-
Jeudi 9 juillet 2015 71e anne No 21920 2,20 France mtropolitaine
www.lemonde.fr Fondateur : Hubert BeuveMry Directeur : Jrme
Fenoglio
Algrie 180 DA, Allemagne 2,50 , Andorre 2,40 , Autriche 2,80 ,
Belgique 2,20 , Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Cte d'Ivoire 1
900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 , Finlande 4 , Gabon 1 900
F CFA, Grande-Bretagne 1,90 , Grce 2,50 , Guadeloupe-Martinique
2,40 , Guyane 2,80 , Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 , Italie 2,50 ,
Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 , Malte 2,50 , Maroc 13 DH,
Pays-Bas 2,50 , Portugal cont. 2,50 , La Runion 2,40 , Sngal 1 900
F CFA, Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,80 , Suisse 3,50 CHF, TOM
Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1
900 F CFA
MODE
Depuis dimancheet jusquau 9 juillet, trente maisonsprsentent
Paris leurs collectionsautomnehiver 20152016. Lexercice vaut
dmonstrationdexcellence pourles ateliers qui fabriquent ces
picesuniques, mais aussi pour les couturiers, qui doivent se rvler
visionnaires afin que continue vivre la haute couture.
L IRE PAGE 23
LES PRISES DE RISQUE DE LA HAUTE COUTURE
JUSTICEAFFAIRE MAGNITSKI : UN EMPOISONNEMENTEN FRANCE ? LIRE
PAGE 6
DROIT DU TRAVAIL ET CHANTAGE LEMPLOI L IRE PAGE 24
GRANDES COLESHEC, LA FIN DES ANNES RAMANANTSOA L IRE PAGE 12
PIXELSUN FABRICANT DE LOGICIELS ESPIONS PIRAT PAR DES HACKEURS
LIRE LE CAHIER CO PAGE 8
ENQUTELES COLONIES PERDUES DES COCOS LIRE PAGE 14
Richard III, roi dAvignon
Lars Eidinger(Richard III) et
Jenny Knig(Lady Anne),
le 6 juillet, Avignon.
BORIS HORVAT/AFP
Sous la direction de Thomas Ostermeier, lAllemand Lars Eidinger
offre une interprtationmagistrale du roi shakespearien
L IRE PAGE 18
Inquitudes aprs un vol dexplosifs dans une base militaire
Une dizaine de painsde plastic, 180 dtonateurs et 40 grenades
ont t vols dans un dpt darmes Miramas, dans la nuit de dimanche
lundi
Une enqute a t ouverte par le parquetde Marseille pour
identifier les auteurs du vol et dventuelles complicits lintrieur
de la base
Le ministre de la dfense a command une enqute pour valuer les
niveaux de protection de lensemble des installations militaires
franaises
Lopposition dnonce le manque de moyens disponibles pour protger
les infrastructures militaires LIRE PAGE 10
Grce : le compte rebours avant le divorce Les dirigeants de la
zone euro ont durci leurs exigences avant le prochain sommet
europen, prvu dimanche 12 juillet
bruxelles - bureau europen
L e compte rebours avant le Grexit , la sortie de la Grce de
lazone euro, a commenc. Dimanche12 juillet au soir, si aucun accord
entre legouvernement de la gauche radicale
dAlexis Tsipras et ses cranciers na t trouv, lEurope en tirera
les conclusions, lors dun conseil avec les 28 pays membres. Parce
que cela concerne tout le monde , a dclar, grave, Donald Tusk, le
prsident du Conseil europen, mardi 7 juillet Bruxelles, la fin dun
nime
sommet de la zone euro. Je suis ferme-ment contre un Grexit mais
je ne pourrai pas lempcher si le gouvernement grec ne fait pas ce
quil doit faire , a ajout le prsident de la Commission europenne,
JeanClaude Juncker. Hope over Justus Lip-sius , avait pourtant
tweet, en dbut de
soire, Martin Selmayr, le directeur de cabinet de M. Juncker,
avec une photo darcenciel audessus du sige du Conseil nomm Justus
Lipsius en signe despoir.
ccile ducourtieux
et jean-pierre stroobants
L IRE L A SUITE PAGE 2
Les Europens ont fix un ultimatum au gouvernement grec pour
faire des propositions LIRE P. 2 5 Le Grexit , une fatalit ? LIRE
LA TRIBUNE DE JEAN-MARC DANIEL P. 15
La Grce, une hystrie franaise LIRE LA CHRONIQUE DARNAUD
LEPARMENTIER P. 24
Giorgio Armani Priv. ED ALCOCK/JRMIE LON/MYOP POUR LE MONDE
A Paris, les maisons tentent de concilier savoirfaire et devoir
de modernit
DEVENEZ LES BUSINESS DVELOPPEURS DE DEMAIN
Tlchargez votre dossier de candidature sur
www.icd-ecoles.com
business development,human adventure
INSTITUT INTERNATIONAL DU COMMERCE ET DU DVELOPPEMENT - CR EN
1980ETABLISSEMENT DENSEIGNEMENT SUPRIEUR TECHNIQUE PRIV RECONNU PAR
LTAT
Sabine CHOLLET 01 80 97 66 11 - 12 rue Alexandre Parodi - 75010
Paris
Journes de slectionadmissions paralllesen 3e et 4e annes
tous les
du mois de juilletmercredis
preuvesdadmissionen 1re et 2e anne
8 et 15juillet
-
2 | europe JEUDI 9 JUILLET 20150123
Lultimatum des Europens la GrceAthnes doit prsenter des mesures
dconomies et de rformes avant le conseil europen dcisif du 12
juillet
suite de la premire page
En fait, part les Franais, et un peu les Italiens, aucun des
autres chefs dEtat et de gouvernement ne partageait cet
optimisme.
Les chefs dEtat et de gouverne-ment ont donc dfini une nou-velle
squence politique pour Athnes, en forme dultimatum,avec une runion
de lEurogroupemercredi 8 juillet, puis une autresamedi 11 juillet
et, dimanche12 juillet, un sommet de la zone euro, suivi dun sommet
de lUnion ( 28) pour trouver un ac-cord sur une aide financire
laGrce. Cest la sortie de route d-sormais programme si Alexis
Tsipras ne se conforme pas aux exigences, consquentes, de ses
partenaires europens.
Mercredi, Athnes devait en-voyer une demande pour un troi-sime
plan daide au Mcanisme europen de stabilit, le fonds de sauvetage
des pays en banque-route. Une dmarche purementformelle. Elle ne
sera juge receva-ble que si le gouvernement Tsi-pras envoie une
liste de rformes, avant vendredi 10 juillet, 8 h 30 du matin , a
martel M. Juncker.
Cette liste devra tre dtaille,au moins autant que celle qui tait
sur la table quand la Grce arompu les ngociations et an-nonc son
rfrendum, le 27 juin 2015. Avec, au minimum, une refonte de la TVA,
cense ra-mener 1 % du PIB par an de recet-tes fiscales de plus, et
une rformedes retraites pour conomiser 1 % du PIB ds 2016. Et
propos de la dette, ne rien demander qui res-semble une demande
dannula-tion ou de restructuration imm-diate, car alors la porte
des discus-sions se refermera , indiquaient plusieurs sources,
mardi.
Nous avons cinq jours [jusqudimanche] pour trouver un
ultimeaccord , a soulign, grave, Do-nald Tusk. Si nous ny parvenons
pas, tout le monde y perdra. Ce serasurtout trs douloureux pour le
peuple grec, et cela aura des cons-quences gostratgiques . Ath-nes
a introduit, depuis le 29 juin, un contrle des capitaux qui
as-phyxie le pays. Le 20 juillet, laGrce fera dfaut vis--vis de
laBCE, ce qui prcipitera sa banque-route si aucun prt durgence ne
lui est accord.
La Commission est prte tout.Un scnario dtaill prvoyant unesortie
de la zone euro a t pr-par , a indiqu M. Juncker. Je ne suis pas
optimiste , a enchanMme Merkel, en lattente dune
liste de rformes trs dtaille . Moins ngatif, Franois Hollande a
rpt, lui, que la France veut que la Grce reste dans la zone euro et
elle y travaille. Mais la r-ponse dpend de ce que veulent lesGrecs.
Et dajouter : Sil ny avait pas daccord, il y aurait forc-ment la
recherche dune autre op-tion.
Aider Athnes passer lt
Paris a tout fait pour tenter de re-nouer le dialogue entre
Athnes et ses cranciers. Un accord de dernire minute avait t tent,
en vain, quelques jours avant le rfrendum. Paris dfend mainte-nant
une solution en deux temps,avec un accord court terme, con-sistant
en une aide quelquesmilliards deuros, pour permettre
Athnes de passer lt, de rem-bourser les chances de la BCE
(environ 8 milliards), condition-ne quelques rformes
adoptesrapidement par le Parlement grec.Un plan cens avoir un
impact immdiat sur les finances du payset tmoigner de lengagement
de M. Tsipras raliser des rformes.
Si la France a t la dernire prendre la dfense dAthnes au sommet
(le premier ministre ita-lien a surtout protest contre son viction
de la discussion Hollan-de-Merkel, Paris, lundi 6 juillet), cest,
dit-on Bruxelles, parce que la confiance des autres sest envo-le au
fil des cinq derniers mois. Lannonce du rfrendum a t assimile par
la Commission europenne un coup de poi-gnard dans le dos, alors
quun ac-
cord semblait possible, assurelinstitution. En Allemagne et
ailleurs, on a vu dans ce rfren-dum une sorte de chantage,
unedmocratie essayant dimposerses vues 18 autres.
Tsipras a touch les limites dela patience de beaucoup de
lea-ders. Mais ce sont des gens respon-sables, qui connaissent
leurs res-ponsabilits. Nous sommes dans la situation dun couple qui
a tout essay pour sauver son mariage et qui fait une tout dernire
tenta-tive , rsume une source proche des cranciers.
Il faudra rassurer
Mercredi matin au Parlement de Strasbourg, Alexis Tsipras a
rap-pel : Nous souhaitons un accordmais un accord qui montre quil y
a
de la lumire au bout du tunnel ,en ajoutant quil fallait rompre
avec cette trajectoire sans issue .Il a remis la question de la
dette aucentre des ngociations, au risquede braquer Berlin.
La dcision dacter dfinitive-ment la fin des ngociations
seraprise dimanche. La question dumaintien de la Grce dans la
mon-
Michel Sapin sort dun rendez-vous avec le nouveau ministre des
finances grec, Euclide Tsakalotos, Bruxelles, le 7 juillet.
JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
naie unique se posera videm-ment. On discutera daide
huma-nitaire, cela concerne le budget delUnion dans son entier , a
ajout M. Tusk. Les chefs dEtat et de gou-vernement indiqueront
aussi, avec force, quils sont prts ren-forcer lintgration de la
zone euro, attaque pour la premirefois dans son intgrit. Il faudra
rassurer, montrer quil y a un pilotedans lavion , indique une
sourcediplomatique.
Risque de troubles sociaux
Mais le Grexit ne sera pas d-crt ds dimanche : rien na t prvu
dans les traits pour per-mettre un pays de sortir de la zone. Et
politiquement, personnene veut prendre cette responsabi-lit devant
lhistoire. La BCE fer-mera les vannes des liquiditsdurgence aux
banques grecques, partir du moment o il ny auraplus de perspective
daccord politi-que sur un programme ou partirdu moment o le systme
ban-caire grec seffondrera , a dclar,mercredi sur Europe 1 le
gouver-neur de la Banque de France,Christian Noyer. Cela paralysera
dfinitivement lconomie grec-que et Athnes sera contrainte de mettre
en circulation une mon-naie parallle pour viter un ef-fondrement,
voire des troubles sociaux. Merkel est trs proccu-pe par lhritage
quelle laisseraitdans un tel cas, tmoignait, mardisoir, un expert
allemand, dsem-par. On va dire quelle a pass cinq ans sauver la
zone euro de lacrise, pour finalement lcher la Grce
Quelles seront les consquencesjuridiques ou financires pour la
Grce, si ce scnario catastrophe se matrialise ? Les services
juri-diques des institutions europen-nes vont travailler
darrache-pied,les marchs vont ragir. Mais tout cela nest rien en
comparaison des dgts politiques pour la zoneeuro , glissait une
personnalit, dans la nuit de mardi, alors que sevidait le Justus
Lipsius. Sans arc-en-ciel. p
ccile ducourtieux
et jean-pierre stroobants
Un scnario
dtaill prvoyant
une sortie
de la zone euro
a t prpar
JEAN-CLAUDE JUNCKER
prsident de la Commission
L A C R I S E G R E C Q U E
Et ils marchrent, en somnambules, vers la catastropheQuand
laveuglement menant la premire guerre mondiale claire les errements
des gouvernements du XXIe sicle
ANALYSE
L es Somnambules duXXIe sicle sont des compta-bles. Depuis
quelques mois,le livre de lhistorien Christopher Clark sur les
origines de la pre-mire guerre mondiale (Flamma-rion, 2013) revient
dans les conver-sations europennes. Ds le 19 dcembre 2013, la
chancelire allemande Angela Merkel avait cit louvrage lors dun
conseil europen houleux : Ils ont touschou et cela a men la
premireguerre mondiale. Ainsi la chan-celire rsumait-elle
louvrage.
Elle plaidait alors pour la miseen place de mesures
contraignan-tes pour imposer des rformesafin de renforcer la
monnaie uni-que. Lors de ce sommet, elle avait voqu lt 2012, quand
ellestait finalement oppose au Grexit . Nous avons alors dis-cut de
savoir si la Grce aurait d sortir de la zone euro et je crois
que
si cela tait arriv, nous aurions tous d la quitter dans un
second temps , expliquait-elle sespairs. Dix-huit mois plus tard,
le Grexit nest plus tabou. Le pr-sident de la Commission
euro-penne, Jean-Claude Juncker, a re-connu mardi 7 juillet quil
tait ltude. Une bonne partie des diri-geants europens veulent en
finiravec la Grce qui les empoisonnedepuis cinq ans et surtout,
avec cegouvernement Tsipras qui ne res-pecte pas les rgles.
Les dirigeants grecs et euro-pens semblent avoir mis en place un
mcanisme inluctable que personne ne veut clairement assumer et que
plus personne nesemble pouvoir et vouloir arrter. Personne ne
souhaitait que celaarrive, mais au-del de cet intrt commun, chacun
dfendait des in-trts particuliers et contradictoi-res , crit
Christopher Clark. Len-grenage infernal a commenc semettre en place
lautomne 2014,
pour des raisons comptables, quand la troka a refus de d-bloquer
la dernire tranche daidede 7,2 milliards deuros (sur un to-tal de
240 milliards) au gouverne-ment dirig par le conservateur Antonis
Samaras. Celui-ci pani-que, prcipite lorganisation auParlement dune
lection prsi-dentielle qui choue, le contrai-gnant des lections
lgislatives qui voient le triomphe dAlexis Tsipras, le 25
janvier.
Opacit
Comment accorder la gauche ra-dicale ce quon a refus un
gou-vernement de coalition runis-sant le parti conservateur
Nou-velle Dmocratie (ND) et les socia-listes du Pasok ? Une partie
de la droite europenne sy oppose et na quune obsession : faire
plierTsipras ou le faire chuter. De sonct, le gouvernement grec
aubord du gouffre se comporte comme sil allait refondre lEu-
rope. Sous la pression des opi-nions, lnervement se mle la
lassitude sur la question grecque. Athnes se met dos les petits
pays au niveau de vie infrieur celui des Grecs.
Le 22 juin, le gouvernement grecse rsout mettre en place des
me-sures dconomie et de rformes en change dun plan daides. Maisla
Commission, la Banque centraleeuropenne (BCE) et le Fonds mo-ntaire
international (FMI) en de-mandent plus et affichent leurs
dsaccords. Le FMI demande une restructuration de la dette, dont
lAllemagne ne veut pas. La BCE donne au compte-gouttes des
li-quidits pour les banques grec-ques. Lengrenage se poursuit.
Etant donn le tissu de relations unissant tous les acteurs du
sys-tme, les consquences de chaque initiative dpendaient de celles
pri-ses en raction par les autres ac-teurs, des ractions difficiles
pr-voir du fait de lopacit des proces-
sus de dcision , crit Christopher Clark, en parlant de 1914.
Coinc entre les exigences de la troka et lintransigeance de la
gauche de son parti, Alexis Tsi-pras annonce, comme un coup
depoker, un rfrendum sur le plan daides europen, quil remporte 61,3
%. Mardi Bruxelles, il ar-rive sans propositions concrtes et la
Commission et le Conseil d-clenchent le compte rebours du Grexit ,
le scnario du pire o nous avons tous perdre , selon le prsident du
Conseil, DonaldTusk. Christopher Clark, encore : Et pendant tout ce
temps, les hommes politiques europens continuaient agiter le
spectredune catastrophe gnrale pour maintenir une pression et
protgerleurs propres avantages. Enjuillet 2015, les nouveaux
som-nambules semblent en routepour ce quEdgar Morin appelle la
dseurope . p
alain salles
-
0123JEUDI 9 JUILLET 2015 europe | 3
Hollande la recherche dun impossible consensusOppos au Grexit ,
le prsident ne veut pas sacrifier le couple franco-allemand un
sauvetage de la Grce
bruxelles - envoy spcial
Il ne dit pas le mot et prfreparler de lautre option .Depuis
plusieurs semaines,Franois Hollande refuse de
prononcer lexpression Grexit ,mais le prsident de la
Rpubliquesemble de plus en plus se prparerau pire des scnarios : la
sortie programme de la Grce de la zone euro. Sil ny avait pas
dac-cord, il y aurait forcment la recher-che dune autre option, la
France estoblige denvisager cette option , a-t-il confi mardi 7
juillet dans la soire, lissue du sommet de lazone euro
Bruxelles.
M. Hollande ne la souhaite pas La France veut que la Grce reste
dans la zone euro, elle tra-vaille pour y parvenir , a-t-il r-pt
mardi , mais Paris est isol, tant la prochaine runion des
diri-geants europens, programme pour le dimanche 12 juillet, a tout
dun rendez-vous pris pour acter lchec des discussions avec le
gouvernement dAlexis Tsipras.
Pour tenter dempcher cettepremire dans lhistoire de lUnion
europenne (UE), le chefde lEtat a une dernire fois plaid,mardi,
pour que le gouvernementgrec prsente rapidement son plan. Il a fait
valider par les chefs dEtat de la zone euro le calendriertabli la
veille lElyse avec lachancelire allemande, Angela Merkel : des
propositions prci-ses faites ds mercredi matin par M. Tsipras pour
un pro-gramme de rformes sur deuxans, examines samedi par
lEuro-groupe en change dun plan dur-gence court terme, avant le
Con-seil europen de dimanche. Il nya plus de temps perdre, un
accordest encore possible, mais il faut al-ler vite , explique M.
Hollande.
Si le prsident de la Rpubliqueveut acclrer, cest parce quil
saitque plusieurs pays europens, dont lAllemagne, sont tents de
laisser traner pour dgrader en-core davantage la situation grec-que
et provoquer de facto un Grexit . Si on ne rgle pas lesproblmes
urgents de la Grce, on prend le risque que ce soient lesfaits qui
dcident notre place, cest la raison pour laquelle
Hollande a parl de rapidit , dcrypte une source franaise proche
des ngociations.
Choisir, cest subir
Franois Hollande peut-il se r-soudre tre le prsident franaisqui
aura particip son corps d-fendant lexpulsion dun pays dela zone
euro ? Plusieurs voix, en France, lexhortent se dresser contre ce
danger et dire que la France posera son veto en cas de Grexit .
Mardi, des dputs so-cialistes, rejoints par des cologis-tes et des
communistes, ont lancun appel pour que Paris use de tout son poids
pour sopposer avecvigueur toute stratgie visant la sortie de la
Grce .
Mais M. Hollande ne semble pasdispos les satisfaire et prfre
dcide au nom de toute lEurope, mme Merkel ne peut pas soppo-ser
toute seule. Le systme marche par consensus donc il faut que toutle
monde soit persuad. Si la Francemet son veto, elle bloque toute la
machine, quoi a sert au final, part faire un coup dclat ?
Pas question donc, pour le prsi-dent, de sopposer frontalement
ses partenaires europens. A commencer par lAllemagne. Pa-ris ne
veut pas abmer de nouveausa relation avec Berlin aprs les tensions
de la semaine dernire, lorsque M. Hollande avait de-mand que les
ngociations euro-pennes se poursuivent malgr lannonce du rfrendum
greccontre lavis de Mme Merkel, parti-sane du gel des discussions.
On ne peut pas se permettre un clash
avec lAllemagne , reconnat lexcutif. Quitte choisir Berlincontre
Athnes ? La France fait tout pour aider la Grce, mais dansles
situations difficiles, il faut en re-venir aux fondamentaux
euro-pens, savoir le couple franco-al-lemand. Si ce couple nest pas
uni, cest non seulement inefficace, mais cest dangereux pour
lensem-ble de lEurope , explique lElyse.
M. Hollande prfre donc conti-nuer sa politique europenne des
petits pas, en cohrence avec lAl-lemagne, estimant quelle a mal-gr
tout port ses fruits depuis2012. Le moteur franco-alle-mand a fait
avancer lEurope de-puis trois ans , affirme-t-il, citant la mise en
place de lunion ban-caire, lautorisation donne la Banque centrale
europenne din-
tervenir sur les marchs pour ra-cheter de la dette ou les
deuxplans pour la croissance.
Pas sr que ce bilan convainqueen France la gauche de la gaucheet
une partie du Parti socialiste qui attendent toujours que le
pr-sident Hollande honore la pro-messe du candidat de 2012 de
rorienter lEurope. Pour ceux-l, la crise grecque tait lemoment
historique, idal pour que chef de lEtat se rvle. Mais lhomme de la
synthse ne fonc-tionne pas par oukase. Hollandeveut toujours tout
laisser ouvert le plus longtemps possible, car pour lui, choisir,
cest subir , expliqueun de ses interlocuteurs rguliers.Au risque
que, dimanche, ne pas choisir soit galement subir. p
bastien bonnefous
Apart entre Franois Hollande et Alexis Tsipras, mardi 7 juillet,
Bruxelles.JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
LEurope se rsout peu peu au Grexit Le principe du maintien de la
Grce dans la zone euro trouve de moins en moins de dfenseurs au
sein des Vingt-Huit
L a Grce est dj un peu sor-tie de lEurope. Elle a quittle cur de
la plupart desEuropens. Rares en effet sont les Etats qui
manifestent une empa-thie sincre lgard du sort dAthnes. Et ceux qui
le font pen-sent davantage leurs finances publiques ou leur paysage
politi-que qu lintgrit de lunion mo-ntaire.
Les Vingt-Huit, membres et nonmembres de la zone euro, se
d-chirent : dun ct les furieux, de lautre les anxieux. Les
premiers, inflexibles, exigent dAthnes quil paie pour ses fautes,
son laxisme budgtaire et son client-lisme politique, au point de
sou-haiter sans remords un Grexit ,une sortie de la Grce de
leuro.
Dans le camp de ces nervs, ontrouve lAllemagne, mais aussi
laFinlande, les Pays-Bas, la Slovnie,la Slovaquie, la Bulgarie, la
Polo-gne et les pays baltes. Les plus pauvres, comme la Slovaquie,
en-ragent de payer pour un pays plusriche queux. Ceux qui, hier,
taient derrire le rideau de fer et en restent traumatiss, comme les
Polonais ou les Baltes, ne dco-lrent pas de voir le premier mi-
nistre grec de la gauche radicale, Alexis Tsipras, flirter avec
Vladi-mir Poutine.
Certains, limage de la Letto-nie, soumise une cure daust-rit
avant son entre dans leuro,nacceptent pas que la Grce re-fuse de
faire les efforts quils ont endurs. Une sorte de syndromede lenfant
battu , estime Yves Bertoncini, directeur de lInstitut Jacques
Delors : Jai souffert, donc vous aussi devez souffrir.
Calcul politique
Face eux, le camp des anxieux. Ceux qui refusent le Grexit
nonpar romantisme europen, mais de peur de subir les rpliques de
cequi pourrait ressembler un trem-blement de terre. Revoil les pays
que les financiers anglo-saxons, en 2010, surnommaient mcham-ment
les PIIGS pour dsigner les maillons faibles de la zone euro : le
Portugal, lIrlande, lItalie, la Grce et lEspagne. Matteo Renzi, le
prsident du conseil ita-lien la tte dun pays dont la dettepublique
dpasse les 2 000 mil-liards deuros, nignore pas quil na pas encore
accompli toutes les rformes ncessaires. Les spcula-
teurs sont aux aguets, il le sait.Par pur calcul politique, le
pre-
mier ministre conservateur espa-gnol, Mariano Rajoy, pourrait,
lui, accepter le Grexit . Nul doute que les indigns de laustrit, un
temps sduits par le parti de lagauche radicale espagnole, Pode-mos,
seffraieraient de la tournuredes vnements. Mais lconomieespagnole
est trop fragile pour prendre un tel risque. M. Rajoy d-fend donc
mollement le maintiendAthnes dans leuro, toutcomme le Portugal. A
Lisbonne, on tremble lide de voir les ef-forts de rigueur rduits
nantpar les mfaits du Grexit .
Grce, Grce pourquoi nous as-tuabandonns ? , crivait, mardi7
juillet, Paulo Rangel, ditoria-liste du quotidien Publico.
En Irlande, enfin, on stranglequand certains suggrent de gommer
une partie de la dettegrecque. Le ministre des finances,Michael
Noonan, na pas oublique la troka a refus sonpays de faire
disparatre des comptes publics la dette des ban-ques que lEtat
avait assume. Du-blin est donc un dur des ngocia-tions. Mais, en
dpit dune crois-sance insolente, le pays nose as-sumer le Grexit .
De peur de se rappeler au bon souvenir des sp-culateurs,
peut-tre.
Finalement, la France est sansdoute le pays le plus oppos au
Grexit . Sa logique est davan-tage gopolitique que comptable. Et
pour elle, ne pas respecter les principes europens est pardonna-ble
, souligne M. Bertoncini. Unpardon que lAllemagne et ses al-lis ne
veulent pas accorder, souli-gne M. Bertoncini rappelantquen
allemand un mme mot, schuld, dsigne la dette et la faute . p
claire gatinois
Certains Etats,
limage
de la Lettonie,
nacceptent pas
que la Grce
refuse de faire
les efforts quils
ont endurs
continuer parler du maintien de la Grce comme dun objectif plutt
que dune condition . Ce nest pas comme cela que a fonctionne,
sagace un de ses pro-ches. Il ny a pas un dirigeant qui
VERBATIM
Franois Hollande
La France veut que la Grce reste dans la zone euro (). Lenjeu ce
nest pas seulement le problme de la Grce, cest aussi lavenir de
lEurope (). Trois principes doivent () nous guider : () la
responsabilit (), la solidarit (), la rapidit.Il ny a plus de temps
perdre. Il faut aller vite pour quil y ait, pour lensemble du
monde,une zone euro capablede prendre une dcision.
Donald Tusk, prsident
du Conseil europen
Toutes les parties prenantes de la ngociation portent la
respon-sabilit du statu quo. () Notre incapacit trouver un accord
sera douloureux pour la Grce [et] affectera lEurope dun point de
vue gopolitique. Ceux qui [imaginent] que ce ne sera pas le cas
sont des nafs.
La gauche
de la gauche et
une partie du PS
attendent toujours
que le prsident
honore sa
promesse de 2012
de rorienter
lEurope
50 av. dItalie
75013 PARIS
148 av. Malakof
75016 PARIS
247 rue de Belleville
75019 PARIS
262 bd du Havre
95 PIERRELAYE
MATELAS - SOMMIERSixes ou relevables - toutes dimensions
TRECA - TEMPUR - DUNLOPILLO - EPEDA - SIMMONS - STEINER -
BULTEX...
CANAPES - SALONS - RELAX
CLIC-CLAC - CONVERTIBLES
DIVA - NICOLETTI - BUROV - SITBEST...
ouverturemanuelle ou lectrique pour couchage quotidien
01 42 08 71 00 7j/7Rembourse la diffrence si vous trouvezmoins
cher (lemois suivant lachat)
Livraison gratuite en France - Dtails surmobeco.com
PRIX SACRIFISDu 24 juin au 4 aot
-
4 | europe JEUDI 9 JUILLET 20150123
Nous voici coups du monde La fermeture des banques et le contrle
des capitaux perturbent considrablement le quotidien des Grecs
REPORTAGEathnes - correspondance
La tourmente bancaire a,dans la vie quotidiennedes Grecs, des
consquences inattendues. Vasso et
Kostas se marient samedi 11 juillet dans un petit village perdu
dans les montagnes du Plion. Un coin de Grce qui se mfie autant
deschques que des terminaux de carte bancaire et o la moindre
transaction ne se conoit quavec des espces sonnantes et
trbu-chantes. Le financement du ma-riage avec ses deux temps forts
une crmonie religieuse et une fte la taverne du village est donc
devenu un sujet de tracas.
Cest moi, en tant que tmoin,quil appartient de verser de
lar-gent au prtre, explique Fenia, unejeune femme dAthnes. 200
euros, ce nest pas excessif. Mais quand on ne peut retirer que 60
euros par jour la banque, cela se planifie ! Comme elle aide
desurcrot ses deux parents qui ontperdu leur entreprise dans la
crise et sont au chmage, elle retire donc 60 euros un jour pour son
propre compte, 60 euros le lende-main pour ses parents.
Collecterles 200 euros pour le prtre risque de prendre du temps !
Il me sera im-possible de participer aussi aux frais du repas.
Dbrouillardise et solidarit
Le restaurateur a t trs clair : pas question de faire crdit
pourune noce de 200 personnes. Le mari sest donc rsolu faire, par
Internet, un virement de 60 euros chacun des invits, lesquels
de-vront en retour retirer 60 euros un distributeur et les lui
remettre samedi pour payer la taverne.
Dbrouillardise et solidarit :voil comment de nombreux Grecs
rpondent la fermeture deleurs banques et au contrle descapitaux qui
sest abattu sur eux le29 juin. En soit, vivre avec 60 euros par
jour ne pose aucun problme : cela reprsente 1 800 euros par mois
alors quils sont nombreux ne toucher que 800 euros de salaire. Mais
dans unpays o largent liquide rgne en matre, la mobilisation
soudaine dune grosse somme pour payer son loyer ou une opration
mdi-cale est un casse-tte.
Certes, le gouvernement a tentdallger la pression en accordant
un dlai pour acquitter des factu-
res deau et dlectricit, ainsi que toute dette lgard de
ladminis-tration (impts, cotisations socia-les, timbres fiscaux,
frais de jus-tice, amendes). Il a galement proclam que chaque
commer-ant devait accepter le paiement par carte. Mais cest trs
loin dtrele cas. Nombreux sont les restau-rateurs ou prestataires
de servicesqui prviennent demble quils nacceptent que du liquide,
tousles Grecs sont la recherche de cash et lattente devant un
distri-buteur de billets fait dsormais partie des rituels
quotidiens.
Lidal, pour un salari, est doncdtre pay en espces. La chane de
supermarchs Sklavenitis en a pris linitiative pour rmunrer
lensemble de son personnel ds le 30 juin. De petits commerants et
artisans ont fait de mme. Comme la pharmacienne Maria Sakopoulou,
qui, disposant dar-gent liquide vers par ses clients, apu payer
sans problme ses neuf employs. Cela leur vite de per-dre des heures
aux distributeurs. Les autres prennent leur mal en patience,
diffrant tous les achatsconsquents ou non ncessaires (vtements,
ameublement, voitu-res) pour se concentrer sur les ur-gences
quotidiennes (nourriture, mdicaments, essence).
Quitte faire des provisions parcrainte dune pnurie qui nexiste
pas encore mais que la difficult de certains dtaillants rgler leurs
fournisseurs et linterdictionde transactions avec ltranger pourrait
rapidement provoquer. Quand on fait le plein dessence, on remplit
en plus un jerrican.Quand on va au supermarch, on triple ses achats
de nourriture non prissable : riz, ptes, lait pas-teuris On court
chez son mde-cin pour avoir une ordonnance et la pharmacie on achte
en dou-ble des mdicaments les diabti-ques, notamment, sont inquiets
de manquer dinsuline. La se-
ms. La dcision gouvernementale est le coup de pied qui va les
pous-ser du haut de la falaise.
Or et diamants
Il y a ltranglement d larrt to-tal des achats dans certains
sec-teurs (les magasins de vtements, Athnes, sont quasiment vides).
Et celui d lintransigeance defournisseurs et partenaires ltranger
qui stoppent toute li-
vraison faute de paiement imm-diat. Or, la Grce importe 52 % de
ses produits dalimentation, une grande partie de mdicaments et la
majorit des nourritures ani-males, ce qui peut avoir un effet court
terme sur la productiondufs, de fromage, de viande, etc.
Enfin, les exportateurs grecssont galement pnaliss, incapa-bles
de payer transport et stoc-kage de leurs produits ltranger,et leurs
banques ne pouvant four-nir les garanties exiges par leurs
partenaires. Nous voici coups du monde sur le plan bancaire ,rsume
Vasilis Korkidis. Les entre-preneurs ont donc demand ins-tamment au
gouvernement de le-ver linterdiction de transactions ltranger, au
moins pour desproduits prioritaires, et avec un plafond de 12 500
euros. Il faut un accord avec les cranciers euro-pens au plus vite,
insiste M. Kor-kidis. Ce sont les entrepreneurs les plus vertueux,
qui ont gard leurs
capitaux en Grce, qui sont les pluspnaliss. Ce nest pas juste
!
Reste langoisse des particuliers lide dune possible saisie
delEtat sur leurs avoirs bancaires (comme Chypre, en 2013) oudune
brusque conversion de leurs euros en drachmes. Certainssempressent
de payer toutesleurs dettes, pour ntre pas pris la gorge en cas de
chute soudaine de ressources. Dautres sempres-sent de vider
eux-mmes leurs comptes en consommant du luxe. Les joailliers du
centre dAthnes ont tous not le phno-mne. Or, valeur refuge ;
dia-mants, valeur ternelle. Ainsi ce couple de Grecs qui, mardi,
dans une bijouterie de la rue Panepisti-miou, achetait une bague
pr-cieuse. Pas pour madame, mais pour leur fille. Pour le jour,
peut-tre trs lointain avouaient-ils, oelle se marierait. p
annick cojean
et ada guillot
A Athnes, mardi 7 juillet.LAURENCE GEAI/SIPA POUR LE MONDE
maine dernire, ctait la folie, la pharmacie ne dsemplissait pas,
raconte Maria Sakopoulou. Il ny a pourtant pas de raison de
sinqui-ter des stocks court terme. Sauf pour quelques mdicaments
uni-quement fabriqus ltranger.
Evidemment, ces nouveauxcomportements ont eu un impactimmdiat
sur lconomie. La Con-fdration nationale du com-merce hellnique, qui
reprsente 650 000 petites entreprises et 2,5 millions de salaris,
publie mercredi 8 juillet un rapport poin-tant une baisse de 70 %
de la con-sommation entre le 27 juin et le 7 juillet et une perte,
pour lcono-mie grecque, de 1,2 milliard deuros. Cest dramatique,
d-plore Vasilis Korkidis, le prsident de la Confdration. Avant le
con-trle bancaire, beaucoup de petitesentreprises taient dj
fragilises par la crise. Cinquante-neuf dentreelles fermaient la
porte chaquejour et 613 emplois taient suppri-
Tous les Grecs
sont la
recherche
despces, et
lattente devant
un distributeur
fait partie des
rituels quotidiens
L A C R I S E G R E C Q U E
La dette hellne, au cur des dbatsLe Grexit coterait plus cher la
zone euro quune restructuration de ses crances sur Athnes
L a question empoisonne lesrelations entre Athnes etses
partenaires europensdepuis des mois. Pour le gouver-nement dAlexis
Tsipras, allger la dette publique, qui culmine aujourdhui 177 % du
produit in-trieur brut (PIB), doit tre au cur des ngociations.
Aux yeux de la chancelire alle-mande Angela Merkel, qui a
pro-mis aux contribuables de son pays que laide la Grce ne leur
coterait pas un euro, le sujet est tabou. Et pourtant : la dette
publi-que hellne est insoutenable et nchappera pas un nouvel
all-gement, jugent la majorit des conomistes. Un point de vue
partag par le Fonds montaire international (FMI).
Qui dtient la dette publique ?Lors de la restructuration de
2012, les cranciers privs dAthnes ont accept une dcote de 50 % 75 %
sur les obligations publiques quils dtenaient. Depuis, la dette
publique hellne appartient aux
trois quarts des cranciers pu-blics. En mars, le Fonds europen
de stabilit financire (FESF) endtenait 131 milliards deuros, les
Etats de la zone euro 52,9 mil-liards (dont 11 milliards par la
France), la Banque centrale euro-penne (BCE) 26,9 milliards et
leFMI, 21 milliards. Au total, lendet-tement public slve 315
mil-liards deuros.
Un Grexit coterait-il plus cher quune restructuration ra-pide ?
Cest certain. Selon les co-nomistes de RBS, une sortie grec-que de
lunion montaire accom-pagne dun dfaut souveraincoterait au minimum
227 mil-liards la zone euro. Un chiffrequi ne prend pas en compte
les cots indirects, tels que ceuxdune contagion aux pays
pri-phriques, de la baisse des inves-tissements, des troubles
gopoli-tiques induits
De son ct, la France pourraitperdre une quarantaine de
mil-liards deuros (2 % du PIB), corres-
pondant au prt de 11 milliards ac-cord la Grce et aux garanties
apportes au FESF.
Un nouvel allgement de ladette, lui, coterait 140
milliardsdeuros si son ratio tait ramen de 177 % 100 % du PIB ds
aujourdhui, estime RBS. Une op-tion radicale, et pourtant moins
coteuse quun Grexit .
Quelle partie de la dette serait laplus facile allger ? Tous les
cranciers ne sont pas logs la mme enseigne. Ainsi, le FMI a
unstatut privilgi : en cas de dfaut,il est rembours en priorit.
De-puis sa cration, en 1944, cette ins-
titution na jamais effac la dette dun Etat. Elle accepte en
revanchedtaler les remboursements dansle temps, sans pnalit. Cest
no-tamment grce ce statut privil-gi que le FMI peut prter des pays
en grande difficult sans met-tre son capital fourni par sesmembres
en danger , prcise Diego Iscaro, conomiste chez IHS Global
Insight.
La BCE, elle, a dj fait savoirquelle naccepterait pas de
res-tructurer les obligations hellnesquelle dtient : cela
reviendrait financer indirectement lEtatgrec. Ce que ses statuts
lui interdi-sent. Les obligations les plus sim-ples restructurer
seraient celles dtenues par le FESF et surtout,les Etats. Depuis
2012, la dure deces prts on parle de maturit a dailleurs dj t
allonge, et leurs taux dintrt rduits.
Quelles sont les options possi-bles ? Il en existe des dizaines.
Laplus radicale, politiquement dli-cate, serait deffacer une partie
de
la dette dtenue par le FESF ou les Etats. Mais il en existe de
plus douces. Le think tank bruxellois Bruegel a calcul quallonger
de dix ans encore la maturit de cesprts et en rduire le taux
permet-trait dallger la dette de 17 %.
Autre option, le Mcanismeeuropen de stabilit (MES) pour-rait
racheter les obligations dte-nues par la BCE, voire le FMI, afinden
taler le remboursement. Cesdernires pourraient aussi treindexes sur
le taux de crois-sance : plus celui-ci serait fort, plus les
remboursements aug-menteraient, linverse ils dimi-nueraient en cas
de rcession. Une faon de rendre la dette plussoutenable sur le long
terme.
En revanche, Athnes ne tou-cherait probablement pas aux
obligations dtenues par les cranciers privs, qui ont dj subi une
dcote en 2012. Cela pri-verait la Grce dun accs aux marchs
financiers pour des an-nes encore p
marie charrel
Le contrle
bancaire est
le coup de pied
qui va pousser
les entreprises du
haut de la falaise
VASILIS KORKIDIS
prsident de la Confdrationdu commerce hellnique
Lexposition
totale de la
France au risque
grec slve une
quarantaine de
milliards deuros
LES CHIFFRES
315La dette publique de la Grce, en milliards deuros, soit
lquiva-lent de 177 % du produit int-rieur brut (PIB) du pays.
25 %La baisse du PIB grec depuis 2009. Il sagit de lune des
rces-sions les plus violentes enregis-tre depuis les annes 1930 la
surface du globe.
50Le montant, en milliards deuros, des financements
supplmentai-res dont Athnes a besoin ces trois prochaines annes,
selon le Fonds montaire international, pour se maintenir flot.
-
0123JEUDI 9 JUILLET 2015 europe | 5
Schuble, bourreau des Grecs, idole des AllemandsLe ministre
allemand des finances est convaincu que le Grexit est souhaitable
pour la zone euro
berlin - correspondant
Mardi 7 juillet, ce futau tour de lagrande nation ,comme
lappelle
Wolfgang Schuble, den prendrepour son grade. Le premier
minis-tre Manuel Valls a-t-il eu, le matin mme, laudace de
suggrerquune discussion sur la dette grecque ntait pas taboue ?
Dsson arrive Bruxelles pour parti-ciper un nouveau sommet sur
laGrce, le ministre allemand des fi-nances tue lide dans luf.
Ce-lui qui connat les traits sait quune annulation dune partie de
la dette tombe sous la clause du no-bail out , le fameux arti-cle
125 du trait de Lisbonne qui interdit un Etat europen de prendre sa
charge les dettes dunautre Etat.
Dput depuis 1972 ManuelValls na alors que 10 ans, et
AlexisTsipras nest pas encore n , Wol-fgang Schuble ne sembarrasse
plus de faux-semblants. Depuis ledbut de lanne, il cache peinequune
sortie de la Grce de lazone euro, le Grexit , serait ses yeux la
moins mauvaise dessolutions. Une ligne politique qui, jusqu ces
derniers jours, ntait pas celle de la chancelire Angela Merkel.
Ds lannonce, fin dcem-bre 2014, dlections anticipes enGrce, il
se dit que le tout-puissantministre est convaincu quun Grexit ne
serait pas une catas-trophe pour la zone euro. Ce nest pas une
fausse rumeur. Mi-f-
vrier, alors que la Grce et sescranciers ngocient la
prolonga-tion du deuxime programme daides, le ministre confie (en
off, bien sr) que les marchs ont djanticip le Grexit . Un mois plus
tard, une interview la tlvi-sion autrichienne fait grand
bruit.Wolfgang Schuble juge en effetpossible une sortie par
acci-dent de la Grce de la zone euro. Comme nous ne savons pas
exactement ce que les responsa-bles grecs font, nous ne pouvonspas
lexclure.
Mme ses non-rponses deuxquestions essentielles sonnent comme des
condamnations sans appel du gouvernement grec. Wolfgang Schuble
refuse en effetde dire sil pense que le gouverne-ment dAlexis
Tsipras mettra en uvre les rformes annonces et si lEtat grec vitera
la faillite. Rienque a ! Deux mois plus tard, dansun entretien aux
Echos et au Wall Street Journal, il enfonce le clou et reconnat
quil rflchirait lon-guement avant de rpter quil ny aura pas de
faillite de la Grce ,comme il lavait dit en 2012. Des propos
suffisamment provoca-teurs pour quAngela Merkel ne linvite pas, le
1er juin, au mini-sommet de crise quelle organise sur la Grce avec
le prsident Franois Hollande, Christine La-garde (directrice du
Fonds mon-taire international), Mario Draghi (prsident de la Banque
centrale europenne) et Jean-Claude Junc-ker (prsident de la
Commission europenne).
Mais Wolfgang Schuble sait
que sa disgrce nest que passa-gre. Car sil a ses ennemis les
Grecs, Jean-Luc Mlenchon, etc. il a, en Allemagne, de
nombreuxinconditionnels. Comme le quoti-dien populaire Bild. Le 25
juin, ce journal le qualifie de Superman de la zone euro . Parce
que comme aucun autre, il se bat () pour un euro fort . Il ne fait
plusdefforts. Il ne dissimule plus ce qui ne peut plus tre cach. Il
ne croitplus au cirque du sauvetage de la Grce. Il considre
lindulgence de la chancelire comme une er-reur , affirme Bild.
Ovationn
Ce journal nest pas le seul pl-bisciter Wolfgang Schuble. Selon
le sondage hebdomadaire ralis du 3 au 6 juillet par lInstitut Insa,
43 % des Allemands voteraient di-manche prochain pour la CDU sils
devaient se rendre aux urnes.Un bond de 3,5 % par rapport lasemaine
prcdente. La raison ?
Dans la crise grecque, les Alle-mands se rangent avant tout
der-rire le ministre des finances Schuble. Ils misent sur sa
fer-met , estiment les experts dInsa. Les conservateurs lado-rent,
les autres le respectent.
Deux scnes rcentes en tmoi-gnent. Lundi 29 juin, Angela Mer-kel
clbre les 70 ans de la CDU.Son ministre, ancien prsidentde la CDU,
est videmment au premier rang des 600 invits. Du-
rant son discours, la chancelire le remercie, lui qui jour et
nuit fait tout pour parvenir un com-promis avec les Grecs. La ralit
est plutt que cest elle qui cher-che un compromis tout prix mais
peu importe : le ministre re-oit une vritable ovation. Unesalve
dapplaudissements plus enthousiaste que celle que rece-vra la
chancelire la fin de sonintervention.
Deux jours, plus tard, le1er juillet, le Bundestag dbat
durfrendum en Grce. Fait inha-bituel : trois membres du
gou-vernement sexpriment. DabordAngela Merkel, puis Sigmar
Ga-briel, vice-chancelier et prsi-dent du Parti social-dmocrate,
puis Wolfgang Schuble. Il suffit que celui-ci savance en
fauteuilroulant vers la tribune pour quaussitt un silence
impres-sionnant envahisse lhmicycle.Mme les journalistes se
taisent.Et le ministre de se lancer dans
une vaste fresque des sommetsconsacrs la Grce, ne sortantses
notes quaprs plusieurs mi-nutes dintervention.
Monsieur Tsipras a men cam-pagne en promettant deux chosesaux
Grecs. Rester dans leuro maissans conditionnalit et sans pro-gramme
[daide europen]. Je luiavais dit quand il est venu Berlin () : Si
vous promettez cela pen-dant la campagne, je ne peux quevous
souhaiter de ne pas gagner llection. Car vous ne pourrez ja-mais
tenir ces promesses. Cest ob-jectivement impossible. Vous ne pouvez
pas tre dans lunion mo-ntaire sans faire des efforts trs importants
pour des changementsstructurels. , confie-t-il sous le regard
approbateur dAngela Mer-kel. Nen dplaise aux Grecs, il est exclu
que celle-ci rserve son ministre des finances le sort quAlexis
Tsipras vient de rserver Yanis Varoufakis. p
frdric lematre
Schuble ne croit
plus au cirque
du sauvetage
de la Grce, selon
Bild. Il considre
lindulgence de
Merkel comme
une erreur
La Grce tente de faire revenir ses vads fiscauxAthnes voudrait
crer une cellule de rgularisation des avoirs offshore
L a Grce rflchit la miseen place dune cellule de r-gularisation
des avoirs nondclars ltranger par de riches particuliers, afin de
renflouer sescaisses.
Selon nos informations, le gou-vernement dAlexis Tsipras
tra-vaille depuis mars un projet vi-sant rapatrier, dans des
condi-tions avantageuses, plusieurs di-zaines de milliards deuros
de fonds placs sur des comptes en Suisse, Londres et dans dautres
places financires offshore.
Selon ses propres calculs, fondssur lexemple de la France dont
lunit de rgularisation cre en juin 2013 tourne plein rgimedepuis
deux ans , Athnes pour-rait en escompter entre 0,1 % et 0,2 % de
son PIB, soit, sur la base du PIB 2014, entre 180 millions et 360
millions deuros.
Amnistie litalienne
Cest Yanis Varoufakis, ministre des finances dmissionnaire, qui
a directement pilot ce projet, amorc un mois aprs larrive deSyriza
au pouvoir. M. Varoufakis ytravaillait encore dbut juin. Des
contacts ont t pris ce sujet ti-tre consultatif avec la Suisse et
avec lOrganisation de coopra-tion et de dveloppement cono-miques
(OCDE).
Un article paru dans lditiondominicale du quotidien suisse Neue
Zrcher Zeitung (NZZ) du5 juillet avait fait tat de discus-sions en
ce sens entre lex-minis-tre des finances grec et le secrta-riat
dEtat suisse aux questions fi-nancires internationales. La por-te
du projet grec est bien plus large.
En effet, lide dAthnes est demettre en place un systme effi-
cace, capable de rapatrier rapide-ment les milliards placs
ltran-ger. Et ce, en dpit dune adminis-tration fiscale mal organise
dansle pays et dans un contexte fiscalparticulier, o un grand
nombrede fonds ne sont pas soumis limpt, tels ceux des
armateurs.Ceux-ci sont autoriss crer dessocits en Grce comme sil
sagissait de socits offshore.
Pour ce faire, diffrentes optionssont sur la table, lune delles
con-sistant garantir aux fraudeurs etvads fiscaux repentis
labsencede poursuites pnales, les exo-nrer de pnalits mais
appli-quer une taxe forfaitaire sur les avoirs rapatris en Grce, un
taux avoisinant 20 %. Une formedamnistie fiscale litalienne, en
somme
En 2001, lItalie avait permis auxcontribuables de rapatrier
leursfonds illgalement transfrs ltranger en change dune pna-lit
forfaitaire de 2,5 %. Ce disposi-tif avait produit des effets
specta-culaires, avec prs de 60 milliards deuros rapatris ds
2002.
Si la Grce lui embotait le pas,une loi pourrait tre ncessaire.
Cette dernire devrait alors passerle cap du Parlement grec.
Reste le problme du calendrieret de la faisabilit de ce projet.
Car autant ce guichet de rgularisa-tion tait envisageable il y a
deux mois, avant le blocage des discus-sions entre la Grce et ses
cran-ciers et lembrasement de la crisegrecque, autant dsormais il
est irralisable dans le contexte ac-tuel dinstabilit et de dsordre
bancaire, o les capitaux conti-nuent de quitter le pays par crainte
dune sortie de leuro et dun retour la drachme. p
anne michel
WWW.VALENTINO.COM
-
6 | international JEUDI 9 JUILLET 20150123
hano - envoy spcial
La faon dont vient dtrereu Washington le se-crtaire gnral du
Particommuniste vietnamien
(PCV), Nguyen Phu Trong, tmoi-gne de limportance croissante
duVietnam pour les Etats-Unis lheure de la monte en
puissanceconomique et stratgique de la Chine en Asie-Pacifique.
Aprs unlong entretien dans le bureauOvale de la Maison Blanche,
unhonneur rserv aux chefs dEtat et de gouvernement, Barack Obama
sest flicit, mardi 7 juillet, de l mergence dune re-lation
constructive base sur le res-pect mutuel en dpit de la diffi-cile
histoire lie la guerre.
A lissue de leur rencontre, lesdeux hommes nont pas cach
avoir eu des discussions fran-ches sur la question des droits de
lhomme au Vietnam, qui con-tinue rprimer durement dissi-dents et
blogueurs hostiles au r-gime. Selon Human Rights Watch,il y aurait
au Vietnam au moins 160 prisonniers politiques con-damns ces
dernires annes en vertu de lois pnales qui criminali-sent toute
critique contre le gou-vernement .
Mais lessentiel de la rencontrene portait pas sur le
contentieuxamricano-vietnamien en ma-tire de libert dexpression.
Car la visite du chef du PCV incarne une symbolique toute
particu-lire, mme si dans un pass r-cent le premier ministre
vietna-mien, Nguyen Tan Dung, et le pr-sident de la rpublique,
TruongTan Sang, les deux autres mem-bres du triumvirat du Viet-nam,
se sont dj rendus Washington.
Ce voyage tmoigne du fait queles Etats-Unis reconnaissent et
res-pectent les choix politiques du Vietnam et le systme quil
sestchoisi , estime Hoang Anh Tuan, directeur gnral de lInstitut
depolitique trangre et des tudesstratgiques. Selon lui, cette
visite historique la Maison Blancheillustre la maturit de la
relation amricano-vietnamienne , vingt ans aprs ltablissement des
liens diplomatiques entre les deux anciens ennemis, date
anni-versaire qui a servi de prtexte ce voyage. En une quinzaine
dan-nes, le niveau du commerce bila-tral entre les deux pays est
pass de 850 millions de dollars (770 millions deuros) 35 mil-liards
de dollars
La question chinoise est vi-demment au cur de cette rela-tion en
plein essor, mme si le pivot dsormais qualifi de rquilibrage de la
politique amricaine vers lAsie tarde se
concrtiser. A une poque de ten-sion croissante en mer de Chine
du Sud, encore rcemment aigui-se par la poursuite de construc-tions
chinoises dlots artificiels dans les eaux darchipels disputsentre
Hano et Pkin, le Vietnam semble avoir fait le choix de la poursuite
du rapprochementavec Washington. Si on opre un retour en arrire
dans lhistoire, onsaperoit que linfluence chinoise sur le Vietnam
na cess de dimi-nuer depuis le milieu du XIXe sicle,cest--dire avec
larrive des Fran-ais , explique Hoang Anh Tuan. Qui, aprs avoir
rappel que le se-crtaire gnral du Parti commu-niste stait rendu
rcemment Pkin, analyse la visite de ce der-nier Washington comme la
vo-lont du Vietnam de montrer la Chine que Hano lintention demener
une politique trangre v-
ritablement indpendante .Nguyen Phu Trong, considr
par les analystes comme apparte-nant au clan des conservateurs
au sein dun Politburo compos de seize membres, se rangerait-il aux
cts des partisans dune rsis-tance plus affirme lgard de la Chine,
lennemi hrditaire du Vietnam ? Le fait que le chef du PCV, garant
de lidologie du parti,se rende aux Etats-Unis indique quele Vietnam
est en train doprer unrquilibrage stratgique , juge dans le Wall
Street Journal Jona-than London, professeur au d-partement des
tudes asiatiques de la City University de Hongkong.
Trait transpacifique
Ct amricain, lannonce en oc-tobre de la leve partielle de
lem-bargo sur les ventes darmes auVietnam a t perue Hano, qui
rclame la leve totale de lem-bargo, comme un geste dimpor-tance. La
marine vietnamienne va ainsi pouvoir acheter de lqui-pement
militaire pour ses naviresmme si lembargo sur les armes ltales
reste en place.
Au menu des discussions entreNguyen Phu Trong et ses
interlo-cuteurs amricains a figur unautre sujet crucial : la
poursuite des ngociations multilatrales entre les futurs
partenaires du trait transpacifique (TPP), un ac-
cord de libre-change qui devraitrassembler bientt douze pays de
la zone Asie-Pacifique, dont les Etats-Unis et le Vietnam. Mais
pasla Chine Le prsident Obama souhaite conclure rapidementcette
ngociation et le Vietnam est aussi trs dsireux de la voiraboutir.
Le TPP est importantpour nous, car il est en quelque sorte ltalon
de tout accord commercial. De plus, le TPP na pasquune dimension
conomique, il est aussi stratgique , relve en-core Hoang Anh
Tuan.
Tout le monde nest pas forc-ment daccord. Pour Bui KienThanh,
qui fut lun des missi do-minici du gouvernement de Ha-no lors des
ngociations qui ontmen la reconnaissance diplo-matique commune
amricano-vietnamienne de 1995, le TPP
nest pas la panace : Tout le monde sexcite beaucoup sur cette
question ici, mais cet accord nesera pas favorable lconomie
vietnamienne qui aura beaucoup perdre. Nous sommes encore trsloin
de pouvoir affronter la concur-rence des pays de la rgion.
Ladhsion au TPP est cepen-dant perue, par les factions
rfor-mistes du rgime, comme un moyen de jeter les bases dune
volution librale, tant conomi-que que politique. Pour Tuong
Lai,ancien directeur de lInstitut de sociologie du Vietnam et
spcia-liste reconnu du marxisme dans un pays qui a cess de ltre, le
TPP va constituer une tape im-portante pour permettre au Viet-nam
de continuer sloigner de lorbite chinoise . p
bruno philip
Soupon dassassinat en France dans laffaire MagnitskiLe parquet a
ouvert une enqute prliminaire sur le possible empoisonnement Paris
du banquier russe Alexandre Perepilitchni
U n banquier russe, mortau retour de son joggingdans sa proprit
britan-nique du Surrey en novem-bre 2012, a-t-il t empoisonn Paris
? Cest la question laquelle va tcher de rpondre la justice franaise
aprs que le parquet deParis a dcid, le 26 juin, douvrirune enqute
prliminaire pour assassinat en bande organise aprs la mort
dAlexandre Perepi-litchni, homme daffaires de44 ans rfugi au
Royaume-Uni depuis 2010.
Cette enqute confie la bri-gade criminelle fait suite aux
in-vestigations financires menes paralllement en France par le juge
dinstruction Renaud Van Ruymbeke sur un dossier qui a
considrablement refroidi les re-lations entre Moscou et les
capita-les occidentales depuis plusieursannes : laffaire Magnitski,
du nom de ce juriste poursuivi par la justice russe pour des
charges fic-
tives et mort en 2009 des suitesde mauvais traitements subis
enprison. Sergue Magnitski dnon-ait une escroquerie impliquant des
fonctionnaires russes, qui auraient expropri un fonds
din-vestissement, Hermitage CapitalManagement, avant de soutirer150
millions deuros lEtat russeavec la complicit dagents du fisc.Son
calvaire avait pouss le Congrs amricain adopter, en 2012, une liste
Magnitski in-terdisant de sjour aux Etats-Unisles fonctionnaires
russes impli-qus dans laffaire.
Depuis 2010, Alexandre Perepi-litchni aidait le patron
dHermi-tage et employeur de Sergue Ma-gnitski, linvestisseur
amricainBill Browder, retrouver la tracede largent de lescroquerie,
sortide Russie par le biais dune multi-tude de socits-crans et de
comptes bancaires dans plusieurspays. La collaboration de lancien
banquier tait particulirement
prcieuse : selon les lments de linstruction suisse, il aurait
lui-mme jou un rle dans laffaireen aidant lune des protagonistes de
lescroquerie, Olga Stepanova, placer ses gains en Suisse.
En sa qualit de directrice du bu-reau du fisc de Moscou, Mme
Ste-panova avait auparavant obtenu le versement de 150 millions
deuros aux nouveaux propri-taires des socits voles Bill Browder. Ce
nest quaprs la mortde Sergue Magnitski que Perepi-litchni aurait
dcid de changer decamp et de contacter M. Browder, lui fournissant
des documents surces comptes bancaires ouverts, notamment au Credit
Suisse.
Enqute sommaire
Les magistrats franais semblentdonc prendre trs au srieux les
rvlations parues il y a quelques semaines dans la presse
britanni-que. Le 19 mai, le Times indiquait que du gelsemium, une
plante
originaire de Chine et dont lab-sorption peut tre mortelle,
avait t retrouve dans lestomac dAlexandre Perepilitchni.
Juste aprs sa mort, et malgr lesavertissements de Bill
Browdersur le caractre pour le moins par-ticulier du dfunt, lenqute
bri-tannique avait t sommaire,concluant une mort naturelle. Cest
finalement linitiative de lacompagnie dassurances de M.
Perepilitchni qui cherchait un moyen de ne pas verser la
prime dassurance dcs sous-crite par le banquier russe quune
expertise plus pousse a t mene cette anne. Elle a r-vl la prsence
du gelsemium.
Ingre petites doses, la planteest un antistress utilis en
ho-mopathie ; hautes doses, elle devient un poison qui peut
pro-voquer la mort dans un dlai al-lant de quelques heures
quaran-te-huit heures. Lhypothse la plus probable sans carter tout
fait la piste britannique est doncque lempoisonnement de M.
Pe-repilitchni remonte au court s-jour parisien quil a effectu
juste avant de rentrer chez lui dans le Surrey, prs de Londres.
Pour les avocats franais deM. Browder, Mes Temime, Akorriet
Minkowski, le timing des vnements laisse en tout caspeu de place au
doute quant au fait que la mort dAlexandre Pere-pilitchni est bien
lie laffaire Magnitski : lancien banquier
sapprtait tmoigner une nou-velle fois devant les
enquteurssuisses ; il avait par ailleurs cessses activits et ne se
consacrait plus quau dossier Magnitski.
Les interrogations se portentdsormais sur les personnes quil a
pu rencontrer notamment lHtel Bristol, rue du Faubourg-Saint-Honor
Paris, o il tait enregistr pour trois nuits lors de ce sjour
parisien. Les magistrats du ple financier, qui enqutentdepuis dbut
2014 sur un systmeprsum de blanchiment en France des fonds dtourns
en Russie, se sont dailleurs rendus dans le palace pour effectuer
des vrifications. Comme le rvlaitfin juin lAFP, ce volet
blanchi-ment de laffaire Magnitski avance. Une intermdiaire
fran-co-russe installe Saint-Tropez vient dtre mise en examen etdes
comptes bancaires Monaco et au Luxembourg ont t gels. p
benot vitkine et simon piel
Nguyen Phu Trong, secrtaire gnral du Parti communiste
vietnamien, reu la Maison Blanche par Barack Obama, le 7 juillet.
EVAN VUCCI/AP
En une quinzaine
dannes,
le commerce
entre les deux
pays est pass
de 850 millions
35 milliards
de dollars
Les Etats-Unis et le Vietnam se rapprochent face PkinLe chef du
Parti communiste vietnamien a t reu pour la premire fois la Maison
Blanche
LES DATES
29 AVRIL 1975Les Etats-Unis ferment lambas-sade de Sagon et
vacuent son personnel.
1995Reprise des relations diplomati-ques entre les Etats-Unis et
le Vietnam.
NOVEMBRE 2000Visite du prsident Clinton Ha-no, la premire visite
dun prsi-dent amricain depuis la guerre.
JUIN 2005Visite du premier ministre, Phan Van Khai, aux
Etats-Unis, le pre-mier voyage dun dirigeant viet-namien.
Exercice militaire dans le Pacifique
Les Etats-Unis et lAustralie, associs pour la premire fois au
Ja-pon, mnent, depuis dimanche 5 juillet, de vastes exercices
mili-taires aux portes du Pacifique, sur fond de tensions avec la
Chine.Deux semaines durant, 30 000 militaires participent ces
manuvres ariennes, maritimes et terrestres dans les Etats
aus-traliens du Territoire du Nord et du Queensland. Une
quarantaine de militaires japonais et 500 No-Zlandais ont galement
t mobiliss pour lopration Talisman Sabre , organise tous les deux
ans. Pour John Lee, professeur luniversit de Sydney, le message est
clair : LAmrique et ses principaux allis cooprent trs troitement,
en grande partie pour contrer la Chine.
M. Perepilitchni
aidait le patron
du fonds
Hermitage
retrouver la trace
de largent dont
il a t escroqu
-
0123JEUDI 9 JUILLET 2015 international | 7
A Quito, le pape sermonne les dirigeants politiquesLe souverain
pontife a condamn toute forme de rpression et la restriction des
liberts
quito - envoye spciale
Il est arriv la secondegrande messe publique dupape Franois en
Equateurcomme une runion lec-
torale. Bras levs, saluant les uns et les autres, puis incitant
ses voi-sins du carr VIP ondoyer au rythme de la musique dont les
pa-roles martelaient le nom du pays quil prside, pendant que le
pape sillonnait lassistance dans sa pa-pamobile : le prsident
quato-rien, Rafael Correa, tait dter-min tre lautre vedette de la
clbration qui a rassembl au moins un million de personnes, selon
les autorits, Quito, mardi 7 juillet.
Depuis larrive du pape Fran-ois, le chef de lEtat est
omnipr-sent, laccueillant laroport, le recevant au palais
prsidentiel,apparaissant son ct au balcon devant une foule dense,
saffi-chant sans cesse la tlvision. Lagrande ferveur qui entoure la
vi-site de Jorge Bergoglio est lvi-dence, pour lui, plus quun
rpit,aprs des semaines de contesta-tion de sa politique par la
rue.
Conseils de gouvernance
Sa prsence na pas dissuad lepape argentin, qui lapprcie,
deprodiguer, mardi, au deuximejour de sa tourne dune semaine en
Equateur, en Bolivie et au Para-guay, des conseils de gouver-nance
aux dirigeants politiquesde lAmrique latine, en mme temps quil
appelait le sous-conti-nent retrouver un lan la foismissionnaire et
unitaire.
Dans lancien aroport de la ca-pitale devenu parc du
Bicente-naire ainsi nomm par rf-rence la formation du premier
embryon de gouvernement auto-nome Quito en 1809, dbut du processus
des indpendances en Amrique du Sud , la situation politique du pays
tait dans les-prit de nombreux participants. Cest important quil
vienne. Nous attendons de lui des paroles dunion car, en ce moment,
le pays est divis , tmoignaient Nicolas
et Margarita, deux jeunes Qui-teos de 20 ans que ces divisions
tracassent.
La tche de lunit tait juste-ment au centre de lhomlie de
Franois, revtu pour la circons-tance de la chasuble blanche tis-se
de motifs noirs, dinspiration indigne, que revtent les prtres
quatoriens pour la liturgie. Lhistoire nous relate que [ce cri de
libert lanc il y a un peu plus de deux cents ans] a t indiscuta-ble
seulement quand il a laiss de ct les individualismes, la volontde
leaderships uniques, le manque de comprhension dautres proces-sus
de libration , a affirm le
propositions plus proches des dic-tatures, des idologies ou des
sectarismes.
Un peu plus tard, il a dvelopp,devant des reprsentants de la
so-cit civile, les principes qui doi-vent, selon lui, rgir une
commu-naut politique. Prenant comme modle les relations familiales,
il a affirm que notre socit ga-gne quand chaque personne, cha-que
groupe social, se sent vrai-ment la maison .
Cependant, a-t-il observ, nosrelations sociales, ou bien le jeu
po-litique, souvent se fondent sur la confrontation, sur le rejet.
Ma posi-tion, mon ide, mon projet se con-
solident si je suis capable de vain-cre lautre, de mimposer. Au
mo-ment o plusieurs projets de r-forme du gouvernement quatorien
sont vivement criti-qus, il a appel les normes et leslois
rechercher linclusion, ouvrir des espaces de dialogue, de rencontre
et ainsi abandonner comme un douloureux souvenir toute forme de
rpression, le con-trle dmesur et la restriction des liberts .
Auparavant, devant des repr-sentants du monde de lduca-tion,
lUniversit catholiquepontificale dEquateur, locca-sion dun discours
ax sur la d-
fense de lenvironnement, il a ap-pel les ducateurs dvelopper
chez les tudiants, eux aussi agi-ts par une rforme de
lenseigne-ment suprieur, un esprit criti-que, un esprit libre pour
leur per-mettre de participer un dbat en vue dun monde plus humain
.
Aux jeunes, il a demand de nepas considrer un diplme
uni-versitaire comme un statut su-prieur, synonyme de plus
dar-gent, de prestige social et une formation universitaire
seule-ment comme un droit , maisaussi comme un privilge . p
ccile chambraud
A lUniversit catholique de Quito, mardi 7 juillet. ALESSANDRO
BIANCHI /REUTERS
Srieux obstacles la conclusiondun accord sur le nuclaire
iranienLes pays du groupe 5 + 1 et lIran continuent de buter sur
des points cruciaux, tandis que Thran exige labrogation de lembargo
sur les armes, qui le vise
vienne - envoy spcial
U ne fois de plus, les tor-tueuses ngociationssur le nuclaire
iranienviennent dtre prolonges dequelques jours. Elles
pourraientdurer encore toute la semaine, jusquau 10 juillet, a
indiqu Ma-rie Harf, la porte-parole du d-partement dEtat
amricain,mardi 7 juillet, Vienne. Cest la deuxime fois que lchance
fi-nale est repousse depuis le 30 juin, la date butoir
initiale-ment envisage.
De prolongation en prolonga-tion, ces pourparlers ne cessent de
sterniser depuis vingt mois lorsque lIran et les pays du P5 +1
(Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allema-gne) sont
parvenus un accordintrimaire Genve, en novem-bre 2013, ouvrant la
voie des n-gociations qui ne devaient tho-riquement durer quun
an.
Lobjectif de ces discussions,amorces en 2003 par les Euro-pens,
est de parvenir un strict encadrement du programme nu-claire
iranien, en change duneleve progressive et rversible
des sanctions internationales,imposes contre la Rpublique
islamique depuis 2006 par six r-solutions du Conseil de scuritde
lONU.
Trois points de blocage
Cette nouvelle extension destractations est clairement le si-gne
que les derniers arbitragessont de plus en plus difficilesmalgr la
multiplication des ru-nions entre les chefs de la diplo-matie des
Six avec les Iraniens,qui ont persist jusquaux pre-mires heures de
mardi, avant dereprendre dans la matine.
Sous un soleil de plomb, Lau-rent Fabius, le ministre franais
des affaires trangres, a fait unebrve dclaration, mardi, avantde
quitter Vienne, dans laquelle ilna pas dissimul ses rserves. La
ngociation sur le nuclaireiranien, comme prvu, nest pas facile, il
y a des priodes de ten-sion , a-t-il soulign, avant dnumrer les
mmes troispoints de blocage quil avait vo-qus il y a une semaine :
la limi-tation du programme nuclaireiranien, la recherche sur
desmodles de centrifugeuses, qui
permettent denrichir luranium,une matire ncessaire la
fabri-cation dune bombe atomique,ainsi que les sanctions et leur
r-tablissement en cas de viola-tion de laccord par lIran et aussila
possible dimension mili-taire , qui concerne les soup-ons sur les
activits passes delIran.
M. Fabius a indiqu quil seraitde retour, mercredi soir, dans
lacapitale autrichienne, mais plus le temps passe, plus la
lassitudeest perceptible chez les diploma-tes. Cest bien bloqu,
constate une source proche des ngocia-tions. Personne ne peut dire
si on va y arriver ou pas. Je vois mal cela
durer encore trs longtemps car ilny a aucune raison de penser
queles choses seraient plus faciles lasemaine prochaine ou au-del
,insiste cette source.
De son ct, Sergue Lavrov, leministre russe des affaires
tran-gres, qui sest peu exprim jus-qu prsent, a affirm, mardi,quil
restait huit ou neuf ques-tions toujours en suspens, enprcisant que
la leve de lem-bargo sur les armes frappantlIran demeurait un
problme majeur dans la ngociation.
Thran rclame labrogationde cet embargo, adopt par le Conseil de
scurit des Nationsunies en 2010, arguant que ces mesures
restrictives nont rien voir avec le dossier nuclaire.
Mais les Occidentaux y sont fer-mement opposs. Ils estimentque
cela enverrait un signal d-sastreux Isral et aux pays ara-bes
sunnites du Proche-Orient,dj vent debout contre les me-nes de lIran
chiite dans la r-gion, et trs inquiets dun accordsur le nuclaire
dont ils redou-tent quil ne fasse que renforcerlinfluence de Thran.
p
yves-michel riols
Cest la deuxime
fois que
lchance finale
est repousse
depuis le 30 juin,
la date butoir
initialement
envisage
40 000postes supprims dans larme amricaine
Dici 2017, larme amricaine prvoit de supprimer 40 000 postes de
militaires. Le personnel en activit de lUS Army va ainsi passer de
490 000 450 000 personnes, soit son plus bas niveau depuis son
enga-gement dans la seconde guerre mondiale aprs lattaque de Pearl
Har-bor en dcembre 1941. Ces mesures font partie dun plan dconomie
de 1 000 milliards de dollars des dpenses de dfense sur une priode
de dix ans. (AFP.)
CHINEProjet de loi sur le contrle des donnesLe Parlement chinois
a mis au point un projet de loi sur la cyberscurit, qui renforce le
contrle du pouvoir central sur les donnes. En discus-sion depuis
des mois, le texte vise officiellement renforcer la protection de
la vie prive des internautes contre le pira-tage informatique et
les re-vendeurs de donnes, mais il largit galement les pouvoirsde
lEtat pour accder aux donnes prives et bloquer la diffusion
dinformations ju-ges illgales. Si le projet de loi est adopt, la
collecte de donnes ltranger pour les besoins des entreprises devra
tre approuve par le gouver-nement. Selon le Parlement, les agences
gouvernementa-les dfiniront un code de con-duite sur la cyberscurit
des secteurs sensibles comme les tlcoms, lnergie, le trans-port, la
finance, la dfense na-
tionale et ladministration. Le projet doit tre dbattu jus-quau 5
aot. (Reuters.)
MALIUn cadre dAQMI tu KidalAli Ag Wadossene, lun des principaux
responsables op-rationnels dAl-Qaida au Ma-ghreb islamique (AQMI),
a t tu, dimanche 5 juillet, par les forces spciales franaises, prs
de Kidal, dans le nord du Mali, a annonc, mardi 7, ltat-major des
armes. Ali Ag Wadossene, souponn dtre lun des instigateurs de
lenlvement de Serge Lazare-vic, en 2011, avait t relch en dcembre
avec plusieurs autres djihadistes par les autorits maliennes en
change de la libration de lotage franais. Lopration mene dimanche
porte nouveau un coup dur aux groupes arms terroristes au Sahel ,
estime larme fran-aise. (Reuters.)
souverain pontife. Il est impen-sable que brille lunit si la
monda-nit spirituelle fait que nous som-mes en guerre entre nous,
dans une recherche strile de pouvoir, deprestige, de plaisir ou de
scuritconomique, et cela aux dpens des plus pauvres, des exclus,
des sans dfense, qui ne perdent ja-mais leur dignit bien quils
soient maltraits tous les jours , a-t-il lanc, provoquant les
applaudis-sements des fidles.
Mais unit ne veut pas dire uniformit , a-t-il insist : Limmense
richesse de ce qui est vari, de ce qui est multiple ()nous loigne
de la tentation de
LE CONTEXTE
Trois pays sont au programme du voyage du pape Franois en
Amrique latine.
QUATEURLe pape a commenc sa tourne sud-amricaine Quito,
diman-che 5 juillet. Le prsident qua-torien Rafael Correa (gauche)
est au pouvoir depuis 2007.
BOLIVIELa deuxime tape du voyage dbute mercredi, La Paz, o il
est reu par le prsident Evo Morales (gauche), au pou-voir depuis
2006.
PARAGUAYLe pape est attendu Asuncion, vendredi, o il
sentretiendra avec le prsident Horacio Cartes, du vieux Parti
Colorado (conser-vateur), lu en 2013.
-
8 | plante JEUDI 9 JUILLET 20150123
Fivre Ebola : les graves manquements de lOMSDes experts
proposent la cration dun centre de prparation et de riposte aux
situations durgence
Lpidmie dEbola, quisvit en Afrique delOuest depuis prs deseize
mois, la plus lon-
gue et la plus meurtrire depuis ladcouverte du virus en 1976, a
r-vl les failles du systme de santmondiale. Dans un rapport
publimardi 7 juillet, un comit dex-perts indpendants dresse un
r-quisitoire svre de la riposte lpidmie, ciblant non seule-ment
lOrganisation mondiale de la sant (OMS), mais aussi la r-ponse
internationale des Etats.
Ce bilan, assorti de nombreusespropositions de rformes, men sous
la prsidence de Barbara Stocking, ex-directrice gnrale dOxfam
Grande-Bretagne et pr-sidente du Murray Edwards Col-lege de
luniversit de Cambridge, intervient alors que lpidmie de fivre
Ebola est loin dtre termi-ne. Pire, la bonne nouvelle que
constituait lannonce par lOMS, le 9 mai, de la fin de lpidmie au
Liberia, nest plus dactualit.
Le pays est de nouveauconfront au virus. Dans le comt de
Margibi, lest de la capitale Monrovia, deux nouvelles per-sonnes
ont t testes positives, le1er juillet, parmi les relations dun
adolescent de 17 ans tomb ma-lade le 21 juin et dcd le 28 juin.
Depuis le retour dEbola, les auto-rits ont ractiv le systme de
sur-
veillance dans les quinze comts dupays, et 133 contacts
identifis sont suivis quotidiennement , expli-que le docteur Alex
Gasasira, res-ponsable de lOMS pour le Liberia.
Pour le moment, aucune expli-cation sur lorigine de la
contami-nation na t fournie. Mais le re-tour dEbola dans ce pays
qui apay le plus lourd tribut la mala-die, 4 806 morts pour 10 666
cas, nest pas tonnant. Avec les pays voisins o le virus est
toujours ac-tif, on pouvait difficilement exclurequil y ait nouveau
des cas , t-moigne Nicoletta Bellio, charge de mission pour Mdecins
sans frontires (MSF) au Liberia.
A louest de ce petit pays, le viruscontinue en effet de se
propager. Selon lOMS, plus de vingt casnouveaux apparaissent chaque
semaine, depuis la fin du mois de mai, en Sierra Leone et en
Guine.Depuis le dbut de lpidmie, enmars 2014, la maladie a tu 11
235 personnes, sur plus de 27 500 cas.
Autant dire que la mobilisationinternationale ne sest pas
tra-duite par la fin dEbola. Cest cequessaye danalyser le
rapportdes experts, sollicit par le direc-teur gnral de lOMS, le
docteur Margaret Chan, pour valuertous les aspects de laction mene
depuis le dbut de la flambe de maladie virus Ebola .
Failles et lacunes
Failles organisationnelles dans le fonctionnement de lOMS ,
la-cunes dans le Rglement sanitaireinternational [datant de 2005,
ilorganise la scurit sanitairemondiale] , comportement nui-sible de
certains Etats le bilan tir par les six experts indpen-dants est
svre.
Premire cible, lOMS, incapabledapporter une rponse dur-gence.
Les rapporteurs rappellent le retard avec lequel lagence des
Nations unies a dclar lpid-mie comme une urgence de sant publique
de porte interna-tionale . La dclaration avait tfaite dbut aot
2014, alors que MSF, en premire ligne depuis le dbut de lpidmie,
alertait lacommunaut internationale de-puis plusieurs semaines.
Selon les experts, ce retard important et injustifiable a rsult,
notamment, de la crainte de heurter les gouverne-ments . LOMS a une
culture normative, peu accoutume grer des actions durgence dune
telle ampleur et dune telle dure, dans plusieurs pays et
simulta-nment ; elle nest pas non plus adapte lorsquil sagit
dinterpel-ler ses Etats membres.
Retard, mauvaise qualit despartenariats avec les autres par-ties
prenantes , formation insuf-fisante de personnels peu habi-tus aux
situations durgence, mauvaise communication, le ta-bleau est
sombre. Cest en ma-tire de coordination de crise et de leadership
que les comptences pchent le plus, et il faut comblerces lacunes ,
expliquent les rap-porteurs, qui prnent un change-ment de culture
et de procdures de lorganisation.
Les experts proposent la cra-tion dun centre OMS pour la
prparation et la riposte aux si-tuations durgence , qui
fusion-nerait deux domaines de travail,
aujourdhui distincts : la lutte contre les flambes pidmiques et
laction humanitaire. Ce centre,dot dun conseil indpendant, serait
sous la responsabilit di-recte du directeur gnral de lOMS, et le
chef du centre dispo-serait dune pleine autoritoprationnelle .
Les experts proposent aussiquen cas de crise majeure un
re-prsentant spcial soit nomm par le secrtaire gnral des Na-tions
unies. Au-del, ils estiment que cest lOMS quil incombe toujours de
diriger la politique sa-nitaire internationale. LOMS doit rtablir
sa prminence en tantque protecteur de la sant mon-diale, proclame
le rapport, mais cetobjectif exige des changements significatifs.
Il ncessite aussi desmoyens plus importants.
Violation du rglement
Deuxime cible : les Etats. Les experts mettent laccent sur les
nombreuses erreurs commises par la communaut internatio-nale,
notamment les baisses de subventions lagence, qui a vuson pouvoir
dachat reculer dun tiers depuis 2000 . Les Etats
membres doivent, loccasion de lAssemble mondiale de la santde
2016, envisager de passer de lapolitique de croissance zro une
hausse de 5 % des contributions fixes . Les experts demandent aussi
aux pays de contribuer fi-nancer le fonds de rserve pour la riposte
aux pidmies, annonc 100 millions de dollars (90 mil-lions
deuros).
Beaucoup de gouvernementsnont pas respect le Rglementsanitaire
international. En viola-tion du Rglement, prs dun quartdes Etats
membres ont institu desinterdictions de voyage et dautres mesures
non prconises par lOMS , soulignent les rappor-teurs, qui proposent
denvisager des procdures de sanction de-vant le Conseil de scurit
desNations unies.
LOMS a accueilli favorablementles propositions des experts. De
nombreuses recommandationsfont cho ce que nous avions djexpertis et
mis en chantier, et nous allons les tudier prcis-ment , assure
Richard Brennan,charg de la rponse Ebola lOr-ganisation mondiale de
la sant. p
rmi barroux
Pesticides : enqute prliminaire pour homicide involontaireUn
viticulteur du Bordelais, mort dun cancer, avait utilis pendant des
annes dans ses vignes des produits base darsnite de sodium
P our la premire fois enFrance, une enqute prli-minaire a t
ouverte par leple sant publique du TGI de Pa-ris pour homicide
involontaire aprs la plainte contre X dpose par la famille dun
vigneron bor-delais dcd dun cancer, provo-qu par lutilisation de
pesticides.
Linformation a t rendue pu-blique mardi 7 juillet, dans un
communiqu commun par Phyto-Victimes et Gnrations futures, deux
associations qui soutiennent la dmarche de la fa-mille. Jusqualors,
en effet, les pro-cdures navaient port que sur la reconnaissance
dun lien entreusages de produits chimiques et maladies chez les
agriculteurs.
Cette plainte au pnal a t d-pose, rappellent les ONG, pourfaire
la lumire sur ce qui sestpass et dgager les responsabili-
ts des firmes qui ont commercia-lis des produits sans avoir
indiqules risques encourus . Il sagit aussi de comprendre la
complai-sance de lEtat, qui a continu homologuer ces produits alors
quon les savait dangereux.
Danger reconnu depuis 1955
Cest prcisment ce que nousattendions et esprions. Un classe-ment
sans suite aurait t intol-rable pour nous , insiste Valrie Murat,
fille du vigneron James-Bernard Murat, qui a dpos plainte le 27
avril avec lespoir de briser lomerta rgnant, selon elle, sur
limpact sanitaire despesticides utiliss dans la viticulture.
Atteint dun cancer du poumonen 2010, James-Bernard Murat a
succomb des suites de cette ma-ladie le 8 dcembre 2012, lge de
70 ans. En fvrier 2011, le caractreprofessionnel de sa maladie
lie lutilisation de larsnite de so-dium avait t reconnu par
lAssu-rance accidents des exploitantsagricoles (AAEXA). Selon sa
fille, leviticulteur de Pujols (Gironde) autilis pendant
quarante-deux ans, de 1958 2000, de larsnitede sodium pour traiter
ses vignes contre lesca, une maladie due des champignons parasites
qui at-taque le bois des ceps, sans jamaisavoir t alert sur la
toxicit de ceproduit pour sa sant.
Pourtant le danger du produitest reconnu depuis au moins1955,
date de cration du tableau des maladies professionnelles lies
larsenic et ses composs minraux. Mais lEtat a tard prendre les
mesures ncessaires. Il na interdit quen 1973 larsnite desodium dans
lagriculture, sauf
dans la viticulture. Ce nest quen novembre 2001 quil a enfin
dfini-tivement interdit et retir ce pro-duit base darsenic ,
souligneFranois Lafforgue, avocat de lafamille Murat. Quarante ans
aprs les rvlations sur la toxi-cit du pesticide. Le
Royaume-Unilavait, lui, banni ds 1961.
Franois Veillerette, porte-pa-role de Gnrations futures, es-pre
que lenqute ouverte par le parquet sera suivie dune instruc-tion
qui marquera le dbut de la fin de limpunit dans cette trag-die des
pesticides .
Echeveau des causalits
Il est difficile de faire aboutir ce genre daction car en matire
p-nale on exige des preuves certai-nes, analyse Laurent Neyret,
pro-fesseur de droit, spcialiste du droit de lenvironnement.
Maislouverture de cette enqute prli-minaire peut permettre de
dmlerlcheveau des causalits et des responsabilits ventuelles
entreles entreprises qui commerciali-sent ce produit et lEtat.
Dbut mai, le parquet de Paris aclass sans suite une
plaintecontre X de mise en danger
dautrui visant dnoncer la pol-lution de lair et ses
consquencessur la sant. Le procureur justifiaitalors le classement
sans suite par la multiplicit des sources de pol-lution : Cest
lactivit (circula-tion routire, chauffage au bois,certaines
activits industrielles ou agricoles) et non la carence all-gue des
pouvoirs publics qui se trouve directement lorigine de lapollution
atmosphrique et de sesconsquences ngatives en termes de sant ,
arguait-il alors.
Sagissant de la plainte contre Xpour homicide involontaire dpose
par la famille Murat, le produit comme la victime sontbien
identifis. Il y a manifes-tement des dysfonctionnementsdans cette
affaire qui appellent desexplications , insiste Me Laffor-gue.
p
laetitia van eeckhout
LEtat na interdit
quen 1973
larsnite
de sodium dans
lagriculture,
sauf dans
la viticulture
FRANOIS LAFFORGUE
avocat de la famille Murat
Dsinfection dans un centre de traitement dEbola, Monrovia, le 30
juin. ABBAS DULLEH/AP
Cest en matire
de coordination
de crise et de
leadership que
les comptences
pchent le plus ,
expliquent
les rapporteurs
LES CHIFFRES
11 235Le virus a tu 11 235 personnes sur 27 550 cas. Le bilan
slve, au 1er juillet, 4 806 morts(sur 10 666 cas) au Liberia, 3 931
morts (sur 13 119 cas)en Sierra Leone et 2 482 morts (sur 3 729
cas) en Guine.
16Cest le nombre de personnes tues par le virus hors de ces
trois pays dAfrique de lOuest, princi-palement au Nigeria et au
Mali.
1 548Cest le nombre de personnes tues par les diffrentespidmies
Ebola, entre 1976, lapparition du virus, et 2013.
91Cest, depuis un mois, le nombre de nouveaux cas enregistrs,en
Guine et en Sierra Leone.
LES DATES
201422 mars
Lpidmie dEbola est dclare en Guine (le premier dcs, le cas zro ,
remonterait au 6 dcembre 2013).31 mars
Le Liberia est touch par Ebola.26 mai
La prsence dEbola est confirme en Sierra Leone.8 aot
Lpidmie dEbola qui svit en Afrique de lOuest est une ur-gence de
sant publique de por-te mondiale , dclare lOMS.
201519 janvier
Fin officielle de lpidmie au Mali.9 mai
LOMS dclare la fin de lpid-mie au Liberia.28 juin
Dcs dun jeune homme conta-min par Ebola au Liberia.
-
FL$55G?D>#? 8 ">7"?"GK >D? 2"7"? G627"?2DD#>DG>"
8L-"? 08D8?5#2 " "D;
! LB"? 72"7? 68 ">7"? :5#2 "??">I2"? " :>"??"?G"??287?
2528D0%" -8HD
G D>I25 ?82-7# (
" ."" "" ""