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LE ROLE DU LANGAGE DANS LES PROCESSUS PERCEPTUELS Par ALFRED KORZYBSKI 1 THE INTERNATIONAL NON-ARISTOTELIAN LIBRARY PUBLISHING COMPANY NEW YORK AVANT-PROPOS "The Role of Language in the Perceptual Processes" ["Le rôle du langage dans les processus perceptuels"] est le premier des ouvrages d'Alfred Korzybski à être publié en langue française. Il fut écrit pour un symposium de psychologie clinique tenu à l'Université du Texas durant l'année universitaire 1949-1950. Douze autres auteurs ont fourni leur contribution à ce symposium; celui-ci fut organisé et dirigé par les professeurs Robert A. Blake et Glenn V. Ramsey. Le livre qui naquit de ce symposium, "Perception: An Approach to Personality" ("Perception: une approche de la personnalité"], fut publié tous droits réservés par la Ronald Press Company, New York, en 1951. Le présent article en constitue le chapitre 7. Il est traduit et publié séparément par autorisation de Ronald Press. La traduction est de Yuri (Georges Psheradsky).
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Le Role Du Langage Dans Les Processus Perceptuels

Nov 23, 2015

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Kader Hadjeri
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LE ROLE DU LANGAGE DANS LES PROCESSUS PERCEPTUELSParALFRED KORZYBSKI1THE INTERNATIONAL NON-ARISTOTELIANLIBRARY PUBLISHING COMPANYNEW YORK

AVANT-PROPOS"The Role of Language in the Perceptual Processes" ["Le rle du langage dans les processus perceptuels"] est le premier des ouvrages d'Alfred Korzybski tre publi en langue franaise. Il fut crit pour un symposium de psychologie clinique tenu l'Universit du Texas durant l'anne universitaire 1949-1950. Douze autres auteurs ont fourni leur contribution ce symposium; celui-ci fut organis et dirig par les professeurs Robert A. Blake et Glenn V. Ramsey. Le livre qui naquit de ce symposium, "Perception: An Approach to Personality" ("Perception: une approche de la personnalit"], fut publi tous droits rservs par la Ronald Press Company, New York, en 1951. Le prsent article en constitue le chapitre 7. Il est traduit et publi sparment par autorisation de Ronald Press.La traduction est de Yuri (Georges Psheradsky).Cet article est le dernier crit par Alfred Korzybski; nombreuses sont les personnes qui le considrent comme le meilleur condens de son oeuvre.Charlotte Schuchardt ReadLiterary ExecutorAlfred Korzybski EstateNew YorkOctobre, 1965

N'tant pas moi-mme un spcialiste dans le domaine de la psycho-logique2, je considre comme un privilge particulier le fait de participer ce symposium dont l'objet prsente un caractre tellement vital. Le thme et les divisions principales de ce chapitre m'ont t suggrs par les organisateurs du symposium et c'est avec plaisir que je me conforme leurs conseils.Au cours de mes travaux, j'ai dcouvert que quelques principes simples constituent le fondement de mon sujet, et je vais tenter de les communiquer ici. Pour plus de dtails, je renvoie le lecteur la bibliographie donne la fin de cet article et au grand nombre d'autres ouvrages disponibles qui se rapportent la question.L'objet de mes tudes ne concernant pas directement le problme de la "perception", j'utiliserai ce terme ici dans son sens vernaculaire. Je ne me sens pas qualifi pour le dfinir, et, par consquent, j'emploierai des guillemets pour indiquer ma faon non-technique de traiter ce type de ractions humaines. Je ne puis viter de toucher indirectement aux problmes de la "perception", mais je le ferai sous un angle diffrent.L'effet du Langage, en tant que Systme, sur les Processus PerceptuelsPeut-tre l'histoire que voici extraite de la clandestinit europenne au temps d'Hitler sera-t-elle une bonne illustration de mon propos. Une grand-mre amricaine et sa jeune et ravissante petite-fille, taient, avec un officier roumain et un officier nazi, les seuls occupants d'un compartiment de chemin de fer. Le train traversait un tunnel sombre et, la seule chose que l'on entendit fut le bruit d'un baiser sonore suivi d'une gifle vigoureuse. Lorsque le train dboucha du tunnel, personne ne souffla mot, mais la grand-mre se disait en elle mme: "J'ai quand mme bien lev ma petite-fille. Elle saura se dbrouiller dans la vie. Je suis fire d'elle." La petite-fille, elle, se disait "Allons, grand-mre est assez ge pour ne pas s'offusquer d'un petit baiser. D'ailleurs ces garons sont gentils. Tout de mme, je ne lui savais pas la main si lourde." L'officier nazi mditait: "Ces roumains quand mme, comme ils sont astucieux. Ils volent un baiser et s'arrangent pour que ce soit le voisin qui reoive la gifle." L'officier roumain, lui, contenait mal son hilarit: "Comme je suis malin," pensait-il, "je me suis bais la main et j'ai flanqu une gifle au nazi."De toute vidence il s'agissait d'un problme de "perception" limite, o principalement l"'audition" entrait en jeu avec diffrentes interprtations. Un autre exemple de "perception" peut tre offert et chacun peut en faire personnellement l'exprience. En fait, je suggre que cette dmonstration facile soit rpte par tous les lecteurs de cet article. Il faut deux personnes pour effectuer cette exprience. La premire, l'insu de l'autre, dcoupe des en-ttes d'articles de mme dimension, extraits de diffrents numros d'un journal. Le sujet ne doit pas changer de place d'un bout l'autre de l'exprience. Un des en-ttes lui est prsent partir d'une certaine distance. S'il est capable de le lire, on met cet en-tte de ct. Ensuite, on lui en prsente un autre, diffrent, une distance un peu plus grande. Si, de nouveau, il est capable de le lire, on met cet en-tte galement de ct. Cette manoeuvre est rpte jusqu' ce que le sujet ne soit plus capable de lire l'entte prsent. Le dmonstrateur, lui en lit alors, le contenu. Le fait surprenant de l'histoire est que le sujet est alors en mesure devoir et de lirel'en-tte ds l'instant qu'il "sait" ce qu'il contient.De telles illustrations peuvent tre multiplies indfiniment. Ces exemples suffisent pour illustrer l'impossibilit de sparer rigoureusement la "perception", la "vision", l'"audition" etc., de la "connaissance"; c'est une division qui ne peut pas tre faite, sinon superficiellement des niveaux verbaux.Dans une orientation non-aristotlicienne, nous tenons pour acquis que tous les "processus perceptuels" impliquent, de la part de notre systme nerveux, l'activit d'abstraire des niveaux de complexit diffrents. L'exprience en neurologie montre le caractre slectif des rponses de l'organisme aux situations globales, et les communications prsentes au cours de ce symposium corroborent galement l'opinion que les mcanismes de "perception" rsident dans la facult de notre systme nerveux d'abstraire et de projeter.Abstraire, par ncessit, implique valuer, consciemment ou non, et par consquent, le processus d'abstraire peut tre considr comme unprocessus d'valuation de stimuli,qu'il s'agisse d'un "mal de dents", d'une "migraine" ou de la lecture d'un "trait de philosophie". Un grand nombre de facteurs entrent en jeu dans la "perception" comme le suggre le contenu de ce symposium. Comme ce phnomne semble tre un processus circulaire, il est considr ici aux niveaux de complexit infrieurs et suprieurs (voir page 38).Les Processus d'abstraction.Dans l'tat actuel de nos connaissances nous pouvons dire que toute vie est de caractre lectro-collodal, le fonctionnement du systme nerveux y compris. Nous en ignorons jusqu' prsent les mcanismes intrinsques, mais d'un point de vue lectro-collodal, chaque partie du cerveau est connecte avec chacune des autres parties et avec notre systme nerveux dans son ensemble. Sur une telle base, mme s'il devient ncessaire d'examiner en dtails les diffrents aspects des processus d'abstraction des fins d'analyse, il nous faudrait raliser que ces diffrents aspects constituent les parties d'un seul processus global et continu de la vie humaine dans des conditions normales.Considrons le comportement de notre systme nerveux lorsque nous "percevons" quelque chose qui se produit ou un vnement quelconque. Le terme "vnement" est utilis ici dans le sens que lui donne Whitehead: comme une coupe instantane d'un processus. Laissons tomber, par exemple, une bote d'allumettes. Il s'agit ici d'un vnement d'ordre premier qui se produit des niveauxnon-verbaux, ou ce que l'on appelle les niveaux "silencieux" ou "in-dicibles". La lumire rflchie frappe l'oeil et nous obtenons dans le cerveau des sortes de configurations lectro-collodales; ensuite, puisque nous sommes des organismes sensibles, nous pouvons ragir ces configurations par des sortes de "sentiments", des valuations, etc., aux niveaux "silencieux". Finalement, aux niveaux verbaux, nous pouvons parler propos de ces ractions "organismales". Newton, par exemple, aurait pu dire sur la chute de la bote d'allumettes: "gravitation". Einstein pouvait dire: "courbure de l'espace-temps". Mais quoi que nous puissionsdire ce sujet, l'vnement d'ordre premier reste aux niveaux silencieux. La manire dont nous enparleronspourra changer d'un jour l'autre, d'une anne l'autre, ou d'un sicle l'autre. Toutes nos "sensations", nos "rflexions", nos "amours", nos "haines" etc.se produisent des niveaux silencieux in-dicibles mais peuvent tre affects par les niveaux verbaux grce une interaction continue. Nous pouvons employer des mots leur sujet, pour nous-mmes ou pour les autres, nous pouvons les intensifier, les diminuer, etc., mais ceci constitue un problme diffrent.Le diagramme suivant (Figure I) reprsente une analyse extensionnelle du processus d'abstraction d'un point de vue lectro-collodal non-aristotlicien. Cette analyse est simplifie l'extrme et pourrait tre plus approfondie. Toutefois elle nous suffit pour expliquer brivement les aspects les plus gnraux et les plus importants du problme.

La plupart d'entre nousidentifient en valeurles niveaux I, II, III et IV et ragissentcomme sinos expressions verbales proposdes trois premiers niveaux taient le "a" de l'vnement (voir page 17 et suivantes). Quoi que nous puissionsdireque quelque chose "est", il tombe sous le sens que cen'est pasle "quelque chose" des niveaux silencieux. En effet, comme l'a crit Wittgenstein: "ce quipeuttre montrne peut pastre dit." Par exprience, j'ai dcouvert qu'il est pratiquement impossible de communiquer la diffrentiation entre les niveaux silencieux (indicibles) et les niveaux verbaux autrement qu'en priant l'auditeur ou le lecteur de se pincer avec une main, un doigt de l'autre main. C'est alors qu'il ralise d'une manire "organismale" que les expriences psycho-logiques directes d'ordre premier ne sont pas verbales. La simplicit de cette constatation pourrait nous induire en erreur si nous ne prenions conscience de ses implications, car dans nos ractions en tant qu'tres vivants, la plupart d'entre nous identifient en valeur les niveaux entirementdiffrents,avec souvent des consquences dsastreuses.Malheureusement, les gens en gnral, y compris de nombreux scientifiques,ngligent compltement les niveaux II et IIIet ragissent comme s'ils n'avaient pas conscience que IV "n'est pas" I. En d'autres termes nous ne prenons pas en considration les mcanismes du systme nerveux humain, ou bien, ne "pensons pas de manire lectro-collodale" propos de nos ractions. Une telle ngligence conduit des incomprhensions, d'orageux dbats bivalents ("soit-soit"), des hostilits, des prjugs, l'amertume, etc. Dans l'histoire de la "philosophie", par exemple, le combat mtaphysique propos du "solipsisme" cesse tout simplement d'tre un problme lorsque nous prenons conscience du fait que la seule connexion possible entre les niveaux silencieux (non-verbaux) et les niveaux verbaux, lesquels sont par inhrence diffrents les uns des autres, se trouve dans leur similarit de structure, exprime en termes de relations, et sur laquelle le systme non-aristotlicien actuel est fond.Une prise de conscience des processus d'abstraction clarifie lastructured'un grand nombre de nos difficults interpersonnelles, professionnelles etc., difficults qui peuvent se changer en bagatelles ou mme ne plus exister, si nous devenons conscients des identifications en jeu. Des problmes qui se sont crs d'eux-mmes se rvlent souvent par la suite ne pas en tre du tout.Toute assertion est verbale; elle n'est jamais le "a" silencieux. Quelqu'un dans un cauchemar peut rver qu'il "est" un Staline. Cela peut tre bien innocent. Quelqu'un, en plein jour, peut rver qu'il est un Staline; cela c'est plus: srieux. Quelqu'un peut proclamer consciemment "Je suis Staline," etle croire,et commencer tirer sur ceux qui ne sont pas d'accord avec lui; en gnral un tel individu est enferm dans un asile et son cas d'ordinaire est sans espoir.Nous voyons comment le diagramme ci-dessus indique les mcanismes smantiques humains (d'valuation) de l'individu moyen qui oscille entre la sanit et les troubles smantiques. Il est bien connu que ce qui serait seulement un rve pour une personne "normale", "est la ralit" pour un sujet atteint de dmence prcoce et qui se comporte et vit en accord avec cette "ralit".Ces mcanismes fonctionnent galement de faon pathologique chez les adultes infantiles qui vivent dans un monde imaginaire construit sur des identifications.Les niveaux verbaux sont, par ailleurs, d'une importance unique pour l'homme parce que nous sommes capables de passer d'abstraction en abstraction des niveaux verbaux de plus en plus levs partir de I - II - III, etc. Dans la vie humaine, IV reprsente les moyens d'inter-communiquer et de transmettre d'individu individu et de gnration gnration, les expriences accumules par les individus et par la race. J'appelle cette capacit humaine la caractristique "time-binding".3Les niveaux symboliques de comportement diffrencient de faon trs nette les ractionshumainesd'avec les ractions-signal des formes de vie infrieures et moins complexes. Si ces expriences accumules ne sont pas traduites en mots convenablement, le dveloppement humain risque d'tre srieusement dvi ou mme suspendu.Ce graphique trs simple reprsente des processus extrmement complexes mettant en jeu la "perception" diffrents niveaux, les problmes d'interprtation, le formalisme verbal, etc. Chaque type de raction humaine, des niveaux les plus bas aux niveaux les plus levs, engage ces mcanismes; ne pas en tre conscient peut conduire des valuations errones perturbatrices, gnratrices de frustrations ou d'autres consquences dsastreuses. Nous verrons plus tard, comment ce diagramme s'applique aux structures de langage primitives et aristotliciennes.J'ai soulign ici l'aspect srieux ou tragique de nos processus d'abstraction parce que je m'efforce de faire saisir l'norme valeur-vitale de ce qui pourrait autrement paratre trop simple et vident."Pense" Verbale et Non-verbale.On remarquera que j'ai mis le mot "pense" entre guillemets. Ce terme implique gnralement une activit plutt "corticale", ce qui indiquerait verbalement une sorte de scission entre le fonctionnement desrgionscorticales et thalamiques de notre systme nerveux, alors qu'en fait il n'existe aucune rupture de ce genre, mais bien interaction et intgration diffrents niveaux."Est-ce que toute pense est verbale?" Certains disent "oui", d'autres disent "non". Si toutefois nous nous limitons une "pense" verbale, nous retombons dans nos vieilles ornires linguistiques des gnrations d'autrefois lesquelles ont t socio-culturellement styles et neurologiquement canalises dans les formes de reprsentation hrites du pass. Dans de telles conditions, nous sommes incapables ou inadapts pour voir le monde intrieur ou extrieur d'un oeil neuf, et, par ce fait, nous affligeons d'un handicap les activits scientifiques et les autres activits cratrices. Nous parlons avec tant de faconde de "libert" et nous ne prenons jamais en considration lesdegrs de libertde Willard Gibbs desquels dpend toute notre progression. Un systme non-aristotlicien comprend cette nouvelle orientation et celle-ci finalement entrane "penser" d'une faon cratrice. Ainsi, une automobile a indfiniment plus de degrs de libert qu'un tramway lequel est "canalis" sur ses rails. Malheureusement, tragiquement peut-tre, et faisant montre d'une caractristique particulirement notoire de l'orientation aristotlicienne du sujet-prdicat, la plupart d'entre nous pensent verbalement, ce qui donc handicape ou bloque nos possibilits de "pense" cratrice. La manire physico-mathmatique et donc scientifique de "penser" a permis de surmonter ces handicaps; elle se trouve ainsi la base de l'oeuvre scientifique cratrice qui procure l'humanit tant de bienfaits.Il y a une diffrence norme entre le "penser" en termes verbaux d'une part, et d'autre part, le "contempler", intrieurement silencieux, des niveaux non-verbaux, suivi d'une recherche minutieuse de la structure de langage propre s'adapter la structure, suppose dj dcouverte, des processus silencieux que la science moderne s'efforce de dvoiler. Si nous "pensons"verbalement,nous agissons comme des observateurs de parti pris et projetons sur les niveaux silencieux la structure du langage que nous utilisons; en agissant ainsi nous restons embourbs dans notre routine d'anciennes orientations lesquelles rendent pratiquement impossibles aussi bien les observations ("perception"?) rigoureuses et sans parti pris, que tout travail crateur. Par contre, lorsque nous "pensons" sans mots, ou par images ou par visualisations (ce qui implique une structure et donc, des relations), il nous est possible de dcouvrir de nouveaux aspects et relations aux niveaux silencieux et par suite de formuler d'importants rsultats thoriques dans la recherche gnrale d'une similarit de structure entre les deux niveaux, le silencieux et le verbal. Pratiquement tous les progrs importants ont t accomplis de cette faon.Jacques Hadamard, le grand mathmaticien, a fait une tude sur la manire dont certains mathmaticiens et scientifiques minents ont coutume de "penser". Je renvoie pour cela son prcieux petit livre surThe Psychology of Invention in the Mathematical Field [La psychologie de l'invention dans les mathmatiques](11). La majorit de ces crateurs ont dclar qu'ils "pensent" en termes de structures visuelles. "La plupart du temps, des images sont utilises et trs souvent ces images sont de nature gomtrique," a-t-il dcouvert (1l, p. 114). Je pourrais rapporter ici, une des questions que pose Hadamard, et laquelle Einstein a fourni une rponse d'un intrt particulier en ce qui nous concerne:Question:I1 serait trs utile, pour une enqute psychologique, de savoir de quelles images internes ou mentales, de quelle sorte de "mot interne" les mathmaticiens font usage; ces images sont-elles de nature motrice (kinesthsique), auditive, visuelle ou mixte, selon le sujet tudi (1l, p. 140).Rponse:Les lments mentionns ci-dessus sont, dans mon cas, de type visuel et quelques-uns de type musculaire. Les mots conventionnels ou autres signes doivent tre cherchs laborieusement et seulement un second stade, lorsque le jeu des associations en question est suffisamment engren pour tre reproduit volont Pour autant qu'ils interviennent du tout, les mots sont, dans mon cas, purement auditifs, mais ils ne s'interposent qu' un stade secondaire, ainsi que je l'ai dj dit (11, p. 143.)4Personnellement, je "pense" en termes d'images et la faon dont jeparleultrieurement de ces vocations est un problme diffrent. Lorsque j'effectue un travail crateur je note galement une forte tension des yeux due cette visualisation qui semble tre en relation d'une faon ou d'une autre avec la "perception".En rapport avec ce sujet je peux galement renvoyer un essai des plus importants sur "La cration mathmatique" d au grand mathmaticien Henri Poincar (34), et qui, dans les premires annes de ce sicle, fut donn sous forme de confrence devant la Socit Psychologique de Paris.Le langage devient alors unmoyen d'expression,par l'entremise duquel nous nous parlons ventuellement nous-mmes ou aux autres, et ayant ses propres limites bien dfinies. "La relation entre le langage et l'exprience est souvent mal comprise," a dcouvert Sapir (40). "Le langage n'est pas seulement, comme on l'a maintes fois suppos avec navet, un inventaire plus ou moins systmatique des divers lments de l'exprience qui paraissent pertinents l'individu; il constitue aussi une organisation autonome cratrice et symbolique qui, non seulement se rfre une exprience largement acquise sans son secours mais, positivement,dfinit pour nous l'exprienceen raison de sa plnitude formelle et par le fait de notre projection inconsciente des expectations implicites qu'il contient dans le champ de l'exprience" (italiques de l'auteur).Comme l'a dit Santayana: "L'empiriste... pense qu'il croit seulement ce qu'il voit, mais il s'en sort beaucoup mieux pour croire que pour voir" (21, p. 1).5DansAn Essay on Man, [Un essai sur l'homme]Ernst Cassirer (7) discute de "l'avidit pour les noms" que manifeste tout enfant normal d'un certain ge.En apprenant donner un nom aux choses, l'enfant n'ajoute pas simplement une liste de signes artificiels sa connaissance antrieure des objets dont l'exprience lui est immdiatement perceptible. Il apprend plutt former les concepts de ces objets pour pouvoir s'accorder au monde objectif. A partir de l, l'enfant se sent sur un terrain plus solide. Ses perceptions vagues, incertaines et fluctuantes ainsi que ses sentiments diffus commencent revtir une nouvelle forme. On peut dire d'eux qu'ils se cristallisent autour du mot en tant que centre fixe, foyer de pense.Ici, cependant, repose un aspect important de la "dnomination" ou "tiquetage":L'acte mme de dnommer dpend d'un processus de classification... celles-ci (les classifications) sont fondes sur des lments constants et qui reparaissent souvent dans notre exprience sensorielle... Il n'existe pas de schma rigide et prtabli selon lequel nos divisions ou subdivisions pourraient tre fixes une fois pour toutes. Mme dans les langages troitement apparents et s'accordant dans leur structure gnrale, nous ne trouvons pas de noms identiques. Comme Humboldt l'a fait remarquer, les termes grecs et latins pour dsigner la Lune, quoiqu'ils se rapportent au mme objet, n'expriment pas la mme intention ou le mme concept. Le terme grec(mn)souligne la fonction de la lune pour la "mesure" du temps; le terme latin(luna, luc-na)met en vidence la luminosit de la Lune ou son clat... La fonction d'un nom se limite toujours faire ressortir un aspect particulier d'une chose, et c'est prcisment de cette restriction et de cette limitation que dpend la valeur du nom... dans l'acte de dnommer nous slectionnons certains centres de perception fixes dans la multiplicit et la dispersion des donnes de nos sens (7).6Un "nom" (tiquette) entrane chez un individu donn, toute une constellation ou configuration d'tiquettes, de dfinitions, d'valuations etc., uniques pour chaque individu conformment son environnement socio-culturel et linguistique, et son hrdit, en connexion avec ses dsirs, ses intrts, ses besoins, etc.Cassirer fait quelques comparaisons intressantes entre un enfant qui apprend son premier langage et un adulte qui tudie une langue trangre. Je puis ajouter ici qu'en ce qui me concerne, il se trouve que j'ai t lev en quatre langues (issues de trois racines diffrentes), ce qui m'a aid ne pas tre limit par les mots, comme j'aurais pu l'tre si je n'avais appris qu'une seule langue lorsque j'tais enfant.Nous constatons avec quel srieux nous devons considrer la terminologie; elle est affecte par notreWeltanschauunggnrale qu'elledtermine tout la fois.En 1950, nous devons visualiser le monde en gnral comme un processus sub-microscopique, lectronique et dynamique, et nous reprsenter la vie, en particulier, comme un processus lectro-collodal d'une complexit encore bien suprieure (l,2). Qu'est ce qui nous a rendu possible de visualiser un "objet" et la vie de cette faon? Des thories, des transpositions d'ides en mots, chafaudes durant des milliers d'annes, jusqu'aux dernires des dcouvertes de la science moderne. Ainsi, de nouveau, nous trouvons-nous en face de cette circularit sans fin (voir pages 38-40). Le fait que nous puissions "percevoir" les vnements, les objets ou les personnes de cette manire, a des rpercussions trs importantes sur l'ensemble de ce processus, comme nous le verrons plus loin dans notre discussion.Structures des Langages Primitifs.Tous les langages possdent une structure d'une certaine sorte, et chaque langage reflte dans sa propre structure celle du monde telle que l'ont prsume ceux qui ont dvelopp ce langage.7Rciproquement, nous projetons dans le monde, la plupart du temps inconsciemment, la structure du langage que nous employons. Du fait que nous estimons la structure de notre propre langage habituel comme allant tellement de soi, particulirement si nous sommes ns dans le milieu qui l'utilise, il est parfois difficile de raliser combien les peuples munis d'autres structures de langage conoivent le monde diffremment.Lastructurede quoi que ce soit, qu'il s'agisse d'un langage, d'une maison, d'une machine etc. doit exister en termes derelations.Pour qu'il y ait "structure" nous devons avoir tout un complexe ou un rseau de parties ordonnes et intimement relies entre elles. Le seul contact possible entre les niveaux non-verbaux et verbaux est tabli en termes de relations et par consquent, les relations en tant que facteurs de structure, donnent le seul contenu de toute connaissance humaine. Partant de l, nous pouvons raliser l'importance de la structure d'un langage, quel que soit ce langage. Bertrand Russell et Ludwig Wittgenstein en se vouant avec une attention mticuleuse au problme de la structure, furent les prcurseurs de marque dans ce domaine (38, 39, 51). Il ne m'est pas possible ici d'entrer plus avant dans ce problme, si ce n'est pour essayer d'en transmettre l'importance fondamentale.Parmi les peuplades primitives qui "pensent" d'une manire "pr-logique", monovalente la "conscience d'abstraire" est pratiquement nulle. L'effet sur l'individu produit par quelque chose l'intrieur de lui-mme se projette l'extrieur, et acquiert souvent un caractre dmoniaque. L"'ide" d'une action ou d'un objet est identifie avec l'action ou l'objet lui mme.Le stade "paralogique", lui, est un peu plus avanc. Ici les identifications sont fondes sur dessimilaritset les diffrences sont ngliges (non consciemment, bien entendu). Lvy-Bruhl dcrit ce niveau primitif d'valuations en formulant la "loi de participation" suivant laquelle toutes les choses qui possdent des caractristiquessimilaires "sont les mmes''(29; 21, p. 514). Un "syllogisme" primitif se dveloppe plus ou moins comme suit: "certains Indiens courent vite, le cerf court vite, donc certains Indienssontdes cerfs." Ce processus d'valuation est entirement naturel ce niveau; il pose les fondations pour laconstruction du langageet pour des abstractions d'ordre plus lev. Nous avons procd par similarits, trop souvent considres comme des identits.Les hommes primitifs ne discutent pas des "ides" abstraites. Comme l'a dcouvert Boas, "L'Indien ne parlera pas de la bont en tant que telle, quoiqu'il puisse trs bien parler de la bont d'une personne. Il ne parlera pas d'un tat de bonheur en le sparant de la personne qui se trouve dans cet tat". Cependant, Boas conclut: "Le fait de ne pas se servir de formes gnralises d'expression ne dmontre pas une incapacit de les crer, mais prouve seulement que le mode de vie de ces peuplades est tel que ces formes ne sont pas requises" (3, pp. 64-67).L'utilisation de termes abstraits tel que "la bont en soi", rendit possible une conomie norme dans la communication, elle acclra aussi fortement le progrs "time-binding" humain, et finalement rendit possible la science moderne. Mais en mme temps, le fait mme de nous livrer des abstractions d'ordres suprieurs devient un danger si nous ne sommes pas conscients d'tre en train de le faire et si nous gardons en mmoire les confusions ou identifications primitives concernant les ordres d'abstractions.La citation suivante8extraite de "Being and Value in a Primitive Culture" ["L'tre et la valeur dans une culture primitive"] de Dorothy D. Lee fait apparatre (par les faits plutt que par des gnralisations verbales d'ordre suprieur; voir pages 26-29) le type extensionnel de la structure du langage des trobrianders (25, p. 402).Si j'avais me rendre avec un trobriander dans un jardin o le taytu, une espce d'igname, vient d'tre cueilli, je reviendrais en vous disant: "Il y a l d'excellents taytus, ils sont tout juste point, grands et parfaitement conforms; ils n'ont pas une brunissure, pas une tache; gentiment arrondis aux extrmits et sans bout pointu; tout a t cueilli d'un seul coup, il n'y aura pas de second glanage." Le trobriander lui, reviendra en disant "taytu"; et dans ce mot il aura dit tout ce que moi je vous ai dit et mme plus. Mme la phrase "il y a des taytus" reprsenterait une tautologie puisque l'existence est implique dans l'essence puisque en fait elle est un des ingrdients de l'essence pour le trobriander. Et tous les attributs, mme s'il pouvait dans son propre langage trouver des mots, l, sous la main, pour les exprimer, constitueraient une tautologie puisque le concept de taytu les contient tous. En fait, si un seul de ces qualificatifs tait absent, l'objet ne serait pas un taytu. Un tel tubercule, s'il n'est pas un stade de maturit permettant la rcolte, n'est pas un taytu. S'il n'est pas mr, c'est un bwabawa. S'il est trop mr, vid, ce n'est pas un taytu ramolli mais quelque chose d'autre encore, un yowana. S'il est tach de rouille, c'est un nukunokuna. S'il a des taches de dcomposition c'est un taboula. S'il est difforme, c'est un usasu. S'il est de forme parfaite mais petit, c'est un yagogu. Si le tubercule, quelle que soit sa forme, ou sa qualit provient d'un glanage d'aprs saison, c'est un ulumadala. Quand le tubercule trop mr, c'est--dire le yowana, projette des pousses sous terre ce n'est pas un yowana qui germe, mais un silisata. Quand de nouveaux tubercules se sont forms sur ses pousses ce n'est pas un silisata mais un gadena....Comme l'tre est identifi avec l'objet, il n'y a pas de mot pour le verbetre;comme l'existence est immuable, il n'y a pas de mot signifiantdevenir.Il est galement significatif de constater que les diffrenciations et les gnralisationstemporellesdont nous disposons sont absentes chez les trobrianders:Les verbes trobriands, ne faisant aucune distinction temporelle, n'ont pas de temps. L'histoire et la ralit mythique ne sont pas le "pass" pour les trobrianders. Elles sont toujours prsentes et participent la vie courante de tout individu, donnant une signification toutes ses activits et toute existence. Un trobriander parlera du jardin que le frre de sa mre a plant ou de celui que le Tudava mythologique a plant, exactement dans les mmes termes que ceux qu'il utilisera pour parler d'un jardin qu'il est lui-mme en train de planter; et de parler ainsi lui donnera satisfaction (25, p. 403).Le trobriander n'a pas de mot pour "l'histoire". Quand il veut distinguer entre diffrentes sortes d'vnements il dira par exemple: "Molubabeba dans-enfant-son" ce qui signifie "dans l'enfance de Molubabeba", ilne s'agit pas d'une phase antrieure au tempsactuelmais d'une autre sorte de temps" (25,p. 405; italiques de 1'auteur).De nombreux et excellents articles et livres ont t crits par des anthropologues, des psychiatres, des linguistes, etc., sur la faon dont des peuplades primitives diffrentes ou diffrents complexes nationaux dissquent la nature de diverses manires selon la structure du langage qu'ils utilisent.9Les caractristiques principales des structures primitives de langage ou encore structures "pr-logiques" et "para-logiques" peuvent tre rduites sommairement leurs identifications des diffrents ordres d'abstractions et l'absence de termes abstraits dont elles tmoignent. Les "perceptions" des individus aux niveaux primitifs sont souvent diffrentes des ntres, diffrentes dans la mesure o les abstractions d'ordre plus lev sont confondues et identifies avec les abstractions d'ordre infrieur au niveau desquelles elles sont projetes. Les primitifs identifient ou assignentune seule valeur des ordres d'abstractions divers et essentiellement polyvalents; ce faisant ils deviennent impermables aux contradictions avec la "ralit", de mme qu'une exprience d'un ordre plus lev leur est inaccessible.10Systmes de Langage Aristotliciens et Non-AristotliciensStructure du Langage Aristotlicien.Dans l'volution culturelle de l'humanit, nos abstractions courantes furent codifies et l par des systmes comme, par exemple, le systme aristotlicien. Le terme "systme" est employ ici dans le sens de "un ensemble de fonctions doctrinales apparentes" (les fonctions doctrinales de feu le professeur Cassius Keyser [17]). Nous nous proccupons ici de cette structure cause de son influence encore norme sur ceux d'entre nous dont la structure de langage est du type indo-europen.Mon propos, en l'instance, est d'attirer l'attention sur le fait qu'en discutant de l'imperfection du systme aristotlicien en 1950, je ne dnigre nullement le travail remarquable et sans prcdent d'Aristote aux environs de 350 avant J.-C. Je tmoigne explicitement de ma profonde admiration pour son gnie extraordinaire, particulirement remarquable si l'on tient compte de l'poque o il vivait. Nanmoins, la dformation de son systme et la stagnation force de ce systme dform, maintenue pendant prs de deux mille ans par les groupes dirigeants, souvent sous menace de torture et de mort, ont conduit et ne peuvent que conduire encore plus de dsastres. D'aprs ce que nous savons d'Aristote et de ces crits, il est peu douteux que s'il tait en vie, il et jamais tolr de telles altrations et une telle fixit artificielle du systme qui lui est gnralement attribu.L'espace m'tant limit je ne puis ici entrer dans le dtail et je ne peux que renvoyer le lecteur mon ouvrage plus important sur ce sujet,Science and Sanity: An Introduction to Non-aristotelian Systems and General Semantics [Science et sanit. introduction aux systmes non-aristotliciens et la smantique gnrale](21). Sous forme de table des orientations aristotliciennes et non-aristotliciennes un rsum sommaire donn dans ce livre (21, p. xxv et suivantes) peut aider communiquer au lecteur l'importance de ce problme.Je vais maintenant mettre en vidence certaines des considrations matresses de la structure du systme aristotlicien ainsi que ses effets sur notre optique du monde, nos valuations et par consquent, mme nos "perceptions". Pratiquement depuis l'nonc des formulations d'Aristote, et en particulier la suite des distorsions qu'elles ont subies ultrieurement, un grand nombre de critiques ont t faites leur propos, pour la plupart inefficaces parce qu'inexploitables. Une de leurs insuffisances les plus srieuses s'est rvle trs rcemment tre la croyance dans le caractre unique de la forme de reprsentation sujet-prdicat, en ce sens que tous les types de relation de ce monde peuvent tre exprims sous cette forme, ce qui est videmment infirm par les faits et rendrait la science et les mathmatiques impossibles.Je voudrais citer les remarques suivantes11de Bertrand Russell dont les travaux concernant l'analyse des relations sujet-prdicat firent poque.La croyance ou la conviction inconsciente que toutes les propositions sont du type sujet-prdicat-en d'autres termes que chaque fait consiste en quelque chose possdant quelque qualit-a rendu la plupart des philosophes incapables de donner un compte rendu du monde de la science et de la vie quotidienne. . . (37, p. 45; 21, p. 85).En rgle gnrale, les philosophes ne sont pas arrivs relever plus de deux types de phrases; elles sont illustres par les deux dclarations que voici: "ceci est jaune' et "les boutons d'or sont jaunes". Ils supposent incorrectement, d'une part que ces deux dclarations sont d'un seul et mme type, d'autre part que toutes les propositions sont de ce type. La premire erreur fut expose par Frege et Peano; on dcouvrit que la seconde rendait impossible l'explication de l'ordre. En consquence, le point de vue traditionnel qui veut que toute proposition attribue un prdicat un sujet s'effondra et avec lui tous les systmes mtaphysiques qui taient fonds consciemment ou non sur ce principe (39, p. 242; 21, p. 131).Des relations asymtriques sont en jeu dans toutes les sries-espace et temps, plus grand et moins grand, le tout et la partie, et bien d'autres parmi les plus importantes caractristiques de notre monde. Il en dcoule que la logique rduisant toute chose au sujet et au prdicat est astreinte condamner tous ces aspects comme erreur et pure apparence (37, p. 45; 21, p. 188).Dans cet esprit, je voudrais rapporter quelques remarques d'Alfred Whitehead, galement auteur d'une tude de la plus haute importance sur ce sujet:Les habitudes de penser sujet-prdicat avaient t imprimes dans l'esprit europen par l'accent exagr donn la logique d'Aristote durant la longue priode du Moyen Age. Il est probable que par rapport cette distorsion de l'esprit, Aristote n'tait pas aristotlicien (49, pp. 8D~81; 21, p. 85).Le mal produit par la "substance premire" aristotlicienne est exactement cette habitude d'exagration mtaphysique concernant la forme de proposition sujet-prdicat (49, p. 45).12La position philosophique alternative doit commencer par la dnonciation de toute ide du "sujet qualifi par le prdicat", comme un pige pos aux philosophes par la syntaxe du langage (48, p. 14; 21, p. 85).13Dans son "Languages and Logic" ["Langages et logique"] Benjamin Lee Whorf procde une analyse des structures de langage primitif et autres (50, pp. 43-52).Les langages indo-europens et de nombreux autres accordent une place prpondrante un type de phrases comprenant deux parties, chaque partie construite autour d'une classe de mots-substantifs et verbes-que ces langages traitent diffremment dans leur grammaire.... Les Grecs et particulirement Aristote, ont difi ce contraste et en ont fait une loi de la raison. Depuis lors, l'opposition a t nonce en logique de diffrentes manires: sujet et prdicat, acteur et action, les choses et les relations entre les choses, les objets et leurs attributs, quantits et oprations. Ensuite conformment de nouveau la grammaire, la notion s'implanta suivant laquelle l'une de ces catgories d'entits peut exister isolment, mais que la classe du verbe ne peut exister sans la prsence d'une entit de l'autre classe, la catgorie "chose".... Nos langages indiens [amricains3 montrent qu'avec une grammaire approprie nous pouvons obtenir des phrases intelligentes qui ne peuvent pas tre rduites au sujet et prdicat.14La structure sujet-prdicat du langage fut le rsultat de l'attribution la "nature" de "proprits" ou "qualits" alors que les "qualits", etc., sont en fait fabriques par notre systme nerveux. La perptuation de telles projections tend maintenir l'humanit aux niveaux archaques de l'anthropomorphisme et de l'animisme dans leurs valuations de leurs environnements et d'eux-mmes.Le principal verbe dans notre langage qui a servi de structure ces optiques, est le verbe "tre". Je vais ici procder une trs brve analyse de quelques utilisations du petit mot "est" et des effets importants de son usage sur notre "pense". On a dcouvert qu'une tude complte du terme "est" s'avre trs complexe. Le grand mathmaticien et logicien Augustus de Morgan, un des fondateurs de la logique mathmatique, a dit avec justesse dans sa "Formal Logic" ["La logique formelle"] (1847) (S, p. 56):Une tentative en vue de traiter intgralement du terme "est" conduirait pour le moins l'tude de la forme et de la matire de tout ce quiexiste,sinon jusqu' l'tude de la forme et de la matire possibles de tout ce qui n'existe pas, mais qui pourrait exister. Pour autant que cela puisse se faire, cela donnerait la grande encyclopdie, et son supplment annuel serait l'histoire de la race humaine durant ladite priode.Ici, suivant Russell, nous pouvons simplement spcifier en gros que dans les langages indo-europens, le verbe "tre" a pour le moins quatre usages diffrents (36, p. 64):1) comme verbe auxiliaire: c'est fait.152) comme le "est" d'existence: je suis.3) comme le "est" d'attribution: la rose est rouge.4) comme le "est" d'identit: la rose est une fleur.Les deux premiers usages sont difficiles viter en anglais [et en franais] et relativement sans danger. Les deux autres par contre sont d'une pertinence extrme dans notre discussion. Si nous disons "la rose est rouge", nous dmentons tout notre "savoir" en 1950 en ce qui concerne notre systme nerveux et la structure du monde empirique. Il n'y a pas de "rougeur" dans la nature, mais seulement des radiations de longueurs d'ondes diffrentes.Notre raction ces ondes de lumire est uniquement notre raction individuelle. Un daltonien, par exemple, verra du "vert". Un individu atteint d'achromatopsie verra du "gris". Nous pouvons dire correctement: "nous voyons la rose comme tant rouge" ce qui ne serait pas une altration des faits.Le quatrime usage: le "est" d'identit, s'il est utilis sans la conscience des identifications qu'il implique, perptue un type primitif d'valuation. Dans certains langages - le slave par exemple - il n'y a pas de "est" d'identit. Si nous disons "je classifie la rose comme une fleur", structurellement c'est correct et implique que c'est notre systme nerveux qui fait la classification.L'importance de ce "est" d'identit implant dans la structure de notre langage, peut peine tre surestime, tant il affecte nos ractions neuro-valuationnelles et conduit des estimations inappropries dans la vie quotidienne de chacun d'entre nous, qui sont parfois cause de grandes tragdies.Profitons-en pour nous rappeler maintenant la "grammaire philosophique" de notre langage que nous appelons les "lois de la pense" telles qu'elles sont prsentes par Jevons (12; 21, p. 749):1) la loi d'identit: tout ce qui est, est;2) la loi de contradiction: rien ne peut la fois tre et n'tre pas;3) la loi du tiers exclus: tout doit, ou bien tre ou bien ne pas tre.Ces "lois" ont diffrentes interprtations "philosophiques", mais pour notre propos, il est suffisant de souligner que (a) la seconde "loi" reprsente un nonc ngatif de la premire et la troisime un corollaire des deux premires, savoir aucun tiers n'est possible entre deux contradictoires; et (b) le verbe "tre" ou "est" et "l'identit" jouent un rle fondamental dans ces formulations et les ractions smantiques subsquentes."L'identit" en tant que "principe" est dfinie comme la parit absolue en 'chaque' rapport et sous 'tous' les rapports. Dans ce monde de processus aux mutations sans fin, cette identit ne peut jamais tre trouve ni empiriquement ni aux niveaux silencieux de nos systmes nerveux. Une "identit partielle" ou "une identit sous certains aspects" ne reprsente videmment qu'une contradiction dans les termes. L'identification dans le sens o ce terme est utilis ici, peut tre observe un niveau trs bas dans l'chelle de la vie. Elle peut tre considre comme le premier acte organique et/ou "organismal" de relier "cause" et "effet", ordre, etc., lorsque les organismes infrieurs rpondaient effectivement aux signaux "comme si" ils taient des ralits. Aux niveaux infrieurs, de telles identifications organiques ont une valeur de survie. Les observations de laboratoire montrent que l'amibe manifestera, envers des stimuli artificiels sans valeur nutritive, des ractions similaires ses ractions des stimuli comportant une valeur nutritive. L'amibe en tant que brin de protoplasme vivant aidentifi de faon "organismale"un stimulus artificiel de laboratoire, dnu de valeur nutritive, avec la "ralit". Par consquent, bien que la raction se soit produite, l'valuation tait inapproprie, ce qui ne change pas le fait biologique que sans de telles identifications ou rponse automatique un stimulus, aucune amibe ne pourrait survivre.En progressant dans l'chelle de la vie, les identifications se rarfient, les ractions d'identification deviennent plus flexibles, "l'valuation approprie" devient plus frquente et l'animal de plus en plus "intelligent", etc. Si chez l'homme on dcouvre des identifications, elles ne reprsentent qu'une survivance des ractions primitives et des fausses valuations, ou encore des cas de sous-dveloppement ou de rgression qui sont pathologiques pour les humains.Une bonne partie de nos identifications quotidiennes sont inoffensives mais elles peuvent en principe, et elles le font souvent, conduire des consquences dsastreuses. J'offre ici trois exemples d'identifications, vrifis, le premier chez un patient d'un hpital psychiatrique, le second chez un de mes tudiants, sujet "normal" et le troisime chez un groupe d'indignes du Congo belge.A l'poque o j'tudiais la psychiatrie l'hpital Sainte lisabeth, un mdecin me dsigna un jour un malade catatonique rigidement immobile dans un coin. Depuis des annes ce malade n'avait pas parl, de mme qu'il ne semblait pas comprendre lorsqu'on lui adressait la parole. Il se trouvait qu'il tait n et avait pass une partie de sa vie en Lithuanie o les gens depuis plusieurs gnrations avaient t entrans par le tsar har les polonais. Le mdecin, qui ignorait ce fait historique, me prsenta au malade en disant: "je voudrais vous prsenter un de vos compatriotes, il est galement polonais." Aussitt le malade me sauta la gorge essayant de m'trangler et il fallut deux infirmiers pour l'arracher son treinte.Un autre exemple est celui d'une jeune femme qui fut mon tudiante il y a quelques annes dans un de mes sminaires. Elle occupait un poste de responsabilit, mais dans son orientation gnrale, elle tait pathologiquement craintive au point qu'elle rvait dans la journe d'assassiner son pre parce qu'il ne la dfendait pas contre sa mre qui l'avait battue et brime constamment. Au cours de son enfance le frre de la jeune femme, notablement plus g qu'elle et le prfr de leur mre, n'avait cess de la traiter avec condescendance, ce pourquoi elle le hassait.Au cours de l'entrevue en question, je me sentais particulirement satisfait de ses progrs et je lui parlais donc en souriant. Tout d'un coup, elle se rua sur moi et commena vouloir m'trangler. Cela ne dura qu'environ cinq secondes. Il s'avra ensuite qu'elle avait identifi mon sourire avec l'attitude condescendante de son frre, et par consquent c'tait "son frre" qu'elle tentait d'trangler; il se trouvait seulement qu'il s'agissait de mon cou.Et voici un troisime incident que je voudrais galement rapporter qui mettra en vidence les problmes que nous avons confronter (35, p. 52). Nous avons tous dj vu une bote de "Aunt Jemima Pancake Flour"16avec son portrait sur la bote. Le docteur William Bridges de la Socit de Zoologie de New York raconte ce sujet l'histoire que voici: un planteur amricain au Congo belge employait quelque 250 indignes. Un jour, le chef local le fit appeler et lui dit avoir entendu qu'il mangeait des indignes. Il le prvint que s'il ne cessait pas, il ordonnerait ses hommes d'arrter le travail. Le planteur protesta de son innocence et fit venir son cuisinier comme tmoin. Celui-ci cependant affirma avec insistance que le planteur mangeait effectivement les indignes, mais il refusa de prciser si ceux-ci taient mangs frits, bouillis ou en ragot. Quelques semaines plus tard, le mystre fut clairci quand le planteur reut la visite d'un ami venu du Soudan et auquel tait arrive une aventure analogue. En comparant leurs expriences rciproques ils dcouvrirent la solution de l'nigme. Tous deux avaient reu des Etats-Unis des arrivages de botes de conserve. Ces botes, en gnral, portaient des tiquettes illustrant en images leur contenu, tel que cerises, tomates, pches etc. Aussi, quand les cuisiniers virent les tiquettes avec le portrait de "Tante Jemima" ils furent persuads qu'une Tante Jemima devait en effet se trouver l'intrieur!Une structure de langage perptuant les ractions d'identification nous maintient au niveau des types primitifs et prscientifiques d'valuation en accentuant les similarits et ngligeant (non consciemment) les diffrences. C'est ainsi que nous ne "voyons" pas ces diffrences et ragissonscomme sideux objets, deux personnes ou deux vnements taient "les mmes". De toute vidence, ceci ne constitue pas une "valuation approprie" en accord avec nos connaissances de 1950.Lorsque nous analysons les codifications aristotliciennes, nous devons aussi tenir compte des types d'orientation bivalents "soit-soit". Pratiquement tous les hommes, y compris les peuples les plus primitifs qui n'ont jamais entendu parler des philosophes grecs, possdent quelque chose comme l'quivalent de ces types d'orientation "soit-soit". Il devient vident que nos relations par rapport au monde extrieur et intrieur s'avrent souvent,au niveau de l'tat brut,tre bi-valents. Par exemple, nous traitons du jour au de la nuit, de la terre ou de l'eau etc. Au niveau de l'existence, nous avons la vie ou la mort, notre coeur bat ou ne bat pas, nous respirons ou suffoquons, nous avons chaud ou froid, etc. Des relations similaires se produisent des niveaux plus levs. C'est ainsi que nous avons l'induction ou la dduction, le matrialisme ou 1'idalisme, le capitalisme ou le communisme, les dmocrates ou les rpublicains, etc., et il en est ainsi sans fin tous les niveaux.Dans la vie vcue, bien des questions ne sont pas si tranches et c'est pourquoi un systme qui rige en postulat la rigueur gnrale du "soit-soit", et objectifie ainsi "classe" ("proprits", "qualits", etc.), est par trop dform et indment limit. Il doit tre rvis et rendu plus flexible en termes de "degrs". La nouvelle orientation requiert une "manire de penser" physico-mathmatique. Ainsi donc, si par nos prsuppositions inconscientes, par nos infrences, etc. nous valuons l'vnement, le niveau sub-microscopique du processus,comme s'il tait le mme quel'objet macroscopique l'tat brut que nous percevons devant nous, nous ne nous dgageons pas de notre routine de "pense" bi-valente. Au niveau macroscopique, si nous considrons, par exemple, deux pommes cte cte, nous percevons qu'elles peuvent se "toucher" ou "ne pas se toucher" (voir fig. II).Ce langage ne s'applique pas au niveau sub-microscopique du processus o le problme de "toucher" ou "ne pas toucher" devient un problme de degr. Aux niveaux sub-microscopiques il y a entre les deux des interactions continuelles que nous ne pouvons pas "percevoir". Conformment aux suppositions de la science1950, nous devons visualiser unprocessus.17Il en dcoule que c'est ainsi que nous devrions "penser" propos d'une pomme, ou d'un tre humain, oud'une thorie.

Il n'y a pas de "perception" sans interpolation et interprtation (21, p. xxviii et suivantes). Nous ne pouvons pas nous y opposer. Mais nous pouvons visualiser les progrs les plus modernes de la physique mathmatique et des autres sciences, et les projeter dans les processus silencieux indicibles qui se droulent autour de nous et en nous.La structure de langage aristotlicienne a aussi perptu ce que j'appelle "l'lmentalisme" ou encore la scission verbale de ce qui ne peut tre empiriquement divis; ainsi par exemple, le termeesprittel quel et les termescorps, espace, temps,etc. tels quels. Il y a seulement quelques annes (1908) que 1'minent mathmaticien Minkowski a dclar dans son retentissant mmoire "Space and Time" ["Espace et temps"] prsent la 80eAssemble des Physiciens et Naturalistes Allemands Cologne: "Les vues sur l'espace et le temps que je voudrais exposer devant vous ont jailli des fondements mmes de la physique exprimentale et c'est en cela que rside leur force. Elles sont radicales. Dornavant l'espace en soi et le temps en soi sont condamns s'estomper jusqu' n'tre plus que des ombres, et seule une sorte de combinaison des deux prservera une ralit indpendante" (32, p. 75).Cette "union" de ce qu'on avait coutume de considrer comme des entits spares et distinctes devait fatalement s'accompagner d'un changement dans la structure du langage; dans ce cas particulier, ce fut la formulation de la nouvelle gomtrie quadridimensionnelle de Minkowski de l'"espace-temps", dans laquelle "l'espace" et le "temps" sont runis de faon permanente par un simple trait d'union grammatical, rendant ainsi possible la thorie gnrale de la relativit.La vieille structure lmentaliste du langage nous a construit un monde anthropomorphique, animiste et imaginaire peu diffrent du monde des primitifs. La science moderne rend imprative l'adoption d'une structure de langage non-lmentaliste qui ne fractionnt pas artificiellement ce qui ne peut l'tre empiriquement. Si nous n'adoptons pas cette nouvelle structure, nous demeurons handicaps par des blocages neuro-valuationnels, le manque de crativit, l'absence de comprhension, et l'incapacit d'embrasser de larges perspectives, etc.; nous sommes galement branls par des inconsistances, des paradoxes, etc.Les points que j'ai souligns ci-dessus, savoir: le type de structure sujet-prdicat, le "est" d'identit, les orientations bivalentes "soit-soit" et l'lmentalisme, constituent peut-tre les caractristiques les plus saillantes de la structure aristotlicienne du langage; ce sont elles qui ont model nos "perceptions" et entrav la recherche scientifique grce laquelle jusqu' prsent et dans bien des cas, nous avons t affranchis des anciennes limitations et avons pu "voir le monde avec un regard neuf". Il est bien connu que "dcouvrir ce qui est vident" est des plus difficiles, simplement parce que les anciennes tournures de "pense" ont bloqu notre capacit de "voir ce qui est vieux d'un oeil neuf" (Leibnitz).Systmes de Langage Non-Aristotliciens.Comme il en advient souvent avec l'homme, lorsque nous aboutissons une impasse et dcouvrons que des rvisions et une nouvelle approche sont ncessaires, nous agissons en consquence. En ce qui nous concerne, considrant les normes progrs de la science, il devint imprieux d'adopter une structure de langage qui ne dnaturt pas les dcouvertes modernes. Comme, ce jour, je ne connais pas d'autre systme non-aristotlicien, je demande l'indulgence du lecteur et qu'il me pardonne de ne parler presque exclusivement que de mes propres formulations. Bien d'autres que moi ont procd des applications, mais personnellement je ne traiterai que de l'aspect thorique du sujet.Le nouveau systme est appel "non-aristotlicien" parce qu'il englobe, comme des cas particuliers dans un systme plus gnral, les systmes d'valuations prdominants. Historiquement le systme aristotlicien a influenc le systme euclidien; ensemble ils posent les fondements du systme newtonien qui en rsulte. La premire rvision non-aristotlicienne est interdpendante et en parallle avec les dveloppements non-euclidiens et non-newtoniens des mathmatiques et de la physique mathmatique modernes. Satisfaire le besoin d'unifier les sciences exactes et les orientations gnrales de l'homme, fut un des buts principaux de la rvision non-aristotlicienne, celle-ci tant historiquement la dernire en date par le fait de ses bien plus grandes complexits (21, esp. p. 97)Le systme non-aristotlicien trouve son origine en 1921 dans la nouvelle valuation de l'humanit considre comme une classe de vie "time-binding" (18). Cette valuation est fonde sur une approchefonctionnelleplutt que zoologique ou mythologique et considre "l'homme" en tant que "un organisme-comme-un-tout-dans-un-environnement". Dans ce cas-ci les ractions de l'homme ne sont pas scindes verbalement et de manire lmentaliste en composantes spares: "corps", "esprit", "motions", "intellect", ou diffrents "sens", etc. en tant que tels, ce qui affecte les problmes de la '`perception" quand ils sont considrs d'un point de vue non-lmentaliste. Avec une conscience du caractre "time-binding" de l'homme nos critres de valeur, et par consquent notre comportement, sont fonds sur l'tude des potentialits humaines et non pas sur des moyennes statistiques calcules au niveau del'Homo homini lupustires des ractions valuationnelles primitives et/ou drgles dont nous possdons les dossiers (23).Le sens commun et les observations font ressortir de toute vidence, que ce que l'on appelle l'individu "normal" est un phnomne d'une telle complexit qu'il chappe pratiquement une analyse non fragmente et non-lmentaliste. Pour procder une telle analyse, il devint ncessaire d'tudier les principales formes de ractions humaines disponibles, telles que les mathmatiques, les fondements des mathmatiques, de nombreuses branches de la science, l'histoire, l'histoire des cultures, l'anthropologie, la philosophie, la psychologie, la "logique", l'tude compare des religions etc. On dcouvrit qu'il tait essentiel de se concentrer sur l'tude de deux extrmes parmi les ractions psycho-logiques de l'homme: a) les ractions les plus appropries cause de leurs exceptionnelles caractristiques de prvisibilit, de validit et de potentiel constructif durable dans le processus de "time-binding", ractions en l'occurrence telles que les mathmatiques et les fondements des mathmatiques, la physique mathmatique, les sciences exactes, etc. qui sont des manifestations de certaines des ractions psycho-logiques les plus profondes de l'homme; et b) les ractions les moins appropries, telles qu'elles sont illustres par les cas psychiatriques. Durant ces investigations il devint vident que les mthodes physico-mathmatiques trouvent dans notre vie quotidienne une application tous les niveaux, unissant troitement la science, et particulirement les sciences exactes, aux problmes de la sant "mentale" dans le sens d'un ajustement aux "faits" et la "ralit".En fait, on dcouvrit que pour changer la structure linguistique de notre systme aristotlicien encore en vigueur, les mthodes devaient tre d'emble extraites des mathmatiques. C'est donc par l'utilisation de procds extensionnels que la structure de notre langage fut transforme, sans pour cela que le langage lui mme en ft modifi. Nous expliquons brivement ceci un peu plus loin.Lorsque les prmisses de cette nouvelle approche eurent t formules, je dcouvris de faon inattendue qu'elles taient, d'une part la ngation des vieilles "lois de la pense", d'autre part le fondement d'un systme non-aristotlicien dont j'ai appel lemodus operandi "General Semantics". Les prmisses en sont trs simples et peuvent tre formules par le moyen d'une analogie:1) Une carten'est pasle territoire (les mots nesontpas les choses qu'ils reprsentent).2) Une carte ne couvrepas toutle territoire (les mots ne peuvent couvrir tout ce qu'ils reprsentent).3) Une carte est auto-rflexive (dans le langage, nous pouvons parler proposdu langage).Ici nous constatons que les vieux postulats pr-scientifiques violent les deux premires prmisses et ngligent la troisime (20, pp. 750 et suivantes; 24).Il se trouve que la troisime prmisse est une application dans notre vie quotidienne de l'oeuvre extrmement importante de Bertrand Russell qui s'est efforc, par sa thorie des types mathmatiques ou logiques, de rsoudre les contradictions internes existant dans les fondements des mathmatiques. A ce propos, le termeauto-rflexif at introduit par Josiah Royce. La thorie des types mathmatiques me fit prendre conscience de nouvelles sortes de confusions linguistiques auxquelles jusqu' prsent, except quelques rares mathmaticiens, pratiquement personne n'avait prt attention. La ralisation et l'analyse de ces difficults me conduisirent la dcouverte suivante les principes des diffrents ordres d'abstraction, le caractre multiordinal des termes, les termes sur/sous dfinis, les ractions d'ordre second (la "pense" propos de la "pense", le doute du doute, la peur d'avoir peur, etc.), l'interaction thalamo-corticale, le caractre circulaire de la connaissance humaine etc., tous ces facteurs peuvent tre considrs comme gnralisant la thorie des types mathmatiques.18Le degr auquel nous sommes "conscients d'abstraire" comprenant entre autres ce que nous avons dit ci-dessus, devient un problme cl dans notre faon d'valuer et peut donc pour une large part affecter notre manire de "percevoir". Si nous pouvions inventer des mthodes pour augmenter notre "conscience d'abstraire", nous russirions ventuellement nous librer des limitations archaques, pr-scientifiques et/ou aristotliciennes inhrentes aux structures de langage plus anciennes. Les expdients structuraux suivants, auxquels j'ai recours pour atteindre ce but, sont ce que j'appelle lesprocds extensionnelset leur application entrane automatiquement une orientation en conformit avec les plus rcents postulats de la science.Procds extensionnels. 1)Lesindices,tels quex1,x2,x3, xn; chaise1chaise2, chaise3, chaisen; Dupont1,Dupont2, Dupont3,... Dupontn, etc. Le rle des indices est de produire indfiniment un grand nombre denoms propressusceptibles de couvrir la gamme infinie des individus ou situations uniques avec lesquels nous avons traiter dans la vie. Nous avons donc chang un nomgnriqueen un nompropre.Sinous prenons l'habitude de cette indication numrique et si elle devient partie intgrante de nos processus d'valuation, l'effet psychologique ainsi obtenu en sera remarquable. Nous deviendrons conscients de ce que le gros de notre "pense", dans la vie quotidienne aussi bien que dans le domaine de la: science, est de caractre hypothtique, et cette ralisation de chaque instant nous rendra prudents dans nos gnralisations; ceci ne peut tre aisment communiqu dans les limites de la structure de langage aristotlicienne. Un terme gnrique (tel que "chaise") traite de classes et insiste sur les similarits, en excluant partiellement, en faisant peu de cas ou en ngligeant les diffrences. L'utilisation des indices fait affleurer au niveau conscient les diffrences individuelles et conduit donc des valuations, voire une "perception" plus approprie dans des circonstances donnes. Les identifications pernicieuses qui dcoulent des vieilles structures de langage seront souvent prvenues ou limines; elles pourront tre supplantes par des valuations plus flexibles fondes sur une orientation de probabilit maximum.2)Les indices-chanestels que dans chaise11, (dans un grenier sec)chaise12(dans une cave humide)... chaise1n;Dupont11(dans des conditions normales) ou, disons (par terre), Dupont12(dans des conditions de famine extrme) ou, disons (dans un avion trs haute altitude). Les ractions de Dupont, sont en de nombreux aspects totalement diffrentes selon les diffrentes conditions.Le rle des indices-chanes est de fournir une technique pour l'introduction de facteurs, de conditions, de situations etc., d'environnements. Au niveau humain seraient inclus les facteurs psycho-logiques, socio-culturels, etc.Dans un monde o une "cause" donne produit ou peut produire une multiplicit d'"effets", chaque "effet" devient ou peut devenir une "cause" et ainsi de suite indfiniment. Par exemple, d'aprs ce que la psychiatrie nous apprend, un seul vnement dans l'enfance d'un individu peut dterminer une srie de ractions-en-chanes, colorant, voire dformant ses rponses psycho-logiques ou mme psycho-somatiques pour le restant de sa vie. Les indices-chanes servent galement de vhicules aux mcanismes gnraux des ractions-en-chanes, celles-ci n'oprant pas exclusivement dans le domaine de la fission atomique, mais partout dans ce monde. Ce qui nous intresse particulirement ici, c'est que ceci inclut les processus organiques, les relations inter-personnelles ainsi que les processus de "time-binding" comme il l'a t nonc dans la "thorie de la spirale" de notre nergie de "time-binding" (18, 1red., p. 232 et suivantes).Les indices-chanes ("l'indication numrique" sans fin d'un indice) ne sont pas de nouveaux venus en mathmatiques. Ils ont t automatiquement utiliss, mais pour autant que je sache, un modle gnral en vue de leur application dans la vie courante n'a pas t formul. Pour un exemple de leur utilisation dans le domaine scientifique, voir "On the use of chain-indexing to describe and analyze the complexities of a research problem in bio-chemistry" ["De l'usage des indices-chanes pour la description et l'analyse des complexits d'un problme de recherche en bio-chimie"] par Mortimer B. Lipsett (30).En rsum, nous vivons, pour le meilleur et pour le pire, dans un monde de processus, un monde par consquent de ractions-en-chanes "causes-effets"; il s'ensuit que nous avons besoin d'outils linguistiques pour nous-mmes et pour les autres afin de pouvoir manier nos valuations dans un tel monde. Il est possible que la formulation d'un code linguistique des indices-chanes, puisse nous y aider.3) Lesdates:Dupont11920, Dupont11940, Dupont11950, Dupont1t. L'utilisation des dates nous situe dans un monde physico-mathmatique quatre dimensions (au moins) d'espace-temps, un monde dynamique et changeant, un monde de croissance, de dcomposition, de transformation, etc. Cependant les reprsentations desprocessuspeuvent treimmobilises un point quelconque l'aide de moyens linguistiques pour des besoins d'analyse, de clart, de communication, etc. Cette mthode nous fournit une technique qui nous permet de manier des ralits dynamiques avec des moyens statiques.Ainsi, cela ferait probablement une bonne diffrence, si nous voulions acheter une voiture, de savoir si le modle est de l'anne 1930 ou 1950. En rgle gnrale, toutefois nous ne sommes pas pareillement conscients de "dater" nos thories, nos croyances, etc., et pourtant il est "bien connu" quel point les dates affectent la science, les thories, les livres, les diffrentes cultures et coutumes, y compris les gens et toute existence.Prenons un autre exemple. Si nous lisons leManifeste Communistede Karl Marx et Frdric Engels (31), nous trouvons le mot "moderne" sur bien des pages. Nous avons une propension valuer "moderne" comme signifiant "1950", ce que font apparemment de nombreux lecteurs. Personnellement, je suggre qu'a chaque fois que nous rencontrons ce mot nous inscrivions en marge la date "1848". En spcifiant la date de cette faon bien des arguments deviendront dsuets et par suite: prims, puisque nous vivons dans le monde de 1950, entirement diffrent de celui de 1848.4)Etc.:L'utilisation de "etc." en tant qu'une part de nos processus d'valuation nous amne prendre conscience du nombre indfiniment lev de facteurs qui entrent en jeu dans un processus dont nous ne pouvonsjamaisavoir une connaissance ou une perceptiontotale;elle contribue la flexibilit et nous procure dans nos ractions smantiques un degr plus grand de conditionnalit. Ce procd nous entrane viter le dogmatisme, l'absolutisme, etc. Ceci nous rappelle la deuxime prmisse (une cartene couvre pas toutle territoire) et indirectement la premire (la carten'est pasle territoire).Incidemment, dans l'usage du "etc." nous trouvons la cl de la solution de "l'infini" mathmatique, accompagne d'importantes implications psycho-logiques (21, chap. XIV).5) Lesguillemets:tels que pour "corps", "esprit", "motion", "intellect", etc. Ces guillemets nous avertissent qu'il ne faut pas se fier aux termes lmentalistes et mtaphysiques et que des spculations fondes sur ces termes sont susceptibles d'apporter la confusion ou bien sont dangereuses.6) Letrait d'union:l'utilisation du trait d'union relie linguistiquement les inter-relations complexes et empiriques qui existent de fait en ce monde. Certaines implications structurales des plus importantes reprsentant des progrs rcents dans les sciences et autres secteurs du savoir humain, utilisent le trait d'union.Par exemple,a)dansespace-tempsle trait d'union a rvolutionn la physique, transform totalement notre vision du monde et a pos le fondement des systmes non-newtoniens; b) le trait d'union danspsycho-biologiquetranchevivement la diffrence (comme personnellement je l'interprte) entre les animaux et les hommes qui sont beaucoup plus complexes. Cette diffrentiation est aussi la base de l'actuel systme non-aristotlicien dans lequel "l'homme" considr comme un "time-binder"19n'est pas seulement un phnomne biologique, mais galement psychobiologique. c) Le trait d'union danspsycho-somatiquetransforme lentement la comprhension et la: pratique mdicales, etc.; d) danssocio-culturel,il indique le besoin d'une nouvelle anthropologie applique, d'une cologie humaine, etc.; e) dansneuro-linguistique et neuro-smantique,le trait d'union relie nos ractions verbales nos processus neuro-physiologiques; f) dansorganisme-comrne-un-tout-dans-un-environnementil prcise que mme un "organisme-comme-un-tout" ne peut exister sans environnement, et qu'envisag dans un "isolement absolu" il n'est qu'une fiction.En ce qui concerne "psycho-biologique" et "psycho-somatique" les pionniers de la recherche ont manqu de voir l'importance du trait d'union et de ses implications. Ils ont employ les deux termes comme un seul mot, d'o rsulte une reprsentation linguistique inexacte. Ils n'ont pas ralis que derrire l'apparente simplicit d'un terme unique ils cachaient une extrme complexit humaine. Ils partaient de l'hypothse fausse et injustifie qu'un mot seul implique l'unit, par la mme occasion le public a t induit en erreur, car cette interprtation errone dissimule toutes les complexits inter-actives.Implications Thoriques et Pratiques.La simplicit des procds extensionnels est trompeuse; leur simple "comprhension intellectuelle" sans une intgration dans nos processus vivants d'valuations n'a aucun effet quel qu'il soit. Il est ncessaire de procder une recanalisation et un rapprentissage de nos mthodes d'valuations coutumires, et cela, c'est souvent trs difficile pour les adultes bien que comparativement ais pour les enfants. La structure rvise du langage comme nous l'expliquons brivement ici, produit deseffets neuro-physiologiquescar elle exige une "pense" en termes de "faits" ou deprocessus de visualisation, avantde passer aux gnralisations. Cette manire d'agir a pour rsultat un court dlai neurologique de raction, ce qui facilite l'intgration thalamo-corticale, etc.Le vieille structure de langue aristotlicienne avec sa forme sujet-prdicat, son lmentalisme, etc., ne fit qu'entraver plutt que susciter un fonctionnement neuro-physiologique tellement dsirable. Au contraire elle conduisit des spculations verbales divorces des faits, provoquant la cration ventuelle de "personnalits ddoubles" et autres sortes de ractions pathologiques.Nous pourrions rappeler ici la dclaration si pertinente de l'minent mathmaticien Hermann Weyl qui crivait dans "The Mathematical Way of Thinking" ["La mthode de pense mathmatique"]: "En fait, la premire difficult que rencontre l'homme de la rue lorsqu'on lui enseigne penser mathmatiquement, c'est de devoir apprendre regarder les choses beaucoup plus carrment en face; sa croyance dans les mots doit tre mise en pices; il faut qu'il apprenne penser plus concrtement" (47)Les personnes saines et normales, sans en tre conscientes, procdent naturellement des valuations en accord dans une certaine mesure avec les mthodes extensionnelles et avec un certain "ordre naturel d'valuation". Toutefois la formulation structurale de ces questions et la rvision correspondante de notre vieille structure de langage rendent possible leur analyse ainsi que leur enseignement, ce qui est d'une importance capitale dans notre processus humain de "time-binding".Jusqu' prsent de nombreux indices permettent de penser que l'utilisation des procds extensionnels et mme une "conscience d'abstraire" partielle contiennent des possibilits quant l'effort de l'tre humain dans son ensemble en vue de se comprendre et de comprendre les autres. L'tendue de la rvision requise, si nous avons l'intention d'aller de l'avant partir des prmisses telles qu'elles ont t nonces prcdemment, d'une faon gnrale, n'est pas encore ralise. Nos vieilles habitudes d'valuation incrustes depuis des sicles, si ce n'est depuis des millnaires, doivent tre d'abord r-values et remises jour en accord avec les connaissances modernes.De quelle manire une forme de reprsentation non-aristotlicienne apporte-t-elle un changement dans nos processus d'valuation et produit-elle des modifications psychologiques profondes? Nous avons vu comment la structure d'un langage dtermine souvent notre manire de voir le monde, les autres et nous mmes. Mes expriences et les expriences de bien d'autres confirment que nous pouvons, et d'ailleurs le faisons, valuer des stimuli d'une faon diffrente par suite de l'application des mthodes extensionnelles non-aristotliciennes.Dans pratiquement tous les domaines de l'effort humain, des indications suggrent que des attitudes nouvelles, plus flexibles, etc. peuvent tre acquises, qui auront pour rsultat d'influencer les interrelations d'un individu donn avec lui-mme et avec les autres. La plupart de ces rsultats sont obtenus dans le domaine de l'ducation mais comprennent des champs d'action aussi divers que la mdecine psycho-somatique, la psychiatrie, la psychothrapie, le droit, l'conomie, les affaires, l'architecture, les arts, etc., l'conomie politique, la politique, l'anthropologie sociale les troubles de lecture, etc.Les principes non-aristotliciens ont t utiliss par la Commission Navale du Snat des E.U. en connexion avec des problmes nationaux d'extrme importance tels que "Establishing a Research Board for National Security" ["L'tablissement d'un bureau de recherches pour la scurit nationale"]. (45, p. 6). "A Scientific Evaluation of the proposal that the War and Navy Departments be merged into a single Department of National Defense" ["Une valuation scientifique de la suggestion que les dpartements de Terre et de Mer soient fusionns dans un dpartement unique de Dfense Nationale"], (46). "Training of Officers for the Naval Service" ["L'entranement des officiers pour le service naval"], (42, pp. 55-57). Pour autant que je sache, de nos jours, mme sur certains navires en service actif, le personnel suit un entranement dans certains principes de smantique gnrale (voir galement 33, chap. I).Une des caractristiques principales des diffrences dans l'orientation consiste en ce que la forme du langage aristotlicien encourage l'valuation "par dfinition" (ou "intension") alors que l'orientation non-aristotlicienne ou physico-mathmatique entrane l'valuation "par extension", en tenant compte des faits positifs de chaque situation particulire laquelle nous avons faire face.Par exemple, certains mdecins moins progressistes s'efforcent encore de soigner "une maladie" et non pas le malade qu'ils ont devant eux. Les troubles et les manifestations psychosomatiques observs ou infrs au cours de l'tude de son comportement, ou de sa fiche mdicale, mettent en jeu une multiplicit de facteurs individuels qu'aucune dfinition possible du mot "maladie" ne couvre entirement. Heureusement, aujourd'hui, la majorit des mdecins s'efforcent de gurir le patient et non pas "une maladie".Dans son article sur "The Problem of Stuttering" ["Le problme du bgaiement"], le professeur Wendell Johnson (13) parle de l'importance du diagnostic dans le cas d'un enfant considr "bgue":Ayantcatalogul'enfant comme "bgue" (ou l'quivalent) ils ragissent de moins en moins l'enfant et de plus en plus cette tiquette qu'ils lui ont applique. En dpit de la preuve rellement dcisive du contraire ils prsupposent que l'enfant, ou bien ne peut ou bien n'a pas appris parler. Ils se mettent donc l'oeuvre pour l'"aider" parler Et quand, "malgr toute leur assistance", l'enfant "bgaie plus que jamais", ils s'inquitent de plus en plus.... Parmi les pathologistes du langage la cause la plus probable du bgaiement a t et est toujours un grand sujet de controverses.... Mais personne en dehors de la smantique gnrale n'a suggr que lediagnosticdu bgaiement en est une des causes, et cela, probablement parce que personne, en dehors de la smantique gnrale, n'a paru raliser quel point deux personnes qui parlent du "bgaiement" peuvent tre en dsaccord sur ce dont elles parlent, et en mme temps l'influencer. Le principe de l'incertitude, qui exprime l'effet de l'observateur sur ce qu'il observe, peut tre prolong jusqu' inclure l'effet de celui qui parle sur ce qu'il nomme (pp. 189-93).20Des changements dans lesattitudes,dans nos faons d'valuer, impliquent intimement des "processus perceptuels" diffrents niveaux. Il est essentiel de nous rendreconscientsde nosprsuppositions inconscientes;ceci est englob dans toute psychothrapie et devrait faire partie de l'ducation en gnral. A ce propos, les travaux extrmement importants et pertinents du docteur Adelbert Ames, Jr. l'Institut de Hanovre et l'Universit de Princeton, etc., sont trs utiles pour provoquer cette prise de conscience. Par exemple, le Docteur J. S. A. Bois (4), psychologue Montral et ex-prsident de l'Association Canadienne de Psychologie, dans son rapport sur "Executive Training and General Semantics" ["La formation des cadres et la smantique gnrale"] crit au sujet de sa classe compose de sept hommes dtenant les postes cls d'une entreprise industrielle, groupe qu'il avait pris en main pour un entranement de base en mthodologie non-aristotlicienne:J'entrepris de dsquilibrer leur assurance en eux-mmes en leur dmontrant que nos perceptions sensorielles sont sujettes caution Nous finmes par accepter le fait que le monde peru par chacun d'entre nous n'est pas un monde "objectif" d'vnements, mais un monde '"subjectif"d'vnements-significations.Ils taient tout fait disposs accepter ces nouvelles optiques, mais je sentis qu'il fallait les rendre conscients du fait que "comprendre" certains principes et les accepter '"intellectuellement" n'est pas suffisant. Il est imprieux de changer nos mthodes habituelles de penser et cela n'est pas si facile qu'il le parait. Pour bien leur enfoncer cela dans la tte, je leur expliquai le systme de numration senaire et leur donnai quelques devoirs faire la maison: une table de multiplication, de longues additions, des soustractions, multiplications et divisions. Le jour suivant, ils s'taient rendus compte qu'il est ennuyeux, irritant et assez difficile de passer d'une mthode de penser une autre. Ils ralisrent que tenir une comptabilit en utilisant le systme senaire reprsenterait une rvolution au bureau et l'usine, exigerait de nouveaux organes dans les machines calculer, etc., etc. Je sentis que la mise en scne tait au point pour la partie centrale de mon cours Il est impossible d'valuer quantitativement le succs ou l'chec d'un cours de cette sorte. Le fait que ce groupe de chefs voulaient le faire suivre par leurs subordonns immdiats, indique dj qu'ils le trouvrent utile.21Bois rapporte plus loin qu'ils effecturent leurs propres valuations en termes d'efficacit croissante, de maturit et de contrle "motionnel" amliors, de meilleures techniques de communication entre eux-mmes et avec leurs subordonns, etc.A la Northwestern University, des observations faites par Liston Tatum, sur un groupe dont le comportement devait se conformer un plan prtabli, suggrent que lorsque des individus sont obligs de suivre "l'ordre naturel d'valuation", (c'est--dire d'abord valuer des faits, ensuite gnraliser) ils se parlent entre eux de faon diffrente (43).L'effet du langage sur nos valuations visuelles est illustr dans une tude communique par L. Carmichael, H. P. Hogan et A. A. Walter (5, p. 74-82) intitule: "An Experimental Study of the Effect of Language on the Reproduction of Visually Perceived Form" ["Une tude exprimentale de l'effet du langage sur la reproduction de la forme perue visuellement"]. Le but tait de chercher savoir si, lorsqu'un ensemble de douze figures tait prsent avec un nom assign chacune d'elles, la reproduction des formes visuelles en tait affecte. Les sujets, aprs les avoir vues, devaient reproduire les figures aussi prcisment que possible. Les mmes images visuelles taient prsentes tous les sujets, mais elles portaient des noms diffrents pour chaque diffrent groupe. Par exemple: un haricot blanccano. Les rsultats indiqurent que "cette exprience tend confirmer les observations faites au cours des recherches effectues antrieurement dans ce domaine; elle montre aussi que, dans une certaine mesure au moins, la reproduction des formes peut tre dtermine par la nature des mots prsents aux sujets oralement au moment o ceux-ci peroivent des formes visuelles spcifiques pour la premire fois."Dans ses cours de smantique gnrale la Northwestern University, le professeur Irving Lee a expriment sur ses tudiants les procds ci-dessus. Il rapporte (dans une communication personnelle qu'il m'a faite) que jusqu' prsent ses tudiants ne ragissentpascomme les sujets de l'exprience cite plus haut, mais qu'ils "dessinent des figures en tant de loin moins influencs par les noms qui leur ont t donns."Au sujet de son enseignement de la mthodologie non-aristotlicienne l'usage de la police, Lee a crit un rapport prliminaire portant sur une tude pilote de trois ans et concernant 140 policiers, allant du gardien de la paix aux officiers de police, qui suivaient le Cours d'Administration de Police la Northwestern University Traffic Institute (27). Bass sur les rapports des instructeurs, les interviews et les informations obtenues en interrogeant un certain pourcentage de ces tudiants l'issue du cours, crit Lee, les rsultats indiquent qu'aprs avoir t conseills sur les processus capacit extensionnelle, les policiers se sont vus eux-mmes et ont envisag leur travail l'institut sous un jour tout fait diffrent.Les psychologues et les autres seront peut-tre intresss par la communication suivante; cette communication fournit des lments d'informations prliminaires qui suggrent de nouveaux champs d'investigation dans le domaine de la criminologie, le dveloppement de la personnalit, etc. Le Dr. Douglas M. Kelley, professeur de criminologie l'Universit de Californie Berkeley, m'a crit rcemment:Je m'occupe en ce moment de l'introduction de la smantique gnrale dans le domaine de l'interrogatoire, et celui du dveloppement de la personnalit. Le premier domaine fait l'objet d'un cours valant trois "units"22que je donne sur la dtection du mensonge; pour commencer il y a approximativement un trimestre de pure smantique gnrale, qui dbute par un dbat sur la futilit des mots dans la communication, pour aboutir droit aux diffrents procds extensionnels. La seconde moiti du cours comprend, illustre par diffrents types de dtecteurs de mensonge, la relation motionnelle des mots et la rdaction de rapports o de nouveau les problmes de multiordinalit, etc., sont traits extensivement. Une revue de toute la littrature existante nous fait constater une absence totale d'informations dans ce domaine; cette approche, purement fonde sur vos travaux, permet de dgager une notion entirement nouvelle; elle ouvre le champ des techniques d'interrogatoire ainsi qu' des horizons inconnus jusqu' prsent. A la suite d'entretiens poursuivis avec un certain nombre d'officiers de police, j'ai le sentiment que cette approche produira un des rsultats les plus apprciables que l'on puisse obtenir par l'application de la smantique gnrale. J'ajoute que j'enseigne la mme matire aux forces de Police de Berkeley.Dans mon cours sur les aspects psychiatriques de la criminologie, de nombreux dbats fonds sur vos travaux sont inclus servant de mthode pour nous faire voir pourquoi et comment les individus se conduisent comme des tres humains et ce qu'il est possible de faire ce sujet. Les tudiants sont tous enclins de la manire la plus favorable adopter l'orientation de la smantique gnrale et j'espre, d'ici un an ou deux, avoir labor un vritable programme de travail.23Kelley,24sur le thtre des oprations en Europe durant la seconde guerre mondiale, appliqua les principes de base de la mthodologie non-aristotlicienne plus de sept mille cas. Le rapport qu'il en fit constitue le sujet de son article "The Use of General Sernantics and Korzybskian Principles as an Extensional Method of Group Psychotherapy in Traumatic Neuroses" ["L'utilisation de la smantique gnrale et des principes korzybskiens comme mthode extensionnelle de la psychothrapie de groupe dans les cas de nvroses traumatiques"] (15). Ces principes furent appliqus (sous forme de thrapie individuelle et de thrapie de groupe) chaque niveau de traitement depuis le front lui-mme jusqu'au plus arrire des lignes, dans les postes de secours de l'avant, dans les centres de repos et les hpitaux gnraux. "Qu'ils furent employs avec succs est dmontr par le fait que sur le thtre europen des oprations les vacuations effectues pour raison psychiatrique furent rduites au minimum," affirme le Dr. Kelley (16, pp. vi-vii). "[Les] autres techniques ont videmment une certaine valeur mais ces deux simple procds [l'indication numrique et l'utilisation des dates] se sont rvls remarquablement efficaces pour ce type de raction neurotique" (15, p. 7).L'indication numrique et l'utilisation des dates sont les principaux procds par lesquels la structure de notre langage est rendue similaire celle du monde. Un exemple de leur effet peut tre observ dans les ractions d'un ancien combattant de la guerre du Pacifique. Cet homme tait un des lves du professeur Elwood Murray l'Universit de Denver. Me rfrant au dossier du vtran, je cite:Un exemple de pure identification est rvl dans le dgot de ce vtran pour le riz. Sa premire vision d'un ennemi mort fut celle d'un soldat japonais dont le cadavre tait en tat de dcomposition. Le sac de riz qu'avait port ce soldat, s'tait dchir et des grains de riz, rpandus sur son corps, se trouvaient mlangs avec des vers. Encore jusqu' prsent, lorsque le vtran voit du riz, la scne dcrite plus haut est revcue avec intensit et il voit en imagination les grains de riz se dplacer dans son assiette. Pour surmonter sa rpulsion, il a mang du riz plusieurs reprises en s'efforant de se rappeler que le riz dans son assiette est diffrent de celui qui tait sur le corps du Japonais. Quoiqu'il n'en mange pas avec plaisir, il a russi surmonter son rflexe de nause la vue du riz (19, p. 262).Ces mcanismes d'valuation ou de "perception" dessimilaritsd'une part, de ngligence ou de prise de conscience incomplte des diffrences d'autre part, sont potentiellement prsents dans chacun d'entre nous, mais, d'habitude, pas des degrs si extrmes. Ils impliquent l'absence de diffrenciation entre les niveaux silencieux et verbaux ainsi que la non-conscience de nos processus d'abstraction. Les diffrents ordres d'abstraction sont identifis, une infrence est valuecomme sielle tait une description, une descriptioncomme sielle tait l'"objet" non verbal construit par notre systme nerveux, et un "objet"comme s'iltait le processus non verbal sub-microscopique et dynamique.Dans nos travaux non-aristotliciens, nous traitons peine, si toutefois nous en traitons, des "perceptions", en tant que telles. Toutefois tant donn que nos attitudes sont invitablement embringues avec nos "perceptions", il semblerait que l'tude de la structure du langage devient en effet pertinente.Un grand nombre de travaux ont t entrepris et sont encore poursuivis avec acharnement pour rsoudre le problme des prjugs. L'analyse nous montre que les mcanismes des prjugs comprennent des identifications des niveaux verbaux avec des niveaux non-verbaux. Ceci veut dire qu'un individu ou un groupe est valu en fonction de son tiquette et non en fonction des faits extensionnels (26, pp. 17-28; 28). Dans une discussion des mcanismes du prjug et dans un rapport sur son enseignement de la smantique gnrale adress environ six cents personnes, rapport dans lequel il mettait en vidence, d'une part la confusion entre l'observation et les noncs infrentiels, et d'autre part le fait de ragir aux tiquettes comme si elles dsignaient plus que des aspects, etc., Lee expose une de ses dcouvertes de la faon suivante:Les professeurs ont mentionn dans leur rapport une rduction trs apprciable des tensions lorsque les tudiants en vinrent appliquer ce qu'ils avaient entendu aux divergences d'opinions profres durant les dbats. Les questions "pourrait-on dsigner cela autrement?" "est-ce une infrence?" "est-ce que c'est cela que l'on peut observer?" poses un lve qui avait fait une dclaration premptoire, cra dans l'assistance une sorte d'atmosphre de jeu. Un exemple typique entre beaucoup d'autres se produisit au cours d'une discussion qui avait pour sujet ce que les gens ont coutume de dire propos des noirs. Deux des participants les plus vhments dans leurs affirmations que "les noirs ne tireront aucun avantage de l'ducation mme si elle leur est rendue accessible" furent amens examiner leurs assertions sans faire preuve de l'antagonisme qui surgit des habituels dbats pour et contre (28, p. 32).Il est particulirement intressant de rflchir sur les mthodes des illusionnistes qui, dans le seul but de divertir, ont superbement dvelopp leur art, on peut mme dire leur science. Leurs mthodes magiques font cependant preuve d'une profonde psychologie fondamentale de la duperie, de l'auto-mystification et de la suggestion trompeuse. Ils possdent leur propre littrature, d'une si grande importance pour la psychologie, la psychiatrie et la vie quotidienne.J'extrais de la communication du Dr. Douglas Kelley25intitule "The Psycho-logical Basis of Misdirection: an Extensional Non-aristotelian Method for Prevention of Self-deception" ["La base psycho-logique de la ms-indication: une mthode extensionnelle non-aristotlicienne pour la prvention de l'auto-mystification"]. (14, pp. 53-60):Alors que l'artiste en pratiquant ses tours de passe-passe n'hypnotise jamais son auditoire, pas mme aux Indes, il obtient pratiquement les mmes rsultats par son habilet crer des illusions et cela en dviant dans une fausse direction les expectatives et les prsuppositions de son auditoire. Par ce stratagme il peut faire que son public manque de voir ce qui est devant ses propres yeux, ou encore qu'il voie ce qui n'y est pas (p. 53) La croyance gnrale bien qu'inconsciente dans les trois "lois de la pense" aristotliciennes joue un rle de la plus haute importance dans le succs de ces ms-indications puisqu'il existe une tendance gnrale de nos ractions se conformer ces "lois".Par exemple, le Dr. Kelley explique:Supposons un chapeau truqu avec un double fond; l'aide du revtement intrieur camoufl, il peut tre prsent l'assistance comme un chapeau apparemment vide. Si alors il est secou ngligemment dans tous les sens, on est convaincu qu'il est vide ds lors que rien ne s'en chappe. Puisque, conformment "la loi" bivalente "du tiers exclu", une chose existante possde certaines "proprits" ou ne les possde pas, et puisque, en accord avec cette loi, la plupart des gens s'attendent voir des objets s'ils sont prsents dans un chapeau et les voir tomber lorsqu'on le renverse, ils sont facilement dups par la ms-indication qui leur est suggre et sont en consquence incapables de prdire l'apparition du lapin que l'illusionniste tirera ventuellement de son chapeau (p. 57).Les illusionnistes constatent d'ailleurs que les enfants sont beaucoup plus difficiles mystifier que les adultes tant donn que les implications structurelles de notre langage n'ont pas encore limit un tel degr leur capacit de "percevoir".La Circularit de la Connaissance HumaineLes processus lectroniques ou lectro-collodaux oprent aux niveaux sub-microscopiques. Du nombre indfini de