1 Anaïs RAMBAUD Université Sorbonne Nouvelle Paris III Mémoire de fin d’études Les festivals et Internet : des stratégies de communication aux traitements médiatiques Master II Journalisme culturel Directeurs : Gérôme Guibert Année 2013/2014 Jean-Yves Leloup
112
Embed
Les festivals et Internet : des stratégies de ... locale mais aussi nationale, suivant leurs renommées. Un traitement médiatique saisonnier Évènement musical - parfois expérience
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
1
Anaïs RAMBAUD Université Sorbonne Nouvelle Paris III
Mémoire de fin d’études
Les festivals et Internet : des stratégies de communication aux
traitements médiatiques
Master II Journalisme culturel Directeurs : Gérôme Guibert
Année 2013/2014 Jean-Yves Leloup
2
« Mais qu'est ce que la culture après tout, sinon une série
donc être réunies (répondant aux « 5W », à savoir where? Who? What? When?
Why?), afin de renseigner au mieux le public. L'article s'adresse à un lectorat large,
l'angle d'une annonce est assez classique. Le papier est ponctué de chiffres, rappelle
les éditions précédentes du festival et peut mettre en avant quelques citations des
organisateurs. Une interview d'artistes du line-up du festival, réalisée en amont par
les journalistes, peut également faire office d'article d'annonce.
Site spécialisé, culture ou musique
117
Ce jeudi 24 avril, on va jouer le même soir que Fauve et Détroit, par Cheveu, article publié sur
l’Huffington Post, le 19 avril 2014
60
Une rédaction de sites culturels comme Les Inrocks, Télérama, MusicActu, Evene
ou encore Tsugi, annonce un festival de manière plus succincte que les live-reports
ou les bilans, mettant en avant les artistes coups de cœur à ne pas manquer. Toute-
fois, le papier est porté par un angle clair. Ainsi, l'article ne livrera pas exhaustive-
ment tout ce qu'il y a à savoir sur le festival. Le ton et la position par rapport à
l'événement sont également notables : dès l'annonce du festival, le lecteur est ca-
pable de déterminer si la rédaction est emballée par la programmation, ou non.
Site d'actualité nationale
Pour des sites comme Lemonde.fr, tempsreel.nouvelobs.com, ou encore lefigaro.fr,
les papiers d'annonce de festivals ne sont pas courants. D'ailleurs, l'absence d'ar-
ticles en amont du festival ne suffira pas à les discréditer auprès des attachés de
presse. Les rédactions seront davantage intéressées par les bilans festivaliers, traités
avec la plume du live-report. Toutefois, dans le cas où le festival est annoncé, il se-
ra traité sous un angle précis. Par exemple, le Nouvel Obs a écrit un texte à puces
pour expliquer le succès du Hellfest, vulgarisant le concept du festival pour parler à
la majorité de ses lecteurs. Aussi, si le festival fait preuve de nouveautés imman-
quables ou d'événements majeurs pour sa prochaine édition, le titre peut prendre la
liberté de faire un papier en mettant en contexte l'événement, et abordant son passé
mais aussi son futur. Par exemple, en début d'année 2014, soit quatre mois avant la
38è édition du festival, lemonde.fr a de nombreuses fois abordé le rachat du Prin-
temps de Bourges par C2G, la société détenant les Francofolies de La Rochelle, an-
nonçant des suppositions sur le festival à venir (« On peut croire que Le Printemps
de Bourges est assuré de rester dans sa ville »118
).
Le papier d'annonce d'un festival est donc plus mis en valeur dans la presse d'actualité lo-
cale et sur les pure-players. Ces interfaces, prises dans les grands espaces du web, vont
avoir une vraie fonction d'annonceurs auprès d'un public large, rôdant sur les médias numé-
riques à la recherche d'informations complètes et fiables.
Le live-report
Appelé « délégation de la parole journalistique »119
par Franck Rebillard, le live-report
illustre parfaitement le journalisme en ligne. Appliqué aux festivals, il prend tout son sens
118
Le Printemps de Bourges change de mains, Patrick Martinat, article publié sur lemonde.fr, le 16 décembre
2013 119
Franck Rebillard, Journalisme en ligne et information instantanée, article paru sur l’INA-expert, octobre
2012
61
en permettant aux lecteurs de suivre un événement directement branché sur le média. Vi-
déos, sons, photos... le live-report se battit également autour d'un système d'écriture proche
du récit, incluant un regard sur l'événement en accord avec la position de la rédaction.
Blogs
Toujours adoptant un point de vue personnel, les live-reports publiés sur les blogs
ressemblent plus aux bilans de festivals. Publiés souvent à froid après l'événement,
ils retracent l'expérience de l'auteur, en tant que festivalier. Ce dernier ajoute à son
histoire ses propres photos et vidéos des concerts qu'il a le plus appréciés, en ajou-
tant des anecdotes relatant les aventures qu'il a vécues sur le festival.
Pure-player
Il n'est pas rare de lire un live-report sur un pure-player. Chroniques de concerts, ar-
ticle de fond, interviews fournies... la rédaction d'un pure-player permet d'assurer un
suivi complet du festival, publié sous diverses formes. Avec un angle toujours bien
clair et défini à chaque papier, les live-reports des pure-players donnent également
un regard extérieur au festival, en apportant des éléments auxquels n'ont pas accès
les festivaliers, comme les retombées économiques ou politiques du festival. Aussi,
les critiques des concerts fournissent des informations supplémentaires sur les ar-
tistes, sur la setlist ou des anecdotes.
Webzine
Un live-report de festival publié sur un webzine correspond à un même papier, plu-
tôt conséquent, d'une journée ou de l'ensemble du festival. Il se peut que l'article
soit découpé, heure par heure, afin que le lecteur se repère dans le récit, comme s'il
se trouvait avec le journaliste. Ici, le récit relate davantage l'expérience festivalière :
le décor, ce qui a été vu et entendu, en conservant le fameux « on » propre aux ré-
dactions des webzines.
Franc, objectif et personnalisé, le live-report du webzine montre une qualité d'écri-
ture souvent supérieure aux blogs, tout en restant singulière et adoptant un ton par-
ticulier. Concernant les artistes, seuls ceux qui ont beaucoup plu – ou beaucoup dé-
plu – sont mentionnés, mis en lien avec des références judicieuses susceptibles de
parler aux lecteurs.
Site d'actualité locale
En règle générale, les seuls sites d'actualité locale produisant un live-report dans le
cadre d'un festival sont les titres qui possèdent un partenariat avec l'événement. Vi-
déos, interviews, reportage photos, articles originaux... les sites vont produire des
62
papiers légers, bilan des premiers jours et annonce de la suite du festival. Par
exemple, leberry.fr120
, partenaire du Printemps de Bourges, a fait un éclairage ap-
profondi sur les bons plans du festival off. Cet article se réalise donc sur le festival,
et permet, une fois publié, d'orienter les festivaliers sur des choses qu'ils n'auraient
pas encore vues. Sinon, en guise de live-report, les articles publiés sur les sites d'ac-
tualité locale durant les festivals restent très simples : résumant l'affluence de festi-
valiers jusqu'alors présents sur le festival, ils répètent les informations essentielles
des concerts à venir, ponctuant de quelques anecdotes.
Site spécialisé culturel ou musical
Spécialiste de musique ou de culturel, le live-report est l'occasion pour les sites
comme Les Inrocks, Tsugi, ou encore Mixmag de faire des critiques de live d'ar-
tistes émergents ou des têtes d'affiche. Alors que certains portent un jugement sur
chacun des concerts, heure par heure, d'autres rappellent le ton du webzine en dé-
clinant la soirée passée au second degré en truffant leurs impressions de références
averties. La rédaction donne ici son avis en expert, se pose en spectateur modèle en
notant les détails que les festivaliers n'ont peut-être pas aperçus.
Site d'actualité nationale
Si très peu de plateformes d'actualité nationale ou internationale ne s'attardent sur
les live-report, certaines délèguent cette tâche à ses blogueurs, de sorte à donner la
parole à un spécialiste, tout en le rattachant au site principal. Par exemple, le Hell-
fest a été titré Métal, chaleur et poussière sur un blog du leparisien.fr. Pour ce
même festival, lemonde.fr a, lui, consacré tout un dossier spécial sur le festival,
comprenant des interviews, des comptes-rendus de concerts objectifs et des photos
se confondant à la mise en page des articles. Ici, tout est une question de monopole :
pour un festival de renom et qui attise la curiosité des lecteurs, comme le Hellfest,
un titre comme lemonde.fr a tout intérêt à offrir un live-report complet, défiant ainsi
la concurrence.
Alors que le live-report est un format très lu par les festivaliers et très exploité par les mé-
dias numériques culturels, il n'est réellement lu que sur les médias porteurs d'une opinion,
analysant le festival avec un regard critique et racontant des anecdotes pouvant parler au
lecteur. Sur les sites spécialisés en musique et sur les webzines musicaux, le format « on y
était » est en vogue : il permet aux festivaliers de revivre le festival une fois rentrés chez
eux, et aux lecteurs absents lors du festival de connaître ce qu'ils ont manqué.
120
Adaptation Internet du Berry Républicain, titre du groupe de presse Centrefrance
63
Le bilan
Blogs
Comme énoncé précédemment pour les live-reports, les bloggeurs mélangent la
forme du bilan de festivals avec celle du récit de concert. Ils y détaillent leurs dé-
couvertes musicales, racontent leurs impressions, et l'ambiance générale du festival.
Ils ne doivent rien aux attachés de presse : ils sont donc honnêtes et peuvent évo-
quer les points négatifs de l'expérience festivalière. Comme souvent, ils sollicitent
les internautes sur leurs réactions post-festival.
Pure-player
Les bilans de festivals publiés sur les pure-player sont complets, ils replacent le fes-
tival dans son contexte, rappellent les têtes d'affiche, donnent le nom des artistes
découverts et à surveiller de près. Ils évoquent également souvent les projets de
l'organisation pour l'édition suivante et livrent les chiffres de fréquentation sur l'édi-
tion venant de se dérouler. L'article, comme la plupart des articles des pure-players,
possède un angle, et est ponctué de virgules multimédia.
Webzine
Le webzine offre à ses lecteurs un bilan de festival sous la forme d'un bilan de live,
concert par concert. Très centré sur l'ambiance, il ne possède pas toujours un angle.
Il correspond au ressenti des journalistes de la rédaction une fois rentrée du festival.
Les journalistes profitent de ce dernier article pour rendre leurs comptes avec l'or-
ganisation du festival (Gonzaï s'est indigné contre les attachés de presse des Nuits
Sonores pour avoir mal organisé leurs interviews en 2014121
), ou avec les artistes.
Certains dressent même les listes des points positifs et des points négatifs du festi-
val.
Site d'actualité locale
Le bilan de festival est l’un des articles les plus fournis à propos du festival dans les
médias locaux. Livrant des chiffres de fréquentation, en les comparant parfois aux
chiffres des éditions précédentes, le journaliste effectue une analyse pertinente du
festival, en mettant en valeur les nouveautés de l'année, et annonçant la suite pour
l'organisation. Citant les réactions des programmateurs, des élus ou des festivaliers,
l'article-bilan énonce aussi quelques remarques anecdotiques, comme un point mé-
téorologique.
121
Comment je n’ai pas couvert les Nuits Sonores, par Romain Flon, publié sur Gonzaï.com le 4 juin 2014
64
Site spécialisé musical ou culturel
Sur les sites musicaux ou culturels, le bilan est davantage personnel que général.
Lié directement au live-report, il suit la logique proche de celle du webzine : « on a
vu, on vous montre et on vous raconte ». Toutefois, le bilan va plus loin que celui
du webzine car il adopte plus un ton prescripteur quant aux artistes révélés durant le
festival. Il va d'ailleurs s'en servir pour se démarquer des autres médias, sous la
forme de « ce qu'il faut retenir »122
Site d'actualité nationale
Les sites d'actualité nationale écrivent un bilan de festival si le festival mène à un
bilan. Dans d'autres termes, pour le cas du Printemps de Bourges, chaque édition
donne lieu à une « conférence-bilan », à l'occasion de laquelle Daniel Colling, co-
fondateur du festival, livre les chiffres de l'édition et donne ses impressions sur son
événement et le secteur culturel dans sa globalité. Le sujet va donc ainsi attirer les
rédactions du Monde, du Nouvelobs, de l'AFP, ou encore de Libération.
Ce qui importe aux attachés de presse, ce sont l'annonce de leur festival en amont par les
médias, pour garantir une fréquentation à la hauteur de leurs espérances, ainsi qu'un bilan
positif de leur festival pour préserver leur image d'une année sur l'autre. Ce qui importe aux
journalistes, c'est d'attirer les lecteurs en fournissant un contenu exclusif et inédit sur le
festival, correspondant souvent au format du live-report ou du bilan (tantôt coup de cœur,
tantôt coup de gueule). Les intérêts de chacun se compilent sur le système de l'échange de
bons procédés : l'attaché de presse ouvre le champ au journaliste pour un live-report à con-
dition qu'il ait réalisé un article d'annonce au préalable, et ainsi de suite. L'échange peut
s'étaler d'une année sur l'autre.
Les médias numériques les plus influents varient en fonction du type de traitement du festi-
val. Tandis que l'annonce va être plus détaillée et efficace sur les pure-players et sur les
sites d'actualité locale, les live-reports vont prendre leur sens sur les webzines, les sites
spécialisés ou encore les pure-players. Enfin, les bilans vont être de deux natures diffé-
rentes. Si certains vont être objectifs et rassembler des informations analysées et judi-
cieuses pour avoir une image du festival (presse locale ou nationale), d'autres vont mettre
en avant leurs paroles de journaliste en livrant leurs propres ressentis sur le festival, qu'ils
jouent en faveur ou en défaveur du festival (webzine ou blog).
122
Ceux qu’il faut retenir !, par Abigail Ainouz, publié sur Les Inrocks.com le 25 avril 2014
65
Donc, les traitements médiatiques des festivals qui vont avoir le plus d'impact sur les lec-
teurs vont être les annonces pratiques (sur les sites d'actualité locale, spécialisée ou natio-
nale), les live-reports et bilan francs (sur les webzines, les blogs ou encore les sites spécia-
lisés). Pour l'organisation festivalière, l'attention va être portée sur les annonces, là encore
les plus utiles, car elles peuvent influencer la fréquentation de l'événement, mais aussi sur
le bilan du festival, qui donne aux lecteurs et festivaliers une image du festival qui peut se
répandre rapidement sur la toile, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Quant aux médias, le trai-
tement médiatique des festivals qui a le plus d'impact reste le live-report, notamment pour
les webzines et les sites culturels, mais aussi le bilan, qui pour les sites d'actualité nationale
ou locale, peut dépasser les limites du festival et donner lieu à des analyses approfondies
sur des sujets plus larges.
En d'autres termes, couvrir un festival pour un journaliste doit prendre en compte les avan-
tages qu'il peut en tirer, dans les limites que lui fixent les attachés de presse du festival.
Outre les avantages, il veillera aussi à ce que le festival et l’angle de son article entre dans
sa ligne éditoriale. Cette dernière lui indiquera également à quel niveau il peut s’investir
pour relayer la communication de ce festival.
B- Le traitement d’un festival, fruit de compromis éditoriaux
Le traitement d’un festival par un média numérique dépend de la réception du message de
la communication par le journaliste destinataire. La liberté éditoriale propre à toutes les
rédactions journalistiques peut faire en sorte d’aborder le festival en question, ou non. En
effet, contrairement au métier de communicant, le journaliste a un devoir d’objectivité : il
décide de traiter un sujet pour son intérêt et celui de ses lecteurs, en suivant sa ligne
éditoriale propre à son support. Elle définit l’identité de tout support rendant un contenu
public. Elle garantit par ce biais la cohésion globale des contenus et détermine le ton, le
choix des angles et le traitement des sujets. Ainsi, le propre du journaliste est de ne pas être
influencé par un facteur extérieur à sa rédaction. Dans le cas de la couverture d’un festival,
l’écriture d’un papier sur le web peut résulter de plusieurs décisions. Le média numérique,
personnalisé en la figure du journaliste peut se placer dans trois positions différentes par
rapport au festival. Pour analyser ces divers traitements éditoriaux, j’ai interrogé deux
journalistes issus de médias numériques qui ont traité le festival du Printemps de Bourges
66
en tant que partenaire et invité, et je me suis servie de mon stage à MédiasActu123
pour
analyser la position de média en tant que relai de l’information.
Le média partenaire
Le premier est Le Berry Républicain, étudié pour cette enquête sous sa forme numérique
Leberry.fr, partenaire historique du Printemps de Bourges. Ce dernier comptait, pour son
édition 2014, 21 partenaires médiatiques, dont deux médias radio (Ferarock et France
Inter), un groupe d’audiovisuel (France Télévisions), une plateforme musicale (Deezer),
une agence de publicité (Ciné culture), un magazine commercial (CGR Cinémas), et quinze
sites d’information numériques dont onze possèdent une version papier (Le Berry
Républicain, L’Express, Plugged, Rock&Folk, Tsugi, iMuzzik, New Noise, Openmag,
Francofans, Mondomix, Magma, Reggae Vibes, Infoconcert, Myrock et Davibe)124
. Sur son
budget total de plus de 5 millions d’euros, les partenariats médiatiques et professionnels du
festival berruyer en représentent 17% (contre 26% de partenariats privés ou encore 28% de
subventions publiques et 27% de billetterie125
).
Le Berry Républicain est un quotidien régional qui existe depuis 1944. En 1982, le groupe
de presse Centrefrance (détenant le journal La Montagne) se l’approprie et développe
notamment le site Internet leberry.fr. Ce dernier comptabilise 557 132 visites totales, avec
2 234 510 pages vues au total, soit une moyenne de 4.01 pages vues par visite. En 2014, il
se place ainsi au 143e rang site d’informations français le plus visité, sur un total de 172
sites126
. Le Berry Républicain est partenaire du Printemps de Bourges depuis les débuts du
festival. Depuis deux ans, ce partenariat est davantage exploité grâce au site Internet, qui
constitue une rédaction à part entière et qui fournit des papiers exclusifs sur le web. Alors
que, en 2014, le Printemps de Bourges s’est déroulé du 22 au 27 avril, leberry.fr a publié 51
articles consacrés au festival entre le 1er et le 30 avril. Il a également publié deux
diaporamas photos et 27 vidéos, dont quelques JT consacrés à l’événement. Toutefois, pour
Magali Saint-Genès, rédactrice en chef du Berry en charge de la couverture du Printemps
de Bourges, « ce n’est pas parce qu’il y a un partenariat qu’on n’est pas libre d’écrire ce
123
MédiasActu est une agence de contenus éditoriaux détenant les sites musicactu.com, radioactu.com, ou
encore la radio bretonne JaimeRadio 124
Liste des partenaires médiatiques sur le site officiel du Printemps de Bourges 125
"Le budget du festival s'élève à plus de 5,1 millions d'euros répartis de la façon suivante: 27% de
billetterie, 28 % de subventions publiques, 26% de partenariat et recettes commerciales, et 17% de partenariat
médias et professionnels", a énoncé Daniel Colling lors de la conférence bilan du 37e Printemps de Bourges
(2013). Ce mode de financement, qui repose autant sur le financement public que privé, est "la garantie de
l'indépendance du festival", selon lui. 126
Classement des sites web sur ojd.com, chiffres de juin 2014
67
qu’on veut »127
, précise-t-elle. « Le partenariat ne nous fixe pas un cadre dans lequel on
doit rester ». Quand la rédaction souhaite témoigner une remarque négative sur le
Printemps de Bourges, elle prend la liberté de le faire comme son essence médiatique
l’autorise. Pour le titre, ce partenariat est un avantage des deux côtés : « l’organisation du
festival nous achète de la publicité dans nos pages et sur le site, nous permet d’accréditer
beaucoup de journalistes, nous fait passer dans les médias prioritaires pour rencontrer des
artistes peu accessibles, et également, nous donne de la visibilité en nous offrant un stand à
l’accueil public », indique-t-elle. « En contrepartie, on leur offre une exposition médiatique
importante. On couvre tous les concerts payants et on fait aussi des sujets sur les scènes
gratuites. On commence en janvier-février, lors de l’annonce de la programmation, puis on
monte en puissance jusqu’au jour J », poursuit-elle.
Des conflits d’intérêt entre la communication et l’éthique des journalistes, Magali Saint
Genès ne le cache pas, il y en a déjà eu. « Mais rien qui remettrait en cause notre
partenariat », précise-t-elle. « Parfois, ça grogne un peu, mais ça tient aussi de la
personnalité du directeur du festival. Le risque serait de compromettre notre partenariat, de
réduire le nombre de journalistes accrédités. Mais ils se puniraient eux-mêmes, car si on
était moins nombreux à pouvoir couvrir le festival, on ferait aussi moins d’articles, aussi
bien sur le papier que sur le web ».
Et sur le local, le Berry Républicain est le seul partenaire du festival. À ses côtés au niveau
national, L’Express est l’autre partenaire de presse écrite qui possède aussi son site Internet
d’actualité. Sur le classement OJD des sites d’informations français les plus consultés128
,
L’Express se classe au 17e rang, sur un total de 172 sites. Il comptabilise 20 720 425 visites
totales, 58 772 869 pages vues, soit une moyenne de 2,84 pages vues par visite. L’Express
est partenaire du Printemps de Bourges depuis quelques années. Pour son édition 2014,
lexpress.fr a publié 11 vidéos et 6 articles à propos du festival berruyer. Le partenariat se
traduit également par de la publicité, de la communication visuelle (des banderoles
« L’Express » installée le long des scènes payantes) ou encore l’organisation de jeux
concours pour gagner des places pour les concerts du festival.
Le média invité
Le deuxième est Bip TV, une chaîne de télévision locale retransmise uniquement sur
Internet, venue en invité sur le Printemps de Bourges. Depuis quelques années, la chaîne
127
Propos recueillis lors d’un entretien téléphonique 128
Classement des sites web sur ojd.com, Chiffres de juin 2014
68
obtient à chaque édition des accréditations afin de couvrir le festival. Pour 2014, la
rédaction de Bip TV a obtenu cinq accréditations, dont quatre journalistes et un technicien-
caméraman. En échange de l’entrée à tous les concerts et l’opportunité de demander des
interviews avec des artistes, l’organisation du Printemps de Bourges demande
« simplement dans quel cadre on va diffuser nos images »129
, explique Laurent Mabed,
journaliste en charge de l’émission musicale, intitulée « Ultrasons ». « On explique qu'on
va rendre compte du Printemps de Bourges dans notre JT quotidien, et par ailleurs, je
m'occupe de l'émission musicale de Bip TV [donc] chacune des interviews, des captations
que je vais être autorisé à faire sur le Printemps de Bourges pourra être intégrée dans
l'émission musicale mensuelle, qui sera entièrement dédiée [au festival] », poursuit-il. De la
part du Printemps de Bourges, le journaliste avoue ne ressentir « aucune pression » :
« Honnêtement, je ne l’ai jamais senti comme une condition […] [Les attachés de presse]
savent qu'on fait du in, du off.. On fait [beaucoup de] demandes, que eux ne pourront pas
tout honorer, et que nous non plus. Quand ils refusent des interviews, ils motivent leur
réponse », raconte-t-il. La rédaction de Bip TV tente de produire deux sujets par jour lors
du Printemps de Bourges, en alternant des concerts payants et des concerts gratuits.
Pour la chaîne, le festival berruyer est l’un des événements les plus importants de l'année.
La rédaction veille à bâtir ses sujets avec une captation de concert, mêlée à l’interview de
l’artiste. « Si on a juste l'autorisation de filmer un concert mais que l’on n’a pas l’interview
de l’artiste, pour nous c'est un peu frustrant », avoue le professionnel. L’intérêt de couvrir
un festival via un média numérique, Laurent Mabed le voit dans la « complémentarité avec
la radio, l'audiovisuel, la presse écrite ». « Le web doit condenser en un tous les autres
médias en faisant tout bien : les bonnes vidéos, les bonnes interviews, les bonnes
présentations et le tout avec du sens », explique-t-il.
L’événement entre dans la ligne éditoriale de Bip TV dans la mesure où les journalistes en
rendent compte en « étant le plus près possible », indique Laurent Mabed. « Evidemment,
si le lendemain du lancement du Printemps de Bourges, on parle que du off, on va se
planter. Les gens qui vont regarder le journal de Bip TV ont envie de voir et d'entendre des
artistes dont tout le monde parle. Donc à nous de trouver le bon angle pour que les
téléspectateurs s'y retrouvent », raconte-t-il. « Et parce qu'on est un média local, [on doit
rendre compte] de l'actualité locale des artistes [locaux] sur le Printemps de Bourges »,
poursuit-il.
Donc, en invitant un média à participer et à couvrir son festival, les attachés de presse
129
Propos recueillis lors d’un entretien (retranscrit dans son intégralité en annexe)
69
entrent naturellement dans ce processus d’échange de bons procédés : ils vont diffuser
l’image de l’événement en échange de bonnes conditions d’accueil pour le faire. Si la
plupart du temps cet échange se déroule sans pression, la communication du festival
demande souvent des comptes au média accrédité, une fois l’événement passé : d’une part,
pour constituer sa revue de presse, et d’autre part, pour valider discrètement que le
journaliste a respecté « sa part du contrat ».
Le média-relai
Le troisième média mis en lumière est MédiasActu, une agence de contenus éditoriaux,
gérant du site d’actualité musicale MusicActu, et écrivant quotidiennement pour les portails
d’information Orange et SFR. MédiasActu a donc produit des articles portant sur le
Printemps de Bourges en tant que simple relai d’informations : les journalistes de l’agence
n’ont pas couvert le festival mais l’ont évoqué à plusieurs reprises depuis l’annonce de la
programmation, au même titre que d’autres festivals. Publiés sur trois supports différents,
les articles signés MédiasActu sont soumis à trois lignes éditoriales différentes :
Celle de MusicActu, définie par la rédaction interne. « Depuis 2010, la thématique
live semble s’être nettement développée auprès de nos clients, tels que Orange et
SFR, si bien que la ligne éditoriale de MusicActu a dû évoluer lui aussi vers cette
thématique »130
, explique Fabien Lacoste, rédacteur en chef de MusicActu.
Celle d’Orange, définie par la rédaction du Portail, qui exige de MédiaActu qu’elle
produise quotidiennement deux articles plutôt « grand public » à tendance live, et
deux articles portant sur des groupes, artistes ou événements moins connus, plus
indépendants.
Celle de SFR également défini par ce client lui-même. La ligne éditoriale est ici
définie comme accrocheuse, incisive, proche du buzz, adoptant un ton léger presque
humoristique.
Il revient alors aux journalistes de MédiasActu de voir si les diverses informations concer-
nant le Printemps de Bourges qui tombent durant l’année correspondent à l’une des trois
lignes éditoriales. Contrairement à l’agence de communication, l’agence de contenus Mé-
diasActu traite l’actualité musicale « comme celle-ci se présente », précise Fabien Lacoste.
« Malgré des axes éditoriaux spécifiques, le fil d'actualité quotidien produit par MédiasAc-
130
Propos recueillis lors d’un entretien
70
tu est fidèle aux critères déontologiques du journalisme », poursuit-il.
Vis-à-vis du Printemps de Bourges, MédiasActu agit comme un relai de l’information. Ré-
cepteur du message de communication du festival, il choisit ou non de le traiter suivant sa
pertinence et son lien avec les lignes éditoriales. Voici les cinq cas de figures dans lesquels
un journaliste de MédiasActu est amené à produire un article sur le Printemps de Bourges :
En anglant sur l’un des artistes de la programmation : si le festival programme une
tête d’affiche qui fait un passage unique en France (Orange)131
, ou encore si le fes-
tival programme un artiste qui correspond à la gamme pop-rock grand public (Mu-
sicActu)132
La notoriété du festival vaut le coup de produire un article : le Printemps de
Bourges est l’un des premiers de la saison, de même que sa programmation est
l’une des premières à être annoncée. La résonnance de l’événement sur la toile pro-
voque naturellement un article de la part de MédiasActu, que ça soit pour MusicAc-
tu133
et/ou pour Orange134
.
Le concept du festival résonne avec la ligne éditoriale : dans le cas où MédiasActu
doit écrire deux articles d’artistes plus « indépendants » pour Orange, les journa-
listes peuvent angler leur papier sur les Inouïs du Printemps de Bourges, le tremplin
interne au festival qui révèle de nouveaux talents chaque année135
.
Quand l’actualité du festival fait l’objet d’une réelle information : en dehors d’une
annonce de la programmation ou autres démarches qui pourraient servir à la promo-
tion du festival, ce dernier peut faire l’objet d’une actualité en dehors de son activité
artistique. Le Printemps de Bourges a d’ailleurs fait parler de lui dans bon nombre
de médias lorsqu’il est passé aux mains de la société C2G, filiale de Morgane Pro-
ductions, en décembre 2013136137
.
Quand le contact passe bien avec l’attaché de presse : il n’est pas impossible qu’un
journaliste soit en manque de sujets et qu’il se laisse tenter par la communication
d’un attaché de presse138
.
131
Article Stromae, star des festivals en 2014, publié sur Orange le 18 décembre 2013 132
Article Printemps de Bourges : premier festival pour Détroit, publié sur MusicActu le 30 janvier 2014 133
Article Shaka Ponk parmi les premiers noms du Printemps de Bourges, publié sur MusicActu le 3
décembre 2013 134
Article Le Printemps de Bourges dévoile sa programmation complète, publié sur Orange le 30 janvier
2014 135
Article Les iNOUïS du Printemps de Bourges dévoilés, publié sur Orange le 22 janvier 2014 136
Article Le Printemps de Bourges change de mains, publié sur MusicActu le 27 décembre 2013 137
Article Le Printemps de Bourges continuera sur sa lancée, à Bourges, publié sur Orange le 27 décembre
2013 138
Article Yodelice prend la route des festivals, publié sur MusicActu le 15 avril 2014
71
Au total, pour l’édition 2014, la rédaction de MédiasActu aura écrit 12 articles à propos
du Printemps de Bourges, répartis sur Orange (7) et MusicActu (5), de manière totale-
ment objective, sans avoir été influencée par la communication du festival. Le festival a
ainsi pris place au sein du flux d’actualité, au même titre que d’autres événements mu-
sicaux.
Donc, qu’il existe un contrat de partenariat entre la rédaction et le festival, que le jour-
naliste soit invité sur l’événement pour le couvrir, ou qu’une rédaction présente le festi-
val sur son support au même titre que les autres informations qu’elle véhicule, la ligne
éditoriale donnera toujours le ton du traitement. Le journaliste s’adaptera en fonction,
en veillant à conserver ses missions d’objectivité, de vérité et d’informateur. Pour obte-
nir davantage de lecteurs, il s’attachera également à traiter le festival pour d’autres rai-
sons : sur Internet, le phénomène a le vent en poupe et récolte de l’audience. Pour une
rédaction, couvrir un festival est donc une aubaine.
C- L’expérience festivalière au cœur des attentions journalistiques
Le festival n’est pas seulement un concert. Avec la prolifération des festivals depuis
quelques années, les événements culturels ont été nombreux à garnir les médias et
notamment la toile. Pour éviter la redondance, la surabondance d’informations similaires,
et aussi pour donner un esprit plus vivant à leurs papiers, les médias se sont davantage
intéressés aux concepts festivaliers : quel est le festival le plus insolite ? Quel est celui qui
draine le plus de public ? Quel est celui qui fait venir la meilleure tête d’affiche ? Chaque
année, la couverture médiatique d’un événement du genre se mérite, quand elle ne s’achète
pas. Au-delà du live, des budgets alloués aux partenariats médiatiques, des statistiques de
fréquentation, les journalistes sont de plus en plus nombreux à s’orienter vers l’expérience
festivalière en elle-même, ce qui influe le traitement des organisations. Alors, comment
choisissent-ils de traduire cette expérience ?
Avec de nouveaux formats propres au web
Les médias numériques n’ont pas à choisir entre écrire un article, enregistrer un son ou
réaliser un reportage vidéo. Ils peuvent combiner les trois supports : raconter la dite-
expérience dans un article, et la ponctuer par des interviews sonores, sons d’ambiance,
vidéos de concerts et surtout diaporama de photos, rendant ainsi le récit du festival encore
72
plus vivant139
. Certains choisissent même de bâtir leur papier de façon chronologique, en
racontant les concerts et les événements du festival heure par heure, jour après jour140141
.
D’autres choisissent d’écrire un texte à puces, en listant leurs coups de cœur, leurs coups de
gueule142
, les différents temps forts du week-end, ou les cinq bonnes raisons d’aller à ce
festival143
.
De nouvelles rubriques, un nouveau référencement
Les médias numériques classent la couverture de festivals dans leurs rubriques culturelles.
Quand il s’agit d’un média culturel, l’événement est traditionnellement rangé dans la
famille des arts qu’il présente : « musique » pour les festivals de musique, « arts vivants »
pour le théâtre, etc… Et pourtant, cette habitude aurait tendance à se perdre. Certains
médias adopteraient des rubriques plus originales, plus proches des traitements qu’ils font
des festivals : actuellement, un festival n’est pas uniquement considéré comme un
événement culturel, il se rapprocherait aussi d’un fait de société, du phénomène de mode. Il
s’agit d’un rassemblement hors du commun et propose des expériences qui promettent
d'être inédites. Par exemple, Rue 89, en partenariat avec le Nouvel Obs, ont fait leur propre
catégorie festivalière, perçue comme décadente, « Droguesnews », dans laquelle des
articles comme Pour ou contre le cannabis ? côtoient certains articles traitant de festivals,
comme Mes quatre jours au festival Burning man : hippie 2.0144
. Au lieu de ranger ses
articles de festivals musicaux dans la rubrique « Musique », le magazine Néon les classe
dans son onglet « S'épanouir ». Enfin, d’autres sites comme Konbini ou Tsugi publient
leurs live-reports de festivals dans des rubriques comme « Tendances » ou encore
« Magazines », exprimant ainsi avec de longs formats.
Angler sur le public et pas sur les artistes
Qui dit multiplication des festivals, dit aussi redondance dans les programmations.
Beaucoup d’artistes font de leur été une tournée des festivals, provoquant un formatage
artistique du genre d’événements. Du point de vue du traitement médiatique, il est de moins
139
Les supports sont d’ailleurs divers et variés : par exemple, le webzine nantais Pulsomatic a illustré le West
Side Festival à travers des dessins de bande dessinée, publiés sous forme de diaporama, le 28 juin 2014 sur
pulsomatic.com 140
Summer festival 2014 : on y était, publié sur mycontact.net le 1er juillet 2014
141 On y était : les Déferlantes d’Argelès, publié sur lesinrocks.com le 29 juillet 2014
142 Tomorrowland 2014, on y était, publié sur Moustique.be le 28 juillet 2014
143 5 bonnes raisons d’aller au Worldwide Festival de Sète, publié sur Traxmag.fr, le 24 juin 2014
144 Mes quatre jours au festival Burning Man : hippie 2.0, publié sur rue89.nouvelobs.com, le 14 septembre
2008
73
en moins intéressant de couvrir les concerts d’un festival qui ressemblent à ceux de son
voisin. Tandis que les festivals vont développer leur originalité, les médias vont tenter de
mettre en avant les concepts festivaliers qui les séduisent le plus, se démarquant ainsi
également des autres traitements qui rodent sur le net. Voici quelques exemples de médias
qui ont choisi d’angler leur papier sur l’expérience festivalière en elle-même, produite par
un concept festivalier singulier.
Voir plus loin, en dehors des frontières : « Lassé de votre 12ème édition des
Eurockéennes ou de Garorock ? Marre des virées à Barcelone une fois par an, pour un de
ses gros festivals prestigieux ? On peut comprendre. On cherche même déjà des
alternatives. », article Optimus Alive à Lisbonne, publié sur lesinrocks.com le 14
juillet 2014
Insister sur un côté caché du festival : « Qu'on se le dise : on s'est goinfrés pendant
quatre jours midi et soir. La gastronomie sétoise est parfaitement adaptée à un
marathon-festival comme le Worldwide, à savoir : grasse, revigorante et pleine de
saveurs », article On y était : dans la bulle du Worldwide Festival, publié sur Le
mauvais coton, le 18 juillet 2014
Insister sur le petit plus du festival : « Une semaine après son édition barcelonaise,
Porto accueillait à son tour le festival Nos Primavera. Au menu : une
programmation à 70% identique à celle de sa grande sœur ibérique. Les pintes de
Caiprinha et des effluves de churrascaria en prime », article On y était : le festival
Primavera à Porto, publié sur lesinrocks.com le 9 juin 2014
Insister sur le lieu : « Paris is burning. La capitale française a retrouvé une place
de choix sur la carte des musiques électroniques. Plus besoin d’aller à Londres,
Berlin ou New-York pour passer des nuits mémorables. En partant de Paris, il suffit
de prendre la bonne ligne de métro, direction Château de Vincennes », article On y
était : Peacock Society, publié sur lesinrocks.com le 15 juillet 2014
« On y était », le gage du vécu
Une expérience festivalière ne se raconte que si elle a été vécue par le journaliste. En
envoyé spécial, il se mue dans la peau de l’investigateur, observateur omniscient de ce qui
se passe durant le festival. L’objectif est alors, pour les journalistes, de s'immerger dans le
festival et de permettre au lecteur de lire le papier comme s’il y était : ambiance générale,
anecdotes, détails croustillants et live-reports des concerts. À lire comme un récit, ces
74
articles, de plus en plus en vogue sur la toile, suscitent la curiosité des lecteurs et
remportent le succès escompté, notamment via les réseaux sociaux. Par exemple, quand le
magazine Tsugi est allé jusqu’au festival Coachella145
, le site a multiplié les partages sur
Facebook146
et les retweets sur Twitter. L'histoire est ponctuée de photos ou de vidéos,
souvent amateurs, prises avec une petite caméra ou un smartphone de la part du journaliste,
ou alors avec des vidéos officielles publiées sur le compte Youtube ou Dailymotion du
festival. Comme son titre l'indique, le « on » est de rigueur dans un compte-rendu
d'expérience festivalière. Il signifie : l'équipe de journalistes, personnalisant la rédaction,
partie en éclaireur sur place. Dans le même principe, la plupart des médias employant ce
mode d'écriture utilise le vouvoiement pour s'adresser à ses lecteurs147
.
De plus, un article du type « On y était » n'est pas juste un récit de festival avec un point de
vue extérieur. En tant que journaliste, l'envoyé spécial s'assure d'avoir les bonnes
informations pour garnir son papier, et récolter quelques témoignages exclusifs, par
exemple des organisateurs148
. Voici quelques extraits d’articles du type « On y était » :
« Après s’être fait hugger de force par quelques excités du public, Vega ne quitte
plus son siège, lance quelques fuck et sort de scène au bout de trente minutes », en
parlant de Martin Reverby, du groupe Suicide, article On y était : festival Mimi
2014, publié sur Hartzine le 21 juillet 2014
« Les conditions sont optimales : le soleil se couche doucement derrière la scène
pour l’entrée de l’homme au grand cœur Jack Johnson. Malheureusement, la foule
déchante vite à la vue de la performance de l’ancien champion du monde de surf
[…] Le personnage et son band préfère faire le set de leur choix en privilégiant des
titres inconnus au bataillon qui iront même jusqu’au slam de rap maladroit…
Dommage », article BilbaoBBKLive : on y était, on vous raconte, publié sur
Pausemusicale.com, le 31 juillet 2014
« Chaleur torride, bruissement des vagues, il est presque seize heures lorsque l’on
débarque à Biarritz le jeudi 17 juillet, sous le soleil exactement. [….] Des lumières
vertes et des faisceaux impressionnants illuminent la scène encore vide. Brian
145
Live-reports écrits par Patrice Bardot, sur Tsugi.fr, fin mars, début avril 2014 146
Avec une moyenne de 300 partages sur Facebook 147
« On y était : on vous raconte » : Les Inrocks introduisent toujours ce format d'article par cette formule,
quand ce n'est pas « on a testé pour vous » 148
C'est notamment le cas de Tsugi qui a interrogé le directeur du Pont du Gard à l'occasion du festival Lives
au Pont : « Ce sera les 30 ans de l’inscription du site au patrimoine mondial de l’UNESCO, je vous annonce
une très grosse programmation ! Le rendez-vous est pris », article publié le 14 juillet 2014 sur Tsugi.fr
75
Molko et ses musiciens font leur apparition tandis que le public devient hors de
contrôle, autant chez les jeunes que chez les plus âgés », article On y était : BIG
festival, publié sur lesinrocks.com, le 22 juillet 2014
Le journaliste devient un expert
Envoyé sur place pour constater l’expérience du festival, le journaliste devient un expert,
un juge, un testeur qui a l’œil partout. Il vérifie tous les aspects du festival avant de se
prononcer sur sa qualité.
« Des food trucks qui nous ouvrent déjà l’appétit, des espaces chill sous les arbres pas encore pris
d’assaut, des toilettes en quantité suffisante qui nous éviteront l’attente à 3h du matin » (Article On y était : Peacock Society, publié sur lesinrocks.com le 15 juillet 2014)
« Le confort général était au rendez-vous et les queues réduites au minimum, aussi bien pour les
toilettes qu'aux bars et aux casiers où les festivaliers pouvaient déposer leurs affaires. Seul petit
point noir : le temps d'attente interminable devant les stands de nourriture, alors que toute denrée
comestible ou liquide était confisquée par la sécurité à l'entrée ».
(Article Soirée électro du Weather Festival, publié sur Culture box, le 9 juin 2014)
« Comme tous les ans, partis avec la ferme volonté de voir le maximum de groupes, on aura
finalement cédé aux impondérables de ce genre d’événement: le temps, la faim, et la nécessité de ne
pas disperser le collectif dans la foule, autant d’éléments à peine mesurés à l’heure du départ, mais
qui finissent par toujours remettre le planning en question. Et cela dès les premières minutes. »
(Article Retour sur le festival Primavera Sound Festival, publié sur Mowno, le 5 juin 2014)
Le Journaliste expert déniche des informations à n’importe quel endroit où il en a
l’occasion, dans l’espoir de rapporter des côtés exclusifs du festival que d’autres n’auraient
pas remarqué.
« Stromae et son équipe voyagent avec trois camions remorques et sillonnent les festivals tout l’été,
en commençant par Beauregard, nous fait-on remarquer fièrement, là où il a commencé il y a
quelques années, mais sur la scène B du festival, "la plus petite" nous explique un technicien. » (Article On y était : le concert de Stromae à Beauregard, publié sur Glamourparis.com le 4 juillet 2014)
Le journaliste ne manque pas de rappeler qu'il est privilégié, qu'il peut voir et entendre des
choses auxquelles n’ont pas accès de simples festivaliers. Il sous-entend ainsi que, si ses
lecteurs y étaient ou n’y étaient pas, ils en sauront beaucoup plus en lisant son article.
« À peine le temps d’aller se boire une petite Heineken à la terrasse VIP de la Green Room que
Woodkid lâche ses premières basses déjà envoûtantes ».
(Article Mainsquare Festival, publié sur The Yers, le 9 juillet 2014)
76
Actuellement sur Internet, le festival est l’un des sujets les plus en vogue. Attirant les
lecteurs en masse, les articles n’abordent plus seulement le caractère artistique des
événements mais aussi toute l’expérience festivalière en elle-même. Les journalistes se
l’approprient comme tel, en adoptant le format de leurs papiers et se plaçant dans une
position de « testeur », pour obtenir davantage de légitimité auprès de ses lecteurs. Le
festival, traduit de différentes manières sur la diversité de médias numériques, est un
événement culturel de grande ampleur, qui attire les journalistes suivant le type de public
concerné, mais aussi leurs coups de cœur, ou leurs lignes éditoriales. Le traitement d’un
festival peut prendre de multiples formes. Il varie au gré de ses stratégies de
communication mais surtout de la réception qu’en ont les médias. Ces derniers
s’approprient le festival, en donnant leurs propres perceptions de l’événement, pour en faire
un rendu le plus exact possible aux lecteurs et donc, potentiels festivaliers.
77
Conclusion
Les festivals, bien qu'ils ne datent pas d'hier, sont dans l'air du temps. Au cœur des pra-
tiques culturelles, ils interviennent de manières ponctuelle et éphémère, et rassemblent pu-
blics et artistes autour d'un même concept et sur un même territoire. Dans le flot abondant
d'événements du genre, ils misent leur réussite – et donc leur survie – sur leur distinction.
C'est en ce sens que les médias entrent en jeu. Passerelle entre le public et la communica-
tion de l'organisation, ils ont pour mission de rendre leur verdict sur tel ou tel festival et
d'appuyer, ou non, la participation d'un festivalier qui ne serait pas encore convaincu. Si les
organisations les utilisent comme outil de promotion, les médias ne manquent pas de rappe-
ler qu'ils gardent leur position de testeurs, d'experts, libres d'influencer leur lectorat et po-
tentiel public de festivals.
D'autre part, depuis une dizaine d'années, les festivals remportent un vif succès auprès des
publics jeunes. Voir plusieurs artistes sur une même scène pour un prix raisonnable, profi-
ter de l'ambiance festive, mais aussi tout simplement par goût de se rassembler, le public
des festivals correspond sensiblement au public dit « connecté », qui sera réceptif aux in-
formations circulant sur Internet. Les médias numériques constituent donc un pilier pour la
communication des festivals. Aussi, les festivals alimentent de manière régulière le flux des
médias numériques. Dans cette tendance éditoriale de journalisme gonzo149
, d'expérience,
ils sont nombreux à s'intéresser aux festivals sous tous leurs angles, pour être plus proche
de leur lectorat, jamais réellement acquis dans un contexte difficile de crise de la presse.
Une communication sur-mesure
Dans ce mémoire, je me suis attachée à analyser les différents traitements des festivals dans
les médias numériques : comment les médias s'approprient-ils ces événements ? Quel est
l'impact de ce traitement sur l'image du festival ? Et l'image du média ? Ce traitement pro-
fite-t-il davantage à l'organisation du festival ou au média lui-même ? J'ai découpé mon
raisonnement en deux parties.
Dans la première, je me suis intéressée aux stratégies de la communication événe-
mentielle appliquée aux festivals, et la façon dont elles parvenaient à toucher les médias. Je
me suis rendue compte que chaque type de communication était relié à l'objectif premier
d'un événement. Si le festival souhaite valoriser son identité et son image, il mènera des
149
Aussi appelé « journalisme ultra-subjectif », le journalisme gonzo a pour but de traiter un sujet en
s’immergeant dans son contexte et d’utiliser la première personne pour en raconter l’expérience.
78
démarches de communication en lien direct avec la direction artistique. S'il souhaite rayon-
ner en dehors des frontières de son territoire, il privilégiera la communication sous-traitée.
Enfin, s'il souhaite accroître sa fréquentation, il divisera ses champs d'action au sein de la
communication et valorisera notamment l'autopromotion avec les réseaux sociaux, ou la
mise en place de partenariats médiatiques pour atteindre de nouveaux publics grâce à une
meilleure visibilité.
Un traitement aléatoire mais efficace
Dans la seconde partie, je me suis questionnée à propos des médias numériques, et
la réception qu'ils offraient à la communication des festivals. Comment ces derniers par-
viennent-ils à capter l'attention des médias ? Internet est une chance pour ces organisations
: de nombreux supports informatifs culturels existent et les chances sont nombreuses pour
permettre à un festival d'être traité. Toutefois, le web exige d'une communication d'être
maitrisée et contrôlée pour ne pas être déjouée, et des médias, d'être astucieux et inventifs
dans leurs papiers pour être consultés. Si la communication ne sera jamais retranscrite de
manière intacte sur les médias numériques, de leurs côtés, les médias ne seront jamais
libres de couvrir un festival sans embûches. Là où le digital est une opportunité pour un
festival, c'est surtout dans sa temporalité. Un événement possède une existence avant, pen-
dant et après le jour J, tout comme le web, grâce à une réactivité inégalée, peut produire un
récit avant, pendant et après le festival. Ce rythme commun peut alors servir les deux côtés
de la balance : les papiers d'annonce, servis souvent par les pure-players et les sites d'in-
formation locale, servent aux attachés de presse, rattachés à la communication de festivals;
les live-reports (par les sites musicaux et les webzines) et les bilans (par les pure-players et
les sites d'information locale) servent davantage les journalistes. Quant aux choix du trai-
tement, ils résultent souvent de choix éditoriaux, qui peuvent être influencés par l'existence
d'un partenariat entre le média et la structure festivalière, basé sur l'échange de bons procé-
dés, garantissant quantitativement (et non pas qualitativement) la couverture médiatique. Ils
peuvent aussi être liés à une participation à un festival, qui garantie à l'organisation l'exis-
tence d'une couverture médiatique de leur événement, ou alors aux retombées de la com-
munication du festival qui a su produire une information sélectionnée par un média-relai.
Ce traitement médiatique est alors très aléatoire et ne donne aucune garantie au départ.
Enfin, le traitement le plus en vogue dans les médias numériques reste le récit de l'expé-
rience, qui s'adapte aux atouts du web dans son format, et dans la façon de plaire aux lec-
teurs. Du type « On y était », ces articles donnent un vrai gage de qualité, replaçant ainsi le
79
journaliste dans sa position de testeur légitime, le média dans sa mission de relai de l'in-
formation, et le festival, dans sa fonction culturelle à part entière.
Une dualité dans les traitements médiatiques des festivals
La problématique de mon mémoire posait la question du traitement médiatique des festi-
vals. Je suis parvenue à la conclusion que ce traitement peut prendre deux aspects : le pre-
mier repose sur une information, qui peut aussi parfois prendre l'apparence d'un message
promotionnel (article d'annonce du festival), le second est un traitement purement journa-
listique (live-reports, ou bilan) qui peut servir à faire parler du festival mais qui est surtout
un article d'expression pour le journaliste. Le traitement peut être positif (coup de cœur de
la rédaction, ou fruit d'un partenariat avec l'organisation), plutôt négatif (quand un journa-
liste n'a pas apprécié l'ambiance du festival, ses concerts, ou tout simplement lorsqu'il a été
mal accueilli par le service de presse), ou ne pas dégager d’avis tranché (le récit reste ob-
jectif). Toutefois, la plupart du temps, pour les attachés de presse de festival, l'existence
seule d'un traitement quel qu'il soit, garantie à faire parler du festival.
Médias influencés, jamais acquis
Les stratégies de communication peuvent influencer les traitements médiatiques dans diffé-
rents cas de figures : si le message de communication véhiculé par l'organisation constitue
une information jugée pertinente par le média, si la communication est vendue par le biais
d'un partenariat médiatique, si les services de communication invitent une rédaction et la
prennent en charge lors de ces instants de promotion avec les artistes et balisent leur cou-
verture. La communication peut également avoir un impact sur les traitements médiatiques
quand le message de communication s'avère être vérifié sur place, quand la proposition
artistique du festival plait à la rédaction ou encore quand les stratégies de communication
sont elles-mêmes novatrices, elles peuvent susciter une influence sur l'article que va publier
une rédaction.
Identité marchande et identité objective
La mission du journaliste est d'être le plus objectif possible, d'être au plus proche de la réa-
lité, vis à vis de ses lecteurs, il doit susciter soit l'envie de découvrir le festival, soit de ne
pas le découvrir, ou de se rapprocher du point de vue des festivaliers qui ont participé, de
sorte à ce qu'ils reconnaissent le festival tel qu’ils l’ont vu dans la description qu'en fait le
journaliste. S'il peut émettre un jugement, il doit quand même apporter une vision plus
80
large du festival que possède le simple spectateur. Il doit alors remettre le festival dans un
contexte, annoncer des informations inédites. Les traitements médiatiques ont donc tout
intérêt à être au plus proche de l'identité du festival. Cependant, c'est valable s'il s'agit de
l'identité du festival et non de l'identité du festival véhiculée par la communication. Une
fois sur place, le journaliste peut se rendre compte qu'on l'a trompé et que l'identité vendue
est alors fausse. Il est donc normal que les traitements médiatiques d'un festival reflètent
son identité, mais il est courant que l'identité festivalière véhiculée par la communication
ne se retrouve pas dans les traitements médiatiques.
Le choix inévitable parmi l'offre festivalière
Le traitement médiatique d'un festival, sur le digital, peut être de différentes natures, selon
s’il est motivé par la communication du festival ou par le média lui-même. Dans la forme,
alors que l'annonce du festival reste proche du format des médias traditionnels, le traite-
ment explore souvent les possibilités du web, quand il s'agit de raconter l'évènement, pen-
dant ou après qu'il se soit déroulé. Dans le fond, le même traitement peut cacher un mes-
sage promotionnel dans certains cas, mais souvent, les médias ont entièrement le contrôle
sur les festivals qu'ils couvrent ou qu'ils relayent. Noyés dans une masse importante d'in-
formations festivalières, les médias digitaux, qu'ils soient généralistes ou spécialisés, ama-
teurs ou professionnels, sont systématiquement amenés, et davantage dans le contexte ac-
tuel, à procéder à une sélection éditoriale, réfléchie, appuyée et justifiée lors du traitement.
Un troisième étage d'étude : la réception de la communication
Pour pousser l'étude un peu plus loin, il suffirait de vérifier les impacts des traitements mé-
diatiques et des démarches de la communication sur le public des festivals. Il faudrait alors
s'interroger autour de l'influence des médias sur la fréquentation en festival. Le public est-il
sensible à l'image des festivals dans la presse ? Qui est le plus attentif aux traitements mé-
diatiques des festivals : le public participant ou le public manquant au festival ? Les médias
numériques jouent-ils un rôle dans l'achat des places en festival ?
Si seulement deux étages ont été traités dans ce mémoire, il aurait été intéressant d'étudier
les trois étages de communication, à savoir le message de communication du festival, sa
retranscription dans les médias, et sa réception par le potentiel public du festival. Il s'agirait
alors d'effectuer des enquêtes qualitatives auprès des publics pour connaître les raisons qui
les ont poussés à venir au festival et si les médias en font partie.
81
S'il fallait établir un diagnostic entre les attachés de presse de festival et les journalistes, je
dirai qu'il s'agit d'un échange sinueux entre les intérêts de chacun, tout en tentant de main-
tenir des relations cordiales et coopératives. En interdépendance les uns avec les autres, ils
s'attachent ensemble à rendre compte des particularités d'un festival et le faire exister. En-
core plus valorisés actuellement dans les médias que d'autres événements culturels, le festi-
val tend, de ce fait, à être perçu comme un événement humain de grande ampleur, à la croi-
sée des chemins entre le fait socio-culturel et le phénomène de société. C'est dans cette
perspective que la communication et les médias, et en particulier les médias numériques,
sont des maillons indispensables à la survie des festivals.
82
Anaïs RAMBAUD
Mémoire de Master 2 professionnel
Journalisme culturel
Les festivals et Internet : des stratégies de communication
Communication et journalisme : ombres portées, ombres croisées ,Jean-Baptiste Legavre,
Les Cahiers du journalisme n°26, Printemps-Eté 2014
« Où vont les festivals? » dans la revue Janus, N°4, Paris, décembre 1964/Janvier 1965
Edito de Jean-Vic Chapus, directeur de la rédaction de Vox Pop, le 28 septembre 2012
Analyse de la communication des Nuits Sonores, Institut numérique, étude du 7 mai 2013
Ses boîtes à musique, Article de Libération sur Daniel Colling, par François Meurisse, 21
avril 2009
Le Hellfest et sa communication, interviews réalisées par Radio Métal, par Amaury Blanc
en avril 2010
Financements des festivals, article de Camille Gillet et Romain Bigay, octobre 2011, publié
sur le site de l’Irma
Modèles de persuasion et parrainage sportif, P. Baux (1991), Revue Française de
Marketing, n° 131, 1991/1, pp51-67
Les festivals deviennent-ils des produits standardisés, Musique Info, n° 539, mai 2012,
Maud Philippe-Bert et Romain Berrod
La communication événementielle, plus stratégique que commerciale, Philippe Boistel,
Management & Avenir, N° 6, avril 2005, Management prospective
La communication dans l’événement : sponsoring et mécénat, J.Perlstein, S.Piquet, (1985),
Revue Française du Marketing, 105, 31-40.
D17 et les festivals : ce plaisir qu’on dit charnel, Article publié sur lefigaro.fr, Céline
Fontana, publié le 17 juin 2013
Financement de Confluences : la ville et le département se déchirent, par Sophie Bordier,
85
publié sur leparisien.fr le 18 avril 2014
L’événement dans le contrat médiatique, Patrick Charaudeau, Dossiers de l’audiovisuel
n°91, La télévision dans l’événement, La documentation française, Paris, mai-juin 2000
De l'influence de la communication sur la diffusion artistique, Jean Caune, Études de
communication, 12 | 1991, 97-114
Le blues des attachés de presse, article de Florent Bonnefoi, publié sur CultureRP, le 16
juillet 201 3
Article du Monde, publié le 5 avril 2007, interview de Frédéric Martel
La culture face à l’Internet : un enjeu culturel et d’action publique, Philippe Bouquillon,
17 mars 2003
La création de valeur sur Internet, M. Gensollen, 1999, Réseaux, n°97, p. 15 à 76
Communication et diffusion culturelle à l’ère du numérique, Romain Bort, Fabien Charlon
et Thibaud Marijn, 8 avril 2009, association Sorbonne Communication
Internet et la culture de la gratuité, Serge Proulx et A. Goldenberg, 2010, Revue du Mauss,
n°35, Paris
Multimédia
Carte des festivals en France en 2013, dévoilée au Printemps de Bourges 2014, étude faite
par la SACEM, l’IRMA et le CNV
Presse musicale, la mue ou la mort, interview réalisée par Benoît Bouscarel sur le Mouv’ le
19 septembre 2013
Si on parlait web, site et social network ?, Rencontre organisée par le webzine The
Artchemists, article écrit par Padme Purple
Sites Internet
Ojd // Printemps de Bourges // Hypee Communication // Festival de Cannes // Les pages de
partenariats des festivals Beauregard et Musilac // Le plan de communication des
Eurockéennes de Belfort, publiée sur Internet par Laurent Doucelance, directeur de la
communication du festival // France Festivals
Entretiens
Sarah Courson, chargée de communication au festival Les Ingrédients (45)
Thibaud Pécho, chargé de communication au festival Musik’air (45)
Isabelle Louis, attachée de presse culturelle indépendante
Marie-Laure Girardon, attachée de presse culturelle rattachée à l’agence 2è Bureau
Marine Prot, attachée de presse du groupe Morgane, chargée des relations presse des
Francos Gourmandes
Pauline Curel, attachée de presse du Printemps de Bourges, chargée des médias de la
Région Centre
Delphine Caurette, attachée de presse du Printemps de Bourges, chargée des médias
digitaux
Cédric Chamoulaud, chargé de communication du Free Music Festival
Magali Saint-Genes, journaliste à La République du Centre, ex-journaliste au Berry
Républicain
Laurent Mabed, journaliste à Bip TV
86
Organigrammes Printemps de Bourges :
87
Les Nuits sonores :
88
Les Ingrédients :
89
Retranscription d’entretien Laurent Mabed, journaliste pour BipTV
Est ce qu'il y eu des conditions pour obtenir votre accréditation lors du Printemps de
Bourges ? Est-ce que le service de presse a demandé un projet de couverture ?
On nous demande simplement dans quel cadre on va diffuser nos images. Nous, on
explique simplement qu'on a un JT quotidien, chaque journaliste remplit sa feuille,
explique qu'il va rendre compte du Printemps de Bourges dans le JT, et par ailleurs moi je
m'occupe de l'émission musicale de Bip TV. Du coup, chacune des interviews, des
captations que je vais être autorisé à faire sur le Printemps de Bourges pourra être intégrée
dans l'émission musicale mensuelle, qui va être entièrement dédiée au Printemps de
Bourges.
Est ce que, après le festival, vous devez rendre vos comptes auprès des attachés de
presse, comme envoyer des liens de vos vidéos par exemple ?
Non, ils ne nous demandent rien en retour.
Ca fait combien de temps que vous êtes accrédités sur le Printemps de Bourges ?
Moi, ça fait six ans. Ça fait six ans que je viens, accrédité, sur le Printemps de Bourges.
L'émission musicale, elle, existe que depuis trois ans. Donc, depuis trois ans, je suis
accrédité pour cette émission. Et sinon, auparavant, c'était ceux qui manifestaient de
l'intérêt pour la musique qui étaient accrédités. Sachant que Bip TV, on est basé a Issoudun,
mais beaucoup de mes collègues habitent Châteauroux, donc pour eux ça fait beaucoup de
trajets pour venir couvrir. Ce sont généralement les journalistes qui habitent à Issoudun qui
sont accrédités pour le Printemps de Bourges.
Vous êtes combien à avoir une accréditation pour cette édition 2014 ?
Euh... en comptant David, notre stagiaire on doit être cinq, dont un qui n'est que technicien,
Aymeric, c'est notre caméraman de référence avec moi pour l'émission Ultrason, ne sachant
pas à l'avance ce qu'on allait pouvoir filmer en multi-caméras. Nous, on capte tant que
possible en multi-caméras, alors que pour le JT une seule caméra suffit.
Quelle place a le Printemps de Bourges par rapport aux autres événements que vous
couvrez ?
C'est un des événements importants dans l'année pour nous, à l'équivalent que d'autres
festivals qui ont lieu sur le département de l'Indre. Je pense au festival Darc, où il y a
beaucoup de groupes, il y a de la danse, mais il se déroule à une époque où on est fermé.
Cependant, on a toujours un journal quotidien toutes images, dans lequel on rend compte
quotidiennement du festival Darc. Et on fait une émission spéciale qui est diffusée début
septembre. Donc Darc, on le couvre aussi pas mal, avec les gens qui sont là pendant les
vacances, un peu moins de monde que les personnes qui sont présentes pendant le
Printemps de Bourges. Sinon, on couvre aussi le festival de Saint-Chartier, un festival de
musiques traditionnelles du Berry. On couvre tout autant que le Printemps de Bourges.
Niveau national, c'est beaucoup moins important, mais on le couvre beaucoup car pour
nous, dans l'Indre, c'est le festival emblématique.
Est-ce que le fait d'avoir une accréditation va vous faire traiter des sujets
différemment, ou va vous donner envie de traiter davantage le festival?
Nous, on essaye de faire deux sujets par jour de festival. Si on s'aperçoit qu'on n’a pas
90
assez d'accréditation le jour J-1 (car les sujets sont pour le lendemain), du coup on va
s'orienter vers le off, on s'oriente notamment vers les artistes locaux. Ca a été le cas
aujourd'hui, on avait repéré un sujet sur le off, on avait vraiment envie de le placer. Si on
avait eu plus de chances dans le in avec plus d’interviews d’artistes et de captations des
scènes payantes, on aurait peut-être eu trois sujets aujourd'hui sur le Printemps de Bourges.
Le choix des sujets proviennent de la rédaction?
C'est les coups de cœur de ceux qui sont accrédités. Ensuite, on voit qui a obtenu une
interview et une captation de concert. Car si on a juste l'autorisation de filmer un concert,
pour nous, c'est un peu frustrant si on n'a pas l'interview de l'artiste. Par exemple, on a eu
l'autorisation de filmer Stromae et Florent Marchet, mais on n'a pas eu d'interviews. Enfin
Florent Marchet, c'était le lendemain tard, donc pour le JT c'était pas possible. Donc on a
fait un micro-trottoir à la sortie du concert. Ca ouvrait la semaine du festival pour notre
journal, On l'a juste tourné différemment. Ce qui aurait été très embêtant pour nous, ça
aurait été de rien avoir : ni la captation de Stromae, ni de Florent Marchet, sachant que
Florent Marchet est originaire de Bourges, donc pour nous c'était un angle important... Et si
on n'avait eu aucune des captations, euh.. on se serait retrouvé à faire l'ouverture de la
semaine du Printemps de Bourges dans notre JT avec un sujet sur le off...
Est-ce que c'était dur de négocier cette captation ?
On ne l'a pas négocié, on l'a demandé comme les autres, et après on croise les doigts. Mais
au final, quand on a : captation de Stromae autorisée, captation de Florent Marchet
autorisée et pas d'interviews, on est mitigé, on se dit que c'est dommage, qu’on aurait bien
aimé avoir une interview, avoir un peu plus mais c'est comme ça. Mais le sujet avec le
micro-trottoir était très bien, c'était pas ce qu'on avait choisi au départ, mais finalement,
c'est très vivant, les gens parlent de leur engouement pour Stromae, Florent Marchet. En
interview, on a réuss à avoir le père de Florent Marchet qui est responsable d'une salle de
spectacle dans le Berry, qu'on connait bien. C'est pas l'angle qu'on avait prévu au départ
mais ce n’est pas moins bien!
Ca ne sort pas de la ligne éditoriale de la chaine ?
La ligne éditoriale ici, c'est de rendre compte du Printemps de Bourges en étant le plus près
possible. Evidemment si le lendemain du lancement du Printemps de Bourges, on parle que
du off, on va se planter. Car les gens qui vont regarder le journal de Bip, ils ont envie de
voir et d'entendre des artistes dont tout le monde parle. Donc à nous de trouver l'angle –
c'est le travail des journalistes – de trouver le bon angle, pour que les téléspectateurs s'y
retrouvent et qu'ils trouvent qu'on a fait correctement notre travail.
Est ce que vous envisagez de devenir partenaire du Printemps de Bourges, d'aller plus
loin avec l'organisation, ou bien cette place d'invité vous convient?
Non pas forcément car nous on est un petit média. Même si on est un média important
localement, le Printemps de Bourges ce n'est pas un festival local mais national. Ils ont déjà
tellement de partenaires, et surtout tellement de partenaires qui frapperaient à la porte avant
nous, qu'on n’est pas en position de négocier quoi que ce soit. Evidemment, nous les
journalistes, on aimerait avoir un peu plus de place ici, parce que c'est vrai qu'on fait les
trajets, on n’a pas de places pour faire nos interviews, pour recevoir nos invités... le Berry
Républicain a tout ça par exemple, média partenaire, média plus important, ils ont plus de
salariés, plus de visibilité, voilà, c’est naturel qu’ils soient partenaires. Nous, ce n'est pas la
logique.
91
Est-ce qu'il y a des missions particulières pour un journaliste accrédité ? Est ce qu'on
se sent obligé d’écrire, de dire ou de faire des choses parce qu'on est accrédité ?
Nous, on se doit de rendre compte, parce qu'on est un média local, de l’actualité des artistes
locaux sur le Printemps de Bourges. C'est à dire, que ce soit dans le in ou dans le off, il faut
qu'on dise s'il y a des artistes locaux qui sont là, et dire à quoi ça leur sert d'être là. On les
interview, ceux qui sont sur les tremplins, sur les scènes ouvertes. Là, toute à l'heure, j'ai
fait Minou, qui était sur la scène SFR, qui a participé à un tremplin bien en amont, des mois
avant le Printemps de Bourges. Hier, j'étais avec Scoop & J-Keuz, qui sont du coin aussi.
Nous, notre devoir c'est de dire, il y a des artistes dans le Berry pour qui le Printemps de
Bourges c'est un vrai tremplin. Et quelque soit leur porte d'entrée. Il y a le in, mais il y a
d'autres portes d'entrée. Donc nous, on choisit de parler de ça, quand ils sont pas encore
connus, et quand ils sont connus c'est pareil, on en fait des tonnes sur Florent Marchet
parce que c'est un artiste de chez nous. En première partie de Stromae, c'est génial. Et en
même temps, il y a d'autres petites scènes, il y a d'autres artistes comme le Renard Chauve
dont on a parlé dans l'édition de ce soir par exemple, que j'ai filmé en résidence la semaine
dernière. C'est un groupe qui en est à son 4e album, qui a quand même joué sur la scène du
Zénith, qui a joué dans des salles de 4 000 places, qui n’est pas dans la programmation
officielle mais qui veut être là, qui veut être sur le Printemps de Bourges. Donc nous, soit
on rend compte de leurs prestations sur le Printemps, soit on annonce leurs prestations.
Est-ce que vous devez rendre des comptes à l'attachée de presse, d'être assidu, ou de
les remercier … ?
Ils ne nous demandent rien, et ça c'est royal, car je pense qu'ils ont vraiment conscience de
la difficulté que nous, on peut avoir. Je pense qu'ils le savent. On n'en a jamais vraiment
parlé avec eux, mais ils le savent. Ils savent qu'on fait du in, qu'on fait du off, qu'il y a
beaucoup de choses, qu'on fait des demandes, que eux ne pourront pas tout honorer, et que
nous non plus. Après, quand nous on peut pas honorer des interviews, on les prévient. Eux,
quand ils ne peuvent pas répondre favorablement à nos demandes, ils nous préviennent, ça
se passe généralement très très bien. Ils ne nous demandent pas de comptes et on leur en
demande pas non plus en fait. Quand ils refusent des interviews, ils motivent leur réponse.
« Voilà, tel artiste, il a fait que deux télés, il sort d'une tournée, il est crevé, il n’a pas envie
de répondre à la presse, voilà ». En même temps on est lucide sur ce qu'on fait. On est un
média local. On sait qu'il y a plein de médias qui sont beaucoup plus importants que nous,
on ne va pas se plaindre de ne pas avoir Metronomy en interview, on n'est pas stupides. On
peut rêver, on a le droit de rêver, et on rêve tous les ans d'ailleurs !
Une année j'avais demandé Archive en interview, qui est un groupe que j'aime beaucoup,
que j'ai vu beaucoup de fois en concerts. Quand j'ai vu qu'il passait au Printemps de
Bourges, je me suis dit « Chiche, je vais demander une interview ». Archive, en tête à tête.
Sachant que parfois, si on n'a pas le tête à tête, on peut avoir la conférence de presse et on
est déjà très content. Et j'ai eu Archive en tête à tête, j'étais ravi ! J'ai placé ma caméra, dans
le petit box où j'ai vu arrivé les quatre musiciens d'Archive, les quatre ! Je me suis dit, je
vais quand même leur préciser que je suis un média local. Ils m'ont dit « non non, mais il
n’y a pas de problème, on sait, il n'y a aucun souci » et il s'est trouvé que le média d'après a
fait faux bond et ils m'ont accordé vint minutes d'interview au lieu de dix. Et ça s'est fait
naturellement.
Donc nous, on y croit, on sait que c'est possible, qu'il y a des artistes qui jouent le jeu, qui
ont envie d'être présents, qui sont sur le festival à fond. On demande tous les ans ce qu’on
veut dans l’idéal, et on a souvent des miracles.
92
Est ce que le fait d'être accrédité met en danger l'objectivité du journaliste ?
Je ne vois pas en quoi... ça serait le cas si en échange, on sentait qu'il y aurait une pression
pour couvrir tel ou tel concert. Là, ici sur le Printemps de Bourges, je n'ai jamais senti
aucune pression.
Ca se ressent dans d'autres événements que vous couvrez? Dans d'autres festivals ? Je ne vais pas dire que ce n'est jamais arrivé, mais c'est une pression légère. Ils nous disent
« il ne faudrait faire ça car cette année on a mis l'accent sur ça et ce serait vraiment bien si
vous médias qu'on connait et à qui chaque année on autorise une captation, vous pouviez
faire ça. Ca nous arrangerait ! » Mais euh, honnêtement je ne l'ai jamais senti comme une
condition. Souvent on se connait en plus. Les gens de Bourges ne vont pas nous mettre la
pression sur un truc car eux mêmes ils n'ont pas la pression... je suis peut-être un peu naïf
mais je ne ressens pas ça.
Selon vous, comment les festivals sont traités sur le web ? Quel impact a le traitement
d’un festival sur le web? Moi, j'aime les sites web dans lesquels il y a un mélange d'audiovisuel et de presse écrite,
c'est à dire que les sites web qui sont mal écrits, une mauvaise éditorialisation, ça ne
m'intéresse pas. J'aime qu'il y ait du texte, qui amène vers la vidéo. France 3 le fait de plus
en plus, c'est un exemple parmi d'autres. Je les cite car en tant que confrères qu'on croise
souvent en reportage, je vais souvent voir leurs sujets et je m'aperçois que eux, ils ont des
moyens supplémentaires par rapport à nous. Nous, on met nos sujets sur le web, bruts, les
gens vont les voir mais il n'y a pas d'articles avec. Eux, même s'ils ont encore des caps à
franchir, ils ont des articles qui les amènent vers la vidéo. France Bleu aussi, ils écrivent
des articles qui amènent vers des sons.
Pour moi le web aujourd'hui, la carte qu'il a à jouer, c'est dans la complémentarité avec la
radio, l'audiovisuel, la presse écrite, tous les autres médias traditionnels. Pour moi le web
doit condenser en un tous les autres médias en faisant tout bien. Les bonnes vidéos, les
bonnes interviews, les bonnes présentations et tout ça avec du sens, c'est à dire savoir relier
les interviews les unes avec les autres, etc.. ce que font certains sites très bien déjà. Les
Inrocks font ça très bien. Ils sont un peu justes en vidéo par contre. Chacun a son point
faible, mais pour moi, c'est le site idéal avec le background, avec mes 47 ans..
À l'inverse, il y a des boites qui ne sont pas du tout des médias, comme Deezer. Ils sont très
intéressants à suivre quand tu t'intéresses à la musique car ils font des live sessions avec
des artistes, et, en même temps, il y a un article, une biographie, un travail explicatif sur
l'artiste qui est complet et qui, pour nous, nous est très utile en tant que journaliste. Ce ne
sont pas les mêmes métiers, mais parfois le journalisme et la communication se recoupent.
93
Plan de valorisation de la communication
des Eurockéennes de Belfort (2011) Par Laurent Doucelance, responsable de la communication
94
95
96
Extrait de l’enquête Les festivals musicaux
français et les réseaux sociaux en 2013
par Socialband, mise à jour en janvier 2014
97
Extrait de l’étude Les pratiques culturelles des français à l’ère
du numérique Par Olivier Donnat
98
Extraits du corpus d’étude : Partie 2, III, A
Site d’informations nationales : l’exemple de Lefigaro.fr
Printemps de Bourges 2014 : des chiffres au beau fixe HOME => CULTURE => MUSIQUE
Par Pauline Le Gall Publié le 28/04/2014 à 13:22
L'événement, qui ouvre chaque année la saison des festivals, tire un bilan très positif
de sa 38e édition. Au programme : des découvertes, des têtes d'affiche et de beaux
scores de fréquentation.
C'est un bilan positif pour le Printemps de Bourges. Le festival, qui s'est terminé hier soir, a
accueilli 55.400 spectateurs pour une fréquentation globale (comprenant les concerts
gratuits et les différentes manifestations dans la ville) de 240.000 personnes. L'année
dernière, l'événement avait attiré 53.700 personnes et 210.000 festivaliers. Le
programmateur a expliqué à l'AFP que c'était une édition pleine de «ferveur» et
«d'enthousiasme», espérant que Bourges annonçait une «sortie de crise» pour les festivals.
Sous le chapiteau W, le public a été au rendez-vous pour accueillir Stromae, Shaka
Ponk ou Skip the Use. Le concert de Bertrand Cantat, qui faisait son grand retour sur scène
avec Détroit, n'a pas affiché complet, mais a passionné la presse et a attisé la curiosité des
festivaliers. Sur la même scène, ces derniers ont également pu applaudir Fauve,
Metronomy et les Belges de Girls in Hawaii.
Du côté des découvertes, le festival a donné une belle tribune à des artistes comme Cats on
Trees, Lisa LeBlanc, Natas Loves You ou Christine & the Queens. Le prix du jury des
Inouïs, tremplin du festival, a été remis au multi-instrumentiste québécois Mark Berube. Le
Printemps de Bourges a tenu toutes ses promesses.
Site d’informations locales : l’exemple de lamontagne.fr
MUSIQUE 27/04/14 - 10H38
Fréquentation en hausse et transition en douceur pour le Printemps de
Bourges Lu 209 fois
(AFP) - Le Printemps de Bourges a enregistré une fréquentation en hausse pour sa
38e édition, marquée par le retour de Bertrand Cantat sur la scène des festivals et une
transition en douceur dans les coulisses.
Le festival, qui s'achève dimanche avec un concert de Tal, a accueilli 55.400 spectateurs
payants et délivré 9.400 invitations. La fréquentation globale (y compris les scènes
gratuites et les manifestations organisées dans la ville) a totalisé 240.000 personnes et le
taux de remplissage a atteint 92%. L'année dernière, la fréquentation globale avait totalisé
210.000 festivaliers, dont 53.700 spectateurs payants et 7.500 invitations. La plupart des
prestations live de Metronomy, on démarre le concert avec soulagement : Joseph Mount et
sa bande enchaînent les tubes, tous albums confondus, de façon impeccable : The
Look, Love Letters, The Bay, Reservoir (notre favori)… Malgré quelques faiblesses dans
les voix à certains moments, la performance dans sa globalité est salutaire et on se lâche
même dès les premières notes de Hearbreaker. La foule semble convaincue après qu’ils
jouent le dernier morceau extrait de leur premier album : You Could Easily Have Me.
Effet Placebo, avis mitigé Une fois le concert de Metronomy terminé, les ados et les plus vieux s’approchent précipi-
tamment de la scène. On chuchote en plusieurs langues, on peut sentir l’excitation dans
l’air qui vient de se rafraîchir après une légère bruine. Des lumières vertes et des faisceaux
impressionnants illuminent la scène encore vide. Brian Molko et ses musiciens font leur
apparition tandis que le public devient hors de contrôle, autant chez les jeunes que chez les
plus âgés. Placebo passe une quarantaine de minutes à jouer les morceaux de son dernier
album, sans qu’un seul titre accrocheur ne retienne notre attention. Il faudra attendre les
deux tiers du concerts pour obtenir un Special K suivi de The Bitter End qui fera
l’unanimité dans le stade. Un concert un peu trop long pour nous, anciens fans de ce groupe
britannique ayant un peu mal vieilli. Au fond, toujours un peu d’amour pour eux, mais
l’excitation et la fougue d’antan n’y sont plus.
Fauve : une grosse claque Après de courts et beaux extraits vidéos, le collectif monte enfin sur scène, tandis que le
public – très jeune – crie de toutes ses forces. Les morceaux s’enchaînent à merveille, le
chanteur trouve les mots justes pour remercier le Pays Basque ce soir-là et nous agrippe
petit à petit à coups de Haut les coeurs, Cock Music et Saint-Anne. Encore une fois, on est
subjugué par ce groupe qui a tant de rage dans ses textes et tant d’amour à donner sur
scène. Sur tous les niveaux : musical, scénique, vidéo… Le concert de Fauve restera sans
doute l’un des plus mémorables de ces quatre jours. Une belle claque qui clôture cette soi-
rée au stade Aguiléra.
Le triomphe de Stromae Samedi soir, 22h30, le stade semble deux fois plus rempli que la veille et pourtant le beau
temps n’est pas au rendez-vous. Petits et grands patientent presque en silence avant
l’arrivée de la tête d’affiche de cette sixième édition : Stromae. Si le prodige belge fait par-
tie de la programmation de la plupart des festivals cet été, le public est à chaque fois au
rendez-vous, prêt pour voir cet entertainer de qualité. Alors que les premières notes de Ta
Fête résonnent à des mètres à la ronde, les festivaliers se fondent en un mouvement de
masse, les doigts vers le ciel, et récitent les paroles des chansons qui défilent, avec une ap-
plication telle que l’on a l’impression d’assister à un moment unique. De 7 à 77 ans, tout le
monde connaît les refrains de Bâtard et de Formidable. Après presque une heure trente de
concert et une version exceptionnelle de Papaoutai, Stromae repart triomphant du BIG
Festival.
Kavinsky, en manque de vitamines Tandis que le stade s’est vidé en quelques minutes juste après le départ de Stromae, Ka-vinsky apparaît parmi la fumée et les néons bleus-violets glaciaux : il a la lourde tâche de
faire danser les personnes encore présentes au stade Aguiléra. Malheureusement pour lui,
on ne fera pas partie de celles qu’il aura réussi à convaincre de rester. Après une belle en-
trée sur scène vers 1h du matin, l’artiste joue les titres de sa tournéeOutrun Live avec une
lenteur exaspérante qui nous donnera la force pour nous diriger vers la BIG Boîte où les