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Les complements comme determinants semantiques du
verbe
Habiba Souid
To cite this version:
Habiba Souid. Les complements comme determinants semantiques du
verbe. Linguistics. Uni-versite de la Sorbonne nouvelle - Paris
III, 2013. French. .
HAL Id: tel-00980461
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Submitted on 18 Apr 2014
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1
UNIVERSITE DE PARIS III LA SORBONNE NOUVELLE
E.D 268 : Langage et langue
Thse de Doctorat
Prsente par :
Habiba SOUID
LES COMPLMENTS COMME DTERMINANTS
SMANTIQUES DU VERBE
Sous la direction du Professeur :
Jean Patrick GUILLAUME
Soutenue le 21 novembre 2013
Jury : Mr : Georges Bohas Mr : Dan Savatovsky
Mr : Jean Patrick Guillaume Mr : Mostefa Harkat
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2
REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche sur les complments comme dterminants
smantiques du
verbe a t labor grce laide et aux encouragements de plusieurs
personnes.
Je tiens dabord prsenter ma reconnaissance et ma profonde
gratitude mon directeur de
recherche :
Monsieur le Professeur : Jean Patrick Guillaume,
pour son encouragement, sa patience et ses conseils prcieux
durant mes annes dtudes et
de recherche.
Ensuite mes remerciements vont de tout cur :
ma famille, mes collgues de travail et tous mes lves de lIESH de
Paris pour leurs
encouragements et leurs soutiens.
A tousun grand merci et beaucoup de gratitude
-
3
Ddicace
A la mmoire de celle qui ma appris que la vie est un dfit et
quil ne faut jamais baisser
les bras
A cette femme combattante en moi qui a tant endur et qui a pu,
le plus souvent,
surmonter les difficults
-
4
Systme de transcription
Tout au long de cette recherche, nous avons adopt le systme de
transcription de
lalphabet arabe utilis par la revue Arabica. Nous ne prsentons
que les consonnes
trangres la langue franaise.
Les voyelles brves : a i u
Les voyelles longues :
Les consonnes :
q
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5
Abrviations et symboles
Tout au long de ce travail nous avons utilis les abrviations
suivantes :
PH .Phrase
SUJ . .Sujet
OBJ. Objet
C.O.I. .Complment dObjet Interne
C.O.E.Complment dObjet Externe
C.C.T...Complment Circonstanciel de Temps
C.C.L..Complment Circonstanciel de Lieu
C.EComplment dEtat
T.G.A. Tradition Grammaticale Arabe
Z..Zayd
M..Maf
S. D........................Sans date
E.I Encyclopdie de lIslam
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6
TABLE DES MATIRES
REMERCIEMENTS 2
Ddicace.3
Systme de transcription....4
Abrvations et symboles5
Table des matires..6
Introduction gnrale11
CHAPITRE I: LA THEORIE DE LA COMPLMENTATION
I-Rappel sur la thorie de la phrase en langue arabe :17
I-1- Les dfinitons de la phrase21
I-2- Les types de phrases en arabe25
I-2-1- La phrase nominale26
I-2-2- La phrase verbale...30
I-2-3- La phrase locative..33
I-2-4- Phrase simple et phrase complexe.35
Conclusion36
II- tude du sujet.37
II-1- La notion sujet ( al-filiyya)...38
II-2- Le sujet est un nom au cas nominatif..38
II-2-1- Les caractristiques du sujet.43
II-2-2- Lordre verbe / sujet..47
III- La thorie de la prdication. .53
III-1- Le noyau prdicatif58
III-2-Les complments.60
III-2-1- Point de vue des grammairiens....61
III-2-2- Pointe de vue des rhtoriciens.63
IV-Le statut de ( nib-l-fil ).66
-
7
Conclusion...72
CHAPITRE II : TUDE DES VERBES :
Introduction :76
I-1-Les notions droulement/ procs. ..81
I-2- Les diffrents aspects du verbe.83
I-2-1- Laspect du temps.... 86
I-2-2- Lapect fonctionnel...... 87
I-2-3- Laspect smantique. 90
- al-Fil-al-aqq 92
- al-Fil-ayr-aqq.93
I-3- Les caractristiques du verbe....97
I-3-1- La transivit...98
I-3-2- Le verbe est un lment recteur..102
II-Lordre des complments par rapport au verbe.103
II-1-Lantposition et la postposition.106
II-2-Eviter la confusion .109
Conclusion 111
CHAPITRE III LES SPECIFICITES SMANTIQUES DES COMPLMENTS
Introduction....115
I-Les complments dorigine..116
I-1- Le vrai complment..117
I-1- 1-tude du madar .118
I-1-2-Aux origines de la nomination..119
I-1-3- Le madar est-il driv du verbe..........122
I-1-4- La relation Fil / madar 125
-
8
I-2- Le complment dobjet externe...127
I-2-1- La subjectivit phonique..........128
I-2-2- Les complments dobjet externe premier et
second...........129
I-3- Le complment circonstanciel.131
I-3-1- La circonstance de temps132
I-3-2- Classification des circonstances de temps...133
I-3-3- Les circontances de lieu...135
I-4- Le complment dtat .136
I-4-1- Les sortes de complment dtat..................138
I-4-3-La proposition en fonction du ( l )140
I-4-4- Le complment dtat nest pas un (mafl)141
I-4-1-3- Le complment dtat est un (mafl) .143
I-5- Le complment de but ou de cause 145
1-5-1- Les types analogiques..146
I-5-2- La flexion du complment de cause.147
II- Les non complments....148
II-1- Le spcificateur..........149
II-1-1-Le spcificateur est une expansion..150
II-1-2- Les sortes de spcificateur..........151
II-1-3- La relation verbe/spcificateur...154
II-1-4- La flexion du spcificateur.156
II-2- Linterpellatif (al-mund )158
II-2-1-La flexion du (mund)..........159
II-3- Lexcept (al-mustan )...........161
II-3-1- Les significations de lexception163
II-3-2- Lexcept est une expansion...165
-
9
II-3-3- Lexept nest pas un ( mafl )..165
II-3- 4-Exception / opposition....... 167
Conclusion..........169
CHAPITRE IV : LE STATUT DU SYNTAGME PRPOSITIONNEL
I-tude des prpositions.....172
I-1- La particule..173
I-2-Les particules de signification..177
I-2-1-Les prpositions178
I-2-2- Usage des prpositions.179
I-2-3- Les significations des prpositions..181
I-2-4- La combinaison verbe, prposition..194
I-2-5- Lemploi de certaines prpositions dans le sens des
autres.197
I-2-6- Les prpositions sont des lments recteurs198
I-3- Le complment au sens propre et le complment formel199
I-3-1- La supression de la prposition199
I-3-2- Lemploie dune prposition la place de lautre...201
II- Etude des marrt..205
II-1- Le syntagme prpositionnel complment dobjet..206
II-2- Le syntagme prpositionnel complment circonstanciel de
temps ou de lieu...208
II-3- Le syntagme prpositionnel complment de cause209
II-4- Le syntagme prpositionnel complment
daccompagnement..209
II-5- Le syntagme prpositionnel complment dtat212
III- Statut du syntagme prpositionnel...213
III-1- Lannexion214
III-2- Fonction dun syntagme nominal.219
Conclusion..221
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10
CHAPITRE V : LES COMPLEMENTS DANS LECRITURE ARABE MODERNE
Introduction226
a)- Qui est Nab Mafu.227
b)- Prsentation du corpus..228
c)- Mthodologie230
I-Structure de la phrase chez Mafu.231
I-1-La phrase simple...232
I-2- La phrase complexe 236
II-Les composants de base.237
II-1- Le verbe..238
II-1-1- Valeur smantique..239
II-1-2- Valeur syntaxique...243
II-1-3- Valeur des formes temporelles...246
II-2- Llment sujet...251
II-3- Lordre des composants de base254
III-Les complments chez Maf.258
III-1-Le complment dobjet interne..259
III-1-1- al-madar...259
III-1-2- ( aqqan ) en fonction complment dobjet interne.261
III-2- Le complment dobjet externe262
III-3- Les complments dobjet externes premier et second..264
III-4- Le complment circonstanciel..267
III-4-1- Le complment circonstanciel de temps...268
III-4-2- Le complment circonstanciel de lieu...270
III-5- Le complment dtat...273
-
11
III-6- Le complment de cause..275
III-7- Le spcificateur277
IV- Lordre des complments chez Maf ......281
V- Le lexique Chez Maf...282
Conclusion..287
Conclusion Gnrale....290
Index des termes techniques..294
Index des noms propres.297
Bibliographie..298
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12
INTRODUCTION GNRALE Cette thse propose dtudier les complments en
langue arabe et leur fonctionnement
en tant que dterminants smantiques du verbe. En effet, quand on
soulve la question de
la relation (verbe / complment) dans les ouvrages de grammaire,
cest notamment pour
voquer des questions dordre syntaxique1. Dautres aspects de
cette relation tel que
laspect smantique, nont pas eu lattention quils mritent. Chez
les grammairiens arabes,
la recherche concernant les verbes na pas dpass la
classification de ces derniers selon
leurs schmes, ou selon quils sont transitifs ou intransitifs,
ceci au dtriment dautres
dimensions de grande importance.
La recherche sur les complments se fait son tour, dune manire
formelle et
reprsentative. Elle est formelle dans la mesure o elle insiste
sur les traits formels des
(mafl) et ne rend pas trop compte au sens. Et elle est
reprsentative dans le sens o elle
prsente les complments comme tant le type dune catgorie
grammaticale (celle des
mansbt). En effet, Les grammairiens classiques tendent souvent
traiter la question des
complments travers la thorie de la flexion. Ils partent de cette
thorie, pour insister sur
les caractristiques des complments en tant que composants au cas
accusatif. Ainsi, quand
ils parlent de la relation verbe / complment, cest surtout la
relation (mil wa maml )
recteur et rgi quils voquent. Ils nont pas essay demble daller
au-del de la
distinction entre composants de base et composant facultatifs et
entre complments
essentiels et complments non essentiels. Et quoiquelles soient
fondamentales, il nous
semble que ces deux thories ne touchent quaux seuls aspects
syntaxiques. Laspect
smantique dans la relation verbe / complment demeure marginalis
dans ce genre
dargumentations. Et quoique lon trouve les traces dune rflexion
ce sujet chez les
thoriciens de la langue arabe, leurs remarques demeurent
parpilles et fragmentes sans
atteindre le niveau de la thorie complte.
Dans la prsente recherche, nous nous proposons de reprendre ces
remarques, de les
regrouper et de les examiner afin de formuler une ide claire et
globale sur ce rapport de
dtermination smantique entre le complment et le verbe. Pour
cette fin, nous partons des
1 Lanalyse syntaxique (de larabe) tudie la situation des
terminaisons des mots en dclinaison et structure ainsi que la
position de ces mots dans la phrase. Dictionnaire de la grammaire
arabe universelle (Arabe- Franais ; (1990 : p, 201)
-
13
donnes empiriques de la grammaire arabe et nous suivons les
grammairiens dans leurs
thorisations. Nous tudions en dtails les composants de la phrase
arabe en insistant sur
les caractristiques des complments et les diffrents aspects du
verbe arabe afin
dexaminer les spcificits de la relation verbe / complment. En
effet, parler de la
dtermination smantique, cest mettre laccent sur le rle des
complments dans
lclaircissement du sens smantique du verbe et cest l, la
problmatique de ntre thse.
Nous tenterons ainsi de rpondre aux questions suivantes :
Comment les grammairiens
classiques ont-ils prsent les complments ? Quelles taient leurs
critres, thorisations et
argumentations dans ltude de chaque composant de la phrase ?
Ya-t-il une rgularit ou,
au contraire, une irrgularit dans la relation (verbe /
complment) ? Yaura-t-il des
horisons dinterprtation autres que ceux tracs par la grammaire
classique ?
Notre travail sera rparti sur deux grandes parties : lune
consiste aborder le sujet dun
point de vue purement thorique. Lautre est plutt dordre
pratique, elle permet
dappliquer les rsultats de cette tude thorique sur un corpus de
littrature arabe
contemporaine. Les deux parties seront classes leur tour en cinq
chapitres :
Le premier est introductif, cest surtout un rappel de la thorie
de la phrase en arabe. En
effet, les notions verbe et complments sont directement lies la
notion de phrase. Celle-
ci reprsente le cadre gnral de notre tude, car nous ne pouvons
pas parler de
complment ni expliquer la relation (verbe / complment) qu
lintrieur mme de la
phrase. Nous tudions les sortes de phrases et nous prsentons
dune manire globale la
thorie de la complmentation chez les grammairiens classiques,
nous tudions llment
sujet tout en rappelant les thories de la prdication (isnd ), et
celle de la flexion(irb ).
Nous ne reviendrons pas sur la thorie de la rection (amal), tant
donn quelle a t
longuement discute par les chercheurs arabisants. Nous avanons
ensuite les deux points
de vue des grammairiens et des rhtoriciens concernant les
complments. Nous noublions
pas dtudier llment substitut du sujet ( nib -l-fil )2 qui a un
statut spcifique en
arabe.
Le deuxime chapitre sera consacr ltude des verbes. Il sagit de
prsenter le verbe
selon la pense grammaticale arabe traditionnelle et selon la
linguistique moderne, de
prciser ses aspects fonctionnels, temporels et surtout
smantiques, ce qui permettra de
mettre le point sur lordre et la relation (verbe /complments) et
de tracer les spcificits de
cette relation. Nous insistons bien videmment sur laspect
smantique de cette relation.
2 Cette fonction grammaticale remplace celle du sujet quand le
verbe est au passif.
-
14
Dans le troisime chapitre nous tudions les spcificits smantiques
des complments.
Nous distinguons entre les complments dorigine et les non-
complments. Nous
dtaillons ce que les grammairiens ont appel le vrai complment
ainsi que ceux classs
comme tant des circonstanciels (de temps, de lieu, dtat). Nous
nous intressons plus
particulirement lusage de ces complments et leur rle dans
lclaircissement du sens
du verbe. Nous essayons de rpondre la question suivant :
pouvons- nous admettre la
distinction entre complments ncessaires et complments
facultatifs, ou au contraire,
devrons-nous considrer que tous les complments sont pied dgalit
du fait quils sont,
tous, spcifiquateurs du verbe ?
Ltude du statut de (al-rr wa-l-marr ) dans le quatrime chapitre
permettra
dexaminer la prposition en langue arabe et plus particulirement
les ( urf -l-man ),
leur sens, leur usage et leur relation avec les complments. En
effet, certains complments
se prsentent sous forme dun syntagme prpositionnel. Ils ont, par
contre, un statut plus au
moins ambigu par rapport cette catgorie de composants. Ils sont
connus sous
lapplation des (marrt). Nous nous intressons au complment formel
et celui qui est
dit complment au sens propre. Nous dmontrons quon arabe la
fonction complment
dobjet externe dsigne dans certains cas, llment qui subi laction
du sujet dune
manire directe et dans dautres cas, elle dsigne un lment mis en
relation avec le verbe
ayant la mme fonction grammaticale sans pour autant subir
laction du sujet.
Nous voquerons par la suite la question de lannexion (ifa ) sous
ses deux formes
(grammaticale et smantique) et nous examinerons la fontion
complmentaire btie sur
lannexion. Cette dmarche est justifi de deux manires : Dune
part, en arabe, la fonction
complmentaire nest pas occupe uniquement par une notion simple,
elle est assure
parfois, par un syntagme nominal (annexe et nom annex). Dautre
part, les noms en
position dannexion appartiennent la classe des ( marrt).
Celle-ci fait partie des
expansions (falt) qui sattachent au prdicat. Lintrrt est donc
dtudier une catgorie
de complments construite traver le rapprochement de deux noms.
Nous dmontrons que
cette construction occupe presque la plupart des fonctions
complmentaires connues en
langue arabe.
Le cinquime et le dernier chapitre consiste appliquer les donnes
thoriques
collectes dans les chapitres prcdents sur lcriture arabe
contemporaine. En effet, notre
recherche ne sintresse pas uniquement aux origines et aux tapes
de lvolution de la
-
15
langue arabe, mais aussi sa situation actuelle et ses tendances
dans lavenir. Nous
tenterons de mettre en vidence les spcificits de lcriture arabe
moderne reprsente par
lun de ses figures les plus clbres, lcrivain Egyptien Nab Maf.
Nous tudions la
structure de la phrase, les complments, leur varit et leur usage
linguistique dans le
roman intitul Al-ssukkariyya :
Comment Maf organise t-il la phrase ? Comment fait-il usage des
diffrentes
fonctions complmentaires ? A quel point les possibilits quoffre
la langue arabe aident-
elles lcrivain contemporain btir son uvre cratif ? Maf a-t-il
innov dans la
construction de la phrase et dans lusage des complments ? Ou au
contraire, est-il rest
fidle aux normes de la phrase arabe classique ? A quel point la
nature de lcriture
romanesque a-t-elle influenc la manire de distribuer les
composants de la phrase ? Cest
autour de toutes ces questions que repose ce dernier chapitre.
Afin dy rpondre, nous
tudions la structure de la phrase chez lauteur. et nous
examinons les relations syntaxiques
et smantiques entre ses diffrents composants. Cela permettra de
tracer les aspects
dvolution de la langue arabe la lumire de ses rgles de base.
Nous nous situons dans un cadre conceptuel classique. Nous
suivons la rflexion des
grammairiens arabes classiques des plus anciens au plus tardifs.
En effet, tout au long de ce
travail nous nous appuyons sur les thories de la tradition
grammaticale arabe, dsormais
(T.G.A), sans pour autant ngliger le point de vue de la
linguistique moderne et des
chercheurs contemporains. Nous avanons les remarques faites par
ces chercheurs arabes
et occidentaux quand cela parait utile.
Les premires tentatives de la rflexion sur la langue arabe sont
dune importance
particulire car en nous rfrant aux travaux labors en cette
priode et en les comparant
dautres plus tardifs nous pouvons suivre lvolution de la pense
grammaticale arabe
jusqu nos jours. Nous consultons les ouvrages des grammairiens
classiques tel que :
Sibawayhi, Ibn Al-Ssarr, Ibn Aql, Al-Astarabdi, Al-Zza, Ibn Ya,
Ibn inn,
Al-Ssay, Ibn Ufr, Al-Qazwn, Al-Ukbar, Al-Anbr, Ibn Him, Ibn
Mlik, Ibn -l-
Hib et bien dautres encore, de manire prsenter leurs diffrents
points de vu notre
sujet. Les travaux des chercheurs contemporains tel que Andr
Martinet, Christian
Touratier, Emile Benveniste, J.P. Guillaume, Georges Bohas, Rgis
Blachre, David
Cohen et de nombreux orientalistes et arabisants, nous aiderons
mener une dmarche
critique et dvelopper la rflexion sur la grammaire arabe sans se
limiter aux mthodes et
aux notions des grammairiens classiques.
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16
Afin dlaborer des interprtations plausibles aux questions
traites, les expositions
thoriques sont appuyes par des exemples classiques et
contemporains. Les citations sont
rapportes dans leur langue dorigine (larabe) par le biais de la
transcription. Nous offrons
ainsi au lecteur la possibilit dexercer sa propre rflexion sur
les perspectives proposes.
Toutes les citations ainsi que les termes techniques seront
galement traduits. Toutefois,
ces traductions seront toujours approximatives dautant plus que
les orientalistes nont pas
toujours adopt les mmes terminologies.
Finalement, nous insistons sur le fait que nous nenvisageons
pas, dans notre recherche,
changer les donnes de la grammaire arabe. Nous voulons surtout,
simplifier les donnes
de cette grammaire, mettre le point sur ses contributions dans
le dveloppement de la
science des langues et attirer lattention sur ses limites et ses
difficults quand elles
existent.
-
17
CHAPITRE I
LA THORIE DE LA COMPLMENTATION
I-RAPPEL SUR LA THORIE DE LA PHRASE ARABE
Ce rappel sur la thorie de la phrase semble ncessaire dtre abord
pour comprendre la
structure de la phrase arabe et dcouvrir, par la suite, les
relations entre ses diffrents
lments. La phrase est la base de toute recherche grammaticale,
et nous savons bien que la
langue arabe a conserv ses rgles de base telles quelles ont t
formules dans les
ouvrages fondateurs. Toutefois, la thorie de la phrase a t
sujette des divergences entre
les grammairiens. Nous laissons de cot les dbats interminables
propos de cette thorie
et nous nous intressons quaux donnes pouvant servir notre
recherche. Nous essayons de
voir quel point la structure de la phrase et lordre des
composants nous aideront-ils
comprendre la relation entre le verbe et le complment. Nous
prenons en considration
linteraction entre fonction syntaxique et sens smantique? En
effet, quil sagit de la
grammaire occidentale ou de la grammaire arabe, la rflexion au
sujet de la phrase na
cess de sapprofondir de manire occuper des chapitres tout
entiers dans les traits de
grammaire. Comment dfini-t-on la phrase ? Quelles dlimitations
peut-on donner aux
notions qui se rattachent lacte de lnonciation ? Quelles sont
les sortes de phrases, leurs
diffrentes valeurs et leurs caractristiques en langue arabe ?
Lhritage grammatical arabe
nous aide-il mieux comprendre les relations entre les composants
de la phrase ? Cest au
autour de toutes ses questions que repose ce chapitre
introductif.
Selon les linguistes, lobjet de la syntaxe est lexamen de la
faon dont les units
linguistiques doues de sens se combinent dans la chane parle3
pour former des
nonces4. Lanalyse linguistique dcoupe le discours en
paragraphes, les paragraphes en
squences enchanes, les squences en phrases et les phrases en
mots forms dunits
minimales de dcomposition. Si lon admet que dans toutes les
langues les nonces se
structurent en phrases nous constatons que la dlimitation de
celle-ci rvle certaines
difficults. En effet, les chercheurs dans le domaine de la
phrase lont abord de manires
3 Dans son ouvrage Elment de syntaxe structurale, Lucien Tesnire
rapporte la dfinition de la chane parle avance par F. de Saussure :
Cest la donne immdiate de la parole. Cest elle qui sous sa forme
naturelle ou sa notation crite fournit les faits de base dont
lobservation pralable est la source de toute spculation
linguistique () Elle se prsente comme une ligne, cest l son
caractre essentiel ; Tesnire (1988 : p. 17). 4 Andr Martinet (1985
: p. 16).
-
18
diffrentes: Certains ont voqu la faon dordonner les mots pour
former la phrase.
Dautres ont cherch dans le domaine du sens. Ainsi nous avons des
dfinitions dordre
formels tel que: La phrase est une unit phonique spare par deux
poses ou encore la
phrase est une suite de mots inaugure par une majuscule et
termine par une ponctuation
forte 5. Les linguistes occidentaux contemporains ont tent de
construire une dfinition
fonctionnelle de la phrase. Citons par exemple celle avance dans
le Dictionnaire de la
linguistique de Georges Mounin : La phrase est une forme
linguistique indpendante, qui
nest pas incluse en vertu dune quelconque construction
grammaticale. Elle nentre pas
dans classe distributionnelle , ou encore celle propos par Andr
Martinet: La phrase est
lensemble des monmes qui sont relis par des rapports de
dterminations (dpendance)
ou de coordination un mme prdicat 6.
Ainsi en Franais, les grammairiens font la diffrence entre
phrase et proposition. La
phrase est plus gnrale, elle peut contenir une ou plusieurs
propositions. Ces dernires
sont dtermines comme des lments qui ressemblent la phrase,
comportant des
prdications mais ne rpondant pas la condition dindpendance. Par
contre la phrase
rpond aux deux conditions la fois: la prdication et
lindpendance. David Cohen
affirme dans ce contexte que : la phrase se dfini au del de la
syntaxe, par ses relations
rfrentielles externes lnonc lui mme et se dlimite par dmarcatifs
supra
segmentaux qui en signalent le dbut et la fin et la marque
formellement comme
constituant un tout autonome 7. Il est important de signaler
dans ce contexte que la
recherche grammaticale occidentale concernant la phrase sest
dveloppe durant le sicle
dernier. Elle a fait bnficier les chercheurs contemporains dans
le domaine de la phrase
arabe de ses rsultats.
En langue arabe, la rflexion sur la notion de la phrase sest
labore chez les
grammairiens classiques au fur et mesure que lvolution de la
pense grammaticale
arabe. De diffrentes terminologies sont souvent voques l ou il
sagit de ltude de la
phrase. Des notions tel que: ( laf ) profration ou terme (
kalima ) mot
( kalm ) nonc 8 et (umla ) phrase qui nont pas eu toujours la
mme
signification sont frquemment utilises dans les ouvrages de
grammaire. Dans le kitb de
5 Nelly Flaux (1993 : p. 2) 6 A. Martinet (1985 : p. 59) 7 David
Cohen ( 1989: p.44) 8 Le Dictionnaire de Linguistique de La Rousse
prcise qu Enonc est employ parfois pour phrase dans la mesure o
lanalyse des noncs sest souvent rduite lanalyse des phrases qui les
composent.
-
19
Sibawayhi (m.177/793)9 apparaissent les premiers traits
descriptifs de la phrase arabe. En
effet Sibawayhi na pas accord dimportance dfinir la notion (
kalima ), il sest
proccup par ltude de la phrase sans pour autant la nommer ( umla
), laquelle ne sera
appele ainsi que plus tard. Elle est reprsente gnralement par la
notion ( kalm ).10
Notre grammairien a souvent employ ce terme dans le sens de (
umla ) quoique le
( kalm ) soit une chose aussi spcifique que la phrase. En effet,
lnonc est dfini comme
Expression informative intentionnelle . Linformativit veut dire
la prsence dun
contenu smantique dou dautonomie. Par contre, la phrase est
simplement dfinie
comme la donn dune relation prdicative, sans aucune rfrence une
quelconque
autonomie syntaxique ou smantique 11.
Sibawayhi a tudi tout acte de parole remplissant les conditions
dadquation
structurelle et smantique. Cette dmarche la conduit dlimiter la
phrase travers ses
constituants et travers la combinaison de plusieurs lments
syntaxiques actualiss par la
relation prdicative. Il a annonc la structure fondamentale
sujet-prdicat et il a affirm
quune phrase doit tre conforme aux rgles syntaxiques et prcises
sur le plan smantique.
Le ( kalm) selon Sibawayhi est valu comme (asan ) ou (qab) cest
dire bien
construit ou mal construit. Il est galement valu par sa
motivation, sa structure et
essentiellement par son efficacit de communication. Le kitb
insiste sur le rle du locuteur
dans lopration communicative, il dit ce propos: Vois-tu si tu
disais ( si frappe vient )
a ne sera pas un discours (al tar annaka law qulta in yarib
yatin l yaknu
kalman)12.
De nombreuses contributions se sont cumules par la suite et ont
form une thorie
assez homogne dans laquelle ltude de la structure de la phrase
occupe une place
importante. Certains grammairiens classiques ont considr la
(kalima) mot, comme tant
une donne essentielle (de sens banal) qui na pas besoin dtre
dfini, comme ctait le cas
de Sibawayhi. Dautres grammairiens plus tardifs ont essay de
donner chaque terme une
dfinition qui lui est propre: Dans le mufaal, Zamaar (m. 467 /
1072) distingue entre
( kalima) mot et ( kalm ) discours. Il dfend ce principe de
convention car si le premier est 9 Tout au long de ce travail, la
premire date correspond lre hgirienne, la seconde lre chrtienne. 10
Selon J.E. Khouloughli, dans la T.G.A. la notion de phrase (umla)
sest dgag progressivement () on ne peut pas encore dater avec
certitude la premire apparition du terme (umla) dans une acception
proprement grammaticale. Nous savons par contre que, dans les
textes des grammairiens prcoces , il reste un simple synonyme
(technique) du mot (kalm) Article La phrase dans la tradition
grammaticale arabe Khouloughli (1995 : p.81). 11 Ibn Him a consacr
une squence du deuxime chapitre d Al-Mun dtailler la diffrence
entre (umla) et (kalm). Voir: p. 490, de louvrage indiqu. 12
Sibawayhi (S.D: I, p. 14).
-
20
synonyme de (al-lafatu al-dddllatu al man mufradin bi-l-wai )13
le mot est la
voix instaure pour une notion simple selon le principe de la
convention , le deuxime est
dfini comme tant: le discours est ce qui se compose de deux mots
( tu as ) accord lun
lautre ( cela ne se fait que ) de deux noms comme quand tu dis
Zayd (est) ton frre, ou
dun verbe et dun nom comme quand tu dis Zayd frappe et il est
appel umla (al-
kalmu huwa -l-murakkabu min kalimatayni asnadta idhum il al-ura
ill f
ismayni kaqawlika Zaydun aka aw f filin wa ismin kaqawlika araba
Zaydun)14.
Ce grammairien prsente la notion phrase par opposition la notion
mot : Un mot est
compos travers lassemblage de deux lettres ( urf ) ou plus, et
il indique une notion
simple. Par contre, une phrase est compose par lassemblage de
mots selon les rgles
syntaxiques fixe par la grammaire et selon des fins smantiques
dtermines par le
locuteur. Selon Zamaar ( kalm ) et ( umla ) sont synonymes.
Ibn Ya (m.643 /1248) a fait le commentaire du trait de Zamaar le
arh -l-
Mufaal, il a fait la diffrence entre ( laf ) terme et ( kalima )
mot. Le premier dsigne
tout ce que le locuteur peut prononcer, cest un ensemble de sons
prononcs sans quil est
de sens, le deuxime dsigne aussi ce que le locuteur prononce.
Cependant, Ibn Ya
explique tout dabord que le terme ne peut tre considr comme (
kalima ) que lorsquil
entre dans lusage des gens. Il sera ainsi qualifi de ( mustamal
) linverse de ce qui
nentre pas dans lusage des gens dit ( muhmal ) dpourvu de sens.
Lusage dun mot est
engendr par laccord entre les gens demployer ce terme. De plus
une profration ne peut
tre considre comme (kalima) que lorsquelle a un sens. Autrement
dit pour quun ( laf )
ait le caractre dune ( kalima ), il doit porter une
signification15 qui lui est assign par le
principe de ( tawu ) ou (iil) convention16. Ce principe exclu le
(laf) (a )
exprimant la douleur du cadre des mots17 car il ne rpond pas la
condition de ( tawu ),
de plus un mot est une unit significative indivisible car une
partie du mot ne renvoie pas
au sens de ce dernier: Prenant par exemple la lettre z du mot
Zayd, elle na pas de
signification hors du mot auquel elle se rapporte.
13 Zamaar (S.D: p. 6) 14 Ibid 15 Ibn Yais (S.D: I, p. 19) 16 La
convention signifie laccord entre un groupe dindividus parlant la
mme langue, sur la dsignation dun tel objet ou tel phnomne par un
tel mot ; Exemple : Les Arabes sont convenu dappeler le liquide
inodore, incolore et sans got par ( ma) eau. Les chercheurs
emploient souvent la notion convention par opposition larbitraire .
17 Lucien Tenire considre aie comme mot-phrase qui suffi lui seul
dexprimer la douleur physique sans quil soit ncessaire de lui
ajouter aucun autre lment pour complter la phrase. Tenire (1988 :
p. 94).
-
21
Ibn Ya ajoute que le locuteur emploi parfois deux mots dans le
sens dun seul
renvoyant une seule signification tel est le cas de (ibn w ) ou
encore (haramawt) .
Cette catgorie de mot est le produit dune combinaison de deux
lments dans une unit
ou chaque partie renvoie une partie du sens global. Dans ce
genre dusage, le mot nest
plus une unit simple mais plutt une unit complexe forme par
composition, elle forme
cependant une seule unit significative et par consquent un seul
mot. (Al-kalima) est
prsent dans les trois parties du discours reconnues par la
T.G.A: le mot est de trois
sortes : nom, verbe et particule (al-kalimatu alatu anwin: ismun
wa filun wa
arfun).
I-1-Les dfinitions de la phrase
Pour dfinir la phrase, Ibn inn (m. 392/1002) insiste sur laspect
significatif de la
phrase. Dans Al-ai les particularits , il considre la notion
(umla) comme
lquivalent de (kalm ), il la dfini comme tant : lnonc
significatif bti seul et
indpendant dans son sens (al-kalm al-mufd al-qimu birasihi
al-mustaqillu
bimanhu)18. L nonc (kalm ) est ainsi diffrent du discours (qawl
), en effet tout
nonc est un discours alors que tout discours nest pas
ncessairement nonc car le
(kalm ) selon Ibn inn ne peut tre que complet et significatif
raison pour laquelle - les
arabes dsignent le livre sacr (le coran) par (kalm Allah) et non
pas par ( qawl Allah )
dit-il, car le ( qawl ) peut tre constitu par un seul mot, alors
que le ( kalm ) contient
habituellement plus quun mot et porte linterlocuteur un contenu
utile ( fida). Il
prcise cependant, que certains mots tel que (uffin ) litt. jen
ai marre ou encore
( ruwaydaka) doucement prennent le statut de la phrase tant donn
quils sont porteurs
de ( fida ).
Ibn Ya rejoint lide de Sibawayhi quant au rle essentiel du
locuteur dans le choix
de la structure de la phrase Sache que lnonc chez les
grammairiens, implique tout (ce
qui est dit) indpendant (dans sa construction) et exprimant son
sens, il est appel
(umla ). (ilam anna al-kalma inda -l-nawiyyna ibratun an kulli
lafin mustaqillin
binafsihi mufdin limanhu wa yusamm al-umla)19. Pour quun
assemblage de mots
mrite dtre dsign par phrase, il faut quil y est (tarkbu isndin)
une construction de
type prdicatif. Cela veut dire que chacun des deux mots est bti
sur lautre dans le but
18 Ibn inn (S.D : I, p.17). 19 Ibn Ya S.D : I, p. 21).
-
22
dune information (abar ), dun ordre (amr ) ou dune interrogation
(istifhm). Ainsi la
phrase peut tre construite de deux noms tels que dans lexemple
(1) ou encore dun verbe
et dun nom comme dans lexemple (2).
( 1) Zaydun marun.
Zayd (est) malade.
(2) maria Zaydun.
est tomb malade Zayd.
Zayd est tomb malade.
Pour les notions tudies prcdemment, Al-Astarabd (m. 686/1284)
avance dautres
dfinitions plus plausibles. Il distingue entre (kalim) sortes de
mots ou parties de discours,
(kalima) mot, ( qawl ) ou ( kalm) discours et en fin nonc ou
phrase (umla ). Pour
dlimiter le mot, il rapporte la dfinition de Ibn -l-ib:
(al-kalima lafun wuia liman
mufradin) le mot est une voix instaure pour une notion simple,20
il ajoute que le ( kalim )
nest pas le pluriel de (kalima) comme le fait entendre sa forme
morphologique cest plutt
son genre prochain, de mme que ( tamr ) dattes est le genre
prochain de ( tamra ) datte.
La notion genre prochain sapplique aux petites comme aux grandes
quantits, cependant
( kalim) semploie uniquement pour une quantit suprieure
deux.
Quand il dfini le ( kalm ), Al-Astarabd affirme : Cette notion
dsigne ce par
quoi lon discourt, quil sagisse dun (seul) mot constitu dun
(seul) lment phontique
comme le ( wa ) et de coordination, dun mot constitu de
plusieurs lments ou de
plusieurs mots, que ces mots soient dpourvus de sens ou non.
Ainsi tu peux appliquer ce
terme (discours) aux mots hors contexte ( mufrad ) quelquun qui
prononce un mot
comme ( Zayd ) ou une suite de mots comme ( Zayd Amr Bakr ), tu
dis cest un discours
qui na pas de contenu utile. (wa-l-kalmu bimanhu () huwa mawun
likulli m
yutakallamu bihi sawan kna kalimatan al harfin, kaww -l-atfi aw
al akari min
kalimatin wa sawan kna muhmalan aw l, amm ilquhu al
-l-mufradti
fakaqawluka liman takallama bikalimatin ayri murakkabatin tarkba
irbin ka Zayd
aw bikalimatin ka Zayd Amr Bakr haa kalmun ayru mufdin)21.
20 Instaurer une voix selon Al-Astarabd est le fait de laffecter
pour la premire fois pour dsigner une notion quelconque dans
lintention de ltablir comme convention pour signifier cette notion
parmi un groupe humain. 21 Al-Astarabd (1982 : I, p. 3)
-
23
En revanche, le mot nindique toujours pas une notion simple, car
si on prend
lexemple du mot (raulni), nous remarquons que nous avons deux
sens lun smantique
dsignant le genre humain masculin, lautre morphologique
indiquant le nombre ou le sens
du duel. Al-Astarabd reconnat quil sagit de deux mots deux
significations, mais
nous sommes lgard de: deux mots si intimement mls lun lautre
quils sont
devenues comme un mot unique ( kalimatni rat min iddati
-l-imtizi kakalimatin
widatin)22. Ceci, cause du manque dindpendance des lments
phontiques des mots
mentionns23. Il prcise : Discours et voix dans le fond de la
langue dsignent la mme
notion et sappliquent aussi bien un seul lment phontique quil
ait ou non, valeur de
particule, que cela soit porteur de contenue ou non ( fa-l-qawlu
wa-l-kalmu min ayu
ali -l-lua biman yulaqu al kulli arfin min urfi -l-muami kna aw
min urfi
al-man wa al akari minhu mufdan kna aw l )24. Il rappelle que
dans lusage
courant le terme (qawl) semploie pour ce qui porte un contenue.
Il convient ainsi de dire
que (qawl), chez Al-Astarabd, est une notion globale qui
implique lemploie conscient
de cette performance qui spcifie le genre humain dite le
langage.
La dfinition de la phrase chez Al-Astarabd apparat travers
lanalyse du sens de
lnonc ( kalm ). Il dit : La diffrence entre la phrase et lnonc,
est que la phrase est
celle qui comporte la prdication initiale quelle soit vise en
elle mme ou non, tel que la
phrase qui est propos au thme () (alors que) lnonc est celui qui
contient la
prdication initiale vise en elle mme. Dans (3) la proposition (
kna abhu maran )
son pre tait malade , il existe une prdication qui nest pas vise
en elle mme ce qui
fait quelle nest pas centrale dans lnonc (wa-l-farqu bayna
al-mla wa-l-kalm anna
-l-umla m taammana - l-isnda al-aliyya sawan knat maqsda liatih
aw l,
ka-l-umla -l-lat hiya abarun li-l-mubtadai () wa-l-kalmu m
taammana -l-isnda
al-aliyya wa kna maqudan litihi 25. Il explique plus loin :
lnonc englobe deux
mots avec une relation prdicative et cela ne se produit quavec
deux noms, ou un verbe et
un nom () Nous entendons par englobe deux mots le fait quil se
compose de deux
mots, ou encore que ces deux mots en sont les parties
constituantes. (al-kalmu m
taammana kalimatayni bi-l-isndi, wa l yataatt lika ill f ismayni
aw f filin wa
22 Ibid. 23 Nous avons adopt dans ce passage la traduction faite
par Monsieur J.P.Guillaume dans le cours de linguistique pour lanne
universitaire 1998 /1999. 24 Al-Astarabd (1982: I, p. 3) 25 Ibid.
p. 8.
-
24
ismin (...) wa nan bitaammunihi al-kalimatayni tarakkubuhu
minhumaw kawnuhum
uzayhi)26.
(3) raaytu al-walada al-lad kna abhu maran.
Jai vu le garon qui son pre tait malade.
Lapproche de Al-Astarabd nest pas loin de celle de Sibawayhi,
car le premier a
dtaill les parties de discours et les a rparties selon le sens
fonctionnel quelles peuvent
occuper. Il a accord une attention particulire tudier les
diffrentes relations
combinatoires pouvant exister entre les composants de la phrase.
Cette relation varie selon
lintention du locuteur et selon le genre de la phrase construite
comme nous lavons dj
mentionn. Le locuteur possde diffrentes procdes pour construire
sa phrase, par contre
il doit tenir compte de certaines conditions telles que le sens
fonctionnel, la flexion et le
contexte smantique. Ainsi dans lorganisation de la phrase les
lments seront distribus
selon la fonction accorde chacun dentre eux, de la mme faon, la
flexion doit tre
conforme aux rgles fixes par la grammaire et enfin tout cela
sera mis au service du sens
smantique vis par le locuteur dans un contexte bien dtermin.
La phrase verbale est le domaine de notre intrt puisquelle est
la plus concerne par le
phnomne de la complmentation. Et partant de lanalyse prcdente,
nous prsentons les
lments qui constituent la langue arabe dans le schma suivant
:
Schma n 1 :
Kalm = umal = kalimt = aw
Discours = phrases = mots = voix.
Il convient de remarquer partir de la squence prcdente, que pour
un bon nombre
de grammairiens, il ny a pas de diffrence fondamentale entre
nonc et phrase, nous
26 Al-Astarabd (1982: I, p. 7).
-
25
lavons vu, les grammairiens emploient lun ou lautre sans
distinction. Quand Ibn inn
dfini lnonc il rappelle (wa huwa al-la yusammhi al-nnawiyyna
umal)27, les
grammairiens lappellent phrase . Quoiquil en soit, cette
confusion au niveau des termes
laisse apparatre une clart au niveau de la dlimitation de la
notion phrase, car nos
grammairiens ont tous soulign le caractre significatif et
indpendant de sa construction.
Ils ont tous insist sur le fait quelle forme une unit aprs
laquelle le locuteur peut
sarrter (ou se taire) tout en accomplissant la fonction
communicative. Ils se sont rfrs
aux donnes thoriques largement lies la rpartition des trois
parties du discours
reconnues par la T.G.A. pour dterminer les diffrentes sortes de
phrases. Ils ont conclu,
ainsi, que les sens sont au nombre de trois : Le sujet de
linformation occupe la fonction
(musnad ilayhi), linformation que nous donnons sur ce sujet
ayant la fonction ( musnad )
ou verbe et llment qui lie entre les deux : (al-arf )
prposition. Cette rpartition
suppose que la phrase arabe est soit nominale soit verbale, car
la prposition na pas de
rle dans la prdication. Cest ce que nous tenterons de dmontrer
dans la squence
suivante.
I-2- Les types de phrases en arabe
Nous nabordons ici la typologie de la phrase arabe que dans la
mesure o cela nous
aide prciser quel type de phrase est consern par le phnomne de
la complmentation.
Nous partons de lide qui dit que : tout locuteur, dans toute
langue28, a lun des besoins
communicationnels suivants : ou il veut rendre compte dun
vnement, ou il veut poser
lexistence de quelquun ou de quelque chose quelque part, ou il
veut exprimer un
jugement29. Dans tous les cas il a besoin dune fondation pour
construire la phrase qui
convient le mieux ce quil veut communiquer. Les grammairiens
arabes ont exprim cette
ide en affirmant que lnonce est soit un nonc qui ne peut tre que
vrai ( kalmun
yatamilu al-idqa), soit un nonc qui peut tre vrai comme il peut
tre faux ( kalmun
yatamilu al-idqa wa-l-kaib )30. Dans tous les cas, la langue
arabe fourni un type de
phrase pour chaque type de besoin: ainsi quand le locuteur veut
exprimer un jugement sur
quelquun ou quelque chose ou veut tablir une relation didentit
entre deux objets, il fait
27 Ibn inn (S.D: I; p. 17) 28 Andr Martinet dfinie la langue
comme : un instrument de communication doublement articul et de
caractre vocal Martinet (1985. p. 24) 29 Ben Gharbia Abdel Jabbar
(1999: p. 304) 30 Al-urn (1982: p. 410)
-
26
appel une phrase nominale. Alors quil fait recours la phrase
verbale pour rendre
compte des vnements.
I-2-1- la phrase nominale
Pour dfinir la phrase nominale, Ibn Him (m.761/1359) affirme: La
phrase
nominale est celle qui commence par un nom (al-umla al-ismiyya
hiya al-lat adruh
ismun )31. On distingue dans ce type de phrase deux composants
essentiels: Le point de
dpart de la prdication est dit ( mubtada bihi) littralement
terme par lequel on
commence , cest (ce sur qui on parle). Celui-ci est spcifi dun
prdicat (abar) ce
que lon dit nomm aussi propos. Ce dernier est spcifi son tour
par le ( mubtada) et
mis en relation avec lui. La phrase nominale est forme par le
rapprochement de ces deux
lments sans quils soient lis lun lautre par un verbe. Selon
David Cohen: la phrase
nominale apparat comme la forme la plus simple de lnonc assertif
fini 32. Celle qui
contient le plus petit nombre de marques explicites. Elle peut
tre constitue comme nous
lavons vu, par la juxtaposition de deux termes lun figurant le
sujet, lautre le prdicat.
Chacun de ces termes peut se prsenter sous une forme complexe
comme un syntagme
dvelopp qui, la limite, formerait lui-mme toute une proposition
(verbale ou non
verbale) nominalise . Mais la phrase qui lintgre ne se fonde que
sur leur
coexistence.33 La phrase nominale sarticule donc autour de ces
deux lments pour
exprimer la constatation quune qualit, une attitude ou un tat
appartenant quelquun ou
quelque chose. Fassi Fehri insiste sur le fait qu aucun verbe
napparait en surface (dans
une phrase nominale) 34. En effet ce type de phrase sert
essentiellement dcrire des
situations statiques comme dans lexemple (4).
(4) al-amsu liatun35.
Le soleil (est) lev.
La dfinition avance par Ibn Him sappuie sur laspect formel de la
phrase et plus
particulirement sur la distribution de ses lments linguistiques.
Selon cette dfinition elle
peut avoir comme valeur dexprimer la validation dune relation
entre deux entits, le
31 Ibn Him (1979: p. 492) 32 David Cohen (1989: p. 45) 33 Ibid.
34 Fassi Fehri Abdel-Kader (1981: p. 98) 35 Le mot ( ams) soleil en
arabe, est un nom fminin.
-
27
thme et le propos. Le thme contient dordinaire des lments connus
par le locuteur alors
que le prdicat porte des renseignements normaux. Les deux lments
de la phrase
nominale saccordent en genre et en nombre.
Le thme considr comme le point de dpart de lnonciation doit
occuper la premire
position, le prdicat le succde. La T.G.A. permet cependant des
oprations dinversion
encadre par des rgles syntaxiques. Elle dit que toute
antposition du ( abar ) seffectue
en fonction dun ( musawwi) prtexte ou motif qui rend cette
antposition possible36.
Certains grammairiens disent que les (musawwit) sont au nombre
de six, alors que Ibn
Aql dit quils dpassent la trentaine37. Le (mubtada) est
normalement dfini
(marifa) soit parce quil porte larticle dfini (al) comme dans
(5) soit parce quil est nom
propre comme dans (6), pronom personnel comme dans (7) ou un nom
annex un nom
dfini comme dans (8). Dans ces cas la postposition du thme est
impossible.
(5) al-bintu diqatun f qawlih.
La fille est sincre dans sa parole.
(6) Hindu diqatun f qawlih.
Hind est sincre dans sa parole.
(7) hiya diqatun f qawlih.
Elle est sincre dans sa parole.
(8)utu Hindin diqatun f qawlih.
La sur de Hind est sincre dans sa parole.
Dans dautres cas, le ( mubtada) est indfini (nakira). La
postposition par rapport au
( abar ) est possible tel que dans lexemple (9) alors quelle est
impossible dans (10). Ibn
Him dit que dans ce cas, nous nous sommes plus vis--vis dune
phrase nominale, mais
dune phrase locative38.
(9) f -l- masidi rilun.
36 Le but de notre recherche ntant pas lordre des lments dans la
phrase nominale, nous nous limitons ici faire certaines remarques
propos de lordre basique dans ce genre de phrase. 37 Pour plus de
dtails sur les possibilits dantposition voir : Ibn Aql (1964 : I,
p. p. 227-239). 38 Nous reviendrons sur la phrase locative dans la
squence (II-3).
-
28
A la mosque des hommes.
(10) rilun f -l- masidi*.
Des hommes la mosque.
Si on la prend hors contexte, la phrase nominale ne contient
aucun lment indiquant le
reprage temporel, elle est interprte comme se situant au prsent
de lacte de
lnonciation39. Toutefois, un phnomne rpandu dans lusage arabe,
aussi bien classique
que moderne, attire lattention et pose certaines difficults. En
effet, les grammairiens
affirment que le locuteur peut toujours situer le contenu de ces
phrases (nominales) dans le
pass ou dans le futur par rapport au temps de lnonciation. Ceci
se fait en ajoutant des
marques spciales. Ainsi la phrase nominale reoit dautres lments
linguistiques qui
influencent la flexion et la fonction des composants comme (kna
)40 et ses analogues
(surs) tre et les autres verbes modaux, (inna) certes et ses
analogues, ( kaanna)
comme ci, ( lkinna) mais, ( laalla), peut tre. Si lintroduction
de (inna) et ses
analogues nentrane pas de changement dans la catgorisation de la
phrase (considre
toujours comme nominale), lindroduction de (kna ) ou de lune de
ses surs transforme
la phrase en une verbale. Et qouiquils sont qualifis de verbes
incomplets , ces
lments affectent la phrase nominales de point de vue marquage
casuel et de point de vue
sens.41 Ils modifient la relation syntaxique thme-propos. Le
paradoxe se voit nettement
quand nous procdons lanalyse grammaticale dune phrase commenant
par (kna).
Nous disons ce moment l, que lexemple (11) est une phrase
verbale (umla filiyya) et
quelle se compose dun (fil nqis) (kna) ayant le rle de verbe
modificateur (nsi),
de (ism kna) (Zaydun) et de (habar kna) (mardan).
(11) kna Zaydun mardan.
Etait malade (NOM) Zayd (ACC).
Zayd tait malade.
Chaque phrase tant en principe une nonciation sur quelque chose
comme nous
lavons dj dit, Ibn Him ajoute que nous ne considrons pas les
particules qui
apparaissent en tte de phrase. Citons titre dexemple les
particules de ngation ou
39 Ben Gharbia Abdel-Jabbar ( 1999: p. 307). 40 Les grammairiens
considrent que ces verbes sont incomplets, les chercheurs
contemporains donnent (kna ) une valeur temporelle. Nous revenons
sur cette remarque dans ltude dtaille des verbes. 41 Cest dailleurs
pour cette raison que les grammairiens les appellent ( nawsi).
-
29
dinterrogation. La prsence de lune de ces particules ne change
rien dans le statut dune
phrase.
(12) m Zaydun qimun
Zayd nest pas debout
(13) aqma Zaydun ?
Est ce que Zayd est debout ?
Dans lexemple (12) la phrase est nominale alors que dans
lexemple (13) elle est
verbale. Cette version conduit Ibn Him mentionner les trois
types de phrase (verbale,
nominale, et locative) sans reconnatre la conditionnelle le
statut de phrase comme le fait
Zamaar. Pour Ibn Him, la phrase conditionnelle tel que (14) est
une phrase verbale
complexe ( filiyya murakaba). Dans ce mme contexte notre
grammairien prend en
considration la situation initiale de la prdication, linversion
ne change rien dans le genre
de la phrase. Dans (15) la phrase est verbale.
(14) in tatin ukrimka.
Si tu viens chez moi je thonorerais.
(15) ayya -l-rraulayni raayta ?
Lequel des deux hommes as- tu vu ?
Notons finalement que la T.G.A. a reconnu le statut de la phrase
nominale comme
genre bien spcifique et que lemploi de ce genre tait frquent
dans les textes classiques.
La phrase nominale reprsentait le genre prfr et loutil idal des
crivains et des potes
pour tracer des passages descriptifs. Citons titre dexemple Al-i
dans ses ouvrages
de littrature et les potes prislamiques dans leurs guerriers.
Par contre, quant ils voquent
le sujet de la complmentation, ils ne considrent pas que la
phrase nominale est concerne
par ce phnomne.
-
30
I-2-2- La phrase verbale
Dans la phrase verbale le syntagme verbal occupe la premire
position car selon la
dfinition de Ibn Him : la phrase verbale est celle qui commence
par un verbe (al-
umla -l-filiyya hiya -l-llat adruh filun)42. Ce dernier est
considr comme tant un
lment central de la phrase. Il repre un lment nominal en lui
donnant la fonction dun
sujet. Le verbe lui mme est spcifi par le sujet qui lui donne
ses marques daccord en
personne, en nombre et en genre. Il est spcifi en mme temps par
la situation de
lnonciation qui lui donne les marques de temps, daspect et de
modalit. Cette phrase
exprime une action rapport un certain temps, considre dans une
certaine dure,
attribue un certain sujet et dirige sil ya lieu, vers un certain
objet. Quant la valeur de
la phrase verbale, Ben Gharbia Abdel-Jabbar dit: Ce type de
construction sert
essentiellement construire des reprsentations de situation et
est particulirement sollicit
pour dcrire les vnements. Cest une structure valeur
essentiellement dynamique avec
(al-m) laccompli. Avec (al-muri) linaccompli , elle dcrit
essentiellement des
situations statistiques, permanentes qui ont une valeur
gnrique43.
Nous avons remarqu que la recherche dIbn Him concernant la
phrase avait un
aspect formel. Cette perspective grammaticale pose certains
problmes relatifs des cas
dusage qui ne se plient pas ce genre dinterprtations. Prenant
titre dexemple le cas
des phrases commenant par un nom et comportant en mme temps un
verbe, si lon
applique la dfinition adopt par Ibn Him, lexemple (16) serait
une phrase nominale
puisquelle commence par un nom en dpit de lexistence du verbe.
Cest aussi le point de
vu dAl-awrizm (617 /1220) qui dit tout nom auquel on associe un
verbe mis en
premire position est sujet, si le verbe est postpos (au nom)
celui-ci est (alors) thme
(kullu ismin ufa ilayhi filun muqaddamun alayhi fahuwa filun,
fain kna al-filu
fhi muaaran fahuwa mubtada)44. La langue arabe prfre mettre le
verbe en premire
position. Les grammairiens considrent que celui-ci est plus
riche de contenu, il englobe
les significations de laction (le procs) et le temps. Dune
manire gnrale cet ordre est
respect, par contre, si le sujet prcde le verbe, cest que le
locuteur veut fixer lattention
sur ce sujet.
En revanche ce qui mrite dtre signal ici, cest que Ibn Him a
voqu la question
de la structure de base et son rle dans la rpartition des sortes
de phrases. Il dit dans le 42 Ibn Him: (1979: II, p. 492). 43 Ben
Gharbia Abdel Jabbar (1999: p. 302). 44 Al-Hawrizm (1990: I, p.
233).
-
31
Mun -l-labb: ce quil faut prendre en compte (pour dcider du
caractre verbal ou
nominal dune phrase) cest la nature de son terme initial dans la
base ( wa -l-mutabaru
ayan m huwa adrun f -l-ali ).45 Ce nest donc pas la structure de
surface qui dcide
du genre de la phrase mais plutt la structure de base. Il sagit
l dune prcision capitale
qui aide normment le chercheur dans le domaine de la phrase
arabe. Pour des exemples
comme (16) et (17) la discussion na pas une raison dtre. Les
grammairiens
contemporains tels que Al-Mazm dans (f-l-nnaw -l-arab) et
Al-Ssamarr dans (al-
filu: zamnuhu wa abniyatuhu), disent quil ny a pas de diffrene
entre (Zaydun qma)
et (qma Zaydun). La seule diffrence consiste dans lintrt que
porte le locuteur dans
chaque construction. Dans (16) il sintresse informer sur Zayd,
ce qui loblige
commencer par le sujet. Par contre dans (17), il sattache plus
linformation sur laction
de se lever (qiym), ce qui linvite commencer par le verbe.
(16) Zaydun qma.
Zayd sest lev.
Au lieu de :
(17) qma Zaydun.
Sest lev Zayd.
Dans des exemples plus sophistiqus tels que (18) et (19), le
problme se posent
toujours. Cest pour cette raison que nous devons inviter la
thorie de la structure pfonde
des phrases. En effet, une phrase peut trs bien, en surface,
commencer par un nom et tre
une phrase verbale, ou commencer par un verbe et est tre une
phrase nominale. Cest la
structure sous-jacente, et elle seule qui permet de trancher46.
Dans (18) la phrase
commence par un nom, mais celui-ci tant analys comme un objet
antpos, la phrase est
catgorise comme verbale. Par contre dans (19), la phrase comence
par un verbe (an
tahaba), mais elle est base sur linformation, le locuteur peut
remplacer le verbe par le
nom daction (dahb), la phrase est donc catgorise comme
nominale.
45 Ibn Him (1979: II, p.p. 421- 422). 46 Voir : G. Bohas ( 1982:
p. 5).
-
32
(18) farqan kaabtum wa farqan taqtulna.47
Un groupe (ACC) vous traitiez de monteurs et un groupe (ACC)
vous tuez.
Vous en avez trait certains de menteurs et vous avez tus les
autres.
(19) an tahaba il -l-madna ayrun laka.
Que tu ailles en ville (est) mieux pour toi.
(20) dahbuka il -l-madna ayrun laka.
Aller en ville (est) mieux pour toi.
Pour surmonter les difficults lies ce genre dusage, certains
grammairiens ont
galement adopts des interprtations qui ne ngligent pas certaines
dimensions dans
ltude de la phrase. Ils ont voqu, par exemple, la question du
contexte (siyq -l-kalm ).
Dans le Dalilu -l-iz les preuves de linimitabilit , Al-urn (m.
471/1078),
insiste sur limportance de prendre en considration la situation
de lnonciation48 dans
ltude de la phrase. Il considre que les lments dun nonc
entretiennent des relations
de concordance contextuelle de faon ce que les uns soient btis
sur les autres et de
manire donner chaque lment la fonction qui lui est approprie.49
Cette hypothse
suppose que le plus important dans la construction de la phrase
nest pas lordre selon
lequel les mots sont organiss, le plus important, cest que cette
organisation soit logique
dans le sens quelle porte. Il dit ce propos : Le but de
lorganisation du discours nest
pas que les mots se sont succds dans la prononciation, mais que
leurs signification tait
cohrente et que leur sens tait selon les (exigences) de la
raison) (laysa -l-arau
binami -l-kalimi an tawlat alfuh f -l-nnuqi, bal an tansaqat
dallatuh wa
talqat manh al -l-wahi -l-lad yaqtadhi al-aqlu )50. Mais faut-il
le rappeler, ordre
et sens ne peuvent pas aller lun sans lautre. Un ordre bien
dtermin des mots accompli
un sens bien dtermin. Pour cette raison Al-urn accorde une
grande importance la
47 Coran : Sourate 2, verset 87. 48 La situation de lnonciation
est dite aussi situation de la communication. Elle est dfinie par
les participants la communication, dont le rle est dtermin par je ,
centre de lnonciation ainsi que par les dimentions
spatio-temporelles de lnonc ou contexte situationnel : relations
temporelles entre le moment de lnonciation et le moment de lnonc
(les aspects et les temps), relations spatiales entre le sujet et
les objets de lnonc (les types de discours, les facteurs
hostoriques, sociologiqes, ect.). Ces emprayeurs de la
communication sont symboliss par la formule je, ici, maintenant .
Voir Dictionnaire de linguistique ( 2002 : p. 434 et p. 94) les
termes situation , et communication . 49 Al-uran: (1982: p. 73). 50
Ibid. p. 41.
-
33
cohsion contextuelle. Il affirme par consquent, que lloquence et
lexpressivit ne sont
fonction ni du sens ni des mots, mais de la construction (nam)
dlments linguistiques en
schmes harmoniss et rgis par une srie de rgles qui constituent
la grammaire du
langage. Autrement dit, la construction nest autre que
lobservation des sens de la
grammaire (murt man al-nnaw)51 .
I-2-3- La phrase locative
La phrase locative est celle qui commence par un adverbe de
temps ou de lieu (arf )52
Dans le commentaire de Al-mufaal f inat -l-irb , Al-awrizm a
dress la liste de
ces adverbes et a dtaill leurs cas dusage.53 Certains adverbes
de lieu indiquent les fins
( yt ) ou les limites ( udd ). Citons lexemple de: (qabla)
avant, (bada) aprs,
(fawqa) dessus, (tata) dessous, (alfa) derrire, (asfala) en bas,
(inda) chez et (ammata)
il ya. Ce genre dadverbes semploie gnralement annex un autre nom
comme dans
(21). Dautres adverbes de temps situent laction dans le temps,
tel est lexemple de: mat
(quand), al-na (maintenant), baynam (au moment de), i (quand) et
munu
(depuis)Ils sont employs gnralement lis au verbe comme dans
(22).
(21) alfa al-ddri raulun.
Derrire la maison un homme.
(22) munu yawmi -l-umuati antairuka.
Depuis le vendredi je tattendais.
La phrase locative peut commencer aussi par un syntagme
prpositionnel (la
prposition (fi) dans et le nom li et cette prposition) comme
dans (21), elle est
appele dans ce cas phrase existentielle. Ladverbe de temps ou de
lieu est souvent suivi
dun nom au cas gnitif identifi par les interlocuteurs
(c'est--dire dfini). Dans tous les
cas, la phrase locative se compose dun localisateur et dun
localis. Dans (23)
(ammaka ) est localisateur, Zayd est localis.
51 Voir E.I. (Supplment) ( 2007 : XII, p. 277), voir galement
Al- uran (1982 : p. 322). 52 La T.G.A. classe ce type dadverbes
dans la catgorie des noms. 53 Al-awrizm (1990 : p. 399).
-
34
Devant toi Zayd (NOM).
Z. est devant toi.
(24) f-l-ddri raulun.
Dans la maison un homme.
Dans la maison (il ya) un homme.
Dans ce genre de constructions nous remarquons la prsence dun
localisateur
antpos au nom (indtermin au cas nominatif). On distingue
cependant entre ( fi-l-ddri
raulun ) de ( raulun f-l-ddri ) : Pour Ibn Him, seul le premier
cas peut tre dnomm
phrase locative , le second est un cas particulier de phrase
nominale. Il affirme
cependant quil faut considrer le verbe et non pas le nom dans la
phrase locative54, ce
verbe a t supprim aprs que la rection stait tablie sur ladverbe
ainsi dire :
(25) Hindun indaka.
Hind (est) chez toi.
Revient dire :
(26) Hindun istaqarrat indaka.
Hind (sest installe) chez toi.
De point de vue smantique la phrase locative se distingue des
deux autres types de
phrases par le fait que le localis napprend rien linterlocuteur
sur le localisateur. De
point de vue syntaxique elle comporte seulement une relation de
reprage syntaxique qui
va du localisateur vers le localis et lui donne sa marque
casuelle. Il nexiste cependant pas
de relation de spcification entre les deux syntagmes qui la
composent. Dans ce sens les
chercheurs affirment que la distinction entre les deux types de
phrases locative et nominale
peut non seulement se faire au niveau de la structure logique,
mais galement au niveau de
la structure syntaxique. La valeur de ce genre de phrase
consiste la localisation spatiale
ou temporelle. En revanche, elle aura une valeur de possession
(exemple 27) quand le
groupe localis est construit par la prposition exprimant la
proprit, ou encore quand ce
54 Les Koufites refusent lide de considrer un verbe sous entendu
et supposent que la phrase est nominale et que llment recteur de
(indaka ) est le thme ( Zayd ). Ibn Him (1988. p. 566).
Al-Astarabd, affirme lui aussi que llment recteur doit tre prsent
dans lnonc et non pas sous entendu. Voir Al-Astarabd (1982 : I, p.
93).
-
35
groupe exprime le but ou lattribution.55 Elle peut avoir la
valeur dune simple prdication
existentielle quand le localisateur est une valeur abstraite tel
que il ya (ammata) et le
localis est un nom indfini comme dans (28) :
(27) l kitbun qayyimun.
A moi un livre prcieux.
(28) ammata amrun yuqliqun.
Il ya un problme qui me tracasse.
Notons finalement que la phrase locative est la moins frquente
dans lusage courant.
Les locuteurs ont tendance considrer ce genre de phrase comme
tant une phrase
nominale inverse. J.E. Khouloughli affirme dans son tude sur la
phrase dans la tradition
grammaticale arabe que : Tout un courant de la T.G.A, et
notamment les auteurs les plus
soucieux de la didactique que de thorie, ramne ce type dnoncs
des phrases
nominales en traitant le nom au nominatif comme un thme postpos
(mubtada
muaar), la postposition tant explique par le caractre indfini du
nom 56.
I-2-4- Phrase simple et phrase complexe
Dans la classification des phrases selon leur complexit, Ibn Him
distingue les
( umal kubr) grandes phrases ou phrases contenant une phrase
enchsse des ( umal
ur) petites phrases ou phrases simples. Ainsi les phrases
disloques comme (29) et (30)
seront considres comme des grandes phrases, alors que les
phrases prdicat enchsses
quelles contiennent sont des petites phrases.
(29) Zaydun arabahu amrun.
Zayd a frapp (lui) Amr.
Zayd la frapp Amr.
55 Nous devons certaines remarques importantes dans cette
squence ltude de la phrase locative faite par Ben Gharbiyya
Abdel-Jabbar dans sa thse intitule La smantique de la coordination
, dans laquelle il a dtaill la distinction entre les trois types de
phrases indiques. 56 J.E. Khouloughli (1995 : p. 83).
-
36
(30) Zaydun abhu qimun.
Zayd, son pre (est) debout.
Ibn Him note que certaines constructions ont un statut ambigu57:
elles peuvent tre
des petites phrases, selon que lon analyse le prdicat comme une
phrase ou un simple
syntagme tel que dans (31):
(31) Zaydun marun abhu.
Zayd malade (son) pre lui.
Conclusion
Daprs ce rappel sur la thorie de la phrase en langue arabe, nous
retenons
essentiellement que chez les premiers grammairiens, le critre de
classement de la
catgorie phrase (umla) est bien (al-ifda) lutilit, le sens
complet 58. Cela se
manifeste clairement dans le concept phrase au sens complet
(umla mufda) oppos
discours utile (kalm mufd), dun ct et expression utile (laf mufd
) de lautre.
La notion de la (ifda) sapplique au sens smantique de la phrase
ainsi qu sa
construction grammaticale. Nous avons soulign limportance des
remarques avances par
Ibn Hiam -l-Anr propos de la phrase arabe. Outre lintrrt quil a
accorde la
typologie gnrale des phrases, ce grammairien surtout le mrite
dvoquer la question de
la structure de base et de la structure superficielle de la
phrase.
Il parat que la thorie de la phrase arabe demeure domine par la
thorie de la rection
(amal) qui constitue un lment fondamental dans toute analyse
syntaxique dans la T.G.A.
Toutefois, cette thorie ne sintresse quaux relations formelles
et structurales entre les
composants de la phrase. Elle est ainsi incapable de prciser
laspect smantique de la
relation entre ces composants. La dfinition de la phrase
elle-mme a pos autant de
problme que celle qua pos la distinction entre les diffrents
types de phrases qui na pas
suscit lunanimit des grammairiens classiques. Il est vraie que
la classification des
diffrentes sortes de phrases ne manque pas de complexit: Nous
lavons dj dmontr, la
57 Pour plus de dtails consulter la Thse de Fassi Fehri Abdel
Kader (1981 : p. 34 ). 58 Nous trouvons cette ide chez Ibn Aql
(1964 : p. 14), et chez Ibn Him (1981 : p. 9).
-
37
phrase nominale commenant par un syntagme prpositionnel de
circonstance pose un
problme, la phrase verbale dont le sujet est plac en premire
position pose un problme
galement. En dpit de tout cela, nous soulignons que la phrase
verbale est le genre le plus
consern par le phnomne de la complmentation. Le verbe de cette
phrase demande
diffrentes prcisions dobjet, de lieu, de temps, de manire et
dtat. Et cest le sens du
verbe qui exige la mise en place de tel complment ou de tel
autre, ce que nous dtaillons
dans la squence reserve ltude des complments.
II - TUDE DU SUJET
Ltude de llment sujet est justifie par deux raisons: Dune part,
cest lun des
composants de base, associ son verbe, il constitue le noyau de
la phrase verbale. Ceci dit
quil est indispensable la construction de cette phrase et quil
entretien un des relations
syntaxiques et smantiques prviligies avec le verbe. Dautre part,
il existe une fonction
syntaxique dans la phrases au passif, nomme (nib -l-fil)
substitut du sujet et qui a
un statut spcifique en grammaire arabe. En effet, les
grammairiens classiques considrent
le (nib -l-fil) comme complment dans le sens (mafl f -l-man).
Nous
consacrons une squence entire ltude de cette fonction. En
revanche, nous ne pouvons
parler du substitut du sujet quaprs avoir avancer des remarques
sur llment
sujet .
Dans la squence prcdente nous avons constat que le locuteur
nutilise pas des
units isoles, mais il emploi un ensemble de signes quon a
convenu dappeler phrase. Si
nous reprenons la dfinition avance par le nouveau dictionnaire
encyclopdique des
sciences du langage : la phrase est une unit significative qui
compose lnonc, celle-ci
est constitue dune suite de mots organiss conformment la syntaxe
59, nous
remarquons quelle est centre autour dun noyau partir duquel
lexpansion peut se
reproduire. Il convient dtudier les diffrents composants de
cette phrase pour tracer les
aspects syntaxiques, formels et smantiques propres chaque
composant. Il sagit l dun
travail prliminaire ltude des complments. En effet, parmi les
chercheurs
contemporains, Ben Gharbia Abdel-Jabbar affirme que le sujet de
la phrase verbale est
60 Oswald Ducrot et Jean Marie Shaeffer : Nouveau Dictionnaire
Encyclopdique des Sciences du Langage (1995 : p. 250).
-
38
certes un spcifiant, mais il est le seul avoir des rapports
privilgis avec le verbe et
tre strictement obligatoire, tandis que les autres spcifiants
peuvent ne pas tre raliss.60
. II-1- La notion sujet
En grammaire le sujet indique le plus souvent ce dont on parle.
Cest le point de dpart
de lnonc propos duquel on affirme quelque chose ou avec lequel
saccorde le verbe.
La linguistique occidentale moderne affirme que le sujet est le
type mme de la fonction
obligatoire. Elle le reprsente de la manire suivante: lun des
deux termes qui
composent lnonc minimum () dsigne normalement un tat de chose,
ou un
vnement, sur lequel on attire lattention et dit prdicat, alors
que lautre dsigne un
participant actif ou passif, dont le rle est en principe mis en
valeur et dit sujet .61
En langue arabe ltude de llment sujet se fait dune autre manire.
Elle occupe
gnralement les premiers chapitres des traits de grammare. En
effet, dans leurs ouvrages,
les grammairiens arabes ont lhabitude davancer ltude des (marft)
celle des
(manbt).62 Ils sappuient sur des critres syntaxiques et dautres
formelles. Ils font la
diffrence entre deux sortes de sujets : le sujet grammatical
avec lequel se fait laccord du
verbe et le sujet logique qui donne le sens au verbe. Ils ont
insist sur les trois aspects du
sujet suivants: De point de vue formel, le sujet est un nom au
cas nominatif. De point de
vue syntaxique, le sujet est un composant de base et de point de
vue smantique, le sujet
peut dsigner aussi bien celui qui accomplie laction que celui
qui la subi. Dans la
squence suivante, nous reprenons ces trois dimensions en
dtail.
II-2-1- Le sujet est un nom au cas nominatif
Les grammairiens arabes avaient lhabitude dvoquer la question du
marquage
casuel ( irb)63 l o il sagit de ltude des composants de la
phrase. Dans la grammaire
60 Ben Gharbia Abdel-Jabbar (1999: p. 314). 61 Le Robert
Dictionnaire daujourdhui (1994 : p. 976), terme Sujet . 62 Nous
revenons sur les justifications de ce privilge en tudiant la place
quoccupe le sujet dans la phrase. 63 Le terme (irb) est un nom
verbal, il est associ au verbe (araba) qui signifie proprement
rendre la manire des arabes, exprimer en bon arabes ce sens littral
du mot (irb) sest vu acqurir chez les grammairiens arabes le sens
technique que nous adoptons dans cette squence.
-
39
traditionnelle, ce terme dsigne la variation de la finale des
mots64 et rappelle souvent que
cette variation est dtermine par linsertion des mots dans un
nonc. Nous nous
intressons dans cette squence quau marquage casuel de llment
sujet. En effet,
lexamen des ouvrages de la grammaire classique, nous remarquons
que le sujet est
prsent au sein de la classe des ( marft) noms au cas nominatif.
Cette classification
sappuit sur la forme et trouve son explication dans la thorie de
l(irb). Cette thorie
tait une donne fondamentale dans ltude des composants de la
phrase et essentiellement
dans celle du sujet. Les grammairiens classiques ont toujours
accord une place centrale au
phnomne de l(irb)65. Cette position les a invit justifier la
prsence des marques
casuelles, chercher dans le principe qui motive l(irb) et
xaminer les rgles qui
gouvernent la distrubitions de ces marques. Nous retenons
essentiellement les
contrubitions dAl-Mubarrad, dAl-Zza, dAl-urn, et
dAl-Astarabd.
Dans le Muqtaab, Al-Mubarrad (m. 285/898) avance les premirs
lments dune
rponse la question (pourquoi le sujet est au cas nominatif ?).
Il affirme tout dabord que
le nominatif est la marque spcifique du noyau prdicatif, le
verbe est en effet, comparable
au thme et au propos qui constituent le noyau de la phrase
nominale. Il ajoute que donner
au sujet le cas nominatif permet de le distinguer du complment
dobjet de la phrase
verbale, car ce dernier est mis au cas accusatif. Il dit : la
raison pour laquelle le sujet est
au nominatif est quil forme avec le verbe une phrase aprs
laquelle il est ligitime de cesser
de parler et qui apporte une information linterlocuteur. Ainsi
le sujet et le verbe ont le
mme statut que le thme et le prdicat () et la raison pour
laquelle le sujet est au
nominatif et le complment laccusatif, cest (que cela permet de)
distinguer le sujet du
complment en plus de la raison que je viens de te donner
(wainnam kna -l- filu
rafan liannahu huwa wa-l-filu umlatun yasunu al-ssuktu alayh wa
taibu bih -l-
fidatu li-l-mutabi fa-l-filu wa -l-filu bimanzilati al-ibtidi ()
wa -l-maflu bihi
nabun i akarta man faala bihi, wa alika liannahu taadd ilayhi
filu -l-fili. Wa
64 Les marques casuelles sont au nombre de trois: Dans le cas du
( raf) nominatif (NOM), la dernire lettre du mot prend la voyelle (
u ) dite (amma ). Les composants porteurs de cette marque
appartiennent la classe des (marft ) exemple ( ha Zaydun) Voici
Zayd (NOM) . Dans le cas de (nab) accusatif (ACC), la dernire
lettre du mot prend la voyelle ( a ) dite ( fata). Les composants
affects par ce cas relvent de la classe des (mansbat), exemple
(raaytu Zaydan) Jai vu Zayd (ACC) . Finalement, dans le cas du (rr)
gnitif (GEN), la dernire lettre du mot prend la voyelle ( i ) dite
(kasra ). Les composants porteurs de ce cas sont regroups dans la
classe des (marrt), exemple (marartu bi Zaydin) Je suis pass par
Zayd (GEN) . 65 Cette ide a t discute par J.P. Guillaume dans son
article intitul: Les discussions des grammairiens arabes propos des
marques dirb dans Histoire Epistomologie Langage; (1998 : XX,
fascule 2).
-
40
innam kna -l-filu rafan wa -l- maflu bihi naban liyurafa -l-filu
mina -l-mafl
bihi maa -l-illati al-lat akartu 66.
Al-Zza, ne va pas loin dans la dfinition du sujet, il sintresse
plutt au sujet
form dun seul mot pour prsenter les diffrentes marques du
nominatif qui sont: la
voyelle ( u ) pour le singulier le (alif wa nn ) (ni) pour le
duel et le ( ww wa nn )
(na) pour le pluriel, il cite quatre marques du nominatif et dit
juste titre: Le nominatif
a quatre marques: la voyelle u , la lettre ww et les lettres
alif et nn (li-l-rrafi
almtun arbau: al-ammatu wa -l-ww wa -l-alifu wa-l-nnn )67. Quant
le sujet est
notion simple, il prend (u), quand il est nom au duel il fini
par (ni) et quand il est lun des
cinq mots: (aka, abka, fka, amka, ), la marque du nominatif est
le (ww).
Al-Zza affirme toutefois, que lopposition (sujet/ objet) est une
donne capitale
justifie la mise en place des cas flexionnels. Il insiste
surtout sur le fait que les finales des
mots varient, pour renvoyer aux valeurs smantiques et surtout
fonctionnelles qui les
affectent alternativement. Dans Al- f ilali -l-nnaw, il note :
Ds lors que les noms
sont affects par diffrents valeurs smantiques et sont (tantt)
sujets, (tantt)
complments, (tantt) premiers termes (tantt) seconds termes
dannexion, et quils ne
reprsentent rien dans leur forme extrieure et leurs structure
morphologique, qui renvoie
ces valeurs smantiques, () ils ont t affects des voyelles dirb
pour indiquer ces
valeurs, et lon a dit (araba Zaydun (NOM )Amran (ACC)) en
signalant par la mise au
nominatif de Zayd que laction est lui et par la mise laccusatif
de Amr que laction
porte sur lui68 ( inna -l-asma lamm knat tatawiruh -l-man,
fataknu flatan
wa maflatan wa mufatan wa mufan ilayh wa lam takun f uwarih
wa
abniyatih adillatan al hihi -l-man bal knat mutarakatan, uilat
araktu -l-
irbi fh tunbiu an hihi -l-man faql araba Zaydun Amran fadall
birafi Zyd
al anna -l-fila lahu wa binabi Amr al anna -l-fila wqiun
bihi)69.
Plus tard (vers le 11me sicle) la naissance de la science connue
sous le nom de la
smantique grammaticale (ilm -l-man) la question sera abord
autrement. Cest Al-
urn que nous devons des remarques importantes dans ce domaine.
Le principe
fondamental pos par Al-urn, est que toute variation au niveau de
la forme
66 Al-Mubarrad (1994: I, p. 146). 67 Al-Zza (1984: p. 17). 68
Nous avons adopt dans ce passage la traduction faite par J.P.
Guillaume dans son article sur les discussions des grammairiens
arabes propos des marques dirb (1998 : p. 47). 69 Al-Zza (1996 : p.
69).
-
41
grammaticale dun nonc est ncessairement corrole une variation au
niveau du sens et
que par consquent chaque catgorie de la grammaire est aussi une
catgorie
smantique 70. Il sagit donc de rflchir sur la relation entre
marquage casuel et sens.
Cette rflexion conduit Al-urn annoncer les trois valeurs
smantiques de base :
(filiyya) le fait dtre sujet , (mafliyya) le fait dtre complment
et (ifa)
annexion . Nous reprenons ici uniquement les propos de ce
grammairien concernant
llment sujet. Il dit: sache que le nominatif appartient
basiquement au sujet et que sa
prsence dans le thme de la phrase nominale en est un cas driv
(ilam anna -l-rrafa
li-l-fili f -l-asl, wa kawnuhu f -l-ibtidi farun al dlika).71 Le
sujet est donc parmi
les lments affects par le nominatif, il est galement premier
dans ce cas par rapport au
thme, car, selon Al-urn, la prdication verbale est
conceptuellement premire par
rapport la prdication thmatique.
La thse dveloppe par le fondateur de la smantique grammaticale a
ouvert le chemin
Al-starabd (m.646/1283) pour formuler un point de vu intressant
au sujet du marquage
casuel. Tout dabord, Il annonce que le phnomne d(irb) ne
concerne pas les mots
isols. En effet, il ny a de flexion quen cas de construction
(tarkb) quand les mots sont
lis les uns aux autres au sein de lnonc.
Al-Astarabd affirme: Les sens qui ncssitent la mise en place des
marques
dirb ne surviennent au non que lorsquil est mis en relation avec
son rgisseur. La
construction est donc une condition la flexion. (wa-l-man
al-mibatu li-l-irbi
innam taduu f -l-ismi inda tarkbihi maa al-mili, fa-l-ttarkbu
aru uli mibi
al-irbi )72. Notre grammairien ajoute : (inna -l-maqda al-ahamma
min ilmi al-
nnawi marifatu al-irbi -l-ili f -l-kalmi bada al-aqdi wa
-l-ttarkbi) le but
suprme de la science de grammaire est de connatre la flexion (le
sens fonctionnel) . Il en
rsulte que le mot isol de ses relations syntaxiques avec les
autres nintressait pas trop
les grammairiens, car ce qui importe pour eux cest la
construction, la phrase. Pour justifier
la mise en place des marques casuelles Al-Astarabd affirme : Le
moyen qui fait quun
nom prend un sens ncessitent une marque casuelle quelconque. Ce
sens veut dire que le
nom est composant de base ou expansion (wa innam uila -l-irbu f
hiri -l-
kalimati liannahu dllun al wafi -l-ismi ay kawnuhu umda aw
fala)73. Cette
70 J.P.Guillaume (1998 : p. 53). 71 Al-urn (S.D. p. 210). 72
Al-Astarabd (1982: I, p. 17). 73 Ibid: p. 25.
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perspective conduit Al-Astarabd reconnaitre les trois catgories
flexionnelles :
les (marft), les (manbt) et les (marrt).
Selon la dfinition avance par Ibn -l-ib et commente dans le arh
-l-Kafiya,
les (marft) sont les composants qui comportent les marques de la
subjectivit
(filiyya) savoir (al-amma), ( al-alif) et (al-ww). Les
composants ayant pour cas
lune des marques indiques sont classs composants de base. Ils
sont au nombre de trois:
le sujet (fil), le thme ( mubtada) et le prdicat (abar). La
nomination (filiyya)
provient du nom (fil), reprsentant des (marft) par excellence.
Cette classification du
sujet parmi les (marft) a eu lunanimit des grammairiens arabes
aussi bien classiques
que contemporains. En revanche, Al-Astarabd, ne sarrte pas ce
que la thorie
canonique a adopt, il propose une expliquation des valeurs
smantiques des marques
casuelles dans le cadre de la thorie de la prdication (isnd).
Ainsi le nominatif marque
quun nom est (umda), c'est--dire quil appartient au noyau
prdicatif. Laccusatif
marque les lments non prdicatifs (falt), et le gnitif marque les
lments non-
prdicatifs prcds par une prposition effectivement ralise ou sous
entendue. Nous
retenons bien videmment de cette dmarche ce qui concerne llment
sujet. Al-
Astarabd note juste propos : Le nominatif est la marque du fait
que le nom est
prdicatif, et ne se trouve que dans les lments prdicatifs
(al-rrafu alamu kawni-l-
ismi umdatu-l-kalmi wa l yaknu f ayri -l-umadi)74.
Pour conclure nous remarquons que la thorie de l(irb) tait une
donne
fondamentale dans ltude des composants de la phrase et
essentiellement celle du sujet.
Ainsi les grammairiens ont mis laccent sur la flexion du sujet
et la place quil occupe dans
la phrase. Ils taient tous daccord sur le fait que le sujet
appartient la classe des noms au
cas nominatif. La plupart dentre eux ont insist sur lide de dire
que lopposition
(nominatif / accusatif) sert distinguer le sujet du complment.
Cette dmarche les a
conduits tracer certaines caractristiques du sujet, et aborder
des questions importantes
dordre syntaxique et surtout dordre smantique. Nous const