Le souffle de l'ange : La Mission - Tome 1excerpts.numilog.com/books/9782365404761.pdf · La pleine lune est à son zénith. J’essaie d’éviter les branches, les feuilles et les

1Sauvetage

Sélène Je sens que mes poumons vont exploser ! Je cours. Seule. Sans

personne pour m’aider. À travers la nuit, je tente d’échapper à mes assaillants. La pleine lune est à son zénith. J’essaie d’éviter les branches, les feuilles et les arbres. Je ne peux pas utiliser mes ailes dans cette forêt. Je dois donc courir.

Je suis poursuivie par cinq anges déchus. Et pas n’importe lesquels ! Les hommes de Lucifer ! Autant dire mes ennemis. Je me suis lancée à leurs trousses, mais… comment dire... ils m’ont eu par surprise. J’ai sous-estimé leurs effectifs. Une erreur qui ne se reproduira pas ! Ça, je peux vous le garantir ! Du coup, ma seule et unique chance pour leur échapper est de rejoindre le lac. Je pourrai alors activer mon Portail. Sauf que je n’arrive pas à me débarrasser d’eux.

Je saute sur la branche d’un arbre et sors mon arme. Je vise l’endroit d'où mes assaillants devraient venir et j’attends.

Le rugissement d’un loup emplit soudain mes oreilles. Je distingue la voix d’un jeune homme appelant à l’aide. Une odeur de sang envahit mes narines. Instinctivement, je quitte ma position et cours le rejoindre. Je ne sais pas pourquoi je me suis lancée à son secours, mais c’est plus fort que moi. Je ne peux m’empêcher de sauver les humains lorsqu’ils sont en danger. Après tout, je ne suis pas comme ma famille qui les méprise. En fait, je ne vois pas pourquoi ils leur vouent une telle haine ! Haïr les anges déchus et leurs progénitures, voilà ce qui est normal ! Mais les humains ne représentent rien pour moi. Alors si je peux les aider, je le fais. C’est

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tout. Et quand je pense à ce que dirait mon père s’il savait cette bravoure en moi, il me traiterait de faible et de misérable. Pour lui les humains sont des êtres misérables, voués à la destruction. En cela, ils ne méritent pas notre aide et encore moins notre miséricorde. J’aime mon père ; il est le seul parent qu’il me reste. Mais je déteste sa façon de penser. Et le fait que je me trouve ici montre à quel point je ne suis pas obéissante. Je devrais même être en train d’essayer ma « robe de bal » en ce moment !

Guidée par l’odeur du sang, je me faufile à travers les arbres et... il est là. Seul, assis contre un arbre, il serre sa cuisse de sa main gauche. Son sang coule en abondance entre ses doigts. Quant à ses vêtements, n’en parlons même pas... Son jean est si sombre qu’on dirait qu’il a été aspergé d’encre noire. Sa chemise est déchirée et je peux voir les griffures infligées par le loup. Son sang coule sur le sol. Le loup dévoile ses crocs et se met à tourner autour de l’humain. Grâce à mes pouvoirs, je peux sentir la peur de celui-ci et sa respiration laborieuse. Son cœur bat très vite. Je sais que l’hémorragie ne cessera pas. En tout cas, pas sans mon intervention. Je grogne, frustrée par la fragilité de ces êtres.

Le loup se met en position et s’élance, la gueule ouverte, vers l’humain. Instinctivement, je sors mon arme et tire. Je sais que je n’aurais pas dû le faire car mes assaillants vont entendre la détonation. Néanmoins, je n’avais pas le choix. Ce loup l’aurait tué ! Et étrangement, rien que l’idée que cette bête aurait pu lui faire du mal me peine. La vie humaine est trop fragile et précieuse pour qu’on la gâche.

L’animal s’écroule sur le sol. Le jeune homme regarde la dépouille d’un air horrifié. Je sors de ma cachette et m’avance vers lui. Il semble avoir dix-sept ans, peut-être plus. Il faut dire que l’âge chez les humains est quelque chose d’assez complexe. Pour ma part, en tout cas. Ses cheveux bruns en bataille tombent autour de son visage. Des mèches sont collées par la sueur sur son front et ses joues. Il est mince, fort aussi, sportif sans doute...

Il essaie de se relever, mais pousse un cri de douleur avant de s’effondrer. Je le rattrape in extremis et parcours son visage. Ses yeux d’un brun si intense m’hypnotisent. Je n’arrive plus à détacher mon

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regard de lui. Pourtant, je tourne la tête. Mais qu’est-ce que je fais ? Ce n’est qu’un humain !Mais en le voyant ainsi, le désir de l’aider me consume. Je me

transforme, déployant mes ailes d’une longueur de deux mètres. Ma tenue ne change pas, je porte toujours ma combinaison rouge. Il écarquille les yeux tandis que je me rapproche de lui. Tout son corps tremble.

- Qui es-tu ? murmure-t-il.Il me dévisage. Je me penche vers lui.- Ferme les yeux.Le tremblement de ses membres s’accentue. Il secoue la tête.- Il le faut. C’est la seule chose qui peut te sauver, dis-je d’une

voix basse, mais ferme.Il ferme brusquement les paupières. Je pose mes doigts sur ses lèvres et, délicatement, je glisse ma

bouche vers la sienne. Mais je ne l’embrasse pas. Je lui insuffle l’anima vitae. Le souffle de la vie. Chaque ange le possède.

C’est le souffle de l’ange.Ses blessures commencent à guérir. Je me relève et, à ma grande

surprise, il en fait de même, restant tout de même faible. Je fronce les sourcils et recule de deux pas.

- Tu ne risques plus rien. Va-t'en. Ne reviens jamais ici. Ce sera plus sûr pour toi.

- Elle est là ! crie l’un de mes quatre assaillants.Je peste. Ils m’ont retrouvée ! Je replie mes ailes et m’enfuis.- Attends ! Je ne connais même pas ton nom, hurle l’humain.Tout en courant, je recharge mes armes. Je me retourne et, avec

mes deux pistolets dans les mains, j’en tue deux. Les deux autres s’arrêtent. L’un d’eux sourit.

- Tu te crois maligne. Mais tu nous as sous-estimés, mon petit ange.

Il met ses doigts à sa bouche et siffle bruyamment. Quelques secondes plus tard, j’entends du mouvement entre les arbres. Tout autour de moi, ils se mettent à bouger, le vent à souffler, des pas de course s’accélèrent. Des hommes et des femmes apparaissent, une

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vingtaine environ. Devant leurs nombres, je décide de battre en retraite. Je me tourne et me mets à courir. Je les sens me suivre. J’atteins presque le lac. Encore quelques mètres et je pourrai activer mon Portail. Ce Portail est très spécial : il peut transporter n’importe quel ange sur Angealios. Mais il peut aussi conduire les déchus à nos portes. C’est pourquoi je dois activer ma bague le plus rapidement possible. Ce bijou, en argent avec un saphir rouge, est le seul présent qu’il me reste de ma mère, Alexandra.

Je suis devant le lac. Les déchus m’encerclent à présent.- Nous sommes plus nombreux que toi ! Alors abandonne, tu

n’as aucune chance, m’informe un homme.- Ne t’en fais pas pour moi, je reviendrai. Et si je ne le fais pas,

ce sera quelqu’un d’autre qui s’occupera de vous. Et je sais où est votre repère.

Ils éclatent tous de rire. Je souris. Déployant mes ailes, et, par un salto périlleux arrière, je rejoins le centre du lac. Je me tiens sur une pierre où ils ne peuvent pas me rejoindre. Ce sont des déchus, ils ne peuvent plus voler.

Je leur jette un dernier regard et j’active ma bague. Une forme ovale apparait derrière moi. Mon anneau me permet de rejoindre n’importe quel endroit que je désire vers mon royaume. Je visualise une pièce et elle m’apparait alors. Je me retourne et m’y précipite.

Je suis devant l’accès au Portail officiel d’Angealios, au centre de la pièce. Je regarde autour de moi. Deux gardiens montent la garde. Ce sont des amis à moi. Je sais qu’ils ne rapporteront rien à ma hiérarchie ou à mon père.

Quelqu’un fait irruption dans la pièce.- Je savais que je te trouverais là.- Ivy ! Qu’est-ce que tu fais ici ? dis-je d’un ton brusque.Je la déteste. Sauf qu’étant donné qu’elle est la fille de Raphael,

l’un des plus redoutables des Aînés, je dois la supporter. Mon titre l’exige. C’est ainsi. Je fais toujours bonne figure devant elle, mais au fond, je sais qu’entre nous, ça a toujours été une compétition. Elle veut continuellement faire mieux que moi, être remarquée autant que moi je le suis. Tout le contraire de ce que je veux être. En fait, c’est simple, tout ce que je demande, c’est de me faire oublier. Ne plus

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être obligée de faire la princesse. Je suis une guerrière, pas une poupée qu’on manipule comme un pantin à qui on m’oblige que dire, que faire, où aller, quoi porter ! Cette vie me rend dingue !

- Gabriel nous a tous convoqués. Il a quelque chose d’important à nous dire.

Aussitôt qu’elle a prononcé son nom, je file. Gabriel est notre entraîneur. C’est lui qui nous forme à devenir ce

pour quoi nous nous sommes engagés. Des Puissances. Pour le moment, je ne suis qu’une apprentie, comme tous mes camarades. Même si nous ne sommes que cinq... Autant dire pas beaucoup. Ivy et moi marchons en silence dans le couloir. Elle ouvre la porte et nous rejoignons les autres dans la salle d’escrime. Jace, le fils de Zaphkiel et mon seul allié, en dehors de Sonia, est là. Son frère, Kyle se tient à l’opposé, ils ne se sont jamais entendus tous les deux. Calec, le fils d’Haniel, est aussi au côté de Jace. Et Damen, le fils de Mickaël. Ivy et moi sommes les seules filles de ce groupe.

Devant nous se trouve notre entraîneur. Les garçons nous font un signe de tête en nous voyant arriver. Je souris à Jace.

- Aujourd’hui est un jour spécial pour vous tous ! Oh que oui...- Vous savez tous ce que cela signifie.Plus que tout... - Vous allez passer votre épreuve ! Chacun d’entre vous sera

envoyé sur la Terre à différents endroits. Votre mission sera de trouver un Néphilim et de le tuer. Jusque là, rien de difficile, me direz-vous. Mais vous serez surtout mis à l’épreuve par votre capacité à vous adapter parmi les humains. Naturellement, vous ne serez pas envoyés là-bas comme des ignorants. Vous saurez tout ! Leurs coutumes, leurs modes de vie, leurs façons de penser… etc. Camaël et moi serons les seuls à savoir où vous vous trouverez.

Camaël est le chef des Puissances.- Par conséquent, il vous sera impossible de vous rencontrer.

Vous serez seuls ! Réussissez cette mission et vous ferez partie des Puissances. Échouez et vous vous retrouverez au niveau le plus bas de la hiérarchie de notre royaume. C'est-à-dire, un Plèbes, un rien du tout ! Votre acte de mission vous sera révélé individuellement et il

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sera formellement interdit d’échanger ses informations entre vous. Me suis-je bien fait comprendre ?

Nous acquiesçons.- Excellent ! Vous pouvez disposer. Nous rompons les rangs.- Pas vous, Sélène. Je me retourne. Stupéfaite. Que pouvait-il bien me vouloir ?

Aurais-je fait quelque chose de mal ? - Un problème, monsieur ?- Camaël veut te voir dans son bureau. - À quel sujet ?- Tu devrais y aller. Je quitte la salle et pars. Devant la porte, je frappe deux coups.- Entrez ! crie une voix.J’obéis et vois Camaël assis à son bureau en compagnie de mon

père.- Vous vouliez me voir ? - Tu as manqué ton essayage avec Sonia aujourd’hui ! Où étais-

tu ? me reproche sévèrement mon père. Tu sais que ton mariage avec Kyle approche et que tu n’as toujours pas ta robe.

- J’ai des affaires plus importantes qui occupent mon temps, vous le savez.

- Ah oui, je vois ! J’espère que tu as apprécié ta balade au clair de lune, réplique-t-il d’un ton acerbe.

- Je ne faisais qu’appliquer ce que l’on m’a enseigné. Tuer les anges déchus et leurs progénitures.

- Ce n’est pas ton rôle en tant qu’apprentie ! Tu dois d’abord passer l’épreuve ! Et même si tu étais une Puissante, c’est en fonction de l’avis du Conseil que tu pourrais aller sur la Terre. Le risque est beaucoup trop grand pour que nous fermions les yeux ! Tu es trop importante pour que tu risques ta vie dehors, ajoute Camaël d’un ton furieux.

- Et pourquoi quand c’est moi qui suis concernée le risque est-il plus grand ?

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- Tu es ma fille, Sélène ! appuie sèchement mon père en s’asseyant sur le fauteuil. Et contrairement à toi, les autres ne sont pas des Séraphins. Notre famille est la plus puissante des Célestes. Un jour, tu me succèderas. Un droit qui te revient de naissance. Tu ne peux te permettre ni de jouer les aventurières et ni de risquer ta vie ! Et ton mariage assurera notre descendance. Tu connais les enjeux.

- Sélène, le Conseil pense le plus grand bien de toi mais il commence à se douter de quelque chose. Tes absences non justifiées, tes petits jeux et tes mensonges commencent à les énerver au plus haut point, continue Camaël.

Je me tais.- Quelle sera ma punition ?- Tu n’en auras pas. - Nous t’avons attribué une mission particulière, précise

Camaël.- Comment ça, particulière ?En général, les missions particulières n'étaient confiées qu’aux

Archanges. Or, je n’en suis pas une. - Tu sais que le but de ce test est de vous mettre à l’épreuve

parmi les humains. - Oui.- Nous savons que tu réussiras parfaitement à t’adapter, affirme

mon père.Je les dévisage pendant quelques secondes. - Vous croyez quoi ? Que je fais du tourisme ? Non, si je vais

sur Terre ce n’est pas pour cette raison. Et vous le savez ! Je m’y rends pour y accomplir mon devoir !

- Nous l’avons bien compris. Mais, je suis sûr que tu connais un minimum le monde des humains pour te lancer à la chasse aux anges déchus, incite Camaël.

- Je me débrouille, marmonné-je.- Pour tout te dire, nous avons même été impressionnés par ta

persévérance à vouloir absolument tuer les anges déchus et les Néphilims. Et comme tu viens de le dire, tu sembles connaître les humains. Ces créatures si faibles et si misérables, raille mon père.

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- De quel genre de mission s’agit-il ? répliqué-je pour changer de sujet.

- Il y a un Néphilim sur la Terre. Un Néphilim très dangereux. Tu dois le trouver et nous le ramener vivant. Le mettre hors-circuit, mais pas le tuer. Tu devras l’épargner.

- Ce n’est pas dans mes habitudes, ni les nôtres !- C’est exact. Mais celui-ci est très spécial. Et il nous le faut

vivant.Je fronce les sourcils et bronche :- Que voulez-vous dire par spécial ?- Je ne peux pas te communiquer cette information ! tranche-t-il. - Très bien. Alors, avez-vous quelques renseignements sur lui

afin de faciliter mes recherches ? Quelque chose d’utile de préférence.

- Tu sauras tout en temps voulu. Comme les autres. Ça a au moins le mérite d’être clair...

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