute attitude sectaire et surtout démontrer concrètement la

différence entre l'Evangile authentique et le faux. La foi authentique conduit à la

véritable paix intérieure, à la joie, à l’espérance, à une vie libre dans la société,

et non à la croyance fausse qui aboutit à l’illusion, l’isolement des autres et

parfois à la mort.

Il faut donc avoir le courage de dire non. Pour le faire, il faut être capable

de discernement critique, d’ouverture d’esprit. Bref, il faut garder l’esprit lucide

et en éveil. Cette attitude n’est possible que par la connaissance de leurs

techniques de manipulations mentales et d’endoctrinement, et leur repérage

dans la vie de tous les jours : famille, école, travail, vie sociale, associations,

partis politiques, armée, démarchage commerciale, publicité, etc. Elle est une

garantie pour garder son libre-arbitre et éviter de ne pas tomber dans les pièges

des sectes. A cet effet, il importe d’insister sur le rôle de l’éducation en tant que

processus qui permet de libérer l’individu de la mentalité magico-religieuse et

mythique qui le conditionne dans l’ignorance des préjugés, l’aveuglement,

l’abandonnement totale à l’irrationnel et au surnaturel. Par l’éducation,

l’individu connaît ses droits, libertés et devoirs, en assure le respect et promeut

également la volonté de protéger les droits et libertés des autres. Comme le

stipule la Déclaration de principes sur la tolérance de l’UNESCO du 16

novembre 1995 en son article 4-1,3 : « l'éducation est le moyen le plus efficace

de prévenir l'intolérance. » ; « l'éducation à la tolérance doit viser à contrecarrer


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les influences qui conduisent à la peur et à l'exclusion de l’autre et doit aider les

jeunes à développer leur capacité d’exercer un jugement autonome, de mener

une réflexion critique et de raisonner en termes éthiques ». Elle doit s’effectuer

en permanence et partout, dans la famille, au village, à l’école, en ville, sur la

place publique, dans les médias à travers les campagnes d’information et de

sensibilisation sur la gangrène des sectes. Il est clair que c’est l’homme qu’il faut

libérer et sauver de l’assaut des sectes afin de promouvoir son bien-être et le

progrès de la société.

Les défis sont énormes et chacun est interpellé car il en va de notre bien-

être, de notre épanouissement et de notre sécurité. Les sectes menaces notre

paix intérieure et la paix sociale. Les sectes, il faut s’en méfier au risque d’être

pris dans leur engrenage infernal, c’est-à-dire périr. Il importe donc de garder

toujours l’esprit en éveil, rester vigilant et d’accepter sa situation sans rien

envier à qui que soit. Refuser de penser, c’est sombrer, c’est être semblable à

un esclave qui n’aspire à aucune autonomie ni progrès certain. Refuser de

penser, c’est tout simplement mourir.

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