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EN ÎLE-DE-FRANCE NOVEMBRE 2015 LES PRATIQUES SPORTIVES ET LENGAGEMENT ASSOCIATIF DES « PRÉ-SENIORS » DE 55-64 ANS
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les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Jan 05, 2017

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EN ÎLE-DE-FRANCE

NOVEMBRE 2015

LES PRATIQUES SPORTIVESET L’ ENGAGEMENT ASSOCIATIF

DES « PRÉ-SENIORS » DE 55-64 ANS

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

La DRJSCS d’Ile-de-France participe aux interventions publiques en faveur de l’amélioration de la solidarité, de l’égalité et du lien social. Afin de favoriser la cohésion sociale et territoriale en Ile-de-France, elle intervient dans de nombreux domaines : politiques sociales, politiques de jeunesse, politique de la ville, promotion de l’éducation populaire, formation et politiques sportives.

Dans ce cadre et avec la préoccupation d’éclairer les acteurs sur certaines évolutions sociétales de ses champs de compétence, la DRJSCS d’Ile-de-France a souhaité lancer une étude permettant de mieux connaître la place des « pré-seniors » âgés de 55 à 64 ans selon leur bassin de vie, dans différentes pratiques sportives encadrées :

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En effet, cette classe d’âge vit actuellement une période de profonde mutation. Les seniors doivent recomposer leur avenir en tenant compte d’éléments d’évolution de la société tels que l’allongement de l’espérance de vie, l’allongement de la vie professionnelle et le chômage qui les touchent désormais. On peut ainsi penser que l’occupation du temps libre des 55-64 ans est à leur image, c’est-à-dire dans des registres hétérogènes et en mutation.

Cette étude a été menée en partenariat avec l’IRDS (Institut régional pour le développement du sport) dans le cadre de la convention signée en 2015 entre la DRJSCS d’Ile-de-France et l’IAU IDF (Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France).

Je vous en souhaite bonne lecture.

AVANT-PROPOS

Pascal FLORENTIN

Directeur régionalde la Jeunesse, des Sports

et de la Cohésion sociale d’une part, ces pratiques et les éventuelles spécificités de cette population en matière de disciplines sportives et les réponses nouvelles que les acteurs du champ sportif élaborent pour mieux s’adapter à ces besoins émergents ;

d’autre part, la nature et le type d’engagement de cette population dans le champ associatif y afférent.

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SOMMAIRE

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RAPPEL DES OBJECTIFS ET DE LA MÉTHODE

L’APPRÉHENSION DU SUJET PAR LES COLLECTIVITÉS ET LES ACTEURS DU MONDE SPORTIF (ASSOCIATIONS LOCALES ET FÉDÉRATIONS)

Une demande amenée à croître dans les années à venir - - -

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LA PRATIQUE SPORTIVE DES « PRÉ-SENIORS »

Des pratiques qui relèvent de différentes catégories de motivation - - - -

Les raisons de la «non-pratique»

Des pratiques étroitement liées à l’historique du rapport au sport des pratiquants - - - -

Une rencontre avec le sport associatif qui ne va pas de soi - -

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GLOSSAIRE

Des plus de 50 ans toujours plus nombreux à pratiquer une activité physique et sportive (APS)Une tendance lourde : le vieillissement de la populationLes « pré-seniors » ou « nouveaux seniors » : l’arrivée à la retraite de la génération du « baby-boom »Une génération marquée par l’avènement de la société des loisirs et la démocratisation de la pratique sportiveDes seniors de plus en plus sportifs

Des enjeux plus ou moins bien évalués et considérés au sein des collectivités et du monde sportif (local et national)

Un sujet diversement appréhendé au sein des fédérations unisport olympiquesUne réflexion plus développée au sein des fédérations unisport non olympiques et multisportsUn public de plus en plus ciblé par les collectivités locales, qui peuvent accompagner le développement d’activités à leur attentionDes contacts et des rencontres avec les dirigeants associatifs qui montrent que les acteurs locaux du sport ont rarement identifié cette tranche d’âge comme une cible potentielle

La première source de motivation : la recherche de convivialitéLe bien-être et le « bien-vieillir »Une pratique loisir tournée vers l’effort et la dépense physiqueUne dimension performance et l’objectif de la compétition

« Les sportifs de toujours »« Les sportifs d’antan »Les sédentaires qui veulent « se remettre au sport »Les adeptes d’une pratique légère et continue - «saine» - de l’activité physique et sportive

Beaucoup pratiquent une APS à leur manière, en dehors des clubs et des associationsDes populations parfois « enfermées » dans des pratiques à l’image « seniorisée » (la marche, la gymnastique volontaire, etc.) ?Des modalités d’engagement associatif à géométrie variable

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La France, comme nombre de pays développés, est confrontée à une évolution démographique majeure : non seulement la population vieillit du fait de l’allongement de la durée de la vie et d’un taux de natalité qui ne permet pas de compenser le vieillissement, mais la population des plus de 50 ans connaît également de profonds changements sociologiques.

En 2013, l’espérance de vie à la naissance atteint 85 ans pour les femmes et 78 ans pour les hommes1. Selon les dernières projections de l’Insee, le nombre de personnes de 60 ans et plus augmenterait, à lui seul, de 10,4 millions entre 2007 et 2060. En 2060, 23,6 millions de personnes seraient âgées de 60 ans ou plus, soit une hausse de 80 % en 53 ans. Alors que 21 % de la population résidant en France métropolitaine avaient 60 ans ou plus en 2007, cette proportion passerait à 31 % dès 20352.

Nous vivons non seulement plus longtemps que nos aînés, mais les effets du vieillissement se font sentir de plus en plus tard : seuls 5% des plus de 75 ans sont en situation de maladie invalidante, rappelait ainsi Serge Guérin en 20073. Vieillissant en meilleure forme que leurs aînés et disposant bien souvent de ressources financières, sociales et culturelles significatives, les générations de plus de 50 ans qui se rapprochent aujourd’hui de l’âge de la retraite ou qui viennent d’y accéder, veulent profiter du temps qui leur est accordé, de l’énergie et des ressources dont elles disposent pour s’investir dans de nouveaux projets, des activités qui leur permettent de s’épanouir pleinement dans cette nouvelle étape de leur vie.

En 2010, une étude du CREDOC montrait ainsi que le poids des seniors et des jeunes retraités dans les dépenses de consommation en matière de culture et de loisirs s’était considérablement développé : « A l’horizon 2015, le poids des seniors (plus de 50 ans) dans les dépenses de consommation dépassera les 50 %, soit plus que leur poids démographique (39 %) […]. Dans le domaine des loisirs, les principaux postes de dépenses sont les voyages tout compris (34 %), les services culturels et sportifs (22 %), les équipements de loisirs (16 %) et la presse-papèterie (13 %). La

RAPPEL DES OBJECTIFS ET DE LA METHODE

nouvelle génération de seniors (génération qui a entre 50 et 60 ans aujourd’hui) est la plus attirée par la lecture et continuera à lire si les ouvrages s’adaptent aux difficultés visuelles qui s’accroissent avec l’âge »4.

Le développement de la pratique d’une activité physique et sportive (APS) chez les plus de 50 ans participe de ces évolutions sociologiques : en 30 ans, la pratique d’une APS est ainsi passée de 59 % en 1985 à 73 % en 20005 et 84 % en 2010 pour les personnes âgées de 50 à 74 ans6.

Le passage à la retraite constitue une étape déterminante. Comme le montrent les différentes enquêtes menées depuis 2007 en Île-de-France par l’Institut régional de développement du sport (IRDS), le taux de pratique sportive régulière des 55-64 ans augmente avec le passage à la retraite : il est de 58 % pour les actifs, contre 65 % pour les retraités7.

Consciente de ces évolutions et de leurs implications potentielles en termes de politiques publiques, la Direction régionale de la Jeunesse, des Sports et de la cohésion sociale d’Île-de-France (DRJSCS), dans le cadre de ses missions relatives à la cohésion sociale, au développement des pratiques sportives et du lien intergénérationnel, a souhaité mener une étude visant à approfondir les connaissances sur les pratiques sportives et les modalités d’engagement associatif des « pré-seniors » (que le cahier des charges de l’étude identifie à travers un critère d’âge, sur la catégorie des 55-64 ans), ainsi qu’à apporter une plus grande lisibilité quant à la solidarité et aux relations intergénérationnelles auxquelles participent ces populations.

L’utilisation de cette terminologie des « pré-seniors » constituait toutefois une difficulté pour la définition du sujet et la conduite de cette étude. Les termes de « pré-seniors », « jeunes seniors » ou « nouveaux seniors » ne sont pas nouveaux et sont apparus - notamment dans le champ du marketing - pour mieux prendre en compte l’évolution des modes de vie des seniors, et les caractéristiques spécifiques des différents segments qui composent les générations les plus jeunes parmi les plus de 50 ans. Dans son ouvrage

1 Insee, Tableaux de l’économie française, avril 2014.2 Insee, « Projections de population à l’horizon 2060. Un tiers de la population âgé de plus de 60 ans », in : Insee Première, n° 1320, octobre 2010.3 Guérin S., L’invention des seniors, Préface à la nouvelle édition, 2007.4 Hébel P., Lehuédé F., « Les seniors, une cible délaissée », in : Consommation et modes de vie, CREDOC, n° 229, mai 2010.5 Burlot F., Lefèvre B., « Le sport et les seniors : des pratiques spécifiques ? », in : Retraite et société, n° 58, 2009/2.6 Enquête « Pratique physique et sportive 2010 », CNDS/Direction des Sports, INSEP, MEOS.7 Institut Régional de Développement du Sport, EPSF 2008-2012. 7

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« Le grand retour des seniors », en 2002, Serge Guérin distinguait ainsi « les nouveaux seniors » des « seniors fragilisés » et « seniors traditionnels »8, faisant apparaître à travers cette typologie les caractères distinctifs qui caractérisent cette population.

Cependant, ces termes et définitions sont loin d’être aujourd’hui couramment usités dans le débat public. Le terme « senior » est le plus couramment mobilisé, mais renvoie à des appréhensions mouvantes en termes de tranches d’âges ou de catégories sociales.

Dans le champ sportif, la question est par ailleurs porteuse d’une ambiguïté intrinsèque : dans les pratiques sportives, le terme « senior » fait référence à la catégorie adulte, tandis que les plus de 50 ans relèvent plutôt de celles des vétérans ou « super-vétérans ».

Au-delà du champ sportif, la notion apparaît difficile à cerner : de quelle population parle-t-on ? Les « baby-boomers », ceux que le marketing a baptisés « seniors », font certes l’objet de discours, de colloques et d’ouvrages, mais il apparaît rapidement qu’il est difficile de cerner les contours de cette génération. Les statistiques démographiques et économiques ou les études portant sur des questions plus qualitatives existent mais, faute d’une définition communément acceptée, elles portent sur des tranches d’âge différentes et permettent difficilement les comparaisons.

La définition est liée à l’âge, mais les limites fixées varient fortement selon les contextes et les champs de politiques publiques. Ainsi, en 2010, dans une étude sur la solidarité familiale, l’Insee définissait les seniors comme les 50 ans et plus, et identifiait à l’intérieur de cette grande catégorie de population, trois sous-catégories : les « pré-seniors » (50-64 ans), les mid-seniors (65-74 ans) et les grands seniors (75 ans et plus)9. En revanche, différents dispositifs développés pour favoriser « l’emploi des seniors » établissent leurs modalités d’éligibilité à partir de 45 ans. Dans les travaux qu’il publie sur la pratique sportive des seniors, l’Observatoire du sport en territoires limousins utilise lui le terme « seniors » pour qualifier des personnes âgées de 60 à 75 ans, autonomes et n’ayant pas d’activité professionnelle10.

La catégorie des plus de 50 ans est par ailleurs très hétérogène et sous un même vocable - « les seniors » - se cachent des réalités et des situations sociales fort

différentes, liées à des variables aussi discriminantes que l’âge, le sexe, l’état de santé, le niveau de formation, la catégorie socioprofessionnelle ou la trajectoire personnelle des personnes.

Les trajectoires d’un âge à l’autre apparaissent également moins nettes, plus diverses, plus complexes et incertaines. Comme l’ont montré notamment les travaux d’Anne-Marie Guillemard11, les frontières entre les actifs et inactifs du fait de l’âge deviennent plus poreuses. La retraite ne signifie plus nécessairement l’inactivité professionnelle complète ni l’inactivité sociale, et pour les personnes proches de la retraite, les situations peuvent être très contrastées, entre ceux qui terminent leur vie professionnelle, et d’autres qui peuvent être au chômage ou envisager la poursuite d’une activité, après la retraite.

Toutefois, s’il ne faut pas sous-estimer les différences qui traversent ces populations, force est de constater que ces « jeunes seniors », « pré-seniors » ou « nouveaux seniors » - suivant les différentes terminologies qui ont pu être accolées à cette catégorie sociologique encore mal définie -, sont bien au cœur de transformations notables des modes de vie des plus de 50 ans et porteurs de « tendances » sociologiques multiples et complexes.

Dans ce contexte et pour cette catégorie de population, la pratique d’un sport et l’engagement dans la vie associative peuvent revêtir une importance particulière. Plusieurs enquêtes sur les pratiques sportives des Français témoignent en effet, depuis le début des années 1980, du développement des pratiques des plus de 50 ans et de l’évolution des attentes y afférent.

Qu’en est-il réellement aujourd’hui ? Ces « pré-seniors » trouvent-ils des clubs et des associations répondant à la diversité et la spécificité de leurs attentes ? S’engagent-ils dans la vie de l’association sportive ? A quelles conditions ? Quels rôles jouent-ils dans la vie de ces associations ? Les modalités de fonctionnement de celles-ci répondent-elles à leur souhait et à leur disponibilité ?

Cette étude devait donc répondre à deux grands champs de questionnements :

8 Guérin S., Le grand retour des seniors, Eyrolles, 2002.9 Ah-Woane M., « La solidarité familiale en perte de vitesse », in : Economie de la Réunion, n° 137, décembre 2010.10 « Le sport et les seniors. Diagnostics territoriaux et perspectives de développement », Observatoire du sport en territoires limousins, janvier 2010.11 Guillemard, A-M., Les défis du vieillissement. Âge, emploi, retraite. Perspectives internationales, Armand Colin, 2010.

Si l’analyse se focalise sur la tranche des « pré-seniors » (55-64 ans), quels sont les déterminants de la pratique sportive de cette génération ?

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Peut-on identifier des spécificités dans l’appréhension de la pratique sportive des « pré-seniors » ? Quelles sont leurs principales attentes ? Leurs besoins ? Sont-ils différents de ceux des générations qui les ont précédés ? Des populations plus jeunes ?

Quel est le poids du facteur santé dans le choix des disciplines pratiquées, les évolutions potentielles dans l’appréhension de la pratique sportive ?

Les pratiques sportives des « pré-seniors » sont-elles avant tout déterminées par l’âge des pratiquants ou d’autres variables (genre, niveau de diplôme, ancienneté de la pratique sportive, etc.) apparaissent-elles plus discriminantes pour expliquer les différences observées au sein de cette population ?

Quel poids représentent les « pré-seniors » parmi les pratiquants, les encadrants des structures d’animation sportive ? Ces dernières ont-elles identifié un développement quantitatif de la demande de cette tranche d’âge ? Des demandes spécifiques ?

Ont-elles adapté leurs réponses, la nature de leurs activités ou le cadre proposé à leurs adhérents, pour mieux tenir compte des attentes potentiellement spécifiques de ces populations ?

Sont-ils impliqués dans le mouvement associatif ? Dans quelle mesure ?

Sous quelle forme et jusqu’où peut aller la conception du bénévolat pour cette population encore active, dont le temps libre est compté ?

Existe-t-il des spécificités dans des domaines comme le sport par rapport à d’autres dans l’implication des « pré-seniors » ?

Quels sont les ressorts de leur mobilisation ? Quels sont au contraire les freins à leur engagement associatif ?

Au-delà de la pratique sportive, quelle place le tissu associatif (dans le champ sportif) occupe-t-il dans la vie des « pré-seniors » et réciproquement ?

Comment cela s’est-il traduit ?

Si elles ne l’ont pas fait, quelles en sont les raisons ? Est-ce parce qu’elles n’ont pas identifié d’enjeux particuliers autour de cette population ? Est-ce parce qu’elles considèrent que ces « pré-seniors » n’ont pas d’attentes ou de besoins spécifiques ? Est-ce que leurs priorités sont plutôt tournées vers d’autres publics (jeunes en particulier) ?

Méthodologie de l’étude

Afin de favoriser la faisabilité de l’étude, la Mission d’observation et d’appui au contrôle (MOAC) de la DRJSCS d’Ile-de-France a souhaité faire porter cette étude sur des territoires restreints, à l’échelle de trois sous-bassins de vie et d’emploi franciliens12.

Un premier filtre a consisté pour la MOAC à cibler des communes correspondant à un ou deux bassins de vie des départements :

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des Yvelines, dont les Mureaux, qui s’étend sur quinze communes,des Hauts-de-Seine, dont Gennevilliers, sur six communes,de la Seine-Saint-Denis, dont Saint-Denis, sur quatre communes.

Ces bassins ont été « reconstitués » par la MOAC, dans la mesure où l’Insee considère que le bassin de vie centralisé sur la capitale englobe la totalité des trois départements de la petite couronne.13

Sur la base de ces trois territoires, une première extraction a pu être réalisée sur les bases de données de la DRJSCS répertoriant l’ensemble des associations sportives présentes sur ces territoires, identifiées suite aux recensements effectués par la DRJSCS entre 2009 (Seine-Saint-Denis) et 2012 (Hauts-de-Seine) sur ces départements.

1 773 associations ont été recensées sur le champ du sport, de la culture et des loisirs sur ces trois bassins, dont 831 associations intervenant uniquement sur le champ sportif.

12 « Les sous-bassins de vie et d’emploi de l’aire urbaine de Paris : quelle réalité en 2010 ? », Direction régionale et interdépartementale de l’Equipement et de l’Aménagement (DRIEA) d’Ile-de-France, juillet 2013.13 Selon l’Insee, le bassin de vie de Paris comprend les 564 communes des quatre départements centraux de la région Île-de-France (voir « Le nouveau zonage des bassins de vie 2012 » Insee). Les bassins de vie des Mureaux, de Gennevilliers et de Saint-Denis ont donc été reconstitués en s’appuyant sur l’étude de la DRIEA, « Les sous-bassins de vie et d’emploi de l’aire urbaine de Paris : quelle réalité en 2010 ? », op.cit.

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Un deuxième filtre a été effectué sur les bassins de vie retenus, en se concentrant sur les associations proposant des activités sportives susceptibles d’intéresser particulièrement les personnes âgées de 55 à 64 ans, ou dont les éléments d’informations relevés par exemple dans l’analyse de l’âge médian des licenciés laissent apparaître un taux important d’adhésion de la part de cette tranche d’âge. Ont ainsi été retenues les associations dont les activités relevaient des disciplines suivantes :

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La marche sportive : randonnée pédestre, raid, trekking, course d’orientation,La gymnastique,

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La sélection des disciplines pour ce deuxième filtre s’est faite à partir de l’Atlas national des fédérations sportives 2012. Cette nouvelle extraction a permis de sélectionner 231 associations couvrant ces différentes disciplines sur les trois bassins retenus pour l’étude.

La natation et la plongée sous-marine,Le tennis,Le golf,Le tir (dont le tir à l’arc),Le cyclisme : vélo, VTT, cyclotourisme,Les sports aériens : avion, planeur, ULM,Les sports mécaniques : automobile, moto, trial, etc.

Le terrain réalisé dans le cadre de l’étude

Une première phase a été constituée par la réalisation d’entretiens semi-directifs auprès d’un panel de représentants associatifs et d’adhérents de ces associations.

Les rencontres avec les représentants associatifs

Les représentants de neuf associations, œuvrant sur les trois bassins franciliens retenus, ont ainsi été rencontrés entre février et mai 2014.

Pour ces rencontres, le Cabinet ASDO a veillé à contacter des associations permettant de représenter :

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Une diversité de contextes territoriaux : ces associations couvrent les trois bassins, certaines sur un territoire communal, d’autres à une échelle intercommunale (à l’exemple de l’association Vital Gym des Mureaux, qui propose des ateliers sur plusieurs communes adjacentes) ;Plusieurs disciplines (des disciplines unisport

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Ces entretiens nous ont permis de rencontrer en entretiens individuels ou collectifs les principaux dirigeants de ces structures d’animation sportive (président, directeur, animateur, responsables de cours…) et de les interroger sur leur degré de perception du sujet, de cette demande potentielle sur leur territoire, de prise en compte de la demande des publics pré-seniors, l’adaptation potentielle de leurs activités et cadres d’intervention aux attentes et besoins de cette tranche d’âge, les freins et spécificités éventuellement identifiés en termes de pratique sportive et d’engagement associatif, les pistes de travail pour l’avenir …

olympiques, mais aussi unisport non olympiques et multisports) ;Des tailles différentes (en termes de volume d’adhérents) : des 2 970 adhérents de l’office municipal AGIR de Gennevilliers à la soixantaine d’adhérents de la Compagnie d’Arc des Mureaux.

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Les rencontres avec les adhérents

Vingt adhérents de ces associations ont ensuite été rencontrés, suite aux entretiens menés avec les représentants associatifs. Des entretiens individuels semi-directifs ont été réalisés avec des hommes et des femmes âgés de 55 à 64 ans, pratiquant une activité sportive au sein de ces associations, mais qui pouvaient être également adhérents d’autres associations sportives du territoire et pratiquer par ailleurs des activités physiques et/ou sportives de manière autonome.

Ces entretiens nous ont permis de reconstituer et d’analyser leur rapport au sport et leurs trajectoires

en termes de pratiques sportives et d’engagement associatif, de leurs pratiques de jeunesse à la retraite (pour ceux qui avaient atteint cette étape), en passant par l’entrée dans la vie associative, les ruptures potentielles de parcours et les différentes étapes qui ont pu transformer leurs engagements sportifs et associatifs, leurs manières de pratiquer ou la nature des pratiques adoptées.

Selon les situations, les entretiens ont pu se dérouler sur les lieux de pratique de l’activité (à l’issue d’un entraînement par exemple) ou dans tout autre lieu correspondant aux souhaits de l’adhérent (domicile, café,etc.).

Cette première phase avait mis en lumière l’intérêt d’approfondir les investigations auprès des fédérations et des collectivités locales, afin de mieux appréhender leur degré de prise en compte des enjeux liés à la pratique sportive et à l’engagement associatif des « pré-seniors ».

Les priorités de nombreuses fédérations comme des collectivités locales sont restées bien longtemps centrées sur le développement du sport pour les jeunes et ont de fait orienté la structuration de l’activité des associations sportives.

Le soutien apporté par certaines collectivités comme Gennevilliers ou Saint-Ouen à des associations ayant

développé spécifiquement des activités à destination de ce public (Office communal pour l’animation gennevilloise et l’initiative des retraités – AGIR, Union sportive multisections audonienne – USMA de Saint-Ouen) tend néanmoins à montrer l’intérêt porté par certaines collectivités aux besoins des seniors en matière d’offre sportive et associative. Plusieurs fédérations jusque-là peu mobilisées autour de la prise en compte des attentes et besoins spécifiques de ces populations ont également fait évoluer leur offre et la structuration de leurs activités.

Cependant, jusqu’où le sujet constitue-t-il un réel sujet de préoccupation des collectivités locales ou des fédérations ? Comment appréhendent-ils le sujet ?

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Les besoins des « pré-seniors » sont-ils pris en compte dans leurs documents d’orientations ou projets de services ? Dans quelles mesures se sont-ils saisis de la question ? Des initiatives ont-elles été prises ou envisagées ? Quelle est leur analyse des besoins et des attentes des « pré-seniors » ? Existe-t-il des territoires ou des initiatives « pilotes » en Ile-de-France, et en particulier sur les trois bassins franciliens étudiés, sur certaines disciplines ?

Afin d’affiner l’enquête qualitative menée lors de la première phase de l’étude, il a donc été proposé à partir de novembre 2014 de rencontrer sur les bassins franciliens étudiés les services concernés de plusieurs

Des rencontres avec les services concernés des collectivités locales sur les trois bassins faisant l’objet de l’étude

collectivités locales.

Ces rencontres pouvaient être organisées avec les services des sports des collectivités, mais également - si cela s’avérait pertinent - avec des services en charge de la vie associative ou des services proposés en direction des publics seniors.

Pour mener ces entretiens, nous avons privilégié des territoires sur lesquels avaient été rencontrés les acteurs associatifs lors de la première phase de l’étude.

Les entretiens menés avec les responsables des services des collectivités locales visaient notamment à mieux mesurer leur degré d’appréhension du sujet, les réponses potentiellement apportées sur le territoire et les pistes de travail pour l’avenir.

Des rencontres avec des représentants de fédérations sportives

La rencontre de représentants de fédérations sportives constitue un autre angle d’analyse qu’il a paru pertinent d’approfondir à l’issue de la première phase de l’étude. De fait, plusieurs représentants associatifs y ont fait référence lors des premiers entretiens, soit pour indiquer que les besoins et attentes des publics de plus de 55 ans faisaient l’objet d’une attention plus soutenue de leur fédération (en prenant l’exemple de compétitions ouvertes aux adhérents les plus âgés, comme cela nous a été mentionné pour le golf), soit au contraire pour nous indiquer l’absence d’informations sur ce sujet dans le cadre des communications de leur fédération.

De par la répartition des classes d’âge au sein de leurs licenciés, certaines fédérations se sont logiquement penchées sur le sujet. C’est le cas notamment des fédérations non olympiques et multisports affinitaires où le poids des licences « seniors » (comme la Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire ou les fédérations de cyclotourisme et de

randonnée pédestre) est beaucoup plus important que parmi les fédérations olympiques.

Cependant, il paraissait également intéressant de voir comment ces fédérations, où l’âge médian des licenciés est concentré sur les tranches d’âges les plus jeunes (comme la natation), appréhendaient ce sujet : comme pour les collectivités locales, il s’agissait d’interroger les conseillers techniques de ces fédérations pour identifier leur degré d’appréhension de cette demande et les réponses apportées (ou non) au sein de leur fédération, en termes de structuration de l’activité, en termes de communication auprès des associations affiliées, etc.

Afin de pouvoir disposer d’une diversité de points de vue, et en cohérence avec le terrain réalisé lors de la première phase de l’étude auprès des responsables associatifs, nous avons rencontré les fédérations suivantes :

- deux fédérations multisports : la Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire (FFEPGV), dont l’âge médian des

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licenciés atteint 53 ans selon l’Atlas des fédérations sportives 2012 et l’Union nationale sportive Léo Lagrange, dont l’âge médian des licenciés ne dépasse pas 32 ans. Ces deux fédérations rassemblent un public essentiellement féminin (60 % de femmes à l’Union sportive Léo Lagrange, 93 % pour la FFEPGV).

trois fédérations non olympiques : parmi celles-ci, les fédérations françaises de cyclotourisme (âge médian des licenciés : 58 ans) et de randonnée pédestre (âge médian des licenciés : 62 ans) et une fédération où l’âge médian des licenciés est moins important, comme la Fédération française d’aïkido et de budo (âge médian des licenciés : 30 ans), en cohérence avec le terrain réalisé lors des rencontres avec les responsables associatifs. Les fédérations de cyclotourisme et aïkido/budo regroupent essentiellement un public masculin (respectivement 83 % et 75 % d’hommes), tandis que la Fédération de randonnée pédestre accueille plutôt un public féminin (62 % de femmes).

deux fédérations olympiques : une fédération où la structure par âge des licenciés témoigne d’une forte représentation des publics jeunes, comme la Fédération de natation (66 % des licenciés franciliens de natation ont moins de 20 ans), ainsi qu’une fédération où la structure par âge des licenciés témoigne d’un poids des publics « seniors » beaucoup plus important, comme le golf (53 % des licenciés franciliens ont plus de 45 ans). La natation se distingue par la présence d’un public plutôt mixte (53 % de femmes) alors qu’on observe une forte représentation des hommes au golf (72 %).

Pyramide des âges des licenciésen Île-de-France

Natation

Golf

Source : Géographie francilienne des disciplines olympiques et paralympiques d’été, IRDS 2014.

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

L’exploitation du dispositif d’enquêtes développé par l’Institut régional de développement du sport (IRDS) sur les pratiques sportives des Franciliens

Dans le but d’améliorer les connaissances sur la pratique sportive en Île-de-France, l’IRDS a mis en place en 2007 un dispositif d’enquêtes annuelles téléphoniques. Il concerne les activités physiques et sportives hors du cadre professionnel et en dehors des déplacements.

Dans le cadre de l’étude sur les activités sportives des seniors, l’IRDS a traité et analysé les données issues de ces enquêtes.

Chaque année, 3 000 Franciliens âgés de 15 ans et plus sont interrogés sur les disciplines qu’ils exercent, et les modalités de leur pratique (fréquence, lieu, moment…). A ce jour, l’échantillon est composé de 12 500 individus, dont 1 650 âgés entre 55 et 64 ans.

En plus de l’activité encadrée, cette enquête offre l’avantage d’estimer la pratique hors institutions

(pratique autonome), qui concerne une large partie de la population, mais qui est difficilement quantifiable du fait justement qu’elle n’obéit à aucune règle de temps, d’espace ou de fréquence. Elle donne également des informations sur la population des non pratiquants et sur les freins à la pratique.

Cette approche quantitative, complémentaire, vient confirmer les hypothèses formulées lors de la phase qualitative en apportant des éléments chiffrés. Elle permet également d’aborder des points non traités dans la phase qualitative comme la pratique autonome et la non pratique.

Au-delà de ces démarches, cette étude s’est appuyée sur une analyse documentaire approfondie, permettant de mettre en perspective les enseignements issus du terrain qualitatif avec des travaux de différents experts, rapports, articles de réflexion, et enquêtes menées sur d’autres territoires, à l’instar du travail réalisé en Limousin en 2008 et 2010 par l’Observatoire du sport en territoires Limousins14.

Une analyse documentaire approfondie

ZOOM. Quelle définition et quelles modalités de mesure des activités physiques et sportives ?

Quel est le niveau de pratique sportive des pré-seniors ? Quels sports pratiquent-ils ? Comment ? Doit-on intégrer l’entretien physique dans l’analyse des données collectées ? Doit-on uniquement prendre en compte les pratiques institutionnalisées ? Depuis les premières enquêtes de l’Insee en 1967, plusieurs sondages et enquêtes se sont succédés pour apporter des éléments de connaissance sur l’évolution des pratiques sportives des Français ou de catégories de population particulières, évaluer les effets des politiques publiques menées sur le champ sportif ou des préoccupations de santé publique.

En raison de la polysémie des termes utilisés (le mot « sport » renvoie à des représentations culturelles qui sont loin d’être partagées par tous ceux qui pratiquent une activité physique15), la définition de la pratique sportive a toutefois connu des expressions différentes suivant les pays et les institutions en charge de ces enquêtes, la méthodologie utilisée, et sous l’effet des évolutions provoquées par la démocratisation de la pratique sportive, la diversification des formes d’exercice (encadrée, autonome, etc.) et l’émergence de nouvelles activités.

La définition de ce que peut recouvrir le terme « sport » est complexe et renvoie à la manière dont la question est formulée. De ce point de vue, le laboratoire de sociologie du sport de l’Insep, chargé en 1985 de mesurer les pratiques sportives des Français, a rompu avec les conceptions antérieures (souvent liées aux licenciés et à l’inscription à un club) en laissant les enquêtés définir eux-mêmes ce qu’ils entendaient par « faire du sport ». Plutôt que d’imposer une définition a priori, restrictive, les sociologues de l’Insep ont opté pour une conception large : « le sport, c’est ce que font les gens quand ils pensent qu’ils font du sport » (Irlinger, Louveau, Métoudi, 1987). « La stratégie était de renseigner toutes les pratiques renvoyant à l’idée de « faire du sport », d’intégrer un ensemble de pratiques de loisirs liées au plein air ou à la ville ou bien encore à l’entretien du corps. Cela permettait ensuite de discerner, à partir des déclarations des enquêtés, les modalités de leurs pratiques : intensité, lieux, moments, cadre institutionnel ou non » expliquent Fabrice Burlot et Brice Lefèvre16. Les enquêtes menées en 2000 et 2010 relèvent de cette logique : « elle vise à décrire la pratique physique et sportive au sens large, qu’elle soit autonome ou encadrée, intensive ou occasionnelle, à faire apparaître la plus grande diversité de pratiques physiques et sportives et à caractériser le profil socio-démographique des pratiquants et des non-pratiquants »17. Ces enquêtes demandaient aux personnes interrogées de citer l’ensemble des disciplines pratiquées, même occasionnellement, dans les douze mois précédant l’enquête, qu’elles considéraient elles-mêmes comme physiques ou sportives. Cette question ouverte était suivie d’une relance ayant pour objectif d’aider l’enquêté dans son effort de mémoire. Dans ses enquêtes, menées selon cette approche méthodologique, l’IRDS précise qu’une personne ne sera toutefois considérée comme sportive que si elle pratique au moins une activité de manière régulière, c’est-à-dire si elle déclare pratiquer une de ses activités physiques au moins une fois par semaine. Les activités physiques obligatoires (dans le cadre des études, du travail), ainsi que celles effectuées pour se déplacer (à pied, roller, ou à vélo, etc.) sont exclues de l’analyse.

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

14 « Le sport et les seniors. Diagnostics territoriaux et perspectives de développement », Observatoire du sport en territoires limousins, janvier 2010.15 « Activité physique. Contexte et effet sur la santé », INSERM, 2008.16 Burlot F., Lefèvre B., « Le sport et les seniors : des pratiques spécifiques ? », in : Retraite et société, op.cit.17 Enquête « Pratique physique et sportive 2010 », CNDS/Direction des Sports, op.cit.18 Lefèvre B., Thiery P., « Les principales activités physiques et sportives en France en 2010 », in : Stat-Info, ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, n° 11 pratiquées - 02, novembre 2011.19 Hénaff-Pineau P-C. « Vieillissement et pratiques sportives : entre modération et intensification », in : Lien social et politiques, n° 62, 2009.20 Burlot F., Lefèvre B., « Le sport et les seniors : des pratiques spécifiques ? », in : Retraite et société, n° 58, 2009/2.21 Enquête « Pratique physique et sportive 2010 », CNDS/Direction des Sports, INSEP, MEOS.22 Institut régional de développement du sport, EPSF 2008-2012.23 Dossier « Pratiques sportives : quelle place pour les seniors », in : Jurisport, n° 102, octobre 2010.

En France, le poids des activités physiques et sportives a fortement progressé depuis plus de 20 ans. « En comptabilisant l’ensemble des personnes pratiquantes, y compris les occasionnelles et celles qui ne pratiquent qu’en vacances, ce sont 89 % de la population qui, de près ou de loin, sont concernés par l’exercice d’une APS »18, précisaient en 2011 Brice Lefèvre et Patrick Thiery dans leur analyse de l’enquête réalisée par la Mission des études, de l’observation et des statistiques (MEAO) et l’INSEP sur les principales

L’APPREHENSION DU SUJET PAR LES COLLECTIVITES ET LES ACTEURS DU MONDE SPORTIF

activités physiques et sportives pratiquées en France en 2010.

En dix ans, à champ constant (population des 15-75 ans), à structure socioéconomique identique et à questionnement similaire, le taux de pratique a augmenté de cinq points entre 2000 et 2010. Son développement est particulièrement sensible pour les plus de 50 ans.

Une demande amenée à croître dans les années à venir

Des plus de 50 ans toujours plus nombreux à pratiquer une APS

Déjà entre 1967 et 1987, deux enquêtes de l’Insee menées sur les pratiques de loisirs des Français mettaient en évidence une augmentation des taux de pratique des personnes de plus de 50 ans : le taux de pratique des 50-60 ans passait ainsi de 27,8 % en 1967 à 30,6 % en 1987, et de 11,1 % à 18,7 % pour les plus de 60 ans19.

Si l’on observe uniquement la pratique d’une activité physique et sportive (APS), l’augmentation est encore plus sensible sur les trente dernières années, puisque celle-ci est passée de 59 % en 1985 à 73 % en 200020 et 84% en 2010 pour les personnes âgées de 50 à 74 ans21.

Actuellement, selon les enquêtes annuelles de l’IRDS, en Île-de-France, 87 % des 55-64 ans s’adonnent au moins une fois dans l’année à une activité sportive, 60% s’adonnent à une activité sportive au moins une fois par semaine, 44 % le font au moins deux fois par semaine22.

Ce développement devrait s’intensifier dans les années à venir. Dans un dossier consacré en 2010

à la pratique sportive des seniors, la revue Jurisport estimait à 2,5 millions le nombre de pratiquants seniors supplémentaires qui devrait être recensé à l’échelle nationale, à l’horizon 2050 : « En retenant des hypothèses raisonnables de taux de pratique de 52 % et 24 % pour les tranches d’âge 60-74 ans et 75 ans et plus, la France devrait compter près de 2,5 millions de pratiquants seniors de plus qu’à l’heure actuelle (6 millions environ). Ainsi on devrait assister à une progression relativement importante des pratiquants seniors allant jusqu’à 42 % de pratiquants supplémentaires entre 2010 et 2050 pour atteindre 8,5 millions de pratiquants. Cette estimation est plutôt minimaliste, puisqu’elle s’appuie sur des taux de pratique relativement peu élevés, compte tenu du fait que les pratiquants sportifs seniors en 2003 n’ont pas bénéficié de la même sensibilisation à la pratique sportive que les seniors de 2050 (nés entre 1970 et 1990) »23.

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Une tendance lourde : le vieillissement de la population

Ces évolutions sont de fait étroitement liées au vieillissement de la population. En France, l’espérance de vie à la naissance atteint 85 ans pour les femmes et 78 ans pour les hommes en 201324. En 2015, plus d’un tiers de la population française a plus de 50 ans (38 %).

Depuis 2000, l’accroissement du poids des seniors dans la population française s’est fortement accéléré, avec un rythme annuel de 1,8 % contre 0,3 % par an sur les 20 années précédentes. Cette croissance s’est principalement concentrée sur les 50-64 ans : 19,5 % de la population avait en 2010 entre 50 et 64 ans (soit 53 % des plus de 50 ans).

Selon les projections de l’Insee, si les tendances démographiques récentes se maintiennent, en 2020

les plus de 50 ans pourraient représenter 40,5 % de la population résidant en France métropolitaine.25 Sur 70 millions d’habitants que compterait la France en 2050, plus de 22 millions auraient plus de 60 ans, soit 85 % de plus qu’en 2000.

En Île-de-France aussi la tendance est au vieillissement de la population. Entre 2006 et 2030, la part des 60 ans ou plus devrait augmenter de 35 %, soit l’équivalent de 0,93 millions de personnes26. Une analyse territoriale plus fine encore révèle que le vieillissement de la population serait plus fort en grande couronne27. C’est à Paris, où le poids des seniors est déjà élevé, que l’augmentation de la part des 60 ans ou plus devrait être la plus faible (27 % entre 2007 et 2030), alors que dans le même temps cette augmentation serait de

Les « pré-seniors » ou « nouveaux seniors » : l’arrivée à la retraite de la génération du « baby-boom »

Au-delà du vieillissement de la population, même si la tendance tend à s’inverser ces dernières années , la seconde moitié du vingtième siècle a été également marquée par la réduction progressive de l’âge du départ à la retraite, passant de 65 ans à 60 ans, et parfois, sous certaines conditions de mise en pré-retraite, sous le seuil de 55 ans . Avec l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à l’âge de la retraite, des départs massifs de fin de carrière ont lieu depuis le début des années 2000 et devraient perdurer jusqu’en 202030.

50 % en Seine-et-Marne. En 2030, c’est le département des Yvelines qui devrait être le plus concerné par une demande de pratique des seniors (24 % de 60 ans ou plus), et ce d’autant plus qu’il s’agit de l’un des territoires franciliens les plus sportifs.

Dans l’hypothèse d’un taux de pratique en 2030 identique à celui observé aujourd’hui (52 % des Franciliens de 60 ans ou plus ont une pratique régulière) on peut estimer à 0,5 millions environ le nombre de pratiquants seniors supplémentaires d’ici 2030 en Île-de-France.

Source : Omphale 2010, scénario tendanciel

Une génération par conséquent encore en pleine possession de ses capacités physiques, et qui veut profiter du temps qui lui est accordé, de l’énergie et des ressources dont elle dispose : l’âge d’un nouvel épanouissement personnel, dont on attend beaucoup, en particulier lorsque les individus présentent une excellente forme physique et mentale.

Plus qu’une question d’âge, le développement de la pratique sportive renvoie en effet aux problématiques posées par le vieillissement des individus. À quel

24 Insee, Tableaux de l’économie française, avril 2014.25 CREDOC, « Etude de l’impact du vieillissement de la population sur l’offre et la demande de biens et de services de consommation », étude réalisée pour le ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’emploi, juin 2010.26 IAU-Idf, « Projections de la population francilienne à l’horizon 2030 », note rapide (489), novembre 2009.27 IAU-Idf, « Horizon 2030 : le cœur de l’agglomération résiste mieux au vieillissement », note rapide (599), juillet 2012.28 Govillot S., « Le passage de l’emploi à la retraite. Travailler pendant la retraite, une situation qui se développe », in : Insee Première, n° 1449, juin 2013.29 Burlot F., Lefèvre B., « Le sport et les seniors : des pratiques spécifiques ? », in : Retraite et société, n° 58, 2009/2.30 Delattre N., « Dans toutes les régions, des départs massifs de fin de carrière d’ici 2020 », in : Insee première, n° 1508, juillet 2014. 16

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âge l’idée d’être « vieux » s’impose-t-elle dans les représentations ? De fait, de plus en plus tardivement. Un recul qui renvoie aux gains constatés sur l’espérance de vie des personnes, mais qui témoigne surtout d’un allongement du temps « actif » des personnes et du développement concomitant des activités consommées par ce « troisième âge », constitué par ces « pré-seniors » et seniors actifs, pour lesquels les activités physiques et sportives prennent une place de plus en plus importante.

Dans leurs pratiques sportives, comme le précisent Fabrice Burlot et Brice Lefèvre, « une partie des 50-60 ans est aujourd’hui concernée par les problématiques qui étaient hier l’apanage des plus de 60 ans. Soit parce qu’elles sont effectivement à la retraite, soit parce qu’elles pratiquent un sport dans lequel elles ont le statut de vétéran et que, de façon générale, elles se situent à la limite de la vie active et de la vie inactive »31.

Une génération marquée par l’avènement de la société des loisirs et la démocratisation de la pratique sportive

A l’inverse des générations précédentes, les « pré-seniors » d’aujourd’hui ont par ailleurs dans leur grande majorité profité d’une éducation physique et sportive durant leur jeunesse, sous l’effet de la démocratisation et de la massification de la scolarisation secondaire, et d’une véritable politique sportive tournée vers la jeunesse mise en place sous l’impulsion de Maurice Herzog, haut-commissaire à la jeunesse et aux sports, à partir de 195832.

En Île-de-France, plus spécifiquement, seule une personne sur trois nées avant 1955 a côtoyé une association sportive au cours de sa jeunesse, 54 % des pré-seniors actuels (nés entre 1955 et 1965), contre 83 % des personnes nées entre 1985 et 199533. Au regard de l’importance des habitudes prises au cours de l’enfance, cette massification aura sans aucun doute des répercussions sur la pratique des futurs seniors qui seront plus familiers de l’univers sportif.

Au fil des dernières décennies la pratique s’est démocratisée : l’écart entre les hommes et les femmes sur la fréquentation d’un club avant 16 ans est passé de 23 points pour la génération née avant 1955, à 3 points pour la génération née entre 1985 et 1995.

Dotée d’une plus grande culture sportive, cette génération a accompagné le développement de la société des loisirs et de la consommation de masse et a été largement engagée dans les fédérations

Pratique sportive en club avant 16 ansselon les générations

Source : IRDS, EPSF 2010

sportives à partir des années 1960 : « Les retraités d’aujourd’hui ont réellement une culture sportive. Ils font souvent partie de la génération « sport », c’est-à-dire des Français du « baby-boom » qui se sont largement engagés dans les fédérations sportives à partir des années 1960 et qui ont entraîné une progression rapide du nombre de licenciés qui, entre 1960 et 1985, est passé de 3 à 12 millions »34.

Entre 1949 et 2011, le nombre annuel de licences délivrées par des fédérations sportives agréées a ainsi été multiplié par 8,4, passant d’1,8 millions de licenciés à 15,6 millions (dont 11 % d’augmentation entre 2001 et 2011)35.

31 Burlot F., Lefèvre B., « Le sport et les seniors : des pratiques spécifiques ? », in : Retraite et société, n° 58, 2009/2.32 Hénaff-Pineau P-C. « Vieillissement et pratiques sportives : entre modération et intensification », in : Lien social et politiques, n° 62, 2009.33 Institut régional de développement du sport (IRDS), « L’entrée dans la vie sportive en club des Franciliens », in : Les dossiers de l’IRDS, n°15, mai 2011.34 Burlot F., Lefèvre B., « Le sport et les seniors : des pratiques spécifiques ? », op.cit.35 Cléron E., « 10 ans de licences sportives : 2001-2011 », in : Stat-Info, ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative,n° 13-03, août 2013. 17

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Des seniors de plus en plus sportifs

Dès lors, si les différentes enquêtes menées depuis les années 1980 sur les pratiques physiques et sportives des Français tendent à montrer un fléchissement des taux de pratique avec l’avancée en âge36, Pia-Caroline Hénaff Pineau souligne également en comparant les enquêtes menées en 1985 et 2000 que « les sexagénaires, à l’aube du XXIème siècle, pratiquent autant que les trentenaires de 1985, mais surtout, ils pratiquent plus que lorsqu’ils avaient 15 ans de moins. Pour cette génération, non seulement la pratique ne baisse pas avec l’âge, mais au contraire elle augmente, mettant en défaut l’idée d’une diminution progressive de la pratique avec l’âge. Ce qui (…) montre que la pratique d’une activité physique s’intègre de plus en plus, au fil des générations, dans les modes de vie aux différents âges »37.

Comme le montrent les différentes enquêtes menées sur la pratique sportive des Français, la retraite, qu’elle soit effective ou anticipée, représente bien souvent un moment charnière dans le parcours sportif des personnes de plus de 50 ans. Etape privilégiée pour un développement de la pratique physique et sportive, et dans certains cas de l’engagement associatif, elle se caractérise bien souvent par une augmentation des pratiques, de la fréquence d’entraînement, mais aussi pour certains par une diversification au service d’une finalité : le bien-être et le « bien vieillir ». L’activité sportive comme un moyen de rester autonome le plus longtemps possible.

Une évolution que l’on retrouve également en Île-de-France. Dans la région, le taux de pratique sportive régulière des 55-64 ans augmente avec le passage à la retraite : il est de 58 % pour les actifs, contre 65 % pour les retraités.

La non pratique reste aussi présente quel que soit le statut du senior, mais la pratique occasionnelle baisse de 8 % avec la fin de l’activité professionnelle : le passage à la retraite n’incite donc pas les personnes éloignées du sport à débuter une activité sportive ; en revanche, il offre aux pratiquants occasionnels la possibilité d’intensifier leur pratique.

« Dans quelques années, j’aurai quelques années de plus. Je pense beaucoup à ça. Ce n’est pas l’angoisse de vieillir, ni les rides, mais c’est la possibilité de pouvoir toujours se mouvoir. C’est très présent chez moi, ça. Pourrai-je encore ? »

M., 64 ans, retraitée, pratique lagymnastique douce, la marche et la natation

La pratique sportive des Franciliensde 55-64 ans selon leur activité

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

36 Burlot F., Lefèvre B., « Le sport et les seniors : des pratiques spécifiques ? », op.cit. ; Hénaff-Pineau P-C. « Vieillissement et pratiques sportives : entre modération et intensification », op.cit.37 Hénaff-Pineau P-C. « Vieillissement et pratiques sportives : entre modération et intensification », op.cit.

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Des enjeux plus ou moins bien évalués et considérés au sein des collectivités et du monde sportif (local et national)

Le développement de la pratique sportive des seniors s’inscrit dans un mouvement plus large de promotion par les pouvoirs publics - l’échelle nationale et internationale - de la pratique d’une activité physique et sportive comme un levier incontournable permettant de favoriser le « bien vieillir » et la prévention de la dépendance physique : « A l’heure actuelle, les politiques publiques de la santé et de la vieillesse s’emparent de l’activité physique pour constituer avec la nutrition « le socle d’une bonne santé »38 à tous les âges de la vie, et tous les programmes internationaux et nationaux du « Bien vieillir » promeuvent un mode de vie actif pour les personnes âgées », rappelait Pia-Caroline Hénaff-Pineau en 200939.

« Promouvoir une activité physique et sportive » constituait ainsi l’axe 3 des mesures du Plan national « Bien vieillir » 2007 – 2009, piloté par la Direction générale de la santé, la Direction des sports et la Direction générale de la cohésion sociale. Rappelant que « pour les personnes âgées, les activités physiques préviennent la dépendance physique, les chutes et contribuent à une meilleure qualité de vie, (…) participent au recul du sentiment de diminution des capacités physiques, et (…) constituent également un support privilégié en termes d’intégration sociale et de solidarité », ce plan se fixait notamment pour objectifs de recenser et améliorer la connaissance des offres et des pratiques adaptées aux seniors, et développer l’offre des fédérations sportives à destination du public senior. Ces mesures à destination des personnes âgées de 55 à 75 ans se déclinaient en cinq orientations principales : la réalisation d’un annuaire des associations sportives proposant des activités pour les seniors ; le soutien des fédérations sportives s’adressant aux seniors ; la formation des professionnels ; l’évaluation des aptitudes physiques des seniors ; la mise sur pied d’une journée « portes ouvertes » pour les seniors des fédérations.

Ce travail a été poursuivi le 3 juillet 2013, avec la mise en place, par Valérie Fourneyron, ministre des Sports, et Michelle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes âgées, d’un groupe de travail sur « les activités physiques et sportives pour les

seniors », dont les travaux ont été restitués en janvier 2014. Le rapport Rivière, issu de ces travaux interministériels, dégageait ainsi un certain nombre de recommandations, distinguant des propositions pratiques et « urgentes », et des propositions plus larges à inscrire dans un temps plus long (formations, programmes de recherche...). A noter que dans ces travaux, différents « sous-groupes » sont différenciés au sein de la population des seniors, en fonction de leur forme physique et de leur degré d’autonomie - personnes en bonne santé ou « robustes » ; personnes fragiles ; personnes dépendantes -, soulignant ainsi l’hétérogénéité des besoins de cette catégorie d’âge et des réponses à y apporter.

Retarder le plus possible la venue de la dépendance est donc devenu une priorité au regard du coût que représente la perte d’autonomie pour la collectivité. Cependant, en dépit de cette mobilisation institutionnelle, force est de constater que la pratique physique des plus de 50 ans suscite peu d’analyses de la part du monde du sport. Comme le rappelait en 2009 Pia-Caroline Hénaff-Pineau, il a fallu « attendre 2002 pour trouver dans la publication des résultats de l’enquête « Les pratiques sportives en France en 2000 », menée par le ministère des Sports et l’INSEP, une synthèse de quelques caractéristiques spécifiques aux pratiquants seniors »40.

En Ile-de-France, ce n’est qu’en 2003 que l’exploitation de l’enquête permanente sur les conditions de vie des ménages (EPCV, Insee) réalisée par l’IAURIF a permis pour la première fois d’évaluer les pratiques sportives des Franciliens et de disposer d’éléments de profil en fonction de facteurs comme le sexe, l’âge (en particulier sur les 55 ans et plus), le diplôme ou le niveau de revenus. Ces facteurs ont été croisés avec l’intensité de la pratique, les disciplines ainsi que les modes de pratique (encadrée, autonome, etc.).

La publication des résultats de ces enquêtes ne permet par ailleurs bien souvent que de manière très partielle d’affiner l’analyse des pratiques des seniors suivant les différents « segments » qui composent cette population.

38 Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), La santé vient en bougeant, guide élaboré dans le cadre du Programme national nutrition santé, 2004.39 Hénaff-Pineau P-C. « Vieillissement et pratiques sportives : entre modération et intensification », in : Lien social et politiques, n° 62, 2009.40 Hénaff-Pineau P-C. « Vieillissement et pratiques sportives : entre modération et intensification », op.cit.

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Si la tranche d’âge des 55-64 ans - « pré » ou « nouveaux seniors » - est parfois plus ou moins bien identifiée, les entretiens que nous avons menés auprès de différents dirigeants associatifs montrent également que ceux-ci ne semblent pas avoir bien évalué et considéré dans leur activité les enjeux liés à cette demande potentielle lorsqu’elle ne constitue pas la catégorie dominante de leurs licenciés.

Les échanges que nous avons pu avoir dans le cadre de cette étude montrent souvent, dès la prise de contact, qu’une partie importante des acteurs du monde associatif sportif n’a pas identifié une demande particulière au niveau de cette tranche d’âge, ne s’est

pas véritablement posé la question et ne perçoit pas précisément les enjeux pour son association.

Comme nous l’avons précisé en introduction de cette étude, la notion de « pré-seniors » n’est pas aujourd’hui une notion de référence pour les acteurs du monde sportif associatif rencontrés. Ces termes sont loin d’être couramment usités dans le débat public et peuvent être porteurs d’ambiguïté dans le monde sportif, pour lequel le terme de « senior » fait référence à la catégorie « adulte », tandis que les plus de 50 ans relèvent plutôt de celles des « vétérans » ou « super-vétérans ».

Un sujet diversement appréhendé au sein des fédérations unisport olympiques

La perception du sujet par les acteurs associatifs locaux est souvent étroitement liée au degré de prise en compte des attentes et besoins de ces publics par leurs fédérations respectives.

Certaines fédérations olympiques, comme la Fédération française d’athlétisme (FFA) par exemple, ont bien engagé une réflexion pour élargir le cercle de leurs licenciés, notamment aux plus de 50 ans. Depuis 2006, la FFA a ainsi beaucoup développé la marche nordique (à l’exemple du club d’athlétisme des Mureaux), qui rencontre un vif succès auprès des seniors.

Dans les disciplines où les seniors sont les plus représentés, différentes adaptations statutaires ont pu être mises en œuvre : à la Fédération française de natation, douze catégories d’âge sont ainsi proposées, dont six réservées aux plus de 55 ans. L’offre compétitive a également été ajustée : face au poids grandissant des « maîtres » (catégorie d’âge regroupant les 25-95 ans) parmi ses licenciés depuis les années 1980, de nombreux programmes compétitifs ont été développés à destination des pratiquants de cette tranche d’âge – les compétitions étant ensuite organisées par catégories d’âge, par tranches de cinq années, et par sexe. Si la politique fédérale ne cible pas ici les 55-64 ans en particulier, ceux-ci représenteraient une part significative des licenciés maîtres selon un conseiller technique de la Fédération rencontré en entretien.

De la même manière, à la Fédération française de pétanque et de jeu provençal, certains tournois sont

« La Fédération alimente les programmes sportifs des maîtres, en organisant des inter-clubs, des compétitions d’hiver, d’été… Il y a de plus en plus de compétitions pour eux, au niveau départemental, régional, national, etc. C’est vrai que l’offre de pratique a beaucoup augmenté au travers des compétitions. Ça reste assez récent. Mais des années 1980 à aujourd’hui, on observe vraiment une montée en puissance. […] Aux derniers championnats mondiaux des maîtres, il y avait 10 000 personnes. C’est démentiel. Avant, les pratiquants de cet âge ne trouvaient pas leur place, alors que c’est une pratique qui existait depuis longtemps. Là, elle s’est renforcée avec l’organisation des compétitions, et ça a entraîné des clubs à proposer cette pratique pour des nageurs qui n’étaient pas des compétiteurs, mais qui tendaient vers la compétition ».

Conseiller technique de la Fédération française de natation

dédiés aux plus de 55 ans et les règles du lancer sont, dans certains cas, adaptées aux plus de 65 ans41.

Accueillant près de 100 000 licenciés de 55 à 64 ans en 2014 (95 414 en 2014 contre 58 156 en 2000)42, la Fédération française de golf s’est logiquement fortement intéressée aux pratiquants de cette tranche d’âge. Chaque Ligue dispose d’un responsable « seniors » au sein de son équipe. Les 55 - 64 ans constituent globalement le cœur de cible de la population pratiquante : la moyenne d’âge des licenciés est de 50,7 ans et l’âge médian de 55 ans en 201443.

41 Dossier « Pratiques sportives : quelle place pour les seniors », in : Jurisport, n° 102, octobre 2010.42 Statistiques Fédération française de golf.43 Ibid. 20

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

« Le profil du golfeur de plus de 50 ans joue de plus en plus, il s’intéresse moins à d’autres sujets, et il est en surpoids modéré et il est sensible à l’item santé. On est un peu cœur de cible de cette population. C’est un sport où vous pouvez facilement démarrer une activité, ou redémarrer quel que soit votre âge, et c’est le sport de reconversion des sportifs (rugbymans, handballeurs, etc.) parce que dans le golf ils peuvent garder l’adrénaline, l’envie de gagner, etc. Et puis, les golfeurs jouent avec des personnes qui leur ressemblent, vous ne vous retrouvez pas avec des jeunes tous les week-ends. […] Le golf est un des deux ou trois sports qui va réunir le plus de critères pour séduire cette population : socialisation, prévention par la socialisation, le jeu,etc. ».

Médecin fédéral de la Fédération française de golf

En Ile-de-France, le circuit « senior » (55 ans et plus pour les hommes et 50 ans et plus pour les femmes) prend ainsi une importance croissante et certains tournois doivent refuser du monde en semaine. Une catégorie « Seniors vétérans » a également été créée pour les plus de 65 ans, avec des parcours moins longs. La Fédération a surtout fortement investi la problématique santé : au-delà du travail de sensibilisation au sein de la Fédération, la FFG a créé un comité Sport Santé et répondu à plusieurs appels d’offres du CNOSF et du ministère pour construire un outil de prescription des APS pour les médecins, expliciter l’intérêt du golf par rapport au bien-vieillir, les précautions à prendre, travailler sur le sujet de l’obésité, etc.

La thématique santé est systématiquement traitée dans les formations d’origine des formateurs de golf, « beaucoup plus que cela ne l’était auparavant » (médecin fédéral).

Ces fédérations témoignent d’une réelle prise de conscience en leur sein, parfois récente, de la nécessité d’adapter la palette de leurs offres pour répondre à la spécificité et la diversité des besoins des seniors, et en particulier des « pré-seniors ».

Cependant, la déclinaison de ces actions ou programmes reste bien souvent à l’appréciation des clubs et peut être appréhendée de manière très disparate et parcellaire.

Même si des évolutions ont pu être constatées dans le cadre de cette étude, les constats posés en 2012 dans le cadre d’un dossier consacré par l’Ufolep au sport pour les plus de 50 ans ne nous semblent pas être réellement invalidés en particulier au niveau local : « la plupart des fédérations doivent encore engager une véritable révolution culturelle pour attirer un public plus âgé. Car le modèle sur lequel le mouvement sportif français s’est constitué est inadapté »44. De nombreux clubs sont encore essentiellement tournés vers la compétition et n’ont pas véritablement diversifié leurs offres (ou à la marge).

La communication déployée par le mouvement olympique et fédéral français cible par ailleurs beaucoup plus largement les pratiques sportives des publics jeunes que celles des seniors. Certaines fédérations sportives, comme la Fédération française de basket par exemple, proposent de multiples catégories de licences entre 4 et 18 ans, mais une seule au-delà. Même une fédération comme la Fédération

« Ils ont tout intérêt de comprendre pourquoi c’est important. S’ils ne comprennent pas que l’on n’enseigne pas de la même manière à un jeune par rapport à une personne qui a plus de 50 ans, la personne ne va pas revenir ».

Médecin fédéral de la Fédération française de golf

française de golf, au sein de laquelle les « seniors » représentent une part importante des licenciés, se tourne actuellement plus spécifiquement vers les plus jeunes :

« Tant qu’on gagnait des licences on ne se posait pas trop les questions. En plus il y a beaucoup de compétitions, beaucoup de choses qui sont proposées, beaucoup plus qu’aux jeunes. Depuis qu’on est en perte de licences, on va plutôt vers les jeunes, car ce sont ceux qu’on a le moins. Les seniors, ils ont la possibilité de jouer, ils peuvent être élus, bénévoles, participer à des compétitions, participer à l’encadrement des compétitions, des formations… Les jeunes n’ont pas tout ce volet-là. On travaille plus vers ce public-là. La priorité elle est partout, mais il y a des groupes de travail qui s’interrogent sur le développement du golf pour les jeunes. Mais pour les plus âgés, il y a des choses qui sont déjà spécialement proposées pour eux ».

Directrice technique nationale adjointe

44 « Les plus de 50 ans et le sport », Dossier de la revue « En jeu », Ufolep, n° 1, avril 2012.

Historiquement, les fédérations olympiques ont eu tendance en majorité à tourner leur offre vers un public jeune. La structure par âge des licenciés français en témoigne : hors fédérations scolaires, la part des moins de 20 ans parmi les détenteurs de

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licences est estimée à 45 % (alors que la part de cette tranche d’âge est d’environ 25% dans l’ensemble de la population française) et cette surreprésentation est particulièrement marquée parmi les fédérations unisport olympiques où les moins de 20 ans représentent 55% des licenciés45. Dans les fédérations unisport olympiques, moins de 10% des licences concernent des pratiquants de plus de 50 ans46.

Les actions à destination des pratiquants plus âgés restent encore liminaires dans plusieurs fédérations unisport olympiques. Par ailleurs, si la « mise à l’agenda » du sport-santé a pu faire « bouger les lignes » dans certaines fédérations et participer à impulser certains changements, ceux-ci, bien souvent, ne ciblent pas les pré-seniors. A titre d’illustration, l’une des fédérations étudiées a développé un certain nombre d’actions au titre du sport-santé, mais s’est concentrée sur un volet de « prévention secondaire » (personnes très âgées, atteintes de maladies chroniques…) plutôt que de « prévention primaire ».

Si une prise de conscience est incontestable parmi les sports olympiques, force est de

« La fédération reste quand même centrée sur la jeunesse, sauf depuis le sport-santé où on s’intéresse à d’autres publics, mais c’est avec une vision très médicale… Quand la fédération propose du sport-santé, elle l’affiche pour ceux qui ont des maladies lourdes, des maladies chroniques, etc. Cela a surtout été axé sur la prévention secondaire, et pas du tout la prévention primaire, qui consiste plus à garder son maintien physique, social en l’état. On a développé des contenus de formation significatifs, en lien avec les ARS, des médecins, et qui débouchent sur un diplôme fédéral qui permettent dans un club d’avoir un label sport-santé, etc. Mais ça reste vraiment orienté sur un public de personnes malades ».

Conseiller technique

constater que les actions et activités destinées aux seniors sont beaucoup plus développées dans les fédérations unisport non olympiques et multisports (Fédérations françaises de cyclotourisme, de randonnée pédestre, de golf, de pêche, de pétanque, de parachutisme, etc.) où la part des licences délivrées aux plus de 50 ans est généralement beaucoup plus élevée.

Une réflexion plus développée au sein des fédérations unisport non olympiques et multisports

Cette offre répond de fait plus facilement aux attentes d’une majorité de seniors et propose des activités plus spécifiquement orientées vers la satisfaction de ce public.

45 Cléron E., « Les licences et clubs des fédérations sportives agréées en 2012 », in : Stat-Info, ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, n° 14-01, janvier 2014.46 Dossier « Pratiques sportives : quelle place pour les seniors », in : Jurisport, n° 102, octobre 2010.47 Recensement des licences et clubs 2011, MEOS, in Atlas national des Fédérations Sportives 2012, ministère en charge des Sports.

Exemple : extrait d’une plaquette à destination des seniors - Fédération française d’aïkido, aïkibudo et affinitaires

Ces activités intègrent de manière intrinsèque la notion de sport-santé, de maintien de la condition physique, mais aussi dans certains cas la notion de sport-nature et de sport-loisir, caractéristiques des pratiques dominantes des seniors.

Ces différents éléments sont, pour certaines fédérations, explicitement valorisés dans des supports de communication dédiés aux seniors.

Les deux fédérations d’aïkido ont par exemple mis en place des plaquettes / documents spécifiques qui mettent en avant les dimensions santé et bien-être associées à la discipline.

Certaines fédérations, comme la Fédération française de randonnée pédestre (FFR) ou encore la Fédération française de cyclotourisme (FFCT), qui s’inscrivent historiquement dans ces valeurs et ces approches, ont ainsi « naturellement » des médianes d’âge relativement élevées (en 2011, 62 ans pour la FFR, 58 ans pour la FFCT)47, avec des licenciés qui vieillissent. Pour elles, l’enjeu de développement de la fédération se situe plutôt du côté du « rajeunissement » de

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Ces fédérations et les associations qui en dépendent mobilisent également plus fréquemment des professionnels capables de bien connaître et de répondre aux attentes de ces publics. Elles s’appuient fortement sur ces mêmes seniors afin qu’ils puissent apporter leur expérience et leur énergie, en tant que responsable de cours, animateur, instructeur, etc.

Cette dimension est très présente au sein des associations rencontrées dans le cadre de cette étude.

leurs licenciés. A cet égard, la tranche d’âge des « pré-seniors » peut constituer une cible pertinente, intéressante à plusieurs titres :

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Plusieurs fédérations mettent donc en place des stratégies volontaristes pour toucher davantage ces publics. D’autres n’ont pas formulé explicitement cet objectif dans leur stratégie fédérale, mais l’évolution des activités proposées conduit de fait à rajeunir la moyenne d’âge des licenciés. Selon les fédérations, les actions mises en œuvre en ce sens peuvent passer par :

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Elle constitue un vivier potentiel pour de nouvelles adhésions, ces fédérations « couvrant » déjà les tranches d’âge les plus élevées. Avec des projections qui estiment à 8 millions le nombre de départs à la retraite entre 2010 et 202048, ces nouveaux retraités plus disponibles peuvent constituer un appui important pour la fédération. Elle permet également de renouveler les équipes d’encadrement et de direction des clubs, parfois vieillissantes, et d’aller chercher de nouvelles compétences (outils numériques, outils de communication, relations et proximité avec la fédération etc.), pour ces fédérations fortement construites sur le bénévolat associatif. Cet enjeu est aujourd’hui d’autant plus important pour les fédérations que ces fonctions exigent des bénévoles de plus en plus de « professionnalisme » et induisent de plus en plus de « responsabilités ».

La mise en place d’activités plus « dynamiques », plus « physiques », qui répondrait mieux aux attentes d’un public plus jeune et plus en forme. La Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire (FFEPGV) a particulièrement travaillé cette orientation.

« On propose plutôt des activités qui bougent, des activités dynamiques, au départ pour rajeunir, et en fait on s’aperçoit que cela touche ces publics. Sauf qu’ils ne peuvent pas forcément suivre. (…) On est en train de développer tout ce qui est activités tendances, activités dynamiques, à base d’activité fitness : on travaille sur du pré-chorégraphié. Ce sont des enchaînements de pas dansés. C’est quelque chose qui devrait marcher, mais on n’a pas encore les effets sur les statistiques entre nos intentions et la mise en œuvre sur le terrain. (…) La logique de la fédération c’est d’afficher par activités et aussi par intentions éducatives : pour les plus jeunes on rentre par l’activité, et dès qu’on monte en âge on entre par les intentions éducatives ».

Conseiller technique FFEPGV

48 « Dans toutes les régions, des départs massifs de fin de carrière d’ici 2020 », INSEE Première, n°1508, juillet 2014.

Le développement de la marche nordique en constitue un autre exemple : plusieurs fédérations ont investi ce créneau et la proposent dans leurs clubs (la Fédération française d’athlétisme, fédération de référence pour la marche nordique, mais aussi la Fédération française de randonnée, la Fédération française sport pour tous, des accompagnements privés, etc.). Des phénomènes de « concurrence » entre fédérations sont même perceptibles pour « capter » ces publics : certaines fédérations unisport olympiques élargissent leur offre à une pratique plus axée sur le « sport-loisir », tandis que des fédérations unisport non olympiques développent une offre plus « sportive » pour capter des publics plus jeunes.

La mise en place de démarches concertées avec les entreprises pour s’adresser aux salariés en fin de carrière et préparer leur passage à la retraite, comme le comité régional Lorraine de la Fédération française de randonnée pédestre a par exemple eu l’occasion de l’expérimenter en 2011, au travers du programme « Bien vieillir » et de l’appel à projet lancé à cet effet par le ministère en charge des Solidarités et de la Cohésion Sociale.

« La fédé prône depuis longtemps le sport santé. Moi j’étais animatrice et on avait une formation associative, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, les animatrices avaient le brevet d’Etat, elles ne l’ont plus ».

Mme C., Présidente d’une association des Mureauxaffiliée à la Fédération française d’éducation

physique et de gymnastique volontaire

« On faisait notre entraînement aussi parce qu’on a notre prof qu’on adore et qui a bien compris nos attentes : si c’était un autre prof qui passerait son temps à nous faire faire des exercices, qui n’aurait pas cette mentalité là, ce ne serait même pas la peine ».

C., 56 ans, en emploi, pratique le tennis,la natation et la gymnastique dansée

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« Pendant les vacances, on fait de l’initiation avec les enfants. C’est plutôt nous, car les autres ils travaillent, mais nous comme on est à la retraite, on est plus dispos ».

J-F., 65 ans, retraité, pratique le tir à l’arc

La question de la formation des animateurs - éducateurs est d’importance et marque bien souvent une différence avec les associations affiliées aux fédérations unisport olympiques : « Il y a pour l’instant pénurie d’éducateurs sportifs spécialisés. Faute de formation, mais aussi de motivation. Beaucoup de jeunes animateurs sportifs ne sont pas intéressés par ce public, ou ne savent pas adapter leur pratique à celui-ci, remarque Raymonde Feillet49. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles beaucoup de seniors préféreront pratiquer une activité physique par le biais de leur foyer rural ou de leur club de troisième âge, plutôt que dans une association sportive »50.

Plusieurs fédérations unisport non olympiques ou multisports ont ainsi mis en place des formations spécifiques pour leurs animateurs et responsables de cours afin d’appréhender au mieux leur public de pratiquants seniors, au regard de leurs possibilités physiques, de leur rythme, etc., à l’image de la FFEPGV :

« A travers le CQPLS51 (165 heures de formation : 105 en centre de formation et 60 heures en alternance), on les fait travailler sur comment faire une séance d’animation, et la connaissance des publics. Sauf qu’en 105 heures de formation en centre, on ne peut pas connaître tous les publics. Donc on propose des compléments de formation pour développer les compétences sur le public enfant, le public adulte ou le public senior. Et c’est une porte d’accès au brevet professionnel s’ils veulent aller jusque-là. (…) On a un savoir-faire sur tout ce qui est diabète, obésité, cancer. On a un programme par exemple « Gym après cancer », qui a été monté avec un CHU. On forme aussi au brevet professionnel (niveau 4) et les universitaires, les Staps, qu’on ne peut pas former (on n’est pas habilités), mais qui viennent chez nous pour des compléments de formation ».

Conseiller technique FFEPGV

49 Auteure de l’ouvrage Souci du corps, sport et vieillissement, Erès, 2005.50 « Les plus de 50 ans et le sport », Dossier de la revue « En jeu », Ufolep, n° 1, avril 2012.51 Certificat de qualification professionnelle animateur de loisir sportif.

Les deux fédérations françaises d’aïkido (Fédération française d’aïkido, aïkibudo et affinitaires et Fédération française d’aïkido et budo) se sont par exemple dotées depuis plusieurs années de commissions seniors, afin de promouvoir la discipline auprès de ce public et de mettre en place des formations spécifiques à destination des enseignants et des pratiquants.

Des stages sont ainsi organisés afin d’apprendre à pratiquer la discipline de manière adaptée ou d’adopter une pédagogie différenciée face aux pratiquants, en fonction de leur âge, en tenant compte de leur forme, de leur trajectoire sportive antérieure (sans que cela ne se traduise nécessairement par des cours dédiés aux seniors).

« On organise un stage bientôt sur cette thématique des seniors. Ça peut concerner les enseignants, pour qu’ils aient une approche pédagogique spécifique, qu’ils puissent organiser un cours en fonction de la condition physique des seniors, parce qu’on peut avoir des pratiques à risque en aïkido, les chutes par exemple. C’est un stage à destination des enseignants et des seniors en même temps. Parce qu’on a des seniors qui veulent pratiquer avec les jeunes, mais il faut connaître ses limites, et c’est aussi aux profs de gérer la sécurité, etc. Il y a toute une connaissance à parfaire, on a travaillé notamment avec la commission médicale, au niveau articulaire, cardiaque, des problèmes qui sont un peu inhérents à partir d’un certain âge, ou la motricité, le souffle, le temps de réaction… Parce que si la personne n’a pas pratiqué de sport depuis pas mal d’années, il faut être assez prudent. Et c’est aussi pour les autres pratiquants qui ont plus de tonus, qu’ils sachent comment aborder les seniors. Adapter ses gestes, avoir un mouvement adapté à chaque personne, ne pas forcer les choses ».

Membre de la commission senior, Fédération françaised’aïkido, aïkibudo et affinitaires

Les fédérations multisports affinitaires sont quant à elles par nature particulièrement marquées par la fonction sociale du sport, et ont investi l’entrée du « sport senior » par ce biais.

Par exemple, l’Union nationale sportive Léo Lagrange, faisant écho aux valeurs du mouvement, cherche à s’appuyer sur le sport pour favoriser l’inclusion sociale, et s’est mobilisée en 2011 sur un appel à projet ministériel pour la prévention de la perte d’autonomie des « seniors » de 57 ans et plus. Dans ce cadre, elle a mis en place un dispositif dédié appelé « 2ème souffle », dont l’objectif est de permettre l’accès au sport et de pérenniser l’activité sportive de seniors en voie de marginalisation, en s’appuyant sur dix sites expérimentaux, autour desquels la fédération anime une démarche partenariale en lien avec les acteurs locaux. Pour chacun d’entre eux, des ateliers sportifs adaptés sont mis en place pour les publics identifiés.

Au-delà de la pratique sportive, le sport est dans ce cas abordé comme un « vecteur » permettant

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plus globalement de s’inscrire dans une démarche d’accès aux droits et aux soins (en lien avec l’activité d’accompagnement social et d’animation de la vie sociale exercée par ailleurs par les structures relevant de la Fédération d’éducation populaire Léo Lagrange ;

en lien également avec la visite médicale destinée à l’obtention du certificat médical nécessaire pour l’adhésion à la fédération, qui permet parfois de rétablir un parcours de soin).

Un public de plus en plus ciblé par les collectivités locales, qui peuvent accompagner le développement d’activités à leur attention

Même si elles ont pris du retard en la matière, l’étude menée sur les trois bassins franciliens tend à montrer que les collectivités et leurs relais associatifs s’intéressent de plus en plus à la pratique sportive des plus de 50 ans, comme une réponse aux besoins potentiellement identifiés en termes de santé publique, d’accès aux loisirs pour tous, de lutte contre l’isolement, etc. mais aussi comme une opportunité de développement local52, un public à attirer pour permettre aux associations de se développer (y compris financièrement), et un potentiel vivier de bénévolat.

Pour plusieurs collectivités rencontrées, la pratique sportive des seniors est généralement identifiée comme un enjeu d’avenir. Si, à ce jour, le développement d’une offre adaptée à ce public n’a pas constitué une priorité - la jeunesse restant, de ce point de vue, la première cible de la politique sportive municipale -, les services des sports perçoivent souvent une demande croissante des seniors en matière d’offre sportive, et jugent qu’il s’agit bien là d’un sujet à prendre en compte « pour demain ».

« Je ne pense pas que ça soit une cible très prioritaire pour les villes aujourd’hui. C’est l’avenir de demain, car pour l’instant les besoins ne sont pas trop exprimés, mais ça va venir de plus en plus, et on va voir le manque. Les gens sont de plus en plus sportifs, et parallèlement on n’a pas vraiment d’offre adaptée aux capacités physiques vieillissantes de l’être humain ».

Service des sports d’une collectivité

« [Les seniors] sont de plus en plus nombreux, ils ont un pouvoir entre guillemets, de plus en plus de poids vis-à-vis des élus. Au début, on les mettait là où il y avait de la place en termes de créneaux, au fil du temps, ils revendiquent une place de plus en plus adaptée à leurs problématiques, des créneaux horaires qui correspondent à leurs besoins, etc. Ca fait quelques années que ça monte. […] C’est aussi l’évolution de la société, à un moment ça influence les politiques publiques, les gens de 50-60 ans vont être de plus en plus présents, vont être en demande d’offres adaptées ».

Service des sports d’une collectivité

52 Bigot L., « Créer une offre adaptée aux seniors », in : la Gazette des Communes, 20 septembre 2010.

Sur les différents bassins franciliens ayant fait l’objet de l’étude, certaines associations multisports soutenues par la collectivité ont donc ouvert des créneaux dédiés, des sections « seniors », « plus de 50 ans » ou « plus de 55 ans » (à l’image de ce que proposent par exemple l’association USMA de Saint-Ouen ou l’association Saint-Denis Union Sports), et proposé des ateliers/séances adaptés en termes d’activités, de contenu, d’horaires.

A Saint-Ouen, l’Union sportive multisections audonienne (USMA) propose par exemple une large gamme d’activités sportives pour les plus de 50 ans, par le biais d’une section qui leur est dédiée depuis 1996. La diversité de l’offre permet aux seniors de trouver une activité qui puisse correspondre à leurs attentes et besoins, les disciplines proposées allant d’activités sportives « classiques » (badminton, gymnastique, tennis de table, etc.) à une offre privilégiant la prévention de problèmes de santé, ou les loisirs et la sociabilité (atelier « pare à chute », « remue gambettes », « autonom’gym », bowling, fléchettes, etc.). Par ailleurs, certaines sections « tout public » de l’USMA sont également investies par les seniors (gym énergie, randonnée pédestre, etc.), les circulations entre les sections étant d’ailleurs facilitées par l’association. En plus du soutien à cette association, la mairie de Saint-Ouen a également développé une tarification spécifique pour les retraités dans ses espaces en régie directe (c’est notamment le cas à « l’espace forme » ou au centre nautique).

La dimension « senior » n’est pas toujours affichée en tant que telle : certains publics seniors n’ont pas envie qu’on les renvoie à leur condition de « seniors » et peuvent rejeter ce type de propositions. « La proposition de mixer des publics d’âges hétérogènes divise : il y a presque autant de pour que de contre ! Globalement, les seniors ne souhaitent pas se voir isolés des autres pratiquants, ils considèrent que cette mixité leur apporte beaucoup socialement. Toutefois, il apparaît que la majorité des seniors n’ont pas les capacités physiques suffisantes pour suivre régulièrement l’intensité de séances intergénérationnelles. Enfin les seniors accordent autant d’importance à l’ambiance

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de la séance qu’à la pratique de l’activité. Dès lors la recherche de convivialité est souvent décrite comme une priorité dans la continuité d’une activité »53.

Cette position est clairement tranchée au sein du réseau de la FFEPGV :

« Nous, à la fédération on n’a pas de seniors, et on ne veut surtout pas entendre parler de cours de troisième âge, de cours seniors, car ça a un effet stigmatisant. On ne veut pas afficher le terme « seniors » au niveau des cours, car ça a une connotation de « vieux » et on ne se sent pas vieux à 65 ans ».

Conseiller technique FFEPGV

A Saint-Denis, la municipalité n’a pas mis en place de démarche volontariste pour développer plus particulièrement la pratique sportive des 55-64 ans, et plus largement des seniors (ni pour les autres tranches d’âge), mais a accueilli favorablement les initiatives de terrain issues du milieu sportif associatif, en ouvrant par exemple les équipements sportifs municipaux à la section sportive dédiée aux 50 ans et plus mise en place il y a une quinzaine d’années par Saint-Denis Union Sports.

Si ces initiatives ont acquis une légitimité dans le monde sportif local, elles n’ont pour autant pas fait émerger les « seniors » comme une catégorie d’intervention spécifique dans la politique sportive municipale, par ailleurs mobilisée sur d’autres publics cibles (l’accès au sport des personnes en situation de handicap, des publics féminins, etc.). Qualitativement, les 55-64 ans sont identifiés comme ceux qui occupent l’essentiel des fonctions d’encadrement du monde associatif sportif dyonisien : l’un des chantiers fixés dans le cadre de l’actuelle mandature est donc plutôt de travailler à une plus grande implication d’actifs plus jeunes, afin d’anticiper le renouvellement des encadrants.

Les associations dédiées aux « seniors » (association Seniors d’Aubervilliers, Office communal AGIR de Gennevilliers, etc.) développent également de plus en plus une offre d’activités sportives à côté d’activités plus traditionnelles dédiées aux seniors (sorties, repas, jeux, ateliers informatique, etc.).

Ainsi, l’association Seniors d’Aubervilliers a constitué au fil des années une offre sportive diversifiée et adaptée à son public, en sus des activités « classiques » qu’elle propose (sorties culturelles, voyages, bals, ateliers informatique,...). Aujourd’hui, parmi les 600 adhérents

de l’association, un tiers environ participe à un atelier sportif. Cinq disciplines sont proposées (marche, yoga, tai chi chuan, gym douce et aquagym), et les cours ont lieu pendant des matinées et après-midi de semaine.

Selon la directrice de l’association, l’offre sportive répond à une vraie demande :

53 Dossier « Pratiques sportives : quelle place pour les seniors », in : Jurisport, n° 102, octobre 2010.

« On a instauré les ateliers au fil des demandes des adhérents. Il y a de plus en plus de demande sur des ateliers sportifs, et les activités ont été choisies en fonction des idées que les adhérents ont fait remonter. Lorsqu’une nouvelle demande émerge, on fait une demande préalable pour voir s’il y a bien des personnes intéressées, et on ouvre l’atelier s’il y a dix inscrits effectifs. Les ateliers les plus anciens sont la gym douce et le yoga. Et ces temps-ci, on a une grosse demande sur la marche nordique. Aucun des ateliers sportifs créé n’a disparu depuis sa mise en place ».

Une offre qui leur a permis d’attirer une clientèle plus jeune, souvent déjà sportive, mais à la recherche d’une pratique plus « douce ». Ces « pré-seniors » ne participent pas forcément aux sorties, repas, et autres activités dédiées proposées par l’association, mais viennent « s’occuper dans la semaine » et « consommer » des ateliers :

« C’est vrai que les 55-64 ans sont plus friands d’ateliers sportifs, informatiques, ou autre. Ils veulent s’occuper pendant la semaine, venir à des activités qui les intéressent. Les gens plus âgés en revanche ont plutôt tendance à s’inscrire aux voyages, aux sorties, etc. Pour rencontrer des gens, se sentir moins seul ».

C., directrice d’une association proposant diverses activitésculturelles et sportives à destination des plus de 55 ans

« Moi je fais suivre les infos au maximum que je peux. Mais je ne sens pas un grand intérêt pour l’association au niveau des adhérents : car on a quand même le gala, les sorties annuelles,… Les personnes sont peu réceptives à ce type d’infos. Elles ont un comportement un peu plus consommateur. Un comportement consommateur plus présent parmi les plus jeunes : parfois ils ne finissent pas l’année »

C., 56 ans, en emploi, pratique le tennis, la natationet la gymnastique dansée. Responsable de cours

En dépit du développement croissant de ces initiatives, une étude commandée en 2010 par l’Observatoire du sport en territoires limousins montrait qu’il existe bien souvent un net décalage entre la demande émanant des plus de 50 ans et les services proposés sur leur

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

territoire de proximité. Comment accueillir ce public ? Quel cadre, quels services, quelles activités sportives et associatives imaginer à leur attention ?

Si adapter l’offre sportive et associative à la demande des différentes générations de seniors apparaît aujourd’hui comme un enjeu incontournable pour les fédérations, les associations locales, comme pour

les collectivités ou le secteur commercial, la réponse à apporter ne va pas de soi, car cette demande est aussi multiforme que les profils des seniors eux-mêmes. Entre ceux qui ont toujours fait du sport et les sédentaires de longue date, ceux qui recherchent le dépassement de soi et la compétition, ceux qui recherchent surtout le bien-être et la convivialité, etc.

ZOOM. L’exemple de l’office communal pour l’Animation gennevilloiseet l’initiative des retraités (AGIR), à Gennevilliers

L’association AGIR s’adresse aux pré-retraités et aux retraités de Gennevilliers qui souhaitent pratiquer des activités de loisirs, qu’elles soient sportives ou non (bricolage, informatique, sorties et voyages, etc.).

Répartition par âge des adhérents à AGIRpratiquant une activité sportive

(Base 2013 : 2970 adhérents)

Champ : Adhérents dont l’âge est renseigné et pratiquant une activité sportive régulière, des promenades / marches, de la remise en forme ou des sorties sportives avec AGIR

Source : AGIR

Aujourd’hui, environ la moitié de leurs nouveaux adhérents entre dans l’association par la pratique sportive, ce qui n’était pas le cas auparavant. Beaucoup des nouveaux adhérents actuels sont de jeunes retraités (55-64 ans), dont la part croît d’une année sur l’autre. Ils quittent leurs pratiques en clubs ou dans des associations sportives « classiques » et sont à la recherche de pratiques plus « douces », plus « adaptées » à ce type de publics.

Les animateurs des activités sportives, qui interviennent également par ailleurs sur des séances tous publics, mettent donc en place des séances dédiées, en plus petits groupes, mais dans des équipements sportifs municipaux de qualité, afin de valoriser leur engagement dans leurs pratiques sportives.

Plus de 64 ans 55-64 ans 45-54 ans

Des contacts et des rencontres avec les dirigeants associatifs qui montrent que les acteurs locaux du sport n’ont pas toujours identifié cette tranche d’âge comme une cible potentielle

En dehors de certaines initiatives locales et de la mobilisation des fédérations unisport non olympiques et multisports, les priorités des fédérations olympiques comme des collectivités restent bien souvent centrées sur le développement du sport pour les jeunes et orientent de fait la structuration de l’activité des associations sportives.

La demande est d’autant moins perçue que, si la pratique des plus de 50 ans et des « pré-seniors » en particulier a fortement progressé, il n’en reste pas moins que la pratique sportive s’effrite progressivement à partir de 50 ans (voire avant).

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Taux de pratique sportive régulière selon l’âge et le sexe

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

Une demande par ailleurs difficile à cerner car elle regroupe des segments très hétérogènes en termes d’attentes, de profils, de comportements. Les pratiques sportives des pré-seniors, comme des seniors, sont fortement corrélées aux variables sociales que sont l’âge, mais aussi le sexe et le niveau culturel, remettant en cause l’influence de l’âge comme variable principale.

Toutes les enquêtes le montrent54, le niveau scolaire influence fortement l’engagement sportif des seniors. Les plus diplômés pratiquent davantage que les moins diplômés, et témoignent du poids déterminant du niveau socioculturel sur la pratique sportive.

Ainsi, en Île-de-France, 66 % des « 55-64 ans » diplômés du supérieur (Bac et plus) pratiquent une activité

Le profil des pratiquants et non pratiquants (en % des Franciliens âgés entre 55 ans et 64 ans)

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

54 Lefevre B., Thiery P., « Les principales activités physiques et sportives pratiquées en France en 2010 », op.cit.55 Institut régional de développement du sport (IRDS), « Les chiffres clés du sport en Île-de-France », avril 2015.56 Hénaff-Pineau P-C. « Vieillissement et pratiques sportives : entre modération et intensification », op.cit.

sportive au moins une fois par semaine contre 51 % des personnes dont le niveau de diplôme est inférieur au Bac55. L’influence du diplôme est plus forte auprès des femmes : leur taux de pratique régulière augmente de 20 points avec l’élévation du niveau scolaire, contre 10 points pour les hommes.

C’est sur la pratique encadrée que la différence est la plus importante : les femmes de 55-64 ans, au moins bachelières, sont deux fois plus nombreuses à pratiquer en club que celles moins diplômées, à l’inverse cet effet est quasi nul auprès des hommes (+ 2 points). Par ailleurs, en croisant les variables d’âge et de niveau de diplôme l’analyse des taux de pratique sportive de 50 à 75 ans fait apparaître que pour les seniors au moins bacheliers, la pratique sportive ne faiblit pas avec l’avancée en âge, à l’inverse des moins diplômés. Dans les données de l’enquête MJS/INSEP de 2000, non seulement l’âge ne s’accompagne pas d’un fléchissement de la pratique sportive des plus diplômés, mais au contraire la pratique de cette catégorie de la population croît de 50 jusqu’à 75 ans56.

Au-delà du niveau de diplôme, l’ensemble des enquêtes menées sur les pratiques physiques et sportives en France, comme en Île-de-France, montrent que les personnes les plus sportives correspondent avant tout à celles les mieux insérées socialement. Les critères croisés tels que le revenu, la classe sociale d’appartenance ou le niveau de diplôme sont des variables clairement discriminantes pour expliquer le degré de pratique sportive des personnes enquêtées, particulièrement auprès des femmes, au point d’atténuer en partie les effets d’âge et de sexe.

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Taux de pratiquants régulierset niveaux de revenus nets mensuels du foyer

Source : IRDS, EPSF 2014

La localisation constitue également un critère de différenciation. Les territoires franciliens n’ont pas tous le même niveau sportif, tout simplement parce qu’ils ne sont pas, socialement, peuplés de la même manière. Là où les classes aisées ou encore les plus jeunes sont les plus nombreuses, les sportifs le sont aussi. D’autres facteurs entrent également en ligne de compte, comme le niveau d’équipement du territoire (en termes de maillage et de qualité des installations), et la diversité de l’offre57.

En particulier, les habitants de Seine-Saint-Denis âgés de 15 ans et plus sont moins familiers des activités physiques et sportives (APS) : 57 % ont une activité régulière contre 63 % dans le reste de la région

et 42 % une pratique intensive contre 47 % hors du département. La proportion de ceux qui ne pratiquent pas de sport s’élève à 15 %, alors que ce taux est de 11 % dans le reste de la région.

S’agissant plus spécifiquement de la population de 55 ans et plus, ils sont 49 % en Seine-Saint-Denis à avoir une pratique sportive régulière, contre 54 % sur l’ensemble de la région. La Seine-Saint-Denis est certes un département jeune, pour autant celui-ci est également touché par le vieillissement de sa population : entre 2007 et 2030 la part des 60 ans et plus devrait augmenter de 41 %, c’est plus que l’augmentation régionale.

Les seniors, pratique sportive selon le lieu de résidence

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

57 Peuvergne C., Camus N., « Les pratiques sportives des franciliens, Exploitation de l’enquête « Participation à la vie culturelle et sportive » - 2003 »,op.cit. 29

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Le genre des pratiquants constitue également une variable discriminante. Tous âges confondus, les femmes s’avèrent moins nombreuses que les hommes à pratiquer une activité physique et/ou sportive. Cependant, alors que la progression entre 1985 et 2000 était plus marquée pour les hommes, c’est le taux de pratique des femmes qui s’accroît nettement entre 2000 et 2010, se rapprochant du niveau global des hommes.

Par ailleurs, comme le rappelle Pia-Caroline Hénaff-Pineau, « entre 50 ans et 75 ans, l’effet d’âge marque de manière très comparable la pratique des hommes et des femmes, voire de manière identique la tranche d’âge entre 50 et 69 ans : un effet de plateau est visible pour les deux sexes, repoussant après le cap de 70 ans

la forte diminution de la pratique »58.

En Île-de-France aussi, tous âges confondus, les femmes (59 %) sont moins nombreuses que les hommes (66 %) à pratiquer régulièrement une activité physique ou sportive. Mais ce n’est pas vrai tout au long de la vie. Elles sont moins sportives au cours de leur enfance (76 % des Franciliennes de 4-14 ans contre 85 % des Franciliens du même âge) jusqu’au début de l’âge adulte. Entre 35 et 45 ans leur pratique s’accroît (+ 8 points) jusqu’à rejoindre celles des hommes (65 % vs 63 % des femmes). Si l’on s’intéresse plus spécifiquement aux pré-seniors, femmes et hommes sont alors aussi nombreux à pratiquer (60 % ont une pratique régulière, 44 % une pratique intensive).

Taux de pratique comparés sur 25 ans à partir de trois enquêtes sur les pratiques sportives des Français

Source : Henaff-Pineau P-C., « Genre et parcours sportifs des seniors : du semblable au dissemblable », in : SociologieS, novembre 2012.

Ces tendances lourdes, qui pourraient laisser penser à une démocratisation et à une uniformisation des pratiques pour les deux sexes, masquent cependant de fortes disparités dans les stratégies d’engagement sportif et les processus de résistance au vieillissement adoptés par les deux sexes59: « Les femmes ont souvent effectué leur prise de conscience plus tôt et l’arrivée à la retraite n’infléchit pas beaucoup leurs pratiques, alors que chez les hommes c’est souvent un déclencheur. Par ailleurs, les enjeux sont perçus et formulés d’une façon différente : les hommes sont souvent mobilisés par la performance, les femmes pratiqueront davantage une activité physique adaptée (aquagym, marche nordique…) qui s’inscrit à la fois dans l’idée qu’elles se font du bien-vivre et dans l’objectif d’avoir un corps

capable de répondre à des enjeux sociaux » précise ainsi Serge Guérin dans un article consacré à la pratique sportive et à l’engagement sportif des seniors60.

Les seules variables d’âge, de sexe et de niveau de diplôme ne peuvent par ailleurs suffire à cerner les déterminants des pratiques sportives des pré-seniors. L’engagement sportif et associatif des pré-seniors ne peut être appréhendé sans une analyse de leurs différents systèmes de motivations, mais aussi de leurs parcours biographiques, trajectoires et expériences socialisatrices, qui vont influencer les dynamiques des transformations de leurs pratiques et de leurs engagements avec l’avancée en âge.

58 Hénaff-Pineau P-C. « Vieillissement et pratiques sportives : entre modération et intensification », op.cit.59 Hénaff-Pineau P-C., « Genre et parcours sportifs des seniors : du semblable au dissemblable », in : SociologieS, novembre 2012.60 Guérin S., « Les seniors : du sport en liberté à l’engagement associatif », in : Les idées en mouvement, mensuel de la Ligue de l’enseignement,n° 212, octobre 2013.

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Part des licenciés sportifs de plus de 60 ans dans le nombre total de licenciés

de 15 à 17 %

de 5 à 10 %de 10 à 15 %

plus de 5 %

Communes hors bassin d’analyse

JAMBVILLE17 %

LES MUREAUX5 %

EPÔNE6 %

Département des YvelinesBassin des Mureaux

GENNEVILLIERS2 %

ASNIERES-SUR-SEINE

4 %

Département des Hauts-de-SeineBassin d’Asnières / Gennevilliers

SAINT-DENIS3 %

AUBERVILLIERS2 %

Département de la Seine-Saint-DenisBassin de Saint-Denis / Aubervilliers

de 15 à 17 %

de 5 à 10 %de 10 à 15 %

plus de 5 %

Communes hors bassin d’analyse

JAMBVILLE17 %

LES MUREAUX5 %

EPÔNE6 %

Légende

Moyennes départementalesYvelines : 8 %

Hauts-de-Seine : 4 %Seine-Saint-Denis : 6 %

Moyenne régionale11 %

Source : Recensement 2011 des licences auprès des fédérations sportives agréées par le ministère en charge des sports ; Ministère des sports, septembre 2013

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LA PRATIQUE SPORTIVE DES « PRE-SENIORS »

Quelles sont les attentes et motivations qui conditionnent les pratiques sportives des pré-seniors ? Quels sont les ressorts de leur mobilisation sur telle ou telle activité ? Peut-on identifier des spécificités dans les déterminants des pratiques sportives des pré-seniors ou ceux-ci sont-ils mus par les mêmes attentes que les générations plus jeunes ou qui les ont précédés ?

Plusieurs enquêtes apportent de premiers éléments de réponse : analysant les principales activités physiques et sportives pratiquées en France en 2010, Brice Lefèvre et Patrick Thiéry soulignent par exemple que « Lorsqu’on interroge l’ensemble des pratiquants d’une APS, quelle qu’elle soit, sur les motivations qui les poussent à pratiquer, une dizaine ressortent très majoritairement, que l’on peut globalement regrouper en 4 grandes catégories. Les trois premières en importance, citées par 80% des répondants, sont le

contact avec la nature, la convivialité (rencontre avec les autres, plaisir d’être avec ses proches, amusement et détente) et la santé (bien-être, exercice et entretien physique, « être bien dans sa peau »). Les motivations plus physiques (sensation, engagement et dépense physique) sont en général moins citées que les précédentes »61.

Si l’on compare les motivations des pratiquants selon l’âge à partir de l’enquête sur les pratiques sportives des Franciliens, on s’aperçoit que la santé arrive en tête auprès des seniors (88 % pratiquent régulièrement pour cette raison, + 10 points par rapport au reste de la population). La rencontre avec les autres (+ 6 points) et le contact avec la nature (+ 17 points) ressortent également plus souvent, tandis que les motivations en lien avec les sensations (- 12 points), la compétition (- 15 points), et la performance (- 26 points) sont en général moins citées.

Source : IRDS, EPSF 2007

Les pratiques sportives des seniors comme des pré-seniors sont de fait étroitement associées aux représentations et aux caractéristiques de la vieillesse et du vieillissement dont le senior est porteur.

Même si la nature de l’effort préconisé peut faire débat, l’exhortation au développement de l’exercice physique pour bien vieillir n’a cessé de s’affirmer dans le débat public comme élément essentiel pour

favoriser une bonne santé et repousser les stigmates de la vieillesse (dépendance, etc.). Une pratique sportive à l’articulation de plusieurs représentations relativement paradoxales : une expérience qui accentue en un sens « la conscience de vieillir »62 et « la perception du processus de dégradation physique, en même temps qu’elle contribue à y résister et peut-être à repousser la sensation de vieillir »63.

61 Lefevre B., Thiery P., « Les principales activités physiques et sportives pratiquées en France en 2010 », op.cit.62 Feillet R., Pratiques sportives et résistance au vieillissement, L’Harmattan, 2000.63 Hénaff-Pineau P-C. « Vieillissement et pratiques sportives : entre modération et intensification », op.cit.

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« Ces nouveaux retraités considèrent le sport comme un facteur de santé - de retardement du vieillissement et d’aide pour se maintenir dans les canons esthétiques de la jeunesse, comme le souligne Feillet64 -, mais aussi comme un élément de socialisation et, dans ce sens, de protection contre le vide social que peut entraîner le passage dans le monde des ‘inactifs’65» précisent Fabrice Burlot et Brice Lefevre, dans un article interrogeant la spécificité des pratiques sportives des seniors.66

Dans l’enquête sur les pratiques sportives des Franciliens, la perception par les 55-74 ans de leur état de santé général (bonne, assez bonne, ou mauvaise) a été croisée avec l’intensité de leur pratique (régulière, occasionnelle ou absence de pratique).

Il en ressort que les seniors ayant une activité physique régulière se perçoivent en bien meilleure santé que ceux qui ont une activité occasionnelle ou qui ne témoignent d’aucune pratique d’activités physiques ou sportives.

Parallèlement, le risque de blessure entraînant une interruption de l’activité a été mesuré en lien avec l’intensité de la pratique. 8 % des pratiquants âgés de 55-74 ans ont eu une blessure au cours de l’année en faisant du sport. Ce taux d’accidentologie est plus important lorsque l’intensité augmente (4 % en pratique occasionnelle, 11 % en pratique intensive) et lorsque la pratique est autonome (14 % contre 9 % en pratique encadrée)67.

La pratique sportive régulière des seniors est donc moins à risque que celle des moins de 55 ans (respectivement 10 % et 17 % de blessés au cours de l’année).

64 Feillet R., Pratiques sportives et résistance au vieillissement, op.cit.65 Pichot L., « Les expériences de loisirs sportifs chez les personnes de plus de 50 ans : microcosme révélateur des rapports sociaux », in : Loisir et société, n° 25, 2002.66 Burlot F., Lefèvre B., « Le sport et les seniors : des pratiques spécifiques ? », op.cit.67 Un dossier de l’IRDS sur l’état de santé des Franciliens en lien avec l’intensité de leur pratique sportive est à paraître prochainement.

Pratique régulière

Pratique occasionnelle

Non pratique

Source : IRDS, EPSF 2014

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Des pratiques qui relèvent de différentes catégories de motivation

La première source de motivation : la recherche de convivialité

Pour les adhérents rencontrés dans le cadre de l’étude, la pratique sportive n’est pas l’unique motivation, mais trouve tout autant son intérêt dans tout ce qui l’accompagne : possibilité d’échanges, de se retrouver autour d’une pratique commune, sentiment d’appartenance à un groupe, lutte contre l’isolement, espace de liberté au sein du couple, etc.

Les temps qui précédent ou qui suivent la pratique sportive sont au moins aussi importants que la pratique en elle-même (repas, fêtes, sorties, etc.). Même si cette dimension ne nécessite pas nécessairement le truchement d’une activité encadrée, « institutionnalisée », nombre d’adhérents font le choix du cadre associatif pour les possibilités de rencontre et de partage qu’il autorise et favorise. A la retraite, la pratique du sport et/ou l’engagement associatif apparaissent alors comme une solution permettant de prendre le relais de la vie professionnelle.

« Comme je travaillais à la maison, je voulais rencontrer des gens. Et puis on se sent bien, bouger un peu, c’est un bien-être, on se défoule. Même maintenant, c’est toujours ça, on voit du monde, on se défoule, et on se sent bien dans son corps ».

C., 55 ans, encore en activité, pratiquela gym d’entretien et la zumba

« [Ce que je recherche dans le sport, c’est] une manière de se maintenir en forme, et surtout le fait de discuter avec d’autres personnes, le contact. Je suis en couple, mais mon épouse n’aime pas du tout le sport, ni danser, et elle travaille encore, etc. ».

R., 59 ans, ancien cadre à la retraite, sportif de toujours,pratique le tennis de table et le bowling dansune association

multisports dotée d’une section plus de 50 ans

Cette dimension de convivialité est essentielle dans la motivation de l’inscription dans une démarche associative. Parmi les personnes rencontrées, certaines avaient fait le choix, durant leur première année de retraite, de s’inscrire dans une salle de sport. Si ce cadre peut apporter une forme de liberté (« c’est ouvert toute la semaine, on retrouve un peu de liberté, on peut choisir son créneau horaire, son coach », C., pratique le tennis, la natation et la gymnastique douce), la dimension anonyme de ces salles, le manque d’interactions avec les autres pratiquants a pu également en détourner certains.

Après plusieurs mois de pratique, ces adhérents ont préféré se tourner vers des structures associatives, dont ils valorisent l’atmosphère conviviale, la disponibilité du professeur et la dynamique de groupe.

« [Dans la salle de sport où elle était inscrite auparavant], il n’y avait pas d’horaires précis, les gens allaient et venaient, j’étais pratiquement toute seule donc ça m’intéressait pas trop… J’aime bien faire du sport en groupe, avec du monde […] Alors que là c’est super, avec la prof, on rigole, on discute… C’est sympathique. Même si on se voit juste pendant les cours… Je connais pas trop d’autres endroits à Aubervilliers où on travaille en groupe ».

C., 63 ans, retraitée, pratique la gymnatique douce

« Je m’étais inscrit dans un club de musculation, mais j’y suis resté qu’un an. Les jeunes faisaient ça entre eux, je me sentais un peu isolé. Et puis c’est un peu lassant la musculation, c’est toujours les mêmes gestes, toujours les mêmes mouvements… J’ai préféré arrêter ».

P., 59 ans, retraité, pratique le taï-chi et la gym douce

Le bien-être et le « bien-vieillir »

Quelles que soient les personnes interrogées, toutes manifestent la préoccupation de développer une pratique sportive leur permettant d’agir sur leur bien-être et les effets du vieillissement. Suivant la situation des personnes, les préoccupations et stratégies pour y répondre peuvent être toutefois bien différentes.

Pratiqué « avec modération » et « sans forcer », le sport permet pour certains de s’entretenir physiquement, de « ne pas se laisser aller ».

Une préoccupation qui peut s’ancrer dans une volonté de répondre à des besoins de santé ou dans un souci de prévention, relatif à la prise de poids, aux problèmes de dos ou aux maladies cardio-vasculaires, etc.

Beaucoup aspirent plus largement à trouver une réponse à leur aspiration au « bien-être » et témoignent des bienfaits de leurs pratiques sur leur équilibre physiologique et psychique.

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

« L’idée c’est d’y aller cool. Il y en a toujours une qui est blessée, qui a mal partout. […] C’est de l’entretien, ça fait du bien. […] La notion d’entretien est venue plus en vieillissant. Quand on a des soucis de santé, quand on est sportif on s’en remet plus vite. Mais j’y vais quand même plus mollo, parce que quand il vous arrive un truc, vous vous dites ‘bah tiens, il peut m’arriver quelque chose’ ».

C., 56 ans, en emploi, pratique le tennis,la natation et la gymnastique douce

« Avant, je ne faisais pas de sport. Je n’en avais pas fait depuis longtemps, à cause du travail, de la vie qui a son cours et du temps qui fait défaut. […] [A la retraite], je ne voulais pas me retrouver d’un seul coup à ne plus travailler du tout. [Mon métier, c’était] quand même un travail physique, et se retrouver sans rien faire, vous avez la musculature qui se flétrit, quelque chose au niveau musculaire, et il faut entretenir ce corps musculaire ».

A. 62 ans, retraité, pratique la gymnastique douce dans une association multisports dotée d’une section plus de 50 ans

« Ça permet de bouger, de régulariser sa respiration… De se maintenir en bonne santé ! ».

C., 63 ans, retraitée, pratique la gymnatique douce

« Ça me maintient en forme : je me sens bien, je ne me sens pas « mou », je sens que mon corps est encore tenu. Je peux me relever sans difficultés, je suis alerte. On est un peu plus musclé aussi, c’est plus joli ».

C., 55 ans, encore en activité, pratiquela gym d’entretien et la zumba

« L’esprit de compétition a complètement disparu. J’avais une pratique compétitive […] Aujourd’hui, ma pratique du sport, ça a une fonction d’entretien. Moi, quand je sors de la piscine, je n’ai plus rien, je suis bien. Ça me rappelle la sensation quand j’avais un match le dimanche et quand la séance d’entraînement, c’était un relâchement. Ça me vide un peu, ça me dépense ».

A., 62 ans, retraité, sportif de toujours, pratique la natation

« Ça permet aussi de garder des contraintes : se lever, mettre le réveil à sonner, se préparer, avoir fait la lessive, etc. Là, c’est 10h, donc il faut garder l’obligation. Il faut être prêt à l’heure et se préparer, faire quelque chose de sa journée. Sinon, le cerveau s’arrête de tourner ! ».

S., 64 ans, retraitée, pratique la gymnastique,la danse country et l’aquagym

« J’ai besoin de bouger, je peux pas rester assise pendant des heures… Et c’est aussi être bien dans son corps, ressentir les choses… Et ça fait du bien à la tête aussi ! ».

C., 63 ans, retraitée, pratique la gymnatique douce

Une pratique loisir tournée vers l’effort et la dépense physique

Pour beaucoup, il s’agit de trouver une activité qui leur permette de se dépenser, tout en ménageant leurs capacités physiques, y compris au besoin en adoptant des logiques de substitution ou d’adaptation (baisse du nombre d’activités pratiquées, orientation vers des pratiques plus « douces », mais pratiquées de manière plus intensive, adaptation de la technique…).

« Se maintenir en forme » apparaît dans le discours des adhérents comme un enjeu personnel mais aussi social très prégnant. Il ne s’agit pas seulement de se sentir en forme, mais aussi de prouver - et se prouver - qu’on est encore jeune, encore « dans le coup ».

Le sport est appréhendé ici comme un levier permettant de repousser les marques du vieillissement.

« Je trouve qu’on n’est pas nombreux, une vingtaine. En ville, on était 100 dans la salle ! Là, on a des profs qui sont attentifs à nous, plus proches. Je trouve ça important aussi. Une telle ne lève pas le bras parce qu’elle ne peut plus. Ils savent tout ça. Elle nous dit de faire autrement. Sinon, ils pourraient nous faire plus de mal que de bien ! ».

S., 64 ans, retraitée, pratique la gymnastique,la danse country et l’aquagym

« Y a un moment, on peut se sentir gênant sur un tatami, on a tendance à s’auto-exclure. Donc je me suis dit que j’allais enseigner aux anciens, pour prouver aux gens de cet âge-là que, si physiquement on ne peut pas faire quelque chose, on peut faire la moitié, ou on peut le faire autrement ».

B., 62 ans, retraité, pratique et enseigne l’aïkido

« J’aime faire travailler mon corps, pour moi c’est indispensable. J’aime bien que mon corps soit musclé, donc j’ai jamais arrêté le sport…. C’est pour ça que je suis pas grosse, et que je suis restée souple ! ».

C., 63 ans, retraitée, pratique la gymnatique douce

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Une dimension performance et l’objectif de la compétition

La pratique de la compétition peut rester également un objectif pour certains, en particulier parmi le public masculin.

Cette dimension peut être notamment présente dans les disciplines qui ne nécessitent pas une grosse dépense physique (ex. tir à l’arc, pétanque, etc.), mais existe également dans les disciplines plus physiques en catégories « vétérans » ou « super-vétérans ».

Toutefois, beaucoup estiment que la compétition n’est « plus de leur âge » : plus que « dépasser » les autres, ils recherchent plutôt à « se jauger », « se dépasser » ou à « partager » un moment, sans enjeu de victoire ou de défaite.

« Avec l’âge qui avance, on risque d’être dépassés. L’esprit de compétition, laissons ça aux jeunes. Je veux rester performant, mais dans ma catégorie ! Je ne me vois pas être en face d’un pro qui a 20 ans de moins ! ».

R., 59 ans, ancien cadre à la retraite, sportif de toujours,pratique le tennis de table et le bowling dans une association

multisports dotée d’une section plus de 50 ans

« Je fais de la gym exactement pareil qu’avant. Je suis restée souple, et j’ai jamais arrêté, donc… J’ai jamais fait de compétition, mais … Je n’aime pas être la dernière on va dire ! ».

C., 63 ans, retraitée, pratique la gymnatique douce

« J’ai toujours eu l’esprit de jeu contre quelqu’un d’autre. Mais maintenant, je ne recherche plus la compétition. Si ça se présentait, je ferais bien une partie pour me mesurer. Mais je rencontre peu de gens de mon âge qui recherchent ça. A notre âge, on se contente de bouger sans avoir à se mesurer à quelqu’un d’autre. Déjà, partager le plaisir, c’est important. Faire de la randonnée avec quelqu’un, c’est important ; la rando toute seule, ça n’a pas d’intérêt ! »

N., 65 ans, retraitée, pratique la gymnastique pilates,d’entretien, l’aquagym et la marche nordique

Les raisons de la « non-pratique »

L’identification et la hiérachisation des freins à la pratique sont nécessaires pour développer l’accès à la pratique des seniors. Mieux connaître les raisons de leur non pratique doit permettre aux clubs d’adapter l’offre aux attentes de ce public.

Dans l’enquête réalisée par l’IRDS, les premières raisons invoquées par les 55-64 ans sont la santé dans 44 % des cas et le manque de temps dans 39 % des cas.

Le troisième argument mis en avant est le fait de ne pas aimer le sport (35 % des non pratiquants). Les autres freins potentiels sont : le prix (32 %), le fait de ne connaître personne avec qui pratiquer (30 %), d’avoir d’autres activités en concurrence (25 %), des horaires qui ne conviennent pas (20 %) ou le fait d’être trop âgé (19 %).

Ces motifs évoluent avec l’avancée en âge. Comme on pouvait s’y attendre la santé (65 % des 75 ans

et plus) et le sentiment de vieillissement (62 %) affectent de plus en plus la pratique sportive. A l’inverse avec l’arrivée à la retraite le manque de temps (16 %), les contraintes horaires (5 %) ou le coût de la pratique (13 %) ne sont plus des obstacles majeurs à la pratique.

Les motifs des hommes et des femmes de 55-64 ans sont assez proches, hormis pour le coût de la pratique qui est cité deux fois plus souvent par les femmes (41 %) que par les hommes (21 %). Il ne s’agit pas d’une spécificité des seniors, à tous âges le coût de la pratique apparaît comme le deuxième obstacle des femmes d’accéder à la pratique sportive. Les raisons peuvent être multiples : moins de revenus que les hommes, des activités peut-être plus onéreuses, ou tout simplement la volonté de consacrer moins d’argent au sport que les hommes.

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Page 37: les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Les freins à la pratique selon l’âge et le sexe

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

Santé Sentiment de vieillissement

Manque de temps Coût de la pratique

Autres activités en concurrence Horaires ne conviennent pas

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Page 38: les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Des pratiques étroitement liées à l’historique du rapport au sport des pratiquants

Si l’engagement sportif et associatif des « pré-seniors » ne peut être appréhendé sans une analyse de leurs différents systèmes de motivations, l’analyse de leurs parcours biographiques, trajectoires et expériences socialisatrices apparaît également déterminante pour

comprendre les dynamiques de transformations de leurs pratiques et de leurs engagements avec l’avancée en âge. Plusieurs « types » de trajectoires nous semblent pouvoir être mis en lumière.

« Les sportifs de toujours »

Il s’agit de personnes qui ont « toujours » fait du sport, de manière très régulière et assez intensive (généralement, plus d’une fois par semaine). Depuis l’enfance, le plus souvent, ils se sont essayés à plusieurs disciplines, mais ont généralement vite trouvé « leur » sport de prédilection, dans lequel ils ont acquis un très bon niveau.

Le sport a toujours compté dans leur vie et ils n’imaginent pas pouvoir « s’en passer ». Au moment de la retraite, il leur paraît tout à fait naturel de poursuivre leur(s) activité(s) sportive(s). Pour beaucoup, la retraite représente même une opportunité d’intensifier leur pratique, soit en y consacrant davantage de temps, soit en diversifiant les activités auxquelles ils s’adonnent.

Il n’est ainsi pas rare que ces « sportifs de toujours » doublent le volume horaire consacré au sport au moment où ils cessent leur activité professionnelle. Dans certains cas, lorsque le sport qu’ils ont toujours pratiqué devient moins adapté, à mesure qu’ils

avancent en âge, ils peuvent se tourner vers une autre pratique plus indiquée, sans nécessairement réduire le rythme.

Pour ces sportifs, la compétition a souvent été au cœur de la pratique. Ils ont généralement participé à des tournois dans leur discipline, ont pu être classés... Si cette dimension compétitive semble plus difficile à mettre en avant à partir d’un certain âge, les capacités physiques diminuant, elle n’en reste pas moins importante à leurs yeux et peut être appréhendée différemment. Il ne s’agit plus nécessairement d’être « le meilleur » mais plutôt de « rester performant », de continuer à « se dépasser ». D’autres peuvent se tourner vers l’enseignement, le coaching, afin de faire valoir leur expertise dans la discipline. Le sport fait ici figure d’élément quasiment « identitaire », et fait donc l’objet d’un investissement important. Pour certains, cela se traduit par ailleurs par un engagement au sein de l’association sportive qu’ils fréquentent bien souvent depuis des années.

38

Page 39: les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

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39

Page 40: les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

« Les sportifs d’antan »

Ce second profil se caractérise par une trajectoire sportive discontinue, marquée par une interruption relativement longue des activités physiques pendant la vie active.

Pendant l’enfance et l’adolescence, ces personnes ont généralement reçu une éducation physique et sportive intensive, qu’elles ont dû interrompre à l’entrée dans la vie professionnelle et/ou familiale.

Le manque de temps associé aux contraintes de la vie professionnelle, à l’éducation des enfants a en effet amené ces sportifs à signifivativement diminuer, puis à mettre fin à leur engagement sportif.

Si la plupart ont malgré tout pu faire du sport ponctuellement, dans un cadre non contraint, ils n’ont jamais eu de pratique sportive régulière durant cette période. La reprise d’une activité physique coïncide donc avec la levée des contraintes qui en avaient déterminé l’arrêt (retraite et/ou départ des enfants du domicile familial).

La reprise de la pratique fait souvent écho à plusieurs types de motivations et d’attentes. D’une part, il s’agit souvent de profiter d’une nouvelle liberté, de la fin des obligations professionnelles et familiales. Le sport est ici associé au plaisir, qui passe également par la convivialité et la dimension collective du cadre de pratique.

L’engagement dans une activité physique renvoie également à une dimension de bien-être physique et de prévention en matière de santé.

La dimension compétition en revanche, qui avait pu caractériser leurs pratiques sportives juvéniles, est rarement investie par ces « sportifs d’antan ».

Il est néanmoins fréquent que la reprise du sport se fasse sur un mode intensif et polyvalent : plusieurs sports peuvent être expérimentés, et ce dans des cadres de pratique distincts (à la fois dans le cadre d’associations sportives et en autonomie, autour de pratiques de nature par exemple).

40

Page 41: les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

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Page 42: les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Les « pré-seniors » qui veulent « se remettre au sport »

Pour ces pratiquants, le sport constitue une activité investie tardivement, souvent au moment de la retraite ou quelques années auparavant.

Durant l’enfance et l’adolescence, ces personnes n’ont en effet pas eu d’activités physiques ou sportives régulières, outre celles dispensées obligatoirement dans le cadre scolaire.

L’engagement sportif n’a pas non plus eu lieu pendant les années d’activité professionnelle et de vie familiale, souvent par manque de temps, mais également parce que le sport ne créait pas d’appétence particulière. Les quelques activités physiques citées sont généralement des activités de loisir, pratiquées ponctuellement dans un cadre non contraint, avec des amis ou en famille, pendant les vacances, etc.

L’entrée dans la pratique sportive se fait ici véritablement à travers la dimension santé. Elle peut

en effet faire suite à des problèmes de santé, à l’issue desquels le sport apparaît comme indispensable si l’on souhaite « se reprendre en main ».

Le choix de débuter une activité physique peut également s’inscrire dans une logique de prévention, avec la volonté de « rester en forme » alors que l’on sent que le corps devient moins endurant, et que les capacités physiques s’amenuisent plus rapidement.

L’activité choisie est, par conséquent, souvent une discipline dite « douce », ne supposant pas d’effort physique trop intense ou soudain. La compétition est pleinement exclue : il s’agit de faire du sport pour « se faire du bien », physiquement et psychiquement, « se maintenir en forme », sans « y aller trop fort ».

La pratique sportive se rapproche enfin d’une activité de loisir, qui permet de mêler « l’utile à l’agréable » et parfois d’ « occuper » son temps libre.

42

Page 43: les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

63

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Les adeptes d’une pratique légère et continue - « saine » - de l’activité physique et sportive

Il s’agit de personnes qui ne se définissent pas comme « des grands sportifs » mais qui ont toujours « aimé bouger ».

Enfants, ils ont fait peu de sport, n’ont généralement jamais pratiqué en club ou pris part à des compétitions. En revanche, ils ont souvent consacré leur temps libre à des activités de loisirs et des pratiques de nature pour « se dépenser », « prendre l’air » : vélo, marche, natation, etc.

La pratique sportive n’a jamais été très régulière ou très intense ; elle est davantage associée à des moments de plaisir, souvent collectifs, et permet de garder une bonne « hygiène de vie ».

Les sports investis ne requièrent généralement pas un grand niveau de technicité, et les pratiquants accordent assez peu d’importance aux questions de performance.

La retraite offre alors la possibilité de diversifier, parfois d’intensifier, les sports que l’on pratique. Les activités de plein air sont particulièrement appréciées, car elles permettent d’une part d’exercer une activité physique de manière très libre, dans un cadre associé à la détente et au loisir, et d’autre part de pratiquer un sport selon des modalités adaptées à ses possibilités physiques (effort modéré sur un temps long).

Par ailleurs, ces pratiquants peuvent décider d’expérimenter une nouvelle activité sportive, dans un cadre associatif. La dimension plaisir est toujours très présente : il s’agit de découvrir une nouvelle discipline, de pratiquer en groupe, de partager un moment convivial…

Mais le choix du cadre associatif fait également écho au souci d’être davantage conseillé et encadré dans sa pratique sportive, dans une perspective de santé : le rôle de conseil de l’animateur est alors très important.

44

Page 45: les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Une rencontre avec le sport associatif qui ne va pas de soi

Ainsi que cela a été souligné précédemment, la prise en compte des besoins et attentes de cette population de « jeunes seniors » constitue a priori un enjeu de taille pour les associations sportives, les fédérations, comme pour les collectivités. Cependant, comment favoriser l’accueil de ces populations ? Quel cadre leur proposer ? À quelles conditions ces pratiques plus

ou moins formalisées peuvent-elles s’inscrire dans un engagement associatif ? La diversité des profils identifiés témoigne de la difficulté pour les acteurs associatifs de répondre à la variété des aspirations de cette génération. La rencontre avec le sport associatif ne va pas de soi.

Beaucoup pratiquent une APS à leur manière, en dehors des clubs et des associations

Comme le montre l’enquête menée en 2010 par la MEOS-Mission des études, de l’observation et des statistiques et l’Insep sur la pratique physique et sportive en France (commanditée par le CNDS et le ministère en charge des Sports), si l’affiliation à une structure (association ou club privé marchand) a légèrement progressé entre 2000 et 2010, la pratique d’une APS a lieu le plus souvent en dehors de toute structure et le recours à un encadrement reste minoritaire.68

Cette pratique est particulièrement développée parmi les seniors. Si la pratique d’une activité physique et/ou sportive progresse parmi les seniors et en particulier la tranche d’âge des 55-64 ans, elle reste encore peu organisée : beaucoup de seniors organisent eux-mêmes leurs activités sans passer par le truchement d’une association. Ils pratiquent moins que les autres tranches d’âge au sein d’une structure, de manière encadrée, et participent peu à des compétitions ou manifestations sportives.

Contrairement aux tranches d’âge les plus jeunes, les pratiquants de plus de 50 ans n’ont pas besoin d’un encadrement spécifique ou d’une assurance pour leur permettre de développer des pratiques sportives qui répondent à leurs attentes. Des pratiques qui permettent de faire du sport de manière autonome, dans une logique de loisir et de détente, en dehors de tout encadrement, avec une grande liberté de temps et d’espace, sans grand investissement matériel : « D’une façon générale, les seniors n’ont pas une folle envie de s’encarter, et par rapport aux scolaires, ils ont les moyens de s’affranchir de l’inscription dans un cadre associatif : ils n’ont pas besoin d’un moniteur pour les surveiller, ni d’une assurance spécifique… »69.

L’enquête menée par l’IRDS confirme le succès de la pratique autonome auprès des seniors (39 % des 55 ans et plus) comparativement à la pratique encadrée (23 %). La pratique autonome oscille autour de 40 % tout au long de la vie (hormis après 75 ans où elle chute à 28 %) alors que la pratique encadrée diminue avec l’âge (la moitié des 15-24 ans s’adonne régulièrement à une activité sportive encadrée, contre 27 % des 65-74 ans).

Les 55-64 ans ne sont que 13 % à être licenciés contre 20 % des moins de 55 ans. Ils adhèrent moins souvent à une association ou à un club privé et ont moins recours à un moniteur. L’enquête ne permet pas de savoir si la chute de cette pratique encadrée est une volonté des pratiquants ou si elle est le résultat d’une offre inadaptée aux attentes de ce public. Après 45 ans, la pratique encadrée féminine est plus importante que la pratique encadrée masculine. Un résultat qui s’explique sans doute par la nature des activités pratiquées.

68 Lefevre B., Thiery P., « Les principales activités physiques et sportives pratiquées en France en 2010 », in : Stat-Info, Ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, n° 11 – 02, novembre 2011.69 Guérin S., « Les seniors : du sport en liberté à l’engagement associatif », op.cit. 46

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Pratique régulière encadrée Pratique régulière autonome

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

L’exploitation de l’enquête « Participation à la vie culturelle et sportive » de 200370 réalisée par l’IAURIF soulignait déjà que chez les 55-74 ans de l’Île-de-France, en 2003, la pratique encadrée était une pratique moins courante que pour l’ensemble des Franciliens (31 % contre 37 %) mais plus accentuée que pour leurs homologues de province (28 %). Ils étaient moins souvent inscrits en association ou en club privé. Ils ne sont que 14% à être licenciés alors que les jeunes de 15 à 26 ans sont 25 % à l’être.

Si la volonté de faire des rencontres peut conduire des personnes à privilégier le cadre associatif, force est de constater que l’adhésion suscite également des réticences : le club reste associé à la notion d’engagement, voire de « contraintes ».

Des contraintes qui peuvent même en conduire certains à privilégier les salles de fitness, où l’on peut se rendre quand on veut, où l’on peut « consommer » sans tenir compte d’horaires prédéterminés.

L’enquête menée auprès des Franciliens va dans le même sens. Selon les résultats obtenus la première raison qui pousse les 55-64 ans à pratiquer régulièrement leur activité sportive en

70 Peuvergne C., Camus N., « Les pratiques sportives des franciliens, Exploitation de l’enquête « Participation à la vie culturelle et sportive » - 2003 »,IAURIF, avril 2005.

La pratique encadrée des seniors

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

dehors de tout encadrement est le fait de pouvoir s’y adonner quand, où et comme ils le souhaitent (85% des pratiquants autonomes réguliers). Ils prévilégient également la pratique en solitaire ou avec des connaissances (amis, famille). La moitié ne souhaite pas faire de compétition. Le prix de l’adhésion (23%), ou la qualité de l’offre sont moins souvent invoqués. Les motivations des Franciliens de moins de 55 ans sont très proches.

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Les raisons de la pratique autonome

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

Des populations « enfermées » dans des pratiques à l’image « seniorisée » (la marche, la gymnastique volontaire,…) ?

L’enquête sur les pratiques sportives des Franciliens montre que les principales disciplines exercées régulièrement par les 55-64 ans sont la marche (26 %), la gymnastique (13 %), la natation, le vélo (8 %) et la relaxation (6 %). Bien souvent, ces activités sont davantage pratiquées par cette tranche d’âge que par le reste de la population.

Avec l’âge, la palette des activités se rétrécie et la mono activité concerne de plus en plus de personnes : 16 % avant 55 ans, 21 % des 55-64 ans, 28 % des 65-74 ans, 49 % des plus de 75 ans. Au fil du temps, la marche s’impose comme la principale activité des seniors : 19% des 50-54 ans, 24 % des 55-59 ans, 27 % des 60-64 ans, 30 % des 65-74 ans.

Certes, certains seniors (en particulier parmi les pré-seniors) développent également des pratiques intensives dans des disciplines telles que le tennis, le volley-ball, les sports mécaniques, etc.

Il n’empêche que la pratique de ces sports réputés plus physiques est beaucoup moins présente auprès des seniors. Les taux de pratique des 55-64 ans en course à pied et au tennis par exemple sont divisés par deux. De même, la musculation, les sports de combat et les sports collectifs ont pratiquement disparu du portefeuille d’activités des 55-64 ans.

La présence beaucoup plus limitée de cette tranche d’âge sur ces disciplines est-elle liée au caractère inadapté de ces sports par rapport aux attentes et aux besoins des pré-seniors ou à un déficit d’offres ? Quelle est l’influence des représentations dans l’évolution de ces pratiques et de l’offre proposée ?

« J’aimerais bien faire plus de choses, mais ça manque de propositions…. Je connais déjà les activités yoga, taï-chi, j’ai essayé mais ça ne m’intéresse pas. C’est lent… J’aime les sports où on a vraiment la sensation de faire travailler son corps ».

C., 63 ans, retraitée, pratique la gymnatique douce

A l’inverse, les disciplines sportives réputées plus « physiques », associées dans l’imaginaire collectif à la jeunesse et la pleine possession de ses capacités physiques, peinent à attirer de nouveaux pratiquants de cette tranche d’âge. Ainsi, un professeur d’aïkido rencontré - lui-même âgé de 56 ans - regrette que ces représentations soient si prégnantes et déterminantes dans le choix des sports pratiqués.

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

« L’aïkido, c’est tout à fait adapté à ce public-là. C’est un bon exercice d’entretien, ça permet d’entretenir son squelette, sa musculature… Il n’y a pas de compétition, l’avancement se fait par passage de grades, et ça n’est pas une pratique très athlétique, c’est tourné davantage vers la conscience de son propre corps. Ça demande davantage de qualités de disponibilités que de qualités super athlétiques… C’est pour ça que les gens restent dans la durée. On fait travailler

différemment les femmes, qui sont plus souples, ou les gens plus âgés, selon leurs douleurs… C’est vraiment une pratique évolutive. […] Mais l’aïkido reste perçu comme un art martial, avec une notion de combat, alors que le taï-chi est populaire chez les pratiquants de plus de 55 ans. C’est dommage. C’est un sport qui pourrait être tout à fait adapté, autant que la marche nordique ou l’aquagym, et qui est assez complet ».

J., 56 ans, professeur d’aïkido

Les principales disciplines régulières des 55-64 ans

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

Evolution du taux de pratique régulièrepar discipline, selon l’âge

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

A la question de savoir s’il existe des disciplines sportives que les Franciliens de 55-65 ans souhaiteraient pratiquer, 48 % répondent par l’affirmative. Parmi ceux qui souhaitent pratiquer un autre sport, 21 % évoquent la natation, 18 % la gymnastique et 16 % le vélo. Il s’agit de sports déjà bien implantés auprès de cette catégorie d’âge. Pour autant, les femmes déclarent également avoir une préférence pour la danse et l’équitation. De leur côté, les hommes citent aussi des activités à l’image moins « seniorisée » telles que les sports nautiques, les sports de raquettes, les sports mécaniques ou encore la musculation.

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Proportion de personnes qui déclarent ne pratiquerqu’une seule activité sportive

Source : IRDS, EPSF 2008-2012

En dehors du manque de temps, cité par 39 % des personnes interrogées, les autres obstacles à la pratique de cette nouvelle activité sont principalement : l’absence d’offre à proximité de chez eux (22 %), un problème de santé (21 %) et le coût de l’activité (18 %).

Les souhaits des Franciliens de 55-64 ans(en % de ceux qui souhaitent pratiquer une autre activité)

Source : IRDS, EPSF 2007

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Les freins à la pratique d’une autre activité (% de ceux qui souhaitent pratiquer une autre activité, Franciliens de 55-64 ans)

Source : IRDS, EPSF 2007

Des modalités d’engagement associatif à géométrie variable

Comme le montre une enquête réalisée à l’initiative de France Bénévolat au printemps 2013, les plus de 60 ans constituent les tranches d’âge les plus impliquées dans le mouvement associatif.

33 % des 60-69 ans et 38 % des plus de 70 ans donnent du temps gratuitement en faveur d’une association, et respectivement 21 et 24 % d’une manière informelle : « ceux que l’on appelle désormais les « papys boomers », en référence aux effets démographiques du « baby-boom » sont en meilleure santé, bénéficient d’un niveau de vie parfois confortable avec la généralisation et l’amélioration des retraites, et sont aussi mieux impliqués dans la vie

civique avec la généralisation depuis les années 1960 de la formation (éducation scolaire voire universitaire) et de l’information (médias). Pour la première fois, une génération conjugue ainsi la plupart des critères favorables à l’engagement. Il n’est donc pas étonnant que ces nouveaux seniors soient le socle actuel de la vie associative : synchroniquement, par l’intensité et la multiplicité de leurs engagements ; diachroniquement, par le doublement de leurs taux de bénévolat depuis 30 ans »71.

71 Brodiez-Dolino A., Préface, « Le bénévolat en France en 2013, et ses évolutions récentes… », in : Recherches & solidarités, septembre 2013.

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Page 52: les pratiques sportives l' engagement associatif des « pré-seniors

Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

Source : Brodiez-Dolino A., Préface, « Le bénévolat en France en 2013, et ses évolutions récentes… », in : Recherches & solidarités, septembre 2013.

La notion « d’engagement associatif » recouvre en réalité plusieurs formes de mobilisation72 :

72 « L’engagement associatif des actifs », Rapport du groupe de travail piloté par le Ministère en charge de la vie associative et l’associationLe Rameau, novembre 2014.

Au regard des entretiens menés dans le cadre de cette étude, la seule participation aux activités sportives proposées reste la modalité de mobilisation la plus courante. La prise de responsabilité dans le champ associatif (modalité 2 et/ou 3) reste moins investie. Plusieurs postures sont observées :

-

-

Elle est plus généralement le fait de personnes déjà impliquées par le passé dans la vie associative, sportive ou autre. L’engagement associatif leur permet de valoriser leurs compétences, de retrouver un statut, une reconnaissance ou tout simplement une activité qui prenne le relais de l’activité professionnelle.

A l’inverse, d’autres ayant investi différentes formes d’engagement, lors de leur vie active (syndicalisme, engagement politique, autres formes d’engagement associatif, etc.) peuvent décider de se mettre en retrait lors du passage à la retraite. Ils cherchent alors à se libérer des « contraintes » et à se laisser la possibilité d’improviser leur emploi du temps à tout moment. Le cadre plus ou moins formel imposé par l’engagement associatif peut même apparaître relativement « rebutant » pour une partie des adhérents.

« L’engagement associatif, ça dépend plutôt de la vie qu’on a eue auparavant. Ceux qui sont les plus investis sont souvent ceux qui ont déjà eu un engagement associatif dans leur vie, ou qui connaissaient ce monde-là via leur métier… Ce n’est pas évident, pour quelqu’un qui ne sait pas comment ça fonctionne, qui n’a jamais participé à des instances du type conseil d‘administration dans la vie syndicale ou associative… C’est pas facile pour eux de faire le pas ».

C., directrice d’une association proposantdiverses activités pour les plus de 55 ans

« Je n’ai pas trop envie de m’engager. Je l’ai fait dans d’autres associations pour des cours de français, ça demandait beaucoup de travail ; ça me contraint, il faut être là régulièrement, alors que moi j’aime bien garder mes petits-enfants, et puis je veux pouvoir partir d’un jour à l’autre chez des amis en province. »

N., 65 ans, retraitée, pratique la gymnastique pilates,d’entretien, l’aquagym et la marche nordique

« J’étais trésorier du club de foot interne à mon entreprise. J’étais syndicaliste aussi. Mais ça ne me plaisait pas plus que ça : ça amène toujours des contraintes, des conflits, et puis on n’est pas toujours soutenus. Je préfère pratiquer les activités ».

R., 59 ans, ancien cadre à la retraite, sportif de toujours,pratique le tennis de table et le bowling dans une association

multisports dotée d’une section plus de 50 ans

Pour autant, les pré-seniors ne se détournent pas de l’engagement associatif, mais diversifient le type d’appui qu’ils peuvent proposer. Nombre d’entre eux soulignent être plus facilement enclins à donner « le coup de main », apprécier d’être sollicités pour aider, apporter leur expérience, mais pas forcément rechercher à prendre place dans une organisation, des responsabilités ou participer aux réunions.

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

« Ils [les pré-seniors] participent au travail du club, aux pots qu’on organise pour les passages de grade, etc. Mais c’est un engagement que tout le monde a plus ou moins, qui est lié à l’ambiance et à l’esprit du club. Les personnes qui sont à la retraite s’engagent un peu plus que les autres, mais c’est pas non plus énorme comme différence ».

Y., 38 ans, président d’une association sportive

Ils ne font donc pas exception, et s’inscrivent eux aussi dans une logique « d’arbitrage », déjà identifiée en des termes proches pour les publics en activité professionnelle (tous âges confondus), dans le cadre du groupe de travail ministériel en charge de l’analyse de l’engagement associatif des actifs73. Ce dernier a identifié deux niveaux auxquels s’effectuent ces arbitrages :

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Les entretiens menés dans le cadre de cette étude ont permis de relever que les 55-64 ans ont bien souvent d’autres responsabilités ou « contraintes » très chronophages à gérer par ailleurs et à concilier avec leur pratique sportive et leur engagement associatif. Ils disent ne pas pouvoir « se démultiplier », au risque de l’épuisement :

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pour la conciliation de leurs différents « temps sociaux » (vie personnelle, familiale, et professionnelle pour les pré-seniors encore en activité) ;

pour le choix de la forme de leur engagement, selon qu’il passe par les structures associatives, mais aussi par d’autres formes collectives (militantisme syndical, politique etc.) ou encore par la solidarité familiale (les aidants familiaux).

73 « L’engagement associatif des actifs », Rapport du groupe de travail piloté par le Ministère en charge de la vie associative et l’association Le Rameau, novembre 2014.74 « Seniors engagés et solidaires. Rôle social et économique de l’engagement bénévole d’entraide et associatif des villeurbannais de 50 ans et plus », Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, étude réalisée à la demande de l’OVPAR et du Conseil des Aînés de Villeurbanne, 2012.75 Anne-Marie Guillemard, « De la retraite mort sociale à la retraite solidaire. La retraite, une mort sociale (1972) revisitée trente ans après », in :Gérontologie et société, n°102, 2002/3.

Dans le discours de la plupart des personnes rencontrées, le passage à la retraite constitue un moment décisif dans ces arbitrages, en ce qu’il reconfigure les priorités et le contenu des différents « temps sociaux ».

Dans le cadre de leurs loisirs, ils pratiquent d’autres activités (activités culturelles notamment).

Ils sont également plus nombreux à venir en aide à un membre de leur famille, dans le cadre de la solidarité familiale. Cela peut passer par la garde des petits-enfants, la contrainte des parents âgés etc. Une étude réalisée au niveau local par l’Agence d’Urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, et portant sur le rôle économique et social des 50 ans et plus du territoire74, montre que parmi les 85 % des répondants qui déclarent avoir un engagement

Pour la plupart des pré-seniors rencontrés, la retraite accroît brutalement leur disponibilité. Pour autant, comme l’a observé la sociologue Anne-Marie Guillemard (2002)75, elle n’est plus envisagée selon le modèle de la « retraite-retrait », qui concernait largement le monde des retraités des années 1970, et qui faisait de l’arrêt du travail une forme d’exclusion sociale. L’accroissement des ressources mobilisables par les retraités pour l’entretien de leur position sociale (revenus, réseau de relations sociales, état de santé) a contribué à la montée en puissance des modèles de la « retraite-loisirs », et particulièrement de la « retraite troisième âge » pour les jeunes retraités : « le travail ne structure plus comme par le passé la totalité des existences des individus », et la retraite est l’occasion d’investir dans la « vie d’après travail » les sphères d’activités sociales développées en dehors de celle du travail lui-même. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que, chez les personnes rencontrées, la retraite coïncide pour beaucoup avec la décision de renforcer ou de reprendre une activité sportive.

solidaire et bénévole, 72 % déclarent aider prioritairement leurs proches (avec ou sans lien de parenté), sans pour autant exclure un engagement dans la vie citoyenne.

« Je me suis retrouvée avec des journées libres et une rupture de mon tissu social. C’était un peu brutal. […] Le seul horizon, c’était de préparer les repas. […] J’hésitais entre retrouver un emploi et me mettre à la retraite […] La boîte m’a payé une formation de préparation à la retraite. J’ai fait le tour de ce que je pouvais faire de mon temps : les voyages, mais ça coûte une fortune, faire du bénévolat ; trouver des clubs, les petits enfants etc. Les formateurs avaient les adresses d’associations possibles, ça m’a bien aidée. Ma première démarche a été de venir ici, parce que j’habite juste à côté […]. J’ai trouvé que ce qui nous était proposé était fabuleux ».

F., 64 ans, retraitée, pratique la gymnastique,la danse country et l’aquagym

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

« J’ai repris le sport parce que ça occupe, et que ça maintient le physique aussi.[…] Je n’envisage pas de participer aux activités de type voyages, sorties etc., j’en n’ai pas spécialement envie … Après, je suis un peu ouvert à toute occupation de toute façon […] A la retraite, qu’est-ce qu’on fait ? Il faut bien s’occuper. »

P., 59 ans, retraité, pratique le taï-chi,la gym douce, et la marche

Parmi les retraités d’aujourd’hui émerge particulièrement le modèle du « retraité solidaire », pour qui le temps de la retraite est celui du travail bénévole, librement consenti, et qui donne le sentiment de « continuer à être socialement actifs et utiles ». Cette posture diffère de la « retraite-loisirs » en ce qu’elle « refuse le principe d’un troisième temps de la vie voué aux loisirs et pour lequel l’enjeu essentiel serait de le ‘meubler’ ». Une étude réalisée en 2010 par le Centre d’étude et de recherche sur la Philantropie (CerPhi) sur les associations et les seniors bénévoles résume ainsi que la retraite est une transition à la fois source de perspectives, mais aussi d’inquiétudes. Le moment du passage à la retraite « pose, de façon cruciale pour certains, la question du sens à donner à cette période de la vie. Si la retraite, même anticipée, est souvent très attendue, personne ne souhaite être mis « en retrait », consigné dans un statut d’allocataire, à charge de la société. Et une part grandissante des retraités refusent également d’être réduits à un rôle de « consommateur de loisirs ».

76 « Les associations et les seniors bénévoles : nouvelles relations et nouvelles pratiques », CerPhi, en partenariat avec Jubilacom, Octobre 2010.

Pourtant, le passage à la retraite sonne avant tout comme une aspiration à la liberté, et les « pré-seniors » s’engagent dans le milieu associatif, pourvu que celui-ci ne leur impose pas trop de « contraintes ». L’étude de CerPhi souligne que « les conditions de l’engagement » et « les aspirations des jeunes retraités » diffèrent sensiblement des autres tranches d’âge : en effet, le « désir de responsabilité » ne constitue pas la motivation principale, bien au contraire. Ils seraient davantage à la recherche d’une utilité sociale et d’un épanouissement personnel. L’étude conclut alors que les nouveaux retraités d’aujourd’hui « refusent un bénévolat trop contraignant et dévoreur de temps », un discours que tiennent nombre des « pré-seniors » que nous avons rencontrés : ne pas s’imposer trop

« Je ne suis pas impliquée dans le fonctionnement de Vital Gym, parce que je fais plein de choses à côté. Et puis il y a aussi le fait… moi j’ai quand même travaillé pendant 41 ans, j’ai eu des ordres pendant 41 ans, et me retrouver encore avec des gens qui me donnent des consignes… ça me gêne. Je suis quelqu’un de très autonome ».

C., 62 ans, retraitée, pratique la marche, le vélo, la gym,et fréquente une salle de sport au moins une fois par semaine

« Il y avait beaucoup de contraintes administratives, d’informatique… Ça devenait compliqué à gérer, et j’avais mes petits-enfants à voir, ma mère dont il fallait que je m’occupe… ».

B., 62 ans, a été président de l’association sportivedont il estmembre pendant près de 18 ans. Au moment où il prenda retraite, il

quitte ses fonctions de président qu’il juge trop contraignantes

« Non, je ne suis pas accompagnatrice [des activités sportives] : ça ne s’est pas présenté, et on ne m’a pas demandé. Et puis je ne m’en sens pas capable. Je n’ai pas envie de trop m’engager. Je l’ai fait dans d’autres associations, pour des cours de français ; ça demandait beaucoup de travail […] : ça me contraignait, il fallait être là régulièrement, alors que moi j’aime bien garder mes petits-enfants, et puis je veux pouvoir partir d’un jour à l’autre chez des amis en province. Et j’aide encore à l’école où je travaillais avant, j’ai d’autres cadres où m’investir. »

N., 65 ans, retraitée, pratique la gym pilates et la gym d’entretien, l’aquagym, et la marche nordique de façon moins régulière

« Je recherche une raison d’exister, une responsabilité, une utilité. […] Je n’ai pas eu le sentiment d’avoir eu des responsabilités toute ma vie, donc là, ça ne me dérange pas. Mais je ne veux pas être présidente : ça devient du relationnel avec des dirigeants ; ça devient de la politique … Caresser dans le sens du poil pour des subventions. Je préfère être du terrain et m’occuper des gens parce que ça correspond à mon caractère […] On a des contraintes, mais celles qu’on veut bien ! Mais je peux leur dire ‘zut et au revoir’ … C’est une contrainte, mais en même temps une grande liberté »

F., 64 ans, retraitée, pratique la gymnastique, la danse countryet l’aquagym. En dehors de ses activités sportives dansl’association, elle est également bénévole au sein d’une

association caritative, dont elle exerce le secrétariat

de contraintes pour se laisser la possibilité de partir quand on veut, ne pas retrouver les responsabilités de la vie professionnelle, etc.

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Les pratiques sportives et l’engagement associatif des « pré-seniors » de 55-64 ans en Île-de-France DRJSCS Île-de-France

GLOSSAIRE

Activités physiques et sportives (APS) : les termes d'Activités physiques ou sportives (APS) regroupent toutes les pratiques, qu'elles soient sportives, compétitives, de loisirs, extrêmes, libres, au cours desquelles le corps est utilisé, mis en jeu et ceci quelle que soit la valeur (physiologique, psychologique, sociologique) que le pratiquant lui prête77.

Indicateurs utilisés dans le dispositif d’enquête de l’Institut régional de développement du sport (IRDS) : Pratiquant intensif : individu qui s’adonne à du sport au moins deux fois par semaine et ce tout au long de l’année.

Pratiquant régulier : individu qui s’adonne à du sport au moins une fois par semaine et ce tout au long de l’année.Pratiquant occasionnel : individu qui s’est adonné au moins une fois dans l’année à du sport et dont la pratique n’est pas régulière.

Pratiquant autonome : un individu exerce une activité sportive de manière autonome s’il n’est membre d’aucune structure sportive, s’il ne possède aucune licence et s’il n’est jamais encadré par un moniteur lors de sa pratique.

Pratiquant encadré : un individu exerce une activité sportive de manière encadrée s’il est membre d’une structure sportive ou pratique avec une licence ou est encadré par un moniteur.

77 Direction départementale de la cohésion sociale de la Côte d’Or, « Les activités physiques et sportives, Conseil et réglementation, Mémento Sport,2012.

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RédactionJean-Michel VOINOT

Mission d’observation et d’appui au contrôle

Directeur de rédactionChristophe BERNARD

Responsable de la Mission d’observationet d’appui au contrôle

Directeur de publicationPascal FLORENTIN

Directeur régional de la Jeunesse, des Sportset de la Cohésion sociale d’Ile-de-France

LES PRATIQUES SPORTIVES ET L’ENGAGEMENTASSOCIATIF DES « PRÉ-SENIORS » DE 55-64 ANS

ÎLE-DE-FRANCE2015

Cette étude a été réalisée par l’agence ASDO Etudes, en partenariat avec l’Institut régional de développement du sport (IRDS), pour la direction régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale.

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PRÉFET DE LA REGION D’ILE-DE-FRANCE

DIRECTION RÉGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS ET DE LA COHÉSION SOCIALE D’ILE-DE-FRANCE

6-8 rue Eugène Oudiné - CS 81360 - 75 634 Paris Cedex 1301 40 77 55 00 - [email protected]

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