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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16337 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI JEUDI 7 AOÛT 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. a MONDIALISATION : La quatrième guerre mondiale a commencé, par le sous-commandant Marcos. a COMMUNICATION : Un monde surexposé, par Paul Virilio. – Une affaire d’Etat pour Washington, par Herbert I. Schiller. a INTELLECTUELS : Pigeons apprivoisés, par Juan Goytisolo. – Cornelius Castoriadis contre le conformisme généralisé, par Robert Redeker. a ESPAGNE : Pays basque, par Ignacio Ramonet. a RUSSIE : Magnitogorsk, prisonnière de l’acier, par Marie-Claude Slick. – Un pays otage du capitalisme mafieux, par K. S. Karol. a CANADA : Le Nunavut, ultime redécoupage ? par Philippe Bovet. a NOUVELLE-ZÉLANDE : Un village à l’heure du marché, par Serge Halimi. a AFRIQUE : Faut-il supprimer les polices? par Marc-Antoine Pérouse de Montclos. a SPORT : Un ethnologue au Tour de France, par Marc Augé. LE MONDE diplomatique Août 1997 En vente chez votre marchand de journaux - 22 F International ........... 2 France ........................ 5 Société ....................... 6 Carnet ........................ 7 Annonces classées . 7 Régions...................... 8 Abonnements .......... 8 Horizons.................... 9 Entreprises ................ 11 Finances/marchés... 12 Aujourd’hui .............. 14 Jeux.............................. 17 Météorologie ........... 17 Culture ....................... 18 Guide culturel .......... 21 Radio-Télévision..... 22 Les designers contemporains reviennent à la forêt limousine Les films préférés des cinéastes STEVEN SPIELBERG POUR sa cinquantième édition, qui se tient du 6 au 18 août, le Festi- val de Locarno (Suisse) a demandé à trente cinéastes américains, comme Steven Spielberg et John Carpenter, de présenter leur film préféré. Lire page 18 L’Europe divisée par les eaux C’EST, ENFIN, la décrue à l’Est. Les inondations qui ont affecté, de- puis plus d’un mois, l’Europe cen- trale et la façon dont elles ont été perçues, à l’Ouest, voire « cou- vertes » par les médias internatio- naux, ont révélé à quel point cette Europe-là reste « autre ». Tout s’est passé comme si, au regard de l’opi- nion occidentale, ces pays, Pologne et République tchèque en tête, ne faisaient pas tout à fait partie du paysage européen, comme s’ils conservaient une particularité, une étrangeté. Comment expliquer au- trement la relative indifférence, du moins la lenteur de la réaction à l’Ouest face à ce drame vécu à l’Est ? Ce constat est d’autant plus frappant qu’il intervient quelques semaines après les invitations faites à ces pays de rejoindre l’OTAN et l’Union européenne, c’est-à-dire de devenir membres à part entière de la « famille » européenne. Pour les Polonais et les Tchèques, la lecture de la presse ouest-euro- péenne, tout autant que le spec- tacle des télévisions occidentales, ont créé un véritable malaise. « L’Ouest ne s’est intéressé à la situa- tion que nous vivions qu’à partir du moment où les inondations ont commencé à toucher l’Allemagne », faisait-on remarquer à Varsovie et à Prague. Une sensibilité excessive, voire déplacée ? Entre le 7 et le 18 juillet, alors que la montée des eaux provoquait des dizaines de morts en Pologne et en République tchèque, la place accordée à cet évènement dans les médias a été modeste. Ce n’est qu’à partir du 18 juillet, lorsque la crue du fleuve Oder a commencé à affecter l’Alle- magne, que la « caravane média- tique » s’est mise en branle pour rendre compte de « l’inondation du siècle ». Mais il y a eu maldonne, voire tromperie : les équipes de télévi- sion ne se sont pas précipitées vers le sud-ouest de la Pologne, ni vers la Moravie. Natalie Nougayrède Lire la suite page 10 LIMOGES de notre correspondant Les feuillardiers sont en Limousin les hé- ritiers d’une profession médiévale : le prin- temps venu, ils sont encore plusieurs di- zaines à construire leur hutte dans les forêts de châtaigners. Ils y passent la belle saison à fabriquer des feuillards, ces longs piquets à usages multiples, traditionnellement en- voyés vers le Bordelais et les zones de pro- duction du cognac pour y baliser les vignes et aligner les ceps bien droit. Le débitage des surgeons sert aussi à la fabrication de vannerie et d’un mobilier primitif. Et voici que cette pratique ancestrale, qui a pris naissance il y a bien longtemps dans le sud-ouest de la Haute-Vienne, est sollici- tée par la création contemporaine. Six de- signers ont fait du feuillage limousin l’une des matières premières de leur réflexion plastique, sur un thème très à la mode, le jardin. C’est ainsi qu’est née l’opération « Des Jardins à vivre», imaginée par l’ARD (Agence régionale de développement) et la chambre régionale des métiers. Objectif : donner un avenir aux matériaux anciens. Les concepteurs sollicités ont dit « oui » tout de suite. Ils sont six, donc, de grande pointure. Jean-Charles de Castelbajac est un enfant du pays. C’est à Limoges que sont créés ses vêtements, ses porcelaines et ses émaux. On trouve dans son sillage Sylvain Dubuis- son (concepteur, naguère, du bureau de Jack Lang au ministère de la culture) qui a réalisé des projets céramiques, le tandem Garouste-Bonetti (Nina Ricci, entre autres), l’agence Plan créatif (qui a réalisé le cockpit de l’Airbus A 340), Philippe Soffiotti (mobiliers Cat Berro, Soca line, etc.), Jean Wilmotte (l’Elysée, le Grand Louvre.). Eux n’étaient pas des familiers de la province. Le travail s’est fait en collaboration avec vingt-quatre artisans et responsables de PME limousins. Des feuillardiers, donc, qui ont inspiré des tonnelles, des claustras et des clôtures, mais aussi des tailleurs de gra- nit, des ardoisiers, des verriers, menuisiers, céramistes, et autres artistes véritables, ainsi que des virtuoses de la découpe laser pour faire entrer les traditions dans les exi- gences contemporaines les plus méti- culeuses. Le Limousin en attend, bien sûr, une acti- vité productive, des créations d’emplois et un regain de notoriété. La région vit encore sous l’effet du syndrome Aubusson, dans la Creuse. A la fin des années 30, Jean Lurçat et Marcel Gromaire redonnèrent vie à la ta- pisserie, dans ce département où les activi- tés économiques se font rares et où la po- pulation fond à vue d’œil. Depuis, les autres arts limousins ont tenté de suivre l’exemple. L’émail et la porcelaine ne méritent plus toujours la réputation routinière qui conti- nue à leur coller à la peau. Les designers Raymond Lœwy et Olivier Gagnère ont travaillé pour Limoges, des plasticiens s’y sont intéressés : Arman, Lich- tenstein, Cueco, pour ne citer qu’eux. La ré- gion a aussi une tradition paysagère, des parcs à l’anglaise tracés par la dynastie por- celainière Havilland (Alain Resnais y tourna Providence) aux actuels jardins creusois de Gilles Clément (le parc André-Citroën, dans le quinzième arrondissement de Paris). L’opération « Jardins à vivre » est une ren- contre de ces volontés de modernité. Georges Chatain Le bachotage des élèves de l’été a POUR CERTAINS collégiens et lycéens, les vacances sont l’occasion de rattraper leur retard scolaire. Des organismes privés leur proposent des stages intensifs d’été, censés les aider à « travailler avec de bonnes méthodes » en une à trois semaines, pour un prix souvent élevé. Ces stages dits de « pré-rentrée » ne font l’objet d’aucun contrôle ni d’aucune évaluation de la part de l’éducation nationale. Les parents d’élèves et les associations fami- liales dénoncent un « retour en force du bachotage ». « Le système éducatif doit prendre en charge plus efficacement les élèves en diffi- culté », estime Patrice Partula, se- crétaire général de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Lire page 6 Le séparatisme se développe dans l’archipel des Comores Une autre île veut être rattachée à la France LES TROUBLES continuent dans l’archipel des Comores. Les sépara- tistes de l’île d’Anjouan ont élu, mardi 5 août, leur président, le pro- fesseur d’école coranique Abdallah Ibrahim, et ont annoncé des élec- tions avant la fin de l’année pour permettre aux Anjouanais de « dé- terminer librement leur avenir ». Les leaders séparatistes avaient claire- ment défini leurs objectifs lors de la déclaration d’indépendance de l’« Etat d’Anjouan » dimanche : un rattachement « pur et simple » à la France ou la création d’une île in- dépendante associée à l’ancienne puissance coloniale. Sur l’île de Moheli, des séparatistes ont égale- ment hissé des drapeaux français et érigé des barrages. Le gouvernement central de la République fédérale islamique des Comores, à Moroni, a répliqué en mettant ses troupes en état d’alerte. Les militaires sont prêts à embarquer ou à décoller de Moro- ni à destination de Mutsamudu, la « capitale » d’Anjouan. Les bar- rages autour de Mutsamudu ont toutefois été allégés, les sépara- tistes ne craignant visiblement pas de débarquement imminent. Les 350 militaires et gendarmes présents à Anjouan, retranchés dans leurs casernes depuis plu- sieurs semaines, ont laissé la rue aux rebelles. A Moroni, le pré- sident, Mohamed Taki Abdoulka- rim, a appelé les Comoriens à rele- ver « les défis majeurs que leur imposent l’Histoire et les événements actuels ». Le gouvernement a mis en place une cellule de crise. Les sé- paratistes paraissent bénéficier d’un soutien quasi total à Anjouan. Si certains leaders semblent re- chercher un pouvoir et des privi- lèges perdus, l’homme de la rue es- père des améliorations des conditions de vie sur l’île, notam- ment en cas de rattachement à la France. Les séparatistes réclament en fait un statut comparable à celui de Mayotte, la quatrième île de l’archipel, restée dans le giron de la France. Ils semblent convaincus d’obtenir gain de cause, en dépit du soutien affiché par la France à l’intégrité territoriale comorienne. Un patrouilleur de la marine na- tionale française se trouve dans les eaux internationales au large des Comores, a indiqué l’état-major des armées à Paris. « La Boudeuse » a appareillé, mardi, de Mayotte pour « une mission habituelle de routine » dans cette zone de l’océan Indien. Lire page 4 Les athlètes à Athènes a L’Américain Michael Johnson conserve son titre du 400 m a Au saut en longueur, le Cubain Ivan Pedroso remporte l’épreuve a Sally Barsosio offre au Kenya sa première médaille d’or féminine a La finale du 1 500 m dames marquée par le coup de force d’une jeune Suissesse a Marie-José Pérec retrouve la piste Lire pages 14 et 15 a L’Union en panne Le moteur franco-allemand tourne au ralenti alors que Helmut Kohl est affai- bli par des problèmes intérieurs. p. 2 et notre éditorial p. 10 a Le dollar à 6,37 francs Le billet vert continue sa progression, dopée par la perspective du lancement d’un euro « faible » p. 24 a L’immobilier à Paris Les prix restent faibles dans l’immobi- lier de bureau à Paris, en dépit d’un re- gain d’intérêt des investisseurs. p. 11 a Le défi d’Internet Les points de vue de Jacques Attali, conseiller d’Etat, et de Bernard Dufau, PDG d’IBM France. p. 10 a Guyane : l’or ou la forêt Des réserves d’or se trouveraient dans le périmètre du futur parc national de la forêt guyanaise. p. 8 a Razzia sur les objets d’art italiens Parmi la clientèle des tombaroli, les pil- leurs de tombes italiens, le Musée Get- ty de Malibu, en Californie, est impli- qué dans trois affaires récentes. p. 9 a Blueberry Au bar du saloon, Bill Clanton et les Mc Laury tiennent tête au shérif. 21 e épisode de notre BD p. 23 L’enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée Le professeur Souleau, président du comité d’experts, a démissionné LA POLÉMIQUE autour des pos- sibles conséquences sanitaires du rejet de déchets radioactifs de l’usine de la Hague (Manche) rebon- dit avec la démission du professeur Charles Souleau de la présidence du comité scientifique créé, en janvier, pour améliorer les connaissances épidémiologiques dans ce domaine. Cette démission fait suite à une série de propos tenus ces derniers temps par le professeur Souleau. Certains des membres de ce comité l’accusent d’avoir présenté des chiffres sur les rejets radioactifs comme étant le résultat des travaux du comité. Or ces chiffres, donnés pour rassurants par le professeur Souleau, émanaient en réalité des exploitants de l’usine de la Hague. Dans l’entourage de Bernard Kouchner, secrétaire d’Etat à la san- té, on a indiqué au Monde, mercredi 6 août, que de nouvelles initiatives vont être prises pour une surveil- lance plus fine de l’impact du nu- cléaire. Celle-ci pourrait être pro- chainement confiée au professeur Alfred Spira, spécialiste à l’Inserm des questions de santé publique et d’épidémiologie. Lire page 5
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L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

May 06, 2023

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Page 1: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16337 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIJEUDI 7 AOÛT 1997

Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ;Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

Le séparatisme se développedans l’archipel des Comores

Une autre île veut être rattachée à la FranceLES TROUBLES continuent dans sieurs semaines, ont laissé la rue

Les athlètesà Athènes

a L’Union en panne

a L’immobilier à Paris

a Guyane :

L’enquête sur la radioactivitéà la Hague est relancée

Le professeur Souleau, président du comité d’experts, a démissionné

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LA POLÉMIQUE autour des pos- temps par le professeur Souleau. té, on a indiqué au Monde, mercred

bles conséquences sanitaires du Certains des membres de ce comité 6 août, que de nouvelles initiatives

rejet de déchets radioactifs del’usine de la Hague (Manche) rebon-dit avec la démission du professeurCharles Souleau de la présidence ducomité scientifique créé, en janvier,pour améliorer les connaissancesépidémiologiques dans ce domaine.

Cette démission fait suite à unesérie de propos tenus ces derniers

a MONDIALISATION : La commencé, par le sous-com

a COMMUNICATION : UnVirilio. – Une affaire d’EtaI. Schiller.

a INTELLECTUELS : PigeoGoytisolo. – Cornelius Cagénéralisé, par Robert Red

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a RUSSIE : Magnitogorsk,Marie-Claude Slick. – Umafieux, par K. S. Karol.

a CANADA : Le Nunavut, ultBovet.

a NOUVELLE-ZÉLANDE : Un Serge Halimi.

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Les designLIMOGES

de notre correspondant

l’accusent d’avoir présenté deschiffres sur les rejets radioactifscomme étant le résultat des travauxdu comité. Or ces chiffres, donnéspour rassurants par le professeurSouleau, émanaient en réalité desexploitants de l’usine de la Hague.Dans l’entourage de BernardKouchner, secrétaire d’Etat à la san-

quatrième guerre mondiale amandant Marcos.

monde surexposé, par Pault pour Washington, par Herbert

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prisonnière de l’acier, parn pays otage du capitalisme

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village à l’heure du marché, par

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our de France, par Marc Augé.

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Août 1997

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vont être prises pour une surveil-lance plus fine de l’impact du nu-cléaire. Celle-ci pourrait être pro-chainement confiée au professeurAlfred Spira, spécialiste à l’Insermdes questions de santé publique etd’épidémiologie.

Lire page 5

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L’Europepar les

C’EST, ENFIN, la décrue à l’Est.Les inondations qui ont affecté, de-

icités ont dit « oui » six, donc, de grande

Le Limouvité produ

l’archipel des Comores. Les sépara-tistes de l’île d’Anjouan ont élu,mardi 5 août, leur président, le pro-fesseur d’école coranique AbdallahIbrahim, et ont annoncé des élec-tions avant la fin de l’année pourpermettre aux Anjouanais de « dé-terminer librement leur avenir ». Lesleaders séparatistes avaient claire-ment défini leurs objectifs lors de ladéclaration d’indépendance del’« Etat d’Anjouan » dimanche : unrattachement « pur et simple » à laFrance ou la création d’une île in-dépendante associée à l’anciennepuissance coloniale. Sur l’île deMoheli, des séparatistes ont égale-ment hissé des drapeaux français etérigé des barrages.

Le gouvernement central de laRépublique fédérale islamique desComores, à Moroni, a répliqué enmettant ses troupes en étatd’alerte. Les militaires sont prêts àembarquer ou à décoller de Moro-ni à destination de Mutsamudu, la« capitale » d’Anjouan. Les bar-rages autour de Mutsamudu onttoutefois été allégés, les sépara-tistes ne craignant visiblement pasde débarquement imminent.

Les 350 militaires et gendarmesprésents à Anjouan, retranchésdans leurs casernes depuis plu-

mousine

divisée eauxont créé un véritable malaise.« L’Ouest ne s’est intéressé à la situa-

sin en attend, bien sûr, une acti-ctive, des créations d’emplois et

aux rebelles. A Moroni, le pré-sident, Mohamed Taki Abdoulka-rim, a appelé les Comoriens à rele-ver « les défis majeurs que leurimposent l’Histoire et les événementsactuels ». Le gouvernement a misen place une cellule de crise. Les sé-paratistes paraissent bénéficierd’un soutien quasi total à Anjouan.

Si certains leaders semblent re-chercher un pouvoir et des privi-lèges perdus, l’homme de la rue es-père des améliorations desconditions de vie sur l’île, notam-ment en cas de rattachement à laFrance. Les séparatistes réclamenten fait un statut comparable à celuide Mayotte, la quatrième île del’archipel, restée dans le giron de laFrance. Ils semblent convaincusd’obtenir gain de cause, en dépitdu soutien affiché par la France àl’intégrité territoriale comorienne.

Un patrouilleur de la marine na-tionale française se trouve dans leseaux internationales au large desComores, a indiqué l’état-majordes armées à Paris. « La Boudeuse »a appareillé, mardi, de Mayottepour « une mission habituelle deroutine » dans cette zone del’océan Indien.

Lire page 4

Le bachotagedes élèves de l’été

POUR CERTAINS collégiens

Les feuillardiers sont en Limousin les hé-

ritiers d’une profession médiévale : le prin-temps venu, ils sont encore plusieurs di-zaines à construire leur hutte dans les forêtsde châtaigners. Ils y passent la belle saison àfabriquer des feuillards, ces longs piquets àusages multiples, traditionnellement en-voyés vers le Bordelais et les zones de pro-duction du cognac pour y baliser les vigneset aligner les ceps bien droit. Le débitagedes surgeons sert aussi à la fabrication devannerie et d’un mobilier primitif.

Et voici que cette pratique ancestrale, quia pris naissance il y a bien longtemps dansle sud-ouest de la Haute-Vienne, est sollici-tée par la création contemporaine. Six de-signers ont fait du feuillage limousin l’unedes matières premières de leur réflexionplastique, sur un thème très à la mode, lejardin.

C’est ainsi qu’est née l’opération « DesJardins à vivre », imaginée par l ’ARD(Agence régionale de développement) et lachambre régionale des métiers. Objectif :donner un avenir aux matériaux anciens.

pointure. Jean-Charles de Castelbajac est un enfant

du pays. C’est à Limoges que sont créés sesvêtements, ses porcelaines et ses émaux.On trouve dans son sillage Sylvain Dubuis-son (concepteur, naguère, du bureau deJack Lang au ministère de la culture) qui aréalisé des projets céramiques, le tandemGarouste-Bonetti (Nina Ricci , entreautres), l’agence Plan créatif (qui a réalisé lecockpit de l’Airbus A 340), Philippe Soffiotti(mobiliers Cat Berro, Soca line, etc.), JeanWilmotte (l’Elysée, le Grand Louvre.). Euxn’étaient pas des familiers de la province.

Le travail s’est fait en collaboration avecvingt-quatre artisans et responsables dePME limousins. Des feuillardiers, donc, quiont inspiré des tonnelles, des claustras etdes clôtures, mais aussi des tailleurs de gra-nit, des ardoisiers, des verriers, menuisiers,céramistes, et autres artistes véritables,ainsi que des virtuoses de la découpe laserpour faire entrer les traditions dans les exi-gences contemporaines les plus méti-culeuses.

un regain de notoriété. La région vit encoresous l’effet du syndrome Aubusson, dans laCreuse. A la fin des années 30, Jean Lurçatet Marcel Gromaire redonnèrent vie à la ta-pisserie, dans ce département où les activi-tés économiques se font rares et où la po-pulation fond à vue d’œil. Depuis, les autresarts limousins ont tenté de suivre l’exemple.L’émail et la porcelaine ne méritent plustoujours la réputation routinière qui conti-nue à leur coller à la peau.

Les designers Raymond Lœwy et OlivierGagnère ont travaillé pour Limoges, desplasticiens s’y sont intéressés : Arman, Lich-tenstein, Cueco, pour ne citer qu’eux. La ré-gion a aussi une tradition paysagère, desparcs à l’anglaise tracés par la dynastie por-celainière Havilland (Alain Resnais y tournaProvidence) aux actuels jardins creusois deGilles Clément (le parc André-Citroën, dansle quinzième arrondissement de Paris).L’opération « Jardins à vivre » est une ren-contre de ces volontés de modernité.

Georges Chatain

a L’AméricainMichael Johnsonconserve son titredu 400 m

a Au saut en longueur,le Cubain Ivan Pedrosoremporte l’épreuve

a Sally Barsosio offreau Kenya sa premièremédaille d’or féminine

a La finale du 1 500 mdames marquéepar le coup de forced’une jeune Suissesse

a Marie-José Pérecretrouve la piste

Lire pages 14 et 15

a et lycéens, les vacances sontl’occasion de rattraper leur retardscolaire. Des organismes privésleur proposent des stages intensifsd’été, censés les aider à « travailleravec de bonnes méthodes » en uneà trois semaines, pour un prixsouvent élevé.

Ces stages dits de « pré-rentrée »ne font l’objet d’aucun contrôle nid’aucune évaluation de la part del’éducation nationale. Les parentsd’élèves et les associations fami-liales dénoncent un « retour enforce du bachotage ». « Le systèmeéducatif doit prendre en charge plusefficacement les élèves en diffi-culté », estime Patrice Partula, se-crétaire général de la Fédérationdes conseils de parents d’élèves(FCPE).

Lire page 6

France ........................ 5Société ....................... 6Carnet ........................ 7Annonces classées . 7Régions...................... 8Abonnements .......... 8Horizons.................... 9

Finances/marchés... 12Aujourd’hui .............. 14Jeux.............................. 17Météorologie ........... 17Culture ....................... 18Guide culturel .......... 21Radio-Télévision..... 22

Les films préférésdes cinéastes

puis plus d’un mois, l’Europe cen-trale et la façon dont elles ont étéperçues, à l’Ouest, voire « cou-vertes » par les médias internatio-naux, ont révélé à quel point cetteEurope-là reste « autre ». Tout s’estpassé comme si, au regard de l’opi-nion occidentale, ces pays, Pologneet République tchèque en tête, nefaisaient pas tout à fait partie dupaysage européen, comme s’ilsconservaient une particularité, uneétrangeté. Comment expliquer au-trement la relative indifférence, dumoins la lenteur de la réaction àl’Ouest face à ce drame vécu àl’Est ? Ce constat est d’autant plusfrappant qu’il intervient quelquessemaines après les invitations faitesà ces pays de rejoindre l’OTAN etl’Union européenne, c’est-à-dire dedevenir membres à part entière dela « famille » européenne.

Pour les Polonais et les Tchèques,la lecture de la presse ouest-euro-péenne, tout autant que le spec-tacle des télévisions occidentales,

tion que nous vivions qu’à partir dumoment où les inondations ontcommencé à toucher l’Allemagne »,faisait-on remarquer à Varsovie età Prague. Une sensibilité excessive,voire déplacée ? Entre le 7 et le18 juillet, alors que la montée deseaux provoquait des dizaines demorts en Pologne et en Républiquetchèque, la place accordée à cetévènement dans les médias a étémodeste. Ce n’est qu’à partir du18 juillet, lorsque la crue du fleuveOder a commencé à affecter l’Alle-magne, que la « caravane média-tique » s’est mise en branle pourrendre compte de « l’inondation dusiècle ».

Mais il y a eu maldonne, voiretromperie : les équipes de télévi-sion ne se sont pas précipitées versle sud-ouest de la Pologne, ni versla Moravie.

Natalie Nougayrède

Lire la suite page 10

International ........... 2 Entreprises................ 11

STEVEN SPIELBERG

POUR sa cinquantième édition,qui se tient du 6 au 18 août, le Festi-val de Locarno (Suisse) a demandé àtrente cinéastes américains, commeSteven Spielberg et John Carpenter,de présenter leur film préféré.

Lire page 18

Le moteur franco-allemand tourne auralenti alors que Helmut Kohl est affai-bli par des problèmes intérieurs.

p. 2 et notre éditorial p. 10

a Le dollar à 6,37 francsLe billet vert continue sa progression,dopée par la perspective du lancementd’un euro « faible » p. 24

Les prix restent faibles dans l’immobi-lier de bureau à Paris, en dépit d’un re-gain d’intérêt des investisseurs. p. 11

a Le défi d’InternetLes points de vue de Jacques Attali,conseiller d’Etat, et de Bernard Dufau,PDG d’IBM France. p. 10

l’or ou la forêtDes réserves d’or se trouveraient dansle périmètre du futur parc national dela forêt guyanaise. p. 8

a Razzia sur les objetsd’art italiensParmi la clientèle des tombaroli, les pil-leurs de tombes italiens, le Musée Get-ty de Malibu, en Californie, est impli-qué dans trois affaires récentes. p. 9

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;

a BlueberryAu bar du saloon, Bill Clanton et lesMc Laury tiennent tête au shérif.

21e épisode de notre BD p. 23

Page 2: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

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BONNde notre correspondant

Que les Allemands le réélisentou non l’an prochain, Helmut Kohla suffisament assuré sa place pour

dominer les deux dernières décen-nies du XXe siècle de l’histoire alle-mande. Il est encore trop tôt pourdire si les années suivantes serontcelles de Wolfgang Schäuble, unhomme-clé du pouvoir, dont au-cun dirigeant français n’a pourtantjamais fait l’effort de prononcer lenom correctement. Le numérodeux de la CDU, actuellement pré-sident du groupe parlementairechrétien-démocrate au Bundestag,devra encore surmonter beaucoupd’obstacles pour espérer prendreun jour la succession de l’actuelchancelier, qui a décidé de se re-présenter aux élections de sep-tembre 1998. Quoi qu’il en soit, le

2

I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997

CRISE Alors que le leadership duchancelier Helmut Kohl paraîtchaque jour un peu plus entamépar des difficultés intérieures, l’Eu-rope piétine, le moteur franco-alle-

mand à l’arrêt, sans projet autreque celui d’une Union monétaireque le récent sommet d’Amster-dam a privée de tout accompagne-ment politique. b A BONN, le Bun-

destag, réuni en sessionextraordinaire en présence duchancelier – qui a, exceptionnelle-ment, interrompu ses vacances –,n’a pu que constater son incapacité

à adopter l’un des grands projetsde la législature : la réforme fis-cale. b LE DAUPHIN DÉSIGNÉ duchancelier, Wolfgang Schäuble,chef du groupe CDU au Bundestag,

n’en livre pas moins, au cours d’unentretien accordé au Monde, unevision plutôt optimiste de l’avenirdu pays et de l’Europe. (Lire aussinotre éditorial page 10.)

Privée du moteur franco-allemand, l’Union européenne piétineLes Quinze cheminent laborieusement vers la monnaie unique, sans accompagnement politique après l’échec du récent sommet d’Amsterdam.

Le leadership du chancelier Helmut Kohl, absorbé par ses difficultés intérieures, est affaibli

ANALYSELa Commissionsemble avoirle plus grand malà montrer la voie

BRUXELLES(Union européenne)de notre correspondant

En cette fin juillet, l’Europedonne d’elle-même une image

brouillée, où les impressions néga-tives – Vilvorde et Amsterdam –l’emportent sur l’unique raisond’espoir que représente la marchevers l’Union économique et moné-taire (UEM). Cependant, cette am-bitieuse entreprise se développedans le désert de la pensée : mis àpart l’élargissement aux pays d’Eu-rope centrale, qui est une affairelointaine, l’Union n’a plus en chan-tier le moindre projet d’importance.

Les auteurs du traité de Maas-tricht avaient compris qu’il fallaitconférer à la monnaie unique unelégitimité politique. Tel était le sensdes « titres », certes bâclés, concer-nant la politique étrangèrecommune et la sécurité intérieure.A Amsterdam, en juin, les Quinze,en raison notamment des réti-cences allemandes, ont renoncé àcheminer dans cette double direc-tion, privant l’Europe de toute pers-pective, même partielle, d’unionpolitique. C’est dans un vide sidéral

que s’opère désormais la progres-sion vers l’euro, ce qui ne concourtqu’à fragiliser davantage un exer-cice déjà laborieux.

Les Quinze ne semblent pas en-core avoir pris conscience de l’im-pact négatif que risque d’avoir lefiasco d’Amsterdam. Du côté fran-çais, l’analyse qui est faite, pourêtre lucide, n’est guère encoura-geante. C’est celle d’une Europe im-puissante à réformer ses institu-tions et à s’affranchir de la tutelleaméricaine, où le tandem franco-al-lemand est comme privé d’énergievitale. Le gouvernement, qui aconsenti les efforts nécessairespour ne pas hypothéquer la mon-naie unique, croit que son avène-ment suffira à redonner du nerf à laconstruction communautaire. Unpari risqué !

Après la pause estivale, les tra-vaux vont reprendre, dans trois di-rections : la préparation du conseileuropéen sur l’emploi, fin no-vembre, dont la réunion a été déci-dée à Amsterdam, à la demande dela France ; celle du conseil euro-péen de fin décembre à Luxem-bourg, où les Quinze établiront laliste des pays candidats avec les-quels débuteront bientôt des négo-ciations devant conduire à leuradhésion à l’horizon 2003-2004 ;l’examen des propositions que laCommission vient de soumettreaux Quinze, et qui, après la CIG(conférence intergouvernemen-tale), vont inaugurer une nouvelle

phase de deux années de difficilestractations.

Cet « agenda 2000 », que JacquesSanter, le président de la Commis-sion, a présenté le 16 juillet à Stras-bourg, devant le Parlement euro-péen, traite de problèmes degestion : les finances de l’Union aucours de la période 2000-2006, la ré-forme de la PAC (politique agricolecommune) et celle des fonds struc-turels. Ces propositions sont tech-niquement satisfaisantes par rap-port à leur objectif : rendre

possibles des compromis entre desintérêts opposés.

Mais elles risquent de tomber àplat, faute d’avoir pris suffisam-ment en compte la médiocrité duclimat ambiant. Déplorables entermes de communication, elles ré-vèlent une grave sous-estimationde la désaffection de l’opinion àl’égard de la construction euro-péenne.

Il est imprudent de donner lecoup d’envoi au grand marchan-dage de la prochaine décennie

– une histoire de gros sous propiceaux empoignades – sans avoir tentéau préalable de redynamiser le dé-bat européen. Il suffit de considérerl’âpreté avec laquelle les Allemands,tous partis confondus, réclamentdéjà une réduction de leur contri-bution au budget européen pourcomprendre que les négociationsqui vont se dérouler au cours desdeux années à venir pourraient re-mettre en cause des acquis de qua-rante ans de vie commune. L’Eu-rope risque d’aller dans le mur sises dirigeants s’en tiennent ainsi àleur train-train technocratique ; ellese met elle-même à la merci d’unvote négatif à l’Assemblée natio-nale ou au Bundestag, à la merci dumauvais résultat d’un quelconqueréférendum bâclé...

MYOPIELes thèmes qui intéressent les Eu-

ropéens, ceux autour desquels gra-vitent leurs angoisses sont l’emploiet la capacité d’adaptation à unphénomène de mondialisation dontl’importance est désormaiscomprise dans les plus désolées descités. Avec une myopie sidérante,on leur met en scène un projet àlong terme centré sur les exporta-tions de blé et la modernisation descampagnes !

La tâche de la Commission n’estévidemment pas facile. MaisJacques Santer, son président, étaitmieux inspiré lorsque, début 1996,dans l’indifférence et presque l’hos-

tilité générale, il mettait sur la tableson « Pacte de confiance pour l’em-ploi ». C’est ce clou-là qu’il faudraitcontinuer à enfoncer avec obstina-tion, en n’hésitant pas à reprendredes idées déjà proposées maisabandonnées.

Personne n’ignore que lesmoyens disponibles sont limités.Mais, d’une manière ou d’uneautre, l’Europe, après avoir expli-qué qu’à la base de tout sursaut setrouve la croissance, pourraitmettre un accent nouveau surl’éducation, la formation, la re-cherche, les nouvelles technologies.On aimerait voir la Commissions’emparer, presque dans la foulée,des inquiétudes que la fusion deBoeing avec McDonnell Douglas asuscitées, pour activer la restructu-ration de l’industrie aérospatialeeuropéenne.

Edith Cresson, le commissairechargé de la recherche, a parlé dansce sens, mais dans ce mondebruxellois convenu à l’extrême, plu-tôt que de l’écouter, on a surtoutretenu ses commentaires acides àpropos de l’action de son collègueKarel Van Miert, le commissaireresponsable de la politique deconcurrence, qui, à ce titre, avaitinstruit le dossier Boeing. En cetteveille d’automne et alors que c’estson rôle, la Commission sembleéprouver les plus grandes difficultésà montrer la voie.

Philippe Lemaître

Le Bundestag a réglé ses comptes au cours du débat sur le projet de réforme fiscaleCOLOGNE

correspondanceL’unanimité n’a pas duré long-

temps, mardi 5 août, lors de lasession extraordinaire du Bundes-tag : après avoir célébré sous lesapplaudissements « la solidarité »de l’Allemagne réunifiée face auxcrues catastrophiques de l’Oder,le chancelier Helmut Kohl, revenuspécialement de vacances, a assis-té à un vaste règlement decomptes sur le projet de réformefiscale. Sans surprise, la réunionn’a bien sûr pas permis de sauverin extremis la grande réforme desimpôts qui oppose depuis plu-sieurs semaines majorité et oppo-sition.

Les débats ont simplement of-fert aux forces en présence uneultime occasion de se rejeter laresponsabilité de l’échec du projetgouvernemental, lequel pré-voyait, à l’origine, un allégementfiscal d’environ 100 milliards defrancs. Après avoir estimé que lacoalition ferait tout de même pas-ser ce texte dans les prochains

mois, Theo Waigel, le ministre desfinances, s’en est pris aux « calculsde pouvoir » du SPD, accusé debloquer la négociation en vue desélections législatives de sep-tembre 1998. L’opposition s’est,quant à elle, plainte de la « faiblevolonté de dialogue » manifestéelors de la préparation du texte, undes grands chantiers de la législa-ture les plus controversés.

SECONDE PROCÉDURELes partis de la coalition, majo-

ritaires au sein de la chambrebasse, avaient sollicité la tenue decette session extraordinaire afinde revenir sur les conclusions, lasemaine dernière, de la commis-sion de conciliation parlemen-taire, dominée par l’opposition.Prenant note de l’échec des négo-ciations, ils ont voté en bloc la te-nue d’une deuxième procédure deconciliation. En outre, les députésde la majorité ont finalement pro-posé de financer une baisse descotisations retraite et chômagepar le biais d’une hausse de la

TVA et des impôts sur l’énergie.Seule la suppression, à partir dejanvier 1998, de la taxe profes-sionnelle sur les capitaux des en-treprises a mis tout le monded’accord. Ce manque à gagner se-ra compensé, pour les communes,par le versement d’une partie dessommes perçues via l’impôt sur lechiffre d’affaires.

Quoi qu’il en soit, la coalitioncherche désormais à se mettred’accord sur une baisse de l’impôtde solidarité (de 7,5 % à 5,5 %), le-quel sert à financer une partie desdépenses liées à la réunification,et qui demeure très impopulaire.Cette mesure pourrait survenirmême si « la réforme du siècle »sur la fiscalité était une nouvellefois repoussée. Perçue à l’estcomme à l’ouest du pays, cettetaxe, calculée sur la base des reve-nus imposables, a réparti plus de26 milliards de deutschemarksen 1995, l’année de son lancementdéfinitif.

La réduction de la « Soli », selonl’abréviation à la mode, constitue

une des promesses du Parti libé-ral-démocrate (FDP), en généraltrès attaché à un allégement de lafiscalité. Elle faisait naturellementpartie de la réforme fiscale, maisles libéraux, constatant l’impasseactuelle, se sont mobilisés cesderniers jours pour obtenir uneréduction, quelle que soit la tour-nure prise par les événements.

Alors que M. Waigel avait parutrès réservé, dans un premiertemps, et alors que ce nouveaudébat semble pouvoir affaiblir da-vantage la coalition, WolfgangSchäuble, président du groupeparlementaire chrétien-démo-crate, se dit « certain » de parve-nir à une baisse, posant toutefoiscomme condition préalable la

mise au point de mesures decompensation. Pour le moment,le gouvernement n’entend pas, eneffet, diminuer les aides destinéesaux régions de l’Est : entre 1991et 1995, ces transferts nets ont re-présenté une somme d’environ644 milliards de deutschemarks(2 190 milliards de francs).

Le FDP est d’autant plus atta-ché à cette mesure qu’elle condi-tionnerait l’avenir d’une forma-tion politique qui a essuyénombre de revers électoraux aucours des dernières années.

Prudente, même si elle sait de-voir ménager ses alliés, la CDU-CSU veut encore croire à une ré-forme fiscale de plus grande en-vergure. Pourtant, l’oppositionn’a pas caché son scepticismeface à la perspective d’une éven-tuelle deuxième procédure deconciliation, à la rentrée parle-mentaire, certains députés degauche la qualifiant mêmed’« inutile ».

Philippe Ricard

Un déficit budgétaire estimé à 3,3 % pour 1997Selon le rapport semestriel de l’Institut de recherche économique

IFO, publié mardi 5 août à Dresde, le déficit budgétaire allemand at-teindra 3,3 % du produit intérieur brut en 1997, un niveau supérieurà celui exigé par le Traité de Maastricht mais qui ne devrait pas, se-lon les experts, empêcher l’Allemagne de se qualifier pour l’Unionéconomique et monétaire (UEM). Pour 1998, l’institut prévoit un dé-ficit équivalent à 2,6 % du PIB, inférieur au seuil de 3,0 % fixé par lescritères de Maastricht.

L’IFO, l’un des six principaux instituts de recherche allemands,souligne toutefois que la prévision pour 1997 est sujette à d’impor-tantes incertitudes et que ce chiffre pourrait « être à une décimaleprès plus proche des 3,0 % de référence ». « Même si cette prévision se ré-vèle juste, note l’IFO, il ne devrait pas être refusé à l’Allemagne le droitd’entrer dans l’Union monétaire car le Traité de Maastricht prend égale-ment en compte la durée de la consolidation. » – (Reuter.)

La vision de la République fédérale de Wolfgang Schäuble, numéro deux du pouvoir à Bonn

PORTRAITLe dauphin désignéet loyal de Helmut Kohlpossède un style bien à lui

dauphin officiel de Helmut Kohl– contraint à se déplacer en chaiseroulante à la suite d’un attentatcommis par un déséquilibré en1990 – est, à 54 ans, l’une destoutes premières personnalités dela classe politique allemande et de-vrait le rester après 1999, date dudéménagement des institutions àBerlin.

Ce qui frappe d’emblée avecWolfgang Schäuble, c’est un styleextrêmement différent de celui deson protecteur, envers lequel il ma-nifeste une loyauté sans faille. Ceprotestant d’Offenburg (non loinde Strasbourg), qui vise les plushautes fonctions, est connu pourson talent d’orateur. En général, onse souvient longtemps des repar-ties assassines qu’il inflige à ses ad-versaires lors des débats du Bun-destag. Cette virtuosité froide estcelle d’un homme blessé, devenuplus tenace et plus dur encore de-puis l’attentat qui faillit lui coûterla vie. Parfois flamboyant, c’estWolfgang Schäuble qui, lors d’undiscours vibrant prononcé en juin1991, fit basculer l’opinion des dé-putés allemands en faveur du dé-placement des institutions fédé-

rales à Berlin. Dans un entretienaccordé au Monde, le numéro deuxdu pouvoir refuse d’employer, àpropos de la future Allemagne, leterme de « République berlinoise » :« Ce pays continue à s’appeler Ré-publique fédérale d’Allemagne, etdoit demeurer à l’avant-garde del’intégration européenne. » Autre-ment dit, à Berlin comme à Bonn,l’Allemagne restera fermement en-gagée à l’Ouest. S’il est un pointsur lequel Wolfgang Schäuble ins-crit sa pensée dans la continuitéd’Helmut Kohl, c’est bien dans savolonté de refuser toute « politiquede la balançoire » entre l’Est etl’Ouest au gré des intérêts alle-mands du moment, comme àl’époque de la République de Wei-mar.

« Ma conception de l’Allemagneet de l’Europe n’est pas différente decelle de Helmut Kohl, souligne-t-il,même si je présente les choses demanière plus rationnelle que lui. Ilplaisante souvent en disant qu’ilétait mauvais lycéen en mathéma-tiques ; moi j’ai toujours été bon et jele dis ». Plus rationnel, mais égale-ment plus « national » qu’HelmutKohl (certains observateurs voient

même en lui un « nationaliste » enpuissance), Wolfgang Schäuble di-sait tout récemment dans un dis-cours à Berlin : « La meilleure poli-tique étrangère est celle qui sert nosintérêts. » Une phrase que l’actuelchancelier n’aurait jamais pronon-cée en des termes aussi directs.

Il est vrai que WolfgangSchäuble n’a pas l’habitude d’ex-primer sa pensée d’après les règlesdu flou kohlien. Le stratège de laCDU avait provoqué un beau tolléen proposant avec son collègue,Karl Lamers, en septembre 1994,une vision de l’Europe articuléeautour de l’idée d’un « noyaudur » dont ne faisait pas partiel’Italie.

BOURREAU DE TRAVAILWolfgang Schäuble est animé

par une conviction inébranlable :l’âge des Etats-nations est révolu.Militant inlassable de la monnaieunique, le chef du groupe parle-mentaire CDU-CSU incarne desvaleurs qui sont chères à la France,notamment le primat du politiquesur l’économie : « Le gouvernementde Bonn a réussi à imposer le sys-tème monétaire européen à la fin

des années 70, et ce en dépit de l’op-position de la Bundesbank », dit-il àl’intention de tous ceux quipensent que Francfort est en me-sure de torpiller la monnaieunique.

Comme beaucoup d’autres per-sonnalités du pouvoir, WolfgangSchäuble est même persuadé quela CDU peut remporter les élec-tions en faisant de l’euro un thèmecentral de la campagne. Quel para-doxe quand on sait combien les Al-lemands craignent d’abandonnerle mark ! « Les populistes ont moinsde chance de se faire entendre enAllemagne qu’ailleurs, souligne-t-il,et nos compatriotes savent quelssont les enjeux de la monnaieunique : il s’agit d’assurer l’adapta-tion de nos économies à la mondia-lisation et de permettre le maintiende la paix en Europe à long terme. »

Véritable bourreau de travail,Wolfgang Schäuble se bat pourl’Europe, mais aussi pour la dé-fense des valeurs traditionnelles etpour une modernisation radicalede l’Etat social allemand. Ce juristea la réputation d’être un dirigeantbeaucoup moins doué qu’HelmutKohl pour respecter les règles tra-

ditionnelles du consensus à l’alle-mande, ce qui explique les rela-tions orageuses qu’il a de temps entemps avec les dirigeants de laCSU, partenaires bavarois au seinde la famille chrétienne-démo-crate.

Relativement optimiste pourl’avenir, il estime que, bon an malan, l’Allemagne est bien engagéesur la voie des réformes : « 1997aura été l’année de la réforme del’assurance-maladie et de la ré-forme des retraites. La réforme fis-cale sera un succès si on parvient àsupprimer la taxe professionnelle àabaisser le taux de l’impôt sur le re-venu et sur les sociétés », disait-il,en juin. Le premier de ces deuxpoints, pour l’instant, a été obtenu.Sur le fond, Wolfgang Schäuble ad’autres sujets d’inquiétude : l’im-migration (« l’Allemagne a accueil-li, en chiffres absolus, plus de gensque les Etats-Unis depuis 1991 »), etl’avenir du système de formationallemand : « Nos écoles et nos uni-versités doivent d’urgence être mo-dernisées si nous voulons rester unpays moderne. »

Lucas Delattre

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 / 3

L’ancien dictateur Hugo Banzer a été éluprésident de la République bolivienne

Une coalition de quatre partis a soutenu la candidature du généralLe général Hugo Banzer est devenu, mardi5 août, le premier ex-dictateur latino-américainà revenir démocratiquement au pouvoir. Il a été

élu au second tour de scrutin par une majoritédes 157 membres du Congrès bicaméral– 27 sénateurs et 130 députés élus lors des élec-

tions générales du 1er juin. Il succède au libéralGonzalo Sanchez de Lozada et devait entrer enfonctions dès mercredi.

LA PAZde notre envoyé spécial

« Je suis un type bien. » Ce cri ducœur lâché par le général Banzer,en pleine campagne électorale, aumois de mai, répondait aux inces-santes questions sur le passé de dic-tateur de l’homme qui a dirigé,d’une main de fer, la Bolivie de 1971à 1978. Il traduisait, au terme d’unecampagne violemment polémiqueen Bolivie, toute sa lassitude face àune image indélébile. Pourtant,mardi 5 août, à l’âge de soixante etonze ans et à sa sixième tentative,Hugo Banzer a été élu au secondtour par le Congrès bolivien pré-sident de la République du pays an-din, dont les sept millions d’habi-tants comptent parmi les pluspauvres du continent américain.

L’histoire du général Banzer tientautant de la rédemption que del’acharnement à prouver, depuisdix-neuf ans, son attachement à ladémocratie. Après avoir organisédes élections et quitté le pouvoiren 1978, à l’issue de l’échec de soncandidat, il fonde son parti, l’Actiondémocratique nationaliste (ADN),en 1979. Et depuis cette date, il n’aeu de cesse de reconquérir le pou-voir par les urnes. Ses proches n’in-sistent pas outre mesure mais pré-fèrent utiliser l’expression« dirigeant de facto » pour évoquercette période où le Parlement, lessyndicats et les partis d’oppositionétaient interdits. Selon eux, l’ex-pression « ancien dictateur » ré-sonne comme un rappel du passéqui ne dit pas tout des réalités quifurent celles du pays à cetteépoque. Elle donne, disent-ils, unevision erronée de l’homme « popu-laire et progressiste » qu’ils décriventà loisir.

« Je sais que j’ai une mauvaiseimage, en particulier en Europe »,déplore Hugo Banzer, qui paie,outre la consonance germanique deson patronyme, le prix de son ap-partenance au club très restreintdes dictateurs qui ont dirigé unpays du continent sud-américain ily a deux décennies : Juan MariaBordaberry en Uruguay, AlfredoStroessner au Paraguay, Rafael Vi-dela en Argentine, Ernesto Geiselau Brésil et Augusto Pinochet auChili.

L’avènement d’une dictature,avec à sa tête Hugo Banzer, tientplus, en fait, à la démission du pou-voir civil, en 1971, quand le Mouve-ment national révolutionnaire(MNR) et la Phalange socialiste(FSB), les deux partis dominants del’époque, ont demandé au « plusprestigieux militaire », alors en posteà l’étranger, de rentrer et de se

joindre à eux pour régler les pro-blèmes qu’ils étaient incapables derésoudre, explique José Gramunt,un analyste de la vie politique boli-vienne. Ce sont eux « qui sont àl’origine de cette union entre le pou-voir civil et l’armée pour organiser legouvernement et, de facto, le généralest resté le seul survivant de ce ma-riage morganatique », explique-t-il.

« CONJURATION POLITIQUE »Sous le gouvernement du général

Torres, « la Bolivie avait atteint en1971, ajoute-t-il, un état de désorga-nisation totale. La puissante forte-resse syndicale, la COB, codirigeait lepays dans un mélange de conseils ou-vriers qui refusait toute légitimité auParlement. Le pays tanguait au borddu chaos et la gauche de l’époque nepensait le changement qu’en termesde violence radicale. » Cette analyseest partagée par l’historien bolivien

Carlos D. Mesa Gisbert, pour qui lepays « était arrivé, en 1971, à une po-larisation qui avait divisé la sociétéen deux de manière irréconciliable. »

Dans sa petite cellule de la prisonde San Pedro, au centre de La Paz,Oscar Eid, secrétaire général et co-fondateur du Mouvement de lagauche révolutionnaire (MIR),deuxième force politique du pays etprincipal allié d’Hugo Banzer, dé-nonce « la conjuration politique »qui, sous l’inculpation de connec-tion avec les narcotrafiquants, l’arenvoyé là-même où le généralBanzer l’avait expédié en 1973,avant de l’expulser vers la France,comme de nombreux opposants.Tout en se souvenant de ces « an-nées dures », il se transforme sanseffort en un défenseur sans réservedu général. Le MIR est né, raconte-t-il, en septembre 1971 de la volontéde résister à la dictature, et il n’estdevenu « une alternative démocra-tique qu’à partir du jour où Hugo

Banzer, qui avait pris contact avecnous, a accepté de jouer le jeu en or-ganisant des élections libresen 1978 ».

Oscar Eid rejette l’idée selon la-quelle le pays « a voté Banzer en rai-son d’une amnésie profonde ». Selonlui, l’amnésie, c’est de ne pas sesouvenir qu’il est à l’origine duchangement dans le pays et que sonsoutien à la démocratie, depuiscette date, est sans faille. Le généralBanzer a, en effet, dans le cadred’une coalition, appuyé le MIR etpermis l’élection à la présidence deJaime Paz Zamora, en 1989.

« Je ne regrette en rien ma déci-sion, il y a vingt-cinq ans. Dans lesconditions qui étaient celles de monpays, je le referai. J’ai aujourd’hui lemême poids de la responsabilité quej’avais alors. Au-delà de ce que l’onpeut dire de moi, je suis avant tout unconciliateur et c’est dans cet esprit

que je vais gouverner le pays », af-firme le nouveau président. Il pré-cise qu’il va prendre contact avecles dirigeants cocaleros (les paysansde la coca) pour étudier avec euxcomment en finir avec la violence etles affrontements dans le Chiapare.

Tout en rendant hommage au gé-néral Banzer, qui « a changé, depuisles années de la dictature », JuanCarlos Duran, son rival malheureuxdu MNR à l’élection présidentielle,dénonce l’utilisation faite parl’ADN du thème de la pauvreté surun registre populiste. Il avance quela « coalition qui l’a porté au pouvoirest un ensemble hétéroclite qui va dela gauche à l’extrême droite » etqu’elle ne résistera pas dans letemps aux réalités de la gestion etaux défis que doit relever le pays. Ilpense que le général Banzer acommis une erreur en promettantce qu’il ne pourra pas tenir car, se-lon lui, « la force de la Bolivie, c’estde s’être engagée dans des réformes

structurelles profondes et des accordsinternationaux que le général ne peutpas remettre en cause ».

Le général Banzer s’est – au-delàdu slogan populaire de sa cam-pagne « Du pain, un toit et du tra-vail » – plus engagé « à humaniserles conséquences des réformes libé-rales appliquées dans le pays depuisquatre ans » qu’à les suspendre ; lesmesures d’ajustement qu’il pré-conise ne semblent pas de nature àrevenir sur les transformations réa-lisées depuis quatre ans. C’est d’ail-leurs ce que pense Simon Reyes, di-rigeant du Parti communistebolivien et l’un des anciens chefs dela centrale syndicale, la COB. « Monpays, dit-il, est une usine à fabriquerdes pauvres, et la nouvelle coalitiondirigée par Hugo Banzer ne change-ra rien à cette réalité. Mon pays seratoujours un royaume de misère, avecces gens-là. »

« UN GAMIN »Il n’opère aucune différence

entre ceux qui ont été au pouvoirpendant quatre ans et ceux qui vontles remplacer. Pour lui, il est clairque l’ADN et les trois partis quisoutiennent le général ne remettentnullement en cause les grandes ré-formes libérales du président sor-tant. « Oui, ajoute-t-il, Banzer a étéun dictateur », mais il ne pense pasqu’il sera moins démocrate que leprésident sortant. « Un gamin,s’écrie-t-il. Quand Gonzalo Sanchezde Lozada [le prédécesseur deM. Banzer] est arrivé au pouvoir, ons’est dit : “Tiens, c’est un gamin.” Etpourtant, les quatre années de saprésidence resteront comme les plusdures que celles que la Bolivie aconnues depuis longtemps. » Et il citeles vingt-neuf morts suite à diffé-rents conflits dans les mines et avecles paysans de la coca.

La cohésion de l’alliance réuniepar le général Banzer n’est pas unproblème pour la candidate du par-ti populiste indigénisteLa Conscience de la patrie (Conde-pa), Remedios Loza, qui, pour lapremière fois, va participer au pou-voir. Elle juge que les gouverne-ments précédents n’ont pensé qu’àleur intérêt et elle attend de son al-liance avec l’ADN une « flexibilisa-tion du modèle mis en place ». Ellecroit à la sincérité de M. Banzer,« parce qu’il a donné des gages à ladémocratie et qu’il cherche sincère-ment l’unité la plus large du pays ».Elle assure que son parti le soutien-dra tant qu’il respectera ses engage-ments : « Nous avons, dit-elle, cinqans pour voir. »

Alain Abellard

Quatre Français de l’organisation humanitaire EquiLibre disparaissent au DaghestanLes enlèvements se sont multipliés au cours des six derniers mois dans le nord du Caucase

MOSCOUde notre correspondante

Un communiqué d’EquiLibre, or-ganisation d’assistance humani-taire basée à Lyon, a annoncé,mardi 5 août, la disparition, depuissamedi, des membres de sonéquipe au Daghestan (sud de laRussie). Il s’agit d’Andy Chevallier,de Pascal Porcheron et de LaurentMoles, accompagnés d’un ami depassage, Régis Greves-Vialon. Ilsn’ont pas réapparu à leur domicile,après une soirée passée chez leurscollègues de Médecins sans fron-tières-Belgique, repliés, pour plusde sûreté, sur Makhatchkala, la ca-pitale de cette petite Républiquedu Caucase du Nord. Avec uneéquipe de MSF-Belgique, ilsétaient les derniers représentantsd’organisations humanitaires à tra-vailler encore dans la région – mal-gré la vague d’enlèvements qui adéferlé en Tchétchénie depuis lafin de la guerre il y a presqu’un an,et qui déborde maintenant sur sesRépubliques voisines, membres dela Fédération de Russie –, en In-gouchie à l’ouest et au Daghestanà l’est.

Mais le terme « disparition », quel’association emploie, risque fortd’être un euphémisme pour « en-lèvement ». Car « soixante-seize per-sonnes au moins » ont été enlevéesau cours des six derniers mois en

Tchétchénie, selon une estimationdu ministère de l’intérieur tché-tchène, manifestement impuissantà enrayer la vague. Parmi lesotages, on dénombre une grandemajorité de Tchétchènes, mais aus-si des Russes et notamment cinqjournalistes, dont l’envoyée spé-ciale Elena Massiouk, vedette de lachaîne de télévision NTV, retenueavec deux collègues depuis deuxmois et demi. Un responsable deMSF-France, Christophe André,avait été enlevé dans la nuit du 1er

au 2 juillet à Nazran (Ingouchie),par des inconnus armés qui avaientfait irruption dans sa maison. Lelendemain, ce fut le tour d’un Slo-vaque, puis de deux Britanniques,membres d’une association huma-nitaire, enlevés à Grozny. Ces der-niers cas provoquèrent le départdes dernières ONG (organisationsnon gouvernementales) – la bri-tannique MERLIN et MSF-France – présentes en Tchétchénieet en Ingouchie. EquiLibre et MSF-Belgique quittent également leDaghestan ces jours-ci.

Les rares étrangers à se rendreencore en Tchétchénie, accompa-gnés nuit et jour de gardes tché-tchènes en armes, sont vivementencouragés par leurs hôtes et amisà ne pas prolonger leur séjour. Lapetite mission de l’OSCE (Organi-sation pour la sécurité et la coopé-

ration en Europe) à Grozny a elle-même été victime d’un braquage etd’un cambriolage en règle, fin juil-let.

MOTIVATIONS MULTIPLESS’agit-il d’actes de pur bandi-

tisme ou à visées politiques ?« C’est toute la question et nous nel’avons pas résolue », a déclaré leresponsable d’une organisationhumanitaire, qui attend en vain surplace depuis près d’un mois uncontact avec les ravisseurs, commele lui conseillent les diverses auto-rités locales, dont l’impuissancesemble totale. Seul un message,accompagné d’une photo, mais nedonnant aucune piste concrète, luiest parvenu le 21 juillet par la posteingouche. « La seule impression estque les ravisseurs sont de plus enplus organisés. En 1995 et 1996, lesprises d’otages se résolvaient plusvite. Aujourd’hui, le temps d’attentepour un premier contact s’allonge,comme si on avait les moyens defaire monter la pression psycholo-gique », dit-il. Les arguments en fa-veur d’explications « politiques »ne manquent pas, même si ellessont parfois contradictoires. Desresponsables russes et tché-tchènes, engagés dans les pourpar-lers en cours entre anciens belligé-rants, ont affirmé que lesenlèvements, notamment d’étran-

gers, « se multiplient étrangement àla veille de chaque moment-clé desnégociations ». C’est le cas actuelle-ment avec les accords russo-tché-tchènes, notamment pétroliers, si-gnés à la mi-juillet et qui doiventencore être concrétisés.

En Tchétchénie, on accuse vo-lontiers soit des services secretsrusses et leurs agents locaux, inté-ressés à ruiner toute perspectived’investissements occidentaux enTchétchénie, soit les services turcsqui voudraient empêcher le transitdu pétrole brut de la mer Cas-pienne par la voie russo-tché-tchène et favoriser ainsi celle quipourrait passer par la Turquie.

Mais dans ce pays ravagé, surar-mé, aux champs infestés de mineset où la population, réduite auchômage, n’a reçu aucun dédom-magement de guerre, des motiva-tions purement « criminelles »peuvent tout autant expliquer cesprises d’otages, surtout quandceux-ci sont des Tchétchènes. Desrançons de plus en plus fortes ontainsi été versées cette année, au sude tous, pour libérer des journa-listes italiens et russes. Dans plu-sieurs cas, l’« intermédiaire » étaitun Tchétchène notoirement lié, àla fois, à l’un des dirigeants locauxet à des services secrets russes.

Sophie Shihab

Une coalition de quatre partisLe nouveau Congrès bolivien s’est réuni pour la première fois, lundi

4 août, afin de désigner le nouveau président de la République. Face àJuan Carlos Duran, son concurrent du Mouvement nationaliste révo-lutionnaire (MNR), au pouvoir, le général Banzer a été élu, mardi, parcent quinze des cent cinquante-sept députés et sénateurs. La nouvellecoalition formée par le général Banzer est la plus importante jamaisréunie dans l’histoire de la vie politique bolivienne. Autour de l’Actiondémocratique nationaliste (ADN) du général se sont adjointes les voixdu Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), des mouvementspopulistes La Conscience de la patrie (Condepa) et de l’Union civiquesolidarité (UCS). Ces quatre forces rassemblent environ 72 % des votesexprimés lors des élections du 1er juin, qui avaient placé le généralBanzer en tête, devant Juan Carlos Duran. A la suite d’une réformeconstitutionnelle, Hugo Banzer sera le premier président élu démo-cratiquement dont le mandat sera de cinq ans.

Pyongyang annonce son intentionde respecter l’armistice de 1953NEW YORK. Les deux Corées, la Chine et les Etats Unis ont entamé,mardi 5 août à New York, des pourparlers historiques sur la paixdans la péninsule coréenne, quelques heures après la surprenanteannonce, par Pyongyang, de sa volonté de respecter l’armistice de1953. L’objectif principal de ces discussions consisterait à déterminerune date, un lieu et un ordre du jour pour de futurs pourparlers qua-dripartites visant à établir un véritable accord de paix entre la Coréedu Nord et celle du Ssud. Le 24 juin 1995, Pyongyang, qui tentait defaire pression sur les Etats Unis pour obtenir un accord de paix bila-téral, avait déclaré « mort » l’armistice de 1953 qui avait conclu laguerre de Corée . – (AFP.)

La Tunisie et la France sont « procheset amies », déclare M. VédrineTUNIS. Le ministre français des affaires étrangères, Hubert Védrine,a achevé, mardi 5 août, une visite officielle de vingt-quatre heuresen Tunisie au cours de laquelle il a réaffirmé la volonté du gouverne-ment français de consolider les relations entre les deux pays. « Il n’ya pas à proprement parler de problèmes » entre la Tunisie et laFrance, « mais des questions qui s’imposent dans toutes les relationsentre deux pays proches et amis », a déclaré M. Védrine lors d’uneconférence de presse. Il a « confirmé » au président Zine El Abidineben Ali « les orientations du président Jacques Chirac qu’il connaîtbien ». M. Védrine n’a pas précisé s’il avait abordé, avec le présidenttunisien, la question des droits de l’homme. – (AFP.)

La troïka européenne recommandela reprise de la coopération avec KinshasaKINSHASA. La troïka européenne (le Luxembourg qui assure la pré-sidence de l’UE ; le pays qui l’a précédé et celui qui lui succèderadans ces responsabilités) va recommander au conseil des ministresde l’Union européenne la reprise de la « coopération structurelle »avec la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), aannoncé le ministre luxembourgeois des affaires étrangères, JacquesPoos. Selon M. Poos, l’UE va « assister le processus de réformes démo-cratiques et de reconstruction nationale ». La délégation a « noté avecsatisfaction la volonté des autorités de fonder son action sur la démo-cratie et les droits de l’homme », soulignant que M. Kabila s’estengagé à organiser des « élections libres et démocratiques en 1999 ».M. Poos s’est par ailleurs félicité de l’« accord irrévocable » entreKinshasa et l’ONU sur l’envoi d’une mission d’enquête concernantles massacres de réfugiés. Il a souligné que le gouvernement congo-lais a retenu les routes, l’agriculture, la santé, l’éducation, la justiceet la police comme ses priorités. Le montant de l’aide de l’UE n’a pasété précisé. – (AFP.)

DÉPÊCHESa CAMBODGE : le prince Ranariddh s’est vu retirer son immu-nité parlementaire, mercredi 6 août, lors d’une session spéciale del’Assemblée nationale. L’opposition affirme que ce vote est destiné àlégitimer le « coup d’Etat » du copremier ministre Hun Sen dont lestroupes ont chassé, début juillet, leurs rivaux royalistes et évincé leprince, qui occupait jusque là, les fonctions de « premier premierministre ». – (AFP.)a SIERRA LEONE : quinze personnes sont mortes le week-enddernier, victimes de la pénurie alimentaire qui sévit dans le pays,soumis à un blocus des pays voisins depuis le coup d’Etat du 25 mai,ont annoncé des responsables de la Croix-Rouge à Freetown.– (AFP.)a LIBERIA : le nouveau président Charles Taylor a attribué unministère à son pire rival de l’époque de la guerre. Le « général »Roosevelt Johnson s’est vu confier le maroquin du développementrural, un ministère qui n’a même pas de bureaux connus. – (AFP.)a ISRAËL : la branche militaire du Mouvement de la résistanceislamique Hamas a menacé, mardi 5 août, de commettre de nou-veaux attentats à la bombe contre Israël, qui a refusé de libérer desdirigeants islamistes emprisonnés. « Une série d’opérations-suicidesva avoir lieu au moment approprié, afin de frapper durement les sio-nistes », indique un communiqué du groupe Ezzedine El Kassam.– (AFP.)a Quelque seize mille logements en projet dans les colonies depeuplement israéliennes du nord de la Cisjordanie n’attendent plusque le feu vert des autorités, a affirmé, mardi 5 août, l’organisationisraélienne anti-annexionniste La paix maintenant. – (AFP.)a LIBAN : pour la deuxième journée consécutive, Israël a mené,mardi 5 août, des raids aériens au nord de la zone qu’il occupe auLiban-sud, tuant deux civils, alors que le Hezbollah libanais amenacé de reprendre les opérations-kamikaze contre l’armée israé-lienne. Le comité de surveillance du cessez-le-feu (Etats-Unis,France, Liban, Israël et Syrie) devait se réunir, jeudi 7 août, à lademande du Liban, pour tenter de prévenir une aggravation de lasituation. – (AFP.)a TIRANA : la Grèce et l’Albanie ont signé, mardi 5 août à Tirana,un protocole d’accord ouvrant la voie à la « légalisation du travailsaisonnier » des immigrés albanais en Grèce. Environ 300 000 Alba-nais séjournent en Grèce, mais un grand nombre d’entre eux sont ensituation irrégulière. – (AFP.)a INTEMPÉRIES : de nouvelles pluies se sont abattues, mardi5 août, dans le nord et le centre de la Roumanie, provoquant la mortde deux personnes et submergeant de vastes étendues de terresagricoles. Le bilan est de huit morts depuis le début des intempéries.L’Allemagne, la Pologne et la République tchèque, qui va lancer unevaste campagne de vaccination d’enfants vivant dans les régionssinistrées, intensifient leur coopération pour se protéger d’une éven-tuelle remontée du niveau de l’Oder. – (AFP.)

Le russe Onexim rachète le plus grosproducteur mondial de nickelMOSCOU. Malgré une ultime tentative de repousser la « vente auxenchères » – décidée par avance comme d’habitude en Russie – d’unpaquet de contrôle, soit 38 % des actions de Norilsk, le géant du nic-kel, celle-ci a eu lieu comme prévu, mardi 5 août. Sans surprise, legroupe russe Onexim a acquis pour 250 millions de dollars d’actions,somme inférieure de 20 % à celle du marché. Il gérait déjà cettesociété d’Etat depuis les contrats « prêt contre actions » qui don-nèrent aux banques « amies du pouvoir », pour un prix symbolique,la gestion de grosses entreprises. Norilsk clôt ce cycle, où tous cesgroupes ont pu racheter les actions qu’ils géraient déjà. La vente, il ya dix jours, du monopole russe des télécommunications Sviazinvest,gagnée également par Onexim, avait pourtant semblé innover enétant plus ouverte et en promettant un prix juste (1,9 milliards dedollars) au budget. Mais le vrai test est à venir avec la vente pro-chaine de la compagnie pétrolière Rosneft. – (Corresp.)

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LeMonde Job: WMQ0708--0004-0 WAS LMQ0708-4 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0399 Lcp: 196 CMYK

4 / LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 I N T E R N A T I O N A L

TEL-AVIVde notre correspondant

Une délégation de cinquanteArabes détenteurs de passeports is-raéliens était attendue, jeudi 7 août,à Damas pour un séjour d’une se-maine. C’est la deuxième fois quedes membres de la communautépalestinienne d’Israël se déplacentde manière officielle en Syrie. Lapremière était une visite de condo-léances en 1994 au président syrien,Hafez El Assad, qui venait de perdreson fils Bassel dans un accident devoiture.

Ce déplacement survient alorsque les négociations entre Israël etDamas sont au point mort depuisun an et demi et que les suspicionsréciproques ont été aggravées par larécente décision de la Knesset desoumettre toute décision sur l’ave-nir du Golan à l’approbation d’unemajorité qualifiée du Parlement et à

un référendum. La délégationcomptera sept membres arabes dela Knesset, dix responsables de col-lectivités territoriales arabes, diversreprésentants politiques et des jour-nalistes arabes, qui représenterontdes médias arabes, mais aussi israé-liens.

L’initiative de cette visite a étéprise par le président syrien, Ha-fez El Assad. Les intrigues qui ontentouré sa préparation ont mis enlumière les luttes d’influence ausein des milieux politiques arabesisraéliens, entre ceux qui se défi-nissent comme citoyens israéliens àpart entière et militent pour l’égali-té des droits et ceux qui voient enIsraël un occupant et sont opposésau processus de paix. Outre un re-présentant officieux de la Syrie dé-tenteur d’un passeport européenqui lui a permis de séjourner cesderniers jours en Israël, les intermé-

diaires ont été les ambassadeségyptienne à Tel-Aviv et syrienneau Caire – par où transitera la délé-gation.

Les cinquante délégués doiventrencontrer le président El Assad etdes membres de son gouverne-ment. Ils s’entretiendront aussi avecdes représentants des organisationspalestiniennes basées à Damas,hostiles au processus de paix. Uncircuit touristique est égalementprévu.

« CONCILIATION AVEC ISRAËL »Un communiqué commun por-

tant sur le conflit israélo-arabe, plusparticulièrement sous l’aspect israé-lo-syrien, est prévu au terme de lavisite, affirme Abed Inbtawi, porte-parole du comité de suivi des af-faires arabes et coordonnateur duvoyage. La délégation plaidera pour« une paix complète en échange d’unretrait complet » du Golan. « Nous,

Arabes d’Israël, soutenons la positionsyrienne, le processus de paix, unepaix globale et juste, fondée sur lesdroits de chaque peuple dans la ré-gion », précise M. Inbtawi.

Selon lui, l’invitation a été lancéeil y a un mois « à toutes les ten-dances de la communauté palesti-nienne d’Israël ». Le Front démocra-tique pour l’égalité, Hadash– alliance de communistes et de no-tables qui, avec cinq députés,constitue la première force arabe àla Knesset –, a décidé de boycotterle voyage. Le Parti communiste is-raélien (Maki), le noyau de Hadash,en a fait autant, suivant la positionadoptée par l’autre composante duFront, Abna Él Balad (les Fils dupays), opposée au processus depaix, et qui a dénoncé « un brouil-lage de notre position de principe ».« Il manque à la délégation une basepolitique commune », a expliqué lesecrétaire général du Maki.

Hadash et ses composantes pro-testent contre l’inclusion dans la dé-légation de trois députés de partis« sionistes », Salah Tarif et NawafMassalha, du Parti travailliste, etWalid Sadek, de Meretz (gauche).Lorsque ces trois députés ont apprisla semaine dernière que le comitéde suivi, invoquant les vœux del’Etat-hôte, refusait de les intégrer àla délégation, ils ont annoncé leurdémission de ce comité – qui fédèreles partis et organisations arabes enIsraël – pour protester contre sasoumission au « diktat syrien ».

Deux jours plus tard, Damas invi-tait formellement les trois députés,« émettant ainsi, estime M. Tarif, unsigne positif à l’attention d’Israël. Cegeste témoigne de la volonté sincèrede la Syrie de parvenir à la paix et àla conciliation avec Israël ». M. Tarifétant un officier de réserve de Tsa-hal, ce sera la première fois qu’unmilitaire israélien se rendra en Syrie,et ce à un moment où les hiérar-chies militaires syrienne et israé-lienne échangent les déclarationsbelliqueuses. Les autres députésmembres de la délégation sont ceuxdu Parti démocratique arabe d’Ab-del Wahab Daraouché et du Mou-vement islamique. – (Intérim.)

Une délégation d’Arabes israéliens a été invitée à Damas par le président syrien

Abdallah Ibrahim a été élu président de l’« Etat d’Anjouan »Les séparatistes de l’île d’Anjouan ont élu, mardi 5 août, leur pré-

sident, le professeur d’école coranique Abdallah Ibrahim, et ont an-noncé des élections avant la fin de l’année, pour permettre aux An-jouanais de « déterminer librement leur avenir ». Abdallah Ibrahimdevient le président de la « coordination politico-administrative » de« l’Etat d’Anjouan ». Fatima Mkiradjouma, que les séparatistesavaient élue chef de leur « directoire politique » fin juillet, a été nom-mée vice-présidente, tandis qu’Abdallah Belela, un manifestant tuélors d’une manifestation en juillet, a été élevé au rang de « père de lalibération des Anjouanais ». Les séparatistes ont également constituéun cabinet de treize membres. Les langues officielles de « l’Etatd’Anjouan » seront l’anjouanais, le français et l’arabe. Les habitantsde l’île seront libres de choisir la nationalité anjouanaise, como-rienne ou française. La monnaie nationale sera le franc comorien.– (AFP.)

Pour Hosni Moubarak,Israël ne doit pas affaiblirYasser Arafat

Après un entretien au Caireavec le chef de la diplomatie israé-lienne, David Lévy, le présidentégyptien, Hosni Moubarak, a aver-ti, mardi 5 août, Israël que « punirle peuple palestinien, le priver denourriture et de médicaments esttrès dangereux, peut avoir des consé-quences très négatives et ne mettrajamais un terme au terrorisme ».« Affaiblir la position de Yasser Ara-fat est très dangereux pour le proces-sus de paix (...). Il est très importantde le maintenir au pouvoir », aajouté M. Moubarak, selon lequell’Egypte « collabore avec les Améri-cains » à la solution de la crise.« Nous avons de nouvelles idées », a-t-il ajouté. De son côté, le roi Hus-sein de Jordanie a dépêché sonfrère, Hassan Ibn Talal, et le pre-mier ministre, Abdel Salam Majali,mercredi en Israël pour sonder lesintentions du premier ministre,Benyamin Nétanyahou, avant dele rencontrer. – (AFP.)

La sévérité du programmedu FMI suscite des remous

en ThaïlandeQuarante-deux sociétés financières suspendues

BANGKOKde notre correspondant

Le ministre des finances, ThanongBidaya, a rendu public, mardi5 août, l’accord passé entre le gou-vernement thaïlandais et le FMI(Fonds monétaire international) afinde rétablir la situation économiquedu pays et tenter de redonnerconfiance aux investisseurs étran-gers (Le Monde du 6 août). La totali-té des mesures n’est pas encoreconnue, mais une ligne de créditd’un montant de 12 à 15 milliards dedollars (de 75 à 95 milliards defrancs) pilotée par l’institution inter-nationale sera mise à la dispositiondu gouvernement. En outre, l’ac-cord du FMI ouvre la voie aux fondsde la Banque asiatique de dévelop-pement et de l’Import-export Bankdu Japon avec lesquelles des négo-ciations sont en cours.

Le gouvernement du général Cha-valit Yongchaiyudh s’est engagé àramener le déficit de la balance despaiements, dès l’année budgétaireen cours, de 8 % à 5 % du PIB, et àréduire les dépenses budgétaires de100 milliards de bahts (3,15 milliardsde dollars) en 1998, soit plus de 10 %du budget total. Cet effort d’équi-libre passe notamment par l’aug-mentation, impopulaire, de la TVAde 7 % à 10 %, la hausse du prix desservices publics et des privatisationsd’entreprises publiques.

Cependant, la décision de fermerquarante-deux sociétés financièresen plus des seize déjà suspendues acréé une véritable surprise et attestede l’étendue des dégâts dans le sec-teur financier. Trente-trois sociétésfinancières et quinze banquescommerciales devraient survivre àcette hétacombe. Le ministère desfinances a révélé que la banque cen-trale avait déjà dépensé 19 milliardsde dollars afin de soutenir les éta-blissements en difficulté. Le mon-tant faramineux de cette somme, neserait-ce qu’au regard des lignes decrédits demandées au FMI, dé-

montre, si besoin en était, de la lé-gèreté avec laquelle le gouverne-ment a tout d’abord géré la crise ; lacandide déclaration du général Cha-valit, avouant que nombre de sesamis étaient touchés par ces ferme-tures, explique peut-être en partieune telle attitude.

Il est encore trop tôt pour jugerde la réaction en profondeur desmarchés financiers, mais mercredi, àl’ouverture, la Bourse accusait unebaisse de 3,4 % et le baht fléchissaitde quelques points, le dollar pro-gressant de 31,65 à 3,80 bahts. Parailleurs, la fermeture surprise desquarante-deux sociétés financières aranimé, dans les milieux financiers,les rumeurs de vulnérabilité de troisbanques commerciales : la Siam Ci-ty Bank, la Bangkok MetropolitanBank et la First Bangkok City Bank.

MOTION DE CENSURELes éditoriaux de la presse thaï-

landaise ne sont pas tendres avec lepremier ministre, dont certains ré-clament la démission. L’opposition,conduite par le Parti démocrate deChuan Leekpai, a décidé, avantmême la négociation avec le FMI,de déposer une motion de censuresur la « mauvaise gestion écono-mique du gouvernement ». S’il estpeu probable que celle-ci soit adop-tée, elle peut, par contre, mettre àl’épreuve la solidité de l’allianceavec l’ancien premier ministre, Cha-tichai Choonavan, et son parti, leChart Pattana, sur lequel s’appuie legénéral Chavalit.

Autre échéance pour le gouverne-ment, le vote prévu, le 26 sep-tembre d’une nouvelle Constitution,dont certaines dispositions sur lamoralisation de la vie publique nefont pas l’unanimité. En cas de rejetpar le Parlement, un référendum estprévu mais cette procédure necontribuerait pas à ramener laconfiance dont le pays a besoinpour remettre de l’ordre dans ses af-faires. (Intérim.)

Bangkok doit consoliderles réserves de la banque centrale

DANS le cadre de son plan d’as-sainissement de l’économie, leFMI exige de la Thaïlande qu’ellene laisse pas son stock de réservesde changes tomber en-deçà de25 milliards de dollars. Le mon-tant paraît considérable, surtoutlorsque l’on songe qu’en périodede crise de changes, les réservesen devises d’un pays sont généra-lement réduites – provisoire-ment – à néant, et que leur re-constitution peut être très lente.Ce fut le cas par exemple, enFrance, lors de la crise monétairede 1992-93. L’institut d’émissions’était même alors résolu à em-prunter des marks à la Bundes-bank.

Au plus fort de la tempête mo-nétaire asiatique, les autoritésthaïlandaises ont, elles, préférélaisser flotter le baht plutôt qued’épuiser entièrement leurs ré-serves. Le coût des interventionsréalisées sur le marché deschanges jusqu’à la décision delaisser flotter le baht, le 2 juillet,n’est pas connu, mais la banquecentrale a récemment affirmé queses réserves avaient diminué de900 millions de dollars seulement,en juin, tombant à 32,4 milliardsde dollars à la fin du mois. Ungrand nombre d’économistes esti-ment que cette diminution auraitplutôt atteint 2,5 milliards de dol-lars en juin, faisant suite à unebaisse de 4 milliards en mai. Lecoût réel de la défense du bahtparait difficilement mesurablepour l’instant, en raison, notam-ment, d’un jeu complexe l’opéra-tion de change à terme par labanque centrale, qui ne seront« débouclées » que dans quelquesmois.

DÉPENDANCEPourquoi le FMI exige-t-il de la

Thaïlande le maintien d’un mate-las de réserves proche de ses ni-veaux actuels, et donc apparem-ment élevé ? Parce que le paysdépend lourdement de l’étranger :

25 milliards de dollars ne repré-sentent que trois mois et demid’importations, minimum généra-lement jugé acceptable pour uneéconomie saine. Selon une étudede la firme de courtage améri-caine Merril l Lynch, aucunebanque centrale asiatique, à l’ex-ception de celle de Singapour, nepourrait défendre sa monnaiecontre une vague d’attaques spé-culatives pendant plus d’une se-maine, compte tenu des exigencesde couverture des importations etdes volumes quotidiens de tran-sactions sur les marchés deschanges. Indépendamment de laThaïlande, les Philippines se sontelles aussi résolues, récemment, àlaisser flotter leur monnaie, tandisque l’Indonésie a élargi la margede fluctuations de la roupie.

DÉFICITS COMMERCIAUXEn matière de réserves de

change, l’Asie occupe une placetoute particulière dans la constel-lation monétaire mondiale. Le Ja-pon, avec quelque 230 milliardsde dollars, est le premier déten-teur au monde, contre 80 mil-liards environ pour l’Allemagne,et une cinquantaine pour laFrance. Même en excluant Tokyo,la part de l’Asie dans les réservesde change totales est passée de6 % à peine en 1972 à plus de 30 %aujourd’hui, soit bien davantageque le poids économique relatifde la région. Ce gonflement paraîtd’autant plus étonnant que la plu-part des pays de la zone enre-gistrent aujourd’hui de lourds dé-ficits commerciaux – c’est le casde la Thaïlande. Mais les entréesnettes de capitaux, issues des in-vestissements étrangers, restentsupérieures au solde des paie-ments courants. Une défiancepersistante de ces investisseursenvers Bangkok se répercuteraitimmédiatement sur les réservesde change du pays.

Françoise Lazare

Le pouvoir comorien ne parvient pasà endiguer les appels au séparatisme

Après Anjouan, l’ile de Mohéli est également en proie à des troublesLes séparatistes de l’île d’Anjouan ont élu, mardi5 août, leur « président », Abdallah Ibrahim,deux jours après leur déclaration d’indépen-

dance. Les troubles se sont étendus à l’île deMohéli, où des manifestants ont hissé des dra-peaux français. A Moroni, la capitale de la Répu-

blique fédérale islamique des Comores, le pré-sident Taki ne parvient pas à sortir son pays del’impasse.

MORONIde notre envoyé spécial

Quarante-huit heures après l’in-dépendance autoproclamée de l’îled’Anjouan, c’est au tour de Mohélide s’agiter. De jeunes manifestantsont érigé des barrages de pneusenflammés, mardi 5 août, et onthissé un drapeau français sur le pa-lais de justice de Fomboni, le chef-lieu de la plus petite des trois îlesde la République fédérale isla-mique des Comores. Une heureplus tard, les gendarmes ont rétablil’ordre sans violence, mais on sedemande aujourd’hui, sur l’île de laGrande Comore, si le mouvementindépendantiste pro-français d’An-jouan est en train de faire tached’huile, ou s’il s’agit d’une journéed’agitations sans lendemain. Mo-héli, comme Anjouan, a son mou-vement contestataire – le Comitéde suivi et d’orientation pour l’au-tonomie de Mohéli – qui semblevouloir faire monter les enchères.

La crise économique, marquéepar la chute vertigineuse du prixdes clous de girofle (une des princi-pales exportations de l’archipelavec l’ilang-ilang – arbre cultivépour ses fleurs, utilisées en parfu-merie – et la vanille) sur les mar-chés mondiaux, frappe sévèrementles deux îles, qui n’ont pas l’avan-tage de recevoir, pour atténuer lamisère croissante, des mandatsbancaires de la diaspora como-rienne, dont 80 % sont originairesde la Grande Comore et de la capi-tale, Moroni.

Le chef de l’opposition como-rienne, Abbas Dioussouf, pré-sident du Forum pour le redresse-ment national (FRN), a condamnéla déclaration d’indépendance an-jouanaise, tout en estimant que« le président Taki est inconscient dela situation qui prévaut actuelle-ment aux Comores ». Les Grands-Comoriens affichent pour leur partune notable indifférence concer-nant les volontés séparatistes de

leurs compatriotes, sachant qu’ilsn’en seront guère affectés écono-miquement.

Après le discours du présidentMohamed Taki Abdoulkarim, ven-dredi 1er août, qui a abordé, maisen des termes trop vagues selonses opposants, les problèmes surles îles sœurs, des notables se sontréunis avec les représentants de lacommunauté anjouanaise deGrande Comore, pour chercherune issue à la crise. La solutionpourrait être une plus large auto-nomie de chaque île. Mais le temps

presse pour désamorcer la revendi-cation séparatiste. Un tract est ap-paru à Moroni, émis par un mysté-rieux Comité grand-comorien desoutien à la recolonisation d’An-jouan, et qui, dans un texte plutôthumoristique, conseille aux An-jouanais de Grande Comore de se« rapatrier » sur leur île d’origine.Un avertissement que certainsn’ont pas attendu pour faire leursvalises et prendre le premier ba-teau pour Mutsamudu, la « capi-tale » d’Anjouan. Les chômeursgrands-comoriens espèrent profi-ter du départ des Anjouanais.

Les opposants de Moroni as-

surent que la contestation vas’étendre à Grande Comore d’oùest pourtant originaire le présidentTaki, élu en mars 1996 avec plus de64 % des suffrages. « Il commet lamême erreur que ses prédécesseurs,estime un intellectuel proche duFRN, à savoir le népotisme régionalqui, aujourd’hui, profite aux gens duHamahamet, le nord-est de l’île. »On lui reproche aussi ses inces-sants voyages privés à l’étranger,qui lui ont valu le surnom de « Pi-lote », ses dépenses somptuairescomme la coûteuse réfection de la

villa présidentielle, ainsi que les re-tards de salaires dans la fonctionpublique. Les agents de l’Etat sontcertes rémunérés depuis janvier,mais ils comptent toujours dixmois d’impayés. La répression desmanifestations de fonctionnaires,ces derniers mois, n’a pas améliorél’image de M. Taki, dans ce paysd’un demi-million d’habitants oùla mort d’un seul protestataire faitfigure de drame national.

Face à cette grogne, le pouvoirsemble à court d’idées. Il cherchedonc un bouc émissaire et, commesouvent en cas de crise auxComores, on y voit la main de la

France qui « encouragerait, sansavoir l’air d’y toucher, les revendica-tions d’Anjouan pour justifier le sta-tut de Mayotte ». La quatrième îlede l’archipel a choisi de rester sousla tutelle française lors de l’indé-pendance en 1975. Les Mahoraisbénéficient de la gratuité des soinset de l’enseignement, ainsi que dessubventions de la métropole, etleur niveau de vie suscite des ja-lousies chez leurs frères como-riens. « S’ils réclament le rattache-ment à la France, c’est qu’ils ontreçu des assurances », pense unchauffeur de taxi de Moroni. Etl’ambassadeur de France, GastonLe Paudert, a beau déclarer dans lejournal progouvernemental AlWatwan que « la France considèreque les mouvements séparatistesfont fausse route », on n’y voitqu’une nouvelle hypocrisie de lamétropole, déjà accusée d’avoir fi-nancé la tentative de putsch, enseptembre 1995, du célèbre merce-naire Bob Denard, qui n’en étaitpas à son coup d’essai auxComores. En vingt-deux ans d’in-dépendance, l’archipel a connuune vingtaine de coups d’Etat réus-sis ou avortés.

Alors que l’Organisation del’unité africaine (OUA) s’apprête àdépêcher un médiateur – après lerefus poli de la France, sollicitéepar des hommes politiques como-riens –, les rumeurs vont bon traindans l’archipel. Outre cellesconcernant une éventuelle opéra-tion-commando préparée par lerégime pour arrêter les chefs de larévolution anjouanaise, qui fontpreuve d’une surprenante détermi-nation, court immanquablementcelle d’un retour de « Papa Bob »et de ses « affreux ». En comparai-son de leurs autres dirigeants, ilsn’ont curieusement pas laissé untrop mauvais souvenir aux Como-riens.

Jean Hélène

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F R A N C ELE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997

CORINNE LEPAGE

Le Nord-Cotentin avait été rassuré CHERBOURG

de notre correspondantLes élus du Nord-Cotentin

étaient nombreux, le 26 juin, à lasalle des fêtes de Beaumont-Hague. Le professeur Charle Sou-leau était venu leur présenter lesconclusions du comité qui, depuissix mois, cherchait à savoir si lenombre de cas de leucémie étaitanormalement élevé autour del’usine de retraitement des dé-chets nucléaires. De nombreuxhabitants s’étaient joints auxmembres de la Commission spé-ciale et permanente d’informa-tion de la Hague (CSPI), réuniesous la présidence de Bernard Ca-zeneuve, député socialiste deCherbourg. Le préfet de laManche, Victor Convert, lesmembres du bureau de la

communauté urbaine de Cher-bourg et des représentants du dis-trict de La Hague étaient égale-ment là.

« EN CONNAISSANCE DE CAUSE »Plus de quatre cents personnes

avaient applaudi le professeurSouleau lorsque celui-ci leur avaitconseillé de « ne pas changer[leur] mode de vie ». Pendant uneheure et demie, il avait livré unmessage rassurant, indiquant que« la fréquentation des plages lo-cales ou encore la consommationdes poissons ou crabes de la régionne semblaient pas être des causespouvant expliquer les leucémies ».

« Vous vous rendez bien comptede la responsabilité que je prendsen disant cela mais nous avons dé-cidé collectivement de délivrer ce

message en connaissance decause », avait-il notamment dé-claré.

Le président du comité avaitaussi sèchement mis en causel’étude de Jean-François Viel, pro-fesseur à la faculté de médecinede Besançon et membre du comi-té : « Les épidémiologistes du comi-té ont mis en avant une sorte d’in-cohérence entre les résultats de[son] étude et les conclusions deson étude cas-témoins. Si l’on tientcompte du risque exprimé parJean-François Viel pour les per-sonnes qui fréquentent régulière-ment les plages, on aurait dû trou-ver cinquante à soixante leucémiesdans le Nord-Cotentin et pas vingt-cinq. »

Intérim

Vingt mois de controverses b Décembre 1995 : une étudeépidémiologique de Jean-FrançoisViel, professeur à la faculté demédecine de Besançon, portant sur60 000 jeunes de moins de 25 ansvivant dans une zone de 35 kilomètresde rayon centrée sur la Hague montreune légère augmentation des cas deleucémies infantiles apparus surquinze ans : 25 cas sont recenséscontre 22,8 cas attendus au regard desstatistiques nationales.b 11janvier 1997 : une nouvelle étudede cas, publiée par le British MedicalJournal et cosignée par Jean-FrançoisViel, indique une corrélation entre lafréquentation des plages, l’ingestionde produits marins et le risqued’apparition de la maladie. Elle met encause des sources de radioactivitéprésentes dans l’environnement.Cette conclusion est vivementcontestée par nombred’épidémiologistes. Les ministères del’environnement et de la santéchargent un comité, présidé parCharles Souleau, d’une nouvelleétude.b 11 mars : des mesures effectués à lademande de Greenpeace sur laconduite d’évacuation en mer deseffluents radioactifs de l’usine deretraitement de la Cogema,découverte par forte marée, révèlentune radioactivité anormalementélevée. Un détartrage et la pose d’unechappe de béton sont recommandéspar la direction de la sûreté desinstallations nucléaires (DSIN).b Mai : Greenpeace critique lesnormes de rejet en mer d’iode 129pratiqué par la Cogema, dont lesquantités, mesurées par unlaboratoire indépendant, se révèlentfortement sous-estimées.b Juin : Greenpeace dénoncel’inaction des pouvoirs publics, quin’ont toujours pas balisé la plagetraversée par la canalisation.L’organisation écologiste mène unecampagne de prélèvements audébouché de la conduite, et révèle laprésence de sédiments dont les

niveaux de contaminationpermettraient de les classer commedéchets radioactifs. A trois reprises, laCogema fait procéder à laconfiscation du matériel de mesure. b 17 juin : Bernard Kouchner,secrétaire d’Etat à la santé etDominique Voynet, ministre del’environnement, réclament uneexpertise indépendante des rejets dela Cogema.b fin juin : le professeur Souleaurassure les habitants de la Hague lorsde réunions publiques.b 1er juillet : le rapport d’étape ducomité Souleau, remis à DominiqueVoynet et Bernard Kouchner, se gardede trancher entre Greenpeace et laCogema.b 10 juillet : Dominique Voynetdécide l’interdiction de la pêche et dela navigation de plaisance aux abordsde la canalisation de la Cogema.b 22 juillet : Charles Souleauannonce par lettre sa démission auxmembres du comité scientifique qu’ilpréside.

Un comité pluralisteLe Comité scientifique pour

une nouvelle étude épidémiolo-gique des leucémies dans leNord-Cotentin, présidé parCharles Souleau, avait été dési-gné le 21 janvier par les mi-nistres de l’environnement et lesecrétaire d’Etat à la santéd’alors, Corinne Lepage et Her-vé Gaymard. Il comprenaitJean-François Viel, coauteur del’étude controversée, et septautres membres (CNRS, In-serm, Institut de protection etde sûreté nucléaire-IPSN), dontdeux épidémiologistes apparte-nant à des organismes étran-gers. Le comité a réuni ungroupe de travail « radioécolo-gie » chargé d’analyser l’impactdes rejets nucléaires. Côté ex-ploitants, il comptait un repré-sentant de la Cogema, deux del’Agence nationale pour la ges-tion des déchets radioactifs(Andra), et deux d’EDF. Les or-ganismes de contrôle, Officepour la protection contre lesrayonnements ionisants (OPRI)et IPSN, disposaient respective-ment de un et cinq membres. Legroupe comportait égalementun spécialiste de la marinenationale et un représentantassociatif.

« La vision totalisante des Verts »Voici des extraits d’un texte de Charles Souleau

envoyé à certains membres du « Comité scienti-fique pour une nouvelle étude épidémiologiquedans le Nord-Cotentin » :

« Une politique de l’environnement qui seraitanimée selon les principesaffirmés par les écologistesmilitants qui ont connu lesuccès démocratiquerécent que l’on sait génèrechez moi l’angoisse. (...) Ala limite, l’expression qu’ilsdonnent de leurs idées estintégriste ou totalitaire,

comme on voudra, contrairement à l’applica-tion qu’essaie d’en faire au quotidien un mi-nistre sorti de leurs rangs. (...) Je montreraicomment de proche en proche nous sommesmenacés dans nos libertés d’aller et de venirpar la vision “totalisante” des Verts. Avec les

meilleures intentions du monde comme cellesqui ont pavé l’enfer de Pol Pot et de Mao Ze-dong. (...)

» Il y a bien des points communs entre cetteaffaire d’étude épidémiologique rétrospectivedes leucémies de l’enfant et du jeune adultedans le Nord-Cotentin et beaucoup d’autres af-faires. (...) L’un de ces points est l’importance,l’omniprésence, le caractère obligatoire, rele-vant de l’impérialisme, du contrôle des publica-tions scientifiques par le “lobby anglophone”.(...) Ce lobby “fait la science” puisqu’il fait etdéfait les réputations, les carrières (celles deJ.-F. Viel, par exemple) et les mythes. Pour êtrebref, à la question que chacun se pose : le pro-fesseur Viel a-t-il été manipulé ? Je réponds“oui”, comme l’écrasante majorité des expertsdu comité que j’ai présidé. Ce lobby de presseanglophone (...) a piégé le professeur Viel entransformant en “vérité anglophone” une

question parmi les plus difficiles qu’ait à tran-cher un épidémiologiste responsable : l’établis-sement d’une relation causale. (...)

» L’apocalypse environnementale décritepar Greenpeace ou la CRII-RAD [Commissionde recherche et d’information indépendante surla radioactivité] relève de l’ordre du religieux,en réalité plutôt de celui de la secte intégriste.C’est en quelque sorte la terreur de l’an 2000, lamême qui pousse des citoyens ordinaires ausuicide, guidés par de nouveaux gourous. Caron nous prépare un gigantesque suicide collec-tif, une sorte de “Temple solaire vert”. (...) Lesécologistes fondamentalistes sont courageux,quand ils ne courent pas de risques. S’ilsveulent devenir efficaces, à Dieu ne plaise, ilfaudra transformer notre pays en “républiqueécologique verte” dirigée par des ayatollahsque l’on connaît bien ailleurs, où ils utilisent lamême couleur symbolique (...). »

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La démission du professeur Souleau relance la polémique sur la HagueLe président du comité d’étude épidémiologique dans le Nord-Contentin a abandonné ses fonctions après avoir fait une présentation tendancieuse

des travaux des experts. Le gouvernement souhaite que les recherches continuent et a demandé au professeur Alfred Spira de les animer

NUCLÉAIRE Le professeur CharlesSouleau vient d’abandonner la prési-dence du Comité scientifique pour unenouvelle étude épidémiologique dansle Nord-Contentin. Ce comité avait été

mis en place par le gouvernementd’Alain Juppé après la publicationd’une étude faisant état d’un tauxanormalement élevé de leucémies au-tour de l’usine de retraitement des dé-

chets radioactifs de la Cogema à laHague. b DANS SA PRÉSENTATION destravaux de ce comité aux élus locaux,M. Souleau s’était voulu très rassurant,mais il ne s’était appuyé que sur les

chiffres fournis par la Cogema. Il avaitaussi sèchement mis en cause les éco-logistes. b CORINNE LEPAGE, ancienminsitre de l’environnement, dans unentretien au Monde, explique que le

professeur Souleau n’était pas soncandidat pour cette présidence. Elleajoute qu’il faut avoir « l’âme chevilléeau corps » pour « se bagarrer contre lelobby du nucléaire ».

Corinne Lepage, ancien ministre de l’environnement

« Il faut être moralement fort pour se bagarrer contre le lobby du nucléaire »« Comment avez-vous été

amenée à nommer le professeurCharles Souleau à la présidencedu comité scientifique chargédes questions sanitaires rela-tives à l’usine de la Hague ?

– Lorsque j’ai décidé, au vu destravaux du professeur Jean-FrançoisViel, qu’il fallait mettre en place uneétude épidémiologique la plus ob-jective possible, je me suis heurtée àde très fortes résistances. Ces der-nières résultaient pour beaucoup dufait qu’il n’y a jamais eu dans notrepays d’études épidémiologiques dece type et que nous avons, de cepoint de vue en France, un retardabsolument gigantesque.

» Certains ont alors souhaité quecette étude soit confiée à l’Institutnational de la santé et de la re-cherche médicale (Inserm). J’y étaispour ma part totalement opposée.D’abord parce que certains

membres de cet institut avaient im-médiatement pris position de ma-nière très violente contre le profes-seur Viel avant, il est vrai, des’excuser, quelque temps plus tard,dans vos colonnes. Je considéraisque l’on ne pouvait pas demander àun organisme ayant pris une telleposition de mener une expertise in-dépendante. Il fallait, à mes yeux,obtenir la réalisation d’une expertise“plurielle”. J’avais pensé confier laprésidence de cette commission auresponsable du Comité de la préven-tion et de la précaution, ce qui futrefusé par le ministère de la santé, etun accord a pu être obtenu sur lenom du professeur Souleau, pré-sident de la section “environne-ment” du Conseil supérieur d’hy-giène publique de France.

– Le comité du professeur Sou-leau a-t-il pu travailler en touteindépendance ou a-t-il, comme

l’a déclaré son président, subides pressions ?

– Je souhaitais précisément cetteindépendance et ne suis jamais in-tervenue dans ses travaux. J’ai ren-contré, à sa demande, le professeurSouleau qui m’a fait part des diffi-cultés qu’il rencontrait. C’est l’unedes premières fois que l’on tentait cetype d’expérience en France à l’in-terface du nucléaire et de la santépublique. A ce titre, cette démarcheest assez difficile et le comité a,peut-être, été un lieu d’affrontementfort entre des gens qui ont descultures et des opinions très diffé-rentes. Pour autant je ne regrettepas cette initiative. Il s’agit là d’unsujet important en termes de santépublique et économique. La popula-tion concernée est préoccupée et àbesoin de savoir. Jusqu’à présent, ledébat n’a pas véritablement pus’établir, et les échanges se sontsouvent caractérisés par des accusa-tions réciproques de mensonges, pardes anathèmes.

– Pouvez-vous être plus pré-cise quant aux “résistances”auxquelles vous vous êtes heur-tée ?

– Il est clair que l’Office de protec-tion contre les rayonnements ioni-sants (OPRI) n’était pas du tout fa-vorable à notre démarche. Cet officereste très marqué par la culture du

Service central de protection contreles rayonnements ionisants. A mesyeux l’Etat n’exerce pas, vis-à-vis decet office, le contrôle qui s’impose.J’ai, pour ma part, été le premier mi-nistre de l’environnement à deman-der à l’OPRI un rapport de surveil-lance sur les déchets de la Hague. Etj’ajoute que je n’ai pu l’obtenir quedeux mois plus tard, tout se passantcomme s’il n’avait été rédigéqu’après ma demande.

» Pour ce qui est de la polémiqueautour de l’action et de la démissiondu professeur Souleau, j’estime entoute hypothèse que certaines desdéclarations et des écrits de ce spé-cialiste étaient totalement incompa-tibles avec le devoir de réserve quis’impose à celui qui accepte une tellemission. Je m’interroge toujours surles raisons qui l’ont conduit à se lan-cer dans cette violente croisade anti-écologistes, anti-Verts.

» Tout cela montre combien ilfaut être moralement fort pour cher-cher à établir une information ob-jective, quitte à se bagarrer contre lelobby du nucléaire. Il faut, et j’ensais quelque chose, avoir l’âme che-villée au corps. »

Propos recueillis parJean-Yves Nau

LA DÉMISSION du professeurCharles Souleau, doyen de la facultéde pharmacie de Châtenay-Malabry,de la présidence du Comité scienti-fique pour une nouvelle étude épi-démiologique en Nord-Cotentinconstitue un nouveau rebondisse-ment dans l’affaire déjà fortcomplexe de l’usine de retraitementdes déchets radioactifs de la Hague(Manche). Cette démission, renduepublique mardi 5 août, témoigneégalement des difficultés qui de-meurent pour réunir, sur ces ques-tions, des experts de cultures, deformations et d’opinions différentes.

La création du comité présidé parle professeur Souleau avait été déci-dée en janvier à la demande de Co-rinne Lepage, alors ministre de l’en-vironnement. Cette initiative faisaitsuite à la publication dans les co-lonnes du British Medical Journald’une étude épidémiologiqueconduite par le professeur Jean-François Viel (faculté de médecinede Besançon) concluant à une aug-mentation anormale des cas de leu-

cémie dans un canton situé à proxi-mité de l’usine de retraitement desdéchets nucléaires de la Cogema (LeMonde du 11 et du 23 janvier). Plusprécisément, le professeur Vielconcluait à une multiplication par2,87 du risque de leucémie infantilechez les enfants fréquentant réguliè-rement les plages du Nord-Cotentindans un rayon de 35 kilomètres au-tour de la Hague. C’était la premièrefois qu’un tel phénomène – par ail-leurs plusieurs fois observé enGrande-Bretagne – était mis en évi-dence en France, sans pour autantque les auteurs de l’étude concluentde manière formelle à un lien decausalité entre l’activité de l’usine dela Hague et l’augmentation durisque de cette maladie cancéreuse.

Compte tenu de l’écho rencontrépar ce travail, des vives inquiétudesde la population concernée et de lanature des questions sanitaires sou-levées, Mme Lepage et Hervé Gay-mard, alors respectivement ministrede l’environnement et secrétaired’Etat à la santé, chargeaient le

comité scientique présidé par le pro-fesseur Souleau – et dans lequel fi-gurait le professeur Viel – de définirles bases d’une nouvelle étude épi-démiologique permettant de mieuxcerner la nature et l’ampleur duphénomène. Il s’agissait aussi,même si la chose n’était pas expli-citement formulée, de valider les ré-sultats du professeur Viel, qui étaitalors la cible de vives critiques éma-nant notamment de l’Office de pro-tection contre les rayonnements io-nisants (OPRI), dont le conseilscientifique affirmait, le 23 janvier,qu’il n’existait pas de « corrélationplausible » entre la radioactivitéémanant de l’usine et les leucémiesinfantiles.

« CONVICTIONS PERSONNELLES »« Nous avons vu progressivement

croître les difficultés psychologiquesrencontrées par le professeur Souleaupour assurer au mieux la présidencedu comité, a confié au Monde l’undes experts nommés par Mme Le-page et M. Gaymard. Tout s’est passé

comme si, au fil des mois, il ne parve-nait plus à masquer ses convictionspersonnelles vis-à-vis du nucléaire etde l’écologie. La charge de la prési-dence lui était d’autant plus dure àporter qu’il vivait comme des “pres-sions” ce qui n’était rien d’autre quedes désaccords ou des divergencesd’opinion. » La publication, dans LeMonde du 18 juin, d’un documentque le comité venait de remettre augouvernement, et qui confirmait no-tamment l’existence d’un « agré-gat » de leucémies dans le canton deBeaumont-Hague, fut très mal vé-cue par le professeur Souleau.

« Le traitement que vous infligezdans les colonnes du Monde à l’infor-mation concernant la “crise de laHague” provoque chez moi, universi-taire de base, soucieux de la santé pu-blique des citoyens de mon pays, ser-viteur de l’Etat et des ministres quim’ont désigné et ont confirmé mamission, la nausée, la révolte et finale-ment, plus grave, la fatigue morale »,devait-il nous écrire au lendemainde cette publication.

La polémique devait s’emballeravec la présentation par le profes-seur Souleau des résultats des tra-vaux de son comité lors d’une réu-nion publique à Beaumont-Hague le26 juin. « Lors de cette réunion, leprofesseur Souleau a présenté commeétant le résultat des calculs du comitéd’experts des calculs de doses effec-tués par les exploitants eux-mêmes »,affirme aujourd’hui Pierre Barbey,représentant au sein du comité del’Association pour le contrôle de laradioactivité dans l’ouest (ACRO).

« Il a ensuite, ajoute M. Barbey, ac-centué ce ton très rassurant devant leconseil régional de Basse-Normandie,où il a, cette fois, clairement dérapé.Ses propos très virulents à l’égard dela presse nationale et de l’associationGreenpeace correspondent à son opi-nion personnelle et pas aux conclu-sions des experts. Il a, en outre, portéde graves accusations à l’encontre duministre de l’environnement et de sescollaborateurs sans que celles-cisoient étayées par un début depreuve. »

NOUVELLES INITIATIVESLe professeur Souleau a ensuite

multiplié les déclarations et, l’ACROayant choisi de démissionner, il esti-mait préférable, fin juillet, d’aban-donner ses fonctions. « Il est difficilede penser que le professeur Souleauait délibérément choisi de mentir enprésentant comme le résultat des tra-vaux de son comité ce qui était enréalité des documents des exploitantsde l’usine de la Hague, confie unmembre du comité. Il faut plutôt voirlà la marque de convictions très fortesqu’il avait, au départ, cherché à neu-traliser. L’important pour nous estd’obtenir que le travail commencépuisse continuer. »

Pour le professeur Viel, il convien-drait de conduire des études dépas-sant la question de la dilution desproduits radioactifs dans l’environ-nement et permettant de calculer lesdoses exactes reçues ces dernièresannées par les habitants du Nord-Cotentin du fait de l’activité del’usine. On indique dans l’entouragede Bernard Kouchner que de nou-velles initiatives vont être prises, unesurveillance plus fine de l’impact dunucléaire pouvant être prochaine-ment confiée au professeur AlfredSpira, spécialiste à l’Inserm (Institutnational de la santé et de la re-cherche médicale) des questions desanté publique et d’épidémiologie.

J.-Y. N.

Page 6: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

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S O C I É T ÉLE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997

De l’agression sexuelle au crimeLe viol est un crime défini par l’article 222-23 du nouveau code pé-

nal comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’ilsoit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menaceou surprise ». Il est puni de quinze ans de réclusion criminelle. Unviol sur mineur de moins de quinze ans est puni de vingt ans de ré-clusion criminelle. Cette définition résulte de la loi du 23 janvier1980, applicable au 1er janvier 1981.

Auparavant, en l’absence de définition stricte du viol par le codepénal de 1810, la Cour de cassation avait limité le viol, dans un arrêtdu 25 juin 1857, à une agression sexuelle commise par un homme surune femme. Les agressions sexuelles d’un homme sur un enfant demême sexe constituaient des attentats à la pudeur, infraction pas-sible du tribunal correctionnel et non de la cour d’assises.

Le rattrapagepar correspondance

Les organismes privés ne sontpas les seuls à occuper le terraindes stages de prérentrée. LeCentre national d’enseignementà distance (CNED) propose éga-lement aux élèves du primaireet du secondaire des modulesd’enseignement à distance parmatière, principalement pourles mathématiques, le françaiset les langues étrangères. Lescours sont étalés sur trois se-maines avec remise de quatredevoirs par matière.

Ce type de stages suppose uneimplication plus grande des pa-rents, qui doivent assurer unsuivi de l’enfant. Pour plus d’ef-ficacité, le CNED conseille de li-miter à deux le nombre de ma-tières choisies par session. Il encoûte 215 francs par matièrepour un élève de primaire,380 francs pour un collégien et395 francs pour un lycéen.

Un pédophile auteur de viol sur mineur bénéficie d’un non-lieuLA CHAMBRE d’accusation de

la cour d’appel de Versailles a ren-du, le 11 juin, un arrêt surprenant,qui prend le contre-pied des ré-centes décisions de justice en ma-tière de pédophilie. Se fondant surle changement de définition légaledu viol, intervenu au 1er janvier 1981(lire ci-dessous), la chambre d’ac-cusation a estimé que le dossier deviol sur mineur qui lui était soumis,datant du début des années 80,échappait dorénavant à toute qua-lification pénale criminelle.Concluant au non-lieu, les magis-trats ont annulé toutes les pour-suites contre un homme dont lestendances pédophiles sont pour-tant avérées. Ils ont, surtout, susci-té un immense sentiment d’injus-tice pour la victime, Thierry, unjeune homme aujourd’hui âgé devingt-sept ans.

Ce n’est qu’en 1994 que la mèrede Thierry, découvrant les faits,avertit les services judiciaires ducomportement de son beau-frère,François T. ; ce sexagénaire, dont laconduite est longtemps restée soussilence, s’est livré, au cours destrente dernières années, à des at-touchements sexuels sur des di-zaines de mineurs de son entou-rage. L’enquête diligentée révèleque l’homme attirait les enfantsdans une caravane stationnée aubord d’un terrain d’aviation, enleur promettant de les initier au volà voile, dont il est un passionné. Ilobtenait leur silence en leur offrantde nombreux cadeaux.

Parmi les faits révélés, seul le violdont a été victime Thierry quand ilavait une dizaine d’années est sus-ceptible, quinze ans après, d’êtrepoursuivi. Surmontant son dégoût,le jeune homme, âgé alors devingt-quatre ans, porte plaintecontre son oncle, profitant en cela

de la loi de 1989, qui permet auxmineurs victimes d’agressionssexuelles de poursuivre leur agres-seur dans les dix années suivantleur majorité. Une information ju-diciaire est confiée au juge d’ins-truction de Versailles Arielle Bail-let, qui met en examen François T.,pour « viol sur mineur de moins dequinze ans par personne ayant auto-rité », et le place sous contrôle ju-diciaire.

ARRÊT ACCABLANTSuivant son cours, l’affaire est

audiencée au printemps 1997 par lachambre d’accusation de la courd’appel de Versailles aux fins derenvoi du mis en examen devant lacour d’assises. Rendu le 11 juin,l’arrêt de la juridiction, présidéepar Michel Arnould, est accablant.Au cours de l’instruction, Fran-çois T. a reconnu avoir caressé sonneveu même s’il a nié l’avoir violé.Surtout, il a admis avoir eu des ten-dances pédophiles, et assuré qu’ilavait consulté un psychiatre dansle passé. Les experts en psychiatrierelèvent que la sexualité du mis enexamen « s’est très tôt orientée surun mode homosexuel qui s’est repré-

senté par la suite sous une forme pé-dophilique très contraignante ».« La répétition des actes transgres-sifs ainsi qu’une faible culpabilitépermettent d’envisager l’existenced’une perversion sexuelle »,concluent-ils.

Pourtant, pour les magistrats dela chambre d’accusation de Ver-sailles, une hypothèque demeure.L’arrêt précise en effet que « la vic-time n’a pas été en mesure, en raisondu temps écoulé, de préciser si la so-domie alléguée a été perpétrée en1980 ou 1981 ». Or, selon les juges,« la détermination de la date desfaits est en l’espèce essentielle à laqualification ». La définition ac-tuelle du viol résulte des disposi-tions de la loi du 23 décembre 1980applicable au 1er janvier 1981. Aupa-ravant, n’était considéré commeviol que « le fait d’avoir des rela-tions sexuelles avec une femmecontre la volonté de celle-ci ». Lesmagistrats relèvent que « la rela-tion sexuelle entre personnes demême sexe était [avant 1981] définiepar un texte différent ne pouvantavoir qu’une qualification correc-tionnelle, désormais prescrite ».

Forte de cette analyse, la

chambre d’accusation de Versaillesestime que, si le viol qu’a subiThierry a été perpétré avant 1981, iléchappe dorénavant à toute quali-fication pénale criminelle. Or, pourles magistrats, « en dépit des indi-cations [...] fournies [...] pour parve-nir à fixer la date à laquelle les faitsauraient pu avoir lieu, un doute sub-siste ». Les juges auraient pu de-mander un complément d’infor-mation en renvoyant le dossier àl’instruction, mais ils ont écartécette possibilité. Pour eux, « cedoute ne pourra manifestement pasêtre levé par de nouvelles investiga-tions en raison de l’ancienneté desfaits allégués ». En conséquence, lachambre d’accusation considèreque l’action publique est éteinte etprononce un non-lieu. Toutes lespoursuites diligentées contre Fran-çois T. sont annulées.

Incontestable au niveau du droit,cette décision est à contre-courantdes efforts que la justice déploieaujourd’hui en matière de luttecontre la pédophilie. Se fondantsur d’anciens textes de loi, elle faitapparaître que la société n’a admisque très récemment la réalité et lagravité des agressions sexuelles en-vers les enfants.

Ce jugement a surtout aggravé ladouleur de la victime, Thierry, quin’admet pas que le doute n’ait pro-fité qu’à son agresseur. « J’ai eul’impression de me prendre uneclaque, explique-t-il. C’est comme sion me disait que la sodomie que j’aisubie n’est pas un viol. » « Déçu parla justice », le jeune homme, déjàtrès marqué par l’agression, s’estpourvu en cassation. La haute juri-diction devra dire si Thierry pourraun jour obtenir gain de cause etréussir, enfin, à tourner la page.

Cécile Prieur

« Par moi-même, je ne bosserais pas »DAVID est un garçon docile. Ses parents

l’inscrivent dans un stage de mathématiquesune semaine avant la rentrée scolaire, il parled’« un cadeau » pour son passage en pre-mière S. Pour un peu, il se dirait même de-mandeur. En réalité, la décision vient bien deses parents. Pour le père, l’accord de Davidétait naturel, « comme il s’était rendu comptequ’il avait de très grosses lacunes et qu’avec unstage il y avait des résultats ». « Par moi-même,je ne bosserais pas », reconnaît David.

Ce jeune Parisien, bien sérieux malgré sesdix-sept ans, n’en est pas à son premier stage.Affolés par son 6 de moyenne en mathéma-tiques en début de seconde, ses parents l’ontenvoyé pendant les vacances de Pâques à Ob-jectif math. Une semaine d’exercices à raisonde deux heures par jour, sans compter le tra-vail à la maison. Résultat, David, qui y allait« à reculons », est passé en première scienti-fique avec 10 de moyenne. « Les profs ont ap-précié, raconte-t-il. Ils ont vu que je travaillaisen dehors du lycée. »

Cette réussite a un coût : 1 400 francs pourquatorze heures de cours. Jugeant ce prix« extrêmement cher », David a été en outresurpris : « Je m’attendais à des cours parti-culiers, et on s’est retrouvé à douze, raconte-t-il. C’était gênant pour travailler, car on n’avaitpas tous le même rythme. Moi, je faisais plutôtpartie des plus faibles, qui étaient assez lents. »Ses parents ne le suivent pas dans ses cri-tiques et préfèrent le rappeler à ses devoirs.

PARENTS « OBNUBILÉS »« Nous sommes d’accord pour faire tous les

sacrifices financiers pour lui donner le plus dechances, affirme Alain, le père. De son côté, ilfaut qu’il fasse l’effort nécessaire. » Un effortque David accepte pour l’instant sans diffi-culté. Son stage d’été, deux heures par jourpendant une semaine, comme à Pâques, luilaisse suffisamment de temps libre pour re-trouver ses copains à la porte de Vincennes.Ce qui le chagrine le plus, c’est de suivre sescours à trois quarts d’heure de chez lui.

Ses parents avaient déjà utilisé le systèmedes stages de pré-rentrée pour leur fille aînée.« Au bout de deux mois, ils ont oublié tout cequ’ils ont appris dans l’année, explique Alain.Un stage, ça les remet dans le bain. » Le pèrede famille est en revanche plus sceptique àl’égard des cours particuliers, « beaucoup pluschers sur l’année » et, selon lui, moins effi-caces. David, qui décrit ses parents comme« obnubilés par les études », ne se plaint pasd’une sollicitude familiale que d’aucuns trou-veraient peut-être pesante. Par goût de l’his-toire, il se voyait bien en première ES (écono-mique et sociale). Il fera pourtant desmathématiques en classe scientifique. Lejeune homme, ceinture marron de judo, se rê-vait aussi professeur de gym. Ses commer-çants de parents pensent plutôt à HEC. Et,pour entrer dans une bonne école decommerce, pas question d’être mauvais enmaths...

Vincent Hubé

Des organismes privés investissent le marché de l’échec scolaireLes stages de rattrapage intensif d’été se développent en dehors de tout contrôle de l’éducation nationale. Sur fond d’inquiétude parentale,

ils promettent d’apprendre aux collégiens et aux lycéens « à travailler avec de bonnes méthodes », en un temps record et pour un prix souvent élevé

ÉDUCATION Les vacances sontpour certains collégiens et lycéensl’occasion de rattraper leur retardscolaire. Des centres privés leur pro-posent depuis plusieurs années des

stages intensifs d’été, censés les ai-der à « travailler avec de bonnesméthodes », en une à trois se-maines, pour un prix variant entre1 000 et 7 000 francs. b DÉVELOPPÉS

sur fond d’inquiétude parentale, cessessions ne font l’objet d’aucuncontrôle ni d’aucune évaluation del’éducation nationale. S’ils leur re-connaissent quelques mérites, les

représentants des parents d’élèveset les associations familiales dé-noncent un « retour en force du ba-chotage » et une « course à la réus-site ». b DAVID, dix-sept ans, suit

cet été un stage d’une semaine àObjectif maths, avant d’intégrer unepremière S en septembre. Ses pa-rents sont, selon lui, « obnubilés parles études ».

Fusillade mortelleen Ille-et-VilaineÀ SAINT-DIDIER, près de Châteaubourg (Ille-et-Vilaine), une fusillade afait cinq morts, dont deux gendarmes, et deux blessés, mardi 5 août, lors-qu’une patrouille de gendarmerie appelée par des voisins a tenté d’inter-venir dans un différend familial. Le meurtrier, Joseph Allain, un chef d’en-treprise installé dans un château au lieu-dit du Val, a été grièvementblessé lors de son interpellation. Il était toujours hospitalisé, mercredi ma-tin, au CHR de Rennes.Pour une raison inconnue, M. Allain, âgé de cinquante-cinq ans, a fait ir-ruption dans l’après-midi dans la maison de sa compagne, Solange Briet,enseignante à Vitré, et l’a grièvement blessée. Il a d’autre part tué le père,la mère et le frère de celle-ci, qui étaient attablés dans le jardin. Avertispar un voisin, des gendarmes se sont rendus sur les lieux. L’homme, ap-paremment désarmé, a d’abord fait mine de se rendre. Puis il a saisi sonfusil dans un bosquet et tué Didier Curot, trente-trois ans, et Thierry Es-nault, trente et un ans. Il s’est ensuite précipité armé d’un couteau sur lecommandant de la brigade de Châteaubourg. Le gradé a ouvert le feu,touchant M. Allain à la poitrine.

DÉPÊCHESa MONTAGNE : une randonneuse de trente-cinq ans a fait une chutemortelle d’une centaine de mètres, mardi 5 août, dans les Alpes, prèsd’Annecy (Haute-Savoie), basculant par-dessus une barre rocheuse. Parailleurs, trois alpinistes portés disparus depuis lundi étaient toujours re-cherchés dans le massif par les gendarmes de Chamonix. Les vêtementsdes trois hommes ont été retrouvés mais pas les corps. Dans les Dolomitesen Italie, huit alpinistes se sont tués mardi ; un autre est porté disparu.a JUSTICE : la chambre d’accusation de la cour d’appel de Bordeaux,qui s’est réunie mardi 5 août, à huis clos, pour examiner la demande deplacement sous contrôle judiciaire de Maurice Papon, rendra son arrêtjeudi 7 août. Le parquet général a requis le placement sous contrôle judi-ciaire de l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde jusqu’àson procès, qui s’ouvrira le 8 octobre devant la cour d’assises de la Gi-ronde pour y répondre de crimes contre l’humanité.a ORAGES : les pompiers de Paris ont effectué près de 400 sorties enune heure, la majorité dans les Hauts-de-Seine, à la suite des violentsorages qui se sont abattus, mardi 5 août au soir, sur l’Ile-de-France. Lenord de la région a été privé de télévision après que le relais de Sannois(Val-d’Oise) eut été rendu inutilisable par l’orage.a MISES EN EXAMEN : les Hospices civils de Lyon (HCL) ont été misen examen pour « homicide involontaire » à la suite du décès d’un patient,qui s’était défenestré en octobre 1994 à l’hôpital Henry-Gabrielle à Saint-Genis-Laval (Rhône). La mise en examen, datant du 16 mai, n’a été renduepublique que le 5 août. Un chef de service a également été mis en examenpar le juge Gilbert-André Emery pour homicide involontaire et un chef declinique pour « faux en écriture ».

AU MOIS D’AOÛT, l’école n’estpas finie pour tout le monde. De-puis que les éditeurs de livres sco-laires ont flairé la bonne affaire,nombre d’enfants partent au soleilavec, dans leur valise, un cahier devacances, histoire de rafraîchir,entre deux baignades, les connais-sances acquises tout au long del’année. Pour leurs aînés des col-lèges et des lycées, des centres sesont ouverts pour proposer des« stages intensifs de pré-rentrée ».Un marché porteur, selon la res-ponsable de l’un de ces orga-nismes, puisqu’« il s’en crée tous lesjours, et tous les jours, il en disparaîtautant ». Leurs prospectus publici-taires promettent d’aider « à tra-vailler avec de bonnes méthodes »,« à combler les lacunes », « àconsolider les bases » ou « à abor-der avec succès la nouvelle annéescolaire », le tout en un temps re-cord (deux à cinq heures par jourpendant une à trois semaines) et

moyennant finances évidemment(de 1 000 à 7 000 francs, selon l’or-ganisme et les activités proposées).

« Si des organismes tels que lenôtre existent, c’est qu’il y a une de-mande, explique Marie-René Ho-vasse, chargée de la communica-tion chez Prépamath. Certainsparents considèrent que le rythmescolaire de leurs enfants ne permetpas un travail efficace. Ils craignentqu’être en vacances toutes les six se-maines n’oblige à survoler les pro-grammes et parfois même à ne pasles terminer avant la fin de l’année.Les stages intensifs sont pour eux unmoyen de pallier ce problème. »

Une position que ne partage pasJean-Pierre Bocquet, président desParents d’élèves de l’enseignementpublic (PEEP). « C’est le retour enforce du bachotage », assure-t-il,même s’il reconnaît que ce type destages « a le mérite de remettrel’enfant dans le bain, de lui faire ré-viser quelques points du programmede l’année écoulée, avant de re-prendre le chemin de l’école ».Mais, prévient-il, « ces stages nedoivent en aucune manière aborderdes notions nouvelles. Le pro-gramme de l’année à venir doit êtreétudié à l’école uniquement. Uneanticipation pendant le stage pour-rait avoir l’effet inverse de celui es-compté si les méthodes employéesdiffèrent trop de celles utilisées encours ».

L’ÈRE DU « TOUJOURS PLUS »Patrice Partula, secrétaire géné-

ral de la Fédération des conseils deparents d’élèves (FCPE), est encoreplus critique. « Ces activités vontdans le sens du “toujours plus”, re-grette-t-il, l’objectif affiché étant defaire des têtes bien pleines, mais pasforcément bien faites. » Le dévelop-pement des stages de pré-rentréeest en effet révélateur de l’inquié-tude des parents qui souhaitentdonner à leurs enfants tous lesatouts pour réussir. « Les étudessont toujours une valeur-refuge auxyeux des parents, pour qui lamoindre faiblesse de l’enfant doitêtre réparée », précise Jean-Paul

Clavel, responsable des relationsextérieures de l’école des Roches,un internat privé qui accueille120 élèves pendant les trois se-maines de sa session d’été.

« Souvent, les parents savent queces stages ne sont pas la panacée,mais ils préfèrent prendre toutes lesassurances », reconnaît M. Boc-quet. Quel qu’en soit le prix d’ail-leurs. Pour certains parents, l’ins-cription suppose de gros sacrificescar, contrairement à une idée re-çue, les familles aisées ne sont pasles seules à faire appel à ce type destructures. Pour les familles mo-destes, envoyer sa progénituresuivre de tels stages oblige souventà faire une croix sur les vacances.« Paradoxalement, ces familles nesont pas celles qui réclament une ré-duction de prix ou un étalement despaiements », observe Mme Hovasse.

Cette course effrénée à la réus-site inquiète Brigitte Masure, res-ponsable du secteur éducation à laConfédération syndicale des fa-milles (CSF), qui dit regretter que« le marché de l’échec scolaire »

soit confié à des organismes pri-vés. « Le développement de cesstages caractérise assez bien notreépoque, explique-t-elle. C’est lerègne du chacun pour soi, de l’indi-vidualisme. Les parents espèrent parce biais que leur enfant sortira dulot. »

Une telle attitude mène parfois àdes extrémités qui, au mieux, fontsourire. Brigitte Masure raconteainsi le cas de ce bachelier que lesparents ont fait redoubler parceque ses notes n’étaient pas suffi-samment élevées pour intégrerune hypokhâgne prestigieuse.« L’adolescent refera donc sa termi-nale, après avoir bachoté tout l’étédans des stages intensifs, pour tenterd’obtenir de meilleures notes la foisd’après », précise Mme Masure.

Les représentants des parentsd’élèves ou les associations fami-liales reconnaissent qu’il est diffi-cile de porter un jugement sur l’ef-ficacité de tels stages. Tout juste seborne-t-on à rappeler qu’une àtrois semaines ne peuvent suffire àcombler de grosses lacunes. « En

revanche, admet M. Bocquet, si cesstages permettent d’acquérir debonnes méthodes de travail, ilspeuvent être utiles. »

« AUCUN MOYEN DE CONTRÔLE »Quant à la qualité de l’enseigne-

ment dispensé, aux résultats enterme d’amélioration des connais-sances, personne n’est en mesurede les évaluer. « S’agissant d’orga-nismes privés, nous n’avons aucunmoyen de contrôle », explique-t-onau ministère de l’éducation natio-nale.

Les quelques critiques énoncéesici ou là ne perturbent pas les res-ponsables des stages de pré-ren-trée. « L’efficacité de notre ensei-gnement dépend en grande partiede la motivation de l’élève, assureMme Hovasse. C’est d’ailleurs la ma-jorité des cas, puisque 70 % desélèves qui intègrent nos sessions ontfait eux-mêmes la démarche denous appeler. Mais il nous est arrivéde rembourser des parents parceque nous estimions que l’enfantn’était pas encore psychologique-

ment prêt à suivre le stage. » Lesresponsables de stages sont per-suadés que les parents leur re-connaissent des vertus. En favori-sant l’émulation entre les élèves, letravail en petits groupes serait plusefficace que des cours particuliers.« Le passage par un stage peut aussiéviter une mauvaise orientation del’élève, notamment en fin de collège,soutient M. Clavel. Nous sommessouvent le dernier recours de pa-rents qui veulent éviter à l’enfantune orientation vers des étudestechnologiques courtes sous prétexteque ses résultats ne lui permettentpas d’intégrer la filière classique del’enseignement général. » Une la-cune du service public que les pa-rents d’élèves sont tout prêts à re-connaître. « Le système éducatifdoit être réformé en profondeur etprendre en charge plus efficacementles élèves en difficulté », dit M. Par-tula. Si c’était le cas, les stages depré-rentrée n’auraient sans douteplus de raison d’exister.

Acacio Pereira

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LeMonde Job: WMQ0708--0007-0 WAS LMQ0708-7 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 10:40 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0402 Lcp: 196 CMYK

C A R N E T LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 / 7

NOMINATIONS

URBANISMEPaul Schwach, ingénieur en

chef des ponts et chaussées, a éténommé directeur de l’aménage-ment foncier et de l’urbanisme,sur proposition de Jean-ClaudeGayssot, ministre de l’équipement,des transports et du logement.

Il remplace à ce poste CatherineBersani et sera assisté par deux di-recteurs adjoints, Marie-LineMeaux et Guy Faure. Rappelonsque la direction de l’aménagementfoncier et de l’urbanisme (DAFU)a été créée à la suite du rattache-ment de l’architecture au minis-tère de la culture en 1995.

[Né en février 1954 à Saint-Avold (Mo-selle), ancien élève de l’Ecole normale supé-rieure et agrégé de mathématiques, PaulSchwach a occupé diverses fonctions au seindu ministère et des directions départemen-tales de l’équipement (DDE), notammentcomme directeur dans le Tarn-et-Garonne(1992). En 1986, puis depuis mars 1995, il a

également travaillé à la direction du person-nel et des services du même ministère.]

ARCHITECTUREHervé Nourissat a été élu pré-

sident de l’Ordre national des ar-chitectes le 9 juillet. Agé de cin-quante et un ans, il succède àJean-Claude Chamberlan, qui adémissionné en même temps quequatre autres membres du bureau.

Hervé Nourissat est présidentde l’Association des architectesfrançais à l’export et président dela section française de l’Union in-ternationale des architectes (UIA).La démission de Jean-ClaudeChamberlan et l’élection d’HervéNourissat mettent un terme aumoins provisoire à la crise qui se-coue depuis plusieurs mois leconseil national de l’ordre et qui aentraîné notamment la fermeturede la Maison de l’architecture deParis.

JOURNAL OFFICIEL

Au Journal officiel du samedi2 août sont publiés :

b CCI : un arrêté relatif au sta-tut du personnel de l’assembléedes chambres françaises decommerce et d’industrie, deschambres régionales decommerce et d’industrie, deschambres de commerce et d’in-dustrie et des groupements inter-consulaires.

b CNIL : une délibération de laCommission nationale de l’infor-matique et des libertés portant re-commandation relative aux an-nuaires de télécommunications.

La CNIL rappelle notammentque les services d’annuaire et derecherche inversés doivent fairel’objet de demandes d’avis ou dedéclarations spécifiques. Elle re-commande que les abonnéssoient clairement et préalable-ment informés par les éditeurs deservices de recherche ou d’an-nuaires inversés de l’éventualitéque leur numéro de téléphone fi-gure dans un service accessible àtout public, et qu’ils puissent s’yopposer.

La CNIL fait les mêmes re-commandations pour ce quiconcerne la diffusion de listesd’abonnés sur Internet.

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AGENDA

Au Journal officiel du mercredi6 août sont publiés :

b Infirmiers : un arrêté portantapprobation de la convention na-tionale des infirmiers.

b Sénatoriales : un décret por-tant convocation des électeurs sé-natoriaux des départements de laMayenne, de la Savoie et de laVienne le 21 septembre.

b Accords internationaux : undécret portant publication de l’ac-cord entre le gouvernement de laRépublique française et l’Organi-sation des Nations unies pourl’alimentation et l’agriculture(FAO), signé à Rome le 13 février1996 ;

un décret portant publicationde l’accord entre le gouvernementde la République française et legouvernement de la Républiqued’Arménie sur l’encouragement etla protection réciproques des in-vestissements, signé à Erevan le4 novembre 1995.

b Marine : quatre arrêtés por-tant création de deux certificatsd’aptitude professionnelle mari-time, de matelot et de conchyli-culture, et de deux brevetsd’études professionnelles mari-times, de marin du commerce etde cultures marines.

Manière de voirLe trimestriel édité par

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Trente ansde guerre

Au sommaire

a La poudrière du monde, parIgnacio Ramonet. a Lente agoniedes accords d’Oslo, par AlainGresh. a Ne pas tirer un trait sur lepassé , pa r Georges Co rm.a Comment conjurer le risqued’une perpétuelle servitude, parEdward Saïd. a L’avenir brouillédes réfugiés, par Rosemary Sayigh.a Aspirations démocratiques en

Palestine, par Graham Usher. a Troublante normalisation de la société israélienne, parDominique Vidal. a Les intellectuels arabes et le dialogue, par Mohamed Sid-Ahmed. a Dela menace israélienne au péril islamiste, par Mohamed Sid-Ahmed. a Quand l’Occidentalimente la course aux armements, par Joe Stork. a Désordre persistant à Beyrouth, par SamirKassir. a La Syrie refuse toute capitulation, par Alain Gresh. a Ces choix hasardeux de lamonarchie hachémite, par Alain Renon. a Blocages égyptiens, par Mohamed Sid-Ahmed.a L’ombre de Washington, par Michael T. Klare. a Un pétrole toujours plus convoité, parNicolas Sarkis. a Malheur kurde, échec américain, par Kendal Nezan. a Le régime irakiendéchiré par les luttes de clans, par Faleh A. Jaber. a Fin de règne en Arabie saoudite, par AlainGresh. a Poussée conservatrice au Koweït, par Yehya Sadowski. a Une phase aiguë del’affrontement israélo-arabe (juin 1967), par Eric Rouleau. a Les raisons de l’engagement del’Union soviétique (juillet 1967), par Bernard Féron. a Le sort des réfugiés dépend d’unrèglement global (juillet 1967), par Micheline Paunet. a Vœux pieux, foide réalité (novembre1973), par Claude Julien. a Les Palestiniens à la porte de la négociation (décembre 1973), parPierre Rondot. a La liquidation annoncée de l’OLP (juillet 1982), par Amnon Kapeliouk.

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

Antoine, Anastasia, Evrard,Camille et Lionel,

ont l ’ immense joie d’annoncer lanaissance de

Aurélien Jonathan,Valère, Léon, Télesphore,

le 31 juillet 1997.

Armelle BARBIERet Damien MATHIEU,

6, impasse Chausson,75010 Paris.

Décès

– Le docteur Jean-Alain Bargiacchi,son époux,

Sandrine et Anne,ses filles,

M. et Mme Gilbert Lhoste,ses parents,

Bruno et Thierry Lhoste,ses frères et leurs enfants,

Sa famille,ont la douleur de faire part du décès de

M me Catherine BARGIACCHI,née LHOSTE,

survenu dans sa quarante-troisième année,à Toulouse.

Les obsèques religieuses ont étécélébrées à Toulouse, le 31 juillet 1997.

Le présent avis tient lieu de faire-part.

110, boulevard Déodat-de-Séverac,31300 Toulouse.19, rue Fines,31300 Toulouse.

– Le Frère

Jacques Guy BOUGEROL,franciscain prêtre,

ancien aumônier généralde l’armée de l’air,

est entré dans la paix de Dieu, ledimanche 3 août 1997, dans sa quatre-vingt-neuvième année.

De la part :Du Père provincial des franciscains,De M. et Mme François Bourillet,Du général et Mme Jacques Bourillet,

ses neveux, nièces,Et leur famille,De la communauté des franciscains de

Paris Marie-Rose.

La messe de funérailles sera célébrée lejeudi 7 août, à 10 heures, en l’église ducouvent Saint-François, 7, rue Marie-Rose, Paris-14e.

Les franciscains,7, rue Marie-Rose,75014 Paris.

– On nous prie d’annoncer le décèsdu

docteur Bernard FALIGANT,chevalier du Mérite,

chevalier de la Légion d’honneur,chirurgien à Marrakech,

survenu à Paris, le 29 juillet 1997.

Les obsèques religieuses ont étécélébrées en l’église Saint-Nicolas deCraon (Mayenne), le 1er août.

De la part de :Sa famille et ses amis.

Famille Faligant-Briend,6, villa du Château,92270 Bois-Colombes.

– Mme Nina Kagansky,Mme Isabelle Frilley, présidente,Tous les collaborateurs,Et le personnel de la société Titra Film,

ont le grand regret de faire part du décèsde

M me Frida KAGANSKY,cofondatrice de la société en 1934.

Elle a été inhumée dans l’intimité, le1er a o û t 19 9 7 , a u c i m e t i è r e d uMontparnasse, comme elle le souhaitait.

Titra Film,1, quai Gabriel-Péri,94340 Joinville-le-Pont.

– Mme Marie Lautré,son épouse,

Ses enfants et petits-enfants,Sa famille,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Georges LAUTRÉ,conseiller des affaires étrangères,chevalier de la Légion d’honneur,

officier de l’ordre national du Mérite,

survenu le 1er août 1997, à l’âge desoixante-quinze ans, en son domicile, àBagneux (Hauts-de-Seine).

L’inhumation a eu lieu dans l’intimitéfamiliale, le mercredi 6 août, au cimetièrecommunal de Bagneux.

39, rue des Meuniers,92220 Bagneux.

Marie-Claude L’Huillier,La municipalité de Gennevilliers,L’Amicale des vétérans du Parti

communiste français,L’Association nationale des anciens

combattants de la Résistance,ont la douleur de faire part du décès de

M me Marie-Louise L’HUILLIER,combattant volontaire de la Résistance,

étoile ORMCM.

Les obsèques auront lieu le vendredi8 août 1997, à 10 h 30, au cimetièrenouveau de Gennevilliers, rue Villebois-Mareuil.

– Mme André Liéveaux, née NicolePortal,son épouse,

Anne et Michel Autiquet,Françoise et Gérard Richy,Sylvie et Bernard Bruneaux,Catherine Liéveaux,Nicole Liéveaux,Aude Liéveaux,Antoine et Marie-Pierre Liéveaux,Sabine Liéveaux,Diane Liéveaux,Bertrand Liéveaux,

ses enfants,Ses petits-enfants,M. et Mme Jean Liéveaux,

ses frères et belles-sœurs et leurs enfants,Les familles Portal et Bontems,

ont la douleur de faire part du décès du

docteur André LIÉVEAUX,gynécologue,

survenu le 5 août 1997, à l’âge de soixanteet onze ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 8 août, à 9 heures, en l’égliseNotre-Dame-de-Grâce de Passy, 10, ruede l’Annonciation, à Paris-16e.

7, rue de l’Alboni,75016 Paris.

– Christiane Minssen-Bournier,Philippe et Isabelle, Lise et Julia,Jean-Marc et Claude, Julien et Marion,Patrick et Elisabeth, Bob et Dylan,Eric et Annie,Les fami l les Hickel , Houdard,

Minssen, Nougarede,font part du décès de

Jean MINSSEN,

survenu le 1er août 1997.

Les obsèques ont été célébrées dansl’intimité, le 5 août, à Versailles.

4, rue de Neunkirchen,78200 Mantes-la-Ville.

– Apt. Gargas.

Les familles Saubion et Calvinont la douleur de faire part du décès, le4 août 1997, de

M. Louis RIGOLLET,dit Bambou.

Il sera incinéré dans la plus stricte inti-mité.

Les familles expriment leur sincèregratitude à toutes les personnes pour leurdévouement et leur gentillesse.

– La baronne Raoul Snoya la grande tristesse de faire part du décèsde son frère,

Jean-Pierre RONDEAU,dit Sébastien DULAC,

écrivain-journaliste,

survenu à Monaco, le 2 août 1997.

S e l o n l a v o l o n t é d u d é f u n t ,l’incinération a eu lieu dans la stricte inti-mité, à Monaco.

Place Albert-Leemans, 14 (boîte 5),B 1050 Bruxelles (Belgique).

– L e s m e m b r e s d u c o n s e i ld ’ a d m i n i s t r a t i o n d e l a S o c i é t éd’archéologie et d’histoire de la Mancheont la tristesse de faire part du décès deleur président,

M. Jean de SAINT-JORRE,préfet honoraire,

officier de la Légion d’honneur,commandeur de l’ordredes Arts et des Lettres,

survenu le 3 août 1997, à l’âge de quatre-vingt-sept ans.

Ses obsèques ont eu lieu le 6 août, enl’église Saint-Pierre d’Heugueville-sur-Sienne.

Un service religieux sera célébré à samémoire, au début de l’automne.

Ils s’associent à la douleur de sa familleet de ses proches.

– Mme Sylvie Surre-Reumont,M. Michel Surre-Galy,M. Roger Surre,Et leur famille,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Alexandre SURRE,

survenu le 3 août 1997, à Pamiers.

Les obsèques auront lieu le jeudi7 août, en l’église de Massat (Ariège), à16 heures.

– Mme Hélène Pouzens,sa mère,

Sa famille,Et ses amis,

ont la douleur de faire part du décèsaccidentel de

M. François TISSEYRE,

survenu à Paris, le 5 août 1997, dans satrente-deuxième année.

27, avenue Gallieni,93800 Epinay-sur-Seine.

– La directionEt le personnel du Groupe Mornay

ont le regret de faire part du décès de

Jean VILLARD,ancien élève de l’Ecole polytechnique,

officier de la Légion d’honneur,président d’honneurdu Groupe Mornay,

ancien administrateur de l’AGIRC,

survenu, dans sa quatre-vingt-quinzièmeannée, le 1er août 1997.

L’inhumation a eu lieu dans l’intimité,le lundi 4 août, au cimetière d’Hardricourt(Yvelines).

Anniversaires de décès

– Une pensée pour mon père

docteur Ivan ZELENKIN,

décédé le 7 août 1996, à Milan (Italie).

Igor et Alexandre Zelenkin,Tél. à Paris : 01-40-50-95-82.

Nos abonnés et nos action-naires, bénéficiant d’uneréduction sur les insertionsdu « Carnet du Monde»,sont priés de bien vouloirnous communiquer leur

numéro de référence.

CARNET DU MONDETéléphone :

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Page 8: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

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R É G I O N SLE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997

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ABONNEMENT VACANCES Brive, Tulle et Limoges créent la métropole limousine à trois têtesLIMOGES

de notre correspondantLes trois principales villes du Li-

mousin se donnent la main ettentent de renforcer le « poids ur-bain » d’une région réputée ru-rale. Cette initiative a pris laforme, début juillet, d’une« charte de réseau de villes ». Ledocument a été paraphé par l’Etat(à travers la préfecture de région),le président du conseil régionalRobert Savy (PS) et les maires deLimoges (Alain Rodet, PS), Brive-la-Gaillarde (Bernard Murat, RPR)et Tulle (Raymond-Max Aubert,RPR). Objectif : combler le handi-cap de l’absence d’une véritablemétropole et permettre au Limou-sin de mieux se faire entendredans la compétition européenne.

L’agglomération limougeaudecompte 180 000 habitants, la« duopôle » corrézienne Tulle-Brive (les deux villes sont dis-tantes d’à peine une trentaine dekilomètres) quelque 100 000. C’estpeu, au total, alors que le pro-blème à l’ordre du jour, résumeAlain Rodet, est de « faire masse ».L’idée est donc de fonctionner encommun (280 000 habitants, c’estdéjà mieux) dans un ensemble unpeu comparable à ce que l’onnomme aux Etats-Unis une « su-burbia », c’est-à-dire une nébu-leuse urbaine parfois entrecoupéede larges territoires ruraux.

Les mécanismes juridiques oupolitiques européens et, en

France, la loi Defferre sur la dé-centralisation de mars 1982 ontdes effets pervers : ils aiguisent lesrivalités entre villes dans la re-cherche de subsides publics. Sur-tout lorsque ces rivalités perpé-tuent des antagonismesancestraux. Ce qui est le cas enl’occurrence en Corrèze entreTulle et Brive. La première, lechef-lieu du département, indus-trielle et traditionnellement degauche (la mairie était commu-niste jusqu’aux dernières munici-pales de 1995), la secondecommerçante, touristique, et hu-miliée de n’être que sous-préfec-ture avec une population trois foissupérieure en nombre. Un antago-nisme qui s’est souvent manifestédans l’histoire les armes à la main,et qui s’exprime encore parfoisphysiquement sur les terrains derugby ou dans les bals du samedisoir.

Bref, il s’agit d’en finir à la foisavec l’esprit de clocher et avecl’assistanat. « Additionner ce quechacun d’entre nous a de meil-leur », dit Bernard Murat. « Elargirles perspectives de la loi Pasqua surl’aménagement du territoire »,ajoute le chiraquien Raymond-Max Aubert (qui fut brièvementsecrétaire d’Etat dans le premiergouvernement Juppé puis déléguéà l’aménagement du territoire jus-qu’à la fin juillet), qui estimequ’« entre la notion d’aggloméra-tion et celle de pays il aurait été effi-

cace d’introduire celle de réseau ».Quant au président régional, Ro-bert Savy, il juge que cette charte,« sans être encore très opération-nelle », introduit une « significa-tion historique nouvelle » dans larecherche d’un rôle accru des ré-gions dans le fonctionnement del’Union européenne.

UN FACTEUR INNOVANTConcrètement, la charte enté-

rine et renforce des choix déjà af-firmés depuis plusieurs années auniveau régional : la mise en réseaudes missions locales pour l’emploi,le renforcement d’un potentieluniversitaire commun, la constitu-tion de pôles technologiques, lamise en valeur concertée des in-frastructures comme les deux au-toroutes en voie de réalisation,A20 (Paris-Toulouse par Limogeset Brive) et A89 (Lyon-Bordeauxpar Tulle et Brive), la recherche deliaisons ferroviaires rapides, et lacoordination de l’activité des aé-roports régionaux de Limoges etBrive. Elle ouvre aussi un dossierqui intéresse d’autres régions eu-ropéennes, surtout dans la pers-pective de l’élargissement : celuides villes moyennes. En Limousin,une agglomération de 5 000 à10 000 habitants, qui ailleurs feraitfigure de gros bourg, est une « mi-ni-métropole », nantie de fonc-tions urbaines importantes pourles campagnes voisines.

La « charte de réseau » para-

phée le 4 juillet à Limoges s’ouvri-ra-t-elle à d’autres ? Les mairesvont-ils regarder en direction deGuéret, le chef-lieu de la Creuse– le troisième département du Li-mousin –, qui se plaint volontiersd’en être le « tiers-monde », tou-jours un peu oublié ? « Il faut en fi-nir avec les concurrences fratri-cides, conclut Alain Rodet,multiplier les solidarités et les coo-pérations. » L’idée commune estde prouver que, face au thèmesouvent entendu selon lequel laconstruction européenne exigedes entités territoriales vastes, unepersonnalité régionale affirmée,même géographiquement petite,peut être un facteur innovant etefficace de développement.

Georges Chatain

Poudre aux yeux ou véritable eldorado ? ILLUSION ou réalité des réserves

d’or ? C’est la question que se posenttous les naturalistes de Guyane maisaussi les majors de l’industrie aurifère,qui multiplient les demandes de permisde recherche en Guyane. Parmi eux,l’anglais Guyanor (filiale de la GoldenStar), les canadiens Cambior et KWG (fi-liale de Franc Or), les américains Asarcoet Homestake, et australiens Gold Fieldsou BHP Minerals. Mis à part les Minesdu Bourneix (filiale de la Cogema), l’in-dustrie française brille par son absence...

Sans parler de ruée vers l’or, les auto-rités du département espèrent bien quela production aurifère passera du stadeartisanal et semi-industriel à celui desmines modernes : la production guya-naise n’excédait pas 2,6 tonnes en 1996,contre environ 600 tonnes en Afrique duSud !

Reste que l’inventaire du BRGM, réali-sé sur 46 000 km2 (la moitié environ duterritoire) entre 1976 et 1995, à partir derelevés aéromagnétiques (mesures aé-riennes des anomalies du champ magné-tique provoquées par la présence deroches particulières), complétés par desétudes géochimiques et des mini-son-dages, ne parle que de « probabilité » degisements intéressants, mais pas dequantité ni de teneur en or. Les autoritésse veulent toutefois « raisonnablementconfiantes ».

TROIS RAISONSPour trois raisons : « D’abord parce

que l’exploitation s’est jusqu’ici limitéeaux alluvions en laissant presque intactsles gisements primaires. Ensuite nos in-dices ont permis de proposer en 1995 unequinzaine de sites d’intérêt aux miniers le

long de deux arcs, l’un au nord, l’autre aucentre », précise Jean-François Allard,directeur du BRGM guyanais jusqu’enjuin dernier. Enfin, ces gisements formésil y a environ 2 milliards d’années cor-respondraient à ceux du Guyana (exploi-tés à Omaï, 80 tonnes de réserve d’or),mais aussi du Ghana, la principale pro-vince aurifère de l’Afrique de l’Ouest,avec lequel la Guyane était, à l’époque,accolée.

Malgré l’aptitude des compagnies mi-nières à manipuler des quantités deroches de plus en plus grandes et d’enextraire des teneurs en or de plus en plusténues, « il est certain que la révolutionaurifère espérée dépendra de la décou-verte de gîtes primaires d’importance etaffleurants que l’on pourra exploiter à cielouvert », reconnaît Bertrand de l’Épi-nois, chef du service des matières pre-

mières et du sous-sol au ministère del’industrie. Depuis 1992, 25 permis de re-cherche ont déjà été attribués (essentiel-lement à Guyanor) dans le centre du dé-partement et 8 concessions datant dudébut du siècle sont réactivées par laKBW. Mais aucune exploitation indus-trielle n’a encore démarré. Cette phaseexploratoire, qui coûte de 25 à 45 mil-lions de francs aux compagnies, peuts’avérer à fonds perdus... Car, pour êtrerentable, un filon doit non seulements’accorder aux cours mondiaux du métalprécieux – plutôt stable depuis 1990 –,mais surtout à un coût d’exploitationraisonnable. Et, sur ce point, l’absencede routes mais aussi l’éventualité de gi-sements profonds et discontinuspeuvent ruiner toutes les espérances.

La ruée vers l’or, si elle se produit,constituera-t-elle une bonne opération

pour la collectivité publique ? La ques-tion reste ouverte... Car, malgré l’an-nonce d’une création de quelques mil-liers d’emplois locaux par l’ouverture demines industrielles, la controverse sur lesujet reste vive en Guyane. « On en crée-ra toujours plus qu’avec un parc natu-rel... », fait-on observer au ministère del’industrie, qui souhaite néanmoinsconjuguer le développement de l’or vertet de l’or jaune de Guyane. Faudra-t-ilpour cela inclure quelques aires minièresdans le parc – celles des montagnes de lazone centrale –, avec des règles etcontrôles draconiens, ou redessiner ceslimites au sud du troisième parallèle etabandonner aux miniers ces zones de re-lief, véritables creusets évolutifs de laflore et la faune guyanaises ?

V. T.

La Guyane hésite entre exploiter l’or ou protéger la forêt La création d’un immense parc national dans le sud du département d’outre-mer se heurte à de nombreux obstacles. La présence de métaux précieux,

en plein périmètre appelé à être protégé, pourrait remettre le projet en cause et conduire à l’abandon de la forêt aux orpailleurs« POUR CRÉER un parc natio-

nal, il faut compter une bonne di-zaine d’années », rappelle GillesLandrieux, de la sous-directiondes espaces naturels au minis-tère de l’environnement. Le pro-jet de parc dans le grand sud dela Guyane est en train de battretous les records : les premièrespropositions de protéger ce mas-sif presque intact de forêt tropi-cale humide américaine datentdes années 75. A l’époque, lesélus , tout à leur rêve deconquête routière, minière et fo-restière, ne veulent pas en en-tendre parler. Mais après demultiples promesses de l’Etat,l’affaire semble entendue. Dumoins le croit-on lorsqu’en 1992,à la tribune du Sommet de laTerre, à Rio, François Mitterrands’engage à créer sur un tiers en-viron de ce département équato-rial le plus vaste des parcs natio-naux (quelque 3 mil l ionsd’hectares).

Cinq ans plus tard, pourtant, laGuyane se dérobe toujours. Su-renchères des associations amé-rindiennes sur la chasse, polé-miques entre tropical istes ,spéculations sur un eldorado mi-nier, réticences du nouveau pré-fet . . . « Après avoir réuss i àconvaincre l’Etat et ses représen-tants de son utilité, puis les élus etles responsables guyanais, on a lesentiment de devoir repartir à zé-ro », soupire l ’ornithologue

Jean-Marc Thiollay, de l’Ecolenormale supérieure, membre duComité de pilotage de ce projet,dont il est l’un des pionniers.

Mal intégrés dès le départ dansce comité mis en place en 1993,les Amérindiens ont le sentimentque ce parc va remettre en causeleur mode de vie et leur relative« souveraineté » sur l’immenseterritoire forestier. Ainsi, plu-sieurs communautés vivant lelong des grands fleuves, le Maro-ni et l’Oyapock, s’opposent auprojet. « Elles refusent de limiterla chasse et la pêche sur leur zonede vie traditionnelle et exigent depouvoir le faire dans l’ensembledu parc », résume Gilles Lan-drieux. Or, comme le soulignel’ornithologue Olivier Tostain,créateur du cabinet d’étudesguyanais Ecobios, « il faut cesserla démagogie en affirmant que cespopulations chassent et pêchenttoujours de façon traditionnelle :cela fait longtemps qu’ils utilisentdes canoës à moteur, des fusils etdes glacières » !

ENJEUX HUMAINSLe Comité de pilotage semble

prêt à étendre leur droit dechasse à l’ensemble de la zonedu parc. « Un élargissement de cedroit devra s’accompagner d’unengagement ferme de leur part àne pas se livrer au braconnage nià la chasse commerciale, et à res-pecter le milieu naturel », précise

Xavier Gervais , qui , pour leComité de pilotage, multiplie lesrencontres avec les populationsforestières. « De toute façon, lesmeilleurs garants de la pérennitéd’un espace protégé, ce sont en-core les populations qui vivent àses frontières, et l’on ne jouera pasl’écologie contre les hommes »,insiste Xavier Gervais.

Cette « crise » est à peine envoie de résolution que surgissentd’autres tensions, entre scienti-fiques cette fois. Alors que l’an-thropologue Pierre Grenantvient de démissionner du Comitéde pilotage à la suite d’« une tropfaible prise en compte des enjeuxhumains », le botaniste tropicalFrancis Hallé, de l’université deMontpellier, critique publique-ment (Le Monde du 7 février1996) la création d’un parc natu-rel dans le sud : pour lui, c’est aunord du département que la bio-divers i té se concentre et setrouve la plus menacée par lesactivités humaines, ce que lesscientifiques du Comité de pilo-tage du projet contestent.

L’écueil le plus sérieux de-meure celui des intérêts miniers :depuis un an, à la faveur de l’in-ventaire des ressources minièresdu Bureau de recherches géolo-giques et minières (BRGM), lesspéculations sur un eldorado mi-nier – or, diamants, nickel, pla-tine... – sont relancées (lire ci-dessous). Le conflit s’annonce

d’autant plus aigu que la partiecentrale du département, inté-grée au projet de parc, constitueà la fois l’une des zones les plusriches pour la flore et la faune...mais aussi pour l’or ! Et l’orpail-lage, très artisanal il y a encorequinze ans, s’industrialise avecla présence de quelques grands

groupes canadiens, américainset australiens.

Pour couronner le tout, Domi-nique Vian, le nouveau préfetnommé en févr ier dernier,semble plus séduit par l’or jauneque par l’or vert. Ainsi, depuis sanomination, le Comité de pilo-tage ne s’est pas réuni. « C’est

qu’il y a des dossiers plus ur-gents », observe le directeur decabinet du préfet. « Que ce soitpour le parc du sud ou les réservesde la Mana et de Kaw, sur le litto-ral, son manque d’intérêt pourl’environnement est manifeste »,regrettent à l’unisson les natura-listes.

Il n’en fallait pas plus en toutcas pour ramener les élus et lesresponsables guyanais, un tempsséduits par le projet de parc, surla voie du développement mi-nier. Et , sous la pression degrandes compagnies étrangères,renaissent les vieux serpents dela sylve guyanaise, telle la de-mande de relier par la routeCayenne à Saül, un minusculebourg perdu au cœur de la forêt,d’où les compagnies pourraientécouler or et diamants...

Pour cela, il faudrait retraceret bitumer une ancienne routemangée par la jungle (celle deBélizon). Au moins 100 ki lo-mètres qui coûteront plus de100 millions de francs et consti-tueront une formidable auto-route pour les chasseurs, fores-tiers et orpailleurs clandestins !La création d’un parc nationalsera-t-elle à ce prix ?

Les prochaines négociationsentre les élus de Guyane et leministère de l’environnement lediront.

Vincent Tardieu

DÉVELOPPEMENT Le projetde création d’un parc national dans laforêt tropicale du départementd’outre-mer de Guyane, qui doit êtrele plus vaste de France, pourrait être

abandonné en raison de la présencede réserves d’or sur son périmètre.b L’EXPLOITATION DE L’OR en est tou-jours restée au stade artisanal enGuyane, mais des relevés du BRGM

établissent que le territoire recèle d’im-portantes « possibilités » de gisementsqui pourraient permettre une exploita-tion industrielle. On ne sait cependantpas encore si ces réserves peuvent être

exploitées de manière rentable. b PLU-SIEURS MAJORS de l’industrie aurifère,anglaises, américaines et austra-liennes, ont récemment multiplié lesdemandes de permis de recherche.

b CES GISEMENTS pourraient provo-quer l’arrivée en masse d’orpailleurs etbouleverser les équilibres naturels dela forêt que le parc national avait jus-tement pour objet de protéger.

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Les possibilités de gisement

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Source : BRGM.

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ESPÉRANCE CAMPS CAÏMANS

MT GENEVIÈVE

TROIS PITONS

MONTAGNES FRANÇAISES

ZONES AURIFÈRES

MINE D'OR

MINE DE DIAMANT

50 km

Page 9: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

LeMonde Job: WMQ0708--0009-0 WAS LMQ0708-9 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0404 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 / 9

LE 6 mars 1997, le

professeur Guzzo,responsable du sitede Pompéi, fait lepoint sur une affairequi témoigne del’aplomb des tomba-roli – les pilleurs detombes italiens. Les

carabiniers viennent en effet d’ar-rêter trois hommes qui avaient en-tamé une fouille clandestine àmoins de 100 mètres de la clôturedu domaine archéologique. Pourœuvrer en paix, les pilleurs avaienttout bonnement élevé une ba-raque en parpaings. A l’abri de cesmurs, ils avaient commencé àcreuser un puits, suivi d’une gale-rie pour explorer et dépouiller pai-siblement les vestiges d’une villaromaine.

Les tombaroli sont aussi nom-breux en Etrurie ou dans lesPouilles. Là, ce sont les tombeauxétrusques qui sont l’objet de leursconvoitises. La corporation, aussivieille que l’art lui-même, recrutechez les agriculteurs, les ouvriersdu bâtiment et les petits commer-çants qui arrondissent ainsi leursfins de mois. Leur clientèle estsouvent régionale : « En Italie, lemythe de l’Antiquité classique estencore très fort, constate le profes-seur Guzzo. Un certain nombre demédecins, d’ingénieurs, d’avocats,aiment avoir dans leurs bureauxquelques antiques, brevets d’au-thentique culture. »

Mais, pour les archéologues,tout cela relève d’un artisanat dé-passé. « Le gros du marché est au-jourd’hui entre les mains d’une cri-minalité très organisée, affirmeUmberto Papallardo, professeur àl’université de Naples. Il y a, parexemple, un lien certain entre la Ca-mora napolitaine et les tombaroli.Et le but des bandes – qui ont des ré-seaux dans les grands centres ur-bains – est l’exportation. Leur clien-tèle ? Des marchands cosmopoliteset des collectionneurs peu scrupu-leux. Au bout de la chaîne, on re-trouve quelques-unes des plus bellespièces dans des établissementsayant pignon sur rue. » Parmi ceux-ci, le Musée Getty, de Malibu, enCalifornie, est souvent cité. Il ap-paraît notamment dans trois af-faires récentes qui continuentd’alimenter les médias italiens.

Le 11 juillet 1988, Graziella Fio-rentini, surintendante de la pro-vince d’Agrigente, en Sicile, a ventd’une négociation concernant lavente d’une statue de marbre « de205 centimètres de haut » qui auraitété trouvée clandestinement dansl’île, sur le territoire de Morganti-na. Elle signale cette rumeur auministère des biens culturels qui, le5 août, reçoit la même informationd’une galerie privée italienne.Cette dernière sollicitant mêmeune autorisation d’acquisition. Lademande est refusée.

Quatorze jours plus tard, le Mu-sée Getty annonce qu’il vientd’acheter une grande effigied’Aphrodite. Rome établit un lienimmédiat entre cet achat et lesrapports reçus et contacte Inter-pol. Peu après, la police françaisecroit savoir qu’une telle œuvre estpassée entre les mains d’un anti-quaire anglais, Robin Symes.L’homme est connu. Il a pignonsur rue à Londres, mais aussi àNew York. A la demande des Ita-liens, Scotland Yard prend le relais.

Le 26 août, l’inspecteur GrahamDennis interroge Robin Symes. Cedernier admet avoir vendu la sta-tue. Il la tenait d’un collectionneurde Lugano (Suisse) avec qui il esten contact depuis deux ans. Symesaccepte d’abord de rencontrer lesenquêteurs italiens, puis changed’avis – légalement, rien ne l’yoblige. Le marchand anglais auraitdemandé au Getty de ne dévoilerni l’origine de la pièce ni son prixde vente, mais lui aurait garantique l’opération était licite. La ru-meur veut qu’il l’ait vendue2,5 millions de dollars (environ12 millions de francs).

Commence alors un intermi-nable débat sur la provenanceexacte de l’Aphrodite. Dans les pa-piers de Symes, la police trouveune lettre adressée à celui qui estprésenté comme le propriétaire of-ficiel de la statue, un Italo-Suisse,Renzo Canavesi. Ce dernier auraitcédé le marbre pour 400 000 dol-lars (environ 2 millions de francs).Si l’origine italienne de l’œuvre estindéniable, elle aurait passé lafrontière avant 1939, date à la-quelle l’exportation des biensculturels sans autorisation devient

H O R I Z O N SENQUÊTE

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des parrains

Aphrodite,star à Malibu

illicite.Mais Thomas Hoving, an-cien directeur du MetropolitanMuseum de New York, donne desprécisions troublantes dans la li-vraison du 12 septembre 1988 de larevue d’art Connoisseur. La statue,écrit-il, a été trouvée par des pil-leurs de tombes en 1979 à SanFrancesco Biscondi ad Aidone,près de Morgantina, dans unetombe du Ve siècle avant Jésus-Christ. Elle a été morcelée pour lesbesoins du transport. Le contactdes tombaroli était Orazio Di Si-mone, antiquaire à Genève, re-cherché pour complicité dans despillages archéologiques. Ce dernieraurait cherché à la vendre à Tor-kom Demirrjian, de la galerieAriadne de New York. L’Américainaurait refusé, car le prix demandéétait trop élevé et le risque tropgrand. C’est finalement Symes quiaurait fait l’affaire pour 1,5 millionde dollars. Ces affirmations nesont pas démenties.

« L’Aphrodite est une statue faitede matériaux composites. Grâce auxvestiges restés sur place et à uneétude sur le terrain supposé de l’ex-humation clandestine – Morganti-na –, on pourra sans doute détermi-ner sa provenance avec certitude.

L’important, c’est que le musée cali-fornien ait accepté le principe d’unetelle étude », indique Maria VitoriaMarini Clarelli, en charge de l’ar-chéologie au ministère des biensculturels.

E N septembre 1994, MarionTrue, responsable du dépar-tement des antiquités au

Getty, se déplace effectivement enItalie pour rencontrer les enquê-teurs. Mais elle fait d’abord remar-quer « que dans cette affaire, l’Italien’a pas formellement déposé deplainte ». Et elle ajoute : « Noussommes tout à fait loyaux avec lesservices archéologiques de l’univer-sité de Palerme qui gèrent l’aspectscientifique de cette affaire. La sta-tue comporte des parties de marbre,d’origine grecque, et d’autres, cal-caires. On essaye de déterminer leurprovenance. » L’enquête est lente :en 1997, l’Aphrodite est toujoursau Getty. Comme ce bronze dé-couvert sur la côte Adriatique quia, lui aussi, fait vraisemblablementle voyage vers la Californie.

L’Athlète vainqueur est un bron-ze attribué au sculpteur grec Ly-sippe, un artiste du IIIe siècle avantJésus-Christ. Il a été trouvé fortui-

tement, en 1964, par deux pê-cheurs de Fano, près de Rimini.Une nuit de juin, ils remontentdans leurs filets 200 kilos de métal :une statue amputée des pieds etcouverte de coquillages. Pour eux,c’est la fortune ! En août, la trou-vaille est cédée 400 000 lires (envi-ron 1 400 francs) à un modeste an-tiquaire de Gubbio qui la revendvite, sur place, 3,5 millions de lires.

La nouvelle s’ébruite. Des inter-médiaires se présentent. La statuechange de mains. En avril 1965, lapolice est alertée par une lettreanonyme. Trois personnes sontcondamnées pour recel à troismois de prison. En mai 1968, le ju-gement est cassé par la Cour decassation : « La statue n’ayant pasété présentée, il est impossible d’ap-précier son intérêt artistique, histo-rique ou archéologique. »

En effet, à cette date, le bronze aquitté l’Italie. Les Italiens ont re-constitué son périple. Avec untrain de retard. De la côte Adria-tique, L’Athlète est tombé entre lesmains d’un Milanais qui l’a vendu,en 1971, à un antiquaire de Mu-nich, Heinz Herzer. Ce dernierl’aurait payé 700 000 dollars. LeBavarois le fait restaurer. Thomas

Hoving, à l’époque patron du Me-troplitan, vient l’examiner et, enmars 1973, déclare au New YorkTimes que son établissement envi-sage de l’acheter « si son origine estéclaircie ». Finalement, il y re-nonce. Le prix demandé est tropélevé (3,5 millions de dollars). Etpuis, ce n’est pas le moment : leMetropolitan vient d’essuyer unscandale, à la suite de l’achat d’unvase d’Euphronios dérobé en Italiedans une tombe étrusque. Un ma-gistrat italien relance l’affaire maisdoit baisser les bras devant lemanque de coopération de l’anti-quaire munichois. L’Athlète, quantà lui, file vers l’Amérique du Sudavec, dit-on, la complicité d’un ca-pucin domicilié au Brésil.

A ce moment-là, deux milliar-daires sont sur les rangs pourl’acheter : Aristote Onassis et PaulGetty. Le second l’emporte pour3 millions de dollars, en 1974. Maisil faudra encore quatre ans pourque le bronze parvienne en Cali-fornie, via Boston et Denver. L’Ita-lie diligente une nouvelle enquêteinternationale, en 1978. Le MuséeGetty se retranche derrière l’arrêtde la Cour de cassation de Rome,l’absence de plainte officielle et laprescription américaine concer-nant les objets importés illégale-ment depuis plus de dix ans. Lemusée de Malibu est donc tran-quille.

O U presque. En 1992, Fran-cesco Sisinni, directeur gé-néral des biens culturels,

signale qu’un fragment de la sta-tue en question est resté dans lapéninsule. Il aurait été détaché lorsd’un martelage trop violent desti-né à débarrasser L’Athlète de sesincrustations marines. Il seraitdonc facile de déterminer si lesmétaux ont la même composition,donc la même origine. Mais pourMarion True, la « pièce à convic-tion » ne serait constituée, en réali-té, que de simples coquillages –

des berniques – incrustés sur lastatue...

Dernière affaire non élucidée,celle de la couronne dite d’Armen-to : un magnifique feuillage hellé-nistique (IVe siècle avant Jésus-Christ) en or et en argent, de30 centimètres de diamètre, avecdes incrustations d’émail bleu. Le10 décembre 1992, RobertoConforti, général des carabinierschargé de la répression du vol etdu trafic des biens culturels, estprévenu par les avocats du Gettyde l’achat par le musée de cettepièce exceptionnelle. Ils aime-raient s’assurer qu’elle ne ressortitpas au fichier des objets volés. Lemusée californien l’aurait payée1,6 million de dollars. Le carabinierconsulte son ordinateur. Aucunetrace.

Mais quelque temps après, le su-rintendant de la région de Lucanie,Angelo Bottini, fait part au minis-tère des biens culturels de saconviction : la couronne en ques-tion vient d’une tombe pillée dansla région de Basilicate. Le généralConforti alerte Interpol et lanceses limiers. D’après eux, le joyauserait passé entre les mains d’unantiquaire allemand de Munich,Victor Preis, puis dans celles d’unde ses compatriotes, ChristophLeon, avant d’échouer chez... Ro-bin Symes.

Officiellement, elle vient,comme toujours, du « trou noir »de l’Europe, c’est-à-dire de Suisse.Deux commissions rogatoires in-ternationales sont dépêchées parl’Italie, l’une aux Etats-Unis, l’autreen Allemagne. Le Getty est for-mel : la couronne a été trouvée enMacédoine. D’Allemagne, on ré-pond que l’intermédiaire suisse esthélas mort, et qu’il est impossibled’obtenir de plus amples rensei-gnements. Cependant il auraitconfié avant de mourir que la cou-ronne était, à coup sûr, originaired’Asie mineure et qu’elle avaitlongtemps appartenu à un collec-tionneur turc, décédé lui aussi. Pasde chance...

Le Musée Getty a longtemps étémontré du doigt par les autres mu-sées comme le mouton noir dutroupeau. Il entre sûrement dansce jugement une part de jalousie.Le Getty est riche, très riche, etnombre de pièces ont été « souf-flées » par l’institution califor-nienne à des musées moins biendotés. Mais il y a longtemps eudans sa politique d’acquisition unmanque de scrupules évident.

L’établissement est récent. Il aété créé en 1974 par un roi du pé-trole, J. Paul Getty, mort en 1976.Grâce à ses moyens quasi illimités,pour « rattraper » les plus grands,le musée se lance dans une poli-tique d’achats parfois aventureuse.Il est vrai que certains de sesconservateurs, à commencer parJiri Fel, responsable des antiquitésgréco-romaines, ont la réputationde ne pas être très regardants surl’origine des pièces qu’il négocientà prix d’or.

M ARION TRUE, qui aremplacé Jiri Fel en 1988,ne mâche pas ses mots :

« Depuis dix ans, je me bats pour re-dresser l’image du Getty, ternie parcertains conservateurs qui ont laisséun souvenir exécrable, notammenten Europe. » La conservatrice, sé-vère à l’égard des premièreséquipes du Getty, fait valoir queles choses ont beaucoup changédepuis : « Nous sommes allés plusloin que tous les autres musées –trop loin disent certains – pour as-sainir et moraliser notre politiqued’achats. En 1995, nous noussommes dotés, dans ce but, d’uncode déontologique très strict. » LeGetty, indique-t-elle, est désor-mais en accord avec la conventionde l’Unesco de 1970 sur la protec-tion des œuvres d’art.

En mai 1997, Marion True parti-cipait, à Amsterdam, aux dis-cussions préliminaires destinées àmettre sur pied une banque dedonnées internationales sur lesvols et les trafics d’objets d’art. LeGetty « n’a plus de leçons à recevoirde ses confrères, qu’ils soient améri-cains ou européens », indique-t-elleavant de lancer : « Nous savons queplusieurs pièces refusées récemmentpar le Getty à cause de leur originedouteuse ont été acquises sans sour-ciller par des musées européens, vo-lontiers donneurs de leçons. »

Roland-Pierre Paringauxet Emmanuel de Roux

RAZZIA SUR LES OBJETS D’ART

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Dessin : Pierre Le Tan

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10 / LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 H O R I Z O N S - A N A L Y S E S E T D É B A T S

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

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ÉDITORIAL

La cérémonie du coq de JemmapesBIEN significative, la manifesta-

tion qui s’est déroulée, le 28 juillet,dans des conditions plutôt discrètes,devant le monument érigé sur leterritoire de la commune de Jem-mapes – ou plutôt, comme on écriten Belgique, Jemappes. C’est auxBelges exclusivement que l’on doitla colonne surmontée d’un coq gau-lois érigée en 1907 au Campiau, àl’endroit où l’on situe la victoire du6 novembre 1792. En 1914, les Alle-mands braquèrent un canon sur lacolonne et la culbutèrent. Les pa-triotes belges francophiles la réédi-fièrent après 1918.

Cette fois-ci, il s’agissait de célé-brer le vingt-cinquième anniversairede la réédification du coq. L’admi-nistration communale de Jemappessollicita du gouvernement belgel’autorisation de faire venir un re-présentant de l’armée française etun détachement de celle-ci avecmusique. M. Spaak eut le bon esprit

de donner l’autorisation nécessaire.Il ne pouvait y avoir de méprise,

et il n’y en eut pas. Certains élé-ments belges qui n’ont jamais brillépar une tendresse particulière pourla France avaient naturellement ditque les organisateurs de la manifes-tation allaient célébrer un faitd’armes qui aboutit pour la Bel-gique à la domination étrangère. Oneut beau jeu de leur répondre quel’indépendance nationale n’existaitpas, que la Belgique n’était pas,n’avait jamais été un Etat indépen-dant quand Dumouriez bascula lessavantes armées de Saxe-Teschen.En réalité, ce que le monument deJemappes représente, c’est letriomphe des idées d’émancipationde la Révolution française qui sesont imposées au monde entier.

L. P.

(7 août 1947.)

Relevons le défi d’Internet ! par Bernard Dufau

A U moment où se mul-tiplient les mises engarde sur les risquesque représente le re-

tard de notre pays en matière d’In-ternet et de multimédia, on vou-drait ici partager une conviction :les Français disposent de tous lesatouts pour gagner la bataille desnouvelles technologies. Oui, noussommes en retard et l’on a raisonde s’en inquiéter, car le lien entreniveau d’informatisation etcompétitivité est depuis longtempsétabli. Mais ce constat doit provo-quer le sursaut plutôt que le douteou la résignation : il est temps derelever le défi. Ariane, TGV, Airbus,nos succès industriels embléma-tiques, sont les fruits des tech-niques informatiques les plusavancées, nombreuses sont lesPME dont le dynamisme reposesur une mise en œuvre intelligentedes technologies récentes, et l’onme permettra de rappeler la partimportante que le laboratoire de laGaude et les usines de Corbeil-Es-sonnes et Montpellier prennentdepuis longtemps dans la re-cherche et la production mondialede notre groupe.

Ce qui a probablement du mal às’imposer chez nous, c’est la dyna-mique que donne une vision pos-tindustrielle de la société moderne.Au fond, dans un pays longtempsmarqué par l’agriculture, le modèlede production des biens indus-

triels, procédural et centralisateur,a durablement marqué nos menta-lités, nos organisations, nos façonsd’appréhender la réalité. Cela s’ex-plique sans doute parce qu’il col-lait au modèle français lui-même,avec son double héritage jacobinet colbertiste. On pourrait ainsitrouver quelque ironie à voir lecompte à rebours de l’an 2000 ac-croché à la tour Eiffel, symbole del’industrie française du XIXe siècle.

Or le monde qu’ouvre l’utilisa-tion généralisée des technologiesde l’information obéit à des loistrès différentes de celles qui gou-vernent la société industrielle. Letemps et l’espace n’y jouent pas lemême rôle. L’économie, la cité, letravail, la culture et l’homme lui-même s’y déploient selon des mo-dalités bien différentes. Le volumedes échanges s’oriente davantagevers les services que vers les bienset ce sont les services qui tirent lacroissance et créent les emplois.L’usage d’Internet confirme cetteévolution et si le commerce élec-tronique y connaît des débuts pro-metteurs, c’est pour la facilité qu’ildonne d’accéder à d’innombrablesservices mais aussi pour l’informa-tion qui accompagne les produitsprésentés. Et cette tendance reflètel’attrait de nos contemporains, no-tamment les plus jeunes, pour l’in-formation, les relations interper-sonnelles, la culture et laformation. Dès lors, on ne peut

douter qu’un peuple aussi curieux,policé, éduqué et féru d’échangesque le nôtre puisse, s’il s’en donneles moyens, figurer à terme parmiles premiers bénéficiaires du ré-seau des réseaux.

La dématérialisation deséchanges n’est pas la seule caracté-ristique de la société de l’informa-tion. L’informatique d’aujourd’huimodifie profondément les condi-tions même d’exercice de l’activitéhumaine et ce, non pas en aliénantl’homme à la technique comme lelaissait entendre Orwell, mais enapportant toujours plus de facilitéet de liberté de choix. Un exemple :les techniques de maquettage nu-mérique et de prototypage virtueldans lesquelles les ingénieurs deDassault détiennent avec notreconcours un leadership mondial.Grâce à elles, une équipe réunis-sant par exemple un ingénieur àToulouse, un financier à Londres etun commercial à Tokyo peutconcevoir simultanément non seu-lement des produits à haute teneuren technologie, comme des voi-tures, des métros ou des avions,mais aussi des objets usuels telsque des flacons, chaussures ouautres pièces de vêtement tout enintégrant les différents processusliés au produit. La productivité etla compétitivité qui en résultentsont considérables.

Nombre de nos clients françaisont compris qu’Internet, et surtout

ses formes internes à l’entrepriseou interentreprises, mettaient cetype de techniques à leur portée etpouvaient les entraîner sur unetrajectoire de réussite. Ils ontprouvé que le travail coopératifqu’elles autorisent amplifie l’ap-port de chaque collaborateur à lavaleur ajoutée de toute l’organisa-tion. Mais, pour cela, il ont choisid’investir massivement et d’accep-ter de revisiter l’exercice du pou-voir afin que chacun, dans l’entre-prise, ait la possibilité d’accéder àune informatique créative.

Quels souhaits pourrait-on doncformuler pour que les atouts dontnous disposons se traduisent ensuccès nombreux, tangibles et du-rables ? Je suggérerais volontiersquatre axes : une initiative symbo-lique de l’Etat en faveur de la diffu-sion des nouvelles technologies,notamment en direction desjeunes générations, une campagnenationale sur le thème des ser-vices, une fiscalité moins pénali-sante pour l’investissement et laprise de risque et un soutien accruà la création d’entreprises à conte-nu technologique. Mais il y va sur-tout de la volonté de tous nosconcitoyens et de l’ambition desresponsables.

Bernard Dufau est pré-sident-directeur général d’IBMFrance

L’Europe diviséepar les eauxSuite de la première page

Là-bas, de vastes territoires setrouvaient sous les eaux, des mil-liers de personnes étaient éva-cuées de leurs logements et lespremiers problèmes sanitairescommençaient à se poser. C’est aucontraire vers Francfort-sur-l’Oderque la plupart d’entre elles onttourné leur attention, une ville lar-gement épargnée par la crue, etdont aucun habitant n’a été éva-cué !

L’eau y a certes monté et lesdigues y ont été consolidées avecd’innombrables sacs de sable, don-nant à Francfort-sur-l’Oderl’image d’une cité en état d’alerte.Mais la tension était autrementplus vive à Wroclaw, en Pologne– la plus grande ville touchée parles inondations, privée d’eau cou-rante pendant plusieurs se-

maines – ou, par exemple, dans le« village-martyre » de Troubky(République tchèque), où huit per-sonnes se sont noyées. En Alle-magne, l’inondation n’a fait au-cune victime. En Pologne et enRépublique tchèque, elle a provo-qué la mort de plus d’une centainede personnes.

Serait-ce pour « compenser »l’absence de scènes dramatiques àFrancfort-sur-l’Oder que des jour-nalistes de télévisions occidentalesse sont sentis obligés de chausserde hautes bottes et de se tenir de-bout dans les eaux de l’Oder de-vant leurs caméras ? « J’étais à troismètres de là, au sec, dans mes san-dalettes... », s’est étonné Detlef-Heino Ewert, le vice-maire de laville, témoin d’un de ces tournagesimaginatifs. Un drame touche l’Eu-rope centrale, y fait de nom-breuses victimes, et cependant lesregards se focalisent sur l’Alle-magne, qui n’est, comparative-ment, « que » menacée. Comme siun rideau de fer pernicieux subsis-tait dans les esprits...

Un autre élément a alimenté ce

sentiment d’isolement : le déca-lage entre les moyens considé-rables mis en œuvre pour l’opéra-tion de sauvetage en Allemagne, etla relative confusion et l’absolueinsuffisance en matière de secoursen Pologne et en Républiquetchèque, où le sinistre a pourtantété de plus grande ampleur. Lesinondations ont ainsi rappelé que,dans ces sociétés issues, voilà prèsde huit ans, du bloc communiste etconverties, depuis, à un capita-lisme parfois « débridé », la mise àniveau des infrastructures et desservices publics nécessite encored’importants investissements.Pour sa part, l’ex-Allemagne del’Est (où se trouve Francfort-sur-l’Oder) bénéficie, on l’a vu unenouvelle fois mardi 5 août avec lesengagements pris par le chancelierHelmut Kohl, d’un effort de solida-rité de la part de l’Allemagne del’Ouest.

Révélateur de la persistance dedeux Europes, ces inondationsvont aussi avoir d’importantesconséquences sur la vie écono-mique et politique dans ces deux

anciens pays communistes. Il y a,bien sûr, le traumatisme des perteshumaines. Mais, au-delà, le chocest terrible, aussi, pour des popu-lations qui commençaient à dé-couvrir les « plaisirs » de la sociétéde consommation et avaient, labo-rieusement, réussi à équiper leursmaisons de fours à micro-ondes,de TV couleur et de chaînes hi-fi.La perte, pour beaucoup, de cesbiens, tout juste acquis et déjà dé-truits par les eaux, est doulou-reuse. En République tchèque, oùun programme d’austérité est déjàen place, les inondations vont pe-ser lourd sur les finances pu-bliques. En Pologne, cette catas-trophe naturelle a mis en évidence,une nouvelle fois, les dysfonction-nements de l’administration. Lamodestie de l’aide que l’Union eu-ropéenne a apportée à chacun deces deux pays ne peut, en tout cas,que conforter leur peuple dansl’idée que, malgré la chute du murde Berlin, en Europe, la divisionEst-Ouest n’est pas encore morte.

Natalie Nougayrède

Le septième continent par Jacques Attali

Avec le Net, l’emploi réel sera créé en prioritépar les demandes de l’économie virtuelle

Q UAND l’Europe se ré-veillera-t-elle ? Quandcomprendra-t-ellequ’Internet est unnouveau continent,

où il est urgent de débarquer souspeine de laisser ses immenses tré-sors à d’autres ? Combien faudra-t-il de bulletins de victoire américainspour que l’Europe s’intéresse enfinà cet enjeu ?

Dans son discours du 1er juillet, leprésident Clinton demandait qu’In-ternet soit reconnu comme un lieude commerce libre. Au même mo-ment, la Cour suprême américaineinterdisait toute censure étatiquesur le Net. Ces décisions annon-çaient, chacune, la victoire du bonvouloir américain dans un domainenouveau des relations internatio-nales, marquant ainsi la conquêtedes marchés du futur par lestechnologies américaines.

On a utilisé beaucoup de méta-phores pour faire comprendre cequ’est Internet : réseau, autoroute,banques de données, bibliothèque.En réalité, c’est beaucoup plus quecela : un continent virtuel, le sep-tième continent, où on pourra bien-tôt installer tout ce qui existe dansles continents réels, mais sans lescontraintes de la matérialité : desbibliothèques d’abord, puis des ma-gasins, bientôt des usines de pro-duction, des journaux, des studiosde cinéma, des hôpitaux, des juges,des policiers, des hôtels, des astro-logues, des lieux de plaisir. A l’inté-rieur de ce continent, vide d’habi-tants réels, se développera ungigantesque commerce entre lesagents virtuels d’une économie demarché pure et parfaite, sans inter-médiaire, sans impôt, sans Etat,sans charges sociales, sans syndi-cats, sans partis politiques, sansgrèves, sans minimums sociaux. In-ternet devient donc aujourd’hui,dans l’imaginaire du monde, cequ’était l’Amérique en 1492 pour les

Européens : un lieu indemne de noscarences, un espace libre de nos hé-ritages, un paradis du libre-échange, où on pourra enfinconstruire un homme neuf, propre,débarrassé de ce qui le salit et le li-mite, un consommateur insom-niaque et un travailleur infatigable.

L’attirance pour ce nouvel Eldo-rado des investisseurs venus dumonde concret sera immense. Il re-cevra bientôt les commandes deconsommateurs réels et la visite detouristes réels venus y chasser, ex-plorer, skier et consommer, qui pas-seront, pour l’atteindre, par desparcs ou des machines indivi-duelles, autant de portes d’entréevers les terres nouvelles. Tout celasuppose une immense économie

virtuelle qui créera, pour fonction-ner, d’innombrables emplois réels.Le septième continent sera donc lalocomotive de l’économie duXXIe siècle. Et l’emploi réel sera crééen priorité par les demandes del’économie virtuelle.

Déjà, on peut estimer que lecommerce intérieur du septièmecontinent atteindra au moins100 milliards de dollars au début dusiècle prochain, montant supérieurau PNB de plus de cinquante paysréels. Le rythme de la croissance y adéjà débarqué en masse : 70 % deséchanges y sont aujourd’hui améri-cains ; les entreprises américaines yont apporté leurs technologies, leursavoir-faire, leur système juridique,barrant la route à leurs concurrents.Ils s’y réservent les meilleuresplaces, et inventeront mille astucespour se protéger. En 1998, le réseauaméricain Iridium de téléphonemondial sera en place. En 2002, le

réseau américain Teledisc d’Inter-net le complétera. En 2005, onpourra y véhiculer dans le mondeentier des images − américaines −sur la large bande. Si tout continueainsi, ce continent sera à jamais unecolonie américaine. On y parleraanglais et il sera le lieu d’expansionquasi illimité des entreprises et de laculture américaines.

On ne peut reprocher à l’Amé-rique d’avoir, une nouvelle fois, supréparer un débarquement. Onpeut le regretter. On ne peut faireque cela n’existe pas. Que fait l’Eu-rope ? Rien. Certes, on s’y occupede sujets essentiels pour au-jourd’hui, tel l’euro, mais on ne dé-bat en rien de ce qui fabrique notreaprès-demain : et à quoi, d’ailleurs,

servira l’euro si le dollar devientl’unique devise d’un septièmecontinent à l’économie plus vasteque celle de la planète ? Il esturgent, vital, de traiter ce problèmecomme on affronterait la décou-verte d’un nouveau continent. Enlançant un grand programme deconquête. Cinq siècles après la dé-couverte de l’Amérique, l’Europe enaura-t-elle la force ? Pour cela, il luifaudra unir les capacités de seschercheurs, de ses entreprises, deses Etats, de ses commerçants, deses créateurs. Il faut d’abord prépa-rer des engins de débarquement,c’est-à-dire installer des réseauxmondiaux de télécommunication àlarge bande, mettre en place des ré-seaux de satellites, des réseaux d’In-tranet et d’Extranet dans les entre-prises. Et, en particulier en France,en finir avec le Minitel, voie sans is-sue, qui doit basculer d’urgence surles terres nouvelles.

Il faut ensuite préparer des pro-duits pour les continents nouveaux.Et, pour cela, inciter, par tous lesmoyens (et d’abord fiscaux), à lacréation de services européenspour Internet. En priorité, encoura-ger le commerce par correspon-dance et encourager la presse, lapublicité, la finance à offrir leursservices sur le septième continent.Car il ne doit pas être seulement lelieu où des entreprises à la modeviennent poser leur drapeau en secontentant de home pages descrip-tives. Il faut d’urgence y ouvrir bou-tique, attirer le client, inventer desméthodes de publicité spécifiques,des produits adaptés, des réseauxde distribution spécifiques et faireque l’on y parle toutes les langues,grâce en particulier à la traductionautomatique.

Par ailleurs, il ne faut pas laisserle droit américain s’y installercomme une évidence, mais soule-ver le sujet dans tous les forums adhoc, et d’abord à l’OMC et à l’Unes-co. Enfin, il faut commencer parl’école, en envoyant tous nos en-fants, au moins une heure par jour,sur le septième continent. Pourréussir tout cela, il faudrait créer enEurope une grande compagnie encharge des relations avec Internet,mêlant intérêt privé et public,comme l’a fait en son temps laCompagnie des Indes occidentales.Cela devrait être le rôle d’un pro-gramme européen majeur de typeEureka, mêlant souplement fondspublics et privés, un Euronet.

La croissance du septièmecontinent sera le principal moteurde la croissance du XXI siècle. Anous de saisir cette chance, et detransformer une utopie virtuelle enune réalité conquérante. L’Europe yjoue sa survie.

Jacques Attali est conseillerd’Etat

Helmut Kohl dans la tourmente

E N Allemagne, la cam-pagne électorale estouverte. Et cette cam-pagne concerne di-

rectement la France, par lesthèmes qu’elle va charriercomme par ses effets sur laconstruction européenne. Lesélections générales ne sont at-tendues, outre-Rhin, que pourl’automne 1998. Le coup d’envoien a cependant été donné dèscette semaine, avec l’échec es-suyé par Helmut Kohl dans songrand projet de réforme fiscale.

Lors de la réunion extraordi-naire, mardi 5 août, du Bundes-tag, la coalition au pouvoir etl’opposition social-démocrateont, à nouveau, constaté leurdésaccord total sur ce projet dugouvernement. Il y a fort à pa-rier maintenant que la « réformedu siècle », voulue par HelmutKohl pour dynamiser l’écono-mie, ne verra jamais le jour– mise à part la suppression dela taxe sur le capital des entre-prises – et que la commission deconciliation parlementaire quisera de nouveau saisie du dos-sier en septembre ne parviendrapas à dégager de compromis.

Pour le chancelier, c’est un sé-rieux revers politique. Il s’ajouteà d’autres difficultés, liées auxdiscordes croissantes à l’inté-rieur même de la coalition aupouvoir d’une part, au projet dela monnaie unique européennede l’autre. Les libéraux du FDP,qui se veulent les champions dela réduction de la pression fis-cale, ont réclamé à cor et à cril’abaissement du fameux « im-pôt de solidarité » (7,5 % de l’im-pôt sur le revenu), particulière-ment impopulaire, quicontribue au financement de la

réunification. Les chrétiens-dé-mocrates, autre composante es-sentielle de la coalition,n’étaient pas prêts à s’engagerdans une telle aventure – des di-minutions de recettes sans fi-nancement. A un peu plus d’unan des élections, personne nepeut se payer le luxe d’une criseouverte. Un compromis entreles partenaires sera trouvé,mais les marques en subsiste-ront.

Face à une opinion publiquepeu encline à abandonner ledeutschemark pour l’euro, lechancelier doit mener ensuiteune politique de réduction desdépenses pour ramener les défi-cits publics à 3 % du produit in-térieur brut, conformément auxcritères de Maastricht, des cri-tères que beaucoup rendent res-ponsables de la progression duchômage. Le mark n’est pas nonplus dans sa meilleure forme, etla Bundesbank s’inquiète de sarapide dépréciation par rapportau dollar américain. Pour cer-tains, la faiblesse du DM estliée, justement, au manque deconfiance des investisseurs in-ternationaux dans la capacitéde Bonn à mettre en œuvre desréformes souvent contestées etmises à mal par les Länder.

L’opposition social-démocratene semble pas profiter pour lemoment des déboires du gou-vernement. Elle aurait tort decroire que le chancelier est unhomme déjà battu. C’est dansl’adversité que Helmut Kohl estle plus redoutable. Ses adver-saires sont bien placés pour lesavoir, eux qui tentent en vainde le déloger d’un pouvoir où ilest installé depuis bientôt quin-ze ans.

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997

L’incroyable flambée des prix à LondresLONDRES

de nos correspondants« Gazumping » : la réapparition

de cette expression typiquementanglaise, utilisée pour décrire l’ac-tion de revenir sur un accord devente d’une maison au plus of-frant, traduit bien l’accablementdes Londoniens devant l’incroyableflambée des prix de l’immobilier.Ainsi, à Wandsworth, quartierbourgeois du sud de la capitale,une petite maison mitoyenne as-sortie d’un minuscule jardin est de-venue inaccessible, même pour lescadres de la City : 300 000 livres(plus de 3 millions de francs)contre 215 000 en 1996 et 150 000en 1994. Sur les douze derniersmois, l’indice du prix de l’immobi-lier résidentiel londonien a enregis-tré la plus forte hausse depuis unedécennie, + 20 % avec des pointesde 30 % à 40 %. A l’instar d’Isling-ton où résidait la famille Blairavant d’emménager au 10, Dow-ning Street. Achetée 315 000 livresen 1993, cette maison vient d’êtrerevendue pour 600 000.

Les prix se sont stabilisés en juinet en juillet dans le pays (avec res-pectivement + 0,3 % et + 0,1 %),mais continuent de monter dans larégion de Londres. « On se croiraitrevenu à l’âge d’or. Il n’y a pas suffi-samment de logements à vendre. Laconfiance est au plus haut depuistrois ans au moins. La question estde savoir quand s’arrêtera cettehausse », estime le Royal Instituteof Chartered Surveyors, l’associa-tion des experts immobiliers. Cettefièvre n’a pas épargné la Bourse,comme l’atteste la vogue des unittrusts spécialisés dans les actions duBTP. La propriété commerciale suitles grandes tendances de l’immobi-

lier résidentiel, l’absorption pro-gressive du surplus d’espace créé àla fin des années 80 entraînant uneappréciation des loyers.

BOOM ÉCONOMIQUEA l’origine de cette poussée, le

boom économique que connaît laGrande-Bretagne depuis 1993-1994.Les crédits hypothécaires (mort-gage) se pratiquant à taux variable,la baisse des taux d’intérêt avaitdopé le marché. Leur relèvement, àplusieurs reprises depuis mai, parla Banque d’Angleterre pour luttercontre la surchauffe de la conjonc-ture ne semble pas avoir eu d’effetmajeur sur l’immobilier. Enfin, lesinvestissements massifs de spé-culateurs asiatiques, en particulieren provenance de Hongkong, quin’hésitent pas à payer très cher etcomptant un bien qui a toutes leschances de valoir plus demain, ontaccéléré cette tendance à la hausse.

Les prix en province restentd’une sagesse remarquable, à l’ex-ception de résidences secondairesdans certaines régions du sud-estde l’Angleterre facilement acces-sibles de la capitale. Dans le norddu pays, les acquéreurs potentielsne disposent souvent pas d’unpouvoir d’achat suffisant pour faireface à la surenchère permanente.

Plusieurs incertitudes pèsent ce-pendant sur le boom du logement,en particulier la poursuite de lahausse du loyer de l’argent, quipourrait à la longue agir comme unfrein. Maigre consolation : pourrendre la potion moins amère, leLabour a promis de lutter contre le« gazumping ».

Patrice de Beeret Marc Roche

En Allemagne, stabilisation à l’Ouest, fragilité à l’EstCOLOGNE

correspondanceEldorados au moment de l’unification allemande,

Leipzig et Dresde pourraient devenir de véritablesrepoussoirs pour les professionnels de l’immobilier.Dans toutes les rues, les immeubles neufs côtoientdes façades délabrées, des affichettes signalent auxpassants les milliers de mètres carrés vacants. Leip-zig bat tous les records : un tiers des surfaces inoc-cupées ; les loyers les plus bas du pays. Dans l’eu-phorie de l ’unité, la vil le a connu un boomimmobilier qu’elle n’est pas près, dit-on, de digérer.Son développement économique, dans la région laplus dynamique des nouveaux Länder, ne suffit plusà combler les rêves des promoteurs.

Exceptionnelle, la situation de Leipzig et de Dres-de est révélatrice d’un marché allemand où les effetsdopants de l’unification ont bel et bien disparu. De-puis 1996, l’activité de la branche est restée très sa-tisfaisante, mais elle est beaucoup plus contrastéequ’en 1991, année de référence, où les prix d’achat etde location avaient suivi la forte hausse de la de-mande. A l ’époque, les régions de l ’ex-RDAcommençaient leur processus de « rattrapage », quia beaucoup profité aux investisseurs ouest-alle-mands, avant de se ralentir ces derniers temps. Leschantiers de construction se sont multipliés, lesavantages fiscaux ont soutenu le secteur, avant dedisparaître progressivement.

Le logement tire encore son épingle du jeu. Lesprix des maisons individuelles et les loyers, long-temps orientés à la baisse, se ressaisissent aprèsavoir attiré les particuliers. L’immobilier de bureau,lui, reste fragile. Les experts de la Deutsche BankResearch sont formels : en 1996, « aucun tournantn’est survenu, indiquent-ils dans leur dernier rapportannuel. Alors que le marché ouest-allemand se stabi-

lise à un niveau très modeste, les régions de l’ex-RDApourraient ne pas avoir atteint leur niveau le plusbas ».

Même à l’Ouest, l’évolution est différente selon lesvilles. Francfort, Munich et Hambourg conserventun certain dynamisme. La capitale de la finance restela cité la plus chère du pays, avec des loyers au mètrecarré de 50 à 60 deutschemarks pour des bureaux dequalité (contre 95 deutschemarks voilà six ans). ADüsseldorf, Stuttgart ou Cologne, la tendance esttoujours à la baisse. Les surfaces inoccupées aug-mentent petit à petit, même si la tendance pourraits’inverser progressivement. « L’attitude toujours plusprudente des investisseurs laisse supposer que peu denouveaux projets vont être lancés, ce qui conduira, en1998, à une baisse des surfaces nouvelles », estime legérant d’une importante société immobilière.

Berlin constitue plus que jamais un cas particulier,à cheval entre l’Est et l’Ouest. Les très nombreuxchantiers en cours contribuent à multiplier les équi-pements inutilisés. Pour une grande capitale euro-péenne, la ville offre des prix abordables dans unmarché peu dynamique. Elle traverse une phase dé-licate sur le plan économique : les entreprises ne s’yprécipitent pas, et une bonne partie de la populationactive est sans emploi. Les perspectives ne sontpourtant pas trop pessimistes, car le déménagementdu gouvernement se rapproche. « Nous prévoyons lacréation de soixante-dix mille emplois dans les servicesd’ici à 2001 et l’arrivée de milliers de cadres qui vontrelancer le marché local », indique Stefan Mitropou-los, de la Deutsche Bank Research. Il faudra une di-zaine d’années, estiment actuellement les observa-teurs, avant que l’immobilier berlinois ne senormalise.

Philippe Ricard

DÉPÊCHESa WESTINGHOUSE : le groupe américain (média, énergie) s’estrefusé à confirmer ou à démentir les informations selon lesquelles ilnégocierait la cession de sa division énergie (centrales classiques etnucléaires) au groupe franco-britannique GEC Alsthom et au françaisFramatome. Les deux sociétés ont confirmé leur intérêt mais ont dé-menti toute négociation. Westinghouse, qui contrôle le groupe decommunication américain CBS et Thermo King (transports réfrigé-rés), va regrouper à l’automne ses activités d’énergie, Power Genera-tion et Energy Systems, dans une société distincte, Welco.a ALCATEL : le tribunal de grande instance (TGI) de Paris a rejetéen référé les demandes d’annulation du plan social d’Alcatel-CIT. Cedernier prévoit la suppression de 1 511 emplois dans sept établisse-ments de l’entreprise Alcatel-CIT, dont 400 sur le site de Lannion. Ladirection d’Alcatel affirme avoir trouvé une solution de reclassementpour 1 434 d’entre eux. Le tribunal a estimé qu’il n’avait pas compé-tence pour juger de l’opportunité du plan social lui-même.a PARIBAS : le groupe bancaire français a signé, mardi 5 août, unprotocole d’intention pour la cession de sa filiale néerlandaise Pari-bas Nederland au groupe bancaire belge Bacob-Arco.a BUSINESS OBJECTS : le groupe français, numéro un mondialdes logiciels d’aide à la décision intégrés, a annoncé, mardi 5 août,le rachat du distributeur suisse Delphi Software AG, pour renforcerson implantation internationale.a MERRILL LYNCH : un tribunal de Singapour a cité à compa-raître un ancien consultant financier de la banque d’investissementsaméricaine, Kevin Wallace, quarante-six ans, accusé de blanchimentd’argent à Hongkong, selon le Business Times du mardi 5 août.

Le papetier AWAsupprime 80 emplois dans les Vosges

ÉPINALde notre correspondant

La réorganisation du site papetierd’Arches, dans les Vosges, décidéepar Arjo Wiggins Appleton (AWA),contrôlé à 40 % par le groupeWorms, se traduira par la suppres-sion de 80 emplois sur 453 (dispari-tion des équipes de week-end, réor-ganisation générale des horaires). Ladirection, qui a annoncé cette déci-sion le 1er août, en comité centrald’entreprise, ne prévoit aucun licen-ciement sec. Elle compte obtenirque vingt-trois personnes partent enpréretraite FNE à cinquante-six anset deux mois, et propose quarante etune mutations sur d’autres sites dugroupe. Elle promet aussi une primede 700 000 francs à toute entreprisese développant ou s’implantantdans la région et qui emploierait lessalariés licenciés.

La décision d’AWA est dictée parle souci d’accroître la rentabilité dusite, jugée insuffisante par les ac-tionnaires. Le capital immobilisé dela plus ancienne papeterie des Vos-ges, fondée il y a plus de cinqcents ans, est estimé à 568 millionsde francs et le bénéfice net dégagéen 1996 s’est élevé à 33 millions. Soitun retour sur capital de 6 %, alorsque d’autres sites du groupe dé-passent 20 %. La prévision de béné-fice pour 1997 est de 45 millions,mais les actionnaires ont fixé un ob-jectif de 80 millions.

L’unité d’Arches, célèbre pour sespapiers d’art à aquarelle, produit au-jourd’hui essentiellement du papierdécor pour bois stratifié. En 1995, legroupe avait investi 25 millions defrancs dans une machine spécialepour produire du papier supportpour abrasif. Un équipement depointe qui, disait-on alors, devaitcréer cinquante emplois en trois ans.

Le plan social, rejeté par les délé-gués du personnel, prévoit les pre-miers départs pour fin 1997. Forceouvrière, majoritaire dans l’entre-prise, a annoncé son intention d’es-ter en justice pour obtenir l’annula-tion du plan. Quant à la CGT, elle alancé un appel à un débrayage d’uneheure par jour.

Christophe Dollet

IMMOBILIER En dépit de l’an-nonce, à un rythme assez soutenu, detransactions dans l’immobilier de bu-reau en région parisienne, la reprisede ce marché sinistré depuis cinq ans

n’est pas encore à l’ordre du jour. b LERETOUR prudent sur le marché des in-vestisseurs français et la présence enforce des fonds anglo-saxons ne suf-fisent pas à recréer une dynamique et

à pousser les prix vers le haut commeà Londres. b LES PROFESSIONNELS pa-rient plutôt sur une stabilisation desprix au cours des prochains mois. b ILSSOULIGNENT l’existence d’un marché

à deux vitesses entre les grands « pa-quebots » modernes, dont l’offre seraréfie, et des immeubles vêtustes etmal situés, qui sont condamnés pourla plupart à la démolition. b SI L’ALLE-

MAGNE n’a pas connu de véritablecrise de l’immobilier, la faiblesse del’activité entraîne aujourd’hui unebaisse des prix des bureaux dans laplupart des grandes villes.

Les télécommunications japonaises en pleine effervescenceTOKYO

correspondanceKDD, premier opérateur interna-

tional japonais, et DDI, premier opé-rateur longue distance privé, ont an-noncé, le 4 août, une offre communede services à leurs clients à partird’octobre. Mais ils ont pour l’instantécarté toute possibilité de fusion.

KDD (320 milliards de yens dechiffre d’affaires, soit environ 17 mil-liards de francs), autorisé récemmentà pénétrer le marché national des té-lécommunications, compte toujoursoffrir des services longue distanceaux particuliers d’ici à avril 1998. Deson côté, DDI (670 milliards de yensde chiffres d’affaires, soit 35 milliardsde francs ) envisage de s’ouvrir à l’in-ternational. Pour compliquer leschoses, KDD a annoncé le mêmejour un accord de coopération, plusrestreint, avec Teleway, un opérateurlongue distance concurrent de DDIet filiale de Toyota.

En plein ébullition, le secteur des

télécoms nippons connaîtra, selonles analystes, de nombreux mouve-ments, après la fusion, annoncée enmars, de l’opérateur longue distanceJapan Telecom et de l’opérateur in-ternational ITJ, à laquelle le minis-tère des télécoms vient de donnerson feu vert. Les régles de la concur-rence ont changé du tout au tout :en juin, la Diète a entériné le déman-tèlement tant attendu de NTT et sonaccès à l’international. En corollaire,KDD a été autorisé à pénétrer sur lemarché domestique. NTT sera réor-ganisé en trois sociétés à partird’avril 1999 : l’une fournira des ser-vices internationaux et longue dis-tance nationaux, les deux autrescouvriront les télécommunicationsrégionales de l’Est et de l’Ouest duJapon.

Face à la nouvelle entité ITJ-JapanTelecom, DDI et KDD pourraientêtre tentés de former un autre pôle.Fondé en 1984, DDI est devenu le se-cond opérateur nippon derrière

NTT. Une réussite attribuée à la per-sonnalité du président d’honneur,Kazuo Inamori, le fondateur de Kyo-cera, célèbre pour avoir transformél’atelier familial en multinationale del’électronique. DDI occupe aussi uneposition très solide dans le télé-phone mobile, un marché de 30 mil-lions d’usagers au Japon.

La recomposition du secteur devracompter avec un autre acteur, Toyo-ta, qui contrôle Teleway (opérateurlongue distance), IDO (téléphoniemobile) et détient 17 % d’IDC (opé-rateur international). Le construc-teur automobile nourrit de grandesambitions dans les télécommunica-tions (Le Monde du 6 mai). Quant àl’éventuelle participation de NTT etdes autres opérateurs nippons àl’une ou l’autre des trois grandes al-liances mondiales (AT&T, BT-MCI etGlobal One), elle reste plus que ja-mais à l’ordre du jour.

Brice Pedroletti

Source : Chambre des notaires, Acofi, Cholet-Dupont

Les professionnels tablent sur une stabilisation des prix

LES LOGEMENTS (anciens à Paris) LES BUREAUX (en France)

en milliers en milliers de F*

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* francs constants 19861986 88 90 92 94 96 97 est. 1986 88 90 92 94 96

en milliersNOMBRE DE TRANSACTIONS

en milliers de F*PRIX AU M2

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La reprise ne se profile toujours pas dans l’immobilier de bureau parisienLes investisseurs français commencent à revenir très prudemment sur un marché encore dominé par les fonds américains.

Les AGF ont vendu au groupe MAAF au début de la semaine 45 000 mètres carrés pour 850 millions de francsLES OPÉRATIONS de vente réali-

sées récemment dans l’immobilierde bureau à Paris sont loin d’avoirréussi à raviver l’optimisme des pro-fessionnels. Si le plus dur de la criseappartient au passé, la reprise n’estpas encore dans les esprits.

Commentant la cession, annon-cée lundi 4 août, par les AGF de45 000 mètres carrés de bureaux etde logements répartis dans seize im-meubles entre l’Etoile et l’Opérapour 850 millions de francs, un assu-reur concurrent souligne ainsiqu’elle fait ressortir un prix au mètrecarré de 19 000 francs. « Pas fabu-leux. » Les AGF, qui relativisentl’opération, qualifiée de « petite »,dégageraient une plus-value del’ordre de 20 millions de francs selonl’agence Bloomberg. Quelques se-maines avant cette opération, la ces-sion par le GAN du Centre Ade-nauer, l’un des paquebotsemblématiques de la crise, au fondsd’investissement Crossroad Proper-ty Investors, géré par le groupe Uni-bail, n’avait pas non plus changél’état d’esprit sur le marché. Le GANa, il est vrai, revendu à 30 000 francsle mètre carré ce prestigieux im-meuble de bureau du 16e arrondisse-ment, dont le prix de revient est es-timé à 120 000 francs.

Cette vente et celle réalisée par lesAGF témoignent pourtant du re-tour, prudent, des investisseurs fran-çais vers l’immobilier de bureau. Au

début de l’année déjà, un fonds me-né par le financier français WalterButler avait remporté un lot dedouze immeubles vendu par l’UAP.Les anglo-saxons, américains entête, n’en restent pas moins domi-nants. Ils sont les principaux candi-dats dans le cadre de l’appel d’offresorganisé par Bankers Trust pour cé-der un bloc d’actifs du GAN, logésdans ses structures de défaisanceParixel et Baticrédit. La cession, quis’annonce comme la prochainegrande opération, doit être boucléedans le courant du mois d’août.

Les fonds étrangers qui ont déjàréalisé l’essentiel des 12 milliards defrancs d’acquisitions de 1996 étaient

aussi en première ligne dans l’opé-ration de rachat des cinq tours de laDéfense (avec option pour unesixième) mises en vente par la CGIS,filiale de la Générale des eaux. C’estle groupe canadien SITQ, filiale de laCaisse des dépôts et placements duQuébec, qui a mené cette opérationde 4,2 milliards de francs.

APPROCHE FINANCIÈREMais, à la différence de Londres,

cette présence n’est pas suffisantepour entraîner une dynamique etpousser les prix à la hausse. « Plusqu’un véritable retour de confiance,c’est la primauté de l’approche finan-cière qui a justifié le réveil du secteur

immobilier, dans la mesure où les ren-dements du marché immobilier phy-sique sont supérieurs aux taux d’inté-rêt », constate Frédérique Haftman,analyste chez Cholet-Dupont, dansune étude récente.

Pour les professionnels commeBernard Parnoy, un des experts deFoncier conseil, la filiale du Créditfoncier de France (CFF) en chargedes expertises immobilières, « tantque la croissance est faible et le tauxde chômage élevé, il ne peut pas yavoir de renversement de tendance »,même si après la baisse de 1996« l’évolution de la demande montreque l’on s’oriente vers une stabilisa-tion des prix ».

Selon le CFF, le repli du marchéen 1996 a encore été de l’ordre de10 % à 20 %, les prix ressortant àplus de 40 000 francs le mètre carré« pour les adresses parisiennes lesplus prisées », l’essentiel des valeursse situant entre 13 000 et25 000 francs le mètre carré pour lesbureaux neufs ou récents dans la ca-pitale. En banlieue (hors Hauts-de-Seine), les prix tombent de 4 000 à8 000 francs le mètre carré. Pour laprovince, le marché a retrouvé àLyon un volume de transactionscomparable à celui de 1994, mais lesvaleurs vénales et locatives ne re-partent pas à la hausse ; à Marseilleet à Lille, les stocks ont poursuivileur décrue.

De l’avis des professionnels, l’évo-lution du marché ne pourra plusêtre uniforme. En Ile-de-France,l’immobilier de bureau fonctionne àdeux vitesses. D’un côté, l’offre debureaux neufs se résorbe et repré-sente moins d’un quart du stock en1996. Les grands paquebots (le Was-hington Plaza, rue de Berri, l’ancien

immeuble de la Société générale auTrocadéro ou l’Etoile-Saint-Honoré,ex-siège de Pechiney, rue Balzac)sont occupés à plus de 80 %. Un ef-fet de rareté pourrait même se pro-duire. « Les produits neufs, de grandesurface (de 5 000 à 10 000 mètres car-rés et plus), bien desservis, sont rares.Or il s’écoule un délai de deux à troisans entre la décision de construire denouveaux immeubles et la commer-cialisation. D’ici à l’an 2000, la raretépourrait se transformer en pénurie »,estime Claude Heurteux, présidentdu groupe Auguste-Thouard. La si-tuation est en revanche beaucoupmoins favorable pour les immeubleslibres depuis plus de deux ans (unquart du stock de 4 millions demètres carrés), souvent vieux, malbâtis ou mal situés. « Il y a entre400 000 et 1 million de mètres carrésdits hors marché », estime M. Par-noy, pour lesquels il n’y a guère desolutions autres que le « bulldozer »ou la transformation en logements.

Sophie Fay

Page 12: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

LeMonde Job: WMQ0708--0012-0 WAS LMQ0708-12 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0407 Lcp: 196 CMYK

12 / LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 F I N A N C E S E T M A R C H É S

Repriseà Tokyo

APRÈS trois séances de baisse,la Bourse de Tokyo a regagné duterrain, mercredi 6 août. Sous l’ef-fet d’achats à bon compte, l’indiceNikkei a gagné 187,62 points pours’établir à 19 702,07 points en finde séance, soit une hausse de0,96 %.

La veille, Wall Street avait ter-miné en légère baisse, à l’issued’une séance terne dominée pardes prises de bénéfice. La faiblessedu marché obligataire a continuéà faire pression sur la grandeBourse new-yorkaise. L’indiceDow Jones a cédé 10,91 points(0,13 %), à 8 187,54 points. LaBourse électronique, Nasdaq, a fi-ni la séance sur un nouveau re-cord à 1 621,53 points, en haussede 16 points grâce à la bonne per-formance des valeurs de la hautetechnologie.

En Europe, la Bourse deLondres a terminé en forte hausse,les opérateurs espérant un statuquo sur les taux d’intérêt britan-niques jeudi. L’indice Footsie aterminé en hausse de 64,9 points,à 4 960,60 points, soit un gain de1,3 %. Outre-Rhin, le marchéfrancfortois est repassé au-dessusdes 4 300 points, en gagnant0,13 %, à 4 302,68 points.

a APRÈS trois séances de repli sen-sible, la Bourse de Tokyo s’est ressaisiemercredi 6 août. Le Nikkei a regagné187,62 points, à 19 702,07 points, soitune hausse de 0,96 %.

a L’OR était en baisse à l’ouverture,mercredi 6 août, sur le marché interna-tional de Hongkong. L’once s’échan-geait à 319,10-60 dollars, contre323,15-45 dollars la veille à la clôture.

a LE DOLLAR cotait 119,36-38 yens àTokyo mercredi 6 août en fin deséance, contre 119,23 à New York mar-di soir et 118,55-58 yens à Tokyo, mardien fin de journée.

a LE MATIF a continué de plonger,mardi 5 août. Le contrat échéance sep-tembre a abandonné 56 centièmes, à129,20. Il avait perdu 44 centièmes lun-di et 66 centièmes vendredi.

a LE PRIX du nickel a chuté, mardi5 août, dans l’attente d’une haussedes fournitures russes de ce métal. Lecours à trois mois a plongé de 80 dol-lars, à 7 230 dollars la tonne.

Primagaz, valeur du jourPRIMAGAZ a accusé la plus

forte baisse du marché à règle-ment mensuel, mardi 5 août. L’ac-tion a perdu 6,1 %, à 495,10 francs,avec des transactions portant sur220 000 titres. Primagaz a souffertde l’annonce d’une prévision derecul de 30 % de son résultat cou-rant au premier semestre. Ducoup, plusieurs sociétés de Bourseont revu à la baisse leurs prévi-sions de bénéfice sur l’année ensoulignant l’incertitude qui en-toure le projet d’intégration de

Calor Gas dans Primagaz. CCFElysées Bourse a ramené ses esti-mations de profit par action à18,50 francs pour 1997.

Fermeté du dollarStabilité du Matif LE DOLLAR faisait une nouvelle fois preuve d’une

grande fermeté, mercredi 6 août, à Paris. La devise améri-caine s’échangeait à 6,3518 francs et 1,8810 deutschemarkau cours des premières transactions interbancaires, contrerespectivement 6,3444 francs et 1,8807 deutschemark lorsdes échanges entre banques de mardi soir. Quelquesheures plus tôt, à Tokyo, le billet vert s’est replié contre leyen, en partie sous l’effet des propos d’un conseiller

économique de l’ambassade des Etats-Unis à Tokyo, La-wrence Greenwood, qui a évoqué de possibles tensionscommerciales entre le Japon et les Etats-Unis en raison del’accroissement de l’excédent commercial japonais. Le dol-lar a terminé à 119,10 yens après un plus haut à 119,59 yens.Le repli a été limité après l’intervention du vice-ministre ja-ponais des finances, qui a déclaré que la politique de faibletaux avait toujours des effets positifs sur l’économie.

LE MARCHÉ obligataire français a ouvert sur unenote stable, mercredi 6 août. Après quelques minutes detransactions, le contrat notionnel du Matif, qui mesure laperformance des emprunts d’Etat, cédait 4 centièmes, à129,06 points. La veille, il avait abandonné 56 centièmes.Mardi, sur le marché obligataire américain, le rendementsur les bons du Trésor à 30 ans, principale référence, s’estétabli à 6,49 %, contre 6,47 % lundi soir. Le marché était

tendu en raison du début du programme de refinance-ment trimestriel du gouvernement américain. Le dépar-tement du Trésor a vendu pour 16 milliards de dollars enbons à trois ans, au taux moyen de 6,041 %, le plus basniveau depuis le 11 février. Il poursuivra ses adjudicationstrimestrielles avec la vente mercredi de 12 milliards enbons à dix ans et jeudi de 10 milliards en bons à trenteans. Ces derniers ne sont offerts que deux fois par an.

Nouvelle baisse à Paris

POUR la quatrième séance consé-cutive, les valeurs françaises cé-daient du terrain, mercredi 6 août, àla Bourse de Paris. En repli de0,08 % au début des transactions,l’indice CAC 40 abandonnait 0,62 %à 2 965,52 quelques minutes plustard.

La veille, la Bourse de Paris avaitterminé sur un léger repli, au-dessusde ses plus bas niveaux du jour,dans un marché largement dominépar Wall Street. « Il n’y a pas beau-coup d’éléments pour rebondir. Et dé-sormais la hausse du dollar est prisecomme une mauvaise nouvelle »,soulignait un intervenant.

L’indice CAC 40 a finalement per-du 8,31 points, soit 0,28 %, à 2 984,10points. Les transactions ont portésur 7,21 milliards de francs dont5,5 milliards de francs sur les valeursde l’indice CAC 40. Après l’ouver-ture de Wall Street, le marché pari-sien a strictement réglé sa marchesur celle de l’indice Dow Jones.

Les spéculations autour d’un re-lèvement des taux allemands, quiont pesé sur le marché en milieu de

journée, ne sont guère prises au sé-rieux par les intervenants, dans lamesure où une telle décision pour-rait mettre en péril la croissanceOutre-Rhin.

« Les craintes de tensions sur lestaux allemands sont infondées. Ellespourraient être en revanche fondéesaux Etats-Unis », notait mardi soirun opérateur.

LES PLACES BOURSIERESCAC 40

qCloture

CAC 40

p1 mois

CAC 40

p1 an

MIDCAC

p1 mois

NEW YORK

qDOW JONES

LONDRES

qFT 100

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nMIB 30

FRANCFORT

pDAX 30

LES TAUX LES MONNAIESPARIS

nJour le jour

PARIS

pOAT 10 ans

NEW YORK

qJour le jour

NEW YORK

pBonds 10 ans

FRANCFORT

pJour le jour

FRANCFORT

pBunds 10 ans

US / F

p6,3415

US / DM

p1,8792

US / ¥

p119,2300

DM/F

p3,3768

£ / F

p10,3240

LES TAUX DE REFERENCETaux Taux Taux Indice

TAUX 05/08 jour le jour 10 ans 30 ans des prixFrance 3,15 5,56 6,29 1,70Allemagne 3,02 5,65 6,32 1,80Grande-Bretagne 6,63 7,05 NC 2,80Italie 6,81 6,66 7,27 2,60Japon 0,48 2,35 NC 0,50Etats-Unis 5,53 6,22 6,48 3,30

LE MARCHE MONETAIRE (taux de base bancaire 6,30 %)Achat Vente Achat Vente05/08 05/08 04/08 04/08

Jour le jour 3,1875 .... 3,1875 ....1 mois 3,25 3,38 3,24 3,363 mois 3,33 3,45 3,34 3,496 mois 3,45 3,57 3,44 3,541 an 3,43 3,68 3,58 3,70PIBOR FRANCSPibor Francs 1 mois 3,3555 .... 3,3477 ....Pibor Francs 3 mois 3,4336 .... 3,4102 ....Pibor Francs 6 mois 3,5625 .... 3,5000 ....Pibor Francs 9 mois 3,6563 .... 3,5859 ....Pibor Francs 12 mois 3,7188 .... 3,6523 ....PIBOR ECUPibor Ecu 3 mois 4,3854 .... 4,3177 ....Pibor Ecu 6 mois 4,4427 .... 4,3750 ....Pibor Ecu 12 mois 4,5104 .... 4,4375 ....

MARCHE DES CHANGES A PARISDEVISES cours BDF 05/08 % 04/08 Achat VenteAllemagne (100 dm) 337,6800 + 0,10 .... ....Ecu 6,6635 + 0,11 .... ....Etats-Unis (1 usd) 6,3415 + 0,51 .... ....Belgique (100 F) 16,3535 + 0,10 .... ....Pays-Bas (100 fl) 299,7800 + 0,11 .... ....Italie (1000 lir.) 3,4510 + 0,14 .... ....Danemark (100 krd) 88,6100 + 0,09 .... ....Irlande (1 iep) 9,0785 – 0,23 .... ....Gde-Bretagne (1 L) 10,3240 + 0,53 .... ....Grece (100 drach.) 2,1655 + 0,14 .... ....Suede (100 krs) 78,6600 + 0,50 .... ....Suisse (100 F) 413,8300 + 0,49 .... ....Norvege (100 k) 81,8300 + 0,17 .... ....Autriche (100 sch) 47,9870 + 0,10 .... ....Espagne (100 pes.) 3,9935 – 0,06 .... ....Portugal (100 esc. 3,3350 .... .... ....Canada 1 dollar ca 4,5930 + 0,44 .... ....Japon (100 yens) 5,3547 + 0,75 .... ....Finlande (mark) 113,3200 + 0,15 .... ....

MARCHE INTERBANCAIRE DES DEVISESDEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 moisDollar Etats-Unis 6,3057 6,3047 6,2885 6,2875Yen (100) 5,3187 5,3156 5,3244 5,3114Deutschemark 3,3748 3,3743 3,3743 3,3738Franc Suisse 4,1246 4,1212 4,1155 4,1062Lire ital. (1000) 3,4422 3,4388 3,4620 3,4537Livre sterling 10,2757 10,2613 10,2562 10,2467Peseta (100) 3,9967 3,9928 4,0009 3,9989Franc Belge (100) 16,344 16,337 16,363 16,329

NEW YORKLes valeurs du Dow-Jones

05/08 04/08Alcoa 88,31 87,25Allied Signal 92 92,37American Express 82,87 83,18AT & T 37,93 37,43Boeing Co 58,37 58,25Caterpillar Inc. 58,18 58,87Chevron Corp. 79,68 79,50Coca-Cola Co 68,31 68,93Disney Corp. 79,93 80,93Du Pont Nemours&Co 68,12 67,06Eastman Kodak Co 67,68 68,18Exxon Corp. 63,68 64Gen. Motors Corp.H 63,12 62,68Gen. Electric Co 67,93 67,93Goodyear T & Rubbe 63,81 64,12Hewlett-Packard 70,37 69,68IBM 107,56 106,43Intl Paper 56,62 57,06J.P. Morgan Co 113,31 114Johnson & Johnson 61,68 60,87Mc Donalds Corp. 52,31 52,93Merck & Co.Inc. 103,25 102,93Minnesota Mng.&Mfg 95,25 95,18Philip Moris 44 44,68Procter & Gamble C 148,06 149,31Sears Roebuck & Co 64,31 64,37Travelers 69,50 69,75Union Carb. 55,81 55,50Utd Technol 84,06 84,68Wal-Mart Stores 37,56 37,87

LONDRESSelection de valeurs du FT 100

05/08 04/08Allied Lyons 4,41 4,40Barclays Bank 12,80 12,86B.A.T. industries 5,11 5,01British Aerospace 13,60 13,55British Airways 6,28 6,10British Petroleum 8,60 8,20British Telecom 4,15 4,24B.T.R. 1,86 1,82Cadbury Schweppes 6,02 5,85Eurotunnel 0,71 0,71Forte .... ....Glaxo Wellcome 13,29 13,01Granada Group Plc 8,23 8,38Grand Metropolitan 5,91 5,90Guinness 5,83 5,83Hanson Plc 0,87 0,87Great lc 6,25 6,15H.S.B.C. 21,46 21,60Imperial Chemical 10,24 10,18Legal & Gen. Grp 4,48 4,34Lloyds TSB 7,47 7,30Marks and Spencer 5,86 5,89National Westminst 8,32 8,70Peninsular Orienta 6,28 6,34Reuters 6,49 6,35Saatchi and Saatch 1,31 1,30Shell Transport 4,59 4,44Tate and Lyle 4,08 4,01Univeler Ltd 18,40 18,39Zeneca 20,41 20,10

FRANCFORTLes valeurs du DAX 30

05/08 04/08Allianz Holding N 442 443,50Basf AG 70,50 70,40Bayer AG 75,10 75,55Bay hyp&Wechselbk 72,45 72,05Bayer Vereinsbank 94 95,80BMW 1472 1456Commerzbank 62,35 61,50Daimler-Benz AG 148,10 146,95Degussa 100 100Deutsche Bank AG 116,90 117,40Deutsche Telekom 42,50 42,65Dresdner BK AG FR 79 80,50Henkel VZ 100,50 100,10Hoechst AG 84,20 82,55Karstadt AG 663 675Linde AG 1365 1340DT. Lufthansa AG 35,35 34,75Man AG 544 549,50Mannesmann AG 880,50 878Metro 93,65 95,20Muench Rue N 6815 6730Preussag AG 562 548,50Rwe 81 80,50Sap VZ 443,50 439,50Schering AG 203,50 200,50Siemens AG 121,30 122,85Thyssen 403 412Veba AG 107,60 106,90Viag 774,50 774Volkswagen VZ 981,50 992

1956,60

Indice SBF 250 sur 3 mois2003,43

1946,92

1890,41

1833,90

1777,39

1720,88f7 mai 20 juin 5 aoutg

1937,38

Indice second marche sur 3 mois1947,59

1913,94

1880,30

1846,65

1813,01

1779,36f7 mai 20 juin 5 aoutg

1646,29

Indice MidCac sur 1 mois1651,75

1639,79

1627,82

1615,86

1603,89

1591,93f7 juil. 22 juil. 5 aoutg

8185,91

New York. Dow Jones sur 3 mois8254,90

7975,33

7695,76

7416,19

7136,62f7 mai 20 juin 5 aoutg

4947,70

Londres. FT100 sur 3 mois4949

4851,03

4753,05

4655,08

4557,10f7 mai 20 juin 5 aoutg

4302,68

Francfort. Dax 30 sur 3 mois4438,93

4215,06

3991,18

3767,31

3543,43f7 mai 20 juin 5 aoutg

PRINCIPAUX ECARTSAU REGLEMENT MENSUEL

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 06/08 05/08 31/12Comptoirs Mod. 2912 + 2,03 + 4Christian Dior 969 + 1,78 + 15,77Bouygues Offs. 194,50 + 1,77 + 46,24Sophia 230 + 1,76 + 21,05De Dietrich 245 + 1,65 + 25,31Fimalac SA 519 + 1,56 + 7,67Lapeyre 368 + 1,37 + 23,48Selectibanque 68 + 1,34 – 6,84DMC (Dollfus Mi) 100 + 1,21 – 20,50Cerus Europ.Reun 33,70 + 1,20 + 4,59

BAISSES, 10 h 15Europe 1 1360 – 2,85 + 23,63Michelin 369,50 – 2,81 + 31,91Essilor Intl.ADP 1545 – 2,52 + 18,84Chargeurs 350,30 – 2,42 + 36,30Club Mediterranee 488 – 2,40 + 44,89Bull# 64 – 2,14 + 100,31Legrand 1173 – 1,84 + 32,69B.N.P. 270 – 1,81 + 34,46Bazar Hot. Ville 560 – 1,75 + 26,15Euro Disney 8,75 – 1,68 – 15,04

PRINCIPAUX ECARTSAU SECOND MARCHE

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 06/08 05/08 31/12EXEL Industries 340 + 2,99 ....S.T. Dupont# 175 + 2,33 – 0,56Naf-Naf # 75 + 2,11 + 43,95ICBT Groupe # 242 + 2,10 + 19,80Faiveley # 220 + 1,85 – 30,15

BAISSES, 10 h 15Comp.Euro.Tele-CET 523 – 4,90 + 23,93Seribo 176 – 4,34 – 1,12Virbac 542 – 3,21 – 12,15Aigle # 310 – 2,20 + 82,35ADA 452,20 – 2,12 + 10,29

495,10Primagaz sur 1 mois

556

543,82

531,64

519,46

507,28

495,10f23 juin 15 juil. 5 aoutg

2984,10

Indice CAC 40 sur un an3075,67

2854,66

2633,65

2412,63

2191,62

1970,61f6 aout 4 fev. 5 aoutg

129,20

Notionnel 10 % premiere echeance, 1 an

132,68

130,74

128,81

126,87

124,94

123f5 aout 12 fev. 5 aoutg

LES MATIERES PREMIERESINDICES

06/08 05/08Dow-Jones comptant 149,90 ....Dow-Jones a terme 152,02 151,80CRB 245,26 243,60

METAUX (Londres) dollars/tonneCuivre comptant 2314,50 2306,50Cuivre a 3 mois 2290 2304Aluminium comptant 1728,50 1723,50Aluminium a 3 mois 1747 1726,50Plomb comptant 626,25 612,75Plomb a 3 mois 636,50 606Etain comptant 5537,50 5522,50Etain a 3 mois 5585 5587,50Zinc comptant 1571 1591,75Zinc a 3 mois 1493,50 1498,50Nickel comptant 7257,50 7076,50Nickel a 3 mois 7295 7260

METAUX (New-York) $/onceArgent a terme 448,60 429,70Platine a terme .... ....Palladium 207,60 219,60GRAINES, DENREES (Chicago) $/boisseauBle (Chicago) 354,75 353,25Maıs (Chicago) 263,75 254,50Grain. soja (Chicago) 765,25 763Tourt. soja (Chicago) 260,30 258,80GRAINES, DENREES (Londres) £/tonneP. de terre (Londres) 62 ....Orge (Londres) 77,25 ....SOFTS $/tonneCacao (New-York) 1546 1529Cafe (Londres) 1660 1655Sucre blanc (Paris) 325,70 324,60OLEAGINEUX, AGRUMES cents/tonneCoton (New-York) 75,06 74,80Jus d’orange (New-York) 75,10 75,15

L’ORcours 05/08 cours 04/08

Or fin (k. barre) 65400 65400Or fin (en lingot) 65350 65600Once d’Or Londres 323,55 ....Piece francaise(20f) 376 378Piece suisse (20f) 376 377Piece Union lat(20f) 376 377Piece 20 dollars us 2300 2400Piece 10 dollars us 1325 1380Piece 50 pesos mex. 2430 2435

LE PETROLEEn dollars cours 06/08 cours 05/08Brent (Londres) 19,45 19,54WTI (New York) 20,42 20,71Light Sweet Crude 20,70 20,78

INDICES MONDIAUXCours au Cours au Var.

05/08 04/08 en %Paris CAC 40 2990,16 2992,41 – 0,08New-York/DJ indus. 8185,91 8198,45 – 0,15Tokyo/Nikkeı 19514,50 19668,10 – 0,79Londres/FT100 4947,70 4895,70 + 1,05Francfort/Dax 30 4302,68 4296,94 + 0,13Frankfort/Commer. 1446,97 1446 + 0,07Bruxelles/Bel 20 3018,43 3018,43 ....Bruxelles/General 2464,63 2470,34 – 0,23Milan/MIB 30 1115 1115 ....Amsterdam/Ge. Cbs 669,30 664,70 + 0,69Madrid/Ibex 35 580,11 583,72 – 0,62Stockholm/Affarsal 2576,01 2576,01 ....Londres FT30 3091,20 3073,20 + 0,58Hong Kong/Hang S. 16371,50 16259,60 + 0,68Singapour/Strait t 1951,71 1963,60 – 0,61

CAC 40/5 joursMAX3075,67

3029

2984,10MIN

M J V L M

VALEURS LES PLUS ACTIVES06/08 Titres Capitalisation

SEANCE, 10 h 15 echanges en FCarrefour 11498 46041085Alcatel Alsthom 35840 30023235Total 46601 28066553Elf Aquitaine 33577 22552184L’Oreal 8442 20209069Axa 42470 17031504,30Eaux (Gle des) 20677 14994871Societe Generale 17526 13927212Castorama Dub.(Li) 19693 13831168Rhone Poulenc A 52992 13654352,40

INDICES SBF 120-250, MIDCACET SECOND MARCHE

05/08 04/08 Var. %Ind. gen. SBF 120 2043,12 2049,19 – 0,30Ind. gen. SBF 250 1956,60 1962,36 – 0,29Ind. Second Marche 1937,38 1935,51 + 0,10Indice MidCac 1646,29 1651,75 – 0,33

Valeurs indus. 2278,92 2277,70 + 0,051 - Energie 2591,72 2590,13 + 0,062 - Produits de base 2191,51 2189,70 + 0,083 - Construction 1890,91 1897,41 – 0,344 - Biens d’equip. 1693,97 1690,15 + 0,235 - Automobile 2406,44 2410,43 – 0,176 - Biens consom. 3795,26 3794,27 + 0,037 - Indus. agro-alim. 1775,64 1771,29 + 0,25Services 2131,17 2152,55 – 0,998 - Distribution 4135,34 4185,20 – 1,199 - Autres services 1354,47 1366,09 – 0,85Societes financieres 1409,29 1414,62 – 0,3810 - Immobilier 760,43 762,31 – 0,2511 - Services financ. 1400 1403,49 – 0,2512 - Societes invest. 1922,32 1938,09 – 0,81

MATIF

Echeances05/08 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixNOTIONNEL 10 %Sept. 97 186181 129,20 129,92 129,14 129,90Dec. 97 2634 98,26 98,84 98,20 98,84Mars 98 2 98,24 98,24 98,24 98,24

PIBOR 3 MOISSept. 97 34356 96,39 96,46 96,36 96,43Dec. 97 30645 96,21 96,32 96,15 96,28Mars 98 12005 96,09 96,22 96,06 96,17Juin 98 8805 95,97 96,11 95,96 96,06ECU LONG TERMESept. 97 1342 96,18 96,86 96,16 96,80

CONTRATS A TERME SUR INDICE CAC 40

Echeances05/08 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixAout 97 12870 2989 3035 2965 3032Sept. 97 680 2997 3044 2980 3038Dec. 97 1 3063 3063 3063 3063Mars 98 .... .... .... .... ....

MARCHE OBLIGATAIREDE PARIS

Taux Taux indiceTAUX DE RENDEMENT au 05/08 au 04/08 (base 100 fin 96)Fonds d’Etat 3 a 5 ans 4,22 4,21 98,50Fonds d’Etat 5 a 7 ans 5 4,96 100,09Fonds d’Etat 7 a 10 ans 5,47 5,42 101,48Fonds d’Etat 10 a 15 ans 5,81 5,77 101,20Fonds d’Etat 20 a 30 ans 6,39 6,35 102,67Obligations francaises 5,76 5,73 101,02Fonds d’Etat a TME – 1,95 – 1,96 98,28Fonds d’Etat a TRE – 2,18 – 2,15 98,86Obligat. franc. a TME – 2,20 – 2,03 99,14Obligat. franc. a TRE + 0,07 + 0,07 100,14

TAUX D’INTERET DES EURODEVISESDEVISES 1 mois 3 mois 6 moisEurofranc 3,32 3,39 3,50Eurodollar 5,56 5,64 5,75Eurolivre 6,88 7,07 7,20Eurodeutschemark 3,09 3,19 3,32

PARITES DU DOLLAR 06/08 05/08 Var. %FRANCFORT : USD/DM 1,8792 1,8654 + 0,73TOKYO : USD/Yens 119,2300 118,3200 + 0,76

Page 13: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

LeMonde Job: WMQ0708--0013-0 WAS LMQ0708-13 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0408 Lcp: 196 CMYK

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 / 13

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997

F INANCES ET MARCHES LE MONDE / JEUDI 7 AOUT 1997 / 13

VALEURS Cours Derniers %Paiement

FRANCAISES preced. cours + –dernier

coup. (1)

B.N.P. (T.P) ................... 990 .... .... 30/07/97Cr.Lyonnais(T.P.) .......... 930 930 .... 22/10/96Renault (T.P.) ................ 1730 1745 + 0,86 24/10/96Rhone Poulenc(T.P) ...... 2237 .... .... 01/10/96Saint Gobain(T.P.)......... 1305 1295 – 0,76 15/07/97Thomson S.A (T.P) ........ 978 980 + 0,20 01/08/97Accor............................. 945 937 – 0,84 13/06/97AGF-Ass.Gen.France ..... 215,30 212,30 – 1,39 07/07/97Air Liquide .................... 941 932 – 0,95 05/06/97Alcatel Alsthom ............. 845 837 – 0,94 27/06/97Axime............................ 672 674 + 0,29 ....Axa................................ 403,20 400 – 0,79 14/05/97Bail Investis................... 713 714 + 0,14 11/07/97Bancaire (Cie) ............... 775 765 – 1,29 12/05/97Bazar Hot. Ville ............. 570 560 – 1,75 12/06/97Bertrand Faure.............. 335 338 + 0,89 29/07/97BIC................................ 516 512 – 0,77 09/07/97BIS ................................ 510 .... .... 01/07/96B.N.P. ........................... 275 270 – 1,81 17/07/97Bollore Techno.............. 771 775 + 0,51 01/07/97Bongrain....................... 2320 2330 + 0,43 15/05/97Bouygues ...................... 506 504 – 0,39 01/08/97Bouygues Offs. .............. 191,10 194,50 + 1,77 26/06/97Bull#.............................. 65,40 64 – 2,14 ....Canal + ......................... 1100 1094 – 0,54 19/08/97Cap Gemini................... 382 384 + 0,52 09/05/97Carbone Lorraine.......... 1575 1555 – 1,26 03/07/97Carrefour ...................... 3996 3990 – 0,15 28/04/97Casino Guichard............ 286 284,70 – 0,45 10/06/97Casino Guich.ADP......... 240,30 240,10 – 0,08 10/06/97Castorama Dub.(Li)....... 707 701 – 0,84 02/07/97C.C.F. ............................ 307,90 307,10 – 0,25 20/05/97Cegid (Ly)...................... 630 630 .... 27/05/97Cerus Europ.Reun......... 33,30 33,70 + 1,20 01/07/90Cetelem......................... 701 700 – 0,14 01/04/97CGIP ............................. 1798 1798 .... 13/06/97Chargeurs ..................... 359 350,30 – 2,42 25/06/97Christian Dalloz............. 2530 2502 – 1,10 02/07/97Christian Dior ............... 952 969 + 1,78 20/06/97Ciments Francais........... 221 219,10 – 0,85 13/08/97Cipe France Ly #............ 715 710 – 0,69 12/08/97Clarins........................... 774 761 – 1,67 21/07/97Club Mediterranee........ 500 488 – 2,40 24/06/96Coflexip......................... 453 456 + 0,66 10/06/97Colas ............................. 789 780 – 1,14 30/06/97Comptoir Entrep. .......... 11 11 .... 15/07/92Comptoirs Mod............. 2854 2912 + 2,03 13/06/97

CPR ............................... 490,50 490 – 0,10 10/07/97Cred.Fon.France ............ 64 64 .... 16/06/95Credit Lyonnais CI ......... 347,80 345 – 0,80 01/07/93Cred.Nat.Natexis ........... 377,90 376 – 0,50 13/06/97CS Signaux(CSEE).......... 218 216 – 0,91 01/07/97Damart .......................... 4800 .... .... 19/12/96Danone.......................... 954 951 – 0,31 20/05/97Dassault-Aviation........... 1399 1390 – 0,64 04/07/97Dassault Electro ............. 563 562 – 0,17 11/06/97Dassault Systemes.......... 403 404,90 + 0,47 18/07/97De Dietrich .................... 241 245 + 1,65 10/07/97Degremont .................... 450 450 .... 06/06/97Deveaux(Ly)#................. 737 736 – 0,13 29/08/97Dev.R.N-P.Cal Li # ......... 45,90 45,90 .... ....Dexia France.................. 587 586 – 0,17 25/06/97DMC (Dollfus Mi) .......... 98,80 100 + 1,21 20/06/96Dynaction ...................... 142,90 142,20 – 0,48 10/07/92Eaux (Gle des) ................ 730 726 – 0,54 01/07/97Eiffage ........................... 330 330 .... 01/07/96Elf Aquitaine .................. 673 674 + 0,14 18/06/97Eramet ........................... 333 329,90 – 0,93 15/07/96Eridania Beghin ............. 843 836 – 0,83 11/07/97Essilor Intl ...................... 1665 1655 – 0,60 02/07/97Essilor Intl.ADP.............. 1585 1545 – 2,52 02/07/97Esso ............................... 520 519 – 0,19 26/06/97Eurafrance ..................... 2542 2550 + 0,31 19/12/96Euro Disney ................... 8,90 8,75 – 1,68 23/02/93Europe 1 ........................ 1400 1360 – 2,85 02/04/97Eurotunnel..................... 7,35 7,25 – 1,36 ....Fimalac SA ..................... 511 519 + 1,56 25/06/97Finextel .......................... 106 .... .... 26/06/97Fives-Lille....................... 397,70 400 + 0,57 10/07/96Fromageries Bel............. 4155 4150 – 0,12 30/07/97Galeries Lafayette .......... 2390 2380 – 0,41 30/06/97GAN............................... 148,70 150 + 0,87 05/07/94Gascogne (B) ................. 541 543 + 0,36 12/06/97Gaumont #..................... 446,50 439,10 – 1,65 12/05/97Gaz et Eaux .................... 2600 2600 .... 06/06/97Geophysique.................. 660 650 – 1,51 12/07/93G.F.C.............................. 493 493 .... 28/07/97Groupe Andre S.A. ......... 530 535 + 0,94 12/02/96Gr.Zannier (Ly) # ........... 165 165 .... 01/07/97GTM-Entrepose............. 332 333 + 0,30 29/07/97Guilbert ......................... 860 861 + 0,11 25/07/97Guyenne Gascogne........ 2075 2070 – 0,24 13/06/97Hachette Fili.Med. ......... 1268 1250 – 1,41 19/06/97Havas............................. 407 401,50 – 1,35 22/08/97Havas Advertising .......... 691 699 + 1,15 03/09/97Imetal ............................ 846 850 + 0,47 25/06/97Immeubl.France............. 333 330 – 0,90 25/06/97Infogrames Enter. .......... 850 850 .... ....Ingenico......................... 144,50 145 + 0,34 04/08/97Interbail ......................... 160,20 161,50 + 0,81 30/06/97Intertechnique ............... 1440 1440 .... 30/09/96Jean Lefebvre ................. 305,10 306,10 + 0,32 10/06/97Klepierre ........................ 783 790 + 0,89 03/04/97Labinal........................... 1600 1600 .... 09/07/97Lafarge .......................... 422,80 419,40 – 0,80 02/06/97Lagardere ...................... 174,50 172,80 – 0,97 22/07/97Lapeyre.......................... 363 368 + 1,37 27/05/97Lebon............................. 219 219,50 + 0,22 03/07/97Legrand ......................... 1195 1173 – 1,84 13/06/97Legrand ADP ................. 774 769 – 0,64 13/06/97Legris indust. ................. 269,10 270 + 0,33 02/07/97

Locindus ........................ 785 785 .... 01/07/97L’Oreal........................... 2385 2378 – 0,29 01/07/97LVMH Moet Hen. .......... 1535 1526 – 0,58 13/06/97Marine Wendel .............. 650 650 .... 29/11/96Metaleurop.................... 93 92 – 1,07 04/07/90Metrologie Inter. ........... 14,55 14,55 .... ....Michelin ........................ 380,20 369,50 – 2,81 11/07/97Moulinex #..................... 146 144 – 1,36 14/09/92Nord-Est........................ 121,80 121,10 – 0,57 08/07/97Nordon (Ny) .................. 385 .... .... ....NRJ # ............................. 910 910 .... 15/04/97Olipar ............................ 75 75,90 + 1,20 ....Paribas........................... 442,30 438 – 0,97 05/05/97Pathe ............................. 1197 1205 + 0,66 25/06/97Pechiney........................ 272,60 272,10 – 0,18 14/08/97Pernod-Ricard ............... 306,40 305 – 0,45 14/05/97Peugeot ......................... 698 691 – 1 04/07/97Pinault-Print.Red........... 2715 2705 – 0,36 01/07/97Plastic-Omn.(Ly)............ 500 500 .... 16/06/97Primagaz ....................... 495,10 496,50 + 0,28 12/06/97Promodes ...................... 2359 2370 + 0,46 09/06/97Publicis # ....................... 610 615 + 0,81 11/07/97Remy Cointreau............. 127,70 127,90 + 0,15 07/11/96Renault .......................... 170 167,70 – 1,35 07/08/96Rexel.............................. 1650 1640 – 0,60 01/07/97Rhone Poulenc A............ 258 257,30 – 0,27 03/06/97Rochette (La) ................. 28 28 .... 25/06/92Rue Imperiale(Ly) .......... 5500 .... .... 10/07/97Sade (Ny)....................... 194 192 – 1,03 20/06/97Sagem SA....................... 3049 .... .... 10/07/97Saint-Gobain ................. 889 885 – 0,44 31/07/97Salomon (Ly) ................. 489 488,50 – 0,10 01/10/96Salvepar (Ny) ................. 450 450 .... 27/09/96Sanofi ............................ 619 615 – 0,64 18/06/97Sat ................................. 1571 1552 – 1,20 10/07/97Saupiquet (Ns)............... 621 621 .... 21/04/97Schneider SA.................. 341,30 343,80 + 0,73 02/07/97SCOR............................. 265 262 – 1,13 04/06/97S.E.B. ............................. 1015 1025 + 0,98 13/06/97Sefimeg CA.................... 386 385,50 – 0,12 15/07/97SEITA............................. 185 183 – 1,08 17/06/97Selectibanque ................ 67,10 68 + 1,34 12/07/96SFIM.............................. 882 880 – 0,22 01/08/96SGE................................ 139,90 139,90 .... 08/08/95Sidel............................... 448,20 449,30 + 0,24 06/06/97Silic CA .......................... 834 835 + 0,11 15/07/97Simco ............................ 464 464,90 + 0,19 04/07/97S.I.T.A............................ 1221 1208 – 1,06 23/07/97Skis Rossignol ................ 122,50 122 – 0,40 27/09/96Societe Generale............ 800 797 – 0,37 20/05/97Sodexho Alliance............ 2999 2968 – 1,03 05/03/97Sommer-Allibert ............ 209,50 209,70 + 0,09 19/06/97Sophia ........................... 226 230 + 1,76 30/06/97Spir Communic. # .......... 500 500 .... 30/05/97Strafor Facom................ 434,90 433,80 – 0,25 04/07/97Suez Lyon.des Eaux........ 656 646 – 1,52 26/06/97Synthelabo..................... 759 753 – 0,79 26/06/97Technip ......................... 774 774 .... 30/05/97Thomson-CSF................ 158,60 158,40 – 0,12 10/07/97Total .............................. 604 602 – 0,33 03/06/97UFB Locabail ................. 562 .... .... 01/04/97UIF ................................ 405 403 – 0,49 30/06/97UIS ................................ 210 210 .... 03/07/97Unibail........................... 588 587 – 0,17 10/06/97

Union Assur.Fdal ........... 645 650 + 0,77 16/06/97Usinor ........................... 117,50 116,30 – 1,02 01/07/97Valeo ............................. 382,90 380 – 0,75 02/07/97Vallourec........................ 385,20 386 + 0,20 03/07/97Via Banque .................... 177 .... .... 13/06/95Worms & Cie ................. 349,70 345 – 1,34 13/06/97Zodiac ex.dt divid .......... 1473 1482 + 0,61 20/01/97Elf Gabon....................... 1394 1396 + 0,14 16/12/96....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

VALEURS Cours Derniers %Paiement

ETRANGERES preced. cours + –dernier

coup. (1)

ABN Amro Hol.#............ 140,20 140,80 + 0,42 30/05/97Adecco S.A..................... 2450 2420 – 1,22 30/05/97Adidas AG # ................... 731 740 + 1,23 30/05/97American Express .......... 528 525 – 0,56 08/08/97Anglo American # .......... 349,30 .... .... 28/07/97Amgold # ....................... 330 .... .... 06/06/97Arjo Wiggins App........... 16,70 .... .... 28/05/97A.T.T. # .......................... 235,80 242 + 2,62 01/08/97Banco Santander #......... 172,30 172,50 + 0,11 31/07/97Barrick Gold #................ 140,40 139,50 – 0,64 16/06/97B.A.S.F. # ....................... 241 243 + 0,82 16/05/97Bayer # .......................... 253,90 254,90 + 0,39 02/05/97Cordiant PLC................. 13,50 13,50 .... 01/07/97Crown Cork ord.# .......... 326,50 322 – 1,37 20/05/97Crown Cork PF CV# ....... 304 305 + 0,32 20/05/97Daimler Benz #.............. 503 503 .... 30/05/97De Beers # ..................... 227 .... .... 28/05/97Deutsche Bank #............ 397 391,90 – 1,28 21/05/97Dresdner Bank #............ 267,30 265 – 0,86 27/05/97Driefontein # ................. a 44,45 43,40 – 2,36 06/08/97Du Pont Nemours #....... 433,80 432,80 – 0,23 12/06/97Eastman Kodak # ........... 435 430,80 – 0,96 01/07/97East Rand #.................... 1,33 1,35 + 1,50 15/08/94Echo Bay Mines # .......... 31,50 31,30 – 0,63 31/12/96Electrolux #.................... 472,40 480 + 1,60 13/05/97Ericsson # ...................... 281 284,80 + 1,35 09/05/97Ford Motor # ................. 259,80 .... .... 02/09/97Freegold # ..................... 30,50 30,50 .... 14/03/97Gencor act.regr.............. 14,40 14,35 – 0,34 ....General Elect. #.............. 432,90 429,20 – 0,85 25/07/97General Motors #........... 398,50 400 + 0,37 10/06/97Gle Belgique # ............... 572 .... .... 28/05/97Grd Metropolitan .......... 61,10 60,80 – 0,49 07/04/97Guinness Plc # ............... 59,50 59,10 – 0,67 20/05/97Hanson PLC reg............. 30,95 .... .... ....Harmony Gold # ............ 29,40 28,90 – 1,70 01/09/95Hitachi #........................ 71 71 .... 31/12/99

Hoechst # ...................... 287,80 288 + 0,06 07/05/97I.B.M # .......................... 683 678 – 0,73 10/06/97I.C.I #............................. 105 105 .... 21/04/97Ito Yokado # .................. 346,50 353,40 + 1,99 03/03/97Kingfisher plc #.............. 75 74 – 1,33 01/07/97Matsushita #.................. 128 128,30 + 0,23 27/03/97Mc Donald’s # ............... 334,90 332,30 – 0,77 13/06/97Merck and Co # ............. 650 655 + 0,76 01/07/97Mitsubishi Corp.#.......... 64,50 66 + 2,32 30/06/97Mobil Corporat.#........... 479,80 481 + 0,25 10/09/97Morgan J.P. # ................ 715 724 + 1,25 15/07/97Nestle SA Nom. # .......... 7990 8000 + 0,12 11/06/97Nipp. MeatPacker #....... 78 77,80 – 0,25 01/04/97Nokia A ......................... 536 546 + 1,86 08/04/97Norsk Hydro #............... 325,40 326 + 0,18 22/05/97Petrofina # .................... 2420 2355 – 2,68 28/05/97Philip Morris #............... 281,10 280,70 – 0,14 10/07/97Philips N.V #.................. 500 499 – 0,20 08/04/97Placer Dome Inc # ......... 107 107,10 + 0,09 25/06/97Procter Gamble # .......... 939 943 + 0,42 15/08/97Quilvest ......................... 380 381 + 0,26 16/07/97Randfontein #................ 12,80 12,30 – 3,90 05/02/97Rhone Poul.Rorer # ....... 606 612 + 0,99 30/05/97Rio Tinto PLC # ............. 101,10 102 + 0,89 21/04/97Royal Dutch #................ 356 359,80 + 1,06 26/05/97Sega Enterprises............ 197 .... .... 31/12/99Saint-Helena #............... 24,50 .... .... 14/03/97Schlumberger # ............. 478,70 489,30 + 2,21 11/07/97SGS Thomson Micro. .... 579 577 – 0,34 ....Shell Transport # ........... 47,20 47,50 + 0,63 21/05/97Siemens #...................... 413,90 414 + 0,02 14/02/97Sony Corp. #.................. 635 639 + 0,62 30/06/97Sumitomo Bank #.......... 93,80 98,15 + 4,63 30/06/97T.D.K # .......................... 524 526 + 0,38 30/06/97Telefonica #................... 162 162 .... 03/06/97Toshiba #....................... 40,15 40,05 – 0,24 30/06/97Unilever #...................... 1427 1429 + 0,14 23/05/97United Technol. # .......... 532 534 + 0,37 10/06/97Vaal Reefs # ................... 318,50 320 + 0,47 14/03/97Volkswagen A.G # .......... 4559 4559 .... 20/06/97Volvo (act.B) # ............... 170 170 .... 28/04/97Western Deep #............. 143 142,80 – 0,13 14/03/97Yamanouchi #................ 158,70 162,30 + 2,26 30/06/97Zambia Copper ............. 16 16 .... ..................................................................................................................................................................................................

CAC 40

PARIS

REGLEMENTMENSUELMERCREDI 6 AOUTLiquidation : 22 aout – 0,65%Taux de report : 3,38 CAC 40 :Cours releves a 10 h 15 2964,65

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache.

DERNIERE COLONNE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12Mardi date mercredi : montant du couponMercredi date jeudi : paiement dernier couponJeudi date vendredi : compensationVendredi date samedi : nominal

OBLIGATIONS % %du nom. du coupon

Nat.Bq. 9% 91-02............ .... 6,904CEPME 9% 89-99 CA#..... 109,14 8,803 oCEPME 9% 92-06 TSR .... .... 1,208CFD 9,7% 90-03 CB ........ .... 4,970CFD 8,6% 92-05 CB ........ 119,30 4,288CFF 10% 88-98 CA# ........ 106,55 8,027CFF 9% 88-97 CA# .......... 100,65 7,693 oCFF 10,25%90-01CB# ..... .... 4,184CLF 8,9% 88-00 CA#........ .... 1,829CLF 9%88-93/98 CA#....... 102,44 4,710CNA 9% 4/92-07.............. .... 2,441CRH 8,6% 92/94-03......... 116,75 1,013 oCRH 8,5% 10/87-88# ....... .... 3,703 oEDF 8,6% 88-89 CA# ....... 109,75 4,170EDF 8,6% 92-04 #............ 118,20 2,922 dFinansder 9%91-06# ....... .... 6,362 dFinansd.8,6%92-02#........ .... 4,618Floral9,75% 90-99# ......... .... 0,481

OAT 88-98 TME CA# ...... .... 2,673 oOAT 9/85-98 TRA............ .... 4,867OAT 9,50%88-98 CA#...... 104,78 1,223 oOAT TMB 87/99 CA#....... .... 1,791OAT 8,125% 89-99 #........ 106,90 1,736 x

OAT 8,50%90/00 CA# ...... .... 3,167OAT 85/00 TRA CA#........ .... 5,949OAT 10%5/85-00 CA#...... 114,41 2,082 dOAT 89-01 TME CA# ...... .... 2,673 oOAT 8,5% 87-02 CA#....... 116,45 6,032 dOAT 8,50% 89-19 #.......... 126,50 6,753 oOAT.8,50%92-23 CA#...... .... 2,515 y

SNCF 8,8% 87-94CA ....... 106,18 4,581Suez Lyon.Eaux 90.......... .... ......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

ACTIONS Cours DerniersFRANCAISES preced. cours

Arbel .............................. 71 71Baccarat (Ny) ................. d 680 680Bains C.Monaco............. d 690 690Bque Transatlantl........... d 204,90 204,90B.N.P.Intercont.............. 852 860Bidermann Intl............... d 110 110B T P (la cie)................... d 7,60 7,60Centenaire Blanzy.......... d 433 433Champex (Ny)................ d 24,20 24,20CIC Un.Euro.CIP ............ 400 400C.I.T.R.A.M. (B) .............. d 2125 2125Concorde-Ass Risq ......... d 1295 1295Continental Ass.Ly.......... d 559 559Darblay .......................... d 501 501Didot Bottin................... d 820 820Eaux Bassin Vichy........... d 3700 3700Ecia ................................ 1140 1110Ent.Mag. Paris................ d 1450 1450Fichet Bauche ................ d 75 67,70 oFidei............................... 39 39,40Finalens ......................... d 335 335F.I.P.P. ........................... d 310 310Fonciere (Cie) ................ d 591 591Fonc. Lyonnaise #........... d 730 730Foncina # ....................... d 476,10 476,10

Francarep....................... d 291 291France S.A...................... d 1250 1250From. Paul-Renard......... d 2050 2050Gevelot........................... d 1370 1370G.T.I (Transport) ............ d 195 195Immobail........................ d 149 149Immobanque.................. 609 609Locamion (Ly) ................ d 421 421Lucia .............................. d 46,80 46,80Monoprix ....................... d 244,90 244,90Metal Deploye................ d 430 388,10 oMors .............................. 7,80 8,10Navigation (Nle) ............ d 95 95Optorg ........................... d 326,50 326,50Paluel-Marmont............. d 290 290Exa.Clairefont(Ny) ......... d 928 928Parfinance...................... d 275 275Paris Orleans.................. d 270 270Promodes (CI)................ d 1971 1971PSB Industries Ly ........... d 420 420Rougier # ....................... d 358 358Saga ............................... 80 80,10S.I.P.H............................ d 319,30 319,30Sofragi ........................... d 4749 4749Taittinger....................... 3099 3030Tour Eiffel ...................... d 290 290Vicat............................... d 523 523Caves Roquefort............. d 1980 1980

Elyo................................ d 320 320Finaxa ............................ d 346 346Gaillard (M).................... d 1600 1600Givaudan-Lavirotte ........ d 1570 1570Grd Bazar Lyon(Ly) ........ d 155 155Gd Moul.Strasbourg....... d 1992 1992Hotel Lutetia.................. d 325 325Hotels Deauville............. d 540 540Immeubl.Lyon(Ly)#........ d 550 550L.Bouillet (Ly)................. d 305 305Lloyd Continental........... d 8050 8050Lordex (Ny).................... d 18 18Mag.Lyo.Gerl.(Ly)# ........ d 150,10 150,10Matussiere Forest........... 63,50 63Moncey Financiere......... d 3331 3331M.R.M. (Ly).................... d 448 448Navigation Mixte ........... d 800 800Part-Dieu(Fin)(Ly) ......... d 108 108Pechiney Intl .................. 128,50 123Poliet ............................. d 483 483Sabeton (Ly)................... 830 820Samse (Ly) ..................... d 855 855Sechilienne (Ly).............. d 1126 1126Sucr.Pithiviers................ 3410 3400Tanneries Fce (Ny)......... d 248 248Teleflex L. Dupont.......... d 107,60 107,60Union Gle Nord(Li) ........ d 215 215.......................................

ACTIONS Cours DerniersETRANGERES preced. cours

Bayer.Vereins Bank ........ 339 339Commerzbank AG.......... 216,30 216,30Fiat Ord.......................... 21,15 21,15Gevaert .......................... 515 515Gold Fields South........... 144 144Kubota Corp................... 25 25Montedison act.ep. ........ 9,60 9,60Olympus Optical............. 53,50 53,50Robeco........................... 621 630Rodamco N.V. ................ 189,50 193,30Rolinco........................... 630 639Sema Group Plc ............. 150 150Solvay SA........................ 3890 3890.......................................

COMPTANTUne selection Cours releves a 10 h 15MERCREDI 6 AOUT

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; a coupon detache ; b droit detache ;o = offert ; d = demande ; x offre reduite ;y demande reduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Acial (Ns) #..................... d 60 60AFE #.............................. d 495 495Aigle # ............................ 317 310Albert S.A (Ns)................ d 225 225Altran Techno. # ............. 1950 1933Arkopharma# ................. 319 316,50Montaignes P.Gest......... d 3475 3475Assystem # ..................... 318 315Bque Picardie (Li)........... d 697 697Bque Tarneaud(B)#........ d 355 355Bque Vernes ................... d 102,20 102,20Beneteau # ..................... d 1060 1060B I M P........................... d 89,50 89,50Boiron (Ly) # .................. 341 338Boisset (Ly)#................... d 580 703But S.A. .......................... 300 299

Cardif SA........................ d 831 831C.E.E #............................ d 145 145CFPI # ............................ 380 380Change Bourse (M) ........ 218 218CNIM CA#...................... 233,70 233,70Codetour........................ d 349 349Comp.Euro.Tele-CET ..... 550 523Conflandey S.A............... d 312 312C.A.Haute Normand....... 309 309C.A. Paris IDF................. 805 800C.A.Ille & Vilaine............. 332 332C.A.Morbihan (Ns) ......... 325 325C.A.du Nord (Li) ............ 560 550C.A. Oise CCI.................. d 320 320Devanlay........................ d 610 610Devernois (Ly)................ d 571 571Ducros Serv.Rapide........ d 93,70 93,70Europ.Extinc.(Ly)#.......... 399 399Expand s.a...................... d 550 550Factorem........................ d 690 690Faiveley # ....................... 216 220Finacor........................... 80 79Fininfo ........................... d 735 735Fructivie......................... d 675 675Gautier France # ............ d 250 250Gel 2000 ......................... d 49,70 49,70GFI Industries #.............. 1048 1050Girodet (Ly) #................. d 31 31

GLM S.A......................... d 269,90 269,90Grandoptic.Photo #........ 988 980Gpe Guillin # Ly.............. 231 235Kindy #........................... 173,90 173,90Guerbet.......................... d 255 255Hermes internat.1# ........ 554 559Hurel Dubois.................. d 750 750ICBT Groupe # ............... 237 242I.C.C. .............................. d 133,10 133,10ICOM Informatique ....... d 450 450Idianova ......................... d 74 74Int. Computer #.............. d 87,50 87,50IPBM ............................. d 63,50 63,50M6-Metropole TV .......... 611 613Manitou # ...................... 785 795Manutan ........................ 454 455Marie Brizard # .............. 711 710Maxi-Livres/Profr. .......... 53,20 53,50Mecelec (Ly)................... d 61,85 61,85MGI Coutier................... d 305 305Monneret Jouet Ly# ....... d 137 137Naf-Naf #....................... 73,45 75NSC Groupe Ny ............. d 800 800Onet # ............................ d 1040 1040Paul Predault #............... 168 168P.C.W. ............................ d 19 19Petit Boy #...................... d 90 90Phyto-Lierac #................ 469 468

Pochet............................ d 785 785Poujoulat Ets (Ns) .......... d 239 239Radiall # ......................... 700 700Robertet # ...................... d 1340 1340Rouleau-Guichard.......... d 358 358Securidev #..................... d 112 112Smoby (Ly)# ................... d 651 651Sofco (Ly) ....................... d 22 22Sofibus........................... d 370 495,60Sogeparc (Fin)................ 370 369,80Sopra ............................. 660 660Steph.Kelian # ................ d 99 99Sylea .............................. 574 570Teisseire-France............. d 183 183TF1................................. 539 539Thermador Hold(Ly) ...... d 305 305Trouvay Cauvin # ........... d 104 104Unilog ............................ 770 770Union Fin.France ........... 585 585Viel et Cie # .................... 133 131Vilmorin et Cie #............. 480 480Virbac............................. 560 542..........................................................................................................................................................................................................................................

SECONDMARCHEUne selection Cours releves a 10 h 15MERCREDI 6 AOUT

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; d cours precedent ; a couponde tach e ; b dro i t d e tach e ; o = of fe rt ;d = demande ; x offre reduite ; y demandereduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Emission RachatFrais incl. net

AGIPI

Agipi Ambition (Axa) ...... 150,41 143,25Agipi Actions (Axa) ......... 130,19 123,99

BANQUES POPULAIRES

Valorg............................. 2444,70 2408,57

3615 BNP

Natio Court Terme......... 14235 14235Natio Epargne................ d 2222,30 2200,30Natio Ep. Capital C/D ..... d 17135,91 16966,25Natio Ep. Croissance ...... 3516,89 3447,93Natio Ep. Patrimoine ..... 151,49 148,52Natio Epargne Retraite .. 176,05 172,60Natio Epargne Tresor..... 11278,20 11255,69Natio Euro Valeurs ......... 1156,29 1133,62Natio Euro Oblig. ........... d 1022,96 1012,83Natio Euro Opport. ........ 1146,35 1123,87Natio Inter ..................... d 2284,18 2239,39Natio Opportunites ........ 205,76 201,73Natio Revenus................ d 1126,64 1115,49Natio Securite ................ 11467,07 11467,07Natio Valeurs ................. 1453,46 1424,96

BRED BANQUE POPULAIRE

Moneden ....................... 92616,29 92616,29Oblig. ttes cate. .............. 275,48 271,41

Livret Bourse Inv. D ....... d 892,02 866,04Nord Sud Develop. C...... d 2692,70 2687,33Nord Sud Develop. D ..... d 2560,74 2555,63

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDCPatrimoine Retraite C .... 312,98 306,84Patrimoine Retraite D.... 303,51 297,56Sicav Associations C ....... d 2427,27 2427,27

Fonsicav C...................... 19700,48 19700,48Mutual. depots Sicav C... 19345,08 19325,75

Ecur. Act. Futur D PEA ... 296,48 290,67Ecur. Capitalisation C..... 255,03 255,03Ecur. Expansion C .......... 83039,90 83039,90Ecur. Geovaleurs C ......... 3798,09 3723,62Ecur. Investis. D PEA ...... 238,07 233,40Ecur. Monepremiere ...... 11355,50 11355,50Ecur. Monetaire C .......... 13064,57 13064,57Ecur. Monetaire D.......... 12442,34 12442,34Ecur. Tresorerie C .......... 320,85 320,85Ecur. Tresorerie D.......... 308,39 308,39Ecur. Trimestriel D......... 2058,23 2058,23Eparcourt-Sicav D .......... 192,89 192,89Geoptim C...................... 12798,18 12609,04Geoptim D ..................... 12455,14 12271,07Horizon C....................... 2391,19 2344,30

Prevoyance Ecur. D ........ 106,49 106,49Sensipremiere C............. 13170,33 13137,49

Fonds communs de placementsEcur. Capipremiere C ..... 12090,30 12066,17Ecur. Securipremiere C .. 11993,72 11981,74

CNCA

Amplia............................ D 119968,10 119968,10Atout Amerique.............. 208,11 203,03Atout Asie....................... 127,91 124,79Atout Futur C ................. 855,55 834,68Atout Futur D................. 805,39 785,75Coexis ............................ 1958,43 1925,69Dieze.............................. 2230,23 2192,95Elicash............................ D 952191,45 952191,45Epargne-Unie................. 224,84 219,36Eurodyn ......................... 2846,33 2776,91Indicia............................ d 1857,50 1811,86Mone.JC......................... D 11979,79 11979,79Mone.JD ........................ D 11598,95 11598,95Oblifutur C ..................... 548,91 539,73Oblifutur D..................... 525,96 517,17Oraction......................... 1896,22 1849,97Revenu-Vert................... 1203,61 1183,49Sevea ............................. d 121,34 118,38Synthesis........................ 18200,33 17878,52Uni Association .............. D 121,03 121,03Uni Foncier .................... 1428,79 1393,94Uni France ..................... 916,51 894,16Uni Garantie C ............... 1900,16 1868,40Uni Garantie D............... 1453,32 1429,03Uni Regions ................... 1815,34 1771,06Univar C......................... D 310,44 310,44Univar D ........................ D 297,51 297,51Univers Actions .............. 274,95 268,24Univers-Obligations ....... 253,99 249,74

CIC BANQUES

Francic ........................... 785,39 762,51Francic Pierre................. 142,26 138,12Francic Regions.............. 2064,46 2004,33

CIC PARIS

Associc ........................... 1122,99 1122,99Cicamonde..................... 1721,03 1670,90Converticic..................... 423,59 417,33Ecocic............................. 1856,99 1802,90Mensuelcic ..................... 10173,49 10072,76Oblicic Mondial.............. 4188,91 4127Oblicic Regions .............. 1173,80 1156,45Rentacic ......................... 165,32 162,88

Eurco Solidarite.............. 1390,45 1376,68Lion 20000 C................... 17203,88 17203,88Lion 20000 D .................. 16503,11 16503,11Lion Associations C ........ 11098,93 11098,93Lion Associations D........ 11098,93 11098,93Lion Court Terme C ....... 26480,63 26480,63Lion Court Terme D....... 24010,97 24010,97Lion Plus C ..................... 1575,63 1544,74Lion Plus D..................... 1503,01 1473,54Lion Tresor..................... 2460,93 2436,56Oblilion .......................... 2233,43 2211,32Sicav 5000 ...................... 783,04 767,69Slivafrance ..................... 1315,27 1289,48Slivam ............................ 627,33 615,03Slivarente....................... 247,74 242,88Slivinter.......................... 896,75 879,17Trilion ............................ 5212,14 5145,25

Avenir Alizes................... 2398,34 2351,31CM Option Dynamique.. 138,31 136,43CM Option Equilibre ...... 267,06 264,09Cred.Mut.Mid.Act.Fr...... 167,91 163,42Cred.Mut.Ep.Cour.T....... 923,13 923,13Cred.Mut.Ep.Ind. C ........ 152,04 147,97Cred.Mut.Ep.J ................ 22997,54 22997,54Cred.Mut.Ep.Monde ...... 1880,35 1830,02Cred.Mut.Ep.Oblig. ........ 1883,92 1846,98Cred.Mut.Ep.Quatre....... 1108,94 1087,20

Fonds communs de placementsCM Option Moderation . 102,41 101,40

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEAsie 2000 ........................ 1013,85 970,19Saint-Honore Capital ..... 20026,78 19443,48St-Honore March. Emer. 1042,18 997,30St-Honore Pacifique....... 878,04 840,23

LEGAL & GENERAL BANK

Securitaux...................... 1836,54 1836,54Strategie Actions............ 1240,40 1192,69Strategie Rendement ..... 1994,96 1932,16

Amplitude Amerique ...... 128,99 125,84Amplitude Europe C....... 173,93 169,69Amplitude Europe D....... 171,02 166,85Amplitude Monde C....... 1180,83 1152,03Amplitude Monde D....... 1127,04 1099,55Amplitude Pacifique....... 124,87 121,82Elanciel D PEA................ 194,58 189,83Emergence Poste D PEA 160,47 156,56Geobilys C...................... 662,09 652,31Geobilys D ..................... 626,43 617,17

Kaleıs Dynamisme.......... 1160,16 1137,41Kaleıs Equilibre .............. 1101,04 1079,45Kaleıs Serenite ............... 1055,11 1044,66Latitude C ...................... 148,85 148,85Latitude D...................... 135,61 135,61Oblitys D ........................ 623,70 614,48Plenitude D PEA............. 218,44 213,11Poste Gestion C.............. 14899,91 14899,91Revenus Trimestr. D ...... 5303,03 5250,52Solstice D ....................... 2365,22 2359,32

SOCIETE GENERALEASSET MANAGEMENT

Actimonetaire C ............. 38089,19 38089,19Actimonetaire D............. 31015,08 31015,08Cadence 1 D................... 1073,80 1063,17Cadence 2 D................... 1076,77 1066,11Cadence 3 D................... 1064,49 1053,95Capimonetaire C ............ 411,47 411,06Capimonetaire D............ 371,27 370,90Sogeoblig C/D ................ 9296,61 9204,56Interoblig C.................... 7728,47 7651,95Interselection France D.. 770,71 755,60S.G. France opport. C ..... 2140,37 2098,40S.G. France opport. D..... 2043,25 2003,19Sogenfrance C................ 1983,65 1944,75Sogenfrance D ............... 1813,15 1777,60Sogepargne D ................ 314,19 311,08Soginter C ...................... 2872,87 2816,54

Fonds communs de placementsFavor D .......................... d 1696,33 1631,09Sogeliance D .................. d 1699,09 1682,27Sogenfrance Tempo D ... d 216,12 211,88..............................................................................

SICAV et FCPUne selectionCours de cloture le 5 aout

SYMBOLESD cours du jour ; d cours precedent.

Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mercredi 6 aout 1997 - 10 h 38’ 45’’ Montage 3B2 Diamond 4

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Eridania-Beghin CI......... d 745 745Credit Gen.Ind. .............. d 12,15 8,95Generale Occidentale..... d 111 89,95Mumm........................... d 1056 1056Ste lecteurs du Monde.... d 130,20 130,20.......................................

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Appligene Oncor ............ d 53 53Belvedere ....................... d 860 860BVRP.............................. d 190 190Coil ................................ d 213 213Electronique D2 ............. d 904 904FDM Pharma n. ............. d 211 211Genset............................ d 442 442Guyanor action B ........... d 13,90 13,90High Co.......................... d 180 180Infonie ........................... d 96 96Joliez-Regol.................... d 82 82Mille Amis ...................... d 93,90 93,90Naturex.......................... d 86 86Olitec ............................. d 1248 1248Picogiga ......................... d 189 189Proxidis.......................... d 27 27R21 Sante....................... d 430 430Stelax ............................. d 6,20 6,20

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A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997

Un millionnaire des pistesLa cote de Michael Johnson va-t-elle encore monter ? Le champion

du monde est déjà l’un des athlètes les plus riches. Son premier titremajeur, sur 200 m, date de 1991. Il a aujourd’hui un contrat de six ansavec une marque de chaussures, pour un montant total de 12 mil-lions de dollars (environ 73 millions de francs). Ses gains, pendant lasaison, sont confortables. Le 1er juin, malgré sa blessure pendant lacourse, le duel sur 150 m contre le Canadien Donovan Bailey lui arapporté 500 000 dollars. Sa présence dans une réunion coûte75 000 dollars aux organisateurs. Mercredi 13 août, il devrait disputerle 400 m du meeting de Zurich, en Suisse, l’un des mieux dotés del’année.

Ivan Pedroso rate le banco à 100 000 dollarsLongueur messieurs. Pas de record pour l’athlète cubain

LA TACTIQUE d’Ivan Pedroso – ilvoulait gagner le titre mondial desaut en longueur et réussir le pre-mier vol humain au-delà des 9 m –était simple : mettre KO ses onzeadversaires de la finale puis seconsacrer à un nouveau recordmondial. Hélas, mardi 5 aoûtn’était pas un bon jour ! La pre-mière partie du plan fut exécutéetambour battant, mais la seconde fitlong feu. Il passa 8,42 m au premieressai et mordit les quatre suivants,dont deux sûrement supérieurs aurecord. Du travail à moitié fini quifailli lui coûter cher : le dernier essaide l’Américain Erick Walder fut me-suré à 8,38 m, soit à cinq centi-mètres de la ruine des espoirs duCubain.

Ivan Pedroso n’emportera pasd’Athènes que des regrets. Il a ga-gné les 60 000 dollars attachés à laconquête d’un titre mondial (envi-ron 370 000 francs). En revanche, iln’est pas certain qu’il ait une autreoccasion de ramasser le super-ban-co, ces 100 000 dollars (près de620 000 francs) promis à l’auteurd’un record du monde établi pen-dant les championnats. Il disposaitde conditions idéales pour ac-complir son exploit. Il n’a pas pu enprofiter. Pareille occasion ne se ratepas si on a un tant soit peu dechance. Et, précisément, Ivan Pe-droso n’en a pas eu beaucoup jus-

qu’à présent, ou du moins le croit-il.La série noire a commencé selon

lui à Sestrières en 1995. La stationitalienne (2 200 m d’altitude) estl’endroit idéal pour battre des re-cords. Cette année-là, les condi-tions ne sont pas bonnes. La pisted’élan est engloutie par le brouil-lard. Ivan Pedroso s’extirpe tout àcoup de la brume et semble ne plusdevoir toucher le sol. 8,96 m : le re-cord du monde de l’Américain MikePowell est battu d’un centimètre.L’anémomètre indique que la vi-tesse maximale de vent autoriséen’a pas été dépassée. Le record estdonc apparemment valide.

PRESSÉ DE GAGNERIvan Pedroso quitte l’Italie avec la

Ferrari récompensant ici cette per-formance. Pourtant elle ne sera pashomologuée. En examinant attenti-vement les images télévisées, ondistinguera un juge qui aurait puêtre placé devant l’anémomètre etfausser la mesure. Le Cubain n’aurapas à rendre la belle voiture rouge (illa revendit pour s’acheter un appar-tement à La Havane) mais il n’aurapas l’honneur du livre des records.

Pour son entraîneur, le vieux Mi-lan Matos, ce n’est que partie re-mise. Moins rapide que Carl Lewis(record personnel 8,91 m), moinspuissant que Mike Powell (recordpersonnel et du monde 8,95 m),

Ivan Pedroso compense par unemotricité lumineuse. La correctiond’un défaut technique pendant levol (un bras droit mal coordonné)peut lui permettre de gagner plu-sieurs dizaines de centimètres. Letemps et le travail devraient tout ar-ranger. Le garçon ne rechigne pas àl’entraînement, mais il est pressé.

Ivan Pedroso devient donc cham-pion du monde en 1995 quelques se-maines après sa mésaventure deSestrières. Cette fois il emporte uneMercedes avec le titre. Le record,lui, se dérobe encore. Trois moisavant les Jeux d’Atlanta (1996), dontil est le super-favori, il se claque unecuisse. Les chirurgiens cubains ra-fistolent. Cela tient, mais cela nepermet pas d’aller très loin. Ivan Pe-droso se classe bon dernier d’unconcours qui voit la résurrection deCarl Lewis.

Il retrouve sa forme de 1995 aucours de l’hiver. La quête du recordva alors devenir obsessionnelle.Aux championnats du monde ensalle de Paris, comme à Athènes cetété, il se fait mal pour décrochercette lune. Il n’a vraiment plus be-soin que d’un jour de chance pour yparvenir. Mais Ivan Pedroso, proto-type d’être humain aux qualitésphysiques inouïes, n’est peut-êtrepas un petit veinard.

Alain Giraudo

Anita Weyermann bouscule les anciennesANITA WEYERMANN est une effrontée. Pour sa

première finale de championnat du monde sur1 500 m, à dix-neuf ans seulement, elle s’est offert unemédaille de bronze grâce à un sacré culot. Au diable larègle tacite selon laquelle les jeunettes du pelotondoivent se sacrifier en imprimant le rythme d’unecourse tactique qui finit toujours par les dépasser. Ases jolis yeux verts, la breloque qu’elle a remportée,mardi 5 août, avait valeur de victoire.

« Jamais nous n’avons eu un tel phénomène, dit unentraîneur suisse. Sur la piste, Anita est prête à mou-rir. » Deux coaches successifs ont déjà jeté l’éponge.Leurs programmes d’entraînement lui semblaienttrop légers. La jeune Bernoise est retournée dans legiron de Fritz, père et chaperon, ingénieur dans le gé-nie civil. En stage avec l’équipe nationale, elle rede-mande des séances d’entraînement.

Plus matinale que les autres, elle fait un footingsupplémentaire de quarante-cinq minutes. A l’heuredu déjeuner, elle nage, avale des kilomètres à rollers,snobe le bus pour rentrer du stade en courant. Elles’est classée quatorzième du 5 000 m des Jeux olym-piques d’Atlanta (1996).

« Ma fille est un peu spéciale, dit fièrement FritzWeyermann, pas tout à fait normale, dans le sens oùelle pratique différents sports sérieusement. » Anita suitun programme scolaire aménagé dans un lycée privé.

En 1994, elle excellait encore au slalom géant enéquipe nationale juniors suisse. A l’été, un titre dechampionne du monde juniors du 3 000 m l’a forcée àchoisir. Son père s’en réjouit : « Son corps est fait pourl’athlétisme. »

Petite, sèche mais musclée, Anita Weyermann s’esttaillé, mardi 5 août, une belle réputation de teigneuse.Elle a écarté sans vergogne l’Américaine Regina Ja-cobs (2e) et l’Irlandaise Sonia O’Sullivan (8e) qui la gê-naient à 250 mètres du but. Son audace a failli payer.Mais dans le virage les anciennes ont fait bloc pour lamuseler. Anita a alors produit un effort surhumain,couronné par une chute sur la ligne d’arrivée. Sur ledos, les bras en croix, elle semblait mûre pour l’éva-cuation sanitaire. Et puis elle s’est relevée pour allerpapillonner d’interview en interview.

Drapée dans la dignité de ses trente-deux ans, Regi-na Jacobs l’a qualifiée de « bête fauve antisportive ». Larumeur d’une réclamation de la Fédération irlandaisea couru. Sans suite. Comblée par sa victoire, la Portu-gaise Carla Sacramento, âgée de vingt-cinq ans, par-donnait. Pour Anita, tout était clair. Elle avait esquivéle « bizutage » en se plaçant d’entrée en queue de pe-loton. On l’a crue timorée. Elle a simplement piégé lesvieilles baronnes de la piste à leur propre jeu.

P. Jo.

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ATHÈNES 97(de nos envoyésspéciaux.) L’Américain Michael John-son a gagné, mardi 5 août, son sep-tième titre de champion du mondegrâce à sa victoire sur 400 m

(44 s 12). Le voici désormais à unevictoire du record de Carl Lewis. Unpalmarès qui fait rêver le sauteur enlongueur cubain Ivan Pedroso, vain-queur du concours avec un bond de

8,42 m, mais très déçu de n’avoir paspu battre le record du monde del’Américain Mike Powell (8,95 m).Une collection que la jeune SuissesseAnita Weyermann, troisième d’un

1 500 m mouvementé, aimerait enta-mer bientôt. Des titres que Marie-Jo-sé Pérec, qui devait disputer lesquarts de finale du 200 m, mercredi6 août, aimerait accumuler.

En professionnel, Michael Johnson répond présentEn s’imposant dans le 400 m, mardi 5 août, l’Américain a conquis son septième titre de champion du monde. Sa victoire justifie a posteriori

l’invitation que lui avait adressée la Fédération internationale (IAAF) après son forfait pour blessure lors des sélections américainesON LE CONVIE. Il gagne. La

chronique mondaine de l’athlé-tisme retiendra que Michael John-son fut un invité poli, et un hérostrès discret. Mardi 5 août, sur lapiste du stade olympique, il s’estgardé de toute mauvaise manière.Il a vaincu presque en silence,comme pour faire oublier le carac-tère exceptionnel de sa présence.Un 400 m de plus, et puis s’en va,sur la pointe de ses souliers bleu etor, insignes d’une nouvelle distinc-tion. Michael Johnson appartientdésormais à la catégorie unique, etdonc très chic, des champions dumonde sur invitation.

Sans le bristol de dernière mi-nute de Primo Nebiolo, le présidentde la Fédération internationale(IAAF), certain d’une bonne affaire,le héros d’Atlanta n’aurait pu veniren Grèce. Il serait resté chez lui, àWaco, au Texas, perdu dans les re-grets d’une saison à demi manquée.Et voilà qu’un croc en jambes aurèglement lui redonnait sa chance.Il lui offrait un banco inespéré sousla forme d’un unique tour de pistepour se racheter. Il s’en est emparé,et est devenu, toujours sans faired’esclandre, l’un des athlètes lesplus titrés de l’ère moderne.

Sa course fut tranquille. Habitué

aux départs fracassants, et aux vi-rages coup de poignard, il a pourune fois pris le temps de regardercourir les autres. Au point de semerle doute, de faire naître l’espoir. Etsi ce Michael Johnson, relevant deblessure et de défaite, n’était pasvraiment Michael Johnson ? S’iln’était qu’un vilain fantôme ayantperdu l’usage de ses étranges fou-lées, défi aux canons antiques de lacourse ?

UN DÉPART PRUDENTLe mirage a duré un peu plus de

250 m, comme s’il mimait un sprin-ter en détresse. Après sa victoire(44 s 12), il reconnaîtra que c’étaitaffaire de tactique. Il ne voulait paspartir trop vite, s’épuiser en unequête impossible de record. Il se ré-servait pour la dernière courbe,l’ultime ligne droite, qui lui crieraitaux oreilles que seule la victoire estbelle.

Un spectateur avait compris. Lorsdu traditionnel tour d’honneur, iltendit à « M. J. » un maillot de Su-perman. Michael Johnson n’a pasgrand-chose d’un héros de bandedessinée, et le clin d’œil était ap-puyé. Son palmarès en remontreaux plus forts. Superman de lacourse à pied, Superman du sprint

long, il détient désormais entre le200 m, le 400 m et les relais, septtitres de champion du monde de-puis 1991. Les trophées s’amon-cellent, il se rapproche d’une fouléeassurée du record de Carl Lewis,huit fois vainqueur dans un Mon-dial.

Michael Johnson n’a jamais ca-ché son désir d’être le plus grand,de marquer à jamais les annales deson sport, pour ne pas être oubliéun lendemain de retraite, tel unsimple passager de la piste. La pers-pective de se hisser jusqu’à Lewis,dès dimanche en cas de succès dansle relais 4 × 400 m, le laisse pour-

tant indifférent. « Bien sûr, ce seraitquelque chose de bien pour ma car-rière, reconnaît le Texan. Mais, jepense disputer d’autres champion-nats du monde. »

« M. J. », le surnom qu’il préfère,ne ressemble pas plus au roi Carlqu’au véritable Superman. Seules

les statistiques rapprochent lesdeux athlètes. Il serait même unesorte d’anti-Lewis, au physiquecomme au moral. L’autre étaitélancé, bavard à l’extrême, d’un ro-mantisme de midinette parfois. Ethomme de show, jusque dans sesattitudes de star de cinéma sanscesse en représentation. Sur la

piste, il avait le style, l’aisance d’untalent rare et naturel que les entraî-neurs du monde entier érigeaienten modèle. Lui ne ressemble à per-sonne. Il est court, ramassé sur lui-même, timide, presque secret, ini-mitable. La parole ne lui est venuequ’avec la célébrité. Il fut un tempsoù l’on moquait ses bredouille-ments. Aujourd’hui, il manie lesdiscours avec aisance. Il prend en-core garde à ne jamais s’étendre,ou en dire trop, et à toujours laisserla presse à la porte de sa vie et deses pensées intimes.

Michael Johnson est un athlète,qui aimerait se définir comme un« professionnel de la profession ».Il n’a jamais eu de scrupule à dé-pouiller ses courses de lyrisme. Peuimportent les mots, seul le résultatcompte, et l’argent qu’il rapporte. Ilne fera pas la fine bouche sur les60 000 dollars (près de370 000 francs) qui récompensentun vainqueur à Athènes. Le pre-mier, il a ouvertement décrit l’ath-létisme comme « un métier ». En1995, il déclarait tout crûment àL’Equipe-Magazine : « Je me sensprivilégié d’exercer une professionque j’adore, et qui me procure beau-coup d’argent. Mais, si dans l’athlé-tisme il n’y avait rien à gagner, j’en

serais désolé, mais je devrais faireautre chose. » Les dollars affluent.Le champion du monde et cham-pion olympique fait donc son mé-tier avec le plus grand sérieux.

PRÉPARATION DANS LE SECRETL’anecdote est édifiante. Il y a un

mois à peine, on le disait victime del’habituel syndrome des hérosolympiques. L’année qui suit leurtriomphe s’écoule en un déclin pro-visoire. Les exemples célèbres nemanquent pas. « M. J. » relevait deblessure. Il s’était incliné à Paris sur400 m pour la première fois depuishuit ans. Il avait raté les sélectionsaméricaines. On ne voyait plus levieil écumeur de réunions. Il s’étaitreplié sur son coin de Texas, et dé-sertait la compagnie de ses rivaux.Mardi 5 août, Michael Johnson arévélé les dessous du mystère.Cette période sombre, il l’a passéeà se préparer avec Clyde Hart, sonvieil entraîneur. Il s’est accroché,battu, pour retrouver la forme. « Sije m’étais pas senti à 100 %, je ne se-rais pas venu », dit-il aujourd’hui.Michael Johnson était donc aumieux. Il n’y avait que lui qui lecroyait. Tant pis pour les autres.

Pascal Ceaux

Ivan Pedroso, le ciel sans partageIVAN PEDROSO a confirmé sa suprématie au saut en

longueur en devenant champion du monde pour ladeuxième fois consécutive. Il devance de quatrecentimètres l’Américain Erick Walder. Ivan Pedroso s’estcontenté d’assurer un premier saut de qualité, à 8,42 m,

avant de concourir contre le record du monde de MikePowell (8,95 m). Sans succès. Mais le champion dumonde 1995 revient sur la plus haute marche du podiumaprès une grave blessure à la cuisse qui avait gâché sesJeux olympiques à Atlanta (12e). Carl Lewis retraité, MikePowell hors course, le sauteur de La Havane n’a pasactuellement de concurrent à sa hauteur.

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A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 / 15

TECHNIQUE

Poids lourdet petit poids

EN LANÇANT le poids à21,47 m, samedi 2 août à Athènes,l’Ukrainien Aleksandr Bagash estdevenu champion du monde de ladiscipline. Le titre féminin seravraisemblablement attribué pourun jet comparable, autour des21 m, dans un concours dont la fa-vorite est l’Allemande Astrid Kum-bernuss, championne du mondeen titre et championne olympique1996. Dans les deux cas, la perfor-mance aura été ou sera sensible-ment inférieure aux records dumonde. Celui des hommes appar-tient à l’Américain Randy Barnesavec 23,12 m depuis 1990 et celuides femmes est détenu par laRusse Natalya Lisovskaya avec22,63 m depuis 1987. Cet écartd’un bon mètre cinquante s’ex-plique par le renforcement descontrôles antidopage dans lescompétitions internationales offi-cielles.

Si hommes et femmes – tous à larobuste stature et qui pratiquentindifféremment le lancer en rota-tion façon discobole ou le jet clas-sique avec sursaut et extension –ont des performances compa-rables, cela tient essentiellement àla différence entre les masses quisont projetées. Les hommeslancent un boulet de 7,265 à7,285 kg, le poids étant de 4,005 à4,025 kg pour les femmes. Pour lespremiers le diamètre de l’engin va-rie entre 110 et 130 mm, pour lessecondes entre 95 et 110 mm.

Pour le reste, les règles sontidentiques pour les deux sexes. Lepoids doit être dans un métal quine saurait être plus tendre que lecuivre. Il doit être de forme sphé-rique, de surface polie sans aucunrevêtement de cuir ou de touteautre matière sur le métal. Pourprojeter le poids, les athlètes nepeuvent utiliser qu’une main dontles doigts ne doivent pas être liésou passés dans un gant. L’usaged’un pansement sur la main n’estautorisé que pour recouvrir uneplaie ouverte. Le port de la cein-ture est recommandé en raisondes efforts supportés par le bas dudos.

Pour éviter que le boulet ne leurglisse entre les doigts, les lanceurspeuvent s’enduire les mains et labase du cou d’une substance ana-logue au talc. Enfin, un jet n’estvalable que si aucune partie ducorps de l’athlète ne touche le solen dehors du cercle de lancer – faitde bandes de fer, d’acier, ou dequelque autre matériau appro-prié – une fois le poids catapulté,l’engin lui-même devant retomberdans un secteur de 40o tracé sur lesol. La zone de chute, elle, sera encendrée, en herbe, ou dans un ma-tériau sur lequel le poids peut lais-ser une empreinte.

A. G.

. La finale du lancer du poidsfemmes aura lieu jeudi 7 août.

A Ifrane, les athlètes ont tout le confort moderneMaroc. Pour former ses jeunes, le pays s’est offert un centre d’entraînement modèle

IFRANEde notre envoyée spéciale

C’est un ancien hôtel aux cou-leurs et à l’architecture typiques.L’institut d’athlétisme jouxte lestade national placé sur la route deMarrakech. Il offre les commoditésd’un club de vacances : chambresindividuelles nettoyées chaquejour, lingerie, centre médical ultra-moderne au personnel omni-présent, salle de restaurant claireavec menus variés et équilibrés,coin détente avec télévision et ma-gnétoscope, cours de langues vi-vantes. Mais au moins dix fois parjour, en allant faire leurs cinqprières à la petite mosquée adja-cente et en revenant, les athlètesmarocains de haut niveau longentune stèle qui les rappelle à leursdevoirs. Tout autour sont poséesdes plaques à la gloire des cham-pions olympiques marocains : SaïdAouita, Nawal El Moutawakel,Khalid Skah et Brahim Boutayeb.Une bonne quinzaine d’emplace-ments encore vierges attendent.

En dehors des meetings, les Ma-rocains courent inlassablement.Chez eux. Sur leur stade de Rabatou dans les collines ou sur la pisted’Ifrane. De l’altitude zéro au bonair des montagnes du Moyen-Atlas, les athlètes et le personnelde l’Institut national se trans-portent environ toutes les six se-maines, au gré des programmesd’entraînement. C’est la solutionqu’a imaginée la Fédération royale

marocaine d’athlétisme pour gar-der ses jeunes talents au pays,conserver ses stars de la course defond et former des spécialistes– encore peu nombreux –d’épreuves techniques. Elle leuroffre un cocon mobile. Ils n’ont àse soucier que de leur santé et deleur entraînement.

Aziz Daouda, aujourd’hui direc-teur technique national, avait ceprojet en tête depuis longtemps.Spécialisé dans le demi-fond, dès1977, il décide que le Maroc excel-lera sur les longues distances.« Nous avons l’espace naturel néces-saire, et le demi-fond n’exige aucunéquipement sophistiqué jusqu’à uncertain niveau, dit-il. Il suffit de don-ner l’envie aux jeunes de courir. » Iln’est pas écouté. Volontaire et opi-niâtre, il s’exile en Roumanie. Puis,

une licence et un DESS en poche,deux ans et demi au Canada pourson doctorat.

Il rentre au pays. Le succès desAouita, Skah et Boutayeb cachemal le manque de relève. La vic-toire olympique de Nawal El Mou-tawakel sur le 400 m haies fémininà Los Angeles n’a pas suscité devocations. La débâcle des cham-pionnats du monde de Stuttgart en1993 prend le Maroc par surprise.Pas lui. Le meilleur résultat est lacinquième place sur 5 000 m deKhalid Skah, champion olympiqueen titre du 10 000 m. Mohamed ElMediouri, le tout-puissant chef dela sécurité du roi Hassan II, est ap-pelé à la tête de la fédération. Il afait, dit-on, « un travail formidableavec le club omnisports de Marra-kech ». Il a surtout le pouvoir derégler dans l’instant le moindreproblème.

Il en use sans états d’âme pourrestructurer la fédération et trans-former le quotidien des athlètes enun clin d’œil. Il fonde l’Institut na-tional d’athlétisme : un cadreépoustouflant de netteté etd’ordre. Plus un jeune améliore sesperformances, plus il prend ses re-pas près de la table des Salah His-sou, Hicham El Guerrouj, ou Kha-lid Boulami. Totalement pris encharge à tous les niveaux, les ath-lètes ne sont jamais seuls. Tous re-çoivent un salaire, variable selonleur âge et leur niveau. Ils rentrentrarement chez eux. Les médecins

de l’institut soignent les membresde leur famille en cas de nécessitépour les délivrer de tout souci.

Un programme de développe-ment sportif intensif a été imposéaux communes marocaines par legouvernement. Chacune d’entreelles est tenue d’aménager un ter-rain réservé à la pratique de lacourse à pied sur lequel sera bâtiedès que possible une piste en cen-drée – ou mieux. « Aucun talentn’échappe à la détection », dit AzizDaouda. Malgré ses hautes fonc-tions gouvernementales, Moha-med El Mediouri ne se contentepas d’un rôle de figuration. « Leprésident sait tout et voit tout »,chuchote-t-on avec un respect mê-lé de crainte. Grâce à lui, le roigarde l’œil sur ses athlètes.

Lorsque Sa Majesté récompenseet réconforte, c’est un honneur su-prême. A Hicham El Guerrouj, il aoffert une voiture de son parc au-tomobile pour célébrer un recordnational. Le coureur de 1 500 m aaussi reçu, par l’intermédiaire deMohamed El Mediouri, un mes-sage de sympathie royal après sachute dans la course olympiqued’Atlanta : « Pour moi, tu es le meil-leur. » Hicham El Guerrouj a écraséle champion olympique algérien,Nourredine Morceli, quelques se-maines plus tard en finale duGrand Prix. Le roi ne se trompe ja-mais.

P. Jo.

PÉREC, J−3

Elle est là,son agent aussi

TOUT VA s’arranger. Les malen-tendus vont être dissipés. Les que-relles vont s’apaiser. La communi-cation de notre chère Marie-Jo neva plus partir en quenouille,l’image de notre insaisissablechampionne ne va plus être effilo-chée dans ce compte à reboursd’une marche triomphale vers unenouvelle gloire. Son agent arrive,Annick Avierinos est là. Elle a at-terri à Athènes mardi après-midi.

L’agent est au sportif de haut ni-veau ce que la Rolls-Royce est aumilliardaire, une marque de stan-ding dont le principal avantage estde pouvoir se garer devant un hô-tel de grand luxe sans se fairechasser par le portier et dont leprincipal inconvénient est den’être « garable » nulle part ail-leurs que devant un hôtel degrand luxe. L’agent est une espècenouvelle née d’une mutation pro-voquée par la présence d’argentdans les poches, jusqu’alors vides,des sportifs. Elle est apparue enAmérique dans les années 60quand les golfeurs se sont mis àgagner des fortunes en faisant dela publicité pour des voitures danslesquelles eux-mêmes ne seraientjamais montés. Sa singularitéconsiste à taxer au taux minimalde 15 % tous les revenus de cham-pions qui par ailleurs sont prêts àémigrer vers des paradis fiscauxpour ne pas payer d’impôts.

L’agent est de nature prolifique.On en trouve même chez des pa-rents d’enfants de douze ans,pourvu que le bambin soit sur-doué pour le tennis, le golf ou lefootball, en train de leur faire si-gner sur la table de la cuisine descontrats mirifiques. Dans l’athlé-tisme, le roi du genre fut pendantlongtemps Joe Douglas, un Cali-fornien qui, quinze ans durant, aréussi à louer pour 30 000 dollarspar soirée Carl Lewis et sa bandedu Santa Monica Track Club dansles meetings d’Europe. Ses meil-leures heures sont passées aveccelle du champion. Aujourd’huiJos Hermens, un Néerlandais, an-cien recordman de l’heure, quis’occupe de l’Ethiopien Haïlé Ge-breselasie, et Brad Hunt, un Texanqui conseille le superman de lapiste, Michael Johnson, tiennent lehaut du pavé.

Dans cette profession, lesfemmes restent rares. AnnickAvierinos est devenue agent enprenant la suite de Jean-PierreProuteau, auquel ce métier de foua fait définitivement jeterl’éponge. Sans être particulière-ment taillée pour l’épreuve, cettefausse blonde a le look pour lafonction. Reste que managernotre Pérec nationale, la museReebok, championne de l’étourde-rie calculée, du non-dit explicite,de la mémoire sélective et de l’ex-cuse calamiteuse, cela doit releverde la vocation au martyre.

A. G.

Gilles Quénéhervé, dix ans aprèsLes « galères » n’ont pas découragé l’ancien vice-champion du monde du 200 m

POUR UN PEU, on croirait à une plaisante-rie. Sur la liste des engagements masculins sur200 m, à côté des noms de Christophe Chevalet Thierry Lubin, apparaît celui de Gilles Qué-néhervé. La France a ressorti sa grande star dusprint. Un « vétéran » de trente et un ans. Leseul vice-champion du monde de la spécialitéqu’elle ait jamais eu. En 1987, à Rome, GillesQuénéhervé avait stupéfié. S’étonnant luimême d’être en tête, il avait ralenti et jeté uncoup d’œil de droite et de gauche en fin decourse, à la recherche de ses adversaires. Sonincrédulité avait offert la victoire à l’AméricainCalvin Smith, dans un temps identique au sien :20 s 16. Un record de France qui tient toujours.

Cette gloire a été suivie d’une traversée dudésert de dix années pour raisons de santé. Au-tant dire un siècle dans le domaine du sprintmondial. « Je suis tombé si bas que j’ai mêmeévolué au niveau régional 3 », dit Gilles Quéné-hervé. A force de réflexion et de patience, ilsemble avoir vaincu tous ses maux. D’abord,les amibes contractées au Mexique en 1988,alors qu’il était invité à un congrès médical,dont il a mis quatre ans à se débarrasser. Elleslui ont fait manquer les Jeux olympiques deSéoul (quatrième). Son organisme est resté vul-nérable. Pendant plusieurs années, ses analysesde sang révélaient une forme d’infection. GillesQuénéhervé a fait appel à des spécialistes enbactériologie ou en médecine tropicale. Rienn’y a fait. L’an dernier, par hasard, on a fini parcomprendre qu’il souffrait « d’une forme de tu-berculose non pulmonaire ».

Malgré la fatigue extrême, Gilles Quénéhervés’est accroché à l’entraînement. Son corps af-faibli lui a laissé quelques instants de répit. As-sez pour le hisser en quarts de finale aux Jeuxde Barcelone (1992). Soigné à fortes dosesd’antibiotiques jusqu’en mars, il est venu àAthènes « enfin en pleine possession de [ses]moyens ». Sans autre ambition que d’améliorersa meilleure performance de la saison : 20 s 79.Assez loin de sa performance de Rome, il sou-haite tout de même « boucler la boucle, retrou-ver ce niveau ».

11 SECONDES SUR 100 MÈTRES AU BACL’athlétisme lui est venu comme un don du

ciel. Il lui a donné une foi qui lui suffit pourpoursuivre sans véritable raison. « Je sais que jene ferai pas grand-chose ici mais je suis guidé,dit-il. Et quand il sera temps d’arrêter l’athlé-tisme, je le saurai. » Lors de sa première compé-tition, sans qu’il se l’explique encore au-jourd’hui, Gilles Quénéhervé s’est signé. Sansqu’on le lui ait inculqué, il s’est mis à prier et àétudier la Bible. Il est vrai que sa carrière desprinteur – si décousue qu’elle ait été jus-qu’ici – tient du miracle. La performance àRome du sociétaire du Racing Club de France(RCF), pratiquement inconnu alors, avait lancéles journalistes dans une quête d’éléments bio-graphiques. Ils en ont eu pour leur argent.

A l’époque âgé de vingt et un ans, Gilles Qué-néhervé, un Breton de Douarnenez (Finistère),natif du 14e arrondissement de Paris, avait dé-couvert l’athlétisme trois ans plus tôt lors des

épreuves du baccalauréat. Le lycée Paul-Bert,près de la gare Montparnasse, où il a suivi sesétudes secondaires, n’avait pas de piste. Sansentraînement, en baskets, il a couru le 100 mobligatoire en 11 s au stade de la porte d’Or-léans. « Le 1 000 m m’avait paru trop long lors-qu’on nous a fait choisir les épreuves », plai-sante-il. Croyant à une erreur dechronométrage, le jury l’avait renvoyé au dé-part. De bonne grâce, il avait recommencé.Dans le même temps.

Lycéen, il était fondu de foot et pratiquait as-sidûment la course cycliste. Un des profs degym du jury, persuasif, l’a tout de mêmeconvaincu de prendre une licence d’athlétisme.Il a choisi le RCF, où son père avait un ami an-cien sprinter et où professait Jacky Deprez, en-traîneur national.

Avec ses premières pointes, sur la piste deColombes, il a réalisé 10 s 9. La vitesse était làmais tout restait à apprendre : l’utilisation dustarting-block, le placement du corps. Le cy-clisme ne lui avait pas donné une musculaturepour la course à pied. On y a remédié grâce à lamusculation. Quelques mois plus tard, il de-vient champion de France juniors du 100 m etdu 200 m. On connaît la suite. Gilles Quénéher-vé a traversé tant de mauvaises passes depuisRome qu’on s’était pris à espérer que toutpuisse recommencer aussi bien qu’il y a dix ans.Mercredi 6 août, Gilles Quénéhervé a été élimi-né au premier tour, en 20 s 93.

Patricia Jolly

300 km

Rabat

ALGÉRIE

MAURITANIE MALI

Tropique du Cancer

SAHARA OCCIDENTAL

IFRANE

Maroc

400 m messieursRECALÉ aux sélectionsaméricaines maisinvité à défendre sontitre par la Fédérationinternationale, MichaelJohnson, qui, àAtlanta, avait réussi ledoublé 200 m-400 mavec un record dumonde à la clé sur laplus courte des deuxdistances, est parvenuà s’imposer en finaleaprès avoir failli êtreéliminé enqualifications. Avec untemps – honorable sansplus – de 44 s 12, il aprécédé l’OugandaisDavis Kamoga, vingt etun ans, médaille debronze aux JO de 1996(44 s 37) et soncompatriote TyreeWashington, vingt etun ans, jusqu’alors

10 000 m damesEN CINQchampionnats dumonde avant ceuxd’Athènes, les coureurskenyans ont remportédouze médailles d’or.Mais aucune de leurscompatriotes n’avaitréussi à monter sur laplus haute marche d’unpodium. Lacunedésormais combléeavec Sally Barsosio,dix-neuf ans, qui aétabli un nouveaurecord mondial juniors(31 min 32 s 92). Elle aprécédé la Portugaisetenante du titre,Fernanda Ribeiro,vingt-huit ans,championne olympique1996 (31 min 39 s 15) etla Japonaise MasakoChiba, vingt et un ans(31 min 41 s 93).

Longueur messieursAVEC UN BOND à 8,42 m à son premieressai (il n’en réussira qu’un autre, le sixième,mesuré à 7,60 m), le Cubain Ivan Pedroso,vingt-quatre ans, qui, blessé, s’était classédouzième à Atlanta, a conservé le titremondial conquis en 1995. Il a battul’Américain Erick Walder, vingt-six ans,quatrième des championnats du monde1993, qui a réussi 8,38 m à son dernier essai.Le troisième est le Russe Kirill Sosunov, vingtet un ans, qui a franchi 8,18 m.

1 500 m femmesMÉDAILLE de bronze des championnats du monde1995, la Portugaise Carla Sacramento a conquis letitre mondial en 4 min 04 s 24. La coureuse la plusrapide de la saison, la Britannique Kelly Holmes(3 min 58 s 07) et la championne olympique russe,Svetlana Masterkova, toutes deux blessées, avaient étééliminées. L’Américaine Regina Jacobs a pris ladeuxième place (4 min 04 s 63) et la Suissesse AnitaWeyermann la troisième (4 min 04 s 70).

Javelot messieursINCAPABLE de dépasser 82,04 m, le Tchèque JanZelezny, détenteur du record du monde (98,48 m),deux fois champion du monde (1993 et 1995) etchampion olympique (1992 et 1996), s’est classéneuvième d’un concours remporté par le Sud-AfricainMarius Corbett (88,40 m). Le Britannique SteveBackley, médaille d’argent à Atlanta, est encoredeuxième (86,80 m). Le Grec Konstantinos Gatzioudisest troisième (86,64 m).

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LeMonde Job: WMQ0708--0016-0 WAS LMQ0708-16 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 24Fap:99 No:0411 Lcp: 196 CMYK

16 / LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 A U J O U R D ’ H U I

DESSIN DE LIONEL PORTIER

Les deux PierreDeux grands esprits ont hanté la région. Pierre Abélard, insépa-

rable d’Héloïse, eut une existence tourmentée, du fait même de saliaison. Il naquit en 1079 au Pallet, qui garde jalousement son souve-nir, tout en soignant ses vignes à perte de coteaux. Le destin tra-gique de ces deux êtres toucha Lemot, qui dédia à Héloïse une grotteoù, fit-il graver dans la pierre, elle vint « goûter librement la douceurde pleurer ». La grotte était-elle nécessaire à ses larmes ? On peut sele demander.

L’autre personnage reste une figure de la presse française, dont laclairvoyance n’eut d’égale que la modestie. Un homme cher au cœurdes lecteurs du Monde et de tous ceux qui ont eu le privilège de leconnaître ou de le rencontrer. Pierre Viansson-Ponté naquit, en1920, à Clisson. Un passage sans doute bref mais significatif : il était,écrit Thomas Ferenczi dans Le Monde du 8 mai 1979, « de lointainesouche italienne ».

Le « triangle d’or » du muscadetLes coteaux ondulant entre la Sèvre et laPetite Maine sont la terre de prédilection,on pourrait presque dire le « triangled’or », du muscadet. D’où son nom demuscadet de Sèvre-et-Maine. Ce cépage« melon », qui représente 85 % de laproduction locale de vins blancs et secs,fut importé de Bourgogne au XVIIe sièclepar les moines de Saint-Martin, à Vertou,dans la région nantaise. Le gros plant estissu d’un autre cépage dénommé « folleblanche ».Qui dit vin dit culture. De cette culture,M. Bernard Chéreau père est « la référenceet la mémoire », dit-on ici. C’en est aussi lechantre autorisé puisque la maisonChéreau-Carré produit, au total, 700 000bouteilles par an. D’une famille où l’on estvigneron de père en fils depuis 1412, ilachète à Saint-Fiacre-sur-Maine, son fief,le domaine de Chasseloir en 1953 et lechâteau du Coing en 1972. Le muscadet,« vin subtil, léger, délicat, ne souffre aucunemédiocrité et doit être parfaitement vinifié »,précise-t-il.On cueille le raisin à bonne maturité, on lelaisse macérer, éventuellement, environdouze heures afin qu’il développe sesarômes, puis on le met en cuves où il sevinifie naturellement. Cette vinificationrequiert un grand savoir-faire. Les cuves

sont en acier inoxydable, en verre ou engrès, souterraines de préférence car latempérature du sol est stable. Le contrôlede la température des moûts est maintenupar des refroidisseurs, l’idéal étant de17o -18o , afin d’éviter toute perte d’arôme.Le muscadet, lui, en titre environ 12 quandon le met en bouteilles en le tirant « sur salie ». Une mention qui figure sur l’étiquettecar, pour les connaisseurs, c’est le meilleur,identifiable à ses arômes fruités et à cetinimitable « perlant sur la langue ».Quant aux bouteilles, elles sont stockées« nues ». « Nous les habillons au fur et àmesure des ventes », précise M. Chéreau,qui conseille de les garder six moisenviron, car le vin peut « travailler », et deles boire dans les deux ans, exception faitepour les « primeurs ». Ce blanc secaccompagne agréablement fruits de mer,huîtres et poissons, notamment le brochetau beurre blanc, grande spécialiténantaise. Autre usage réservé aux curésdes paroisses de Sèvre-et-Maine : le vin demesse.Au château du Coing, l’un des six crus dela maison Chéreau-Carré, on recherche laqualité en sélectionnant les premiers jusde presse et on mène une politique devinification par parcelle. « Chacune a sapropre typicité », explique VéroniqueChéreau, propriétaire de ce ravissantchâteau XIXe à tourelles, toit d’ardoise et

brique rose, que lui a donné son père.Représentatives de l’architecture propreau vignoble nantais, les belles demeuresmais aussi les caves, appelées ici« magasins » ou celliers. Ce sont desbâtiments bas, à toits de tuiles, parfoisornés d’arcs en plein cintre etd’appareillage en briques – influenceclissonaise oblige. La cave du château deChasseloir est célèbre car elle date duXVe siècle. Bien que plus récents, ses« engoulants », figures représentant lesvertus et les vices sculptées et peintes auxextrémités des poutres, sont trèspopulaires. Ce vignoble est exploité parBernard Chéreau fils.Prélude convivial à l’alchimie secrète de lavinification, les vendanges. Elles ont lieuquatre-vingt-dix jours après l’apparitionde la fleur de vigne, disent certains. Enréalité, précise M. Chéreau, tout dépend dutemps. Les prochaines, « sauf intempériesmajeures », sont prévues entre le 1er et le10 septembre. Chez Chéreau-Carré, oncueille les grappes à la main mais, si « larécolte se perd », comprenez si le temps segâte et que le raisin prenne l’humidité,cause de pourriture, on a recours auxmachines. « Si le beau temps persistejusqu’aux vendanges, prédit M. Chéreau,1997 sera une année exceptionnelle. »

D. T.

Carnet de routeb La Garenne-Lemot. Propriétédu département deLoire-Atlantique, qui, en 1968,achète le domaine auxdescendants de Frédéric Lemot.Classé en 1988, a des échangesprivilégiés avec la Villa Médicis, àRome, et avec la Casa deVelazquez, à Madrid. Salon de théouvert tous les jours enjuillet-août, le week-end en mai,juin et septembre. Eviter ledimanche, quand la foule sepresse dans le parc. Visitescommentées le jeudi à 16 h 30, enaoût, ainsi que les 4, 7 et14 septembre. Renseignements au02-40-54-75-85.b Expositions. A la Maison dujardinier, exposition permanentesur la diffusion de l’influenceitalienne dans l’architecturerésidentielle, rurale et industriellede la région, mise en valeur par lesobre mobilier créé pour le lieupar l’agence nantaise Tetrarc. Sousle titre « Une aventure de papierpeint », la collection Mauny estprésentée à la Villa jusqu’au21 septembre. On y découvre unensemble rare de tapisseriesXVIIIe et XIXe et la reconstitutionde deux salons Empire. Du25 octobre au 1er décembre,œuvres d’artistes de la Casa deVelazquez.b Manifestations. « Montmartre àClisson », un concours depeintures dans les rues de la ville,en juin. Festival de musique deClisson et de Loire-Atlantique etfestival italien en juillet. Le20 septembre, visite guidéenocturne de la ville à l’occasion dela Nuit du patrimoine.b Visites. Les anciennes usines enbord de Sèvre ainsi que deuxdomaines viticoles marqués parl’architecture italienne, le châteaude la Noé de Bel Air, à Vallet,propriété de Jean de Malestroit,auteur d’un essai, La Planète desautres (Altess, 1997), et le châteaude l’Oiselinière, à Gorges,propriété de M. Aulanier.b Etapes. Au Pallet, à 6 kilomètresde Clisson, la Cour de la Grange(tél : 02-40-80-46-79), uneancienne ferme fortifiée. Charmedes deux chambres (350 F lachambre double) ou suites avecvue sur le parc, le pont enjambantla pièce d’eau et une chapelle destempliers en ruine. Accueil attentifet petit déjeuner délicieux. AMonnières, le château duPlessis-Brezot (02-40–54-63-24),5 chambres.b Tables. A Clisson, la BonneAuberge (02-40-54-01-90), discrèteet pourtant étoilée par le Michelin.Dans un cadre très frais, la tarte àl’abricot ou aux figues, selon lasaison, est une exquise obligation.Fermée le dimanche soir, le lundiet en août. A Gétigné, LaGétignière (02-40-36-05-37), unetable très honorable.b Muscadet. La Route duvignoble nantais est indiquée parun fléchage. Au Pallet, Musée duvignoble nantais (02-40-80-90-13).Pour visiter les caves, s’adresser àla Maison des vins(02-40-36-90-10), à laHaye-Fouassière. b Livres. Par les champs et par lesgrèves, où Flaubert se révèle trèsen verve. Le guide GallimardLoire-Atlantique consacre unchapitre très documenté à Clisson.Dans la même collection, LaFrance des saveurs, parurécemment. La boutique dudomaine de la Garenne-Lemotdiffuse un ensemble de titres, duVoyage italien à Clisson et dans sesenvirons au minutieux etvolumineux Clisson ou le retourd’Italie, tous deux réalisés parl’Inventaire du patrimoine. b Renseignements. Office dutourisme de Clisson(02-40-54-02-95). Comitédépartemental du tourisme deLoire-Atlantique (02-51-72-95-30).

FLÂNERIES EN FRANCE

Clisson, la ville toscane de Loire-AtlantiqueDans le domaine de la Garenne-Lemot, trois artistes amoureux de l’Italie ont donné corps à une architecture transalpine

CLISSONde notre envoyée spéciale

Le hasard, ou la nécessité, a faitClisson. En 1793, deux événe-ments funestes et pour ainsi direconcomitants auront des consé-quences fastes sur cette ville pros-père de la lointaine banlieue deNantes. Cette année-là, la guerrede Vendée met Clisson à feu et àsang tandis que, à Rome, une in-surrection contraint les pension-naires de l’Académie de France àquitter précipitamment la Villeéternelle. Parmi eux, le sculpteurFrançois-Frédéric Lemot, accueillià Florence par François Cacault,un diplomate, dont le frère, PierreCacault, peintre, vient de passervingt ans en Italie. Ils ne le saventpas encore, mais ces troishommes, qu’animent une mêmeculture classique, un même amourde l’art et le goût de l’Italie per-due, vont rebâtir Clisson.

Deux ans passent. En 1795, aucours d’une promenade dans laSèvre nantaise, Pierre, séduit parla douceur du paysage, achète unancien presbytère dont il fait samaison. François le rejoint et ilsdécident de construire un musée

pour accueillir leurs collectionsitaliennes, aujourd’hui au Muséedes beaux-arts de Nantes. Lemotvient à son tour, tombe lui aussisous le charme et, au printemps1805, acquiert le bois de la Ga-renne.

Très vite, Frédéric Lemot estl’âme d’un grand projet qui vise àfaire de Clisson un petit coin d’Ita-lie. Prix de Rome en 1790, artisteofficiel, auteur notamment de lastatue équestre d’Henri IV sur le

Pont-Neuf, à Paris, l’homme a lesmoyens de son ambition. Ne va-t-il pas jusqu’à racheter la plusbelle ruine de la région, l’impres-sionnant château de Clisson qui,note Flaubert, « montre sa têteébréchée par-dessus les grandsarbres » ? Il fait appel à un autrelauréat, l’architecte nantais Ma-thurin Crucy, à qui sa ville nataledoit le Théâtre Graslin et le Palaisde la Bourse.

Lemot tire profit des ressources

naturelles de sa Garenne – unevallée encaissée où coule la Sèvre,des cascades, des bois, des chaosde granit – dont il accentue l’as-pect pittoresque, et donc pictural,en posant, en des endroits choisis,de petites constructions à l’anti-que. Une mise en scène qui, eninspirant ses condisciples, devraitleur éviter l’inévitable, le voyageen Italie. Aussi veut-il le parc leplus beau, le plus « inspirant »possible pour l’artiste auquel iloffre une succession de tableaux.

Deux toiles de Poussin, Diogènejetant son écuelle et Les Bergersd’Arcadie, lui ont d’ailleurs servide modèle. Comme le maître, ilcompose son paysage, remodelantun éboulement de rochers, se-mant ici une ruine, là une fa-brique. Ce mot désignait à l’ori-gine un élément d’architecture dupaysage « peint ». Entré vers 1770dans le vocabulaire des parcs etjardins, alors en plein développe-ment, il se réfère à l’édifice nonplus figuratif mais bâti : obélisque,colonne, temple ou tombeau.

Très vite, la réputation de Clis-son grandit, le parc reçoit des visi-teurs. En sortant, ils donnaient

une pièce de 20 sols et signaient leLivre d’or. George Sand, en 1849,se contente d’un paraphe. Flau-bert fut vraiment impressionné,même si ce n’est pas toujoursdans le sens qu’aurait souhaité Le-mot.

La maison du Jardinier,construite de 1811 à 1815, incarnel’architecture rustique transalpine,en particulier les fermes fortifiéestoscanes dont elle reprend les ca-ractéristiques : bâtiments asymé-triques, décrochements de vo-lumes, loggia, toits de tuile, motifsdécoratifs en brique, combles ou-verts pour laisser circuler l’air. Etserlienne. Serlio, un architecte dela Renaissance italienne, a popu-larisé cette triple ouverturecomposée d’une fenêtre ou porteen plein cintre flanquée de deuxfenêtres plus petites, rectangu-laires. Le soleil éclaire la briquedouce, les pins parasols jettent surle sol une ombre légère. Manquele cyprès. Lemot lui a préféré lepin parasol, en souvenir de laCampanie.

INDISPENSABLE CHANTIGNOLLEL’engouement pour le style tos-

can et pour son indispensable ac-cessoire, la chantignolle – unebrique plate de 2,7 centimètresd’épaisseur sur 22 de long, d’unedélicate couleur beige, rose ouorangé qui veillit bien – fut tel quetoute la région adopta l’un etl’autre, pour ses demeures, sesconstructions rurales ou sesusines. C’est ainsi que, à partir de1830, à la faveur du mouvementd’industrialisation qui se dessine,les riches Nantais rachètent d’an-ciens moulins à grain qu’ilsconvertissent en papeteries, cha-moiseries et autres filatures se-mées le long de la Sèvre dont ellesutilisent la force motrice. Ces élé-gants bâtiments, soulignés d’unbandeau de brique rose, festonnésde génoises, percés d’œils-de-bœuf et d’ouvertures en pleincintre, sont aujourd’hui inoccupésou habités par des particuliers quiles ont restaurés.

A la mort de Lemot, en 1827,tout est achevé sauf la villa.Commencée en 1824, elle seraachevée par son fils, BarthélemyLemot. Comme il convient à unemaison de maître, elle s’entourede réminiscences palladiennes :colonnade en hémicycle, porche,fronton, belvédère et, du côté op-posé, une terrasse en demi-cercledominant la Sèvre et découvrantun vaste panorama.

Les citations italiennesabondent à Clisson. Le pont Saint-Antoine, en dos d’âne sur laMoine, est un excellent posted’observation vers le haut – lechâteau en ruine, le campanile etl’abside de l’église, les toits detuile sous les pins parasols – et lebas – l’ancien séchoir et son enfi-lade de fenêtres en plein cintre ap-pareillées en brique, la rivière etles bateaux électriques glissant ensilence devant les nénuphars. Re-monter la rue Saint-Antoine, jeterun coup d’œil par-dessus le murqui cache l’architecture de l’ancienhôpital, passer devant la maisondu Portier et s’asseoir dans le parcde Lemot, au bord de la rivière.Les arbres se mirent dans la Sèvreen un camaïeu de vert. Le bruit dela chute qui s’écoule, la fraîcheurdes grands arbres, l’eau miroi-tante et, sur l’autre rive, les mursblanc et rose de l’ancienne filaturedéployée en terrasse. Oui, tout ce-la procure un grand bien-être etfrappe l’imagination, accomplis-sant ainsi le vœu secret de Lemot.

Danielle Tramard

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LeMonde Job: WMQ0708--0017-0 WAS LMQ0708-17 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0412 Lcp: 196 CMYK

A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 / 17

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 97167 BRIDGE PROBLÈME No 1748

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

HORIZONTALEMENT

I. Pour atteindre la chambre. – II.Comme une mer en colère. Donneses lettres de noblesse au vin. – III.Déforme le pied. Le rubidium.Calme la toux. – IV. Moyen dedéfense efficace. Rendu mépri-sable. – V. Assure la liaison. Pourmouler de vrais pains à l’ancienne.– VI. Sont souvent d’un caractèrevolatil. Dans la gamme. – VII. Enpierre et en papier. Entre cuisse etbas ventre. Vient d’avoir. – VIII.Découpasse. Suivi à la lettre. – IX.Dans les grandes longueurs dutemps. Aller au fond des choses. –

X. Son plan nous permet de teniren l’air.

VERTICALEMENT

1. Ne doivent plus être à l’hon-neur pour subir de tels change-ments. – 2. Il y en a même une aupouvoir. Sans aucun traitement. –3. Des révoltes qui peuvent entraî-ner des révolutions. – 4. Club spor-tif. Diplôme professionnel. – 5.Fondateur de l’Oratoire. Entre 19 et36 à la roulette. – 6. Pour faire sesablutions à grande eau. Résidencetrès secondaire. – 7. Préposition.Tracent un sillon. – 8. Difficile à

porter et à supporter. Appuiel’affirmation. – 9. Labiées à fleursjaunes. Supprimé en désordre. – 10.Devrait rester. Couvre en cas debesoin. – 11. Etudie tous les pro-blèmes d’évacuation. – 12. Jeu depaumes.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97166

HORIZONTALEMENT

I. Avant-coureur. – II. Caveaux.Igné. – III. Icarie. Etait. – IV. Calo-ries. Loi. – V. Ut. Nelson. Nr. – VI.Lac. Lapin. – VII. Aillée. Ecart. –VIII. IRA. MTS. Etai. – IX. Rempo-tât. Omo. – X. Essuieras. En.

VERTICALEMENT

1. Aciculaire. – 2. Vacataires. – 3.Aval. Clams. – 4. Néron. Pu. – 5.Taire. Emoi. – 6. Cueillette. – 7. Ox.ESA. Sar. – 8. Esope. Ta. – 9. Rit.Nice. – 10. Egal. Nato. – 11. Union.Rame. – 12. Retiration.

g SOS Jeux de mots :3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

UN COUP DE TÉLÉPHONEParmi les grands joueurs mon-

diaux, certains sont peu connus enFrance. L’un d’eux, l’Américain HughRoss, a été plusieurs fois championdu monde, et l’on montre, dans cettedonne, comment il a été averti d’undanger par les adversaires.

; A 7K A R 10 7 6 5 4L R 5' 10 6

; 6 4 2 ; 9 8K 2 K D 9 8 3L V 9 7 6 4 3 L 10' 5 3 2 ' R D 9 8 7 4

NO E

S

; R D V 10 5 3K VL A D 8 2' A V

Ann. : O. don. E.-O. vuln.Ouest Nord Est Sudpasse 1 K 1 SA ! contre2 L 4 K passe 4 SA

passe 5 ' contre 5 Lpasse 5 K passe 5 SApasse 6 L passe 7 ;...

Ouest ayant entamé le 2 de Trèfle,Comment Ross, en Sud, a-t-il gagné leGRAND CHELEM A PIQUE contretoute défense ?

RéponseSi les adversaires restent silen-

cieux, il y a une solution simple : cou-per un Carreau avec l’As de Piqueaprès avoir tiré le Roi et l’As de Car-reau. Mais, quand on apprend queOuest détient une couleur longue àCarreau et que Est a vraisemblable-ment un singleton dans cette cou-leur, il faut renoncer à cette ligne dejeu et préparer un squeeze, dont laréussite est automatique si Est a lagarde à Trèfle comme son contrepermet de le supposer.

Est ayant fourni la Dame de Trèflesur l’entame, Ross a pris avec l’As deTrèfle, puis, après cinq coups d’atout,il a tiré le Roi de Carreau, As et Damede Carreau et enfin le dernier atout :

K A R 10 ' 10––––––––––––––––; 5 K V L 8 ' V

K D 9 8 ' R

Sur le 5 de Pique et la défausse au-tomatique du 10 de Trèfle, Est a étésqueezé à Cœur-Trèfle. Si Ouest avaiteu la garde à Cœur, c’est lui qui au-rait été squeezé à Cœur-Carreau.

LA GRANDE MANŒUVRE

Dans la revue américaine BridgeWorld, une manche à Pique a été pro-posée dans la rubrique « Testez votre

jeu ». Cachez les mains d’Est-Ouestet prenez les précautions utiles pouressayer de gagner 4 Piques.

; 7 5 3K 7 6 4L V 10 9' D V 10 9

; V 9 6 ; 4K 10 8 5 2 K V 9L A R D L 8 7 6 5 4' 7 4 3 ' A R 8 6 5

NO E

S

; A R D 10 8 2K A R D 3L 3 2' 2

Ann. : S. don. E.-O. vuln.Sud Ouest Nord Est2 ' passe 2 L passe2 ; passe 2 SA passe3 K passe 3 ; passe4 ; passe passe passe

Ouest ayant entamé As, Roi etDame de Carreau (pour le 4, le 5 et le6 d’Est), comment Sud doit-il jouerpour gagner QUATRE PIQUEScontre toute défense ?

Note sur les enchèresAprès deux réponses négatives

(« 2 Carreaux » et « 2 SA »), sur le« 2 Trèfles », Albarran, Nord, auraitdû sauter directement à « 4 Piques »pour montrer un vrai fit et non unepréférence.

Philippe Brugnon

Les ennuis judiciaires du quotidien sénégalais « Sud » se poursuiventLE QUOTIDIEN sénégalais Sud a été condamné, en juin, par la courd’appel de Dakar à payer 500 millions de francs CFA (5 millions defrancs) à la Compagnie sucrière du Sénégal et à son dirigeant, Jean-Claude Mimran. Cinq journalistes du quotidien ont été condamnés àun mois de prison avec sursis. La cour d’appel a confirmé la sanctionprise en juin 1996, qui avait cependant condamné les journalistes à laprison ferme (Le Monde du 8 août 1996). En octobre 1995, le journalavait publié une enquête dénonçant une fraude de la Compagniesucrière. Le quotidien dénonce une « tentative de bâillonnement,d’encerclement et, si possible, de mise à sac de Sud Communication ». LaFédération internationale des journalistes a écrit au président sénéga-lais Abdou Diouf pour lui faire part de son soutien à « la lutte pourempêcher le démantèlement du groupe ».

DÉPÊCHESa CABLE : le groupe américain Time Warner a annoncé, lundi4 août, qu’il allait se séparer de sept réseaux câblés aux Etats-Unis.Selon le Wall Street Journal, cette cession pourrait rapporter350 millions de dollars (environ 2,1 milliards de francs). Le groupe veutréduire sa dette, qui atteint plus de 100 milliards de francs a PRESSE. A la suite de la publication de l’article intitulé « La puis-sance perdue du Syndicat du Livre », (Le Monde du 8 août), le bureaudes imprimeurs rotativistes (SGL-CGT) tient à préciser que : « C’est àla demande du bureau des imprimeurs rotativistes que Roland Bingleravait démissionné "temporairement" de son mandat de secrétairegénéral du CILP (Comité inter du Livre parisien), afin de créer les condi-tions d’un véritable changement de politique syndicale, ainsi que despratiques. Les derniers événements du mois de juillet renforce notre posi-tion .» a PUBLICITÉ : Eric Delannoy, ancien directeur général de l’agenceBordelais Lemeunier/Leo Burnett (BL/LB), rejoint BDDP Pariscomme directeur général. Il succède ainsi à Nathalie Rastoin, partiefin mars (Le Monde du 21 mars) à l’agence Ogilvy & Mather Paris.

COMMUNICATION

Eutelsat a acquis le satellite TDF2 pour l’exploiter en RussieL’UNE DES SAGAS les plus ex-

travagantes de l’audiovisuel fran-çais vient de trouver un épilogueinattendu. Le satellite de télévisionTDF2, qui devait incarner un mo-dèle de progrès technologiquemais qui s’est avéré être l’un desplus cuisants fiascos de l’audiovi-suel dans la décennie 80, a finale-ment changé de propriétaire. Il aété cédé fin juillet par Télédiffusionde France (TDF, filiale de FranceTélécom) au consortium européende satellites Eutelsat. Ce dernier lechange actuellement de positionorbitale (de 19 degrés Ouest à 36degrés Est), pour lui permettred’arroser toute la Russie. C’est eneffet la chaîne privée russe NTVqui va utiliser TDF2 pour trans-mettre son bouquet crypté de pro-grammes analogiques, pendant lafin de la durée de vie de ce satellite(douze à dix-huit mois).

« TDF2 sera rejoint l’an prochainpar deux autres satellites, EutelsatIIF2 et Sesat pour constituer un pôleEutelsat à l’Est », affirme PhilippeCayla, directeur du développementd’Eutelsat. Il reste discret sur leprix d’acquisition du satellite, touten assurant « qu’une telle opérationest rentable pour Eutelsat et intéres-

sante pour le client ». En service de-puis la mi-1990, et réservé à la télé-diffusion directe, TDF2 necomptait plus qu’un seul client,Canal Plus, dont le contrat expiraiten juin. La chaîne dénombraitfin juin quelque 3 000 abonnés ir-réductibles encore équipés en ma-tériel de réception pour TDF2. De-puis plusieurs mois, la chaînecryptée avait prévu des conditionsde basculement de ses abonnésTDF2 (estimés à 26 000 fin 1996)vers son bouquet numérique diffu-sé sur Astra. Des propositionscommerciales leur étaient faitespour effectuer une transition endouceur.

Les satellites de télévision di-recte TDF1 et TDF2 sont nés dufruit d’une vaste coopération fran-co-allemande engagée en avril1980, visant à lancer en 1983 un sa-tellite français TDF1 – la construc-tion de TDF2 n’a été décidée qu’en1987 – et son jumeau allemandTVSAT. Un rapport de la Cour descomptes datant de 1992 a sévère-ment épinglé ce programme « au-quel ont été affectés 3,3 milliards defrancs publics provenant de la rede-vance de l’audiovisuel, du CNES(Centre national d’études spatiales),

de TDF et de France Télécom ». Lerapport fustigeait « l’insuccès duprogramme », « la disproportionentre les objectifs et les résultats ob-tenus ». Conçu pour diffuser sixprogrammes de télévision et de ra-dio, TDF1 visait initialement unobjectif de cinq millions de télé-spectateurs pour 1990. En 1992, lenombre de foyers équipés en ma-tériel de réception « ne dépassaitpas, selon les estimations les plusfiables, 35 000 ». Un résultat à rap-procher du score de 4 millions defoyers équipés, réalisé au cours dela même période par la Société eu-ropéenne de satellites (SES), l’opé-rateur luxembourgeois des satel-lites de plus faible puissance Astra.

PANNES TECHNIQUESLa Cour des comptes déplorait

« la lenteur du processus de mise enœuvre du programme (TDF1 n’a étélancé qu’en octobre 1988 et TDF2 enjuillet 1990) alors que progressait laconception de satellites de télé-communications, légers ou moyens,plus fiables tout en ayant des condi-tions de réception proches de cellesdes satellites lourds du programmefranco-allemand ». Des retardsdans la parution des décrets d’ap-

plication de la loi sur l’audiovisuelde 1986 ont abouti à un fonction-nement à vide du satellite pendantplusieurs mois.

Ce lancement a eu lieu sansqu’un bouquet réellement attractifait pu être constitué. Pour couron-ner le tout, d’importants dysfonc-tionnements techniques des tubesà ondes progressives se sont tra-duits par la mise hors service deplusieurs canaux, mettant en causele respect des conditions contrac-tuelles prévues pour la recette deTDF1 (pour la diffusion de CanalPlus, Arte, Antenne 2 et Euromu-sique). Sans compter que la normeD2 MAC PAQUET présentéecomme la panacée et le passageobligé vers la télévision haute défi-nition n’a pas eu le retentissementescompté.

La filière TDF1-TDF2 a été fina-lement abandonnée. « Avec la dif-fusion des chaînes thématiques deNTV sur la Russie, TDF2 n’aura ja-mais eu autant d’audience », assurePhilippe Cayla. Comme quoi l’en-tente franco-allemande dans lessatellites devrait quand même fairedes heureux à l’Est.

Nicole Vulser

Situation le 6 août à 0 h TU Prévisions pour le 8 août à 0 h TU

LE CARNETDU VOYAGEUR

a PAYS-BAS. Le nombre de voya-geurs entre les Pays-Bas et Paris aaugmenté de 50 % en un an, ontindiqué les chemins de fer néer-landais (NS), qui ont attribué cebond à la mise en service du trainà grande vitesse Thalys entreAmsterdam et la capitale fran-çaise. De juin 1996 à mai 1997, en-viron 600 000 voyageurs ont em-prunté la ligne Pays-Bas - Paris.Un an plus tôt, ils n’étaient que400 000. La capitale française étaitalors desservie par des trains nor-maux.a FRANCE. Parcourir Paris à rol-lers ou à vélo, c’est ce que proposeun complexe situé 37, boulevardBourdon, dans le 4e arrondisse-ment. Avec la société Nomades,vouée aux patins en ligne (on peutles tester avant de les louer ou deles acheter), et l’association Paris àvélo c’est sympa, qui, pour moinsde 200 F, programme des baladesinsolites à travers la capitale.

Nuageux et orageuxLA DÉPRESSION située sur le

proche Atlantique ramène toujoursde l’air chaud et humide sur le pays.Le temps restera instable jeudi sur laplupart des régions avec le dévelop-pement de nombreuses cellules ora-geuses.

Bretagne, Pays-de-la-Loire,Basse-Normandie. – Sur la Bre-tagne, les nuages et les éclaircies separtageront le ciel le matin. L’après-midi, des pluies parfois orageuses sedéclencheront. Les températures se-ront comprises entre 21 et 25 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Sur le Centre, les pluies etles orages seront fréquents. Sur lesautres régions, le soleil fera des ap-paritions, mais quelques foyers ora-geux se développeront l’après-midi.Les températures varieront entre 23et 28 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. – Lesnuages seront encore nombreuxmais des éclaircies se développeront,en particulier sur la Lorraine et l’Al-sace. L’après-midi, des orages isolés

éclateront. Il fera 28 à 29 degrés aumaximum.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Le ciel serasouvent chargé avec des ondées etdes orages se développant parplaces. Ces foyers orageux serontplus nombreux sur les Pyrénées etles régions limitrophes . Les tempé-ratures l’après-midi atteindront 24 à27 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – Sur l’Auvergne et le Limou-sin, la journée sera médiocre, avecun ciel très nuageux accompagné depluies et d’orages. Sur Rhône-Alpes,quelques rayons de soleil percerontparfois la couche nuageuse maisquelques orages isolés pourront sedévelopper l’après-midi. Les tempé-ratures seront comprises entre 24 et28 degrés.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. –Sur ces régions, nuages et éclairciesse partageront le ciel. Toutefois, desorages isolés pourront éclater çà etlà. Les températures resteront éle-vées, entre 28 et 32 degrés.

10o 20o0o

40 o

50 o

Belfast

Belgrade SofiaToulouse

Barcelone

Dublin

Londres

Paris

Lyon

Nantes

Bruxelles

Amsterdam

Liverpool

StockholmOslo

Berlin

Prague

VienneBudapest

Bucarest

Strasbourg

Moscou

Kiev

MadridLisbonne

Séville

Alger

Rabat

Tunis

Berne

Milan

RomeNaples

Athènes

Istanbul

Varsovie

Prévisions vers 12h00

Ensoleillé

Peu nuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brume brouillard

Brèves éclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON MARSEILLE

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR. NOUMEA

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI ISTANBUL

KIEV LISBONNE LIVERPOOL LONDRES LUXEMBOURG MADRID MILAN MOSCOU MUNICH NAPLES OSLO PALMA DE M. PRAGUE ROME SEVILLE SOFIA ST-PETERSB. STOCKHOLM TENERIFE VARSOVIE

VENISE VIENNE AMÉRIQUES BRASILIA BUENOS AIR. CARACAS CHICAGO LIMA LOS ANGELES MEXICO MONTREAL NEW YORK SAN FRANCIS. SANTIAGO/CHI TORONTO WASHINGTON AFRIQUE ALGER DAKAR KINSHASA

LE CAIRE MARRAKECH NAIROBI PRETORIA RABAT TUNIS ASIE-OCÉANIE BANGKOK BOMBAY DJAKARTA DUBAI HANOI HONGKONG JERUSALEM NEW DEHLI PEKIN SEOUL SINGAPOUR SYDNEY TOKYO

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7 AOUT 1997

Page 18: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

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Deux réalisateurs racontent leurs choix pour la rétrospective « 50 + 1 Years »FALSTAFFChoisi parJohn Carpenter

« Un film en ruine. Falstaff estun film qui a beaucoup comptépour moi, et dont personne n’abeaucoup entendu parler. Quandj’ai commencé mes études de ci-néma, il était déjà sorti et avait fi-ni sa carrière. J’avais vu tous lesfilms de Welles à la fac, sauf celui-là ; je suis donc allé le voir au ci-néma. J’ai été ému par l’amourqu’Orson Welles avait mis dans cefilm. Welles adaptait Shakespearedepuis le lycée, et il y a mis quel-que chose de son enfance. Re-tournant à Shakespeare, il retour-nait à ses racines.

Dans tous ses films, Welles estacteur, qu’il soit devant ou der-rière la caméra. C’est l’un de sessecrets, et c’est sa nature pro-fonde. Pour Falstaff, il est alléchercher les meilleures répliqueschez le meilleur écrivain de tousles temps.

Malgré un budget modeste etdes défauts techniques, le film ades moments de brio uniques. Aumilieu du film, il y a une scène debataille qui prend place parmi lesplus belles que j’ai vues. Les nota-tions visuelles et émotionnellessont au-delà de ce que Wellesavait fait auparavant, et son inter-prétation est époustouflante.

Quand j’ai vu Falstaff, j’ai eu lesentiment qu’il était enfin parve-nu à ce qu’il voulait, quoi qu’aitpu en dire la critique. Je n’ai ja-mais cru à la scène de CitizenKane où il casse tout dans lachambre : il avait vraiment du malà la sentir en tant qu’acteur. Maisdans Falstaff j’ai su qu’il avait tou-

ché juste. Je le voyais à son vi-sage. Tout ce qu’il avait endurédans sa carrière ressortait dansson jeu, c’était une manière trèspersonnelle de jouer le rôle.

Le plus surprenant dans Falstaffest la présence constante de l’hu-mour tout au long du film. Onconsidère Welles comme l’artistecomblé qui domine tout le mondedu haut de son solennel classique,Citizen Kane. Ici, il multiplie lesnotations drolatiques, comme lesplans de gens en armure hisséssur leurs chevaux, qui sont aussivéridiques.

Il suffit de voir Falstaff pour enrepérer les défauts techniques. Leson est affreux, comme si l’équipen’avait eu que deux heures pourterminer la post-synchronisation.Il est triste de voir un grand met-teur en scène réduit à tolérer cegenre d’imperfections à l’écranpour réaliser sa vision, au risquede compromettre sa crédibilitéauprès du public.

Du moins le film m’a permis, àmoi étudiant en cinéma, deprendre la mesure du combat deWelles avec la technique, et ausside dépasser cette approche su-perficielle des films, pour en dé-couvrir les richesses que ne pos-sèdent pas tant de films à lasurface lisse et polie, qui flattentle regard.

Alors que le brio décoratif etformel de Citizen Kane est fasci-nant à regarder, il est émotionnel-lement sec, et j’en suis toujoursresté un peu loin. Et voilà que cefilm, ruiné par une technique dé-labrée et tourné dans des cir-constances démentes, me cloueau sol. Les acteurs sont magni-

fiques, ils crèvent littéralementl’écran. Welles a véritablementmis sa vision sur l’écran, visionsouvent considérée sans indul-gence par beaucoup de com-mentateurs, mais qui m’a trans-formé.

Un cinéaste comme Hawks aété pour moi un modèle en tech-nique, quelqu’un qui maîtrisaittous les aspects techniques de sesfilms, même les pires. Dans unfilm fait du bout des doigtscomme Hatari, il contrôle chaqueséquence. Il n’a jamais négligé cetaspect du cinéma, parce qu’il n’apas été obligé de travailler dansles conditions que Welles aconnues. Welles est passé dusommet de son art aux décep-tions de la fin de sa carrière, maisil a pourtant été capable demettre toute cette émotion dansce film.

J’ai compris après avoir vu Fals-taff à quel point il est importantde raconter une histoire person-nelle. Même si l ’on échoue,comme ce film a échoué, ce quicompte, c’est d’avoir essayé.Jouer la sécurité ne vaut rien.Dans ma propre carrière, quandje « passais au travers en dormantdebout » comme disait RobertMitchum, j’étais mécontent desrésultats, même si d’autres les ap-préciaient ; alors que ce sontsouvent les films où j’ai mis leplus de moi-même qui n’ont pasvraiment plu aux autres.

J’ai vu beaucoup de films quiont les apparences de l’art, dansle scénario, l’interprétation, latechnique, mais rien d’aussi per-sonnel, rien qui m’ait aussi forte-ment marqué que Falstaff. »

LAWRENCE D’ARABIEChoisi parSteven Spielberg

« Le poète des horizons loin-tains. Ce sont deux films de DavidLean qui m’ont donné envie defaire du cinéma, Le Pont de la rivièreKwai et Lawrence d’Arabie. L’en-vergure et l’audace de ces deuxfilms m’ont fait rêver à d’infiniespossibilités. J’ai vu Lawrence d’Ara-bie à sa sortie en 1962 (...), et ilm’inspire toujours autant au-jourd’hui. Il n’existe rien de gratuitdans ce film ni dans aucun film deLean. Rien n’est de trop. Chaqueplan est un indice qui dévoile l’in-trigue, et chaque image est un échodu cœur.

Dans Lawrence, Peter O’Toolemédite sur son avenir en fixant laflamme d’une allumette. Quand ilsouffle l’allumette, par un chevau-chement sonore de huit photo-grammes, il souffle sur l’écran unsomptueux plan général du soleillevant sur le désert d’Arabie. Lesfilms de David Lean sont commedes grands romans, à une diffé-rence près : quand on lit, c’estl’imagination qui déclenche lesimages ; au cinéma, il faut faireconfiance à l’imagination du met-teur en scène. Si le metteur enscène est bon, il ne trahit pas cetteconfiance ; mais si le metteur enscène est grand, comme DavidLean, il peut aller au-delà, et faireapparaître sur l’écran des imagesque l’imagination même ne peutprévoir. On a dit de David Leanqu’il était le plus grand poète deshorizons lointains du cinéma ; pourmoi, Sir David Lean rapproche ceshorizons de nous avant de fairevoile vers eux et de les traverser. »

Des projectionssous les étoiles

Comme le Festival de Cannes,la manifestation tessinoise estnée en 1946, le 22 août pour êtreexact, et comme lui elle n’a paseu lieu à deux reprises (en 1951et 1956). Son origine vient de lavolonté de concurrencer, enterre italophone mais neutre, laMostra vénitienne d’obédiencefasciste : s’inspirant des projec-tions en plein air inaugurées surla lagune, c’est d’abord dans lacité voisine de Lugano que naîtla Rassegna del film italiano en1941, qui devient internationaleen 1944.

Mais Lugano ayant refuséd’assumer plus longtemps lescontraintes de la manifestation,Locarno reprend le flambeau,organisant des projections sousles étoiles dans les jardins dusplendide et baroque Grand Hô-tel. Cette tradition sera perpé-tuée par les séances qui réu-nissent désormais chaque soirjusqu’à 6 000 spectateurs dans ledécors somptueux de la piazzaGrande, devant l’un des plusgrands écrans d’Europe.

Le cinquantième Festival de Locarno, entre Hollywod et films de rechercheLocarno/Cinéma. La manifestation tessinoise fait appel aux grands cinéastes américains tout en restant fidèle à ses partis pris cinéphiles

LE FESTIVAL de Locarno fêtecette année sa cinquantième édi-tion. Comme Cannes ? Oui, maisdifféremment, ainsi qu’il sied à unemanifestation qui a depuis long-temps choisi non de rivaliser avecles grands festivals de prestige(Cannes, Venise et Berlin), commeelle en avait à l’origine la tentation,mais de s’inventer une identité dif-férente, celle de premier rendez-vous mondial de la cinéphilie. C’estdonc sous le signe d’une défiancedéclarée envers les cérémonials etles commémorations qu’ont étéconçues les « opérations spé-ciales » prévues durant cette cin-quantième édition, qui se dérouledu 6 au 18 août.

La première, la plus specta-

culaire, s’intitule « 50+1 Years ofAmerican Cinema ». Le directeurdu festival, Marco Müller, a deman-dé à trente des plus grands ci-néastes américains de choisir parmila production de leur pays depuisun demi-siècle un film qui les amarqués, mais qui n’aurait pas reçuà sa sortie un accueil digne de lui.Films « cultes », raretés et clas-siques, nanars magnifiques et au-thentiques chefs-d’œuvre révéléspostérieurement voisinent ainsi auprogramme, sous ce prestigieuxparrainage. Martin Scorsese a choi-si Le Passage du canyon, de JacquesTourneur, Clint Eastwood L’enferest à lui, de Raoul Walsh, Jim Jar-musch (qui a obtenu le droit de re-jouer) Les Amants de la nuit, de Ni-

cholas Ray, et Pull my Daisy, deRobert Frank, Francis Coppola LaVengeance aux deux visages, deMarlon Brando, Woody Allen LaColline des hommes perdus, de Sid-ney Lumet, Oliver Stone La Canno-nière du Yang-tsé, de Robert Wise,Robert Kramer Killer of Sheep, deCharles Burnett, Abel Ferrara Zelig,de Woody Allen, Robert AltmanMrs Parker et le cercle vicieux,d’Alan Rudolph...

La liste invite à des comparaisonset réévaluations fécondes dans cer-tains cas, tout en suggérant quel-ques aperçus parfois suprenantssur les goûts des « sélection-neurs ». Ceux-ci ont d’ailleurs étéconviés à rédiger chacun un textejustifiant leur choix (lire ci-dessous).

Toutes ces contributions serontrassemblées dans un livre à pa-raître aux éditions Actes Sud, dansla collection de l’Institut Lumièredirigée par Bertrand Tavernier etThierry Frémaux – depuis long-temps, l’activité éditoriale est l’unedes particularités de Locarno.

Une autre de ses singularités estde ne pas se contenter de présenterles œuvres novatrices mais decontribuer matériellement à leurnaissance, en les coproduisant.Pour l’occasion, le festival est passédu rôle de partenaire à celui decommanditaire, en demandantsept courts métrages à autant de ci-néastes, sur le thème « Cinéma : ré-flexions sur l’avenir ». ChantalAkerman, Marco Bellochio, Abbas

Kiarostami, Robert Kramer, IdrissaOuedraogo, Raoul Ruiz et Samiront relevé le défi.

Outre ces deux programmationsexceptionnelles, on retrouve lessections habituelles du festival. Lejury (où siégeront notammentClaire Denis, Marco Bellochio,Zhang Yimou, la photographe NanGoldin, Freddy Buache, présidentde la Cinémathèque suisse) aura àjuger des vingt films en compéti-tion.

Parmi ces candidats au Léopardd’or, on guettera notamment Fools,premier long métrage sud-africainnoir de l’après-apartheid, réalisépar Ramadan Suleiman, Ayhen,deuxième film de l’Iranien Jafar Pa-nahi, l’auteur du Ballon blanc, lesnouvelles réalisations de personna-lités aussi originales que RandaChahal Sabbagh, Jean-François Os-sang ou Christine Laurent.

Les projections de gala de lapiazza Grande (où les bâtiments,pas les spectateurs, sont en tenuede soirée...) présentent nombre desprincipales œuvres découvertes àCannes en 1997 (signées Chahine,Egoyan, Imamura...) et révèlent lenouveau film de Mike Leigh, CareerGirls, un an après sa Palme d’or. Ceprogramme, qui fait une large partau spectaculaire, avec notammentMen in Black en ouverture et le trèsattendu Volte-face, de John Woo,verra aussi l’attribution du tradi-tionnel Léopard d’honneur, décer-né cette année à Bernardo Berto-lucci.

Films « cultes »,raretés et classiques,nanars magnifiqueset authentiqueschefs-d’œuvrevoisinentau programme

Mais, à Locarno, estivale capitalecinéphile vers laquelle convergentchaque année des afficionados ve-nus de toute l’Europe, les « à-cô-tés » sont souvent aussi passion-nants que les projections officielles.Cette manifestation fait bon ac-cueil aux œuvres hors normes, parleur durée, leur support ou leur na-ture. Ainsi ce festival de cinéma aété un des premiers à faire largeplace à la vidéo, tandis que réalisa-tions courtes ou fleuves, works in

progress et témoignages filmés surle cinéma composent un ensemblede réflexions en images souvent fé-condes, parfois splendides.

Parmi les temps forts du pro-gramme de cette année figurentnotamment les soixante heures dujournal filmé du père de l’avant-garde new-yorkaise, Jonas Mekas(Diaries 1949-1997), comme lesœuvres d’un de ses lointains cou-sins français, le franc-tireur MarcelHanoun (Un arbre fou d’oiseaux ; LaBoulangère et le Cosmonaute ; Bruitd’amour et de guerre ; Anthologie1984-1997). Mais aussi le « pré-tournage » en vidéo du Goût de la

cerise (Palme d’or à Cannes) où Ab-bas Kiarostami joue le rôle princi-pal devant la caméra tenue par sonfils Bahman.

Rencontres, va-et-vient, croise-ment de stars et d’inconnus, c’estl’esprit d’un festival dont le cinémaen tous ses états reste la seule rai-son d’exister, et qui pourraitprendre pour slogan le titre dunouveau film de Jean Rouch, aveclequel il est allé saluer Manoel deOliveira : En une poignée de mainsamies.

Jean-Michel Frodon

C U LT U R ELE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997

L’ÉTÉ FESTIVAL Les anniversaires succèdent auxanniversaires, manière de nousrappeler qu’il y a cinquante ans,l’Europe faisait dans sareconstruction le pari de sonunité. L’an passé, Avignon fêtaitsa cinquantième édition. Auprintemps, Cannes célébraitl’anniversaire de sa fondation.Vient le tour du Festival deLocarno, premier rendez-vousmondial de la cinéphilie, qui setient cette année du 6 au 18 août.Pour marquer cette date, lesorganisateurs ont demandé àtrente des plus grands cinéastesaméricains de choisir parmi laproduction de leur pays un filmqui les a marqués, mais quin’aurait pas reçu à sa sortie unaccueil digne de lui. Nouspublions ici les explications deJohn Carpenter et StevenSpielberg qui défendentrespectivement « Falstaff »,d’Orson Welles, et « Lawrenced’Arabie », de David Lean. EnSuisse toujours, Genève reçoitles œuvres sensuelles deBalthasar Burkhard et de sonincroyable ménagerie.

LA PHOTOGRAPHIE DE GÉRARD RONDEAU

Les jeudis du portA Brest, le jeudi, sur les quais du portde commerce, il se passe toujoursquelque chose : la semaine dernière,des milliers de spectateurs ontécouté Candye Kane et l’Orchestrenational de Barbès. Le 7 août, placeà Edgar de l’Est (musette au goût dujour) et à Coco Robicheaux (bluescajun). Jusqu’au 28 août.

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LeMonde Job: WMQ0708--0019-0 WAS LMQ0708-19 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0414 Lcp: 196 CMYK

C U L T U R E - F E S T I V A L S LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 / 19

HORS CHAMP

a Le 23e Festival du cinémaaméricain de Deauville aura lieucette année du 5 au 14 septembre.Le jury, présidé par la comédienneSophie Marceau (notrephotographie), réunit le cinéaste

Etienne Chatiliez, le philosopheAlain Finkielkraut, l’acteur JohnHurt et les comédiennes InèsSastre, Michèle Laroque etElodie Bouchez. La manifestationsera marquée par la premièreprésentation européenne de TheLost World, deuxième épisode deJurassic Park, réalisé par StevenSpielberg. Le gros succès deWolfgang Petersen, Air ForceOne, servi par Harrison Ford,présent à Deauville, partagera lehaut de l’affiche. Plusieurshommages seront rendus au coursde ces dix jours, notamment aucomédien Morgan Freeman,révélé par Miss Daisy et sonchauffeur. Le producteur ArnoldKopelson (Chute libre, Le Fugitif,Seven...) fera l’objet d’unhommage du Festival, ainsi que leréalisateur John Waters, auteuriconoclaste de Cry, Baby et deSerial Mother.a La vie des discothèques, lesinterviews de chanteurs et leclassement des clubs sont

quelques-uns des sujets que veuttraiter Night Life, nouveaumagazine consacré à la vienocturne hexagonale eteuropéenne. Ce bimensuel lancépar Patrick Marot, professionnelde l’« événementiel » venu deBelgique, a pour vocation de servirde « relais entre les différentespersonnes qui font bouger la nuit etde rester très ouvert sur ce qui sepasse en France et à l’étranger ».Au menu du numéro dejuillet-août – numéro zérodistribué seulement auxprofessionnels –, une interview duchanteur latino Ricky Martin etde DJ Corti, une visite guidée deLa Rocca, grande discothèquebelge, ou encore un article sur le« phénomène rétro ». Se défendantde tout « parisianisme », lepremier numéro du bimensueldevrait être en vente en kiosque àla fin du mois au prix de 25 francs.a Le jeune pianiste de jazzaméricain Brad Mehldaudonnera, le 3 septembre, le coupd’envoi de la saison 1997-98 duNew Morning, club du centre deParis. Mehldau a publié auprintemps The Art of the Trio,volume I (Warner-Jazz). Ilenregistrera dans les prochainsjours, en public dans un grandclub new-yorkais, le deuxièmevolume de cet ensemble, àparaître début 1998. Ce musicienprodige, qui appartient à lagénération montante des pianistesde jazz (aux côtés notamment deJacky Terrasson, Laurent deWilde, Rodney Kendrick...), seproduira au New Morning avec lesdeux musiciens quil’accompagnent sur son dernieralbum : Larry Grenadier à lacontrebasse et Jorge Rossy à labatterie.

Le cochon et le regardeurL’artiste Niele Toroni a consacré un texte au Cochon laineux dans

le catalogue de la rétrospective de Balthasar Burkhard, où il note,non sans malice, l’apport de son ami à la théorie de Marcel Du-champ selon laquelle c’est le regardeur qui fait l’œuvre :

« L’autre jour, dans une galerie, il y avait devant la photographie ducochon un regardeur. C’était un éminent critique ou, comme ils aimentse nommer maintenant, un théoricien de l’art du XXe siècle. L’observantde loin, je vis, à ma grande stupeur, qu’il dégustait avec délectation sescrottes de nez. “Ah ! le cochon”, n’ai-je pu m’empêcher de penser. Maistout de suite m’apparut l’importance de cette observation. En effet,dans ce cas, le regardeur ne faisait pas seulement l’œuvre : il faisait lesujet même de l’œuvre. Mieux : il était l’œuvre. Donc on peut mainte-nant dire : le regardeur est l’œuvre. Et cela grâce à B.B. [BalthasarBurkhard] et pas à M.D. [Marcel Duchamp]. »

Les grands formats sensuels de Balthasar BurkhardGenève/Arts. Le Musée Rath présente la première rétrospective d’un artiste

qui aime jouer des ambiguïtés de la photographie

BALTHASAR BURKHARD, élogede l’ombre. Musée Rath, 1, placeNeuve, 1204 Genève. Tél. : 00-41-22-310-52-70. Ouvert tous lesjours, sauf le lundi, de 10 heuresà 17 heures. Le mercredi de12 heures à 21 heures. Jusqu’au7 septembre. Catalogue, EditionsLars Müller, 240 pages, 60 francssuisses (240 francs français envi-ron).

Pour un grand nu, c’est un grandnu. Huit mètres de long. Et encore,une première version, aujourd’huidétruite, mesurait plus de13 mètres. La dame est alanguie surtout un mur du Musée Rath, au re-pos, la fesse saillante et le bras àdemi plié devant le visage. Un nubizarre, cependant, trop étiré, à lamanière d’un Modigliani.

Il a fallu à Balthasar Burkhardpas moins de quatre prises de vuepour faire entrer son modèle déme-suré dans l’objectif de son appareil.Quatre expositions de la pellicule,en déplaçant à chaque fois son boî-tier, parallèlement au modèle, dequelques dizaines de centimètres.Une pour la jambe, une pour lahanche, une autre pour le torse, etune dernière pour la tête et le bras.Et ces quatre points de vue, cesquatre prises de vie, n’en font plusqu’un, une fois accrochés au mur.Mais ils introduisent une distorsionde cette perspective à laquelle nousont habitués les appareils photo-graphiques. La perception du nuest troublante, plus proche de celleque peuvent avoir des amants, desgros plans qui, à force de déplace-ment, reconstituent en entier, maissurmultiplié, le corps caressé.

Burkhard est sensuel, Burkhardest ambigu : il faut un certaintemps au visiteur, même le plus in-nocent, pour comprendre que cesgrandes lèvres humides et bril-lantes qui s’offrent à lui appar-tiennent à un inoffensif escargot,

hermaphrodite, toutefois. Burk-hard n’est pas toujours si direct :son Cochon laineux, reproduit gran-deur nature, fascinera plus lesSuisses que d’autres. L’animal, ty-piquement helvète, est en effet envoie de disparition.

DES PIEDS ET DES MAINSLe dessous du pied délicat d’une

maïko, une apprentie geisha japo-naise, excitera les Nippons plusqu’aucun autre peuple, eux quisavent seuls quels trésors cachésrecèlent l’offrande au photographed’une plante si jolie, et d’orteils sitendres.

Des pieds, le visiteur en verrad’autres, plus rudes, et plus poilus.Et des mains aussi. Toujours gran-

deur nature, ou légèrement surdi-mensionnés. Burkhard fait partiede ces gens qui utilisent la chambrenoire, mais refusent catégorique-ment d’être pris pour des photo-graphes. A l’ambiance des agences,il préfère le milieu des arts plas-tiques, plus vaste à son goût. Plusbestial aussi, comme il le confiaitau Journal de Genève (7 et 8 juin1997) : « Les portraits d’artistes etamis, absents de l’accrochage gene-vois faute de place, conduisent aux

prises de vue d’animaux... » Quelsamis ! Christian Boltanski, MarioMerz ou un des spécialistes del’œuvre de Marcel Duchamp,Jacques Caumont. Et quels ani-maux : hormis le cochon déjà cité,la ménagerie de Burkhard, em-pruntée pour l’essentiel à un cirquesuisse célèbre ou à un zoo de Cali-fornie, comporte un zèbre, un la-ma, un puma, un lion, et biend’autres bestioles qui ont toutes étéreproduites grandeur nature. Al’exception de l’éléphant, qui nerentrait pas dans la cuve du révéla-teur.

Chaque modèle a défilé devantl’objectif, prenant des poses sur unfond neutre. Ils sont sauvages, sanslaisse ni collier. Leur dresseur reste

hors du champ de l’appareil, ilssont seuls face à l’objectif. Ou deprofil, plutôt, comme le zèbre, lechameau ou le rhinocéros qui sepavanent, apparemment indiffé-rents. Le lion jette un regardoblique, le puma couve le photo-graphe d’un œil intéressé, voiregourmand. Le même, sans doute,toutes proportions gardées, que luijetait Harald Szeemann, qui diri-geait dans les années 60 la Kuns-thalle de Berne, où Burkhard fit sespremières armes, en photogra-phiant les grands fauves du mondede l’art contemporain. C’est avecun lionceau de son âge, MarkusRaetz, lui aussi amateur des glisse-ments de sens et des cabrioles infli-gées aux images, que Burkhardproduisit la série des Intérieurs, en1969-1970. Certaines de ces fragileset monumentales photographies,tirées sur toile libre de tout châssis,sont exposées à Genève, comme LeRideau, ou l’Atelier. Déjà, elles neressemblent à rien de connu,images à la fois réelles et fantoma-tiques.

D’un long séjour aux Etats-Unis,

en pleine apogée du minimalismeet du land art, Burkhard retient legoût pour l’installation (dont il sesouvient quinze ans plus tard lors-qu’il flanque le pavillon suisse de laBiennale de Séville, en 1992, de sixgigantesques bannières faites deses photographies flottant au vent),et comprend l’efficacité du travailen série. En 1983, il mitraille ainsiun pied nu, masculin, et son molletpoilu, sous toutes les coutures, eten expose les différentes versionsdémesurément agrandies. Puisvient le tour d’un genou. Un brasmaigre, noueux, aux veines sail-lantes, subira le même sort cinq ansplus tard. Et quelques amas depoils, de provenances diverses maispas toujours identifiables.

REGARD LUDIQUE ET TENDREUn séjour au Japon, en 1987, va

lui permettre d’approfondir sa pra-tique, de pousser plus avant sonanalyse du détail, d’aiguiser son re-gard à la fois ludique et tendre por-té sur les petits mondes créés par lanature, et profondément modifiéspar la culture : le pied de la maïkoen est le prototype, fruit d’une civi-lisation millénaire, comme les jar-dins de gravier des temples zen. Ilretire également de son passage aupays du Soleil-Levant le titre de sarétrospective de Genève, empruntéau roman de Junichiro Tanizaki,Eloge de l’ombre. Un paradoxe deplus, et un pied de nez aux photo-grapholâtres amateurs de projec-teurs.

Rapporté à l’imaginaire occiden-tal, son œuvre est parfois, para-doxalement, moins convaincante.Ainsi, sa version de l’Origine dumonde pourrait n’apparaître quecomme un nu un peu vulgaire etsalace à ceux qui ignoreraient en-core le célèbre tableau de GustaveCourbet. Aux autres, il sembleravoluptueux certes, mais un peu dé-risoire : il lui manque l’extrême vio-lence que la peinture seule pouvaitconférer à un tel sujet, la moiteur etl’onctuosité de l’huile, la peau dutableau.

Burkhard pourtant travaille ennoir et blanc, pour l’essentiel. Il tirelui même ses photographies, par-fois sur des matériaux inhabituels,comme la toile. Ou encore utilisedes techniques oubliées, comme latoujours somptueuse héliogravure.Petit à petit, il approche ainsi d’unematière qui fait habituellement dé-faut à son médium d’élection. Maisqui n’a jamais rien gagné à singer lapeinture.

Harry Bellet

« Un millier d’œuvres insolites,de la plus grande inventivité,réalisées par des bricoleurs de rêves »

Grands crus et cuits de BourgogneFolklore et autres « fruits de l’imaginaire » rivalisent dans l’Yonne

SOUS SES ALLURES de Franceprofonde, la Bourgogne est une ré-gion secouée : Festival de carillon,Folkloriades internationales à Di-jon et à Beaune (à partir du25 août) ; Festival musical desgrands crus, à Cluny, Meursault,Gevrey-Chambertin, Chablis,Noyers : des concerts suivis de dé-gustations et entrelardés de stagesostensiblement bachiques... Cha-lon s’est cogné son 11e Festival desartistes de la rue, Macon son Etéfrappé. C’est une tendance géné-rale en France de parier surl’ivresse et la blague, la palmeétant détenue par Vire et ses Vire-voltés qui font l’andouille jusqu’au15 août, suivie par le Festival Au-card de Tours, puissant jeu demots qui (en juin) permet une pro-grammation des plus composites.

Mais la Bourgogne et la Franceprofonde manifestent aussi unevolonté de sérieux, notammentsous la forme d’expositions. Enmatière d’arts plastiques, la culturedes festivals, qui devrait être laplus décontractée, tend à se placerdans le registre du plus strictquant-à-soi, et éventuellementdans celui des revendications.

Cette attitude est inversementproportionnelle à un état supposéde la reconnaissance publique.Plus de problèmes, donc, pour lesartistes, traditionnels ou contem-porains, venus d’Afrique au châ-teau de Tanlay. Avec ou sans leMusée des arts premiers, l’art afri-cain est bien ancré dans le marchéde l’art, intégré par les Musées deFrance, digéré par la direction desarts plastiques. Mais c’est fou ceque les arts encore mineurs

semblent impatients de jouer dansla cour des grands, au risque deperdre justement ce qui fait leurâme et leur vertu.

C’est à une sorte de festivalspontané que se prête à cet égardl’Yonne, et plus particulièrement laPuisaye, territoire agreste à l’ouestd’Auxerre, fermé à l’est par les fa-meuses sept écluses du canal deBriare. Spécialité : les arts popu-laires, forains, naïfs, ou carrémentbruts. A Laduz, le Musée rural desarts populaires, fondé en 1986 parRaymond Humbert, se présenteainsi comme le « fruit de quaranteannées de passion et de rechercheobstinée d’objets témoins de la créa-

tivité populaire ». Un hommage estrendu, durant tout l’été, à AlfredChanvin, fabricant d’animaux enbois pour manèges entre 1885 et1914.

A Fontenoy, le château du Trem-blay, voué à l’art naïf, et érigé enCentre régional d’art contempo-rain, le caractère revendicatif del’exposition « Vous avez dit singu-lier ? » s’exprime clairement :« Dérivé de l’art brut, l’art dit singu-lier, longtemps écarté des lieux-ditsculturels, pourrait bien constituerune tendance majeure de l’expres-sion de notre époque. » A Noyers-sur-Serein, plus à l’est (étape duFestival musical des grands crus !),

un autre musée d’art naïf, pas en-core ennobli, accueille « des re-gards de peintres sur les mondesexotiques. Les artistes contempo-rains "en marge" y déposent leursœuvres ».

C’est sur ce même principe dudépôt, tantôt spontané, tantôt sys-tématiquement proposé, que s’estconstituée la collection privée dela Fabuloselie, à Dicy, un micro-patelin de la Puisaye, à l’ouest deJoigny. « Art hors norme et artbrut. » Le musée présente « unmillier d’œuvres insolites, de la plusgrande inventivité, réalisées par des"bricoleurs de rêves". Pur fruit del’imaginaire ». Tarif : 30 francs

pour les adultes que certainsd’entre nous sont restés. Visite :une heure trente. On se sentd’abord un peu agacé et puis ondécouvre, rassemblée par lesBourbonnais, une remarquablecollection d’art brut, sorte de garede triage pour la collection de Du-buffet, surabondante, inégale, vo-lontiers morbide, mais dominée,dans un parc étonnant, par le cé-lèbre manège de Petit-Pierre. AVezelay enfin, Moreau exposedans son propre atelier l’expres-sion de son « art visionnaire ».Gustave Moreau ? Non, Claude.

Frédéric Edelmann

A L’AFFICHE

Jazz in MarciacVingtième édition de cerendez-vous exceptionnel dans unpetit village du Gers qui s’affirmecomme l’une des plus réjouissantesmanifestations de l’été musical. Unchapiteau gigantesque a été dressésur le stade de rugby, où seproduiront les plus grandespointures de la scène jazz : DianaKrall, Manhattan Transfer (le 8),Roy Hargrove, David Sanchez,Gary Bartz et Jon Faddis (le 9),Arturo Sandoval et Tito Puente (le10), BB King (le 11), Ray Charles etses amis (le 12), Joe Lovano, TomHarrell et McCoy Tner (le 13), GuyLafitte et Oscar Peterson (le 14),l’ONJ (le 15), Jacky Terrasson etDee Dee Bridgewater (le 16).Jazz in Marciac, hôtel de ville,32230 Marciac. Tél. : 05-62-09-31-98.

L’été musicalde la vallée du LotLe prince consort Henrikde Danemark préside cettemanifestation qui se tient du 6 au15 août dans plusieurs villes etvillages du Lot– Saint-Hilaire-de-Montcuq,Cahors, Saint-Pierre-de-Gourdon...On pourra entendre le pianisteJean-Claude Pennetier, qui vient detriompher à La Roque-d’Anthéron(le 10), le violoniste AugustinHadelich, virtuose de douze ans quise produira pour la première foisen France (le 12) et de nombreuxsolistes ainsi que le Hugo WolfQuartet (le 6).Eté musical, 78, rue duPortail-Alban, 46000 Cahors. Tél. :05-65-35-35-21.

La carte du Tendre sans boussoleCrestet/Arts. Promenade sentimentaleau pied des Dentelles de Montmirail

« A (a)mitiés et autres catastro-phes ». La Carte du Tendre. Gha-da Amer, Marie Legros, FrédéricLormeau, Marc Quer, Didier Tré-net. Crestet, centre d’art, cheminde la Verrière, 84110 Crestet-Vai-son-la-Romaine. Tél. : 04-90-36-34-85. Tous les jours, de11 heures à 19 heures. Jusqu’au1er septembre. Catalogue Géogra-phies du Tendre, Actes-Sud, 96 p.,70 F.

Les promenades sentimentalespeuvent être torrides parfois. Quicheminera dans la garrigue envi-ronnant le centre d’art du Cresteten fera l’expérience, s’il n’a pas labonne idée d’y aller en fin de jour-née lorsque les ombres s’allongentdans le sous-bois et que la fraî-cheur s’installe. Le moment estmieux choisi pour effeuiller lamarguerite. C’est d’ailleurs ce quepropose au visiteur « A (a)mitiéset autres catastophes ». Sous-titréLa Carte du Tendre, c’est un hom-mage dont Melle de Scudéry seraitsans doute bien étonnée.

Elle commence par une cueil-lette. Chaque promeneur, dûmentmuni de sa marguerite, est invité àdévaler un sentier plutôt raidepour découvrir une clairière se-mée de petits pots. On y plante safleur, et l’ensemble, lorsqu’il estrendu assez touffu par l’affluence,dessine deux visages de profil quis’embrassent. Hélas, les deuxamants restent le plus souvent vir-tuels : le centre d’art du Crestet,perché au-dessus d’un bien jolivieux village situé au cœur desDentelles de Montmirail, n’attirepas les foules. C’est dommage, lapromenade vaut le détour.

Peut-être est-ce pour évoquerce visiteur absent que le jalon sui-vant, le plus violent mais le plusréellement tendre de l’exposition,est graffité d’un gigantesque « TUME MANQUES ». Il s’agit d’unecabane de chantier rouge, in-congrue au milieu des sept hec-tares d’un parc tout vert. Elle estune ode à ces hommes travaillantloin des leurs. Qui ne rentrerontpas de sitôt au foyer s’ils suiventles panneaux de signalisationavoisinants. Drôles de panneauxd’ailleurs : deux poteaux sup-portent chacun trois plaques indi-quant la direction de lieux imagi-naires, mais aux noms évocateurs.Vu de près, avec les mottes de fu-mier qui s’amoncellent en cônes àleur base, ils évoquent deux pattesde poule, des volatiles géants quel’on aurait enterrés la tête en bas.

D’ailleurs, c’est peut-être leursouffle que l’on entend dans lavallée un peu plus bas.

Après avoir perdu le sien à des-cendre dans le talweg pour gravirensuite un autre raidillon, onaperçoit une masse rose qui pal-pite. Moment de gêne : pour êtrecritique, on n’en est pas pour au-tant voyeur. Mais le râle n’estguère naturel, et, soudain, toutdisparaît. Il faut se mettre à l’affûtet attendre que les halètementsreprennent : le spectacle en vautla chandelle.

On en laissera la primeur au vi-siteur. Il aura tout intérêt à de-mander quelques explications auxanimateurs du centre, tout dispo-sés du reste à les fournir. Car letrès joli petit livre qui accompagnel’exposition ne l’éclaircit guère. Ilest plutôt un cheminement paral-lèle, échange épistolaire entre l’or-ganisatrice, Nathalie Viaut, et lesartistes qu’elle a choisis.

« ÉBRIÉTÉ VERBALE »On signalera la préface de Mi-

chel Onfray, un bonheur de textequi remet, enfin, Mlle de Scudéry etles Précieuses, qui n’étaient pasencore ridicules, à leur place. Aveccette assimilation de la carte duTendre à la Madeleine de Proust :« Il me revenait qu’adolescent,j’avais aimé cette géographie senti-mentale qui a le mérite d’évacuer lecorps dans une période où il faitnaturellement problème, la puber-té. Pas de chair, pas de sexe, pas desang, mais des mots, du verbe, de larhétorique, du discours amoureuxen lieu et place de l’amour, sinondes preuves ou des corps qui secherchent, se trouvent ou semanquent. De la casuistiquecomme on n’en fait plus pour pro-duire une ébriété verbale, une lé-gère ivresse limitée au seul pouvoirdes mots. (...) Madeleine de Scudérypense, écrit et dessine dans l’obses-sion régressive. La modernité, soustoutes ses formes, semble ne jamaislui agréer... »

On se bornera à rappeler le rôlepionnier de la pauvre Madeleinedans l’évolution du langage : lesens figuré, affectif, du mot « ten-dresse » naît grâce à elle et cer-tains de ses contemporains, mal-gré l’opposition des académiciens,qui, tristes sires, voulaient réser-ver le terme aux viandes. On l’au-ra compris, l’exposition s’adresseaux sens plus qu’à la raison.L’amitié aussi du reste. Quant àl’amour...

Ha. B.

ET SUR INTERNET. Le journal des festivals,nos photographies et reportages : www. lemonde.fr/festivals

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Page 20: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

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Barry Sonnenfeld, réalisateur

« La seule minorité sur laquelle on ait encore le droit de faire de l’humour »

20 / LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 C U L T U R E - C I N É M A

Ouverture en décembre du nouveau Centre GettyRichard Meier a réalisé le grand complexe culturel de Los Angeles

LE NOUVEAU CENTRE artis-tique et culturel du J. Paul GettyTrust, construit sur une colline ensurplomb de Los Angeles et del’océan Pacifique, ouvrira sesportes le 16 décembre prochain.Le musée de Malibu, créé en 1953,a fermé le 6 juillet pour des tra-vaux de rénovation qui s’achève-ront en 2001. La Fondation Gettyest enviée pour ses activités, quivont du soutien à la recherchedans les domaines des arts et dupatrimoine à la constitution deplusieurs collections muséales, enpassant par de nombreuses publi-cations et un programme debourses qui a réparti plus de60 millions de dollars (300 millionsde francs) pour financer 1 500 pro-jets dans une centaine de pays. Laréalisation du nouveau Getty Cen-

ter a été confiée à l’architecteaméricain Richard Meier, âgé desoixante-deux ans, lauréat en 1984du Pritzker Architecture Prize.

Meier, architecte du siège deCanal Plus à Paris, travaille depuistreize ans à la conception et à laréalisation du centre, désormaisl’un des plus grands complexesculturels privés au monde. Le ter-rain s’étend sur 45 hectares etcomporte six pavillons à deuxniveaux reliés par des passerelles,des cours, des jardins... Cetimmense campus de 87 000 m2

consacre 33 000 m2 aux espacesmuséographiques. Les collectionspermanentes ont été transféréesdu musée de Malibu. Mais leGetty ne cesse d’investir dansl’achat d’œuvres, Les Iris, de VanGogh, ou Nature morte avec

pommes, de Cézanne, acquis pour25 millions de dollars en 1996.

Le centre accueille par ailleursl’Institut de recherche sur l’his-toire de l’art et les scienceshumaines et les Instituts deconservation, de l’information etde l’éducation artistique. Le GettyTrust, qui dispose d’un capital deplus de 4 milliards de dollars etemploie 800 personnes, a consa-cré environ 1 milliard de dollarspour son nouveau centre, quiattend 1,3 de visiteurs par an.Directeur de la fondation depuis1981, Harold M. Williams aannoncé sa décision de laisser sonposte le 5 janvier 1998 au Dr BarryMunitz, chancelier de l’universitéde Californie.

Frédéric Edelmann

« Qu’est-ce qui vous a attirédans la bande dessinée dont estadapté Men in Black, et pourquoien avez-vous concentré l’actionà New York ?

– Je crois que nous n’avons pasla moindre idée de ce qui se passe,et la bande dessinée soulignait trèsbien cet aspect. Il y a un côté trèsarrogant chez les humains. J’ai te-nu absolument à ce que le film sedéroule à New York, j’ai grandielà-bas, et les gens y sont très bi-zarres. Il n’y a jamais deux per-sonnes qui se ressemblent. LesNew-Yorkais ont de grandesoreilles et des yeux inexpressifs, etils se parlent tout seuls. Les gensaux Etats-Unis sont de moins enmoins tolérants vis-à-vis des diffé-rences, alors que les New-Yorkaisle sont nettement plus. J’imaginedonc très bien comment des extra-terrestres pourraient y vivre, s’yépanouir, sans jamais être remar-qués.

» Lorsque j’ai appris que StevenSpielberg allait être le producteurexécutif du film, je lui ai tout desuite dit que j’éviterais de faire unecomédie pour essayer de faire uneversion de French Connection avecdes extraterrestres. Je me suis ditque le traitement du film se devaitd’être réaliste, Tommy Lee Jonesreprendrait le personnage inter-prété par Gene Hackman, saufqu’au lieu de s’en prendre à des

dealers il rechercherait des extra-terrestres. L’humour du film vientde là : si vous voyez des person-nages qui ne s’étonnent même pasde croiser des extraterrestres, vousobtenez un décalage qui ne peutque faire sourire le spectateur. J’aiegalement beaucoup joué surl’écart entre Tommy Lee Jones, quijoue un personnage très sérieux, etWill Smith, son partenaire, qui estbeaucoup plus blagueur. C’est unprincipe de comédie très codéqu’on retrouve dans Laurel et Har-dy, Abbott et Costello...

– Will Smith et Tommy LeeJones sont habillés comme desacteurs de film noir des an-nées 60. Le comique ne vient-ilpas de ce décalage entre un filmfuturiste et des personnages quisemblent venir d’un passé éloi-gné ?

– Tommy Lee Jones dit dans lefilm que le premier extraterrestre adébarqué sur Terre en mars 1962. Ilme semblait donc évident que leconcept de mode et de style s’éva-nouisse à partir de ce jour. Etre à lamode ou être ringard me semblaitcomplètement obsolète devantl’idée forte que nous n’étions plusseuls dans cet univers. Les quar-

tiers généraux des Men in Blacksont inspirés d’un des terminauxTWA à l’aéroport Kennedy, dessi-né par un architecte finnois, quiest tout en cercles et en courbes.J’ai du coup essayé de multiplierles décors où les personnages évo-luaient dans des cercles. La scènede poursuite du début, parexemple, où Will Smith courtaprès un extraterrestre dans leGuggenheim Museum. Ce musée avraiment l’air d’une soucoupe vo-lante. Les années 60 étaient obsé-dées par le futur, ce qui en faisaitdu coup une période parfaite pource mélange de futurisme et denostalgie.

– Men in Black est-il un film surles extraterrestres ou sur la dé-tresse de ces hommes en noirqui doivent abandonner touteattache familiale pour se consa-crer à leur tâche ?

– Un film sur les hommes ennoir, incontestablement. Ilsdoivent non seulement sauver laplanète, mais personne n’en saurajamais rien. Les héros sont aumoins célébrés, pas eux. J’aimebeaucoup la scène où Tommy LeeJones regarde sa femme grâce à unsatellite alors que celle-ci le croit

disparu pour toujours. Le person-nage de Tommy Lee Jones est ob-sédé par la vérité, et par les dif-férentes manières de la révéler.C’est ce qui en fait un véritable hé-ros à mes yeux.

– Comment expliquez-vous lavogue des films sur les extrater-restres ?

– Je suis frappé par la vagued’intolérance qui frappe les Etats-Unis en ce moment. Et par lavogue du « politiquement cor-rect ». Vous ne pouvez rien dire ouécrire sur un groupe, une minoritéou un parti sans vous ramasser undroit de réponse ou un procès. Ilne faut pas alors s’étonner de voirse multiplier les films sur les extra-terrestres, il s’agit du seul groupesur lequel on ait encore le droit defaire de l’humour en toute liberté,mais pour combien de temps en-core ? Je voulais préciser à la fin dufilm qu’aucun animal ou extrater-restre n’avait été maltraité durantle tournage, mais le studio a préfé-ré reculer, de peur de se voir collerun procès par une association dedéfense des animaux. »

Propos recueillis parSamuel Blumenfeld

L’extraterrestre est l’avenir de l’hommeMen in Black. Dans la tradition du film de science-fiction, cette grosse production fera date

Film américain de Barry Son-nenfeld. Avec Tommy Lee Jones,Will Smith, Linda Fiorentino,Vincent D’Onofrio. (1 h 38.)

Men in Black est un film qui mal-traite. La chose est suffisammentrare et mérite d’être considéréeavec le respect qui s’impose. Leparti pris de Barry Sonnenfeld estsimple et imprégné d’un sens de larelativité qui l’honore : les Terriensseraient une population parmi lescentaines d’autres qui peuplentnotre système solaire, et représen-teraient sans aucun doute l’une desespèces des moins évoluées. Notreprétendu progrès technologique –voiture, four à micro-ondes, ma-chine à pop-corn, fer à friser lescheveux, fil à couper le beurre – se-rait dû aux informations obtenuespar des douaniers zélés chargés deles soutirer à des extraterrestresdébarqués illégalement sur Terreen échange d’un permis de séjour.A la question de savoir ce que nousconnaissons, Barry Sonnenfeld ré-pond simplement que l’intelligencen’est pas de ce monde.

La subtilité non plus. Grâce auxcouvertures des tabloïds sur les-quelles figurent les derniers récitsd’une femme enlevée dans saferme par un extraterrestre à sixbras ou ceux d’une famille forcéepar des hommes verts aux yeuxglobuleux à creuser des trous àmain nue dans son jardin, les ex-perts d’un étrange MIB (Men inBlack) retrouvent la trace de tousles résidents désirables et indési-rables venus nicher sur notre pla-nète. L’idée de départ de BarrySonnenfeld pourrait être un despoints du manifeste surréaliste :faire la synthèse du merveilleux etdu banal.

Sous sa bonne humeur appa-rente et son second degré affiché,Barry Sonnenfeld a fait un filmprofondément pessimiste. Pour in-tégrer l’unité spéciale des MIB,dont l’existence est tenue cachée

aux yeux du grand public, TommyLee Jones et Will Smith doivent re-noncer à leur identité – leurs nomssont transformés en numéros,leurs empreintes digitales effacées– et à tout contact avec leur familleou leurs proches. Le quartier géné-ral du MIB ressemble à une im-mense ruche dissimulée dans unbuilding de Manhattan où s’ac-tivent une myriade d’ouvriers-fourmis chargés de repérer la tota-lité des allées et venues entre lesdifférentes constellations.

Cet univers, explicitement em-prunté à Franz Kafka, représenteun château à l’envers, d’où il n’est

cette fois-ci plus possible de sortir.Ce n’est pas un hasard si la menaceà laquelle doivent faire face lesdeux hommes en noir est incarnéepar un immense insecte prêt à dé-truire la planète et prenant, pourse faufiler plus discrètement, l’ap-parence humaine d’un dératiseurspécialisé dans l’extermination descafards. Men in Black se complaît àrépéter la même scène de méta-morphose d’hommes en insectes.Le film dépeint un univers où leshumains deviennent machines, oùles extraterrestres, se délivrant peuà peu de leurs oripeaux empruntésaux humains, redeviennent ani-

maux. Dans la longue histoire de lascience-fiction paranoïaque, Menin Black est à marquer d’une pierreblanche. La Chose d’un autremonde, de Howard Hawks, regar-dait l’extraterrestre comme unesimple menace destructrice. DansL’Invasion des profanateurs de sé-pulture, Don Siegel les décrivaitcomme une métaphore ducommunisme ou du maccarthysmerampant.

John Carpenter, dans InvasionLos Angeles, voyait dans leur pré-sence l’irruption de plus en plusmenaçante d’un matérialisme cen-sé gangréner la société américaine.Men in Black ne vise pas la méta-phore, et Barry Sonnenfeld s’estefforcé de donner un traitementréaliste à une histoire aberrante.Les deux membres de la brigadespéciale recherchent l’extrater-restre malfaisant comme certainsde leurs confrères un dealer ou undangereux criminel.

DIFFORMITÉ NORMALEFidèle à la tradition du film cri-

minel américain des années 70,dont les protagonistes commen-çaient à descendre dans la rue et àmettre le nez dans les ghettos noirsou latinos, Men in Black met à nuderrière des comptoirs d’épiceriespaisibles des hommes à tête demangouste ou d’araignée dont ladifformité est peu à peu présentéecomme une forme somme touteacceptable de la normalité. A cetégard, la scène où Will Smith, l’undes deux hommes en noir, aide unefemme extraterrestre à accoucherde son bébé-pieuvre est antholo-gique. Comme tous ces films quis’efforcent de façonner notre re-gard, Men in Black fait du monstreeffrayant d’Alien, de Ridley Scott,le meilleur ami de l’homme. Sonratelier amovible s’est transforméen sourire de starlette, ses griffesen tape amicale et ses tentaculesen signe de bienvenue.

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LES AUTRES NOUVEAUX FILMS

PRINCE VALIANTFilm allemand de Douglas Hickox. Avec Stephen Moyer, ThomasKretschmann, Katherine Heigl, Joanna Lumley. (1 h 27.)a Prince Valiant est la seconde adaptation cinématographique de labande dessinée de Harold Foster, inspirée de la légende du Graal.On ne pouvait pas attendre de la version de Douglas Hickox d’êtreau niveau de Prince Vaillant de Henry Hathaway, qui constituait undes sommets du classicisme hollywoodien. Mais le résultat auraitpu être bien pire. Grace à des principes de série B volontairementassumés – décors minimalistes, recours à l’animation pour lesplans larges sur des chateaux forts, figurants en nombre réduit –,Douglas Hickox a réalisé un film efficace, avec des partis pris inté-ressants comme l’emploi d’acteurs dont la plupart ressemblent àdes mannequins. Un choix très proche de l’esprit de la bande des-sinée. S. Bd

CARTON JAUNEFilm anglais de David Evans. Avec Colin Firth, Ruth Gemmel,Neil Pearson, Lorraine Ashbourne. (1 h 42.)a Adapté de Fever Pitch, le magnifique roman autobiographique deNick Hornby qui décrivait sa passion obsessionnelle pour le club defootball londonien d’Arsenal, Carton jaune reflète imparfaitementles qualités de ce livre étonnant. Nick Hornby avait écrit un récitdéstructuré, qui s’étalait sur une cinquantaine de matches-clésd’Arsenal pendant une vingtaine d’années et laissait entrevoir qu’ilne se passait rien dans son existence en dehors des journées dechampionnat. Carton jaune remplace cette structure en étoile par unscénario plus conventionnel tournant autour d’un professeur delycée, obsédé par Arsenal et qui doit apprendre à laisser un peu deplace à la femme qui vient de partager sa vie. Pour créer un élémentde suspense, David Evans a bâti son film autour de la victoireremportée par Arsenal en 1989 lors de la dernière journée de cham-pionnat. Cette construction artificielle et cette mise en scène platesont rattrapées par une description originale du quotidien dusupporter de football qui échappe largement aux caricatures. Lapassion du football n’est plus montrée comme un vice et une formeavancée de bêtise mais est comparée à un art de vivre. Ce parti prissuffit à faire de Carton jaune le premier film sur le football quis’adresse à un public à la fois masculin et féminin. S. Bd

DIEU N’EXISTE PASFilm hongrois d’Andras Jeles. Avec Cora Fischer, Eva Lang, Kath-leen Gati, Peter Halasz. (1 h 30.)a Une jeune fille juive de treize ans assiste dans une provincehongroise à l’invasion de la Hongrie par l’Allemagne, à la ruine desa famille et à la déportation de celle-ci par les nazis. Dieu n’existepas se distingue par une mise en scène très sobre qui se contente desuggérer le danger qui frappe la communauté juive de Hongrie aulieu de pécher par trop de démonstration. Malheureusement,Andras Jeles choisit des effets de mise en scène inutiles (person-nages figés dans la rue dès que la voix de la jeune fille a quelquechose d’important à signaler) et tombe dans une grandiloquence demauvais goût (insertion de musique classique lorsque apparaissentles troupes nazies) qui rend son film inutilement lourd. S. Bd

Eté difficile pour les studios américainsLES STUDIOS AMÉRICAINS

continuent, en plein milieu del’été, traditionnellement la saisonla plus profitable de l’année, à ali-gner des succès impressionnants.Cinq films ont à ce jour dépasséles 100 millions de dollars de reve-nus : The Lost World, de StevenSpielberg, Batman et Robin, de JoelSchumacher, Face Off, de JohnWoo, My Best Friend’s Wedding, deP.J. Hogan et Men in Black, de Bar-ry Sonnenfeld. Un club que de-vrait bientôt rejoindre Les Ailes del’enfer, de Simon Wincer, Contact,de Robert Zemeckis avec JodieFoster, et Air Force One, de Wolf-gang Petersen avec Harrison Ford.

Le box-office américain n’arrivepourtant pas à égaler ses résultatsde l’an dernier, où Twister et Inde-pendence Day avaient respective-ment rapporté 242 et 304 millionsde dollars (le dollar valait alors en-viron 5,50 F). Les studios améri-cains semblent marqués par undouble syndrome : la stabilisationinquiétante du nombre d’entréesdepuis 1993 et l’augmentation descoûts de production depuis le dé-but des années 90 ; ils dépassentrégulièrement les 100 millions dedollars. Pour faire face à cette in-flation, essentiellement due auxsalaires des stars (dont les cachetsdépassent maintenant les 20 mil-lions de dollars), les studios ontexercé une forte pression sur lesterritoires étrangers qui repré-sentent désormais plus de la moi-tié de leurs revenus.

La marge de progression desstudios sur ce marché a désormaisatteint ses limites. Seul le dévelop-pement de la télévision numériqueet du câble pourrait apporter lesurcroît de revenus que les diri-

geants des majors recherchenttant. Pour faire face à des pertestrop lourdes, les studios ont misau point un système de partena-riat qui est de plus en plus en plusutilisé aujourd’hui. Paramount etla Fox se sont déjà associés sur Ti-tanic, de James Cameron. Sony etDisney en ont fait de même pourStarship Troopers, de Paul Verhoe-ven, ainsi que Paramount et en-core Disney pour Snake Eyes, leprochain film de Brian De Palmaavec Nicolas Cage. Le problème dece type d’association est bien évi-demment de diviser les bénéficespar deux à un moment où les reve-nus des majors ont déjà tendanceà s’amenuiser.

ÉCHEC DES « SEQUELS »L’été sera également venu

contredire un dogme pourtantbien établi à Hollywood. Il étaittenu pour acquis qu’une sequel,c’est-à-dire la suite d’un succès,générait au moins la moitié des re-venus de l’original. Les résultatsdes sequels de cet été sont assezmédiocres. Après un démarragefulgurant (90 millions de dollars lasemaine de sa sortie), The LostWorld s’est vite essouflé, perdant60 % de ses spectateurs dès ladeuxième semaine. Batman et Ro-bin a péniblement passé la barredes 100 millions, alors que Speed 2,qui a coûté trois fois plus que l’ori-ginal, en rapportera deux foismoins. « Bigger is not better », ex-pliquait l’hebdomadaire américainVariety, une vérité première qui si-gnifie en gros qu’un budget astro-nomique n’est aucunement un in-dicateur de succès.

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Page 21: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

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G U I D E C U L T U R E L - C I N É M A LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 / 21

L’INTÉGRALE BERGMAN( v.o.), Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18). Le Visage, mer. 16 h, 18 h,20 h, 22 h ; L’Eternel Mirage, jeu. 14 h,16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; Après la répéti-tion, ven. 14 h 10, 15 h 45, 17 h 20, 19 h,20 h 35, 22 h 10.

HUMPHREY BOGART( v.o.), Action Christine, 6e (01-43-29-11-30). Key Largo, mer. 18 h, 20 h, 22 h ;Le Faucon maltais, jeu. 18 h, 20 h,22 h ; Passage to Marseille, ven. 18 h,20 h, 22 h.

LES CENT JOURS DU CINÉMA JAPONAIS( v.o.), Les Trois Luxembourg, 6e (01-46-33-97-77 +). Fleurs d’équinoxe, mer.16 h 30, 19 h, 21 h 30 ; La Guerre desmonstres, jeu. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h,22 h ; Printemps tardif, ven. 14 h,16 h 30, 19 h, 21 h 30.

HOMMAGE A YOUSSEF CHAHINE( v.o.), Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09). Alexandrie encore et tou-jours, ven. 12 h.

COMÉDIES ITALIENNES( v.o.), Le Champo-Espace Jacques-Tati,5e (01-43-54-51-60 +). Voyage en Italie,mer. 16 h 10, 20 h 10, 22 h 10 ; Palom-bella rossa, jeu. 14 h 10, 16 h 10,20 h 10, 22 h 10 ; Les NouveauxMonstres, ven. 14 h 10, 16 h 10, 20 h 10,22 h 10.

DE HONGKONG A LA CHINE,TSUI HARK( v.o.), UGC Ciné-cité les Halles, 1er : Zu,les guerriers de la montagne magique,mer. 16 h, 18 h 05, 20 h 15, 22 h 20 ;Butterfly Murders, jeu. 9 h 35, 11 h 40,13 h 50, 16 h, 18 h 05, 20 h 15, 22 h 20 ;Shanghai Grand, ven. 9 h 35, 11 h 40,13 h 50, 16 h, 18 h 05, 20 h 15, 22 h 20.Le Balzac, 8e (01-45-61-10-60) : TheBlade, mer. 17 h 40, 19 h 40, 21 h 40 ;The Big Heat, jeu. 13 h 40, 15 h 40,17 h 40, 19 h 40, 21 h 40 ; Le Temple dulotus rouge, ven. 13 h 40, 15 h 40,17 h 40, 19 h 40, 21 h 40.

DEMY TOUT ENTIER( v.o.), 14-Juillet Beaubourg, 3e : Unechambre en ville, ven. 11 h 40. Denfert,14e (01-43-21-41-01 +) : Les Parapluiesde Cherbourg, ven. 11 h 30 ; Lola, jeu.11 h 50.

LES DESSOUS DE LA VILLEParc de La Villette. Prairie du triangle,19e (01-40-03-76-92). La Rue de lahonte, mer. 22 h ; Sammy et Rosie s’en-voient en l’air, jeu. 22 h.

DEUX GRANDS COMIQUES :CHAPLIN, KEATON( v.o.), Le Quartier Latin, 5e (01-43-26-84-65). Le Mécano de la General, mer.16 h ; La Croisière du Navigator, mer.18 h ; Le Figurant, jeu. 14 h ; Les Lu-mières de la ville, jeu. 16 h ; Jour depaye, jeu. 18 h ; La Ruée vers l’or, ven.14 h ; Campus, ven. 16 h ; Le Dictateur,ven. 17 h 45 ; Steamboat Bill Junior,jeu. 20 h.

DOCUMENTAIRES-FICTIONSDE MARIA KOLEVACinoche Vidéo, 5e (01-47-00-61-31). An-toine Vitez s’amuse avec Claudel etBrecht, ven. 10 h ; L’Etat de bonheurpermanent, ven. 12 h ; Paroles tues ouaimer à Paris en étrangère, ven. 14 h ;Annie Vacelet, psychogéographe, ven.16 h ; Isabelle et les 27 voleurs, une le-çon, ven. 19 h ; John, le dernier ouvriersur terre, ven. 21 h.

LA TRILOGIE BILL DOUGLAS( v.o.), Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09). My Ain Folk, jeu. 20 h ; MyWay Home, jeu. 22 h.

CARL THEODOR DREYER( v.o.), Reflet Médicis I, 5e (01-43-54-42-34). Vampyr, jeu. 12 h 10.

RAINER WERNER FASSBINDER( v.o.), L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63) :Prenez garde à la sainte putain, mer.18 h, 22 h ; Le Marchand des quatresaisons, jeu. 14 h, 18 h, 22 h ; Le Secretde Veronika Voss, ven. 14 h, 18 h, 22 h.Accatone, 5e (01-46-33-86-86) : Le Droitdu plus fort, ven. 16 h 30 ; L’Amour estplus froid que la mort, ven. 18 h 40.

FILMS NOIRS FRANÇAIS :2E ÉPOQUE

Le Cinéma des cinéastes, 17e (01-53-42-40-20 +). Ascenseur pour l’échafaud,mer. 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; Les Yeuxsans visage, jeu. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h,22 h ; Plein soleil, ven. 13 h 30, 16 h,19 h 30, 22 h.

VOIR ET REVOIR GODARDReflet Médicis I, 5e (01-43-54-42-34).Vivre sa vie, mer. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h,22 h ; Les Carabiniers, jeu. 14 h, 16 h,18 h, 20 h, 22 h ; Alphaville, ven. 14 h,16 h, 18 h, 20 h, 22 h.

KATHARINE HEPBURN( v.o.), Le Champo-Espace Jacques-Tati,5e (01-43-54-51-60 +). Holiday, mer.18 h ; L’Impossible Mr. Bébé, jeu. 18 h ;Devine qui vient dîner ?, ven. 18 h.

JAMES IVORY( v.o.), Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47). Shakespeare Wallah, mer. 15 h 50,18 h, 20 h 10 ; Le Gourou, jeu. 13 h 40,15 h 50, 18 h, 20 h 10 ; Les Européens,ven. 13 h 40, 15 h 50, 18 h, 20 h 10.

CYCLE ABBAS KIAROSTAMI( v.o.), Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47). Au travers des oliviers, mer. 18 h,20 h ; Les Premiers, jeu. 16 h, 18 h,20 h ; Le Passager, ven. 16 h, 18 h, 20 h.

HOMMAGE A ROBERT MITCHUM( v.o.), Action Christine, 6e (01-43-29-11-30). Un si doux visage, mer. 18 h 10,20 h 10, 22 h 10 ; Pendez-moi haut etcourt, jeu. 18 h 10, 20 h 10, 22 h 10 ; LaVallée de la peur, ven. 18 h 10, 20 h 10,22 h 10.

HOMMAGE A GORAN PASKALJEVIC( v.o.), Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49). Mes amours de 68, mer.18 h 55 ; Un gardien de plage en hiver,mer. 22 h 40, ven. 18 h 55 ; Traitementspécial, jeu. 22 h 40 ; L’Amérique desautres, ven. 22 h 40 ; Ange gardien,jeu. 18 h 55.

PÉPLUMS FOLIES( v.o.), Sept Parnassiens, 14e (01-43-20-32-20). Les Gladiatrices, mer. 16 h, 18 h,20 h, 22 h ; Rome contre Rome, jeu.14 h, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; Les Nuitschaudes de Cléopâtre, ven. 14 h, 16 h,18 h, 20 h, 22 h.

ERIC ROHMER, COMÉDIES ET PROVERBES14-Juillet Hautefeuille, 6e. L’Ami demon amie, mer. 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ;La Femme de l’aviateur, jeu. 14 h, 16 h,18 h, 20 h, 22 h ; Le Rayon vert, ven.14 h, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h.

STARS,LES INCONTOURNABLES( v.o.), Grand Action, 5e (01-43-29-44-40). La Dame du vendredi, mer. 18 h,20 h, 22 h ; Sylvia Scarlett, jeu. 18 h,20 h, 22 h ; La Splendeur des Amber-son, ven. 18 h, 20 h, 22 h.

JAMES STEWART, L’ACTEUR COMPLET( v.o.), L’Arlequin, 6e (01-45-44-28-80 +). Indiscrétions, mer. 13 h 50,15 h 50, 17 h 50, 19 h 50, 21 h 50 ; Vousne l’emporterez pas avec vous, jeu.13 h 50, 16 h 20, 18 h 50, 21 h 20 ; Ap-pelez Nord 777, ven. 13 h 50, 15 h 50,17 h 50, 19 h 50, 21 h 50.

INTÉGRALE LARS VON TRIER( v.o.), Europa Panthéon (ex-RefletPanthéon), 5e (01-43-54-15-04). Epide-mic, mer. 15 h 40, 17 h 40, 19 h 40,21 h 40 ; Europa, jeu. 13 h 40, 15 h 40,17 h 40, 19 h 40, 21 h 40 ; Breaking theWaves, ven. 14 h ; The Kingdom, ven.17 h, 20 h.

UNE HISTOIRE DU CINÉMA EUROPÉEN( v.o.), Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09). Trois dans un sous-sol, ven.16 h ; Le Bonheur, mer. 17 h 45 ;L’Homme à la caméra, mer. 20 h 45 ;Au bord de la mer bleue, mer. 19 h 15 ;Tempête sur l’Asie, mer. 22 h 05 ; LesVitelloni, jeu. 14 h, ven. 22 h ; Le Vo-leur de bicyclette, mer. 16 h, jeu.18 h 15 ; Riz amer, ven. 18 h ; Rome villeouverte, ven. 20 h ; Bellissima, jeu.16 h.

WIM WENDERS( v.o.), Accatone, 5e (01-46-33-86-86).Les Ailes du désir, jeu. 22 h ; Alice dansles villes, jeu. 15 h 40.

NOUVEAUX FILMSCARTON JAUNEFilm britannique de David Evans, avecColin Firth, Rugh Gemmell, Neil Pear-son, Lorraine Ashbourne (1 h 42).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Le Saint-Germain-des-Prés, SalleG.-de-Beauregard, dolby, 6e (01-42-22-87-23 +) ; Le Balzac, dolby, 8e (01-45-61-10-60) ; Majestic Bastille, dolby, 11e (01-47-00-02-48 +) ; Bienvenüe Montpar-nasse, dolby, 15e (01-39-17-10-00 +) ;Majestic Passy, dolby, 16e (01-42-24-46-24 +) ; Pathé Wepler, dolby, 18e (+).

DIEU N’EXISTE PASFilm franco-hongrois d’Andras Jeles,avec Cora Fischer, Eva Lang, Peter Ha-lasz, Kathlen Gati, Elemer Sos, LorincGulyas (1 h 30).

VO : L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).M.I.B. MEN IN BLACKFilm américain de Barry Sonnenfeld,avec Tommy Lee Jones, Will Smith, Lin-da Fiorentino, Vincent D’Onofrio, RipTorn, Tony Shalhoub (1 h 38).

VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40 +) ; 14-Juillet Odéon, dolby, 6e (+) ;Bretagne, dolby, 6e (01-39-17-10-00 +) ;UGC Danton, dolby, 6e ; Gaumont Ma-rignan, dolby, 8e (+) ; UGC Normandie,dolby, 8e ; Max Linder Panorama, THX,dolby, 9e (01-48-24-88-88 +) ; La Bastille,dolby, 11e (01-43-07-48-60) ; GaumontGrand Ecran Italie, dolby, 13e (01-45-80-77-00 +) ; 14-Juillet Beaugrenelle, dolby,15e (+) ; Gaumont Kinopanorama, dolby,15e (+); Majestic Passy, dolby, 16e (01-42-24-46-24 +) ; UGC Maillot, 17e ; PathéWepler, dolby, 18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, dolby, 19e (+).

VF : Rex (le Grand Rex), dolby, 2e (01-39-17-10-00) ; UGC Montparnasse, dol-by, 6e ; Saint-Lazare-Pasquier, dolby, 8e

(01-43-87-35-43 +) ; Paramount Opéra,dolby, 9e (01-47-42-56-31 +) ; Les Na-tion, dolby, 12e (01-43-43-04-67 +) ;UGC Lyon Bastille, dolby, 12e ; UGC Go-belins, dolby, 13e ; Gaumont Parnasse,dolby, 14e (+) ; Gaumont Alésia, dolby,14e (01-43-27-84-50 +) ; UGC Conven-tion, dolby, 15e ; Pathé Wepler, dolby,18e (+) ; Le Gambetta, THX, dolby, 20e

(01-46-36-10-96 +).

PRINCE VALIANTFilm américain d’Anthony Hickox, avecStephen Moyer, Katherine Heigl, Tho-mas Kretschmann, Edward Fox, UdoKier, Warwick Davis (1 h 27).

VO : Gaumont Marignan, dolby, 8e (+).

VF : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40 +) ; Gaumont Opéra Fran-çais, dolby, 9e (01-47-70-33-88 +) ; Gau-mont Gobelins Rodin, dolby, 13e (01-47-07-55-88 +) ; Gaumont Alésia, dol-by, 14e (01-43-27-84-50 +) ; Miramar,dolby, 14e (01-39-17-10-00 +) ; GaumontConvention, dolby, 15e (01-48-28-42-27 +) ; Le Gambetta, dolby, 20e (01-46-36-10-96 +).

QUATRE GARÇONS

PLEINS D’AVENIRFilm français de Jean-Paul Lilienfeld,avec Olivier Brocheriou, Eric Berger,Olivier Sitruk, Stéphan Guérin-Tillie,Thierry Lhermitte (1 h 30).UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;Rex, dolby, 2e (01-39-17-10-00) ; Bre-tagne, 6e (01-39-17-10-00 +) ; UGCOdéon, dolby, 6e ; Gaumont Ambas-sade, dolby, 8e (01-43-59-19-08 +) ;Saint-Lazare-Pasquier, dolby, 8e (01-43-87-35-43 +) ; UGC George-V, dolby, 8e ;UGC Opéra, dolby, 9e ; Les Nation, dol-by, 12e (01-43-43-04-67 +) ; UGC LyonBastille, dolby, 12e ; UGC Gobelins, 13e ;Gaumont Parnasse, dolby, 14e (+) ; Mis-tral, dolby, 14e (01-39-17-10-00 +) ; 14-Juillet Beaugrenelle, dolby, 15e (+) ;Gaumont Convention, dolby, 15e (01-48-28-42-27 +) ; UGC Maillot, 17e ; Pa-thé Wepler, dolby, 18e (+).

EXCLUSIVITÉS

ABELd’Alex Van Warmerdam,avec Henri Garcin, Alex Van Warmer-dam, Olga Zuiderhoek, Annet Mal-herbe.Hollandais (1 h 35).

VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Es-pace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).

ALBINO ALLIGATOR (*)de Kevin Spacey,avec Matt Dillon, Faye Dunaway, GarySinise, William Fichtner, Viggo Morten-sen, John Spencer.Américain (1 h 40).

VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40 +) ; Les Trois Luxembourg,dolby, 6e (01-46-33-97-77 +) ; La Pa-gode, dolby, 7e (+) ; Gaumont Ambas-sade, dolby, 8e (01-43-59-19-08 +) ;Gaumont Grand Ecran Italie, dolby, 13e

(01-45-80-77-00 +) ; Gaumont Parnasse,dolby, 14e (+) ; Pathé Wepler, dolby,18e (+).

LES ANGES DÉCHUSde Wong Kar-Wai,avec Leon Lai Ming, Takeshi Kaneshiro,Charlie Young, Michele Reis, KarenMok.Hongkongais (1 h 36).

VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Lu-cernaire, 6e.

L’AUTRE CÔTÉ DE LA MERde Dominique Cabrera,avec Claude Brasseur, Roschdy Zem,Marthe Villalonga, Agoumi, CatherineHiegel, Marilyne Canto.Français (1 h 30).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ;Grand Pavois, 15e (01-45-54-46-85 +).

BOX OF MOONLIGHTde Tom DiCillo,avec John Turturro, Sam Rockwell, Ca-therine Keener, Lisa Blount, Annie Cor-ley, Alexander Goodwin.Américain (1 h 47).

VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Es-pace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).

LA CICATRICEde Krzysztof Kieslowski,avec Franciszek Pieczka, Jerzy Stuhr,Mariusz Dmochowski, Jan Skotnicki,Stanislaw Igar, Michal Tarkowski.Polonais (1 h 44).

VO : 14-Juillet Parnasse, 6e (+).

LE CIEL EST À NOUS (*)de Graham Guit,avec Romane Bohringer, Melvil Pou-paud, Jean-Philippe Ecoffey, ElodieBouchez.Franco-canadien (1 h 30).Grand Pavois, 15e (01-45-54-46-85 +).

LE CINQUIÈME ÉLÉMENTde Luc Besson,avec Bruce Willis, Gary Oldman, IanHolm, Chris Tucker, Milla Jovovich.Français (2 h 06).

VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Ambassade, dolby, 8e

(01-43-59-19-08 +) ; 14-Juillet Beaugre-nelle, dolby, 15e (+).

VF : Gaumont Opéra Français, dolby, 9e

(01-47-70-33-88 +) ; Gaumont GobelinsFauvette, dolby, 13e (01-47-07-55-88 +) ; Gaumont Parnasse, dolby,14e (+) ; Gaumont Alésia, dolby, 14e (01-43-27-84-50 +) ; Gaumont Convention,dolby, 15e (01-48-28-42-27 +) ; PathéWepler, dolby, 18e (+).

CLUBBED TO DEATH (**)de Yolande Zauberman,avec Elodie Bouchez, Béatrice Dalle,Roschdy Zem, Richard Courcet, GérardThomassin, Luc Lavandier.Français (1 h 30).14-Juillet Beaubourg, 3e (+).

CONTRE-ATTAQUEde Stanley Tong,avec Jackie Chan, Jacskon Lou, ChenChun-wu, Bill Tung, Youri Petrov, Gris-hajeva Nonna.Américain (1 h 25).

VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40 +) ; UGC George-V, dolby,8e.

DAAYRAd’Amol Palekar,avec Nimal Pandey, Sonali Kulkarni,Nina Kulkarni, Hyder Ali, Faiyyaz, Nan-du Madhav.Indien (1 h 47).

VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-Juillet Odéon, 6e (+).

DEUX JOURS À LOS ANGELESde John Herzfeld,avec Dany Aiello, Jeff Daniels, GlenneHeadly, Paul Mazursky, James Spader,Teri Hatcher.Américain (1 h 45).

VO : Elysées Lincoln, dolby, 8e (01-43-59-36-14) ; Sept Parnassiens, dolby, 14e

(01-43-20-32-20) ; Le Cinéma des ci-néastes, 17e (01-53-42-40-20 +).

DOUBLE TEAMde Tsui Hark,avec Jean-Claude Van Damme, DennisRodman, Mickey Rourke, Natacha Lin-dinger, Paul Freeman, Valeria Cavalli.Américain (1 h 35).

VF : Pathé Wepler, dolby, 18e (+).

DU JOUR AU LENDEMAINde Jean-Marie Straub et Danièle Huil-let,avec Christine Whittlesey, Richard Sal-ter, Claudia Barainsky, Ryszard Karczy-kewski.Franco-allemand, noir et blanc (1 h 02).Denfert, 14e (01-43-21-41-01 +).

LE FANde Tony Scott,avec Robert De Niro, Wesley Snipes, El-len Barkin, John Leguizamo, BenicioDel Toro, Patti d’Arbanville-Quinn.Américain (1 h 50).

VO : UGC Forum Orient Express, dolby,1er.

LES GARÇONS WITMANde Janos Szasz,avec Alpar Fogarasi, Szabolcs Gergely,Maia Morgenstern, Peter Andorai, La-jos Kovacs.Franco-hongrois (1 h 33).

VO : Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09).

GOODBYE SOUTH, GOODBYEde Hou Hsiao Hsien,avec Jack Kao, Hsu Kuei-Ying, LimGiong, Anne Shizuka Inoh, Hsi Hsiang,Lien Pi-Tung.Taïwanais (1 h 52).

VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+).

HAUTE TRAHISONde George P. Cosmatos,avec Charlie Sheen, Donald Suther-land, Linda Hamilton, Stephen Lang,Ben Gazzara, Sam Waterston.Américain (1 h 45).J’AI HORREUR DE L’AMOURde Laurence Ferreira Barbosa,avec Jeanne Balibar, Jean-QuentinChâtelain, Laurent Lucas, Bruno Lo-chet, Alexandra London, Eric Savin.Français (2 h 14).14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-JuilletParnasse, 6e (+) ; Les Trois Luxembourg,6e (01-46-33-97-77 +) ; Le République,11e (01-48-05-51-33) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).JAMES ET LA PÊCHE GÉANTEde Henry Selick,dessin animé américain (1 h 20).

VF : Cinoches, 6e (01-46-33-10-82) ; LeRépublique, 11e (01-48-05-51-33) ; Den-fert, dolby, 14e (01-43-21-41-01 +) ;Grand Pavois, 15e (01-45-54-46-85 +) ;Saint-Lambert, dolby, 15e (01-45-32-91-68) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).

LEVEL FIVEde Chris Marker,avec Catherine Belkhodja, la participa-tion de Nagisa Oshima, Kenji Tokitsu,Ju’nishi Ushiyama.Français (1 h 46).Accatone, 5e (01-46-33-86-86).

LOOKING FOR RICHARDd’Al Pacino,avec Al Pacino, Harris Yulin, PenelopeAllen, Alec Baldwin, Kevin Spacey, Wi-nona Ryder.Américain (1 h 53).

VO : Lucernaire, 6e ; Denfert, dolby, 14e

(01-43-21-41-01 +) ; Saint-Lambert, dol-by, 15e (01-45-32-91-68).

LOST HIGHWAY (*)de David Lynch,avec Bill Pullman, Patricia Arquette,Balthazar Getty, Robert Blake, RobertLoggia, Gary Busey.Américain (2 h 15).

VO : Studio Galande, 5e (01-43-26-94-08 +) ; Cinoches, 6e (01-46-33-10-82) ;Grand Pavois, dolby, 15e (01-45-54-46-85 +).

MA 6-T VA CRACK-ER (**)de Jean-François Richet,avec Arco Descat C., Jean-Marie Ro-bert, Malik Zeggou, Moustapha Ziad,Karim Rezeg, Hamouda Bouras.Français (1 h 45).Gaumont Opéra Impérial, dolby, 2e

(01-47-70-33-88 +) ; Cinoches, 6e (01-46-33-10-82).

MA VIE EN ROSEd’Alain Berliner,avec Michèle Laroque, Jean-PhilippeEcoffey, Hélène Vincent, Georges duFresne, Daniel Hanssens, Laurence Bi-bot.Français (1 h 28).UGC Forum Orient Express, 1er ; 14-Juil-let Parnasse, 6e (+) ; Denfert, dolby, 14e

(01-43-21-41-01 +).

MARS ATTACKS !de Tim Burton,avec Jack Nicholson, Glenn Close, An-nette Bening, Pierce Brosnan, DannyDeVito, Martin Short.Américain (1 h 45).

VO : Denfert, dolby, 14e (01-43-21-41-01 +). VF : Grand Pavois, 15e (01-45-54-46-85 +).

MENTEUR, MENTEURde Tom Shadyac,avec Jim Carrey, Maura Tierney, JustinCooper, Jennifer Tilly, Swoosie Kurtz,Amanda Donohoe.Américain (1 h 26).

VF : UGC Opéra, dolby, 9e.

MICHAEL COLLINSde Neil Jordan,avec Liam Neeson, Aidan Quinn, AlanRickman, Julia Roberts, Stephen Rea.Américain (2 h 10).

VO : Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).

MICROCOSMOS, LE PEUPLE DE L’HERBEde Claude Nuridsany et Marie Peren-nou,Français (1 h 15).Studio Galande, 5e (01-43-26-94-08 +) ;Cinoches, 6e (01-46-33-10-82) ; Denfert,dolby, 14e (01-43-21-41-01 +) ; GrandPavois, 15e (01-45-54-46-85 +) ; Saint-Lambert, dolby, 15e (01-45-32-91-68).

LA MÔME SINGEde Xiao-Yen Wang,avec Fu Di, Fang Shu, Yang Guang,Yang Lin, Chang Hung-Mei, WangYang.Américain-chinois (1 h 35).

VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Den-fert, dolby, 14e (01-43-21-41-01 +).

MORDBUROde Lionel Kopp,avec Ornella Muti, Philippe Clévenot,Patrick Catalifo, Maurice Benichou,Dominique Pinon.Français (1 h 40).Studio Galande, 5e (01-43-26-94-08 +).

NOUS SOMMES TOUS ENCORE ICId’Anne-Marie Miéville,avec Aurore Clément, Bernadette La-font, Jean-Luc Godard.Franco-suisse (1 h 20).Reflet Médicis II, 5e (01-43-54-42-34).

PALERME-MILAN, ALLER SIMPLEde Claudio Fragasso,avec Giancarlo Giannini, Raoul Bova,Ricky Memphis, Francesco Benigno,Romina Mondello, Valerio Mastan-drea.Italien (1 h 47).

VO : Elysées Lincoln, dolby, 8e (01-43-59-36-14) ; Sept Parnassiens, dolby, 14e

(01-43-20-32-20).

LES PLEINS POUVOIRSde Clint Eastwood,avec Clint Eastwood, Gene Hackman,Ed Harris, Laura Linney, Scott Glenn,Dennis Haysbert.Américain (2 h 01).

VO : UGC George-V, dolby, 8e ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+) ; 14-Juillet Beaugrenelle, dolby, 15e (+) ;Saint-Lambert, dolby, 15e (01-45-32-91-68).

PORT DJEMAd’Eric Heumann,avec Jean-Yves Dubois, Nathalie Bou-tefeu, Christophe Odent, EdouardMontoute, Claire Wauthion, FrédéricPierrot.Franco-greco-italien (1 h 35).Lucernaire, 6e.

PORTRAITS CHINOISde Martine Dugowson,avec Helena Bonham-Carter, RomaneBohringer, Marie Trintignant, Elsa Zyl-berstein, Yvan Attal, Sergio Castellito.Français (1 h 50).Saint-Lambert, dolby, 15e (01-45-32-91-68).

LA PROMESSEde Jean-Pierre et Luc Dardenne,avec Olivier Gourmet, Jérémie Renier,Assita Ouedraogo, Rasmane Ouedrao-go.Belge (1 h 33).Denfert, dolby, 14e (01-43-21-41-01 +).

LA RENCONTREd’Alain Cavalier,Français (1 h 15).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).

REPRISEd’Hervé Le Roux,Français (3 h 12).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).

SCREAM (**)de Wes Craven,avec Drew Barrymore, Courteney Cox,David Arquette, Neve Campbell, Mat-thew Lillard, Rose McGowan.Américain (1 h 50).

VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40 +) ; UGC Odéon, dolby, 6e ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08 +) ; UGC Normandie, dolby,8e ; La Bastille, dolby, 11e (01-43-07-48-60) ; UGC Gobelins, dolby, 13e ; Gau-mont Parnasse, 14e (+).

LE SILENCE DE RAKde Christophe Loizillon,avec François Cluzet, Elina Löwensohn,Jacky Berroyer, Roland Amstutz, Mar-cel Bozonnet, Pierre Baillot.Français (1 h 30).14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Sept Par-nassiens, 14e (01-43-20-32-20) ; Le Ciné-ma des cinéastes, 17e (01-53-42-40-20 +).

LE TEMPS DES MIRACLESde Goran Paskaljevic,avec Predrag Miki Manojlovic, DraganMaksimovic, Svetozar Cvetkovic, Mirja-na Karanovic, Danilo Bata Stojkovic,Mirjana Jokovic.Yougoslave (1 h 38).

VO : Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).

THE BRAVEde Johnny Depp,avec Johnny Depp, Marlon Brando,Marshall Bell, Elpidia Carrillo, FredericForrest, Clarence Williams III..Américain (2 h 03).

VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Opéra Impérial, dolby, 2e

(01-47-70-33-88 +) ; UGC Danton, 6e ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08 +) ; UGC Normandie, 8e ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+) ; PathéWepler, dolby, 18e (+).

THE PILLOW BOOKde Peter Greenaway,avec Vivian Wu, Yoshi Oida, Ken Oga-ta, Hideko Yoshida, Ewan McGregor,Judy Ongg.Franco-britannique (2 h 06).

VO : Le Quartier Latin, 5e (01-43-26-84-65) ; Denfert, dolby, 14e (01-43-21-41-01 +).

LA VÉRITÉ SI JE MENS !de Thomas Gilou,avec Richard Anconina, Vincent Elbaz,Elie Kakou, José Garcia, Bruno Solo, Ri-chard Bohringer.Français (1 h 40).UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;UGC Danton, 6e ; UGC Montparnasse,6e ; Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08 +) ; UGC Triomphe, dolby,8e ; Gaumont Opéra Français, dolby, 9e

(01-47-70-33-88 +) ; Les Nation, dolby,12e (01-43-43-04-67 +) ; UGC Lyon Bas-tille, 12e ; Gaumont Gobelins Fauvette,dolby, 13e (01-47-07-55-88 +) ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+) ; Mistral,14e (01-39-17-10-00 +) ; 14-Juillet Beau-grenelle, 15e (+) ; UGC Convention,15e ; Pathé Wepler, dolby, 18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).

LA VIE DE JÉSUSde Bruno Dumont,avec David Douche, Marjorie Cottreel,Kader Chaatouf, Geneviève Cottrell,Sébastien Delbaere, Sébastien Bailleul.Français (1 h 36).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ; Lu-cernaire, 6e ; Saint-André-des-Arts II, 6e

(01-43-26-80-25) ; 14-Juillet-sur-Seine,19e (+).

LE VILLAGE DE MES RÊVESde Yoichi Higashi,avec Keigo Matsuyama, Shogo Mat-suyama, Mieko Harada, Kyozo Nagat-suka, Hoseil Komatsu, Kaneko Iwasaki.Japonais (1 h 52).

VO : Lucernaire, 6e.

LES VIRTUOSESde Mark Herman,avec Pete Postlethwaithe, Tara Fitzge-rald, Ewan McGregor, Stephen Tomp-kinson, Jim Carter, Philip Jackson.Britannique (1 h 47).

VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40 +) ; Gaumont Opéra I, 2e

(01-43-12-91-40 +) ; 14-Juillet Beau-bourg, 3e (+) ; Reflet Médicis, salleLouis-Jouvet, 5e (01-43-54-42-34) ; La Pa-gode, 7e (+) ; Le Balzac, dolby, 8e (01-45-61-10-60) ; La Bastille, 11e (01-43-07-48-60) ; Escurial, dolby, 13e (01-47-07-28-04 +) ; Gaumont Alésia, dolby, 14e (01-43-27-84-50 +) ; 14-Juillet Beaugrenelle,dolby, 15e (+) ; Bienvenüe Montpar-nasse, dolby, 15e (01-39-17-10-00 +) ; LeCinéma des cinéastes, 17e (01-53-42-40-20 +) ; 14-Juillet-sur-Seine, dolby, 19e (+).

VOYAGE AU DÉBUT DU MONDEde Manoel de Oliveira,avec Marcello Mastroianni, Jean-YvesGautier, Leonor Silveira, Diogo Doria,Isabel de Castro, Isabel Ruth.Franco-portugais (1 h 33).

VO : Le République, 11e (01-48-05-51-33).

WHEN WE WERE KINGSde Leon Gast,avec Mohammed Ali, George Fore-man, Don King, James Brown, B. B.King, Norman Mailer.Américain (1 h 28).

VO : Studio Galande, 5e (01-43-26-94-08 +).

REPRISES

CASINO (*)de Martin Scorsese,avec Robert De Niro, Sharon Stone, JoePesci, Don Rickles, Alan Hing, KevinPollak.Américain, 1995 (2 h 58).

VO : 14-Juillet Hautefeuille, dolby,6e (+) ; Elysées Lincoln, dolby, 8e (01-43-59-36-14).

DEUX SŒURS VIVAIENT EN PAIXd’Irving Reis,avec Cary Grant, Myrna Loy, ShirleyTemple, Rudy Vallee, Ray Collins, HarryDavenport.Américain, 1947, noir et blanc (1 h 47).

VO : Le Champo-Espace Jacques-Tati,5e (01-43-54-51-60 +).

WOODSTOCKde Michael Wadleigh,avec Joan Baez, Joe Cocker, CountryJoe and the Fish, Crosby, Stills, Nashand Young.Américain, 1970 (3 h 05).

VO : Sept Parnassiens, 14e (01-43-20-32-20).

(*) Films interdits aux moins de 12 ans.

(**) Films interdits aux moins de 16ans.

(+) Réservation au 01-40-30-20-10.

FESTIVALS

LA SÉLECTION DU « MONDE »

LES ANGES DÉCHUS(Hongkong, 1 h 36)de Wong Kar-Wai.LA CICATRICE(polonais, 1 h 44)de Krzysztof Kieslowski.DAAYRA(indien, 1 h 47)de Amol Palekar.GOODBYE SOUTH, GOODBYE(taïwanais, 1 h 52) de Hou Hsiao Hsien.J’AI HORREUR DE L’AMOUR(français, 2 h 14)de Laurence Ferreira Barbosa.JAMES ET LA PÊCHE GÉANTE(dessin animé américain, 1 h 20)de Henry Selick.LEVEL FIVE(français, 1 h 46)de Chris Marker.LA MÔME SINGE(américain-chinois, 1 h 35) de Xiao-Yen Wang.

REPRISE (français, 3 h 12) de Hervé Le Roux.SCREAM (**)(américain, 1 h 50)de Wes Craven.LE TEMPS DES MIRACLES(yougoslave, 1 h 38)de Goran Paskaljevic.LA VIE DE JÉSUS(français, 1 h 36)de Bruno Dumont.LE VILLAGE DE MES RÊVES(japonais, 1 h 52)de Yoichi Higashi.LES VIRTUOSES(britannique, 1 h 47)de Mark Herman.VOYAGE AU DÉBUTDU MONDE(portugais, 1 h 33) de Manoel de Oliveira.WHEN WE WERE KINGS(américain, 1 h 28)de Leon Gast.

Page 22: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

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22 / LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 R A D I O - T É L É V I S I O N

MERCREDI 6 AOÛT

Les programmes complets de radio,

de télévision et une sélection

du câble et du satellite sont publiés

chaque semaine dans notre supplément

daté dimanche-lundi.

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde

Télévision-Radio-Multimédia ».

a On peut voir.

a a Ne pas manquer.

a a a Chef-d’œuvre ou classique.

d Sous-titrage spécial pour les sourds

et les malentendants.

LES CODES

DU CSA

4 Accordparentalsouhaitable.

5 Accordparentalindispensableou interditaux moinsde 12 ans.

6 Publicadulteou interditaux moinsde 16 ans.

JEUDI 7 AOÛT

TF 120.45

E INTERVILLES 97Divertissement présentépar Jean-Pierre Foucault, ThierryRoland, Nathalie Simon, OlivierChiabodo.Mont-de-Marsan rencontreSaint-Jean-de-Luz(160 min). 12605070

23.25

LES YEUX D’HÉLÈNEFeuilleton [6/9] de Jean Sagols,avec Mireille Darc(110 min). 8969235Hélène, qui vient de recouvrerla vue grâce aux yeux de sonfrère, est bouleversée par lalecture du testament de cedernier...1.15 et 2.00, 3.05, 4.10, 4.50

TF 1 nuit.1.30 Cas de divorce. Série. 2.10 Trèschasse. Documentaire. 3.15 Les Aven-tures du jeune Patrick Pacard. Feuille-ton [3/6]. 4.20 Histoires naturelles.Documentaire. 5.00 Musique. 5.10 LesDéfis de l’océan. Documentaire.Epave (55 min).

France 220.50

ADORABLEPETITE BOMBETéléfilm de Philippe Muyl, avecPhilippe Volter, Olivia Brunaux(100 min). 184490Pensant à son image demarque, le présentateur vedetted’une chaîne de télévisiondécide de ramener une petitefille du Cambodge.

22.30

VENGEANCEÀ DOUBLE FACETéléfilm 4 de Jack Bender, avecYasmine Bleeth, James Wilder(95 min). 9019070Une jeune femme défigurée quipense avoir trouvé l’amour desa vie se retrouve emprisonnéepour meurtre par la faute de cedernier. 0.05 Journal, Météo.0.20 Tatort. Série.

1.50 Piliers du rêve. Documentaire.2.10 Le Jour du Seigneur (rediff.). 2.40Chrétiens Orientaux. Magazine (re-diff.). 3.10Mission Euréka. Série. 4.0524 heures d’infos. 4.15 Météo. 4.20Ileaux ours. 4.30 Baby Folies (15 min).

France 320.50

ABUS DE POUVOIRTéléfilm de Tim Matheson, avec PeterCoyote, Courtney Thorne-Smith(90 min). 463380Le colonel d’une base militaireisolée traque l’épouse d’unofficier nouvellement arrivé. Illa menace de détruire lacarrière de son mari.

22.20

AU-DELÀDE L’ÉCRANDivertissement. La télé du sport. Invitée : Marie-Claire Restoux (40 min). 275305123.00 Journal, Météo.23.35 Un siècle d’écrivains.

Documentaire. FrédéricDard (45 min). 6210457Portrait du créateur deSan Antonio, qui revintplus tard à une écritureplus pessimiste.

0.20 Du côté de l’Amérique latine.Documentaire. Brésil : gloire à Kar-dec. 1.20 Les Brûlures de l’Histoire.Magazine. Juillet 1985 : l’affaireGreenpeace (130 min).

Arte20.45

LES MERCREDIS DE L’HISTOIRE :HITLER, UN INVENTAIREDocumentaire de Guido Knoppet Ralf-Peter Piechowiak[6/6] Le criminel (55 min). 4480709Dernier volet de la série allemande consacrée àHitler. Aujourd’hui : l’organisation industrielle ducrime, les camps de la mortet l’extermination des juifs et des tziganes.

21.40

MUSICA :LA DAME AUX CAMÉLIASBallet de John Neumeier. Musique de Frédéric Chopin.Avec l’Orchestre symphonique de la NDR. Interprété par leballet du Staatsoper de Hambourg(1988, 130 min). 2223254John Neumeier a revisité le drame d’AlexandreDumas fils en y mêlant les grands thèmes d’uneautre histoire d’amour, Manon Lescaut de l’abbéPrevost.23.50 Profil : Ludwig Erhard

et le miracle économique allemand.Documentaire (1997, 50 min). 692273

0.40 Lucarne : Live. Série de Philippe Grandrieux.[1/3] (1990, 65 min). 1948216

1.45 Le Phare. Téléfilm de Pieter Verhoeff[1/3] (rediff., 65 min). 4599620

Canal +21.00

LE DOUZIÈME JURÉ Film de Heywood Gould,avec Joanne Whalley-Kilmer (1994, 100 min). 9826896Un thriller judiciaire qui prendvolontiers des allures de mélo. 22.40 Flash d’information.22.45 La vie comme elle est....

Court métrage.

23.00

SEXE, CENSUREET CINÉMADocumentaire de Franck Martin. [6/6] Hollywood et ses fantasmes(50 min). 3807023.50 Au beau milieu

de l’hiver aFilm de K. Branagh(1995, v.o., 94 min). 9524728

1.25 L’Heure du cochon aFilm de Leslie Megahey(1995, 115 min). 51150262

M 620.45

L’ENFANT CONNAÎTL’ASSASSINTéléfilm [1 et 2/2] 4de Wolf Gremm, avec JonasJaroschowitz, Götz Schubert,Bettina Kupfer(195 min). 50341896Alors qu’une étudiante estvictime d’une agressionmortelle, un enfant de trois ansdont elle avait la garde estenlevé par une clocharde quipense reconnaître son fils.Un journaliste prend l’affaire enmains... Une enquête berlinoiseà rebondissements multiples.

0.00 Secrets de femme.Série 6 Détective privé ; Adomicile.

0.30 Sexy Zap.Magazine 6.

2.10 Fréquenstar. Magazine (rediff.).2.50 Mister Biz, best of. Magazine.Parcs d’attractions : la machine à rêve(rediff.). 3.15 Fan de, best of. Maga-zine. Spécial séducteurs (rediff.). 3.40Et le ciel t’aidera. Documentaire. 4.30Les Piégeurs (rediff.). 4.55 Turbo. Ma-gazine (rediff., 30 min).

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00 World View.1.30Moneyline.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.45, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09,22.39, 23.09 Europa. 19.50, 20.50,21.50, 22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 NoComment. 23.45 90o Est. 0.45Visa.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42 Talk culturel.0.15 Le Débat.

RadioFrance-Culture20.50 Du Jazz

pour tout bagage.Les cinq sens. [3/5].

21.10 XIIe Rencontresde Pétrarque.

22.40 Nocturne.0.05 Du jour au lendemain. 0.50Coda. 1.00 Les Nuits de France-Culture (rediff.).

France-Musique21.30 Festival de La

Roque-d’Anthéron.17e Festival international depiano de La Roque-d’Anthéron. Concert donné endirect du parc du château deFlorans, Peter Rösel, piano.Œuvres de Schubert : Quatremoments musicaux D 780 ;Wanderer fantaisie D 760 ;Œuvres de Brahms :Rhapsodies pour pianoop. 79 ; Variations sur unthème de Haydn op. 56.

0.00 Les Mots et les Notes (rediff.).2.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Hommage à Joan Sutherland.

23.05 Les Soirées... (suite). 0.00 LesNuits de Radio-Classique.

TV 520.00 Fort Boyard.

(France 2 du 2/8/97).21.45 Les Suisses du bout

du monde. Magazine.22.00 Journal (France 2).22.30 Savoir plus santé.23.30 Bons baisers

d’Amérique. Magazine.

Planète20.35 Le Requiem perdu.22.15 Des hommes dans

la tourmente. [13/32].22.40 Histoires oubliées

de l’aviation. [1/6].23.30 Femmes d’Islam. [3/3].

Histoire21.00 Envoyé spécial :

les années 90.22.00 Le Pain noir :

La Maison des prés.Téléfilm [4/12](60 min). 506340964

Paris Première20.05 et 23.20

Courts particuliers.Invité : Melvil Poupaud.

21.00 Paris modes. Magazine.21.50 Les Documents du JTS.22.25 Vedettes en coulisses :

Alain Barrière.0.15 The Duke Is Tops a

Film de William Nolte(1938, N., 80 min). 80590194

FranceSupervision20.55 Off, le magazine

des festivals. Magazine.22.00 Haydn - Beethoven.

Concert (30 min). 4216254422.30 Mozart - Myslivecek -

Haydn.Concert (30 min). 42161815

23.00 Nancy Jazz Pulsations :Lauer, Humair,Jenny-Clark.Concert (50 min). 32100728

Ciné Cinéfil20.30 Racket a

Film de John Cromwell(1951, N., v.o., 85 min).

1634976121.55 Les Grandes

Espérances (GreatExpectations) a aFilm de David Lean(1946, N., v.o., 120 min).

15709761

Ciné Cinémas20.30 Mr Wonderful a

Film de Anthony Minghella (1993, 95 min). 9463438

22.05 Tobrouk, commandopour l’enfer aFilm de Arthur Hiller (1967, v.o., 110 min).

73622254

Téva20.30 et 22.30Téva interview.

Invitée : Cécile Loupan.20.55 Elles s’appellent

toutes Sarajevo.

Festival20.30 Maigret :

L’ Auberge des noyés.Téléfilm de Jean-Paul Sassy,avec Jean Richard(90 min). 42658761

22.00 Tatort.Equation à une inconnue.

23.25 Le Club Festival.Magazine (35 min).

Série Club20.15 Les Arpents verts.

Wings Over Hooterville.20.45 Caraïbes offshore.

Œil pour œil.21.30 et 1.30

Le comte Yoster,a bien l’honneur.

22.30 Alfred Hitchcockprésente. La guérison.

23.00 L’Age de cristal.23.45 Lou Grant. Survie.0.40 Panique aux Caraïbes.

(50 min).

Canal Jimmy20.00 The Muppet Show.

Invité : Arlo Guthrie.20.25 Star Trek :

la nouvelle génération.21.15 Vélo. Magazine.21.40 Seinfeld. La conversion.22.05 Chronique

de mon canapé.22.10 Une fille à scandales.

Collision en vue (v.o.).22.35 Spin City.

Coup de chaleur (v.o.).23.00 Game On. L’enfer,

c’est dehors (v.o.).

Disney Channel20.35 Sports. Magazine.21.35 Sport Académie.22.05 La Belle Anglaise.

Entre collègues.23.00 Animaux de toutes

les Russies.23.30 Sylvie et compagnie.23.55 Thierry la Fronde.

Feuilleton (25 min).

« Le Monde »,le film

le 6 août à 20 h 30

sur Canal +

Eurosport20.30 Tennis. En direct.

Tournoi messieursde Cincinnati(Ohio, 120 min). 724490

22.30 Athlétisme.0.00 VTT. Tour VTT.

Yssingeaux - Retournac(c.l.m.) - Saint-Antheme(5e étape, 30 min).

Voyage20.30 Suivez le guide.22.30 Au-delà

des frontières.L’Allemagne.

23.00 Chez Marcel. Magazine.Hans Van den Welde.

Muzzik21.00 Giselle.

Ballet en deux actes d’AdolpheAdam enregistré au théâtrede Leningrad(110 min). 509822070

22.50 Puccini.De Tony Palmer (55 min).

TF 114.30 Hooker. Série.

Danser n’est pas jouer.15.25 Côte Ouest. Feuilleton.

Notre secret. Rupture.17.10 21, Jump Street. Série.

Gros cubes et gros sous.18.00 Les Années fac. Série.

Coup de blues.18.30 Ali Baba. Jeu.19.05 Mokshû Patamû. Jeu.20.00 Journal, Tiercé, Météo.

20.45

LE JUGEEST UNE FEMMEAux marches du palais.Série de Serge Leroy, avec AnthonyDelon (95 min). 439484Un chirurgien est accusé d’avoirlaissé mourir une jeune femme.Le juge Larrieu découvre que lavictime était enceinte de sonbeau-père...

22.20

JUSTICEIMPITOYABLETéléfilm [1/2] 4 de Tony Wharmby, (95 min). 2070484Le commandant de la forceAtlas est démis de ses fonctions.Une riche baronne le charge deretrouver le meurtrier de sonmari, un terroristeinternational.23.55 et 3.45, 4.30

Histoires naturelles0.50 et 1.30, 2.35, 3.35, 4.15

TF 1 nuit.1.05 Cas de divorce. Série. 1.40 Trèschasse. Documentaire. 2.45 Les Aven-tures du jeune Patrick Pacard. Feuille-ton [4/6]. 4.55 Musique. 5.10 Les Défisde l’océan (55 min).

France 216.00 Matt Houston. Série.

Hallucinations.16.55 Athlétisme.

En direct d’Athènes.Championnats du monde(180 min). 15020945

19.55 Au nom du sport.20.00 Journal,

L’Image du jour,A Cheval !, Météo,Point route.

20.55

DES TRAINSPAS COMMELES AUTRESDocumentaire. [6/9] La Chine(105 min). 3515026La Grande Muraille, Pékin etson emblématique placeTien-An men, ou encore la villenatale de Confucius...

22.40

VUE SUR LA MERDivertissement présentépar Maïtena Biraben.Invités : Nagui, Joanna Rhodes,Gérald de Palmas, Les Native, LeCarré Blanc, Anna Nicole Smith(70 min). 117346523.50 Journal, Météo.0.05 Tatort. Série.

Un joli bouquetde violettes.

1.35 Loubard des neiges. Documen-taire. 1.45 Stratégie du silence. Docu-mentaire. 2.10 Coups de chien. Docu-mentaire. 2.40 Mission Euréka. Série.Le tournant. 3.35 Cerro torre. Docu-mentaire. 4.00 24 heures d’infos. 4.20Vue sur la mer (rediff., 80 min).

France 316.55 40o .

Invités : Gloria Gaynor, ElieKakou, Bellini.

18.20 Questions pour un champion. Jeu.

18.50 Météo des plages.18.55 Le 19-20

de l’information.19.08 Journal régional.

20.00 Météo.20.30 Tout le sport.

20.50

INDOMPTABLEANGÉLIQUEFilm de Bernard Borderie, avec Michèle Mercier (1967, 80 min). 334026La marquise de pacotille estprisonnière de galériensrévoltés...

22.10 Journal, Météo.

22.40

NEW YORK DISTRICTValeurs familiales.Série, avec Paul Sorvino (45 min). 509946523.25 Comment ça va ?

Magazine(55 min). 7656649

0.20 Les GrandsRendez-vous du siècle.Magazine. Notre histoire[3/3] : D’une République àl’autre 1957-1959 (55 min).

31207501.15E Espace francophone. Magazine.Julos Beaucarne, la fierté d’être wallon1.40 Les Brûlures de l’Histoire. Maga-zine. La bataille d’Alger : janvier-octo-bre 1957 (50 min).

La Cinquième18.25 Le Monde des animaux. Astuces etstratégies : l’art de la séduction.

Arte19.00 D’un pôle à l’autre.

[2/18] Norvège - Estonie (30 min). 975419.30 7 1/2. Magazine. Le prix du sang.20.00 Paysages : Etretat. Documentaire20.25 Documenta. Reportage.20.30 8 1/2 Journal.

20.40

SOIRÉE THÉMATIQUE :L’EAU EN PÉRIL20.50 Le Gaspillage au quotidien

(5 min). 998002620.55 Le Partage des eaux.

Documentaire d’André Waksman(1996, 55 min). 4373465La « guerre de l’eau » aura-t-elle lieu ?Enquête au Proche-Orient.

21.50 La Grande Sécheresse en Espagne.Documentaire de Peter Adler(1996, 25 min). 770823

22.15 et 23.15 Débat.22.30 L’Eau en 2005 (10 min). 6420022.40 La Révolution bleue.

Documentaire de Bernard Germain(1996, 20 min). 6055129Une présentation des initiatives déjà prisespar un certain nombre d’entreprises pouréconomiser l’eau.

23.00 Politique de l’eau : nouvelles orientations.Documentaire (1996, 15 min). 35910

23.35 Prospective 2030 :nouvelles attitudes (5 min). 7996303

23.40 Bibliographie.23.45 Un certain Hohenstein.

Documentaire (rediff., 130 min). 64747361.55 Court circuit (35 min, rediff.). 34732934

M 617.00 Fan de, best of.17.30 Mister Biz, best of.18.00 Highlander.

Série. Vendetta.19.00 Les Anges de la ville.

Série. Le témoin.19.54 Six minutes

d’information.20.00 Notre belle famille.

De l’eau dans le gaz.20.35 Hot forme. Les seins.

20.45

FLASHBACKMagazine présentépar Laurent Boyer.Spécial été. Invités : Séverine Ferrer,Doc Gyneco, Indra, Cachou, SophieFavier, Gerald Dahan, Ricky Martin,Worlds Apart, Alliage, Poetic Lover, LaBande du Carré Blanc, Tribal Jam,Patrick Bosso, Philippe Corti(140 min). 409378

23.05

LES CONTESDE LA CRYPTESérie 5 (95 min). 6416804Ruth de Sosa.A l’amour, à la mort.Les siamois.Le secret.

0.40 La Maisonde tous les cauchemars.Série. Charly Boy.

2.40 Turbo (rediff.). 3.10 Fréquenstar.Invité : Jean-Louis Aubert (rediff.).4.00 Sous le signe de l’eau. Documen-taire. 4.25 Jazz 6. Concert Galliano La-grene à Vienne 94 (rediff). 5.10 Fan de- Best of. Spécial séducteurs (rediff.).5.35 Mister Biz, best of (rediff.,25 min).

RadioFrance-Culture20.50 Du Jazz

pour tout bagage.Les cinq sens. [4/5].

21.10 XIIe Rencontresde Pétrarque. [4/5].

22.40 Nocturne. [4/5].

0.05 Du jour au lendemain. 0.50Coda. 1.00 Les Nuits de France-Culture (rediff.).

France-Musique20.45 Concert. 5e Festival de

musique de chambre àSalon-de-Provence. Donné endirect du château de l’Empéri.Trio pour piano et cordes no 2,de Schubert ; Le Masque de lamort rouge pour harpe etquatuor à cordes, de Caplet ;Création, de Sermet ;Quintette pour piano etcordes op. 81, de Dvorak ; Triopour flûte, alto et harpe, deDamase ; Introduction etallegro, de Ravel, EmmanuellePahud, flûte, Paul Meyer,clarinette, Marie-PierreLanglamet, harpe.

0.00 Les Mots et les Notes (rediff.).2.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

L’héritage de César Franck. LeChasseur maudit, de Franck,par l’Orchestre du Capitole deToulouse, dir. Plasson ; Trioavec piano, de Ravel, parl’Ensemble Nash de Londres ;La Nuit, de Saint-Saëns, par leChœur régional Vittoria d’Ilede France et l’Orchestrenational d’Ile de France, dir.Mercier, Dessay, soprano ;Estampes, de Debussy,Crossley, piano ; Quatuor àcordes, de Franck, par leQuatuor Fitzwilliam.

22.40 Les Soirées... (suite). 0.00 LesNuits de Radio-Classique.

Canal +17.35 Le Dessin animé.E En clair jusqu’à 20.3018.30 VTT.

Le Tour VTT (6e étape)Saint-AnthèmePraboué - Chomelix.

19.00 Les Conquérantsdu feu. Série.

19.50 Flash d’information.19.57 Le Zapping.20.00 10 années formidables.

20.15

FOOTBALLAuxerre - Paris-SG.En direct. 2e journée du championnatde France de D1 ; 20.30 Coup d’envoi(135 min). 5895281

22.30 Flash d’information.22.35 La Vie comme

elle est.... Court métrage(10 min). 7519755

22.45

L’AMOURÀ TOUT PRIX Film de Jon Turteltaub,avec Sandra Bullock(1995, v.o., 99 min). 9859200Une guichetière du métrode Chicago s’est éprise,d’une façon romantique,d’un bel avocat qu’elle voitpasser chaque jour.Elle le sauved’une agression.0.25 Le Mépris a a a

Film de Jean-Luc Godard(1963, 95 min). 1890311

2.00 Les Années Arruza.Documentairede Emilio Maillé(rediff., 60 min). 8706682

Les films sur les chaîneseuropéennesRTL 920.30 Cadillac Man. Film de Roger Donaldson (1990,100 min). Avec Robin Williams. Comédie.22.10 Tendre poulet. Film de Philippe de Broca (1977,105 min). Avec Annie Girardot. Comédie policière.0.20 Adhémar ou le jouet de la fatalité. Film de Fernandel(1951, N., 95 min). Avec Fernandel. Comédie.

TMC20.35 Rhapsodie. Film de Charles Vidor (1954, 120 min).Avec Elizabeth Taylor. Drame.

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00 World View.1.30 Moneyline. 2.15 American Edi-tion.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.45, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09,22.39, 23.09 Europa. 19.50, 20.50,21.50, 22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 NoComment. 23.45 Style. 0.45 Ecologia.1.45 Visa.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42 Talk culturel.0.15 Le Débat.

TV 519.30 Journal (TSR).20.00 La Vache

et le Prisonnier Film d’Henri Verneuil (1959, version colorisée,115 min). 91841533

22.00 Journal (France 2).22.30 Ça se discute. Magazine

(France 2 du 12/2/97).0.00 C’est la vie. Magazine.0.30 Soir 3 (France 3).

Planète20.35 High School II. [2/2].22.15 E Sarah.22.50 Le Requiem perdu.

Exilés polonais en Iran.0.25 Des hommes

dans la tourmente.[13/32]. Castro versus Batista(25 min).

Histoire20.00 Télé notre histoire :

Thibaudou les Croisades.Feuilleton [7 et 8/26].

21.00 Le Grand Secret aFilm de Melvin Frank(1952, N., 120 min).

50422612923.00 Les Dossiers

de l’histoire - Opus Dei,la longue marche.

0.00 Encyclopédies :Télévision(histoires secrètes).[4/4]. Prédateurs (60 min).

Paris Première20.05 et 0.35

Courts particuliers.21.00 Kitty Foyle a a

Film de Sam Wood(1940, N., v.o., 105 min).

2773885822.45 Les Documents du JTS.23.15 Perahia joue

Beethoven (80 min).

FranceSupervision20.45 Le Baiser de la fée.

Concert (45 min). 8659385821.30 Didjeridou,

musiques du monde :Marcel Azzola.

22.25 Sortie de nuit.Magazine.

22.50 MusicFrom the Crathes.Concert enregistré à labibliothèque Signetd’Edimbourg(30 min). 93376668

Ciné Cinéfil20.30 L’Arlésienne a a

Film de Jacques de Baroncelli(1930, N., 85 min). 16243533

21.55 Comment l’espritvient aux femmes(Born Yesterday) a aFilm de George Cukor (1950, N., v.o., 100 min).

6797811323.35 Le Club.

Invitée : Brigitte Fossey.

Ciné Cinémas20.30 La Prisonnière

du désert a a aFilm de John Ford(1956, 115 min). 6253571

22.25 La BruteFilm de Claude Guillemot(1987, 105 min). 67967007

0.10 Louis,enfant roi a aFilm de Roger Planchon(1992, 160 min). 53347040

Festival20.30 Le Prince

des imposteurs.Téléfilm de Jean-PierrePrévost, avec Michel Piccoli(110 min). 22641007

22.20 L’Amour mauditde Leisenbogh.Téléfilm d’Edouard Molinaro,avec Michel Piccoli(95 min). 66276587

23.55 Du crimeconsidéré commeun des beaux-arts.Court métrage (15 min).

Série Club20.45 Les Incorruptibles,

le retour.21.35 Le comte Yoster,

a bien l’honneur.22.30 Alfred Hitchcock

présente. Pour l’amourde l’art.

23.00 Caraïbes offshore.23.45 Lou Grant. Venise.

Canal Jimmy20.35 Cette sacrée gamine a

Film de Michel Boisrond (1955, 80 min). 14297945

21.55 Chronique de la route.22.00 On achève bien

les chevaux a aFilm de Sydney Pollack(1969, v.o., 115 min).

27091378

Disney Channel20.35 Les Envahisseurs.21.30 Les Robinson

des mers du Sud aFilm de Ken Annakin(1961, 125 min). 2615858

23.35 Au cœur du temps(45 min).

Téva20.30 et 22.30Téva interview.

Invitée : Amira Casar.20.55 Le Mariage

de Betsy aFilm de Alan Alda(1990, 95 min). 505601910

23.00 Clair de lune.Mariage secret.

23.45 Elles s’appellenttoutes Sarajevo.

Voyage20.30 Suivez le guide.22.30 Au-delà des frontières.

L’Allemagne.23.00 Chez Marcel. Magazine.

Jean-Pierre Xiradikis.0.00 Aux 4 coins du monde :

Italie (50 min).

Eurosport16.45 Athlétisme.

En direct d’Athènes (Grèce).Championnats du monde(225 min). 81162587

20.30 Tennis.Tournoi messieursde Cincinnati (Ohio).

22.30 Athlétisme.Les temps forts du jour.

0.00 VTT. Tour VTT.Saint-Antheme -Craponne-sur-Arzon -Chomelix (6e étape, 30 min).

Muzzik20.00 Prinsengracht Concert :

Anatol Ugorsky.Enregistré au festival d’Avro, àAmsterdam,en août 1995(60 min). 500001910

21.00 Sirella.Ballet aquatique enregistré auZénith de Paris en octobre1991(85 min). 501494216

22.25 Merce CunninghamIs Changing Steps.

23.05 Carmen McRae.Concert enregistré à Tokyo en1986 (85 min). 506448668

0.30 Œdipus Rex.Opéra en deux actes deStravinsky enregistré au SaitoKinen Festival de Matsumoto,en 1992. Solistes : PhilipLangridge, Jessye Norman(50 min). 507674224

Page 23: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

LeMonde Job: WMQ0708--0023-0 WAS LMQ0708-23 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 09:27 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0418 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / JEUDI 7 AOÛT 1997 / 23b

21e

ÉP

ISO

DE

©D

arg

au

d E

dit

eur

1997

Blueberry « Ombres sur Tombstone »par Giraud

b Résumé. – Suite du récit de Blueberry : le lieutenanttente de sauver le révérend Younger en se jetant sur lechef de la tribu. A ce moment du récit, le rédacteur en chefdu Tombstone Epitaph vient avertir le romancier Campbellque l’action se passe désormais au saloon. Virgil Earp jurede venger l’escorte massacrée, croit-il, par les Apaches.

Page 24: L'enquête sur la radioactivité à la Hague est relancée

LeMonde Job: WMQ0708--0024-0 WAS LMQ0708-24 Op.: XX Rev.: 06-08-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 25Fap:99 No:0419 Lcp: 196 CMYK

Une immense base militaire américaine dans le PacifiquePeuplée de quelque cent quarante mille habitants et située à

6 500 kilomètres à l’ouest d’Honolulu et à 3 500 kilomètres au sud-estde Séoul, l’île de Guam a une superficie de 541 kilomètres carrés. Pas-sée sous autorité américaine en 1898, après la guerre américano-es-pagnole, elle a été occupée par les Japonais, en 1941, avant d’être re-conquise par les forces américaines en 1944.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, Guam a été transfor-mée en une immense base militaire américaine dont les installationsrecouvrent près d’un tiers de la superficie de l’île. Elle constituait uneposition stratégique importante durant les guerres du Pacifique, de Co-rée et du Vietnam. Guam est placée sous la juridiction du départementde la marine des Etats-Unis et est dirigée par un gouverneur.

24

JEUDI 7 AOÛT 1997

LA FIN DE L’EMPIRE DES INDESUne série écrite par Bruno Philip

Cinquante ans après la sanglante partition des Indes qui sonnale glas du raj britannique aux Indes, des acteurs privilégiés, dontl’actuel premier ministre et le frère de l’assassin de Gandhi, sesouviennent. A travers eux, ce sont les derniers moments del’Empire et les premières années de l’indépendance qui noussont retracés dans toute leur diversité.

A lire chaque jour à partir du lundi 11 jusqu’au 16 août dans 0123

Tirage du Monde daté mercredi 6 août 1997 : 464 211 exemplaires 1 3

Un 747 sud-coréen s’écrase sur l’île de Guamfaisant plus de deux cents victimes

La suspension temporaire d’un dispositif d’approche des pistes pourrait être à l’origine de la catastropheNEW YORK,

de notre correspondanteUne épave fumante gisant dans

des collines inaccessibles, des fla-mèches qu’il n’est même plus besoind’éteindre, un ballet d’hélicoptères,les silhouettes des sauveteurs qui ra-tissent les décombres... Ces imagespresque familières ont de nouveaumonopolisé les écrans de télévisionaméricains mardi 5 août, peu aprèsl’annonce de l’accident d’unBoeing-747 de Korean Air qui assu-rait la liaison Séoul-Guam avec deuxcent cinquante-quatre personnes àbord. Entre vingt-neuf et trente-cinq personnes, selon les sources,ont été retirées vivantes de la car-casse de l’avion.

Pour des raisons encore inexpli-quées, l’appareil, un jumbo-jet vieuxde treize ans, s’est écrasé en pleinejungle à moins de 5 kilomètres de lapiste de l’aéroport où il était attenduà l’heure prévue, au milieu de la nuit.Avec une visibilité réduite à 1,5 km,en raison de fortes pluies, le pilote aamorcé l’approche de l’aéroportpuis, semble-t-il, a disparu de l’écrandes contrôleurs. Selon les premierséléments dont disposent les enquê-teurs, les passagers du vol 801 n’onteu aucune connaissance de pro-blèmes particuliers avant le choc etle pilote n’a pas eu le temps d’en-voyer de signal de détresse ; la boîtenoire et l’enregistreur de vol ont puêtre récupérés rapidement dansl’épave de l’avion dont l’avant et la

queue ne se sont pas désintégrés. Lagrande majorité des passagersétaient des touristes de nationalitésud-coréenne, dont certains ve-naient passer leur lune de miel àGuam. Selon la Commission natio-nale pour la sécurité des transports

(NTSB) à Washington, vingt Améri-cains se trouvaient aussi à bord del’avion.

En dépit du terrain accidenté inac-cessible par la route, les secours sesont organisés rapidement grâce,notamment, à la présence dans lesenvirons d’une base militaire améri-caine. Le gouverneur de Guam, CarlGutierrez, a été l’un des premiers surplace, aidant à sortir quatre ou cinqrescapés du fuselage : « C’étaitétrange, a-t-il raconté ensuite auxmédias américains. Comme nous

n’avions qu’une seule lampe-torche, ilfallait se guider au son. Il était impos-sible d’être là, d’entendre les cris et dene pas y aller. »

Le gouverneur a accompagné jus-qu’à l’hôpital une fillette japonaisede onze ans qui refusait de lâcher sa

main. Alors que le jour se levait, uneéquipe de l’US Navy a entreprisd’ouvrir le fuselage pour tenter dedélivrer d’autres éventuels survi-vants.

L’appareil accidenté est du mêmetype que celui du vol 800 de la TWAqui a explosé en vol, il y a à peineplus d’un an, au large de Long Is-land, mais rien ne permet a priori derapprocher les deux catastrophes.Une équipe de dix experts du NTSBa quitté Washington dès mardi soirpour Guam afin d’enquêter sur

place. Plusieurs informations fontétat de la suspension temporaire, àl’aéroport de Guam-Agana, d’un dis-positif d’approche, le glide slope, quiguide les avions vers la piste. Pourcause d’entretien, ce dispositifn’était pas opérationnel jusqu’au12 septembre et les pilotes devaientse reposer sur un instrument propreà leur avion qui leur fournit la dis-tance de la piste d’atterrissage.

La catastrophe de Guam frappeune compagnie aérienne déjà dure-ment touchée ces dernières années :outre le célèbre vol KAL 007, abattupar les Soviétiques, en plein vol, en1983, au-dessus de l’île de Sakhaline,avec deux cent soixante-neuf per-sonnes à bord, un autre avion deKorean Air, un Boeing-707, a été dé-truit à l’explosif par un agent nord-coréen en 1987 avec cent quinze pas-sagers. Plus récemment, en 1989,c’est un DC-10 de la même compa-gnie qui s’était écrasé près de Tripoli.L’accident avait fait soixante-douzemorts et soixante-dix blessés.

Sylvie Kauffmann

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDECours releves le mercredi 6 aout, a 10 h 15 (Paris)

FERMETUREDES PLACES ASIATIQUESTokyo Nikkei 19702,07 + 0,96 + 1,76Honk Kong index 16550,80 + 1,10 + 23,04

OUVERTUREDES PLACES EUROPEENNES

Cours au Var. en % Var. en %06/08 05/08 fin 96

Paris CAC 40 2964,65 – 0,65 + 28,02Londres FT 100 4965,60 + 0,10 + 20,57Zurich 1920,58 .... + 45,36Milan MIB 30 21654 .... + 37,95Francfort Dax 30 4302,68 .... + 48,95Bruxelles 14324 .... + 35,50Suisse SBS 2703,79 .... + 44,29Madrid Ibex 35 6664,43 .... + 29,29Amsterdam CBS 668,60 .... + 52,89

19702,07

Tokyo. Nikkei sur 3 mois20681,10

20389,44

20097,78

19806,11

19514,45f7 mai 20 juin 6 aoutg

Le dollar poursuit son envolée Le billet vert a atteint 6,37 francs

LA HAUSSE du dollar a reprisde plus belle mardi 5 août, pous-sant en fin de journée le billet vertà ses cours les plus élevés depuisoctobre 1989, à plus de 1,88 market 6,35 francs. Mercredi 6 aoûtdans la matinée, la devise améri-caine poursuivait son envolée à1,8865 mark, 6,37 francs et119,50 yens.

Pour les analystes, les marchéssont en train de tester la volonté etla capacité des banques centrales,notamment de la Bundesbank, àenrayer l’appréciation du dollar. Lemaintien, mardi, par l’Institutd’émission allemand de son tauxde prises en pension à 3 %, aprèsdes menaces de relèvement, adonné un nouveau coup de pouceau billet vert. Tout comme la pu-blication, également mardi, d’uneenquête de l’institut allemand Ifosoulignant l’incapacité de Bonn àremplir strictement les critères deMaastricht pour le déficit budgé-taire (3 % du produit intérieur brut(PIB) et l’endettement public (60 %du PIB). Selon les prévisions d’Ifo,le déficit public allemand devraitatteindre cette année 3,3 % du PIB.La perspective du lancement, le1er janvier 1999, d’un euro faibleexplique pour une bonne part la

dépréciation de 22 % du mark faceà la monnaie américaine depuis ledébut de l’année.

L’économiste en chef de la Bun-desbank, Otmar Issing, a indiquémardi, une fois encore, que labanque centrale était « préoccupéepar la rapide dépréciation dudeutschemark ». Mais il n’a pas as-sorti ses propos d’une nouvellemenace, soulignant qu’il n’y a« pas de lien automatique entre lecours du dollar et les décisions depolitique monétaire ».

A défaut d’utiliser l’arme destaux, qui soulèverait un tollé enEurope alors que la reprise écono-mique s’amorce à peine et que lechômage atteint des sommets, lesbanques centrales pourraient êtretentées d’intervenir directementsur le marché des changes. Mais,pour lancer une interventionconcertée, les instituts d’émissioneuropéens ne pourront probable-ment pas compter sur la Banquedu Japon. Mardi, le vice-ministredes finances japonais, Eisuke Sa-kakibara, surnommé « M. Yen », aformellement démenti toute ini-tiative pour empêcher le dollar dedépasser les 120 yens.

Eric Leser

Les dépanneurs de Mir en orbiteLE VAISSEAU SPATIAL russe

Soyouz TM-26 a décollé commeprévu mardi 5 août à 17 h 35 (heurede Paris) du cosmodrome de Baï-konour, au Kazakhstan, en empor-tant à son bord Anatoli Soloviev,commandant de la mission, et Pa-vel Vinogradov, un ingénieur (LeMonde du 6 août). Neuf minutesaprès le décollage, la capsule spa-tiale a été mise en orbite, sur « unetrajectoire parfaite », a précisé lecentre de contrôle. « La moitié dutravail est fait », a commenté avecsoulagement le ministre russe de ladéfense, Igor Sergueev, qui assistaitau décollage.

La capsule va ensuite tourner au-tour de la Terre pendant deuxjours, le temps de se retrouver surla même orbite que Mir, à 400 kmde la Terre, afin d’opérer une jonc-tion avec la station jeudi 7 août à19 h 23 (heure de Paris). Ce qui per-mettra au nouvel équipage de re-trouver les trois occupants actuelsde la station, leurs compatriotesVassili Tsibliev et Alexandre La-zoutkine, et l’Américain MichaelFoale, quelque peu éprouvés parles nombreux problèmes tech-niques qu’a connu Mir ces derniersmois.

Le dernier incident en date a été,voilà quelques jours, la panne desdeux générateurs d’oxygène Elek-tron de la station, ce qui a obligé

les occupants de Mir à faire appel àdes cartouches de secours. Les res-ponsables ne sont pas émus par cetévénement et estiment que « c’estun incident ordinaire, qui n’influen-cera en aucune manière le pro-gramme de travail de la station ».

PANNEAUX SOLAIRESLe 14 août, Tsibliev et Lazoutkine

retourneront sur Terre, à bord deleur capsule Soyouz, après un sé-jour de cent quatre-vingt-cinqjours dans l’espace. Une fois àbord, Anatoli Soloviev, un vétérande l’espace, et Pavel Vinogradov,dont c’est la première mission, de-vront s’attaquer à la remise enmarche des quatre panneaux so-laires du module Spektr, débran-chés depuis la collision entre la sta-tion et un vaisseau-cargo Progress,au cours d’un exercice d’amarragemanuel. Ce qui a privé la station de40 % de sa capacité électrique.

Les deux cosmonautes doiventeffectuer le 20 août une première« sortie » interne de cinq heuresdans le module Spektr pour re-brancher les quatre panneaux so-laires. Pour plus de sûreté, MichaelFoale attendra, de son côté, auxcommandes de la capsule Soyouz,afin que l’équipage puisse partir dela station en cas de nécessité.

C. Ga.

D’anciens mercenaires auraient été engagés

pour la visite du papeSELON LE CANARD ENCHAÎNÉ

du mercredi 6 août, quelque troiscents personnes, présentées commed’anciens mercenaires ou anciensmilitaires du 11e choc, regroupées enune association baptisée Bagheera,seraient actuellement chargées de laprotection des sites des Journéesmondiales de la jeunesse (JMJ). Du18 au 24 août, celles-ci devraient at-tirer à Paris, au Champ de Mars et àl’hippodrome de Longchamp, plu-sieurs centaines de milliers dejeunes catholiques, français etétrangers. Le pape est attendu du 21au 24 août.

Les responsables des Journéesmondiales de la jeunesse ont aussi-tôt procédé à des vérifications. Pourl’organisation d’un tel rassemble-ment, l’archevêché de Paris a sollici-té le concours de trois sociétés pri-vées, Le Public Système, Extensionet Offshore, spécialisées dans lapréparation de manifestations pu-bliques. Mais ils se défendentd’avoir eu tout contact avec unequelconque société de gardiennageet ignorent l’existence de cette asso-ciation mise en cause par Le Canardenchaîné, dont le siège est à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

« Nous n’avons engagé directe-ment aucune société de gardiennage,puisque nous avons fait appel à desagences événementielles clés enmain », explique Gilles Drouin, se-crétaire général des Journées mon-diales de la jeunesse, ajoutant : « On

n’est pas à la merci d’une sociétédouteuse. »

De leur côté, les trois agences Ex-tension, Offshore et le Public Sys-tème confirment qu’elles se sontbien adressées à des sociétés de sur-veillance pour la protection de leurschantiers et installations techniquesà Longchamp et au Champ de Mars.Mais elles soulignent qu’elles n’ontpas eu la charge de leur recrute-ment.

7 000 VOLONTAIRESLa sécurité des participants aux

JMJ sera l’affaire de la préfecture depolice et des jeunes Volontaires desJournées mondiales. Environ 1 500policiers seront chargés d’assurer lasécurité des manifestations, notam-ment celles qui sont prévues autourdu pape. Lundi 11 août, le préfet depolice rendra public le dispositif desécurité envisagé. Quant aux Volon-taires, ils seront environ 7 000(contre 10 000 prévus), chargés enparticulier de contrôler les accès etla sécurité dans les îlots.

La préfecture de police a démentijeudi matin l’information publiéepar le journal La Croix selon laquellec’est l’ancien préfet du Var, Jean-Charles Marchiani, nouveau secré-taire général de la zone de défensede Paris, qui aurait la gestion des ef-fectifs policiers pour ce rassemble-ment de la jeunesse catholique.

H. T.

a Un Airbus A300 de Korean Airavec 273 personnes à bord est re-venu se poser d’urgence, mercredimatin 6 août, sur l’aéroport d’Osa-ka (Japon) après un ennui de mo-teur. L’avion, qui assurait le volentre Osaka et Séoul, a connu desproblèmes après vingt minutes devol et a fait demi-tour.

Nouvelle progression du chômage en AllemagneLE NOMBRE DE CHÔMEURS en Allemagne a progressé de17 000 en juillet par rapport à juin en données corrigées des varia-tions saisonnières (CVS), le taux de chômage en données brutes pas-sant de 11,0 % en juin à 11,4 % en juillet, a annoncé, mercredi 6 août,l’Office fédéral du travail. En données brutes, 4,354 millions de per-sonnes étaient à la recherche d’un emploi en juillet en Allemagne. Al’Ouest, le chômage a atteint un nouveau record de l’après-guerre,9,7 % de la population active étant sans emploi. Dans les Länder del’ex-RDA, moins peuplés, le taux de chômage est de 18,1 %. – (AFP.)

DÉPÊCHEa CONJONCTURE : la demande en produits manufacturés s’estaccélérée au deuxième trimestre dans toutes les branches, mais de-meure faible dans l’automobile, selon l’enquête trimestrielle de l’In-see publiée mercredi 6 août.