AIX-MARSEILLE UNIVERSITE Faculté d’Économie et de Gestion École doctorale n° 372 Sciences Économiques et de Gestion d’Aix-Marseille Centre de Recherche sur le Transport et la Logistique (CRET-LOG) THESE présentée en vue de l’obtention du DOCTORAT EN SCIENCES DE GESTION Le 09 Décembre 2013 par Badreddine TALEB JURY Directeur de thèse : Sylvie AVIGNON Maître de conférences HDR à Aix-Marseille Université Rapporteurs : Patricia DAVID Professeur à l’ESDES Bernard GUILLON Maître de conférences HDR à l’Université de Pau Suffragants : Jacques COLIN Professeur à Aix-Marseille Université Gérald NARO Professeur à l'Université Montpellier 1 Gilles PACHE Professeur à Aix-Marseille Université Les motivations d’engagement des entreprises dans la responsabilité sociale : le cas du secteur industriel algérien
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AIX-MARSEILLE UNIVERSITE
Faculté d’Économie et de Gestion
École doctorale n° 372 Sciences Économiques et de Gestion d’Aix-Marseille
Centre de Recherche sur le Transport et la Logistique (CRET-LOG)
THESE
présentée en vue de l’obtention du
DOCTORAT EN SCIENCES DE GESTION
Le 09 Décembre 2013 par
Badreddine TALEB
JURY
Directeur de thèse : Sylvie AVIGNON
Maître de conférences HDR à Aix-Marseille Université
Rapporteurs : Patricia DAVID
Professeur à l’ESDES
Bernard GUILLON
Maître de conférences HDR à l’Université de Pau
Suffragants : Jacques COLIN
Professeur à Aix-Marseille Université
Gérald NARO
Professeur à l'Université Montpellier 1
Gilles PACHE
Professeur à Aix-Marseille Université
Les motivations d’engagement des entreprises dans la responsabilité sociale : le cas du secteur industriel algérien
« L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs »
Remerciements
Nombreuses sont les personnes qui ont contribué, directement ou indirectement, à l’aboutissement de
ce travail. C’est un honneur pour moi de les remercier dans ces quelques lignes.
Je souhaite tout d’abord exprimer ma profonde gratitude à mon directeur de thèse, Madame Sylvie
AVIGNON, qui m’a fait confiance et m’a guidé tout au long de ce travail. Je le remercie également
pour sa disponibilité, ses encouragements et ses précieux conseils.
Mes plus vifs remerciements s’adressent aux membres du jury Madame Patricia DAVID et Monsieur
Bernard GUILLON qui m’ont fait l’honneur de se consacrer à l’évaluation de ce travail. Je remercie
sincèrement le Professeur Gilles PACHE qui a accepté de siéger dans ce jury et le remercie également
pour ses efforts et son interactivité dans les moments critiques de cette thèse. Ma sincère gratitude va
également vers Monsieur Jaques COLIN et Monsieur Gérald NARO qui ont été contactés dans des
conditions particulières et qui ont accepté de siéger dans ce jury.
Ce travail n’aurait pu être réalisé sans une investigation sur le terrain. Par conséquent, je remercie
particulièrement le directeur de l’entreprise Laiterie EDOUGH Annaba, et le directeur de l’entreprise
PROTUIL Annaba qui m’ont accordé plusieurs entretiens au cours de mon étude exploratoire. Je
remercie aussi le Responsable de la Politique Environnementale Urbaine dans la Direction de
l’Environnement de la Willaya d’Annaba qui m’a reçu avec beaucoup de gentillesse.
Je remercie également l’ensemble des membres du CRET-LOG, en particulier Madame FABBE-
COSTES, Monsieur Gilles GUIEU, Monsieur Claude FIORE pour leurs disponibilités, conseils et
échanges tout au long du processus de construction de cette thèse.
Je remercie aussi les secrétaires du CRET-LOG Laurence COMBARIEU et Elisabeth JANULEWICZ
ainsi que les responsables de la bibliothèque de GLT et celle de la faculté de sciences économiques et
de gestion.
Mes remerciements vont également vers les nombreux «relecteurs » de cette thèse, notamment Fayçal,
Mounir, Nadjib, Chakib et Myriam.
Je ne peux clore ces remerciements sans exprimer toute ma reconnaissance et toute ma gratitude et
mon amour à mes parents, mes frères et sœurs, ma femme ainsi qu’à toute la famille, sans leurs
affections, leurs amours et leurs soutiens, je ne parviendrai pas à finir cette thèse.
Enfin, ma reconnaissance va en particulier à ma femme qui a fait preuve d’amour et de patience et qui
a supporté mes sauts d’humeur à la fin de cette thèse.
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Sommaire
1 Chapitre 1. La responsabilité sociale historique, émergence et définitions ....................................................................... 15
1.1 Section 1.1. Genèse et développement de la RSE ..................................................................................................... 16
1.2 Section1.2. La responsabilité sociale des entreprises sous l‘éclairage de la théorie ................................................ 48
Conclusion du chapitre 1…...……………………………………………………………………………………………68
2 Chapitre 2.L‘engagement des entreprises dans la responsabilité sociale ............................................................................ 70
2.1 Section 2.1.Fondement théorique des motivations d‘engagement dans la responsabilité sociale ........................... 71
2.2 Section 2.2. Les motivations d‘engagement dans la RSE au niveau de la littérature managériale .......................... 82
Conclusion du chapitre 2…………...…………………………………………………………………………………....99
3 Chapitre 3. Construction d‘un modèle explicatif des motivations d‘engagement dans la responsabilité sociale ...........101
3.1 Section 3.1. Les tentatives de classement des motivations d‘engagement dans la responsabilité sociale (exemple des modèles multi-niveaux) .....................................................................................................................................................103
3.2 Section 3.2. Modélisation de l‘engagement dans la responsabilité sociale.............................................................119
Conclusion du chapitre 3……..…………………………………………………………………………………..157
4 Chapitre 4. Contexte de la recherche, choix méthodologiques et résultats de l‘enquête exploratoire .............................162
4.1 Section 4.1. Le contexte de la recherche ..................................................................................................................163
4.2 Section 4.2. Les choix épistémologiques et méthodologiques de la recherche ......................................................192
4.3 Section 4.3. La phase exploratoire ...........................................................................................................................209
Conclusion du chapitre 4………………………………………………………………………………………………..219
5 Chapitre 5 Méthodologie quantitative de la recherche ......................................................................................................220
5.1 Section 5.1. L‘opérationnalisation des variables du modèle de recherche .............................................................221
5.2 Section 5.2. La mise en œuvre du questionnaire et la collecte des données ...........................................................264
5.3 Section 5.3. L‘évaluation de la qualité et de la validité des échelles de mesure ....................................................276
Conclusion du chapitre 5…...…………………………………………………………………………………………..293
6 Chapitre 6. Résultats et discussions du test des hypothèses ..............................................................................................294
6.1 Section 6.1. Résumé des hypothèses de la recherche ..............................................................................................295
Liste des tableaux ..........................................................................................................................................................................384
Liste des figures……………………………………………………………………………………………………………….385
Table des matières .........................................................................................................................................................................387
Waldman et al., 2006), la définition exacte de la RSE est restée insaisissable et souvent tirée 1LeviStrauss etCo, l'énoncé de vision de l'entreprise, cité par Patricia Jones et Larry Kahaner (1995). 2Bowen H., (1953), « Social responsibilities of the businessman », Harper et Row, New York.
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entre plusieurs visions, notamment la vision altruiste ou instrumentale. Dans ce sens, Votaw
et Sethi (1973) ont défini la responsabilité sociale comme « un terme brillant, qui signifie
quelque chose, mais pas toujours la même chose pour tout le monde ». Néanmoins, ce
concept est généralement utilisé dans la littérature pour désigner un mode d‘engagement des
entreprises qui permet de dépasser les attentes sociales, juridiques et éthiques (Luetkenhorst,
2004).
Cependant, si les chercheurs ont proposé des définitions de la RSE depuis plusieurs
décennies, ce n'est que récemment que l'intérêt pour les motivations d‘engagement dans la
Ces appels concernant l‘intégration de la RSE ont eu des conséquences directes sur les
changements des objectifs des entreprises. Traditionnellement, la maximisation du profit a été
considérée comme l‘objectif ultime de l‘activité de toute entreprise. Aujourd'hui, les
managers déclinent plusieurs autres objectifs à l‘entreprise : profit plutôt à long terme qu'à
court terme, rémunération des actionnaires, image de marque, croissance de l'entreprise et
respect de l‘environnement (Boiral, 2006).
Dans ce sens, les chercheurs ont identifié d‘une part, les motivations liées à des disciplines
spécifiques tels que le marketing, la gestion des ressources humaines et la performance
financière (Margolis et Walsh, 2001 ; Waddock et al., 2002 ; Gardberg et Fombrun, 2006), et
d‘autre part, des motivations plus spécifiques, comme les avantages concurrentiels (Cheryl et
al., 2010), les subventions publiques (Chan et Wong, 2006) ou la crainte des sanctions due au
non-respect de la réglementation (Givel, 2007).
D‘une manière générale, la question des motivations d‘intégration de la RSE a été étudiée
dans la littérature à partir d‘un seul niveau d'analyse : individuel, organisationnel ou
institutionnel, (McWilliams et Siegel, 2000 ; Chan et Wong, 2006 ; Givel, 2007 ; Cheryl et
al., 2010).
De plus, ces analyses ont été focalisées sur le niveau organisationnel ou institutionnel.
D‘après Herman et Ante (2012), uniquement 4% de la littérature a utilisé le niveau de
motivation individuel et seulement 5 % a utilisé plusieurs niveaux de motivation pour
expliquer l‘engagement des entreprises dans la responsabilité sociale.
5
Or, Un grand nombre de chercheurs suggèrent, de prendre en compte de multiples acteurs
(internes et externes) à différents niveaux d'analyse pour comprendre le changement dans le
comportement social et environnemental de l‘entreprise, car il existe une interaction entre les
niveaux de motivations lors d‘une décision stratégique. Autrement dit, le dirigeant prend en
considération une multitude de facteurs lorsqu‘il s‘agit de prendre la décision de
l‘engagement dans la RSE (Bansal et Roth, 2000 ; Garriga et Mele, 2004 ; Aguilera et al.,
2007).
Ce constat indique qu‘il existe une importante lacune au niveau de la littérature concernant
l‘analyse des motivations d‘engagement des entreprises dans la RSE sur un seul niveau
(Margolis et Walsh, 2001; Waddock et al., 2002). D‘où, le besoin vital d‘un examen global à
plusieurs niveaux et pluridisciplinaire dans lequel la littérature existante peut être intégrée et
synthétisée d'une manière cohérente et globale.
Par conséquent, dans cette recherche nous proposons une analyse multi-niveaux qui intègre la
vaste et très hétérogène littérature sur la RSE, en utilisant le cadre d‘analyse sur trois niveaux
de Wood (1991), mais, avec une nouvelle interprétation de chaque niveau d‘engagement
(Individuel, organisationnel et institutionnel).
Toutefois, si la question de la RSE et ses motivations d‘intégration au sein des entreprises
dans les pays développés a été largement traitée dans littérature, cette question, notamment
dans son aspect environnemental reste loin d‘être satisfaite dans les pays en développement.
Les plus grands enjeux sociaux et environnementaux de ces concepts se trouvent dans les
pays en développement, à cause de l‘expansion rapide de l‘économie qui peut engendrer des
conséquences dramatiques pour la société et l‘environnement.
Dans ce sens, l‘Algérie, semble être un pays qui possède l‘ensemble des caractéristiques d‘un
pays en voie de développement (une économie dominée par un secteur majeur, celui de
l‘hydrocarbure, un taux de chômage élevé notamment chez les jeunes, une situation
économique fragile, un faible taux d‘alphabétisation, un système légal qui manque de
contrainte et de transparence, etc.).
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Toutefois, dans le cadre de la mise à niveau des entreprises algériennes et de la réduction de
leur impact sur l‘environnement, le gouvernement algérien a complété le cadre réglementaire
existant par un ensemble d‘instruments volontaires mise en œuvre par le Ministère de
l‘Aménagement du Territoire, de l‘Environnement et du Tourisme (MATE), notamment, dans
le but de la préservation de l‘environnement, à l‘instar du « Contrat de Performance».
À ce jour plus de 80 contrats de performance environnementale ont déjà été signés entre le
Ministère de l‘Aménagement du Territoire, de l‘Environnement et du Tourisme et les
entreprises qui œuvrent dans les secteurs industriels, à savoir, la Sidérurgie, le Cimenterie, la
Construction métallique, la Chimie, l‘Electro- ménager et l‘Agroalimentaire.
Ces contrats signés volontairement par les dirigeants des entreprises, nous amènent à réfléchir
à la question des motivations réelles qui ont poussé les entreprises qui évoluent dans un climat
socioéconomique peu contraignant à s‘engager dans un processus de RSE généralement
coûteux.
L’objet de la recherche
L‘objet d‘une recherche se traduit par une question générale posée par le chercheur afin de
satisfaire l‘objectif qu‘il cherche à atteindre. Cette question est formulée souvent de la
manière suivante « qu‘est-ce que je cherche ? » (Saunders et al., 2003). L‘objet de la
recherche qui doit être défini plus étroitement que le thème de la recherche, représente une
difficulté majeure dans la réalisation d‘un travail doctoral. D‘après Perrin (2008) « Définir
l’objet et la question de recherche est certainement le travail le plus déroutant pour un
doctorant». En effet, construire un objet de recherche constitue de dresser une question qui
articule des objets théoriques, empiriques ou méthodologiques (Allard-Poesi et Maréchal,
2007). Dans le but de questionner les différents aspects de la réalité afin de décrire,
d‘expliquer ou de comprendre le phénomène étudié et de contribuer plus généralement à
approfondir et enrichir la connaissance en sciences sociales. Cet objet se résume dans notre
recherche en une seule question :
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Quelles sont les motivations réelles d’engagement des entreprises dans la RSE,
notamment celles du secteur industriel algérien ?
Cet objet de recherche se subdivise en deux questions de recherche :
Q1 : quelles sont les motivations individuelles, organisationnelles et institutionnelles qui
poussent les entreprises à s‘engager dans la RSE ?
Q2 : quelles sont les motivations réelles derrière l‘engagement des entreprises algériennes du
secteur industriel dans la RSE ?
Notre objet de recherche se construit à travers la définition en premier lieu, du concept de la
responsabilité sociale, ainsi que la présentation du débat théorique entre les approches
instrumentales menées par les publications de l‘école de Chicago notamment celles de Milton
Friedman, (Friedman, 1970; Higgins, 2000 ; Kerr, 2004) ainsi que les approches intégratives
proposées par la majorité des chercheurs dans ce domaine (Klonoski, 1991 ; Freeman et Evan,
1990 ; Donaldson et Dunfee, 1994 ; Hasnas, 1998 ; Von, 2003). En deuxième lieu, cette
recherche va nous amener à exposer quatre approches théoriques, qui traduiront trois niveaux
de motivation : un premier individuel qui regroupe les motivations individuelles représentées
par les valeurs managériales (l‘idéalisme et le relativisme), les caractéristiques observables
(l‘âge, le niveau d‘éducation, la carrière et l‘expérience). Un deuxième niveau
organisationnel, qui regroupe les motivations initiées par la logique interne de l‘entreprise à
savoir la réduction des coûts de production, le bien-être des employés et la rareté des
ressources. Le dernier niveau, institutionnel regroupe les motivations externes à l‘entreprise à
savoir : la législation, les avantages concurrentiels, les attentes des clients, les subventions de
l‘Etat, la pression des organisations non-gouvernementales, la pression des médias, le
commerce international et la société mère. En troisième lieu, à partir de ces trois niveaux nous
construisons un modèle de recherche, qui est testé auprès de 94 entreprises qui exercent dans
le secteur industriel algérien. Les résultats confirment une partie de notre modèle et nous
ramènent vers les objectifs attendus de cette recherche.
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Les objectifs et les intérêts de la recherche
Le travail de recherche se fixe des objectifs qui consistent à guider les choix méthodologiques
les plus appropriés. Les objectifs de recherche peuvent être formulés pour explorer, décrire,
vérifier ou maîtriser l‘objet de recherche (Evrard et al., 2003). L‘objectif principal de notre
recherche est de déterminer les motivations réelles qui poussent les entreprises à s‘engager
dans la responsabilité sociale, notamment dans le secteur industriel algérien. Afin de réaliser
cet objectif, nous proposons un modèle conceptuel construit sur trois niveaux qui explique les
motivations d‘engagement dans la RSE. Ce modèle est testé à travers un corps d‘hypothèses
reliant les différentes approches théoriques choisies. De cet objectif de confirmation et
d‘explication découle les intérêts pour les chercheurs, les praticiens, les décideurs, les
entreprises algériennes. Ces intérêts peuvent être regroupés en trois intérêts majeurs,
théoriques, méthodologiques et managériaux.
Sur le plan théorique, la recherche doit permettre d‘enrichir le débat concernant le
changement comportemental des entreprises entre, d‘une part, les approches théoriques
instrumentales qui considèrent la RSE comme un moyen de faire plus de bénéfice, (Friedman,
1970 ; Higgins, 2000 ; Kerr, 2004 ; Henderson, 2005 ; Crook, 2005), et d‘autre part, les
approches théoriques politiques et intégratives, qui considèrent que le comportement
responsable de l‘entreprise est une réponse automatique à l‘exploitation des ressources
physiques et humaines de la société (Klonoski, 1991 ; Freeman et Evan, 1990 ; Donaldson et
Dunfee, 1994 ; Hasnas, 1998 ; Von, 2003 ; Jenkins et Yakovleva, 2006). Notre thèse a pour
ambition d‘apporter une définition unifiée de la RSE qui synthétise les différentes définitions
théoriques et managériales repérées dans la littérature, et participe à la clôture d‘un débat qui
perdure depuis cinquante ans, (Gond et Matten, 2007). Notre recherche permet de classer les
différentes théories et études empiriques concernant les motivations d‘engagement des
entreprises dans la responsabilité sociale autour des quatre approches théoriques identifiées
dans le travail de Garriga et Mele (2004). Ce travail de classification a été recommandé dans
les travaux de recherche (Kleinet et al., 1999; Logsdon et Wood, 2004). Notre apport est
d‗associer des théories rarement mobilisées en même temps dans la littérature à l‘exemple des
théories psychologiques (l‘alignement sur les valeurs personnelles, l‘engagement, et la
sensibilisation), ainsi que les théories organisationnelles et instrumentales (théorie du contrat
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social, théories institutionnelles et des parties prenantes), afin de définir les motivations qui
poussent les entreprises à s‘engager dans la RSE (Kleinet et al., 1999; Logsdon et Wood,
2004).
Notre recherche nous permet de développer un modèle de recherche fondé sur trois niveaux
(individuel, organisationnel et institutionnel) pour analyser les motivations d‘engagement
dans la RSE.
Ce modèle multidisciplinaire mobilise les différents concepts et théories issus d‘autres
disciplines (l‘économie, la sociologie, la psychologie, la philosophie, la stratégie). Outre le
recours à cette multidisciplinarité, notre recherche s‘inscrit également dans une démarche
transversale à d‘autres domaines de recherche en sciences de gestion, à savoir le marketing, la
stratégie et le management. L‘utilisation de multiples acteurs à différents niveaux d'analyse,
va contribuer à réduire la fracture entre le niveau « microéconomique» d‘analyse représenté
par les motivations individuelles et niveau « macroéconomique » d‘analyse représenté par les
motivations organisationnelles et institutionnelles (Kleinet et al., 1999 ; Logsdon et Wood
2004 ; Aguinis, et al., 2011).
Sur le plan méthodologique, les apports sont à trois niveaux :
Tout d‘abord, nous avons utilisé la littérature existante ainsi que les résultats de l‘enquête
exploratoire, afin de définir les échelles qui vont mesurer les variables latentes de notre
modèle de recherche. Dans le but de rendre les variables observables, nous avons réalisé un
travail de traduction empirique des définitions conceptuelles afin de tester nos hypothèses de
recherche. Dans ce sens, nous avons utilisé des échelles de mesure qui ont été développées et
validées dans des études ultérieures à l‘exemple du questionnaire EPQ développé par Forsyth,
(1980), pour mesurer l‘idéalisme et le relativisme ainsi que les échelles de mesure des
caractéristiques observables (Thomas et Simerly, 1994 ; Postma et Kok, 1999 ; Yordanova,
2011 ; Godos-Diez et al., 2011). Une partie des échelles de mesure des variables, notamment
au niveau organisationnel et institutionnel a été développée en s‘appuyant sur les résultats de
notre étude exploratoire. Le délicat travail d‘opérationnalisation des concepts fait de notre
recherche une contribution importante dans la mesure où aucune étude, à notre connaissance,
ne s‘est intéressée aux motivations d‘engagement des entreprises dans le contexte algérien.
10
Ensuite, l‘importance de ce travail de recherche réside dans l‘utilisation d‘une étude
exploratoire préliminaire qui nous a permis de faire des entretiens avec des chefs
d‘entreprises, des experts, des académiciens et des représentants du Ministère de
l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement (MATE). L‘étude quantitative, à travers
un questionnaire nous a permis de contacter plus de 400 entreprises et de récupérer 94
questionnaires exploitables, avec un taux de réponse très encourageant par rapport à notre
terrain d‘investigation.
Enfin, le dernier apport méthodologique concerne le choix de la méthode de la régression
logistique d‘analyse des variables de notre modèle. Elle consiste à retenir en bloc toutes les
variables explicatives, pour ensuite procéder à l‘élaboration des différents tableaux
statistiques. Cette technique va assurer l‘analyse simultanée de toutes les variables, sur les
trois niveaux de notre modèle. Cela soutient aussi, notre vision multi-niveaux des différentes
motivations d‘engagement dans la RSE.
Sur le plan managérial, cette thèse permet de mettre en avant un terrain d‘investigation
original et non étudié auparavant. Ce sujet qui est très important pour toutes les parties
prenantes (entreprise, public et Etat), mais n‘a jamais été étudié dans ce contexte. En Algérie,
à ce jour aucune thèse n‘a été soutenue sur l‘intégration de la responsabilité sociale, et aucun
article n‘a été publié concernant le rôle stratégique de la RSE au sein des entreprises
algériennes. Toutefois, ce concept gagne de plus en plus d‘importance au niveau des
communications du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement
(MATE). Les entreprises algériennes semblent avoir pris conscience de l‘importance de la
RSE.
Le deuxième apport managérial met l‘accent sur les valeurs du chef d‘entreprise algérien,
plus exactement sur le comportement idéaliste du dirigeant algérien face à la décision
stratégique. En d‘autres termes, le dirigeant algérien prend en considération les normes
universelles quand il s‘agit de prendre une décision stratégique. Cela confirme les recherches
de Schwartz et Bilsky (1993) qui stipulent que « les exigences individuelles universelles,
s’exprimant dans tout type de société, constituent les véritables « fondations » des systèmes de
valeurs individuelles ».
11
Le troisième apport, concerne le gouvernement et les entreprises algériennes. En premier lieu,
cette thèse devrait permettre au gouvernement, de voir que la réglementation imposée n‘est
pas une fin en soi, mais un moyen pour préserver l‘équilibre social et l‘environnemental.
Cette recherche a prouvé que la contrainte règlementaire n‘est pas la source majeure de
pression. Autrement dit, le manager algérien ne pense pas directement à la réglementation,
lorsqu‘il doit prendre une décision. En deuxième lieu, cette thèse permet aux entreprises
participantes de recevoir un résumé des résultats de la recherche. Cela peut leur permettre
d‘acquérir un regard critique sur les pratiques de la RSE dans les entreprises algériennes et de
les informer sur l‘importance attribuée par les autres entreprises au concept de la RSE, ainsi
qu‘aux parties prenantes. Ces constats empiriques, doivent pousser d‘une part, le
gouvernement à revoir la politique sociale et environnementale et à choisir d‘autres politiques
plus adaptées à la situation. D‘autre part, cela permet d‘établir une comparaison de l‘attitude
individuelle de l‘entreprise par rapport à l‘ensemble afin de reconsidérer ses approches envers
les parties prenantes et l‘engagement dans la RSE.
D‘une manière générale, cette thèse nous permet de mobiliser une littérature vaste et
hétérogène, afin de construire un modèle de recherche nous permettant de répondre à nos
questions de recherche en fournissant une explication des motivations d‘engagement des
entreprises dans la RSE, notamment celles du secteur industriel algérien. Ce travail de
recherche aboutit à créer de nouvelles échelles de mesure en nous basant sur la littérature
mobilisée et les résultats de l‘enquête exploratoire. Enfin, cette recherche doctorale nous a
permis d‘accéder à un terrain d‘investigation très peu étudié et de poser une pierre angulaire,
base de futures recherches dans ce domaine.
La structure de la recherche
Afin de satisfaire aux objectifs et de répondre à notre question de recherche -la détermination
d‘un modèle multi-niveaux de recherche qui explique les réelles motivations d‘engagement
des entreprises dans la RSE, notamment les entreprises du secteur industriel algérien, nous
organisons notre travail de recherche en deux parties.
12
Dans une première partie, nous présentons le cadre théorique de la recherche qui nous a
amené à définir le concept de la RSE et à proposer un modèle conceptuel de recherche
expliquant les motivations d‘engagement des entreprises dans la RSE. Cette première partie
est construite autour de trois chapitres.
Le premier chapitre est consacré à la présentation du développement du concept de la RSE,
ainsi que son émergence sur chaque continent. Nous terminons ce chapitre par la présentation
d‘une définition de synthèse du concept de la RSE.
Le deuxième chapitre se concentre sur la mobilisation des approches théoriques, afin
d‘expliquer l‘engagement des entreprises dans la RSE, ainsi que la classification des
différentes motivations repérées dans la littérature.
Le troisième chapitre, présente les différents modèles multi-niveaux les plus utilisés dans la
littérature et synthétise les différentes variables retenues en les liants par des hypothèses, dans
le but de construire un modèle conceptuel de recherche basé sur un corpus théorique vaste et
hétérogène
La deuxième partie de ce travail de recherche confronte le modèle de recherche élaboré à
partir d‘une littérature théorique et empirique à un terrain d'application spécifique qui est le
secteur industriel algérien. Cette deuxième partie est ordonnée autour de trois chapitres.
Le quatrième chapitre est consacré à la présentation de notre terrain d‘investigation. Nous
abordons également, les choix épistémologiques et méthodologiques, ainsi que les résultats de
l‘enquête exploratoire.
Le cinquième chapitre présente la traduction des concepts théoriques en indicateurs, les étapes
de construction d‘outil de recueil des données et l‘évaluation de la qualité des échelles de
mesure.
Dans le sixième et dernier chapitre de la thèse, nous testons statistiquement le modèle de
recherche et nous discutons les différents résultats obtenus en nous appuyant sur les travaux
théoriques et empiriques antérieurs.
13
Partie 1.Analyse théorique des motivations
d’engagement dans la responsabilité sociale des
entreprises et modèle conceptuel de recherche
14
Introduction de la partie 1
L‘objectif de la première partie est de définir le cadre conceptuel de la recherche. Plus
exactement, nous mobilisons les multiples approches théoriques ainsi que les différentes
études empiriques, afin de définir le concept de la RSE des entreprises (RSE) et les multiples
motivations sur trois niveaux qui poussent les entreprises à intégrer ce concept dans leurs
pratiques managériales.
Pour ce faire, un premier chapitre présente, l‘histoire du développement du concept de la
responsabilité sociale des entreprises et son émergence sur chaque continent, et expose
également, les fondements théoriques du concept de la responsabilité sociale. Ce chapitre
s‘achève par la présentation d‘une définition unifiée du concept de responsabilité sociale des
entreprises.
Le deuxième chapitre, a comme objectif, d‘une part de mobiliser les approches théoriques,
afin d‘expliquer l‘engagement des entreprises dans la RSE, et d‘autre part, d‘identifier et de
classer les différentes motivations repérées dans la littérature, en se basant majoritairement sur
les quatre catégories théoriques examinées dans le travail de Garriga et de Mele (2004).
Enfin, un troisième et dernier chapitre, présente d‘une part, les différents modèles multi-
niveaux les plus utilisés dans la littérature et d‘autre part, la construction d‘un modèle
conceptuel de recherche qui se base sur les critiques des modèles multi-niveaux
précédemment présentés, ainsi que, la grande et très hétérogène littérature sur les motivations
d‘engagement dans la RSE. Pour chaque motivation d‘engagement, nous exposons et
discutons sa définition et les principaux travaux théoriques et empiriques l‘ont traité.
Nous terminons cette première partie par une conclusion, rappelant les principaux apports des
trois chapitres.
15
1 Chapitre 1. La responsabilité sociale historique, émergence et définitions
La recherche d‘un mode de développement économique respectant l‘équilibre
environnemental et social est aujourd‘hui une tendance dans les économies post-industrielles.
Cette dernière concerne tous les acteurs de la société, qu‘ils soient publics ou privés, issus de
grandes ou de petites structures, dans les pays développés ou en développement. Toutefois, ce
n‘était pas le cas dans toutes les phases de développement de ce concept, notamment au début.
Historiquement, les pratiques de la RSE ont été toujours liées à des disparités issues du monde
des affaires ou des réponses individuelles aux besoins de la société. Les preuves d'activités
caritatives et philanthropiques ont été signalées dès 4400 avant J-C (Pederson, 2006).
L'intérêt des chercheurs, dans le domaine de la RSE a été enregistré dans les années cinquante
avec la publication du livre de Bowen3 en 1953, dans lequel l‘auteur a tenté la première
définition de RSE (Carroll, 1999). Toutefois, il est intéressant de savoir qu‘une grande partie
des publications sur la RSE ont été générées aux États-Unis. En Europe, la préservation et le
développement de la société étaient toujours, le problème de l‘Etat, ce qui participe, à
l‘émergence tardive du concept de la RSE au niveau du continent Européen.
Cependant, la propagation de la notion de RSE, au 21ème siècle dans le monde a renforcé
l‘ambigüité et la complexité de ce concept, même si les définitions ne manquent pas, il
n‘existe pas à ce jour de consensus autour d‘une de la définition de la RSE.
Dans ce chapitre, nous allons dans une première section présenter, l‘histoire de l‘émergence
du concept de la RSE, et son développement sur chaque continent. Dans une deuxième
section, nous allons présenter, les fondements théoriques du concept de RSE, ainsi que la
définition choisie pour notre recherche.
3Bowen H, (1953), « Social responsibilities of the businessman », Harper et Row, New York.
16
1.1 Section 1.1. Genèse et développement de la RSE
Les racines duconcept de RSEqui sont connuesaujourd'huiont une longue histoirequi indique
que leschercheurs, les organisations et les managersont porté une attentioncroissante à
cespréoccupations (Carroll, 2004).
La RSE a commencé comme uneforme de philanthropiepaternalisteau début du 19ème siècle.
Le 20ème siècle, a connu une nouvelle forme de RSE, avec les travaux de Bowen considéré
comme le père fondateur de la RSE (Carroll, 1999), bien que, plusieurs chercheurs renvoient
ce concept à des nations anciennes comme les autochtones Africains (Visser 2007 ; Visser
2008 ; Lutz, 2009). Toutefois, ce concept a connu ses premiers débats avec les publications de
Milton Friedman, à partir des années soixante, qui annonce que la seule responsabilité de
l‘entreprise est de faire des profits.
Les conférences internationales réalisées autour de ce sujet par l‘Organisation des Nations
Unies, notamment celle de 1987 reconnu sous le nom de Brundtland ainsi que le Sommet de
Johannesburg en 2002, ont participé à la diffusion globale du concept de la RSE. Ce concept a
fait le tour du monde, en cherchant toujours à joindre l‘efficience économique à la
performance sociale et environnementale. Cependant, l‘émergence et la diffusion de ce
concept ne sont pas opérées au même rythme aux quatre coins du monde.
Cette section, examine l‘évolution du concept de RSE au fil du temps, comme elle aborde
aussi, l‘émergence de ce concept sur les quatre continents. Cette section se termine par la
présentationdu lien entre la RSE et le cadre réglementaire.
17
1.1.1 Le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises
La recherche d‘un équilibre entre protection de l‘environnement et développement
économique et social a été depuis longtemps au centre des préoccupations et des réflexions.
Dès les années cinquante, l‘Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)
apublié son premier rapport sur l‘état de l‘environnement dans le Monde. Il s‘agissait d‘un
rapport annonciateur de la recherche de réconciliation entre l‘économie et l‘écologie. Des
années après, le club de Rome a travaillé sur des concepts dépassant les idées écologistes de
l‘époque.
Avec l‘aide de différents chercheurs du Massachusetts, l‘Institute of Technology en 1972 a
commandé un rapport qui démontrait que « dans un monde aux ressources naturelles limitées,
un modèle économique fondé sur une croissance illimitée conduira à un effondrement des
sociétés »4. La même année, l‘Organisation des Nations Uniesa organisé à Stockholm, sa
conférence sur l‘environnement humain, dont l‘objectif était l‘examen des liens entre
environnement et développement.De cette conférence, aboutitla création du Programme des
Nations Unies pour l‘Environnement (PNUE), en complément du Programme des Nations
Unies pour le développement (PNUD)5.
Les années quatre-vingt, sont beaucoup plus sombres puisque à cette époque le grand
public était témoin de la montée en puissance de la pauvreté, ainsi que de la pollution ce qui a
montré l‘urgence d‘une solidarité planétaire aussi bien pour l‘homme, la société, et
l‘environnement. En réponse à de telles préoccupations, la Commission Mondiale sur
l‘Environnement et le Développement (CMED), a pour la première fois fait référence en 1987
dans un rapport intitulé « Notre Avenir à tous » au terme de « sustainable development »,
traduit en français par « développement durable ». Depuis l‘emploi de ce terme en 1987,
nombreuses sont les institutions et les personnes qui ont exigé de donner une définition. Mais
la plus importante définition reste celle de la Commission Brundtland (ou Rapport Brundtland
du nom de la présidente de la commission, la Norvégienne Gro Harlem Brundtland) qui
définissait le développement durable comme «un développement qui s’efforce de répondre
4Meadows, D.H., D.I. Meadows, L. Randors, and W. Behrens.«The Limits of Growth: A Report for the Club of Rome's Project in the Predicament of Mankind». 1972. Universe Books. NY, USA. 205 p. 5 Jean luc LEGARREC, « La physique et le développement durable », http://perso.univrennes1.fr/jean-luc.le-garrec/zfiles/33.pdf.
18
aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre
aux leurs »6 Autrement dit, le développement durable ne doit pas être de court terme mais en
revanche il doit avoir des objectifs de long terme. L'idée d‘une durabilité pourrait être classée
selon une triple notion c‘est à dire économique, sociale et environnementale. En outre, nous
devons assurer la croissance économique et sociale tout en respectant l'environnement dans
lequel nous menons nos activités (voir la figure n 1). Cependant, une difficulté demeure,
comment assurer un équilibre dans la réalisation de ces objectifs. Cela a toujours été
problématique pour la plupart des acteurs du développement (Adams ,2001). À la fin des
années quatre-vingt, le Rapport Brundtland a été débattu lors d‘une assemblée générale des
Nations Unies, dans une conférence mondiale organisée sur les thèmes de l‘environnement et
du développement.
Figure 1 Les trois dimensions du développement durable
Source : d‘après le Rapport Brundtland 1987, Commission mondiale de l‘environnement et du développement
durable
Ainsi, nous pouvons penser que le rapport de Brundtland a en quelque sorte jeté un pavé dans
la mare en soulevant un tel problème puisque depuis de nombreux sommets ont été organisés
à l‘exemple du sommet de la Terre à Rio en 1992 qui a offert un programme d‘action concret
6Rapport Brundtland, 1987, « Notre avenir à tous », http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/sites/odyssee
pour son application au niveau local, national et international, qui est l'Agenda 21, (Vivien ,
2003). Nous pouvons également noter la réalisation d‘autres conférences proches du concept
du développement durable, comme le Sommet de Johannesburg en 2002, auquel des
populations très diverses (grandes entreprises, entreprises privées, Présidents des pays
développés ou en développement, etc.) ont pu exprimer leurs points de vue de manière
constructive, afin de trouver la meilleure voie à suivre pour que les principes du
développement durable soient respectés et se traduisent par des résultats concrets. Dans cette
logique, le sommet a présenté pour la première fois, le concept de la RSE, « comme une
déclinaison pour l'entreprise des concepts de développement durable, qui intègrent les trois
piliers environnementaux, sociaux, et économiques »7.
Ce lien définit dans le sommet de Johannesburg entre le développement durable et la RSE a
été conservé dans les définitions de plusieurs pays et organisations, à l‘exemple du Ministère
Français de l'Ecologie et du Développement Durable qui considère que « le concept de la
responsabilité sociale est directement lié à la notion de développement durable, dont il est la
déclinaison pour les entreprises »8.
De la même manière, The World Business Council for Sustainable Development (WBCSD)
intègre la RSE dans un contexte de développement durable. Selon le (WBCSD), la RSE est «
l’engagement continu des entreprises à agir correctement sur le plan de l’éthique et de
contribuer au développement économique, tout en améliorant la qualité de vie de ses
employés et de leurs familles, de la collectivité locale et de l’ensemble de la société »9.
Dans les paragraphes suivants nous allons revenir avec plus de détail sur la définition,
l‘origine et l‘évolution du concept de la RSE qui est liée d‘une manière ou d‘une autre au
concept du développement durable.
7 Nation Unis, Rapport du Sommet mondial pour le développement durable Johannesburg (Afrique du Sud), 26 août-4 septembre 2002 http://wwwv1.agora21.org/johannesburg/rapports/onu-joburg.pdf 8Responsabilité sociétale des entreprises en France, ministère de l'écologie, http:// www. developpement-durable.gouv.fr/Responsabilite-societale-des.html. 9 www.wbcsd.org
20
1.1.2 L’evolution du concept de la responsabilité sociale à travers l’histoire
Le concept de la responsabilité sociale d‘entreprise (RSE) ou la responsabilité sociétale
d‘entreprise (RSE), a pour origine la locution anglo-américaine « corporate social
responsiblity ». Ces deux expressions sociales et sociétales représentent pratiquement le
même concept. De ce fait, dans notre recherche, nous allons utiliser l‘expression
responsabilité sociale des entreprises afin de désigner la responsabilité sociale et
environnementale, même si, l‘expression anglo-américaine « corporate social responsiblity »
laisse entendre qu‘il s‘agit juste d‘une responsabilité sociale. Ce concept est souvent associé
au développement durable (comme nous avons vu ci-dessus) ou encore à la mondialisation,
alors que cette association représente juste une partie de la vérité10. En réalité, la RSE est
apparue aux États-Unis dès les années cinquante où elle a émergé de considérations éthiques
et religieuses, qui ont donné lieu à des actions philanthropiques. La responsabilité s‘est
progressivement transformée pour exprimer la recherche d‘une conciliation entre les activités
économiques, les attentes et les préoccupations de la société (Capron et Quairel-Lanoizelée,
2007). Cependant, l‘évolution de ce concept est passée par plusieurs étapes. Ainsi, afin de
mieux comprendre ces étapes de développement, nous allons étudier l‘évolution du concept
de la RSE, à partir des années cinquante jusqu‘à nos jours.
1.1.2.1 LaRSEdanslesannéescinquante
Les années cinquante, furent marquées par l‘ouvrage de Bowen, publié en 1953 qui s‘intitulait
« The social responsibilities of the businessman ». Cet ouvrage posait les premiers piliers de
la RSE (Carroll, 1999 ; Acquier et al. 2005 ; Locket et al, 2006). En effet, Bowen considérait
que les grandes entreprises étaient des importants centres de pouvoir et que leurs décisions et
actions avaient affecté la vie des citoyens, (Carroll, 1999). Néanmoins, Bowen soutenait dans
son ouvrage que la RSE n'était pas la solution, mais qu‘elle tenait une vérité essentielle et que
les entreprises devaient l‘utiliser comme guide pour faire des affaires dans l‘avenir, (Carroll,
1999). Or, nous pouvons relever certaines critiques dans la mesure où même si Bowen est
reconnu dans la littérature comme étant le père fondateur de la RSE, Carroll, (1999) signalait
que les idées exprimées dans ce livre, affichaient des similitudes, avec certains essais de la
littérature managériale des années trente et quarante. Acquier et al. (2005), ont également noté
10Michel Capron Les éditions des Récollets - L'encyclopédie du développement durable. N° 99 - Juillet 2009.
21
que Bowen avait formulé dans son ouvrage des idées qui étaient « à la mode » de cette
époque dans le contexte Nord-Américain. En 1978, Bowen émettait des critiques de son
propre ouvrage, notamment pour son caractère idéaliste et normatif. De sa critique naîtra deux
principes : le premier renvoie au fait que les entreprises doivent être tenues de poursuivre ses
politiques, prendre des décisions, et suivre les lignes d'action qui sont compatibles avec les
objectifs et les valeurs de notre société. Le deuxième, stipule que la prise en compte des
préoccupations sociales par la firme doit se faire d‘une manière volontaire (Ben Yedder et
Zaddem, 2009).
De plus, les années cinquante furent également marquées par la publication d‘autres ouvrages
importants comme le livre de Eells en 1956, « Corporation. Giving in a Free Society », de
Heald en 1957 intitulé « Management’s Responsibility to Society: The Growth of an Idea »,
ou encore celui de Selekman en 1959 intitulé « A Moral Philosophy for Management » (cité
dans Carroll 1999).
1.1.2.2 LaRSEdanslesannéessoixante
Plusieurs chercheurs célèbres ont enrichi la littérature dans les années soixante. Parmi ces
chercheurs nous trouvons, Keith Davis, Joseph McGuire, William Frederick et Clarence
Walton Gautam et Singh (2010). Chacun de ces auteurs, apportait sa propre interprétation de
la RSE, mais tous s'accordaient sur le fait que la responsabilité de l'entreprise devait dépasser
les intérêts économiques de l'organisation. Ainsi, Davis (1960) estimait qu'une entreprise
socialement responsable était celle dont « les dirigeants prennent des décisions et des actions
qui sont partiellement basées sur plus que des intérêts économiques ou techniques directes de
l'entreprise ». Davis (1960) considéra également, que les décisions en matière de RSE et les
actions des entreprises se traduisaient par des avantages économiques à long terme pour leur
entreprise ou encore que certaines décisions socialement responsables d'une entreprise étaient
justifiables parce qu'elles pourraient avoir comme conséquence le gain économique à long
terme (Davis, 1960, cité par Lefebvre et Lefebvre, 2012).
En 1960, Frederick a également contribué à l‘enrichissement de la littérature sur la RSE en
stipulant que, les entreprises devaient remplir les attentes du public dans la poursuite de leurs
objectifs d'affaires, ce qui signifiait que la production et la distribution résultant des
22
entreprises devraient se traduire par l'amélioration du bien-être socio-économique total
(Carroll 1999).
D'autres chercheurs à l‘exemple de McGuire ont en 1963 essayé de définir la RSE, en
continuant sur la lancée de Frederick, et en mettant l'accent sur les obligations de l'entreprise
qui s'étendaient au-delà des domaines économiques et juridiques, afin d'inclure les employés,
le bien-être communautaire, la politique et les besoins éducatifs de la société(Carroll et
Shabana 2010).
En 1966, Davis et Blomstrom proposaient une nouvelle définition de la RSE en affirmant
que : « La responsabilité sociale se rapporte à l'obligation d'une personne de considérer les
effets de ses décisions et actions dans l'ensemble du système social. Les dirigeants appliquent
la RSE quand ils considèrent les besoins et les intérêts d'autres personnes qui pourraient être
touchées par les actions de l'entreprise. Ainsi, ils regardent au-delà des intérêts économiques
et techniques étroites de leur entreprise » (Davis et Blomstrom 1966 cité par Carroll, 1999).
Par la suite, les travaux de Frédérick (1960), et McGuire (1963), ont conduit à l‘émergence de
la notion de «volontarisme» qui a été reconnue pour la première fois par Walton en 1967 dans
son ouvrage intitulait «Corporate Social Responsibilities». Walton soulignait dans son
ouvrage que la RSE d'une entreprise comprenait toujours un certain degré de volontarisme,
car les entreprises devaient accepter que des coûts soient impliqués dans des actions sociales
sans retour économique mesurable (Walton, 1967 cité par Carroll, 1999).
Les années soixante représentent une décennie où l‘on a vu naître de nombreux débats à ce
sujet, (Gendron, 2000), notamment avec la fondamentale opposition de Milton Friedman en
1962. Selon ce dernier : « la seule responsabilité de l’entreprise est de maximiser les profits
de ses propriétaires et actionnaires ». En tant qu'économiste, Friedman considère que, seuls
les individus pouvaient avoir des responsabilités. Cependant, son point de vue a été critiqué à
de nombreuses reprises.
Le concept de la RSE a évolué dans cette période par plusieurs études, en réponse à la
structure émergente des grandes entreprises et de leurs responsabilités, censées aller au-delà
de leurs intérêts juridiques et économiques. Les premiers écrits de (Bowen, 1953 ; Davis,
que les entreprises et les gestionnaires étaient attendus pour examiner les préoccupations qui
étaient plus larges que les aspects techniques et économiques des entreprises. Ces recherches,
pouvaient être considérées comme les premiers fondements de la RSE moderne.
1.1.2.3 LaRSEdanslesannéessoixantedix
Dans les années soixante-dix, le nombre d'auteurs qui ont fait référence à la RSE a
considérablement augmenté. Parmi les premiers livres qui ont marqué le début de cette
décennie, nous pouvons noter, le livre de Heald publié en 1970 et intitulé «The Social
Responsibilities of Business: Company and Community», qui fournit un compte rendu de la
RSE du point de vue des entreprises (Carroll, 1999). Dans son ouvrage, l‘auteur affirmait que
la RSE des gestionnaires devait finalement être recherchée dans leurs propres politiques. Il
présenta également dans son ouvrage, un historique des programmes axé sur la collectivité,
les politiques et les considérations des dirigeants de la RSE des entreprises dans cette époque.
En 1971, Harold Johnson fit pour la première fois référence aux parties prenantes dans son
livre intitulé « Business in contemporary society: framework and issues ». Dans son ouvrage,
ce dernier fit quatre constats : Tout d‘abord, dans son premier constat, Johnson déclarait
qu'une entreprise socialement responsable était celle dont les leaders en compte, conciliaient
des intérêts divers, et pas seulement l'intérêt de la richesse des actionnaires (Carroll, 1999). Il
affirmait également qu'une entreprise socialement responsable devait aussi tenir compte de
l'intérêt de ses employés, fournisseurs, revendeurs, et des collectivités locales. C‘est lors de
l'inscription de ces différents acteurs que Johnson fit allusion à une approche des parties
prenantes et à la RSE des entreprises. Ensuite, dans son deuxième constat, ce dernier signalait
que, la maximisation du profit était la raison pour laquelle les entreprises réalisaient des
programmes sociaux. Dans une telle perspective, Johnson classa la RSE comme une stratégie
à long terme de maximisation du profit. Puis, dans son troisième constat Johnson fit référence
à la maximisation de l'utilité. Il soutenait que la motivation des décisions de la RSE et les
actions des entreprises étaient la maximisation de l'utilité. Dans cette perspective, les
entreprises socialement responsables poursuivaient des objectifs multiples plutôt que le seul
but de maximiser les profits. Ainsi, pour Johnson un« gestionnaire socialement responsable
est celui qui pense non seulement de son propre intérêt, mais aussi aux intérêts des autres
dans la société ». Enfin, le quatrième constat présenté par Johnson était connu comme le point
de vue lexicographique de la RSE, ce qui suggère que les entreprises qui sont très motivées
24
par les profits, peuvent agir ou se comporter d'une manière socialement responsable. Il en
résulte qu‘une fois leurs objectifs de profit atteint, les entreprises pouvaient agir comme si la
RSE était un objectif important alors qu‘il est secondaire (Carroll, 1999).
L'une des contributions les plus importantes à la définition de la RSE a été faite par le Comité
pour le Développement Economique (CDE) en 197111. Le CDE articulé un modèle triple
concentrique de ce concept. Le cercle intérieur comprend les responsabilités de base pour
l'exécution efficace des fonctions économiques comme la productivité, l'emploi et la
croissance économique, ce qui représente la notion «responsabilité sociale d'entreprise»
présentée par Friedman en 196212. Le cercle intermédiaire englobe la responsabilité de la
fonction économique en ce qui concerne l'évolution des valeurs et des priorités sociales,
comme la conservation de l'environnement, les relations avec les employés et les attentes plus
rigoureuses des clients. Le cercle extérieur émerge de nouvelles responsabilités, où les
entreprises doivent s'efforcer de devenir plus largement impliquées dans l'amélioration de
l'environnement social (Carroll, 1999). Dans cette publication, le CDE a fait observer que
l'objectif fondamental des entreprises publiques était de satisfaire de manière constructive les
besoins de la société (voir la figure n 2). Carroll (1999) décrit le modèle de la CDE comme
«une contribution historique à la notion de la RSE» qui illustre l'évolution des relations entre
les entreprises et la société.
11CED Committee for Economic Development,1971, ―publication Social Responsibilities of Business Corporations”.http://www.ced.org/ 12Friedman M. (1962), Capitalism and Freedom, University of Chicago press.
25
Figure 2 Le modèle CED de la responsabilité sociale des
entreprises
Il ajoute également, que l‘entreprise est appelée à assumer des responsabilités plus larges que
jamais pour la société et à servir un large éventail des valeurs humaines. A l‘exemple des
entreprises commerciales américaines qui ont été appelées à contribuer davantage à la qualité
de vie de la société américaine, plus que la simple fourniture des biens et des services. En
effet, une entreprise est au service de la société, car son avenir dépendra de la qualité de la
réponse de la direction à l'évolution des attentes du public (Carroll, 1999).
De son côté, Davis en (1973) soutenait que « la RSE est la réponse de l'entreprise à des
questions qui dépassent les exigences économiques, techniques et juridiques étroites d'une
entreprise et par conséquent, il commence là où le droit prend fin ». D'ailleurs à ce sujet, il
convient de souligner que d‘autres chercheurs de l‘époque avaient des opinions similaires, à
l‘exemple de (Manne et Wallich 1972 cité par Carroll 1999). En revanche, Eells et Walton,
(1974) avaient une vision plus large des activités des entreprises, car ils ont estimé que les
entreprises pouvaient se déplacer vers un concept plus large comme le contrat social, qui
émergera près de trente ans plus tard (Carroll, 1999). Ces auteurs ont donc suggéré qu'un
Cercle intérieur: responsabilités fondamentales.
Cercleintermédiaire:Exercezlafonctionéconomiquela conscience des
valeurssociales.
Cercle extérieur : des responsabilités Nouvellement émergentes que les
entreprises devraient s'efforcer de devenir plus largement impliquée dans
pour l'amélioration d'environnement social
Source : Adapté de Carroll (1999)
26
dirigeant d'entreprise devait garder son attitude et sa philosophie, pour prendre des actions
décisives qui sont immédiatement rentables et compatibles avec les valeurs acceptées de sa
société.
Pour sa part, Sethi (1975) a exposé une idée similaire basée sur les entreprises en tant que
partie intégrante de la société. Ce dernier a proposé un modèle à trois niveaux ou le
comportement des entreprises est classé en fonction des niveaux croissants d'engagement par
les entreprises, à savoir l'obligation sociale (une réponse à des contraintes juridiques et de
marché), la RSE (en harmonie avec les normes sociales) et la réactivité sociale (adaptation,
anticipative et préventive). Sethi, affirmait que la RSE va au-delà de l'obligation sociale et
comprenait la nécessité de traduire le comportement des entreprises jusqu'à un niveau où il est
en harmonie avec les normes sociales en vigueur, les valeurs et les attentes des rendements.
Une étape vers la résolution de cette confusion a été élucidée par le travail de Carroll. Après
avoir mis en avant une explication complète de la RSE. Carroll (1979) a développé un modèle
de performance sociale de l'entreprise en quatre parties, en intégrant notamment le point de
vue de Friedman, concernant la RSE. Les parties composantes sont concentrées sur les
attentes capitalistes et sociales. Dans sa première conception, le cadre a été élaboré à partir
d'une perspective développementale rétrospective, basée sur l'affirmation selon laquelle
«l'histoire de l'entreprise suggère une première accentuation sur l'aspect économique et
ensuite les aspects juridiques et plus tard une inquiétude pour les aspects éthiques et
discriminatoires», (Carroll, 1979) (voir la figure n° 3).
Carroll (1999) a expliqué que les quatre classes, sont simplement là pour nous rappeler que le
motif où les actions peuvent être classées comme étant principalement l‘un ou l'autre de ces
quatre types. L'ordre et la pondération relative de ces catégories de motifs est de « suggérer ce
qu'on pourrait appeler leur rôle fondamental dans l'évolution de l'importance». Pour finir, la
différence remarquable dans la définition de Carroll (1979), est l'inclusion des responsabilités
économiques et juridiques au sein de la RSE. En outre, la définition de Carroll est en
contradiction avec de nombreux points de vue de cette époque, comme celui de Davis (1973)
qui présente la RSE comme quelque chose qui commence là où se termine la loi.
27
Figure 3 Les quatre catégories de la responsabilité sociale (Carroll, 1979)
Source : Carroll (1979)
1.1.2.4 LaRSEdanslesannéesquatre-vingt
Les années quatre-vingt ont été dominées par les travaux de recherche sur des thèmes
alternatifs avec moins de travaux sur la définition de la RSE des entreprises. Cette baisse de
publication a été confirmée dans l‘article de Aguinis et Glavas (2012), qui a recensé les
publications sur la RSE des entreprises depuis les années soixante-dix jusqu‘à 2011. Certains
concepts alternatifs ont d‘ailleurs été abordés lors de cette époque comme la réactivité et la
performance sociale des entreprises, la politique publique, de l'éthique des affaires ou bien
encore de la théorie de gestion des parties prenantes. Toutefois, l‘une des premières
définitions remarquables dans les années quatre-vingt a été celle de Thomas M. Jones qui
définissait la RSE comme «la notion que les entreprises ont une obligation envers les autres
groupes de la société autre que les actionnaires et au-delà decelle prévuepar la loi. Deux
facettes de cette définition sont essentielles. Premièrement, l'obligation doit être
volontairement adoptée ; le comportement sous l'influence des forces coercitives de loi ou de
contrat d'union n'est pas volontaire. Deuxièmement, l'obligation est large, elle s'étendant au-
delà du devoir traditionnel envers les actionnaires à d'autres groupes sociétaux tels que les
Responsabilité
discrétionnaire
Responsabilité éthique
Responsabilité légale
Responsabilité
économique
28
clients, les employés, les fournisseurs et etc. ». Ainsi, il reconnaît que les entreprises et la
société sont étroitement liées au lieu d'être des entités distinctes (Jones, 1980).
Afin de développer un meilleur mécanisme pour faire évoluer la RSE des entreprises,
Tuzzolino et Armandi (1981) ont utilisé un cadre de besoin hiérarchique conçu d‘une part, sur
le modèle des besoins hiérarchiques de Maslow en 1954, et d‘autre part, sur la définition de la
RSE de Carroll (1979), pour expliquer les différents besoins des diverses organisations. Le
modèle des besoins hiérarchiques organisationnels, n'a pas cherché à redéfinir la RSE, mais a
suggéré que les organisations, comme les individus, ont des besoins qu'ils veulent accomplir.
Une tentative similaire a été faite par Dalton et Cosier (1982) dans leur modèle de matrice
2x2, où la RSE est présentée sous quatre faces : responsables, irresponsables, légales et
illégales.
Parmi les publications les plus célèbres de cette période nous pouvons noter le livre de
Freeman (1984) « Strategic Management: A Stakeholder Approach », qui est à la base de la
théorie des parties prenantes (voir figure n° 4). Cette théorie a largement été acceptée par les
organisations professionnelles contemporaines qui l‘ont considéré comme un moyen utile
pour enquêter sur l‘approche organisationnelle de la RSE. Cependant, il convient de souligner
que si le livre de Freeman a été classé dans le domaine de la gestion stratégique, son impact le
plus important a été dans les domaines de l‘entreprise et la société.
Nous terminons cette période avec la définition de la RSE proposée par Epstein (1987) qui a
considère que la RSE est « la réalisation des résultats des décisions organisationnelles
concernant les questions spécifiques qui ont des avantages plutôt que des effets indésirables
sur les parties prenantes pertinentes d'entreprise».
29
Figure 4 Les parties prenantes désignées par Clarckson (1995)
Source : Cazal (2011).
1.1.2.5 LaRSEdanslesannéesquatrevingtdix
Avec la RSE comme partie intégrante du monde des affaires, les années quatre-vingt-dix sont
apparues comme une période d'expansion de la théorie et des nouveaux modèles. Il s'agit
notamment de la performance sociale des entreprises (CSP), de la théorie des parties
prenantes, la théorie de l'éthique des affaires et de la citoyenneté d'entreprise (Carroll, 1999).
Wood (1991) critiquait l'approche de Carroll (1979), notamment en ce qui concerne les quatre
responsabilités. Wood (1991) estimait que les quatre responsabilités qui avaient été définies
par Carroll (1979) ont été délimitées, comme des «domaines isolés». Pour cela, il décida de se
baser sur l'interconnexion entre l'entreprise et la société, en superposant les catégories de
responsabilité de la RSE avec trois niveaux d'analyse qui seront répartis avec sa propre
interprétation. Tout d‘abord, cette interprétation suggère que le principe de la légitimité
devient efficace sur le plan «institutionnel» qui stipule, qu‘une entreprise ne doit pas utiliser
son pouvoir sans raisons justifiées. Ensuite, à partir du niveau «organisationnel», le principe
de la responsabilité publique suggère que les entreprises seront responsables de leurs actions
qui affectent la société, directement ou indirectement. Enfin, concernant le niveau
30
«individuel», les gestionnaires ont besoin d'être constamment conscients de la nécessité d'agir
en fonction des différents points de vue moraux. Wood (1991), a même tourné la
responsabilité de la pyramide de Carroll (1979) (voir figure n° 5) à l'envers pour comprendre
l'interconnexion entre les entreprises et la société.
Figure 5 La pyramide de la responsabilité sociale Carroll, (1979)
Simultanément, Wood (1991), a composé la pyramide de trois niveaux distincts : le principe
de la RSE des entreprises, le principe de la réactivité sociale des entreprises et les résultats du
comportement des entreprises. A ce propos, Carroll (2008) a commenté les critiques de Wood
(2000), en exprimant que « bien que Wood ait discuté et ait crédité les nombreux
contributeurs à la notion de plus en plus populaire de CSP, le modèle qu'elle a présenté est
principalement construit sur mon modèle de responsabilité sociale des entreprises en trois
dimensions ».
Johnson et Greening (1999) ont contribué aux travaux sur les CSP en évaluant les relations
possibles entre les types d'investisseurs institutionnels, la composition du conseil
d'administration, la haute direction d‘action, la performance financière et les dimensions de la
CSP. Les résultats de leur étude nous ont montré l'importance des types d'investisseurs
institutionnels ainsi que la composition du conseil d'administration, la haute direction des
Source : Carroll (1979)
31
actions de l'équipe sur les deux CSP et de la performance financière Johnson et Greening
(1999).
Les influences mondiales sur la RSE ont continué dans les années quatre-vingt-dix, à l‘instar
du rôle de l‘entreprise et du gouvernement, qui ont continué à s'estomper. En 1997, Salomon a
fait valoir que: « Les nouvelles entreprises sont souvent les institutions les plus puissantes
dans le monde et l'étendue de la responsabilité sociale pour inclure des secteurs autrefois
considérés comme domaine des gouvernements ... Les entreprises deviennent puissantes, plus
la responsabilité pour le bien-être du monde » (Solomon, 1997). Roman et al. (1999) ont
mené une analyse de 51 études, réalisées au cours des vingt-cinq dernières années, à partir de,
1989 dans laquelle ils ont étudié la relation entre la performance sociale des entreprises (CSP)
et la performance financière de l'entreprise (PCP). Ils ont rapporté que 32 des 51 études ont
trouvé une relation positive, que 14 n'ont trouvé aucun effet ou n'ont pas été concluantes, et
que seulement 5 des51 études ont trouvé une corrélation négative. Roman et al. (1999) ont
conclu que ces études antérieures ont fourni la preuve que la corrélation entre la performance
sociale de l‘entreprise et la performance financière de l‘entreprise peuvent être positive.
À l‘approche du nouveau millénaire, Carroll (1999) a affirmé que le concept de RSE restera
comme une partie essentielle du langage et pratique des affaires, car c‘est un fondement,
comme il reste continuellement conforme à ce que le public attend aujourd'hui de la
communauté des affaires.
1.1.2.6 LaRSEdanslesannéesdeuxmille
Les années deux mille ont été dominées par plusieurs sujets de grande envergure tels que le
commerce international, les inquiétudes sur l'approvisionnement en énergie, le réchauffement
climatique, l'explosion des télécommunications, ainsi qu‘une escalade de problèmes sociaux
qui ont débuté dans les années quatre-vingt-dix.
Avec le développement du commerce mondial, la récente littérature concernant le concept de
la RSE semble s'éloigner du discours dominé par les Etats-Unis qui a duré depuis les années
cinquante. La récente littérature a préféré aller vers un discours plus international. À
l‘exemple des travaux de recherche de : (Maignan et Ralston 2002, Aaronson 2003 ; Mathieu
32
et Reynaud, 2005 ; Perrini et al., 2006) qui ont étudié la RSE en France, Pays-Bas, Royaume-
Uni etc... (Nous revenons sur la RSE en Europe dans les prochains paragraphes).
Pendant cette période, le débat sur la RSE a été étendu à d'autres pays afin d‘étudier la
perception nationale de la RSE ainsi que son rôle dans la société mondiale. Suite aux travaux,
de Roman et al. (1999) d‘autres groupes de chercheurs ont tenté d'établir la relation entre la
performance sociale et les résultats financiers des organisations. Or, Hopkins en (2003), n'a
pas réussi à valider cette conclusion lors de son étude empirique sur les dix premières
entreprises du Royaume-Uni (cité par Sweeney et Coughlan, 2008). De son côté, Orlitzky
(2005) a constaté que la participation à des activités socialement responsables réduit le risque
financier des entreprises.
Les années deux mille ont aussi été marquées par l‘examen pour la première fois de la RSE
dans les petites et moyennes entreprises (PME), (Spence et Rutherford 2003; Jenkins 2004;
Mathieu et Reynaud, 2005; Berger-Douce, 2008).
Lors de cette décennie, Perrini (2006) a présenté une proposition concernant l'utilisation des
théories pour enquêter sur la RSE. Ce dernier a suggéré que la RSE dans les grandes
entreprises devait être basée sur la théorie des parties prenantes, alors que la RSE dans les
PME devait être comprise par l'application de la théorie du capital social. Plus tard, Russo et
Perrini (2009) ont modifié la conclusion ci-dessus en considérant que : « la théorie du capital
social et la théorie des parties prenantes doivent être prises comme des moyens alternatifs
afin d’expliquer la RSE dans les grandes entreprises et les PME».
Toutefois, il est important de comprendre les origines de la RSE, de son développement et de
sa future orientation, afin de mieux percevoir le succès des activités de la RSE. Ainsi, dans le
point suivant, nous allons exposer à nouveau le développement de la RSE, mais cette fois ci
en prenant en considération, le paramètre géographique, c‘est-à-dire, le développement de la
RSE sur chaque continent.
33
1.1.3 La responsabilité sociale : émergence et développement dans les différents continents
L‘ensemble des chercheurs qui ont travaillé sur l‘histoire et le développement de la RSE,
désignent l‘Amérique du Nord plus précisément les États-Unis, comme le berceau de ce
concept. Par conséquent, il nous semble évident de s‘attarder sur cette partie du monde, et de
reprendre certaines discussions qui ont été abordées ci-dessus.
1.1.3.1 L’émergencedelaRSEenAmérique
Dans ce point, nous présentons l‘émergence du concept de la RSE en Amérique du Nord, puis
nous exposons l‘évolution de ce concept dans l‘Amérique latine. Bien que les années
cinquante soient considérées comme la naissance de RSE aux États-Unis, Carroll (2008) a
identifié la fin du 19ème siècle comme un point raisonnable pour localiser les origines de la
RSE. Ainsi, la révolution industrielle de la fin du 19ème siècle, a vu naître l‘apparition des
premières actions qui rappellent la RSE. En Amérique, les villes étaient semblables à des
villes de campagne qui se développaient autour d‘un industriel, qui possédait généralement
l‘ensemble des infrastructures sociales à savoir, logement, hôpital, école, église, etc. (Heald
1988 cité par Garriga et Mele, 2004). Les ouvriers étaient souvent forcés de s‘endetter auprès
des magasins et des services de santé appartenant à l‘entreprise afin de pouvoir vivre. Ces
endettements rendaient les ouvriers liés à leur employeur. A cette époque, les entreprises
avaient pour les ouvriers et leurs familles un rôle très important dans le domaine de la santé et
de l‘éducation. En conséquence elles exerçaient souvent un pouvoir abusif sur la vie de leurs
employés.
Au cours du 19ème siècle, l'Etat a pris un plus grand rôle dans l'éducation et la santé, en
établissant notamment des droits pour les ouvriers, ce qui a au fur à mesure construit un
système de protection sociale au profit des ouvriers et de leurs familles. L‘intervention de
l‘Etat a considérablement réduit le rôle des entreprises dans la vie sociale des ouvriers. Ainsi,
les entreprises se sont tournées vers des actions « de philanthropie », comme par exemple les
œuvres caritatives, le développement des arts et de la culture dans leur ville et leur
communauté (Heald 1988 cité dans Garriga et Mele, 2004). Ce n'est que dans les années
soixante que les chercheurs ont tenté de cerner la définition de la RSE, suite au débat portant
sur ce concept.
34
A partir de cette époque, le milieu académique américain a commencé à étudier plus
largement le concept de la responsabilité des entreprises, en se basant sur l‘aspect éthique de
ce concept. Ce courant de recherche a fait évaluer les actes d‘une entreprise et de ses
dirigeants par rapport à la morale. Il s‘agissait tout d‘abord de définir ce qui est bien ou mal.
Ensuite, cette réflexion s‘est développée autour d‘un lien dit contractuel qui lie l‘entreprise au
reste de la société (Cyert et March, 1963 cités par Moir, 2001). Ainsi, ce courantdéfinit la
légitimité de l‘entreprise comme condition du lien social entre l‘entreprise et la société
(Gendron, 2000).
En 1984, Freeman a publié un livre, à travers lequel il a revisité la réflexion autour de la RSE,
en intégrant un nouveau levier stratégique. Celivre fondateur a proposé aux gestionnaires de
tenir compte desdifférentes parties prenantes de l‘entreprise lors de l‘élaborationdes stratégies,
car ces dernières peuvent nuire à la rentabilitéde l‘entreprise (Freeman, 1984). La RSE avec
une vision stratégique fait alors son entrée dans plusieurs entreprises de l‘Amérique du Nord.
Les années quatre-vingt-dix ont connu une tendance croissante à utiliser la RSE comme une
rampe de lancement pour des concepts complémentaires comme la théorie des parties
prenantes, l'éthique des affaires, la citoyenneté d'entreprise et la performance sociale des
entreprises (Wood, 1991). Depuis, les entreprises Nord-Américaines œuvrent dans le but
d‘identifier les facteurs extra-financiers qui lui permettent de contribuer au développement
durable sans sacrifier sa performance économique.
En Amérique latine, malgré des caractéristiques communes, il existe de grandes différences
dans l‘émergence et le développement de la RSE dans les pays d‘Amérique Latine.
Cependant, nous pouvons constater que l‘évolution du concept de RSE demeure le même,
pour l‘ensemble de ces pays.
Ainsi, le concept de la RSE s'est rapidement étendu dans la région, souvent porté par les
grandes compagnies nationales et internationales dans chaque pays d‘Amérique latine, où ils
avaient déjà, un passé philanthropique avant la mise en place structurelle d'une démarche de
la RSE.
Cependant, il existe des grandes disparités concernant les stades d‘évolution dans chaque pays
en Amérique Latine. Dans le cas des pays qui connaissent un développement industriel
35
important et possèdent un nombre élevé de grandes entreprises dans leur économie
(Argentine, Chili et Brésil), le progrès en matière de RSE est plus rapide. Toutefois, le
développement de la RSE dans la plupart des pays en Amérique latine demeure dans une
étape d‘introduction. Ce développement est souvent représenté par des pratiques à caractère
charitable ou philanthropique.
1.1.3.2 L'émergencedelaRSEenEurope
Matten et Moon (2005) font valoir que, bien que l'histoire de la RSE semble provenir des
États-Unis, les sociétés européennes ont été impliquées dans la RSE pendant une longue
période avant la définition proposée par la Commission Européenne en 2001. Ainsi, dans ces
paragraphes, nous allons présenter, le constat de l‘émergence de la RSE, en Europe en
commençant par les pays de l‘Europe de l‘Ouest, et puis, nous présentons l‘évolution de la
RSE dans les pays de l‘Europe Central et l‘Europe de l‘Est.
Dans ce continent, la RSE a commencé à se développer dans les pays de l‘Europe de l‘Ouest,
grâce à deux facteurs. Le premier résulte des revendications provenant de la société, qui ont
poussé les entreprises à intégrer la RSE. Les pays de L‘Europe à l‘exemple de l‘ensemble des
autres nations dans le monde ont subi les effets pervers de la course aux profits (les
catastrophes nucléaires, les marées noires, les délocalisations, les licenciements boursiers, des
scandales financiers, etc.), suite à ces évènements de nombreux acteurs dans la société ont «
interpellé » de différentes façons les entreprises impliquées dans ce scandale. À l‘instar du
mouvement d‘interpellation des banques qui a vu le jour dans les années quatre-vingt, les
banques qui œuvrent en Europe et aux États-Unis ont été interpellées, à propos de leurs
investissements en Afrique du Sud lors de l‘apartheid (Commenne, 2006).
Le deuxième facteur, résulte du comportement proactif de l‘entreprise, soutenu, d‘un côté par,
l‘évolution de la conscience des entreprises, concernant certains enjeux et soucis de la société,
et d‘un autre côté, par les incitations des autorités publiques. Cela est le cas, de la
Commission Européenne, qui a lancé un appel aux entreprises européennes, en 1993, pour
lutter contre l‘exclusion sociale. Dans la même logique, le Conseil Européen de Lisbonne, a
également fait appel en mars 200013, à la conscience sociale des entreprises, afin de
13Commission des communautés européennes (2001) « Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises », LIVRE VERT, Bruxelles, le 18.7.2001.
36
promouvoir les bonnes pratiques liées à l‘organisation du travail, à l‘égalité des chances,
l‘insertion sociale et au développement durable.
Le développement du concept de la RSE en Europe, est également le fruit d‘un courant
paternaliste qui a laissé sa place progressivement à un autre modèle d‘arrangement entre les
patrons et les syndicats, spécifiques aux pays européens. Ce modèle a subi des critiques
constantes de la part du modèle « anglo-saxon », sous-tendu par une vision de l‘économie,
que certains qualifieront de néo voire ultra-libérale. Matten et Moon (2005) considère que la
principale différence entre la RSE dans les pays de l‘Europe de l‘Ouest et l‘Amérique,
concerne la vision des gouvernements en Europe. Ainsi, en Europe la plupart des
gouvernements Européens intègrent les politiques socialement responsables dans leur cadre
juridique, car dans les pays de l‘Europe de l‘Ouest, les activités de la RSE ont été
comptabilisées dans les obligations juridiques et fiscales.
D‘autres chercheurs ont avancé plusieurs autres explications à cette divergence de vision entre
l‘Europe de l‘Ouest et l‘Amérique : D‘abord, au niveau de la participation des gouvernements
européens dans la vie sociale et économique de leurs nations, ainsi que les systèmes
d'assurance de santé, les retraites et la protection sociale dans son ensemble. Ces actions aux
Etats-Unis seront présentées comme une preuve de la RSE. Cette RSE a été réalisée par l'Etat
et non par des entreprises individuelles contrairement aux Etats-Unis, (Matten et Moon
,2005). Ensuite, la présence des syndicats actifs en Europe a contribué à régler la question des
travailleurs au niveau national plutôt qu'au niveau de l'entreprise. En Europe, la responsabilité
de la société civile, repose sur les organisations représentatives telles que les partis politiques,
les syndicats, les associations patronales et l'État, à la différence des Etats-Unis où cette
responsabilité repose sur les individus et les entreprises, (Matten et Moon ,2005). Enfin, la
raison qui a fait que le concept de la RSE a été plus abordé aux Etats-Unis qu‘en Europe,
réside dans le fait, que les entreprises européennes contrairement à leurs homologues
américains ont été modestes dans les communications de leurs engagements en matière de la
RSE, (Maignon et Ralston, 2002).
Pour résumer, nous pouvons considérer que la RSE, telle qu‘elle est conceptualisée et
pratiquée actuellement en Europe de l‘Est, est issue de la rencontre entre deux courants
37
principaux : d'une part, le courant paternaliste historique de certaines grandes entreprises au
19ème siècle, et d'autre part, l'influence du courant d'interpellation des entreprises dans le
monde anglo-saxon qui a démarré dans les années quatre-vingt avec les campagnes anti-
apartheid.
Concernant les pays de l‘Europe Centrale et l‘Europe de l‘Est, la RSE trouve ses origines
dans l‘intention du communisme à installer des entreprises, afin de servir les « parties
prenantes » par la possession et la gestion collectiviste des moyens de production ainsi que
par l‘abandon du rôle du capital et de ses détenteurs. A l‘exemple des modèles développés par
les entreprises dans certains pays communistes, qui assurent les soins et les services gratuits
pour leur personnel. Le contexte permettait également le développement d‘un modèle
coopératif-collectiviste. Aujourd‘hui, lorsque nous traitons la RSE dans chaque pays de
l‘Europe de l‘Est, nous constatons que ce concept diffère dans la compréhension et la mise en
œuvre d‘un pays à un autre. Cependant, le processus d‘intégration de la RSE reste le même
dans l‘ensemble des pays de le Europe de l‘Est. Selon un rapport publié en novembre 2002
par l‘International Business Leaders Forum14, sur la RSE au niveau des dix nouveaux pays
membres de l‘UE seules les grandes firmes multinationales ont introduit ce type de
comportement dans ces pays à l‘instar de ce que l‘on a observé dans les pays d‘Amérique
Latine. Dans un premier temps, il s‘agissait d‘actions philanthropiques; puis ensuite les firmes
multinationales ont mis en œuvre des actions de type communautaire. Dans un second temps,
les firmes multinationales effectuent des transferts de compétence de gestion et de procédés
technologiques, vers les grandes entreprises locales qui sont souvent leurs partenaires.
Concernant, les petites et moyennes entreprises, ces dernières ont eu plus de difficultés à
intégrer la démarche de RSE. Le modèle de processus d‘intégration de la RSE dans les pays
émergents est présenté dans la (voir figure n° 6).
14Simpson, S., 2002, The state of play of CSR in Central and Eastern Europe, Produced by: International Business Leaders Forum (Prince of Wales International Business Leaders Forum). http://redirect.eldis.org/cf/rdr/gdndoc.cfm?id=DOC11466.
38
Source : réalisation personnelle
1.1.3.3 L’émergencedelaRSEenAsie
Ce n‘est que dans les années quatre-vingt-dix, que la RSE a commencé à se développer en
Asie. Depuis, la RSE a connu un essor considérable, et a même finit par rattraper une grande
partie de son retard face aux pays européens et américains.
Ainsi, ce concept a commencé à voir le jour avec l‘arrivée massive des différentes firmes
multinationales occidentales qui sont venues en Asie pour installer des unités de fabrication.
C‘est en suivant, le schéma observé dans les pays d‘Amérique Latine et de l‘Europe de l‘Est
(voir figure n° 6), que ce phénomène a contaminé de manière positive les compagnies
asiatiques (en particulier les grandes compagnies qui désirent commercer avec l‘Ouest) à
pratiquer la RSE (Commenne, 2006).
En Asie, les initiatives de la RSE locale et les questions de la RSE à l‘échelle internationale
varient énormément. En Chine, par exemple, le gouvernement a mis au point un certain
nombre de lignes directrices et d'initiatives autour de la RSE. Au Vietnam, nous assistons à un
Les firmes
multinationales
Les grandes
firmes nationales
Les petites et
moyennes
entreprises locales Influencent Influencent
Les catalyseurs :
l’existence des firmes mixtes
le développement de l’industrie
le nombre de grande firme nationale
Figure 6 Le processus d’intégration de la RSE dans les pays émergents
39
partenariat entre la direction de la Chambre de Commerce qui représente l‘Etat vietnamien et
le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), afin de développer la RSE
(Chapple et Moon, 2005). Le Bangladesh a mis en place des exonérations fiscales pour les
entreprises qui s'engagent dans des programmes de RSE. Cependant, au Japon et en Corée,
l'accent a été mis sur l'information et le volontariat. Les entreprises japonaises, en particulier,
ont été des leaders sur les initiatives environnementales.
En résumé, le rapport des pays asiatiques à la RSE n‘a pas cessé de se développer, et cela se
traduit notamment par, la création d‘institutions puissantes qui pilotent les démarches et qui
placent des exigences, des initiatives et des normes volontaires pour encourager le
développement de la RSE. Dans certains pays, comme le Japon, la Corée du sud et l‘Inde,
nous assistons à un abandon des approches volontaires de la RSE. Dans ces pays, les
entreprises elles-mêmes reconnaissent la valeur de la RSE dans l‘amélioration de la réputation
et la confiance, ainsi que l‘image de marque (Chapple et Moon, 2005). Néanmoins, cela ne
veut pas dire que tout est positif, en ce qui concerne la RSE en Asie. En effet, il existe encore
une énorme confusion entre RSE et philanthropie, notamment dans les pratiques de la RSE au
Philippines et au Pakistan à l‘exemple des pratiques de la RSE dans les pays de l‘Amérique
Latine (Welford, 2005).
De plus, il convient également de souligner que la région asiatique est confrontée à de
nombreuses difficultés particulières comme les structures de gouvernances sous-développées
au sein des entreprises et la corruption. A cela s‘ajoute de nombreuses inquiétudes au sujet
des catastrophes naturelles menant à des risques commerciaux considérables. On constate
aussi de nombreux abus concernant le droit du travail et les violations des droits de l'homme
qui demeurent toujours présents (Commenne, 2006).
Il ressort de ces constats qu‘aujourd‘hui, que les gouvernements et les entreprises devraient
prêter de plus en plus d‘attention au rôle joué par la RSE dans le développement de la région.
1.1.3.4 L’émergencedelaRSEenAfrique
En premier lieu, dans ce continent nous allons présenter l‘émergence de la RSE, dans les pays
du Sud de l‘Afrique, puis en second lieu, nous allons exposer l‘émergence de ce concept dans
les pays du Maghreb, notamment en Algérie, qui fait l‘objet de notre terrain d‘investigation.
40
Ayant peu d‘études écrites sur la RSE en Afrique, Visser (2008), a affirmé que la civilisation
occidentale, avait inspiré le concept de la RSE, des traditions fondamentalement enracinées
dans la culture, la philanthropie et l'éthique des autochtones Africains. Lutz (2009) confirme
cela, et va même plus loin puisqu‘il considère que les approches actuelles de la RSE globale
sont basées sur la philanthropie traditionnelle liée aux valeurs de l‘humanisme africain.
Néanmoins, contrairement à l'Occident où la RSE est bien ancrée, en Afrique, la pratique de
la RSE par les entreprises est encore un nouveau concept.
La RSE sur le continent Africain est un concept très peu connu et partagé dans les milieux des
entreprises africaines. De plus, les pratiques de la RSE n‘existent pratiquement pas dans une
grande partie des pays africains (Ofori ,2007).
Les différentes actions de la RSE menées dans les pays africains, résultent plutôt des
obligations auxquelles les grandes firmes multinationales sont soumises dans le cadre des
législations en vigueur dans leurs pays d‘origine (Europe, Amérique du Nord, etc.), (Visser,
2008).
Visser (2008)a confirmé que les pays Africains dans leur ensemble sont à la traîne en matière
de recherche sur la RSE et sa littérature. Cette pénurie résulte du fait que seulement 12 pays
sur les 53 que compte le continent africain ont eu des recherches publiées dans des revues de
RSE. 73% des articles publiés, ont concerné l‘Afrique du Sud et le Nigeria (Visser et al 2006
cité par Visser 2008).
Ainsi, près de la moitié des articles dans la littérature sur la RSE en Afrique, traitent le sujet
de l'éthique des affaires notamment en raison des « problèmes d'injustice, de colonialisme,
d’apartheid, de la prévalence et de la corruption sur le continent » (Visser, 2007). Dans son
étude sur l‘Afrique, Ofori (2007) confirme également que les besoins identifiés et les
perspectives en matière de la RSE en Afrique sont nombreux et dépendent de la capacité des
différents acteurs à s‘entendre sur les enjeux et les problématiques qui mettent en avant la
satisfaction des besoins fondamentaux de vie comme partie intégrante de la notion de la RSE.
Concernant les pays de l‘Afrique du Nord, notamment les pays du Maghreb, les pratiques de
la RSEtrouvent ses origines dans les valeurs de la religion islamique, comme aider son
prochain, s‘acquitter de la zackat (une somme d‘argent obligatoire donnée par les riches au
41
pauvre) ou bien encore préserver la faune et la flore, etc. Au niveau des pays du Maghreb, les
publications restent très faibles, à l‘image de l‘ensemble des publications en Afrique.
Toutefois, il existe certaines études sur la RSE dans les entreprises au Maghreb qui ont
montré que les enjeux réglementaires et la réduction despressions sur la législation, sont
derrière l‘émergence du concept de la RSE au Maghreb (Dhouib et Haddad, 2009 ; Boussoura
et al., 2009 ; Attouche et Nia, 2009 ; Turki 2009).
Parmi les pays d‘Afrique du Nord, l‘Algérie souffre particulièrement d‘un manque de
publications sur le concept de la RSE. D‘ailleurs, dans ce pays aucune thèse n‘a été soutenue
jusqu‘à ce jour, et il faut savoir qu‘une seule communication sur ce concept, a vu le jour lors
du colloque international sur la RSE qui s‘est tenu à Agadir (Maroc) en février 2009. Dans ce
colloque, Atil (2009), a souligné que le comportement des entreprises algériennes face à la
problématique de la RSE est soit « passif », ou « opportuniste ». Dans le chapitre quatre, nous
reviendrons avec plus de détail sur l‘état de la RSE en Algérie. Toutefois, les dernières études
de cas réalisées sur le continent Africain nous ont montré que, la question de la RSE, ainsi
que, d'autres questions, comme les parties prenantes, la RSE, la santé et la sécurité au travail,
se posent de plus en plus notamment avec la vague de délocalisation des grandes entreprises
qui s‘implantent dans les régions où sont extraites les matières premières.
Ainsi, il en résulte que la démarche vers la RSE est très importante dans le continent Africain
dans la mesure où il faut lutter contre, la pauvreté, la précarité des conditions de vie, la
souveraineté alimentaire, le besoin d‘accès aux marchés, la lutte contre les pandémies et le
développement local.
Nous pouvons donc voir, à travers la présentation de l‘émergence et du développement du
concept de la RSE sur l‘ensemble des continents que ce concept progresse dans le monde
entier. Force est de constater que, bien qu‘il existe des pratiques responsables dans toutes les
entreprises qui œuvrent au Nord et au Sud, publiques et privées, grandes et petites, la RSE est
encore, dans sa grande majorité, le fait des très grandes firmes multinationales, qui œuvrent
dans les pays développés.
42
1.1.4 Le cadre juridique de la responsabilité sociale
Après avoir placé la RSE dans son contexte historique, et géographique nous allons aborder la
relation entre la RSE, le cadre juridique et la réglementation.
Ainsi, « Le droit du développement durable et de la responsabilité sociale des entreprises ne
constitue pas encore réellement une branche du droit. Toutefois, nous pouvons parier qu’il
est en phase de le devenir » (Avignon et Taleb, 2013). En effet, l‘impact des activités des
opérateurs économiques est évident, aussi leur encadrement par des règles juridiques est au
cœur de nombreuses actions destinées à protéger des valeurs majeures. Ces actions vont être
menées par les pouvoirs publics, mais également par l‘ensemble des autres parties prenantes.
L‘Organisation des Nations Unis (ONU) dans le Global Compact15, s‘adresse aux entreprises
afin, qu‘elles participent à la reconnaissance et la protection des principes relatifs aux droits
de l‘homme comme l‘environnement, les normes sociales ou la lutte contre la corruption.
L‘Union Européenne à elle décider de mettre en place des règles qui sont parmi les plus
strictes au monde en ce qui concerne le changement climatique et l‘émission des gaz à effet
de serre. De même, la Charte Sociale Européenne garantit les droits économiques et sociaux
de l‘homme. La directive européenne 89/89116 pose les principes généraux concernant la
prévention des risques professionnels, la protection de la santé, de la sécurité, de l‘élimination
des facteurs de risques et des accidents.
En France par exemple, le code du travail dans son article L4121-117, dispose que
l‘employeur à l‘obligation de prendre des mesures nécessaires pour protéger la sécurité et la
15 Global Compact - le Pacte Mondial, Annoncé par le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, par Kofi Annan, lors du Forum économique mondial qui s'est tenu en janvier 1999 à Davos (Suisse) et officiellement lancé au siège de l‘ONU en juillet 2000, le Pacte mondial invite les sociétés à adopter dix principes universels, sur les droits de l'homme, les normes de travail et l'environnement, et la lutte contre la corruption dans l'esprit d'un « développement responsable et durable ».http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/sites/odyssee-developpement-durable /files /17/10 _ principes _ pacte_mondial.pdf. 16La directive 89/891/CEE) porte sur les risques qu'entraînent, pour la santé et la sécurité des travailleurs, leseffets nocifs sur les yeux et sur la peau de l'exposition à des rayonnements optiques artificiels. Par rayonnement optique artificiel, elle comprend les rayonnements cohérents (lasers) et les rayonnements incohérents émis par toutes les sources autres que les lasers. 17Article L4121-1 L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent : 1° Des actions de prévention des risques professionnels ; 2° Des actions d'information et de formation ; 3° La mise en place d'une organisation et de moyens adaptés. L'employeur veille à l'adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l'amélioration des situations existantes.
43
santé physique et mentale de ses salariés. De même, la France avec les lois Grenelle 1 et 2
évoque le concept de gouvernance écologique. Les pouvoirs publics sont donc des acteurs
normatifs et en tant que sujets de droit, les entreprises doivent respecter la législation tant
sociale qu‘environnementale. Toutefois, leur positionnement par rapport aux règles juridiques
est intéressant à observer. Ainsi, l‘attente des pouvoirs publics vis à vis des grands groupes
privés est tout à fait particulier puisqu‘il s‘agit en quelque sorte de leur confier une mission
qui à priori n‘entre pas dans leur champ de compétences mais en l‘occurrence se justifie par
leur présence dans l‘ensemble du globe et leur pouvoir financier. C‘est donc à ces derniers
d‘être socialement responsable pour le bien-être des hommes et de la nature.
Cette vision globale nous montre les difficultés tant au niveau de la complexité des opérations
menées par les acteurs économiques que par celles liées aux méandres juridiques dû en grande
partie au morcellement des droits applicables. Le droit communautaire est, dans un contexte
de globalisation, un relais pour faire circuler les objectifs déterminés lors des Sommets de la
terre Nairobi (Kenya) en 1982, Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, et Johannesburg (Afrique du
Sud) en 2002. Même si, ces systèmes juridiques souffrent d‘imperfections, trop floues ou trop
rigides selon les cas, ils peuvent être ressentis comme des obstacles par les entreprises. Ces
systèmes sont déterminés dans des directives qui représentent, un socle commun de règles qui
sont ensuite transposées dans chacun des droits nationaux des pays membres (Avignon et
Taleb, 2013).
Au milieu de cette forêt juridique dense, plusieurs pays ont opté pour une solution à deux
vitesses, c‘est à dire entre obligations et incitations. Les entreprises doivent respecter les
règles issues du droit dur (Hard law) qui représente un ensemble de règles impératives qui
s‘imposent aux acteurs et se positionnent concernant le droit mou (Soft law) qui est représenté
par les incitations. En outre, la loi peut jouer le rôle d‘un « énergisant » pour les entreprises,
c‘est à dire ceux où la règle juridique a impulsé une meilleure performance, tout comme elle
peut être assimilée à des « freins » qui entravent le développement des entreprises. Cependant,
Il appartient au droit de se munir d‘outils nécessaires non seulement à la répression de ces
comportements parce qu‘ils sont anti-concurrentiels et parce qu‘ils compromettent les droits
de l‘homme mais aussi à l‘incitation des parties prenantes à être socialement responsables.
44
Contrairement à l‘idée dominante, qui stipule que les incitations et le (Soft low), sont des
pratiques anglo-saxonnes, l'Union européenne a été à l'avant-garde de l'évolution du (soft law)
dans le domaine de RSE. Les institutions de l'UE ont joué un rôle actif en encourageant, par
voie de résolutions, les communications, les recommandations et l'adoption volontaire des
codes de conduite, notamment, pour les firmes multinationales. Sous la bannière de la RSE,
ces institutions (principalement le Parlement Européen et la Commission Européenne) ont
cherché à sensibiliser le public à la nécessité pour les sociétés transnationales à respecter
certaines normes de santé, environnementales et sociales (Voiculescu, 2011). Ces codes se
sont inspirés de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), conventions, directives
européennes sur l'égalité de traitement, et de l'Organisation de Coopération et de
Développement Economiques (OCDE).
Dans cette logique, Le 25 avril 2002, l‘Union Européenne a ratifié le Protocole de Kyoto qui
imposait des objectifs contraignants de baisse des émissions aux signataires. La directive
2003/87/CE18 traduit cet engagement en des propositions concrètes, et met en place un
système d‘échange de quotas non applicables au secteur du transport routier de marchandises
pourtant à l‘origine d‘un quart des émissions nationales. Le 14 février 2007, le Parlement
Européen dans une résolution sur le changement climatique insiste sur la nécessité de
procéder à une réduction globale des émissions, dans tous les pays industrialisés de 30% par
rapport aux niveaux atteints en 1990 à d‘ici 2020. Dans cette directive, l‘Union Européenne a
choisi, de laisser une marge importante de liberté aux Etats. En effet, les directives fixent des
objectifs à atteindre, mais les Etats disposent du libre choix de moyens pour y parvenir. De la
même manière, dans la loi du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du
Grenelle de l‘environnement, la France a opté pour une politique fiscale incitative. Dans son
article 13, la loi dispose que l‘Etat étudiera la modulation des tarifs des péages autoroutiers
notamment en fonction de leur efficacité énergétique. Cependant, ces approches non
contraignantes dites (Soft low), ne font pas vraiment l‘unanimité auprès de l‘ensemble des
parties prenantes alors que les gestionnaires de l'industrie ont tendance, à souligner que la
souplesse inhérente à une démarche volontaire de RSE permet à chaque entreprise d'adapter la 18 La directive 2003/87/CE est l'instrument juridique de base ayant mis en place, dans l'Union européenne, le système communautaire d'échange de quotas d'émission concernant les gaz à effet de serre. Elle a modifié la directive 96/61/CE relative à la prévention et à la réduction intégrées de la pollution (IPPC), et a elle-même été modifiée à plusieurs reprises, par les directives 2004/101/CE ; 2008/101/CE ; 2009/29/CE (s'intégrant au « paquet climat-énergie ») ; et le règlement CE no 219/2009.
45
mise en œuvre et l'application à sa situation particulière. Toutefois, de nombreuses
associations de consommateurs et d‘ONG, à l‘exemple de l‘association les Amis de la Terre
Europe qui s'oppose à une telle approche et favorise la loi contraignante (Hard law) car, elle
prétende que les rapports sociaux et l'auto contrôle ne sont pas crédibles sans des méthodes
standardisées ou de surveillance indépendante.
Ce deuxième mode de loi a été intégré, pratiquement dans l‘arsenal juridique de l‘ensemble
des pays au monde, à l‘exemple de la France, qui a initié la loi sur les nouvelles régulations
économiques du 5 mai 200119 qui oblige les sociétés cotées à publier annuellement dans leur
rapport de gestion des commentaires sur le volet social et environnemental de leurs activités.
Traditionnellement, le droit des sociétés établit des obligations de publications de certaines
informations destinées aux actionnaires ou aux investisseurs. Le reporting des performances
sociales et environnementales tend à être lié aux intérêts des actionnaires, même si, les autres
parties prenantes interagissent fortement (Grégor, 2007). Les pouvoirs publics ont déterminé
une série d‘obligations portant aussi bien sur le fond que sur la forme dans une série de textes.
Le décret d‘application du 20 février 200220 a précisé la liste des informations internes et
externes à fournir. Ces informations portent sur la politique sociale (effectifs, organisation du
temps de travail, hygiène, formations, licenciements, etc.) et sur l‘environnement (rejet dans
l‘air, l‘eau le sol etc.).Ensuite, l‘ordonnance du 20 décembre 200421 portant sur l‘adaptation
de dispositions législatives relatives à la comptabilité des entreprises aux dispositions
communautaires dans le domaine de la réglementation comptable, issus de la directive 2003-
51-CE du 18 juin 200322, ajoute une nouvelle obligation. Le rapport de gestion doit comporter
19 La loi du 15 mai 2001 relative aux Nouvelles Régulations Economiques consacre plus de dix ans de réflexions et de débats sur la réforme du droit des sociétés. Elle modernise les règles du droit des sociétés commerciales en réorganisant les règles de fonctionnement des organes sociaux et en clarifiant les droits et devoirs des mandataires sociaux. Enfin, elle modernise les règles relatives aux délais de paiement puisqu'elle contraint les entreprises à réclamer les pénalités de retard à leurs débiteurs afin de réduire les délais de paiement. 20 Le décret d‘application n°2002-221 du 20 février 2002 de la loi NRE, traduit la croyance du législateur quant à l‘utilité de ces informations pour la prise de décisions des investisseurs. 21l‘article L225.100 du code du commerce : « Dans la mesure nécessaire à la compréhension de l'évolution des affaires, des résultats ou de la situation de la société et indépendamment des indicateurs clés de performance de nature financière devant être insérés dans le rapport en vertu d'autres dispositions du présent code, l'analyse comporte le cas échéant des indicateurs clés de performance de nature non financière ayant trait à l'activité spécifique de la société, notamment des informations relatives aux questions d'environnement et de personnel ». 22Directive 2003/51/CE du Parlement européen et du Conseil du 18 juin 2003 modifiant les directives 78/660/CEE, 83/349/CEE, 86/635/CEE et 91/674/CEE du Conseil sur les comptes annuels et les comptes consolidés de certaines catégories de sociétés, des banques et autres établissements financiers et des entreprises d'assurance. Cette directive permet aux Etats membres d‘autoriser ou d‘imposer la comptabilisation des
46
désormais une information sur les principaux risques et incertitudes auxquels la société est
confrontée. La loi 2009-967 du 3 août 200923 de programmation relative à la mise en œuvre
du Grenelle de l‘environnement (1) souligne l‘importance de la qualité des informations
transmises par les entreprises, afin de prévoir, une harmonisation des indicateurs sectoriels au
niveau communautaire. De même, celle de 2010-788 du 10 juillet 201024 portant engagement
national pour l‘environnement élargit le dispositif NRE aux sociétés anonymes et aux sociétés
commandites par actions non cotées à partir d‘un seuil fixé par un décret en Conseil d'Etat en
fonction du bilan, du chiffre d‘affaires et du nombre de salariés.
Soumises à ce cadre légal, et aussi au souci de légitimité vis à vis de leurs parties prenantes,
les entreprises ont « découvert » des comportements éco-responsables, sources
d‘économies. Pratiquer la RSE peut agir directement sur les coûts à l‘exemple de réduire la
production de déchets qui agit directement sur le coût complet, en diminuant les coûts de
production et les coûts de gestion des déchets. Ainsi, Le respect de la législation de la part
des entreprises écarte le risque de la mise en cause de leur responsabilité pénale, et entraîne
des bénéfices pour l‘entreprise.
instruments financiers à la juste valeur dans les comptes annuels et dans les comptes consolidés des entreprises industrielles et commerciales, banque, assurance. 23Cette loi générique fixe les objectifs et définit le cadre d‘action d‘une politique environnementale sur le long terme et énonce les instruments pour lutter contre le changement climatique, privilégier un développement durable respectueux de l‘environnement tout en diminuant la consommation en énergie, en eau et autres ressources naturelles. Elle affecte les secteurs traditionnels de l‘environnement (eau, air, risques majeurs, déchets, biodiversité), mais aussi prend en compte des aspects intéressants, tels que : les transports, l‘énergie, la construction, l‘alimentation et l‘agriculture, les risques sanitaires, la santé au travail. 24Loi de 2010-788 du 10, dite La loi "Grenelle 2", votée les 28 et 29 juin 2010 a été promulguée le 12 juillet 2010 et publiée ce matin au Journal officiel. En réalité, les dispositions de la loi Grenelle 2 comportent des dispositions plus ou moins ambitieuses selon les secteurs impactés et sont en cela le reflet du compromis que représente le document issu des tables rondes finales des 25, 26 et 27 octobre 2007. Sauf sur un point : l'énergie éolienne. Sur ce point la loi Grenelle représente objective une régression importante. Il suffit de relire le rapport du Comité opérationnel n°10 pour s'en convaincre. On notera d'ailleurs que le Conseil constitutionnel n'a pas été saisi.
47
Synthèse de la section 1
Dans cette section, nous avons traité l‘évolution de la RSE historique du concept de la RSE,
en débutant par, la définition de Bowen en 1953 concédée comme la première définition à un
concept qui a toujours existé mais sa définition est restée souvent insaisissable. Ce concept a
connu son premier débat, avec les publications de Miltan Friedman, à partir des années
soixante. Suite à la prolifération de ce concept dans les années deux mille, nous avons assisté
à la publication de la première définition de la RSE au niveau européen, établie dans le livre
vert par la Commission Européenne. Depuis, ce concept a fait le tour du monde, en cherchant
toujours à joindre l‘efficience économique à la performance sociale et environnementale.
Cette analyse intercontinentale de l‘émergence de la RSE nous a permis d‘observer un
processus d‘intégration de la RSE qui est pratiquement le même, dans l‘ensemble des pays en
développement. Cette section s‘achève parla présentationdu lien entre la RSE et la loi.
48
1.2 Section1.2. La responsabilité sociale des entreprises sous l’éclairage de la théorie
Définir les fondements théoriques d‘un concept, est une étape très importante dans
l‘explication de ce dernier. Dans ce sens, plusieurs sont les chercheurs qui ont essayéde
mobiliser différentes théories, à travers de multiples disciplines, afin d‘expliquer le concept de
la RSE (Carroll, 1991; Jones, 1995; McWilliams et Siegel, 2000). Toutefois, le changement
de l‘objet de l‘étude concernant la RSE, complique le choix des théories explicatives. Dans le
but de cerner le concept de la RSE dans cette étude, nous allons baser notre recherche sur les
sept théories qui reviennent le plus dans la littérature.
L‘instabilité du fondement théorique de la RSE, a contribué à l‘accroissement de la
complexité de la définition de ce concept, ainsi qu‘à la prolifération d‘une multitude
d'interprétations et de controverses au sein des études d'un grand nombre de chercheurs
(Carroll, 2004; Robins, 2005 ; Dahlsrud, 2006).
Afin, d‘apporter de nouveaux éléments de réponse à la question, de quoi parle-t-on lorsqu‘on
parle de la RSE ? Nous allons présenter une grande majorité des définitions de la RSE dans la
littérature. Sur la base de ces définitions, nous exposons une définition de ce concept, issue
d‘une synthèse des travaux de recherche qui s‘articulent autour de quatre points : le
volontarisme, le profit, les objectifs sociaux et environnementaux et la relation avec les
parties prenantes internes et externes.
49
1.2.1 Le cadre théorique
La théorie, est un ensemble de propositions logiquement liées qui expliquent un ensemble
d'observations (Klimosky, 1991). Avec cette idée à l'esprit, les chercheurs ont tenté d‘utiliser
des théories qui décrivent et capturent l'ensemble du phénomène de la RSE. Cependant, nous
pouvons constater qu‘il existe au sein de la littérature une immense incohérence concernant
l‘étude de la RSE dans la mesure où de nombreuses définitions de la RSE sont proposées. La
théorie pour expliquer la RSE peut varier d‘une conceptualisation à une autre selon ce que le
chercheur choisit d‘étudier. Par exemple, un chercheur intéressé par les aspects financiers de
la RSE, peut choisir d‘utiliser la théorie des parties prenantes pour encadrer sa recherche, et
étudier hypothétiquement les effets de la RSE sur les gains des actionnaires. De même,
lorsque le chercheur étudie par exemple les effets du reporting environnemental de la firme, il
pourra étudier la question sous l'angle de la théorie de la légitimité.
Alors qu'un nombre considérable de ces théories est abordé dans la littérature (théories :
économique libérale, politique, institutionnelle, de la légitimité, du capital social, du contrat
social, des parties prenantes, de l'éthique normative, et de l'agence, etc.), il convient de
souligner que la discussion dans cette partie de l'étude se concentrera seulement sur les sept
théories, qui sont les plus fréquemment discutées et souvent citées dans la littérature.
Cependant, Il ne s‘agit pas de présenter les théories en détail, mais juste de présenter le lien
entre la RSE, et chacune des sept théories.
1.2.1.1 Lesthéorieséconomiqueslibérales
Traditionnellement, l‘objectif des entreprises était de maximiser les profits pour les
actionnaires. Ce qui signifie que les entreprises, ne sont pas mandatées pour s‘engager dans
des projets qui ne favorisent pas directement la maximisation du profit. Selon l‘école de
Chicago et Milton Friedman, la RSE, au-delà de ses responsabilités pénales, est l‘amélioration
du profit des actionnaires. Ainsi, il revient à l‘Etat d‘en corriger les effets notamment par des
incitations directes ou indirectes. Pour inscrire la prise en compte des objectifs sociétaux dans
les décisions des entreprises, il faut donc démontrer qu‘il y a une corrélation positive entre les
performances financières et les performances sociales. En outre, le dirigeant peut intégrer la
RSE, dans le cas où l‘engagement est présenté comme une condition incontournable d‘une «
rentabilité durable ».
50
Pour les néoclassiques, les dirigeants ont le droit d‘adopter des stratégies intégrant la RSE,
mais seulement dans les cas où cela vient à créer un avantage financier. À l‘inverse, La mise
en place des politiques concernant le développement durable signifie dépenser l‘argent des
actionnaires au profit de l‘intérêt collectif, afin d‘améliorer le bien-être de la société.
Ce courant théorique représente le volet purement rentable de la RSE, où la seule
responsabilité de l‘entreprise est de faire du profit.
1.2.1.2 Lathéoriedel’agence
La théorie d‘agence constitue une clef explicative pour les relations. Elle suggère l'existence
d'un contrat Eisenhardt (1989), entre un mandant (le principal) qui délègue à un mandataire
(l‘agent) le pouvoir de prendre, à sa place, un certain nombre de décisions, par exemple,
employeur-employé, avocat-client, les actionnaires directeur, etc.
L'idée de la théorie d'agence est de contrôler les conflits d'objectifs substantiels entre les
principaux et les agents, en particulier lorsque des agents, en vertu de leurs positions,
s‘engagent dans des comportements opportunistes au détriment de leurs mandants, qui
souvent trouvent difficile et coûteux la vérification des actes de leurs agents (Fontrodona et
Sison, 2006). De ce fait, il peut y avoir des conflits d‘intérêts et des divergences
d‘appréciation du risque entre le principal et l‘agent (Eisenhardt, 1989). En d‘autres termes,
les agents peuvent avoir d‘autres intérêts. Ainsi, pour accomplir leurs propres intérêts ils
peuvent modifier les règles ou ne pas s‘y conformer et créer de nouvelles manières d‘agir et
de s‘organiser. Ces contrats qui sont nécessairement incomplets vont permettre, dans un
contexte d‘asymétrie d‘informations, des stratégies d‘opportunistes ou de dédouanements.
Diverses mesures d‘incitations vont être destinées à réduire les divergences entre agent et
principal. Dans ce cadre théorique, l‘information diffusée, joue un rôle déterminant entre les
acteurs (Capron, 2003).
La relation d‘agence peut être élargie à l‘ensemble des parties prenantes avec lesquelles
l‘entreprise entretient des transactions. La responsabilité de l‘entreprise repose sur ses
dirigeants qui sont des « agents » en relations contractuelles explicites ou implicites avec
plusieurs catégories d‘acteurs actionnaires, créanciers, mais aussi salariés, clients et
consommateurs, fournisseurs, collectivités, ONG, etc. Il revient donc de gérer les diverses
51
attentes de façon équilibrée, c‘est-à-dire de manière à ce qu‘aucune partie ne soit tentée de
quitter le système de « coalition » au sens de (Cyert et March, 1963 cité par Moir 2001).
1.2.1.3 Lathéorieducontratsocial
La théorie du contrat social a été extrapolée à partir des théories politiques du contrat social
de Rousseau, Hobbes et Locke, afin d‘expliquer la relation entre l‘entreprise et la société
(Aras et Crowther, 2008).
L'idée centrale de la théorie du contrat social est comment relier l‘entreprise à la société.
Selon cette théorie, l‘entreprise doit agir de façon responsable, non seulement parce que c'est
dans son intérêt commercial de le faire, mais parce, qu'elle fait partie de la vision générale de
la fonction de l‘entreprise attendue implicitement par la société (Moir, 2001). En outre, selon
le paradigme du contrat social, une entreprise est considérée comme une institution sociale et
doit s'associer à d'autres structures sociales comme la famille, le système éducatif et les
institutions religieuses, pour aider à améliorer la vie et répondre aux besoins de la société. En
d'autres termes, selon, la théorie du contrat, l‘entreprise et la société sont des partenaires
égaux, ou chacun bénéficie d'un ensemble de droits, de devoirs et de responsabilités
réciproques. Il y a donc, un besoin réciproque direct et indirect entre les entreprises et la
société. Autrement dit, l‘entreprise a besoin d‘un soutien continu de la société en termes de
ressources humaines et matérielles, tandis que, la société attend que l‘entreprise opère d'une
manière socialement responsable, puisque les entreprises contrôlent d'énormes quantités de
ressources économiques et productives (technologies, finances qui peuvent affecter
directement ou indirectement la société dans laquelle elles opèrent) (Lantos, 2001).
1.2.1.4 Lathéoriedespartiesprenantes
La théorie des parties prenantes (stakeholders), est basée sur la question : qui important pour
une entreprise et a qui les entreprises devraient prêter attention ? Mitchell et al. (1997) ont
inscrit l‘entreprise au cœur d‘un ensemble de relations avec des partenaires qui ne sont plus
uniquement les actionnaires (shareholders), mais des acteurs intéressés ou concernés par les
activités et les décisions de l‘entreprise à savoir les salariés, les consommateurs, la société ou
encore l'environnement (voir figure n° 7). Cette théorie présente l‘entreprise comme une «
constellation » d‘intérêts coopératifs ou concurrents (Donaldson et Preston, 1995).
52
La littérature organisationnelle, ne relève pas un vrai désaccord concernant les définitions des
parties prenantes, même si, elle considère que les définitions plus ou moins larges, sont moins
opérationnelles, Freeman (1984). Cependant, la littérature relève un véritable problème dans
la désignation des acteurs qui sont les plus touchés par la réalisation des objectifs de
l‘entreprise, ainsi que, les acteurs qui méritent le plus d‘attention de la part de
l‘organisation,(Mitchell et al., 1997).
Au niveau de la littérature, la théorie des parties prenantes a été utilisée pour définir et donner
du sens au concept de RSE. Dans ce sens, la responsabilité envers la société devient la
responsabilité envers les parties prenantes. Nous pouvons donc distinguer trois approches de
cette théorie : une approche descriptive, instrumentale et normative (Donaldson et Preston,
1995).
Concernant les approches descriptives et instrumentales, ces dernières reposent sur une vision
contractualiste de la relation entreprise parties prenantes (Hill et Jones, 1992). Elles décrivent
la nature des relations entre la firme et ses parties prenantes ainsi que l‘intérêt pour
l‘entreprise de mettre en œuvre des réponses adaptées à leurs attentes. De son côté, l‘approche
normative de la théorie transforme les observations en des préconisations pour un
comportement plus juste.
Ainsi, l‘utilisation de ces approches issues de la théorie des parties prenantes semble
susceptible de contribuer à développer et renforcer les fondements théoriques de la notion de
RSE. Ces renouvellements des fondements conduisent à de nouvelles conceptions de la RSE,
par rapport à son appropriation par les entreprises, son instrumentalisation, et son
environnement économique.
53
Figure 7 La typologie des parties prenantes de Mitchell et al (1997)
Cette approche implique une représentation de l'organisation qui est totalement introduite
dans la société, dans ses valeurs et sa culture. Les parties prenantes sont considérées comme
des « mises en scène » et déterminées par l‘importance que leur donnent les dirigeants. Par
exemple, l'établissement, pour une entreprise dont l'activité est polluante, d'un partenariat «
sans concession », avec une ONG défenderesse de l'environnement, édifie l'image de sa
responsabilité et lui donne un sens. Or, une telle représentation se fait en fonction du capital
54
confiance octroyé par les médias et le public, aux ONG en matière d'environnement et du lien
symbolique de légitimité qui lui est attribué.
Ainsi, la légitimité est « l’impression partagée que les actions de l’organisation sont
désirables, convenables ou appropriées par rapport au système socialement construit de
normes, de valeurs ou de croyances sociales » (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2007).
Autrement dit, lorsque nous sommes dans un environnement institutionnalisé, les
organisations légitimes parviennent à obtenir un soutien indépendamment de leur valeur
intrinsèque, sans évaluation précise. Mais lorsque l‘organisation se présente selon les critères
convenus, ses activités réelles ont la possibilité d‘être différentes des apparences, notamment,
s‘il est difficile d‘en mesurer les résultats (Meyer et Rowan, 1991). Le nombre de fois où les
termes « transparence », « engagement », « développement durable » ont été employés dans
les discours managériaux peuvent être interprétés comme une volonté de présenter une image
de conformité aux valeurs dominantes.
Les représentations de la RSE lues au travers de ce prisme sont donc le résultat d‘actions
symboliques tendant à créer une image, une « réputation ». Les signaux émis par la firme
sont relayés par les médias qui forment le jugement des publics et donc en retour influencent
les parties prenantes, qui contribuent au processus d‘institutionnalisation de la RSE.
1.2.1.7 Lathéorieduleadershipstratégique
Concernant la théorie du leadership stratégique, dont la naissance résulte des travaux de
Hambrick et Mason (1984), le principal acteur, qui correspond à la compréhension des
comportements organisationnels, est l‘homme. Ainsi, le comportement de l‘entreprise
constitue le reflet des caractéristiques personnelles des membres de l‘équipe dirigeante. Le
processus étant le suivant : les managers interprètent les stimuli environnementaux à travers
un filtre de valeurs personnelles et de croyances (Thomas et Simerly, 1995). De ce fait, il en
résulte des comportements et des résultats organisationnels façonnés à leur image. Cette thèse
qui utilise la compréhension des comportements organisationnels responsables est soutenue
par le travail de Wood (1991) qui défend l‘idée selon laquelle « la responsabilité de
l’entreprise n’est pas réalisée par des acteurs organisationnels abstraits mais bien par des
acteurs humains ». Ces constats mettent l‘accent sur la dimension volontariste des
55
organisations et rappellent que les comportements des firmes sont le reflet et la conséquence
de l‘action humaine. Plus précisément, ce champ de réflexion soutient que le comité de
direction et le PDG (Président Directeur Général) sont tous deux importants dans la
compréhension des comportements organisationnels (Thomas et Simerly, 1995).
En conclusion, les théories discutées ci-dessus représentent les théories les plus couramment
utilisées et liées à la RSE.
Toutefois, il convient de préciser qu‘il ne s‘agit évidemment pas d‘une présentation
exhaustive puisqu‘il existe plusieurs autres théories qui sont parfois utilisées à l‘exemple de la
théorie de l'identité sociale, la théorie comportementale et etc. (Klimosky, 1991).
Ainsi, l‘utilisation des différentes théories montre, la complexité de définir, d‘appréhender et
de circonscrire la notion de RSE.
Cependant, à partir de ce constat, il est possible d‘encadrer la définition de la RSE, à travers
les théories qui se sont développées jusqu‘à aujourd‘hui en fonction des relations existantes
entre l‘entreprise et la société (Gond et Matten, 2007).
1.2.2 L’absence d’une définition consensuelle
Le large consensus qui accompagne la véritable marée montante de la RSE est à la fois
rassurant et source d‘interrogations. Dans l‘histoire de notre société, nous avons rarement
assisté à une telle affirmation de convergence des intérêts des divers acteurs sociaux.
L‘émergence de ce concept, a mis en avant, l‘existence d‘une diversité d'approches, tout
comme il a permis de souligner le manque de consensus sur la RSE et, en conséquence, une
multiplicité de définitions (Gond et Mullenbach, 2003).
Considéré comme « un concept qui signifie quelque chose, mais pas toujours la même chose
pour tout le monde » (Votaw et Sethi, 1973). Le concept de la RSE était souvent décrit
comme, une vague, ambiguë et complexe (Frankental, 2001; Coelho et al., 2003). Cette
complexité, provient des énormes variations, et de la manière dont les organisations
s'acquittent de leurs responsabilités sociales (Ziek, 2009). L‘évolution théorique et empirique
de ce concept, a contribué à son tour à la complexité de ce concept.
56
Dans ce sens, Locket et al. (2006) ont confirmé que l‘une des explications à cette confusion
des diverses définitions, est que le domaine de la RSE, n‘a pas été influencé simplement par
les évolutions théoriques, mais aussi par des agendas politiques, sociaux et managériaux
Carroll (1991) a mis en évidence un paradoxe, entre l'enthousiasme croissant des chercheurs
pour préciser la définition de la RSE, et l'absence de consensus sur ce que nous entendons par
un tel concept. Selon Reinhardt et al. (2008), l'un des défis de l'examen du concept de RSE est
d'identifier une définition cohérente et sensée, parmi une gamme ahurissante des concepts et
des définitions qui ont été proposés dans la littérature. Ainsi, il semble difficile de trouver une
formulation qui satisfait l‘ensemble des parties en question (Windsor, 2006). Selon Allouche
et al. (2004), les tentatives de définitions de la RSE par les acteurs concernés c‘est à dire les
entreprises, les agences de notations et les chercheurs, génèrent une confusion dans la
conceptualisation de cette notion. De son côté, Carroll (1999) a également affirmé que, définir
la RSE est un exercice difficile car, la RSE est un phénomène dynamique, à multi facettes, qui
englobe tout. Gray et al. (1995) stipulent que le changement de préoccupations de la RSE,
chaque décennie, est un signe de complexité du concept. En effet, ces préoccupations
concernant la RSE, sont passées des employés et syndicats pendant les années soixante-dix, à
des objectifs économiques avec une préoccupation de la communauté dans les années quatre-
vingt, vers une préoccupation environnementale, dans les années quatre-vingt-dix. Enfin, la
multiplication des définitions sur la RSE, à savoir, sur une base géographique (Amérique,
Europe ou Nord, Sud), selon l‘intitulé de l‘auteur (académique, institutionnel), selon le champ
de définition (large, restreint), ou selon l‘impact de la RSE (direct, indirect), ont souvent accru
l‘ambigüité et la complexité du concept. Il en résulte que, le concept de la RSE reste très
débattu et très contesté au niveau de la littérature (Humphreys et Brown, 2007; Orlitzky et al.,
2011).
Selon Hopkins (2004), Sriramesh et al. (2007) et Ismail (2011) une variété de définitions de la
RSE a été proposée, or, aucune définition claire et universellement acceptée du concept a été
donnée. Il n'y a donc, pas d‘accord global ou de consensus dans le sens idéal de la RSE, ce qui
rend, le développement théorique et la mesure de ce concept de plus en plus difficile. Par
conséquent, nous allons présenter l‘ensemble des définitions au sein de la littérature sur le
concept de la RSE, afin d‘élaborer une définition unifiée de la RSE.
57
1.2.3 Définir le concept de la RSE
Malgré la complexité de la définition de la RSE, nous avons assisté ces dernières années à un
effort démesuré de la part des chercheurs, qui a permis d‘affiner ce concept. A ce propos, on
peut noter la définition d‘Elhauge (2005) qui est de « Sacrifier des profits dans l'intérêt
social » (cité par Bénabou et Tirole 2010). Cela signifie que, l'entreprise doit aller au-delà de
ses obligations légales et contractuelles, sur une base volontaire, Dans ce sens la RSE englobe
un large éventail des comportements, qui touchent les employés, comme par exemple
l‘environnement amical, l'éthique sociale, le respect des communautés, etc. Bénabou et Tirole
(2010) ont d‘ailleurs remarqué que certains partisans de la RSE à l‘exemple de Porter et Van
der land (1995) faisaient valoir qu'il existe une analyse de rentabilisation pour les bons
comportements des entreprises ce qui est plus intéressant que le sacrifice.
Parmi les définitions qui ont marqué la littérature sur la RSE, la définition de Carroll (1979) a
énoncé que « l’histoire suggère une prise en compte précoce des dimensions économiques et
légales et plus récemment des aspects éthiques et discrétionnaires » (Kim, 2011; Devi et al.,
2011).
La définition de Wood (1991), construite en grande partie sur les critiques de la définition de
Carroll (1979), a transféré le concept de la RSE vers la performance sociale des entreprises,
en précisant trois niveaux de responsabilité pour l‘entreprise : tout d‘abord on constate la
responsabilité de l‘entreprise en tant qu‘institution sociale où l‘entreprise dispose d‘une
légitimité accordée par la société et doit utiliser son pouvoir économique, qui découle de
l‘exercice de cette légitimité, dans un sens favorable aux attentes de la société, au risque de
perdre ce pouvoir. Ensuite, la responsabilité de l‘entreprise en tant qu‘organisation, c‘est-à-
dire que l‘entreprise doit assumer les conséquences de ses activités, au niveau de ses parties
prenantes primaires ou secondaires. Enfin, la responsabilité individuelle et morale des
dirigeants et des managers. Plusieurs sont les chercheurs qui considèrent que l‘approche de
Wood (1991), est complémentaire à celle de Carroll (1979), car, chacune des formes de
responsabilité proposées par Carroll (économique, légale, éthique et philanthropique) peuvent
être déclinées selon les trois niveaux définis par Wood (1991). De plus, ces deux définitions
de Carroll (1979) et Wood(1991) vont plus loin que les approches précédentes en spécifiant
les catégories d'analyse de la RSE.
58
La définition de la RSE proposée en 2001 par la Commission Européenne a été largement
utilisée, dans la littérature francophone et anglo-saxonne. Pour la Commission Européenne, la
responsabilité sociale « est le concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations
sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions
avec leurs parties prenantes sur une base volontaire » il en ressort qu‘il faut « non seulement
satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables mais aussi aller au-delà et
investir davantage dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties
prenantes. » Livre vert en 200125.
Le tableau ci-dessous énumère une partie des principaux auteurs et leurs points de vue sur la
RSE des entreprises :
Tableau 1 Définition de la responsabilité sociale des entreprises
Définitions de la RSE
Auteurs Définitions
Bowen (1953)
Les entreprises devraient être tenues de
poursuivre leurs politiques, prendre des
décisions, et suivre les lignes d'actions qui sont
compatibles avec les objectifs et les valeurs de
notre société.
Davis (1960)
La responsabilité sociale des entreprises doit être
en rapport avec leur pouvoir social.
Frederick (1960)
Les entreprises doivent remplir les attentes du
public dans la poursuite de leurs objectifs
d'affaires.
25 Selon la Commission européenne, définition Livret vert, Commission Green Paper 2001 « Promoting a European Framework for Corporate Social Responsibility ».
59
Friedman 1962
La seule responsabilité de l‘entreprise est de faire
du profit dans l‘intérêt des actionnaires.
Johnson (1971)
Une entreprise socialement responsable est celle
dont les leaders concilient des intérêts divers, et
pas seulement l'intérêt de la richesse des
actionnaires.
Eells et Walton (1974)
Le dirigeant d'entreprise doit rester ancré dans sa
philosophie, dans son attitude ouverte et être
capable de prendre des actions décisives qui sont
à la fois rentables et compatibles avec les valeurs
acceptées de sa société.
Sethi (1975)
Faisant partie intégrante de la société, les
entreprises devraient remplir leurs obligations
sociales, la responsabilité sociale et la réactivité
sociale.
Carroll (1979)
L‘histoire suggère une prise en compte précoce
des dimensions économiques et légales et plus
récemment des aspects éthiques et
discrétionnaires.
Jones (1980)
Le fait que les entreprises créent une obligation
envers les autres groupes de la société autres que
les actionnaires et au-delà de celle prévue par la
loi. Deux facettes de cette définition sont
essentielles. Premièrement, l'obligation doit être
volontairement adoptée ; le comportement sous
l'influence des forces coercitives de loi ou de
60
contrat d'union n'est pas volontaire.
Deuxièmement, l'obligation est large, elle s'étend
au-delà du devoir traditionnel envers les
actionnaires à d'autres groupes sociétaux tels que
les clients, les employés, les fournisseurs, etc.
Epstein (1987)
La réalisation des résultats des décisions
organisationnelles concernant les questions
spécifiques qui ont des avantages plutôt que des
effets indésirables sur les parties prenantes
pertinentes des entreprises.
Wood (1991)
L‘entreprise dispose d‘une légitimité accordée
par la société. Par conséquent, elle doit assumer
les résultats de ses activités, ainsi que la
responsabilité morale qui permet aux
gestionnaires de prendre des décisions éthiques
ce qui est la plus élémentaire des composantes de
la RSE.
Livre vert, (2001) La responsabilité sociale est le concept dans
lequel les entreprises intègrent les préoccupations
sociales environnementales, et économiques dans
leurs activités et dans leurs interactions avec
leurs parties prenantes sur une base volontaire.
Krarup (2001)
Les engagements des firmes à améliorer leurs
performances environnementales au-delà de ce
que demande la loi.
Elhauge (2005) Sacrifier des profits dans l'intérêt social,
l'entreprise doit aller au-delà de ses obligations
légales et contractuelles, sur une base volontaire.
61
Waldman et al. (2006)
La RSE comme action de la part de la firme qui
semble avancer, ou acquiescer à la promotion
d'un bien social, au-delà des intérêts immédiats
de l'entreprise et de ses actionnaires ce qui est
requis par la loi.
Crouch (2006)
Le comportement des entreprises qui prend
volontairement en compte les externalités
produites par leur comportement sur le marché.
Les externalités sont définies comme des
résultats des opérations de marché qui ne sont pas
eux-mêmes incorporés dans ces opérations. La
RSE est essentiellement en reconnaissance
d'externalité des entreprises
Fifka (2009)
L'obligation juridique et économique ainsi que
les responsabilités volontaires des entreprises à
participer au développement social des
communautés où elles opèrent, tout en restant
dans la limite de leurs ressources disponibles et
des stratégies commerciales sous-jacentes.
Hopkins (2011) Il s‘agit d‘encourager les entreprises à faire des
profits tout en soumettant le «processus» à un
comportement responsable.
62
Maguire (2011) Au sens large, la RSE comprend les efforts
volontaires (c'est à dire pas requis par la loi) des
entreprises pour répondre aux préoccupations
sociales et environnementales de leurs parties
prenantes. L‘entreprise n‘a pas que des
obligations envers ses actionnaires.
Source : élaboration personnelle
1.2.4 La RSE des éléments de critiques
Le concept de la RSE est critiqué par deux courants de pensées,le premier ceux qui
considèrent que la RSE est mauvaise pour le développement de l‘entreprise, et le deuxième
ceux qui pensent que la RSE est mauvaise pour le développement de la société. Dans ces
paragraphes nous avons exploré les arguments des deux courants de pensées.
Certaines études réalisées à partir des années quatre-vingt-dix, ont montré que les
programmes de marketing qui utilisent la RSE (normes sociales et environnementales)
rencontrent beaucoup plus de réussite (Creyer et Ross, 1997; Barone et al., 2000). Maignan et
Ralston (2002), soulignent qu‘aux Etats-Unis, la RSE est particulièrement utilisée comme un
instrument de marketing ou un instrument de gestion de l'impression, afin d'influencer les
perceptions de la société. D'autres études ont également démontré que les consommateurs
sont prêts à soutenir activement les entreprises engagées dans des pratiques respectueuses de
l'environnement, ou de l'éthique (Creyer et Ross, 1997; Barone et al., 2000).
2.2.1.5 Lessubventionsdel’Etat
Les subventions étatiques des projets de la RSE, motivent aussi bien les moyennes que les
petites entreprises à intégrer les projets environnementaux. Dans ce sens, l‘article de Chan et
Wong (2006), confirme ces propos. Ces auteurs ont annoncé que les gouvernements des
différents pays, qui souhaitent disposer d'un environnement plus propre, ont beaucoup investi
pour encourager les entreprises à poursuivre la norme. Cela est le cas des entreprises à
Singapour, où 70% du coût de l'obtention d'une certification ISO 14001 est subventionnée par
le gouvernement (Haklik, 1997).
2.2.1.6 Lalicenced'exploitation
Le terme «Permis d'exploitation» fait référence à la capacité d'une entreprise à acquérir les
autorisations juridiques et politiques nécessaires pour mener leurs activités dans une région ou
une communauté donnée. Tallontire (2007) explique que la licence d'exploitation est perçue à
la fois comme un terme littéral et figuré, qui décrit simultanément la capacité d'une société à
obtenir des licences légales (ex. permis de zonage, les permis de construction, etc) et que la
possibilité pour cette société d‘obtenir une «licence sociale», où la majorité des citoyens
reconnaissent la légitimité de cette entreprise. Bien souvent négligée dans la littérature sur les
motivations d‘engagement dans la RSE, la capacité des entreprises à obtenir une licence
sociale et juridique pour fonctionner à émerger comme un facteur important d'initiatives
commerciales responsables, en particulier dans les pays développés (Burke, 1999).
Porter et Kramer (2006) ont affirmé dans une étude empirique que, de nombreuses entreprises
s'engagent dans la RSE,dans l‘espoir de convaincre les communautés locales qu‘elles sont de
86
«bonnes citoyennes corporatives» et qu‘elles méritent d‘avoir les autorisations nécessaires à
l'exploitation,
2.2.1.7 Lesobstaclesducommerceinternational
Les résultats de multiples études empiriques indiquent qu‘un grand nombre d‘entreprises
adoptent des démarches de responsabilité sociale, par crainte des obstacles que leurs produits
peuvent rencontrer au niveau du commerce international. Gugler et Shi (2009) ont affirmé que
les entreprises qui s'engagent dans la RSE possèdent de meilleures chances pour accéder aux
marchés internationaux. L‘exemple des hôtels chinois qui ont adopté la norme ISO 14001
EMS, confirme les résultats de l‘étude de Carraro et Lévêque (1999), qui ont déclaré que de
nombreuses entreprises sont préoccupées par les restrictions commerciales causées par les
normes exigées dans les contrats par les pays où la norme est très populaire.
Ce problème se manifeste plus clairement dans les pays en voie de développement où une
étude de l‘Organisation des Nations Unies Pour le Développement Industriel
(ONUDI)31réalisée en (1997) a révélé que les exigences croissantes des normes et des
certificats, auprès des importateurs dans les pays industrialisés, sont considérés comme un
obstacle potentiel au commerce. La même étude a dévoilé que pour plus de la moitié des
répondants, la norme l'ISO 14001, a déjà entravé les possibilités d'exportation.
2.2.1.8 L’acquisitiondesavantagesconcurrentiels
Les études académiques citées ci-dessus, montrent que d‘une manière générale, les entreprises
cherchent à obtenir, des avantages concurrentiels, à travers, l‘intégration de la RSE. Un
manager de firme japonaise a déclaré que « Les entreprises qui ont rivalisé sur le prix et la
qualité, rivalisent maintenant davantage sur les questions environnementales, qui peuvent
acquérir des avantages concurrentiels » (Cheryl et al., 2010). Une telle déclaration, nous aide
à faire le lien avec une autre motivation qui pousse les entreprises à adopter une démarche de
responsabilité sociale.
Davis en 1973, a affirmé dans une étude empirique que l'adoption des pratiques de RSE
conduit les entreprises à acquérir un avantage concurrentiel qui produit des effets à court et à
long terme comme par exemple l'augmentation de la productivité en améliorant leur capacité 31 L‘Organisation des Nations Unies Pour le Développement Industriel(ONUDI), 1997, « bâtir la confiance ». http://www.iso.org/iso/fr/casco_building-trust.pdf
87
à attirer des ressources humaines de haute qualité (Davis 1973 cité par Poussing, 2008). Ainsi,
les entreprises qui sont en harmonie avec la RSE, peuvent acquérir des avantages
concurrentiels par rapport aux concurrents tout au long de leur chaine d‘approvisionnement.
Par exemple, en intégrant la RSE, les entreprises seront en mesure de : différencier ses
produits de ses concurrents, réduire les coûts, utiliser des procédés qui réduisent la
consommation d'énergie et dégagent moins de pollution, anticiper sur la nouvelle législation,
réduire les coûts d'assurance, et obtenir un produit avec une qualité élevée. Ainsi, ces
pratiques responsables se transforment en des avantages concurrentiels (Bansal et Roth, 2000
; Egels-Zanden 2009).
En définitive, les études empiriques ont démontré qu‘adopter une démarche de la RSE permet
d‘accroître la performance de l‘entreprise par rapport aux concurrents qui n‘adoptent pas les
démarches de la RSE, (Freeman, 1984 ; Ullmann, 1985). Les entreprises actives dans ce
domaine bénéficieront d‘un avantage comparatif, qui leur sera particulièrement important,
notamment pour les entreprises qui exercent leurs activités sur un marché où la concurrence
est forte.
2.2.2 Les motivations politiques d’engagement dans la RSE
Dans la catégorie politique, à l‘encontre de la catégorie instrumentale, les entreprises qui
s‗engagent dans la RSE, considèrent la RSE comme une obligation envers la société et non
pas comme une opportunité. La catégorie politique, nous a aidés à identifier l‘ensemble des
motivations, qui expliquent les raisons de l‘engagement des entreprises dans la RSE. Parmi
ces motivations nous trouvons : le bien-être des employés, le devoir moral de l‘entreprise et le
bien-être social.
2.2.2.1 Ledevoirmoraldel’entreprise
La motivation financière n'est pas la seule raison derrière l‘intégration de la RSE. Beaucoup
d'entreprises intègrent la RSE dans ses actions et ses relations avec ses parties prenantes car
elles considèrent que cette intégration n‘est qu‘un devoir moral envers la société, qui permet
d‘avoir un comportement responsable (Freeman et Evan, 1988). Dans ce sens, Etzioni (1988)
fait référence à des preuves empiriques pour démontrer que le devoir moral de l‘entreprise est
88
de se comporter d'une façon responsable envers la société. Par conséquent, l‘entreprise à un
devoir envers chaque partie prenante. De ce fait, l‘entreprise ne doit pas traiter les parties
prenantes seulement comme un moyen pour une fin mais comme une fin en soi, (cité dans
Swanson 1992).
2.2.2.2 Lebienêtresocial
A ce niveau la RSE consiste à améliorer le bien-être de la société, dans les limites de la
réglementation des autorités légitimes. En outre, les organisations tentent de répondre aux
considérations de de la société. Cette motivation est perçue comme un devoir moral plutôt
qu‘une obligation. Starck et Kruckeberg (2003) font valoir que les entreprises ont gagné leur
droit d'exister seulement parce qu'elles étaient censées avoir les intérêts de la société dans
toutes leurs opérations. Enderle (2004) a constaté suite à une étude empirique que les PME
s'engagent dans la RSE parce qu'elles ont la volonté d‘être de bonnes citoyennes en se basant
sur l'obligation morale de contribuer au bien-être de la société, et non pour augmenter les
La RSE, ne concerne pas que la fabrication des produits du quotidien par des enfants dans les
pays asiatiques. La RSE commence sur le lieu de travail où, chacun doit pouvoir mener à bien
ses missions dans une ambiance humaine basée sur l‘écoute et le respect de l‘autre32.
L‘introduction de la RSE est donc motivée par un besoin d‘assurer le bien-être des employés,
en particulier, lorsqu‘ il s‘agit de leur santé et sécurité sur leur lieu de travail. Fukukawa et
Moon (2004) ont montré dans une étude empirique publiée en 2000, que la réduction au
minimum des risques d'accidents était la principale cause dans la mise en œuvre des
démarches de la RSE par les entreprises japonaises (Fukukawa et Moon, 2004).
32 Hélène Bouillon-Duparc (2012), Biomasse algale : des ressources aux applications multiplesLe Grand Débat – La gestion globale des déchets et la fonction des filières REP Le bien-être au travail, axe majeur de la RSE Publié le 24 janvier 2012 par Pollutec dans la catégorie : Regard : Capture d‘avenir le blog des professionnelles de l‘environnement.
89
2.2.3 Les motivations intégratives d’engagement dans la RSE
Les motivations intégratives, sont celles qui reviennent le plus dans la littérature, car les
entreprises considèrent souvent ces motivations externes comme le moteur principal pour
s'engager dans la RSE (Garriga et Mele, 2004). Dans cette catégorie de motivation, les
entreprises se sentent dépendantes de la société pour leur existence, d‘où l‘intérêt de combiner
les exigences de la société aux bénéfices des entreprises. Le groupe des motivations
intégratives, est souvent représenté à travers les motivations suivantes : répondre aux attentes
de la clientèle (consommateurs), pression de la réglementation, pression des ONG et autres
organismes internationaux, ou encore pression des investisseurs, etc.
Des études empiriques ont mis l‘accent sur la taille et l‘internationalisation de l‗entreprise
comme des motivations qui poussent les entreprises à intégrer la RSE. Dans cette optique,
Pougnet-Rozan a déclaré que l‘adoption de la RSE relève dans un premier temps du
comportement des grandes entreprises, en particulier des grandes entreprises implantées à
l‘échelle internationale (Pougnet-Rozan, 2005). Cela a été confirmé par les recherches de
Raffournier (1997) qui montrent que le niveau d‘internationalisation d‘une entreprise est une
variable qui contribue à sa visibilité politique et sociale.
D‘autres études ont évoqué le lien entre la taille de l‘entreprise et ses motivations d‘adoption
de la RSE. Il semble, qu‘être une entreprise de grande taille et/ou appartenir à un groupe
international, peut avoir un effet positif sur le fait d‘adopter une démarche RSE. Une étude sur
la RSE des PME, synthétisant les résultats d‘une enquête auprès de plusieurs milliers
d‘entreprises européennes, faisait état d‘une corrélation entre la taille de l‘entreprise et le
degré d‘implication dans les différents types d‘activités sociales (Cabagnols et Lebas 2008).
2.2.5.2 Lesecteurdeproduction
Fraisse et Guerfel-Henda (2005) considèrent que la dimension environnementale de la RSE
est indéniablement celle qui a fait l‘objet de plus d‘efforts et a atteint plus de résultats visibles. 37 Commission Européenne, Gros plan sur les PME : Principaux résultats de l‘Observatoire des PME
Selon Thien (2011), les pressions gouvernementales sont représentées par la législation sur la
RSE. Wilson (2003) affirme que la «législation» sur la RSE existe depuis la Grèce antique où
les organes directeurs établissaient des règles de conduite pour les entreprises et les
commerçants. Pour Thien (2011), l‘essentiel du débat sur le rôle des organisations
professionnelles dans la société était de savoir si la RSE devrait être obligatoire pour les
organisations commerciales. Autrement dit, le non-respect peut exposer l‘entreprise à des
amendes et de l‘emprisonnement.
Plusieurs sont les pays qui ont tenté d‘adopter leur législation pour faire face aux exigences de
la RSE à l‘exemple, de la Nouvelle-Zélande qui a légiféré une loi sur la gestion de ressource
en 1991. Cette loi concerne le rejet de contaminants dans l'environnement, etsanctionne celui
qui rejette les contaminants par un emprisonnement maximal de deux ans ou d'une amende ne
dépassant pas 200.000 dollars en cas de condamnation. Les exigences législatives, font du
gouvernement une partie prenante puissante qui peut influencer les organisations vers des
activités plus responsables (Thien, 2011).
Une loi sur la reglementation de l‘investissement socialement responsable a été votée en 2000
au Royaume-Uni. Cette loi exige que les gestionnaires de fonds de pension, doivent divulguer
leurs politiques en matière d'investissement socialement responsable. Les divers rapports
sociaux et environnementaux ont également été rendus obligatoires dans des pays comme la
Malaisie, le Japon, la Suède, la Norvège, l'Allemagne, la France, la Belgique (Waddock, 2008
cité par Thien 2011).
115
Bien qu‘il existe des recherches qui font valoir que les activités prévues par la loi, tels que les
rapports obligatoires sur la RSE, ont un impact négatif notamment sur les coûts de mise en
œuvre et d'application car, ces exigences peuvent étouffer la créativité, (Banerjee, 2007).
D‘autres études, comme celles de (Porter et Van derland 1995 ; Thornton, 2003 ; Buhr, 2007
cités par Thien, 2011) ont fait valoir que la législation pourrait forcer les organisations à être
plus créatives.
3.1.4.2 Lespartiesprenantesnongouvernementales
Pour Thien (2011), comme les acteurs gouvernementaux, il existe des organisations non
gouvernementales (ONG) et des mouvements de la société civile qui influencent les
organisations professionnelles pour qu‘elles soient responsables de leurs actes.
Thien (2011) rapporte que depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, des manifestations
violentes contre le pouvoir des entreprises ont secoué les villes Nord-américaines et
européennes. Ces manifestants, font partie d‘un vaste mouvement « de la société civile »,
constitué des organisations non gouvernementales et coalitions communautaires et syndicales,
qui ont pris en partie les entreprises, qui ont causé un préjudice aux travailleurs,
consommateurs, communautés et à l'environnement.
Knox et al (2005) assurent que les ONG qui sont devenues plus puissantes aujourd‘hui
essayent par différents moyens, d'influencer les entreprises pour entreprendre ou accroître
leurs activités de la RSE. Aujourd‘hui, les organisations reconnaissent pertinemment que, les
liens officieux établis avec une ONG peuvent aboutir à un résultat positif avec les
populations, tout en renforçant la réputation et la viabilité de l‘entreprise (Thien, 2011).
De même, les études empiriques réalisées par (Patten, 1992 ; Deegan et Rankin, 1996), ont
souligné que les organisations augmentent leurs rapports sur l'environnement à la suite des
pressions exercées par des groupes de parties prenantes.
Thien (2011) assure que la pression des ONG est parmi les motivations qui ont mobilisé les
entreprises autour de problèmes sociétaux et environnementaux, et qui ontégalement poussé
les entreprises à adopter la RSE.
116
3.1.4.3 Lespartiesprenantesinternes
Alors que les deux précédentes motivations ont porté sur l'influence des parties prenantes
gouvernementales et non gouvernementales dans les organisations commerciales qui
entreprennent des activités de la RSE, cette sous-section concerne les organisations et les
entreprises qui adoptent la RSE (Thien, 2011). Les organisations professionnelles sont
souvent sous pression pour maximiser les rendements pour les actionnaires. Toutefois, il peut
aussi y avoir des pressions sur les entreprises pour mener des activités de RSE qui se
rapportent à la collectivité et l'environnement afin de maintenir la légitimité, la croissance de
l'entreprise ou de rester compétitif. Cependant, Thien (2011) affirme qu‘il existe des
gestionnaires d'entreprises qui assurent avoir entrepris volontairement des activités de RSE.
Thien (2011), utilise l‘étude de Bansal et Roth (2000), réalisée sur 53 organisations au
Royaume-Uni et au Japon, pour affirmer que l'avantage concurrentiel n'est pas une forte
motivation pour entreprendre des initiatives en matière de RSE.
Selon Thien (2011), Ce type d'avantage concurrentiel qui est lié à la justification et initié par
des forces internes de l'organisation plutôt que par des intervenants externes, bien que,
Margolis et al. (2008), ont constaté dans leur étude que la participation à des activités qui
entraînent des avantages sociaux ne donne pas le meilleur retour sur investissement. Ils
concluent qu'il y a une petite relation positive entre les activités de RSE et les performances
économiques des organisations, et que, la rentabilité ne devrait pas être la principale
justification de la RSE. Malgré le lien peu concluant entre la RSE et les avantages de
rentabilisation, ce lien semble être dans une augmentation encourageante (Thien, 2011).
Thien (2011), termine son étude en affirmant que le problème dans l‘intégration de la RSE est
de trouver l‘équilibre entre les responsabilités économiques, sociales et environnementales
d‘un côté, et de l‘autre côté l‘impact de l‘entreprise sur son environnement interne et externe,
afin de prendre en considération les attentes des parties prenantes. L‘auteur de ce modèle
propose une solution à ce problème à travers la combinaison de trois niveaux pour arriver à
une meilleure intégration des activités de la RSE.
Le modèle proposé par Thien (2011), traite des motivations d‘engagement sur trois niveaux.
Le premier niveau concerne les motivations liées aux pressions des parties prenantes
117
gouvernementales représentées par la réglementation. Le deuxième niveau fait référence aux
motivations liées aux parties prenantes externes représentées par les organisations non
gouvernementales. Le dernier niveau, est lié aux parties prenantes internes représentées par le
volontarisme de l‘entreprise.
Même si le modèle de Thien (2011), a présenté une taxonomie différente des trois premiers
modèles théoriques. Le modèle de Thien (2011), compte pratiquement les mêmes lacunes que
les autres modèles cités ci-dessus. Le modèle multi-niveaux proposé par cet auteur n‘a pas
pris en considération un grand nombre de motivations qui sont susceptibles d‘influencer
l‘engagement des entreprises dans la RSE. Dans ce sens, Thien (2011), a brièvement traité le
rôle des individus, présenté sous le titre des parties prenantes internes sans mettre vraiment
l‘accent sur l‘implication du dirigeant dans le processus de prise de décision d‘engagement
dans la RSE. Thien (2011), n‘a pas discuté dans son modèle, l‘influence des motivations
propres aux caractéristiques de l‘entreprise qui sont longuement débattues dans la littérature
sur l‘engagement des entreprises dans la RSE. De même, il n‘a pas intégré les motivations
liées à la catégorie politique, identifiées dans le travail de Garriga et Mele (2004).
118
Synthèse de la section 1
Dans cette section, nous avons examiné les modèles multi-niveaux qui expliquent
l‘engagement des entreprises dans la RSE, qui reviennent le plus dans la littérature, afin
d‘utiliser leurs résultats et critiques, pour construire notre propre modèle de recherche. Nous
avons tout d‘abord, commencé par présenter le modèle de Bansal et Roth (2000), qui examine
les motivations des entreprises qui sont « passées au vert ». Ce modèle a révélé qu‘il existe
quatre motivations : la législation, la pression des parties prenantes, les opportunités
économiques et les motivations éthiques. Ensuite, le modèle d‘Aguilera et al. (2007), a
analysé d‘une manière détaillée les motivations d‘engagement des entreprises, à travers les
trois niveaux de motivation : instrumentale, relationnelle et morale. Puis, le modèle d‘Egels-
Zandén (2009), a analysé les motivations d‘engagement des entreprises dans les politiques de
la RSE. Cette analyse a révélé quatre motivations qui poussent les entreprises à s‘engager
dans les politiques de la RSE : L‘amélioration de la légitimité, Les avantages concurrentiels,
éviter l'ingérence gouvernementale et la raison éthique. Enfin, le modèle multi-niveaux par
Thien (2011) a montré qu‘il existe trois motivations qui poussent les entreprises à s‘engager
dans la RSE : les parties prenantes gouvernementales, les parties prenantes externes et les
parties prenantes internes. Nous avons succédé chaque modèle par une analyse critique qui a
révélé que le peu de modèles multi-niveaux présents dans la littérature contiennent plusieurs
lacunes qui se résument dans, le traitement de quelques motivations comme la légitimité, la
législation au détriment du reste des motivations, la négligence des motivations dites
politiques identifiées dans le modèle de Garriga et Mele (2004), l‘utilisation des
classifications qui ne reflètent pas souvent les motivations qui contiennent. Enfin, l‘ensemble
des modèles n‘ont pas utilisé les motivations propres aux caractéristiques de l‘entreprise.
Dans la deuxième section, nous allons établir notre modèle de recherche sur trois niveaux qui
explique les motivations d‘engagement des entreprises dans la RSE.
119
3.2 Section 3.2. Modélisation de l’engagement dans la responsabilité sociale
Il existe une importante lacune au niveau de la littérature concernant l‘analyse des motivations
d‘engagement des entreprises dans la RSE, à savoir l‘analyse sur un seul niveau (Margolis et
Walsh, 2001; Waddock et al., 2002). Dans le même sens, les modèles théoriques multi-
niveaux discutés dans la section précédente, ont présenté également, des déficiences
notamment, en ce qui concerne la globalité et la multidisciplinarité des modèles.
Par conséquent, nous sommes en présence d‘un vrai besoin d‘un modèle d‘analyse global,
pluridisciplinaire et sur plusieurs niveaux, dans lequel la diverse littérature existante, peut être
intégrée, et synthétisée d'une manière cohérente.
Dans cette section, nous allons construire un modèle de recherche théorique sur trois niveaux,
en se basant sur les critiques apportées aux modèles cités dans la section précédente, ainsi que
l‘étendue littérature sur la RSE, afin d‘apporter de nouvelles réponses au débat de longue
durée sur l‘intérêt de l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE (Wood et Jones, 1995; Bansal
et Roth 2000 ; McWilliams et Siegel, 2000 ;Margolis et Walsh, 2003; Aguilera et al., 2007 ;
Egels-Zandén, 2009; Thien, 2011).
Notre modèle de recherche multi-niveaux, sera concentré sur les dix-neuf motivations
d‘engagement dans la RSE qui ont été prouvées théoriquement et empiriquement dans la
littérature. Afin de classer ces différentes motivations, nous avons fait appel à un cadre
théorique qui figure parmi les plus utilisés dans la littérature, celui de Wood (1991). Ce cadre
nous a permis de classer les motivations sur trois niveaux. Le premier est le niveau individuel,
ce groupe représente les motivations liées aux valeurs des dirigeants. Le deuxième est le
niveau organisationnel, ce groupe rassemble les motivations et les pressions internes à
l‘entreprise. Le troisième et dernier niveau, est le niveau institutionnel qui regroupe les
motivations externes à l‘entreprise. A ces trois niveaux nous avons rajouté d‘autres
motivations qui sont liées aux caractéristiques de l‘entreprise. Il s‘agit de la taille et du secteur
d‘activité, qui influencent l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE. La construction de ce
modèle niveau par niveau sera présentée dans cette section.
120
3.2.1 Au niveau individuel
Le niveau de motivation individuelle, évoque les approches théoriques éthiques identifiées
dans le modèle de Garriga etMele (2004). Ce niveau représente les valeurs propres au chef
d‘entreprise ou à l‘équipe dirigeante, qui influencent la décision d‘engagement de l‘entreprise
dans la RSE.
Ces motivations sont les plus utilisées dans la littérature théorique et empirique.À titre
d‘exemple, les quatre modèles multi-niveaux (Bansal et Roth 2000 ; Aguilera et al., 2007 ;
Egels-Zandén 2009 ; Thien 2011), présentés dans la section précédente, ont fait appel à ce
niveau, afin d‘expliquer l‘engagement des entreprises dans la RSE. Plus exactement, depuis
les travaux fondateurs de Hambrick et Mason (1984), les chercheurs ont accordé une grande
attention à comment comprendre le côté humain des gestionnaires, telles que leurs valeurs et
leurs propres caractéristiques, qui influencent sur les décisions qu'ils prennent.
Dans notre modèle, nous avons représenté ce niveau de motivation à travers, les
caractéristiques managériales, qui sont constituées de : valeurs managériales, ainsi que, des
caractéristiques observables. Dans les prochains paragraphes, nous allons examiner la
littérature sur l‘engagement individuel de plus près, en se basant, en particulier sur le travail
de recherche de Hambrick et Mason (1984).
3.2.1.1 Lescaractéristiquesmanagériales
Dans le but de définir les caractéristiques managériales, nous allons nous concentrer sur la
définition choisie par Hambrick et Mason (1984), qui dispose que les caractéristiques
managériales, sont constituées de deux catégories qui influencent les décisions stratégiques.
La première catégorie, fait référence aux valeurs managériales et la deuxième concerne les
caractéristiques observables.
Au début de leur recherche Hambrick et Mason (1984), se sont uniquement concentrés sur la
deuxième catégorie qui concerne les caractéristiques observables, car les valeurs managériales
étaient difficiles à mesurer. Dans ce sens, des recherches antérieures qui ont fait usage de la
théorie des échelons supérieurs de Hambrick et Mason (1984), ont porté sur les
caractéristiques observables. A l‘instar de l‘étude de Thomas et Simerly (1994), qui a analysé
121
l'impact de la formation et de l'ancienneté du gestionnaire sur le degré de la performance
sociale des entreprises (PSE).
Toutefois, dans la mise à jour de la théorie des échelons supérieurs, Hambrick (2007) a incité
les chercheurs à étudier directement les valeurs et les dirigeants des principaux acteurs de
l'entreprise. Contrairement aux études mentionnées ci-dessus. Dans le précédent paragraphe,
nous allons démontrer comment les deux catégories qui constituent les caractéristiques
managériales, influencent la décision de l‘engagement dans la RSE.
3.2.1.1.1 Les valeurs managériales
Ces dernières années, la littérature, notamment, dans le domaine du marketing a commencé à
se concentrer sur le processus de prise de décision éthique.
Différents auteurs dans ce domaine à l‘exemple de Vitell et al. (2010), ont étudié la relation
entre la RSE et l‘idéologie éthique de l‘individu.
A son tour Forsyth (1980), a stipulé que la philosophie morale personnelle a été largement
utilisée par les chercheurs et que sa taxinomie a fourni une plate-forme utile pour examiner le
jugement moral des managers (Forsyth, 1992 ; Tansey, 1994). Un peu plus tard, (Sharp, 1898
cité par Forsyth, 1992) a conclu que le manque de consensus dans le jugement moral est
obtenu parce que les individus adoptent différents systèmes éthiques. Forsyth (1980, 1992)
estime que chez la plupart des individus, les convictions éthiques tournent autour de deux
dimensions le relativisme et l'idéalisme.
La première dimension se définit comme la mesure dans laquelle l'individu rejette les règles
morales universelles en faveur du relativisme (Forsyth, 1980). La deuxième dimension se
concentre sur l'idéalisme dans ses attitudes, qui est la supposition que des conséquences
désirables peuvent toujours être obtenues avec l'action « juste » (Forsyth, 1980).
Il en résulte du croissement de ces deux dimensions, quatre philosophies morales
personnelles distinctes qui sont : le Situationnisme, le Subjectivisme, l'absolutisme et
l‘exceptionnisme, (voir figure n° 11).
122
Figure 11 Taxinomie des idéologies éthiques Forsyth, (1980)
Source :Forsyth (1980)
En conséquence, l‘idéologie éthique d'un individu est une partie de son idéologie globale, qui
se constitue de normes, de croyances et de valeurs (Van Ken et al., 2001). Pareillement,
l'idéologie éthique du chef d‘entreprise doit être considérée comme un élément de ses valeurs,
décrite dans la théorie des échelons supérieurs (Hambrick et Mason, 1984).
Dans ce sens, des recherches antérieures ont montré que les individus ayant un intérêt social
élevé préfèrent davantage des valeurs qui comprennent le souci des autres, tandis que les
individus avec des valeurs d'intérêts sociaux faibles semblent être plus autocentrés.
En outre, les personnes ayant un intérêt social élevé, cumulent un score élevé sur l'échelle de
l'idéalisme, et un score bas sur l‘échelle du relativisme, alors que les individus avec un faible
intérêt social ont un faible score sur l‘échelle de l'idéalisme et un score élevé sur l‘échelle du
relativisme (Van Kenhove et al., 2001).
Il en résulte que les personnes qui obtiennent un score élevé sur l'échelle de l'idéalisme
perçoivent l‘engagement dans la RSE comme plus important, alors que les personnes qui
obtiennent un score élevé sur l'échelle du relativisme sont censées percevoir l‘engagement
dans la RSE comme moins important (Singhapakdi et al., 1996 ; Vitell et Hidalgo, 2006).
123
Des recherches empiriques antérieures ont trouvé des preuves sur l'influence des valeurs
personnelles d'un individu, en particulier de son idéologie éthique, sur sa perception de la
RSE (Singhapakdi et al., 1995; Vitell et al., 2010). Plus précisément, l'idéalisme a été désigné
comme un facteur qui a un effet positif et le relativisme a été désigné comme un facteur qui a
un effet négatif sur la perception du rôle de la RSE. Les résultats de l'étude réalisée par
Singhapakdi et al. (1995) considèrent que les valeurs morales ont une influence sur la
perception de l'éthique du gestionnaire et par conséquent, sur la perception de la RSE dans la
réalisation de l‘efficacité organisationnelle. Schwartz (2001), a constaté que ces valeurs
personnelles ont été liées avec la conformité de son code de déontologie d'entreprise et de la
même façon avec l'importance perçue de l‘éthique et de la RSE.
Dans cette logique, certains chercheurs à l‘exemple de Vitell et al. (2010) sont arrivés à
expliquer le processus de prise de décision éthique en examinant certains modèles éthiques
existants et en analysant les antécédents et les conséquences de la perception des
responsables marketing de l'éthique et de la RSE. Le modèle qui a résulté de cette recherche a
mis l'accent sur un processus qui commence par la perception du rôle de l'individu de l'éthique
et termine par l‘engagement de l‘entreprise dans les pratiques sociales et environnementales.
En outre, les chercheurs supposent que les perceptions sur l'éthique et la RSE sont une
variable médiatrice dans le processus de prise de décision éthique.
A propos des résultats sur les antécédents de la perception du rôle de l'éthique et de la RSE
des professionnels du marketing, Vitell et al. (2010) ont trouvé que l'idéalisme a un effet
positif et que le relativisme a un effet négatif sur l'importance de l'éthique et de l‘engagement
dans la RSE.
Toutefois, il convient de noter que les résultats de la recherche effectués par Etheredge
(1999), montrent que le relativisme influence positivement sur l'importance de l'éthique et de
la RSE, qui est en contraste avec l'influence négative du relativisme dans l‘ensemble des
autres études. Autrement dit, les résultats de la recherche concernant l'influence du relativisme
ne sont pas totalement compatibles.
Concernant les échelles de mesure utilisées, les valeurs éthiques des entreprises ont été
mesurées en utilisant l‘échelle de la Valeur de l‘éthique de l‘entreprise (CEV) élaborée par
124
Hunt et al. (1989), alors que, le Questionnaire de Pposition Ethique (EPQ), développé par
Forsyth (1980), a été utilisé pour mesurer les valeurs morales personnelles, à savoir
l'idéalisme et le relativisme.
En résumé, pour notre travail de recherche nous avons conclu que, les valeurs éthiques de
l‘individu se traduisent par deux dimensions, le relativisme et l‘idéalisme. L‘idéalisme reflète
« le degré auquel les individus croient qu’un comportement moralement « bon » conduit
toujours à des conséquences positives. Les idéalistes valorisent des relations chaleureuses
avec les autres, aiment être respectés, ont un sens de l’appartenance et des croyances
éthiques fortes ». Le relativisme « reflète une certaine réticence à adhérer à des principes
moraux universels et se traduit par une prise en compte des variables situationnelles et
cultures locales lors de jugements éthiques » (Pras et Vaudour-lagrace, 2007).
Ainsi, les dirigeants qui sont plus « idéalistes » accordent plus d‘importance à l‘éthique et aux
normes universelles, et par conséquent, ils s‘engagent dans la RSE (voir la figure n° 12). Cela
nous ramène vers la première hypothèse de notre recherche qui est :
H1 : Les valeurs idéalistes du dirigeant influencent positivement l’engagement de
l’entreprise dans la responsabilité sociale.
Comme on pourrait s'attendre logiquement à ce que les dirigeants qui sont plus « relativises »,
accordent moins d‘importance à l‘éthique et aux normes universelles et par conséquent ils ne
s‘engagent pas dans la RSE (voir la figure n° 12). Cela nous ramène vers la deuxième
hypothèse de notre recherche qui est :
H2 : Les valeurs relativistes du dirigeant influencent négativement l’engagement de
l’entreprise dans la responsabilité sociale.
3.2.1.1.2 Les caractéristiques observables
La deuxième catégorie est constituée de caractéristiques observables, qui influencent les
perceptions des gestionnaires et donc les choix stratégiques, dans notre cas l‘engagement dans
la RSE (Hambrick et Mason, 1984).
125
L'idée de base de Hambrick et Mason (1984) est que les caractéristiques observables des
membres de l'équipe dirigeante servent de procuration pour la base cognitive sous-jacente et
les valeurs par lesquelles les gestionnaires perçoivent leur environnement sur lesquels ils
fondent leurs décisions. En outre, les caractéristiques observables peuvent être des substituts
pour les croyances et les valeurs des Managers. Hambrick et Mason (1994), affirment que
les« facteurs démographiques observables fournissent une représentation fiable de la
composition d'une personne ... [et] sont des prédicteurs puissants de stratégies ».
Par conséquent, le choix des caractéristiques observables est primordial, car elles servent à
prédire les stratégies de l‘entreprise et enfin de compte sa réussite.
Dans ce sens, Hambrick et Mason (1984) ont identifié six caractéristiques observables
spécifiques (âge, piste fonctionnelle, d'autres expériences professionnelles, niveau
d‘éducation, etc) qui contribuent à prédire la décision du leadership.
Une variété d‘études empiriques ont suivi ce raisonnement, en se concentrant sur la relation
entre les valeurs des gestionnaires et les caractéristiques observables (démographiques) tels
que l'âge, le sexe (Wiersema et Bantel, 1992 ; Westphal et Milton, 2000), ainsi que, les
caractéristiques observables (contextuelles), à exemple de, l'éducation, l'ancienneté et le
contexte fonctionnel (Walker, 1985; Wagner, 1987; Papadakis et Barwise, 2002).
De la même manière, Yordanova (2011) dans une étude pour mesurer l‘influence du chef
d‘entreprise dans l‘engagement dans des plans de croissance en Bulgarie, a identifié trois
caractéristiques observables, comme (l'âge, le sexe, l'éducation).
Dans les paragraphes suivants nous allons présenter, les caractéristiques observables choisies
dans notre étude qui influencent la décision du chef d‘entreprise pour s‘engager dans la RSE.
3.2.1.1.2.1 L’âge du dirigeant
La première caractéristique observable qui est identifiée dans notre recherche est l‘âge du
dirigeant. En outre, L'âge du directeur influence la décision stratégique de l‘entreprise. Dans
ce sens, (Norburn et Birley 1988 ; Hitt et Tyler, 1999 cités par Yordanova, 2011) ont désigné
l'âge comme une caractéristique personnelle qui influence sur la prise de décision stratégique.
126
L'âge influence la recherche d'information et de traitement dans le processus décisionnel. Par
conséquent les capacités mentales et physiques semblent être une fonction de l'âge (Postma et
Kok, 1999). Hambrick et Mason (1984) indiquent un autre aspect important de l'âge: «cadres
plus âgés ont un plus grand engagement psychologique».
Nombreux sont les chercheurs qui ont également constaté, que les attitudes deviennent plus
éthiques avec l'âge, car les personnes âgées sont susceptibles d'avoir une perspective plus
large sur les enjeux et les entités qui entourent la prise de décision.
Il en ressort que les gestionnaires les plus âgés peuvent avoir plus de valeurs éthiques et
s‘engagent de manière beaucoup plus active dans la RSE (Borkowski et Ugras, 1998;
Waldman et al., 2006; Diez et al., 2011). Dans ce sens, Borkowski et Ugras, (1998) ont
constaté que les attitudes deviennent plus éthiques avec l'âge.
Ce phénomène peut être expliqué par la théorie de Kohlberg concernant le développement
moral de l'individu, (Kohlberg1981 cité par Borkowski et Ugras, 1998). Selon Kohlberg, les
individus passent par six stades de développement moral cognitif et présentent de plus en plus
les attitudes morales à leur échéance (Borkowski et Ugras, 1998). En outre, Diez et al. (2011)
considèrent que les personnes âgées sont susceptibles d'avoir une perspective plus large sur
les enjeux et les entités qui entourent la prise de décision, y compris de multiples parties
prenantes. Il en ressort que les gestionnaires plus âgés peuvent avoir des valeurs éthiques et
s‘engagent plus facilement dans la RSE.
A son tour, Deshpande (1997) suppose que les personnes âgées sont plus conscientes des
conséquences d'un comportement contraire à l'éthique. De la même manière, Waldman et al.
(2006) ont constaté que l'âge est positivement corrélé avec l'aspect communautaire des valeurs
de la RSE.
En résumé, la majorité des études empiriques réalisées dans ce domaine ont approuvé cette
relation positive, à l‘exemple de l‘étude de Borkowski et Ugras (1998) qui ont réalisé une
méta-analyse de 56 études portant sur l'influence des caractéristiques démographiques sur les
attitudes éthiques des répondants. Sur la base de cette revue de littérature, les auteurs ont
conclu que les facteurs rapportés avec cohérence sont le sexe, l'âge et le niveau d'instruction.
127
Cette relation entre l‘âge du dirigeant et la sensibilité envers l‘intégration de la RSE (voir la
figure n° 12), nous a conduits vers la troisième hypothèse :
H3: L’âge du dirigeant influence positivement l’engagement de l’entreprise dans la
Responsabilité Sociale.
3.2.1.1.2.2 Le niveau d’éducation
Le niveau d‘éducation indique la connaissance d'une personne et de ses compétences
(Hambrick et Mason, 1984). L'éducation pourrait également influencer la décision d'un
gestionnaire à s'engager dans la RSE, puisque, l'engagement est motivé par le fait que
l'éducation façonne partiellement la connaissance d'un individu. En outre, Waldman et al.
(2006), estiment que des niveaux élevés de l'éducation peuvent être associés à une perspective
plus large sur les exigences des différents groupes d'intervenants, ce qui entraînera des valeurs
fortes en matière de RSE.
Wiersema et Bantel indiquent que: «les niveaux élevés d’éducation sont associés à une forte
capacité de traitement de l'information et de la capacité à discriminer entre une variété de
stimuli» (Wiersema et Bantel, 1992). Le niveau d'instruction des dirigeants a toujours été lié à
l‘adoption du comportement stratégique, (Kimberley et Evanisko, 1981 cité par Deshpan,
1997).
Selon Quazi (2003), « Les gestionnaires possédant des qualifications d'enseignement
supérieures tendent à avoir des attitudes libérales qui poussent leur organisation vers une
plus grande orientation sociale ».
Les résultats empiriques de la recherche donnent la preuve de ce raisonnement dans la mesure
où l'éducation a été jugée significativement lier à la perception du gestionnaire en matière de
RSE (Kolvereid, 1992). De la même manière, les études empiriques de Davidson (1991) ont
démontré aussi, un lien entre le propriétaire hautement instruit et les deux motivations de
croissance et du développement du capital humain.
Pareillement, Yordanova (2011) a prouvé dans une étude réalisée sur 350 entreprises
bulgares, que le niveau d‘éducation du chef d‘entreprise, influence l‘engagement de
l‘entreprise dans les plans de croissance.
128
Par conséquent, la quatrième hypothèse, mise en avant est l‘influence positive du niveau
d'instruction du gestionnaire sur l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE (voir la figure n°
12).
H4: Le niveau scolaire du dirigeant influence positivement l’engagement de l’entreprise
dans la responsabilité sociale.
3.2.1.1.2.3 La carrière
« Bien que les membres de la coalition dominante d'une entreprise, en particulier le chef de la
direction sont présumés avoir le point de vue d'un généraliste, chacun apporte à son travail
une orientation qu’il a souvent développé à partir de l'expérience dans un domaine
fonctionnel primaire» (Hambrick et Mason, 1984).
Ainsi, les gestionnaires et en particulier les chefs de direction sont supposés avoir un point de
vue d'un généraliste. Cependant, il est reconnu que la carrière primaire d‘un chef d‘entreprise
influence sa décision. En d‘autres termes, chaque directeur apporte à son orientation
professionnelle et sa décision, ce qu‘il a développé habituellement à partir de l'expérience
dans une piste fonctionnelle primaire.
Les pistes fonctionnelles dans l‘entreprise peuvent être classées en trois catégories : les
fonctions sorties (comprennent les traces de marketing, des ventes et des produits de
Recherche et Développement), les fonctions de débits (fonctions d‘accompagnements tels que
l'ingénierie de production et de processus), et les fonctions droits et finances (Hambrick et
Mason, 1984 ; Thomas et Simerly, 1994).
Ainsi, les gestionnaires ayant une expérience dans les fonctions de sorties, tels que le
marketing et les ventes, sont plus tournés vers l'extérieur et peuvent donc être plus sensibles
aux besoins des parties prenantes, contrairement aux autres fonctions qui sont internes
(Thomas et Simerly, 1994).
Toutefois, la piste fonctionnelle ne peut pas dominer les choix stratégiques d‘un dirigeant,
mais on peut s'attendre à ce qu‘elle exerce une certaine influence (Hambrick et Mason, 1984).
129
Cette sensibilité des dirigeants peut être traduite en une plus grande importance accordée à
l‘intégration de la RSE (voir la figure n° 12). Cela nous conduit vers la cinquième hypothèse :
H5: La carrière suivie par le chef d’entreprise (dans le marketing et le commerce)
influence positivement, l’engagement de l’entreprise dans la responsabilité sociale.
3.2.1.1.2.4 L’expérience
La quatrième et dernière caractéristique observable, qui peut influencer le choix stratégique
d‘un directeur et donc l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE est l‘expérience du chef
d‘entreprise.Cette caractéristique est définie dans notre recherche comme le temps de service
passé à l'intérieur de l‘entreprise. Cette caractéristique est appelée également, la permanence,
la titularisation ou l‘expérience d‘une manière générale (Hambrick et Mason 1984 ; Miller,
1991 ; Wiersema et Bantel, 1992; Thomas et Simerly, 1994).
La titularisation de l‘équipe dirigeante ou du chef d‘entreprise est un facteur essentiel pour la
stabilité, la communication et l‘élimination du conflit, Tihanyi et al. (2000). En outre, un
mandat de longue durée, de l‘équipe de direction, a un rapport positif sur la cohésion sociale
et les bases cognitives partagées (Michel et Hambrick, 1992).
Après avoir accumulé plus d'ancienneté, l‘équipe de direction ou les dirigeants peuvent créer
des bases de connaissances partagées plus correctes concernant les parties prenantes qui les
entourent (Gimeno et al., 2005).
Dans ce cas, les managers qui ont passé le plus d'années de service dans l‘entreprise, finissent
par construire un réseau avec les parties prenantes à l'intérieur et à l'extérieur de
l'organisation, ce qui permet, au manager d‘être le mieux informé des circonscriptions de
l'entreprise et de ces exigences contradictoires (Thomas et Simerly, 1994). Cela se traduit par
une plus grande sensibilité pour l‘engagement dans la RSE (voir la figure n° 12). Ainsi, nous
avons la sixième hypothèse qui est :
H6: L’expérience du chef d’entreprise influence positivement, l’engagement de
l’entreprise dans la responsabilité sociale.
130
Le niveau individuel de notre modèle a été représenté, par les caractéristiques managériales.
Ces dernières influencent l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE à travers les valeurs
managériales (l‘idéalisme et le relativisme) du chef d‘entreprise d‘une part, et d‘autre part,
selon les caractéristiques observables (démographiques et contextuelles) propres au chef
d‘entreprise à savoir (l‘âge, le niveau d‘éducation, la carrière et l‘expérience). Ces
motivations individuelles sont représentées dans la figure n°12.
Figure 12 Les motivations d’engagement dans la RSE au niveau individuel
()
(+)
(+)
(+)
(+)
H5. La carrière
(marketing)
H3. L’âge
H6. L’expérience
H4. Le niveau de scolaire
Engagement
dans la
responsabilité
sociale des
entreprises
(+) Niveau
individuel
H1. L’idéalisme
H2. Le relativisme
Niveau Motivations Engagement
Valeurs
Managériales
Caractéristiques
observables
131
3.2.2 Au niveau organisationnel
Le niveau organisationnel (le niveau interne), rappelle les approches théoriques
instrumentales et politiques identifiées dans le modèle de (Garriga etMele, 2004). Ce niveau
regroupe les motivations et les pressions qui sont initiées par des forces internes à l‘entreprise,
et influencent son engagement dans la RSE.
Plusieurs sont les modèles et les recherches qui ont évoqué ces motivations (Bansal et Roth,
2000 ; Barnett et Salomon, 2006 ; Wang et Chan, 2006 ; Egels-Zandén, 2009 ; Thien, 2011)39
mais, sans pour autant, les spécifiées de cette manière.
Dans notre modèle, le niveau organisationnel regroupe les motivations suivantes : la réduction
des coûts, le bien-être des employés et le manque de moyens. Ce niveau sera examiné dans les
paragraphes ci-dessous.
3.2.2.1 Laréductiondescoûts
Considérée autrefois comme une barrière face à la rentabilité de l‘entreprise, l‘adoption de la
RSE n‘est pas toujours synonyme d‘investissement colossal non rentable. Cette vision
économique traditionnelle a été réfutée, par une nouvelle perspective appelée « l‘hypothèse de
Porter », qui découle du travail de recherche de Porter et Van Der Linde (1995) qui stipulent
que l‘intégration des démarches environnementales ne provoque pas forcément une baisse des
profits et peut au contraire stimuler la firme pour modeler sa stratégie, en conjuguant
l‘innovation environnementale et les avantages économiques « gagnant-gagnant »
stratégie 40.
Définie comme, la motivation des entreprises à s‘engager dans la RSE, dans le but de réduire
leurs coûts de production pour augmenter la profitabilité, la motivation « réduction des coûts
de production » représente parfaitement l‘approche « gagnant - gagnant ». Cette motivation a
été utilisée pratiquement dans tous les modèles présentés dans la section précédente.
Dans cette logique, l‘intégration de la RSE à travers des pratiques tels que l‘installation des
technologies propres ou la valorisation et le recyclage des déchets procurent aux entreprises
39Voir la section 1dans le chapitre 3 et la section 2 dans le chapitre 2. 40Porter,M. et C.vanderLinde(1995)‗GreenandCompetitive:Endingthestalemate‘,Harvard Business Review, 73(5):120-134.
132
une économie des matières premières et de l‘énergie ce qui allégeraient leurs coûts de
production. Dans ce cas, les firmes tendent à mettre en place des pratiques de management
environnemental, qui contribuent à réduire les coûts de production et à augmenter les profits
(Quazi et al., 2001 ; Céspedes-Lorente et al., 2003 ; Gonzales-Benito et Gonzales-Benito,
2005 ; Melsa, 2006).
Pareillement, Shrivastava (1995) soutient que les organisations ont la possibilité de faire
baisser les coûts d'exploitation en exploitant l'efficacité écologique.
Margolis et al. (2009), ont suggéré également cela dans une méta-analyse où ils en ont conclu
qu‘il existe un lien positif entre les politiques environnementales des entreprises et la
profitabilité. De même, Melnyk et al. (2002) ont affirmé dans leur étude que la réduction des
coûts et une meilleure qualité de produit ont été les principales retombées de la mise en œuvre
de la RSE, pour plus de 1500 organisations en Amérique du Nord.
Le rapport des Affaires canadiennes pour la Responsabilité Sociale (CBSR, 2003)41 sur
l‘engagement des PME dans la RSE au Canada, a souligné que la RSE dans les PME est
étroitement liée à la réduction des coûts, l'augmentation des performances économiques et a
une situation financièrement viable grâce à une gestion plus éco-efficace.
Cependant, les données empiriques sur l'hypothèse de Porter semblent encore mitigées. Des
travaux de recherche qui ont pris conjointement en compte les multiples dimensions de la
RSE (environnement, ressources humaines, activités communautaires, etc.) ont contredit les
conclusions des travaux cités ci-dessus (Barnett et Salomon, 2006; Brammer et al., 2006).
Plus directement, d‘autres chercheurs à l‘exemple de Cerin (2006) vont jusqu‘à remettre
fortement en question les fondements théoriques de l'hypothèse de Porter « gagnant-
gagnant ».
Néanmoins, plusieurs chercheurs ont continué à démontrer l‘impact positif de la RSE sur les
économies, suite à l‘intégration de la RSE, (Bansal et Roth, 2000; Egels-Zanden 2009 ;
41 Rapport d‘ Affaire canadienne pour Responsabilité Sociale (Canadian Business for Social Responsibility), intitulé « Engaging Small Business in Corporate Social Responsibility, A Canadian Small Business Perspective on CSR » October 2003. http://info.worldbank.org/etools/docs/library/ 114189/ Engaging %20SME %20in%20CSR%202003.pdf.
133
Margolis et al., 2009 ; Campopiano et al., 2012). Wong et Chan (2006) ont confirmé à travers
leur étude dans le domaine de l‘hôtellerie que la mise en œuvre de la RSE vise à réduire la
consommation d'énergie, d'eau, et d‘autres matières premières.
De la même manière, Campopiano et al. (2012) ont affirmé que l‘intégration de la RSE a été
motivée par des économies de coûts directement, comme elle conduit à une amélioration des
portefeuilles financiers.
La majorité de la littérature semble affirmer que l‘engagement volontaire des entreprises dans
la RSE est motivé par la réduction des charges et des coûts de production (voir la figure n°
13). Cela nous conduit vers la septième hypothèse qui concerne le niveau organisationnel :
H7 : La réduction des coûts de production influence positivement l’engagement de
l’entreprise dans la responsabilité sociale.
3.2.2.2 Lebienêtredesemployés
Cette notion se définit comme, la motivation qui pousse l‘entreprise à s‘engager dans la RSE
afin d‘améliorer le bien-être des employés dans le domaine de la santé et la sécurité dans le
travail.
Ainsi, l‘amélioration du bien-être des employés, notamment la santé et la sécurité au travail,
est reconnue par certains chercheurs comme la première motivation d‘engagement dans la
RSE. D‘après Boiral (2006), la pollution industrielle est une question de santé et de sécurité
des ouvriers à l‘usine avant qu‘elle soit un grave problème d‘environnement. En effet, les
ouvriers sont les premières victimes de cette pollution puisqu‘ils se retrouvent généralement
au plus près de la production qui est à l‘origine des rejets polluants.
Il en ressort donc que, la RSE commence sur le lieu de travail où, chacun doit pouvoir mener
à bien ses missions dans des conditions de travail basées sur la préservation de la santé et de
la sécurité des employés. Dans ce sens, Fukukawa et Moon (2004) ont démontré que la
réduction au minimum des risques d'accidents était la principale cause dans la mise en œuvre
des démarches de la RSE par les entreprises japonaises.
134
Dans cette logique, Werner (2009) a estimé que les activités traditionnellesen matière de la
RSEenglobent « la santé, l'éducation et les services communautairessont généralement
considérés commedistinctset sans rapport avecles opérations commercialesde base ».
L‘engagement dans la RSE afin d‘améliorer les conditions de santé et de sécurité, peut être
réclamé par les employés, à travers le recours à des intermédiaires internes tels que le comité
d‘hygiène ou le service d‘environnement.
Pareillement, plusieurs sont les études empiriques qui ont établi une relation positive entre
l‘engagement dans la RSE et l‘amélioration du bien-être à l‘exemple de l‘étude menée par
Quazi et al. (2001) et qui affirme que les entreprises s‘engagent dans des processus
environnementaux, afin d‘assurer le bien-être des employés.
Par conséquent, l‘existence d‘une relation entre l‘amélioration du bien-être des employés
notamment la santé et la sécurité au travail et l‘engagement dans la RSE, peut expliquer la
montée en intensité des engagements des entreprises dans la RSE (voir la figure n° 13). Ce
constat nous conduit vers l‘hypothèse suivante qui est :
H8 : Le bien-être des employés influence positivement l’engagement des entreprises
dans la responsabilité sociale.
3.2.2.3 Lemanquedemoyens
Le manque de moyens se définit dans notre recherche comme les moyens financiers et
humains, réclamés par la démarche sociale et environnementale qui freinent la motivation des
entreprises pour s‘engager dans la RSE. Cette motivation est composée en majorité de trois
types de barrières qui peuvent freiner l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE.
Tout d‘abord, le manque de moyens financiers, malgré le potentiel pour une production plus
respectueuse de l‘environnement et qui génère des économies, des coûts substantielles.
L‘intégration de la responsabilité sociale dans l‘entreprise, peut être inhibée par plusieurs
obstacles financiers. Tout d‘abord, les coûts de la mise en œuvre des pratiques de la RSE
présentent un obstacle face à l‘intégration de la RSE notamment dans les PME. Le rapport des
Affaires canadiennes pour la Responsabilité Sociale (CBSR, 2003) a affirmé que la
règlementation industrielle et les coûts de la technologie propre, interdisent aux PME
135
l‘intégration de la RSE. A cela s‘ajoute, les faibles aides gouvernementales et les politiques
d'investissements internes incompatibles avec les objectifs de la RSE.
Ensuite, le manque de moyens humains (personnel qualifié), les différents aspects de la force
de travail au sens large d'une entreprise peuvent présenter des obstacles à l‘intégration de la
RSE. Dans ce sens, des problèmes peuvent se produire lorsqu'il existe: un manque de
personnel en charge de la gestion, du contrôle et de la technologie de réduction des déchets de
mise en œuvre; une réticence à employer des ingénieurs formés pour la prétendue conception
du temps des technologies de réduction des déchets, une incapacité à gérer un programme
supplémentaire au sein de l'entreprise, le manque de compétences appropriées empêche les
entreprises à s‘engager dans la RSE, (Carlisle et Faulkner, 2004; Sweeney, 2007).
Enfin, un manque d'information constitue un obstacle majeur à l'adoption de la RSE, qui est
l'inaccessibilité de l'information et de l'expertise appropriée. Malgré le potentiel considérable
de la RSE à améliorer la compétitivité d'une entreprise, dans de nombreux cas, les entreprises
sont incapables d'exploiter ces possibilités en raison de l'ignorance. Le manque d'informations
au niveau de l‘entreprise sur les technologies propres spécifiques, contribue ainsi aux risques
et incertitudes en ce qui concerne l'adoption de la RSE, Castka et al., (2004). Ce manque
d‘informations est constaté en particulier au niveau des PME, ce qui les empêchent souvent
d‘intégrer la RSE, (DeTienne et Lewis, 2005).
Des études empiriques ont confirmé ces constats, (Laudal, 2011; Arevalo et Aravind, 2011), à
l‘exemple de l‘étude réalisée par Santos (2011), qui a prouvé que le manque de moyens peut
freiner l‘engagement des entreprises dans les démarches environnementales volontaires.
Dans le même sens, Laudal (2011), ainsi qu‘Arevalo et Aravind (2011) ont prouvé que le
manque de moyens, influence négativement l‘engagement des entreprises dans la RSE.
Au niveau interne, le manque de moyens financiers et humains, a souvent handicapé les
entreprises dans leurs démarches stratégiques. De plus, le manque de moyens, freine
l‘engagement des entreprises dans la RSE (voir la figure n° 13). Ce qui nous ramène vers la
neuvième hypothèse qui est :
136
H9 : Le manque de moyens (financiers et humains) influence négativement
l’engagement de l’entreprise dans responsabilité sociale.
Dans le but d‘identifier les motivations d‘engagement des entreprises dans la RSE au niveau
organisationnel ou interne à l‘entreprise, nous avons représenté ce niveau par un groupe de
motivation qui a été largement utilisé dans la littérature à savoir la réduction des coûts de
production, le bien-être des employés et le manque de moyens. Ces motivations
organisationnelles sont représentées dans la (figure n° 13):
3.2.3 Au niveau institutionnel
Le niveau institutionnel (le niveau externe), représente les approches théoriques intégratives
et une partie des approches instrumentales identifiées dans le modèle de Garriga et Mele
(2004). Ce niveau regroupe les motivations et les pressions externes à l‘entreprise, qui
influencent l‘engagement dans la RSE. Nous retrouvons une partie de ce groupe de
motivation dans le modèle de Bansal et Roth (2000), cité sous le titre de « la pression des
Niveau Motivations Engagement
(+)
(+)
()
Engagement
dans la
responsabilité
sociale des
entreprises
H7. Réduire les coûts de
production
H9. Le manque de moyens
H8. Le bienêtre des
employés(santé et sécurité)
Niveau
organisationnel
Figure 13 Les motivations d’engagement dans la RSE au niveau organisationnel
137
parties prenantes », ainsi que, dans le modèle d‘Egels-Zandén (2009), représenté sous le titre
« L‘amélioration de la légitimité (confiance, réputation, image et marque) » (voir la section
précédente).
Dans notre modèle, le niveau institutionnel regroupe les motivations suivantes : la législation,
les avantages concurrentiels, les attentes des clients, lessubventions de l‘Etat, la pression des
organisations non-gouvernementales, la pression des médias, le commerce international et la
société mère. Ce niveau sera examiné dans les paragraphes ci-dessous :
3.2.3.1 Lalégislation
La législationreconnue comme la première déterminante des comportements responsables des
entreprises par une très grande et vaste littérature sur les motivations de l‘engagement dans la
RSE, à l‘instar des modèles présentés dans la section précédente, ainsi que dans l‘ensemble de
la littérature (Schwartz et Carroll, 2003 ; Tallontire, 2007; Williams et Aguilera, 2008).
Cette motivation est définie dans notre étude comme : la réglementation et la législation en
vigueur qui poussent les entreprises à intégrer la RSE. Cette motivation est représentée par
les deux dimensions suivantes : la crainte des sanctions, et l‘anticipation sur de nouvelles lois
susceptibles d‘être élaborées par l‘Etat, Schwartz et Carroll (2003). Les motivations
réglementaires sont liées aux exigences légales en matière de l'environnement, la santé et la
sécurité (Quairel et Auberger, 2005).
Ces textes visent à empêcher toutes manifestations d‘externalités à l‘encontre du patrimoine
naturel. Cette réglementation correspond à des mesures institutionnelles interdisant ou
limitant certaines activités, ou produits portant des nuisances aux milieux naturels (Salamitou,
2004).
Dans ce nouveau climat, les entreprises ont compris, que le respect de la réglementation en
vigueur est une condition nécessaire pour leur pérennité et leur développement, ainsi que,
pour l‘instauration d‘une relation fondée sur la confiance avec les pouvoirs publics, DiMaggio
et Powell (1983). Par conséquent, la législation a été reconnue par un grand nombre de
chercheurs comme étant la première motivation qui amène les entreprises à tenir compte de
l‘impact de leurs activités sur l‘environnement naturel (Quairel et Auberger, 2005).
138
A leur tour, Irene et perry (1996) ont déclaré qu‘ils « ne sont pas surpris que la plus grande
source individuelle de la pression qui motive les entreprises a intégré la RSE est la
réglementation gouvernementale ». De plus, l‘intégration de la RSE, peut convaincre l‘Etat de
ne pas légiférer des nouvelles lois (Bansal et Roth, 2000).
Ces motivations réglementaires ont été confirmées par un très grand nombre d‘études
empiriques à savoir, l‘étude menée par Chan et Wang, sur une série d‘hôtels en Chine, qui a
confirmé que, les hôtels adoptent des processus de protection de l‘environnement pour
répondre au changement législatif (Chan et Wang, 2006).
Givel dans son étude sur l'industrie chimique américaine a annoncé que l‘effort réalisé dans
l‘intégration de la démarche environnementale, vise également à éviter les plus fortes et plus
coûteuses réglementations imposées sur les produits chimiques (Givel, 2007).
Sam et Innes (2008) ont montré que la participation à un programme de réduction des déchets
toxiques (US 33/50)42 a été motivée par l'attente d'un examen réglementaire détendu. De la
même façon, en utilisant les données sur environ 4000 établissements dans sept pays de
l'OCDE, Johnstone et Labonne (2009) ont fourni des preuves solides sur les certificats
environnementaux qui servent à anticiper sur la réglementation gouvernementale.
En résumé, dans ce domaine, la littérature a formellement identifié la crainte de la législation
ou l‘anticipation sur la nouvelle législation comme une motivation incontournable qui
influence l‘engagement des entreprises dans le processus volontaire de la RSE (voir la figure
15). Cela nous ramène donc vers la dixième hypothèse testable formulée comme :
H10 : La crainte de la règlementation influence positivement l’engagement de
l’entreprise dans la responsabilité sociale.
42US 33/50,C‘est un programme volontaire lancé par agence de protection environnementale (EPA), qui incite les industries américaines às'engage da la réduction des Déchets toxiques.
139
3.2.3.2 Lesavantagesconcurrentiels
Les études43empiriques réalisées sur les motivations d‘engagement des entreprises désignent
l‘avantage concurrentiel, comme un résultat direct de l‘engagement des entreprises dans la
RSE.
Les avantages concurrentiels sont définis comme des politiques qui servent à restaurer et
améliorer la légitimité, la confiance, la réputation, l‘image et la marque. Cette motivation
représente l‘explication la plus courante de l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE (Egels-
Zandén, 2009).
Selon Bansal et Roth (2000), les avantages concurrentiels sont des mesures qui permettent de
différencier les produits, réduire les coûts, anticiper sur la nouvelle législation, obtenir un
produit de qualité, etc. que les entreprises cumulent à travers l‘engagement dans la RSE.
D‘une manière générale, les entreprises s‘engagent dans la RSE qui est motivée par
l‘acquisition de nouveaux atouts de concurrence face à ses rivaux.
Avoir un avantage concurrentiel, a toujours été l‘objectif principal des entreprises. Un
manager de firme japonaise a déclaré que « Les entreprises qui ont rivalisé sur le prix et la
qualité, rivalisent maintenant davantage sur les questions environnementales, qui peuvent
acquérir des avantages concurrentiels » (Cheryl et al., 2010).
Les études académiques convergent vers trois raisons concurrentielles principales qui
poussent les entreprises à s‘engager dans la RSE à savoir, la légitimité, l‘image, la
différenciation du produit et le recrutement des éléments compétents.
Les entreprises adoptent des comportements responsables afin d‘améliorer leur image et la
valeur de leurs produits. Il s‘agit, donc d‘une manipulation en marketing écologique qui fait
apparaître l‘entreprise comme une firme responsable et ses produits comme étant respectueux
de l‘environnement naturel. D‘ailleurs, cela a été confirmé dans le modèle de (Bansal et Roth,
2000), que nous avons vu dans la section précédente. Ainsi, d‘après ces chercheurs,
l‘engagement dans la RSE peut être motivé par l‘attraction d‘une bonne image.
La bonne gestion de l‘image de l‘entreprise, renforce sa légitimité et sa réputation, qui sont
vitales pour les sociétés, compte tenu de leurs capacités à influencer les opinions des
consommateurs et des investisseurs (Harrison et Freeman, 1999).
En d‘autres termes, l‘adoption d‘une démarche RSE permet à l‘entreprise de transmettre une
image positive aux parties prenantes (Orlitzky et al., 2003).
Kevin Keller a écrit sur l‘effet d‘une bonne image créée dans l'esprit du consommateur en
raison de l'activité responsable des entreprises qu‘ « Une association d'image d'entreprise
socialement responsable implique la création de la perception des consommateurs d'une
entreprise en contribuant à des programmes communautaires, soutien aux activités
artistiques et sociales et qui tente généralement à améliorer le bien-être de la société dans
son ensemble » (Keller, 1998, cité par Balachandran et Malani, 2013).
Nombreux sont les travaux empiriques qui ont fait le lien entre l‘adoption de la RSE, l‘image
de l‘entreprise et le profit à long terme, (Morimoto et al., 2005; Maignan et Ralston, 2002;
Orlitzky et al., 2003). Dans ce sens, l‘étude Maignan et Ralston (2002) considère qu‘aux
États-Unis, la RSE est particulièrement utilisée comme un outil d‘image et de marketing qui
influence les perceptions de la société. Cette même idée est partagée par Morimoto et al.
(2005), qui voient la RSE comme un outil pour le développement d'une image de marque
positive.
Avec des marchés devenus de plus en plus concurrentiels où chaque entreprise cherche à se
démarquer de ses adversaires. Aujourd‘hui, le comportement responsable envers
l‘environnement naturel semble être la nouvelle arme utilisée par les entreprises afin de
différencier le produit dans un marché dominé par des produits quasiment similaires. En effet,
l‘intégration des préoccupations écologiques permettra aux entreprises d‘améliorer leurs
ventes et leurs positions concurrentielles (Gonzales-Benito et Gonzales-Benito, 2005).
Arora et Lason (1995) affirment que le comportement écologique de la firme est influencé par
le niveau de concentration d‘un marché. Dans le cas d‘une forte intensité concurrentielle, les
entreprises opteront beaucoup plus pour une stratégie de différenciation de produit,
notamment par des spécificités écologiques.
141
Pour maintenir l‘avantage concurrentiel, l‘entreprise sera souvent contrainte à imiter les
organisations performantes qui s'engagent dans la RSE authentique, sans avoir à prendre
deréelles mesures (Weaver et al., 1999).
L‘avantage concurrentiel de l‘entreprise se manifeste aussi, par la force d‘attractivité des
meilleurs employés. Afin, d‘avoir un bon recrutement, l‘entreprise doit mettre en avant des
perspectives sociales et environnementales pour attirer les employés compétents, qui seront
fiers de travailler pour une société respectueuse de l'environnement ce qui améliore la position
concurrentielle de l‘entreprise (Chan et Wong, 2006).
Ces manœuvres ont toujours existé, puisque Davis en 1973 affirme que l'adoption des
pratiques de RSE conduit les entreprises à acquérir un avantage concurrentiel, en passant par,
l‘amélioration de leur capacité à attirer des ressources humaines de haute qualité (Davis, 1973
cité par Poussing, 2008)
Dans cette logique, une étude de McKinsey réalisée sur 403 cadres supérieurs dans le monde
entier, a confirmé à 68% que les organisations avec un pauvre bilan environnemental
trouveraient de plus en plus de difficultés à recruter et conserver un personnel de haute
compétence (Hesan et al., 2001). Pour Egels-Zandén (2009), peu importe les raisons
particulières, l'argument général est le même: l'adoption des politiques de la RSE offre un
moyen d'obtenir des avantages compétitifs vis-à-vis des concurrents.
En résumé, adopter une démarche de RSE permet d‘accroître la performance de l‘entreprise
par rapport aux concurrents qui n‘adoptent pas les démarches de la RSE, (Freeman, 1984 ;
Ullmann, 1985 cités par Bansal et Roth, 2000).
En conséquence, nombreux sont les auteurs qui ont lié l‘engagement volontaire des
entreprises dans la RSE à la recherche interminable des avantages concurrentiels de la part
des entreprises. Ces avantages sont représentés par l‘amélioration de la réputation de
l‘image, la différenciation du produit et l‘attraction d‘une main-d‘œuvre qualifiée (voir la
figure n° 14). D‘où notre hypothèse exprimée en ces termes :
H11 : Les avantages concurrentiels influencent positivement l’engagement de
l’entreprise dans la responsabilité sociale.
142
3.2.3.3 Lesattentesdesclients
Selon Freeman, « plusieurs acteurs exercent des pressions sur la firme en vue de protéger et
de favoriser leurs propres intérêts », (Freeman 1984 ; cité par Dontenwill 2005). Ainsi, cette
motivation pousse les entreprises à s‘engager dans la RSE, dans le but de satisfaire les attentes
de ses clients.Cette motivation figure parmi les motivations les plus rencontrées dans la
littérature sur les motivations d‘engagement dans la RSE, (Sen et Bhattacharya, 2001;
Maignan et Ferrell, 2003; Pivato, et al., 2008).
Selon Nawrocka (2007), les exigences du client sont considérées comme le principal élément
qui motive les entreprises à adopter les démarches environnementales volontaires.
Les consommateurs sont devenus très sensibles quant au potentiel éthique des entreprises et
écologique des produits achetés. Les sondages tendent en effet à signaler une préoccupation
croissante des consommateurs aux raisons éthiques et écologiques (Pelsmacker et al., 2005).
Par exemple, 46% des consommateurs européens déclarent être prêts à payer beaucoup plus
pour des produits éthiques (Mori, 2000).
Pour manifester leur enthousiasme envers l‘état environnemental et social, les consommateurs
sont prêts à punir les entreprises qui affectent négativement l‘environnement par des
boycottes, des manifestations, etc.Pour encourager les entreprises qui affectent positivement
l‘environnement, les consommateurs sont prêts à payer un supplément pour les produits verts.
Pour cela, les consommateurs s‘organisent afin de rassembler un ensemble d‘informations
objectives sur la performance écologique et éthique de chaque entreprise afin d‘envisager des
actions contre ou pour ces entreprises (Louppe et Rocaboy, 1994).
Renneboog et al. (2008) ont souligné que les marchés financiers peuvent réagir négativement
à l'annonce d'incidents environnementaux négatifs, tels que la violation de permis, les
déversements, les actions en justice, des plaintes ou réagir positivement à l'annonce d'une
performance environnementale supérieure.
Quelles que soient, les modalités d‘action, le comportement écologique des consommateurs
est derrière l‘adoption de l‘entreprise d‘une attitude plus responsable envers la société et
l‘environnement (Henriques et Sadorsky, 1996).
143
Dans ce sens, Arora et Cason (1995) ont considéré que ce changement de comportement
écologique est beaucoup plus observé auprès des entreprises qui sont en contact direct avec
les consommateurs finaux.
Ce constat a été confirmé par les études empiriques, telles que celles menées par (Douglas et
Glen, 2000; Zutshi et Sohal, 2005) qui ont rapporté que l‘intégration des démarches
environnementales volontaires résulte d‘une meilleure conformité aux exigences des clients.
Une étude similaire réalisée par Souza (2004) dans le secteur de l‘hôtellerie a révélé que les
consommateurs peuvent également influencer les hôtels afin d'adopter la RSE. Dans cette
logique, Maignan et al. (1999) ont établi une relation positive entre la RSE et la fidélité des
clients suite à une enquête réalisée sur des consommateurs.
Ainsi, les clients ont toujours pesé lourd dans l‘équation de la survie de chaque entreprise. Par
conséquent, la stratégie de l‘entreprise est étroitement liée aux envies de ses clients. La
littérature a d‘ailleurs reconnu les attentes des clients, comme une motivation qui pousse
l‘engagement volontaire de l‘entreprise dans la RSE (voir la figure n° 14). D‘où l‘hypothèse
suivante :
H12 : Les attentes des clients influencent positivement l’engagement de l’entreprise dans
la responsabilité sociale.
3.2.3.4 LesSubventions
Parmi les motivations qui représentent le niveau institutionnel de notre modèle, la subvention
de l‘Etat, est définie comme les subventions financières, humaines ou autres qui poussent les
entreprises à s‘engager dans la RSE.
Les gouvernements utilisent une variété de subventions financières pour orienter le
comportement des entreprises, afin qu‘il soit compatible avec les plans nationaux et
régionaux, ainsi que les objectifs économiques, sociaux et environnementaux déterminés
(Allen et al., 2005).
Les subventions étatiques des projets de RSE, motivent les entreprises notamment les
moyennes et petites à intégrer des projets environnementaux.
144
Selon Chan et Wong (2006) « Les gouvernements de différents pays, qui souhaitent disposer
d'un environnement plus propre, ont beaucoup investi pour encourager les entreprises à
poursuivre l’adoption des démarches environnementales volontaires, à l’exemple de
Singapour, où 70% du coût de l'obtention d'une certification ISO 14001 est subventionné par
le gouvernement ».
Les études existantes dans ce domaine ont fourni des preuves empiriques que les subventions
gouvernementales sont très pertinentes pour améliorer les valeurs des entreprises (Chen et
Wang, 2006; Santos 2011).
Toutefois,les entreprises qui reçoiventdessubventions de l'Etat sont également susceptibles
d'être exposées à une plus grandepression du publicainsi que de la surveillance du
gouvernement. Ces pressions amènent souvent les entreprises vers des activités socialement
bénéfiques, Schwartz et Clements (1999). En d‘autres termes, le gouvernement et le public
attendent des entreprises qui ont reçu une aide financièrede la part du gouvernement, qu‘elles
se comportent d'unemanière socialement responsable.
Les études empiriques dans ce domaine ont identifié un lien positif entre les subventions
financières de l‘Etat et l‘engagement dans la RSE, à l‘exemple de l‘étude menée par Santos
(2011) qui a reconnu le rôle des subventions dans l‘engagement des entreprises dans les
démarches environnementales et sociales volontaires.
De la même manière, dans un travail de recherche académique réalisé en Chine, Zeng (2012)
a affirmé que les subventions étatiques sont positivement corrélées avec la RSE, notamment
dans les entreprises publiques.
Par ailleurs, la littérature a confirmé, qu‘il existe un nombre considérable d‘entreprises
notamment dans les pays en développement qui s‘engagent dans la RSE afin de bénéficier de
subventions de l‘Etat, ou après avoir bénéficié d‘une subvention de l‘Etat (voir la figure n°
14). Cela nous conduit vers la suivante hypothèse.
H13 : La subvention de l’Etat influence positivement l’engagement de l’entreprise dans
la responsabilité sociale.
145
3.2.3.5 Lapressiondesorganismesnongouvernementaux
Van den Berghe et Louche (2005) estiment que « les entreprises sont confrontées à une
nouvelle main invisible, représentée par des forces non marchandes exercées par les ONG,
les médias, les syndicats et d'autres, qui poussent les entreprises à envisager la RSE comme
condition préalable à la croissance et à la prospérité durable ».
Cette motivation est représentée comme une pression exercée par des organismes non
gouvernementaux, qui poussent l‘entreprise à intégrer la RSE. Cette motivation a connu une
augmentation intense, dans les années quatre-vingt-dix avec l‘éclatement des scandales
environnementaux dans les quatre coins du monde.
Selon Thien (2011), il existe des ONG et des mouvements de la société civile qui influencent
les organisations professionnelles pour qu‘elles soient responsables, de la même façon, que
les acteurs gouvernementaux, même si, les pressions des ONG demeurent parmi les nouvelles
motivations qui poussent à la mobilisation directe des entreprises autour des problèmes
sociétaux et environnementaux. D‘après Bansal et Roth (2000), la pression de l‘ONG aura
une incidence sur l‘entreprise d'une manière ou d'une autre.
Selon Knox et al., (2005), l‘évolution du pouvoir des ONG, est derrière l‘amélioration des
politiques des entreprises, en ce qui concerne : les droits de l‘homme, les droits des
travailleurs et l'impact environnemental. Des études confirment désormais, que les entreprises
publient des rapports sur le comportement social et environnemental pour atténuer la pression
des ONG, (Patten 1992 ; Deegan et Rankin, 1996 ; Schepers, 2006).
Dans ce sens, Van Yperen (2006) a relevé de nouvelles pratiques, chez les entreprises
multinationales sous la pression des ONG et des consommateurs, « …En réponse à l'attention
internationale sur les questions de RSE et les pressions des consommateurs et des ONG, les
entreprises de marque, en particulier les sociétés multinationales, des marques telles que
Nike, Adidas, Reebok, Mattel, Levi, Gap et d'autres ont développé des codes de conduite
visant à garantir et à améliorer les normes de base des pratiques en milieu de travail ».
Parallèlement, plusieurs chercheurs ont confirmé totalement ou partiellement ces résultats à
travers des études empiriques, (Ottaway, 2001 ; Guay, et al., 2004).
146
Dans le but de définir les pressions externes qui poussent les entreprises à s‘engager dans la
RSE, Heyder et Theuvsen, (2009), ont réalisé une étude empirique sur 175 entreprises
allemandes, qui a prouvé que les pressions des ONG figurent parmi les premières pressions
qui poussent les entreprises à intégrer la RSE au sein de leurs stratégies.
Pour conclure, Egels-Zandén (2009), déclare que la menace de la légitimité qui pousse les
entreprises à adopter des politiques de la RSE, est principalement exercée par les campagnes
des ONG. Ainsi, la littérature sur les motivations d‘engagement dans la RSE, a confirmé, que
les pressions des ONG en particulier, dans les pays développés sont derrière l‘engagement des
entreprises dans la RSE (voir la figure n° 14). Cela nous conduit vers hypothèse suivante.
H14 : La pression des ONG influence positivement l’engagement de l’entreprise dans la
responsabilité sociale.
3.2.3.6 Lapressiondesmédias
Actuellement, les médias ne sont plus présentés comme un moyen pour divulguer les
publicités et les résultats positifs des firmes, afin d‘attirer plus de consommateurs et
d‘actionnaires. En revanche, aujourd‘hui, les médias sont présentés comme des agents actifs,
qui défendent des valeurs par la mise en forme d‘informations en utilisant une base éditoriale
et des articles de presse (Fombrun et Shanley, 1990).
Kell et Ruggie (2001) ont indiqué que la préoccupation des médias des affaires sociales et
environnementales ont contribué à diriger l‘attention de la société sur ces sujets. En effet,
« l'utilisation efficace des technologies de la communication et de la volonté des médias
internationaux pour mener des histoires sur des délits d'entreprise ont considérablement
accru l'attention du public sur les sociétés » (Kell et Ruggie, 2001).
Ainsi, selon Simon, « … les médias sont la principale source d'information sur
l'environnement……. Les médias ne jouent pas seulement un rôle passif dans l'élaboration de
normes institutionnelles, mais aussi un rôle plus actif en choisissant une des histoires d'une
valeur de rapports et de les encadrer afin de refléter les valeurs de la rédaction » (Simon
1992 cité par Reverte, 2008).
147
Cette nouvelle situation, donne aux médias la possibilité d'influencer les opinions de
nombreux intervenants. Cette idée a été défendue dans de nombreuses recherches en sciences
de la communication (Ader, 1995; Dalton et al, 1998 cités par Carroll 2004).
Par conséquent, les médias sont devenus une partie intégrante du processus de renforcement
institutionnel, et de l'élaboration des normes et des pratiques de RSE acceptables et légitimes.
En outre, les médias ont acquis un grand pouvoir d‘influence sur le comportement des
entreprises en général, et de la RSE en particulier. Nombreux sont les chercheurs qui ont
affirmé ce constat à l‘exemple de (Berman, et al., 1999; Henriques et Sadorsky, 1999 ; Siegel
et Vitaliano, 2007).
Ces affirmations nous amène vers notre nouvelle motivation institutionnelle qui se définit
comme les pressions exercées par les médias (presses écrites et audiovisuelles), qui poussent
l‘entreprise à intégrer la RSE.
Aujourd‘hui, les entreprises dépendent de ce que les médias rapportent à leurs sujets parce
qu‘elles peuvent toucher plusieurs parties prenantes (consommateurs, actionnaires,
gouvernement, etc.) avec les informations diffusées (Siegel et Vitaliano, 2007).
Dans ce sens, Reverte (2008), stipule qu‘un certain nombre de caractéristiques de l'entreprise,
ainsi que l'exposition aux médias, sont les déterminants potentiels de l‘engagement des
entreprises dans la (RSE).
Des études empiriques ont montré que les médias jouent un rôle important dans la
mobilisation des mouvements sociaux, ce qui influence l‘engagement des entreprises dans la
RSE, (Bansal et Clelland, 2004; Bansal et Roth, 2000; Henriques et Sadorsky, 1996).
De la même manière, dans une étude pratique réalisée sur les entreprises espagnoles cotées en
bourse, Reverte (2008), a réussi à prouver l‘existence d‘un lien positif entre l‘exposition
médiatique et l‘engagement de l‘entreprise dans la responsabilité. D‘après ce dernier
« l'augmentation de l'attention des médias est liée à l’augmentation de la RSE ».
L‘étude réalisée par Carroll et Shabana (2010), sur 367entreprises aux Etats-Unis entre 2000
et 2004 a révélé pratiquement les mêmes résultats que l‘étude menée par Reverte (2008) en
148
Espagne, où les médias sont des déterminants qui influencent l‘engagement des entreprises
dans la RSE.
En résumé, Bansal et Roth (2000) ont affirmé que les médias ont été particulièrement
influents sur les réponses de l'environnement des entreprises (voir la figure n° 14). Ainsi, sur
la base de ces arguments, nous avançons l'hypothèse suivante :
H15 : La pression des médias influence positivement l’engagement de l’entreprise dans
la responsabilité sociale.
3.2.3.7 Lesbarrièresducommerceinternational
La motivation du commerce international, représente l‘engagement des entreprises dans la
RSE afin que, les produits puissent dépasser les barrières de commerce international.
La RSE est souvent utilisée comme une barrière afin de protéger les entreprises qui évoluent
dans les marchés internes et d‘augmenter les coûts des potentiels concurrents, généralement
venus des pays en développement.
Chambolle et Giraud-Héraud (2005) ont estimé que, les certificats, notamment imposés par
les pays européens sont comme des barrières non-tarifaires, utilisées pour réduire l‘intensité
de la concurrence sur le marché interne, et en conséquence augmenter les profits des
entreprises locales.
L‘utilisation de la RSE comme une barrière face à la concurrence, a incité sans doute les
entreprises qui œuvrent dans les pays en développement, à intégrer les pratiques responsables
sociales et environnementales, au sein de leur stratégie, afin qu‘elles puissent continuer leur
conquête des marchés occidentaux.
Ces pratiques se manifestent par l‘exemple cité par Lyon et Maxwell (2008), qui a révélé que
dans le programme « Florverde » conduit sur le marché européen, où le choix des fournisseurs
de fleurs, a été selon l‘usage des pesticides. Ces exigences ont donc permis d‘empêcher les
producteurs colombiens leaders dans ce domaine d‘intégrer l‘appel d‘offre, et de revoir leur
stratégie concernant les pratiques sociales et environnementales (Crifo et Forget, 2012).
Dans ce sens, Gugler et Shi (2009) attestent que les entreprises qui s'engagent dans la RSE
possèdent de meilleures chances pour accéder aux marchés internationaux.
149
Les conclusions des études empiriques garantissent, qu‘un nombre croissant d‘entreprises
adoptent la RSE, par crainte des barrières dressées face à leurs produits au niveau des
marchés internationaux.
Ce problème se manifeste notamment dans les pays en voie de développement. Une étude de
l‘Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (UNIDO) en 1997 a
révélé que les exigences croissantes des normes et certificats, notamment auprès des
importateurs dans les pays industrialisés, sont considérées comme un obstacle potentiel au
commerce. La même étude a révélé que pour plus de la moitié des répondants, la norme l'ISO
14001, a déjà entravé les possibilités d'exportation (revoir le chapitre n 2).
Ces constats corroborent les conclusions de l‘étude de Carraro et Lévêque (1999) qui
affirment que de nombreuses entreprises notamment dans les pays en développement sont
préoccupées par les restrictions commerciales causées par les nouvelles normes exigées dans
les contrats par les pays développés où la norme est très populaire.
Pour finir, Carraro et Lévêque (1999) ont certifié qu‘une des principales motivations qui
poussent les entreprises à s‘engager dans la RSE est la volonté de dépasser les barrières du
commerce international (voir la figure n°14). Ce constat théorique nous conduit directement
vers la seizième hypothèse :
H16 : Les barrières du commerce international influencent positivement l’engagement
des entreprises dans la responsabilité sociale.
3.2.3.8 Suivrelapratiquedelasociétémère
Cette notion se définit comme l‘engagement de la société dans la RSE, afin de se conformer
aux exigences imposées par la société mère, notamment, pour les filiales des entreprises où le
siège mère est installé dans un pays occidental.
Bine qu‘elle est très peu utilisée dans la littérature, cette motivation a souvent été repérée dans
les filiales des entreprises multinationales qui œuvrent dans les pays en voie de
développement.
150
Roy et Lagacé (2000) ont validé dans ce sens que les entreprises peuvent adopter un
comportement plus respectueux de l‘environnement et de la société, afin de répondre aux
pressions subies par leurs sociétés mères soucieuses de leurs notoriétés écologiques.
Dans ce cadre, les investisseurs étrangers transfèrent tout genre de produits et de
connaissances du marketing à leurs associés et filiales dans les pays en transition. En
contrepartie, les entreprises qui œuvrent dans ces pays doivent adopter un comportement
responsable, qui correspond à l‘image écologique de leurs associés ou leurs sociétés mères
(Uhlenbruck et De Castro, 2000). D‘autant plus, que les transferts fluides des connaissances et
des expériences entre les filiales des entreprises multinationales, l‘adoption de nouvelles
pratiques responsables semblent être plus facile (Gonzales-Benito et Gonzales-Benito, 2005).
Cette motivation peut aussi être provoquée par, les groupes écologistes qui intensifient leurs
pressions sur les filiales qui disposent des ressources financières plus importantes en raison de
leur appartenance à des groupes industriels très puissants (Buysse et Verbeke, 2003).
Au niveau empirique, différentes études ont tenté l‘expérience à l‘exemple de celle de Quazi
et al., (2001) qui ont utilisé cette motivation afin de mesurer l‘influence du siège mère sur
l‘intégration des démarches responsables environnementales sur l‘ensemble des filiales.
De la même manière, une étude menée par Gupta (1995) a démontré que l‘adoption des
processus de la RSE passe par l‘implication de la direction générale de l‘entreprise dans des
projets environnementaux. Ces résultats ont été confirmés par plusieurs autres études à savoir
Flynn et al. (1996) qui ont fait valoir que sans l'appui solide du siège de la société mère, les
pratiques de base d'une organisation seraient inefficaces.
Berry et Rondinelli (1998) ont également identifié le siège de la direction générale de
l‘entreprise comme l'un des six éléments essentiels requis pour créer une gestion
environnementale proactive. De la même manière, Hesan et al. (2001) attestent que le soutien
de la haute direction est nécessaire dans l‘intégration des démarches environnementales
volontaires (voir chapitre n° 2).
Suivre les pratiques de la société mère, notamment pour les filiales de grandes entreprises qui
exercent dans les pays en voie de développement, reste une motivation qui a prouvé son
151
existence dans la littérature sur l‘engagement des entreprises dans la RSE (voir la figure n°
14). Ces constatations nous dirigent vers l‘hypothèse suivante :
H17 : Suivre les pratiques de la société mère, influence positivement l’engagement des
entreprises dans la responsabilité sociale.
Ce niveau institutionnel, représente les motivations et les pressions externes à l‘entreprise qui
influencent son engagement dans la RSE. Ce niveau regroupe les motivations suivantes : la
législation, les avantages concurrentiels, les attentes des clients, les Subventions de l‘Etat, la
pression d‘organisation non-gouvernementale, la pression des médias, le commerce
international et la société mère. Ces motivations institutionnelles sont présentées dans la
figure n°14:
(+)
(+)
(+)
(+)
(+)
(+)
(+)
(+)
Niveau Motivations Engagement
Niveau
institutionnel
H16. Barrières du commerce
H15. Pressions des médias
H14. Pressions des ONG
H11. Avantages concurrentiels
H13. Subventions
H12. Attentes des clients
H10. La législation
H17. Société mère
Engagement
dans la
responsabilité
sociale des
entreprises
Figure 14 Les motivations d’engagement dans la RSE au niveau institutionnel
152
Cependant, nous ne pouvons pas clôturer cette série de motivations, sans aborder, les
motivations liées aux caractéristiques de l‘entreprise. Davidson (1991) a indiqué que les
caractéristiques de l‘entreprise peuvent être des indicateurs pertinents qui affectent la
motivation d‘engagement des entreprises dans la RSE.
Plusieurs sont les motivations liées aux caractéristiques de l‘entreprise qui ont été utilisées
dans la littérature pour expliquer l‘engagement des entreprises dans la RSE à l‘exemple, de
l‘état financier de l‘entreprise, l‘expérience de l‘entreprise, la taille de l‘entreprise, les
dépenses de la Recherche et du Développement, les dépenses de la publicité, l'âge moyen des
actifs de l'entreprise et etc.
De la même manière qu‘avec les précédentes motivations, nous allons introduire dans notre
modèle les motivations propres à l‘entreprise qui ont été prouvées théoriquement et
empiriquement dans les recherches ultérieures. Ces motivations sont ; le secteur de production
et la taille de l‘entreprise, (Gray et al., 1995; Clarke et Gibson-Sweet 1999; Hoffman, 1999;
McWilliams et Siegel, 2000; Bowen, 2000; Line et al. 2002; Mahoney, et Roberts, 2007;
Gang et al., 2012).
Selon une analyse récente et approfondie de la littérature (41 articles depuis 1990), sur la
question du rapport entre l‘engagement des entreprises dans la RSE et le secteur d‘activité,
Gang et al. (2012), ont confirmé que plus 54% des articles dans la littérature ont utilisé la
motivation du secteur d‘activité comme une explication de l‘engagement des entreprises dans
la RSE.
Les résultats des études qui ont examiné ce sujet, montrent que les entreprises des industries
dont le processus de fabrication a une influence négative sur l'environnement sont plus
susceptibles de s‘engager dans la RSE que d‘autres industries, (Jenkins et Yakovleva, 2006 ;
Line et al., 2002).
Nous constatons généralement, que les entreprises qui œuvrent dans le secteur minier,
chimique, des ressources, de papier, de production d'électricité, et des hydrocarbures mettent
plus l‘accent sur des grands projets de protection de la sécurité, la santé ainsi que de la
responsabilité environnementale, à cause des pressions des parties prenantes internes et
externes (Clarke et Gibson-Sweet 1999; Line et al., 2002; Jenkins et Yakovleva, 2006).
153
Partant, de cette analyse Ashford, a considéré que l‘adoption d‘un comportement responsable
par les entreprises qui appartiennent à un secteur polluant (chimique, pétrolier, métallurgie,
traitement de surface, etc.) est considéré comme un passage obligé pour se déculpabiliser
auprès de la société civile, (Ashford, 1993 cité par Claver et al., 2006). En revanche, les
entreprises qui évoluent dans le secteur : de la finance et des services en général semblent plus
préoccupées par des actions de communication sur les questions sociales et les actes
philanthropiques (Hoffman, 1999 ; Line et al., 2002).
Ainsi, il en résulte que, les entreprises de certains secteurs, notamment des secteurs polluants,
ont plus tendance à s‘engager dans la RSE afin de préserver l‘environnement et faire face aux
pressions quotidiennes des parties prenantes externes et internes, alors que, les entreprises qui
œuvrent dans le secteur de la finance et du service, font l'objet de beaucoup moins de pression
des parties prenantes en ce qui concerne leur performance environnementale, et ainsi,
s‘engagent moins dans la RSE (voir figure n° 15). La littérature présentée ci-dessus
concernant la relation entre le secteur d‘activité et l‘engagement dans la RSE, nous conduit à
l'hypothèse suivante :
H18 : Le secteur d’activité influence positivement son engagement dans la responsabilité
sociale.
La dernière motivation est la taille de l‘entreprise. Cette motivation fait partie des motivations
les plus largement utilisées dans la littérature sur l‘engagement des entreprises dans la RSE.
Dans ce cadre, la littérature, avance que les grandes entreprises ont beaucoup plus de facilités
à s‘engager dans les démarches sociales et environnementales responsables que les PME,
Persais (1998). Cette facilité découle de deux raisons principales :
Premièrement, les entreprises de grande taille disposent d‘importants moyens financiers et
decompétences humaines, qui leur permettent de faire face aux coûts d‘investissement
écologique (station d‘épuration, etc), qui sont souvent très importants, (Gonzales-Benito et
Gonzales-Benito, 2005).
Deuxièmement, grâce à leur caractère de leader et leur visibilité, les grandes entreprises sont
considérées comme des modèles à suivre, ce qui augmente l‘attention et les pressions des
154
parties prenantes, Dobers (1997). En outre, Les grandes entreprises ont un effet plus important
sur la communauté, car, elles sont présentes à travers un groupe d‘acteurs qui influencent la
vie sociale de la société (Knox et al., 2006).
Ainsi, les grandes entreprises, sont souvent victimes de leur grande visibilité, même si elles ne
sont pas celles qui affectent le plus l‘environnement. Les grandes entreprises subissent une
très grande pression des différents acteurs de la société (Henriques et Sadorsky, 1996).
De plus, à cause de leur grande taille, les entreprises peuvent être visibles et proches du
public. Watts et Zimmerman (1986) affirment que les grandes entreprises sont les plus
visibles pour le public, donc, elles sont plus susceptibles de faire l'objet d'hostilité des
consommateurs, des employés militants, et aussi des organismes gouvernementaux et non-
gouvernementaux.
Du point de vue empirique, plusieurs études ont montré qu'il existe une relation positive entre
l‘engagement dans la RSE et la taille des entreprises ou de la visibilité politique (Adams,
2011; Cullen et Christopher, 2002; Hamid, 2004; Haniffa et Cooke, 2005; Hossain et al.,
1995; Neu et al., 1998; Patten, 1991).
A l‘exemple de Reverte, qui a conclu après une étude sur la motivation d‘engagement des
entreprises espagnoles que la taille des entreprises était la motivation qui a influencé le plus
l‘engagement des entreprises dans la RSE (Reverte, 2008).
Par ailleurs, la taille de l‘entreprise représentée par son nombre d‘employés peut également
augmenter la probabilité que cette entreprise intègre une démarche environnementale et
sociale volontaire (voir figure n° 15). D‘où la dernière hypothèse de notre recherche :
H19 : La taille de l’entreprise influence positivement son engagement dans la
responsabilité sociale.
La figure n°15 représente notre modèle de recherche, construit autour de l‘ensemble des
motivations sur les trois niveaux individuel, organisationnel et institutionnel, ainsi que, les
motivations propres aux caractéristiques de l‘entreprise.
155
Figure 15 Le modèle conceptuel de recherche
H5. Carrière (marketing)
s de l’Etat
moyens
du dirigeant
156
Synthèse de la section 2
Dans cette section, nous avons proposé un modèle de recherche multi-niveaux, qui a intégré la
grande et très hétérogène littérature sur les motivations d‘engagement dans la RSE. Pour
préserver la qualité de ce modèle nous avons choisi d‘intégrer les motivations approuvées
théoriquement et empiriquement, au sein de cette vaste littérature, tout en se basant sur le
modèle de Wood (1991), afin de classer ces différentes motivations. Ces interactions ont
donné un modèle constitué de trois niveaux. Tout d‘abord, un niveau individuel qui regroupe
les motivations liées aux valeurs du dirigeant, ensuite, un niveau organisationnel qui regroupe
les motivations et les pressions internes à l‘entreprise, et enfin, un niveau institutionnel qui
regroupe les motivations externes à l‘entreprise. Ce modèle va nous aider à comprendre
l‘ensemble des facteurs explicatifs du comportement responsable des entreprises à travers
l‘engagement dans la RSE.
157
Conclusion du chapitre 3
Le besoin d‘un modèle d‘analyse multi-niveaux, qui comble les lacunes de la littérature
actuelle sur les motivations des entreprises à s‘engager dans la RSE, nous a poussé à examiner
quelques modèles multi-niveaux qui reviennent le plus dans la littérature, afin d‘examiner de
près et de confirmer les motivations qui seront utilisées dans notre propre modèle d‘analyse.
Pour ce faire, nous avons analysé un premier modèle, qui est celui de Bansal et Roth (2000)
qui a présenté quatre types de classement des motivations: la législation, les pressions des
parties prenantes, les opportunités économiques et les motivations éthiques. Le deuxième
modèle examiné est celui d‘Aguilera et al. (2007), où ces derniers ont identifié trois types de
motivation : instrumentale, relationnelle et morale. Le troisième modèle de Egels-Zandén
(2009) a mis en avant un classement sur quatre points « l‘amélioration de la légitimité, les
avantages concurrentiels, éviter l'ingérence gouvernementale et la raison éthique ». Enfin, le
modèle de Thien (2011) qui a présenté un nouveau type de classement des motivations qui
sontles parties prenantes gouvernementales, les parties prenantes externes et les parties
prenantes internes.
Cet examen des quatre modèles nous a servi de base pour définir et confirmer les motivations,
que nous avons utilisées pour construire un modèle de recherche sur trois niveaux expliquant
les motivations d‘engagement des entreprises dans la RSE. De la même manière, nous avons
utilisé le cadre du modèle de Wood (1991), qui nous a aidés à classer les dix-neuf
motivations, autour de trois niveaux.Le premier est individuel et regroupe les motivations en
lien avec les valeurs propres du dirigeant, à savoir les valeurs managériales (l‘idéalisme et le
relativisme), les caractéristiques observables (l‘âge, le niveau d‘éducation, la carrière et
l‘expérience). Le deuxième niveau est organisationnel, et regroupe les motivations et les
pressions qui sont initiées en interne, à savoir la réduction des coûts de production, le bien-
être des employés et le manque de moyens. Un dernier niveau institutionnel, regroupe les
motivations et les pressions externes à l‘entreprise à savoir : la législation, les avantages
concurrentiels, les attentes des clients, les subventions de l‘Etat, la pression d‘organisations
non-gouvernementales, la pression des médias, le commerce international et la société mère.
Dans les chapitres suivants, nos hypothèses seront testées, à travers une étude empirique et
tout particulièrement l'appartenance à un secteur donné.
158
Conclusion de la partie 1
Cette première partie a eu pour ambition de présenter le cadre théorique qui a conduit à
l‘élaboration d‘une définition du concept de la RSE, ainsi que, notre modèle de recherche.
Cette partie s‘est organisée en trois chapitres.
Le premier chapitre a été consacré à la présentation, de l‘évolution historique du concept de la
RSE, en commençant par, les travaux de Bowen en 1953 qui est le père fondateur du concept
de la RSE. Ce concept a connu son premier débat, avec les publications de Milton Friedman, à
partir des années soixante. Suite à la prolifération des travaux sur ce concept dans les années
deux mille, nous avons assisté à la publication de la première définition de la RSE, établie
dans le livre vert par la Commission Européenne. Depuis, ce concept est devenu une réalité,
en cherchant toujours à joindre l‘efficience économique à la performance sociale et
environnementale. Cette analyse internationale de l‘émergence de la RSE nous a permis
d‘observer un processus d‘intégration de la RSE qui est pratiquement le même, dans
l‘ensemble des pays en développement. Après avoir abordé, la question du lien entre la RSE
et la loi, nous avons présenté une définition de la RSE, issue d‘une synthèse des travaux de
recherche sur le concept de la RSE : « la responsabilité sociale des entreprises comme un
engagement volontaire, qui consiste à intégrer les objectifs économiques, sociaux et
environnementaux, dans le processus de production et dans la relation avec les parties
prenantes externes et internes ».
Le deuxième chapitre s‘est attaché à remédier aux divergences autour des théories utilisées
pour expliquer les motivations d‘engagement dans la RSE au niveau des entreprises. Pour cela
nous avons mobilisé, le modèle de classification théorique des motivations d‘engagement
dans la RSE, établi par Garriga et Mele (2004). A travers ce modèle nous avons classé les
théories en quatre catégories d‘approches théoriques. La première catégorie concerne la
dimension instrumentale, où nous avons identifié les approches théoriques néoclassiques. La
deuxième catégorie est d‘ordre politique. Ce groupe de théorie contient ; la théorie du contrat
social, la théorie de l‘entreprise citoyenne et le concept du constitutionnalisme social de
l‘entreprise.La troisième catégorie examine le volet intégratif. Dans cette catégorie nous
trouvons ; la théorie de gestion des enjeux, la théorie des parties prenantes, le concept de la
performance sociale des entreprises. La dernière catégorie fait référence à l‘approche éthique,
159
où nous avons classé ; la théorie des valeurs de l‘équipe dirigeante et la théorie du leadership
stratégique. De la même manière, nous avons choisi de classer les différentes motivations
empiriques disponibles dans la littérature en se basant sur les mêmes catégories de classement
identifiées dans le modèle de Garriga et Mele (2004).
Dans le troisième chapitre, nous avons présenté, les modèles multi-niveaux des motivations
qui reviennent le plus dans la littérature. Puis nous nous sommes fondés sur les critiques des
modèles multi-niveaux, et les motivations d‘engagement dans la RSE approuvées
théoriquement et empiriquement au sein de la littérature, ainsi que, le modèle de Wood
(1991), afin de synthétiser les différentes variables retenues en les liants par des hypothèses,
ce qui nous a permis de proposer notre modèle conceptuel de recherche.
Dans la suite de notre thèse, nous allons soumettre les hypothèses formulées à l‘épreuve des
faits, dans le but d‘identifier les motivations qui poussent les entreprises à intégrer la RSE,
notamment dans le cas des entreprises du secteur industriel algérien.
160
Partie 2 : Etude empirique :
L’engagement des entreprises dans la RSE : le cas
du secteur industriel algérien
161
Introduction de la partie 2
Dans le but de définir les motivations qui poussent les entreprises en général et les entreprises
algériennes en particulier, à intégrer la RSE, nous avons commencé dans la première partie de
cette thèse par présenter et discuter le cadre conceptuel de notre recherche, puis, nous avons
dressé une large revue de littérature, qui nous a permis d‘élaborer un premier corps
d‘hypothèses portant sur trois niveaux d‘analyse (individuel, organisationnel et institutionnel)
et de repérer les variables explicatives d‘engagement des entreprises dans la RSE .
Une fois le modèle de recherche explicatif établi, désormais l‘objectif est de tester la validité
de ce modèle, et son pouvoir explicatif. Car une étude empirique, qui a pour objectif essentiel
de confronter le modèle conceptuel à la réalité du terrain.
Pour ce faire, nous allons partager cette partie en trois chapitres. Nous abordons dans le cadre
du quatrième chapitre, le terrain de nos investigations empiriques, à savoir les entreprises du
secteur industriel algérien. Le choix de ce pays est pertinent pour étudier les démarches de
RSE des entreprises du fait d‘une situation économique difficile, dans laquelle l‘écologie
n‘est pas forcément une priorité, avec un cadre règlementaire loin d‘être contraignant mais
qui se développe jour après jour. Dans ce chapitre, nous évoquons également, les choix
épistémologiques et méthodologiques, ainsi que les résultats de l‘enquête exploratoire.
Le cinquième chapitre est consacré à l‘opérationnalisation de l‘ensemble des variables du
modèle conceptuel, aux méthodes mobilisées pour traiter statistiquement les données
recueillies et à la vérification de la qualité des échelles de mesure.
Dans le sixième et dernier chapitre de la thèse, nous testons statistiquement le modèle de
recherche et ses hypothèses, puis nous discutons les différents résultats obtenus en nous
appuyant sur les travaux théoriques et empiriques antérieurs.
162
4 Chapitre 4. Contexte de la recherche, choix méthodologiques et résultats de l’enquête exploratoire
Ce chapitre est dédié à la présentation du terrain de recherche, ses caractéristiques sociales et
économiques, ainsi, que ses mutations politiques et environnementales. Nous présentons aussi
les contrats de performance environnementale et nous expliquons pourquoi on les considère
comme de la RSE.
Dans ce chapitre, nous présentons également, les choix épistémologiques et méthodologiques
qui caractérisent notre recherche. Ces choix résultent de l‘attitude du chercheur face à la
connaissance et particulièrement de l‘impérieux besoin de la connaissance en gestion de « se
réfléchir, reconnaître, situer, problématiser » (Morin, 1986). Ainsi, avant d‘élaborer les
méthodes de recherche et de discuter les résultats qui permettent l‘élargissement du champ du
savoir en gestion, il est nécessaire d‘engager une véritable réflexion épistémologique.
Ces choix méthodologiques et épistémologiques sont suivis par une phase exploratoire, qui a
consisté à atteindre une qualité d'information certaine, qui nous a permis d‘identifier les
aspects critiques de l‘étude, clarifier les concepts théoriques et vérifier l‘existence des
hypothèses tirées de la littérature, pour en faciliter l‘opérationnalisation dans le cadre de
l‘enquête quantitative (Evrard et al., 2003).
Ce chapitre est structuré en trois sections. La première traite le contexte dans lequel s‘inscrit
notre recherche. Il s‘agit, d‘une part, de présenter les spécificités du contexte
socioéconomique et environnemental algérien, et d‘autre part de présenter les contrats de
performance environnementale, puis d‘identifier le lien entre ces contrats et la RSE.
Les choix épistémologiques et méthodologiques sont ensuite présentés et justifiés dans une
deuxième section. Enfin, la troisième section comporte la phase exploratoire de notre
recherche, qui a été décisive dans l‘aboutissement de ce travail.
163
4.1 Section 4.1. Le contexte de la recherche
Dans les années qui ont suivi l‘indépendance, l‘Algérie a connu un développement, grâce aux
grands projets économiques qui ont mis en place un tissu industriel dense, notamment à
travers l‘investissement d‘une grande partie de la rente pétrolière dans ces projets
économiques. Cependant, ce développement s‘est fait au détriment de la préservation de
l‘environnement et de l‘amélioration de la vie sociale44.
Eclairée par les événements internationaux, la politique économique algérienne est passée
d‘une économie socialiste qui réduit l‘effort de l‘individu dans le groupe et qui donne à
l‘entreprise un rôle bien précis qui ne dépasse pas l‘embauche des personnes et la production
des biens, à une économie de marché avec plus d‘ouverture et plus de liberté pour les
individus et les entreprises. Néanmoins, l‘économie algérienne, qui passait par divers stades
de turbulences, n‘arrive toujours pas à trouver ses repères et à tirer les leçons des échecs
précédents45.
Désormais, avec une situation politique et sociale de plus en plus stable, le changement de cap
dans la politique économique a commencé à porter ses fruits. L‘Algérie a retrouvé sa
croissance depuis quelques années. D‘après le Fonds Monétaire International, les indicateurs
macro-économiques sont relativement favorables pour l‘Algérie, une croissance de 3,3% en
2013, pour 2,7 % en 2012 et 3.3% en 2011, avec une croissance hors hydrocarbures qui
avoisine les 4.8% pour 2012. Le rapport du FMI a également mis l‘accent sur le problème du
chômage qui est devenu un enjeu majeur ; le taux de chômage avoisine 9.3% mais il demeure
plus élevé chez les jeunes, avec un taux de 21,5% pour ceux âgés entre 15 et 24 ans. Ce souci
primordial, pousse le gouvernement à accorder de plus en plus d‘importance à la croissance
économique, afin de réduire le chômage au détriment de l‘environnement.
Pour mieux cerner le contexte de notre recherche nous présentons, différentes caractéristiques
du contexte socioéconomique et environnemental algérien.
44 Abdelguerfi A2003, « Les Zones de Développement Durables » Bilans des Expertises sur « La Conservation in situ et ex situ en Algérie» MATE-GEF/PNUD : Projet ALG/97/G31. http://www. naturevivante. org/documents/strategie/tome3_b.pdf. 45 Boukadoum R, 2012, « les revenues des hydrocarbures s‘amenuisent » Chiffre d‘Affaires Le www. lechiffredaffaires. comN° 556 3e année - Jeudi 23 août 2012. P3.
164
4.1.1 L’état socioéconomique de l’Algérie
4.1.1.1 Ladémographiealgérienne
L‘Algérie a vu le nombre de sa population triplé en l‘espace de trente-cinq ans. Ce nombre est
passé de 10 millions en 1962 à 29.3 millions en 1998. Aujourd‘hui, la population résidente en
Algérie est de 37.9 millions d‘habitants46. La situation démographique en 2012 est marquée
par une augmentation conséquente du volume des naissances (978 000), le volume des décès
continue son accroissement pour atteindre 170 000 décès.
En 2012, la population résidente s‘est accrue de 808 000 personnes, seuil jamais atteint
auparavant. Le taux d‘accroissement naturel est établi à 2,16 %, atteignant ainsi un niveau
assez important qui avoisine celui observé en 1994. L‘évolution de cet indicateur intervient
suite à une quasi-stagnation observée entre 2010 et 2011. Notons que si ce niveau de
croissance devait se maintenir, la population résidente atteindra, au 1er janvier 2014, 38,7
millions d‘habitants47 (voir tableau n° 2).
Les politiques de développement qui ont privilégié l‘industrie en périphérie des grands centres
urbains, ont favorisé un phénomène d‘urbanisation remarquable et une répartition sur le
territoire inégale puisque deux tiers de la population sont en effet concentrés dans la région
Nord du pays qui ne couvre que 4 % du territoire. Le taux d‘urbanisation qui était de 31 % en
1966, a atteint 40 % en 1977, 50 % en 1993 et 60 % en 2000 (voir tableau n° 2). Ce
phénomène a exercé une pression très forte sur la disponibilité des ressources naturelles, sur la
qualité de l‘air, de l‘eau ainsi que sur l‘amplification des déchets, comme nous allons le voir
dans les paragraphes suivants.
46 Rapport de l‘office national des statistiques (ONS), Avril 2013. 47 Rapport de l‘office national des statistiques (ONS), Avril 2013.
165
Tableau 2 Evolution des principaux indicateurs sociaux en Algérie 1999-2012
Source : Rapport de la Direction Technique chargée des statistiques de Population et de l‘Emploi, office national des
statistiques (ONS) Avril 2013.
4.1.1.2 L’économiealgérienne
Ces dernières années, l‘économie algérienne s‘est développée de façon remarquable. Cette
croissance est tirée par les dépenses publiques, en particulier dans le secteur de la construction
et des travaux publics, et par la demande intérieure croissante. En même temps, l‘inflation,
connait une baisse continue dans la mesure où elle passe de 8,9% en 2012 à 5% en 201348.
Parmi les caractéristiques de l‘économie algérienne, le taux de chômage reste également plus
au moins élevé à 9.3%, notamment chez les jeunes entre 15 et 24 ans où le taux de chômage
est de 21,5%. 48 Publié mardi 16 Avril à l‘approche de la réunion de printemps, prévue du 19 au 21 avril à Washington.
166
L‘économie algérienne est marquée aussi par sa dépendance du secteur des hydrocarbures. Ce
secteur représente de très loin, la principale source de revenu du pays avec plus de 70 % des
recettes budgétaires49. L‘Algérie possède une importante réserve de pétrole qui la classe à la
quinzième place à l‘échelle mondiale, et à la troisième place à l‘échelle Africaine. En matière
de gaz, l‘Algérie est le premier producteur africain avec plus de 50 % de la production de gaz
en Afrique, et le 10ème producteur de gaz à l'échelle mondiale. Afin de préserver ses réserves
énergétiques actuelles, l'Algérie a opté pour le développement et l‘exploitation de l'énergie
solaire. Ainsi, un premier projet d‘énergie solaire a vu le jour dans la région de Hassi el Rmal
avec une capacité énergétique de 150 mégawatts.
Cependant, les revenus du secteur des hydrocarbures et de gaz naturelassurent le financement
d‘autres secteurs notamment celui de l‘industrie lourde à savoir : le secteur Métallurgique, qui
s‘est développé grâce aux réserves en minerai de fer, dans le sud du pays. Ces réserves sont
estimées à 1,7 milliards de tonnes exploitables, dont la teneur en métal est de 57 %. Ces
réserves ont poussé le géant indien ArcelorMittal, leader mondial de l'acier à venir investir en
Algérie50.
Les revenus du secteur des hydrocarbures, sont également investis dans la construction des
infrastructures à l‘exemple de l‘autoroute Est Ouest 51 et des logements sociaux. Cae en
Algérie où il existe 553 000 logements précaires. De nombreuses sociétés algériennes ont
ainsi émergé dans le ce secteur comme les groupes TGCTP et COSIDER en collaboration
avec d'autres entreprises dont beaucoup de sociétés chinoises.
L'industrie électronique a enregistré une croissance rapide ces dernières années de 6 à 10 %
par an. Le chiffre d‘affaires du secteur de l‘électricité et de l‘électronique a atteint en 2005
environ 40 millions de dollars. L‘Algérie couvre aujourd‘hui 83 % de ses besoins en
l‘électricité et en l‘électronique. Ainsi, parmi les entreprises algériennes qui exercent dans ce
domaine, nous pouvons relever, ENIE, ENIEM.
49 Trésor Direction General « situation économiques de l‘Algérie perspective2012 », Avril 2012. 50RahmaniM, 2012, la Tribune « Algérie: Complexe sidérurgique d'El Hadjar - Une fierté nationale », 8 Juillet
2012.
51 Compétences de la main-d‘œuvre locale en Algérie et management de projets nationaux : Le cas de l‘autoroute Est-ouest, Brahimi, F, Morana J et Bonet Fernandez D., Actes de la 2ème conférence ISGTM, Nice, 4 juillet 2011.
167
Parallèlement, aux secteurs d‘industrie lourde détenus généralement par l‘Etat, les industriels
privés jouent aujourd'hui un rôle important dans l‘économie algérienne, en particulièrement
dans l‘industrie de l‘électronique ainsi que dans l‘industrie de haute technologie à l‘exemple
de ZALA Computer, Cristor, Condor, etc.
Le privé s‘est également fait une place, dans le secteur agroalimentaire comme la farine, le
sucre, la margarine, le blé, les produits laitiers et ses dérivés, à travers des entreprises
algériennes ou des entreprises mixtes. Parmi ces entreprises, nous comptons Cevital,
Semoulerie industrielle de la Mitidja, La Belle, Groupe Bimo et Ifri, Danone, etc.
De même, le secteur pharmaceutique algérien, est également constitué de plusieurs entreprises
et laboratoires privés, ainsi que de plusieurs entreprises mixtes, comme par exemple le
Groupe Saidal algérien qui détient le monopole de cette industrie et des sociétés étrangères.
La production des médicaments couvre 38% des besoins nationaux alors que le reste est
comblé par l‘importation52.
Ce processus de développement de l‘industrie algérienne qui a touché l‘ensemble des
secteurs, s‘est effectué dans des conditions qui n‘ont pas pris en compte les priorités
environnementales. La recherche de la réduction du taux de chômage à tout prix, et la logique
économique des opérateurs industriels ont favorisé l‘aménagement des industries, proches des
ressources naturelles et des réserves de main d‘œuvre qui sont nécessaires au fonctionnement
des projets. Ce rapprochement a notamment favorisé la progression des deux formes de
pollution les plus problématiques en Algérie c'est-à-dire la pollution de l‘eau et des déchets
toxiques (Kaïd, 2005).
Dans le but de mieux saisir les dommages causés par cette pollution industrielle en Algérie,
nous allons dresser un court bilan de l‘état de l‘environnement en Algérie.
52 Journal La Tribune « La nouvelle politique de l‘industrie pharmaceutique en Algérie ficelée », Par Salah Benreguia 10-10-2010.
168
4.1.1.3 Etatdel’environnementenAlgérie
Le « Rapport National sur l‘Etat et l‘Avenir de l‘Environnement » (RNE 2002)53, a dressé un
bilan accablant. En effet, la situation de l‘environnement en Algérie est alarmante. La
dégradation de l‘environnement en Algérie se traduit par : une régression du couvert végétal
et la progression des paysages désertiques, les ressources en eaux qui sont en voie
d‘épuisement rapide à cause de la surexploitation, la dégradation de l‘espace côtier et du
milieu marin, une pollution industrielle préoccupante, des déchets dangereux et toxiques
stockés à l‘air libre, auxquels s‘ajoutent les incendies et l‘érosion hydrique.
Les premiers coupables désignés sont les industries qui utilisent le plus souvent le processus
de production le moins coûteux, à savoir le non- recyclage des eaux et le rejet des effluents
liquides et gazeux directement dans le milieu naturel.
De même, l‘urbanisation rapide du pays a accéléré l‘implantation des unités industrielles, sur
des vastes terres agricoles, comme elle a augmenté l‘intensité des migrations internes. En
conséquence, une masse importante des personnes vivant à la campagne étaient de plus en
plus attirées par les avantages offerts par le secteur industriel. Cette prolifération des
industries a affecté aussi, les productions et les rendements agricoles de manière directe, mais
a également accentué la prévalence des maladies respiratoires dans les grandes villes.
Dans cette recherche, nous allons mettre l‘accent sur la dégradation environnementale de l‘air,
de l‘eau et du sol causée particulièrement par l‘industrie algérienne.
4.1.1.3.1 La dégradation de l‘eau :
La petite quantité d'eau disponible en Algérie est menacée par les sécheresses régulières, la
surconsommation et la pollution industrielle. A cause de la place incontournable de l‘eau au
niveau des différents processus industriels (réalisation du produit, le lavage, le
refroidissement, etc.), les industries épuisent une quantité considérable de ressources
hydriques en Algérie. D‘où, le déficit important enregistré dans cette ressource qui avoisine
les deux milliards de m3.
53Ministère de l‘Aménagement du Territoire et de l‘Environnement « Plan National d‘Actions pour l‘Environnement et le Développement Durable (PNAE-DD) » Janvier 2002.
169
Le rejet des eaux usées du fait des activités industrielles a entraîné une importante pollution
du milieu naturel d‘où 600 millions de m3
d'eaux usées non traitées sont évacuées
annuellement dans les cours d‘eau, ce qui correspond à 12 barrages de 50 millions de m3
de
volume qui pourrait irriguer près de 80.000 habitants. Ces eaux usées sont souvent déversées
dans les rivières qui passent à proximité des agglomérations urbaines et des zones
industrielles, causant, de grands problèmes d‘incommodités et d‘insalubrités aux riverains à
l‘exemple de l‘Oued El-Harrach à Alger et de l‘Oued Seybouse à Annaba.
Le manque d‘eau potable, d‘assainissement et la pollution de la ressource entraine un impact
sur la santé, la morbidité et la mortalité. Ces dommages sont estimés à 0, 69 % du PIB annuel.
Ainsi, on note une perte d‘économie évaluée à 0,18 % du PIB annuel notamment à cause de la
mauvaise desserte dans le réseau d‘eau potable (Kaïd, 2005).
4.1.1.3.2 La dégradation de l‘air :
La pollution de l‘air est définie dans le journal officiel comme « l'émission dans l'atmosphère,
de gaz, des fumées ou de particules solides ou liquides, corrosifs, toxiques ou odorantes de
nature à incommoder la population, à compromettre la santé ou la sécurité publique ou à
nuire aux végétations, la production agricole et aux produits agro-alimentaires, à la
conservation des constructions et monuments ou au caractère des sites »54.
Ainsi, la pollution atmosphérique est due essentiellement aux polluants industriels, car les
émissions industrielles contiennent un grand nombre de polluants solides ou liquides qui sont
émis par des procédés de fabrication et des matières premières utilisées. Ces émissions
altèrent la qualité de l‘air et provoquent des maladies respiratoires. De plus, la pollution
industrielle devient de plus en plus préoccupante dans les grandes villes urbaines où la qualité
de l‘air se dégrade quotidiennement. Cette pollution atmosphérique a provoqué 353.000 cas
de bronchite, 544.000 de crises d'asthme qui pourraient être la cause de 1500 cas de cancer
des poumons sur une base annuelle55. A Annaba par exemple, les différents polluants
atmosphériques de la région, sont causés par deux unités industrielles. Le complexe
54Journal Officielle, 1983 55La Banque mondiale Programme d'Assistance Technique pour l'Environnement Méditerranéen« Coût de la dégradation de l'environnement en Algérie » 1999.
170
sidérurgique d‘El Hadjar et l‘usine d‘Asmidal où ces deux unités rejettent plus de cinq types
de polluants liquides, gazeux (CO, CO2, SO3, H2SO4, HF, SiF4, Nox) et solides qui sont
constitués de poussières de photogypse. D‘où le taux de prévalence de l‘asthme en 2000
(environ 9000 asthmatiques, ce qui est supérieur au taux national.)
L‘augmentation des polluants toxiques dans l‘atmosphère occasionne aussi l‘inversion de la
température à cause d‘un brouillard photochimique oxydant très dangereux ce qui est le cas
des villes telles qu‘Alger et Annaba. En Algérie, le nombre total de cas d‘asthme en 1993 était
de 459.566, parmi eux 5000 sont décédés56. Actuellement, le nombre d‘asthmatiques en
Algérie se rapproche de 2.5 millions de cas. La prévalence de cette maladie est en
augmentation visible notamment ce qui est due au fait de l‘accroissement de l‘urbanisation et
de l‘industrialisation dans le pays.
Aujourd‘hui, les dommages causés par la pollution de l‘air concernant la santé du peuple
algérien s‘élève à 0,82 % du PIB, tandis que pour la détérioration du cadre de vie, cet
impact est estimé à 0,12 % du PIB chaque année, évalué par la méthode de la disponibilité à
payer (DAP)57. De même, la pollution de l‘air a engendré une perte de productivité de 50000
hectares de terres agricoles situées près des cimenteries et zones industrielles. Ce déclin
représente une perte de 0,01% du PIB. Parmi les formes les plus répandues de pollution de
l‘air, nous pouvons relever le rejet de gaz à effet de serre (CO2), par les transports et les
industries.
En Algérie, la croissance annuelle du rejet de CO2 est estimée à 3.59 TM/H. Ainsi,
l‘augmentation enregistrée entre 1960 et 2010 est de 626%. La figure suivante montre
l‘ampleur des émissions deCO2 depuis 1960 à 2010.
56L‘enquête nationale de santé publique (1990) 57 Somme d‘argent payée par les ménages vivant en zones urbaine et industrielles et près des décharges pour améliorer la qualité de vie et prévenir la dégradation des immeubles.
171
Figure 16 Les émissions de CO2 en Algérie (tonnes métriques par habitant)
Source : La Banque Mondiale, 2011.
Tableau 3 Emissions du gaz à effet de serre en 2010 (en million de tonnes de CO2)
Secteur
Pays
Tunisie Maroc Algérie Etats-Unis Chine
Secteur d‘industries
manufacturières et de
construction
5.1
7.6
12.7
587.1
2 333.4
Total des émissions tout
secteur confondu
21.9 46.0 98.6 5 368.6 7 217.1
Source : Rapport de l‘Agence internationale de l'énergie 2012.
En comparant l‘Algérie avec ces pays, nous pouvons constater que, la part des émissions de
gaz à effet de serre en Algérie est bien inferieure. Cependant, si on compare l‘émission du gaz
à effet de serre en Algérie avec ces pays voisins comme la Tunisie et le Maroc, cette dernière
est classée de loin première émettrice de CO2, (tableau n° 3).
172
4.1.1.3.3 La dégradation du sol et les Déchets :
En Algérie, la production annuelle des déchets industriels a atteint plus de 325 000 tonnes.
Cette quantité se rajoute chaque année aux 2 millions de tonnes déjà stockées58. Le sol et les
eaux en Algérie ont souvent, supporté une charge de pollution en manifestant des signes de
déséquilibre. C‘est le cas notamment des nappes d‘eaux situées dans la partie Nord du pays où
sont concentrées des implantations de complexes industriels. Les barrages ne sont pas non
plus, à l‘abri de la pollution d‘origine industrielle. Les déchets industriels dangereux
représentent une autre source de nuisance. Un grand nombre de sites sont contaminés par les
déchets industriels faute d‘une politique rigoureuse de stockage. On estime à 185.000
tonnes59, la quantité de résidus d‘origine industrielle considérés comme dangereux et
toxiques. Les résidus industriels, éliminés par stockage sur des terrains vagues ou rejetés dans
des cours d‘eau conduisent à des contaminations graves et parfois irréversibles de la chaîne
alimentaire pour aboutir jusqu‘à l‘homme. Les régions où sont implantées des unités de
production industrielle constituant des sources de pollution importantes telles que les
cimenteries, les unités de plâtre et de chaux, les raffineries de pétroles, etc.
A ce problème de déchet industriel s‘ajoute la grande quantité de déchets municipaux générés
en Algérie qui est estimée à 8,5 millions de tonnes / an (déchets ménagers et assimilés).
Chaque algérien dans les zones urbaines génère environ 0,7 kg de déchets solides par jour.
Dans la capitale (Alger), cette production est proche de 0,9 kg par jour60.
La mise en décharge est la destination finale préférée pour l'élimination des déchets solides
urbains. L'enquête menée par les services du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de
l'Environnement (MATE) a révélé qu‘il existe plus de 3000 décharges sauvages à travers le
pays sur une superficie de plus de 150.000 hectares qui la plupart du temps sont situées sur
des terres agricoles ou le long des rivières61. Globalement, l‘impact de ces déchets coute au
gouvernement, plus de 0,19 % du PIB annuel.
58 Report Mission Préparatoire‐Algérie/Déchets‐June 2007 59 Rapport de l‘Agence nationale des déchets (AND) de 2011.60The regional solid waste exchange of information and expertise network in Mashreq and Maghreb countries, rapport «Country Report On The Solid Waste Management».July 2010. 61The regional solid waste exchange of information and expertise network in Mashreq and Maghreb countries, rapport «Country Report On The Solid Waste Management».July 2010.
173
De plus, il convient de souligner que, le recyclage des déchets en Algérie, ne fait pas l‘objet
d‘une action développée et organisée. En Algérie, la récupération et le recyclage touche
seulement de 4 à 5% des déchets générés, alors que les capacités de recyclage ont été
annuellement estimées, à près de 100.000 tonnes pour les métaux, 385.000 tonnes pour le
A ces dégradations de l‘environnement causées par l‘industrialisation s‘ajoute les dangereux
déchets du secteur de la santé, ainsi que, les déchets toxiques, qui dépassent annuellement, en
Algérie les 100 000 tonnes. Le total des effets de pollution sur la santé et la qualité de vie sont
estimés à 1.98 % du PIB par an.
En plus de ces déchets polluants, l‘environnement Algérien est confronté, à l‘existence des
installations des risques majeurs dont le nombre a été estimé, en 2005, par le Ministère de
papier 385000 T/AN Plastique 130000
T/AN
Métaux 100000 T/AN
Verre 50000T/AN
Figure 17 Capacité de recyclage en Algérie en tonne par an
174
l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire à près d‘une soixantaine installations
essentiellement localisées sur le Nord du pays62.
Concernant le littoral, l‘impact de la pollution causée par les accidents chimiques dans les
régions portuaires est relativement mineur, il s‘élève à 0,01 % du PIB.
De même, la dégradation des sols est causée par l'érosion, la désertification et les activités
industrielles ; l'impact de cette dégradation a été évalué sur la base des pertes de productivité
agricole résultant de l'érosion hydrique qui menace 12 millions d'hectares, dans le nord et
l'ouest de l‘Algérie.
La dégradation des sols (bassins versants dénudés, zones steppiques dégradées,etc.) a un
impact sur les activités agricoles ainsi que sur les activités non agricoles et de services.La
perte de revenu non agricole est calculée sur la base du nombre d‘emplois non
agricolesestimés perdus. En Algérie, près de 44.000 emplois non agricoles sont perdus chaque
année à cause de la dégradation des sols. Ceci représente près de 0,15 % du PIB annuel. Au
totale, la dégradation environnementale coûte au gouvernement algérien 3.6% du PIB annuel,
d‘après un rapport de la banque mondiale (Figure n°18).
62 Notons à cet effet, qu‘en l‘espace de deux ans (2003-2005), l‘Algérie a enregistré pas moins de huit incidents technologiques (explosions, fuites, incendies) au niveau des installations industrielles de Skikda et d‘Arzew.
Forêt Air Eau Les zones côtières Déchet
Source : La Banque Mondiale 2006
Figure 18Coût de la dégradation environnementale sur PIB annuel de l’Algérie
175
Comme cela a été démontré dans les sections précédentes, l‘ampleur des problèmes
environnementaux en Algérie, est intimement lié au processus de développement
socioéconomique des activités industrielles.
En conséquence, à cet état environnemental catastrophique qui règne actuellement en Algérie
(dégradation de l‘air, d‘eau et de sol), un changement de la vision des responsables algériens
est imposé, afin de promouvoir une nouvelle politique globale qui vise à encourager la mise
en œuvre de la RSE au niveau des entreprises algériennes. Dans les paragraphes suivants,
nous allons aborder la démarche vers la RSE dans le contexte algérien, puis nous allons
détailler l‘ensemble des mesures prises par le gouvernement afin de promouvoir la RSE et la
préservation de l‘environnement.
4.1.2 La responsabilité sociale des entreprises en Algérie
Historiquement, ce sont les acteurs économiques des pays du Nord qui ont commencé à
s‘intéresser au processus de préservation de l‘environnement et au concept de la RSE, alors
que les plus grands enjeux sociaux et environnementaux de ces concepts sont au Sud, à
l‘exemple de l‘Algérie qui a connu une rapide expansion économique. Cette expansion a été
suivie par un développement des marchés et des entreprises63 qui avait un effet dramatique,
notamment sur l‘environnement64. Dans ce sens, l‘Algérie fait aussi partie des pays les plus
touchés par les crises sociales et environnementales65.
A travers la présentation de la RSE en Algérie, nous présentons la problématique de la RSE
dans l‘ensemble des pays en développement, car, l‘Algérie semble avoir les caractéristiques
typiques d‘un pays en voie de développement à savoir : économie en transition, secteur
d‘hydrocarbure dominant, un taux de chômage élevé notamment chez les jeunes, une
alphabétisation faible, un système légal qui manque de transparence, la corruption et la faible
autorité du gouvernement, etc. (voir paragraphes1.1.2).
63 Rapport FMI, 2006. 64 Banque mondiale, Rapport sur « les pays en développement » 2006.
65Rapport ,WRI, 2005; PNUD, 2006.
176
Toutefois, afin de mettre l‘accent sur les efforts produits par l‘Algérie, pour revenir vers un
équilibre écologique, nous abordons la promotion du concept de la RSE au niveau des
Au début des années quatre-vingt, l‘Algérie a abandonné le modèle de gestion administrative
de l‘économie vers une économie de marché plus libre. Les réformes des années quatre-vingt-
dix, ont changé complètement la composition du tissu industriel qui était essentiellement
composé d‘entreprises d‘Etat obéissant à des exigences « politiques » loin des contraintes
productives, et avec une préoccupation sociale forte.
La RSE en Algérie était seulement basée sur le levier social, qui s‘exprimait dans l‘obligation
d‘offrir un emploi à une population qui en était dépourvue auparavant, ainsi que, des services
sociaux relatifs à la santé, et au logement.
L‘état politique et socioéconomique en Algérie, a rendu difficile, la démarche vers la
promotion de la responsabilité environnementale.
A cela s‘ajoute : la mise en avant des problèmes économiques dans le pays, plutôt que les
problèmes écologiques, ainsi que, la difficulté de convaincre les entreprises algériennes,
notamment, les PME, qu‘elles sont concernées par la RSE, même si, la production de ces
entreprises est tournée vers le marché interne (Atil, 2007).
Une autre difficulté figure parmi les obstacles les plus importants qui stoppent les démarches
de la RSE, il s‘agit du coût d‘intégration, qui reste prohibitif en particulier pour les PME « le
prix de la certification est considérable : jusqu’à 20 000 dollars pour un audit
environnemental (ISO 14001) ou social (SA 8000), soit dix-sept fois le revenu annuel moyen
par habitant des pays en développement » (Severino, 2005).
De plus, l‘absence de la volonté politique en Algérie de faire de la RSE sa priorité explique en
partie le faible nombre des entreprises certifiées, même par rapport aux pays voisins qui
vivent presque dans les mêmes conditions socioéconomiques (voir tableau n° 4 et 5).
177
Tableau 4 Nombre d’entreprises certifiées ISO 9001 au Maghreb
Pays
Décembre 2005 Décembre 2006 Décembre 2007
ALGERIE 185 103 171
MAROC 403 457 504
TUNISIE 380 585 690
Source: The ISO Survey of Certifications 2007
Tableau 5 Nombre prévisionnel d’entreprises certifiées ISO 14001 version 2004
Décembre 2005 Décembre 2006 Décembre 2007
ALGERIE 6 6 17
MAROC 26 37 39
TUNISIE 30 50 67
Source: The ISO Survey of Certifications 2007
Néanmoins, depuis quelques années, cette situation n‘a pas cessé de se développer. Les
entreprises algériennes, semblent, avoir pris conscience des exigences de la RSE. Ainsi, la
mise à niveau qui devrait être pilotée pour accréditer leurs performances par rapport à un
référentiel de triple qualité (le savoir-faire technique, la protection de l'environnement, et la
sécurité du produit).
Ce développement de la conscience des entreprises algériennes a été accompagné par, de
nouvelles mesures prises par le gouvernement, pour promouvoir la RSE en Algérie, tels que :
le lancement en 2000 d‘un programme d‘accompagnement des entreprises pour la
certification, qui a été très efficace. D‘après M. Mohamed Chaïb Aïssaoui, directeur général
de l‘Institut algérien de normalisation (IANOR), 370 entreprises, publiques et privées, ont été
certifiées depuis le lancement du Programme d'accompagnement des entreprises pour la
certification en 2001, sur 437 entités économiques inscrites à ce dispositif66.
66 A déclaré M. Mohamed Chaïb Aïssaoui, directeur générale de l‘Institut algérien de normalisation (IANOR), lors d‘une conférence de presse.27/03/2011.
178
la signature en décembre 2001 de l‘accord qui porte sur le renforcement de la
coopération économique lancé par la conférence de Barcelone en 1995, ainsi que, l‘accord
d‘association et de coopération établi entre la Communauté Européenne et l‘Algérie, qui vise
à l‘amélioration de la vie sociale et la préservation de l‘environnement67.
Une aide financière de 500 millions de dinars a été allouée pour l‘application du
programme de développement d‘un système de normalisation.
Ainsi, pour renforcer ces mesures qui n‘obligent pas les entreprises algériennes à se soumettre
à un audit social et environnemental à l‘instar du système de normalisation, l‘Etat algérien a
mis en place un cadre législatif contraignant, cohérent et complet, qui vise la mise à niveau
des entreprises algériennes et la réduction de leurs emprunts sur l‘environnement.
Avignon (2010) a consieré que le droit pourrait être un outil de régulation efficace face aux
problèmes environnementaux. Dans ce sens, le législateur algérien à développer un appareil
législatif dense et diversifiéqui recouvre plusieurs aspects. Nous présentons certains décrets et
lois qui portent sur la responsabilité et la préservation de l‘environnement. D‘une manière
générale, cette réglementation a commencé dans les années quatre-vingt avec :
- la loi cadre 83 - 03 du 5 février 1983, qui porte sur la protection de l‘environnement, la
restauration et la valorisation des ressources naturelles, la prévention et lutte contre toute
forme de pollution et nuisance, et l‘amélioration du cadre et de la qualité de vie.
- Loi n°84-12 du 23 juin 1984 qui porte sur le régime général des forêts. Responsabilité
claire vu les peines prévues mais pas de réparation.
67ACCORD EURO-MÉDITERRANÉEN « établissant une association entre la Communauté européenne et ses États membres, d‘une part, et la République Algérienne démocratique et populaire », Journal officiel de l‘Union européenne 10.10.2005.
179
- Décret présidentiel n°98-123 du 18 avril 1998, ce décret assure la signature du protocole
de 1992, qui porte sur le changement de la convention internationale de 1969 sur la
responsabilité civile pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures.
Cet arsenal juridique s‘est vu renforcer avecde nouvelles législations dans le cadre du
développement durable et de la préservation de l‘environnement, ainsi que, l‘adaptation des
lois sur l‘aménagement du territoire, les déchets, le littoral et les montagnes, tout en
appliquant les lois existantes sur l‘eau et la maîtrise de l‘énergie. Ces nouvelles lois sont
représentées par :
- Loi n°01-19 du 12 décembre 2001 pour la gestion, au contrôle et à l‘élimination des
déchets; cette loi fait obligation aux générateurs des déchets inertes et des déchets spéciaux
d‘assurer ou de faire assurer l‘élimination de leurs déchets dans des conditions qui ne risquent
pas de porter atteinte à la santé publique et à l‘environnement. Cette obligation, constitue le
fondement du principe de la responsabilité du générateur de déchets et consacre le principe
universel du pollueur-payeur.
- Loi n°01-20 du 12 décembre 2001, relative à l'aménagement et au développement durable
du territoire vient définir les orientations et les instruments d'aménagement du territoire de
nature à garantir un développement harmonieux et durable de l'espace national68.
- Loi n°02-02 du 5 février 2002, porte sur la protection et la valorisation du littoral. Cette loi
fixe les prescriptions générales et particulières relatives à la protection et à la valorisation du
littoral.
- la loi n°03-10 du 19 juillet 2003, porte sur la protection de l‘environnement dans le cadre
du développement durable. Elle s‘appuie sur les principes du nouveau droit de
l‘environnement adoptés au niveau international, à savoir : le principe de préservation de la
diversité biologique; le principe de non dégradation des ressources naturelles; le principe
d‘action préventive et de correction par priorité à la source; le principe de précaution; et le
principe du pollueur-payeur.
68 Résumé de la loi sur l'aménagement et au développement durable du territoire de 2001.
180
- Loi n°04-07 du 14 août 2004 relative à la chasse a pour objet de déterminerles règles
relatives à l‘exercice de la chasse69.
- Loi n°04-20 du 25 Décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et à la
gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable.
- Loi n°05-12 du 04 août 2005 relative à l‘eau. Cette loi engage une claire responsabilité vu
les peines prévues mais pas de réparation.
- L’ordonnance n°06-05 du 15 juillet 2006relative à la protection et à la préservation de
certaines espèces animales menacées de disparition.
4.1.2.2.2 Les sanctions prévues par la loi algérienne
Le droit algérien de l'environnement, notamment la loi n° 03-10 du 19 juillet 2003 relative à
la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable, a prévu des
sanctions qui vont jusqu‘à l‘emprisonnement, parmi ces sanctions. Nous trouvons :
4.1.2.2.2.1 Des sanctions relatives à la protection de la diversité biologique
Article. 81. « Quiconque a, sans nécessité, abandonné et, publiquement ou non, exercé des
sévices graves ou commis un acte de cruauté envers un animal domestique ou apprivoisé ou
tenu en captivité, est puni d'un emprisonnement de dix (10) jours à trois (3) mois et d'une
amende de cinq mille dinars (5.000 DA) à cinquante mille dinars (50.000 DA) ou de l'une de
ces deux peines seulement. En cas de récidive, la peine est portée au double ».
Article. 82. « Sont punies d'une amende de dix mille dinars (10.000 DA) à cent mille dinars
(100.000 DA), les infractions aux dispositions de l'article 40 de la présente loi70.
Sera punie de la même peine toute personne qui:
détient un animal domestique, un animal sauvage ou apprivoisé sans respecter les
règles de détention mentionnées à l'article 42. En cas de récidive, la peine est portée au
double ».71
69 Journal officiel de la république algérienne démocratique et populaire 2004 (donner la date de publication) 70 Article 40. Nonobstant les dispositions des lois relatives à la chasse et à la pêche et lorsqu'un intérêt scientifique particulier ou que les nécessités ayant trait au patrimoine biologique national justifient la conservation d'espèces animales non domestiques ou végétales non cultivées.
181
4.1.2.2.2.2 Des sanctions relatives à la protection de lʹair et de lʹatmosphère
Article. 84. « Est punie d'une amende de cinq mille dinars (5000 DA) à quinze mille dinars
(15.000 DA), toute personne dont le comportement contrevenant aux prescriptions visées à
l'article 47 de la présente loi, engendre une pollution atmosphérique. En cas de récidive
d'une peine d'emprisonnement de deux (2) mois à six (6) mois et d'une amende de cinquante
mille dinars (50.000 DA) à cent cinquante mille dinars (150.000 DA) ou de l'une de ces deux
peines seulement ».
Article. 85. « En cas de condamnation aux peines prévues à l'article 84 ci-dessus, le juge fixe
le délai dans lequel les travaux ou les aménagements prévus par la réglementation devront
être exécutés. Le juge peut, en outre, ordonner que les travaux ou aménagements soient
exécutés d'office aux frais du condamné et, le cas échéant, prononcer jusqu'à leur
achèvement, l'interdiction d'utiliser les installations ou tout autre objet meuble ou immeuble
qui sont à l'origine de la pollution atmosphérique. Il peut, dans les cas où il n'y aurait pas
lieu de procéder à des travaux ou aménagements, fixer un délai au condamné pour se
soumettre aux obligations résultant de ladite réglementation ».
4.1.2.2.2.3 Des sanctions relatives à la protection de lʹeau et des milieux aquatiques
Art. 88. « Lorsque les nécessités de l'enquête ou de l'information ainsi que la gravité de
l'infraction l'exigent, le bâtiment, aéronef, engin ou plate-forme qui a servi à commettre l'une
des infractions visées à l'article 52 de la présente loi, peut être immobilisé sur décision du
procureur de la République et du magistrat saisi. A tout moment, l'autorité judiciaire
compétente peut ordonner la levée de l'immobilisation, s'il est fourni un cautionnement dont
elle fixe le montant et les modalités de versement. Les conditions d'affectation, d'emploi et de
restitution du cautionnement sont réglées conformément aux dispositions du code de
procédure pénale ».
Article. 93. « Est puni d'un emprisonnement d'un (1) an à cinq (5) ans et d'une amende d'un
million de dinars (1.000.000 DA) à dix millions de dinars (10.000.000 DA) ou de l'une de ces
deux peines seulement, tout capitaine soumis aux dispositions de la convention 71Article 42. Sans préjudice des dispositions de la présente loi et des textes législatifs en vigueur, toute personne a le droit de détenir un animal, sous réserve des droits des tiers, des exigences du cadre de vie, de santé, de sécurité et d'hygiène, et dans des conditions qui excluent toute atteinte à la vie ou à la santé de celui-ci.
182
internationale pour la prévention de la pollution des eaux de la mer par les hydrocarbures,
signée à Londres le 12 mai 1954 et de ses modifications, qui se sera rendu coupable
d'infraction aux dispositions relatives aux interdictions de rejet à la mer d'hydrocarbures ou
de mélanges d'hydrocarbures. En cas de récidive, la peine est portée au double ».
Article. 94. « Est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à deux (2) ans et d'une amende
de cent mille dinars (100.000 DA) à un million de dinars (1.000.000 DA), ou de l'une de ces
deux peines seulement, tout capitaine d'un bâtiment non soumis aux stipulations de la
convention susmentionnée et qui se sera rendu coupable d'infraction aux dispositions de
l'article 93 ci-dessus. En cas de récidive, la peine est portée au double ».
4.1.2.2.2.4 Des sanctions relatives à la protection contre les nuisances
Article. 107. « Est puni de six (6) mois d'emprisonnement et de cinquante mille dinars
(50.000 DA) d'amende le fait de mettre obstacle à l'accomplissement des contrôles par les
agents chargés de procéder à la recherche et à la constatation des infractions aux
dispositions de la présente loi ».
Article. 108. « Est puni de deux (2) ans d'emprisonnement et de deux cent mille dinars
(200.000 DA) d'amende le fait d'exercer une activité sans l'autorisation prévue à l'article
73 »72.
4.1.2.2.2.5 Des sanctions relatives à la protection du cadre de vie
Article. 109. « Est puni d'une amende de cent cinquante mille dinars (150.000 DA) le fait
d'apposer, de faire apposer ou de maintenir, après mise en demeure une publicité, une
enseigne ou une pré enseigne dans les lieux ou sur des emplacements interdits prévus à
l'article 66 »73.
72Article 73 — Sans préjudice des dispositions législatives en vigueur, les activités bruyantes exercées dans les entreprises, les établissements, les centres d'activités ou les installations publiques ou privées établis à titre permanent ou temporaire et ne figurant pas dans la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement, ainsi que les activités bruyantes sportives et de plein air susceptibles de causer des nuisances sonores, sont soumises à des prescriptions générales. 73Article 66Toute publicité est interdite :
1. sur les immeubles classés parmi les monuments historiques, 2. sur les monuments naturels et les sites classés, 3. dans les aires protégées, 4. sur les édifices des administrations publiques,
183
En se basant sur ce cadre réglementaire de protection de l‘environnement, le directeur de
l‘environnement de la wilaya d‘Annaba, M. Omar Alleg, a ordonné en juin 2012, la
fermeture de deux unités industrielles pour non-respect de la réglementation en matière de
protection de l‘environnement. Selon le site officiel du Centre de Développement des
Énergies Renouvelables (CDER), ces deux unités n‘ont pas effectué, préalablement, l‘étude et
la notice d‘impact, conformément à la réglementation en matière de protection de
l‘environnement. M. Alleg a souligné que cette fermeture avait été décidée par la commission
de wilaya de contrôle des installations industrielles classées, dans le cadre des missions
réservées à la direction de l‘Environnement. D‘après la même source, la direction de
l‘environnement de la wilaya d‘Annaba, plus de 25 mises en demeure ont été par ailleurs
adressées, durant la même période, aux entreprises pour non-respect des règles de protection
de l‘environnement. Ces entreprises font actuellement l‘objet d‘un « suivi rigoureux » pour
vérifier leur mise en conformité vis-à-vis de la réglementation en matière de protection de
l‘environnement74.
4.1.2.2.3 Institutions et programmes algériens
Dans cette logique de préservation de l‘environnement, le gouvernement algérien a également
mis en œuvre, plusieurs actions et programmes qui visent à la protection de l‘environnement.
Nous relevons ici :
- Le Programme National de Gestion des Déchets Propres.
- Le Programme National de l‘Aménagement du Territoire.
- Le Programme Directif d‘Aménagement et d‘Urbanisme.
- Le Programme National des Affaires de l‘Environnement.
- Le Programme de Gestion intégrée des Déchets Municipaux.
74 Le Centre de Développement des Énergies Renouvelables (CDER) est chargé de la gestion et du suivi de l'exécution de Projets Nationaux de Recherche soumis dans le cadre des Programmes Nationaux de Recherche Energies Renouvelables / Techniques Nucléaires / Hydrocarbures. http://www.cder.dz/.
184
- Le Programme National du Développement Durable.
- Le Plan national d‘Action pour l‘Environnement et le Développement Durable.
La prise de conscience croissante des questions environnementales en Algérie a été
accompagnée par une création de nouvelles institutions qui assurent la bonne gestion des lois,
des programmes et des actions, parmi ces institutions nous avons :
Le Centre National de Technologies Plus Propres (CNTPP) qui prône le
développement des techniques de production plus propres et de réduction des déchets.
L‘Observatoire National de l‘environnement et du Développement Durable (ONEDD)
qui encourage et institutionnalise la surveillance des installations et des sites ainsi que la
caractérisation des déchets.
Le Fonds pour l‘Environnement et la Dépollution (FEDEP) qui a pour principale
mission l‘incitation à la reconversion des installations existantes obsolètes et polluantes vers
des technologies de production plus propres et l‘encouragement des projets d‘investissement.
- Le Conservatoire National des Formations à l‘Environnement.
L‘Observatoire National de l'Environnement et du Développement Durable.
La Conférence Régionale de l‘Aménagement et Développement du Territoire.
Ministère de l‘Aménagement du Territoire et de l‘Environnement (MATE) pour la
mise en place de programmes nationaux sur l‘environnement.
L‘Office national de l‘Environnement et du Développement Durable.
Le Centre National des Technologies à Production plus Propre.
L‘Agence Nationale des Déchets.
Le Centre de Développement des Ressources Biologiques.
Le Fonds National pour l‘Environnement et la Dépollution.
Les Directions de l‘Environnement au Niveau des Wilayas et des Départements
Les Inspections Régionales de l‘Environnement.
L‘Agence Nationale des Changements Climatiques.
Le Conseil National de l‘Aménagement et Développement Durable du Territoire.
185
Une grande partie de ces institutions, contribuent effectivement à l‘amélioration de la qualité
de l‘environnement en Algérie, tandis que, les autres sont victimes de leur jeune âge et de leur
manque d‘expérience et n‘arrivent pas à promouvoir la protection de l‘environnement.
Le changement quotidien dans les politiques algériennes de protection de l‘environnement, est
à l‘image du changement du rattachement de la fonction de l‘environnement qui a fait le tour
entre plus de dix Ministères, en commençant par le rattachement auMinistère de
l‘hydraulique, de la mise en valeur des terres et de la protection de l‘environnement en 1974,
tout en passant par, le Ministère de l‘hydraulique, de l‘environnement et des forêts, le
Ministère de l‘intérieur, le Ministère délégué à la recherche, à la technologie et à
l‘environnement, le Ministère de l‘éducation nationale et le Ministère chargé des universités
entre les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. L‘année 2000, a connu la création du
Ministère de l‘Aménagement du Territoire et de l‘Environnement (MATE).
Aujourd‘hui, dans sa démarche vers la préservation de l‘environnement, l‘Algérie peut
compter sur un cadre législatif et réglementaire cohérent, et une stratégie nationale dense,
ainsi qu‘une armada d‘instruments volontaires, mise en œuvre par le (MATE), à la
disposition de toutes les entreprises qui exercent en Algérie (publiques et privées, mixtes,
étrangères) dans le but de compléter le cadre juridique existant, afin de promouvoir la RSE, à
l‘instar du « Contrat de Performance » qui fera l‘objet de notre étude dans les prochains
4.1.2.3.1 Le Contrat de Performance Environnementale
L‘engagement des entreprises algériennes dans les processus de RSE s‘est concrétisé à travers
le nouveau projet appelé contrat de performance, ou contrat de performance environnementale
(CPE) lancé par le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement en 2006.
186
Nous avons assimilé l‘engagement dans le contrat de performance environnementale à
l‘engagement dans la RSE car cet engagement est compatible aux quatre caractéristiques de la
définition de synthèse de la RSE qui est établie dans le troisième chapitre à savoir :
- Le caractère volontaire de l‘engagement : les entreprises algériennes publiques et privées ne
sont pas obligées de signer les contrats de performance environnementale lancés par le
Ministère de l'Aménagement du Territoire, de l'Environnement et du Tourisme.
- Le caractère de protection de l‘environnement : l‘objectif de cet engagement est la
préservation de l‘environnement par l‘amélioration de la performance environnementale des
entreprises algériennes et la réduction de leur impact sur l‘environnement.
- le caractère relationnel : le contrat de performance valorise la relation et les interactions de
l‘entreprise avec ses parties prenantes internes et externes (les employés, l‘Etat (MATE), les
experts, etc.).
- le caractère bénéfique : Le contrat de performance a pour objectif, la mise à niveau des
entreprises. En d‘autres termes, l‘amélioration de l‘efficience économique de l‘entreprise qui
renforce sa position concurrentielle.
La définition du contrat de performance environnementale, donnée par le Ministère de
l'Aménagement du Territoire, de l'Environnement et du Tourisme, va nous permettre de
mettre l‘accent sur ces quatre caractéristiques :
« Les contrats de performance environnementale (CPE) sont des outils qui permettent de
mettre à niveau les entreprises et à améliorer leur performance environnementale, ils sont
établis entre l’Administration en charge de la protection de l’environnement et les industriels
qui s’engagent et définissent volontairement leurs efforts en matière de protection de
l’environnement (réduction et traitement de la pollution générée par leurs activités,
économie d’eau, économie d’énergie, etc.) »75.
75Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, 2006
187
Cela se confirme aussi, dans le premier article du contratde performance environnementale
qui est « Le présent contrat de performance représente un engagement mutuel et participatif
du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement et de la Société. Il
vise la promotion, la définition et la mise en œuvre de mesures volontaires de dépollution et
de protection de l'environnement »76.
Le contrat de performance environnementale a une finalité explicite c'est-à-dire celle de
mettre en exergue l‘engagement des responsables des entreprises, des travailleurs et des
délégués de l‘environnement, afin de, mettre en œuvre un programme de dépollution
industrielle. Il a également pour ambition de préparer le secteur de l‘industrie, et d‘adopter
des méthodes de management environnemental sur la base des critères standards
internationalement reconnus77.
A travers ces contrats, les industriels s‘engagent volontairement à mettre en œuvre un
programme qui assure l‘efficience écologique et l‘efficacité économique. Ce programme
s‘étalera sur trois ou cinq années selon le contrat établi entre l‘entreprise et le Ministère de
l'Aménagement du Territoire, de l'Environnement et du Tourisme, ce contrat qui permettra : la
mise à niveau des entreprises, le respect de la réglementation environnementale et l‘efficience
écologique et économique 78(annexe n° 1).
4.1.2.3.2 Les entreprises qui ont signé les contrats de performance environnementale
A ce jour, le nombre d‘entreprises qui se sont engagées dans ce processus de RSE par la
signature des contrats de performance environnementale avec le Ministère de l‘Aménagement
du Territoire et de l‘Environnement (MATE), s‘élève à plus de 80 entreprises.
76 Contrat de performance environnementale 2006 77CNTPP Centre National des Technologies de Production Plus Propre. 78CNTPP Centre National des Technologies de Production Plus Propre.
188
Tableau 6 Exemple des entreprises signataires des CPE
Dénomination de l’Entreprise
Mégisserie Aurassiene /MEGA (Batna)
Cimenterie Aîn Touta (Batna)
ISPAT (complexe sidérurgique d‘Annaba)
ASMIDAL / FERTIAL ( Annaba )
Complexe des Corps Gras de Maghnia (Tlemcen)
Complexe Electrolyse de zinc de Ghazaouet (Tlemcen)
Cimenterie Ain Kebira.( Setif )
Source : site du Ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, 2009.
Les entreprises qui ont ratifié ces contrats représentent les différents groupes du secteur
industriel algérien, à l‘exemple de (la Sidérurgie : ISPAT complexe sidérurgique de (Annaba),
Ciments : Cimenterie Ain Kebira (Setif), Construction métallique : Complexe Electrolyse de
affiche une significativité au seuil de 10%.Ces résultats nous ont conduits à valider les
hypothèses suivantes :
319
Tableau 53 Les hypothèses acceptées
Code Hypothèses
H1.INDIDEAL Les valeurs idéalistes du dirigeant influencent l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE
H7.ORGCOUT La réduction des coûts de production influence positivement l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE
H10.INSTLEG La crainte des règlements influence positivement l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE
H11.INSTAVA Les avantages concurrentiels influencent positivement l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE
H13.INSTSUB La subvention de l‘Etat influence positivement l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE
H17.TAILLE la taille de l‘entreprise influence positivement son engagement dans la RSE
Toutefois, les variables SECTEUR, INDAGE, INDEDUC, INDCARR, INDRELA, ORGBIEN,
ORGMANQ, INSTATT, INSTCOM, INSTMER ne semblent pas être pertinentes pour expliquer
l‘engagement des entreprises dans RSE, car leurs significativités dépassent de loin le seuil de 10 %.
Ceci réfute les hypothèses suivantes :
Tableau 54 Les hypothèses rejetées
Code Hypothèses
H2.INDRELA Les valeurs relativistes du dirigeant influencent négativement l‘engagement de l‘entreprise dans la
RSE
H3.INDAGE L‘âge du dirigeant influence positivement l‘engagement de l‘entreprise dans RSE
H4.INEDUC Le niveau scolaire du dirigeant influence positivement l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE
H5.INDCARR La carrière suivie par le chef d‘entreprise influence positivement l‘engagement de l‘entreprise dans la
RSE
H6.INDEXP L‘expérience du chef d‘entreprise influence positivement l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE
H8.ORGBIEN Le bien-être des employés influence positivement l‘engagement des entreprises dans la RSE
H9.ORGMANQ Le manque de moyens influence négativement l‘engagement de l‘entreprise dans RSE
H12.INSTATT Les attentes des clients influencent positivement l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE
H13.INSTSUB La subvention de l‘Etat influence positivement l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE
H14.INSTCOM Les barrières face au commerce international influencent positivement l‘engagement des entreprises
dans la RSE
H15.INSTMER Suivre les pratiques de la société mère, influence positivement l‘engagement des entreprises dans La
RSE
H16.SECTEUR le secteur d‘activité de l‘entreprise influence positivement son engagement dans la RSE
320
Figure 26 Le modèle validé de la recherche
6.3.2.4 Résultatsetinterprétations
A la fin de nos analyses, nous pouvons considerer que l‘intégration de la RSE au niveau des
entreprises algériennes dans le secteur industriel, est motivée principalement par six
variables :
6.3.2.4.1 Les variables significatives dans notre recherche
Les valeurs idéalistes du chef d’entreprise H1 : les valeurs idéalistes du chef d‘entreprise,
poussent l‘entreprise à intégrer la RSE. La variable INDIDEAL présente un taux de
significativité de P=0.02 au seuil de 5%. Et un Wald de 9.409 > 4.
En outre, au niveau individuel les valeurs idéalistes du chef d‘entreprise poussent l‘entreprise
à intégrer la RSE. Cela rejoint les travaux de recherche de Wood (1991), Branzei et al.(2000),
321
Reynaud et al.(2008) qui mettent l‘accent sur l‘importance des valeurs personnelles sur
l‘action organisationnelle, car cette dernière, n‘est pas abstraite, mais elle est réalisée par des
acteurs humains. En outre, l'idéologie éthique du chef d‘entreprise dans le secteur industriel
algérien a une forte influence notable, alors que les caractéristiques observables, ont moins de
résultats significatifs. Généralement, les dimensions psychologiques réelles pourraient fournir
un plus grand pouvoir explicatif par rapport à la perception du chef d‘entreprise, que des
caractéristiques observables qui ne sont utilisées que, pour appuyer l‘analyse des valeurs qui
n'ont pas été saisies par une réelle dimension psychologique (Hambrick, 2007).
De plus, la nature idéaliste du chef d‘entreprise algérien, prouve que ce dernier, prend en
considération des normes universelles quant il s‘agit de prendre une décision stratégique.
Egalement, le manager algérien, s‘intéresse aux conséquences de ces actes sur les parties
prenantes externes et internes.
Ce résultat prouve aussi que face aux nouvelles exigences mondiales sociales et
environnementales, une forme de valeur individuelle universelle est en train d‘émerger dans le
monde y compris dans les pays en développement comme l‘Algérie. Cela confirme les
recherches de Schwartz et Bilsky (1990) qui stipulent que « les exigences individuelles
universelles, s’exprimant dans tout type de société, et constitue les véritables fondations des
systèmes de valeurs individuelles ».
La crainte de législation H10 : les entreprises dans le secteur industriel algérien s‘engagent
dans la responsabilité motivées par leurs craintes de la législation actuelle. Ainsi, pour
anticiper sur la nouvelle législation, la variable INSTLEG présente un taux de significativité
de P=0.06 au seuil de 5%. Et un Wald de 7.547> 4.
Nos résultats nous ont permis d‘identifier la crainte de la législation comme une des
motivations importantes qui agissent sur l‘intégration de la RSE de la part des entreprises
algériennes. Ces résultats confirment les recherches au niveau de la littérature dans ce
domaine qui ont identifié formellement la crainte de la législation ou l‘anticipation sur la
nouvelle législation comme une motivation incontournable qui influence l‘engagement des
entreprises dans le processus de la RSE (Porter et van derLinde 1995 ; Irene et Perry, 1996 ;
Henriques et Sadorsky, 1999 ; Quazi et al. 2001 ; Givel, 2007). En Algérie, les entreprises ont
322
compris, que l‘engagement volontaire dans la RSE va leur permettre de prendre de l‘avance
sur la législation qui n‘est pas certes contraignante en ce moment, mais qui ne cesse pas de le
devenir avec les grands changements, au niveau de la politique environnementale dans le
pays.
Les avantages concurrentiels H11 : Les entreprises algériennes s‘engagent dans la RSE, afin
d‘acquérir de nouveaux outils, et de gagner des batailles à l‘intérieur et à l‘extérieur du pays.
Cela rejoint les travaux de Morimoto et al. (2005) et Chan et Wong(2006). La variable
INSTAVA présente un taux de significativité de P=0.10 au seuil de 5%, et un Wald de 6.554
> 4.
Les résultats de notre travail de recherche exploratoire, rejoint les études de nombreux
chercheurs qui ont identifié un lien entre, l‘engagement volontaire des entreprises dans la RSE
et la recherche des avantages concurrentiels de la part des entreprises Poussing (2008), Cheryl
et al. (2010), Santos(2011), Laudal(2011) et El Ghoul et al. (2011). Souvent motivées par des
avantages comme l‘amélioration de l‘image, l‘attractivité et l‘accès à une grande partie des
marchés, les entreprises algériennes réalisent de jour en jour, l‘importance de ce concept et
son impact sur ses capacités concurrentielles. Aujourd‘hui, de plus en plus d‘entreprises se
tournent vers le marché extérieur, attirées par l‘éventuelle possibilité d‘exportation,
notamment, vers les pays du Maghreb qui vivent une instabilité politique et économique qui
les empêchent de relancer les machines de production. Notre étude a également révélé que, les
entreprises algériennes s‘engagent dans la RSE, afin d‘améliorer leurs images, qui va leur
permettre d‘être plus attractives, notamment, aux investissements directs étrangers.
Les subventions étatiques H13 : les résultats nous ont affirmé l‘existence de l‘impact positif
entre l‘engagement volontaire environnemental des entreprises algériennes et la recherche des
subventions. La variable INSTSUB présente un taux de significativité de P=0.34 au seuil de
5%, et un Wald de 4.667 > 4. Ce qui rejoint les études de Maignan et Ralston (2002),
Morimoto et al. (2005) et Cheryl et al.(2010) qui affirment que, les subventions étatiques,
restent parmi les raisons qui poussent les entreprises algériennes à s‘engager notamment pour
les petites et moyennes entreprises. Aujourd‘hui la majorité des entreprises algériennes
n‘intègreront jamais, les processus de RSE, sans aide de la part de l‘Etat et des organisations
spécialisées.
323
La réduction des coûts de production H7 : l‘hypothèse de réduire les coûts de production se
confirme aussi dans le contexte algérien même si la significativité, est au seuil de 10 % et P =
0.53 et avec un coefficient de Wald qui est un peu moins que 4. La relation positive entre la
recherche de réduction des coûts de production chez les entreprises algériennes reste
acceptable et confirme notre constat sur le terrain lors de l‘étude exploratoire où plusieurs
dirigeants, nous ont confirmé la mise en place des conteneurs pour récupérer les déchets du
bois, plastiques et papiers ainsi que le renouvellement des installations d‘eau et d‘électricité
afin de réduire leurs factures. Ce résultat confirme aussi le constat de plusieurs études au
niveau de la littérature Henriques et Sadorsky (1996), Dobers (1997), Persais (1998),
Gonzales-Benito et Gonzales-Benito (2005) et Knox et al. (2006).
La taille de l’entreprise H17 : l‘hypothèse de la taille de l‘entreprise se confirme aussi dans
le contexte algérien, avec une significativité au seuil de 10 % et P = 0.53 et un coefficient de
Wald qui est un peu moins que 4. Au même titre, les résultats de notre recherche confirment
la relation positive, qui revient souvent dans la littérature (Johnson et Greening 1994; Peter et
Sarah, 1998 ; McWilliams et Siegel, 2000 ; Mahoney et Roberts, 2007), entre l‘engagement
dans la RSE et la taille de l‘entreprise, avec une significativité intéressante à la limite du seuil
de 5%. Cela confirme aussi les résultats de l‘étude descriptive, qui a montré que les
entreprises qui s‘engagent dans la RSE sont en majorité, de grandes entreprises qui ont un
chiffre d‘affaires de l‘année dernière qui a dépassé les 100000 MDA.
6.3.2.4.2 Les variables qui n‘ont pas été significatives dans notre recherche
Nous présentons ci-dessous les coefficients des variables explicatives qui n‘ont pas été
significatives et par conséquent, qu‘ils n‘ont pas été retenus pour expliquer les motivations
d‘engagement des entreprises du secteur industriel algérien, dans la RSE :
Les valeurs relativistes et les caractéristiques observables H2, H3, H4, H5 et H6 : Le
modèle de régression logistique n‘a pas retenu l‘hypothèse H2, qui stipule que les valeurs
relativistes du dirigeant influencent négativement l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE. Il
en résulte que, les valeurs relativistes du chef d‘entreprise algérien, représentées par une
certaine réticence à adhérer à des principes moraux universels et se traduit par une prise en
324
compte des variables situationnelles et des valeurs culturelles, qui n‘influencent pas
l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE.
De la même manière, le modèle de régression logistique a rejeté l‘influence de l‘ensemble des
caractéristiques observables, propres au chef d‘entreprise sur l‘engagement de l‘entreprise
dans la RSE. En d‘autres termes, les coefficients des variables INDAGE, INDCARR,
INSTMER et INDEXP (H3, H4, H5 et H6) ne sont pas statistiquement significatifs. Il en
ressort qu‘il n'y a pas de différences significatives dans la probabilité d'intégrer la RSE entre
les entreprises gérées par des chefs d'entreprises âgés ou jeunes, comme il n‘y a pas de
différences significatives dans la probabilité d'intégrer la RSE entre les entreprises gérées par
des chefs d'entreprises avec un diplôme de baccalauréat, Master ou post-universitaire. De la
même manière, il n‘existe pas une différence significative dans l‘engagement des entreprises
entre les entreprises gérées par un directeur qui a fait carrière dans le marketing ou autres
fonctions. Aussi, il n‘existe pas une différence significative dans la probabilité d‘intégrer la
RSE, entre les entreprises gérées par un chef d‘entreprise qui a passé beaucoup de temps dans
l‘entreprise, ou un nouveau chef d‘entreprise qui vient juste de s‘installer. Ces constats
empiriques contredits, plusieurs études empiriques qui ont été mobilisées pour élaborer ces
hypothèses à l‘instar de (Hambrick et Mason 1984 ; Miller, 1995, Wiersema et Bantel, 1992,
Deshpan, 1997 ; Thomas et Simerly, 1994 ; Yordanova, 2011).
Toutefois, Le fait que les caractéristiques observables démographiques et contextuelles, ainsi
que les valeurs relativistes ne sont pas significatives. Cela confirme, l‘hypothèse de
l‘idéalisme du chef d‘entreprise algérien parce que, ce dernier se base sur des normes
universelles lors de la prise de décision d‘engagement dans la RSE.
Le Bien-être des employés H8 : Le modèle de régression logistique a rejeté l‘hypothèse H8,
qui est représentée par l‘influence du bien-être des employés sur l‘engagement de l‘entreprise
dans la RSE. En d‘autres termes, le coefficient de la variable ORGBIEN n‘est pas
statistiquement significatif. Ainsi, soit les entreprises algériennes ne considèrent pas, que
l‘amélioration de la santé et de la sécurité des employés ne passent pas forcément par
l‘intégration de la RSE, ou l‘amélioration du bien-être des employés qui n‘est pas une priorité
actuellement pour les entreprises algériennes. Or, cette dernière supposition est réfutée par le
325
passé socialiste des entreprises algériennes ainsi que la revue de littérature abordée dans le
chapitre trois Boiral (2006), Fukukawa et Moon (2004) et Werner (2009).
Une autre explication potentielle au rejet de la variable bien-être des employés est la
précision des items utilisés. Afin d‘opérationnaliser la variable bien-être des employés, nous
nous sommes basés principalement sur des travaux antérieurs qui ne sont pas forcément
adoptés au contexte algérien à l‘exemple de l‘étude de Tanur et Jordan (1995) réalisée aux
Etats-Unis et l‘étude de Quazi et al. (2001) réalisée à Singapour.
De plus, le rejet de cette hypothèse par le modèle de régression logistique peut être dû à la
taille de l‘échantillon qui demeure relativement petit. Selon Hair et al. (2006), une taille
restreinte de l‘échantillon pourrait engendrer des résultats non fiables.
Le manque de moyens H9 : L‘étape de l‘analyse des données n‘a pas retenue la variable
manque de moyens (hypothèse H9), représentée par l‘influence négative du manque de
moyens sur l‘engagement des entreprises dans la RSE. D‘après les résultats de la régression
logistique, le coefficient de la variable manque de moyens n‘est pas significatif. Cette
variable, ne fait donc pas la différence dans la décision de l‘entreprise de l‘engagement dans
la RSE. Ainsi, les moyens financiers et humains ne sont pas derrière, l‘engagement des
entreprises algériennes dans la RSE.
En d‘autres termes, il n'y a pas de différences significatives dans la probabilité d'intégrer la
RSE entre les entreprises algériennes qui ont les moyens et les autres qui n‘ont pas les
moyens. Ainsi, pour découvrir les obstacles face à l‘intégration des entreprises de la RSE, il
faut chercher d‘autres obstacles exceptés les moyens financiers et humains cités dans les items
qui ont opérationnalisé cette variable dans notre recherche.
Les attentes des clients H12 : Le modèle de la régression logistique n‘a pas retenu la
variable les attentes des clients sur l‘influence de l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE.
En d‘autres termes, le coefficient de la variable INSTATT (hypothèse H12), n‘est pas
statistiquement significatif. Et c‘est pourquoi les attentes des clients, ne constituent pas une
différence significative dans la probabilité que l‘entreprise s‘engage ou pas dans la RSE.
326
Bien que, la littérature a été abondante sur l‘influence de cette variable sur l‘engagement des
entreprises dans la RSE Poussing (2008) ; Cheryl et al. (2010) ; Santos(2011), Laudal
(2011) et El Ghoul et al.(2011), le rejet de cette motivation dans notre terrain d‘investigation
était pratiquement sans surprise. Dans le contexte algérien, nous avons constaté, dès la phase
de l‘étude exploratoire, que le degré de la sensibilisation environnementale et sociale est très
faible dans cette société, ainsi que, les clients (consommateurs) ne s‘intéressent qu‘au prix des
produits. De plus, le manque visible d‘ONG, et des associations qui regroupent les clients et
qui veillent sur leurs satisfactions, ne participe pas à accroître l‘importance de cet engagement
auprès des entreprises.
Une autre explication consiste à dire que cette motivation n‘est pas appropriée dans notre
terrain d‘investigation. Cette variable est mesurée par des items à l‘instar du « positionnement
dans l'esprit des clients », qui semblent ne pas être compréhensibles et ne représentent pas une
priorité pour les entreprises algériennes.
Commerce international H14 : La régression logistique a rejeté la variable commerce
international (hypothèse H14), qui se traduit par l‘influence du commerce international sur
l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE. Ce résultat affirme que le coefficient de la variable
commerce international n‘est pas significatif. En d‘autres termes, les barrières du commerce
international ne représentent pas une différence significative dans la probabilité de
l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE. Ce constat, peut être imputable à la transposition
des échelles de mesure (mesures réalisées à : Singapour, pays des Caraïbes et pays de
l‘Europe de l‘Est) marquées par des différences culturelles, qui peuvent atteindre la
pertinence de ces échelles de mesure lors de la reproduction dans le contexte algérien. Ce
résultat peut également être expliqué par une erreur de mesure lors de l‘opérationnalisation
des items issus des études antérieures, (Quazi et al., 2001 ; Núñez, 2008 ; Ivicic, 2010).
Société mère H15 : Le modèle de la régression logistique n‘a pas retenu l‘influence de la
variable société mère sur l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE. En d‘autres termes, le
coefficient de la variable INSTMER, représenté par l‘hypothèse H15, n‘est pas
statistiquement significatif. Il en résulte que suivre les pratiques de la société mère neconstitue
pas une différence significative dans la décision de l‘entreprise concernant l‘engagement dans
la RSE.
327
La faible significativité de cette variable dans notre terrain d‘investigation est probablement
dû à l‘échantillon utilisé dans notre recherche, qui est composé majoritairement des
entreprises algériennes avec un siège sociale de la société mère en Algérie.
Cela nous ramène vers une autre explication potentielle, qui est la taille de notre échantillon,
qui peut induire les résultats de notre étude en erreur.
Le type de l‘énoncé peut aussi être derrière ce résultat car l‘échelle de mesure a été
opérationnalisée principalement sur une étude réalisée sur les motivations d‘intégration des
démarches environnementales à Singapour (Quazi et al. 2001), ainsi que, sur les conclusions
de notre étude exploratoire.
Le secteur d’activité H16 : Contrairement à ce qui a été suggéré dans la littérature par Gray
et al.(1995) ; Clarke et Gibson-Sweet (1999) ; Hoffman (1999) ; McWilliams et Siegel
(2000) ; Bowen (2000); Line et al.(2002) ; Mahoney et Roberts (2007) concernant les
caractéristiques propres à l‘entreprise, notamment le secteur d‘activité (hypothèse 16), ce
dernier n‘influence pas l‘engagement de l‘entreprise dans la RSE. Autrement dit, il n'y a pas
de différences significatives dans la probabilité d‘intégrer la RSE, entre les secteurs d‘activité.
Par conséquent, l‘hypothèse H16 est rejetée.
Il en résulte que les neuf variables indépendantes avec des coefficients qui ne sont pas
statistiquement significatifs, n‘exercent aucune influence sur l‘engagement des entreprises
algériennes dans la RSE. Toutefois, l‘ensemble de ces hypothèses pourraient faire l‘objet
d‘approfondissement dans des recherches futures. Enfin, L‘explication des résultats de la
phase de l‘analyse des données, concernant les motivations d‘engagement des entreprises
dans la RSE a permis, de commenter les variables incluses dans le modèle de la régression
logistique, ainsi que celles exclues de ce modèle.
6.3.2.4.3 Les variables qui n‘ont pas été testées dans la recherche
Suite aux résultats de l‘enquête réalisée sur le terrain, les motivations « pression des médias et
pression des ONG », n‘ont pas actuellement leur place parmi le panel des motivations qui
poussent les entreprises algériennes à s‘engager dans la RSE. Toutefois, cette situation ne
cesse pas de changer, concernant :
328
Les médias qui depuis l‘annonce de l‘ouverture audiovisuelle dans le secteur privé par la loi
sur l‘audiovisuel soumise par le Gouvernement au Parlement lors de la session de
l‘Assemblée populaire nationale au mois d‘avril 201384, plusieurs chaînes de télévision
algériennes sont mises sur orbite, à l‘exemple de El-Djazaïria TV, Echourouk TV, Al
Magharibya TV, Dzshop TV, Jil TV. Les opérateurs privés se sont précipités pour ouvrir leurs
chaînes sans même attendre l‘ouverture officielle de l‘audiovisuel et la promulgation du texte
de la nouvelle loi, pour se lancer dans l‘aventure audiovisuelle.Le nombre de chaînes qui ont
ouvert depuis l‘année dernière dépasse, le nombre de chaînes ouvertes depuis plus de
cinquante ans. Aujourd‘hui, en Algérie chaque mois une nouvelle chaîne de télévision
apparaît sur le satellite, à l‘exemple des chaînes de télévision Ech-Chourouk, E-Nahar et El
Djazairia qui ont été autorisées, à leur demande, à ouvrir « provisoirement » des
représentations à Alger.
Dans ce sens, le Ministre de la Communication, M. Mohamed Saïd a affirmé que « le secteur
de la communication franchira, à l’aube de l’année 2014, une nouvelle étape dans le
processus de son développement avec l’ouverture du champ audiovisuel, décidée par le
président de la République »85. Ce nouveau mouvement de développement des médias
participera sans doute prochainement, à accroître l‘intensité de la pression des médias sur les
choix stratégiques des entreprises, notamment l‘engagement dans la RSE.
Les ONG, ne se développent pas forcément avec le même rythme que les médias en Algérie.
En dehors de quelques bureaux de représentants des ONG internationales, en Algérie il
n‘existe pas actuellement de masse d‘ONG. Dans un article de presse intitulé « Peut-on
réellement parler d'ONG en Algérie ? », l‘auteur à expliquer la faible présence des ONG en
Algérie à travers trois raisons : D‘abord, selon la Constitution algérienne et la loi 90 /31 du 31
décembre 1990, les associations ne peuvent exercer leurs activités en dehors du territoire
national sans se procurer une autorisation spécifique auprès des autorités publiques. Il en
ressort que, quel que soit leur nombre, ces ONG n'ont pas la liberté nécessaire pour exercer
leurs activités. Ensuite, la liberté des ONG, a un lien direct avec son financement. Ainsi, le 84 Djilali BENYOUB, 2013, « Le texte de loi a été endossé, hier, par le gouvernement, Ouverture de l‘audiovisuel», LIBERTE, jeudi, 04 Avril 2013, http://www.liberte-algerie.com/actualite/ouverture-de-l-audiovisuel-en-deca-des-engagements-le-texte-de-loi-a-ete-endosse-hier-par-le-gouvernement-197363. 85Idir Aït Meziane, 2009, « Peut-on réellement parler d'ONG en Algérie ? », Journal Djazairess, 07 - 02 – 2009, http://www.djazairess.com/fr/lemaghreb/1630.
329
manque de liberté des ONG algériennes, est lié essentiellement au mode de financement, qui
est basé sur les subventions et aides offertes par les autorités publiques. Enfin, l‘auteur
renvoie la faible présence des ONG en Algérie, à un manque de culture associative au sein de
la société algérienne. Toutefois, cet auteur ne manque pas de rappeler que la société
algérienne est dans une phase « d'apprentissage », en ce qui concerne les pratiques
associatives.
Aujourd‘hui, ce constat est en train d‘évoluer, notamment avec la signature des accords entre
le gouvernement et les ONG internationales à l‘exemple de l'accord86 qui a été signé le
25/06/2013, entre le gouvernement algérien représenté par , Monsieur Amara Benyounes le
Ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement du côté algérien, et
l‘Organisation Ecologiste non Gouvernementale R20, représentée par son président Arnold
Schwarzenegger, en présence du Premier Ministre Algérien, Abdelmalek Sellal. Cet accord,
pèsera surement sur les choix des entreprises algériennes concernant les pratiques
environnementales dans le futur.
86 Média Terranee, 2013, « un bureau pour l‘ONG R20 d‘Arnold Schwarzenegger », Journal de la Méditerranée, 26/06/2013,http://www. Mediat erranee.com UjsvmD__RSQmer, 26/06/2013.
330
Synthèse de la section 3
Cette section a présenté l‘analyse de la régression logistique ainsi que les résultats empiriques
de cette recherche. Notre modèle explique près de 76% de l‘engagement des entreprises dans
la RSE à travers six variables représentées par les valeurs idéalistes du chef d‘entreprise, les
avantages concurrentiels, les subventions étatiques, la crainte de la législation, la réduction
des coûts de production, ainsi que la taille de l‘entreprise. Cependant, il convient de signaler
que neuf variables n‘ont pas été retenues par notre modèle et par conséquent elles
n‘expliquent pas l‘engagement dans la RSE. Ce sont l‘âge du chef d‘entreprise, le niveau
d‘éducation, la carrière du chef d‘entreprise, les valeurs réalistes, le bien-être des employés, le
manque de moyens, les attentes des clients, le commerce international, la société mère et le
secteur d‘activité. Enfin, deux variables n‘ont pas été testées dans ce modèle à savoir la
pression des ONG et la pression des médias.
331
Figure 27 Récapitulatif des résultats de l’étude empirique
s de l’Etat
moyens
du dirigeant
Hypothèses acceptées
Hypothèses rejetées
332
Conclusion du chapitre 6
Dans ce chapitre, nous avons démontré empiriquement les liens entre les différentes variables
de notre modèle de recherche, en utilisant une analyse de régression logistique binaire, avec le
logiciel IBM SPSS.
Tout d‘abord, nous avons présenté un résumé des hypothèses qui constituent le modèle de
recherche utilisé pour définir les motivations d‘engagement dans la RSE, ainsi que la méthode
d‘estimation et d‘interprétation d‘un modèle de régression.
Ensuite, nous avons réalisé une étude descriptive, dans le but d‘analyser l‘échantillon de notre
recherche qui contient au total 94 entreprises. Cette analyse, nous a permis d‘avoir une vue
générale sur l‘ensemble de l‘échantillon et de mettre en avant les caractéristiques des deux
groupes d‘entreprises dont ceux qui se sont engagés dans la RSE et ceux qui ne sont pas
engagés.
Enfin, dans la dernière section de ce chapitre, nous avons présenté la régression logistique
binaire qui est : la méthode utilisée pour analyser les données, ainsi que les résultats de la
régression logistique finale sur les 17 variables indépendantes. Ces résultats ont confirmé que
le modèle retient six variables sur dix-sept, afin d‘expliquer l‘engagement des entreprises dans
la RSE. Ces variables sont : les valeurs idéalistes du chef d‘entreprise, les avantages
concurrentiels, les subventions étatiques, la crainte de la législation, la réduction des coûts de
production, et la taille de l‘entreprise. Or, le reste des variables ont été rejetées : le secteur
d‘activité, l‘âge du chef d‘entreprise, le niveau d‘éducation, la carrière, l‘expérience, les
valeurs réalistes, le bien-être des employés, le manque de moyens, les attentes des clients, les
barrières face au commerce international, et enfin suivre les pratiques de la société mère. Ce
rejet des hypothèses s‘explique en partie par l‘insuffisance du nombre d‘observations
collectées et/ou la non pertinence de la transposition des échelles de mesure anglo-saxonnes
dans le cas des entreprises algériennes. Pour finir ce travail de recherche, nous allons enfin
exposer les contributions de la recherche, théoriques, méthodologiques et managériales.
333
Conclusion de la partie 2
La deuxième partie de ce travail de recherche a été consacrée à confronter notre modèle de
recherche à la réalité de notre terrain d‘investigation, représenté par les entreprises qui
œuvrent dans le secteur industriel algérien. Cette partie a été structurée de la manière
suivante :
Un quatrième chapitre, qui a été consacré à la présentation de l‘état économique, social et
environnemental de l‘Algérie. Puis nous avons présenté les démarches des entreprises vers la
RSE. Ce chapitre a également été consacré à l‘explication des choix épistémologiques et
méthodologiques de la recherche et à la présentation des résultats de la phase exploratoire de
cette étude.
Un cinquième chapitre, a été consacré à l‘explication de notre étude quantitative, qui a
commencé d‘abord par, l‘opérationnalisation des variables explicatives, en se basant, d‘un
côté sur, des échelles de mesure largement utilisées et vérifiées dans la littérature, comme
l‘échelle deForsyth (1980). Et d‘un autre côté, sur des échelles de mesure qui ont été créées à
partir des études empiriques ultérieures et des résultats de l‘étude exploratoire. Par la suite,
nous avons présenté dans ce chapitre, la construction du questionnaire ainsi que l‘étape du
pré-test de ce dernier, dans le but de vérifier les problèmes dans la formulation des questions
et d‘éliminer le manque de clarté. Le cinquième chapitre s‘est terminé sur le contrôle de la
validité et la fiabilité des échelles de mesure utilisées pour mesurer les variables explicatives.
Dans le sixième et dernier chapitre, nous avons testé le modèle de recherche auprès de 94
entreprises qui œuvrent dans le secteur industriel algérien. Les résultats ont confirmé en partie
nos hypothèses à savoir que l‘engagement des entreprises dans la RSE est expliqué par les
valeurs idéalistes du chef d‘entreprise, la réduction des coûts de production, l‘anticipation sur
la législation, l‘avantage concurrentiel, la subvention de l‘Etat et la taille de l‘entreprise. En
revanche, les variables, âge, éducation, carrière et expérience du chef d‘entreprise, le
relativisme, le bien-être des employés, le manque de moyens, les des attentes des clients, le
commerce international, ainsi que la variable secteur d‘activité, ne semblent pas être
pertinentes pour expliquer l‘engagement des entreprises dans la RSE.
334
Conclusion générale et apports de la recherche
335
En raison des récents scandales éthiques, sociaux et environnementaux causés par les grandes
entreprises dans les quatre coins du globe désormais, les entreprises se préoccupent de plus en
plus de leur responsabilité sociale (Albaum et Peterson, 2006). Toutefois, la question qui se
pose est de savoir si cette attention portée au concept de la RSE, est née d‘une démarche
éthique qui tente d‘améliorer le contexte social et préserver l‘environnement, ou plutôt d‘une
pression qui pèse sur l‘entreprise et qui dicte ses choix stratégiques.
Dans ce sens, les chercheurs ont identifié des motivations traditionnelles pour l‘engagement
dans la RSE qui sont souvent présentées par la volonté de maximiser le profit
(Friedman,1972), ainsi que d‘autres motivations d‘engagement pour l‘entreprise dans la RSE,
à l‘instar du gain à long terme, l‘image de marque et la réputation (Boiral,2006).
Cependant, il existe une importante lacune au niveau de la littérature concernant l‘analyse des
motivations d‘engagement des entreprises dans la RSE, à savoir l‘analyse sur un seul niveau
(Margolis et Walsh, 2003 ; Waddock et al., 2002), même si les politiques et les actions dans
les entreprises sont influencées par les acteurs à tous les niveaux d‘analyse dans l‘entreprise
Tableau 11 la mesure retenue de la variable valeur idéaliste du dirigeant ............................. 233
Tableau 12 la mesure retenue de la variable valeur relativiste du dirigeant .......................... 234
Tableau 13 La mesure retenue de la variable âge du dirigeant .............................................. 235
Tableau 14 La mesure retenue de la variable éducation ........................................................ 236
Tableau 15 La mesure retenue de la variable carrière ............................................................ 236
Tableau 16 La mesure retenue de la variable expérience ....................................................... 237
Tableau 17 Les mesures de la variable réduction des coûts dans les études empiriques ....... 238
Tableau 18 Mesure retenue de la variable .............................................................................. 239
Tableau19 Les mesures de la variable bien-être des employés dans les études empiriques .. 241
Tableau 20 La mesure retenue de la variable bien-être des employés ................................... 242
Tableau 21 Les mesures de la variable manque de moyens dans la littérature ...................... 243
Tableau 22 La mesure retenue de la variable « manque de moyens » ................................... 245
Tableau 23 Les mesures de la variable législation dans les études empiriques ..................... 247
Tableau 24 La mesure retenue de la variable « législation » ................................................. 248
Tableau 25Les mesures de la variable avantage concurrentiel dans les études empiriques... 249
Tableau 26 La mesure retenue de la variable avantage concurrentiel .................................... 250
Tableau 27 Les mesures de la variable attentes des clients dans les études empiriques ........ 251
Tableau 28 La mesure retenue de la variable attentes des clients .......................................... 252
385
Tableau 29 Les mesures de la variable subvention dans les études empiriques .................... 253
Tableau 30 La mesure retenue de la variable subvention ...................................................... 254
Tableau 31 Les mesures de la variable commerce international dans les études empiriques 255
Tableau 32 La mesure retenue de la variable commerce international .................................. 256
Tableau 33 La mesure de la variable entreprise mère dans les études empiriques ................ 257
Tableau 34 La mesure retenue de la variable mère ................................................................ 258
Tableau 35 La mesures des variables de contrôle dans les études empiriques ...................... 259
Tableau 36 La mesure retenue de la variable taille de l‘entreprise ........................................ 260
Tableau 37 La mesure retenue de la variable secteur d‘activité............................................. 261
Tableau 38 Récapitulatif de l‘opérationnalisation des variables ............................................ 262
Tableau 39 Les différentes modifications apportées sur les échelles de mesure ................... 267
Tableau 40 La structure du questionnaire .............................................................................. 270
Tableau 41 Récapitulatif des questionnaires reçus ................................................................ 273
Tableau 42 Récapitulatif des items retenus pour mesurer les variables explicatives ............. 291
Tableau 43 Récapitulatif des hypothèses ............................................................................... 301
Tableau 44 La corrélation des variables explicatives ............................................................. 311
Tableau 45 Récapitulatif des traitements des observations .................................................... 312
Tableau 46 Tableau de classement (block 0 de départ) ......................................................... 312
Tableau 47 La significativité du modèle ................................................................................ 313
Tableau 48 Test de Hosmer-Lemeshow ................................................................................. 314
Tableau 49 Tests de spécification du modèle ......................................................................... 314
Tableau 50 Récapitulatif du modèle ....................................................................................... 315
Tableau 51 Tableau de classement ......................................................................................... 316
Tableau 52 Modèle final de la régression logistique .............................................................. 317
Tableau 53 Les hypothèses acceptées .................................................................................... 319
Tableau 54 Les hypothèses rejetées ....................................................................................... 319
386
Liste des figures Figure 1 Les trois dimensions du développement durable ....................................................... 18
Figure 2 Le modèle CED de la responsabilité sociale des entreprise ...................................... 25
Figure 3 Les quatre catégories de la responsabilité sociale (Carroll, 1979)............................. 27
Figure 4 Les parties prenantes désignées par Clarckson (1995) .............................................. 29
Figure 5 La pyramide de la responsabilité sociale Carroll, (1979) .......................................... 30
Figure 6 Processus d‘intégration de la RSE dans les pays émergents ..................................... 38
Figure 7 La typologie des parties prenantes de Mitchell et al (1997) ...................................... 53
Figure 8 Les quatre caractéristiques qui constituent la définition de la RSE ........................... 67
Figure 9 Les approches théoriques qui expliquent l‘engagement des entreprises dans la RSE80
Figure 10 Classement des motivations empiriques d‘engagement dans la RSE ...................... 97
Figure 11 Taxinomie des idéologies éthiques Forsyth, (1980) .............................................. 122
Figure 12 Les motivations d‘engagement dans la RSE au niveau individuel ........................ 130
Figure 13 Les motivations d‘engagement dans la RSE au niveau organisationnel................ 136
Figure 14 Les motivations d‘engagement dans la RSE au niveau institutionnel ................... 151
Figure 15 Le modèle conceptuel de recherche ....................................................................... 155
Figure 16 Les émissions de CO2 en Algérie (tonnes métriques par habitant) ....................... 171
Figure 17 Capacité de recyclage en Algérie en tonne par an ................................................. 173
Figure 18Coût de la dégradation environnementale sur PIB annuel de l‘Algérie.................. 174
Figure 19 : La relation entre le secteur industriel algérien et la RSE ..................................... 190
Figure 20 Le processus épistémologique dans la recherche................................................... 194
Figure 21 Les quatre démarches de recherche ....................................................................... 206
Figure 22 Le design de la recherche adopté ........................................................................... 207
Figure 23 Les efforts réalisés dans le Cadre du contrat de performance ............................... 216
Figure 24 Le modèle récapitulatif des motivations d‘engagement des entreprises du secteur
indusriel algérien dans la RSE. .............................................................................................. 217
Figure 25 La construction, du pré-test et la validation du questionnaire ............................... 268
Figure 26 Le modèle validé de la recherche .......................................................................... 320
Figure 27 Récapitulatif des résultats de l‘étude empirique .................................................... 331
387
Table des matières Introduction générale………………………………………..……………………………………..….2
Objet de la recherche…………………………………………………………………………….…...…6
Objectifs et intérêts de la recherche……………………………………………………………………..8
Structure de la recherche…………………………………………………………………….…………11
Partie 1. Analyse théorique des motivations d’engagement dans la responsabilité sociale des entreprises et modèle conceptuel de recherche………………………………………………..…....13
Introduction de la partie 1............................................................... ………....................................….14
1 Chapitre 1. La responsabilité sociale historique, émergence et définitions .................................. 15
1.1 Section 1.1. Genèse et développement de la RSE ................................................................. 16
1.1.1 Le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises ......................... 17
1.1.2 L‘evolution du concept de la responsabilité sociale à travers l‘histoire ........................ 20
1.1.2.1 La RSE dans les années cinquante ............................................................................ 20
1.1.2.2 La RSE dans les années soixante .............................................................................. 21
1.1.2.3 La RSE dans les années soixante-dix ........................................................................ 23
1.1.2.4 La RSE dans les années quatre-vingt ........................................................................ 27
1.1.2.5 La RSE dans les années quatre-vingt-dix .................................................................. 29
1.1.2.6 La RSE dans les années deux mille........................................................................... 31
1.1.3 La responsabilité sociale : émergence et développement dans les différents continents33
1.1.3.1 L‘émergence de la RSE en Amérique ....................................................................... 33
1.1.3.2 L'émergence de la RSE en Europe ............................................................................ 35
1.1.3.3 L‘émergence de la RSE en Asie ............................................................................... 38
1.1.3.4 L‘émergence de la RSE en Afrique .......................................................................... 39
1.1.4 Le cadre juridique de la responsabilité sociale .............................................................. 42
1.2 Section1.2. La responsabilité sociale des entreprises sous l‘éclairage de la théorie .............. 48
1.2.1 Le cadre théorique ........................................................................................................ 49
1.2.1.1 Les théories économiques libérales ........................................................................... 49
1.2.1.2 La théorie de l‘agence ............................................................................................... 50
1.2.1.3 La théorie du contrat social ....................................................................................... 51
1.2.1.4 La théorie des parties prenantes ................................................................................ 51
1.2.1.5 La théorie de la dépendance à l'égard des ressources ................................................ 53
1.2.1.6 Les théories néo-institutionnelles de la légitimité ..................................................... 53
1.2.1.7 La théorie du leadership stratégique ......................................................................... 54
2 Chapitre 2.L‘engagement des entreprises dans la responsabilité sociale ...................................... 70
2.1 Section 2.1.Fondement théorique des motivations d‘engagement dans la responsabilité sociale 71
2.1.1 Le premier groupe de théories : les théories instrumentales .......................................... 72
2.1.2 Le deuxième groupe d‘approches théoriques : les théories politiques........................... 73
2.1.3 Le troisième groupe d‘approches théoriques : les théories intégratives. ....................... 75
2.1.4 Le quatrième groupe d‘approches théoriques : les théories éthiques ............................ 77
2.2 Section 2.2. Les motivations d‘engagement dans la RSE au niveau de la littérature managériale ...................................................................................................................................... 82
2.2.1 Les motivations instrumentales d‘engagement dans la RSE ......................................... 83
2.2.1.1 Réaliser des économies (des bénéfices financiers) .................................................... 83
2.2.1.2 Réduire les coûts de production ................................................................................ 84
2.2.1.3 Améliorer la qualité du recrutement ......................................................................... 84
2.2.1.4 Un outil de marketing ............................................................................................... 85
2.2.1.5 Les subventions de l‘Etat .......................................................................................... 85
2.2.1.6 La licence d'exploitation ........................................................................................... 85
2.2.1.7 Les obstacles du commerce international .................................................................. 86
2.2.1.8 L‘acquisition des avantages concurrentiels ............................................................... 86
2.2.2 Les motivations politiques d‘engagement dans la RSE ................................................. 87
2.2.2.1 Le devoir moral de l‘entreprise ................................................................................. 87
2.2.2.2 Le bien-être social..................................................................................................... 88
2.2.2.3 Le bien-être des employés (santé et sécurité dans le travail) ..................................... 88
2.2.3 Les motivations intégratives d‘engagement dans la RSE .............................................. 89
2.2.3.1 Une réponse aux attentes de la clientèle (consommateurs) ....................................... 89
2.2.3.2 L‘influence des Organisations Non Gouvernementales ............................................ 90
2.2.3.3 La pression des organismes internationaux ............................................................... 91
2.2.3.4 La crainte des réglementations .................................................................................. 91
389
2.2.3.5 L‘améliorationde la légitimité, de l‘image et de la réputation ................................... 92
2.2.3.6 Les pratiques de la société mère (la direction générale) ............................................ 93
2.2.4 Les motivations éthiques d‘engagement dans la RSE ................................................... 94
2.2.4.1 L‘éthique individuelle et les valeurs des dirigeants................................................... 94
2.2.5 Les motivations des caractéristiques de l‘entreprise ..................................................... 95
2.2.5.1 La taille et l‘internationalisation de l‘entreprise ........................................................ 95
2.2.5.2 Le secteur deproduction ............................................................................................ 95
2.2.5.3 La situation financière de la Société ......................................................................... 96
3 Chapitre 3. Construction d‘un modèle explicatif des motivations d‘engagement dans la responsabilité sociale.......................................................................................................................... 101
3.1 Section 3.1. Les tentatives de classement des motivations d‘engagement dans la responsabilité sociale (exemple des modèles multi-niveaux) ......................................................... 103
3.1.1 Le modèle fondateur du Bansal et Roth (2000) .......................................................... 104
3.1.1.1 La législation et la légitimité ................................................................................... 104
3.1.1.2 La pression des parties prenantes ............................................................................ 104
3.1.1.3 Les opportunités économiques ................................................................................ 105
3.1.1.4 Les motivations éthiques ........................................................................................ 105
3.1.2 Le modèle d‘Aguilera, Rupp, Williams, et Ganapathi (2007) ..................................... 106
3.1.2.1 Les motivations instrumentales ............................................................................... 107
3.1.2.2 Les motivations relationnelles ................................................................................ 108
Introduction de la partie 2............................................................... ………....................................….161 4 Chapitre 4. Contexte de la recherche, choix méthodologiques et résultats de l‘enquête exploratoire ........................................................................................................................................ 162
4.1 Section 4.1. Le contexte de la recherche ............................................................................. 163
4.1.1 L‘état socioéconomique de l‘Algérie .......................................................................... 164
4.1.1.1 La démographie algérienne ..................................................................................... 164
4.1.1.3.3 Les Déchets : .................................................................................................... 172
391
4.1.2 La responsabilité sociale des entreprises en Algérie ................................................... 175
4.1.2.1 La préservation de l‘environnement et la responsabilité sociale ............................. 176
4.1.2.2 Les institutions et la législation environnementale en Algérie ................................ 178
4.1.2.2.1 Droit algérien de l‘environnement .................................................................... 178
4.1.2.2.2 Les sanctions prévues par la loi algérienne ....................................................... 180
4.1.2.2.2.1 Des sanctions relatives à la protection de la diversité biologique .............. 180
4.1.2.2.2.2 Des sanctions relatives à la protection de l'air et de l'atmosphère .............. 181
4.1.2.2.2.3 Des sanctions relatives à la protection de l'eau et des milieux aquatiques .. 181
4.1.2.2.2.4 Des sanctions relatives à la protection contre les nuisances ....................... 182
4.1.2.2.2.5 Des sanctions relatives à la protection du cadre de vie .............................. 182
4.1.2.2.3 Institutions et programmes algériens ................................................................ 183
4.1.2.3 Le Contrat de Performance Environnementale, un engagement dans la responsabilité sociale pour les entreprises algériennes .................................................................................. 185
4.1.2.3.1 Le Contrat de Performance Environnementale ................................................. 185
4.1.2.3.2 Les entreprises qui ont signé les contrats de performance environnementale ... 187
4.1.2.4 Pourquoi l‘Algérie et pourquoi le secteur industriel ? ............................................. 189
4.2 Section 4.2. Les choix épistémologiques et méthodologiques de la recherche ................... 192
4.2.1 Le positionnement épistémologique de la recherche ................................................... 193
4.2.1.1 Définition de l'épistémologie .................................................................................. 194
4.2.1.2 Le paradigme positiviste ......................................................................................... 195
4.2.1.3 Le paradigme Interprétativiste ................................................................................ 196
4.2.1.4 Le paradigme constructiviste .................................................................................. 198
4.2.2 La méthodologie de recherche .................................................................................... 200
5.1.2.2 L‘opérationnalisation des variables organisationnelles ........................................... 237
5.1.2.2.1 La mesure de la variable « réduction des coûts » .............................................. 238
5.1.2.2.2 La mesure de la variable « bien-être des employés » ........................................ 240
5.1.2.2.3 La mesure de la variable « manque de moyens » .............................................. 243
5.1.2.3 L‘opérationnalisation des variables institutionnelles (externes à l‘entreprise) ........ 245
5.1.2.3.1 La mesure de la variable « législation » ............................................................ 246
5.1.2.3.2 La mesure de la variable « avantage concurrentiel »......................................... 248
5.1.2.3.3 La mesure de la variable « attentes des clients » ............................................... 250
5.1.2.3.4 La mesure de la variable « subvention » ........................................................... 252
5.1.2.3.5 La mesure de la variable « commerce international » ....................................... 254
5.1.2.3.6 La mesure de la variable « Société Mère » ....................................................... 256
5.1.2.4 L‘opérationnalisation des variables de contrôle ...................................................... 258
5.1.2.4.1 La taille de l‘entreprise ..................................................................................... 259
5.1.2.4.2 Le secteur d‘activité .......................................................................................... 260
5.2 Section 5.2. La mise en œuvre du questionnaire et la collecte des données ........................ 264
5.2.1 Le pré-test du questionnaire ........................................................................................ 264
5.2.2 Nouveau design du questionnaire ............................................................................... 269
5.2.3 L‘administration du questionnaire .............................................................................. 271
5.2.4 Le protocole d‘administration ..................................................................................... 272
5.3 Section 5.3. L‘évaluation de la qualité et de la validité des échelles de mesure .................. 276
393
5.3.1 Analyse des données collectées .................................................................................. 276
5.3.2 Validité d‘instrument de mesure ................................................................................. 277
5.3.3 La fiabilité de l'instrument de mesure ......................................................................... 278
5.3.3.1 Définition du coefficient alpha de Cronbach .......................................................... 279
5.3.3.2 L'utilisation de l'alpha de Cronbach ........................................................................ 280
5.3.3.3 La valeur acceptable d‘alpha de Cronbach.............................................................. 280
5.3.4 Évaluer la fiabilité et la validité de nos échelles de mesure ........................................ 281
5.3.4.1 Validité et fiabilité des échelles de mesure des variables explicatives .................... 282
5.3.4.1.1 Validité et fiabilité des échelles de mesure de la variable valeur du chef d‘entreprise l‘idéalisme (INDIDIA) ................................................................................... 282
5.3.4.1.2 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable valeur du chef d‘entreprise le relativisme (INDRELA) .............................................................................. 283
1.1.1.1 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure des variables organisationnelles ........... 284
5.3.4.1.3 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable réduction des coûts .. 284
5.3.4.1.4 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable bien-être des employés 285
5.3.4.1.5 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable manque de moyens .. 285
5.3.4.2 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure des variables institutionnelles .............. 286
5.3.4.2.1 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable législation ................ 286
5.3.4.2.2 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable avantages concurrentiels 287
5.3.4.2.3 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable attentes des clients ... 288
5.3.4.2.4 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable subvention ............... 288
5.3.4.2.5 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable commerce international 289
5.3.4.2.6 Validité et fiabilité de l‘échelle de mesure de la variable société mère ............. 290
Liste des tableaux ............................................................................................................................... 384
Liste des figures ................................................................................................................................. 386
Table des matières .............................................................................................................................. 387
Annexe n° 1. Le contrat de performance environnementale
398
399
400
401
402
403
Annexe n° 2. Questionnaire QUESTIONNAIRE
Lettre d’accompagnement du questionnaire :
Badreddine TALEB Doctorant à l‘université d‘Aix-Marseille Adresse : 2 Rue Boumasla Amar, Annaba Mail : [email protected] Téléphone : 0774 83 59 76 Fax : 038 83 68 96 Madame, Monsieur, J‘ai l‘honneur de solliciter votre collaboration dans le cadre d‘une thèse de doctorat en sciences gestion, préparée à l‘université d‘Aix-Marseille II. Ce travail est dirigé par Madame Sylvie AVIGNON, maitre de conférences à l‘université d‘Aix Marseille II, ainsi que Madame Dominique BONET, professeur à l‘université d‘Aix marseille. Dans cette thèse, j‘étudie la relation entre l‘entreprise et l‘environnement, plus exactement la responsabilité sociale des entreprises et ses motivations au niveau des entreprises Algérienne. Ce questionnaire aborde les différentes motivations qui poussent les dirigeants à intégrer les notions du développement durable et la responsabilité sociétale et environnementale dans la gestion des entreprises. Je vous demande de bien vouloir accepter de répondre à ce questionnaire. Je tiens aussi à vous informer que les réponses au questionnaire joint sont protégées par la règle de confidentialité, et seul le traitement global des informations est susceptible de publication dans un cadre académique. L‘anonymat des réponses est ainsi correctement assuré. Je vous remercie d‘avance pour votre coopération et vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l‘expression de mes sentiments distingués.
Auteur Directeurs de thèse Directeur de recherche
Badreddine Taleb Sylvie Avignon
Doctorant à l‘université Maitre de conférences à l‘université
12. Votre entreprise est-elle certifiée ISO 14001 ?
Oui □ Non □
13. Votre entreprise est-elle certifiée ISO 9001 ?
Oui □ Non □
14. votre entreprise a-t-elle signé un contrat de performance environnementale (CPE) ?
Oui □ Non □
Si vous avez signé le contrat de performance environnementale, continuer à remplir les parties 2, 3 et 4 du questionnaire, si non merci d’avoir pris le temps pour remplir cette partie du questionnaire. Partie 2 15. Dans cette partie du questionnaire, vous lisez quelques déclarations qui touchent à vos valeurs personnelles, et votre idéologie éthique en particulier. Il est important d'exprimer votre sens personnel. Par conséquent, ne répondez pas à partir de votre position en tant que chef de la direction, mais à partir de votre point de vue personnel.
Indiquer dans quelle mesure vous êtes d‘accord avec les affirmations ci-dessous, en appliquant une échelle de Likert de 5points, allant de Pas du tout d‘accord, jusqu‘à Tout à fait d‘accord.
1 2 3 4 5
Pas du tout d'accord
Pas d'accord Ni en désaccord ni d'accord
D'accord Tout à fait d'accord
Pas du tout d’accord / Tout à fait d’accord
1 2 3 4 5
1
Les gens doivent s'assurer que leurs actions ne nuisent pas intentionnellement à autrui, même à un faible degré.
2
Les risques aux autres ne doivent jamais être tolérés, quelles que soient leurs natures
3 On ne doit jamais nuire à autrui psychiquement ou physiquement.
4 On ne doit pas effectuer une action qui pourrait menacer la dignité et d'une autre personne.
5 Si une action pourrait nuire à un autre innocent, elle ne doit pas être faite.
6 Il n'est jamais nécessaire de sacrifier le bien-être des autres.
7 Les actions morales sont celles qui correspondent étroitement aux idéaux de la plupart des personnes.
406
Pas du tout d’accord / Tout à fait d’accord
1 2 3 4 5
1 Il n'y a aucun principe éthique qui est si important qu'il devrait faire partie de n'importe quel code de déontologie.
2 Ce qui est éthique varie d'une situation à une autre et d‘une société à un autre.
3 Les normes morales doivent être considérées comme personnels, ce qui est considéré morale par une personne peut être jugé immoral par une autre.
4 Les différents types de morales ne peuvent pas être comparés à «justesse».
5 Les questions de ce qui est éthique pour tout le monde ne pourront jamais être résolues, puisque ce qui est moral ou immoral, revient à l'individu.
6 Aucune règle au sujet du mensonge ne peut être formulée ; qu'un mensonge soit permis ou pas dépend totalement de la situation.
7 Juger un mensonge, moral ou immoral dépend des circonstances entourant l'action.
Partie 3 16. La troisième partie traite vos perceptions sur les motivations internes, qui expliquent la signature des entreprises du contrat de performance environnementale. Il est important d'exprimer votre vision de directeur d‘entreprise. Par conséquent, répondez à partir de votre position comme chef d‘entreprise et premier décideur. Indiquer dans quelle mesure vous êtes d‘accord avec les affirmations ci-dessous, en appliquant une échelle de Likert de 5points, allant de Pas du tout d‘accord, jusqu‘à Tout à fait d‘accord. Pas du tout d’accord / Tout à fait d’accord
1 2 3 4 5
1 L‘entreprise est motivée par la réduction de la consommation des énergies et des rejets des déchets.
2 L‘entreprise est motivée par la réduction des coûts liés aux risques opérationnels.
3 L‘entreprise est motivée par augmentation de la productivité et de la rentabilité.
4 L‘entreprise est motivée par l'amélioration des mesures de la protection de la santé des employés dans le travail (gaz chimiques, vapeur, poussières, fumées, odeurs, nuisances etc).
5 L‘entreprise est motivée par l‘amélioration de l‘environnement, la sécurité et l‘hygiène sur les sites de productions.
6 L‘entreprise est motivée par l‘amélioration des heures de travail, afin de concilié le travail et la vie privé des employés.
7 L‘entreprise est freinée par le manque des moyens financiers 8 L‘entreprise est freinée par le manque des employés compétant
9 L‘entreprise est freinée par le manque d‘intérêt pour cette question
407
Partie 4
17. La quatrième partie traite vos perceptions sur les motivations externes, qui expliquent la signature des
entreprises du contrat de performance environnementale. Il est important d'exprimer votre vision de directeur
d‘entreprise. Par conséquent, répondez à partir de votre position comme chef et premier décideur d‘entreprise.
Pas du tout d’accord / Tout à fait d’accord
1 2 3 4 5
1 L‘entreprise est motivée par la conformité à la législation et loi en vigueur
2 L‘entreprise est motivée par la diminution du risque pénal pour non-respect de la réglementation
3 L‘entreprise est motivée par la crainte des avertissements des autorités réglementaires
4 L‘entreprise est motivée par l‘anticipation sur la nouvelle législation
5 L‘entreprise est motivée par l‘amélioration de son image et sa réputation
6 L‘entreprise est motivée par le fait que les concurrents se sont engagés dans la responsabilité sociétale.
7 L‘entreprise est motivée par la facilité dans le recrutement des nouveaux personnels, tout en gardant ces employés talentueux.
8 L‘entreprise est motivée par le positionnement dans l'esprit des clients par rapport à ses concurrents.
9 L‘entreprise est motivée par la création d‘un produit qui prend en considération la préoccupation des clients.
10 L‘entreprise est motivée par l‘augmentation de la fidélité de ses clients.
11 L‘entreprise est motivée par l‘amélioration de la sensibilité des clients envers la protection de l‘environnement.
12 L‘entreprise est motivée l‘accès aux crédits et subvention financière proposé par l‘état
13 L‘entreprise est motivée par l‘accès aux conseils des professionnels.
14 L‘entreprise est motivée par le parrainage de l‘état afin d‘accéder aux événements comme les foires, les expositions, etc.
15 L‘entreprise est motivée par l‘amélioration d‘accès aux marchés nationaux et internationaux.
16 L‘entreprise est motivée par la participation à des nouveaux réseaux d'affaires qui exigent la responsabilité sociétale.
17 L‘entreprise est motivée par le dépassement des obstacles créés par les gouvernements des pays de destination.
18 L‘entreprise est motivée par la pratique des mêmes politiques sociaux et environnementaux appliqué dans l‘entreprise mère (siège social).
19 L‘entreprise est motivée par la réalisation des objectifs sociaux et environnementaux tracés par l‘entreprise mère.
408
Merci d’avoir pris le temps de remplir ce questionnaire Nous vous remercions de nous avoir fourni des éléments d‘information sur les activités environnementales menées au niveau de votre établissement ou de votre entreprise. Les principaux résultats et les rapports tirés de cette enquête feront l‘objet de publications dans des revues de recherche nationales et internationales. Si vous avez des commentaires à formuler au sujet des questions abordées dans ce questionnaire, n‘hésitez pas à nous en faire part ci-dessous : Nous vous remercions encore une fois pour votre collaboration.
Adresse en Algérie : 2 rue Boumasla Amar, Annaba, 23000
Téléphone en Algérie : 0661835406
Fax : 038 83 68 96
Adresse en France : 31, Avenue Jules Ferry, cité U les Gazelles, Aix en Provence 13621
Téléphone en France : 0033615152577
409
Annexe n° 3. Mesures de la validité et fiabilité de la variable idéalisme Annexe 3.1 Tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 171,324 ddl = 41 P < 0,000
0.775
Annexe 3.2 la variance totale expliquée après l’ACP
Annexe 3.3 test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
INDIDIA ,896 6
Variance totale expliquée Composante
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
7 ,062 1,041 100,000 Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales
410
Annexe n° 4. Mesures de la validité et fiabilité de la variable relativisme Annexe 4.1tests de KMO et de Bartlett préalables à la factorisation des données Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 198,614 ddl = 58 P < 0,000
0,782
Annexe 4.2 la variance totale expliquée après l’ACP
Annexe 4.3 Test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
INDRELA 0,873 6
Variance totale expliquée Composante
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales
411
Annexe n°5. Mesures de la validité et fiabilité de la variable réduction des couts Annexe 5.1 Tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 70,231 ddl = 9 P < 0,000
0,716
Annexe 5.2 la variance totale expliquée
Annexe 5.3 Test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
ORGREDU 0,698 3
Annexe n° 6. Mesures de la validité et fiabilité de la variable bien être des employés Annexe 6.1 tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 49,324 ddl = 7 P < 0,000
0,671
Variance totale expliquée Composante
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Total
% de la variance
% cumulés Total
% de la variance
% cumulés
1 1,752 76,782 76,782 1,752 76,782 76,782 2 ,529 23,218 100,000 Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales
413
Annexe 6.5 Test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
ORGBIEN 0,728 2
Annexe n° 7. Mesures de la validité et fiabilité de la variable manque des moyens Annexe 7.1 Tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 58,571 ddl = 36 P < 0,000
0,684
Annexe 7.2 La variance totale expliquée
Annexe 7.3 Test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
ORGMANQ 0,773 3
Variance totale expliquée Composante
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Annexe n° 8. Mesures de la validité et fiabilité de la variable législation Annexe 8.1 Tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 55,867 ddl = 5P < 0,000
0,692
Annexe 8.2 la variance totale expliquée
Annexe 8.3 la qualité de représentation des items Qualité de représentation
Annexe 8.4 la variance totale expliqué après deuxième ACP
Annexe 8.5 Test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
INSTLEG 0,689 3
Annexe n° 9. Mesures de la validité et fiabilité de la variable avantages concurrentiels Annexe 9.1 Tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 35,826 ddl = 8P < 0,000
0,728
Variance totale expliquée Composante
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Annexe 9.3 Test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
INSTAV 0,707 3
Annexe n° 10. Mesures de la validité et fiabilité de la variableattentes des clients Annexe 10.1 Tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 32,574 ddl = 7P < 0,000
0,712
Variance totale expliquée Composante
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Annexe 10.3 Test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
INSTAT 0,692 3
Annexe n° 11. Mesures de la validité et fiabilité de la variable subvention Annexe 11.1 Tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 29,417 ddl = 5 P < 0,000
0,594
Variance totale expliquée Composante
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Total
% de la variance
% cumulés Total
% de la variance
% cumulés
1 1,876 76,849 76,849 1,876 76,849 76,849 2 ,565 23,151 100,000 Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales
419
Annexe n° 12. Mesures de la validité et fiabilité de la variable commerce international Annexe 12.1 Tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 26,417 ddl = 4P < 0,000
0,572
Annexe 12.2 la variance totale expliquée
Annexe 12.3 la qualité de représentation des items Qualité de représentation
Initial Extraction INSTCOM1 1,000 ,762 INSTCOM2 1,000 ,594 INSTCOM3 1,000 ,082 Annexe 12.4 la variance totale expliqué après deuxième ACP
Variance totale expliquée Composante
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Total
% de la variance
% cumulés Total
% de la variance
% cumulés
1 1,703 74,214 74,214 1,703 74,214 74,214 2 ,591 25,786 100,000 Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales
420
Annexe 12.5 Test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
INSTCOM 0,771 2
Annexe 13 Mesures de la validité et fiabilité de la variable entreprise mère Annexe 13.1 Tests de KMO et de Bartlett Sphéricité de Bartlett KMO Khi2 = 56,201 ddl = 4P < 0,000
0,672
Annexe 13.2 la variance totale expliquée
Annexe 13.3 Test de fiabilité (Alpha de Cronbach) Test de fiabilité variable Alpha de Cronbach
Nombre d'éléments
INSTAT 0,713 3
Variance totale expliquée Composante
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Temps écoulé 00:00:00,11 [Ensemble_de_données3] D:\Documents and Settings\BADRI\Bureau\fichiers de ma thèse&1111\1n\résultat etude pratique1195.sav
422
Récapitulatif de traitement des observations Observations non pondéréesa N Pourcentage
Observations sélectionnées
Inclus dans l'analyse 89 94,7 Observations manquantes
5 5,3
Total 94 100,0 Observations exclues 0 ,0 Total 94 100,0 a. Si la pondération est activée, reportez-vous au tableau de classement pour connaître le nombre total d'observations.
Codage de variable dépendante
Valeur d'origine Valeur interne pas d engagement 0 engagement 1 Bloc 0 : bloc de départ
Tableau de classementa,b
Observations Prévisions engagement dans les contrat de performance environnementale
pas d engagement engagement
Etape 0
engagement dans les contrat de performance environnementale
pas d engagement 53 0
Engagement 36 0
Pourcentage global
423
Variables hors de l'équation
Score ddl Sig.
Etape 0Variables
SECTEUR 1,748 1 ,186
INDAGE ,001 1 ,973
TAILLE 5,177 1 ,023
INDEDUC ,002 1 ,962
INDCARR ,113 1 ,736
INDRELA ,123 1 ,726
INDIDEAL 17,664 1 ,000
ORGCOUT 11,145 1 ,001
ORGBIEN 3,824 1 ,051
ORGMANQ 2,391 1 ,122
INSTLEG 10,293 1 ,001
INSTAVA 1,274 1 ,259
INSTATT ,017 1 ,895
INSTSUB 15,886 1 ,000
INSTCOM ,074 1 ,786
INSTMER ,756 1 ,385
INDEXP ,701 1 ,403
Statistiques globales 49,699 17 ,000
Block 1 : Méthode = Entrée
Tableau de classementa,b Observations Prévisions
Pourcentage correct
Etape 0
engagement dans les contrats de performance environnementale
pas d engagement 100,0
engagement ,0
Pourcentage global 59,6
a. La constante est incluse dans le modèle. b. La valeur de césure est ,500
Variables dans l'équation A E.S. Wald ddl Sig. Exp(B) Etape 0 Constante -,387 ,216 3,207 1 ,073 ,679
424
Tests de spécification du modèle
Khi-Chi-deux
Ddl Sig.
Etape 1 Etape 73,577 17 ,000 Bloc 73,577 17 ,000 Modèle 73,577 17 ,000
Récapitulatif des modèles
Etape -2log-vraisemblance
R-deux de Cox & Snell
R-deux de Nagelkerke
1 46,536a ,563 ,759
a. L'estimation a été interrompue au numéro d'itération 8 parce
que les estimations de paramètres ont changé de moins de ,001.
Test de Hosmer-Lemeshow
Etape Khi-Chi-deux
ddl Sig.
1 6,565 8 ,584
Tableau de contingence pour le test de Hosmer-Lemeshow
Step number: 1 Observed Groups and Predicted Probabilities 20 + + I I Ip I F Ip I R 15 +p + E Ip I Q Ip I U Ip I E 10 +p e+ N Ip eI C Ip eI Y Ip eI 5 +p e+ Ipp eI Ippp ppp pp p p p p e e e eee eeI Ippp ppppp pppepe p ep p p e e p p e eee e eep e ee p peee eeI Predicted ---------+---------+---------+---------+---------+---------+---------+---------+---------+---------- Prob: 0 ,1 ,2 ,3 ,4 ,5 ,6 ,7 ,8 ,9 1 Group: ppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee Predicted Probability is of Membership for engagement The Cut Value is ,50 Symbols: p - pas d engagement e - engagement Each Symbol Represents 1,25 Cases. SAVE OUTFILE='D:\Documents and Settings\BADRI\Bureau\fichiers de ma thèse&1111\1n\résultat etude '+ 'pratique11195.sav' /COMPRESSED. DATASET ACTIVATE Ensemble_de_données4. DATASET CLOSE Ensemble_de_données3.
Résumé
Les objectifs des entreprises n’ont pas cessé d’évoluer. Traditionnellement, la maximisation du profit a été considérée comme l’objectif ultime de l’activité de toute entreprise. Aujourd’hui, les managers déclinent plusieurs autres objectifs comme le profit à long terme plutôt qu'à court terme, l’image de marque, ou encore le respect de l’environnement (Boiral, 2006). Ainsi, pour identifier les motivations d’engagement des entreprises dans la responsabilité sociale (RSE) nous avons mobilisé, l’ensemble de la revue de littérature sur le sujet, en se basant sur le cadre d’analyse multi-niveaux identifié par Wood (1991). Cette étude nous a permis de mettre en place un modèle de recherche sur trois niveaux qui explique les motivations d’engagement des entreprises dans la RSE. Ce modèle de recherche a été testé sur 94 entreprises qui œuvrent dans le secteur industriel Algérien. Les résultats ont confirmé en partie nos hypothèses. Par conséquent, l’engagement volontaire des entreprises dans la RSE s’explique par : les valeurs idéalistes du chef d’entreprise, la réduction des coûts de production, l’anticipation sur la législation, l’avantage concurrentiel, la subvention de l’état et à la taille de l’entreprise.
Mots clés : responsabilité sociale des entreprises, motivations d’engagement volontaires, analyse multi-niveaux, régression logistique, industries algériennes.
Abstract
The objectives of the compagnies have not stopped evolving. Traditionally profit maximization was considered as the ultimate goal of any business activity. Today, managers declined several alternative objectives such as long term profit rather than short one, brand, or respect for the environment, Boiral (2006). Thus, to identify the corporate commitments motivations into the social responsibility (CSR), we investigated all literature on the subject, based on the analysis of multi- level framework identified by Wood (1991). This study has allowed us to establish a research model on three levels, which explains the motivations of corporate commitments to CSR. This research model has been tested on 94 companies operating in the Algerian industrial sector. The results partly confirmed our hypotheses. Therefore, the compagnies voluntary commitment in CSR is explained by the idealistic values of the entrepreneur, the reduction of production costs, the anticipation of the legislation, competitive advantage, the state subsidy and the company size.
Keywords: corporate social responsibility, motivation of voluntary commitments, multilevel analysis, logistic regression, Algerian industries.