GESTION - CONSEIL 8 ENTREPRISE ROMANDE No 2977 l 2 mai 2008 Gérer les équipes de travail fait partie du quotidien des entreprises. Encore faut-il les rendre performantes! Le travail d’équipe peut être optimisé F aire partie d’une équipe est monnaie courante, puisque les 90% des actifs sont appe- lés à travailler en étroite collabo- ration avec d’autres personnes. Une bonne raison de se poser des questions sur l’efficacité des équipes et de chercher à l’amé- liorer. Le professeur Marcel Lucien Goldschmid, coach en entreprise et responsable de formation en psychologie du management, a analysé les forces et les dysfonctionnements, cherchant à définir les clés de la per- formance des équipes. Journées de formation 2008 Les mardis de 9 h. à 17 h., au Musée Olympique de Lausanne 13 mai M1 Savoir manager au quotidien 27 mai M2 Déléguer et responsabiliser les collaborateurs 10 juin M3 Devenir coach 24 juin M4 Motiver et mobiliser ses collaborateurs 26 août M5 Gérer les crises et les situations difficiles 02 sept M6 Mieux gérer son temps et maîtriser son stress 09 sept M7 Accroître son intelligence émotionnelle 16 sept M8 Optimiser le travail d’équipe 30 sept M9 Encadrer et former les collaborateurs 07 oct M10 Recruter, développer et garder les meilleurs collaborateurs D’autres journées de formation (9 h. -17 h.) sont organisées en différents lieux de Suisse romande, sur le thème «Comment réussir sa vie professionnelle et personnelle» 07 mai Musée Olympique Lausanne 21 mai Parc Hôtel Fribourg 04 juin Château de Prangins 18 juin Hôtel Beaulac Neuchâtel 27 août Château de Prangins 10 sept Centre Mondial du Cyclisme Aigle 01 oct Château de Prangins 08 oct Musée Olympique Lausanne Programmes et inscriptions sur www.management-training-coaching.ch. E-mail: [email protected] Professeur Marcel Lucien Goldschmid: «Les nouvelles tendances vont dans le sens du team coaching» Quand on imagine une équipe, on pense «petit groupe». Quelle est la taille idéale pour une équipe de travail? L’expérience montre que le nombre optimal se situe entre six et douze personnes. Si le nombre est plus élevé, les rapports directs avec le manager en pâtiront, car celui-ci n’a pas que l’équipe à gérer; il doit s’occuper de stratégie et assumer bien d’autres fonctions encore… Au-dessous de six personnes, il est difficile d’obtenir la complémentarité et Des chefs d’entreprise font appel à des entraîneurs sportifs à succès pour les conseiller sur la manière de gérer une équipe de travail. Celle-ci fonctionne-t-elle véritablement comme une équipe de football ou de basket? Ou est-ce trop réducteur? On peut établir des parallèles, mais il y a aussi des divergences du moment que les objectifs ne sont pas les mêmes. Il reste que, dans une entreprise comme sur un terrain de jeu, il est souhaité que les équipes gagnent et qu’un esprit d’équipe se forge, propre à chasser l’individualisme. Dans un cas comme dans l’autre, il est possible de faire progresser le groupe par l’approche psychologique. J’ai parfois à répondre à des sollicitations d’équipes sportives pour la gestion des conflits et de l’émotionnel, pour des questions de leadership également. la polyvalence indispensables à la performance de l’équipe. Choisir les membres de l’équipe Quels critères essentiels appliquer, outre les compétences professionnelles, pour composer l’équipe de travail? La plus grande erreur serait de choisir les membres en fonction de ses propres affinités, car on se priverait ainsi de cette complémentarité de compétences techniques et de personnalités. On ne peut pas compter par exemple que sur des créatifs: une équipe doit aussi comprendre des méthodiques, des négociateurs, des personnes de contact, etc. Trois éléments sont déterminants pour le succès du groupe: la complémentarité des membres, le leadership et la présentation d’objectifs très clairs. Vous laissez entendre qu’une équipe a bien des chances d’être plus performante que chaque individu qui la compose, pris séparément. Pour quelles principales raisons? Pour des questions de créativité, de polyvalence, de stimulation mutuelle… Vous soulignez aussi qu’une chaîne est «seulement aussi forte que son maillon le plus faible». Suffit-il de supprimer ce maillon discordant pour améliorer les performances de l’équipe? Ce peut être une réponse, mais avant d’écarter une personne, il faut essayer de remédier aux problèmes par des entretiens, du coaching, de la formation… Les faiblesses peuvent être passagères. Si l’on élimine trop vite un membre du groupe, les autres peuvent se sentir désécurisés. L’ambiance et le travail s’en ressentiront. Quelles sont les pires menaces qui peuvent guetter une équipe? Si le chef n’est pas à la hauteur de sa tâche, il est très difficile pour une équipe d’être performante. Malheureusement, la plupart du temps, les leaders ne sont pas préparés à assumer leur rôle. Ils sont nommés à la tête d’une équipe pour leurs compétences techniques, mais un chef doit faire preuve d’autres capacités pour conduire le groupe et favoriser la performance! La formation et le coaching sont une aide précieuse. Si les objectifs ne sont pas extrêmement clairs, si le choix des membres de l’équipe ne permet pas de répondre à la palette des exigences du client et du marché, si l’individualisme prime sur la collaboration, ce sera difficile également. L’indispensable identification au groupe La cohésion et l’efficacité du groupe, une tâche quotidienne? Notre système scolaire met l’accent sur la compétitivité et pousse à l’individualisme. Les jeunes arrivent sur le marché du travail sans être préparés à collaborer. Ils ont tout à apprendre dans ce domaine. Et, dans les entreprises, la performance du groupe n’est bien souvent pas suffisamment valorisée et reconnue. Il y a d’emblée des mots à bannir comme «je», «moi», au profit de «nous», «notre». La direction doit se soucier de récompenser le chef qui saura encourager l’esprit d’équipe, et pas seulement saluer les résultats. Il faut aussi que les réunions de travail soient davantage axées sur la cohésion et propices à une ambiance empreinte de confiance. Le leader doit montrer l’exemple et parler de l’atmosphère qu’il ressent, de ses souhaits… D’ailleurs, les gens attendent de pouvoir s’identifier au groupe et trouver du plaisir à en faire partie. Si tel est le cas, la productivité sera forcément meilleure. Une enquête de Dale Carnegie & Associates montre que, malheureusement, le tiers des collaborateurs travaillant en groupe ne s’estiment pas très heureux de devoir le faire. J’aimerais voir cette proportion baisser! Gère-t-on un groupe ponctuel de projet comme une équipe destinée à durer sur le long terme? La gestion de projets est de plus en plus pratiquée dans les entreprises. Un même collaborateur peut être appelé à travailler dans plusieurs groupes. Les problèmes se posent à chaque fois de la même manière. D’où l’importance d’amener les leaders à savoir gérer une équipe, à se comporter de manière cohérente et exemplaire. Leurs compétences en finances, en comptabilité, en informatique… ne suffiront pas à motiver et ils n’obtiendront pas de résultats sans une équipe soudée et performante. L’interrelationnel joue un rôle capital. Entre dirigisme et laisser-faire, où se situent les nouvelles tendances, alors que les entreprises ont à s’adapter très rapidement à la concurrence, à l’évolution des marchés et à la durée de vie toujours plus courte des produits? Le chef qui impose sa façon de voir les choses ne va pas obtenir du groupe la meilleure performance. Car, si les membres ne sont pas sollicités et appréciés à leur valeur, ils ne donneront pas le maximum et leur démotivation sera très grave pour l’entreprise! Tout comportement dirigiste est donc à éviter, ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas faire preuve d’autorité! Le laisser-faire n’est pas adéquat non plus, car l’équipe a besoin d’un appui permanent. L’optimal se situe donc entre les deux: autorité solide, comportement stable, soutien et solidarité, aide à la performance. Les nouvelles tendances vont dans le sens du team coaching. Le chef n’est pas là que pour superviser ou donner des ordres. Il doit se soucier de développer les membres du groupe, afin de renforcer la productivité et l’image de l’entreprise, d’attirer aussi les talents et de les fidéliser! Propos recueillis par Pierrette Weissbrodt Q