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Madame Michèle Mansuy Madame Maryse Marpsat Les quartiers des grandes villes : contrastes sociaux en milieu urbain In: Economie et statistique, N°245, Juillet-Août 1991. Pourquoi la croissance de l'OCDE s'est-elle retournée ? / Dossier: La ville / Quartiers, Mégalopoles, Polarisation de l'espace. pp. 33-47. Citer ce document / Cite this document : Mansuy Michèle, Marpsat Maryse. Les quartiers des grandes villes : contrastes sociaux en milieu urbain. In: Economie et statistique, N°245, Juillet-Août 1991. Pourquoi la croissance de l'OCDE s'est-elle retournée ? / Dossier: La ville / Quartiers, Mégalopoles, Polarisation de l'espace. pp. 33-47. doi : 10.3406/estat.1991.5593 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1991_num_245_1_5593
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Les quartiers des grandes villes: contrastes sociaux en milieu urbain

Apr 05, 2023

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Page 1: Les quartiers des grandes villes: contrastes sociaux en milieu urbain

Madame Michèle MansuyMadame Maryse Marpsat

Les quartiers des grandes villes : contrastes sociaux en milieuurbainIn: Economie et statistique, N°245, Juillet-Août 1991. Pourquoi la croissance de l'OCDE s'est-elle retournée ? /Dossier: La ville / Quartiers, Mégalopoles, Polarisation de l'espace. pp. 33-47.

Citer ce document / Cite this document :

Mansuy Michèle, Marpsat Maryse. Les quartiers des grandes villes : contrastes sociaux en milieu urbain. In: Economie etstatistique, N°245, Juillet-Août 1991. Pourquoi la croissance de l'OCDE s'est-elle retournée ? / Dossier: La ville / Quartiers,Mégalopoles, Polarisation de l'espace. pp. 33-47.

doi : 10.3406/estat.1991.5593

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1991_num_245_1_5593

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RésuméL'espace urbain est loin d'être homogène : à l'intérieur des villes, les différences de statut social ou destructure des ménages façonnent les contrastes d'un quartier à l'autre. Ces contrastes différencient lesvilles entre elles, suivant la prédominance de tel type ou de telle configuration de quartier. Auxbanlieues industrielles anciennes du Nord s'opposent ainsi les quartiers récents de cadrescaractéristiques de Toulouse : à chaque ville son identité.Entre une mosaïque comme Marseille et un milieu urbain homogène comme Lens existent toutes lesgradations. La carte des quartiers reflète ainsi l'histoire et l'économie de la ville. Entre 1982 et 1990, lesquartiers ouvriers se dépeuplent et les banlieues où résident techniciens et cadres de l'industries'étendent : ces milieux urbains contrastés ont aussi des évolutions démographiques divergentes aucours des dernières années.

AbstractAreas in Large Cities: Social Contrasts in an Urban Environment - Urban Areas are far from beinghomogeneous: within cities, the differences in social status or the structure of households createcontrasts from one area to another. These contrasts differentiate cities, depending on the prevailingtype and configuration of the local district. The old industrial suburbs of the North can be opposed torecently built areas for executives which are Toulouse's characteristic: each city has its own identity.Between a mosaic like Marseille and a homogeneous urban environment like Lens, there is plenty ofmiddle ground. Thus, the map of local districts reflects the history and the economy of the city. Between1982 and 1990, working class areas lose their population and the suburbs, where technicians andindustrial executives live, spread out: these contrasted urban environments have also had divergingdemographic trends over the last few years.

ResumenLos barrios de las grandes ciudades : contrastes sociales en medio urbano - El espacio urbano estalejos de ser homogéneo : en el interior de las ciudades, las diferencias de estatuto social o deestructura de los hogares modulan los contrastes de un barrio a otro. Estos contrastes permitendiferenciar a una ciudad de otra según la predominancia de tal tipo o de tal configuración de barrios. Alos barrios industriales antiguos de los suburbios en las ciudades del Norte se oponen los barriosrecientes de ejecutivos, característicos de Tolosa. A cada ciudad le corresponde una cierta identidad.Entre un mosaico como el de Marsella y un medio urbano homogéneo como el de Lens existe una seriede gradaciones. El mapa de los barrios refleja así la historia y la economía de la ciudad. Entre 1 982 y 1990, los barrios obreros se despueblan y los de las afueras en donde residen técnicos y ejecutivos dela industria se extienden : estos medios urbanos contrastados registraron también evolucionesdemográficas divergentes en el transcurso de los últimos años.

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VILLES

Les quartiers des grandes villes :

contrastes sociaux en milieu urbain

Michèle L'espace urbain est loin d'être homogène : à l'intérieur des villes, les différences Mansuy de statut social ou de structure des ménages façonnent les contrastes d'un et Maryse quartier à l'autre. Ces contrastes différencient les villes entre elles, suivant la Marpsat* prédominance de tel type ou de telle configuration de quartiers. Aux banlieues

industrielles anciennes du Nord s'opposent ainsi les quartiers récents de cadres caractéristiques de Toulouse : à chaque ville son identité.

Entre une mosaïque comme Marseille et un milieu urbain homogène comme Lens existent toutes les gradations. La carte des quartiers reflète ainsi l'histoire et l'économie de la ville. Entre 1982 et 1990, les quartiers ouvriers se dépeuplent et les banlieues où résident techniciens et cadres de l'industrie s'étendent : ces milieux urbains contrastés ont aussi des évolutions démographiques divergentes au cours des dernières années.

* Michèle Mansuy fait partie de la Direction Régionale Provence- Alpes-Côte d'Azur et Maryse Marpsat est chef de la division des Etudes sociales de l'INSEE. Les nombres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article.

1 . Dans toute cette étude on utilisera indistincte- ment le terme "ville" ou ' 'agglomération ' '. 2. Ala suite des sociologues de l 'école de Chicago, et, plus près de nous dans l'espace et dans le temps, de l 'équipe de Chombart de Lauwe.

Dans les villes, quartiers défavorisés et quartiers résidentiels /se côtoient, quartiers commerçants et quartiers universitaires sont proches, banlieues chics et banlieues ouvrières coexistent. Toutefois, les statistiques traitent généralement des agglomérations (1) comme si, à la taille près, elles étaient semblables entre elles, et comme si, à l'intérieur d'une même agglomération, l'espace n' était pas différencié.

D'autres disciplines, comme la géographie et la sociologie urbaine (2), ont mis en évidence une structuration de l'espace urbain en sous-espaces. L'organisation spatiale des villes résulterait ainsi de la combinaison d'une structure en secteurs, liée au statut social, à la profession, au revenu, avec une structure concentrique reflétant la position des ménages dans le cycle de vie et le nombre d'enfants. Mais ces résultats sont généralement obtenus séparément pour chaque ville, ce qui ne permet pas des comparaisons très fiables entre les types de quartier ainsi établis : on sait s'il s'agit de quartiers plutôt bourgeois ou plutôt ouvriers, mais

parer les quartiers ouvriers de Rouen et ceux du Havre, mettre en évidence les particularités d'une ville par rapport à une autre, est impossible.

Voilà pourquoi on prend ici pour base une typologie de l'ensemble des quartiers des grandes villes, en dehors de la région parisienne, selon le milieu social et la position dans le cycle de vie des ménages qui les habitent.

Les quartiers se distinguent d'abord par le statut social de leurs habitants

Une classification ascendante hiérarchique a permis de répartir les quartiers (3) des agglomérations

3. Les quartiers peuvent coïncider avec des communes si ces dernières n' ont pas fait l'objet d'un découpage par quartier. Ces découpages par quartier se font à l'occasion de chaque recensement, et sont pour chaque commune ainsi découpée le résultat d'une collaboration entre la mairie et l'INSEE. Pour un exposé méthodologique sur la classification ascendante hiérarchique et l 'analyse des correspondances, voir [1].

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4. Les . variables ou observations supplémentaires ne sont pas prises en compte dans la détermination des plans fac- toriels ; après projection, elles figurent sur les graphiques à côté des variables actives et servent de guide à l'interprétation.

de plus de 150 000 habitants en 25 types, eux- mêmes regroupés en 10 catégories principales. Cette typologie se fonde sur la "configuration du ménage", croisement entre catégorie socioprofessionnelle de la personne de référence des ménages résidants et type de famille (couple avec ou sans enfants, etc.). Elle est détaillée en annexe.

D'autre part, l'ensemble des quartiers des grandes villes a fait l'objet d'une analyse des correspondances, en retenant comme variables actives celles relatives à la "configuration du ménage". Le statut d'occupation (propriétaire, locataire), la nationalité, le type de quartier, les grandes villes étudiées, interviennent comme variables ou comme observations supplémentaires (4). Le premier plan factoriel, sur lequel se trouvent projetées variables et observations supplémentaires, permet d'appréhender deux facteurs de différenciation entre quartiers : le premier, très lié au statut socio-économique, correspond grossièrement, pour les villes dont nous avons réalisé la cartographie [2], à une localisation sectorielle, en "part de tarte" ; le second est lié à la dimension de la famille ou à la position du ménage dans le cycle de vie, et correspond à une structure

plutôt concentrique, en "oignon" [3]. Bien sûr, cette structure théorique est déformée par l'histoire, le relief, les voies de communication, les particularités locales (graphique I).

La présence d'étrangers est un troisième facteur de différenciation souvent mis en évidence, notamment par des chercheurs américains [4]. La nationalité de la personne de référence n'intervient ici qu' en tant que variable supplémentaire : elle n'a donc pas d'effet sur le classement. Cependant, certaines nationalités particulièrement nombreuses marquent nettement certains types de quartier de leur présence (voir annexe). La nationalité, en effet, est loin d'être indépendante du type de ménage et de la profession.

A première vue, la position des différentes catégories socio-professionnelles dans le premier plan factoriel donne une impression de grande dispersion : l'espace entier semble rempli (graphique H- A). Un examen plus attentif fait apparaître un axe un peu "en biais", le long duquel s'échelonnent, du sud- ouest au nord-est, les catégories sociales, des plus aisées (professions libérales, chefs d'entreprise, etc.) aux plus modestes (ouvriers non qualifiés).

Graphique I Modèle théorique d'une structure urbaine

A - Modèle urbain théorique B - Modèle déformé par l'accès aux réseaux de transports

Source : [4], Repris de R.A. Murdie, "Factorial ecology of metropolitan Toronto 1951- 1961", Chicago, 1969.

Appartenance ethnique

Type de famille

Niveau de revenu

Espace physique

Appartenance ethnique

Type de famille

Niveau de revenu

Espace physique

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Graphique II Une carte socio-spatiale*

A - Les catégories socio

professionnelles B - Les types de ménage

C - Les types de quartier

D - Les villes

/„_ Etudiants

Services aux particuliers /Information, arts

et spectacles (

Axe 2

Chômeurs Employés FP

Employés adm. entr. • * Instituteurs

Professeurs • Cadres FP

Professions • libérales • «Cadres entreprise

Chefs d'entreprise y • Ingénieurs y

m p. i. adm. coo*? entreprise^ FP

'i Artis ans

ONQ type artisanat

Axe de statut y

y ONQ type industriel

OQ topeartisanal OQ manutention . Policiers

OQ type industriel

Axel • Contremaîtres

Techniciens

Axe 2

[Centre Actif seul Ménage collectif sans famill

Personne de ré érence inactive Femme seule avec enfants

•Homme seul avec enfants Couple sans enfar t

Couple 1 enfant Couple 3 enfants Couple 2 enfants

Axel

Périphérie

B les quartiers commerçants ju centse^ ' \ les quartiers centraux

'' \ d'emplois et d'inacbfs

Bôisunce Axe 2

1O\ t * centre^popui

M 1 très a^cienjv

\ quartiers de prof. \ inL jeunes —

i les beaux quartiers ' 3 ' • I

re les quartiers ouvriers jeunes

• 15 2 « **Ja banlieue 'industrielle

22 *• *• ancienne ^ "* Mm % •i rw23 * ^.-^

17 j . \ " * *- »H, c uarjérs mixtes ^ » J * «• 12 ' Axel

/ • ^ ;'4 les banlieues

industrielles récentes

* Ce graphique représente la projection des variables et observations supplémentaires sur le plan de dispersion maximum. On a fait figurer en variables supplémentaires la catégorie socio

professionnelle de la personne de référence ainsi que le type de ménages, variables suivant le croisement desquelles s'opère l'analyse. Le type de quartier et les villes sont traités en observations supplémentaires. Chaque graphique est construit avec sa propre échelle, pour faciliter les comparaisons. Dans le graphique ll-C, les couples avec enfants sont ceux où le père est actif.

Axe 2

Nice* Caen*

Limoges* Strasbourg» Dijon Cannes» W«Lyon_ •Tours

lontpellier Ren*nes

Toulouse •Toi Ion Nantes* • • Brest Grenoble

Reims •Rouen s • m. Le Mans

•Mulhouse

Lille

Lens

Le Havre Axel

Villes du Nord (Dunkerque) Be thune Douai Valenciennes)

Abréviations : FP - Fonction publique ; p.i. - professions intermédiaires ; adm - administratif ; com - commercial.

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Les isolés au centre, les familles nombreuses à la périphérie

Si la disposition des catégories sociales le long de ce premier axe, que l'on pourrait presque qualifier d'axe "de revenu", n'est pas très nette, c'est qu'elle est compliquée par deux facteurs : à niveau de revenu égal, les catégories sociales occupent, dans l'espace de l'agglomération, des zones plus ou moins périphériques, en raison d'une part de la nature de leur emploi, d'autre part de la composition familiale du ménage qui, comme la fécondité, diffère d'un milieu social à l'autre.

Les professions liées aux entreprises industrielles et particulièrement à la production (ingénieurs, cadres techniques, contremaîtres, ouvriers de type industriel) habitent certes des zones plus ou moins "résidentielles", mais le plus souvent dans la banlieue éloignée. Les commerçants, en revanche, et à un moindre degré les professions libérales, pourraient presque servir à construire un "indice de cen- tralité" d'un quartier, tellement leur habitat est plus spécifiquement central.

Cet axe centre-périphérie, lui aussi légèrement "en biais", du nord-ouest au sud-est, apparaît beaucoup plus nettement lié à la composition familiale du ménage (graphique II-B). Les actifs seuls, les ménages de plusieurs personnes sans famille, les couples sans enfants, les familles monoparentales et les couples avec enfants s'échelonnent très clairement le long de cet axe, comme du centre de l'agglomération vers sa périphérie.

Une carte socio-spatiale

Les 25 types de quartier qui composent les grandes villes se projettent sur la "carte socio-spatiale" que constitue le premier plan factoriel en des positions correspondant à leur composition sociale et familiale (graphiques II- A et II-B). Les oppositions centre-périphérie et quartiers aisés-quartiers modestes sont claires : les banlieues industrielles récentes sont associées à l'habitat individuel en accession à la propriété, les quartiers ouvriers jeunes à des logements en HLM plus nombreux, le quartier Belsunce de Marseille aux immigrés en provenance pour l'essentiel du Maghreb, la banlieue industrielle ancienne aux immigrés de l'Europe hors CEE (Polonais par exemple). La place des quartiers dans certaines zones de cette "carte" est ainsi cohérente avec l'image qu' en donne une description statistique plus classique (voir l'annexe).

Par construction, tous les quartiers d'un même type se ressemblent beaucoup d'une ville à l'autre. Toutefois, les villes sont inégalement pourvues en quartiers d'un type donné. Elles se projettent sur la "carte" en révélant les points forts de leur composition (graphique II-C et II-D). Le cas le plus frappant est celui des villes du Nord (Lens, Dunker- que, Douai, Valenciennes, Béthune), qui occupent une position très proche des banlieues industrielles anciennes caractéristiques de cette zone

phique. Cette proximité traduit la relation étroite entre quelques types de quartier et certaines régions ou certaines villes.

Marseille, Bordeaux, Lyon : trois identités

Cette méthode a fait apparaître les spécificités de Bordeaux, Lyon et Marseille [2]. En dehors du quartier Belsunce qui constitue une catégorie à lui tout seul, Marseille se présente comme une ville très diversifiée, aux multiples contrastes. Le centre ville est une véritable mosaïque, où l'on passe des quartiers les plus bourgeois aux quartiers les plus déshérités. En petite couronne, l'espace est fortement polarisé, les quartiers les plus ouvriers étant situés au nord. Enfin, la périphérie est plus jeune, socialement très brassée.

Bordeaux est, des trois villes, celle qui possède le caractère commerçant le plus affirmé. Ici, la zone populaire est sur la rive droite de la Garonne, la zone résidentielle sur la rive gauche. Mais cette opposition, encore nette en 1982, s'atténue aujourd'hui.

Lyon est une ville plus "bourgeoise", où les beaux quartiers prennent une place importante. La banlieue chic y est particulièrement développée. Dans chacune de ces trois villes, la prépondérance de plusieurs types de quartier à la fois suggère que certains de ces types se combinent plus souvent, caractérisant ainsi des zones géographiques ou des villes ayant des traits communs, historiques ou économiques [5].

Les banlieues industrielles anciennes, caractéristiques des villes du Nord

Quelques types de quartier ne sont, cependant, associés à aucun autre de façon systématique. Il en est ainsi de la banlieue industrielle ancienne, typique des villes du Nord, et de la zone centrale des cadres du public qui caractérise Rennes, Montpellier, et, à un moindre degré Caen (5).

Les banlieues industrielles anciennes (8 % des ménages en moyenne) regroupent 82 % des ménages de Lens, 71 % de ceux de Béthune, 62 % de ceux de Valenciennes, 61 % de ceux de Douai, 60 % de ceux de Dunkerque (carte 1). Ces villes du Nord ont en commun d'avoir les plus forts pourcentages d'actifs dans les secteurs traditionnels, et les plus faibles dans des secteurs plus modernes, à taux d'encadrement élevé. On retrouve ici à la fois un type d'habitat minier individuel - les corons - et plus généralement l'urbanisme de maisons en

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5. Cette association est mesurée par la corrélation entre types de quartier. Toutefois, les quartiers du type banlieue jeune de techniciens et d'ouvriers sont assez souvent présents dans les mêmes villes que les banlieues industrielles anciennes, mais avec des poids très différents.

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6. // s'agit toujours de corrélations entre types de quartier. Une étude en cours sur les profils des grandes villes selon la répartition de leurs ménages par type de quartier permettra de mettre en relief des similitudes globales d'une ville à l 'autre, par exemple entre Bordeaux et Nantes, Lyon et Grenoble, etc. Villes du Nord et villes du Sud-Est forment des groupes où les villes sont très proches.

moins de 75% de la fréquence moyenne

O de 75% à 125% de la fréquence moyenne

O de 125% à 200% de la fréquence moyenne

Q plus de 200% de la fréquence moyenne

bandes spécifiques de l'Europe du nord. Saint- Etienne et Le Havre viennent loin derrière les villes du Nord avec seulement 18 et 15 % de leurs ménages dans ces banlieues.

La zone centrale des cadres du public (3 % des ménages en moyenne) rassemble 26 % des ménages de Montpellier, 21 % de ceux de Rennes et 13 % de ceux de Caen. Rennes et Montpellier ont aussi en commun la quasi-absence de quartiers ouvriers.

Deux quartiers typiques du Sud-Est

Du Nord au Sud, les différents types de quartier ne se combinent pas au hasard. Certains sont systématiquement associés (6). Ainsi, une configuration "Sud-Est" associe deux types de quartier, particulièrement développés à Cannes, Marseille, Nice, Avignon, Toulon, même si on les trouve aussi dans d'autres villes. Le premier type de quartier est le centre ancien employés-commerçants. Il représente, en moyenne, un peu plus de 4 % des ménages, et en rassemble plus de 39 % à Nice, 27 % à Cannes, 12 % à Marseille, et près de 10 % à Toulon. En dehors du Sud-Est, la seule ville où ces quartiers soient développés est Limoges avec un peu plus de 5 % des ménages (carte 2). Le second type, les pôles secondaires de commerce et d'artisanat, où habitent, en moyenne, 4 % des ménages des grandes villes, rassemblent 55 % des ménages à Cannes, 17 % à Toulon, 14 % à Nice, 11 % à Avignon et 6 % à Marseille (carte 3).

D'autres quartiers centraux, comme le centre populaire artisanal, typique d'Avignon (31 % des ménages contre 2 % en moyenne), sont bien représentés à Marseille, Toulon, Nice et Cannes, même si on les trouve aussi à Amiens, Nancy et Rennes (entre 4 et 6 % des ménages pour ces trois dernières villes).

Enfin, les quartiers élégants du centre, la zone médiane aisée, /les quartiers ouvriers qualifiés- employés, le centre populaire très ancien sont relativement présents dans le Sud-Est, sans en être caractéristiques.

Les modèles "lyonnais" et "toulousain"

Deux combinaisons de quartiers apparaissent liées aux activités économiques de certaines zones urbaines, sans être rattachées à une zone géographique précise. La première, que l'on appellera par simplification "configuration lyonnaise", se compose de cinq types de quartier. Il s'agit de quatre zones plutôt centrales et commerçantes : le centre ancien employés-cadres, le centre commerçant très ancien, la zone centrale des cadres techniques, les quartiers commerçants traditionnels, et d'une zone périphérique, la banlieue chic. Lyon est très au-dessus de la moyenne française pour la part qu'y prennent ces cinq types. Dijon, Grenoble, Montpellier dépassent nettement la moyenne pour quatre de ces types, Toulouse, Bordeaux, Orléans et Angers pour trois.

Carte 1 Banlieues industrielles anciennes

.DUNKERQUE BETHUNE LFNS

J VALENCIENNES LEHAVRE O AMIENS DOiiM

ROUEN NANCY O

ORLEANS MULHOUSE O

_ ■ TOULON Carte 2 Centre ancien employés-commerçants

_ TOULON Carte 3 Pôles secondaires du commerce et de l'artisanat

ILILLE

NICE

RASSE CANNES ANTIBES

BETHU oo VALENCIENNES DOUAI

AMIENS METZ

NANCY o STRASBOURG MULHOUSE o

O SAINT-ETIENNE

©BORDEAUX AVIGNON MONTPELLIER TOULOUSE© o

TOULON 37

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La seconde configuration peut être qualifiée de "toulousaine" car c'est à Toulouse que les deux types de quartier qui la composent sont le mieux représentés. Il s'agit des quartiers mixtes intermédiaires et des banlieues jeunes de cadres et techniciens. Les autres villes où ces deux types dépassent nettement la moyenne sont Tours, Grenoble, Lille et Limoges.

Les configurations "lyonnaise" et "toulousaine" se caractérisent aussi par la quasi-absence du centre populaire, sauf pour Bordeaux et Lille.

Ces deux configurations ne sont pas indépendantes : lorsqu'on abaisse le seuil de liaison à partir duquel on considère que les types de quartier sont associés, les configurations "lyonnaise" et "toulousaine" se regroupent avec en plus un autre type de quartier de banlieue, la banlieue jeune de techniciens et de maîtrise.

De Marseille à Lens : mosaïque urbaine ou ville uniforme

Deux facteurs semblent susceptibles d'expliquer la diversité ou, au contraire, l'uniformité des quartiers d'une agglomération : sa population, et la finesse de son découpage en quartiers. Mais l'un et l'autre jouent un rôle assez limité : les plus grandes villes n'ont pas des quartiers beaucoup plus variés que les villes moyennes. De même, la finesse du découpage en quartiers, inégale d'une agglomération à l'autre, n'est pas déterminante dans le nombre de types de quartier (graphique III). Par ailleurs, les villes qui ont une forte proportion de population dans un seul type de quartier sont, en général, moins contrastées : il y a cependant de notables exceptions.

Ainsi Marseille, dont plus de 20 % des ménages habitent deux types de quartier seulement (le centre ancien employés-commerçants et la

Graphique III Les villes aux quartiers les plus variés ne sont pas toujours tes plus grandes*

Nombfô de types de quartier Nombre de ménages en milliers

*Ils 'agit des agglomérations de plus de 150 000 habitants triées suivant le nombre de types de quartier.

Marseille Bordeaux

Lyon Lille

Grenoble Strasbourg

Nantes Nancy

Amiens Rouen

Toulouse Caen

Angers Mulhouse

Tours Metz

Montpellier Toulon

Dijon Le Mans Clermont Le Havre Orléans

Nice Limoges Avignon Béthune

Valenciennes Reims

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zone médicale aisée), est, de toutes les grandes agglomérations françaises en dehors de Paris, celle qui juxtapose le plus de différences internes. On y trouve 24 des 25 types de quartier possibles, dont un qui lui est propre (il s'agit du quartier de Bel- sunce). En revanche, les autres villes du Sud-Est sont assez peu diversifiées : Toulon compte quatorze types de quartiers, Nice treize, Avignon douze et Cannes neuf. Plus de 80 % des ménages de Cannes sont dans deux types de quartier, assez mêlés socialement et caractéristiques du Sud-Est : le centre employés-commerçants et les pôles secondaires de commerce et d'artisanat.

Un phénomène semblable se retrouve dans les agglomérations du Nord de la France : si Lille est fortement contrastée avec vingt types de quartier, Valenciennes et Béthune n'en comportent que onze, Douai et Dunkerque neuf, et Lens, qui s'est développée au XIXe siècle autour des activités minières, est, de toutes les grandes agglomérations, la plus homogène. Elle ne compte que cinq types de quartier, et 82 % des ménages y sont rassemblés dans des quartiers de type banlieue industrielle ancienne.

La carte des quartiers, image du rôle économique et de l'organisation interne des villes

Si le nombre de types de quartier présents dans une ville donne une idée de sa diversification, la surface qu'occupe le nuage des quartiers d'une ville sur le premier plan factonel et la forme de ce nuage (plus ou moins étiré le long du premier ou du second axe, centré plus ou moins à gauche ou à droite) donne aussi des indications sur l'homogénéité d'une agglomération et sur sa personnalité propre.

En ce sens, les villes les plus homogènes sont les villes du Nord : Lens, Béthune, Douai, Valenciennes, où, rappelons-le, plus de 60 % des ménages (jusqu' à 82 % dans le cas de Lens) résident dans les banlieues industrielles anciennes. Dans le Sud- Est, Cannes a plus de 55 % de ses ménages dans les pôles secondaires de commerce et d'artisanat. Pour ces villes, les quartiers se projettent selon des nuages de petite dimension autour de leur centre.

• Angers est la plus petite des trois villes, c'est pourtant la plus diversifiée. On y dénombre 16 types de quartier, alors que Cannes n'en compte que 9, et Lens, 5. Cette différence ne s'explique pas par le découpage administratif. Ces trois agglomérations possèdent, en effet,, à peu près le même nombre de quartiers : 34 à Angers, 35 à Cannes et 36 à Lens. La diversification d'Angers est concrétisée par l'étalement de ses quartiers sur la "carte". L 'emprise de l 'agglomération sur le quadrant sud-est reflète le nombre important de quartiers de banlieue à main- d'œuvre qualifiée. Huit types de quartier distinguent nettement Angers en rassemblant au moins 25 % de ménages de plus que la moyenne des grandes villes. Il en est ainsi, tout particulièrement, des "quartiers de professions intermédiaires jeunes" (11 % des ménages à Angers, 2,5 % en moyenne), des "quartiers commerçants traditionnels" (8 % à Angers, 4,7 % en moyenne), de la "zone centrale de cadres du public" (6,4 % à Angers, 3 % en moyenne), et des "quartiers moyens" (19 % à Angers, 8,7 % en moyenne).

Graphique IV La carte des quartiers, reflet de l'activité économique'

A - Angers Quartiers commerçants du centre

Quartiers ouvriers jeunes

Quartiers centraux employés • inactifs

Quartiers des professions intermédiaires jeunes

2 : quartiers ONQ 3 : banlieue chic 4 : banlieue jeune de cadres et techniciens 5 : quartiers commerçants traditionnels 9 : centre ancien employés - cadres

1 1 : zone médiane aisée 12 : banlieue jeune de techniciens et ouvriers

Banlieues industrielles récentes

13 : zone centrale des cadres du public 14 : quartiers des professions intermédiaires jeunes 15 : quartiers d'HLM récentes 16 : centre commerçant très ancien 17: quartiers moyens 20 : banlieue jeune de techniciens et de maîtrise 21 : zone centrale des cadres techniques 23 : banlieue ouvrière très qualifiée

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Cette composition est à l 'image de l 'activité économique des habitants. Des trois villes, Angers a pour trait spécifique l 'importance de la filière électronique (7) et partage avec Cannes un développement assez fort des services. Toutefois, les services non marchands et les services aux particuliers sont plus développés à Angers, les services aux entreprises à Cannes. Travailleurs indépendants et petites entreprises caractérisent Cannes, avec un poids important des activités liées au commerce et à la filière bâtiment (7). Depuis 1982, le développement des activités de haute technologie s'est accéléré, en particulier autour du complexe de Sophia-Antipolis. Ce sont enfin la métallurgie, les activités liées à la production et à la distribution d'énergie, et les industries de la filière traditionnelle (7), surtour le textile-habillement, qui font l'originalité de Lens. Toutefois, depuis 1982, les mines subsistant à Lens ont fermé.

7. Filière traditionnelle : textile-habillement, cuir- chaussure, bois-meuble. Filière électronique : matériels électriques et électroniques professionnels, biens d'équipement ménager, construction navale et aéronautique, armement. Filière bâtiment : matériaux de construction et minéraux divers, verre, bâtiment et génie civil et agricole. Pour plus de détails, voir [22].

B - Cannes

Les quartiers centraux d employés et d inactifs

Le centre populaire

\

Les quartiers ouvriers jeunes

Les beaux quartiers '

Les quartiers mixtes

1 : le centre ancien employés/commerçants 3 : la banlieue chic 7 : les pôles secondaires de commerce et d'artisanat

10 : le centre populaire très ancien 18 : le centre populaire artisanal 19 : les quartiers élégants du centre 22 : les quartiers ouvriers récents 24 : les quartiers mixtes intermédiaires 25 : les quartiers d'ouvriers qualifiés et employés

C - Lens

Banlieue industrielle ancienne

Banlieues industrielles récentes

40

4 : banlieue jeune de cadres et techniciens 8 : banlieue industrielle ancienne

12 : banlieue jeune de techniciens et ouvriers 20 : banlieue jeune de techniciens et de maîtrise 23 : banlieue ouvrière très qualifiée

ECONOMIE ET STATISTIQUE N° 245, JUILLET-AOÛT 1991

Page 11: Les quartiers des grandes villes: contrastes sociaux en milieu urbain

8. Pour les communes non divisées en quartiers en 1982, on garde le type qui était le leur. Pour celles qui étaient divisées, on leur attribue le type le plus proche (au sens de la distance du X2). Par commodité, on gardera le terme de type de quartier alors qu'il s 'agit de communes entières.

L'interprétation de chaque cas exigerait une connaissance approfondie de la ville et de son histoire économique et sociale, la typologie utilisée n'étant qu'un outil pour faciliter ce travail. Le graphique IV explicite trois exemples nettement individualisés : à la diversité d'Angers, ville universitaire et d'industries modernes, s'oppose l'homogénéité de Lens, où prédominent la métallurgie, les industries traditionnelles et le secteur de l'énergie, aujourd'hui en déclin. Cannes, enfin, occupe une position originale, avec ses artisans, ses commerçants, ses nombreux retraités, mais aussi ses activités de pointe dont le développement s'est accéléré depuis 1982. Ces villes sont d'autant plus comparables qu'elles ont presque le même nombre de quartiers, et une taille voisine.

Le recensement de 1990 montre un dépeuplement de l'agglomération de Lens, particulièrement marqué au centre alors que la population de la banlieue est à peu près stable. Angers a dépassé la barre des 200 000 habitants : l'accroissement est ici surtout sensible en banlieue, mais encore net au centre [6]. Cannes est des trois celle qui a eu la variation la plus importante, avec une croissance soutenue du

centre et encore plus de la périphérie. Ce développement est en partie lié à celui du complexe Sophia- Antipolis. Au-delà des particularités locales, se reflètent les différences d'évolution des types de quartier qui rentrent dans la composition de ces villes.

Le dépeuplement des quartiers ouvriers s'oppose à l'expansion démographique de certaines banlieues...

Les premiers résultats du recensement de 1990 donnent quelques indications sur l'évolution démographique de chacun des types de quartier, entre 1982 et 1990. Cette évolution n'a pu être étudiée qu' au niveau communal, les données par quartier n'étant pas encore toutes disponibles. De plus, 25 communes ont changé de délimitation : elles n'interviennent donc pas ici.

Nous avons attribué à chaque commune le type de quartier-commune dont elle se rapprochait le plus (8) . Pour certaines, l'affectation peut sembler un peu arbitraire, la commune étant presque aussi

Tableau 1 Evolution de la population sans doubles comptes entre 1982 et 1990

Source : LNSEE, recensements de la population de 1990 et 1982.

Type de quaiier ou de commune

Les quartiers centra» d'employés et d'iractfs ■ le certre ancien enpbyéMonnerça-s ■ le centre ancien enpicyés-cadres Les quartiers commerçants du cette ■ la zone centrale des cadres techniques Les beaux quartiers - les quartiers éiéga-ts du cerre ■la zone irédane asée •bbarteuecte Les quarters de professions intermédiaires jeunes Les quartiers mixtes ■les quartiers mates irtenédares •les quakers moyens • les pôies secondaî'es de connerce et d'artsarat Les banlieues industrielles récentes ■ la barlieue jeune de cadres et techniciens • la bartoe jeune de techniciens et oimers • la barieue jeune de techriciens et ir£» La banlieue industrielle ancienne Les quartiers ouvriers jeunes ■ les quarters ouvners non quafts •tes quake's xws recels - les quartiers d'HLM récerts • la barlieue ourêe très qual*ee • tes quarters d'ouners quakes et d'rplcyés Le centre populaire • te certre populaire très ancien •tecertepopilai'eartsa-al Ensemble

Nombre de

communes (1990)

6 18

2

2 19 72 5

32 24 68

128 72

131 136

14 38 7

38 10

1 15

838

Population sans doubles comptes En 1990

4419^9 2971309

386:9

11375 458101 373935 137005

754736 1125216 509131

646783 533X4 721570 9C3454

1X634 633697 101274 852101 46660

2465 1329697

12771715

Variation 1982-1990 absolue

4«2 43298

-151

1042 25539 56828 7821

26564 -3817 87602

110279 21133 81527 -9104

-1717 -14176

921 19860 6611

422 -793S3 385531

■e'at:ve (en %)

+ 1X2 + 1,48

-0,39

+10,08 + 5.90 +18.00 +6,05

+3.55 -0,34

+20,78

+20.56 +4,13

+12,74 -1,00

-1,30 -2,03 +0.92 +2,39

+16,51

+2C.56 -5,63

3,11

Taux de variation

annuel (en %)

+0,13 +0,18

-0,05

+1-21 +0,72 +2,09 +0,74

+0.45 -0,04 +2,39

+2,36 +0,51 +1,51 -0,13

-0,16 -0,26 +0.11 +0.30 +1,93

2.37 -0,72 +0,38

Taux de nata!:té en 1990

(pour 1 000)

11.6 15.6

13,8

11,7 14,3 11,7 20,7

16,2 15.0 11,7

11.6 14.4 12.8 16,5

17,8 17,1 2C.8 17,2 12.9

14,4 14,0 14,9

Taux de mortalité en 1990

(pour 1 000)

14.3 9,0

8,7

8.9 7,9 6.8 5.0

8.6 9.0

10.4

6.1 7.8 7,0

10,0

6.6 9,1 5,4 8.1 7,6

12.8 10,9 9,0

Taux de variation annuel dû au mouvenel

naturel (en %)

-0,27 +0.&5

+0,51

+0,29 +0,64 +0,49 +1,57

+0,76 +0.59 +0,13

+0,55 +0.56 +0.58 +0,55

+1,12 +0.30 +1,53 +0,91 +0,53

+0,16 +0.30 +0,60

Tajxdevaratiop annuel dû au

solde migratoire (en%)

+0.39 -0,48

-0,55

+0.92 +0.08 +1,60 -0,83

-0,31 -0.64 +2.26

+1,81 -0,15 +0,93 -0,77

-13 -1.06 -1,42 -0.62 +1,39

+22 -1,03 -0,21

ECONOMIE ET STATISTIQUE N" 245. JUILLET-AOÛT 1991 41

Page 12: Les quartiers des grandes villes: contrastes sociaux en milieu urbain

proche d'un autre type que de celui choisi (en particulier les différents types de banlieue industrielle récente sont assez proches). D'autre part, certains types de quartier correspondent presque exclusivement à des quartiers centraux, comme le centre ancien employés-commerçants, et peu de communes entières en sont proches. On s'est donc limité à des résultats qui concernent au moins 10 communes : les commentaires suivants se bornent à indiquer de grandes tendances.

Entre 1982 et 1990, les types de commune qui se dépeuplent sont surtout le centre populaire artisanal, puis les quartiers ouvriers récents suivis des quartiers ouvriers non qualifiés. Parmi les communes ouvrières, ce sont celles proches des quartiers d'ouvriers qualifiés et d'employés qui s'accroissent le plus (tableau 1).

Mais la population augmente surtout dans les pôles secondaires de commerce et d'artisanat, puis dans la banlieue jeune de cadres et techniciens suivie de la banlieue chic. De façon générale, les banlieues industrielles récentes font preuve d'un grand dynamisme démographique, et ceci d'autant plus que leur statut social est élevé.

... et ce contraste s'explique par les migrations plus que par le solde naturel

L'évolution de la population d'une zone géographique résulte de deux mouvements qui s'ajoutent : le mouvement naturel (c'est-à-dire le solde des nais- sanees sur les décès) et le solde migratoire (solde des personnes entrées par rapport aux sorties). On a représenté sur le graphique V les différents types d'évolution résultant de la part respective prise par chacune de ces composantes, cela pour chacun des types de quartier, pour la période 1982-1990. A l'intérieur de chaque type, l'évolution des communes rentrant dans sa composition dessine un nuage fortement regroupé autour du point représentant son évolution moyenne : toutefois, c'est le solde migratoire qui varie le plus d'une commune à l'autre dans un type donné.

Dans le premier quadrant de ce graphique (quadrant nord-est) se situent les types de commune qui ont à la fois un solde migratoire et un excédent naturel positifs. Pour certains, tels les pôles secondaires de commerce et d'artisanat, la croissance est sur-

Graphique V Solde migratoire et excédent naturel par type de quartier

Centre ancien ganl employes jeune cedrei techniciens Quartier* \ et ouvnert moyens

42 ECONOMIE ET STATISTIQUE N° 245, JUILLET-AOÛT 1991

Page 13: Les quartiers des grandes villes: contrastes sociaux en milieu urbain

tout due aux flux migratoires. Pour d'autres, comme la zone médiane aisée, elle est surtout due à l'excédent naturel. Dans ce cas particulier, la natalité est moyenne mais la mortalité est très inférieure à la moyenne, à la fois en raison de l'âge plus faible des habitants mais aussi des différences de mortalité selon le milieu social.

Le deuxième quadrant (quadrant nord-ouest), pour lequel le mouvement naturel est positif et le solde migratoire négatif, se décompose en deux zones : l'une où la population des communes s'accroît, le mouvement naturel l'emportant sur les migrations (banlieue ouvrière très qualifiée, quartiers mixtes intermédiaires, centre ancien employés-cadres, banlieue jeune de techniciens et d'ouvriers) et l'autre où les communes se dépeuplent, quelquefois malgré une forte natalité, comme dans les quartiers d'ouvriers non qualifiés et les quartiers ouvriers récents.

Marseille : une synthèse des évolutions de chaque type de quartier

La population de l'ensemble de l'agglomération marseillaise dans ses limites de 1982 diminue d'un

recensement à l'autre (-0,26 % par an depuis 1982) malgré un rythme de croissance très soutenu en banlieue (9). Le dynamisme de la périphérie ne réussit pas à contrebalancer les pertes de la commune- centre. On retrouve ici le desserrement des centres anciens commun à toutes les grandes villes. Le développement des emplois de services à l'intérieur même de la commune de Marseille n'a pas suffi à compenser les pertes d'emplois résultant du déclin de l'industrie traditionnelle locale. D'où le déficit migratoire de la commune de Marseille : 90 700 personnes de 1982 à 1990. Corrélativement, la baisse de population des quartiers ouvriers jeunes est particulièrement accentuée à Marseille, à l'exception de la banlieue ouvrière très qualifiée.

Les implantations industrielles nouvelles sont le plus souvent localisées en grande couronne : cela explique l'augmentation sensible de la population des banlieues industrielles récentes et des quartiers mixtes. Le dynamisme démographique de ces banlieues se retrouve dans l'ensemble des grandes agglomérations. Il est particulièrement accentué à Marseille dans la banlieue jeune de techniciens et ouvriers SU

9. Certaines données par quartier issues du recensement de 1990 sont déjà disponibles pour l'agglomération de Marseille.

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Page 14: Les quartiers des grandes villes: contrastes sociaux en milieu urbain

BIBLIOGRAPHIE

Les travaux visant à étudier les relations entre les caractéristiques des populations et leur lieu de résidence se situent dans la lignée de l'écologie urbaine de l'Ecole de Chicago [7]. Plusieurs modèles théoriques décrivent la juxtaposition d'espaces très divers à l'intérieur d'une même agglomération. Les trois modèles les plus connus sont le schéma concentrique de Burgess (1923), le schéma sectoriel de Hoyt (1939) et le modèle à noyaux multiples de Harris et Ullmann (1945). Plus récemment, l'un des acquis de l'écologie factorielle urbaine a été la réconciliation des trois modèles précédents, montrant qu'ils ne sont pas concurrents mais correspondent à trois forces de différenciation : un facteur socio-économique à effet sectoriel (Hoyt), un facteur familial à effet concentrique (Burgess) et un facteur ethnique à effet polynucléaire (Ullmann et Harris) (voir à ce sujet [4]). Techniquement, le développement récent de l'analyse factorielle a permis de prendre en compte un grand nombre de données. De très nombreux travaux ont ainsi été réalisés sur des villes anglo-saxonnes et sur quelques villes des pays en voie de développement. Un certain nombre d'agglomérations françaises ont également été étudiées : parmi elles l'agglomération parisienne [8 ; 9], mais aussi Marseille [10], Amiens, Reims et Châlons-sur-Marne [3], Rouen [11], Nîmes, Montpellier et Perpignan [12], Strasbourg [4]. Pour une réflexion plus approfondie, se reporter à [13 ; 14 ; 15]. On trouvera un exemple de typologie des villes françaises (mais pas de leur quartiers) dans [16]. Certains quartiers particuliers à Bordeaux sont traités dans [17 ; 18]. Un exemple d'application de typologie de communes est donné dans [19]. Des cartes de la structure sociale des villes françaises seront publiées dans [20]. Enfin, [21] propose une comparaison des métropoles régionales.

[I] M. VOLLE : "L'analyse des données", Economie et Statistique, n° 98, janvier 1978. [2] M. MANSUY et M. MARPSAT : "Bordeaux, Lyon, Marseille, trois villes originales", INSEE, Sud Information Economique, 4ème trimestre 1990, n°84. [3] X. DEBONNEUIL et M. GOLLAC : "Structure sociale des villes", Economie et Statistique, n° 98, janvier 1978.

[4] M. PRUVOT et C. WEBER-KLEIN : "Ecologie urbaine factorielle comparée : essai méthodologique et application à Strasbourg", L'Espace Géographique, n° 4, 1984. [5] M. MANSUY et M. MARPSAT : "Quartiers du Nord, quartiers du Sud", INSEE, Sud Information Economique, 1er trimestre 1991, n° 85. [6] D. ROBIN : "L'agglomération d'Angers rééquilibre sa croissance", INSEE, Direction Régionale des Pays, de la Loire, Statistique et Développement, n° 93, Juin 1991. [7] Y. GRAFMEYER et I. JOSEPH : "L'Ecole de Chicago, naissance de l'écologie urbaine", Paris, éditions du Champ Urbain, 1979. [8] L. LEBART et N. TABARD : "La morphologie sociale des communes urbaines", Consommation, n° 2, 1971. [9] Y. CHAUVIRE et D. NOIN : "Typologie socio-professionnelle de l'agglomération parisienne", Bw/fe///i de l'Association des Géographes Français, 1980. [10] M. RONCAYOLO : "La division sociale de l'espace urbain", Bulletin de l'Association des Géographes Français, n° 395, 1972. [II] Y. GUERMOND : "Micro-informatique et analyse multivariée : la structure socioprofessionnelle de l'agglomération de Rouen", Brouillons Dupont, n° 7, 1981. [12] M. VIGOUROUX et J-P. VOLLE : "L'espace social des centres et quartiers traditionnels à Nîmes,

Montpellier et Perpignan : un essai d'écologie factorielle", Bulletin de la Société Languedocienne de géographie, juillet-décembre 1982. [13] D. PUMAIN, T. SAINT-JULIEN et M. VIGOUROUX : "Jouer de l'ordinateur sur un air urbain", Annales de géographie, n° 511, 1983. [14] A. VANT : "Analyse de la ségrégation et géographie sociale", Actes du colloque de Lyon des 14-16 octobre 1982, publiés en 1983. [15] J. BRUN et Y. CHAUVIRE : "La ségrégation sociale, observations critiques sur la notion et essais de mesure à partir de l'exemple de Paris (1962-1975)", Actes du Colloque de Lyon des 14-16 octobre 1982, publiés en 1983. [16] D. PUMAIN : "La composition socioprofessionnelle des villes françaises : essai de typologie par analyse des correspondances et classification automatique", L'Espace Géographique, n° 4, 1976. [17] S. PUISSANT : "Etude des activités économiques et sociales dans les quartiers péricentraux de Bordeaux", Revue Economique du Sud-Ouest, n° 3, 1978.

[18] S. PUISSANT et J-M. ROUSSEAU : "Typologie et topologie de l'espace urbain péricentral par une analyse des correspondances", Revue Economique du Sud-Ouest, n° 3, 1978. [19] N. TABARD : "Structure économique des communes, reproduction, consommation", Consommation, CREDOC, janvier 1985. [20] Atlas de France, édition Reclus, à paraître à la fin 1991. [21] F. FONTAINE : "Les métropoles régionales à la recherche de leurs points forts", Economie et Statistique, n° 230, mars 1990. [22] INSEE : "Les entreprises à l'épreuve des années 80", 1989.

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ANNEXE L'ESPACE SOCIAL DANS LES GRANDES VILLES : 25 TYPES DE QUARTIER

Les quartiers des agglomérations de plus de 150 000 habitants sont divisés en 25 types, eux-mêmes regroupés en 10 catégories. Cette typologie ne comporte dans son principe de fabrication aucune variable indiquant la nationalité, le logement ou le secteur d'activité. Rien en particulier ne distingue les mines ou les industries traditionnelles. Toutefois, l'examen des quartiers rentrant dans ces différents types montre que certains sont très marqués par la nationalité de leurs habitants, par un habitat HLM, ou un habitat individuel bien équipé, ou encore la présence de logements individuels inconfortables. D'autres enfin, se situent dans des zones d'industries anciennes, tout particulièrement minière ou textile. Le principe de regroupement - par la méthode de classification ascendante hiérarchique - est "d'assembler les quartiers qui se ressemblent", sur le double critère du milieu social repéré par la catégorie socioprofessionnelle de la personne de référence des ménages résidants, et du type de ménage (couples jeunes ou moins jeunes, avec ou sans enfants, familles monoparentales, personnes seules, etc.) (voir [1] pour des éléments de méthode sur la classification ascendante hié

rarchique). La description qui suit est un portrait des types de quartiers qui composent les grandes agglomérations françaises. Les tableaux qui suivent explicitent la composition sociale et les caractéristiques des ménages de ces quartiers, au recensement de 1982.

Les quartiers centraux d'employés et d'inactifs Ce groupe de quartiers rassemble des ménages d'âge mûr et des personnes seules, souvent employés et anciens employés. Le type "centre ancien d'employés et commerçants", un peu plus central, comporte plus d'étrangers, surtout des Italiens ; il est plus typique des agglomérations du Sud-Est. Dans le type "centre ancien d'employés et cadres", les fonctionnaires, les membres des professions intermédiaires de la santé et du travail social et les étudiants s'ajoutent aux employés.-

Les quartiers commerçants du centre Ce groupe de quartiers ressemble au précédent par sa composition démographique, avec cependant un peu moins d'inactifs, et plus d'actifs seuls. Il en diffère par le milieu social, en moyenne plus aisé. Il s'agit de quartiers très centraux, à forte proportion de commerçants et de professions libérales. Les étudiants y sont nombreux. On peut les subdiviser en quatre types, qui se différencient par une position plus ou moins centrale et des variantes de milieu social. Les commerçants et anciens commerçants sont plus fréquents dans les "quartiers commerçants traditionnels", la "zone centrale des cadres du public" est plus souvent habitée par des cadres fonctionnaires ou des professions intermédiaires de la santé et du travail social, la "zone centrale des cadres techniques" par des ingénieurs et des cadres du privé. Enfin, le "centre commerçant très ancien" se distingue particulièrement par des logements anciens (près de 45 % avant 1871) et peu confortables : la moitié n'ont pas le chauffage central, 16 % n'ont ni installations sanitaires ni WC intérieurs.

Les beaux quartiers Ces quartiers sont caractérisés par une composition sociale très particulière : cadres, professions libérales, commerçants. Les propriétaires y sont nombreux, le taux d'équipement téléphonique très supérieur à la moyenne. Les étrangers sont rares.

On peut, en affinant, distinguer trois sous-types : les "quartiers élégants du centre", très centraux, comportent une proportion particulièrement élevée de commerçants, de membres des professions libérales, de chefs d'entreprise et cadres du privé. Les ménages y sont plutôt d'âge mûr. A la périphérie, on trouve la "banlieue chic" : la proportion de maisons individuelles y atteint près de deux fois la valeur moyenne, les accédants à la propriété y sont nombreux, les ménages plus jeunes, souvent avec des enfants. La relation qu'on relève généralement entre habitat central et présence de commerçants est ici rompue, les commerçants étant assez nombreux à habiter ces banlieues. La "zone médiane aisée" présente des caractères intermédiaires : elle est assez centrale mais moins que les "quartiers élégants du centre", "bien habitée" mais un peu moins que les deux autres types.

Les quartiers des professions intermédiaires jeunes Ce groupe de quartiers est habité par des ménages jeunes : couples de moins de quarante ans avec ou sans enfants, familles monoparentales, femmes actives seules. Il s'agit souvent de membres des professions intermédiaires, d'employés, de fonctionnaires ou de professionnels de la santé et du travail social. L'habitat en HLM n'est pas rare. C'est là que l'on trouve le plus de très grands immeubles (10% des ménages habitent des immeubles de plus de 60 logements).

Les quartiers mixtes On entend ici par mixtes des quartiers dont la composition sociale est assez mélangée, souvent proche du profil moyen. Il s'agit quelquefois de quartiers en évolution, dont le milieu social se transforme. Ils sont situés soit dans la petite couronne (banlieues anciennes), soit dans les quartiers les plus périphériques de la commune centre. Les ménages y sont d'âge plutôt mûr, le milieu social assez mélangé. On peut les répartir en trois sous- catégories : - les "quartiers mixtes-intermédiaires" : un peu plus jeunes, un peu plus de cadres et de membres des professions intermédiaires du privé ; - les "quartiers moyens" : une composition professionnelle très proche du profil moyen ; - les "pôles secondaires de commerce et d'artisanat" : caractéristiques du Sud-Est, plus périphériques, où habitent davantage d'artisans et de commerçants. C'est le seul type de la zone intermédiaire où le pourcentage d'étrangers (des Italiens pour l'essentiel) est assez fort. Les quartiers examinés jusqu'à présent étaient à la fois plutôt centraux (à l'exception de la "banlieue chic", regroupée avec les quartiers de même statut social), et assez peu ouvriers. Ceux que nous allons décrire maintenant sont souvent ouvriers ou périphériques.

Les banlieues industrielles récentes Ces quartiers, de développement récent, sont caractérisés à la fois par leur éloignement du centre, qui va de pair avec un très fort taux de jeunes ménages, d'habitat individuel, d'accédants et de propriétaires, et par un milieu social lié à l'industrie : ouvriers qualifiés, maîtrise, ingénieurs, techniciens. Peu d'étrangers y résident. - la "banlieue jeune de cadres et techniciens" est le type le plus "aisé" : pour preuve une plus forte présence de commerçants, malgré l'éloignement du centre, et de

ECONOMIE ET STATISTIQUE N° 245, JUILLET-AOÛT 1991 45

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membres des professions libérales. Les ouvriers non qualifiés y sont en proportion très faible. Plus de huit logements sur dix sont des maisons individuelles ; - la "banlieue jeune de techniciens et d'ouvriers" est assez proche de la "banlieue jeune de techniciens et de maîtrise". Ce dernier type se rencontre surtout dans l'agglomération de Nantes.

La banlieue Industrielle ancienne Ce groupe de quartiers, habités par des familles ouvrières, se distingue des suivants (les "quartiers ouvriers jeunes") par sa localisation très périphérique et la proportion élevée d'anciens ouvriers. Les trois quarts des logements sont des maisons individuelles. 14 % des ménages (4 % dans l'ensemble des agglomérations étudiées) sont logés par l'employeur. Les étrangers originaires de l'Europe hors CEE (Pologne, etc.) y sont plus nombreux. Ce type d'habitat se rencontre surtout dans le Nord et les zones minières. Contrairement à la plupart des zones périphériques, celle-ci est constituée d'un habitat assez ancien (près de la moitié des logements ont été construits entre 1871 et 1948), peu confortable (53 % des logements n'ont pas le chauffage central, 21 % pas d'installations sanitaires ou de WC).

Les quartiers ouvriers jeunes Les ménages y sont assez jeunes, souvent composés de couples avec des enfants, ou de familles monoparentales ; les familles de plus de trois enfants n'y sont pas rares. Les ouvriers y sont globalement plus nombreux, l'habitat en HLM est fréquent ainsi que les très grands immeubles, les étrangers s'y retrouvent plus qu'ailleurs. Toutefois, des différences dans la qualification des habitants, dans le type de logement, dans le nombre et la nationalité des étrangers conduisent à distinguer cinq types : - dans les "quartiers d'ouvriers non qualifiés", les HLM sont fréquents. Les étrangers sont surtout des Algériens, des Italiens, des Espagnols. Près d'une femme sur deux y est inactive ; - les "quartiers ouvriers récents", plus périphériques, sont constitués de logements individuels à plus de 50 %. Les ouvriers non qualifiés y sont moins nombreux ; en revanche, on y trouve plus d'ouvriers qualifiés de type industriel et d'agents de maîtrise. Les ménages y sont souvent un peu plus âgés, les enfants déjà partis. Les étrangers sont plus rares ;

• les "quartiers HLM récents" sont les plus jeunes des quartiers ouvriers jeunes : les enfants sont encore là ou môme pas encore nés. Beaucoup d'ouvriers, mais aussi plus d'employés, chefs de ménage ou conjoints. L'habitat HLM est fréquent, les étrangers sont plutôt maghrébins ou portugais ; - la "banlieue ouvrière très qualifiée" est le plus "qualifié" des quartiers ouvriers jeunes. En dehors des ouvriers et des membres de la maîtrise, on y trouve plus qu'ailleurs des ingénieurs et des membres des professions intermédiaires. Ce sont des quartiers périphériques où la moitié des logements sont individuels, et près d'un ménage sur trois accède à la propriété. Toutefois, les HLM restent nombreux, peut-être comme situation provisoire avant un achat ;

- les "quartiers d'ouvriers qualifiés et d'employés", à l'inverse des précédents, sont très centraux, avec un fort taux de location en HLM et peu de logements individuels. Y habitent plutôt des ouvriers qualifies et des employés. Ce type de quartier est fréquent sur la côte sud-est : cela explique une plus forte présence d'Italiens.

Le centre populaire Ces quartiers sont à la fois très centraux et très ouvriers, avec une forte proportion d'ouvriers non qualifiés. Les ménages y sont souvent plus âgés, les étrangers nombreux. Le "centre populaire artisanal" se distingue essentiellement par une forte proportion d'Italiens, caractéristique des agglomérations du Sud-Est, et plus d'employés. Le "centre populaire très ancien" est constitué de logements plus anciens et plus inconfortables. On y trouve plus d'inactifs et d'actifs seuls.

Belsunce De toutes les grandes agglomérations françaises en dehors de Paris, Marseille est la seule à posséder un quartier de ce type. Belsunce se caractérise par un grand nombre d'actifs vivant seuls ou en groupe dans le même logement, par de nombreux commerçants et ouvriers non qualifiés, par de nombreux étrangers venant essentiellement du Maghreb. Les logements y sont très inconfortables et très anciens (84 °/o construits avant 1914, 38 % sans installations sanitaires, 76 % sans chauffage central, 40 % seulement munis du téléphone). 35 % des ménages habitent un meublé ou un garni (1 ,6 % en moyenne dans les villes étudiées).

46 ECONOMIE ET STATISTIQUE N» 245, JUILLET-AOÛT 1991

Page 17: Les quartiers des grandes villes: contrastes sociaux en milieu urbain

Ensemble des grandes villes : profession et nationalité de la personne de référence et caractéristiques du logement selon le type de quartier

Type de quarter

Les quartiers centraux d'employés et d 'Inactifs le centre ancien employés-commerçants le centre ancien employés-cadres Les quartiers commerçants du centre les quartiers commerçants traditionnels le centre commerçant très ancien la zone centrale des cadres du public la zone centrale des cadres techniques Les beaux quartiers les quartiers élégants du centre la zone médiane aisée la banlieue chic Les quartiers des professions Intermédiaires Jeunes Les quartiers mixtes les quartiers mixtes intermédiaires les quartiers moyens les pôles secondaires de commerce et d'artisanat Les banlieues Industrielles récentes la banlieue jeune de cadres et de techniciens la banlieue jeune de techniciens et d'ouvriers la banlieue jeune de techniciens et de maîtrise La banlieue industrielle ancienne Les quartiers ouvriers Jeunes les quartiers ouvriers non qualifiés les quartiers ouvriers récents les quartiers d'HLM récents la banlieue ouvrière très qualifiée les quartiers d'ouvriers qualifiés et d'employés Le centre populaire le centre populaire très ancien le centre populaire artisanal Le quartier Belsunce Moyenne des quartiers des grandes villes

Connects

3.1 2.0

3.8 3,4 2.4 2.4

4.3 2.5 3,6

1.0

2,0 1.9 3,9

2.4 1.7 2.1

1.7

1.5 1.7 1.0 1.8 1.5

2.9 2.1 7.1

2,2

Cadres supérieurs

5,2 8.0

11,0 7.7

14,0 12,9

14.1 12,8 20,9

10,6

9,0 6,9 6,8

12.7 4.6 7,5

2.4

2,1 3,2 4,0 6,6 4,1

2.9 4.7 1.6

7,8

Ingénieurs et tectaoens

2.5 4.5

3,7 2,8 4,0 6.1

5.0 6,7

10,3

6,6

6,8 5,2 4,4

10,2 6,7 7,0

3,0

2,5 3,5 4,1 6,0 3,7

1.8 3.3 0.8

6,2

"Maîîrae"

3.3 6,2

3,0 4,0 3,2 5.4

3.1 5,7 6,7

8,7

9,0 9,9 6,2

12,0 20,3 13,9

16,7

11,7 13,2 11,5 12,7 9,1

6,4 7.0 4.2

9,2

Owners nonqualifies

5,4 7,1

4.1 8,9 3,4 4,7

2.9 4.4 4,1

7,3

7,2 8,2 6,5

6,7 10,0 9,5

12,4

18,4 12,8 14,6 11.0 9,5

14,4 9,2

28,6

8,5

Propriétaires

25,6 16.7.

18,4 14,5 16,7 20,9

28,6 21,1 22,9

5,9

19,4 18,6 28,9

20.1 19.1 23,2

19,5

12,6 22,0 6,6

17,5 10,7

14,9 18,1 6,4

18,7

Accédants

12,0 14,6

10,5 8,0

13.7 18.2.

20,1 27,7 41,3

23,7

25,4 25,1 25,8

53,4 32,8 42,4

20,8

14,2 21,2 13,1 28,0 23,3

7.9 18,2 2,7

22,7

Habitat tâvriuel

7,9 15,0

8,3 5,6

16,0 20.6

22,2 54,8 60.7

16.6

35,8 36,1 43,1

81,6 54,8 71,2

75,0

28,5 50,7 17,5 50,4 20,0

12,5 24,1 0,9

36,0

Personnes de référence étrangère

14,2 9,1

9.3 15,1 7,5 7,7

9,4 8,1 6,8

8,2

8,9 8,9

13,9

7,5 11,9 9.1

14.3

22.2 11,8 13,5 10,4 14,9

24.5 13,8 61.5

11,2

ECONOMIE ET STATISTIQUE N° 245, JUILLET-AOÛT 1991 47