L’épidémiologie : quels intérêts pour la psychologie sociale de la santé ? Thémis Apostolidis Année universitaire 2006-2007 Université de Provence, Master de Psychologie, Spécialité Psychologie Sociale, PSYQ04D « Épidémiologie et Psychologie Sociale de la Santé »
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Lépidémiologie : quels intérêts pour la psychologie sociale de la santé ? Thémis Apostolidis Année universitaire 2006-2007 Université de Provence, Master.
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L’épidémiologie : quels intérêts pour la psychologie sociale de la santé ?
Thémis Apostolidis
Année universitaire 2006-2007
Université de Provence,
Master de Psychologie, Spécialité Psychologie Sociale,
PSYQ04D « Épidémiologie et Psychologie Sociale de la Santé »
Quelle place d’observateur ? Une approche de Psychologie Sociale de la
Santé
La Psychologie Sociale de la Santé propose un ensemble de savoirs dans le domaine de la santé et de la maladie s’appuyant à
la fois sur les outils théoriques et méthodologiques de la Psychologie (Psychologie Sociale, Psychologie de la Santé,
Psychologie Clinique) et sur les approches des Sciences Sociales (Épidémiologie, Sociologie, Économie, Anthropologie, ...).
Elle est centrée sur l’étude et la résolution des problèmes de santé dans les différents contextes sociaux et culturels dans
lesquels ils se manifestent.
Morin & Apostolidis (2002)
In : Fischer G-N. (ed.). Traité de Psychologie de la Santé, Paris : Dunod.
Une tendance actuelle dans la recherche en santé publique
La pluridisciplinarité
L’exemple de l’UMR U-379 de l ’INSERM
LA MESURE EN SANTÉ PUBLIQUEDOIT S’APPUYER
SUR DEUX TYPES DE DONNÉES
• Données objectivées (Mesures directes)
• Prévalences épidémiologiques (mortalité, comportements à risque)
• Données cliniques (symptomatologie et étiologie médicales)
• Données socio-économiques (distribution sociale des inégalités de santé).
• Données subjectivées (Autoévaluation)
• Vécu singulier de la personne (santé perçue, qualité de vie, aspects psychologiques).
• Significations associées et théories personnelles (« la maladie du malade », JL Pedinielli, 1999).
• La pensée sociale concernant la santé et la maladie (représentations sociales, modèles culturels).
Quel est l’intérêt des enquêtes épidémiologiques pour la psychologie sociale de la santé ?
• 1. Une forme de contextualisation (par exemple, la question des inégalités sociales de santé).
• 2. Un support pour la problématisation de la recherche (pertinence, faisabilité, contraintes méthodologiques)
La santé des jeunes : un enjeu de santé publique
• Depuis quelques années en France, l’état sanitaire, perçu et diagnostiqué, des jeunes dans leur ensemble est satisfaisant, mais on observe une aggravation des problèmes de santé (physique, mentale) dans certains groupes d’adolescents et de jeunes.
L’intérêt des relevés de l’épidémiologie : les aspects saillants des inégalités sociales de santé
• Disparité de la mortalité selon la catégorie sociale d’appartenance (surmortalité des ouvriers et des employés par rapport aux cadres : maladies cardio-vasculaires, cancers, morts violentes …, voir Jougla et all., 2000; variation de la mortalité par cancer du poumon en fonction du taux de chômage en PACA, Menton versus Marseille, source ORS-PACA 1998).
• Un gradient social de mortalité tout au long de la vie (mortalité périnatale - 7,1/1000 pour les enfants dont le père est cadre, 10,2/1000 pour ceux dont le père est ouvrier, voir Kaminski et all., 2000; durée de vie après la retraite : après 10 ans, 48% d’ouvriers étaient décédés versus 18% des cadres, voir Leclerc et all., 2000).
Mortalité masculine prématurée selon le milieu social par alcoolisme
(25-59 ans en PACA)
0
5
10
15
20
25
Ouvriers
ProfessionsIntérmédiairesCadres
Un écart de 1 à 6
Taux standardisé par âge pour 100.000 habitants (Données INSERM SC8 1990; Exploitation ORS-PACA, 1998)
L’intérêt des relevés de l’épidémiologie : observer l’évolution des comportements à risque
• Les déclarations concernant l’usage de cannabis chez les adolescents (sources : INSERM et OFDT).
• Entre 1993 et 2003 : une hausse très marquée des expérimentations et des consommations répétées.
• Le niveau d’expérimentation des garçons de 14-15 ans est passé de 8,1% à 24,9% et celui des filles de 6% à 16,5%.
• A 16-17 ans, le niveau d’expérimentation des garçons a progressé de 20,6% à 47,6%, celui des filles de 16% à 41%.
Les apports des données épidémiologiques
• Observer des prévalences (maladies, comportements à risque).
• Identifier des variations et des étiologies (facteurs d’exposition et de protection, influence du milieu social).
• Suivre et évaluer l’impact d’une maladie aux niveaux psychologique, relationnel, identitaire, … (exemple : suivi longitudinal avec une cohorte).
Le suicide des adolescents et des jeunes :
un problème de santé publique.
Principales causes de décès des 10 à 24 ans en région PACA (1995)
31,0%
20,6%7,6%
11,9%
8,0%
20,9%
37,3%
23,4%
14,0%
8,3%
4,7%12,3%
Source : INSERM SC8 1995 / Exploitation ORS PACA
Accidents de la circulation Morts accidentelles violentes Suicides Tumeurs Inconnues Autres causes
Hommes (n=343) Femmes (n=126)
0
1 02 0
3 04 0
5 0
A ccidents d e
l a
circulat ion
Sui cide s Autre s
m orts
v i olentes
Tum e urs Au tres
m alad ies
En sem ble Ho m m es Fe m m e s
Mortalité par suicide chez les jeunes (15-24 ans) en FRANCE en 1997 (en %)
Pensées et conduites suicidaires chez les 15 - 19 ans (en %)
Source : Baromètre santé jeunes 97/98
Très souvent 6,2 8,6
Assez souvent 7,2 8,3
Parfois 13,1 16,3
Jamais 23,1 17,1
Vos parents écoutent vos idées
Vos parents vous félicitent
Jeunes ayant eu des idées suicidaires selon la perception de l ’estime parentale (en %)
Source : Baromètre santé jeunes 97/98
Acteur de
violence a,c
Avoir pris un
risque bAccident c
Victime de
racket c
Victime de
violence c
d
Avoir subi "un rapport
sexuel
forcé" e
Suicidants e
Acteur de violence a,c ------ *** *** *** ***
Avoir pris un risque b *** ------ *** *** *** *** ***
Accident c *** *** ------ *** *** ***
Victime de racket c *** *** *** ------ *** ***
Victime de violence c d *** *** *** *** ------ ***Avoir subi "un rapport sexuel forcé" e *** *** *** ------ ***
Suicidants e *** *** *** ------
a. "Avoir frappé ou blessé quelqu'un" b. au cours du dernier mois (par plaisir ou par défi) c. au cours des 12 derniers mois d. "frappé ou blessé" e. au cours de la vie
a. "Avoir frappé ou blessé quelqu'un" b. au cours du dernier mois (par plaisir ou par défi) c. au cours des 12 derniers mois d. "frappé ou blessé" e. au cours de la vie
Relations significatives et positives entre les différents contacts avec le risque
Les *** indiquent au croisement entre une ligne et une colonne si les deux comportements concernés sont significativement corrélés
Adolescents (14-21 ans) de la PJJ et Santé Les tentatives de suicide (en %) par sexe
(Source : Choquet, Ledoux, Hassler, Paré, 1998)
Le suicide
Un événement singulier
Un fait psychosocial
Le suicide : 5 constats.
Une cause de mortalité prématurée relativement importante chez les jeunes 15-24 ans.
Une conduite complexe à l’interface de l’individuel et du collectif mettant en jeu la relation entre le sujet et son entourage.
Une réalité différente en fonction du sexe : les femmes effectuent plus de tentatives tandis que les hommes décèdent davantage.
Un phénomène révélateur d’un malaise psychologique et social global (souffrances et mal-être, violence subie ou agie, conduites à risques, inégalités sociales, …).
Un problème plus important dans les populations les plus fragilisées par les difficultés sociales et économiques.