8/18/2019 Le Martinisme Dévoilé... http://slidepdf.com/reader/full/le-martinisme-devoile 1/52 on SLU CO I </) cc O z Actualite de <U> &ogae Cruris; ROSE-CROIX ET MARTINISTES E MARTINISME es origines a nos jours ABBALE E? MARTINISME a voie du coeur RDRE ARTINISME RADITIONNEL ntretien vec le Souverain Grand Maitre m w BELGIQUE : 7,00 € / LUXEMBOURG : 7,00 € / DOM : 6,20 € / S UISS E: 11,00 CHF CANADA: 8,25 CAD / GRECE : 7,00 € / PORTUGAL CONT.: 7,00 €
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US Le processus d'individuation : selon Jung,ce processus est le fondement de la realisationdu Soi et correspond a une loi qui ceuvre dansI'univers, dans la nature et dans I'hommelui-meme. p. 37.
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Hs s
■ Introduction : comme toute societeinitiatique, le Martinisme puise ses originesdans des elements mythiques et historiques.En creant I'Ordre Martiniste vers 1889, Papuset Augustin Chaboseau firent renaitre de sescendres une tradition ancienne. p. 4.
■ L'Ordre des Chevaliers Masons Elus-Cohende TUnivers : c'est dans ce mouvement majeurde rilluminisme que le Martinisme trouve sesorigines. Appele plus simplement « Ordre desElus-Cohen », ce rite ma^onnique plongeait sesracines dans le judeo-christianisme. p. 5.
■ L'Ordre Martiniste a la Belle-Epoque (1889
a 1 91 8) : a la fin du XIXe siecle, deux etudiantsen medecine, Gerard Encausse et AugustinChaboseau, decouvrent qu'ils sont depositairesd'une initiation remontant aux disciples deLouis-Claude de Saint-Martin. p. 11.
■ Le Martinisme moderne et ses obediences(1920 a 201 0) : comme la Rose-Croix et la
Franc-Magonnerie, le Martinisme reste unetradition tres vivante. Elle est representee de
nos jours par deux mouvements majeurs:I'Ordre Martiniste Traditionnel et I'OrdreMartiniste. p. 15.
■ Louis-Claude de Saint-Martin (sa vie, son
ceuvre): le Martinisme se rattache a la vie et aI'oeuvre de celui qui fut connu egalement sousle pseudonyme de « Philosophe Inconnu »,considere comme I'un des plus grands espritsde son epoque. p. 21.
■ Le Martinisme : un esoterisme, unetheosophie, une gnose : esoterique en raison
de son origine traditionnelle, theosophiquede par la quete de sagesse qui le sous-tend,gnostique au regard de ses liens avec leChristianisme primitif, le Martinisme est une
voie de connaissance complete, p. 26.
■ Kabbale et Martinisme : tout comme la
Kabbale, le Martinisme est une voie cardiaque,une voie de realisation spirituelle menant a laconnaissance de soi et du monde divin. p. 29.
t■ Entretien avec Christian Bernard, Souverain
Grand Maitre de I'O.M.T., p. 32
S Le Temple de Salomon : dans ses aspectshistorique et symbolique, il est une referencecommune aux Martinistes et aux Francs-Magons. p. 35
S De la Genese au prologue de I'Evangilede Jean : la premiere page de la Genesepresente la vision sacerdotale de la Creation,et la premiere page de I'Evangile de Jeanse rapporte au mystere de leschouah, GrandArchitecte de I'Univers. p. 40
■ L'Ancien et Mystique Ordre dela Rose-Croix : presentation par SergeToussaint, Grand Maitre de I'O.M.T. et de
I'A.M.O.R.C. pour la juridiction francophone,p. 44.
Le Martinisme, tel que le suivent de nos jours les Martinistes, se rattache a la vie et a I'ceuvre de Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1903), connu egalement sous le pseudonyme de « Philosophe Inconnu ». Nous ne pouvons done faire Timpasse sur une biographie de
ce personnage hors du commun, considere comme I'un des plus grands esprits franca isdu X I /III*™ siecle.
« II y a trois vilies en France dont l'une
est mon paradis, et c'est Strasbourg... ».
C ’est en ces termes que Louis-Claude de
Saint-Martin parlera plus tard dans son «
Portrait » de cette ville de France oil il
vecut trois ans. On etait alors en pleine
periode revolutionnaire, et ce furent
pourtant trois annees d'un itineraire inte-
rieur oil une alchimie subtile s’opera en
lui. C'est la aussi qu'il tourna une page
de sa vie en decouvrant en leur langue
originelle les ecrits du mystique allemand
Jacob Boehme.
L e P h i l o s o p h e In c o n n u
Celui qu'on appela le « Philosophe In-
connu » est age de 45 ans quand il arrive
a Strasbourg, ce 6 juin 1788. A la veille
de la Revolution, cette vieille cite d'A l
sace est consideree comme la ville fran-
<^aise la plus tolerante et la plus
accucillante, oil se donnent rendez-vousles theosophes et les mystiques de tous
les pays d'Europe pour s’entretenir libre-
ment. Ce XVIII0 siecle est celui des Lu-
mieres. oil la montee de V esprit
scientifique, de I'intelligence philoso-
phique et du liberalisme religieux, illus-
tres par la renommee de Voltaire. Diderot
ou Rousseau, contraste avec une grande
credulite confinant au merveilleux et
bien sou vent au charlatan isme. Avant que
l'epoque de laTerreur ne vienne tout in-
terdire, on voit apparaitre dans la ville,
des mages, des dev ins. des thaumaturges
et des occultistes de toute sorte. Stras
bourg est aussi une grande capitale ma-^•onnique puisque, comme Lyon et
Bordeaux, elle est le siege d'un des trois
Directoires ecossais.
Quelques annees auparavant, Cagliostro a
sejourne a Strasbourg et opcre des gueri-
sons miraculeuses en excitant son art.
Cette ville est la capitale du Mesmerisme ;
depuis la plus haute societe jusqu'au petit
peuple. on y pratique le magnetisme
prcsquc a chaque coin de rue. Le grand
elan romantique du « Sturm und Drang »
a effleure cette cite de son souffle en la
personne de Goethe, qui, quelque vingt
ans aupaiavant, a sejourne a 1’Auberge de
I’Esprit avant de s’installer rue du vieux
Marche aux Poissons. II y avait pris un
vif interet pour l'alchimie et y avait goute
aux disciplines hermetiques sous les
voutes basses, ornees de salamandres, de
la pharmacie du Cerf. Est-ce aussi,
comme Goethe, la fleche de la cathe-
drale, cet « ange de gres rose ». qui attiraSaint-Martin, telle une aiguille aimantee
fixant la direction de son etoile ? C'est
en tout cas sous le signe de la Divine Pro
vidence qu'il place son voyage en Alsace,
comme il le dit dans son « Portrait » :
« Dieu nous livre quelquefois dans notre
demarche terrestre a nos simples mouve
ments vagues et indetermines, dans les- quels nous devons eprouver ou des
contra rietes ou des privations, el cela
a/in que nous axons I 'occasion d e.xercer
notre patience et notre courage qui pour-
Saint-Martin - dessin de Simonetta Saenger (O.M.T.)
Q u e l q u e s p e n s e e s d e s a i n t- m a r t i n
« L'homme est un etre charge de continuer Dieu la ou Dieu ne Se fait plus connaitre Lui-meme ». (Le Ministere de I'Homme-Esprit).« C'est pou r que I'homme porte sa tete dans les Cieux, qu'il ne trouve pas ici-bas de quoi reposer sa tete ». («Mon Livre Vert», n° 40).« La science est pour le tempore l; I'amour est pour le divin. On peut se passe r de la
science, mais non de I'amour, et c'es t par I'amour que tout finira, parce que c'est par I'amour que tout a commence et que tout existe ». («Mon Livre Vert», n° 415).« Les grandes choses ne s'enseignent que dans le silence. Nous ne pouvons nous lire que dans Dieu Lui-meme et nous comprendre que dans Sa propre splendeur... ». (« Ecce Homo »).« C'est un grand travail que de chercher a nous connaitre tels que nous som me s; mais ilfau t ensuite travailler a nous connaitre tels que nous devrions etre. Ces deux sciences sont liees e t doivent continuellement nous occuper. Une troisieme science vient apres ces deux, et est sans doute la plus difficile de toutes. C'est qu'apres avoir appris a connaitre ce que nous devrions etre, ilfa ut travailler sans relache a le de- venir ». («Mon Livre Vert», n° 993).« Crains les choses foc ile s: il est plus aise de converser que d'ecrire, plus aise d'ecrire que de prier, plus aise de prier que d'agir ». («Mon Livre Vert», n° 9).« Le secret de notre avancement consiste dans la priere, le secre t de la priere dans
la preparation, le secre t de la preparation dans une conduite pure, le secre t d'une
conduite pure dans la crainte de Dieu, le secret de la crainte de Dieu dans Son amour. Ainsi, I'amour est le principe et le foye r de tous les secre ts ». («Mon LivreVert», n° 178).
« Je ne pu is trop le repete r: Il fa ut craind re Dieu avec mesure, mais ilf aut I'aimer sans mesure ». («Mon Livre Vert», n° 431).
« Primitivement, la tete devait etre reglee par le coe ur; elle ne devait servir qu'a I'agrandir. Aujourd'hui, la tete de I'homme regne sur son cceur, tandis que c'est au coeur que le sceptre devait appartenir. C'est-a-dire que I'amour est superieur a la science, attendu que la science ne doit etre que le flambeau de I'amour, et que le flambeau est inferieur a celui qu'il eclaire ». («Mon Livre Vert», n° 58).« La seule initiation que je preche et que je cherche de toute I'ardeur de mon ame, est celle par ou nous pouvons entre r dans le coeur de Dieu, e tfa ire entre r le cceur de Dieu en nous, pour y faire un manage indissoluble qui nous rend I'ami, le frere et I'epouse de no tre divin Reparateur. II n'y a d'autre mystere pour arrive r a cette sainte initiation, que de nous enfoncer de plus en plus jusque dans les profondeurs
de notre etre, et de ne pas lacher prise, que nous ne soyons parvenus a en sortir, la vivifiante racine ; par ce qu'alors tous les fruits que nous devons porter, selon notre espece, s e produiront noturellement en nous et hors de nous ». (Correspondante au
baron de Kirchberger).« Purifie-toi, demande, regois, agis : toute I'oeuvre est dans ces quatre temps ».(«Mon Livre Rouge»).
Louis-Claude de Saint-Martin
qui se disait agent de la Puissance invisi
ble. Le Philosophe Inconnu revicnt de
cette rencontre profondement de 'u et plcin
de disillusions. Mais laissons-le parler: «
Une voie purlieu Here s 'esl ouverte a Lyon
en 1785. J 'y jus appele pour partager la
recolte. Au milieu des nombreuses ri-
chesses qu 'elle offrait, elle renfermail
aussi de la fausse monnaie, et I’on a fin i
par s'en degouter. On y avait abuse du Nombre et de la Doctrine a moi connue
anterieurement sur les animau.x. On y
avait surtout abuse du gout de Willermoz
pour la Maqonnerie, et on I ’avait mis par-
tout. Je vins a cette initiation avec le desir
le plus pur et fame la mieux disposee.
Mais comme je ne trouvais dans aucun
genre d'aliment ce qu'il me fa llait, je me
trouvais a la fin plus arriere qu'au com
mencement ».
U n HOMME DE DESIR
Suite a cette rencontre particuliercment
decevante, Saint-Martin douta de la
theurgie et fut convaincu qu'elle n’avait
pas sa place dans V ceuvre de la Reinte
gration. Et c'est cet homme de^u qui ar
rive en 1788 a Strasbourg, accompagne
de «• L'Homme de Desir », livre qu'il
commenqa a Londres et qu' il finira dans
la cite alsacienne : « Dieu est un eternel
Desir et une eternelle Volonte d'etre ma-
nifeste, pour que son existence se pro
page et s'etende a tout ce qui est
susceptible de la recevoir et de la sentir.
L'homme doit done aussi vivre de ce
Desir et de cette Volonte, et il est charge
d'entretenir en lui ces affections sublimes;
car dans Dieu, le Desir vient rarement jusqu 'a ce terme complet, sans lequel
rien ne s ’op ere. Et c'est par ce pouvoir
donne a I'homme d'amener son Desir
jusqu 'au caractere de Volonte qu 'il
devrait etre reellement une image de
Dieu ».
Les premieres impressions de Louis-
Claude de Saint-Martin sur Strasbourg ne
•**o
semblent pas avoir etc ties favorables. La
ville, ou deux langues et deux cultures se
cotoient (fran^aise et allemande). ne lui
inspire pas grand interet, pas plus que ne
le seduit, derriere les belles facades deshotels particuliers, la societe qu'il fre-
quente. II laissera dans son * Portrait » la
note suivante : « J'a i vu des homines qui
n'etaient mat avec personne, mais dont
on ne pouvait pas dire non plus qu 'ils y
etaient bien ; car ils n 'avaient point assez
de mesures developpees pour etre saisis
de ce qui est vrai et vif ni pour etre cho-
ques de ce qui est mil et faux. C'est a
Strasbourg oil j'a i fait cette observation,
et ici je dois me rappeler au mains les
noms de plusieurs personnes qui m 'yont
interesse ». Et Saint-Martin d'enumerer
de nombreuses families et personnages
de Strasbourg, comme s'il voulait s’en
graver le souvenir. Mais cette note, ties
curieusement. se termine d’une tout autre
maniere puisqu'on peut y lire : « Je cor-
rige I effet de ma premiere appreciation.
Je dois dire que cette ville de Strasbourg
est une de celles a qui mon cceur tient le
plus sur Terre ».
Qu'arriva-t-il done a Saint-Martin durantces trois annees ? Quels charmes se de-
voilerent a son ame pour que Strasbourg
vienne occuper en son cceur la premiere
des places ? La lettre qu'ecrit un siecle
plus tard Matter, un de ses biographes, au
directeur de la « Revue d'Alsace », nous
donne quelques eclaircissements : « Un
des homines les plus disting lies de la fin
du siecle dernier et qui se qua lifiait de
“Philosophe Inconnu " dans ses premiers
ecrits /.../, Monsieur de Saint-Martin, est
alle passer a Strasbourg, vers 1790, les
annees les plus decisives de sa vie. Ap-
pliquant ses belles facidtes et ses nobles
tendances a I'etude des sciences mys
tiques, mais peu satisfait des pratiques et
des pretentions de quelques associations
secretes auxquelles il etait affilie, /.../ il
Jacob Boeh me, Portrait de von Gottlob Glymann ohne
manite ». il developpe une cosmogonicties proche du Martinisme. Maitrisant
parfaitement la langue allemande,
comme tous les natifs des bords du Rhin,
il correspond regulierement avec les mys
tiques de 1’AlIemagne et de la Suisse al
lemande. Ses lectures et ses etudes font
totalement familiarise avec les textes de
Law, Swedenborg et Boehme, qu’il fera
connaitre a Saint-Martin.
Les sympathies entre Saint-Martin et
Salzmann sont grandes en un premier
temps, mais des divergences sur des
questions essentielles. soil de theorie soil
de pratique, les eloignent, et leur amitie
s'etiolc. Au moment de leur separation,
c'est a Madame Salzmann, femme de
grand caractere et pleine d’admiration
pour la seduisante humilite du Philo-
sophe Inconnu, qu'il legucra son amitie.
La gente feminine a toujours joue un
grand role dans sa vie. II aimait la com-
pagnie des femmes animees par de hautes
aspirations mystiques ou religieuses,mais il se defiait beaucoup de celles qui
avaient trop d'inclinalions pour les “ora
cles somnambules”, comme on disait a
1‘epoque. C'est d ’ailleurs pour Tune
d’entre elles, Madame de Bourbon, qu'il
commen^a a Strasbourg son ouvrage
« Ecce Homo ». 1'engageant a se tourner
vers un mysticisme epure des pratiques
theurgiques. Mais la place qu’occupe
Charlotte de Boecklin est tout a fait a
part : « J 'a i par le monde une amie
comme il n ’y en a point. Je ne connais
qu ’elle avec qui mon dme puisse s 'epan-
cher tout a son aise et s ’entretenir sur les
grands objets qui m ’occupent, parce que je ne connais qu elle qui se soit placee a
la mesure ou je desire que I 'on soit pour
in'etre utile... ». Comme il le confia lui-
meme, 1’affection profonde qui le lia a
cette femme fut purement platonique :
« II v a deux etres dans le monde en pre
sence desquels Dieu m 'a aime. Aussi,
quoique I'un de ces deux etres fut une
femme (ma B.), j'a i pu les aimer tous
deux aussi purement que j'aim e Dieu, et
par consequent les aimer en presence de
Dieu ; et il n y a que de cette maniere-la
dont Von doive s'aimer, si Von veut que
les amities soient durables ». C ’est a elle
qu'il rapporte le plus fecond evenement de
sa vie : laconnaissance du philosophe al
lemand Jacob Boehme, son « second
Maitre ».
Presque deux siecles separaient Saint-
Martin et Boehme, mais celui-ci fut par
dela le temps le deuxieme instructeur du
Philosophe Inconnu. Ce dernier dira
d’ailleurs : « C'est a Martines de Pas
qually que je dois mon entree dans les ve-
rites superieures ; c 'est a Jacob Boehme
que je dois les pas les plus importants
que j ’ai fairs dans ces verites ». Saint-
Martin apprend l’allemand et, jusqu’a la
fin de sa vie, se fera une tache quoti-
dienne de traduire les ecrits de « son che-
rissime B. ». Jacob Boehme, ne pres de
Goerlitz, en Silesie, fut I'un des plus
grands representants du courant mystique
et theosophique qui parcourt I'Alle-
magne du XVICau XV IIc siecle. Chretien
erudit dans 1'etude de la Bible, il presenta
une gnose originale, complexe et souvent
obscure, qui se manifesta a lui sous
forme d'une revelation. Sa doctrine est
construite autour de la notion medievale
de la Deite, \'« Ungrund », la Source
mcme de I’ etre divin ; c’est I'Absolu des
absolus qui est en dega et au-dela de la
Creation, et dans lequel Dieu personnifien'ex isle pas. La Deite precede done la
Trinite divine. En elle reside depuis tou
jours un desir eternel et infini d'autore-
velation : la Volonte. Dans son processus
L 'h o m m e d e d £s ir , s e l o n Lo u i s -C l a u d e d e S a i n t - M a r t i n
Dans sa condition actuelle, l'homme es t en etat d'exil. Rien ici-bas ne parvient ale satisfaire pleinement. Certes, le monde materiel lui apporte des satisfactions, des
plaisirs et des joies. Mais au plus pr ofond de lui-meme, il sait que le bonheurauquel il aspire n'est pas de ce monde et se situe ailleurs. Plus ou moins consciem-ment, il ressent egalement la nostalgie de I'etat glorieux qui etait le sien a I'origine,d'ou une certaine melancolie. Au regard du Martinisme, quiconque aspire a com-prendre cette melancolie et a retrouver sa purete primitive est un « Homme deDesir ». Son desir, c'est le desir de Dieu. Sairt-Martin disait a ce su j& : « II n'ya rien
d'aussi courant que I'envie et d'aussi rare que le desir ».Devenir un Homme de Desir, c'est vouloir reconstruire son Temple interieu r etreintegrer sa divine condition. Le Martiniste s'appuie sur deux piliers pour y par-
venir: I'initiation et I'enseignement. La premiere marque le debut de son chemi-nement sur la «v oie cardiaque», car c'est le momen t ou il r egoit le g erme deLumiere qui constitue le fondement de sa regeneration interieure. C'est aussi I'ins-tant privilegie ou il rencontre son Initiateur et ou il est admis dans la filiation martiniste, faisant de lui un maillon d'une chame initiatique remontant a Louis-Claudede Saint-Martin. Precisons que cette initiation doit etre conferee dans un Templemartiniste pour etre dument reconnue et faire du recipiendaire un veritable Initie.Si elle est un preliminaire indispensable, I'initiation martiniste n'est que la representation terrestre d'une initiation transcendantale, celle que Saint-Martin appellel'«initiation centrale» et qu'il definit ainsi: « Cette initiation, est celle par laquelle
nous pouvons entrer dans le cceur de Dieu, et faire e ntrer le coeur de Dieu en nous, pour y fair e un mar iage indissoluble... II n'y a d'autre mystere p our arriver a cette sainte initiation, que de nous enfoncer de plus en plus jusque dans les profondeurs de notre etre, et de ne pas lacher prise, que nous ne soyons parvenus a en sortir, la vivifiante rac ine; par ce qu'alors tous les fruits que nous devons porter, selon notre espece, se pr oduiront naturellement en nous et hors de nous ».Selon le Philosophe Inconnu, le travail de I'Homme de Desir provoque une transformation interieure, un «engrossement spirituel» qui porte la promesse d'une renaissance interieure. Grace a ce travail, le « Vieil Homme » cede progressivementla place a un « Nouv el Homme ». Ce Nouve l Homme, une f ois ne, passe ensuitepar tous les stades de revolution, jusqu'a atteindre sa complete maturite. Devenu« Homme-Esprit », il pourra accomplir son « Ministere » et devenir I'intermediaireactif entre la nature et Dieu. Alors, « la communication sera retablie entre le haut et le bas, et la Terre pourra trouver le sabbat ».D'un poin t de vue martinis te, ce n' est qu' apres s' etre r egenere que I'Hommeparticipera a la reintegration du Tout dans I'Un et redeviendra le Temple de Dieu : «Hommes de paix, hommes de d isir, telle est la splendeur du Temple dans lequel vous aurez droit un jou r de prendre place. Un tel privilege doit d'autant moins vous eton- ner qu'ici bas vous pouvez commencer a I'elever, que vous pouvez meme I'orner a
tous les instants de votre existence... Souvenez-vous que, selon I'enseignement des sages, les choses qui sont en haut sont semblables a celles qui sont en ba s; et conce-vez que vous pouvez concourir vous-meme a cette ressemblance, en faisan t en sorte que les choses qui sont en bas soient comme celles qui sont en haut ».
de perseverance ». I I se sent comme unenfant adopte par la divine Sophia, qui
l’introduit dans le « Grand Mystere »,
celui de la naissance de Dieu dans
I*homme et de 1'homme en Dieu. Selon
lui, le monde visible symbolise le monde
interieur, et la Sagesse siege dans le cceur
de 1*homme. C'est la qu'elle se tient. at
tendant avec patience d'etre decouverte,
entendue et aimee. Si 1'homme penetre
dans les secrets de son cceur, les Mysteres
divins lui sont reveles. Cette theoso-
phie de Boehme prefigure la « voie car-
diaque » du Martinisme el va modifier
profondement la philosophic de Saint-
Martin, qui s'oriente deliberement vers lavoie interne, renoncant a son passe par un
acte symbolique : il demissionne de la
Franc-Maconnerie, tout en restant fidele
a son initiation d'Elu-Cohen. Cette evo
lution interieure le protegea sans doute
aussi des evenements exterieurs, car la
Revolution fran^aise. en chassant les me
diums et en condamnant la Ma^onnerie.
obligea a la plus grande prudence,
nolammenl dans les ecrits.
S a d o c t r i n e
Le « Nouvel Homme », ouvrage que
Saint-Martin ecrivit lors de son sejour en
Alsace, n'est pas encore petri de la pen
see de Boehme, et c'est sans doute pour
celaque le Philosophe Inconnu se sentait
insatisfait ct mecontcnt a Strasbourg.
Plus qu'une theorie sur la Regeneration,
il voulut ecrire une exhortation a la Re
generation, comme il le dira plus lard
dans sa correspondancc avec le baron
Kirchberger. S'il est vrai qu'il redigea
cc livre a 1'instigation du Chevalier de
Silverhiclm, neveu de Swedenborg, il
n'est cependant pas vrai. comme on au
rait pu le faire croirc, qu'il ne fit que rc-
prendre les doctrines du visionnaire
suedois. Quoi qu'il cn soit, arretons-nous
sur ces pensees merveiIleuses, inspirees
et originales : «Dieu n'apas dedesirplus
vifet plus ardent que la Regeneration de
I 'liomme, car par son essence n’etant que
pur Amour, il tend les bras a la creature
decline... De cette sublime verite que I'homme est une pen see du Dieu des
etres, il resulte une vaste lumiere sur
notre loi et notre destination ; d savoir
que la cause finale de notre existence ne
pent etre concentree dans nous, mais
qu 'elle doit etre relative a la source qui
nous engendre comme pensee, qui nous
detache d'elle pour operer au-dehors ce
que son unite insubdivise ne lui permet
pas d'operer elle-meme /.../. C'est pour
cela que cette pensee du Dieu des etres,
doit nous etre la voie ou doit passer la
Divinite toute entiere, comme nous nous
introduisons journeliement tout entier
dans nos pensees, pour leur faire attein- dre le but et la fin dont elles sont I'ex
pression, et pour que ce qui est vide de
nous devienne plein de nous. Car tel est
le va'u secret et general de I 'homme ; et
par consequent, tel est celui de la Divi
nite dont I'homme est image ».
Selon Saint-Martin, la destinee du Nouvel
Homme est inseparable de celle du Christ.
Par I'imilation interieure de l'alchimie
christique, il doit epanouir graduellement
des vertus dont il ignorait jusque-la 1'exis-
tence. Poursuivant fidelement cette imita
tion du Christ, 1‘homme doit mourir d'une
triple mort et triplement ressusciter : « Le
Vieil Homme est mort sous le joug d 'une
triple mort, que I 'on designe sous le norn
de la mort du corps, la mort de I ame et la
mort de I'esprit /.../. Il faut done que le
Nouvel Homme ait pour niche de se pro
curer une triple resurrection, e ’est-a-dire
qu il armche sa pensee. sa parole et son
action aux tenebreuses regions oil elles
sont en esclavage, qu 'il retienne sa pen
see. sa parole et son action sur le bord du
precipice dans lequel I'ennemi cherche
journeliement d les entminer, et qu 'ilpre-
vienne pour I ’avenir la mort de sa pensee,
de sa pamle et de son action sur le bord du
precipice, dans toutes les circonstances ou
I'ennemi pourra les menacer ». Devenu
frere du Christ, le Nouvel Homme retrou-
vera, apres avoir fait resonner en lui les
trompettes du Jugement dernier, les rap
ports qu'il avait avec Dieu a 1'Age d'or. La
Jerusalem Celeste sera alors rebatie. et leprocessus de la Reintegration sera termine
: «■Ne te donne done point de reldche que
cette ville sainte ne soit rebatie en toi, telle
qu 'elle aurait toujours du y subsister si le
crime ne I'avail renversee , etsouviens-toi
tons les jours de ta vie que le sanctuaire
invisible ou notre Dieu se plait d'etre ho-
nore. que le culte, les illuminations, I'en-
cens dont la nature et les temples
exterieurs nous offrent des images ins-
tructives et salutaires, qu 'enfin toutes les
merveilles de la Jerusalem Celeste peu-
vent se retrouver encore aujourd'hui dans
le ca’iir du Nouvel Homme, puisqu\elles y
ont existe des I'origine ».
Sa m o r t
C'est pendant 1'ete 1791 que Louis-
Claude de Saint-Martin fut brutalement
arrache de son paradis, Strasbourg : son
pere venait d'avoir une seconde attaque
de paralysie et le rappelait pres de lui. La
Divine Providence avail conduit
I'Homme de Desir qu'il etait jusqu'a
Strasbourg, et elle cn eloignait mainle-
nant le Nouvel Homme qu'il etait de
venu. Mais si sa ville natale ne lui
pcrmettait pas de parler ou d'entendre
parler des verites qu'il aimait, il n'y
trouva pas non plus les fanatiques de la
Terreur qu'il aurait rencontres a Stras
bourg, ce qui lui fit dire : « Toutes les cir
constances de ma vie ont ete comme des
echelons que Dieu pla^ait autourde moi.
pour me faire monter jusqu 'a Lui ». Est-
cc en ayant cela a l'esprit qu'il quitta ce
monde un jour de 1803. pour rejoindre le
Dieu qu'il venerait tant ?
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Ordre de la Rose-Croix.Pourquoi cette double fonction ?
Parce que c'est l'A.M.O.R.C. qui par-
raine I'O.M.T. depuis le debut du X XC
siecle, et que 90 % des Martinistes sont
Rosicruciens. Tous les Grands Maitres de
l'A.M.O.R.C. sont d'ailleurs eux aussi
Grands Maitres de I'O.M.T. En assumant
la responsabilite conjointe de ces deux
Ordres freres, cela permet de mener leurs
activites respectives en parfaite harmo
nic.
T* I ’T t O X * L A % •! S ?
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Certificat d'initiotion de Christian Bernard ,en font que Sou\/erain Grand M aitre de
I'O.M.T.
Et com bien de Rosicruciens sont-ils Martinistes ? Environ 20 %. Cela s'explique par le fait
que tous les Rosicruciens ne s’interessent
pas necessairement a l'esoterisme judeo-
chretien.
Quelle difference y a-t-il entre le Martinisme e t le Rosicrucianisme ?
Comme je l'ai rappele. l'enseignementmartiniste a une connotation judeo-chre-
tienne, ce qui ne veut pas dire pour au-
tant qu'il ait un caractere religieux.
L'enseignement rosicrucien, de son cote,
est plus large et plus universel, en ce sens
qu'il se rattache a la Tradition primor-
diale et transcende toutes les religions
existantes et ayant existe. Pour prendre
une image, I'Ordre de la Rose-Croix est
un arbre dont I'Ordre Martiniste Tradi
tionnel est une branche.
Et y a-t-il un lien entre le Martinism e et la Franc-Magonnerie ?
Je ne suis pas Franc-Ma^on. mais d*apres
ce que je sais, certains rituels magon-
niques sont ties proches des rituels mar
tinistes. Cela s'explique notamment par
le fait que Martines de Pasqually, initia-
teur de Louis-Claude de Saint-Martin.
appartenait a la Franc-Magonnerie.
En dehors des reunions tenues dans les Heptades e t les Ateliers, les Martiniste s ont-ils la possibility de se rencontrer ? Oui. L'O.M.T. organise regulierement des
Convents qui se tiennent sur un plan re
gional. national ou international, permet-
tant ainsi a des Martinistes venus de
divers horizons de se rencontrer et de tra
vailler ensemble. Vu sous cet angle, il
s'agit d'une Fraternite authentique.
En une phrase, comment defmiriez- vous I'ideal martiniste ? C'est un ideal de Chevalerie spirituelle.
fonde sur la volonte de cultiver en soi la
sagesse, en vue de rendre le monde meil-
leur.
En tant que Souverain Grand M aitre
de I'O.M.T., quel regard portez-vous sur le monde actuel ?
Le meme que celui que je porte en tant
que Responsable de l'A.M.O.R.C. Pour
etre plus precis, je pense que l'humanite
s'est atheisee ct qu'elle risque de perdreson ame dans sa course effrenee au ma-
terialisme. II faudrait qu'elle renoue avec
une spiritualite authentique, e'est-a-dire
non religieuse. fondee sur le ternaire eso
terique Homme-Nature-Dieu, tel que les
Martinistes, les Rose-Croix et autres
Mystiques Le conqoivent.
Quelle est done leur conception de Dieu ?
Ils voient en Lui PIntelligence, la
Conscience, PEnergie. la Force - peu im-
porte le terme - qui est a 1'origine de la
Creation et qui Se manifeste a travers elle
selon des lois impersonnelles, immuableset parfaites. En fait, c'est dans I'etude et
le respect de ces lois que reside le bon-
heur auquel tous les hommes aspirent.
Mais encore faut-il qu'ils en aient
conscience et qu'ils agissent en conse
quence...
CC [ Christian BERNARDO Souverain Grand Maitre
Sceau du Souverain Grand Maitre
Bon de commande d retourner avec votre r£glement a Editions Darnetalaises,
Actua lity de I’Histoire, Service com mercial - 9, Grande me - 89 150 Fouch&res
Le Temple de SalomonLe Temple de Salomon, dans ses aspects historique et symbolique, est une reference
commune aux Martinistes et aux Francs-Magons. son etude fait partie de I'enseignement de I'Ordre Martiniste Traditionnel. Pour I'illustrer, void un extrait de ce qui est dit a son sujet
dans I'un des manuscrits qui lui sont consacres.
Comme le rapporte la Bible au pre
mier « Livre des Rois » (chap. 5 a
9) ct au second « Livre des Cbro
il iques » (chap. 3 et 4), le Temple de Je
rusalem fut construit par le roi Salomon
vers 960 avant I'ere chretienne. D'apres
la tradition juive. il fut edifie sur le mont
Moriah, a I'endroit meme ou Abraham
etait sur le point d’offrir son fils Isaac en
holocauste. Ce Temple etait considere par
les Hebreux comme la dcmeure de Dieu
sur Terre. II ahritait Y Arche d'Alliance,dans laquelle reposaient les Tables de la
*
Loi que Moi'se avait revues de rEternel,
sur le mont Sinai.
Pendant l'Exode, c’est-a-dire pendant le
peri pie qui raena le peuple hebreu
jusqu'en Israel, la Terre Promise. 1’Arche
sacree reposait dans le Tabernacle. Celui-
ci consistait alors en un temple demonta-
ble erige a 1'aide de tentes faites de
peaux, que Ton depla<;ait au rythme des
peregrinations. Lorsque David s’cm para
de Jerusalem, il y fit amencr I’Arche
d'Alliance et projeta de construire un
Temple permanent, digne de Dieu. Mais
rEternel rejeta ce projet, carce roi avaitfait couler trop de sang. Ce fut done son
fils, Salomon, qui avec 1'aide d’Hiram,
roi de Tyr. eut le privilege de mener a
bien cette construction.
D escription
Conlbrmement aux prescriptions donnees
par Dieu Lui-meme, le Temple de Salo
mon fut bati en pierres non taillecs, et
aucun outil de metal ne fut employe pour
sa construction. II s’apparentait a un bati-
ment rectansulaire de soixante coudees de
long et vingt de large, e'est-a-dire d'envi-
ron trente metres sur dix. Sa hauteur etait
de trente coudees, soit environ quinze me
tres. 11comportait trois parties distinctes.
D'abord le « Oidani » ou « Vestibule », en-
suite le « Hekal » ou « Saint », et enfin le
«•Debir » ou «•Saint des Saints ». Cet edi
fice etait de loin le plus imposant de toute
la ville de Jerusalem.
Chaque partie du Temple de Salomon
etait agencee d'une fa^on particuliere. Le
Vestibule comportait un vaste bassin de
bronze, la « Mer d'Airain », destine aux
purifications corporelles. II etait aussi
dote d'un « Alltel des Holocaustes », sur
lequel on sacrifiait des animaux. On ac-
cedait a la partie suivante du Temple, leSaint, par un double portail en bois de cy
pres et d’olivier, decore de cherubins et
de palmes. De chaque cote de ce portail
se dressaient deux colonnes de bronze.
La reconstruction du second Temple. Extra it de «Suburbia elus sicut temp ore christi floruit» ,de Christian van Adrichom (1533-1585)
Celle de droite etait appelee « Yakhin » et
celle de gauche « Boaz ».
Dans le Saint lui-meme se trouvait
Y« Autel des Ha rfit ms », encadre d'un
cote par la <•<■Table des douze pains de
proposition », et de Fautre par un «
Chandelier a sept branches ». Selon le «•
Livre des Rois », le Saint etait separe du
Saint des Saints par des vantaux de bois.
Cependant, le « Livre des Chroniques »
indique que les deux pieces etaient deli-
mitees par une tenture pourpre, brodee de
cherubins.
Derriere les vantaux ou la tenture qui
donnait acces au Saint des Saints se trou
vait Y« Arche d'Alliance ». Elle avait
I'apparence d'un coffre dont le couvercle
etait orne de deux cherubins aux ailes de-
ployees. Elle etait sacree pour les He
breux, car ils consideraient que Yahve y
demeurait reellement. Seul le Grand Pre-
tre pouvait entrer dans cette partie du
Temple. II y penetrait une fois l'an. pour
prononcer le Nom divin et y venerer
TEternel. Mais avant de le faire, il devait
prendre soin de s'y preparer par des pu
rifications corporelles et spirituelles. En
cas d'impurete, il risquait en effet la
mort.
Le Temple de Jerusalem etait un edifice
magnifique construit avec les materiaux
les plus nobles, tel le bois de cedre et decypres. II etait recouvert d'or fin en de
nombreux endroits. Pendant le regne de
Salomon, il etait le cccur du culte israe-
lite, mais cette predominance fut remise
en cause peu de temps apres sa mort. En
effet. son fils Roboam. qui lui succeda en
931 avant 1'ere chretienne, avait un ca-
ractere impulsif, et son arrogance en-
t rain a la separation des douze tribus
d'Israel. Durant cette periode de division,
d'autres lieux de culte. comme Bethel ou
Dan. concurrencerent le Temple de Jeru
salem. On y raviva le culte du Veau d'or
et les anciens rites y etaient meles a celui
de Yahve.
Le royaume d'Israel resta longtemps di
vise. Cinq annees a peine apres le debut
du regne de Roboam. le pharaon Che-
chanq profita de la situation p<^)ur s'em-
parer de Jerusalem et pilier le Temple.
Mais le coup fatal fut porte par les Baby-
loniens. En 605 avant Jesus-Christ, Na-
buchodonosor, roi de Babylone, lan<;a
une expedition contre Jerusalem. En 601,
le Temple fut saccage, les colonnes bri-
sees et une partie du mobilier emportee a
Babylone. ou de nombreux Juifs lurent
deportes quelques annees plus lard. Puis
en 586, Nabuchodonosor detruisit totale-
ment le Temple. On rapporte cependant
que peu de temps avant ce drame, le pro-
phete Jeremie cacha I'Arche d'Alliance
dans une caverne dont il seel la I'entrec.
Alors qu'il etait parmi les exiles a Baby
lone, le prophete Ezechiel, qui avait pre-
dit la destruction du Temple, en revela lacause : Dieu avait voulu punirson peuple
L'article ci-dessous est extrait de la revue Pantacle, publication annuelle de I'Ordre Martiniste Traditionnel. Cette revue, consacree a I'esoterisme et a la spiritualite
occidentale, est destinee avant tout aux Martinistes, mais elle est accessible a toute personne interessee par les sujets traites.
La Genese presente deux recits de la
Creation qui different tant par leur
portee doctrinale que par leur style
litteraire. Le premier recit, celui des sept
jours de la Creation, appartient a la tradi
tion sacerdotale ; il a la forme d'un textc
destine a la proclamation liturgique. La
composition ordonnee est ponctuee de re
frains. C'est une veritable prose rythmec.
Des pieties de Jerusalem en auraient
commence la redaction avant l’exil a Ba
bylone, et la mise cn forme definitive da-
terait du retour d'exil.
Le second recit. oil « I'homme devint une
dme vivante », adopte une expression
plus humaine, plus narrative, voire poe-
tique. II appartient a la tradition yahviste,
denomination en relation avec I’emploi
du tetragramme dans 1‘expression IHVH
(yhawe) Elohim. C'est 1'apparition de
cette expression qui permet de situer la
transition entre les deux recits, au milieu
du verset 4 du chapitre 2. Le recit sacerdotal situe rhomme dans I’univers ; le
recit yahvistae presente un decor deser-
tique transforme par Dieu en un jardin
luxuriant. Dans le recit sacerdotal,
I'homme n’apparait qu'au terme de la
creation de 1'univers, alors que le recit
yahviste presente I'homme dans sa rela
tion avec les animaux. la femme et Dieu.
G e n e s e , p r e m i er r e c i t
d e la C reation (G en 1 - 2 , 4 a )
Nous n'aborderons que le premier recit,
le texte sacerdotal, qui est le plus riche du
point de vue symbolique. Ce recit de la
Creation est le premier de la Torah - ou
Pentateuque terme definissant les cinq
premiers livres de la Bible.
Ce texte etait certainement utilise pour la
liturgie et l'instruction, d'oii sa structure
qui facilite la memorisation. Le mouve-
ment est oriente vers la sacralisation du
septieme jour. ce qui nous permet de pen-
ser que ce texte etait destine a la celebra
tion d’une fete en l'honneurdu Createur.
A Babylone, une telle fete etait celcbrce
a l’equinoxe de printemps, en l'honneur
du dieu Marduk. Le poeme de la Crea
tion y etait lu le quatrieme jour.
Avant d'examiner le premier mot de la
Bible tysarb, arretons-nous sur sa pre
miere lettre : la lettre b (beith). C ’est la
seconde de 1'alphabet, associee au nom
bre « deux ». Symboliquement. elle nous
I
Saint-Jean sur I'ile de Patmos, p ar Berto d i Giovanni
indique l’entree dans la dualite. ce que
nous allons verifier. Beith est d'ailleurs
une lettre double, pouvant se prononcer
« V » si elle n'est pas accentuce, ou « B »
si elle comporte un accent appele da-
guesh. C'est ici le eas. Autrement dit, si
la lettre represente la dualite, ce point
d’accentuation place en son sein symbo
lise l'unite divine. La premiere lettre de la
Genese nous indique cicja que l'unite di
vine va se manifester dans 1’univers spa-
tio-temporel par la loi de dualite.
Si le premier mot tysarb commence par
la lettre b (beith). il se termine par la let
tre t (thaw), derniere lettre de 1'alphabet
hebreu. Symboliquement, « de h (beith)
a t (thaw ) » equivaut a notre expression
« de A a Z ». En effet. s'agissant du
monde cree. la lettre a (aleph), represcn-
tant Dieu, ne peut y etre incluse.
40 ACTUALITE DE L'HISTOIRE • H O R S S E R I E n°38
dans la version bilineue des editionsColbo, est : « Au commencement, Dieu
avait cree le del et la terre ». Cette tra-
Gravure de Ra phael Sadeler; repr^sentant Dieu au centre de la Creation
duction respecte scrupuleusement le sens
de 1* accompli.
En hebreu, il y a deux formes verbales
majeures: 1'accompli et l'inaccompli.
Cette phrase traduit un paradoxe : com
ment le ciel et la terre etaient-ils deja
crees. au commencement ? Nous allons
tenter de repondre a ce questionnement.
Certes, la terre etait creee, mais la terre
etait encore a l'etat chaotique. C'est le fa-
meux tohu (et) bohu (whbw wht), qui as-
socie les deux mots triliteres : wht et whb.
wht associe la lcttre t (thaw) aux lettres h
(he) et w (waw), qui sont deux lettres ap-
partenant au tetragramme divin.
whb associe la lettre b (beith) aux lettres
h (he) et w (waw). qui sont deux lettres
appartenant au tetragramme divin.
Nous retrouvons encore la deuxieme et la
derniere lettre de 1'alphabet hebreu. qui
sont ici sacralisees par la presence des
lettres du tetrasramme divin. Ce tohu-
bohu incluait done la totalite du monde
en devenir. Ces deux lettres forment le
mot tb (fille). La Creation n'est-elle pas
1' engendree, la fille ?
Un peu de guematrie va encore nous
eclairer : wht vaut 6, whb vaut 4, leur to
talite vaut 10. qui symbolise la totalite. se
reduisant a 1. le Tout.
« Les teneb res etaient a la surface de
I 'abime, et le souffle de Dieu plcmait stif
les faces des eau.x ». Les deux premiers
versets presentent l’etat primordial en
core inorganise de la materia prima:
chaos, tenebres, eaux primordiales... Le
souffle de Dieu represente l'Esprit qui al-
lait mettre en ccuvre 1'action cicatrice par
la puissance du Verbe : « Dieu d it : Que
la lumiere so it! ». Cette introduction du
premier chapitre de la Genese nous pre
sente les deux aspects du Divin dans le
monde manifeste : le passif et I'act if.
Nous comprenons mieux qu'au com
mencement. le ciel et la terre avaient deja
etc crees en substance, mais sans forme ;
crees certes, mais a l'etat chaotique. Tout
etait pret pour que commence l ’action or-
ganisatrice du Verbe, ou parole divine.
Les six jours des huit actions ci catrices
La Creation se deroule en six jours, le
septieme jour voit la consecration de
I'oeuvre achevee. En realite. nous obser-
vons huit actions cicatrices
. Creation de la lumiere et separation du
jour et de la nuit.
. Creation des cieux qui separent les eaux
d’en bas et les eaux d'en haut.
. Separation du sec et de 1'humide. de la
terre et de la mer,
. Creation des vegetaux,
. Creation des luminaires : soleil, lunc et
ctoiles,
. Peuplement des eaux et des cieux (pois-
sons et oiseaux),
. Peuplement de la terre,
. Creation de l'homme et attribution de la
nourriture.
Plus que des creations, les trois premieres
actions sont des separations le jour, de la
nuit - les eaux d'en haut, des eaux d'cn
bas - le sec, de 1’humide. Trois actions
qui manifestent 1’entree dans la dualite.
C'est cette entree dans la dualite qui per
met la manifestation de 1'univers spatio-temporel, par la mise en action de la loi
du triangle.
Le redacteur de la Genese tenait absolu-
ment a organiser la Creation suivant un
« Creation du ciel et de la terre, des arb res et herbes, des astres e t de tous les animaux », grav ure d e Je an Cousin, ex trai te de « F igures de la Bible »
L 'Im m e n s i t £ d i v i n e
« Avant le temps, Dieu emano des etres spiritue ls, pou r Sa propre gloire, dons son Immensite divine. Ces etres avaient a exercer un culte que la Divinite leur avait fixe par des lois, des preceptes e t des commandements eternels. Ils etaient done libres et distincts du Createur, et I'on ne peut leur refuser le libre arbitre avec lequel ils avaient ete emanes, sans detruire en eux la faculte, la propriete et la vertu spirituelle et
personnelle qui leur etaient necessaires pour operer avec precision dans les bornes ou ils devaient exercer leur puissance. C'etait positivement dans ces bornes ou ces
premiers e tres spiritue ls devaient rendre le culte pour lequel ils avaient ete emanes. Ces premiers etres ne pouvaient nier ni ignorer les conventions que le Createur avait
faites avec eux, en leur donnant des lois, des preceptes et des commandements, puisque c'etait sur ces conventions seules qu'etait fondee leur emanation ».Martines de Pasqually,
«Traite sur la reintegration des etres» (Diffusion Rosicrucienne)
mais du Un qui inclut leTout.Trois jours plus tard cette lumiere origi-
nelle va se densifier avec 1'apparition du
soleil. de la lune et des etoiles. La dualite
est encore soulignee par 1'astre du jour et
l'astre de la nuit. Cenergie primordiale
du premier jour se manifeste par la lu
miere visible, trois jours plus tard.
Le deuxieme jour voit la separation des
Le LIVRE DE L 'HOMME ET LE L IVRE DE LA NATURE
Dans leurs travaux, les Martinistes n'emploient ni theurgie ni magie, c ar ils se
conforment a l'id£al du Philosophe Inc onnu : « Conduire I'esprit de I'homme pa r une voie naturelle oux choses surnoturelles qui lui oppartiennent de droit, mais dont il a perdu totalement I'idee, soit par sa degradation, soit par I'instruction fausse de ses instituteurs ». Pour cela, il est inutile d'accumuler un savoir intellec-tuel, car «ce n'est pas la tete qu'il faut se casser, mais le coeur». Dans son travail, leMartiniste utilise deux livres : le «Livre de la Nature» et le «Livre de rHomme». Lanature est « la vraie come d'abondance pour notre eta t actuel... Elle est en effet le
point de rall iement de toutes les vertus creees ... Ainsi, toutes ces ver tus divines, ordonnees par le grand principe pour cooperer a la rehabilitation des hommes, exis
tent toujours autour de nous ». Cela signifie que Dieu a seme dans la na ture lessymboles de Sa sagesse, afin que nous puissions la d£c ouvrir par nous-memes.Aussi constitue-t-elle pour I'lnitie un immense reservoir de connaissances.Le « Livre de I'Homme » es t egalement essentiel pour le Martinis te. Selon Saint-Martin, rhomme est le «seul livre ecrit de la main de Dieu» ; c'est en lui que setrouvent ecr ites toutes les lois de I'univers, car «toutes les verites importantes etfondamentales (existent) dans tous les hommes avant d'exister dans aucun livre».La Connaissance n'est done accessible que par I'introspection, e'est-a-dire par le re-
tournement vers le centre de I'etre, le cceur, a propos duquel le Philosophe Inconnunous d it : « il est I'organe et le lieu ou se rendent toutes nosfaculte s e t ou elles manife sted leur action ; et comme ces faculte s tiennent a tous les regnes qui nous constituent, soit le corporel, le spirituel et le d i v i n , l e coeur est le rendez-vous et I'expression continuelle de I'ame et de l'esprit». Ce retournement de I'etre vers son centre, cette contemplation interieure, correspond a la priere veritable, car elle «im- bibe notre ame de ce charme sacre, de ce magisme divin qui est la vie secrete de tous les etres ».
h 2r
*
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7T\V
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V
Dieu et Adam, par M ichel Ange
Schema de la Creation, de Jacob Boehme
eaux d'en haut et des eaux d'en bas, par
la creation des cieux. En hebreu. les eaux
et les cieux n'existent qu’a la forme
duelle. une forme grammaticale qui s'ap-
plique a tout ce qui est double - en he
breu moderne, les lunettes qui ont deux
verres et les bicyclettes qui ont deuxroues. Trois jours plus tard le cinquieme
jour, le ciel et les eaux sont peuples par
les oiseaux et les poissons.
Le troisieme jour marque le regroupe-
ment des eaux qui permet l’emergence
des terres. Mais c'est aussi le jour de
1'apparition des vegetaux. Trois jours
plus tard le sixieme jour, nous observons
aussi deux etapes : le peuplement de la
terre avec les animaux et la creation
d' Adam. Que les terres emergees le troi
sieme jou r se peuplent le sixieme jour,
c'est conforme aux correspondances deja
observees. Mais quelle correspondance
peut-il y avoir entre 1'apparition des vegetaux le troisieme jour et ce qui se pro-
duit trois jours plus tard ? Le sixieme
jour. Dieu precise qu'il a donne les vege
taux comme nourriture pour Adam et
pour les animaux terrestres.
Im p o r t a n c e d u s y m b o u s m e
DU NOMBRE TROISCe premier chapitre est structure sur la
symbolique du nombre trois. Nous ve-
nons de voir la correspondance entre les
trois premiers jours et les trois jours sui-
vants. Le second jour manifeste une hie
rarchic a trois niveaux : les eaux d'en bas.
les cieux et les eaux d'en haut. Le troi
sieme jour, les especes vegetales creees
sont au nombre de trois herbes. grami-
nees et arbres. Le quatrieme jour, trois
sortes de luminaires apparaissent : le so
leil, la lune et les etoiles. Dans un premier
temps, il est precise qu'ils ont trois fonc-
tions : separer le jour de la nuit. scrvir de
signes pour fixer les fetes et illuminer la
terre. Dans un deuxieme temps, il nous
est dit qu'ils sont la pour trois raisons il
luminer la terre, presider au jour et a la
nuit, et separer la lumiere des tenebres.
Le cinquieme jour. Dieu donne trois or
dres aux poissons et aux oiseaux: fructi-fiez, multipliez et emplissez. Le sixieme
nombreuses interpretations. Dans soncommentaire de la Genese. Basile de
Cesaree explique ties bien cette dualile :
« Nous possedons I 'image par la Crea
tion, mais nous acquerons la ressem
blance par la volonte ». En termes
martinistes, nous pourrions traduire :
1’ image est 1’effet de la Providence, la
ressemblance est le resultat de la volonte.
Ce texte accorde aussi une certaine pre
ference aux oiseaux et aux poissons. car
comme Adam, trois choses leur sont re-
servees : ils sont crees. ils sont benis. et
ils reqoivent l'injonction : fructifiez, mul-
tipliez et emplissez.
Les actions que ce texte attribue a Dieusont : dire, voir, nommer, faire, creer,
benir et separer. La seule perception ob
jective attribute a Dieu est ici la vision.
Mais parlant de Dieu, ne s'agit-il pas de
la vision interieure ou connaissance ?
ao
L'Evangile selon Jean confirme cette in
terpretation, lorsqu'il precise « que nul
n 'a vu le Pere, si ce n est celui qui vient
de Dieu. Lui (Jesus), il a vu le Pere »
(Jean 6,46).
Le septieme. jour, la Creation est ache-
vee. Dieu benit et consacre ce jour. Cette
formule traduit bien la forme sacerdotale
de cc texte, destine a la liturgie.
La p a r o l e c r e a tr i c e
Dans la Torah, Dieu seul a le pouvoir de
creer. C'est par la parole que Dieu cree :
a neuf reprises, nous trouvons I"expres
sion «Dieu dit». Soit les huit actes crea-
teurs et l'attribution de la nourriture.
C ’est precisement ce theme de la parole
creatrice que nous retrouvons au premier
verset de la premiere page de 1'Evangile
selon Jean.
« Au commencement etait le Logos, et le
Logos etait tourne vers Dieu, et le Logos
etait Dieu ». Le mot grec logos corres
pond a l'hebreu dabar, qui signifie aussi
bien la parole que la chose. Le Logos se-rait la parole en acte, la parole creatrice
du premier chapitre de la Genese. 11est
le principe act if donnant forme au prin-
cipe passif, la materia prima. Les stoi-
ciens consideraient le Loaos commew
1'esprit du monde. Pour Phi Ion d'Alexan-
drie. le Logos est le lien de 1'uni vers, un
lien indestructible ; creature de Dieu. il
serait l'intermediaire entre Dieu et les
hommes.
Le quatorzieme verset du Prologue nous
precise que le Logos s'est fait chair. Au-
trement dit. en l'homme Jesus s'incarne
le Logos, la parole creatrice. Le prologue
du quatrieme Evangile presente done le-
schouah comme etant createur de toute
chose, e'est-a-dire le Grand Architecte de
I'Univers. Paul de Tarse avait deja re-
connu en Christ le createur de l'univers.
Dans I’epitre aux Colossiens, il dit :
« Tout est cree par lu i et pour lui » (Col
1,16) et dans la premiere epitre aux Co-
rinthiens, il precise : « II n 'y a pour nous
qu un seul Dieu, le Pere, de qui tout vient
et vers qui nous allons, et un seul Sei
gneur, Jesus Christ, par qui tout e.xiste et
par qui nous sommes » (1 Cor 8,6).
Pour conclure sur la conjonction entre les
deux pages ouvertes, nous preciserons
que 1'Evangile de Jean et la Genese com-
mencent par la meme expression : « Au
commencement ». Une etude suema-
trique demontre que la valeur numerique
du premier verset de la Genese et du pre
mier verset du prologue de Jean traduit
en hebreu donnent le meme resultat :
2701, qui peut se reduire a 10 et done a 1.
Sa decomposition en produits de facteurs
se limite a une seule solution : 37 x 73
qui presente une tres belle symetrie a par
tir des nombres symboliques de la Ge
nese : trois et sept. Mais 37 et 73 sont
aussi les deux valeurs guematriques du
mot sagesse en hebreu : hmkx (8 + 20 +40 + 5 =73 et + 11 + 13 + 5 = 37).
Selon la cosmogonie sacerdotale. apres
avoir termine son ccuvre, Dieu semble se
rctrancher dans le repos sabbatique.La tentation d'Eve, par Wiliam Blake
« L'Ancien des jou rs », par William Blake
L'Evangile de Jean corrige cette vision enprecisant que Dieu est constamment a
1'oeuvre. Nous trouvons cette information
dans le recit de la guerison du paraly-
tique. lorsque les Juifs reprochent a Jesus
d'avoir accompli la guerison le jour du
sabbat. « Mais Jesus leur repondit: Mon
Pere, jusqu ‘a present, est a I ’ouvre et moi
aussi je suis a Touvre ». (Jean 5,17.) II
est remarquable que cette precision soit
apportee a propels du sabbat. qui corres
pond a la sacralisation du septieme jour
de la Creation.
L ' e T U D E E T L A P R l f i R E
«L'etude sans la priere, a dit autre
fois un sag e, es t un v eritableatheisme, et la prier e sans V etude
une vaine presomption. C'est-a-direque celui qui croit pouvoir acquerirune vraie lumiere par I'etude et parla seule f orce de son applic ation,pense et agit c omme un a thee, etque celui qui presume que pour ob-
tenir la connaissance de la verite, illui suf fit de la demander dans sesprieres, sans faire aucun effort pour
la decouvrir et sans m editer sur sesvoies, n'est qu'un homme pr£somp-tueux, lache ou indifferent pour elle.
Le pr emier n' acquerra qu' unescience vaine et dangereuse ; Tautrerestera dans l'ignorance».
Jean-Baptiste Willermoz«Mes Pens^es et celles des autres»
La premiere page de la Genese et la pre
miere page de 1'Evangile selon Jean se
completent. L'une nous presente la vision
sacerdotale de la Creation, 1’autre nous
introduit au mystere de Ieschouah. GrandArchitecte de I’Univers, incarnation du
Depuis sa fondation, I'Ordre Martiniste Traditionnel est parraine par I'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix. C'est ce qui explique pourquoi de nombreux Martinistes sont egalement Rosicruciens. II nous semble done opportun de nous arreter
sur l'A.M.O.R.C., qui constitue actuellement le mouvement rosicrucien le plus actif dans le monde. A cet effet, nous avons demande a Serge Toussaint, Grand Maitre de
la juridiction francophone, de nous le presenter. (II est aussi le Grand Maitre de la juridictionfrancophone de I'O.M.T.).
que toute personne qui croit en Dieu appartient necessairement a une religion.
Pourtant. on peut ties bien avoir la foi
sans suivre un credo religieux. Quant a
Dieu Lui-meme, on peut en avoir une
conception differente de celle qui est pro-
nee par les religions. C'est ainsi que les
Rosicruciens ne Le voient pas comme un
Surhomme siegeant quelque part dans le
ciel et decidant Seul de notre destinee.
Pour eux, Dieu S ’apparente plutot a TIn
telligence absolue qui est a Forigine de
toute la Creation et dont F Essence im-
pregne et anime tout ce qui existe. En tant
que tel. il est impossible de Le compren-
dre ou de Le connaitre. En revanche, onpeut etudier les lois par lesquellcs II Se
manifeste dans Funivers. dans la nature
et dans F homme lui-meme. Vous noterez
que cette conception de Dieu n’est ni
dogmatique ni partisane. et qu elle est
plus scientifique que religieuse. Le mys-
ticisme et la science ne sont d'ailleurs
nullement incompatibles. On peut meme
dire qu'il s'agit de deux voies comple-
mentaires de Connaissance, les mys
tiques s'interessant plutot au pourquoi
des choses et les scientifiques au com
ment
firent connaitre en Allemagne, en Angle-
terre et en France par trois Manifestes de-
venus celebres dans le monde de
Fesoterisme : la « Fatna Fraternitatis »,
la « Confessio Fraternitatis » et les «■
Noces cliymiques de Chr istian Rosen-
kreutz », publies respectivement en 1614.
1615 et 1616. De nos jours, on sail que
ces Manifestes, qui melent des recits a la
fois historiques et allegoriques, ont ete
rediges par un College de Rosicruciens
eminents : le fameux « Cercle de Tubin
gen ». Quelques annees plus tard, en
1623, une affiche placardee dans les rues
de Paris fit connaitre davantage FOrdre
de la Rose-Croix. Dans les siecles qui
suivirent. cet Ordre perdura sous des
formes et des appellations diverses. pour
finalement resurgiren 1909 sous le nom
dV Ancien et Mystique Ordre de la Rose-
Croix ». Precisons que FA.M.O.R.C. pu-
blia en mars 2001 un quatrieme
Manifeste. la « Posit io Fra tern itat is
Rosae-C rucis », que des historienscomme Roland Edighoffer et Antoine
Faivre situent dans la lignee des Mani
festes du X VIF siecle.
Mais s' il est un fait que les origines his
toriques de la Fraternite rosicrucienne se
situent au XV II0siecle, son heritage tra
ditionnel est beaucoup plus ancien.
puisqu'il remonte a I'Egypte antique. De
nos jours, nous savons qu’il existait dans
ce pays des ecoles regroupant des cher-
cheurs qui s’ interessaient aux mysteres
de Fexistence, d’ou leur nom d'« ecoles
de mysteres ». Ces chercheurs, ces mys
tiques. elaborerent graduellement une
connaissance secrete, une gnose. qui se
repandit bien au-dela des frontieres egyp-
tiennes. C’est ainsi que des philosophes
grecs comme Heraclite. Thales, Pytha-
gore et bien d’autres, apres avoir etudie
de nombreuses annees en Egypte. fonde-
rent leur propre ecole de mysteres en
Grece. A leur tour, des penseurs de la
Rome antique etudierent les mysteres
grecs, eux-memes inspires des mysteres
egyptiens, et creerent egalement des cen
tres d'etudes dans leur pays. Par la suite,
cet heritage esoterique fut recueilli parA
les Alchimistes du Moyen-Age. puis par
les Rose-Croix de la Renaissance. Nous
voyons done que parallelement aux reli-
A p o u t i q u e
Outre qu'i l n'est pas une religion, il faut
savoir egalement que FA.M.O.R.C. est
totalement apolitique. Pour etre plus pre
cis, toute discussion politique est inter-
dite au sein de I'Ordre. Naturellement.
tout membre est entierement libre de ses
opinions et de ses actions dans ce do-
maine, mais il ne doit pas en faire etat
lors des activites rosicruciennes. Et c’est
precisement parce que I'Ordre est apoli
tique qu’ il reunit des personnes ayant des
opinions politiques differentes. parfois
meme opposees, sans que cela ne pose le
moindre probleme sur les plans relation-
nel et fraternel. Parailleurs, il encourage
ses membres a s'interesser au devenir de
la societe el a Fevolution du monde en
general. C'esl ainsi que nombre d'entre
eux s'impliquent a titre personnel dans
des associations diverses et s'investissent
dans des actions sociales, caritatives, etc.
En cela, ils ont a cceur d'assumer au
mieux leur role de citoyens.
Venons-en maintenant plus precisement
a ce qu'est FA.M.O.R.C., a savoir.
comme je l'ai indique en preambule, un
mouvement philosophique, initiatique et
traditionnel.
T r a d i t i o n n e l
Sur le plan purement historique, I'Ordre
de la Rose-Croix remonte au XV II0 sie
cle, epoque a laquelle les Rosicruciens se
Ce ma nifeste fu t sign6 d Bruxelles, en 1934, par les plus hauts resp onsable s de la F.U.D.O.S.I.II etablit officiellemen t que I'A.M.O.R.C. est pleineme nt habilite d perp£ tuer dans le monde
!'heritage de iau then tique Tradition Rose-Croix.
plique a l’A.M.O.R.C., ce mot serapporte a 1*heritage culturcl et spirituel
qu'il transmet a travers son enseigne-
ment. Or. comme nous venons de le voir,
cet enseignement cst ties ancien.
puisqu'il prend sa source dans FEgypte
antique, non sans avoir evolue au cours
dcs ages. Vu sous cet angle, le qualifica-
tif « traditionnel » vehicule l'idee d'an-
ciennete et d'authenticite. II integre
egalement la notion de filiation. C ’est ce
qui explique pourquoi il existe de nos
jours peu dc mouvements veritablement
traditionnels. Quoi qu'il cn soit,
l’A.M.O-R.C. se rattache traditionnelle-
ment aux Rose-Croix du passe et seconsacre a perpetuer l'heritage qu'eux-
memes avaient re^u de FAntiquite, et ce
dans Fesprit humaniste et spiritualiste qui
leurest propre. Au XVIICsiecle, Michacl
Maier, Fun d'eux. disait d'ailleurs : « Nos
origines sont egyptiennes, brahmaniques,
issues des Mysteres d'E len sis et de Sa-
rnothmce, des Mages de Ferses, des Fy-
thagoriciens et des Arabes »
Initiatique
Voyons maintenant en quoi 1'A.M.O.R.C.
est un mouvement initiatique. II Test par
le fait qu'il perpetue un enseignement
graduel. ponctue par dcs initiations. Dans
les siecles passes, cet enseignement etait
dispense oralement, dans des lieux tenus
secrets, afin d'eviter les persecutions re-
ligieuses ou politiques. C ’est pourquoi
l'Ordre de la Rose-Croix etait considere
jadis comme une societe secrete. Depuis
le debut du XX Csiecle, l'A.M .O.R .C.
s'apparente plutot a une organisation dis
crete et transmet son enseignement par
ccrit. Celui-ci se presente desormais sous
la forme de monographics adressees aux
membrcs d'une manierc confidcntielle.
Ces monographies, qui consistent en des
fascicules de quelques pages, s'echclon-
ncnt sur douze degres majeurs. De mois
en mois, d’annce en annce. dc degre cn
degre. chaque membre de l'Ordre est
done initio a ce que les Rose-Croix en-
seignent depuis des siecles sur les mys-
teres de V existence. Ce processus
initiatique est particuliercment efficace,
car il permet aux connaissances acquises
de transcender I *intellect et de devcnir
une partie integrante de la conscience de
I’ame, cc qui est le but de toute quete ve-
ritablement mystique.
Quel est done le contenu de Tenseigne
ment rosicrueien ? Sans entrcr dans les
details, je dirai qu'il traite des grandsthemes auxquels les mystiques se sont
toujours interesses : la nature du Divin.
les lois de la Creation, I'origine et la fi
nal ite de l'univers. les concepts de temps
■Art-**A.MOXC |>W14
Symbole cr£4 par l'A.M.O.R.C . en 1998 d partir d'un dessin realise pa r Frangois M&rindier, d l‘occasion des Salons de la Rose-Croix tenus d Paris en 1893
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