8/13/2019 Le Soudan du Sud poussé vers l'abîme http://slidepdf.com/reader/full/le-soudan-du-sud-pousse-vers-labime 1/6 22/1/2014 Le Soudan du Sud poussé vers l'abîme http://abonnes.lemonde.fr/afrique/article/2014/01/22/le-soudan-du-sud-pousse-vers-l-abime_4352358_3212.html 1/6 Le Soudan du Sud poussé vers l'abîme LE MONDE | 22.01.2014 à 11h08 • Mis à jour le 22.01.2014 à 11h24 | Par Jean-Philippe Rémy (/journaliste/jean-philippe-remy/) (Juba, envoyé spécial) A quoi ressemble le quartier général d'une armée dont les éléments sont en train de se battre entre eux, au risque de détruire le pays, mais dont les responsables affirment que tout va pour le mieux, et que la victoire approche ? A Juba, capitale du Soudan du Sud, un char pointe son canon depuis l'entrée du camp de Bilpham. Au centre de l'immense esplanade trône la statue géante et barbue de John Garang, le père de la nation sud-soudanaise qui ne l'aura pas vue naître, ni se déchirer, et doit aujourd'hui se retourner dans son mausolée du centre- ville. « Docteur John » est mort dans un accident d'hélicoptère en 2005, quelques mois après avoir signé la paix avec le Nord, au terme d'une guerre civile avec Khartoum qui avait duré vingt ans, fait tant de victimes – peut- être deux millions, dont beaucoup ont perdu la vie en raison des mauvais traitements, atrocités et privations infligés par les belligérants –, impliqué tant de parties, mélangé tant de problèmes, que son sens général en avait été brouillé. Dans cette confusion, les divisions entre nordistes et sudistes, Des soldats de l’Armée populaire de libération du Soudan (la SPLA, fidèle au président Salva Kiir), mardi 21 janvier, à Malakal. | AFP/CHARLES LOMODONG
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Un de ces spécialistes, impliqué dans le processus qui a mené à la paix de
2005, après avoir égrené les raisons internes de la v iolence actuelle –
corruption vertigineuse, confusion entre l'armée et le parti au pouvoir,
népotisme, paranoïa sécuritaire… – ajoute : « Tous les acteurs
internationaux étaient tellement obsédés par l'idée d'une nouvelle guerre
nord-sud après l'indépendance qu'ils ont refusé d'entendre les sonnettes
d'alarme, alors que leurs petits protégés, à Juba, étaient en train dedévaster leur propre maison. »
Selon une estimation fiable, 60 milliards de dollars (addition de recettes
pétrolières, d'aide internationale et d'investissements) ont afflué depuis
2005 dans ce pays où l'Etat n'assure presque aucun service public,
abandonnant ce soin aux innombrables ONG. A l'heure du suicide en direct
de la jeune nation, ces torts partagés semblent moins intéresser la
diplomatie internationale que l'idée d'un cessez-le-feu. « Même si Riek
Machar signe un document comme celui-ci, des groupes sur le terrain
continueront les combats », assure une source bien informée face à l'une
des versions de l'accord. « Tous les responsables auxquels je parle ces
jours-ci semblent moins vouloir arrêter la guerre que vouloir Juba à tout
prix », conclut-il en soupirant.
Cette gravité tient en partie à une forme de répétition de l'histoire. En 1991,des responsables de la SPLA avaient lancé depuis Nasir, vers la frontière
éthiopienne, la contestation contre leur chef, John Garang. L'un d'entre eux
était Riek Machar. Le groupe des contestataires dénonçait – déjà –
Une famille dans une rue désertée de Malakal, le 21 janvier. | AFP/CHARLES