L'éclatement de la famille

L’éclatement de

la famille... est-ce important

dans la société d’aujourd’hui?

Est-ce important?

Si c’est important, que pouvons-nous faire?

Quel serait le coût pour faire plus?

Y a-t-il d’autres conséquences?

Ne devrions-nous pas être libres de divorcer?

Est-ce une question d’ordre privé ou public?

Quels sont les chiffres?

Il y a beaucoup de vérités cachées concernant l’éclatement de la famille et le divorce. L’une des plus importantes est que, lorsque deux personnes se marient et fondent une famille, elles le font avec l’intention de réussir. Elles ont honnêtement et réellement l’espoir que ce qu’elles font va durer toute la vie.

Aussi, quand nous parlons de divorces «non désirés», cela represénte une majorité. Nous pensons que nous pourrions faire plus pour soutenir l’intention première de ces couples et les responsabiliser afin d’accomplir leur rêve initial. Trop d’entre eux échouent et souffrent par manque d’information et de soutien.

Une autre vérité cachée est le coût réel de ces éclatements. La possibilité d’un divorce est souvent acceptée comme l’alternative la moins pénible, mais les coûts pour les personnes et la société sont très largement sous-estimés. Politiquement, le problème est ignoré car il relève du domaine «privé», mais cette approche n’est plus acceptable. Pour le bien des familles d’aujourd’hui et de la génération de demain, il est temps d’agir.

Paul Marsh et Christoph Monsch, MarriageWeek Suisse

Est-ce important?

C’est important pour les personnes concernées. Elles n’ont pas prévu cela. C’est arrivé et elles essaient de trouver une solution. Pour beaucoup, la douleur sera présente pour toujours.

C’est important pour les enfants. Malgré le fait que le divorce et le changement de parents est devenu un style de vie pour beaucoup, et parfois pour les très jeunes, les études continu-ent de montrer l’effet négatif du divorce sur les enfants.

C’est important pour leurs amis, qui se retrouvent d’un seul coup à devoir prendre parti et ne peuvent plus partager leur amitié comme avant.

C’est important pour les institutions. La délinquance, l’alcool, l’abus de substances, la violence, l’éducation inachevée et beaucoup d’autres problèmes sociaux concernent souvent des personnes issues de foyers éclatés.

C’est important économiquement.Le divorce est l’un des principaux catalyseurs de pauvreté, de la crise du logement et de bien des demandes d’aide sociale.

C’est important pour les pasteurs et les officiers d’état civil qui font de leur mieux pour créer un contexte sécurisé où les couples peuvent échanger leurs vœux.

C’est important pour la société. Les saines relations et les structures familiales sont les fondements de sociétés solides et innovantes.

Si c’est important, que pouvons nous faire?

Les couples manquent de ressources et d’information. Tous les conseillers conjugaux nous diront que les couples viennent chercher de l’aide trop tard. Ils ne se rendent pas compte qu’ils en ont besoin ou ne connaissent pas les ressources existant. Peu de couples bénéficient d’un soutien après leur mariage.

Les couples qui ne se marient pas sont loin d’être épargnés. En fait, les conséquences de l’éclatement des relations sont parfois plus importantes que pour les couples mariés, car il n’y a pas de filet de protection.

Beaucoup d’institutions facilitent le processus de divorce. Cela peut être utile, mais ne résout pas le problème de fond.

Les facteurs qui conduisent au divorce se manifestent souvent très tôt, même avant le mariage. Une préparation au mariage intentionnelle aiderait les couples à faire face aux difficultés avec plus de succès.

L’éducation publique s’occupe rarement de la responsabilité de devenir un mari, une épouse, un père ou une mère. Et pourtant cela concerne la plupart des étudiants.

Quel serait le coût pour

faire plus?

Publiquement, un investissement minime pour offrir une meilleure information et prévention ferait une grande différence. Que la perte en revenus imposables et le coût des subsides représentent des centaines de millions chaque année.Un petit investissement efficace dans des programmes de prévention a le potentiel de diminuer l’eclatement familial. Cela permettrait des économies conséquentes, sans compter les souffrances humaines qui seraient évitées.

Personnellement, cela coûte très peu. Les couples qui participent à un cours de préparation au mariage sérieux et qui sont prêts à consulter assez tôt en cas de difficultés ont de fortes chances de sauver leur mariage.

La société a tendance à être centrée sur les crises et trouve confortable d’aider une personne en difficulté. Bien que cette attitude soit louable, il est urgent de nous demander comment prévenir les difficultés dès le début.

Y a-t-il d’autresconséquences?

Le mariage a un effet de régulateur sur la société, en particulier en ce qui concerne les enfants. Il influence bien des droits mutuels élémentaire d’un couple, comme la possibilité de se rendre visite à l’hôpital ou les questions d’héritage.

Les couples qui vivrent un mariage stable où les difficultés sont généralement moindres ont tendance à accumuler un plus grand patri-moine, à être en meilleure santé et souffrent moins de dépression. En fait, cela devient une question de santé publique, qui se répercute sur les primes d’assurance.

Le divorce est souvent vécu comme un échec personnel. Laisser son couple échouer contribue à une perte de l’estime de soi. Le processus de divorce est très stressant et les employeurs sont conscients qu’un employé passant par un divorce est pendant plusieurs mois moins perfomant.

Le scénario a tendance à se reproduire. De la même manière que les enfants qui ont été témoins de violences conjugales risquent de reproduire cette violence, ceux qui ont vécu un divorce parental risquent de passer eux-mêmes par un divorce. Les couples qui se remarient ont un taux de divorce plus élevé.

Les effets sur les enfants sont variables et très sérieux dans bien des occasions. Une éducation interrompue et des ennuis avec la police ne sont que deux des multiples effets possibles.

Ne devraions pas être libres de divorcer?

Le divorce doit être possible. Il y a clairement des situations et des circonstances où c’est la meilleure solution pour le couple.

Le choix individuel est très important. Il est le fondement du mariage libre. Quand un couple change la décision qu’il a publiquement prise, cela engendre clairement certaines conséquences.

La liberté d’agir ne veut pas forcément dire que l’action soit bénéfique. Le fait de reconnaître que les individus ont la liberté de faire quelque chose qui leur soit préjudiciable fait partie de la liberté sociale. Toutefois, quand ces choix ont des repercussions sur d’autres, cette liberté doit être considérée avec plus d’attention.

Les contraintes légales du mariage ne sont pas l’expression d’une position morale. Quand les couples se marient, aussi, ils ont bien plus à l’esprit que simplement la situation légale. Aussi quand ils divorcent légalement, cela ne veut pas dire que le problème de fond est réglé.

Est-ce une question d’ordre privé ou publique?

Le rôle de l’Etat est de créer un cadre dans lequel la société peut fonctionner. Essayer de contrôler son fonctionnement de trop près ou redéfinir certaines valeurs fondamentales s’avère délicat. L’Etat reconnaît le mariage et lui a créé un cadre légal, mais il n’est pas une invention de l’Etat.

A l’origine le mariage était une question d’ordre privé, dans lequel on entrait sous l’autorité des familles ou d’un clan. Le mariage romantique est une invention relativement récente. L’Etat a été principalement impliqué pour des questions d’imposition et a repris les registres à l’église en s’accordant le droit de marier.

Les conséquences de l’éclatement de la famille ont des effets sur la société tout entièr, notamment dans le domaine économique. Davantage de mariages réussis engendreraient certainement des bénéfices économiques pour l’Etat.

L’Etat gère le porte-monnaie public. Utiliser ces ressources pour diffuser des informations et des programmes de prévention pour le bien commun devrait faire partie du mandat du gouvernement.

Le mariage et le divorce sont régis légalement par l’Etat. Certaines contraintes sont déjà en place, mais l’augmentation de la cohabitation comme style de vie montre que les valeurs fondamentales du mariage sont difficiles à contrôler du haut vers le bas.

Quels sont les chiffres?

Nombre de mariages en Suisse: 42 500 dont 43% se brisent (2011). Les mariages augmentent chaque année et le taux de divorce est à la baisse.

Le couple moyen va dépenser quelques15 000.– francs pour le jour de son mariage, mais investit très peu pour acquérir des compétences relationnelles.

Le coût de l’éclatement de la famille pour la société n’est pas clairement connu. Les facteurs directs (perte de revenu imposable, augmentation de l’aide sociale, frais juridiques) coûtent probablement 130 millions de francs chaque année. Les facteurs indirects (perte de productivité, problèmes de santé, éducation interrompue, violence conjugale, délinquance infantile) sont difficiles à définir, mais sont probablement bien plus élevés que les coûts directs. Les effets cumulés pourraient atteindre 2 milliards de francs.

Très peu de groupements ou d’associations proposent un service de préparation au mariage et un suivi des couples nouvellement mariés. Dans bien des cas, un pasteur ou un prêtre assume ce rôle.

Plus de 50% des mariages en Suisse sont interculturels et cela amène une spécificité à la relation qui est souvent ignorée.

L’âge moyen d’un premier mariage est de 29 ans pour une femme et de 31 ans pour un homme; 40% des enfants ne vivront plus avec leurs deux parents biologiques à l’âge de 5 ans.

Ces pages donnent un aperçu d’une situation complexe et souvent dramatique que vivent chaque année des milliers de couples. Le but n’est pas de pointer un doigt accusateur vers ces couples qui, pour la plupart, ont fait de leur mieux dans leurs circonstances, nous voulons solliciter un changement par une politique d’accompagnement.

Le changement est possible. Avec une meilleure information et une aide concrète, beaucoup de couples pourraient éviter le naufrage de leur famille et vivre leur rêve comme ils en avaient l’intention.

Il est important de connaître les chiffres réels pour la Suisse. Si l’éclatement de la famille est douloureux pour ceux qui le traversent, il est aussi dommageable pour l’économie et la société tout entière. Avoir accès à une meilleure information dans ce domaine facilitera une action ciblée qui profitera à toutes les personnes concernées.

Quelques sources et références: www.2-in-2-1.co.uk www.relationshipsfoundation.org www.hebdo.ch/.../divorce___22165_.html www.ebg.admin.ch/....violence domestique

[email protected] tél.: 021 653 33 94MarriageWeek, CP 8, 1000 Lausanne 21