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N o 4 Mai 2012 Le Magazine d’AgroParisTech Alumni PORTRAITS & PARCOURS Yves Bourdillon, PG 79 : Journaliste et auteur, l’Agro mène à tout ! REGARDS SUR… La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités
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Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

Jun 19, 2020

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1 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

No 4Mai 2012

Le Magazine d’AgroParisTech Alumni

PORTRAITS & PARCOURS Yves Bourdillon, PG 79 :Journaliste et auteur, l’Agro mène à tout !

REGARDS SUR…

La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

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3 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Déjà un an !

En un peu plus d’un an, notre association de diplômés AgroParisTech Alumni est

passée de l’enfance à l’adolescence, et pour cela, bénévoles comme permanents

n’ont pas chômé. En tant que responsable de la communication et des évènements

au sein du Bureau et en votre nom, je tenais à les remercier pour avoir concouru à doter

notre association des outils indispensables à son développement : une revue de qualité

avec Symbiose, une lettre d’information nous permettant de relayer les informations

les plus brulantes avec Le Lien, des manifestations régulières donnant la parole à des

intervenants de qualité avec les Mardis du Quai Voltaire et un évènement de grande

envergure initié par notre Association et coorganisé avec la Cité des Sciences et Sciences

Po, intitulé « La fi n de la faim en 2050 ? », venant compléter les Rencontres annuelles

Agro X ENA dont la dernière édition, intitulée « Eau et ville : dessine-moi un modèle »

a été organisée en novembre 2011.

Si le chemin parcouru est intéressant, il reste encore beaucoup à faire. Notre association

AgroParisTech Alumni va désormais devoir apprivoiser ces nouveaux outils pour les

utiliser au mieux et permettre à chacun d’entre nous d’être mieux informé, de mieux

se connaître afi n de renforcer les liens qui nous unissent. Pour y arriver, deux axes de

progrès ont déjà été identifi és pour 2012 : rendre plus fonctionnelle notre interface

Internet, que ce soit notre site www.aptalumni.org ou notre présence sur les réseaux

sociaux ; mais aussi systématiser la diffusion vidéo de nos manifestations afi n que chacun

d’entre nous puisse en bénéfi cier, qu’il soit à Paris, en région ou à l’étranger.

Pour autant, notre investissement à tous, bénévoles comme permanents, n’a de sens

que s’il vous est utile. Votre participation à la vie de l’association est essentielle, qu’elle

prenne la forme d’articles envoyés, de conseils dispensés aux jeunes diplômés, de temps

passé à réfl échir avec nous à la direction à donner à notre association AgroParisTech

Alumni, ou tout simplement en y adhérant.

Nous comptons sur vous.

Amicalement.

Editorial

❙ Pierre Sabatier (PG 01),

Administrateur d’AgroParisTech Alumni,

Président de PrimeView

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5 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

SommaireN° 4 – mai 2012 – 2è Année

Editeur : AgroParisTech AlumniFFE

Directeur de la publication : Pierre Sabatier

Rédacteur en chef : Ghislaine Challamel

Comité de rédaction : Christian AbbasJuliette AuricosteThierno Iliassa BaldéFrançois BûcheCorinne CouteauLéonore DobbelaerePatricia FlodropsAmaury KaltCamille LaborieEdouard MarchandAnnie NovelliOdile PiettreMargot PoupevilleMarie-Pierre QuessettePierre Reltien-TellezPierre SabatierManon SalleClément ServantChristelle ThouveninSolange Van Robais

Edition et Régie Publicitaire : FFE 15 rue des Sablons – 75116 Paris Tél. : 01 53 36 20 40 www.ffe.fr

Directeur de la Publicité : Benjamin Sarfati

Responsables de la publicité :Philippe Aboulker Tél. : 01 43 57 91 66 [email protected]

Responsable technique : Aurélie Vuillemin Tél. : 01 53 36 20 [email protected] : Laetitia Langlois

Impression : Imprimerie de Champagne

06 Regards sur…

La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

38 Portraits & Parcours38 Yves Bourdillon (PG 79) : Journaliste et auteur, l’Agro mène à tout !

40 Fabienne Hermitte (PG 91) : Lauréate du 2e prix des femmes innovantes en Europe

41 Cahier Entreprises

60 En direct de l’Ecole60 AgroParisTech signe une chaire d’enseignement et de recherche avec Danone

Research

62 AgroParisTech investit dans l’information spatialisée au service de l’environnement et des territoires avec GEOSUD

64 12 000 km à vélo sur les routes de l’innovation

66 Les Randonneuses de l’Agro participent à l’Oxfam Trailwalker

68 Les Débats de l’Agro s’interrogent : que peut-on attendre des entreprises alimentaires et des pouvoirs publics en nutrition ?

70 Les étudiants rencontrent des dirigeants de grandes entreprises

73 « Question de Genre » s’interroge sur la représentation du Féminin et du Masculin dans le monde du travail

75 L’insertion professionnelle des docteurs : le point de vue d’un expert en recrutement

78 Romain Bertrand, doctorant à l’ENGREF au sein du laboratoire d’étude des ressources fôret-bois

80 Echos de ParisTech80 Les Agros se retrouvent en Chine dans le réseau ParisTech Alumni

82 La vie de l’Association82 Évènements

86 Carnet

90 Hommages

96 Tribunes Libres96 Chine : entre fascination et aveuglement

98 Parler de solidarité internationale à tout le monde, en toute indépendance

100 Traitements de la vigne, une méthode originale

102 Vu, Lu, Entendu…

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La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

Regards sur…

Sommaire du dossierp. 7 Présentation du dossier et repères sur la forêt

Dominique Danguy des Déserts

p. 8 L ’eff et du changement climatique sur la végétation, deux publications d’AgroParisTech dans Science et dans Nature Jean-Claude Gégout

p. 10 Regards croisés sur l’avenir des forêts françaises face au changement climatique Vincent Badeau, Nathalie Bréda et Paul Leadley

p. 12 Politique forestière et changement climatique, un cas particulier de projection dans le long terme Jacques Andrieu

p. 15 La forêt face au changement climatique : menaces et stratégies d’adaptation Philippe Riou-Nivert

p. 20 Les atouts des produits à base de bois pour lutter contre le changement climatique Georges-Henri Florentin

p. 25 Produire de la chaleur et de l’électricité à partir de biomasse Pierre de Montlivault

p. 27 La recherche en Guyane française face au changement climatique et aux fl ux de carbone Éric Marcon (et encadré Guyane par Jacques Andrieu)

p. 30 L’investissement forestier, à la croisée des chemins ? Clément Chénost

p. 32 La ressource forestière française : en pleine expansion, mieux l’ exploiter pour mieux la préserver Jean-Christophe Hervé

p. 35 Comment prendre en compte le changement climatique dans l’enseignement forestier supérieur ? Bernard Roman-Amat

Le chêne sessile (ou rouvre, Quercus robur) est l’essence la plus commune de la forêt française ; son adaptation aux conditions à venir dépend de la génétique et de la sylviculture ; l’enjeu est d’importance !

Chêne adulte en bordure d’une régénération dans une forêt du Perche ; photo Sylvain Gaudin, CRPF Champagne-Ardenne. Photothèque CNPF.

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7 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

La forêt tient une place toute particulière dans le changement climatique pour deux raisons.

Tout d’abord, son impact sur les écosystèmes forestiers est, et surtout sera, d’autant plus

fort que leur cycle d’évolution s’inscrit dans le temps long ; la vie d’un arbre est de l’ordre

du siècle, or l’évolution actuelle du climat s’évalue en décennies ; on entend parfois dire « la

terre en a vu d’autres » ; certes, mais un changement aussi rapide, il semble bien qu’il n’y ait

pas de précédent, au moins durant le quaternaire. En conséquence, les choix qu’ont à faire

les forestiers en ce début du XXIe siècle doivent être pensés en fonction du climat estimé à

la fi n de ce siècle, voire au début du suivant. Redoutable défi , notamment dans le choix des

essences à cultiver.

Ensuite, il faut considérer que la forêt et le bois peuvent contribuer à atténuer l’évolution du

climat : d’une part la forêt est un puits de carbone, l’un de ceux sur lesquels l’homme peut

agir de façon directe, en négatif (défrichement, incendie…) comme en positif (reforestation,

augmentation du stockage dans la plante ou dans le sol), d’autre part, le bois peut contribuer

à atténuer l’effet de serre, soit par l’augmentation de son usage dans la bâtiment (où il stocke

durablement du carbone et où ses qualités contribuent aux économies d’énergie), soit par son

utilisation comme combustible en substitution aux énergies fossiles (qui sont de la biomasse

stockée au cours des temps géologiques).

Voilà pourquoi, le comité de rédaction de Symbiose a choisi, pour le dossier du n° 4, de se

pencher sur ce sujet. « Menaces et opportunités », le sous-titre veut signifi er qu’il faut à la

fois s’inquiéter de l’avenir de la forêt et savoir l’utiliser pour limiter le changement climatique.

Il n’était évidemment pas possible dans le cadre de notre revue d’être exhaustif sur un sujet

d’une telle complexité, aussi avons-nous pris le parti d’apporter des éclairages permettant

de savoir où en sont les connaissances, les politiques et les actions relatives à cette problé-

matique. Il ne s’agit donc pas de rentrer dans le débat sur la réalité, les causes ou la quanti-

fi cation du changement climatique mais de se cantonner aux interactions entre celui-ci et la

forêt. Observe-t-on déjà des déplacements de végétation quantifi ables ? Peut-on prévoir la

répartition des essences forestières à la fi n du siècle ? Que peuvent faire les forestiers pour

préparer une forêt adaptée aux conditions à venir ? Quelles dispositions prennent les pouvoirs

publics pour que la forêt et le bois contribuent à l’atténuation du changement climatique ?

Pourquoi et comment développer l’utilisation du bois dans le bâtiment et dans la production

d’énergie ? La production de bois pourra-t-elle suivre l’accroissement de la demande ? Enfi n,

élargissant le sujet, nous quitterons les frontières de la France métropolitaine pour comprendre

et illustrer les dispositifs internationaux de fi nancement du stockage de carbone en forêt et

nous terminerons sur la prise en compte de cette problématique au sein d’AgroParisTech.

Les onze articles qui suivent ont été rédigés par des enseignants, des chercheurs, des ingénieurs

ou des responsables d’organismes publics qui travaillent sur ce sujet de façon scientifi que et prag-

matique ; ils sont donc fondés à nous faire un état des lieux. Le comité de rédaction de Symbiose

les remercie de partager avec ses lecteurs leurs connaissances, leurs projets, leurs espoirs.

Quelques repères pour comprendre la place et les enjeux forestiers• Au niveau mondial : la forêt couvre 29 %

des terres émergées, soit près de 4 milliards d’ha ; la forêt continue de régresser en zone tropicale de 10 à 12 millions d’ha/an, notamment par extension de l’agriculture, qu’elle soit de subsistance, exportatrice ou à des fi ns énergétiques.

• Au niveau européen : la forêt occupe 37 % de la superficie des 27 pays de l’Union européenne soit 156 millions d’ha ; les principaux pays pour la récolte forestière commercialisée sont la Suède, 59 Mm³/an, l’Allemagne, 54 Mm³/an, la Finlande, 45 Mm³/an et la France, 29 Mm³/an (il s’agit de m³ sous écorce).

• La forêt française métropolitaine occupe 29 % du territoire soit 16 Mha ; elle croit actuellement lentement (+ 30 000 ha/an) après avoir doublé de superfi cie entre le début du XIX° siècle et la fi n du XX° siècle ; la forêt française est caractérisée par la variété des écosystèmes (atlantiques, semi-conti-nentaux, montagnards, méditerranéens) ; c’est une richesse (biodiversité, résilience) mais aussi une contrainte (hétérogénéité des produits) ; à la forêt métropolitaine, il convient d’ajouter la forêt des dépar-tements d’outre-mer (8 Mha en Guyane).

• Les 2/3 de la superfi cie forestière fran-çaise sont occupés par les feuillus, le chêne étant l’essence la plus répandue ; les rési-neux sont dominants en montagne et en Aquitaine ; ils sont en moyenne deux fois plus productifs que les feuillus : respective-ment 11,5 et 5,7 m³/ha/an ; l’accroissement de la forêt est estimé à un peu plus de 85 Mm³/an.

• La forêt française est publique (domaniale ou communale essentiellement) à 26 % et privée à 74 % ; la forêt privée est morcelée : les propriétés de moins de 10 ha repré-sentent 35 % de sa superfi cie ; le nombre de propriétaires est évalué à plus de trois millions. Les forêts publiques sont gérées par l’Offi ce national des forêts (ONF) ; les propriétaires privés sont représentés et encadrés par le Centre national de la pro-priété forestière (CNPF).

• Les emplois de la filière forêt-bois sont évalués à 450 000 dans la gestion, la sylvi-culture, l’exploitation, la première transfor-mation (sciage, pâte, panneaux, énergie) et seconde transformation (bâtiment, ameu-blement). L’économie de la fi lière demeure défi citaire, autour de 6 milliard d’ €/an, du fait essentiellement des produits transformés.

❙ Dominique Danguy des Déserts (P 66, Gref 71),

membre du conseil d’administration d’AgroParisTech Alumni,

coordonnateur du dossier

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

L’équipe « Ecologie Forestière » de l’Unité mixte de

recherche INRA-AgroParisTech LERFOB (Laboratoire

d’Étude des Ressources Forêt-Bois) localisée à Nancy a

publié en 2008 dans Science et en 2011 dans Nature deux

articles sur l’évolution des écosystèmes impactés par le

changement climatique

L’eff et du changement climatique sur la végétation, deux publications d’AgroParisTech dans Science et dans Nature

A l’heure où l’urgence de la crise

économique et financière fait

passer au second plan ce pro-

blème majeur, mais dont les effets redou-

tables sont étalés dans le temps, il est

utile de faire connaître aux lecteurs de

Symbiose ce travail et son apport dans le

débat scientifi que.

Au moment de la parution du premier

article en 2008, l’effet du réchauffement

climatique était montré de façon assez

fragmentaire, essentiellement sur un petit

nombre d’espèces, sur les milieux boréaux

et alpins et sur la marge froide de l’aire

de distribution des espèces. De plus, les

causes réelles des changements imputés

au réchauffement étaient parfois diffi ciles

à discerner. Par exemple, la remontée de la

limite forestière (entre forêt et alpage) en

montagne était-elle due au réchauffement

climatique permettant la réalisation du cycle de vie des essences à haute altitude ou à

la déprise agricole conduisant à une dynamique naturelle vers la forêt après abandon

par l’agriculture ? Grâce à nos très grosses bases de données, nous avons étudié l’effet

du réchauffement climatique sur un très grand nombre d’espèces (171), à l’échelle de

l’ensemble de leur aire et sur l’ensemble des massifs montagneux français. Ce travail

a été effectué dans le cadre de la thèse de Jonathan Lenoir que je dirigeais et en colla-

boration avec Pablo Marquet de l’université catholique du Chili et avec Henri Brisse et

Patrice de Ruffray du CNRS. Nous avons comparé la distribution altitudinale des espèces

avant et après 1985, date charnière à partir de laquelle les températures ont rapidement

augmenté en France pour globalement se stabiliser des années 2000 à aujourd’hui (les

périodes étudiées sont respectivement 1905-1985 et 1986-2005).

Nous nous sommes aperçu que le cœur de la distribution altitudinale des espèces était

monté en altitude de 65 mètres environ entre les deux périodes. La remontée était plus

forte pour les herbacées à cycle de vie court que pour les essences à long cycle de vie.

Ce travail a marqué une étape dans la mise en évidence de l’impact du réchauffement

climatique sur les êtres vivants car il a contribué à asseoir la réalité du phénomène sur

un grand nombre d’espèces et d’écosystèmes. Il a eut un fort impact médiatique tant

à la télévision que dans les journaux français et étrangers et constitue maintenant une

référence scientifi que reconnue concernant les impacts du réchauffement climatique.

Dans l’article de 2011, réalisé dans le cadre de la thèse de Romain Bertrand qui en est

le premier auteur, nous montrons que des changements fl oristiques imputables au

climat ne sont pas détectés en plaine contrairement à ce que nous avions observé en

montagne (voir dans ce même numéro l’interview de Romain Bertrand). En comparant

les changements de composition en espèces observés dans les communautés végétales

de plaine à ceux des communautés de montagne, nous montrons qu’un remplacement

progressif d’espèces adaptées au climat froid par des espèces adaptées à un climat plus

chaud a permis aux communautés de montagne de « compenser » 0,54°C sur les 1,07°C

Jean-Claude Gégout

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9 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

d’augmentation moyenne de la tempé-

rature observée sur la période étudiée.

En revanche, pour les communautés de

plaine, cette compensation n’a été que de

0,02°C pour un réchauffement similaire

(1,11°C), ce qui révèle un déséquilibre

grandissant entre la flore forestière de

plaine et le climat. Une fragmentation des

espaces forestiers plus grande en plaine

qu’en montagne et une distance à par-

courir plus importante pour retrouver les

conditions thermiques de survie normales

des espèces sont les principales raisons

mises en avant pour expliquer les diffé-

rences entre plaine et montagne.

L’ensemble de ces résultats montre à la fois

le fort impact du changement climatique

en cours et la complexité de la réponse

des écosystèmes qui peuvent conduire à

des risques d’extinction d’espèces ou à la

création de déséquilibres liés aux dyna-

miques de réponse très différentes entre

espèces ou entre écosystèmes.

❙ Jean-Claude Gégout,

Professeur en écologie forestière, HDR.,

AgroParisTech ENGREF

14, rue Girardet – CS 14216 –

54042 Nancy Cedex

[email protected]

Les lecteurs qui voudraient en savoir

davantage sur le sujet pourront se

reporter, outre aux articles parus dans

Science et Nature, au n° 3-4 2010 de la

Revue Forestière Française, accessible sur

http://irevues.inist.fr/revueforestierefrancaise

Le coeur de la distribution altitudinale des espèces forestières est remonté de 65 m en altitude dans les montagnes françaises lors des dernières décennies ; Col du Lautaret, Alpes de Haute-Provence. Photo Jean-Claude Gégout.

RésuméDeux études réalisées au centre de Nancy d’AgroParisTech et publiées dans les revues scientifi ques Science (2008) et Nature (2011), ont montré que la plupart des espèces forestières montagnardes d’Europe de l’ouest avaient migré en altitude en réponse au réchauff ement climatique récent pour retrouver les conditions climatiques favorables à leur développement. Ces migrations, qui ont permis aux communautés végétales montagnardes de s’adapter partiellement au réchauff ement climatique, ne se sont pas produites en plaine du fait de plus grandes diffi cultés de migration des espèces.

AbstractTwo studies, conducted in AgroParisTech – Nancy and published in the scientifi c journals Science (2008) and Nature (2011) showed that recent climate warming has caused plant species to shift at higher altitude in order to seek cooler conditions. These shifts allowed mountain plant communities to partly adapt to climate warming. Communities changes linked to climate warming not occurred in lowland forests due to the diffi culty of species migration.

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

Une nouvelle étape dans l’approche de l’impact prévisible

du changement climatique sur la distribution et la

croissance des espèces forestières françaises et le

fonctionnement des forêts est concrétisée par une étude

menée par des chercheurs de l’INRA, de l’Université Paris-

Sud, du CNRS, du CEA, d’AgroParisTech et de l’Université

Joseph Fourier de Grenoble.

Regards croisés sur l’avenir des forêts françaises face au changement climatique

L’impact prévisible du changement

climatique sur la distribution et la

croissance des espèces forestières

françaises et le fonctionnement des forêts

a fait l’objet de premiers travaux au cours

de la dernière décennie (Thuillier, 2004 ;

Badeau et al., 2010 ; Loustau, 2010 ; voir

aussi Chabriat et al., 2011). Une nouvelle

étape dans cette approche est concrétisée

par une étude menée par des chercheurs

de l’INRA, de l’Université Paris-Sud, du

CNRS, du CEA, d’AgroParisTech et de

l’Université Joseph Fourier de Grenoble.

Cette étude a permis d’évaluer, à partir

de huit modèles de dernière génération,

l’impact possible du changement clima-

tique sur les forêts et de souligner les

incertitudes associées. L’objectif de l’analyse était de comparer les sorties de différents

types de modèles écologiques et de les confronter afi n d’avoir une gamme de scénarios

d’évolution. L’étude a porté sur une des cinq essences forestières dominantes en France.

En général, les auteurs montrent que les arbres des plaines de l’ouest, du sud-ouest

et du centre de la France seront les plus fortement touchés d’ici 2050. Le changement

climatique compromettra l’avenir de certaines essences d’arbre en plaine, comme le

pin sylvestre. Ces résultats viennent d’être publiés dans la revue « Ecology Letters »

(Cheaib et al., 2012).

Le changement climatique, associé à l’augmentation de la concentration atmosphérique

en CO2, a aussi des effets positifs sur les arbres. La croissance de certaines essences,

comme le hêtre, pourrait être stimulée dans le nord, l’est et en montagne. Plus généra-

lement, les modèles prévoient que toutes les espèces d’arbre étudiées progresseront en

altitude, et que le chêne vert trouvera des climats favorables bien au nord de la région

Méditerranéenne d’ici 2050.

L’utilisation d’une grande gamme de modèles, allant de modèles statistiques à des

modèles complexes de croissance des arbres, a permis d’identifi er des incertitudes

dans les évolutions possibles. Ainsi, il est diffi cile de prédire l’impact du changement

climatique sans une meilleure connaissance des effets directs de l’augmentation de la

teneur en CO2 atmosphérique sur la végétation. Par exemple, les fortes teneurs en CO2

peuvent atténuer les sécheresses chez certains arbres.

En dépit de ces incertitudes, la plupart des modèles prévoient un recul des espèces de

climat tempéré en plaine. Cela concerne plus précisément les essences telles que le hêtre

ou les chênes sessile et pédonculé dans les plaines de l’ouest, du sud-ouest et du centre.

Ces résultats sont en accord avec d’autres projets de recherche comme « Dryade » qui

ont montré que la vulnérabilité des arbres aux insectes et à certaines maladies est aug-

mentée après les sécheresses extrêmes, tandis que le réchauffement augmente certaines

populations de bioagresseurs. Les sécheresses extrêmes ou à répétition des années 2003

à 2006, comme celles prévues à l’avenir, ont ainsi déjà engendré des dépérissements et

des mortalités anormales des arbres.

« Imiter la nature, hâter son oeuvre », Bernard Lorentz (1775-1865) résumait ainsi la sylviculture enseignée à l'École royale forestière dont il fut le premier directeur, en 1824. Cet équilibre entre foresterie proche de la nature et forêt cultivée n'est-il pas toujours à rechercher pour adapter la forêt au changement climatique ?

© AgroParisTech- centre de Nancy

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11 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Les résultats de ces travaux accomplis

au sein du projet QDIV (Quantifi cation

des effets des changements globaux

sur la Diversité Végétale), soutenus par

l’Agence Nationale de la Recherche

(ANR) et le GIS (Groupement d’Intérêt

Scientifi que) « Climat, Environnement,

Société » ouvrent de nouvelles perspec-

tives dans la recherche sur les effets du

changement climatique sur la végétation.

En effet, ils montrent le besoin de com-

biner plusieurs modèles écologiques de

distribution d’espèces, comme le font les

climatologues sur les modèles de climat,

afi n de comprendre leurs incertitudes,

mais aussi leurs qualités.

Que faire face à de tels scenarii ? Avec

cette nouvelle étude, les scientifiques

apportent des informations aux gestion-

naires des forêts leur permettant d’iden-

tifi er les régions et essences vulnérables

où les évolutions à venir doivent être

anticipées. Ces derniers se préparent déjà

au changement climatique, en mettant

en place différentes stratégies. Certaines

consistent à favoriser les espèces plus

résistantes à la chaleur et à la sécheresse

aux dépens d’espèces plus vulnérables

comme le pin sylvestre. Dans d’autres

cas, la meilleure stratégie consiste à

améliorer la résilience des forêts — par

exemple en renforçant la diversité spé-

cifique et génétique, ou en atténuant

la sécheresse par une sylviculture plus

économe en eau — pour faire face à un

avenir incertain.

❙ Vincent Badeau et Nathalie Bréda,

UMR1137 EEF Écologies et Écophysiologie

Forestières, Département « Écologie des

Forêts, Prairies et milieux Aquatiques » –

Centre Inra de Nancy

[email protected]

[email protected]

❙ Paul Leadley,

Laboratoire Écologie, Systématique et

Évolution, CNRS/Université Paris-Sud/

AgroParisTech

[email protected]

Références :

Cheaib Alissar, Badeau Vincent, Boe Julien, Chuine Isabelle, Delire Christine, Dufrêne Eric, François Christophe, S. Gritti Emmanuel, Legay Myriam, Pagé Christian, Thuiller Wilfried, Viovy Nicolas and Leadley Paul. 2012. Climate change impacts on tree ranges : model intercomparison facilitates understanding and quantifi cation of uncertainty, Ecology Letters,

Badeau, V., Dupouey, J.-L., Cluzeau, C., Drapier, J. & Le Bas, C. (2010). Climate change and the biogeography of French tree species : fi rst results and perspectives. In : Forests, Carbon Cycle and Climate Change (ed. Quae-INRA, Versailles). Inra Versailles, France, pp. 231-252.

Chabriat Géraud, Mollier Pascale, Guehl Jean-Marc. 2011. La forêt française face au changement climatique. INRA Magazine 17, 13-25. http ://www.inra.fr/l_institut/l_inra_en_bref/l_essentiel_en_documents/inra_magazine

Loustau Denis (éditeur). 2010. Forests, Carbon Cycle and Climate Change. (ed. Quae-INRA, Versailles). Inra Versailles, France

Thuiller, W. 2004. Patterns and uncertainties of species’ range shifts under climate change. Global Change Biology 10, 2020-2027.

Le Pin sylvestre sera-t-il, en plaine, la première victime du changement climatique ?

Photo Nathalie Bréda, forêt de Vouzeron (Cher).

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

Si c’est assez naturellement le sec-

teur de la recherche qui, le pre-

mier, a produit des références sur

les impacts du changement climatique

sur les forêts, que ce soit à partir d’entrées

écologiques, physiologiques ou génétiques

(avec une importante étape franchie dans

le cadre du projet CARBOFOR qui a déve-

loppé une approche autécologique de la

question), les grands organismes gestion-

naires de forêts ou venant en conseil se

sont assez fortement investis au milieu des

années 2000, assez récemment donc, sur le

sujet ; que ce soit l’IDF (Institut de déve-

loppement forestier), la Société forestière

de la Caisse des Dépôts ou l’ONF (Offi ce

National des Forêts). Le débat a surtout

été porté au niveau de la politique fores-

tière à partir de la publication du rapport

de Bernard Roman Amat en décembre 2007 sur le sujet et à la suite de sa présentation

devant le Conseil supérieur de la forêt.

L’appropriation du sujet fut rapide puisqu’il est aujourd’hui au cœur même des straté-

gies de politique forestière, que ce soit à travers l’adaptation au changement climatique

de la forêt française ou la participation de la forêt à l’atténuation (mitigation) de ce

phénomène, à travers notamment les questions de stockage de carbone par la forêt et

les produits bois.

L’objet n’est pas ici de revenir sur les effets attendus des modifi cations du climat ou des

voies de réponse envisageables (les travaux en ce sens sont nombreux et structurés),

mais plutôt d’en examiner l’appropriation en terme de politique publique, à l’heure

même où la politique forestière est interrogée sur un certain nombre d’orientations.

La question du temps long, forte spécifi cité de la politique forestière, et son lien avec les phénomènes naturels de moyen terme

De tout temps, depuis qu’elle peut être identifi ée comme telle, la politique forestière

s’est par nature attachée à travailler dans le moyen et long terme, en lien avec un secteur

dont le rythme de production est, très atypique : généralement de 50 à 150 ans.

C’est donc assez naturellement que cette politique aborde la question du changement

climatique comme un élément supplémentaire à intégrer, générateur de nouveaux

risques marqués d’incertitudes. En terme d’échéances, quel que soit le scénario clima-

tique retenu, ce sont en tout état de cause des pas de temps de 50 ans, 100 ans, 150 ans

qui verront des changements sensibles de climat, à la fois en terme de températures,

de volume ou rythme des précipitations, voire d’occurrence de phénomènes extrêmes

de type sécheresse.

Si le secteur de la recherche a été le premier à produire

des références sur les impacts du changement climatique

sur les forêts, les grands organismes gestionnaires de

forêts ou venant en conseil se sont assez fortement

investis au milieu des années 2000 sur le sujet.

Politique forestière et changement climatique, un cas particulier de projection dans le long terme

Jacques Andrieu

Page 13: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

13 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Le pas de temps de ces changements cor-

respond à l’horizon d’anticipation habituel

des gestionnaires forestiers.

Ces modifications amènent à devoir

prendre en compte des changements

dans un des seuls éléments qui paraissait

stable dans le temps, celui des conditions

stationnelles.

En ce sens, par force, le secteur forestier

peut être envisagé comme un précurseur

de l’intégration des préoccupations cli-

matiques dans la gestion, publique ou

privée. L’adaptation à ce changement

se conçoit selon la nature des différents

impacts attendus : changement de pro-

ductivité, modifi cation de la distribution

des essences forestières, variation des

facteurs de risques.

La forêt et la politique forestière peuvent

légitimement revendiquer avoir intégré et

développé la notion de développement

durable avant que le terme ne soit vulga-

risé et diffusé. Elles peuvent et pourront

sans doute revendiquer avoir intégré avant

les autres, dans leurs orientations même,

les conséquences du changement clima-

tique comme axe structurant.

Un investissement primordial dans la connaissance et une dialogue initié entre chercheurs et gestionnaires

Il reviendrait sans doute aux instituts de

recherche de tracer la genèse de l’entrée

progressive du thème changement cli-

matique dans les préoccupations de

recherche française et européenne. Celui

ci s’est progressivement imposé à travers

les différentes disciplines académiques.

Différents réseaux d’observation ont été

mis à contribution et exploités par ce

prisme. On retiendra l’étape qu’a constitué

le projet CARBOFOR (2002-2005), centré

sur carbone et changement climatique,

comme moment focal de cristallisation

et diffusion d’un certain nombre de pro-

jets. Ce fut également pour les gestion-

naires un moment important de prise de

conscience des enjeux liés au changement

climatique.

Le rapport sus mentionné de Bernard

Roman-Amat répondait à une demande

conjointe des Ministres en charge des

forêts et en charge de l’écologie. Prise

de conscience, étape, portage de l’enjeu

au niveau politique, il a beaucoup insisté

sur la nécessité de renforcer les connais-

sances sur le sujet et de favoriser leur

transfert vers les gestionnaires. Si toutes

les recommandations n’ont pas été suivies

à la lettre, elles ont cependant largement

irrigué les stratégies ultérieures.

En premier lieu se situe notamment la

création, en 2008, du réseau mixte techno-

logique « RMT Aforce, adaptation des

forêts au changement climatique », animé

par l’IDF et regroupant organismes de

recherche, de formation, de dévelop-

pement forestier et gestionnaires. Son

objectif est clairement positionné vers la

fourniture d’outils d’aide à la décision à

destination des gestionnaires.

Enfi n, le plan national d’adaptation au

changement climatique (PNACC) éla-

boré sous l’égide du ministère chargé du

développement durable, publié en juil-

let 2011 a marqué une étape essentielle

dans l’élaboration d’une stratégie globale

tournée vers l’adaptation. Celui ci insiste

évidement fortement sur la nécessité

d’investir dans la connaissance, la prévi-

sion et la modélisation. Ce plan regroupe

19 thèmes dont la forêt fait partie et a

été reconnu par ailleurs comme un des

quatre enjeux majeurs en terme d’adap-

tation. Sont notamment développés les

besoins de collecte et diffusion de données

écologiques, celles relatives aux capacités

d’adaptation des peuplements forestiers,

de préservation de biodiversité ou plus

largement de services environnementaux

et enfi n d’anticipation et gestion des phé-

nomènes climatiques extrêmes.

Au final, la prise de conscience d’un

besoin important de connaissance est

largement réalisée, ainsi qu’un travail de

fond associant les communautés scien-

tifiques et les gestionnaires forestiers

investis sur sur les questions d’adapta-

tion des forêts françaises aux condition

futures. Si les résultats ne sont sans doute

pas aussi fi nalisés que le souhaiteraient

les organismes de développement, les

gestionnaires eux mêmes ainsi que les

décideurs, la relative jeunesse en terme

de programmes de recherche en est une

des causes majeures. Mais c’est également,

condition nouvelle, une prise en compte

accrue des incertitudes climatiques qui

induit des préconisations sans doute

moins fermées que précédemment.

Des options diff érentes en terme d’orientation, partiellement guidées par la manière de prendre en compte le changement climatique

Quant à l’attitude du forestier face aux

enjeux du changement climatique, dif-

férentes voies existent et une tendance à

l’opposition d’orientations contrastées se

dessine. Ce serait une caricature que de

distinguer trop nettement deux voies de

réponse. Néanmoins, par commodité ou

nécessité d’expression des oppositions,

les acteurs se prêtent facilement à cette

simplifi cation manichéenne :

– d’un côté, la prise en compte du chan-

gement climatique conforte, pour certains,

la nécessité de renforcer la protection

des forêts, de sanctuariser des espaces

croissants et des continuités ou trames,

de favoriser le vieillissement de la forêt

française permettant un stockage de car-

bone dans le bois sur pied, de conforter

la diversité génétique de la forêt en place,

gage de résilience.

– à l’opposé le changement climatique

valide pour d’autres une voie d’intensifi ca-

tion de la production, d’accroissement de

la récolte pour des stockages de carbone

sous forme de produit bois et d’énergie

renouvelable, de raccourcissement des

cycles, gage d’orientations plus rapides

pour tenir compte des incertitudes futures,

de rajeunissement de la foret française

pour optimiser le puits de carbone actuel

et futur.

Ces deux voies ne se rejoignent que sur

la nécessité d’accroître les connaissances,

notamment en matière de génétique, mais

avec des fins différentes. Amélioration

génétique en vue de plantations mieux

adaptées, caractérisation plus fi ne en vue

de favoriser une résilience accrue pour

les un, amélioration génétique en vue

de plantations mieux adaptées pour les

autres.

Ces voies croisent celles qui ont pu oppo-

ser dans le milieu forestier les tenants de

plantation face à ceux de la régénération

Page 14: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

14

REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

naturelle, ceux tenant d’une orientation

résolue vers des plantations résineuses

face aux protecteurs de forêts feuillues

plus diverses, ceux pratiquant une syl-

viculture par massif équienne face aux

avocats d’une sylviculture irrégulière et

continue. La science fournira des argu-

mentaires et permettra de pondérer

les différentes options, mais ne saura

répondre à des approches en terme de

valeurs qui alimentent le débat forestier

depuis ses origines. Une attention accrue à

la question des risques et à leur évolution

est certainement souhaitable et pourrait

orienter certaines réponses.

A l’opposé, la question est posée en

regard, parfois avec simplisme également,

sur les fondements de politique de protec-

tion de la nature du fait de leurs entrées

parfois excessivement fi xistes, alors que

le changement climatique impose une

approche dynamique, capable de s’adapter

en fonction de l’évolution du climat et de

l’apport de nouvelles connaissances. Cette

approche inclut une vision sans doute plus

dynamique des biotopes, avec des varia-

tions et migrations que les outils actuels

de protection ne sont pas toujours en

mesure d’intégrer.

Conclusion

L’État, dans ses modalités d’intervention

forestière qui se sont longtemps centrées

sur la gestion des forêts publiques, n’hési-

tait pas dans le passé à préconiser des

orientations techniques sylvicoles. C’est

un champ qu’il a relativement délaissé,

d’une part en confi ant cette responsabilité

aux organismes dédiés à la forêt publique

et à la forêt privée, d’autre part en ren-

voyant les orientations forestières à un

processus partagé au niveau régional :

ORF (orientations régionales forestières),

DRA (directives régionales d’aménage-

ments, SRA (schéma régional d’amé-

nagement), SRGS (schéma régional de

gestion sylvicole). De nouvelles questions

sont aujourd’hui posées, en lien avec le

changement climatique, concernant sa

légitimité à réinvestir ces orientations.

La politique forestière a toujours eu la

prétention de préparer à un instant t la

forêt à t + 100 ou t + 150 ans. La question

du changement climatique s’inscrit donc

naturellement comme une entrée majeure

dans cette voie. C’est une gageure que de

formaliser des choix de nature politique

avec de telles échéances, il n’est pas évi-

dent que ce soit d’ailleurs plus diffi cile

aujourd’hui qu’hier. La prise en compte

résolue du changement climatique dans

des orientations gouvernementales (par

exemple le PNACC) est sans doute de

nature à permettre une meilleure ins-

cription d’orientations de moyen et long

terme telles que celles qui s’appliquent au

secteur forestier.

Travailler dans le long terme est aussi

travailler la question de l’investissement,

dans ce secteur où les retours sur investis-

sement sont particulièrement longs. Mais

ce terme d’investissement doit être pris

dans son acception la plus large d’inves-

tissement certes matériel dans la forêt,

les plantations, les travaux sylvicoles de

régénération ou renouvellement mais éga-

lement d’investissement des propriétaires,

publics ou privés, des sylviculteurs eux

mêmes dans leur forêt, d’investissement

dans la recherche, d’investissement dans

la formation. Une gageure centrale d’évo-

lution de la forêt est probablement là.

❙ Jacques Andrieu (R 83, Enssa 87),

Sous directeur de la forêt et du

bois, Ministère de l’agriculture, de

l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et

de l’aménagement du territoire

[email protected]

RésuméLa politique forestière, comme peu d’autres, s’inscrit dans un long terme correspondant au rythme de production des forêts, généralement supérieur au siècle. L’activité sylvicole, elle même appuyée sur un cycle biologique qui sera nécessairement impacté par les conséquences du changement climatique, est interpellée que ce soit en terme d’adaptation des forêts aux nouvelles conditions, ou par la contribution des forêts à l’atténuation de ce phénomène, notamment en stockant du carbone.

Il est généralement admis qu’il relève de la responsabilité de l’État d’investir dans la recherche, le développement et les modalités de suivis particuliers permettant de mesurer le phénomène. Toutefois, de nouvelles questions sont aujourd’hui ouvertes quant à la construction d’orientations prenant spécifi quement en compte les modifi cations du climat. Elles portent sur l’implication à prévoir pour préparer une forêt française adaptées aux conditions des XXIe et XXIIe siècles tout en optimisant son rôle de puits de carbone.

AbstractForest policy, as few others, is part of a long-term process, linked to the rythms of forest production, usually longer than a century. The forestry activity based on a biologic cycle which will necessarily be impacted by the consequences of climate change, has to deal with the adaptation of forests to the climate change, or the contribution of forests to mitigate this phenomenon, including carbon storage.

It is generally admitted that responsibility is down to the state to invest in research, development and implementation of measuring the carblon fl ow phenomenon. Nevertheless, new questions are now opened as for the construction of guidelines specifi cally taking into account the changes in climate. They focus on the involvement required to prepare the French forest adapted to the conditions of 21rst and 22nd century, while optimizing its role as a carbon sink.

Page 15: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

15 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

La forêt face au changement climatique : menaces et stratégies d’adaptation

La forêt présente la particularité d’avoir un cycle de production de l’ordre du

siècle. C’est à la fois un avantage qui lui permet de stocker du carbone mais

aussi un inconvénient, rendant délicat tout essai d’adaptation au changement

climatique.

La fi lière forestière est aujourd’hui

en diffi culté. Si des options fortes

ne sont pas prises pour la soutenir,

le risque est grand de voir se dégrader un

pan de l’économie mais aussi un élément

caractéristique du territoire national.

Le présent article est une reprise partielle

et actualisée d’un article paru dans « La

Jaune et la Rouge », numéro d’août-sep-

tembre 2010.

Le changement climatique : une préoccupation majeure pour les forestiers

Le grand public a souvent du mal à se

représenter les effets d’une évolution

du climat qui se traduirait par une aug-

mentation progressive des températures

moyennes de 2 à 4°C au cours des 100

prochaines années. L’échéance du siècle

paraît lointaine lorsque la préoccupation

du moment est la météo des prochaines

vacances.

Pour le forestier au contraire, 2100, c’est demain.

Par rapport aux productions agricoles, la forêt a en effet une originalité forte : le long

terme. Cette particularité permet une certaine souplesse comme par exemple le maintien

des bois sur pied si les cours sont trop mauvais mais demande une adaptation continue

aux évolutions de la société. Ainsi les chênes plantés par Colbert pour la marine il y

a 300 ans ont été convertis en meubles après la disparition des bateaux en bois. Les

forestiers ont donc souvent une certaine distance vis-à-vis des grands problèmes qui

agitent au jour le jour la sphère médiatique.

Pourtant la forêt, qu’elle soit considérée comme espace naturel ou espace de production

de bois, est un système biologique en prise directe avec les caractéristiques du milieu.

Une question touchant au climat ne pouvait donc laisser les forestiers insensibles. Les

arbres plantés aujourd’hui seront encore présents dans la majorité des cas dans 50 ou

100 ans, voire plus. Cela suppose qu’ils soient capables de supporter le climat actuel

mais aussi le climat futur. Le sylviculteur ne peut pas en effet, comme l’agriculteur,

adapter annuellement sa production aux évolutions de la conjoncture.

Lors du renouvellement de ses peuplements, le forestier se posait jusqu’ici beaucoup

de questions philosophiques liées directement au long terme : utilisera-t-on encore

du bois dans un siècle, quelles essences, quels types de produits, à quel prix seront-ils

payés ? Mais il avait une certitude : les conditions de croissance resteraient stables. Le

sol et le climat moyens, immuables dans une région donnée, permettaient au moins

un choix d’essences adaptées. Cette certitude, la seule sur laquelle il pouvait s’appuyer,

vient de voler en éclats !

Philippe Riou-Nivert

Page 16: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

Des eff ets déjà perceptibles

Les forestiers ont commencé à se pré-

occuper sérieusement du changement

climatique au début des années 2000.

La première impression ne fut cepen-

dant pas négative : l’augmentation de la

température, accélérateur des réactions

métaboliques, et celle du CO2, carbu-

rant de la photosynthèse productrice

du bois (et d’ailleurs à l’origine de toute

matière vivante) ne sont pas les ennemis

du sylviculteur. Les slogans d’EDF prô-

nant un monde sans carbone leur ont

toujours paru aberrants. Le CO2 n’est

pas un polluant, c’est la vie. Des études

dendrochronologiques menées dans

les années 1980 ont d’ailleurs montré

que les arbres n’avaient jamais autant

poussé depuis un siècle qu’aujourd’hui,

attribuant ce surplus de croissance en

partie aux évolutions favorables du cli-

mat. Malheureusement, ils prirent très

vite conscience que ces effets positifs

initiaux allaient rapidement être contre-

balancés par des effets négatifs biens plus

importants.

En décembre 1999, deux tempêtes impro-

bables balayèrent toute la France, ren-

versant 170 millions de m3 (plus de 4

années de récoltes), 15 fois plus que les

tempêtes précédemment répertoriées de

mémoire d’homme. Dix ans plus tard, la

tempête Klaus s’acharna à nouveau sur

les futaies de pin maritime d’Aquitaine,

les amputant de 43 millions de m3 supplé-

mentaires. Le massif landais, jusqu’ici la

plus grande forêt artifi cielle d’Europe (un

million d’hectares) fut ainsi réduit de moi-

tié en une décennie. En 2003, la plus forte

canicule jamais enregistrée par Météo

France, doublée d’une intense sécheresse,

provoqua des dégâts massifs et continue à

avoir des répercutions aujourd’hui. Si les

climatologues ont toujours hésité à lier

de façon sûre l’évolution des tempêtes

au changement climatique, ils annoncent

en revanche que l’été 2003 sera un été

moyen vers 2070…

La dernière décennie a donc été une

période choc pour les forestiers, pour-

tant habitués aux caprices du climat. Ils

comprirent que ce n’était pas directement

la variation des taux de gaz dans l’atmos-

phère ou de la température qu’ils devaient

craindre, mais les phénomènes induits.

Des inquiétudes pour l’avenir

L’accroissement des accidents violents

est particulièrement redouté. Hormis les

tempêtes (premier facteur de dégâts aux

forêts), la première inquiétude des fores-

tiers est l’augmentation de la fréquence

et de l’intensité des sécheresses estivales,

corollaire de celle des températures. Les

sécheresses constituent le principal facteur

déclenchant des dépérissements forestiers

en perturbant et en affaiblissant dura-

blement les arbres. Ainsi, après 2003, de

nombreuses essences se sont retrouvées

en porte à faux : pin sylvestre en zone

méditerranéenne, sapin dans les Alpes du

Sud, épicéa et douglas dans les bordures

du Massif central, chêne pédonculé un peu

partout. Des essences qu’on croyait assez

résistantes au défi cit hydrique comme les

chênes vert et pubescent, le châtaignier

ou le pin d’Alep ont aussi été affectées.

Les incendies de forêt sont directement

liés aux sécheresses. Ils risquent donc de

s’amplifi er et de concerner des zones où

ils étaient jusqu’alors peu redoutés et où

les infrastructures de protection ne sont

guère développées (Centre et Ouest de

la France…). Ainsi en 2003 les surfaces

brûlées ont-elles atteint le record de

73 000 ha. Une récente mission intermi-

nistérielle (juillet 2010) prévoit une aug-

mentation d’un tiers des surfaces sensibles

aux incendies, qui pourraient concerner

la moitié du territoire national en 2050.

Les attaques parasitaires (insectes rava-

geurs et champignons pathogènes)

inquiètent également les sylviculteurs. Si

le changement climatique peut en favo-

riser certains et en défavoriser d’autres,

le bilan semble bien être à l’avantage

des premiers. Les parasites de faiblesse

(scolytes, armillaire) ont de belles pers-

pectives devant eux avec la multiplica-

tion des peuplements en diffi culté après

sécheresse, tempête ou incendie. Mais de

nombreux autres parasites sont favorisés

par l’augmentation des températures. Les

Après la tempête de 1999, les attaques d’insectes qui ont suivi et la sécheresse de 2003, nombre de peuplements forestiers ont beaucoup souff ert : ici épicéas dans les Vosges. © L.-M. Nageleisen, Département de la santé des forêts du Ministère de l’agriculture

La première inquiétude des forestiersest l’augmentation de la fréquenceet de l’intensité des sécheresses estivales,corollaire de celle des températures.

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17 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

insectes (comme la chenille procession-

naire du pin) ou les pathogènes (comme

les phytophthoras) qui étaient limités par

les froids hivernaux ne sont plus régu-

lés. D’autres comme les pucerons ou les

scolytes du tronc voient le nombre de

leurs générations multiplié en été. Par

ailleurs, des parasites exotiques envahis-

sants pourraient trouver, dans une France

plus chaude, des conditions favorables à

un développement rapide, en l’absence

de leurs ennemis naturels. Certains sont

déjà identifiés et font l’objet de sur-

veillance aux frontières et de mesures de

quarantaine.

Les aires potentielles de végétation

devraient logiquement suivre les évo-

lutions du climat, dans la mesure où

chaque essence ne peut croître que dans

des conditions de température et de

pluviosité bien défi nies (1). En 2004, les

résultats de la première étude importante

sur ce sujet, dans le cadre du programme

Carbofor, fi t beaucoup de bruit chez les

forestiers et, ce qui est rare, eut des échos

dans les grands médias. Il y était mon-

tré que les aires bioclimatiques actuelles

devaient progresser vers le nord de l’ordre

de 500 km en un siècle, soit à une vitesse

10 fois plus rapide que la capacité propre

de migration de la plupart des essences

forestières. Si ces simulations sont cor-

rectes, certaines espèces auront peu de

chances de se maintenir dans des zones

devenues inhospitalières (sauf dans cer-

tains refuges microclimatiques) mais elles

n’auront pas non plus le temps d’occu-

per d’elles-mêmes les nouvelles aires

favorables. De nombreuses incertitudes

subsistent encore quant aux possibilités

d’adaptation génétique des essences au

nouveau contexte climatique, à l’évolution

des cortèges de parasites et symbiotes et à

la compétition avec de nouvelles espèces

végétales.

La sécheresse de 2003 a représenté une

première alerte sérieuse en provoquant des

dépérissements d’espèces en limite sud

de leur aire. La région méditerranéenne

est ainsi devenue pour les forestiers la

« vigie du changement climatique ». De

grandes essences forestières françaises

comme le chêne pédonculé, le hêtre, le

sapin et l’épicéa (5 millions d’ha à elles

quatre, soit un tiers de la forêt française)

sont désormais sur la sellette.

Quelles stratégies d’adaptation ?

Le sylviculteur est forcément démuni face

à une évolution aussi rapide à l’échelle

des rythmes forestiers. Le besoin de

connaissances est crucial dans de nom-

breux domaines :

– le diagnostic « prospectif » des sta-

tions (3), est devenu indispensable pour

décider de l’installation de nouvelles

essences ou du maintien d’essences en

place. Comment les facteurs limitants de

la croissance vont-ils évoluer en un siècle

sous la pression du climat ?

– l’autécologie des essences est un second

point à préciser, notamment pour réorien-

ter les programmes d’amélioration géné-

tique. Quelles sont les essences les plus

résistantes au stress hydrique ? La tenta-

tion est grande d’appeler à la rescousse

des essences exotiques, notamment

résineuses mais dont les caractéristiques

sont encore largement inconnues ;

– au niveau technique, on a quelques idées

à confi rmer pour réorienter la sylviculture,

axées sur la réduction du stress hydrique

aussi bien au moment de la plantation et

des entretiens que de la conduite des peu-

plements. Il semble judicieux de privilégier

par exemple les peuplements à densité

faible (futaie claire) ou de favoriser les

mélanges d’essences ou de provenances

(à la plantation ou en enrichissement de

peuplements existants) bien qu’ils soient

plus difficiles à conduire, pour ne pas

mettre tous ses œufs dans le même panier.

Pratiquer une sylviculture dynamique,

avec réduction des révolutions, lorsque

c’est possible, autour de 50 ans, pour

maintenir des peuplements sains, stables,

plus résistants à la sécheresse mais aussi

aux tempêtes et aux attaques de parasites

est une tendance qui semble se dégager

mais n’emporte pas l’adhésion de tous ;

Évolution simulée des aires bioclimatiques potentielles des principaux groupes biogéographiques en France (Badeau et al., Carbofor, 2010)

Cette étude, utilisant un scénario d’évolution du climat pourtant très modéré du GIEC (2) (scénario B2, aboutissant à une augmentation de 2,5 °C de la température moyenne en un siècle), prévoit une évolution considérable des aires potentielles de végétation. Ainsi l’aire favorable aux espèces méditerranéennes passerait de 9 % du territoire actuellement à 28 % en 2100 et celle des espèces du Sud-Ouest de 17 % à 46 %. Parallèlement, les zones correspondant aux essences continentales du Nord-Est seraient réduites et celles favorables aux espèces de montagne seraient ramenées de 16 % à 6 % du territoire.

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

– les réseaux de surveillance seront aussi

à renforcer, tant au niveau phytosanitaire

que vis-à-vis des incendies (infrastructures

à prévoir).

Tous ces axes sont débattus dans le cadre

d’un « réseau mixte technologique » (4) qui

réunit depuis 2008 une douzaine d’orga-

nismes forestiers.

La forêt, moyen de lutter contre le changement climatique ?

La forêt est reconnue comme le second

puits de carbone après l’océan et est en ce

sens susceptible de contribuer à la réduc-

tion du taux de CO2 atmosphérique. Ce

dernier est capté et stocké dans le bois

sur pied. En fi n de course, après la chute

des feuilles, des branches ou la mort de

l’arbre, il se retrouve stocké dans le sol. En

cas d’exploitation et après transformation,

il est séquestré dans les produits mis en

œuvre (charpentes, meubles, isolation…)

en lieu et place du plastique, aluminium,

béton, acier, de fabrication très énergivore

et consommatrice de carbone fossile. Le

bois utilisé directement comme énergie

permet aussi d’éviter de déstocker du car-

bone fossile. Cette substitution est per-

manente dans le temps et cumulative, le

carbone « biologique » étant du carbone

atmosphérique recyclé indéfi niment grâce

à la photosynthèse.

Tous ces avantages donnent à la forêt une

importance nouvelle. L’augmentation des

surfaces boisées aurait donc un intérêt

fort, d’autant qu’elle peut se faire sans

regret puisque présentant des atouts

multiples dans d’autres domaines, éco-

logiques (réservoir de biodiversité ou de

ressources génétiques, protection des sols,

purifi cation de l’eau…) ou sociaux (accueil

du public, paysage…).

Il faut néanmoins prendre garde à éviter

certaines erreurs comme le stockage de

volumes trop importants de bois sur pied

(peuplements denses) qui les rendrait plus

fragiles aux effets mêmes du changement

climatique qu’on veut atténuer (séche-

resses) et aux tempêtes.

Il y a donc là un créneau à saisir, mais de

façon judicieuse.

Forêt, changement climatique et aménagement du territoire

La forêt occupe plus du quart de la surface

nationale mais reste le parent pauvre au

sein du ministère de l’agriculture dont elle

dépend. Le long terme qui la caractérise

ne favorise pas les spéculations écono-

miques et bien peu de propriétaires fores-

tiers privés (qui détiennent trois quarts des

surfaces) vivent de leur forêt. Les risques

importants, notamment de tempêtes, ne

sont généralement pas couverts par les

assurances et les catastrophes successives,

tout comme la réduction régulière des

aides au boisement, constituent des élé-

ments importants de démotivation.

Dans ce contexte, les incertitudes supplé-

mentaires liées au changement climatique

posent problème. S’il s’avérait que des

dépérissements importants se généra-

lisent dans les 50 ans à venir, il est peu

probable que les sylviculteurs puissent

faire face sans un appui fort au renouvel-

lement des peuplements. On assisterait

alors à un désintérêt pour la forêt que

seuls les aspects affectifs et patrimoniaux

permettent aujourd’hui de contrer.

Il en résulterait un abandon des surfaces

dépérissantes à elles-mêmes, une dispari-

tion partielle de l’état boisé et un enfriche-

ment généralisé qui suivrait la remontée des

infl uences méditerranéennes vers le nord.

L’augmentation des surfaces boisées a un intérêt fort, d’autant qu’elle présente des atouts multiples dans d’autres domaines.

Le RMT AFORCE : fer de lance des forestiers contre le changement climatiqueLe RMT Aforce est un réseau mixte technologique consacré à l’adaptation des forêts au changement climatique. Il regroupe plus d’une douzaine d’organismes forestiers appartenant aux domaines de la recherche, du développement, de l’enseignement, de la formation et de la gestion.

Il a été créé fi n 2008 sous l’impulsion des forestiers eux-mêmes, conscients de la nécessité de constituer un lieu d’échange et de transfert de l’information autour de cette thématique. Le réseau est piloté par L’Institut pour le développement forestier et fonctionne grâce à une forte implication de ses partenaires. Il est soutenu par le ministère en charge de l’Agriculture et, depuis peu, par France Bois Forêt. Initié à l’origine pour trois ans, il a obtenu une prolongation jusqu’à fi n 2013 du label RMT.

La première fi nalité du réseau est la mise au point d’outils d’aide à la décision permettant au gestionnaire de réduire la vulnérabilité des peuplements aux évolutions climatiques attendues.

Le RMT Aforce propose chaque année des appels à projets permettant le soutien d’initiatives de recherche et développement sélectionnés en tenant compte des préoccupations et interrogations des gestionnaires. Il a jusqu’à ce jour permis la réalisation de 15 projets dont certains sont encore en cours. Ces projets portent chacun sur l’une des cinq thématiques de travail du réseau : (1) Évolution des stations forestières, (2) Vulnérabilité des peuplements, (3) Gestion, valorisation et conservation des ressources génétiques, (4) Croissance et sylviculture des peuplements, (5) Évaluation économique des décisions de gestion.

Le réseau soutient par ailleurs, toute action susceptible de faire progresser le transfert des connaissances et d’aider à la mobilisation de l’information. Il a organisé, au cours des trois dernières années, cinq ateliers. Leur but était d’informer sur les outils disponibles ou innovations transférables au développeur, de faire progresser la réfl exion sur les axes de travail du réseau et d’encourager l’incubation de nouveaux projets.

Le réseau a soutenu l’organisation du colloque : « Que nous apprend la recherche sur la vulnérabilité des forêts au changement climatique ? ». Il a permis de sélectionner les résultats récents de la recherche exploitables pour la gestion.

Le réseau doit à présent s’emparer de ces résultats pour formaliser des outils simples utilisables en gestion : diff usion de cartes de vulnérabilité validées, méthodes de prise en compte du risque dans les guides de sylviculture et dans les directives, formation au diagnostic de vulnérabilité…

En 2012 et 2013, Aforce concentrera ses moyens sur la mise en place de trois groupes de travail multi-orga-nismes : (GT1) – Diagnostic stationnel et choix des essences, (GT2) – Gestion de l’eau dans la sylviculture des peuplements existants, (GT3) – Création et renouvellement des peuplements. Ces groupes auront pour vocation de produire des recommandations et des éléments d’aide à la décision et à l’action pour les agents du développement, gestionnaires et décideurs et surtout de donner les clés pour éviter les principales erreurs.

L’enjeu est de taille : créer de nouveaux comportements de gestion préventive pour limiter le risque.

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19 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

des investissements et de catastrophes

à répétition. Les évolutions climatiques,

brutales à l’échelle des cycles forestiers, lui

porteront-elles le coup de grâce ou seront-

elles l’occasion de redynamiser la fi lière ?

❙ Philippe Riou-Nivert,

Ingénieur à l’Institut pour le développement

forestière, Service d’utilité forestière du

Centre national de la propriété forestière,

47 rue de Chaillot 75116 PARIS

Références bibliographiques :

Badeau V. et al., 2010. Climate change and the biogeography of French tree species : fi rst results and perspectives. In “Forest, Carbon Cycle and Climate Change”, Denis Loustau (Ed.), QUAE, ISBN 978-2-7592-0384-0, 231-252.

Chatry. C., Le Gallou J.-Y. Le Quentrec M., Lafi tte J.-J., Laurend D., Creuchet B. (juillet 2010) Rapport de la mission interministérielle : « Changement climatique et extension des zones sensibles aux feux de forêts », 53 p. + annexes.

Perrier C., 2011, Dossier : « Comment anticiper le changement climatique ? ». Forêt-entreprise, N° 196, p. 12-36

Riou-Nivert, P. et al., 2008. Dossier : « Changement climatique : questions des sylviculteurs et réponses des chercheurs ». Forêt Entreprise, N° 180, p. 11-45.

Riou-Nivert, P. et al., 2008. Dossier : « Changement climatique : préparer l’avenir ». Forêt Entreprise N° 182. p. 18_48.

Notes :

(1) Ces besoins propres à chaque essence caractérisent son « autécologie »

(2) Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat

(3) Une station est une étendue de terrain bénéfi ciant de conditions homogènes de climat, sol, topographie et végétation

(4) RMT AFORCE : www.foretpriveefrancaise.com/aforce

Cette évolution, déjà perceptible suite

aux récentes tempêtes, notamment dans

les Landes, serait dramatique car source

à son tour d’accroissement des risques

(incendies), de déstockage de carbone,

de désorganisation de la fi lière bois et de

disparition de nombre d’avantages éco-

logiques et sociaux. Seul un programme

forestier ambitieux, amorcé par les dis-

cours prononcés à Urmatt (Bas-Rhin), en

2009 puis à Egletons (Corrèze) en 2011

par le Président de la République, pourra

contrecarrer ces tendances.

Conclusion

La forêt française est aujourd’hui dans

une situation charnière, à la fois cible du

réchauffement et moyen de l’atténuer.

Plusieurs de nos essences ancestrales sont

menacées, des certitudes techniques sont à

reconsidérer, des recherches sont à réorien-

ter. Après un grand dynamisme de reboise-

ment jusqu’à la fi n des années 80 soutenu

par le Fonds forestier national, le souffl et

est retombé sous l’effet de la réduction

Le douglas produit un bois recherché pour le bâtiment. C'est donc une essence à favoriser en sélectionnant des graines provenant de forêts dont le climat actuel correspond à celui escompté durant la seconde moitié du XXI° siècle là où on introduira ces graines.

© AgroParisTech- centre de Nancy

AbstractThe forest faced to climate change : threats and coping strategies

With a production cycle of the order of a century, the forest reduces the eff ects of climate change by storing carbon. But it’s fragile. Destabilized by the recent storms, the drought and the pest attacks, it needs a strong support to adapt and continue to play its role in the French countryside.

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20

REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

Cet article s’appuie sur les travaux réalisés à FCBA et

notamment ceux de l’équipe du Pôle Environnement

– Santé, spécialement les contributions de Gérard

Deroubaix, Estelle Vial et Claire Cornillier (PG 91) et sur

les articles parus dans la revue PCM spécial « foret, bois,

cellulose » de 2012 (1)

Les atous des produits à base de bois pour lutter contre le changement climatique

Le bois et les produits à base de bois : quelques rappels (même pour des agronomes)

Le bois, matériau bio-sourcé, est le produit

de la photosynthèse et de quelques élé-

ments (sels minéraux) prélevés en quantité

limitée dans le sol. Chimiquement il se

compose de : carbone (50 %), d’oxygène

(42 %), d’hydrogène (6 %) et d’azote

(2 %), atomes recomposés principale-

ment en molécules de cellulose, de lignine

et d’eau auxquelles s’ajoutent quelques

autres constituants.

Matériau naturel ou « dieudonné » il a

ses spécifi cités qui sont atouts souvent,

faiblesses parfois par rapport aux maté-

riaux « industriels ». Les produits qui en

sont issus, désormais industrialisés ampli-

fi ent ses atouts et limitent ses faiblesses.

Les professionnels du bois (scieurs,

charpentiers, menuisiers, ébénistes, papetiers…) ont valorisé de tous temps ces carac-

téristiques ! (voir pour plus de détails le numéro précité de PCM).

Tout au long de sa vie, l’arbre grandit en hauteur et grossit en largeur, sur la base de

« tuyaux » qui l’alimentent et assurent ses propriétés de structure remarquables (c’est

un matériau « nid d’abeille »). Le bois fi gure parmi les matériaux présentant l’une des

meilleures résistances en fl exion (c’est-à-dire par application d’une charge verticale

sur un plan horizontal) rapportée au volume. Il est en ce point proche de l’acier et se

place au-dessus du béton (qui, lui, travaille remarquablement en compression). A titre

d’exemple, le bois peut ainsi assurer des portées horizontales de 120 m en lamellé-collé.

Il constitue la structure de bâtiments multi-séculaires (depuis les églises scandinaves,

les temples japonais, le bâti en pan de bois R+5 du vieux Rouen ou du vieux Colmar

jusqu’à l’Hausmannien).

La juxtaposition de vaisseaux de fonction et de nature différentes fait cependant que

le matériau est hétérogène, d’une part, et anisotrope, c’est à dire ne possédant pas les

mêmes propriétés dans toutes les dimensions, d’autre part. Ceci a des répercussions sur

ses propriétés, fi gure 1 notamment en termes de résistance et de déformation.

L’eau pour sa part se trouve à la fois à l’état « libre » (dans les vaisseaux qui permettent

la circulation de la sève) et « liée » (dans les parois de ces vaisseaux). Lorsque l’arbre

est abattu, l’eau des vaisseaux s’évacue naturellement par ressuyage. Celle située dans

les parois demeure ; elle peut aussi être enlevée par un séchage plus poussé.

Le bois a la faculté d’absorber et de rejeter l’eau pour se mettre en humidité d’équilibre

avec l’humidité ambiante de l’endroit où il se trouve. Un bois placé en milieu humide

va gonfl er, un bois en milieu sec va se rétracter, ce qui provoque parfois l’apparition de

fentes (exemple des meubles dans les appartements surchauffés l’hiver).

Georges-Henri Florentin

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21 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Comme tous les matériaux (rouille pour

l’acier, alcali-réaction pour le béton…),

le bois peut subir des dégradations. Ces

dégradations évitent que depuis le carbo-

nifère, la terre soit encombrée de mon-

ceaux de bois morts. Il peut d’abord subir

de légères dégradations, dues à l’eau et

aux ultraviolets. Celles-ci modifient sa

couleur, on dit communément que le bois

grise ou grisaille, comme nous « bron-

zons » ; cette évolution n’altère en rien

ses propriétés. Dans de mauvaises condi-

tions d’utilisations en extérieur, contre les-

quelles on peut lutter par la conception, le

bois peut toutefois subir des dégradations

plus fortes par attaque de champignons

et d’insectes.

Totalement immergé dans l’eau, le bois

a une incroyable durée de vie, de plu-

sieurs siècles (les drakkars vikings immer-

gés dans les marais, les pieux des cités

lacustres de plus de 4 000 ans et des cathé-

drales immergés dans les nappes phréa-

tiques sont là pour en attester). Mais pour

peu que des conditions nouvelles fassent

baisser la nappe et laissent pénétrer l’oxy-

gène, les champignons se développent sur

ce bois. Le choix du site de construction,

la connaissance des sols et l’isolation des

zones d’humidité non permanente sont

donc primordiaux dans la construction

avec du bois. Pour une bonne utilisation

du bois, l’essentiel est d’éviter les pièges à

eau, cuvettes laissant stagner l’eau en pré-

sence d’oxygène. Ainsi, les constructions

bois reposent bien souvent sur une base

en pierre, béton ou métal de telle sorte que

le bois ne soit pas en contact direct avec le

sol humide. A contrario, dès lors que l’eau

s’écoule mais ne stagne pas (pan incliné

par exemple), le matériau est protégé.

Le bois est bien connu pour ses proprié-

tés acoustiques : résonance apportée par

certaines essences (épicéas d’altitude pour

violons, pianos). En matière de thermique,

il présente une faible conductivité. Il ne

transmet pas (ou peu) la chaleur ou le

froid (on le dit « chaleureux » au toucher

comme au regard), limitant les « ponts

thermiques » au contraire des métaux

par exemple. Cette qualité est évidem-

ment particulièrement appréciée pour la

construction. Elle explique sa présence

traditionnelle dans les régions froides ou

en altitude et, en partie, le regain d’inté-

rêt actuel dans le cadre du Grenelle de

l’environnement. La présence du car-

bone, recomposé dans les molécules de

lignine et cellulose, la porosité du matériau

expliquent ces propriétés.

Contrairement à des idées reçues, le bois

constitue un bon pare-feu. Pourquoi ? Parce

qu’il brûle mais ne fond ni ne se déforme.

Ceci le rend plus résistant que l’acier qui

fond à très forte température et se tord,

déstabilisant l’édifi ce. Lorsqu’un incendie

se déclare dans une construction, les pom-

piers s’enquièrent des matériaux la compo-

sant : ils savent que le bois se consume en

périphérie en gardant pendant un temps

ses propriétés (la présence de poutres en

bois réduit les risques d’écroulement) et

qu’ils ont un certain délai pour évacuer les

habitants (résistance au feu).

Ses performances environnementales

telles que son caractère renouvelable,

son faible coût énergétique et le fait qu’il

stocke le carbone sont désormais avérées,

et confortées par des argumentaires scien-

tifi ques solides : ACV (analyse de cycle de

vie) et FDES (fi ches de déclaration envi-

ronnementale et sanitaires) qui s’étayent

constamment.

Le regain d’intérêt du grand public, de la

maîtrise d’ouvrage comme de la maîtrise

d’œuvre après des années de léthargie

se confirme chaque jour. Après l’avoir

« oublié », les architectes le redécouvrent

et par un (juste ?) retour des choses, le

plus ancien des matériaux de construction

redevient « tendance ».

Le bois, encore « challenger » dans le

domaine du bâtiment, par exemple, se

tourne résolument vers le futur. Son déve-

loppement est sensible, tant en rénova-

tion phénomène assez classique, qu’en

construction.

« Légèreté et solidité.. », belvédère en châtaignier sur la vallée de l’Eyrieux en Ardèche.

Architecte Guy Rénier, BET Bois. Photo Anglade.

Quelques références concernant le « carbone vert »– La forêt française absorbe et séquestre annuellement dans le bois plus de 100 millions de tonnes de CO2, soit 4 tonnes de biomasse produites par seconde ou l’équivalent de 1 tonne équivalent pétrole par seconde (tep/sec)…

– Un hectare de forêt « effi cace » absorbe et stocke de 10 à 15 tonnes de CO2/an (soit l’équivalent de 3 tep/an, ou la quantité d’émissions de CO2 d’un véhicule parcourant 60 000 km),

– A fonctionnalité égale, la fabrication d’une structure bois consomme environ 9 fois moins d’énergie qu’une structure béton et 17 fois moins d’énergie que celle de son équivalent en acier,

– Une structure bois stocke du carbone (à raison de 1 t CO2/m3) et constitue en fi n de vie un biocombustible renouvelable en puissance (à raison de 0,25 tep/m3).

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

Carbone et fi lière forêt-bois : les enjeux techniques de comptabilisation

Dans le contexte de la lutte contre le chan-

gement climatique et de la diminution

des ressources fossiles, la filière forêt-

bois dispose donc d’importants atouts.

La photosynthèse permet à la forêt d’être

un puits de carbone, et les produits issus

de la forêt peuvent prolonger cette fonc-

tion tout au long de leur durée de vie en

stockant le CO2 de l’atmosphère. Mais la

valorisation de ces atouts dépend bien

évidemment de leur reconnaissance par

les outils de comptabilisation des émis-

sions et captations des gaz à effet de serre.

Les modalités de comptabilisation sont

différentes selon que l’on fera ces bilans à

l’échelle nationale, à l’échelle d’une acti-

vité ou d’un produit. La reconnaissance de

ces atouts n’est complètement acquise à

aucun de ces niveaux, mais elle est plus

ou moins avancée.

Avant d’entrer dans le détail de ces

méthodes, il convient de défi nir un voca-

bulaire permettant de décrire les phé-

nomènes par lesquels la forêt et le bois

peuvent interagir avec le carbone. En pre-

mier lieu, lorsque le bilan net absorption-

émission de carbone de la forêt est positif

(cas des forêts en développement), alors

celle-ci est un puits de carbone et pourra

dire qu’il y a « captation » du carbone

provenant du CO2 atmosphérique. Ce car-

bone ainsi capté est stocké en forêt (dans

le bois et le sol) ainsi que dans les pro-

duits bois issus de la forêt, pendant toute

leur durée de vie. On conviendra alors de

parler de « stockage » de carbone. La syl-

viculture, l’exploitation forestière, le trans-

port du bois, la fabrication des produits,

leur utilisation en fi n de vie, génèrent des

émissions de gaz à effet de serre (GES),

liées à l’utilisation de combustibles fos-

siles ou à la dégradation de la biomasse.

Il s’agit donc bien là d’ « émissions ». Il

est important de noter que les produits

bois et même le bois énergie génèrent

moins d’émissions de CO2 fossile que les

matériaux et combustibles traditionnels

qu’ils peuvent remplacer ; la substitution

de ces produits concurrents conduit donc

à des économies d’émissions de GES. On

parlera alors d’un effet « substitution ».

Les bilans d’émissions-captations de

GES se font à l’échelle nationale, dans

le cadre de la Convention Climat des

Nations Unies (UNFCCC) et du Protocole

de Kyoto. Chaque pays adhérent établit

annuellement l’inventaire des émissions

et puits, afi n de mesurer le respect des

engagements de réduction des émissions

(voir l’article de Jean-Christophe Hervé

dans le même numéro). La loi du 13 août

2005 fi xe un objectif de réduction de 3 %

par an soit une division par 4 d’ici 2050

de nos émissions.

La forêt est incluse dans ces comptes. La

forêt Française est un puits de carbone

important avec un fl ux physique net de

captation évalué à - 78,2 m t eq. CO2 en

2008 et en constante progression depuis

1990 (+80 % de 1990 à 2007). Mais ce

bénéfi ce est conventionnellement pla-

fonné dans les comptes à – 3,2 M t eq

CO2 au titre du protocole de Kyoto.

Selon les lignes directrices du GIEC (2),

les produits ligneux sont considérés

comme un réservoir de carbone. A ce

jour, les variations de stocks de car-

bone des produits de la forêt ne sont

pas éligibles au titre des engagements

nationaux de réduction des émissions de

GES. Cependant, la Convention Climat

permet un reporting volontaire de ces

variations de stocks, et il est possible que

dans les engagements post-Kyoto, les

produits de la forêt puissent être pris en

compte. La France a réalisé ce reporting

pour l’année 2005 (3)  : le bilan est une

captation de - 4,6 M t eq. CO2. A noter

que les produits bois en France consti-

tuent un stock de 344 M t eq. CO2. Parce

qu’ils prolongent le stockage de carbone

forestier, parce que l’augmentation de la

quantité de produits bois sur le marché

ou l’augmentation de leur durée de vie

conduit à un accroissement du stock de

CO2 biomasse, les produits bois consti-

tuent également un puits de carbone.

Il est possible d’assurer une reconnais-

sance économique de la fonction de

puits de carbone forestier. Des marchés

réglementés et des marchés volontaires

ont été mis en place afi n de donner de

la fl exibilité aux acteurs dans les poli-

tiques de réduction des émissions de

GES ou d’accompagner les initiatives

privées d’actions de réduction des émis-

sions. Des « projets carbone forestiers »

peuvent ainsi émerger, visant à compen-

ser les émissions d’autres activités, et

être rémunérés. Dans le cadre de l’unité

de gestion forestière, un bilan annuel

émissions-captations est également

établi, qui doit démontrer l’effet puits

obtenu.

Ces bilans réalisés à l’échelle nationale

ou au niveau de l’unité de gestion fores-

tière sont donc basés sur une comptabi-

lité des fl ux, par année, sur un territoire.

Figure 1

Page 23: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

23 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Un autre niveau d’analyse des émissions-

captations de GES est celui des produits.

L’empreinte carbone des produits est

une information dont la diffusion vers le

consommateur va croissante. Le Grenelle

de l’environnement, en prévoyant un

« affi chage environnemental » des pro-

duits, accélère fortement la généralisation

de ce type d’information.

L’empreinte carbone est établie en appli-

quant la méthodologie de l’ACV. Il s’agit

d’une approche par fl ux, sur le cycle de

vie du produit. Une différence importante

avec l’approche précédente des bilans

nationaux ou territoriaux est qu’il n’y a

pas, pour l’empreinte carbone, de notion

de période d’analyse comme précédem-

ment et que la date d’émission ou de cap-

tation des GES n’est donc pas considérée.

La fi gure 1 montre les émissions de GES

liées au carbone fossile. Celles-ci peuvent

survenir, comme on le voit ici dans le cas

d’un produit de construction, à toutes

les phases du cycle de vie de ce produit.

Le carbone biomasse a un devenir dif-

férent lors du cycle de vie d’un produit

bois ; comme illustré sur la fi gure 2, il est

capté par photosynthèse en forêt, puis

stocké pendant toute la durée de vie du

produit, durée qui peut, pour un pro-

duit de construction atteindre plusieurs

décennies, voire dépasser le siècle. En fi n

de vie, ce carbone peut être réémis, sous

forme de CO2 si le produit est brûlé. S’il

est enfoui, il peut se dégrader partielle-

ment CO2 en et en CH4, gaz à plus fort

coeffi cient de réchauffement climatique.

Cependant, dans des conditions d’en-

fouissement dans le sol, cette dégrada-

tion est lente et la littérature scientifi que

indique qu’après 100 ans, seuls 15 % envi-

ron de la masse de bois sont dégradés.

En analyse de cycle de vie traditionnelle,

le calcul se fait sur l’ensemble du cycle

de vie, en comptabilisant les fl ux de GES

d’origine fossile et d’origine biomasse :

captation et émissions de CO2, émissions

de CH4 le cas échéant. Ce calcul ne prend

pas en compte le stockage temporaire de

carbone biomasse. Ce dernier point peut

être considéré comme une insuffi sance

méthodologique, car il signifi e que si l’on

considère deux scénarios, l’un ou le pro-

duit bois est brûlé immédiatement après

sa production et l’autre où il est brûlé

100 ans plus tard, l’ACV traditionnelle

donnera le même résultat d’empreinte

carbone.

On peut à ce stade rappeler quelques prin-

cipes communément admis concernant la

lutte contre le changement climatique :

le CO2 qui n’est pas dans l’atmosphère

ne participe pas à l’effet de serre et toute

prolongation du stockage du carbone est

bénéfi que, dans le contexte de mutation

actuelle. Dans ce cadre, si la forêt est stable

ou en croissance, les produits participent

au puits de carbone en évitant l’émission

immédiate de CO2 par la dégradation

naturelle ou la combustion du bois.

Afin de prendre en compte le « béné-

fi ce climat » du stockage temporaire du

carbone dans les produits, il peut être

proposé de le comptabiliser par une

déduction des émissions de CO2, au pro-

rata de la quantité de carbone biomasse

contenue dans le produit et de sa durée

de vie. Considérant un horizon de temps

de 100 ans pour l’étude des impacts des

produits, le bénéfi ce du stockage est ainsi

établi à 1/100e du carbone contenu par

année de stockage. Ce principe est retenu

en France dans le référentiel de bonnes

pratiques de l’affi chage environnemental

des produits de grande consommation

(BPX 30-323) ainsi que dans son équiva-

lent britannique (PAS 2050). D’autres réfé-

rentiels ne le prennent pas en compte à ce

jour ou mentionnent le stockage du car-

bone séparément de l’empreinte carbone.

Le dernier atout des produits de la forêt

en matière de lutte contre le changement

climatique est la substitution d’énergies et

de produits plus émetteurs de CO2 fossile.

Concernant la substitution d’énergie, il

convient de rappeler que l’énergie bio-

masse en général et le bois énergie en

particulier ne sont pas totalement « car-

bone neutres ». En effet, dans le principe,

sur la base d’une origine de forêt gérée

durablement, le CO2 biomasse émis lors

de la combustion est également capté par

la forêt. Au-delà de ce principe, il faut de

l’énergie fossile pour cultiver, exploiter,

broyer, transporter, voire sécher le com-

bustible. Mais l’énergie biomasse se subs-

titue à des énergies fossiles (gaz naturel,

fi oul, charbon), fortement émettrices en

CO2. Il y a donc bien économie d’émis-

sions de CO2 fossile lorsque l’on subs-

titue une énergie fossile par l’utilisation

du bois. De plus cet atout de substitution

d’énergie fossile peut intervenir comme

un bénéfi ce en fi n de vie d’un produit bois,

si ce produit peut être valorisé facilement

en énergie.

Pour ce qui est de la substitution maté-

riau, la question est plus complexe. Il faut

en effet comparer des produits à fonc-

tion égale, donc des produits fabriqués

à partir de matériaux différents. Le coût

énergétique de transformation du bois

est modéré et les entreprises disposent

fréquemment de sources d’énergie bio-

masse : les émissions de CO2 fossile de

production des produits bois sont donc

Figure 2 : le cycle de vie d’un produit bois et le C biomasse

Page 24: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

24

REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

modérées. Ces émissions liées à la mise

à disposition (matières premières, fabri-

cation, transport) des produits à base de

bois sont, dans un certain nombre de cas,

inférieures à celles des produits à base de

matériaux concurrents. Il convient cepen-

dant d’être prudent sur ces comparaisons

car la différence n’est pas toujours signi-

fi cative et des comparaisons défavorables

aux produits à base de bois peuvent être

rencontrées. De plus les fi lières des maté-

riaux concurrents font depuis quelques

années beaucoup d’efforts pour réduire

leur empreinte carbone. L’industrie du

bois doit donc se préoccuper d’améliorer

également l’empreinte de ses produits,

en travaillant sur les distances et modes

d’approvisionnement, les sources d’éner-

gie des procédés, l’empreinte carbone des

adjuvants et matériaux associés, la durée

de vie des produits et leur devenir en fi n

de vie.

En conclusion, il va donc falloir nous

adapter à une nouvelle rareté de biens

fondamentaux tels que l’eau, l’alimen-

tation et l’énergie, qui sont pourtant

devenus si banaux dans nos pays déve-

loppés. Mais il va falloir aussi nous adapter

simultanément à ce changement clima-

tique inquiétant, tout en agissant vite

et massivement pour le prévenir. Il est

aujourd’hui nécessaire de prêter atten-

tion à l’articulation entre les différentes

approches de comptabilisation des émis-

sions-captations de GES. La reconnais-

sance des bénéfices climat du système

forêt-bois n’est pas complètement acquise,

mais elle progresse sensiblement. Des

propositions, des avancées ont été faites,

concernant le stockage temporaire de car-

bone, notamment dans le domaine des

produits de grande consommation pour

prendre en compte ce bénéfi ce.

La fi lière forêt-bois doit profi ter de cette

évolution en « surfant sur cette vague »

tant elle sait à l’instar de Sénèque « qu’il

n’y a pas de vent favorable à celui qui ne

sait où il va ».

❙ Georges-Henri Florentin (PG 74, Gref 78),

Ingénieur général des ponts des eaux et

des forêts, Directeur général de l’Institut

technologique FCBA (forêt cellulose bois

construction ameublement)

Notes :

(1) Numéro 16-17 de novembre 2011, articles de Claude Roy (PG 71, Gref 75) et de l’auteur.

(2) Groupe IInternational d’Experts sur le Climat

(3) Comptabilisation du carbone dans les produits bois en France, … ; Etude FCBA pour le ministère de l’agriculture et de la pêche, 2008

Il va falloir nous adapter à une nouvelle rareté de biens fondamentaux tels que l’eau, l’alimentation et l’énergie.

RésuméTout d’abord affi rmons que nous ne nous plaçons pas dans le clan des climato-sceptiques, et qu’à tout le moins, nous faisons le pari « Pascalien » que lutter contre les gaz à eff et de serre ne peut faire que du bien à la planète. Deuxièmement, précisons que les points développés dans cet article ne prétendent pas être LA solution du problème, mais y participer, même de façon minoritaire. La fi lière forêt bois dispose d’importants atouts pour la lutte contre le changement climatique. Ces atouts sont passés en revue et les modalités de quantifi cation de leur eff et sont détaillées. Ces modalités sont essentielles pour la valorisation de ces atouts. Sont notamment analysés, les bilans nationaux du système forêt-bois, l’empreinte carbone des produits bois et les eff ets de substitution. Il apparaît que l’eff et du stockage de carbone dans les produits bois pourrait être mieux reconnu en faisant évoluer la méthodologie de l’empreinte carbone.

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25 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Produire chaleur et électricité à partir de biomasse

A titre liminaire, il est bon de se

remettre en mémoire le rôle clé

de la biomasse pour tenir les

objectifs du Grenelle de l’environnement :

la moitié de l’énergie renouvelable sup-

plémentaire à produire d’ici la fi n de la

décennie dans notre pays, sous formes

thermique et électrique devra provenir

de la biomasse.

C’est un développement sans précédent,

qui repose avant tout sur les usages collec-

tifs de la biomasse : habitat collectif, bâti-

ments industriels et tertiaires. Le Grenelle

a également précisé que cette valorisa-

tion de la biomasse se ferait sous forme

d’énergie thermique (chaleur, vapeur) et

électrique (2,300 MW de puissance élec-

trique attendue, à peu près la puissance

de deux tranches nucléaires).

Une entreprise comme Dalkia se devait de prendre part à ce développement, car il

concerne de près ses trois métiers : l’exploitation de réseaux de chaleur urbaine, qui

alimentent en chauffage et eau chaude des ensembles de bâtiments, la production

d’utilités, et notamment de vapeur, pour les industriels, et enfi n la fourniture de services

énergétiques (chauffage, ventilation, climatisation…) aux bâtiments (habitat collectif,

tertiaire public et privé).

Quatre ans après le Grenelle de l’environnement, un premier bilan peut être dressé.

Indéniablement, un mouvement a été lancé. Pour Dalkia, cela se traduit par l’exploita-

tion de 200 chaufferies bois, pour un volume de 1,2 million de tonnes de bois valorisées

chaque année, contre 270 000 tonnes en 2008. Ce 1,2 million de tonnes est transformé

en 82 % d’énergie thermique et 18 % d’électricité. Cette électricité est produite dans

des installations dite de cogénération, où la vapeur issue d’une chaudière est turbinée

pour produire de l’électricité avant d’être utilisée à des fi ns thermiques. Cette produc-

tion combinée de chaleur et d’électricité s’est beaucoup développée en France à la fi n

des années 90, à l’époque à partir de gaz, dans un objectif d’économies d’énergies.

Dalkia en exploite aujourd’hui deux fonctionnant à partir de biomasse, la première

pour alimenter en vapeur la papeterie de Smurfi t à Facture (Gironde), la seconde pour

alimenter le réseau de chaleur de la ville de Limoges. Les 198 autres installations ne

produisent que de la chaleur.

Dans la foulée du Grenelle de l’environnement, l’usage de

la biomasse à des fi ns énergétiques collectives, au-delà

des usages individuels du bois de feu, se développe enfi n.

Pour un acteur comme Dalkia, cela signifi e aujourd’hui

développer avant tout le bois énergie.

Pierre de Montlivault

La moitié de l’énergie renouvelable supplémentaire à produire d’ici la fi n de la décennie dans notre pays devra provenir de la biomasse.

Page 26: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

26

REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

Ce développement est assez représentatif

du paysage global du bois énergie, qui

s’est développé avant tout pour les usages

thermiques. La perception des acteurs

de la fi lière bois peut avoir été momen-

tanément différente, la communication

autour des grands appels d’offres pour

des installations de cogénération ayant été

très soutenue, mais la réalité du dévelop-

pement est avant tout celui d’un maillage

de chaufferies alimentant des réseaux de

chaleur ou des industriels, et consommant

quelques milliers de tonnes par an. Quant

à des installations purement électrogènes,

si on peut en trouver dans d’autres pays

d’Europe comme les Pays-Bas, ce n’est

pas le cas de la France.

En outre, entre les résultats des appels

d’offres tant pour des cogénéra-

tions (appels d’offres dit CRE, comme

Commission de régulation de l’énergie)

ou des chaudières biomasse sur des sites

industriels (appels d’offres BCIAT de

l’Ademe), le taux de réalisation effective

des opérations n’est pas de 100 %. Pour

les appels d’offres CRE, il est même assez

bas, du moins pour les premiers appels

d’offres (CRE 1 et 2). A cela plusieurs rai-

sons : des dispositifs administratifs insuf-

fi samment rodés, la procédure étant alors

très nouvelle, mais également, s’agissant

de gros investissements industriels, une

sensibilité évidente à la conjoncture éco-

nomique très chahutée depuis 2008. La

forte baisse du prix du CO2, la poursuite

d’une bulle de prix bas de gaz en gros,

rendent aujourd’hui l’équation écono-

mique du bois énergie plus compliquée.

Dès lors, le développement du bois

énergie, s’il reste soutenu, n’est pas aussi

rapide qu’imaginé. Au-delà, les diffi cul-

tés budgétaires que rencontre le Fonds

chaleur d’une part, et l’insuffi sance du

tarif d’obligation d’achat instauré pour les

cogénérations de taille moyenne (de 5 à

12 MW électriques), laissent craindre un

décrochement par rapport aux ambitions

initiales du Grenelle de l’environnement.

A partir de quelles ressources s’accom-

plit ce développement ? La filière bois

énergie s’est d’abord construite à partir

des produits connexes de scierie et de

bois de recyclage. L’une des premières

chaufferies biomasse exploitée par Dalkia,

celle d’Autun, a été conçue pour valoriser

les écorces des scieries voisines.

Dorénavant, l’approvisionnement des

nouvelles unités énergétiques repose

avant tout sur la plaquette forestière.

Celle-ci est disponible en quantités suf-

fi santes, comme l’ont montré les études

de ressources diligentées par l’Ademe et

réalisées par le FCBA, l’IFN et Solagro.

Dans une forêt gérée, cette plaquette

forestière peut être produite à l’occasion

des opérations de sylviculture, et lors des

coupes, pour les parties de houppiers sans

débouché. Elle est aussi un débouché nou-

veau pour des propriétaires de parcelles

de taillis pauvres ou dépérissants, ou pour

des parcelles ayant connu des diffi cultés

de gestion. Cette activité de production

de plaquettes forestières est en train de

se structurer, tirée par l’entrée en service

des dernières chaufferies. Les schémas

d’exploitation forestière s’adaptent pro-

gressivement à cette nouvelle donne, avec

encore un potentiel d’amélioration des

itinéraires techniques, compte tenu de la

nouveauté du sujet. Le développement

de têtes d’abattage adaptées aux feuillus,

l’amélioration de la chaîne logistique

depuis la parcelle jusqu’à la chaudière,

en minimisant les ruptures de charge, sont

ainsi des axes d’amélioration importants,

sur lesquels Dalkia s’implique avec l’appui

de ses équipes techniques et de recherche

et développement.

Une autre ressource valorisable est consti-

tuée par les sous-produits des industries

agro-alimentaires : malteries, distilleries

par exemple. Dalkia développe pour ses

clients industriels des audits et des tests de

leurs sous-produits, en s’appuyant sur les

laboratoires des équipes de recherche de

Veolia environnement, afi n de caractériser

leurs possibilités de valorisation.

Dalkia constate aujourd’hui, et accom-

pagne, une montée en puissance dans

la production de plaquettes forestières

de l’ensemble des acteurs, de la forêt

privée comme de la forêt publique. Ces

volumes vont continuer à croître dans les

prochaines années, mais il conviendra de

garder toujours à l’esprit un point essen-

tiel : la plaquette forestière restera une

production annexe de la forêt, produite à

l’occasion d’opérations de gestion fores-

tière dont la visée reste la production de

bois d’œuvre et d’industrie. En ce sens,

le devenir du bois énergie restera inti-

mement lié au devenir de l’ensemble de

la fi lière bois.

❙ Pierre de Montlivault (PG 90, Gref 94),

Directeur général de Bois Énergie France,

structure d’approvisionnement de Dalkia

Récolte de bois énergie à l'occasion d'un nettoyage de parcelle

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27 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

La recherche en Guyane française face au changement climatique et aux fl ux de carbone

La forêt guyannaise n’est pas inter-

rompue par les frontières politiques :

le massif forestier du plateau des

Guyanes couvre 200 millions d’hectares,

un quart de la forêt amazonienne.

Outre sa surface qui défi e l’imagination,

la forêt guyanaise est un système particu-

lièrement complexe et divers. Un hectare

contient généralement plus de 100 espèces

d’arbres (de plus de 10 cm de diamètre à

hauteur de poitrine), localement plus de

200, parmi les 1 600 se trouvant en Guyane,

dont 300 ne sont pas encore décrites. La

diversité des insectes est au-delà des capa-

cités d’inventaire.

Le climat est tropical : la température est

stable toute l’année, de l’ordre de 30°C

le jour, la pluviométrie annuelle varie de

2 500 à 4 000 mm avec une saison sèche

marquée de septembre à novembre et un

« petit été de mars » qui interrompt la sai-

son des pluies.

En Guyane française, l’exploitation forestière est très limitée, de l’ordre de 60 000 m3 de

bois produits par an. La forêt est exclusivement domaniale, gérée par l’ONF, qui vend

le bois sur pied. Seul le bois d’œuvre de quelques espèces est prélevé (2 à 5 arbres à

l’hectare) et transformé par 3 grosses scieries et quelques petites, qui ne produisent

pratiquement que des planches et du bois de charpente. Une seule scierie produit

des palettes avec le bois de deuxième choix et les déchets des scieries principales sont

utilisés pour la production d’électricité dans une centrale à Kourou.

Les questions du changement global se posent de façon cruciale. Les modèles clima-

tiques prévoient tous une augmentation des températures de quelques degrés, mais

sont en désaccord sur l’évolution de la pluviométrie. Si elle devait diminuer, la forêt

sempervirente devrait être remplacée par une forêt tropicale décidue comme on en

trouve au Vénézuela. La rapidité du changement ne permettant pas aux espèces de

migrer, les conséquences pourraient être catastrophiques. En parallèle, la population

croît de 4 % par an : des déboisements importants seront nécessaires pour l’agriculture

et l’augmentation de la surface habitée.

L’Unité Mixte de Recherches Écologie des Forêts de Guyane (EcoFoG) rassemble les

moyens d’AgroParisTech, du CNRS, du Cirad (Centre de coopération internationale

en recherche agronomique pour le développement), de l’Inra et de l’Université des

Antilles et de la Guyane (UAG) pour mener des recherches sur la forêt. Les effectifs

sont de l’ordre de 35 chercheurs et enseignants-chercheurs, autant de personnels

administratifs et techniques, et une trentaine de doctorants, soit 100 personnes envi-

ron. AgroParisTech et l’UAG organisent ensemble une deuxième année de master en

Écologie Forestière Tropicale, qui accueille une quinzaine d’étudiants. EcoFoG est le

résultat de la structuration progressive de la recherche sur la forêt et le bois, commencée

par le CTFT (Centre technique forestier tropical) dans les années 1970, organisée par le

groupement d’intérêt scientifi que Silvolab en 1992 qui a abouti à la création de l’UMR

en 2002 et fi nalement la création d’un laboratoire d’excellence (labex) en 2011, le Centre

La forêt recouvre plus de 90 % du territoire de la Guyane

française, soit un peu plus de 8 millions d’hectares. La

population guyanaise (250 000 habitants) se concentre

sur la côte : la forêt est diffi cile d’accès, si ce n’est

par quelques fl euves, elle est donc quasiment vide

d’occupation humaine permanente.

Éric Marcon

Page 28: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

d’Étude de la Biodiversité Amazonienne

qui met en valeur le réseau de collabo-

ration entre les structures locales et des

unités de recherche métropolitaine dont

le terrain d’étude est la Guyane.

Mener des recherches en Guyane est

plus compliqué qu’en France métropoli-

taine à cause de l’éloignement des grands

centres de recherche et des surcoûts

d’approvisionnement. En contrepartie,

l’accès à la forêt tropicale est immédiat.

Le choix d’AgroParisTech et de ses par-

tenaires est de maintenir une structure

de recherche permanente sur place : un

campus à Kourou, des locaux à Cayenne,

notamment sur le pôle universitaire, un

dispositif forestier expérimental (Paracou)

et des laboratoires bien équipés.

Les recherches menées par EcoFoG

concernent tout d’abord le fonctionne-

ment de la forêt tropicale, notamment

les processus responsables de la bio-

diversité. Les recherches sur la phylo-

géographie permettent de comprendre

l’histoire de la colonisation de l’espace

par les différentes espèces forestières,

et dans une certaine mesure de prévoir

les réponses possibles aux changements

environnementaux à venir. L’étude des

traits fonctionnels des arbres permet de

caractériser leurs niches écologiques,

c’est-à-dire les conditions environne-

mentales dans lesquels ils sont capables

de se développer et de se reproduire. Le

changement climatique modifi era l’im-

portance relative des niches disponibles,

donc les cortèges fl oristiques. Les éco-

physiologistes s’intéressent à la plasticité

des espèces (pour leur capacité à s’accli-

mater) et la génétique écologique aux

processus plus longs comme la sélection

des populations ou individus capables

de tirer parti des nouvelles conditions.

Toutes ces disciplines interagissent pour

essayer de prédire les impacts du chan-

gement climatique sur la biodiversité et

le fonctionnement de la forêt.

La question du cycle du carbone est trai-

tée par l’étude des fl ux entre la forêt et

l’atmosphère, notamment grâce à une

tour à fl ux qui les mesure en permanence

et permet d’en comprendre les déter-

minants et les variations. Les dispositifs

permanents, dans lesquels les arbres

sont mesurés sur le long terme tous les

ans ou tous les deux ans, permettent de

recouper ces résultats en observant les

stocks. Les résultats récents ont montré

que le moteur principal de la variation

des stocks de carbone est la mortalité

des arbres, très irrégulière à court terme

et encore mal comprise. La production

de règles de gestion durables pour la

forêt exploitée et l’évaluation du bilan

carbone sont parmi les préoccupations

des chercheurs. La meilleure valorisation

du bois est indispensable pour augmenter

les prélèvements et limiter les surfaces

exploitées : c’est le rôle du laboratoire

de sciences du bois.

La déforestation partielle de la Guyane

sera inévitable : des outils d’aide à la

décision pour l’aménagement du terri-

toire en fonction des conséquences sur

la biodiversité et le bilan carbone sont en

cours de mise au point. Les recherches

sur la biologie des microorganismes

des sols ont permis le développement

de bioindicateurs permettant de carac-

tériser le bon fonctionnement des sols

après déforestation, pour valider ou non

la durabilité des pratiques agricoles par

exemple. Enfi n, le reboisement pour la

fi xation du carbone est forcément très

La forêt tropicale humide est un écosystème extrêmement divers mais très exposé au changement global. C’est l’objet des recherches menées en Guyane par l’UMR EcoFoG et le labex Ceba.

RésuméLa Guyane est presque totalement occupée par la forêt tropicale humide. Les recherches menées sur place concernent tous les aspects de la biodiversité et du changement global : de la compréhension du fonctionnement de la forêt naturelle aux outils de décision pour en limiter les impacts.

AbstractFrench Guiana is almost completely covered by evergreen forest. Research conducted there address all aspects of the global change: from understanding the functioning of rainforest to developing decision-making tools to limit its impacts.

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29 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

limité en Guyane, où la forêt est déjà

omniprésente. La restauration des ter-

rains abandonnés par l’exploitation

aurifère est cependant un vrai enjeu, sur

lequel les résultats de la recherche ont

permis des progrès signifi catifs.

En conclusion, un large éventail de

recherches couvrant une grande partie

des questions liées au changement clima-

tique est mené en Guyane, en partenariat

étroit avec des équipes métropolitaines et

internationales, notamment brésiliennes.

Les résultats concernent l’ensemble de

l’Amazonie, où les menaces sur la forêt

sont de toute autre ampleur.

❙ Éric Marcon (ENITEF 87, Gref 99),

Directeur délégué d’AgroParisTech pour le

centre de Kourou

L’enjeu de la recherche sur la forêt guyanaise par Jacques Andrieu, Sous-Directeur de la forêt et du bois, ministère chargé des forêtsLa Guyane est particulièrement touchée par le réchauff ement climatique, l’augmentation moyenne des températures depuis 50 ans est évaluée à 2 °C. Les travaux du GIEC (2007) indiquent une probabilité élevée d’allongement des saisons sèches, associée à une augmentation du risque incendie, une diminution de la ressource en eau et un déstockage du carbone.

Une équipe du CNRS a mis en évidence en 2009 les conséquences du réchauff ement climatique sur la biodiversité de la Guyane. Un recensement eff ectué en 1995 et en 2005 à la frange de la forêt pluviale guyanaise, sur les pentes de l’inselberg des Nouragues, a montré la disparition de plus de 20 % des espèces végétales sur cette zone. De plus, la moitié des espèces rares ont disparues en dix ans. Les stades juvéniles des arbres et arbustes seraient les plus touchés.

L’amélioration de la connaissance des forêts guyanaises est essentielle, notamment sur leur fonction-nement écologique, leur rôle sur le niveau et la régulation des ressources en eau et sur les fl ux et stocks de carbone. L’essentiel des forêts de Guyane étant primaires ou gérées avec un faible impact sur le fonc-tionnement écologique et en régénération naturelle, les mesures actives d’adaptation au changement climatique ne pourront qu’être très limitées. Par contre, le rôle de stockage du carbone est important dans une démarche d’atténuation, la Guyane représentant près du tiers de la superfi cie de la forêt française.

Exemple brésilien marquant : les sécheresses de 2005 et 2010 au Brésil ont entraînées d’importants feux de forêt et un déstockage de carbone équivalent à 10 années de stockage (3,8 Gt de Carbone).

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

Le fi nancement des activités de lutte et d’adaptation au réchauff ement

climatique est au coeur des négociations sur le climat. On estime en eff et

qu’entre 11 et 22 milliards d’euros par an seraient nécessaires pour réduire la

déforestation de moitié d’ici 2031.

L’investissement forestier, à la croisée des chemins ?

Cet article présente l’un des leviers

pour mobiliser ce fi nancement,

l’investissement dans le secteur

forestier.

L’investissement dans le secteur forestier

présente des avantages particulièrement

appréciables en temps de crise fi nancière

et d’instabilité des marchés : faible cor-

rélation avec les actifs classiques, protec-

tion contre l’infl ation, retours attractifs

sur le long terme avec une prise de risque

raisonnable.

Ces atouts s’expliquent en grande par-

tie par le sous-jacent de ces investis-

sements : la croissance biologique des

arbres. Celle-ci nécessite des conditions

favorables en matière de luminosité, d’eau

ou de nutriment mais reste globalement

indépendante des fl uctuations fi nancières.

Si les prix du bois sont faibles, le proprié-

taire forestier peut reporter une coupe

prévue, les arbres poursuivront alors leur

croissance et gagneront en diamètre, et

donc en valeur. Au contraire, la hausse

des prix semble être limitée par la mobi-

lisation possible de forêts non exploitées

jusque là, comme les forêts de montagne

en zone tempérée ou des forêts primaires

en zone tropicale. Ces deux phénomènes

peuvent expliquer la stabilité des cours

du bois, tranchant avec la volatilité des

produits agricoles.

Si l’investissement public reste prépondérant dans le secteur, l’investissement privé s’est

développé depuis une vingtaine d’année, notamment en Amérique du Nord et dans une

moindre mesure au Brésil, en Australie et en Nouvelle Zélande. Entre 50 à 60 milliards

de dollars auraient été mobilisés en 2010, notamment par le biais de sociétés dédiées à la

gestion d’actifs forestiers aux Etats-Unis, les TIMOs. Des tendances de fonds renforcent

aujourd’hui l’attrait de ce secteur pour les investisseurs.

Le bois (re)devient une ressource stratégique. Matériau renouvelable lorsqu’il provient

d’une forêt gérée durablement, disponible en quantité, il peut se substituer à d’autres

matériaux « énergivores » comme le plastic, le béton ou encore l’aluminium. C’est

aussi une source d’énergie durable pouvant se substituer aux énergies fossiles pour la

production de chaleur, d’électricité, de gaz et de carburant. Les différentes politiques

environnementales mises en place en Europe et aux Etats-Unis en font ainsi sa pro-

motion. De plus, une forte demande en bois émerge en Chine, Inde ou encore Brésil.

Celle-ci vient s’ajouter à la demande plus traditionnelle du secteur de la construction

en Europe et aux Etats-Unis, renversant aujourd’hui les équilibres du marché.

La forêt fournit par ailleurs de nombreux services environnementaux et sociaux : elle

abrite les deux tiers de la biodiversité terrestre, la subsistance de 900 millions d’habi-

tants en dépend, tandis que sa destruction par la déforestation provoque environ 15 %

des émissions globales de gaz à effet de serre. Les grandes forêts tropicales sont

aujourd’hui menacées par le développement de l’agriculture à grande échelle (soja,

huile de palme, canne à sucre, élevage, etc.) au Brésil ou en Indonésie par exemple. Des

impératifs de conservation se concrétisent par le développement de labels garantissant

la durabilité des bois exploités comme le FSC ou le PEFC, ainsi que par des politiques

Clément Chénost

La forêt abrite les deux tiers de la biodiversité terrestre, la subsistance de 900 millions d’habitants en dépend.

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31 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

de gestion durable des forêts et de lutte

contre la déforestation comme le méca-

nisme REDD+. Négocié dans le cadre de

la Convention Cadre des Nations Unies

sur le Changement Climatique, ce der-

nier vise à réduire les émissions de GES

liées à la déforestation et la dégradation

des forêts, et à promouvoir la gestion

durable des forêts et les plantations. Il

propose notamment de mettre en place

un système de rémunération du béné-

fi ce « climatique » apporté par les forêts

via les marchés et crédits carbone. Ces

impératifs écologiques vont ainsi limiter

l’exploitation des forêts mais offrent aussi

de nouvelles perspectives de rémunération

pour les services écosystémiques fournis

(carbone, eau, biodiversité, sols, etc.).

Augmentation durable de la demande et

limitation de l’offre créent une tension sur

le marché du bois, mais interroge aussi

les acteurs sur les modes de production

durable à mettre en place.

La plus grande mobilisation et exploitation

des forêts et des plantations semi-natu-

relles de la zone tempérée (qui constituent

aujourd’hui l’essentiel de la production

de bois) répond à cet objectif, mais sera

aussi limitée par des objectifs de conser-

vation. L’exploitation des forêts tropicales

est aussi limitée : une part importante des

essences commerciales a d’ores et déjà

été exploitée et la pression de la société

civile pour conserver les grandes forêts

primaires se fait chaque jour grandissante.

Le développement de nouvelles plan-

tations est ainsi un levier majeur pour

répondre à la demande croissante en

produits bois. Pour cela, la zone tropicale

présente des atouts importants : forte dis-

ponibilité de terres dégradées, croissance

des arbres 3 à 4 fois supérieure par rapport

à la zone tempérée, faibles coûts de main

d’œuvre et de gestion. Mais ces planta-

tions devront aussi répondre à d’autres

objectifs de développement comme les

besoins croissants en denrées alimentaires

(nourrir 9 milliards d’habitant en 2050),

la préservation des ressources naturelles

(eau, sols, biodiversité, etc.) et l’améliora-

tion des conditions de vie des populations

locales. En ce sens, des modèles de pro-

duction durables comme l’agroforesterie

sont particulièrement prometteurs.

Ces nouvelles perspectives dynamisent

le secteur de l’investissement dans le

domaine forestier. En France, plusieurs

acteurs développent aujourd’hui des

fonds d’investissement dédiés à cet

actif. Nous pouvons citer par exemple

les fonds carbone Livelihoods, Althelia

ou le fonds d’agroforesterie Moringa,

soutenus par des acteurs industriels et

fi nanciers comme Danone, BNP Paribas

et la Compagnie Benjamin de Rothschild.

Le déploiement de ces initiatives pourra

permettre de mobiliser de nouvelles res-

sources pour le développement de projets

forestiers durables.

❙ Clément Chenost (ENSL 02, Gref 07),

directeur du développement de l’ONF

International ([email protected])

L’ONF InternationalL’ONF International (ONFI) est une fi liale de l’Offi ce Natio-nal des Forêts dédiée à la gestion durable des écosys-tèmes, notamment forestiers. Elle regroupe 70 personnes réparties entre Paris et 5 bureaux locaux : ONF Brasil (Cuiaba), ONF Andina (Bogota), ONF Conosur (Santiago), Sylvafrica (Libreville) et ONF Cameroun (Yaoundé). Ses champs d’action recouvrent les plantations, la ges-tion durable de forêts naturelles, l’aménagement du territoire, les parcs, la conservation, la production de biomasse énergie et la lutte contre le réchauff ement climatique. L’ONFI intervient par exemple sur le renfor-cement des capacités de pays tropicaux (défi nition de politiques forestières, négociations internationales, etc.) et l’appui au développement de projets pour le compte d’industriels, collectivités locales ou ONGs.

Un exemple de projet d’agro-foresterie, modèle d’avenir ?En combinant cultures forestières et agricoles, l’agroforesterie est une technique permettant de créer des synergies biologiques et économiques entre les espèces, d’apporter des bénéfi ces sociaux, environ-nementaux (moindre usage d’intrants, lutte contre la déforestation, biodiversité, etc.), et d’augmenter le rendement global de l’unité de surface de manière durable.

L’ONF International a ainsi initié en 2001 le Proyecto de Reforestacion Comercial avec Cormagdalena, agence publique en charge de la gestion du fl euve Magdalena en Colombie. L’objectif initial du projet était de reboiser le bassin versant du fl euve soumis à la déforestation et à l’érosion, et ainsi de restaurer sa navigabilité. Des plantations de Gmelina Arborea, Tectona Grandis et Ceiba Roja ont été réalisées en partenariat avec des éleveurs locaux, selon un système de sylvopastoralisme combinant l’élevage et les activités forestières. De plus, le projet est enregistré au titre du Mécanisme de Développement Propre des Nations Unies et valorise ainsi le carbone séquestré par des crédits.

Combinant production de bois et alimentaire, restaurant les sols et améliorant les conditions de vie des éleveurs, le modèle a aussi prouvé qu’il était rentable : plus de 4 000 ha ont été plantés et un industriel allemand, Faber Castell, investit aujourd’hui dans la réplication du modèle.

Zébus dans une plantation de Melina et exemple de synergie sylvo-pastorale : le sous-bois constitue une réserve de fourrage nourrissant pour ces animaux qui contribuent à l’entretien des parcelles (moindre risque de feu), diminuant ainsi les coûts pour le forestier.

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

La ressource forestière française métropolitaine

représente un potentiel important et original à l’échelon

européen, au 3e rang derrière l’Allemagne et la Suède

La ressource forestière française : en pleine expansion, mieux l’exploiter pour mieux la préserver

Avec un stock vif sur pied dans les

forêts disponibles pour la pro-

duction de 2,45 milliards de m3

(volume des tiges), la France fait partie des

cinq pays européens (avec l’Allemagne, la

Suède, la Pologne et la Finlande) qui se

détachent des autres par l’importance de

leur ressource forestière, chacune supé-

rieure à 2 milliards de m3. La France s’y

place au troisième rang derrière l’Alle-

magne et la Suède, et très proche de cette

dernière. La ressource française pourrait

même être en deuxième position avec une

comptabilité en biomasse et incluant les

branches, du fait de sa composition aux

deux tiers feuillue.

Cette composition très majoritairement

feuillue est une première originalité de la

forêt française. Seule dans ce cas parmi

les cinq grandes ressources forestières d’Europe, elle y représente ainsi le premier

stock feuillu, ce qui est loin d’être neutre pour le stockage de carbone et les utilisations

du bois. Les feuillus stockent plus de carbone et d’énergie que les conifères, à volume

égal, car le bois des feuillus, et particulièrement celui des diverses espèces de chênes

qui dominent la forêt française, est généralement nettement plus dense que le bois des

conifères. Ceci est un atout dans la perspective d’un développement du bois énergie

et du stockage de carbone dans le bois (en forêt ou comme matériau) ; mais le bois

des feuillus est aussi beaucoup moins homogène que le bois des résineux, ce qui en

complique sensiblement la transformation et l’utilisation pour les autres usages, et en

limite aujourd’hui l’exploitation.

Cette originalité de composition au niveau de l’Europe est liée à la position géographique

du pays, la plus à l’ouest et la plus au sud des cinq ressources forestières majeures en

Europe. Ce qui fait sans doute aussi de la ressource française l’une des plus exposées

aux risques du changement climatique (réchauffement, tempête).

Une autre spécifi cité majeure de la forêt française liées aux conditions biogéographiques,

très importante à prendre en compte d’un point de vue écologique comme d’un point

de vue économique, est sa grande diversité : des forêts semi-continentales du Nord-

Est à la forêt méditerranéenne (le sud-est de la France présente un taux de boisement

record par rapport à tout le pourtour méditerranéen, et le boisement exceptionnel de la

Corse est unique pour une île de la Méditerranée), en passant par les forêts du domaine

atlantique et les forêts de montagne. Cette diversité de loin la plus grande en Europe

est telle qu’elle limite fortement l’intérêt de tout diagnostic ou indicateur qualifi ant

globalement la forêt française sans nuance régionalisée.

Jean-Christophe Hervé

Page 33: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

33 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

La ressource et son évolution sont

connues et suivies continûment sur le

territoire métropolitain grâce au pro-

gramme permanent d’inventaire forestier

national décidé en 1958 par ordonnance

du général de Gaulle. Si aujourd’hui la

plupart des pays d’Europe, et tous ceux

de l’Union Européenne, disposent d’un

tel programme, c’est relativement récent :

en Europe, seuls les pays scandinaves

(Norvège, Suède et Finlande) ont un

inventaire permanent plus ancien (1920).

Or, en matière de dynamique forestière,

étant donné la durée de développement

des arbres, plusieurs décennies d’obser-

vations sont nécessaires pour apprécier

véritablement les tendances de fond.

La France fait donc partie des pays privi-

légiés ou cela est possible. Et le premier

constat, c’est une augmentation très forte

du capital sur pied, qui est passé de 1,5 mil-

liards de m3 en 1973 à près de 2,5 mil-

liards aujourd’hui (un milliard de m3 de

plus, presque l’équivalent de la ressource

actuelle d’un pays aussi forestier que l’Au-

triche). Ceci malgré les grands dégâts occa-

sionnés par les tempêtes Lothar et Martin

en 1999 et Klaus en 2009, responsables du

ralentissement apparent de l’augmentation

sur la fi n de la période, qui serait autrement

constante, de l’ordre de 30 millions de m3

supplémentaires par an.

A l’inverse de ce qui se passe partout ail-

leurs dans le monde, l’expansion de la

forêt en superfi cie et en volume de bois

est générale en Europe depuis la révolu-

tion industrielle. Le phénomène paraît

cependant particulièrement fort en France,

Volume de bois vif sur pied par pays en Europe (pays de stock supérieur à 300 millions de m3), en millions de m3.

Source : FOREST EUROPE, UNECE et FAO : State of Europe’s forests 2011.

bien que l’absence de recul équivalent

dans la plupart des pays ne permette pas

beaucoup de comparaison.

Tout ceci est d’abord le fait de la déprise

agricole, qui a eu deux effets : la progres-

sion de la surface de la forêt, qui a doublé

en 150 ans, passant de 8 millions d’hec-

tares en 1850 à 16 millions aujourd’hui,

et qui ne ralentit pas ; et la diminution,

dans les forêts en place, des coupes de

taillis pour le chauffage par une popu-

lation rurale moins nombreuse. Ce pro-

cessus n’affecte les volumes qu’au rythme

de la croissance des arbres, c’est-à-dire

plusieurs décennies après les boisements

ou l’arrêt des coupes de taillis. C’est pour-

quoi, sauf phénomène majeur nouveau,

il devrait se poursuivre encore plusieurs

décennies.

L’expansion en cours transforme en

profondeur la forêt française, car elle ne

s’applique pas partout homothétique-

ment. Elle est variable selon les essences,

la part des feuillus ayant encore augmenté,

et la zone géographique : la dynamique

d’expansion se combine ici avec les consé-

quences des tempêtes de 1999 et 2009

pour déplacer la localisation des res-

sources en bois des régions forestières

traditionnelles du Nord-Est et du Sud-

Ouest vers d’autres régions : Bourgogne,

Centre, Massif Central notamment. Enfi n,

le doublement de la surface de la forêt

s’est fait surtout sur des terrains privés,

souvent découpés en petites parcelles

auparavant agricoles.

Ceci explique deux autres spécifi cités de la

forêt française. D’une part, elle est jeune,

puisque la moitié de sa superfi cie actuelle

n’était pas forestière il y a 150 ans, et dans

ces nouvelles forêts, les arbres les plus

vieux sont souvent encore ceux qui ont été

installés ou se sont installés les premiers

au moment du boisement. D’autre part,

elle est maintenant aux 3/4 privée, alors

qu’elle était majoritairement publique au

XIXe siècle, et cette forêt privée est pour

une large part morcelée en très petites

propriétés.

Toutes ces caractéristiques, jeunesse,

composition, diversité, et morcelle-

ment de la propriété, expliquent lar-

gement que le volume des coupes de

bois est nettement inférieur à ce que

Figure 2 : Evolution du volume sur pied dans les forêts françaises

Source : Inventaire forestier national, 2011.

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

semblerait autoriser la production bio-

logique. L’inventaire forestier national

vient ainsi de produire pour la première

fois en 2011 une estimation directe des

prélèvements dans les forêts de métro-

pole, qu’il établit à 44 (+/- 4) millions

de m3/an en moyenne pour la période

2005-2010. Rapporté à une production

biologique de l’ordre de 90 millions de

m3/an, diminuée de la mortalité naturelle

(8 millions de m3/an), cela représente

un taux de prélèvement moyen assez

faible de 54 % (bien que voisin du 56 %

observé en Allemagne). Ce taux moyen

masque de fortes disparités entre régions,

qui renvoient à la diversité signalée plus

haut, et à la jeunesse de la ressource dans

certaines régions. Le taux de prélève-

ment est en effet proche de 100 % dans

le Nord-Est et le Sud-Ouest, et faible à

très faible dans les régions du centre et

du sud du pays, où se concentre la plus

grande part de l’augmentation récente

du capital sur pied.

Ainsi, la forêt française n’est-elle pas glo-

balement menacée de surexploitation.

Ce serait même plutôt le contraire. Car

si les coupes ne peuvent guère être aug-

mentées durablement dans les régions

forestières traditionnelles qui sont aussi

les plus exploitées, la préservation de

la capacité d’accroissement, et donc de

stockage de carbone, de la ressource

nouvellement apparue et qui commence

à arriver à maturité, de même que son

adaptation au changement climatique

et son renouvellement par des essences

mieux adaptées au climat à venir, passent

par une augmentation sensible de son

exploitation, actuellement très limitée.

Mais ceci nécessitera des efforts d’inves-

tissement et d’innovation très importants,

tant au niveau des modes d’exploitation,

des technologies de transformation du

bois, qu’en matière socio-économique

pour trouver les nouveaux marchés qui

permettront de rentabiliser cette nou-

velle ressource d’une valeur économique

souvent faible. Car au XXIe siècle, il n’y

aura pas de gestion forestière effi cace et

durable sans hautes technologies, comme

on l’observe déjà en Suède, en Finlande,

en Allemagne, au Canada et aux États-

Unis, et encore pas assez en France.

❙ Jean-Christophe Hervé (X 82, Gref 87),

Conseiller scientifi que pour les méthodes

d’inventaire, Institut national de

l’information géographique et forestière

(IGN)

Pour en savoir plus : le site de l’inventaire forestier national

www.ifn.fr ou portail IGN : www.ign.fr

et en particulier,

L’IF 27 : volumes de bois sur pied dans

les forêts françaises

L’IF 28 : prélèvements de bois en forêt et

production biologique

RésuméLoin de l’image d’immobilité à laquelle elle renvoit souvent, la forêt française connaît une profonde transformation, sous l’eff et de la forte expansion en cours depuis plus d’un siècle. Sa surface a doublé en 150 ans et son volume a augmenté de 60 % dans les 40 dernières années. Il s’agit maintenant de profi ter au mieux de cette ressource nouvelle en augmentant son exploitation, de manière à préserver sa capacité de stockage de carbone et à la préparer au changement climatique.

AbstractThe French forest knows a deep transformation, under the infl uence of a strong expansion that began more than a century ago. Its surface doubled in 150 years and its volume increased by 60 % in the last 40 years. The issue is now to take advantage of this new resource by increasing its exploitation, to preserve its carbon storage capacity and to prepare it for the climate change.

Taux d’accroissement annuel du volume sur pied par département sur le dernier quart de siècle (les valeurs négatives sont dues aux tempêtes de 1999 et 2009).

Source : Inventaire forestier national, L’IF numéro 27, 2011

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35 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Comment prendre en compte le changement climatique dans l’enseignement forestier supérieur ?

Un contexte encore confus

Les modèles présentés ne sont souvent

pertinents qu’à une maille large, ce qui

les rendait jusqu’à une date récente inu-

tilisables tels quels par les gestionnaires (1).

Pour certains les sécheresses constituent la

principale menace, pour d’autres ce sont

les tempêtes. Les physiologistes s’inter-

rogent sur les mécanismes du dépérisse-

ment et de la mort des arbres : violence

du stress ? épuisement des réserves ?

Les généticiens se divisent entre tenants

de la plasticité phénotypique (un même

génotype peut prospérer dans une large

gamme de conditions climatiques) et

promoteurs de l’adaptation, naturelle ou

accompagnée par l’homme. Certains éco-

logues prônent l’augmentation du nombre

de sites protégés, d’autres militent pour

la mise en place de corridors visant à

faciliter la migration des espèces. Chez

les gestionnaires de terrain, l’annonce

du changement climatique suscite des réactions très diverses allant de la passivité

découragée à l’activisme le plus aventureux.

Pourtant, la perspective de ce changement climatique doit être prise au sérieux, tout

particulièrement par ceux qui ont pour mission de former les forestiers de demain.

Comment faire ?

Sous climat changeant, la forêt reste une forêt…

Dans notre pays, qu’elle soit sèche ou humide, une forêt reste un écosystème riche

et complexe, dominé par un peuplement d’arbres, que l’homme utilise ou gère pour

répondre à ses besoins. L’ingénieur forestier de demain devra donc comme aujourd’hui

être bien formé en sciences de base (écologie, pédologie, bioclimatologie, physiologie…)

et en sciences forestières (dendrométrie et inventaire, sylviculture, aménagement). Il devra

savoir optimiser la production conjointe de biens et services dans le cadre d’une gestion

souvent multifonctionnelle. Il inscrira son action dans un cadre large d’aménagement du

territoire impliquant de multiples relations et partenariats : il devra pour cela mobiliser

un large éventail de compétences en sciences économiques et en sciences sociales.

… avec quelques contraintes de gestion supplémentaires…

Pour faire face au changement climatique annoncé, les ingénieurs forestiers devront par

ailleurs posséder à un haut degré certaines compétences spécifi ques :

– l’aptitude à poser un diagnostic sur la vulnérabilité des peuplements ; la démarche

Lorsqu’ils s’expriment à propos du changement

climatique annoncé et de ses conséquences possibles

sur les forêts françaises, les scientifi ques ne parlent pas

d’une seule voix. S’ils s’accordent sur la tendance générale

d’un réchauff ement, les climatologues présentent des

scénarios assez diff érents les uns des autres en ce qui

concerne notamment la pluviométrie et sa répartition

saisonnière

Bernard Roman-Amat

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REGARDS SUR…La forêt face au changement climatique : menaces et opportunités

implique l’analyse de nombreuses caracté-

ristiques du peuplement forestier (milieu,

espèces constitutives, niveau de diversité

génétique, sylviculture passée…) puis une

synthèse à fi nalité opérationnelle. Nous

sommes ici, pour l’essentiel, dans le champ

d’enseignements dispensés depuis long-

temps et bien rôdés, qu’il faudra conforter

en intégrant progressivement des informa-

tions nouvelles (génétique et physiologie

par exemple) et en insistant sur la dimen-

sion de synthèse fi nalisée ;

– la capacité à quantifier des risques et

des opportunités : il s’agit de prendre en

compte la probabilité de survenue d’aléas

(canicules, sècheresses, incendies, tempêtes,

allongement de la saison de végétation,

augmentation de la pluviométrie hiver-

nale…) issus de scénarios climatiques pour

calculer les conséquences de ces aléas sur

la valeur des enjeux forestiers (capital sur

pied, accroissement, biens et services atten-

dus), afi n d’éclairer les décisions de gestion.

Dans ce domaine, les méthodes sont encore

perfectibles, et des outils utilisables dans la

pratique restent à mettre au point ;

– la capacité à imaginer et mettre en œuvre

des itinéraires adaptables, à faire preuve

de flexibilité face à l’imprévu (qu’il soit

d’origine climatique, sociale ou autre !).

Ici, les compétences relèvent de l’aptitude à

modéliser, à bâtir et à manier des scénarios,

à chiffrer l’incertitude et à décider en uni-

vers incertain.

… qui doivent conduire à une évolution de l’enseignement, dans ses contenus…

Les enseignants soucieux de développer

chez leurs étudiants les compétences indi-

quées ci-dessus peuvent notamment utiliser

les trois effi caces leviers suivants :

1. S’appuyer sur la recherche, actuellement

très active, en France comme à l’étranger,

dans le champ de l’étude de l’impact du

changement climatique sur les forêts ; à titre

d’exemple, les récents travaux de l’Unité

mixte de recherche AgroParistech-INRA

« LERfoB » (2) permettent de représenter la

migration des espèces végétales déjà inter-

venue au XXe siècle ;

2. Analyser et commenter ce qui se passe à

l’étranger, par la bibliographie, la valorisa-

tion des stages d’étudiants, l’invitation de

conférenciers… ; les pays étrangers sont

en effet de véritables laboratoires à ciel

ouvert : le sud de l’Europe soumis depuis

des décennies à un réchauffement marqué,

les Etats-Unis confrontés aux espèces inva-

sives, les pins du Canada décimés par les

scolytes, la Russie parcourue par les incen-

dies de forêt, la Scandinavie dont les forêts

poussent plus vite… ;

3. Mettre en œuvre une pédagogie active,

visant à développer les compétences qui

permettent la résolution en groupe de

problèmes pratiques, de manière créative,

en recourant notamment à la modélisation

et à la simulation.

L’enseignement délivré dans le centre de

Nancy d’AgroParisTech s’engage résolu-

ment dans ces diverses voies.

… et dans son esprit

Deux remarques pour conclure. Le chan-

gement climatique devant affecter tous

les aspects de la gestion forestière doit

être abordé de manière globale par la

communauté pédagogique : au-delà de

sa propre discipline, chaque enseignant

doit donc avoir le souci de participer avec

ses collègues des autres sciences à une

formation à caractère intégré. Ensuite,

face à un phénomène dynamique, dont

notre compréhension ne cesse de se modi-

fier, l’enseignant en formation initiale

est appelé à la modestie ; conscient des

limites de son enseignement, il ne peut

que recommander à ses étudiants de se

préparer à compléter leurs compétences

par la formation continue. Encore limitée

dans le champ du changement climatique,

cette dernière est appelée à connaître un

fort développement.

Plus que jamais, l’enseignement forestier

supérieur doit s’attacher à produire des

« têtes bien faites ».

❙ Bernard Roman-Amat (P 71, Gref 75),

Directeur du centre de Nancy

d’AgroParisTech (3)

Notes :

(1) Le simulateur de climat de l’ONERC sur internet (http ://ONERC.developpement-durable.gouv.fr) donne maintenant des simulations par département, ce qui est encore une maille large.

(2) Romain BERTRAND, Jonathan LENOIR, Christian PIEDALLU, Gabriela RIOFRI’O-DILLON, Patrice de RUFFRAY, Claude VIDAL, Jean-Claude PIERRAT & Jean-Claude GEGOUT (2011) : Changes in plant community composition lag behind climate warming in lowland forests. Nature N° 479 (24 novembre 2011), pp 517-520 ; voir aussi, dans ce numéro de Symbiose l’article de Jean-Claude Gégout et l’interview de Romain Bertrand.

(3) Bernard Roman-Amat est par ailleurs l’auteur du rapport de synthèse commandé par les ministres chargés de l’écologie et de l’agriculture « Préparer les forêts françaises au changement climatique » décembre 2007, La Documentation française.

Fréquenter le terrain, y apprendre à observer, analyser, comprendre : des composantes essentielles de la formation de futurs ingénieurs forestiers.

Photo : B Roman-Amat

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37 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Pour maintenir son leadership, le groupe Bayer doit anticiper les évolutions et s’adapter plus vite que ses concurrents. Cela est d’autant plus difficile dans un contexte économique instable, un paysage concurrentiel mondialisé, influencé par les contraintes réglementaires et les avancées technologiques. Dans le même temps, étant confrontée plus que d’autres aux exigences de développement durable, l’industrie de la chimie et des biotechnologies doit innover pour inventer les produits du futur.

Afin de conserver sa longueur d’avance, l’entreprise a décidé de renforcer et d’accélérer son proces-

sus de décision par une meilleure sur-veillance des marchés professionnels et consommateurs. C’est pourquoi Anne-Marie Paillole, responsable Intelligence de Bayer Environmental Sciences a souhaité mettre en place une plateforme de veille et s’entourer d’une équipe de spécialistes de la veille concurrentielle.

Ainsi, Humind Consulting apporte une solution globale en fournissant à la fois des informations sélectionnées par des analystes, ainsi qu’une plateforme de veille sur-mesure basée sur les meilleures technologies «open source». Le dispositif permet notamment d’alerter les équipes, de consolider et d’analyser les

informations sur le marché et la concurrence.

Au-delà de l’information exploitable, le système de veille apporte un changement culturel, par une meilleure prise en compte de l’environnement à tous les échelons de l’entreprise. C’est pourquoi notre collaboration a permis de construire un dispositif devenu indispensable aux processus de décisions. Déjà partenaire de leaders mondiaux dans d’autres secteurs, Alexandre Sonnet, Directeur de Humind Consulting, est fier d’apporter sa pierre au développement du groupe Bayer.

Humind Consulting, l’information pour l’actionEn savoir plus : http://www.humind.fr

La veille concurrentielle : un outild’aide à la décision stratégique de Bayer

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PORTRAITS & PARCOURSYves Bourdillon (PG 79)

de discipline en raison du peu de temps dont je disposais. Cette histoire est à peu près

pour un quart autobiographique (j’ai moi aussi monté une boite, jadis, et me suis pas

mal occupé des études de ma fi lle, comme le principal protagoniste) mais j’ai surtout

cherché un contrepoids aux contraintes professionnelles en me laissant aller à la liberté,

au plaisir d’inventer. Après avoir écrit la première scène durant laquelle mon héros se

trouve dans une église, assistant à une messe d’enterrement, je ne savais qu’une chose :

que Fred Beaumont avait compris que la vie était courte et qu’il était temps d’aller au

bout de ses rêves, sans autre préoccupation métaphysique ou religieuse. La suite du récit

s’est improvisée progressivement. Mon métier de journaliste m’a habitué à écrire vite et

de manière le plus clair possible des récits très synthétiques ; l’exercice était cette fois plus

compliqué, il fallait tenir un lecteur en haleine pendant 300 pages.

Portraits et Parcours

Yves Bourdillon (PG 79) est journaliste aux Echos, adepte

de plusieurs sports de compétition dont la vie familiale et

la création d’entreprise. Déjà auteur d’un premier ouvrage

sur le terrorisme (1), inspiré d’une enquête qu’il a réalisée, il

travaille depuis 1996 au service international du quotidien

Les Echos, où il couvre les zones ex-URSS, Amérique latine

et Proche-Orient et vient de publier son premier roman

Du trapèze au-dessus des Piranhas (2). Il a accepté d’évoquer

pour Symbiose cette nouvelle expérience d’écriture, dans un

nouveau cadre.

Après un premier livre sur le terrorisme, vous publiez, cinq ans plus tard, un premier roman évoquant les incohérences de la société moderne, est-ce un hasard ? Qu’est-ce qui vous a poussé ?

Ces deux sujets n’ont rien à voir l’un avec

l’autre. Mon premier livre, publié en 2007,

est tiré d’une enquête journalistique aux

Echos que j’ai réalisée sur le terrorisme ;

sa structure qui s’est imposée rapidement

n’a posé aucun problème. Elle ne contient

aucune intrigue et l’éditeur l’a accepté sans

discuter. Cette fois, j’ai oeuvré sur un autre

registre, celui de la fi ction. J’y ai travaillé

plus de deux ans, m’imposant beaucoup

Yves Bourdillon © Thierry Rateau

Journaliste et auteur, l’Agro mène à tout !

Ce que je dois à l’Agro : un intérêt intellectuel pour la biologie, la science du vivant…

Yves Bourdillon (PG 79)

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39 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Avez-vous dû réinventer un nouveau style ?

Non, je ne me suis pas changé, j’écrivais

quand j’avais le temps, le matin avant de

partir au travail et vingt minutes tous les

soirs ou en griffonnant quelques lignes sur

un papier, conservant mon style alerte de

journaliste… Je me suis relu généralement

tout seul, même si j’ai écouté les critiques

de ma femme et d’une collègue agro ou

d’un partenaire de rugby qui m’ont encou-

ragé tout au long de ce travail. J’ai utilisé le

cahier dans lequel je prenais des notes dix

ans plus tôt, au moment où je créais ma

boite. Je prenais alors le temps d’enregistrer

toutes les anecdotes bureaucratiques que

je me suis fait un plaisir de remettre dans

le récit. A la fi n, j’ai envoyé le manuscrit à

huit éditeurs, anonymement et sans recom-

mandation. Anne Carrière m’a appelé sur

mon portable il y a deux ans pour me don-

ner son accord. Elle m’a demandé de faire

des coupes, de retravailler une partie de

mon texte. Ce travail qui a duré un an m’a

demandé du temps, de l’énergie et a été

une épreuve pour l’ego ; retirer 40 pages,

après négociations avec l’éditrice, est réel-

lement une épreuve psychologique. J’ai

enlevé des « tunnels » d’anecdotes, tirées

du fameux cahier. L’été dernier, on a choisi

le titre que je n’avais pas prévu au départ…

Ces jours-ci, le roman est livré au public et

prend sa liberté.

Pourquoi un roman alors que vous êtes agro et que vous écrivez déjà dans un quotidien national ?

Mon parcours est complètement atypique ;

j’ai choisi le journalisme alors que j’étais

déjà à l’Agro. Ce premier virage m’a mené

à Sciences-Po pour faire ma dernière année.

J’ai découvert les matières littéraires, l’his-

toire… C’est là que j’ai pris goût à l’écriture.

Je faisais au même moment mon service

militaire à Paris, comme chauffeur de capi-

taine… Pendant les dix années suivantes,

j’ai appris mon métier en travaillant pour

l’agence Agra-Europe. En 1995, j’ai décidé

de me mettre à mon compte en créant

l’agence Millighan, ajoutant ainsi à mon

expérience agricole et agroalimentaire une

bonne pratique de la bureaucratie. Mais

je me suis retrouvé tout seul, comme le

héros de mon roman. J’ai alors pris mon

deuxième virage, celui qui m’a poussé à

apprendre le russe au moment où le poste

de journaliste « pays de l’Est » des Echos

s’est libéré. En 1996, j’ai accepté la pro-

position qui m’était faite et la baisse de

30 % de mon salaire qui allait avec, puisque

l’agence Millighan marchait très bien ; dix

ans plus tard, mon secteur s’est enrichi du

Moyen-Orient et de l’Amérique latine. Je

suis devenu le spécialiste de pays en muta-

tion, qui ont moins d’impact sur nos lec-

teurs que les pays riches. Pour mon roman

j’ai travaillé une demi-heure par ci par là

entre deux reportages à l’étranger.

Que vous a apporté votre formation agro et que souhaitez-vous faire passer comme message dans ce livre ?

Je sais ce que je dois surtout à l’Agro :

un intérêt intellectuel pour la biologie,

la science du vivant. Je sais que face à la

complexité d’un problème, il y a plusieurs

solutions… et que chaque solution rete-

nue aujourd’hui impacte sur la solution

de demain. Je suis aussi toujours friand de

nouvelles de camarades que je n’ai pas vus

depuis 30 ans.

Mais, comme dans un roman policier,

l’intrigue de mon livre laisse apparaître

un message : notre société demande tou-

jours plus de bureaucratie et dans le même

temps elle trouve qu’il y en a trop. Voyez ma

quatrième de couverture (ndlr : voir enca-

dré sur la même page), elle vous montre

que je m’adresse à ceux qui veulent monter

leur boîte, à ceux qui ont des enfants, à

ceux qui ne veulent plus d’une société-

cocon… Je suis un des derniers admira-

teurs de Margareth Thatcher, un libéral

convaincu (même si c’est diffi cile à dire en

France), admirateur de Raymond Aron, de

Tocqueville (dont je cite un texte à la fi n de

mon roman, vous l’avez peut-être remar-

qué). Il y a une doctrine politique derrière

cette comédie : j’ai appris l’anglais en lisant

The Economist. Tout ce bagage m’a marqué

et cela transpire dans mon texte.

❙ Propos recueillis

par Solange van Robais et Pierre Sabatier

(1) Yves Bourdillon, Terrorisme de l’Apocalypse, Paris, Ed. Ellipses, 2007, 224 p.

Le roman en quelques lignes… Comment monter une entreprise malgré les cris d’épouvante de ses proches ? Rompre sur un tapis roulant ? Et préserver sa santé mentale lors d’un conseil de classe ? Voilà quelques-uns des nombreux problèmes que doit aff ronter Fred Beaumont, journaliste dans un quotidien régional, après avoir décidé, sur un coup de tête, de réaliser enfi n tous ses rêves d’ado en même temps : se mettre à son compte (fantasme d’un Français sur trois), retrouver un amour de jeunesse et gravir un sommet de l’Himalaya. Mais il n’avait pas prévu qu’il devrait s’occuper, seul à Paris, de sa cancre de fi lle et serait confronté à des clients particulièrement capricieux. Sans oublier les raffi nements bureaucratiques d’une société qui, dans les discours, appelle à « se réaliser » et à « prendre des risques », tout en incitant chacun, en réalité, à n’en rien faire… Sous cette comédie aux dialogues crépitants, perce une radiographie des contradictions de notre société, dans un registre oscillant entre humour et burlesque.

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PORTRAITS & PARCOURS

création d’entreprise. Nos profi ls se sont avérés complémentaires, et avec un troisième

associé, Stéphane Debono, nous avons créé la société Ipsogen, pour développer des tests

moléculaires permettant le suivi d’effi cacité des traitements anticancéreux, en particulier

contre les leucémies. Notre société s’est bien développée, petit à petit, et elle compte plus

de 70 personnes aujourd’hui. Je suis directrice R&D et affaires réglementaires de la société,

et j’encadre 25 personnes. Ce travail me plait car sa dimension très appliquée permet une

bonne vision de son utilité : il sert aux patients, ainsi qu’aux biologistes. Cela compte, de

sentir qu’on a une vraie prise sur les performances du produit qu’on développe : mon

ambition, c’est de fournir des tests qui répondent aux besoins médicaux et de qualité

irréprochable. Pour la suite, je veux continuer à apprendre, à rencontrer des personnes

intéressantes, à travailler sur des problèmes nouveaux et intellectuellement stimulants !

En quoi consiste ta mission ?

Le dynamisme de l’entreprise est basé sur des développements de tests et leur commer-

cialisation, en lien avec les hôpitaux, plutôt que sur de la recherche interne. Ma mission

consiste donc à créer et entretenir les conditions pour les transferts technologiques,

en lien avec les hôpitaux, qui nous permettent de valider les tests sur des échantillons

de patients. Mon métier me place ainsi en interface avec de nombreux collaborateurs

externes, et je travaille en lien étroit avec les affaires médicales et le marketing de

l’entreprise.

Comment vit-on la parité hommes-femmes dans ton métier ?

Le fait d’avoir reçu le 2e prix des femmes innovantes par l’Union européenne en 2011

m’a conduit à y réfl échir, alors que cette question ne m’avait pas vraiment préoccupée

jusqu’alors… J’ai pu ainsi rencontrer des femmes ayant subi de graves discriminations

dans des pays où les contrats sont temporaires, alors que je n’ai pas ressenti de différence

ou de discrimination dans mon parcours. Mon emploi implique une charge de travail

importante, avec beaucoup de déplacements… Cela n’est pas toujours évident pour

mes deux garçons de 6 et 10 ans : cela demande une bonne organisation du couple !

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes diplômés ?

Avant tout, je leur souhaite d’avoir autant de chance que moi ! Il faut savoir se valori-

ser : la formation d’ingénieur AgroParisTech est très structurante, et apporte rigueur et

pragmatisme. Sur la base de mon expérience, je voudrais vraiment leur dire qu’il ne faut

pas avoir peur en début de carrière : faites ce qu’il vous plait, investissez vous à fond !

❙ Propos recueillis par Juliette Auricoste (PG 04, Gref 09)

Fabienne Hermitte (PG 91) est cofondatrice de la société

Ipsogen : « La formation d’ingénieur AgroParisTech est

très structurante, et apporte rigueur et pragmatisme »

Quel est le fi l rouge depuis ta sortie d’école ?

Dès ma 2e année à l’Agro, je me suis inté-

ressée à la recherche académique, plus

précisément en sciences médicales. J’ai

donc fait le choix d’effectuer un stage de

fin d’étude puis un doctorat dans une

unité mixte CNRS – Rhône Poulenc ; peu

encadrée sur un sujet très fondamental, j’ai

décidé pour la suite de m’orienter vers des

activités plus appliquées. Les hasards de la

vie m’ont conduite à chercher du travail

dans un bassin d’emploi peu dynamique,

la région de Marseille. L’ANVAR (devenue

Oseo depuis) m’a mise en contact avec

Vincent Fert, qui avait alors un projet de

Fabienne Hermitte

IPSOGEN, « Cancer profi ler »« Profi ler » des cancers, IPSOGEN développe et com-mercialise des tests de diagnostic moléculaire qui permettent de cartographier les maladies pour guider la décision des cliniciens et de leurs patients tout au long de leur parcours thérapeutique.

Avec déjà plus de 80 références produits utilisées en routine dans le monde pour le diagnostic, le pronostic et le suivi de milliers de patients atteints de leucémie, IPSOGEN est également engagée dans le domaine du cancer du sein avec pour objectif de fournir des informations diagnostiques encore inaccessibles.

En savoir plus : http ://www.ipsogen.com

Lauréate du 2e prix des femmes innovantes en Europe

Fabienne Hermitte (PG 91)

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CAHIERENTREPRISES

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AGROALIMENTAIRE

« Notre métier est de formuler des solutions » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 42Entretien avec Edouard De Vaux

ENERGIE ET ENVIRONNEMENT

Inova, énergie et environnement. . . . . . . . . . . . p. 44Entretien avec Denis Ostré

AGRICULTURE DURABLE

& DÉVELOPPEMENT

Limagrain : l’innovation permanente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 46Entretien avec François Viallet

AGRICULTURE DURABLE

ASP-public : la modernisation pour un meilleur service . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 48Entretien avec Bernard Bezeau

AGRICULTURE DURABLE

Tallage : de rares prévisionnistes en agro-économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 50Entretien avec Andrée Defois

BIODIVERSITÉ

Produire autrement mieux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 52Entretien avec Christian Rousseau

BOIS ET ENVIRONNEMENT

Norske Skog Golbey, une entreprise responsable, leader européen du papier journal . . . . . . . . . p. 54Entretien avec Jean-François Serre

CARRIÈRE

Savoir réfl échir et se remettre en question . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 56Entretien avec Dominique Dumazet

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CAHIER ENTREPRISESAgroalimentaire

Edouard De Vaux, Responsable Marketing de AIT Ingredients nous présente les tendances du marché agroalimentaire et les nouvelles solutions proposées par son entreprise. Rencontre.

« Notre métier est de formuler des solutions »

Quel est le positionnement d’AIT Ingredients ?

Nous sommes une filiale du Groupe

Souffl et, un groupe agro-industriel qui

emploie près de 3 700 personnes pour

un chiffre d’affaires de 3 Mrd €. AIT

Ingredients, pour sa part, emploie près de

110 collaborateurs. L’essentiel de notre

activité consiste à concevoir, produire et

commercialiser des solutions ingrédients

pour la fi lière agroalimentaire et en par-

ticulier, pour les industries de panifi ca-

tion, aussi bien en France que dans une

trentaine de pays à travers le monde.

Nous avons l’avantage de pouvoir béné-

fi cier du savoir-faire du Groupe Souffl et

et de son rôle de leader, notamment,

dans les fi lières blé et orge, à l’échelle

internationale. Ceci nous permet d’opti-

miser notre capacité à disposer d’ingré-

dients céréaliers originaux et de proposer

une palette de produits variés, dont des

farines de céréales maltées et toastées

qui offrent divers goûts et couleurs, ou

encore des ingrédients nutritionnels

micronisés (fi bres, germes de blé…).

Chez AIT Ingredients, nous nous inté-

ressons aussi bien à la technique qu’au

goût et à la saveur.

Quelles sont les tendances du marché ?

Nous devons répondre aux attentes de

nos clients directs mais aussi à celles de

leurs propres clients. Ces derniers expri-

ment de plus en plus un besoin de natu-

ralité à travers la mise en avant du Clean

Label, des ingrédients moins transfor-

més, etc. L’origine des produits revêt éga-

lement beaucoup d’importance puisque

le consommateur privilégie de plus en

plus la production locale, notamment

par soucis de développement durable.

Par ailleurs, nous retrouvons aussi bien une

attente de retour aux sources à travers des

recettes plus traditionnelles inspirées du

terroir, qu’une attente d’originalité et de

découverte de nouvelles saveurs venues

d’autres horizons.

Ceci dit, nous devons également répondre

aux attentes techniques de nos clients

industriels, notamment pour des raisons

économiques, en proposant des substituts

aux matières premières classiques dont les

cours peuvent beaucoup fl uctuer. L’objectif

pour nous est alors d’obtenir un résultat

optimal, à moindre coût.

Pouvez-vous nous donner un aperçu des solutions ingrédients innovantes développées par AIT Ingredients ?

Dans l’aspect technique de notre métier,

nous devons au quotidien concevoir pour

chaque problématique du client, une solu-

tion technique adaptée. Cela se traduit par

la conception d’améliorants de panifi cation

sur-mesure. La gamme Vital’IT avec, entre

autres produits, VitalMalt, est une gamme

d’ingrédients naturels issus de graines que

l’on a maltées, ce qui permet de dévelop-

per des activités enzymatiques spécifi ques

qui ont un effet intéressant, notamment

sur la conservation du moelleux dans des

produits tels que les brioches, le pain, etc.,

en substitution des émulsifi ants.

Concernant la création de saveurs, nous

proposons des produits prêts à l’emploi,

des mixes, des concentrés à incorporer

dans le processus de fabrication des pro-

duits,… mais aussi du sur-mesure pour le

compte de nos clients. Ainsi, nous avons

développé, par exemple, la gamme de

produits « Grand Chef ». Concentrée à

25 %, celle-ci permet de réaliser des pains

d’inspiration régionale, sans arômes arti-

fi ciels ou additifs…

Edouard De Vaux

Page 43: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

bien plus quedes ingrédients…

Expertise technique, compréhension des marchés

et des tendances, imagination et créativité

sont nos meilleurs atouts pour vous aider

à améliorer votre réussite.

Spécialiste de la filière Blé-Farine-Pain, AIT Ingredients propose une gamme complète de solutions standard ou sur-mesure,

pour offrir à vos consommateurs des produits beaux, bons et sains.

Améliorants de panification, mixes et concentrés saveurs, ingrédients nutritionnels...

Une société du Groupe Soufflet

AIT Ingrédients7, quai de l’Apport Paris

91100 Corbeil-Essonnes - France

Tel. : +33 (0)1 60 90 05 00 (Export : 05 10)Fax : +33 (0)1 60 90 05 01 (Export 05 11)

www.ait-ingredients.com

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CAHIER ENTREPRISESEnergie et environnement

Inova, société du Groupe Altawest, est un acteur majeur de l’ingénierie-construction de centrales clés en main de cogénération et de valorisation énergétique de déchets et de la biomasse. A ce titre, l’entreprise a remporté l’appel d’off res passé par l’Etat pour construire et exploiter une installation de production d’électricité utilisant de la biomasse à Brignoles, dans le massif varois. Entretien avec Denis Ostré, Conseiller du Président.

Inova, énergie et environnement

Pouvez-vous nous faire un point sur la biomasse en France ?

Le terme « biomasse » désigne l’ensemble

de la matière vivante. Depuis le premier

choc pétrolier, ce concept s’applique aux

produits organiques végétaux et animaux

utilisés à des fi ns énergétiques ou agro-

nomiques. Elle permet, entre autres, la

production d’énergie par combustion de

sous-produits et/ou de résidus de l’agri-

culture, de l’industrie du bois et de taillis

issus des forêts ou de cultures… La France

dispose du plus important gisement de

biomasse agricole et forestière en Europe,

cependant il y a quelques années elle se

situait encore au 14e rang pour sa part de

production électrique « biomasse » dans

la consommation électrique totale. La loi

de programme de juillet 2005 a fi xé les

orientations de la politique énergétique

française et définit un certain nombre

de programmes mobilisateurs pour les

économies d’énergie et le développe-

ment des énergies renouvelables. En

2007, le Grenelle de l’environnement a

notamment prévu une augmentation de

la production d’énergie renouvelable de

20 Mtep à l’horizon 2020 pour atteindre

au moins 23 % d’ENR dans la consom-

mation fi nale d’énergie, et vise une aug-

mentation de la production d’électricité

et de chaleur à partir de biomasse de

7,5 Mtep à l’horizon 2020.

Dans quel contexte s’inscrit le projet de Brignoles ?

Inova a répondu à l’appel d’offres lancé

par la Commission de Régulation de l’En-

ergie (CRE) portant sur des installations

de production d’électricité à partir de bio-

masse. Son projet de centrale électrique,

d’une puissance de 20 MW, au cœur du

massif varois a été retenu. Il répond à la

sécurisation de l’alimentation électrique

de la région PACA. Avec une production

couvrant moins de la moitié des besoins

et une mauvaise répartition de son réseau,

l’acheminement de l’électricité est à la

merci du moindre incident, notamment

en raison des incendies. Par ailleurs, le Var,

deuxième massif forestier français, pos-

sède une richesse forestière actuellement

sous-exploitée. Le développement de la

fi lière bois-énergie représente un atout en

termes de développement économique.

Quels sont les points forts d’Inova sur ce type de projet ?

Inova est spécialisé dans la conception, la

réalisation et l’exploitation de centrales de

production d’énergie thermique utilisant

les meilleures technologies disponibles, ce

qui lui permet de proposer des solutions

qui respectent les normes environnemen-

tales les plus strictes avec les meilleurs

rendements énergétiques. Pour le projet

de Brignoles, seul du bois naturel non

pollué est utilisé comme combustible. La

température à l’intérieur de la chaudière

est supérieure à 1 000 °C ce qui permet la

combustion complète et contrôlée des gaz

qui sont en partie recyclés et mélangés

à l’air de combustion pour augmenter

l’effi cacité énergétique de la chaudière.

Les fumées sont dépoussiérées par fi l-

tration, neutralisées à l’aide d’un réactif

minéral naturel. Elles sont contrôlées

grâce à des dispositifs capteurs-analy-

seurs, permettant grâce à l’enregistrement

des mesures la surveillance du respect

des normes françaises et européennes

en matière de rejets atmosphériques.

La centrale fonctionne en circuit fermé

vapeur/condensation (débit vapeur sor-

tie chaudière 81 t/h à 520 °C et 96 bar).

La consommation d’eau est estimée à

moins de 20 000 m³/an. Une turbine à

réaction à très haut rendement permet la

transformation de l’énergie thermique en

électricité, distribuée sur le réseau RTE.

La quantité d’énergie fournie par an est

de 168,000 MWh électrique : l’équivalent

de la consommation de 30 000 foyers. La

production d’électricité est stable et conti-

nue sur toute l’année. Enfi n, les cendres

issues de la combustion pourront être,

après caractérisation, utilisées en épan-

dage agricole.

Denis Ostré

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ÉNERGIE & ENVIRONNEMENT

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CAHIER ENTREPRISESAgriculture durable & développement

Spécialiste des semences de grandes cultures, des semences potagères et des produits céréaliers, Limagrain pèse lourd dans le paysage agricole et économique permettant au groupe auvergnat de défendre une certaine philosophie : produire plus et mieux durablement.

Entretien avec François Viallet (ENSAIA 85), directeur général adjoint de Limagrain Céréales Ingrédients

Limagrain : l’innovation permanente

Comment Limagrain se distingue sur le marché des semences ?

Limagrain est un groupe coopératif

international fondé en 1942. Son par-

ticularisme se situe dans son mode de

gouvernance qui trouve ses racines en

Auvergne, dans la plaine de Limagne.

Le groupe se compose d’une centaine de

fi liales qui a pour objectif de pérenniser

l’activité agricole de la Limagne. A ce titre,

tous les projets à long terme convergent

vers cette logique de pérennité d’activité.

Le groupe a bâtit son savoir-faire autour

de trois activités :

– Semences des grandes cultures

(céréales, oléagineux…) représentant

environ 1/3 de l’activité du groupe. Sur

ce secteur, Limagrain est leader avec une

concentration sur l’Europe et les États-

Unis. Le récent rachat de Bisco en Inde

permet à Limagrain de s’ouvrir à de nou-

veaux territoires.

– Semences potagères représentant envi-

ron 40 % du CA. L’activité Semences

Potagères s’adresse principalement aux

marchés professionnels. Elle propose

des semences potagères à forte valeur

ajoutée et se place au 2e rang mondial

sur ce marché.

– Produits céréaliers avec deux business

units  : la boulangerie-pâtisserie et

les ingrédients céréaliers. Ce segment

constitue un atout fondamental pour la

valorisation des productions agricoles de

ses adhérents.

Justement, où se positionne Limagrain Céréales Ingrédients dans ce pôle d’activités et quel est son savoir-faire ?

Limagrain Céréales Ingrédients est une

des deux Business Units de la branche

produits céréaliers, leader européen en

farines fonctionnelles. Elle est née de la

conviction qu’en partant de la semence

nous pouvions apporter des solutions aux

industriels et confi rme l’importance de

maitriser la génétique et les procédés de

transformation industrielle pour valoriser

les qualités des céréales. Nous élaborons

et proposons des solutions naturelles et

fonctionnelles en répondant aux besoins

les plus spécifi ques de nos cinq marchés

d’applications : « bakery », « snacks »,

« céréales petit-déjeuner », « convenience

food » et bioplastique. Plus concrètement,

nous traitons chaque année 80 000 tonnes

de grain de maïs destinées à l’industrie

alimentaire et nous transformons ther-

miquement des farines de blé pour en

modifi er leurs propriétés et offrir ainsi

des fonctionnalités aux industriels.

Quels sont vos axes d’innovation et pour quels types d’application ?

Limagrain et LCI consacrent respective-

ment 14 % et 5 % de leur CA à la R&D.

Cet effort de recherche s’est d’ailleurs

traduit par la création de notre centre de

recherches ULICE qui travaille sur des

axes d’innovation produits centrés sur

la nutrition/santé et l’environnement.

Nous anticipons le comportement de nos

céréales et travaillons sur l’évolution de

nos variétés afi n de mieux répondre au

besoins des clients notamment en satis-

faisant un certain nombre de critères

santé : apports en fi bres, réduction des

matières grasses… En matière d’envi-

ronnement, nous avons développé un

fi lm bioplastique biolice, à base de maïs

entièrement compostable et biodégra-

dable. Ce procédé a notamment séduit

les cimentiers qui l’utilisent en compo-

sant de leur sacherie mais aussi Handicap

International dont le « sac à sapin » est

à 100 % réalisé avec biolice. Enfi n, Ulice

travaille sur le traitement thermique de

farines pour améliorer par exemple le

moelleux des viennoiseries et met au

point de nouvelles formes de produits à

la demande des industriels de type solu-

tions sans gluten par exemple.

François Viallet

Limagrain en brefLe groupe réalise un chiff re d’aff aires de plus de 1,5 milliards d’euros en 2011 et rassemble 7 200 collaborateurs. Limagrain Céréales Ingrédients emploie 200 personnes et réalise un CA de 80 millions d’euros.

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Près de 7200 collaborateursPlus de 100 filiales réparties dans 38 paysPlus d’1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires14 % du chiffre d’affaires consacrés à la recherche4e semencier mondial grâce à sa holding Vilmorin & CieLeader européen en farines fonctionnelles via Limagrain Céréales Ingrédients 3e industriel français de la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie avec Jacquet-Brossard

Groupe coopératif agricole international, spécialiste des semences de grandes cultures, des semences potagères et des produits céréaliers

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CAHIER ENTREPRISESAgriculture durable

L’Agence de services et de paiement (ASP) a été créée pour mieux répondre aux grands enjeux du secteur public et accompagner sa modernisation. Plus gros organisme payeur européen, à la fois spécialisé et multisectoriel, l’ASP dispose d’un large champ d’intervention et s’affi rme comme un acteur incontournable, conscient des mutations nécessaires pour un meilleur service public. Entretien avec Bernard Bezeaud, directeur général délégué de l’agence.

ASP-public : la modernisation pour un meilleur service

L’ASP œuvre souvent dans l’ombre, présentez-nous l’agence ?

L’ASP est un établissement public placé

sous une double tutelle : le ministère de

l’agriculture et celui de l’emploi. Il a été

créé, en 2009, de la fusion du CNASEA et

de l’Agence Unique de Paiement (AUP).

Aujourd’hui, nous sommes donc l’orga-

nisme payeur de l’ensemble des aides ver-

sées aux exploitations agricoles au titre de

la PAC mais notre double tutelle minis-

térielle nous permet d’intervenir dans

différents domaines tels que l’emploi,

la politique sociale, l’environnement…

Ainsi l’ASP est l’opérateur de l’État pour

le versement du bonus écologique, des

aides liées à l’emploi, de la garantie de

ressources des travailleurs handicapés…

Notre budget d’intervention est de l’ordre

de 18 milliards d’euros. Nous employons

environ 2 200 agents dont 1 000 dans la

sphère agricole et assurons une pré-

sence dans toutes les régions, y compris

en outre-mer, grâce à notre réseau de

26 délégations régionales.

Quels sont vos diff érents modes d’intervention ?

La particularité de l’agence est son savoir-

faire en matière de traitement de masse

des dossiers associé à une forte compé-

tence métiers. Notre mission s’articule

autour de quatre éléments :

– L’ instruction : L’ASP appuie de

nombreux partenaires publics dans l’ins-

truction de demandes d’aides. Cette fonc-

tion nécessite une expertise liée à chaque

dispositif d’aide (juridique, analytique…)

– Le contrôle avec près de 200 agents

spécialisés qui sillonnent notamment les

exploitations agricoles et assurent un fort

relationnel avec les bénéfi ciaires des aides

– Le paiement : nous l’avons vu, l’ASP est

le plus gros organisme payeur européen

et à ce titre nous participons souvent à

des échanges intracommunautaires sur

la mise en œuvre de la PAC.

– L’ingénierie administratrice : l’ASP

apporte aux instances locales, nationales

et européennes un appui dans la mise en

œuvre de politiques publiques (rédaction

de guides de procédures, animation, for-

mation, valorisation de données…)

De plus, l’ASP inscrit ses compétences

dans le champ concurrentiel pour d’autres

fi nanceurs comme les collectivités terri-

toriales, les Agences de l’Eau, l’Agence

du Service Civique… Ces opportunités

de mise en concurrence sont l’occasion

de se remettre en cause.

Vous êtes actuellement dans une démarche de modernisation des procédures. Quels sont les changements à attendre pour les bénéfi ciaires ?

Effectivement, l’agence est engagée dans

un certain nombre de procédures d’in-

novation avec pour objectif de conforter

notre position d’organisme payeur

européen, être un référent à la pointe de

l’innovation technologique et organisa-

tionnelle. Cela se traduit par un dévelop-

pement des télédéclarations, des extranets

et une dématérialisation des procédures.

À ce titre par exemple, nous mettrons en

place très prochainement un portail à des-

tination des employeurs pour toutes les

démarches concernant le Contrat Unique

d’Insertion (CUI). Ce dispositif innovant

s’appuie sur une transmission de pièces

justificatives sécurisée par certificat de

signature électronique. L’ASP est un des

tout premiers établissements publics à

être habilité pour délivrer de tels certifi cats

(niveau une étoile du référentiel général

de sécurité).

Concernant l’organisation en elle-même,

nous avons aussi un objectif de perfor-

mance. Nous modernisons notre mode

de fonctionnement interne en créant des

pôles de gestion spécialisés en fonction

des sites. Parallèlement nous nous enga-

geons dans une démarche de polyva-

lence des agents afi n de nous permettre

de répondre au mieux aux pics d’activité.

Enfi n, nous cherchons à rationaliser en

permanence les processus de travail pour

gagner en productivité et en effi cacité.

Concernant la thématique Forêts, quel rôle jouez- vous ?

L’ASP est l’organisme payeur des aides

(hors ONF) du ministère de l’agriculture,

notamment : boisement des terres agri-

coles, amélioration des forêts, modernisa-

tion des entreprises de travaux forestiers,

reconstitution des forêts détruites, par les

tempêtes de 1999 et de 2009… Depuis

2001, sur l’ensemble de ces mesures, nous

avons versé environ 1,2 milliard d’euros

pour 67 000 dossiers traités, la principale

mesure étant le nettoyage des parcelles

de chablis après les tempêtes.

Bernard Bezeaud

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Les métiers de l’ASP • gestion administrative et financière d’aides publiques (paiement, contrôles, ...)

• ingénierie administrative et assistance technique

• évaluation et suivi de politiques publiques

L’Agence de services et de paiement (ASP) intervient pour le compte de plusieurs ministères, de l’Union européenne, des collectivités territoriales et d’autres organismes publics.

L’ASP, un opérateur public unique par sa polyvalenceL’ASP couvre un champ d’activités variées :

agriculture (1er et 2e piliers), aquaculture, forêt, pêche, développement local et rural, environnement,

emploi, formation professionnelle, insertion, action sanitaire et sociale, ...

Chiffres clés Budget d’intervention : 17,6 milliards d’euros

2 250 collaborateurs

Un siège social à Limoges,

un site national à Montreuil,

et 26 délégations régionales

(dont 5 outre-mer)

Contacts

ASP

2, rue du Maupas ; 87040 Limoges Cedex 1

Tél. 05 55 12 00 00

Fax : 05 55 12 05 24

Site internet : www.asp-public.fr

Agence de serviceset de paiementun opérateur de référence au servicedes politiques publiques

www.asp-public.fr

ASP - DirCom / PAO-création - avril 2012 - © MEDAD, JM.Pericat, Phovoir, Soisson, B.Vedel

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CAHIER ENTREPRISESAgriculture durable

Depuis près de 20 ans, le cabinet d’études agro-économique français Tallage s’est spécialisé dans les marchés européens des grains et s’impose comme une référence dans ce secteur. Rencontre avec Andrée Defois, présidente du cabinet.

Tallage : de rares prévisionnistes en agro-économie

Quel est le rôle d’un prévisionniste en agro-économie ?

La politique de soutien à l’agriculture

européenne a fortement évolué ces vingt

dernières années et cette modifi cation

a induit une grande variabilité des prix,

d’où des besoins d’analyses et de pré-

visions plus poussés. Notre métier est

d’analyser l’offre et la demande prévi-

sionnelle d’une matière première pour

aboutir à un point de vue sur l’évolu-

tion de son prix. Notre travail repose

sur 3 piliers : une banque de données

statistiques très développée portant

sur l’ensemble des secteurs influen-

çant l’offre, la demande et les échanges

de matières premières agricoles ; des

contacts de terrain dans tous les seg-

ments du marché, du champ à la salle

de négoce ; enfi n, des modèles de pré-

vision internes. Le métier d’analyste des

matières premières agricoles est encore

peu répandu en Europe alors qu’il l’est

beaucoup plus aux USA ou sur d’autres

marchés (fi nances notamment).

Depuis 1993, nous proposons à nos

clients notre rapport Stratégie grains,

qui traite de l’offre et de la demande,

des prix des céréales, dans toute l’Union

européenne. Ce document d’analyse est

mis à jour tous les mois. Il est utilisé par

des intervenants du marché céréalier,

quelque soit leur positionnement sur le

marché (producteurs, stockeurs, indus-

triels, négociants, traders, institutionnels,

fi nanciers).

Nous avons ensuite développé depuis

dix ans un accès à nos bases de don-

nées sur notre site internet, et élargi la

gamme des rapports publiés, sur le blé

dur, les oléagineux etc. De plus, ce tra-

vail de collecte statistique et d’investiga-

tion de terrain nous permet de pouvoir

répondre rapidement à toute demande

d’analyse d’une entreprise particulière.

Nous travaillons donc aussi comme un

cabinet de conseil.

Quelles sont les principales thématiques abordées dans votre travail ?

Les problématiques agricoles sont au

premier plan, principalement agrono-

miques (prévisions des rendements et

des surfaces) et zootechniques (consom-

mations animales). Cependant les fac-

teurs économiques et géopolitiques sont

également très importants dans notre

travail de prévisionniste.

Il s’agit de compiler l’ensemble des don-

nées disponibles (enquêtes, publications

Page 51: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

51 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

offi cielles et privées, statistiques, …), de

collecter auprès de nos réseaux de terrain

des informations quantitatives et qualita-

tives et d’alimenter nos modèles de pré-

vision, puis de synthétiser ces données

et d’y intégrer notre vision d’experts. Il

s’agit de fournir à nos clients des clefs

d’aide à l’analyse et à la décision.

Ce travail d’analyse fondamentale n’a

pas pour objet de prévoir l’extrême

court terme (variations intra-journa-

lières ou même intra-hebdomadaires

par exemple). Il permet, en revanche,

de produire une prévision pour une

période comprise entre six et dix-huit

mois environ ; il permet aussi de déceler

des tendances et de se positionner sur

le long terme (une quinzaine d’années).

Quels sont les principaux enjeux sous-jacents à votre activité ?

Notre travail découle de l’activité agri-

cole (production végétale et animale)

et de son interaction avec les besoins

humains et industriels. Le grand enjeu

dans ce secteur est celui de la réponse

alimentaire à une population planétaire

en augmentation. C’est aussi celui de

la réponse au défi énergétique des pro-

chaines années ; enfin, c’est celui du

réchauffement climatique qui va modifi er

les potentiels de production, exiger des

réductions d’émissions de gaz à effet

de serre…

Quel est le potentiel d’augmentation

des rendements, par quelle voie (inten-

sifi cation, biotechnologie, connaissance

des sols et de leur fonctionnement…),

de nouvelles surfaces peuvent elles être

mises en culture ? Comment assurer une

production de viande croissante ? Le

modèle d’évolution de la consomma-

tion alimentaire (accroissement de la

consommation de viande avec le niveau

de vie) va-t-il rester dominant ? Quel

sera l’avenir des biocarburants, de la

chimie verte, du besoin en matières

premières de ces secteurs ? Combien

de temps la Chine restera-t-elle le

pays moteur de l’augmentation de la

demande mondiale ?

Depuis notre création il y a vingt ans,

notre métier a profondément évolué :

de grands changements sont interve-

nus dans l’offre et la demande mondiale

(la question à la fi n des années quatre-

vingt était le volume d’importation de

l’Union soviétique, c’est aujourd’hui le

développement de l’économie chinoise) ;

par ailleurs, nous avons assisté à une

modification complète des canaux de

distribution de nos prévisions (l’accès

Web est depuis plusieurs années le pre-

mier poste de notre chiffre d’affaires,

alors qu’aucun de nos clients n’avait de

connexion internet quand nous avons

créé la société).

Page 52: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

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CAHIER ENTREPRISESBiodiversité

Nourrir demain 9 milliards de personnes et leur garantir une alimentation de qualité, tel est le défi de l’agriculture française qui doit également s’adapter à la fl uctuation et à la volatilité des marchés. Pour les aider dans cette démarche, Vivescia souhaite créer et produire des solutions agri-industrielles durables permettant d’augmenter le revenu des agriculteurs tout en répondant aux attentes des clients et de la société comme nous l’explique Christian Rousseau, Président délégué à l’agriculture et à l’innovation.

Produire autrement mieux

Pouvez-vous dans un premier temps nous présenter le groupe et ses activités ?

Né du rapprochement de Champagne

Céréales et de Nouricia, Vivescia est un

groupe agri-industriel puissant et perfor-

mant, maîtrisant les fi lières de l’assiette au

champ, du consommateur au producteur,

et répondant aux attentes des clients et de

la société. Notre rôle est d’accompagner

les agriculteurs dans la mise en place de

pratiques « durables », seules capables

de contribuer à l’augmentation de son

revenu et soutenir ainsi la préservation

et le développement de la ruralité.

L’agriculture est souvent montrée du doigt concernant son impact sur l’environnement…

En effet, les pratiques agricoles ont mau-

vaise presse. Victimes de leur manque de

transparence, elles ont été injustement

accusées de nuire à l’environnement et

même à la santé. Pourtant, de grandes

avancées techniques ont été réalisées, non

seulement pour nourrir davantage de per-

sonnes mais aussi pour les nourrir mieux

et ce, à un prix toujours plus compétitif.

Quels sont les services que vous apportez à vos adhérents pour les accompagner dans une démarche d’agriculture durable ?

Nous les accompagnons dans la mise

en place de nouvelles solutions agrono-

miques : à introduire de plus de biodiver-

sité dans leurs champs, à alterner leurs

cultures, à diminuer le travail du sol, etc.

Pour un suivi optimal, nous défi nissons

un cahier des charges qui répondent aux

exigences de la société et de leurs clients

afi n de de mesurer par la suite leurs avan-

cées économiques, environnementales

et sociétales.

Les agriculteurs ont beaucoup souff ert de la crise. Pourquoi devraient-ils s’engager dans l’agriculture durable ?

Ces nouvelles pratiquent durables per-

mettent aux agriculteurs des économies

de charge. Ils se protègent ainsi des fl uc-

tuations des marchés. Quand on sait que

les prix de l’engrais peuvent tripler en

quelques semaines, le calcul est vite fait !

S’engager dans l’agriculture durable, c’est

réapprendre à travailler en harmonie avec

la nature, à gérer des écosystèmes tout en

produisant plus et mieux. C’est le futur de

l’agriculture française. De plus, en 2013,

l’Europe mettra en place une « enveloppe

verte », destinée à aider fi nancièrement

les agriculteurs ayant mis en place ces

dispositifs.

Christian Rousseau

Page 53: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

Reporters sans frontières

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CAHIER ENTREPRISESBois et environnement

Démarrée en janvier 1992, Norske Skog Golbey est l’une des usines de production de papier journal les plus modernes et les plus performantes au monde. Grâce au savoir-faire de ses 420 collaborateurs et à des équipements à la pointe de la technologie, l’usine produit chaque année en moyenne 600 000 tonnes de papier journal dont la qualité est reconnue par les principaux éditeurs et imprimeurs européens.

Norske Skog Golbey, une entreprise responsable, leader européen du papier journal

Pour les besoins de notre produc-

tion, nous utilisons chaque année

500 000 tonnes de papiers récupérés

principalement issus de la collecte sélec-

tive auprès des ménages français. Nous

contribuons ainsi à la valorisation d’un

important volume de déchets et appor-

tons aux collectivités locales une solution

à la fois économique et écologique à la

gestion de leurs déchets.

L’autre matière première est constituée de

bois provenant exclusivement de forêts

gérées durablement. Nous pouvons ainsi

proposer à nos clients des papiers cer-

tifiés PEFC ou FSC. La moitié de nos

approvisionnements sont des rondins

d’éclaircie (activité permettant aux forêts

de bien se développer), et l’autre sont

les plaquettes de scieries. En valorisant

ces sous-produits, nous contribuons à la

bonne santé de nos forêts et nous offrons

aux professionnels de la fi lière des débou-

chés pérennes.

La prise en compte, dans le cadre

d’une politique d’amélioration conti-

nue, de l’impact de notre activité sur

l’environnement, nous permettent d’affi -

cher des résultats exemplaires en matière

notamment de gestion des déchets

(99,9 % de nos déchets de production

sont valorisés en interne ou dans des

fi lières spécialisées), de gestion de l’eau

(quantité = - 50 % en 20 ans, et qualité),

d’énergie (réduction de la consommation,

choix d’énergies plus propres), de rejets

atmosphériques ou encore de modes de

transport (54 % de nos produits fi nis sont

acheminés par wagons chez nos clients

à travers toute l’Europe).

Notre usine est certifi ée ISO 9001 pour

son système de management de la qua-

lité et ISO 14001 pour son système de

management de l’environnement.

Engagement responsable

Pour être en cohérence avec notre Vision,

notre stratégie d’entreprise prend systé-

matiquement en compte les 4 axes d’un

engagement responsable :

- Social : l’entreprise a placé l’Homme au

cœur de son développement en offrant à

Jean-François SerreDirecteur Achats et Logistique

NORSKE SKOG GOLBEY

Jean-François Serre vient d’être promu Directeur des Approvisionnements et de la Logistique chez Norske Skog Golbey, après avoir été Directeur des Approvisionnements pendant 5 ans. Il a rejoint le groupe papetier norvégien Norske Skogindustrier ASA en 1993, d’abord comme Ingénieur R&D au sein des joint-ventures Sofar et AVP, puis chez Norske Skog Golbey, avant d’y devenir responsable de l’approvisionnement en matières premières. De 2002 à 2004 il a occupé le poste de Directeur Général de la division Fibres Recyclées au sein de la branche Paper Mills du groupe norvégien, un poste basé à Sydney.

En 2005 et 2006, il a rejoint Anvers, en Belgique, pour y diriger l’activité Mill Recovered Paper Europe. Jean-François Serre dispose de plusieurs diplômes complémentaires : Bachelor in Biology (University Lyon I, 1984) ; Forestry Engineer (Ecole Nationale du Génie Rural des Eaux et Forêts, Nancy, 1988) ; et Executive MBA (ICN Group, Nancy, EM Strasbourg, 2011).

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55 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

ses salariés des conditions sociales favo-

rables, un environnement de travail sain

et sûr et la possibilité de développer leurs

compétences.

- Sociétal, avec le renforcement de notre

influence dans la vie économique et

sociale locale et la promotion de notre

démarche auprès de l’ensemble de nos

parties prenantes, et plus particulièrement

de nos clients et fournisseurs.

- Environnemental, en concentrant nos

efforts sur la réduction de notre empreinte

carbone et le soutien d’une gestion

durable des matières premières.

- Economique : avec le souci d’amélio-

rer la performance globale de notre site

notamment au travers de la maîtrise de

nos coûts, afi n d’être une entreprise ren-

table et pérenne.

La fi lière bois : regain d’intérêt pour la fi bre de bois.

Si la fibre de bois sous forme papier

connait un marché mature, elle offre

par ailleurs des nouveaux débouchés et

Norske Skog Golbey (NSG) s’y intéresse

de près, tout en restant d’abord, un pro-

ducteur de papier journal.

L’objectif premier est de développer des

activités autour de son coeur de métier.

C’est ainsi, de manière assez fortuite, que

NSG a rencontré une entreprise, puis s’est

associée avec elle, pour extraire des prin-

cipes actifs contenus dans le bois, et à

destination de la cosmétique et/ou de la

pharmacologie.

Une autre initiative est la création d’une

grappe d’entreprise appelée « Green

Valley » avec la Société d’Economie Mixte

Epinal-Golbey et d’autres partenaires

fi nanciers.

L’eco- parc ainsi créé accueille des entre-

prises fabricant des eco-matériaux.

Le suisse Pavatex construit en ce moment,

sur le site, une usine de fabrication de

panneaux isolants à base de bois (60 m€

d’investissements).

Ces entreprises trouvent des syner-

gies. NSG mutualise ses couts. C’est

gagnant-gagnant !

Parmi les services proposés par NSG, il y

a l’approvisionnement en bois pour ces

entreprises de la grappe.

Il peut s’agir de plaquettes forestières, de

bois de fi n de vie (classe B) ou du bois de

second choix.

Ces demandes supplémentaires de bois

sont bénéfi ques pour l’éconmie locale,

mais depuis de nombreuse années, NSG

fait le constat d’un manque de dispo-

nibilité supplémentaire en résineux sur

son bassin d’approvisionnement (Nord

Est France). La tempête Lothar en 1999,

l’arrêt du FFN, le morcellement de la

propriété privée forestière et les confl its

d’usage avec le bois énergie concourrent

à la diminution de la disponibilité en

résineux.

NSG s’est associé à l’initiative de l’inter-

profession Alsace et Lorraine de création

d’un « fond plantations », alimenté par

une contribution de chacun des acteurs

de la fi lière.

L’initiative privée donne l’exemple !

A quand l’aide des pouvoirs publiques

pour augmenter l’effet de levier ?

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CAHIER ENTREPRISESCarrière

Entretien avec Dominique Dumazet (Agro 77), Directeur de l’Audit Interne de la Banque Privée 1818, au sujet des qualités propres d’un ingénieur Agro dans le secteur bancaire.

Savoir réfl échir et se remettre en question

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours, et ce qui vous a mené vers le secteur de la banque privée ?

Je suis issu de la promotion Agro 77.

Une fois diplômé, j’ai passé deux ans au

Niger, dans un centre agricole financé

par le CEA, dans le cadre du Service

National Volontaire à l’Etranger. À mon

retour, je me suis orienté vers le conseil

en organisation, au sein du cabinet Arthur

Andersen. Rapidement, mon goût pour

l’économie m’a mené vers l’institut

IPECODE, en tant qu’économiste. En

1989, j’ai voulu compléter ma forma-

tion par un diplôme en CESS Finances-

Actuariat à l’ENSAE. C’est à ce moment

que je me suis tourné vers la banque.

D’abord à la BRED, comme responsable

de la Gestion de Bilan, puis au sein du

Directoire de la Caisse d’Epargne , en

Loire-Drôme-Ardèche puis en Alsace.

En 2007, j’ai rejoint ce qui était alors la

Compagnie 1818 – Banquiers Privés,

banque privée spécialisée dans la ges-

tion de fortune, à disposition du réseau

des Caisses d’Epargne, devenue depuis

BP1818 (cf. encadré). J’y ai d’abord dirigé

les relations avec les réseaux, et depuis

2010 je suis en charge de l’audit interne.

Quel est le métier d’une banque privée ?

La mission principale de la banque privée

est de proposer des solutions patrimo-

niales « sur mesure » à des clients très

exigeants en termes de qualité et de

performances, qui souhaitent optimiser

leur patrimoine et être conseillés sur la

gestion de leurs actifs fi nanciers.biens.

Nous leur proposons également de l’opti-

misation fi scale, et ce dans le cadre des

lois françaises, car la grande majorité de

nos clients sont des résidents français.

Nous nous appuyons sur les réseaux de

BPCE (Natixis, des Caisses d’Epargne et

Banques Populaires en particulier) ainsi

que sur Natixis.à travers tout le terri-

toire. Nous accompagnons ces banques

auprès de leurs propres clients, en leur

fournissant des expertises, des produitsde

l’expertise, des prestations et des conseils

afi n qu’ils puissent optimiser le traitement

de leur clientèle.

Nous disposons également d’une clien-

tèle fortunée en propre, plus tradition-

nelle, qui se développe par prospection

directe.

Un troisième aspect de notre métier

consiste à fournir des services et des

produits dédiés aux professionnels

indépendants de la gestion du patri-

moine, par exemple avec des solutions

en matièreoutils de gestion d’actifs ou

de défi scalisation.

Quels sont les atouts d’un ingénieur Agro dans le secteur de la banque ??

Il convient d’abord de dire qu’il y a

toujours eu des Agros dans la banque.

Notre EcoleLa nôtre est une Ecole géné-

raliste, et il existe un besoin de ce type

de profi ls, notamment dans les métiers à

composante fi nancière. La capacité à de

maîtriser des chiffres est plus importante

que jamais aujourd’hui, les banques sur-

veillant de très près leur rentabilité et en

particulier leurs coûts.comptes.

Au-delà de cet aspect technique, un ingé-

nieur Agro a une identité particulière par

rapport aux autres, car c’est une formation

qui prédispose à une grande ouverture

intellectuelle.mentale. À mon sens, les

sciences de la vie orientent vers la remise

en question et l’innovation. Nous sommes

à la fois généralistes et très adaptables,

en mesure de nous intéresser à des sujets

divers et variés. La polyvalence de cette

formation nous permet de nous adapter

à de nombreux postes, et mon parcours

en est la preuve.

Dans le secteur de la Banque Privéeprivée,

les relations personnelles sont très impor-

tantes, car ce sont les hommes, et non les

outils, qui font la différence. D’où l’intérêt

d’avoir un profi l ouvert et fl exible. Chaque

client est un cas particulier, et il faut savoir

constamment se remettre en question.

On ne peut pas se laisser enfermer dans

des routines. Il faut savoir réfléchir et

s’adapter, et en cela les ingénieurs, en

particulier Agro, sont d’excellents col-

laborateurs. A ce titre, jeJe pense qu’il y

a une place à redonner aux ingénieurs

dans l’entreprise, en général, et dans la

banque en particulier.

Dominique Dumazet

La Banque Privée 1818La Banque Privée 1818 est née en 2009 de la fusion de la Compagnie 1818 – Banquiers Privés (groupe Caisse d’Epargne) et de la Banque Privée Saint-Dominique (groupe Banque Populaire). Il s’agit d’une fi liale de Natixis, banque d’investissement et de marché du groupe BPCE.

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Notre cœur de métier, la gestion de fortune

La Banque Privée 1818 vous ouvre de nouveaux horizons sur la gestion de fortune en mettant la qualité

et la diversité de son expertise au service de votre patrimoine. Forte de son savoir-faire, sa vocation

est d’offrir aux grands clients privés, les meilleures solutions pour structurer et gérer leurs actifs.

Entourés de spécialistes de haut niveau, votre banquier privé dispose des compétences

indispensables pour vous accompagner dans vos prises de décisions et dans l’élaboration de

vos stratégies aussi complexes soient-elles. Disponibles et réactifs, nos experts gèrent votre

patrimoine en toute transparence en accordant une importance primordiale à la confidentialité.

Cette approche constitue la base de la relation de confiance que nous entretenons avec vous.

La gestion de fortune ne s’improvise pas. C’est notre cœur de métier.

Experte en solutions patrimoniales et financières

50, avenue Montaigne 75008 Paris Tél. : +33 (0)1 70 38 80 00

www.banqueprivee1818.com

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Publi r

édactionnel

Avec 270 coopératives sociétaires, InVivo est le premier groupe coopératif

français et l’un des plus importants à l’échelon européen. Présent

sur l’ensemble du territoire français et dans plus de 60 pays, InVivo

rassemble 6 300 collaborateurs en France et dans le monde. InVivo a pour

mission de fournir à ses coopératives partenaires les produits, services,

moyens techniques et humains concourant à leur performance et à leur

différenciation auprès des agriculteurs.

Entretien avec Monsieur Thibaut Constant, Responsable Biodiversité et

Qualité de l’Eau.

Présentez-nous la démarche

générale de InVivo

AgroSolutions

Au sein du groupe InVivo, InVivo

AgroSolut ions est une entre-

prise dédiée à la production et à

la recherche de méthodes et de

moyens innovants destinés à ren-

forcer la performance agronomique,

environnementale et économique

des exploitations agricoles. Créée

le 1er juillet 2011 au sein du groupe,

la société anonyme par actions

simplifi ées InVivo AgroSolutions est

fi liale à 100 % de l’Union InVivo. Elle

emploie 64 salariés dont 60 cadres.

Ses équipes sont groupées au sein

de 4 sous unités :

– Le DIAE (Département Informatique

Agro-Elevage) chargé de la concep-

tion, de la réalisation des tests de

produits pilote et de l’assistance

informatique aux utilisateurs.

– Le Département Agronomique

chargé de l’acquisition des réfé-

rences relatives aux pratiques agri-

coles dans chacun des contextes

culturaux. Ses travaux permettent

de paramétrer les modèles biolo-

giques d’aide à la décision inclus

dans le système d’aide au conseil

conçu par le DIAE.

– Le département R et D dédié à la

mise au point de produits de pro-

tection et alimentation alternative

des plantes.

– Le département Agriculture

Durable et Développement est

subdivisé en une équipe Territoire

(Qualité de l’Eau et Biodiversité)

et une équipe Filière. Il emploie

12 ingénieurs.

Les axes de recherche de InVivo

AgroSolutions portent sur 3 axes

complémentaires :

1) Pour un nouveau système

d’information en milieu rural et un

ensemble d’aides techniques à la

décision :

– Phyto/semences (résistance,

désherbage, fongicide)

– Fertilisation

– Développement de logiciels

2) L’innovation en matière de

protection et nutrition alternative

des plantes

3) L’innovation en gestion de

l’environnement

En complément des objectifs de

performance agronomique, l’une

des missions assignées à InVivo

AgroSolutions consiste à proposer

aux acteurs du monde agricole les

moyens et méthodes permettant

non seulement de réduire l’impact

environnemental négatif, mais de

développer les services ecosysté-

miques liés aux opérations agricoles.

Ces travaux ont pour objet de déter-

miner et de montrer la compatibilité

entre une agriculture productive et

respectueuse de l’environnement

performante sur les plans écono-

mique, agronomique et environ-

nemental. La stratégie de InVivo

AgroSolutions en ce qui concerne

les thématiques environnementales

peut être résumé en un slogan :

Mesurer pour Gérer et Valoriser la

performance environnementale des

exploitations agricoles

Ces tâches sont confi ées au dépar-

tement Agriculture Durable et

Développement.

MESURER l’impact environnemen-

tal : un impact peut être évalué par

des indicateurs calculés à partir

de la traçabilité des conseils et

pratiques évoqués et/ou quelques

observations notamment en matière

de biodiversité. Cette démarche

permet, tout d’abord, de décrire

l’efficience environnementale de

l’évolution de pratiques envisagée.

Ensuite, elle permet d’exprimer les

éventuels progrès réalisés en termes

d’incidence sur l’état du milieu plu-

tôt qu’en description de l’évolution

de pratiques disparates toujours

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diffi cile à consolider, et valider les

conséquences des plans d’actions

environnementaux auprès des parties

prenantes.

GERER l’impact environnemental : les

travaux portent sur la qualifi cation de

chacune des opérations culturales

et de leur interaction avec le milieu

naturel en relation avec leur perti-

nence agronomique et économique.

Ils portent aussi sur l’effi cience de

ces méthodes en tant que moyen de

gestion proposé aux agriculteurs et à

leurs conseillers culture. Ils portent

sur la diffusion des compétences

indispensables pour que les agri-

culteurs et leurs conseillers puissent

prendre en charge la performance

environnementale de leurs systèmes

culturaux.

VALORISER la performance envi-

ronnementale des systèmes cultu-

raux : L’objectif est de proposer de

nouvelles relations contractuelles

entre les agriculteurs et les parties

prenantes permettant de rémuné-

rer les agriculteurs en fonction des

performances objectives des ser-

vices écosystémiques qui résultent

de leur activité et de leur mode de

gestion. Les travaux portent sur la

conception de nouveaux services

jusqu’à la mise en place d’opéra-

tions pilotes. Ces services sont par

la suite sourcés et mis au marché

par InVivo AgroSolutions. En outre,

le savoir-faire ainsi acquis est mis à

disposition des entreprises de conseil

via les logiciels d’aide au conseil ci-

dessus évoqués.

En quoi consiste l’offre

de compensation ?

Le principe de la compensation

existe en France depuis la loi du

10 juillet 1976 relative à la protec-

tion de la nature et est présent dans

le droit communautaire (directives

Natura 2000, directives Projets et

Plans et programmes). La loi Grenelle

II complète le corpus règlementaire

de la compensation en terme de

champ, de suivi et de contrôle.

Dans un cadre propre à chacune

des règlementations concernées

qui en précise les modalités, la

compensat ion intervient pour

contrebalancer les effets négatifs

de projets de travaux, d’ouvrages ou

d’aménagements, lorsque toutes les

mesures envisageables ont été mises

en œuvre pour éviter puis réduire les

impacts négatifs de ce projet sur la

biodiversité. Elle porte ainsi sur l’im-

pact « résiduel » éventuel d’un projet

qui consiste, en dernier recours, à

mener des actions qui permettent

de maintenir la biodiversité dans un

état équivalent ou meilleur à celui

observé avant la réalisation du projet.

L’expérimentation de l’offre de

compensation consiste, pour un

opérateur, à anticiper la demande

potentielle de compensation dans

des terr i to ires où la pression

attendue sur les milieux est forte.

L’opérateur sécurise des terrains,

via des contrats durables, et les res-

taure par des actions de long terme

(30 ans au moins) générant une

additionnalité écologique réelle et

mesurable. Ces actions sont menées

par l’opérateur dans la perspective

de les valoriser ultérieurement au

titre de la compensation, via la

vente d’unités auprès de plusieurs

maîtres d’ouvrage ayant l’obligation

de mettre en œuvre des mesures

compensatoires. La vente d’unités

se matérialise par des contrats entre

l’opérateur et un maître d’ouvrage.

La logique d’anticipation de l’offre

de compensation s’inscrit dans la

démarche de prise en compte de

la biodiversité le plus en amont des

procédures. Parmi les avantages

potentiels de ce mécanisme fi gurent

la mise en place des projets d’en-

vergure liés à la mutualisation des

mesures compensatoires (cohérence

écologique), la réalisation effective

de la mesure compensatoire avant

la survenue de l’impact et le renfor-

cement de sa pérennité.

InVivo AgroSolutions s’est associée à

CDC Biodiversité pour répondre à un

appel à projet d’offre de compensa-

tion favorable au Grand Hamster en

Alsace. Le Grand Hamster (Cricetus

cricetus) est une espèce menacée en

Europe, qui du fait de ses exigences

écologiques (sols loessiques, climat

continental, plaine agricole), a une

distribution morcelée. Un noyau de

population isolé existe en Alsace, en

marge ouest de son aire de réparti-

tion eurasiatique. Cette espèce est

considérée d’intérêt européen, au

titre de la Directive Habitats (1992).

La France a donc une responsabilité

particulière pour le maintien de ce

noyau de population.

InVivo AgroSolutions et son par-

tenaire local seront chargés de

la contractualisation et du suivi

des agriculteurs partenaires de

l’opération.

Cette opération a pour but de

créer et de gérer pendant 30 ans

des « unités de compensation »

combinant :

– La mise en place de couverts agri-

coles favorables au Hamster selon un

cahier des charges précis, avec une

rémunération des agriculteurs revue

annuellement. En fonctions des cours

des marchés agricoles.

– Des opérations de renforcement

de population.

– Un budget d’études, de recherche

et d’expérimentations sur le terrain

destiné à tester, par exemple, des

améliorations ou alternatives aux

couverts agricoles contractualisés.

– Les suivis et le reporting pendant

toute la durée de gestion de l’unité

de compensation.

Pouvez-vous nous parler d’un

projet déjà mis en œuvre

de gestion territoriale de la

biodiversité ?

Oui, le projet que nous menons sur

l’amélioration de l’offre alimen-

taire pour les pollinisteurs. C’est

une étude récente qui porte sur la

quantifi cation de l’offre en pollen et

nectar d’un territoire à forte com-

posante agricole. Les scientifi ques

s’accordent aujourd’hui sur l’origine

multifactorielle du dépérissement des

abeilles. Le manque de biodiversité

est souvent cité dans les régions

céréalières. Cette étude menée à

Thiré (85) détermine l’offre alimen-

taire permise par la diversité des

peuplements végétaux du territoire.

La Direction Agriculture Durable

e t D é v e l o p p e m e n t d ’ I n V i v o

AgroSolutions a mis au point un

logiciel qui évalue, dans le temps

et dans l’espace, le potentiel de

production en pollen et nectar d’un

milieu suite à une caractérisation

fi ne de la diversité de la fl ore d’un

territoire. Dans un premier temps,

le Service Agronomie de la coopé-

rative agricole CAVAC a relevé de

manière détaillée la fl ore composant

le territoire : différentes cultures en

place, principales essences compo-

sant les haies et bosquets, longueur

et composition des « banquettes »,

bandes enherbées,… avec un calcul

précis des surfaces concernées (car-

tographie SIG). Une fois ces données

collectées, InVivo AgroSolutions a

quantifi é, grâce à son logiciel, l’offre

alimentaire mensuelle pour les polli-

nisateurs sur l’ensemble de la zone

d’étude.

L’offre mensuelle en nectar pour les

abeilles dépend de l’importance des

espaces non cultivés et herbacés.

Pour la production de pollen, les

observations sont similaires au

nectar avec à nouveau la démons-

tration du rôle capital des haies,

forêts et peupleraies en début de

saison. Signalons aussi la part non

négligeable des jardins urbains dans

l’offre de pollen. Le tournesol et le

colza fournissent 60 % du pollen

récolté par les abeilles mais à des

périodes bien délimitées. Un défi cit

alimentaire est observé en début et

fi n de période d’activité du rucher

sur la commune. C’est un des ensei-

gnements que révèle l’étude, mais

certaines modifications des pra-

tiques agricoles peuvent améliorer

ce bilan pour favoriser un fonction-

nement optimal du rucher installé au

centre de ce territoire : introduction

de légumineuses dans les bandes

enherbées, de crucifères et phacélie

dans les couverts végétaux, entre-

tien des « banquettes » végétales en

adéquation avec le besoin des pol-

linisateurs. Cette étude est particu-

lièrement riche d’enseignements et

à renouveler dans différents milieux.

■■■

Page 60: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

60

EN DIRECT DE L’ÉCOLEInstitutions

AgroParisTech signe une chaire d’enseignement et de recherche avec Danone Research

Une chaire d’enseignement et de recherche « Aliment

Nutrition Comportement Alimentaire » a été signée

entre l’école et Danone Research en 2011. Nicolas Darcel,

Maître de Conférences dans l’UFR Biologie et Nutrition

Humaine d’AgroParisTech et coordinateur de la chaire et

Damien Paineau, Responsable de l’équipe Epidémiologie

Nutritionnelle chez Danone Research reviennent sur

les intérêts, l’ambition et les objectifs de cette nouvelle

collaboration.

Qu’est-ce que la chaire Aliment Nutrition Comportement Alimentaire (ANCA) ?

La chaire ANCA est une chaire d’ensei-

gnement et de recherche qui a pour

thème principal les relations entre les

aliments et la santé de l’homme. Elle a

été créée il y a un an par trois départe-

ments d’AgroParisTech (Science de la Vie

et Santé [SVS] – Science des Procédés

Alimentaires et Biologiques [SPAB] – et

Sciences Economiques Sociales et de

Gestion [SESG]) conjointement avec

Danone Research dans le cadre d’une

convention de mécénat. C’est un parte-

nariat de 5 ans.

La mission première de la chaire est de sensibiliser et de former les décideurs, actuels

(dirigeants, responsables de santé publique) et futurs (étudiants), du domaine de l’agroa-

limentaire aux enjeux de la santé par l’alimentation.

Au delà de cette mission première la chaire a pour objectif de faire émerger, dans le

monde académique et dans le secteur concurrentiel, une vision interdisciplinaire des

questions de l’alimentation pour la santé croisant sciences des aliments, sciences du

consommateur et biologie humaine.

Quel est l’intérêt de cette initiative pour AgroParisTech et Danone Research ?

Nicolas Darcel : Les questions que nous nous posons sont souvent proches et nous

rencontrons les mêmes diffi cultés méthodologiques, techniques et Scientifi ques. C’est

légitime que nous avancions ensemble. Cela permet de renforcer nos liens avec un

opérateur incontournable du domaine agroalimentaire avec lequel nous travaillons

En direct de l’ÉcoleInstitutions

Page 61: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

61 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

déjà beaucoup et vers lequel se destinent

certains de nos diplômés. Cette chaire c’est

aussi et surtout une opportunité formi-

dable de porter une vision ambitieuse et

nouvelle sur les questions de nutrition :

partant du principe que ce domaine est

par nature interdisciplinaire, la pertinence

d’une approche développée conjointement

par le public et le privé est bienvenue.

Damien Paineau : Pour nous, il s’agit tout

d’abord de préparer notre environnement

aux enjeux liés à la nutrition sur trois axes :

la compréhension des enjeux, la formation

des décideurs, le partage et le débat. La

chaire va nous permettre de générer des

connaissances scientifi ques sur le thème

« nutrition et plaisir » pour mieux appré-

hender ce sujet, en s’appuyant sur une

approche multidisciplinaire et innovante.

Sur le volet formation, des modules pour

les cadres marketing et les responsables

de santé publique afin qu’ils intègrent

dans leur réflexion une vision globale

de l’alimentation sont déjà initiés. Il est

aussi important de maintenir le débat et

la chaire donne un cadre pour organiser

des rencontres régulières sur les sujets de

recherche qu’elle porte (nutrition et plai-

sir), en invitant les meilleurs scientifi ques

sur le sujet.

La chaire nous permet aussi de créer de

la proximité avec des partenaires acadé-

miques clés et d’accéder à leur réseau.

En se rapprochant d’AgroParisTech, nous

pouvons accéder aux différents dépar-

tements de l’Ecole (biologie, science

de l’aliment, sciences économiques) et

bénéfi cier de connections avec les labo-

ratoires de nutrition à Wageningen (NL),

San Francisco Davis (US) etc.

La chaire a été créée il y a un an, quelles sont les premières réalisations concrètes ?

Après un an, nous pouvons faire un

premier bilan très satisfaisant avec

notamment une production scientifi que

importante sur des sujets très nouveaux

(deux manuscrits sont en cours et un vient

d’être accepté). Aujourd’hui nous faisons

partie des seuls groupes au monde qui

avancent sur les questions de compor-

tement alimentaire avec des techniques

d’imagerie cérébrale.

Une partie des travaux de la chaire a aussi

consisté à la conception et la mise en

œuvre prochaine de séminaires de sen-

sibilisation aux enjeux de la nutrition à

destination d’opérateurs du secteur agroa-

limentaire qui n’ont jamais été réellement

sensibilisés à ces questions d’alimentation

et de santé mais dont l’objet de travail

quotidien est l’aliment. Par exemple, un

premier module de formation à destina-

tion du marketing de l’agroalimentaire a

été mis en place en février 2012.

Enfi n, nous travaillons à la construction de

modules d’enseignements qui prennent

mieux en compte les visions partagées

des approches « nutrition/consommation/

santé », le travail à proximité de Danone

enrichissant notre point de vue d’ensei-

gnants ; c’est dans cet esprit qu’un nou-

veau module sera proposé aux étudiants

ingénieurs de 2e année.

Comment imaginez-vous la chaire dans 5 ans ?

Nicolas Darcel : Tout d’abord, je voudrais

insister sur le fait que c’est un pari ambi-

tieux, ambitieux parce qu’il vise à faire

collaborer des acteurs qui n’ont pas néces-

sairement l’habitude de se côtoyer, qui

n’ont pas toujours les mêmes méthodes de

travail et qui ont aussi parfois des objec-

tifs très différents, ceci est souvent vrai

pour les opérateurs privés par rapport aux

personnels académiques mais c’est aussi

vrai à l’intérieur de chaque secteur entre

différentes fonctions ou entre différents

disciplines.

Ceci dit, les premiers résultats obtenus

en 2011 et début 2012 sont très encoura-

geants : le dialogue est enrichissant pour

chacun des acteurs et permet de faire

évoluer les points de vue ; la construc-

tion d’une vision partagée des enjeux et

défi s de recherche, permet de travailler

dans un climat serein tout en revisitant les

approches des uns ou des autres.

Mon ambition à terme c’est de démontrer

que ce type d’initiative est utile et très effi -

cace et que le monde académique autant

que le secteur industriel gagnent beau-

coup à s’impliquer, comme dans la chaire

ANCA. Ensemble, nous travaillons pour

que cette aventure se pérennise et attire de

nouveaux partenaires (d’autres opérateurs

industriels, mais aussi d’autres institutions

de recherche par exemple).

Damien Paineau : Si on se projette dans

cinq ans : en lien avec les objectifs initiaux

la chaire aura créé :

– Un environnement sensibilisé à la nutri-

tion en touchant les dirigeants de Danone

(comités de direction, comités exécutifs,

etc.) et responsables de santé publique for-

més aux enjeux autour de la nutrition pour

qu’ils puissent intégrer dans leur réfl exion

stratégique les éléments clés portés par la

chaire (liens aliment – nutrition – com-

portement, approche multidisciplinaire

et multisectorielle, association nutrition-

plaisir, etc.)

– Un réseau scientifi que actif ayant généré

des résultats marquants : avancées sur les

relations entre nutrition et santé (publica-

tions, évènements scientifi ques internatio-

naux), conception d’aliments innovants

associant ces deux concepts, services nutri-

tion de nouvelle génération etc.

❙ Propos recueillis par Manon Salle (PG 06)

❙ Nicolas Darcel

Maître de Conférences AgroParisTech

UFR Biologie & Nutrition Humaine (SVS)

❙ Damien Paineau (PG 98)

Danone Research

Responsable Equipe Epidémiologie

Nutritionnelle

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62

EN DIRECT DE L’ÉCOLEInstitutions

AgroParisTech investit dans l’information spatialisée au service de l’environnement et des territoires avec GEOSUD

Dès les années 1990, les équipes

d’Agropolis spécialisées dans le

traitement de l’information spa-

tialisée s’étaient regroupées au sein de la

Maison de la Télédétection en Languedoc-

Roussillon afi n de mettre leurs forces en

commun dans un espace de collaboration

effi cace et lisible. Ces équipes rattachées

à quatre établissements d’enseignement

supérieur et de recherche, AgroParisTech,

CIRAD, IRD et IRSTEA (ex-Cemagref),

ont ainsi pu développer un savoir-faire

reconnu dans la maîtrise de l‘information

spatialisée. Cette reconnaissance porte sur

la production scientifi que, sur le transfert

de technologie (6 entreprises sont actuellement en incubation sur le site) ainsi que

sur un important volet de formation, porté principalement par AgroParisTech ; à côté

de formations académiques classiques (masters, doctorat), nous proposons sur le site

une offre très large en matière d’Executive education avec des programmes qualifi ants

(catalogue annuel d’une trentaine de sessions courtes pour les ingénieurs et les cher-

cheurs), certifi ants (Certifi cat d’Etudes Avancées en Géomatique) et diplômants (Mastère

Spécialisé SILAT, formation unique en France de chefs de projet géomatique).

Cette réussite justifi ant d’être consolidée et amplifi ée, les quatre tutelles ont donc voulu

logiquement élargir la voilure et conforter à l’horizon 2020, un pôle d’excellence européen.

GEOSUD : un constat et quatre objectifs

Au-delà de l’expérience acquise par ces équipes, il s’avère que la communauté scienti-

fi que du domaine « Gestion des Ressources et des milieux » est encore faible utilisatrice

Mettre en œuvre des stratégies de développement

durable implique de surveiller les évolutions de

l’environnement et des territoires, de comprendre

leurs dynamiques et de partager l’information entre les

diff érents acteurs pour défi nir des modes de gestion

concertée. La maîtrise de l’information spatiale, depuis

son acquisition, son traitement et son analyse, jusqu’à

sa gestion et son partage, est donc un enjeu majeur du

Développement Durable. AgroParisTech investit dans ce

domaine via le projet GEOSUD.

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63 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

de ces informations et de ces données,

ce qui constitue un frein au développe-

ment de méthodes adaptées mobilisant

la télédétection et à leur valorisation par

les acteurs opérationnels dans la conduite

et l’évaluation des politiques publiques.

Trois facteurs « limitants » semblent expli-

quer cette faible utilisation :

– la difficulté d’accès aux données

(images) satellitaires et leur coût.

– le manque de formation à l’utilisation

de ces techniques

– une capitalisation insuffi sante des déve-

loppements méthodologiques réalisés.

L’initiative GEOSUD (GEOInformation

for SUstainable Development) s’articule

donc autour de 4 objectifs :

1. Développer des programmes de

recherches sur les méthodes et outils de

maîtrise de l’information spatiale pour

la gestion de l’environnement et des

territoires.

2. Transférer les méthodes et les savoir-

faire vers les partenaires économiques

publics et privés, collectivités territoriales

et entreprises.

3. Développer des offres de formations

dans le domaine de l’information spatiale.

4. Faciliter l’accès à l’information spatiale

pour la communauté scientifi que et les

gestionnaires publics.

Les projets GEOSUD :

L’initiative GEOSUD, portée par quatre

« membres fondateurs » (AgroParisTech,

CIRAD, IRD et IRSTEA), est ouverte aux

partenaires intéressés par les projets et les

chantiers qui sont mis en œuvre dans le

cadre de ce pôle, et notamment :

1. Le projet CPER : mise en place de l’infrastructure immobilière et technologique

Dans le cadre du Contrat de Projets Etat-

Région 2007-2013, sont mis en place :

– une extension immobilière permettant

à la fois d’envisager le développement

des équipes, de permettre l’accueil élargi

d’entreprises et de doubler les capacités

de formation.

– une station de réception d’images

satellitaires et une plate-forme de calcul

scientifi que.

2. L’Equipex GEOSUD : mise en place d’une plateforme de mutualisation de données satellitaires pour les utilisateurs publics

Le projet Equipex-GEOSUD, retenu en

2011 au titre des investissements d’ave-

nir, fédère autour des quatre membres

fondateurs un cercle élargi de 14 institu-

tions (IGN, Université de Montpellier II,

AFIGEO, réseau des CETE du Ministère

de l’Ecologie, entreprises, etc.).

– Il met en place un dispositif de mutua-

lisation de données d’observation de la

terre.

– Il diffuse des couvertures satellitaires

annuelles du territoire français (outre-

mer compris) libres de droit pour tous les

utilisateurs publics ; la couverture 2010 est

en diffusion, la couverture 2011 en cours

de fi nalisation.

– Il organise par l’animation et la forma-

tion, le transfert de méthodes d’analyse

et de valorisation de ces données pour la

gestion des territoires (consommation de

terres agricoles, tâche urbaine, cartogra-

phie des zones humides, etc.).

3. Le projet GEO-GLAM : dispositif international de suivi des surfaces mises en culture et des estimations de récolte.

L’ in i t ia t ive GEO-GLAM (Global

Agricultural Monitoring) a été approuvée

le 23 juin 2011 par les Ministres de l’Agri-

culture des pays du G20 réunis à Paris.

Elle est offi cialisée dans le Plan d’Action

du G20 visant à lutter contre la volatilité

des prix agricoles.

Elle a pour objectif général de renforcer

les capacités de suivi et de prévision des

productions agricoles et de promouvoir le

partage et la diffusion de ces informations.

Elle s’appuie sur une utilisation intensive

de l’imagerie satellitaire, des observa-

tions et prévisions météorologiques et

de l’expertise agronomique et est articulée

autour de 3 actions :

1. le renforcement des compétences

nationales.

2. le soutien aux systèmes de suivi régional

et global existants et la mise en place de

programmes de recherche internationaux

pour améliorer la qualité des prévisions.

3. la mise en place d’un dispositif satelli-

taire international pérenne dédié.

Il s’agit ainsi de mettre en place un dispo-

sitif international en réseau pour le suivi

de l’agriculture, comparable à ce qui existe

dans le domaine de la météorologie.

Initiée par la France, l’initiative GEO-

GLAM est aujourd’hui coordonnée par

GEOSUD et GEO (Group on Earth

Observation) et regroupe une douzaine

de pays. A terme elle sera portée par GEO

(Group on Earth Observation) et sera

menée en lien étroit avec la FAO et WMO.

Conclusion

L’initiative GEOSUD se fi xe donc pour

objectif le développement d’un Centre

international de recherche et de transfert

en télédétection et information spatiale

pour le développement durable.

En contribuant à créer un continuum de

compétences des acteurs de la recherche

aux acteurs économiques (publics et pri-

vés, collectivités territoriales et entreprises)

dans ces domaines, GEOSUD constituera

un pôle d’excellence qui contribuera au

développement des usages de l’infor-

mation spatialisé, tant au niveau euro-

péen, dans le cadre de GMES (Global

Monitoring for Environment and Security)

et qu’au niveau mondial, dans le cadre

de GEO (Group on Earth Observations).

Pour sa part, AgroParisTech y tiendra toute

sa place, en particulier en élargissant et

en diversifiant son offre de formation

pour répondre aux enjeux de l’initiative

GEOSUD et contribuer à son succès.

❙ Pierre Bazile, Directeur-adjoint,

UMR TETIS AgroParisTech

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EN DIRECT DE L’ÉCOLEInitiatives

12 000 km à vélo sur les routes de l’innovation

L’Europe en quelques coups de

pédales. A l’heure où leurs cama-

rades s’installent dans leur pre-

mier emploi, ces deux jeunes ingénieurs

se sont lancés dans un défi sortant des

sentiers battus. Un parcours de 12 000 km

sur les routes du Vieux Continent…

Il ne s’agit pas d’un simple « voyage

d’agrément », puisque ces passionnés ont

décidé d’explorer l’espace rural européen

afi n de réaliser une étude sur les innova-

tions dans l’agriculture : « Quelles inno-

vations pour une agriculture européenne

durable ? ».

Une étude itinérante sur l’agriculture durable en Europe

Avant de grimper sur leurs vélos, Joeffrey et Sylvain ont identifi é une vingtaine d’inno-

vations, qui portent sur les domaines des grandes cultures et de l’élevage, et visent à

améliorer la production en quantité et en qualité, ou à limiter les impacts environne-

mentaux des activités de production. Les exploitations européennes concernées par

ses innovations seront visitées au cours du circuit. C’est au gré de leurs découvertes et

de leurs rencontres que nos deux cyclistes analysent les innovations qui valorisent les

exploitations agricoles au sein des territoires.

Au cours de leur expédition, ils publient régulièrement des articles décrivant leur voyage

dans ses dimensions humaines et agricoles (sur leur site Internet www.untourdeschamps.fr

dans la rubrique « Carnet de voyage »).

A leur retour, l’étude sera diffusée à leurs partenaires et sponsors et ils partageront leurs

Voilà une entrée sportive dans la vie active ! Depuis le 14 janvier 2012, Jeoff rey Moncorger

et Sylvain Morvan, deux diplômés d’AgroParisTech, promotion 2007, parcourent l’Europe

à bicyclette, pour un « Tour des Champs » de 12 000 km.

Page 65: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

65 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

observations à travers des conférences, des

expositions ou des rapports.

Partager cette expérience de l’agriculture européenne

Les jeunes diplômés se sont fi xés un deu-

xième objectif qui est de partager cette

expérience, de faire découvrir l’agriculture

et ses enjeux au grand public, de montrer

aux plus jeunes la richesse des exploita-

tions agricoles et leur dynamisme.

Ils ont mis en place un projet pédagogique

à destination d’enfants et d’adolescents.

Au fi l de leur tour d’Europe, ils échangent

chaque semaine (par Internet) avec les

élèves de CM2 des écoles primaires

qu’ils ont fréquentées (Neuvy (03) et

Coudray Montceau (91)), et ils partagent

également leur voyage avec des enfants

hospitalisés (par le biais de l’association

l’Enfant@l’hôpital).

2 amis, 1 passion commune, 12 000 km

Ce projet est le fruit d’une amitié entre

deux étudiants aventuriers. Jeoffrey et

Sylvain se sont rencontrés sur les bancs

d’AgroParisTech et c’est sur les sentiers du

GR20 en Corse, en 2010, que leur amitié

est née. La passion commune du voyage

et de l’aventure les a ensuite conduits à

effectuer, dans le cadre de leurs études, un

stage long de sept mois en Amérique du

Sud pour une association équatorienne.

Les deux baroudeurs ont alors réalisé

plusieurs voyages et ascensions sous le

ciel andin.

De ces diverses expériences a germé

l’idée de faire le tour de l’Europe à vélo.

En mars 2011, de retour à Paris ils créent

l’association « Un Tour des Champs »,

avec le projet de partir dès l’obtention,

en décembre, de leur diplôme d’ingé-

nieur AgroParisTech. Ils comptent profi ter

d’une période transitoire entre la fi n des

études et l’entrée dans le monde du tra-

vail pour parcourir le Vieux Continent à

vélo…Ce périple marquera la fi n de leur

vie étudiante et ils espèrent en recueillir

une expérience précieuse pour leur avenir.

Partis le 14 janvier 2012 du parvis de

Notre-Dame, les deux amis ont prévu

de pédaler dans 23 pays et de parcourir

12 000 km en sept mois.

Après avoir évolué le long de la

Méditerranée jusqu’à la Grèce, fait un

détour par la Turquie, nos vélocipédistes

remonteront bientôt en direction de la

Finlande et de la Suède en traversant la

Bulgarie, la Roumanie et les pays baltes.

Ils sillonneront ensuite les routes du

Danemark avant de redescendre vers la

France, en passant par l’Allemagne et

le Benelux. Après 70 km parcourus par

jour en moyenne, c’est aux alentours du

15 août que les deux compères seront

accueillis à Paris par les amis, la famille,

les partenaires et les sponsors, dont

AgroParisTech qui parraine ce « Tour des

Champs ».

Ces différentes étapes enrichiront incon-

testablement leur savoir et cette expé-

rience formidable sera un atout majeur

pour la construction de leur projet pro-

fessionnel d’« ingénieur agronome »…

Pour suivre leurs leur périple et leurs

découvertes et accéder à leur carnet de

voyage : www.untourdeschamps.fr

Jeoff rey Moncorger et Sylvain Morvan (APT 07)

Page 66: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

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EN DIRECT DE L’ÉCOLEInitiatives des étudiants

Les Randonneuses de l’Agro participent à l’Oxfam Trailwalker

Qu’est-ce que l’Oxfam Trailwalker ?

Le Trailwalker Oxfam, c’est l’aventure

de personnes ordinaires qui décident

de relever un défi sportif extraordi-

naire : marcher 100 km en 30 heures

maximum par équipe de 4 personnes

sans relais. Le Trailwalker Oxfam s’est

développé depuis 25 ans, pour devenir

un événement international majeur

auquel des milliers de personnes ont

déjà participé dans une dizaine de

pays (Australie, Nouvelle-Zélande,

Angleterre, Belgique, Japon…).

Où ?Dans le Parc naturel régional du Morvan :Situé à 200 km au sud de Paris et à

70 km à l’ouest de Dijon, il traverse

les 4 départements de la Bourgogne et

173 000 ha de zones protégées.

Il s’agit d’un territoire de moyenne montagne où la forêt et l’eau sont omni-

présents avec des paysages magnifiques.

Quand ?Le 12 et 13 mai 2012.Départ de la course samedi 12 mai à 7 h 00, arrivée dimanche 13 mai à 13 h 00.

Pourquoi ?La participation à ce trail représente un soutien moral et financier à l’asso-

ciation de solidarité internationale, OXFAM France – Agir ici, qui lutte contre

la pauvreté et l’injustice dans le monde. En effet, chaque équipe s’engage à

collecter au moins 1 500 € au profi t de cette association.

Qui sont les Randonneuses de l’Agro ?

4 filles, 4 sportives, 4 étudiantes en 3e année à AgroParisTech, mais surtout, 4

amies qui ont envie de relever un défi un peu fou.

Lauriane BufféAge : 22 ans

Sports pratiqués : Fitness, Athlétisme, Footing…

Responsable motivation : aime redonner le sourire dans les moments difficiles

et ne se décourage jamais.

Page 67: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

67 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Le Gala AgroParisTech 2012 a eu lieu le 27 janvier

à la Chesnaie du Roy, dans le cadre prestigieux

du Parc Floral de Vincennes. Cette 21e édition de

l’événement a rassemblé plus de 1 300 étudiants

principalement d’AgroParisTech et du réseau

ParisTech pour un « Vol Paris-New York » riche

en émotions.

Les étudiants étaient nombreux à patienter

avant même l’ouverture des portes, rivalisant

d’élégance et de bonne humeur. C’est donc avec grand plaisir que l’équipage organisateur,

composé de quatorze élèves ingénieur de deuxième année, tous sites confondus, a pu dévoiler

l’ensemble du lieu richement imprégné de l’atmosphère des deux villes.

La soirée a débuté par le traditionnel cocktail où la présidente de l’association a pu remercier

chaleureusement les entreprises, l’école, AgroParisTech Alumni et les invités, qui ont tous

contribué à la réussite de ce projet. S’en est suivi un défi lé des élèves de première année

sur le thème de l’élégance française, puis la soirée s’est ouverte au reste de l’assemblée :

concerts étudiants et professionnels, French Cancan, annonce des gagnants de la tombola

et danse se sont succédés dans la grande salle, tandis que l’étage supérieur jouissait d’une

ambiance plus feutrée dans la tradition New-Yorkaise, entre bar à cocktails surprenants et

bar à oxygène.

La soirée s’est achevée par le désormais célèbre « Open Petit Déj’ » New Yorkais dans une

grande satisfaction des invités et de l’équipe organisatrice, fi ère de pouvoir annoncer la

réussite de cette soirée.

❙ Marie Montliaud, Présidente de l’association loi 1901 « Le Gala AgroParisTech »

Magali RenardAge : 22 ans

Sports pratiqués : Hip-Hop, Rugby,

Footing…

Responsable entrainement sportif  : débordante d’énergie, quelles que

soient les condit ions extérieures,

Magali est toujours prête pour aller

faire un peu de sport ! Même au cœur

de l’effort, elle ne perd jamais son

sourire.

Cécile GuyotAge : 22 ans

Sports pratiqués  : Rugby, Basket ,

Footing…

Responsable communication  : aime

s’arracher les cheveux sur la création

de sites web, d’affiches, de brochures

et d’articles.

Claire SaingreAge : 21 ans

Sports pratiqués : Tennis, Handball,

Footing…

Responsable logistique : aime l’orga-

nisation, faire des «  to do » listes et

avoir un planning bien structuré !

Quatre personnal i tés di f férentes

et complémentaires qui réunissent

toutes les qualités nécessaires pour

venir à bout de ce défi de taille.

Outre les « randonneuses de l’Agro »,

quatre autres équipes sont égale-

ment engagées à Nancy ou encore

à Grignon sous le nom de « L’agro

se balade ». Des équipes de quatre

également très motivées qui ont déjà

organisé trois week-ends de randos

dans le Morvan, en Suisse Normande

et dans le Nord pour s’entraîner. Ils

font également leur maximum pour

récupérer des fonds : vente de gâteaux

à la sortie de l’amphi, à la sortie d’une

messe, présentation du trail Oxfam

lors du conseil d’administration du

Syndicat apicole artésien, recherche

de sponsors auprès de Lec le rc ,

Chicorée Leroux, mairies…

Un événement qui montre encore l’engagement des étudiants d’AgroParisTech…

En bref !Gala AgroParisTech 2012

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68

EN DIRECT DE L’ÉCOLEInitiatives des étudiants

Les Débats de l’Agro s’interrogent : que peut-on attendre des entreprises alimentaires et des pouvoirs publics en nutrition ?

Autant de questions bien d’actualité

auxquelles Les Débats de l’Agro

se sont confrontés lors de la der-

nière conférence, le 4 avril 2012.

Après une brève introduction des prin-

cipaux enjeux du débat par François

Mariotti, maître de conférence en nutri-

tion humaine à AgroParisTech, Cécile

Rauzy, diététicienne et chef de projet

Qualité-Nutrition à l’ANIA (Association

Nationale des Industries Alimentaires)

et le Dr Michel Chauliac, responsable du

Programme National Nutrition Santé,

ont présenté la vision et l’engagement

de leur organisation dans la prise en

compte des enjeux de santé publique liés

à l’alimentation.

Quelle est la part de responsabilité des entreprises

au sein du triptyque pouvoirs publics – entreprises –

consommateurs quant aux questions de nutrition ?

Qu’est-il légitime d’exiger d’une entreprise ? Quelle

part de responsabilité reste aux consommateurs ?

L’ANIA, l’interprofession engagée pour plus de responsabilité des IAA françaises en nutrition et santé

Cécile Rauzy est revenue sur les 4 axes d’action de l’ANIA :

– L’optimisation progressive de la qualité de l’offre alimentaire. A titre d’exemple, le sel

a été diminué de 23 % dans les soupes entre 2002 et 2006 en France.

– L’éducation et l’information des consommateurs, notamment au travers d’un étiquetage

nutritionnel qui va être rendu obligatoire et uniformisé sur l’ensemble des produits.

– La communication responsable, par exemple par le retrait des publicités télévisées

pendant les plages horaires destinées aux programmes pour les enfants.

– Le soutien de la recherche.

Page 69: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

69 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

sur « Epidémie d’obésité : comment y

faire face ? ».

❙ Valérie Duhtoit et Claire Froehlicher

(AP 10), Présidente et Vice-trésorière

des Débats de l’AGRO

[email protected]

nutritionnelle encouragée par l’Etat

(PNNS) » dans leurs communications.

C’est une démarche volontaire qui est

prônée. D’autant plus volontaire qu’avec

la nouvelle réglementation (2007) sur les

allégations nutritionnelles et de santé, il

faut un effort encore plus grand du point

de vue de l’amélioration nutritionnelle

(diminution d’au moins 30 %, par exemple

de sel, de sucres, de matières grasses par

rapport au produit de référence) pour être

autorisé à l’utiliser comme argument de

vente.

Le Comité de Rédaction de Symbiose

vous invite à retrouver dans le « Regards

Sur… » du numéro 2 un dossier complet

L’engagement des industriels dans le Plan National Nutrition Santé

Le Dr Michel Chauliac, responsable

PNNS au Ministère de la Santé, a rap-

pelé l’enjeu de santé public induit par

les problématiques nutritionnelles : les

maladies cardio-vasculaires et les tumeurs,

dont la nutrition est l’un des facteurs, sont

chacune la cause de plus de 25 % des

décès. Et ce avec de très fortes dispari-

tés sociales. Il a insisté sur l’importance

des chartes d’engagement PNNS avec

les entreprises. Leur but : améliorer la

qualité nutritionnelle et les conditions de

la commercialisation des produits alimen-

taires. Une trentaine d’entreprises se sont

déjà volontairement engagées et 6 sont

arrivées au bout de la procédure. Elles

peuvent aujourd’hui utiliser la mention

« Entreprise engagée dans une démarche

Poursuivez le débat… Après une synthèse par Patricia Gurviez, maître de conférence en marketing et comportement des consommateurs à AgroParisTech, un échange entre les intervenants et le public a permis de pour-suivre le débat : nous vous invitons à consulter notre page Internet où la vidéo du débat sera bientôt disponible pour en savoir plus sur ce sujet !Vous avez dit Les Débats de l’AGRO ?

Fondée en 2004, l’association a pour objectif de susciter réfl exions et débats. Elle est animée par un bureau d’étudiants d’AgroParisTech. Les ressources dont elle dispose (compte-rendu, vidéos) sont à disposition sur son site internet que vous êtes chaleureusement invités à visiter.

www.agroparistech.fr/etudiants/debats/sommaire.php3

AbstractLes Débats de l’AGRO is a students’ organization, which mission is to organize debates on trendy societal issues and subjects. On April 4th, the theme was the social responsibility of food companies and authorities in matter of nutrition.

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EN DIRECT DE L’ÉCOLEInitiatives des étudiants

Quel a été votre parcours après la sortie de l’Agro ?

JP.D : A la sortie de l’Agro, j’ai fait mon service militaire et suis entré chez Air Liquide

un peu par hasard, dans un service de marketing international pour la promotion de

ventes d’azote liquide dans le domaine alimentaire. Ensuite j’ai fait beaucoup de terrain

en France, en tant que vendeur. Il est très important de faire du concret, d’apprendre

un métier sur le tas. Repéré comme haut potentiel dans l’entreprise, j’ai été chef de

projet auprès du directeur général, puis directeur général des opérations françaises. J’ai

ensuite supervisé les opérations en Asie et passé 5 ans au Japon. De retour en France

depuis 2010, je suis désormais Directeur Général adjoint du groupe.

JY.H : Après l’Agro, j’ai intégré l’ENGREF, puis fait mon service militaire. J’ai longtemps

travaillé dans l’administration au Ministère de l’Agriculture puis au Ministère des Finances

avant d’être embauché par le Crédit Agricole. Après avoir dirigé diverses entreprises

au sein du Groupe, j’ai été nommé Directeur Général délégué à la Direction Générale

à Paris. Depuis, je supervise les actions des banques privées et de CA-CIB, banque de

grandes entreprises et de marchés.

Les étudiants rencontrent des dirigeants de grandes entreprises

Pouvez-vous nous présenter brièvement vos entreprises ?

JY.H : Le Crédit Agricole est une banque

dite de détails (commerces, artisans, par-

ticuliers) qui rassemble tous les métiers,

mais c’est également une banque pour les

très grandes entreprises.

JP.D : Air Liquide est une entreprise qui

vend du gaz industriel pour une grande

variété d’industries et de secteurs regrou-

pant le domaine médical mais aussi la

sidérurgie, l’aciérie, le pétrole ou encore

l’agro-alimentaire. Pour donner quelques

chiffres, Air Liquide est une entreprise

cotée au CAC 40 qui fait environ 15 mil-

liards d’euros de CA et qui emploie

quelques 46 000 hommes dans plus de

80 pays.

Le 10 janvier 2012, Jean-Pierre Duprieu, Directeur Général

Adjoint d’Air Liquide (PG 72) et Jean-Yves Hocher, Directeur

Général Délégué du Crédit Agricole (PG 7 5-Gref 79) sont

revenus dans les locaux de Claude Bernard, le temps

d’une conférence, afi n de faire partager aux élèves leur

expérience de dirigeant de grandes entreprises.

Cette conférence introduite par Gilles Trystram, Directeur

Général d’AgroParisTech et Stéphane Boussely (PG 04),

représentant d’AgroParisTech Alumni, a été l’occasion

pour les étudiants d’échanger avec les deux invités sur : le

métier de dirigeant, le management ou encore les atouts

de la formation agro.

L’ingénieur agro a le sens de la matière humaine et de la gestion des hommes. – JP.D

Jean-Pierre Duprieu (PG 72) et Jean-Yves Hocher (PG 75, Gref 79)

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71 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Pensez-vous que votre formation Agro vous a aidé dans votre parcours ?

JP.D : Le sens du vivant vous servira dans

votre carrière. La biologie telle qu’on l’ap-

prend sert dans le management d’en-

treprise et dans les relations humaines.

L’ingénieur agro a le sens de la matière

humaine et de la gestion des hommes. La

capacité de douter est très importante et

permet de prendre de solides décisions.

Notre formation Agro nous prédispose à

la différenciation et à l’incertain. C’est un

cadrage très propice dans le cheminement

d’une carrière chez Air Liquide.

JY.H : Je n’ai pas suivi le domaine du

vivant. Je suis entré directement dans les

services. Mon passage en prépa et mes

connaissances en mathématiques sont

très utiles pour la bonne compréhension

des techniques fi nancières. Le caractère

généraliste de l’ingénieur Agro est un plus.

Nous ne ressentons pas d’appréhension

pour aborder des domaines inconnus.

La formation de biologie ne délivre pas

de certitude donc pas de pré-formatage

et d’a priori.

Monsieur Durieu, comment envisagez-vous la suite ?

JP.D : Je prends beaucoup de temps pour

préparer le futur et identifier les hauts

potentiels de l’entreprise  : assurer sa

succession est une question que se pose

tout dirigeant. Par exemple, nous passons

deux journées par an pour en discuter en

équipe au sein du Comex.

Monsieur Hocher, pouvez-vous nous dire ce que votre formation à l’ENGREF vous a apporté ?

JY.H : Une fois diplômé de cette école,

l’administration vous propose d’emblée un

poste à responsabilité élevée. L’ENGREF

permet un début de carrière intéressant.

De plus, si l’on ne veut pas rester dans

l’administration on peut raisonnablement

espérer intégrer une entreprise privée.

Les étudiants et jeunes diplômés rêvent souvent d’expérience à l’international mais est-ce que partir travailler tôt à l’étranger représente un frein pour un retour en France ?

JP.D : Je suis un défenseur du travail à

l’étranger, j’ai réclamé l’expatriation tout

au long de ma carrière et suis fi nalement

parti à 52 ans. Je vous conseille de partir

dès la première occasion, même si c’est

parfois diffi cile en début de carrière car

on manque de compétence. Une des solu-

tions peut être le VIE.

JY.H : Il est indispensable d’avoir passé

du temps à l’étranger, si possible tôt.

L’internationalisation des grandes entre-

prises françaises est récente mais ceux

qui y entrent aujourd’hui doivent rapide-

ment aller à l’étranger. Il semble important

de travailler 2-3 ans avant de partir. Les

jeunes qui ont du talent et qui sont partis

ont l’opportunité de carrières variées.

JP.D : Tout ce qu’on apprend à l’étranger,

c’est à dire une expertise, un savoir-faire,

une nouvelle culture ne peuvent malheu-

reusement pas venir de l’école.

Pouvez-vous nous raconter une de vos journées-types, la journée d’un dirigeant d’entreprise ?

JY.H : Une journée type c’est un agenda,

des réunions de direction, de comité… La

direction générale symbolise le pouvoir

dans l’entreprise. Il existe un danger lié à

l’agenda rempli sans se laisser le temps de

penser. Aussi il faut réussir à se dégager

du temps pour penser et prendre du recul.

Il faut garder un contact avec la réalité et

les gens qui vous entourent.

Il faut laisser une grande place au changement dans l’entreprise. – JY.H

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EN DIRECT DE L’ÉCOLEInitiatives des étudiants

JP.D : Il est nécessaire de voyager pour

rester au contact du terrain, au contact

des parties prenantes. Une journée est

principalement faite de réunions avec

les collaborateurs. Le plus important est

d’inclure et de gérer les instants privés

de l’agenda.

En quoi consiste concrètement le métier de dirigeant ?

JY.H : Faire travailler les autres, constituer

une équipe à même de diriger, accepter

le fait qu’on ne comprend pas tout donc

accepter de déléguer. Avec cette équipe, on

envisage le futur de l’entreprise. Ainsi on

élabore une stratégie à 3-4 ans et on vérifi e

que l’organisation de l’entreprise ne fera

pas obstacle à sa stratégie. Il est important

de laisser une place au changement dans

l’entreprise.

JP.D : Des objectifs chiffrés. On s’appuie

toujours sur les personnes que l’on connaît

bien (bien connaître les employés est une

des spécifi cités d’Air Liquide). Il faut avoir

l’adhésion des équipes et savoir créer le

consensus pour exécuter la stratégie. Les

décisions de fond, stratégiques, sont rare-

ment prises par un seul homme. Un bon

dirigeant sort de son bureau, voyage, et

va au contact des organisations avec les-

quelles il travaille.

Être grand dirigeant, est-ce rechercher l’adhésion ou le consensus ?

JY.H : Plutôt le consensus : une fois le

consensus établi, on recherche l’adhésion

à l’échelle de l’entreprise. Il est primordial

de passer du temps à expliquer mais le

dirigeant est aussi le garant que la déci-

sion soit exécutée. Il évite ainsi que l’on

s’écarte des stratégies posées. D’autre part,

je veille à ce que l’intelligence humaine ait

toute sa place dans les décisions, à ce que

l’entreprise ne soit pas trop centralisée.

Quelle est votre marge de manœuvre dans vos prises de décision ?

JP.D  : Une marge de manœuvre très

importante, mais un cadre défini, en

particulier infl uencé par le fait d’être une

société cotée soumise aux attentes du

marché.

JY.H : Large, mais une grande entreprise

ne change pas si facilement. Le risque est

qu’elle intègre de manière trop lente par

rapport à la réalité extérieure.

Etre dirigeant, est-ce être politicien ?

JY.H : Au Crédit Agricole, oui probable-

ment, mais de manière générale dans les

très grandes entreprises, il y a forcément

une dimension politique compte tenu de

l’importance du facteur humain.

JP.D : Non, pas vraiment, même s’il faut

avoir un sens politique pour embarquer

toute une équipe et voir les projets à un

horizon 20 ans.

Naît-on ou devient-on manager ?

JY.H : Un peu des deux, ça s’apprend,

c’est un métier. Il existe deux types de

managers : le généraliste et le manager

de compétences. La vraie question est de

savoir qui l’on est.

❙ Soirée organisée et propos recueillis

par les étudiants de troisième

année Baptiste Farrando (APT 09),

Lucie Chaplain (APT 08)

et Félix Lamolinerie (APT 09)

La formation de biologie ne délivre pas de certitude donc pas de pré-formatage et d’a priori. – JY.H

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73 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

« Question de Genre » s’interroge sur la représentation du Féminin et du Masculin dans le monde du travail

Organisé par Kevin Morel et

Margot Pouppeville (étu-

diante en 3e année, spécialisa-

tion Gestion innovation et Performance

des entreprises), le grand débat sur

«  Représentation du Féminin et du

Masculin dans le monde du travail », le

25 janvier dernier, dans l’amphithéâtre

Tisserand, a permis un débat riche et pas-

sionnant avec pour intervenants :

Tatiana Giraud,Directrice de Recherche au CNRS

Directrice adjointe de l’UMR Ecologie,

Systématique et Evolution, d’Orsay et

Professeur à l’Ecole Polytechnique.

Sabine Fortino,Maitre de conférence à l’Université de

Nanterre, et Spécialiste en sociologie du

travail et du genre.

Gonzague Jobbé Duval,Consultant et formateur en égalité pro-

fessionnelle femmes/hommes.

Armelle Bernard Sylvestre,Responsable de la stratégie et des relations

institutionnelles à Eaux de Paris.

La question fondamentale soulevée lors

de cette conférence fut « comment penser

autrement l’organisation du travail dans

le monde de l’entreprise ».

Le débat commença avec des notions bio-

logiques très intéressantes, présentées par

Tatiana Giraud.

Biologiquement qu’appelle-t-on un homme ? une femme ?

Plus loin fut avancé que la division sexuelle du travail, ou la répartition du travail dans

le monde de l’entreprise, a deux caractéristiques. Elle confère à certains métiers une

dimension plus masculine et à d’autre une dimension plus féminine. Il n’y aurait donc

pas de métier neutre.

Elle hiérarchise : les travaux des hommes valent plus que les travaux des femmes, ce que

Françoise Héritier appelle la « valance différentielle des sexes ». Dès lors qu’un métier

est pris en charge par des femmes, on s’aperçoit qu’il perd en valeur et en qualifi cation

et qu’il est moins reconnu.

« Il n’est pas question de nier le sexe et ses conséquences biologiques, mais de contes-

ter les usages qui en sont faits, et qui vont au-delà des questions de reproduction »

(Sabine Fortino).

« Les sociétés ont tendance à surdéterminer la différentiation biologique en assignant

aux deux sexes des fonctions différentes, séparés, hiérarchisées, divisées que l’on ne

retrouve pas seulement dans la reproduction mais dans l’ensemble du corps social ».

« Beaucoup de femmes sont très désireuses de poursuivre leur carrière et ne le peuvent pas car

les entreprises mettent des conditions insurmontables à leur promotion. Au bout du compte,

les entreprises sont perdantes car elles se privent de talents » (Gonzague Jobbé-Duval)

Et cette prise en considération du genre dans l’entreprise choque toujours, car à l’annonce

de son métier, Gonzague Jobbé Duval continue d’entendre « Ah ! Vous vous occupez

des femmes ! », alors qu’il s’occupe du rapport entre hommes et femmes.

Dès qu’il est question de l’« égalité » professionnelle (beaucoup préfèrent parler de

« mixité » (moins contraignant), l’impératif est souvent de ne pas heurter les hommes,

de ne pas faire apparaître les femmes comme des rivales, de mettre en avant l’intérêt

des hommes.

Armelle Bernard posait cette question : « Plutôt que cette logique d’opposer hommes et

femmes et de percevoir les femmes toujours comme des mères « fortement absentes »,

il faudrait aborder la question sous l’angle de l’organisation du travail et de la prise en

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EN DIRECT DE L’ÉCOLEInitiatives des étudiants

compte de l’équilibre vie professionnelle,

vie privée, approche bénéficiaire tout

autant pour les femmes et les hommes »

A Eau de Paris, cela se traduit par des

actions telles qu’une réelle prise en

compte du temps familial dans l’évolu-

tion du plan de carrière (pas d’impact du

congé maternité sur un plan de carrière,

trop de femmes retardant une grossesse

de peur de voir leur carrière freinée de

façon irréversible). Il s’agit également

de mettre en place des congés paternité,

afi n d’inciter les hommes à participer à

l’accompagnement de la naissance.

Une initiative intéressante est de travailler

sur le « plafond de verre » : permettre à

la tête de l’entreprise de ressembler à

l’image que celle-ci souhaite refl éter. Cela

se traduit à Eau de Paris par la mixité du

Comex et la parité du comité d’adminis-

tration. La parité c’est aussi un pilotage

des projets mixte et le respect des horaires

de travail : « chez nous il n’y a pas de

réunion qui commence après 17 heures.

Les réunions d’équipe se font le matin et

ne démarrent par principe pas avant 9 h 30

le matin ». (Armelle Bernard Sylvestre).

Pour fi nir, il s’agit de nommer les rattra-

pages : quels sont ceux lié aux écarts de

rémunération ou encore aux inégalités de

positionnement. Donner des mots à ce

qui existe véritablement pour le changer.

Certain étudiants en Master de Sociologie

étaient venus spécialement assister

au débat dans les locaux de l’école.

La conférence, pod casté sur le site

d’AgroParistech, a été suivit de longs

échanges avec les étudiants présents, et

par un pot convivial avec les intervenants.

« En dehors de la satisfaction personnelle

que j’ai tirée de cette conférence, j’étais

heureuse de voir des étudiants se bouger

au sein d’une grande école, chose que

je n’ai pas faite au sein de la mienne, et

que je regrette particulièrement. Il s’agit

d’une association LGBT qui a eu l’intel-

ligence d’inscrire ses actions au-delà de

la question de l’orientation sexuelle, cette

conférence en était la preuve, et moi je

dis, chouette ».

❙ Typhaine Charrat, auteure d’un article

sur la conférence sur son blog :

« Les fi lles en joie »

AgroParisTech lance un certifi cat en « Management de la chaîne du froid »Dans le cadre de sa gamme de formations « Executive » (cf Symbiose n°3),

AgroParisTech crée un certifi cat d’études avancées en « Management de la chaîne

du froid » (CEA MaCDF), en partenariat avec le Cemafroid, le centre d’expertise

de la chaine du froid.

Ce programme diplômant, de 4 semaines réparties sur 6 mois, vise à donner aux

participants les connaissances et les clefs techniques et règlementaires pour assurer

le respect de la qualité et de la sécurité des aliments et optimiser les performances

environnementales. Il s’inscrit pleinement dans les problématiques d’avenir sur la

sécurité alimentaire ou sur l’environnement issues du « Grenelle ». Les titulaires du

CEA MaCDF seront en mesure d’être au quotidien les acteurs d’une gestion plus

effi cace d’une chaîne du froid qui est devenue l’un des leviers de la compétitivité

des industries du secteur de l’alimentation et de la distribution.

La formation, dispensée par des enseignants-chercheurs d’AgroParisTech, des

experts du Cemafroid et des intervenants extérieurs spécialistes des domaines

abordés, s’adresse aux responsables qualité, production, logistique, hygiène et

sécurité, de toute la fi lière alimentaire, des coopératives agricoles à la distribution

et la restauration collective.

❙ Isabelle CAILLARD, Directrice adjointe de l’ENGREF/AgroParisTech

Plus d’information : www.agroparistech-executive.fr

En bref…

AgroParisTech accueille une initiative étudiante : la cellule « Question de Genre »

Les objectifs de la cellule créée cette année sont :

– Proposer un soutien humain aux étudiants en questionnement par rapport à leur orientation sexuelle

– Initier une réfl exion sur les questions de genre au sein de la communauté AgroParisTech.

– Inscrire AgroParisTech dans la réfl exion sur les problématiques sociétales et la lutte contre les discriminations lié aux genres ou à l’orientation sexuelle.

« Le but était d’apporter à l’école une autre dimension » affi rme Kévin Morel, étudiant en 3e année. « Cela permet d’intégrer une réfl exion plus humaine et sociale au sein de l’école ». A l’heure où d’autres grandes écoles et universités françaises possèdent depuis des années des associations de ce type, il est temps pour une école des sciences du vivant d’oser la réfl exion sur ces sujets encore sensibles. Dans un mode en mouvement comme le nôtre, ces discussions sont essentielles. « QDG, c’est pour moi l’occasion de donner un cadre éclairé aux questionnements de certains étudiants ainsi qu’à des débats qui ont déjà lieu dans l’école sans pour autant avoir de structure propice. Les réfl exions sur le genre sont courantes dans la société : revendications féministes, prise en considération des homosexuels ou encore diff érences de conception de ce qu’est une femme, un homme, une famille. Il est important d’apporter des points de vue d’experts ».

L’administration de l’école a soutenu les initiatives, le Bureau des Elèves a alloué un budget à la jeune cellule pour lui permettre de monter des actions qui s’inscriraient dans les objectifs défi nis.

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75 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

L’insertion professionnelle des docteurs : le point de vue d’un expert en recrutement

Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis un ingénieur de l ’ENSIA

(AgroParisTech Massy) promotion 87,

spécialisé en gestion industrielle. J’ai tra-

vaillé 22 ans en entreprise. J’ai commencé

à travailler en assurance qualité avec le

groupe Accor pour la restauration col-

lective. Ensuite, je suis parti chez Nestlé

où j’ai été formé au marketing appliqué

aux produits pour la restauration Par la

suite j’ai été recruté par Mars, Harry’s et

Doux-Père Dodu pour développer des

marchés B2B

Mes expériences en entreprise m’ont per-

mis d’acquérir une bonne connaissances

des marchés des produits sucrés, carnés,

céréaliers, etc. En parallèle, j’ai constitué un important réseau professionnel que j’ai mis

à profi t lorsque j’ai souhaité prendre plus d’indépendances dans ma vie professionnelle.

C’est à ce moment que le fondateur de ManageriA, Pierre Boulaire qui faisait partie de

mon réseau, m’a proposé de rejoindre le cabinet et de devenir mon propre patron en

faisant fructifi er mon réseau.

Aujourd’hui, je considère que ces expériences en industrie représentent un atout majeur

dans ma profession d’expert en recrutement. Ma connaissance du terrain et des cœurs de

métiers me permettent de sélectionner effi cacement les profi ls recherchés par mes clients

qui sont souvent des opérationnels et avec qui je partage le même langage technique.

En tant que recruteur, quelle est votre vision du recrutement des docteurs ?

Les docteurs, après avoir mené un projet scientifi que de haut niveau sur plusieurs

années, sont des profi ls techniquement très pointus avec une forte capacité de travail

et de réfl exion. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les docteurs ont une

excellente aptitude à la communication car ils sont souvent appelés à échanger avec

d’autres laboratoires pour développer des projets, à présenter leur travaux en colloques,

en congrès ou autres, à encadrer du personnel technique et éventuellement à enseigner.

Pour recruter ce type de profi l il est indispensable d’avoir une vision du développement à

long terme de la recherche. Or, en entreprise, à part les grands responsables de la R&D,

très peu d’interlocuteurs ont cette visibilité qui permettra de recruter le bon profi l et le

bon candidat. Vulgariser les projets de développement de la R&D aux responsables RH

fait justement partie des attributions de ManageriA.

En entreprise, à part les grands responsables de la R&D,

très peu d’interlocuteurs ont cette visibilité qui permettra

de recruter le bon profi l et le bon candidat : c’est la mission

de ManageriA d’aider au recrutement des profi ls experts.

Les docteurs sont des profi ls techniquement très pointus avec une forte capacité de travail et de réfl exion.

Stéphane Hervé

École doctorale

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EN DIRECT DE L’ÉCOLEÉcole doctorale

De plus, les responsables RH ne

connaissent pas toujours bien les forma-

tions doctorales et certaines idées reçues

peuvent desservir leur mission de recrute-

ment. Ainsi, les docteurs sont encore trop

souvent considérés comme :

– des chercheurs isolés du monde tra-

vaillant sur des sujets incompréhensibles

et souvent inutiles à notre société,

– des éternels étudiants trop spéciali-

sés et donc inadaptables au monde de

l’entreprise,

– une main d’œuvre peu chère compte

tenu des rémunérations qu’ils peuvent

espérer en intégrant des institutions

publiques (CNRS, INRA, etc). Il faut savoir

les salaires d’entrée sont relativement bas

comparée aux années de formations et

d’expérience.

Néanmoins, je constate que cette vision

peu valorisante des docteurs s’améliore

avec la dimension multiculturelle des

entreprises.

L’image du doctorat souffre également

d’une concurrence avec les diplômes

d’ingénieur qui reste la référence la plus

reconnue dans le monde de l’industrie

en France. Les titulaires d’un diplôme

d’ingénieur et d’un doctorat bénéfi cient

de la notoriété de formation antérieure

qui leur permet de s’insérer profession-

nellement plus facilement que les docteurs

de cursus purement universitaire mais

moins que les ingénieurs. Mieux encore,

la thèse CIFRE, dont les applications sont

destinées à l’industrie, représente un atout

pour l’insertion professionnelle car elle

est plus facilement valorisable auprès des

interlocuteurs non scientifi que comme les

chargés de recrutement.

Un autre phénomène que j’identifie

comme la recherche de profils hyper-

spécialisés, me semble également limiter

l’insertion professionnelle et en particulier

celle des docteurs. En cette période de

crise économique, il existe une attirance

des recruteurs pour les candidats ayant un

haut niveau de compétences techniques

couplé à une excellente connaissance du

domaine d’application du poste proposé.

On limite ainsi le transfert de compé-

tences d’un secteur d’activté vers un autre.

Par exemple, un docteur ayant travaillé en

chimie des aliments appliquée à la bou-

langerie aura des diffi cultés à travailler

dans d’autres secteurs industriels comme

les produits carnés ou laitiers.

La vision RH dans les autres pays est

quelque peu différente. La phase de recru-

tement peut sembler moins exigeante en

termes de compétences techniques et

plus attentives aux compétences trans-

verses. Un recruteur dans une entreprise

de dimension internationale s’intéressera

principalement à la méthodologie acquise

et au potentiel des individus. Par exemple,

lorsque je travaillais pour le service mar-

keting de Mars, l’un de mes collègue avait

une thèse en archéologie. Cette situation

est plus que rarissime en France on l’on

semble être constamment à la recherche

d’un candidat correspondant à 100 % à

une fi che de poste.

Comment améliorer l’image des docteurs et de leur formation auprès des recruteurs ?

Elle passe par la communication et la

valorisation des partenariats entre entre-

prise, universités (ou écoles) et les labo-

ratoires. Il existe de très beaux exemples

de réussites industrielles dans le monde

des startups, notamment en Hollande.

De jeunes docteurs sont accompagnés

d’experts en gestion et mettent ainsi à

profi t leurs connaissances techniques

pour le développement d’entreprises à

forte valeur ajoutée.

L’image et la valorisation du docto-

rat auprès des recruteurs dépendent

également du secteur industriel dans

lequel le jeune docteur a effectué sa

recherche. L’agroalimentaire, qui est

le secteur industriel que je côtoie, n’a

pas la réputation d’être High-tech.

Heureusement, des personnalités très

médiatisées comme Hervé This parti-

cipent à la modernisation de l’image de

la R&D en agroalimentaire et montrent

que ce secteur a besoin de connaissances

techniques pointues pour innover.

Les écoles doctorales doivent égale-

ment communiquer pour affi rmer leur

existence auprès du public et des indus-

triels. Je constate que les universités

Il existe actuellement une attirance des recruteurs pour les profi ls ayant un haut niveau de compétences techniques couplé à une excellente connaissance du domaine d’application

Page 77: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

77 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

européennes avec lesquelles je travaille,

valorisent prioritairement les docteurs

avant les titulaires de Master. Mon sou-

hait pour AgroParisTech, c’est que notre

école communique d’avantage sur ses

formations doctorales pour accroître

son rayonnement dans les secteurs

publiques et privés, en France et à l’in-

ternational. La mise en place des classe-

ments internationaux des établissements

de formation fait que notre école sera de

plus en plus jugée sur les compétences

de ses laboratoires, sur ses capacités

d’encadrement de doctorants français et

étrangers et sur la diffusion de l’infor-

mation scientifi que à ses partenaires.

Enfi n, pour valoriser sa recherche et ses

docteurs, la France a besoin de structures

souples avec une autonomie suffi sante

permettant de développer des activités

de recherche innovantes et valorisables

par des applications industrielles. Le

succès du pôle de compétitivité Valorial

devrait être copié et reproduit. Les

quelques 213 projets ont été labellisés

depuis sa création en 2006 et les plus

de 1 000 acteurs impliqués (dont une

majorité de PME) ont montré que le par-

tenariat recherches privée et publique

peuvent réaliser de grandes choses.

La bonne démarche pour qu’un docteur trouve un emploi, c’est un post doc ?

On dit souvent que le post doc est un

passage obligatoire avant de trouver un

emploi stable. Je ne partage pas cet avis car

le doctorat est déjà une expérience profes-

sionnelle d’au minimum trois ans qui n’est

malheureusement pas encore reconnue

par tous. Selon moi, la constitution d’un

bon réseau professionnel représente la

meilleure opportunité pour trouver un

emploi. Ce réseau peut se renforcer de

différentes manières :

– les colloques, congrès et autres confé-

rences scientifi ques, car dans une spé-

cialité précise la recherche est un petit

univers où tout le monde se connaît,

– les rencontres avec les entreprises à

l’occasion de salons ou de forums comme

VITAE qui accueille des entreprises

embauchant des ingénieurs mais aussi des

docteurs. Mais il est nécessaire de com-

muniquer auprès des professionnels sur

la présence de doctorants et de docteurs,

– la création d’associations de docteurs

qui peuvent aider les jeunes diplômés à

trouver de nouveaux contacts.

D’après vous, comment se présente le devenir du marché de l’emploi des docteurs ?

Je vois une évolution positive. Avec le

besoin de développer et le besoin de

technologies de plus en plus complexes,

quelques soient les domaines d’applica-

tions, les entreprises ont besoin de profi ls

scientifi quement pointus et capables de

collaborer avec des partenaires issus des

secteurs du publique et du privé. De plus,

dans un contexte de crise économique,

si l’on veut continuer à prospérer, il est

indispensable d’innover et donc de déve-

lopper la recherche en faisant appel aux

compétences des docteurs.

❙ Stéphane Hervé (E 87)

Page 78: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

78

EN DIRECT DE L’ÉCOLEÉcole doctorale

Romain Bertrand, doctorant à l’ENGREF au sein du laboratoire d’étude des ressources forêt-bois

Romain a publié un article dans le prestigieux journal

Nature. Il rédige actuellement son manuscrit de thèse

tout en occupant un poste d’ingénieur en modélisation

des processus naturels au LERFoB où il a pour mission

de modéliser des variables climatiques et la répartition

des habitats forestiers français pour l’évaluation de

Natura 2000.

j’ai souhaité proposer, avec l’aide et le soutien du professeur Jean-Claude Gégout, un

projet de thèse sur la réponse spatio-temporelle de la végétation forestière vis-à-vis

des facteurs du climat et du sol sensibles aux changements globaux. Ce projet a reçu

le soutien de l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) et

du Conseil Régional de Lorraine.

Au cours de ma thèse, trois thématiques ont été abordées :

– les changements d’utilisation de ressources nutritionnelles au cours de la vie des

principales essences forestières françaises,

– l’impact du réchauffement climatique actuel sur la composition des communautés

végétales,

– l’effet de la prise en compte des ressources nutritionnelles et de la dispersion des

espèces sur les prédictions futures de la distribution des essences forestières.

J’ai aussi dispensé des cours en écologie et statistiques à des professionnels et à des

élèves d’écoles d’ingénieurs et de Master universitaires.

Natura 2000 est un réseau de sites naturels visant à préserver les espèces et les habitats

menacés et/ou remarquables sur le territoire européen, et ce dans un cadre global de

développement durable. Natura 2000 cherche donc à concilier activités humaines et

protection des milieux naturels afi n de répondre aux enjeux environnementaux pla-

nétaires et locaux.

Quel est le parcours suivi avant ta thèse et quelle la thématique de recherche de ton doctorat ?

Après mon BAC, j’ai obtenu un DUT génie

Biologie option agronomie (Université

de Haute Alsace, Colmar), puis une

licence en Biologie des Organismes et

des Populations et un Master en Ecologie,

Evolution et Biométrie (université Lyon I).

Par la suite, j’ai intégré l’ENGREF (Ecole

Nationale du Génie Rural des Eaux et

Forêts, Nancy) où j’ai obtenu un Mastère

spécialisé Forêt, Nature et Société. Au

cours de cette formation, j’ai pu rencontrer

les chercheurs du LERFoB (Laboratoire

d’Etude des Ressources Forêt-Bois) et

je me suis particulièrement intéressé à

leurs projets de recherche. Suite à cela,

Romain Bertrand

Page 79: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

79 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Tu as eu la possibilité de publier dans Nature qui est une revue mondialement connue et reconnue au sein de la communauté scientifi que. D’où vient la renommée de ce journal et l’intérêt pour un chercheur d’y publier un papier ?

La renommée de Nature provient princi-

palement du fait qu’il s’agit d’un journal

pluridisciplinaire. On y trouve aussi bien

des articles de cancérologie, que d’éco-

logie, de physique, etc. L’objectif de cette

revue est de publier des articles de pointe

dans leur domaine. Les articles doivent

susciter un vif intérêt pour un grand

nombre de lecteurs et sont obligatoire-

ment compréhensibles pour des non-ini-

tiés. Pour donner un exemple du niveau

de sélection des articles, 813 papiers ont

été publiés pour 10 047 soumissions en

2011 (soit un taux d’acceptation d’envi-

ron 8,1 %).

D’un point de vue personnel, quel eff et cela fait-il de publier dans Nature pour une jeune chercheur ?

C’est une fi erté, mais ce n’est pas une

fi n en soi. Ce qui fait surtout plaisir, c’est

que l’article a fait l’unanimité auprès des

reviewers (scientifi ques qui évaluent l’ar-

ticle avant publication) et des éditeurs

de Nature.

Un article Nature a-t-il un impact dans la carrière d’un scientifi que ?

A vrai dire, je ne sais pas. On me dit que

oui, mais jusque-là rien n’a vraiment

changé au sein de mon laboratoire ou

de la communauté scientifique que je

côtoie. J’ai pu échanger avec des scien-

tifi ques mais je ne croule pas sous les

offres de post-doc ou de collaboration.

Dans un premier temps, je pense que

cela profi te plus au laboratoire et à l’ins-

titution dont je fais partie, surtout dans

le cas d’une évaluation par un organisme

comme l’AERES (Agence d’Evaluation

de la Recherche et de l’Enseignement

Supérieur) et pour la recherche de

fi nancement.

Comment se fait le choix de la revue dans laquelle on souhaite publier ses résultats ?

Dans un premier temps, il faut évaluer

la qualité du travail et son intérêt pour

la communauté scientifi que. Ensuite, on

dresse une liste de revues susceptibles

d’être intéressées par le travail que l’on

peut classer par rapport à l’Impact Factor

(IF) de la revue. L’IF est une mesure de

l’importance de la revue basée sur le

nombre de citation des articles qu’elle

publie au cours des 3 dernières années,

rapporté au nombre d’articles publiés par

la revue. Si le travail porte sur un sujet

d’actualité pouvant avoir un impact fort

sur notre société et susceptible d’inté-

resser un grand nombre de chercheurs,

alors on peut espérer publier dans une

revue pluridisciplinaire présentant des IF

élevés (36,1 pour Nature en 2010). Dans le

cas contraire, on s’oriente vers des revues

spécialisées.

Peux-tu donner une chronologie des étapes de la rédaction à la publication d’un papier avec une estimation du temps nécessaire pour chaque étape.

Pour cet article, la rédaction m’a pris

2 mois et demi. C’était assez frustrant

car Nature demande des articles très

courts (1 500 mots maximum). J’ai reçu

les remarques des reviewers 1 mois et

demi plus tard. L’article était accepté avec

des demandes de révisions, ce qui signifi e

qu’il faut répondre avec précision à chaque

remarque des reviewers et modifi er l’ar-

ticle dans un délai de 2 semaines si besoin

est. Après l’évaluation de ma réponse,

l’article a été défi nitivement accepté en

3 semaines. L’article est ensuite mis en

page par la société d’édition de Nature et

publié en ligne 1 mois et demi après. La

version papier est sortie 1 mois plus tard.

Ce processus est assez rapide comparé à

d’autres articles dont la durée de publica-

tion peut être supérieure à 1 an.

Quelles sont tes perspectives après la thèse ?

Je souhaite continuer dans la recherche

en écologie en tant que maître de confé-

rences ou chargé de recherche. Je suis

donc à la recherche d’un post-doc qui est

un CDD pour jeune chercheur permet-

tant d’enrichir le bagage scientifi que et le

nombre de publications en intégrant une

nouvelle équipe de recherche en France

ou à l’étranger.

❙ Romain Bertrand (PhD student

– engineer in ecological modeling),

AgroParisTech-ENGREF UMR1092

LERFoB équipe Ecologie Forestière

14 rue Girardet – F-54000 Nancy

Tél. : (+33) (0)3 83 39 68 12

[email protected]

www.researchgate.net/profi le/

Romain_Bertrand/

Page 80: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

80

Echos de ParisTech

Les Agros se retrouvent en Chine dans le réseau ParisTech AlumniUn réseau appelé à croitre très fortement

Le nombre des alumni du réseau PTA en

Chine est estimé à plus de 2 500 alumni

répartis sur plusieurs grandes villes dont

Shanghai (800) et Beijing (600). Compte

tenu des actions très volontaristes des écoles

membres à recruter les candidats chinois, à

developper les programmes diplomant sur

place, le réseau est appelé à connaitre une

forte croissance dans les années à venir.

Un nouveau coordinateur expérimenté

La Commission Internationale de ParisTech Alumni, selon sa procédure interne habituelle

lors de sa séance du 27 septembre 2011, a agréé à une très large majorité la candida-

ture de Hao GUAN, en qualité de Coordinateur ParisTech Alumni pour la Chine. Hao

Guan, ENPC 85, HEC MBA 87, Franco-Chinois, travaille en Chine depuis plus de 20

ans, il anime le réseau HEC Shanghai depuis 5 ans, ses expériences professionnelles

et associatives sont un bon gage à son engagement signifi catif au service du réseau

international des Diplômés des 12 écoles de ParisTech.

Mission de fédération et de coordination en étroite relation avec l’antenne de ParisTech en Chine

Les groupes régionaux Chine des associations membres de Diplômés restant indépen-

dants, la mission du coordinateur Chine est essentiellement une mission de fédération

et de coordination. Il s’agit notamment de :

– constituer une équipe cohérente et ouverte, représentative des Alumni PTA actifs

en Chine

– concentrer les actions dans un premier temps sur les grandes villes chinoises où

résident les Alumni

– conforter les relations avec les associations étudiantes chinoises liées à ParisTech, ainsi

qu’avec les associations de Diplômés d’autres Grandes Ecoles françaises actives en Chine.

– assister PTA dans la mise en place en Chine de son Réseau social & professionnel

« ParisTech Forum »

Un bureau autour de Hao Guan a été progressivement constitué avec à ce jour 7 membres

représentant 3 écoles majeures : HEC, X, Arts et Métiers.

Forte action de networking

Le réseau PTA Chine a depuis organisé 2 évènements en octobre 2011 et janvier 2012

réunissant plus de 100 alumni, un nouvel évènement est plannifi é pour le 17 mai 2012.

❙ Hao Guan (ENPC 85, HEC 87)

Pour tout contact : [email protected]

La Commission Internationale de ParisTech AlumniLa Commission Internationale de ParisTech Alumni a été créée en 2009 par décision du Conseil d’Administration.

Sa mission est de créer un réseau PTA à l’international dans les pays étrangers où les diplômés des Ecoles de ParisTech (1) sont présents.

ParisTech est un nom et une marque remarquable pour la visibilité à l’international des Grandes Ecoles qui la composent et pour la reconnaissance de l’excellence de leurs formations ; l’ensemble des diplômés des écoles de ParisTech en résidence à l’étranger se sentent valorisés par l’appartenance à ce réseau, d’où la nécessité d’un support à l’international.

Ce réseau s’appui au départ sur les groupes de diplômés à l’étranger : ils sont présents dans plus de 60 pays pour l’ensemble des 170 000 diplômés de ParisTech. En comparaison, Berkeley ne possède de groupes que dans 35 pays, pour 442 000 Alumni.

Le réseau est animé dans chaque pays par un Coor-dinateur, nommé par la Commission internationale.(1) AgroParisTech, Arts et Métiers ParisTech, Chimie ParisTech, Ponts Paris-Tech, Polytechnique, ENSAE ParisTech, ENSTA ParisTech, ESPCI ParisTech, HEC, Institut d’Optique, Mines ParisTech et Télécom ParisTech

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82

La vie de l’association

Et vous, que faites-vous mardi prochain ?

Evènements

Héritage des Mardis de l’AIGREF

et des Rencontres du Quai

Voltaire, les Mardis du Quai

Voltaire sont devenus depuis juin 2011

un rendez-vous mensuel marquant dans

la vie de notre association.

Le but avoué ? Le transfert de connais-

sances et d’expériences ainsi que le renfor-

cement de notre réseau et le rayonnement

de nos diplômés ! Ces conférences-débats,

au format effi cace d’une heure organisées

en soirée entre 19h et 20h et suivies d’un

verre dans nos locaux parisiens du Quai

Voltaire, permettent à l’auditoire de ren-

contrer et d’échanger avec des personnali-

tés de haut vol, acteurs majeurs du monde

économique, scientifi que, politique, asso-

ciatif ou encore médiatique.

Les Mardis du Quai Voltaire ont engagé au

premier semestre 2012 un cycle de confé-

rences sur l’Alimentation. Entre autres

grands noms, nous avons eu le plaisir

de recevoir Marcel Mazoyer (10 janvier),

Marc de la Ferriere et Jean-Louis Rastoin (24 janvier), Catherine Geslain-Lanneelle

(27 février), Hervé This et Xavier Terlet (6 mars), Jean-Marc Bruère, Didier Coulomb et

Marc Spielrein (3 avril)…

Ce cycle se terminera les 11 et 12 mai prochains avec le colloque « La fi n de la faim en

2050 ? … sans tabous ni verrous » organisé en partenariat avec la Cité des sciences et

de l’industrie. Pendant ces deux journées, des étudiants d’AgroParisTech, de Sciences Po,

de Paris I et du Campus Condorcet confronteront leur regard à celui de grands experts

internationaux et tenteront de mettre en lumière des leviers en abordant le sujet par ses

angles morts et ses tabous. Pour plus d’information : www.cite-sciences.fr.

Nos deux prochains rendez-vous seront consacrés aux thèmes suivants : « Le commerce

équitable, un commerce alternatif engagé » (15 mai), « Le bien-être au travail » (19 juin)

Retrouvez le programme actualisé, les compte-rendus et/ou diaporamas des confé-rences passées sur www.aptalumni.org rubrique Vie de l’association/Actualités/Mardis du Quai Voltaire.

Une idée de thème et/ou d’intervenant ? Contactez-nous : [email protected]

Les administrateurs au travailDécidé à faire le bilan des actions menées au cours de l’année 2011, l’ensemble des adminis-trateurs se sont réunis le 11 février à l’occasion d’un séminaire au Quai Voltaire. Au terme de cette journée de travail, il est ressorti que l’Association avait réussi à mener à son terme de nombreuses missions que vous lui aviez confi ées lors de l’Assemblée Générale constitutive du 16 décembre 2010, que ce soit en termes de communication, de représentativité ou de rapprochement avec l’Ecole. Pour autant, l’année 2012 devra être celle de la maturité et de la redéfi nition d’un nouveau cap dans un environnement de redistribution des cartes dans le monde universitaire (fusion, déménagement, régionalisation, etc).

Pour cela, il a été décidé de constituer un groupe de travail intitulé « CAP 2015 », présidé par Pierre Sabatier, dont la mission sera de défi nir une vision stratégique à horizon 2015 afi n qu’AgroParisTech Alumni soit en mesure d’anticiper les changements à venir plutôt que de les subir. Ses objectifs iront de l’expression d’une ambition de long terme à la défi nition des modèles économiques et d’animation associés, avec une volonté d’aboutir à des conclusions d’ici l’été 2012.

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83 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

De l’intérêt d’un réseau inter-écoles à l’étranger : l’exemple des Etats-Unis

Mais qui sont les anciens qui

partent aux États-Unis ?

Au-delà du plan quantitatif,

le phénomène d’émigration des agro aux

USA se mesure aussi beaucoup sur le plan

qualitatif avec un biais net vers certaines

fonctions ou domaines comme celui de

la recherche.

Parmi les principales explications fi gurent

la reconnaissance sociale et salariale de

notre diplôme, des parcours atypiques

et souvent de meilleures conditions de

travail (notamment dans le monde de la

recherche).

Les parcours personnels et témoignages

des anciens sont tout aussi intéressants

que divers. Je suis pour ma part arrivé à

Boston en 2009, voulant compléter mon

diplôme agro d’un doctorat. Les oppor-

tunités sont souvent bien plus alléchantes

dans le domaine de la recherche aux États-

Unis. A l’heure où la thèse est encore par-

fois regardée avec dédains en France, ici

c’est un diplôme prestigieux et reconnu.

J’ai monté une thèse en cotutelle entre Harvard Medical School et l’Université Paris

Descartes sur une toute nouvelle discipline de l’ingénierie : la biologie synthétique.

A quelques mois de la fi n de cette aventure, j’ai profi té pleinement des moyens et de

l’émulation qui m’entourent : j’ai publié mon article de thèse dans le magazine Science

faisant du consulting en parallèle, en étant très actif dans le monde de l’entrepreneuriat

et en gardant un engagement associatif fort.

Cet engagement associatif a pour mission de resserrer et renforcer les liens au sein de

la communauté d’expatriés, qu’ils soient Agro, Paristech ou Français plus globalement.

Et oui, être loin ça amène son lot de questions nouvelles et ça rapproche ! J’ai donc créé

French MIT-Harvard (www.frenchmitharvard.com) qui a pour objectif de fédérer à la

fois la communauté française de ces deux grandes universités et de servir de point de

rencontre pour la communauté ParisTech Bostonienne.

A l’échelle des USA, le réseau ParisTech Alumni USA/Canada offre une autre plate-

forme de rencontre et d’échange, à travers la mise en place de mailing listes actives,

d’évènements networking et des sorties à travers l’Amérique du Nord. Nous organisons

d’ailleurs un « mois AgroParisTech Alumni » à l’automne prochain qui sera l’occasion

d’événements concertés et entre agros à l’échelle des Etats-Unis.

Les Etats-Unis offrent donc une palette d’option attirante et tout a fait complémentaire

de notre diplôme d’agro. A vous de prendre l’initiative et de nous rejoindre de l’autre

côté de l’Atlantique !

❙ Camille Delebecque, Promo PG 06

Doctorant en Biologie Synthetique & Entrepreneur Harvard/Paris Descartes

[email protected] – www.camilledelebecque.com

Camille Delebecque

Il est vrai, les agros sont assez casaniers - 85 % des

diplômés restent en France. Aujourd’hui nous sommes

toutefois plus de 1 % à nous expatrier aux États-Unis, un

chiff re en nette augmentation ces dernières années.

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84

LA VIE DE L’ASSOCIATIONEvènements

La promotion INA 52 en Charentes – Octobre 2011

Une fois de plus, et respectueux

d’une coutume annuelle mainte-

nant bien établie, les plus fi dèles

d’entre nous se retrouvaient pour 2 jour-

nées (ensoleillées !) de tourisme et de

rencontre dans les Charentes.

Après les traditionnelles manifestations

d’amitié le soir de l’arrivée, départ le pre-

mier matin de l’hôtel à Chatelaillon (au

bord de l’océan, face aux îles de Ré, d’Aix

et d’Oléron) pour Rochefort.

Bâtie de toutes pièces par Louis XIV, pour

en faire le plus grand arsenal de l’époque,

Rochefort garde une harmonie « Grand

Siècle » et nous gratifi ait, au passage, de

deux réalisations originales : le chantier de

reconstruction à l’identique de la Frégate

« Hermione » avec laquelle La Fayette

rejoignit l’Amérique en 1780 et la Corderie

Royale où, comme son nom l’indique,

étaient fabriqués les cordages des vais-

seaux de Sa Majesté.

Après le déjeuner sur place, aux

«  Longitudes  », reprise de la route

vers Saintes, autre joyau historique,

gallo-romain celui-là, avec la visite de

quelques-uns des monuments les plus

représentatifs : l’Amphithéatre, l’Arc de

Germanicus et, plus récente, l’Abbaye aux

Dames.

Voyages des Promos

On ne pouvait raisonnablement venir

en Charentes sans rendre hommage au

cognac qui renaît, après des années de

relative indifférence, grâce aux marchés

asiatiques. C’est un petit producteur indé-

pendant, Monsieur et Madame BOSSUET,

entre Saintes et Cognac, qui nous reçut

pour nous raconter sa lente élaboration,

et, bien sûr, nous le faire déguster.

Retour à Chatelaillon et départ le len-

demain pour d’autres émotions : deux

heures de promenade en barque dans le

Marais Poitevin, pour pénétrer jusqu’au

plus profond de son enchevêtrement de

canaux, avec les commentaires avisés des

guides sur son origine, ses particularités,

sa faune et sa flore, ses risques écolo-

giques… Silence, calme et détente !

Après le déjeuner, au bord de l’eau, au

cours duquel Pierre GILOUX nous fit

revivre, guitare en mains et avec beau-

coup de talent, les réjouissances du temps

passé, nous ne pouvions quitter cette

région sans saluer une autre spécialité

locale, pour laquelle elle se positionne en

leader… mondial : le fromage de chèvres.

C’est, encore une fois, un producteur fer-

mier : Jérôme RIVASSEAU, au Fief du

Guigne Chèvres à FONTPATOUR, qui

nous le remit en mémoire.

A la tête d’un troupeau de 600 chèvres,

Monsieur RIVASSEAU gère seul avec son

associé, l’élevage, la transformation du lait

dans un atelier spécialisé et la commercia-

lisation des fromages en grandes surfaces.

Tout cela, bien sûr, dans des installations

et avec des techniques de pointe et dans

des conditions de salubrité exemplaires.

On s’est séparé après le dîner de clôture,

tous persuadés que cette rencontre avait

resserré encore un peu plus les liens

d’amitié que ces manifestations annuelles

ont entretenus au fi l des ans.

Comme précédemment, la tradition exi-

geait, pour qu’elle perdure, qu’un nouvel

organisateur soit investi pour l’année

suivante : ce sera René FIALON, qui a

aimablement accepté de nous recevoir, en

automne 2012, dans ses Landes natales.

Ce sera le soixantième anniversaire de

notre entrée rue Claude Bernard. Gageons

que ce sera une réussite !

Etaient présents : BAILLY Bernard,

BLANCHARD Pierre et Marie-Thérèse,

BOCKELEE-MORVAN Marie-Laure,

DAVIGO Jacques et Madame, FAURE

Pierre et Marie Josèphe, FIALON René,

GILOUX Pierre et Juliette, GLORIOT

Guy, de GOURNAY Xavier et Claire,

HAUREZ Jacques et Catherine,

HURIET Bernard et Colette, JOURNET

Michel, de la BOURDONNAYE Pol,

LARMARAUD Louis et Catherine,

LEMAIRE Roger, LESTIENNE André

et Elisabeth, LIENARD Gilbert et

Bernadette, LUBRANO Jacques et

Colette, PFITZENMEYER Claude,

QUELIN Georges et Dominique,

SUNYACH Jacques et Gilberte,

TARDIVEL Jean et Françoise, TIROT

Pascal, TRUFFINET Jean et Janine,

VASSEUR Jacques et Marguerite,

VELUIRE Maurice. XOUAL Georgette.

❙ Pierre Blanchard (P 52)

Page 85: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

85 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

La P  54 se retrouve de nouveau

au « Petit Marguery » le mercredi

29 février pour un repas d’excellente

qualité, comme d’habitude. La participation

reste très soutenue, en dépit de quelques

annulations, notamment celle d’Audidier

après qu’Anne-Lise se soit pris les pieds

dans la laisse de son chien, ce qui lui vaut

une fêlure du bassin. Sont venus surtout

les Franciliens, mais aussi quelques provin-

ciaux, Laparra, Mauboussin, Mesnil, Peter,

et Dupin venant de Bâle. Nous regrettons

surtout l’absence de Moumouch’, qui nous

fait défaut pour la première fois.

L’ambiance est toujours aussi conviviale et

donc rendez-vous pris pour l’an prochain.

Mais avant cela, nous nous retrouverons

encore plus nombreux du 4 au 8 juin pour

le voyage annuel dans l’Yonne.

❙ Guy Chamberland (P 54)

(Bouat (2), Buisson, Chamberland, Chaussin, Chemillier, Coulon (2), Daburon, Demoulin, Dunglas, Dupin (2), Gonand, Hoarau (2), Laparra, Lunel, Mauboussin, Mesnil, Mignot (2), Perre (2), Peter, Petit (2), Renault (2), Rimkine).

Agapes pour la P 54

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LA VIE DE L’ASSOCIATIONCarnet

Carnet

NAISSANCE

Gilles FABIN (PG 95)a la joie d’annoncer la naissance de Jules le 8 novembre 2011.

Alain JERMANNAUD (G 65)nous annonce la naissance, le 4 mars 2012, de son petit-fi ls, Clément Jermannaud-Mazens, fi ls de Paul Jermannaud et Fanny Mazens. Clément est aussi le petit-fi ls de Jean MAZENS (lui aussi G 65).

Florence GUIVARCH (PG 97) et Adrien CHATEIGNIER (R 96)ont le plaisir de vous annoncer la naissance de leur fi lle Lucie, le 9 janvier 2012 à Paris.

Manou SALES-BEAUDIER (née SALES)nous fait part de la naissance de sa petite fi lles Lison, née le 9 février 2012. Madame Sales a travaillé pour l’association Les Ingénieurs de l’Agro pendant de nombreuses années pendant lesquelles elle a accueilli nos membres avec la chaleur que nous lui connaissons.

Clémence POUPART (née DESPORTES) (PG 03) et Antoine POUPART (PG 03)partagent avec Eloi la joie de vous annoncer la naissance de Gabriel le 1e février 2012.

Ghislaine CHALLAMEL (née AMSLER) (E 03)rédactrice en chef de la revue Symbiose, et son conjoint ont le plaisir de nous faire part de la naissance de leur fi ls Hadrien le 3 février 2012. Félicitations aux heureux parents.

MARIAGE

Emilie CORRADI (PG 04) et Vincent MARTINET (PG 99)sont heureux d’annoncer leur mariage, célébré civiquement à Marseille le 26 mai 2012.

MOBILITÉ

Christian ROUSSEAU (P 70)est promu Président délégué à l’agriculture et à l’innovation de Vivescia (fusion des coopératives Champagne céréales et Nouricia), à ce poste depuis le 3 avril 2012.

Georges-André MORIN (P 68, ENGREF 72, IGPEF) et Rosine TRAVERS (X 99, ENGREF 04, IPEF)sont nommés membres du conseil d’administration de Météo France en tant que représentants titulaire et suppléant du ministre chargé de l’agriculture à compter du 12 avril 2012.

Frédéric ROCHOUX (PG 91)est nommé, depuis le 1er avril 2012, Directeur du Centre d’Aff aires Entreprises de BNP Paribas pour la région Champagne-Ardenne et l’Aisne.

François TADDEI (X 86, ENGREF 91, ICPEF)Directeur de recherche à l’INSERM, il est nommé membre du Haut Conseil de l’éducation à compter du 3 avril 2012.

Jean-Marie MARX (Nancy ENSAIA 80, ENSSAA 81, IGPEF)est nommé Directeur général de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) à compter du 1er juillet 2012.Il était Directeur général de l’OPCA des industries alimentaires et de la coopération agricole depuis 2009.

Isabelle VENDEUVRE (PG 85)a été promue Responsable normalisation du Groupe Suez environnement à compter du 15/01/12. Elle était Déléguée au développement technologique.

Martin GUTTON (PG 83, ENGREF 87, ICPEF)a été nommé Directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de la Bretagne à compter du 19 mars 2012.Il était DRAAF Poitou Charentes.

Thibault MARAIS (PG 07)est Chargé de clientèle agricole au Crédit agricole Champagne-Bourgogne à compter du 3 avril 2012.

Rémi SOURNIA (PG 03)est Project offi cer chez PEFC International (Programme de reconnaissance des certifi cations forestières).

Xavier VANT (R 95, ENESAD 99, ICPEF)est nommé Directeur de la DAAF de la Guyane à compter du 1er mai 2012.Il était Directeur départemental adjoint de la DDT de la Charente.

Pierre BESSIN (PG 89, ENGREF 93, ICPEF)est nommé Directeur départemental des territoires du Maine-et-Loire à compter du 14 mai 2012.Il était Secrétaire général pour les aff aires régionales de la région Centre.

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87 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

Guy FRADIN (P 70, ENGREF 74, IGPEF)Conseiller du Directeur général de la DGALN, Guy FRADIN est nommé Président du Conseil d’administration de l’agence de l’eau Rhin-Meuse à compter du 23 mars 2012.

Arnaud GAREL-GALAIS (PG 04)est Investment Manager chez Dahlia Partners depuis le 15 janvier 2012.Il était chargé d’investissement chez GCE Capital-Masserand.

Gérard TENDRON (P 63, ENGREF 67, IGGREF Honoraire)est élu Secrétaire perpétuel de l’Académie d’agriculture de France à compter du 15 mars 2012.

Vincent BRIOT (PG 06)est Chef de projet Observatoire de l’énergie et des GES, GIP Bretagne environnement depuis le 1er février 2012.

Sophie ESVAN (PG 07)est Manager relations monde agricole depuis Janvier 2012, CARREFOUR.Elle était Chef de projet, Institut de l’élevage.

Nicolas LECERF (PG 03)est Chef de produits herbicides chez MAKHTESHIM AGAN France depuis le 12 mars 2012.Il était Responsable développement ventes Picardie ches Dow Agrosciences.

Jean-Philippe D’ISSERNIO (X 95, ENGREF 00, ICPEF)est nommé sous-préfet hors classe, Secrétaire général de la préfecture du Gard à compter du 13 mars 2012.Il était Directeur adjoint au Cabinet du Ministère du budget, des comptes publics et de la réforme de l’Etat.

Louis BIANNIC (PG 75, ENSSAA 80, IGPEF)est nommé Directeur de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de la Réunion à compter du 2 avril 2012.Il était Directeur régional de la DRAAF Bretagne.

Christian SCHWARTZ (ENITRTS 81, ENGREF 91, ICPEF)est nommé à compter du 10 avril 2012 Directeur départemental des territoires du Doubs.Il était Directeur départemental des territoires et de la mer des Côtes d’Armor.

André-Jean GUERIN (X 69, ENGREF 74, IGPEF)est Membre de la 2e section ( Economie et Transport) du Conseil général de l’environnement et du développement durable, MEEDTL, depuis le 1er février 2012 ,Il était Directeur de l’ACFCI.

Patrick VAUTERIN (X 92, ENGREF 97, ICPEF)est nommé Directeur régional adjoint de l’environnement, de l’aménagement et du logement de la région Rhône-Alpes (DREAL) à compter du 1er mars 2012.Il était Conseiller au Cabinet du MEDDTL.

Isabelle MUQUET-VAYLET (née VAYLET) (PG 96)a rejoint la DDT du Bas-Rhin le 1er février 2012 en qualité d’adjointe au chef de service agriculture, responsable du pôle aides directes végétales et animales.Elle était responsable Contrôle par télédétection à l’ASP.

Olivier LETODE (ENSH 88, ENESAD 96, ICPEF)est nommé Expert de haut niveau auprès du directeur de la DPMA, MAAPRAT.Il était chef du bureau de la gestion de la ressource, SDRH, DPMA.

Michel SINOIR (PG 79, ENGREF 83, IGPEF)est nommé Directeur régional de la DRAAF Lorraine à compter du 15 février 2012.Il était Directeur de la DAAF de la Réunion.

Laure LE BOURGEOIS (PG 94, ENGREF 98, ICPEF)a rejoint FranceAgriMer depuis 2012 en qualité de Chef de l’unité entreprises et fi lières.Elle était chargée de mission à la direction générale de la modernisation de l’Etat, Ministère du budget, des comptes publics et de la réforme de l’Etat.

Christophe PIETTE (PG 89)est depuis novembre 2011 Directeur général des services IDF chez GL-EVENTS.

Marion BARRAL (PG 02)est Responsable export Château la Gardine depuis janvier 2012.Elle était Sales executive London chez Thorman Hunt & Co Ltd.

Alain KANEKO (E 80)a pris la responsabilité de l’Agence Méditerranée chez Michael Paetzold sarl.

Jean Pierre LESTOILLE (PG 82, ENGREF 86, ICPEF)est nommé Directeur départemental des territoires de la Savoie à compter du 19 mars 2012.Il était Directeur adjoint de la DDT Isère.

Marion GUILLOU (X 73, ENGREF 78, IGPEF)est nommée membre du Conseil de surveillance d’Areva SA en qualité de représentante de l’Etat au titre du Ministère chargé de l’économie.

Caroline REMUS (PG 77, ENGREF 91, IGREF)a rejoint EPF Partners en tant qu’Associé-Gérant à compter de janvier 2012.Elle était Directeur général de l’IDI.

Sylvie GUICHOUX-CLEMENT (PG 85, ENGREF 89, ICPEF)a été nommée Directrice de la mer, du développement maritime et du littoral au Conseil régional de Bretagne depuis juin 2011.Elle était Déléguée interrégionale ouest de l’ONEMA.

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LA VIE DE L’ASSOCIATIONCarnet

Sandrine ZEINSTRA (PG 03)est responsable animation système qualité chez Danone nutrition infantile, Blédina.

Benjamin GREBOT (PG 99, ENGREF 03 , IPEF)a pris ses fonctions de Directeur des dynamiques urbaines à Brest Metropole Océane le 1er février 2012.Il était coordonnateur de la veille et de la prospective à la direction scientifi que de l’Ifremer.

Caroline LE POULTIER née HELLEISEN (E 96, ENGREF 01, ICPEF)a pris ses fonctions de Directrice de la Direction départementale des territoires du Val d’Oise à compter du 12 mars 2012.Elle était précédemment Conseillère technique au Cabinet du Premier Ministre.

Sylvain VEDEL (PG 88, ENGREF 92, ICPEF)prendra ses fonctions de Directeur départemental des territoires des Hautes-Alpes à compter du 19 mars 2012.Il est actuellement Directeur régional adjoint de la DRAAF Languedoc Roussillon.

Philippe CASTANET (X 84, ENGREF 89, ICPEF)est nommé sous-préfet hors classe, Secrétaire général de la préfecture des Yvelines à compter du 27 janvier 2012.Il était sous-directeur de l’administration territoriale au ministère de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales.

Bernard VIU (ENITRTS 80, ENGREF 94, ICPEF)est nommé Directeur départemental des territoires et de la mer du Finistère à compter du 1er février 2012.Il était Directeur de la DDT de la Savoie.

Patrick SOULE (PG 81, ENGREF 85, ICPEF)est nommé Secrétaire général de l’Offi ce national des forêts à compter du 1er janvier 2012. Il était Directeur fi nancier de l’ONF.

Vincent MOULIN-WRIGHT (PG 82, ENGREF 86, ICPEF)est nommé à compter du 17 janvier 2012, Directeur général du Groupe des Fédérations industrielles (GFI), structure de coopération renforcée fédérant les 15 plus importantes branches de l’industrie française.

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DÉCORATION

Florence CASTEL (PG 86, ENSSAA 90, ICPEF)est nommée Chevalier de la Légion d’Honneur au titre du MEDDTL.

Yves BARATTE (G 1958)Yves Baratte (G 1958), ancien directeur d’un institut scientifi que et technique, 48 ans de services, a été promu au grade de Chevalier de l’ordre national du Mérite, par décret du Président de la République en date du 14 novembre 2011.

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90

LA VIE DE L’ASSOCIATIONHommages

« Jacques, mon ami de plus de quarante

ans, tu es parti alors qu’en octobre der-

nier, lorsque nous nous sommes retrouvés

en Suisse, au chalet des « Haudères »,

nous pensions bien refaire de la mon-

tagne et « réchauffer » quelques sou-

venirs communs. Il est vrai que tu étais

déjà atteint par un mal redoutable mais

nous espérions bien, avec toi, que tu t’en

sortirais. Hélas, il n’en fut rien et je me

retrouve seul, avec tes proches et tes amis

à évoquer certains épisodes partagés de

notre passé.

Le premier épisode, à l’origine de

notre amitié, a démarré par ton affec-

tation d’IGREF sortant de l’ENGREF

à la DDA de Tarbes, fin 1968, comme

chef du service de l’équipement et de

l’aménagement rural. J’étais alors ton

aîné de huit ans à la tête du service

forestier, de l’aménagement pastoral

et touristique de la montagne de cette

DDA depuis 1966 et je m’interrogeais

sur ton aptitude d’ingénieur débutant à

être opérationnel, notamment en zone de

montagne où la politique de rénovation

rurale se mettait en place avec d’ambi-

tieux projets des communes, soucieuses

d’auto-développement avec la création

d’unités touristiques axées sur la neige

et leur patrimoine naturel. Tes origines

savoyardes, ton enthousiasme créatif et

ta vivacité intellectuelle t’ont emmené

d’emblée à embrayer effi cacement sur

les opérations en cours et surtout à en

engager de nouvelles. Nous formions un

binôme d’ingénieurs complémentaires,

apprécié de notre directeur et surtout de nos interlocuteurs montagnards. Bien que les

compétences pour la pratique du ski ne relevaient pas de la DDA, tu t’es impliqué sans

complexe dans les projets de stations de sports d’hiver, dont l’implantation de remontées

mécaniques. Cela nous a amenés à reconnaître à ski les domaines susceptibles d’être

équipés et surtout à développer notre amitié en même temps que l’économie locale.

D’une certaine façon, nous étions complices en engageant ainsi l’administration de

l’agriculture dans le champ relevant de celle de l’équipement. L’histoire nous a donné

raison avec la création récente du corps des IPEF regroupant ceux des IGREF et des

IPC. Donc, merci à toi, Jacques le pionnier !

En 1971, ma mutation en Alsace a mis fi n à notre binôme professionnel, mais notre

amitié a perduré à travers nos échanges à distance portant sur nos métiers et nos familles.

Et toi, Jacques, après les Pyrénées, tu es devenu Parisien jusqu’à la fi n de ton cursus

professionnel et au-delà. Nous nous sommes revus fréquemment lors des réunions des

instances représentatives du corps des IGREF, syndicale ou amicale, où tu manifestais

toujours tes fortes convictions sur le rôle des ingénieurs dans une société moderne.

Mais pour revenir à nos retrouvailles illustrant ta grande originalité, j’en évoque les

plus récentes qui m’ont particulièrement marqué. Lorsque tu m’as convié, il y a une

dizaine d’années, à passer quelques jours à Lamor-Baden dans le Morbihan, j’ai réalisé

que Jacques le montagnard était devenu Jacques le marin. Tu m’as fait découvrir ton

voilier et ton savoir naviguer par vent de force 6. Ta nouvelle passion, assortie d’une

technicité sans faille, m’a, une fois de plus, impressionné.

Pour autant, tu n’as pas abandonné l’univers montagnard. Quand toi et ta compagne

Hélène m’avez invité au chalet des « Haudères » à Evolène, non pas pour des virées

d’alpiniste, mais pour cueillir des champignons et des fruits sauvages, j’ai été « souf-

fl é » par le mycologue et le botaniste que tu étais devenu. Tu reconnaissais, cueillais,

conditionnais et cuisinais à la perfection les produits naturels de votre écosystème.

Par la suite, tu m’as fait découvrir dans ta bibliothèque la riche collection d’ouvrages

qui t’a permis d’acquérir ton savoir de naturaliste.

C’est d’ailleurs aux « Haudères » que nous nous sommes revus, en octobre dernier,

mais ton état de santé t’a empêché de réaliser tes cueillettes automnales. Quatre mois

après cette rencontre, tu nous a quittés en nous laissant le souvenir de ton exception-

nelle personnalité qui s’est investie dans de nombreuses activités tant scientifi ques

que sportives, sans délaisser les tiens et tout en demeurant modeste et pédagogue à

l’endroit des autres.

Jacques BELLEVILLE (X 63, Gref 68) (1944-2012)

Hommages

Nous étions très nombreux jeudi 16 février en l’église Saint-Jacques-du-haut-pas

à Paris pour accompagner dans son dernier voyage notre ami Jacques Belleville, entouré

de l’aff ection de tous les siens ; cérémonie fort émouvante s’il en fut. Au cimetière du

Père Lachaise, notre camarade Bernard Glass a tenu à marquer la profonde tristesse de

tous ses amis en évoquant quelques moments heureux.

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91 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

« Adieu Jacques. Tu demeures vivant à

jamais parmi nous. »

Tout autant que ses passions et centres

d’intérêt, la carrière professionnelle de

Jacques fut très éclectique. « Ses » car-

rières devrait-on dire ! En effet, celles-ci

peuvent se décliner en plusieurs périodes

ô combien diverses et variées…

De sa période étudiante au lycée du

Parc en classe préparatoire puis à l’Ecole

polytechnique où il a intégré comme

3/2, le plus remarquable est de noter

son engagement sportif permanent à

côté d’études très prenantes ; ceci lui

a valu de fi gurer quelque temps sur les

tablettes des records en nage libre à l’X.

Sous-lieutenant du Génie à Angers, puis

à Neuf-Brisach en Alsace du sud, c’est

aussi l’époque des multiples voyages en

France, en Croatie, en Allemagne et en

Suisse et probablement dans d’autres

pays. A l’ENGREF, c’est la grande époque

de Maurice Rossin comme directeur, avec

des enseignants de haute qualité qu’il a

beaucoup appréciés comme l’ensemble

d’une promotion dénommée « Poitou-

Charentes » ; ceci lui vaudra de parcourir

cette région à de multiples reprises. En fi n

de scolarité après un choix diffi cile entre

la coopération en Afrique et le terrain

en France (fi nalement ce sera Tarbes en

Hautes-Pyrénées), c’est Jacques « qui s’y

met » pour organiser un voyage de pro-

motion en Turquie tout à fait intéressant

avec au-delà d’Istanbul quelques visites

remarquables, le musée hittite à Ankara,

le site néolithique de Catal Hüyük et des

périmètres irrigués à Konya.

De cette période pyrénéenne si bien

décrite par Bernard Glass, on peut ajou-

ter sa contribution à deux aménagements

à buts multiples, l’un à Payolle, l’autre à

Loudenvielle avec deux barrages et des

plans d’eau, aménagements toujours par-

faitement opérationnels actuellement car

conçus durablement.

Retour à l’ENGREF où il reprend le poste

occupé précédemment par nos brillants

collègues Pierre Malaval et Philippe

Huet ; il est un chef de département puis

un directeur des études à la fois engagé

et réformateur  ; passionné de didac-

tique, il refonde la formation par projet

qui fi gure parmi ses réussites. C’est aussi

l’époque du passage de la technique à

l’économie. Rapporteur au FDES pour

des projets d’investissements agricoles

et enseignant en économie à l’ENGEES

à Strasbourg, il prépare implicitement

son entrée au Crédit national sur propo-

sition du président du FDES de l’époque.

L’ENGREF est un carrefour, un point de

passage : ce sera donc une période de

forte implication collective dans la vie du

corps des IGREF : participation active aux

travaux du SNIGREF et création du club

de réfl exion Pierre La Fontaine ; dans ces

instances, ses maîtres mots seront enga-

gement et contribution au débat d’idées.

De sa première période de chargé d’af-

faires au Crédit national, c’est sa volonté

de travailler intelligemment, d’être per-

tinent qui se dégageait ; ultérieurement,

la Direction générale, ayant reconnu son

esprit d’innovation, lui confi era la direc-

tion générale d’une fi liale du groupe en

charge de l’innovation et de la veille au

bénéfi ce du groupe.

Enfi n, Jacques qui était déjà trésorier de

l’AIGREF a fait partie, dès le départ, de

la petite équipe qui fut à l’origine de la

création en juin 2000 de l’association

« Echanges méditerranéens ».

Sa double casquette de trésorier de

l’AIGREF, disposant alors d’une réserve

fi nancière, et d’Échanges méditerranéens,

qui démarrait sans le sou, a permis à l’as-

sociation de vivre ses premiers mois sur

des avances de trésorerie que Jacques

tenait à rembourser dès que c’était pos-

sible. La trésorerie de l’association a sou-

vent été très tendue et Jacques a réussi à

assurer notre fonctionnement courant

malgré les tensions. Jusqu’en 2005, il a

régulièrement participé à toutes les réu-

nions mensuelles du bureau restreint,

nous faisant profi ter de son expérience

associative.

Cependant, l’essentiel de ce qui doit rester

dans notre souvenir est le témoignage

de sa vie : Jacques n’a pas cessé d’être

en recherche de la Vérité, interrogeant à

la fois la science, la raison et la religion

comme en témoignent la cinquantaine

de pages qu’il nous a laissées en guise

de testament.

Son « credo » affi rme « nous sommes dis-

ciples du Christ si nous nous aimons les

uns les autres, et plus particulièrement les

faibles et les opprimés ». Ce qu’il croyait,

il s’est efforcé de le mettre en pratique.

Savons-nous, par exemple, qu’il fut tré-

sorier (encore !) du Comité catholique

contre la faim et pour le développement

(CCFD), qu’il appartenait à un groupe de

partage, comme rappelé lors de ses funé-

railles ? Et tout cela dans la discrétion et la

modestie, mais avec un dévouement sans

limite, ne sachant pas refuser le service

qu’on sollicitait.

C’est, sans nul doute, cet accord profond

entre sa conviction et ses actes qui en

faisait un camarade recherché, autant par

la profondeur de sa pensée que par la

chaleur de sa rencontre.

Soyons heureux de l’avoir connu et que

son exemple nous aide !

❙ Paul Baron, Alain Bernard,

Bernard Glass et Daniel Loudière

Jean-Pierre Ménager (P 44)De nombreux camarades sont venus rendre un dernier hommage à Jean-Pierre Ménager (P 44) lors de ses obsèques qui ont eu lieu le 16 janvier 2012 à Paris. Ancien Président de la Maison des Ingénieurs Agronomes, il avait beaucoup œuvré pour l’Association des anciens élèves de son école. Son épouse Marie-Louise Ménager (P 44), très touchée par l’éloge qui lui a été rendu et par les marques de sympathie qui lui ont été témoignées par votre présence ou par écrit, vous exprime ses plus vifs et chaleureux remerciements.

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92

LA VIE DE L’ASSOCIATIONHommages

Gérard Joyaux (P 53)

Gérard est décédé le 6 mars 2012

chez lui, à Fondettes près de

Tours, après deux décennies

de lutte quotidienne contre la maladie

de Parkinson. Gérard est né le 16 juil-

let 1931 au Mans. Après une enfance

heureuse passée au Mans et à Caen et

des séjours familiaux à Rochefort, il pré-

pare le concours de l’AGRO au lycée St

Louis. Après le premier cycle de l’INA, il

choisit de devenir ingénieur des Services

Agricoles. Une fois son long service mili-

taire effectué en Algérie à Tiaret, il com-

mence sa carrière d’ingénieur en Algérie

dans les Services Agricoles. Il rentre en

France alors que le grand programme

de construction des lycées agricoles

lancé par l’Etat pour moderniser l’agri-

culture dans le cadre du Marché com-

mun réclame de nombreux ingénieurs

pour assurer leur fonctionnement. C’est

ainsi qu’il se retrouve affecté au lycée

de Thére près de St Lô dans la Manche

au début des années 60. C’est là qu’il

fait la connaissance à la rentrée 1964 de

Françoise, professeur certifiée de bio-

logie de l’enseignement agricole tout

juste sortie de formation et originaire

de Bordeaux. Leur mariage est célébré

en août 1965. De cette union vont naître

quelques années plus tard 3 garçons :

Philippe, Emmanuel et François. Après

St Lô, le jeune couple rejoint le lycée

agricole d’Angers espérant s’y installer

durablement.

Mais, en avril 1967, Gérard remarqué

pour ses qualités humaines et profession-

nelles est appelé à rejoindre en urgence

l’Ecole nationale supérieure des sciences

agronomiques appliquées (ENSSAA)

transférée de l’INA-Paris à Dijon pour

exercer les fonctions de Directeur des

Etudes de cette Ecole d’application.

En effet, la transformation des direc-

tions départementales du Ministère de

l’Agriculture avait conduit à la création d’un nouveau corps d’ingénieurs en 1965,

celui des Ingénieurs d’Agronomie, pour répondre principalement aux besoins de

l’enseignement agricole en pleine expansion. Il s’engage avec détermination dans

cette nouvelle fonction qui exige beaucoup d’engagement, de compétences et de

qualités humaines alors qu’il fallait mettre en place en urgence toutes les chaires

d’enseignement techniques, économiques et pédagogiques et assurer la conception

et la programmation des activités d’enseignement et l’organisation des stages profes-

sionnels pour des promotions d’ingénieurs-élèves nombreuses et exigeantes.

En 1973 après avoir rempli pleinement sa mission, il fait le choix avec son épouse

d’un nouveau projet de vie, celui de retourner enseigner en lycée agricole tout en se

rapprochant de ses parents et de ceux de son épouse. C’est ainsi qu’il exerce pendant

de longues années comme enseignant au lycée agricole de Tours-Fondettes jusqu’à

sa retraite en 1991.Dévoué, disponible, c’est un professeur apprécié dans son milieu

professionnel et par ses étudiants notamment du brevet de technicien supérieur

(productions animales et arboriculture fruitière). Oui, l’enseignement agricole a été

l’activité professionnelle qu’il aimait et qui lui a donné de multiples satisfactions que

ce soit à St Lô, Angers, Dijon ou Tours.

Fier des origines sarthoises, normandes et charentaises de sa famille, il aime profon-

dément la vie de la France provinciale et rurale. S’il avait vécu au XVIIIe siècle il aurait

pu être un gentilhomme campagnard s’intéressant à l’agriculture et fréquentant les

Encyclopédistes. L’histoire locale le passionne mais aussi les vieux livres, les salles

des ventes, les antiquités. Il collectionne. Erudit, il est curieux de tout ce qui concerne

l’agriculture, les questions économiques et politiques. Il a hérité de son père, ingé-

nieur à la SNCF un intérêt particulier pour tout ce qui concerne les voyages en train.

Il partage avec son épouse biologiste le besoin de planter de nombreuses espèces

d’arbres et d’arbustes. Il aime raconter des anecdotes du terroir ou des souvenirs de

sa vie d’étudiant ou de professeur qu’il distille avec humour et tendresse.

La mort tragique en 1991 de son fi ls Emmanuel, dans un accident de voiture, boule-

verse la vie familiale. Dès cette époque, alors qu’il vient de prendre sa retraite, il doit

vivre avec la maladie de Parkinson qui progressivement réduit son activité et accroît

ses souffrances. Il conserve tout au long de ces années une activité intellectuelle où

la lecture occupe une grande place. Grâce au dévouement de son épouse Françoise et

à l’appui de ses deux fi ls, il vit toutes ces années avec courage sans se laisser détruire

par la maladie et les épreuves. Il apprécie les joies simples de la vie dans sa maison

de Fondettes, les visites d’amis ou de la famille, les moments passés au jardin, l’évo-

cation de l’histoire des personnages de sa famille. Il repose maintenant en paix au

cimetière de Fondettes avec son fi ls Emmanuel à quelques centaines de mètres de sa

maison et de son jardin.

Gérard Joyaux n’est plus mais son souvenir sera souvent évoqué par tous ceux qui

l’ont connu comme collègue, comme étudiant à l’Agro, comme professeur, non pas

avec tristesse mais avec le sentiment d’avoir connu quelqu’un de bien. Avec tous

ceux qui l’ont côtoyé au sein de l’enseignement agricole et qui savent combien il fut

un ingénieur passionné par son métier au service de l’agriculture et des jeunes, il est

juste de lui rendre hommage.

Sa promotion de l’AGRO était représentée à ses obsèques en la personne de Gérard

Fromentin avec lequel il est resté en relation depuis de nombreuses années.

❙ Casimir Cuzenic (P 60, ENSSAA 65)

Page 93: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

93 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

René Champsoloix (P 35) (1915-2010)

Le long i t iné ra i re de René

Champsoloix s’est achevé à

Antibes le 5 décembre 2010

auprès de ses deux fi lles.

L’Auvergne rude et profonde avait vu

naître en 1915 ce futur Forestier d’Outre

Mer. Après des études à Godefroid de

Bouillon à Clermont-Ferrand et au Lycée

du Parc à Lyon, puis à Paris à l’Institut

National Agronomique où il est reçu en

1935, c’est à l’Ecole Forestière de Nancy

qu’il termine son cycle d’études supé-

rieures. Ingénieur des Eaux et Forêts, il se

préparait à partir pour l’Indochine pour y

entamer sa carrière. Mais un autre Devoir

l’attendait : la mobilisation de 1939.en

fait un Offi cier du Génie. L’infortune de

nos armes, hélas, le fi xe, après sa démobi-

lisation, pour un an encore en Métropole.

Finalement, embarqué pour l’Extrême-

Orient, son bateau est détourné au large

de Durban dans un épisode confl ictuel

et le dépose à Casablanca.

Va pour le Maroc  ! Premier poste

Khénifra, puis Marrakech où il engage

l’exploitation de la cédraie et de chan-

tiers de carbonisation, mais le débar-

quement américain de novembre 1942

lui fait reprendre l’uniforme militaire, et

cette fois c’est pour participer à l’avan-

cée glorieuse de la 1ère D.B. du Général

de Lattre, de Cavalaire à l‘Alsace et à la

Bavière.

Sa démobilisation n’est effective qu’au

15 janvier 1946 ; le départ pour l’Indo-

chine est alors possible. Embarquement

en mai pour parvenir enfi n en juin, après

sept ans d’attente, sur le lieu des exploits

rêvés. Il ne sera pas déçu par la réalité. Sa

détermination et sa compétence trouve-

ront à se distinguer dans toute la variété

des services dont il aura la responsa-

bilité. au cours de trois séjours de trois

ans chacun. Dès son deuxième séjour,

Chef du Service des pays montagnards

du Sud, on lui confi e auprès de la délé-

gation impériale les soins du domaine

de la Couronne du Viet Nam. A Dalat,

il fait passer de 1 à 10 le rendement

des forêts de pin, à Djiring ; il supervise

l’exploitation pour l’armée des forêts de Yao et les chantiers de gemmage de pins ; à

Darlac il assure l’exploitation et le reboisement en teck et Dalbergia de régions entières.

Son dernier séjour commence peu avant la chute de Den Bien Phu et cet évènement

clôture évidemment en juillet 1956 la période indochinoise.

Entre temps, il s’est marié en France avec une jeune fi lle que l’Outre-Mer n’effraie pas,

bien au contraire. Suzanne est issue d’une famille de colons de Tunisie où son père, un

Agro, Antonin Coupin (INA 1900) dirige l’Ecole française d’Agriculture de Tunis après

y avoir enseigné. Elle partage le goût de son mari pour une existence mouvementée

pleine de responsabilités et part sans mollesse pour un Extrême-Orient déjà chargé

de menaces. Elle est, elle aussi, férue de botanique avec des aïeux pépiniéristes et

rosiéristes de génération en génération et s’intéresse fort aux travaux de son époux.

Pendant cette période naitront leurs deux fi lles, mais c’est à Madagascar maintenant

que René et Suzanne Champsoloix vont devoir les élever, Madagascar, tout juste

après l’Indépendance, où la forêt compte beaucoup pour l’économie et la vie sociale,

Madagascar qui va pouvoir offrir à notre ami regretté – désormais Ingénieur en Chef

du GREF – l’occasion de faire valoir sa valeur professionnelle et sa valeur morale, et

d’opposer jusqu’au bout aux malignités.de la subversion la dignité de l’effort français.

C’est là, dans « la Grande Île » notamment à Tuléar à partir de 1960 qu’il va réaliser de

grandes plantations qui lui vaudront la Légion d’honneur malgache, c’est là qu’après

avoir œuvré pour la création sur place et l’essor du Centre technique forestier tropical

(CTFT) son goût de la Recherche va pouvoir s’exprimer. Mise en valeur de la forêt

tropicale malgache aussi bien que pisciculture (en particulier avec les préconisations

d’élevage du Tilapia) vont bénéfi cier de ses études, de ses connaissances et de son

énergie.

Mais c’est aussi de Madagascar que dateront les derniers souvenirs familiaux

d’Outre-Mer.

De plus hautes fonctions l’attendent maintenant en Métropole où ses enfants trou-

veront les conditions requises pour de bonnes études. En 1965, le CTFT (CIRAD

maintenant) dans son siège principal de Nogent-sur Marne l’accueille et lui confi e

d’abord la direction administrative et fi nancière du Bureau des études techniques

(BET), fonctions de direction et d’animation que son expérience va lui permettre de

remplir magistralement.et qui lui seront reconnues par la rosette d’Offi cier du Mérite.

C‘est ainsi qu’il oeuvrera au bénéfi ce du Ministère français de la Coopération pour

les forêts tropicales et subtropicales d’Afrique et d’Amérique et qu’il effectuera lui-

même des missions de valorisation forestière au Gabon, au Congo et en République

Centrafricaine.

Le CTFT, qui a reconnu sa compétence et son dévouement sans partage, en a fait son

Secrétaire Général : il en assumera les responsabilités jusqu’en juillet 1981 au-delà

de sa retraite réglementaire (1980). Ce Conservateur des Eaux et Forêts – titre désuet

désormais mais combien évocateur d’une longue tradition – aura pu donner là à

ses jeunes collaborateurs le goût et les moyens de poursuivre des travaux qui furent

personnels et originaux.

Toujours disponible et indispensable, on fait encore appel à lui. Universellement

reconnu spécialiste des forêts tropicales indochinoises il se voit confi er par la FAO à

Rome et le BIT à Genève des missions pour tenter de reconstituer ces forêts après les

ravages de la guerre du Vietnam.

Page 94: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

94

LA VIE DE L’ASSOCIATIONHommages

Sa retraite est enfi n prise dans sa char-

mante maison d’Antibes où son épouse

et lui ne se lassent ni de la Méditerranée,

ni des pépinières de roses, ou de ses

collections d’orchidées exotiques, ni de

recevoir avec affabilité et délicatesse de

fi dèles et nombreux amis. Beaucoup de

ceux-ci sont gens de valeur, de toutes

professions, rencontrés au cours de cet

impressionnant itinéraire et séduits par

un esprit brillant, ouvert et modeste.

Notre camarade est resté parmi les der-

niers français à avoir pu, grâce à sa pro-

fession et à ses qualités personnelles,

donner le meilleur de lui-même au ser-

vice de la France civilisatrice et au béné-

fi ce de ses plus lointains protégés.

Depuis 2003, à la disparition de son

épouse si bienveillante, ce sont ses fi lles

Aline et Christine qui vont lui apporter

sans relâche les soins constants et l’affec-

tion dont il a toujours été entouré. C’est

à son souvenir qu’elles vont désormais

veiller et, comme ses amis et camarades

que l’âge malheureusement disperse,

conserver de cet homme de bien la plus

sympathique des images.

❙ Claude Monnier (INA 38)

Parmi ses écrits on peut citer :

– La forêt des pays montagnards du Sud

Vietnam et ses produits, 1955, Revue

Bois et Forêts des Tropiques, n° 40,

Nogent-sur-Marne

– Le Pin à 3 feuilles de Langbian, 1958,

Revue Bois et Forêts des Tropiques, n° 57,

Nogent-sur-Marne

– A propos de la forêt claire du Sud-Est

asiatique, 1959, Revue Bois et Forêts des

Tropiques, n° 64, Nogent-sur-Marne

– Le ray dans quelques villages des

Hauts-plateaux du VietNam, 1958,

Colloque de la Société Botanique de

France

Pierre DELAVIGNE (G 30), René DELPECH (P 39),

Loic DURAND-GASSELIN (G 41),

François DE CHABERT-OSTLAND (P 41, ENGR 46, Ing civil GR),

Jacques COURTIN (P 43, ENGR, IGGREF honoraire),

Guy DEGOS (P 44, ENEF 48), Jean-Pierre MENAGER (P 44),

Eugène JOLIVET (P 45), Bernard MARAVAL (P 47), Max RIVES (P 47),

Albert VOREUX (P 48), Guy BOURAT (P 49), Philippe GILLES (P 50),

Paul LUCAS (P 51), Gérard JOYAUX (P 53, ENSSAA 57, ICA en retraite),

Claude CHAMPION (G 54), Pierre MOUCHET (P 54),

Jacques MENOU (DE) (P 55), Philippe COLLET (P 55, ENGREF 59,

ICGREF e.r), Guy LAPORTE (P 55), Raymond COLOMBEL (A 52, ENSSAA 58,

IGGREF honoraire), Daniel BERTHERY (P 65, ENGREF 70, IGGREF Honoraire),

Gilles QUEINNEC (E 65), Gilles THEVENET (P 68),

Jacques BELLEVILLE (X 63, ENGREF 68, IGREF),

Jean BARATIER (ENITRTS, IGREF 68, IGREF en retraite),

Jean Roger MARTIN (PG 77, ENSSAA 81, ICPEF), Sylvie SENS (PG 79)

Nous ont quitté récemment…

Carrière de Raymond Colombel (IGGREF honoraire)Raymond Colombel est né en 1930 à Strasbourg et décédé le 17 janvier 2012 à Meudon.

La carrière de son père l’a conduit à faire ses études secondaires à Tunis et à Bizerte.

Il intègre l’ENSA d’Alger en 1952 et choisit la voie des Services agricoles : à ce titre, il suit le cursus de l’ENSSAA dont il sort en 1958. Il est nommé ingénieur des Services agricoles.

Il a eff ectué l’essentiel de sa carrière à l’international dans les postes d’expansion économique des ambassades. C’est ainsi qu’il a été attaché agricole à Rome de 1959 à 1964, puis au Consulat général de France à Sarrebruck de 1964 à 1970

Il est intégré dans le corps des IGREF en 1965.

Raymond Colombel est revenu à la DREE (direction des aff aires économiques exté-rieures du Ministère de l’économie et des fi nances) de 1970 à 1976 puis il est nommé attaché agricole à Bonn de 1976 à 1981.

Il a été ensuite conseiller commercial à Tokyo à l’époque où de nombreuses entreprises françaises cherchaient comment s’implanter au Japon.

Revenu à la DREE, il est nommé directeur régional du commerce extérieur en Cham-pagne Ardenne puis rejoint le conseil général du GREF où il met ses compétences au service de la Commission des Communautés européennes dans un bureau qui a en charge les dossiers d’aide aux entreprises pour la recherche.

Raymond Colombel a toujours conservé des liens étroits avec ses collègues du GREF malgré son éloignement géographique. Il est l’un de ceux qui ont accompli une car-rière réussie au Ministère de l’économie et des fi nances avec une double compétence d’économiste agro-alimentaire et de diplomate.

Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille.

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BESOIN D’UNE SALLE À PARIS ?

AgroParisTech Alumni peut mettre

des salles de réunion à disposition

d’autres associations, d’organismes,

d’institutionnels, de sociétés,

de consultants, de diplômés cotisants ou

non et de leurs familles ou partenaires.

Ces salles, équipées en wifi pour un accès

internet à haut débit, sont situées au

premier étage du 5 Quai Voltaire, avec vue

sur le palais du Louvre et la Seine.

Pour tous renseignements sur la disponibilité et les conditions de location :

Mme Sylvie Servais 01 42 60 25 00 ou [email protected]

LA GRANDE SALLE VOLTAIRE (50 M²)

– Peut accueillir jusqu’à 25 personnes dans une configuration avec table centrale ou en U

– Jusqu’à 60 personnes en configuration cinéma

Ces salles peuvent être équipées d’un écran et d’un vidéo-projecteur, la grande salle disposant en outre d’une sonorisation avec deux micros HF et d’une climatisation.

LA PETITE SALLE ORSAY (15 M²)

– Peut accueillir jusqu’à 10 personnes autour d’une table

Page 96: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

96

La croissance chinoise, qui a atteint

un niveau et une stabilité inédits

au cours des trente dernières

années, a fi ni par ôter toute crédibilité aux

détracteurs de son modèle de développe-

ment, malgré les déséquilibres inquiétants

qu’ils dénoncent. Le temps passant, le

crédit des « sceptiques » s’est amenuisé,

jusqu’à rendre leur discours totalement

inaudible. Or l’Histoire nous enseigne

que c’est justement dans ces moments

où partout la garde est baissée que les

crises sont les plus violentes, car les moins

attendues.

Un gigantisme intimidant

La fascination que la Chine exerce sur les Occidentaux réside d’abord dans son gigan-

tisme, qui autorise tous les fantasmes. Il est vrai qu’avec 1,3 milliard d’habitants, l’empire

du Milieu reste aujourd’hui le pays le plus peuplé du monde sur un territoire grand

comme 14 fois la France. Surtout, après avoir été le premier contributeur à la croissance

mondiale depuis le début du millénaire, le pays dispose désormais des plus grands

barrages hydrauliques, des réseaux ferroviaire et autoroutier les plus vastes au monde,

forme le plus grand nombre de pianistes ou d’ingénieurs sur la planète et produit plus

de matières premières, de biens alimentaires, d’engrais, de produits électroniques ou de

voitures que tous ses concurrents. Une telle réussite fait rêver les hommes politiques et

les industriels du monde entier. Il faut dire que sur le papier, le potentiel laisse entrevoir

des perspectives faramineuses à long terme : l’empire du Milieu, qui comptait sur son

sol près de 20 % de la population mondiale en 2011, ne représente qu’à peine 4 % de

Chine : entre fascination et aveuglement

Tribunes Libres :votre terrain d’expression

A l’occasion de la sortie de son livre : « La Chine : une

bombe à retardement » publié chez Eyrolles et coécrit

avec Jean-Luc Buchalet (PG 79), Pierre Sabatier (PG 01),

économiste et président de PrimeView, pointe du doigt les

limites du modèle de développement du géant asiatique.

Pierre Sabatier

Pierre Sabatier

Page 97: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

97 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

la consommation des ménages dans le

PIB mondial, alors que les États-Unis,

dont la population ne représente que

4,5 % de la population mondiale, tota-

lisent 16 % de la consommation du globe.

Tous les espoirs sont donc permis pour

les Occidentaux, qui voient d’un bon œil

ce « nouveau monde » caractérisé par un

taux de croissance élevé, quand leurs pays

s’enfoncent dans une morosité de plus en

plus pesante.

Une inertie positive

Le succès prolongé de l’empire du Milieu

a fait perdre leur discernement à de nom-

breux économistes, commentateurs ou

investisseurs, d’autant plus sujets à ce

phénomène qu’ils évoluent dans un

monde clos. C’est la raison pour laquelle

la plupart des avertissements sur les

dérives de l’économie chinoise ont sou-

vent reçu comme accueil un scepticisme

à tendance condescendante… jusqu’au

second semestre 2011.

Car les choses commencent à évoluer à la

marge : au cours des derniers mois, on a

pu remarquer l’apparition dans les médias

d’articles s’inquiétant des conséquences

économiques, sociétales et environnemen-

tales de cette croissance chinoise débridée.

Après 30 ans d’accroissement de sa pros-

périté, il devient urgent de se préparer à

cette idée : la Chine n’est pas immunisée

contre les crises, comme d’ailleurs aucun

pays du monde. Ce nouvel élan de luci-

dité peut s’expliquer : historiquement,

les grandes réussites économiques et

financières ont presque toujours été

accompagnées par un mouvement de

croyance collective en une « nouvelle

ère », modifi ant les fondamentaux de la

sphère économique locale ou internatio-

nale. C’est la thèse retenue par les experts

pour expliquer l’émergence structurelle de

la Chine et de son « capitalisme socialiste

de marché » depuis le début du millénaire,

comme ils l’avaient déjà fait pour le Japon

et son « capitalisme de connivence » dans

les années 1980 ou pour les États-Unis

et leur « bulle Internet » dans les années

1990, avec les conséquences que l’on

connaît… L’histoire se répète rarement

mais rime souvent.

Un modèle obsolète

La prise de conscience des limites du

modèle chinois n’en est pour autant

qu’à ses balbutiements. À la différence

de l’émergence des grandes puissances

économiques lors des siècles passés

(chemins de fer et Empire britannique

au XIXe siècle, Internet et États-Unis au

XXe siècle, etc.), l’expansion chinoise des

30 dernières années ne s’explique par

aucune avancée technologique majeure.

C’est la raison pour laquelle le pays ne sera

pas en mesure d’atteindre les 33 % de PIB

mondial en 2050 que certains économistes

lui prédisent, quand l’Europe et les États-

Unis réunis ne pèseraient plus que 21 %

du PIB mondial selon les mêmes antici-

pations (contre 55 % en 2011). La planète

ne résisterait en effet ni aux niveaux de

consommation en ressources et en énergie

engagés, ni à la production de déchets

associée. Un tel scénario est d’ailleurs

d’autant moins crédible qu’il impliquerait

une envolée des prix du pétrole à plus de

300 $ le baril, entraînant un effondrement

du pouvoir d’achat des ménages occiden-

taux et des profi ts des entreprises, avant

de provoquer un plongeon de l’économie

mondiale.

Des fondations fragiles…

Ce modèle de croissance, héritage de la

seconde révolution industrielle qu’ont

connue les pays riches tout au long du

XXe siècle, est désormais à bout de souffl e,

tant par son caractère « énergivore » que

par le refus des nouvelles générations

d’évoluer dans des sociétés aussi hiérar-

chisées et verticales que par le passé. La

pensée confucéenne et les normes sociales

rigides sont désormais étrangères à une

jeunesse chinoise qui a grandi dans les

réseaux sociaux, privilégiant la transpa-

rence, le comportement coopératif et les

relations pair-à-pair. Ces jeunes sont fati-

gués d’être gouvernés par des dirigeants

brutaux et arbitraires et de vivre dans une

société gangrénée par la corruption, où la

règle du jeu est le clientélisme et non le

mérite, où les détenteurs du pouvoir s’en-

richissent personnellement aux dépens

des masses. Cette nouvelle génération

va exiger le changement. Quelle forme

prendra-t-il ?

❙ Pierre Sabatier (PG 01)

@Pierre_Sabatier

Pour en savoir plus : www.primeview.fr

180 pages, 16 €, Eyrolles. Mai 2012.

Page 98: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

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TRIBUNES LIBRES : votre terrain d’expressionBruno Le Bansais

Quelques minutes au journal de

vingt heures, plusieurs pages de

reportage photo dans un maga-

zine à grand tirage. La solidarité interna-

tionale, qui fait appel à nos sentiments

d’altruisme et de compassion, trouve

presque automatiquement sa place dans

les grilles des programmes de la grande

industrie de l’information. Tant mieux !

Mais ces enquêtes, ces reportages, d’où

viennent-ils ? Lorsqu’ils ne sont pas issus

de ces crises où les avions se remplissent

de journalistes, ils sont presque systé-

matiquement réalisés avec la complicité

active des ONG de terrain : les rédactions

trouvent là le moyen de rapporter des

images venant de zones diffi ciles d’accès,

et les associations de faire parler de leurs

actions. Un mariage qui n’a rien d’inces-

tueux, mais qui ne favorise pas l’appro-

fondissement des sujets.

Parler de solidarité internationale à tout le monde, en toute indépendance

Qui informe le grand public sur la solidarité internationale ?

A quelques exceptions près, les ONG elles-mêmes. En

proposant le magazine mensuel « Là-Bas » vendu en

kiosque, Bruno Le Bansais (X-Gref 06) tente de prouver

qu’il y a une place pour l’indépendance et l’entrepreneuriat

dans l’humanitaire. Et un public pour suivre.

D’autant plus que l’autre canal par lequel tout un chacun entend parler de la solidarité

internationale est bien sûr la multiplication des campagnes d’appel aux dons ou de

sensibilisation. Formatées, étudiées, elles rivalisent d’efforts de créativité pour attirer

l’oeil du quidam sur des malheurs plus ou moins lointains. Leur réussite dépend de la

capacité des ONG à représenter des valeurs morales positives. L’image des ONG leur

est donc précieuse, elles n’ont donc aucun intérêt à lâcher la prise qu’elles possèdent

sur leur traitement médiatique.

Amener le journalisme indépendant dans la solidarité internationale

Pour toutes ces raisons, j’ai mené le projet de créer un magazine papier indépendant,

fi nancé par les ventes en kiosque, les abonnements, et avec un peu de chance quelques

pages de publicité. Un modèle économique volontairement classique, déjà mis en œuvre

pour parler de tatouage, de cyclisme, de 2CV ou de locomotives en modèle réduit : des

titres « de niche » qui s’adressent à un public très spécifi que en lui proposant un ren-

dez-vous régulier. Mais que personne n’avait pensé à utiliser pour parler de solidarité

internationale.

J’ai la prétention de croire qu’un média indépendant profi tera aux ONG elles-mêmes.

Pensons à l’affaire de l’arche de Zoé, où tout commentaire venant d’une ONG était délicat

voire risqué. Voyons également la polémique née autour de la demande d’arrêt des dons

pour la réponse humanitaire au tsunami de 2004, qui aura eu besoin de toute la stature

d’un Rony Brauman pour que le grand public puisse l’accepter. Dans mes échanges avec

les ONG, elles m’auront souvent confi é qu’il « manquait quelque chose » pour parler

au grand public : une analyse qualifi ée et indépendante, qui s’exprime en dehors des

Bruno Le Bansais

Photo d’Arnaud Legrand (PG 04 Gref 06)

Page 99: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

99 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

commerce dans un but d’aide au dévelop-

pement. Tout cela représente à la fois la

justifi cation de l’existence de « Là-Bas »,

et la source d’inspiration des nombreux

sujets qui feront le magazine.

❙ Bruno Le Bansais (X, Gref 06)

Directeur de Là-Bas magazine

* On saluera d’ailleurs les démarches entreprises par MSF à travers CRASH et le CICR avec leur blog « L’humanitaire dans tous ses États ». En termes de magazine, l’exemple le plus abouti est sans doute Altermondes, magazine édité par le CRID, Oxfam France, peuples solidaires et Ritimo. Objet collectif donc, mais pas indépendant. Et sur internet sont proposés Grotius.fr et Youphil.com.

crises. L’idée qu’une communication trop

maitrisée fi nit par enfermer les discours

semblait être inconsciemment présente

dans les esprits. Car il y a beaucoup de

choses que les ONG ne peuvent pas ver-

ser dans leur discours au grand public :

le gâchis des dons matériels, la diffi cile

gestion du moral des expatriés, les négo-

ciations sur le terrain, et tout simplement

l’inévitable : les erreurs. Les humanitaires

ne sont pas hermétiques à la critique, ni

même à l’autocritique, bien au contraire !

Ils manquent simplement de terrains pour

l’exprimer*.

Une structure privée pour parler des ONG

Si elle répond donc bien à un besoin de

communication, la création du magazine

« Là-Bas » reste une aventure commer-

ciale : il s’agit de vendre un produit et de

trouver son public. Pour exister, le maga-

zine va avoir besoin de vendre 10 000

exemplaires chaque mois en kiosque, et

de développer rapidement sa base d’abon-

nés. Donc la couverture est formatée pour

attirer l’oeil, le titre est court, la ligne

éditoriale réserve une certaine place aux

bonnes nouvelles, et le niveau de lecture

est fait pour s’adresser à un public large

et non spécialiste.

La nouveauté de ce concept représente

un risque : celui que qu’une frange du

public puisse considérer tout ce qui relève

du secteur privé comme illégitime pour

parler d’humanitaire. Il est certain que

cette voix s’exprimera. Mais l’essor de

l’économie sociale et solidaire affi rme la

tendance à décloisonner les catégories :

une entreprise peut exister sans avoir le

profit comme but, une ONG peut tra-

vailler en ayant à l’esprit des objectifs de

rentabilité. C’est l’une des nombreuses

évolutions en cours du monde de la soli-

darité internationale. En témoignent le

micro-crédit, les projets d’appui aux petits

entrepreneurs privés, et même la créa-

tion directe de structures de service ou de

La recette d’un magazine grand public« Là-Bas », c’est une équipe de 4 personnes : Bruno Le Bansais (X-ENGREF, Directeur de la Publication), Carol Galand (journaliste, Rédactrice en chef), Arnaud Legrand (Agro-ENGREF-CDI, Directeur de la Photographie), Anne-Lise Leibiuski ( journaliste, Attachée de Presse). Les articles sont rédigés des collaborateurs réguliers, pour la plupart journalistes ayant déjà connu le monde de la solidarité et s’exprimant habituellement dans la presse d’information générale. Financé principalement par ses ventes en kiosque et ses abonnements, « Là-Bas » propose également des espaces aux annonceurs qui souhaitent soutenir la presse indépendante et solidaire, mais aussi aux organismes souhaitant annoncer leurs évènements publics auprès d’un lectorat qualifi é.

Chaque mois, « Là-Bas » est imprimé sur papier certifi é FSC à 20 000 exemplaires et distribué dans 4 000 points de vente en France, Suisse et Belgique.

Renseignements, points de vente et abonnements sur www.labas-mag.fr

Photo d’Arnaud Legrand (PG 04-Gref 06)

Page 100: Le Magazine d’AgroParisTech Alumni REGARDS SUR… La forêt … Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012 7 La forêt tient une place toute particulière

100

TRIBUNES LIBRES : votre terrain d’expressionHenri Cadillac

Diminution des traitements

Le dernier Grenelle de l’environnement

fait obligation de diviser par deux les

quantités de pesticides utilisées en viti-

culture en 2018. Le problème est que les

travaux de recherche menés depuis des

décennies par l’INRA ne portaient pas

sur les maladies de la vigne et les moyens

de rendre les cépages plus résistants aux

attaques des champignons  : mildiou,

oïdium, botrytis ou des insectes comme

certains papillons (tordeuses) dont les

larves se nourrissent des grains de la

grappe.

Le PK2 devait s’utiliser contre le mildiou

avec des fongicides de contact tels le

folpel ou le mancozèbe en divisant les

doses d’emploi par 2 ou 3. A ce titre il

apparaissait comme un Stimulateur des

Défenses Naturelles (SDN) semblable-

ment à un autre produit lancé quelques

Traitements de la vigne, une méthode originale

Dans un vignoble du Médoc les traitements ont été menés

en suivant les conseils d’un ancien directeur de recherches

de l’INRA Jean-Louis Soyez. Il proposait l’emploi du

PK2 avec certains fongicides, à des doses réduites. Les

résultats obtenus après 15 ans de progrès présentent

l’intérêt d’obtenir des vins contenant très peu de résidus

des pesticides utilisés pour les traitements.

années avant : le Fosétyl-Aluminium. Mais il avait aussi l’originalité de résorber la

carence en potasse et à ce titre c’était aussi un engrais foliaire, qui était effi cace à des

doses beaucoup plus faible que par des apports au sol de sels potassiques.

En résumé ce produit permet de mieux résister au mildiou et de résorber une carence

avant qu’elle ne se manifeste. C’était un résultat encourageant et une invitation à

prévenir les carences au lieu d’attendre quelles se manifestent, en faisant faire des

analyses foliaires par des laboratoires spécialisés. Ils vous proposent 6 analyses en

cours de campagne espacées d’une semaine, et situent la teneur en éléments, et en

oligo-éléments de la sève. Cela rappelle les analyses de sang qui sont devenues pour

les humains d’un usage courant.

Cette méthode a permis d’obtenir de bons résultats en un peu plus d’une décennie.

Pour lutter contre l’oïdium autre maladie redoutable après le mildiou, l’usage du soufre

est de rigueur.

Résultats

Les faibles quantités de pesticide accompagnant l’usage du PK2 et le maintien d’une

bonne santé de la vigne par prévention des carences devaient avoir pour conséquence la

réduction des teneurs en pesticides du vin, d’autant plus que les fongicides anti-mildiou

précités se métabolisent et disparaissent en 2 semaines après application.

Le laboratoire Inter-Rhône situé à Orange fait depuis peu des analyses de résidus

de pesticides dans le vin avec une précision du millième de milligramme par Kg. Les

Henri Cadillac

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101 Symbiose – le magazine d’AgroParisTech Alumni – NO 4 – Mai 2012

eaux de sources doivent répondre à de

telles normes. En ce qui concerne le vin

les normes de l’UE sont établies en mil-

ligrammes par Kg, et elles sont pondé-

rales car lorsqu’elles n’existent pas pour

le vin on se réfère aux normes des raisins

de table. Ces normes sont les Limites

Maximum de Résidus (LMR).

Les analyses de cuivre sont les teneurs

naturelles dans la plante, et ne résultent

pas d’apports par les traitements.

Ci-joint les résultats d’analyse de vin des

millésimes 2008 et 2009. Les résidus se

situent à moins de 1 % de la LMR.

Conclusion

L’usage du PK2 et les analyses foliaires

donnent des résultats très encourageants.

Il ne faut plus traiter la vigne sans se

soucier de sa santé, les analyses foliaires

devraient être pratiquées constamment.

Et les attaques de botrytis ne sont plus

un problème.

❙ Henri Cadillac (P 60), pédologue de

l’Agro de Paris-P 60

12, route de Hontane – 33 340 Ordonnac

[email protected]

Ancien PDG de SA Vignobles

Cadillac-Château Taffard de Blaignan

Pesticides Norme Analyse Résultats Analyse Résultats Analyse Résultats

LMR Résultats  % Résultats  % Résultats  %

μg/Kg μg/Kg (1) LMR (1) μg/Kg (2) LMR (2) μg/Kg (3) LMR (3)

Fongicides

Mildiou

Cuivre 50 000 60 0,12 80 0,16 40 0,08

Dimetomorphe 3 000 18,6 0,62 17,8 0,59 inf à 5 0

Fenamidone 500 ND 0 ND 0 ND 0

Iprovalicarbe 2000 1,9 0,10 1,9 0,10 ND 0

Benalaxyl 200 ND 0 ND 0 ND 0

Benalaxyl-M (Kiralaxyl) 200 ND 0 ND 0 ND 0

Oxadixyl 10 ND 0 ND 0 ND 0

Metalaxyl 1 000 ND 0 ND 0 ND 0

Metalaxyl M (Mefenoxam) 1 000 ND 0 ND 0 ND 0

Pyraclostrobine 2000 ND 0 ND 0 ND 0

Azoxystrobine 2000 ND 0 ND 0 ND 0

Oïdium

Spiroxamine 1 000 ND 0 ND 0 ND 0

Cyproconazole 200 ND 0 ND 0 ND 0

Fenbuconazole 1 000 ND 0 ND 0 ND 0

Flusilazole 200 ND 0 ND 0 ND 0

Metrafenone 500 ND 0 ND 0 ND 0

Penconazole 200 ND 0 ND 0 ND 0

Quinoxyfene 1 000 ND 0 ND 0 ND 0

Myclobutanil 1 000 ND 0 ND 0 ND 0

Kresoxym Methyl 1 000 ND 0 ND 0 ND 0

Tetraconazole 500 ND 0 ND 0 ND 0

Tebuconazole 2000 ND 0 ND 0 ND 0

Botrytis

Iprodione 10 000 ND 0 ND 0 ND 0

Pyrimethanil 5 000 ND 0 ND 0 ND 0

Mepanipyrim 3 000 ND 0 ND 0 ND 0

Fenhexamid 5 000 Inf à 1 0 1,3 0,03 ND 0

Fludioxonil 4 000 ND 0 ND 0 ND 0

Cyprodinil 5 000 inf à 5 0 inf à 5 0 inf à 5 0

Boscalid 5 000 ND 0 ND 0 ND 0

Diethofencarbe 1 000 ND 0 ND 0 ND 0

Carbendazime+Benomyl 500 ND 0 ND 0 ND 0

Insecticides

Tordeuses

Tebufenozide 3 000 ND 0 ND 0 ND 0

Tebufenpyrad 500 ND 0 ND 0 ND 0

Chlorpyriphos-Ethyl 500 ND 0 ND 0 ND 0

Spinozad 500 ND 0 ND 0 ND 0

LMR : Limite Maximum Résidus — ND : Non Détecté — μg/Kg : Micro-grammes/Kg

(1) Ch. T., 2008 — (2) Ch. T. de B., 2008 — (3) Ch. T. de B. 2009

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LU, VU, ENTENDU

Lu, Vu, EntenduLU

Et si l’agriculture sauvait l’Afrique ? Alors que l’Afrique, avec les événements actuels au Mali, fait

encore tristement la Une de l’actualité, le livre d’Hervé Bichat

(P 57, IGREF) est un appel à une réfl exion pragmatique pour

l’essor de ce continent plein de richesses. Hervé Bichat a souhaité

témoigner, d’abord parce que la crise qui touche le continent noir

a suscité bien des critiques sur la capacité des Africains à accéder

à une société industrielle évoluée. Ensuite, parce que la pensée

économique dominante d’aujourd’hui est incapable de prendre

en compte les ressorts profonds de l’agriculture africaine. Or

l’histoire démontre que, sans une agriculture dynamique, il n’y a

pas de développement.

Et si l’agriculture sauvait l’Afrique ?

Hervé Bichat — 2012, Éditions Quæ — 160 pages — Collection Essais

Disponible au format numérique sur www.quae.com

VU

Le site internet de l’OCHA, Observatoire CNIEL sur les Habitudes Alimentaires

L’Observatoire mis en place par le Centre National Interprofessionnel de l’Economie

Laitère est une mine d’informations scientifi ques sur les habitudes alimentaires.

Une fois n’est pas coutume, les sciences sociales sont particulièrement valorisées par

l’OCHA, avec des colloques réguliers sur des thématiques telles que le plaisir dans

l’alimentation, les discours et représentation de la gastronomie, le patrimoine fromager

français, les alimentations particulières… Dont les actes, et bien d’autres documents

d’intérêt, sont téléchargeables sur le site internet. A visiter !

www.lemangeur-ocha.com

ENTENDU

Émission « Planète des Hommes », France 5

Planète des Hommes réunit quatre-vingts histoires fascinantes,

pour beaucoup jamais diffusées à la télévision. Chaque épisode

explore un environnement particulièrement hostile et nous

révèle comment ses habitants ont trouvé des solutions pour y

survivre. En fi n de parcours, nous visitons la jungle urbaine, où

nous vivons presque tous maintenant, et découvrons pourquoi

ici, aussi, le lien entre l’Homme et la nature prime sur tout le reste.

Les émissions sont diffusées sur la chaîne et également disponibles sur le site internet :

www.france5.fr/planete-des-hommes/

ENVOYEZ-NOUS VOS ARTICLESSymbiose est avant tout votre revue.

Chaque ancien d’AgroParisTech a

une expertise, un parcours, un savoir

à partager avec ce nouveau réseau,

né avec AgroParisTech Alumni. Nous

vous invitons à nous écrire si vous

souhaitez que nous traitions un sujet

dans ces pages, ou encore mieux, si

vous souhaitez écrire vous-même !

Voici quelques règles pour la soumission des articles :

Les articles (texte, tableaux et fi gures

compris) doivent être adressés par

courrier électronique à la rédaction

de Symbiose à l’adresse suivante :

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de l’article, aussi court et précis que

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et noms des auteurs, l’adresse de

l’organisme si pertinent, le mail de

l’auteur.

• Une introduction, permettant au

lecteur, même non spécialiste, de

connaître l’orientation et l’étendue

de l’article.

• Un résumé en anglais de 200 carac-

tères au maximum (espaces com-

pris), qui doit être une véritable

synthèse de l’article.

Tout article adressé à la revue est

soumis à relecture par le Comité de

rédaction qui peut décider de publier

ou non l’article. Il peut également être

demandé des précisions aux auteurs.

Nous espérons recevoir prochaine-

ment de nombreuses propositions

de contribution. Si vous souhaitez en

discuter avec nous, surtout n’hésitez

pas à nous joindre via l’adresse email

de la revue.

A venir : dans nos prochains numéros,

vous trouverez également les carnets,

rencontres et mutations professionnelles

de nos camarades.

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Et si nous parlions d’avenir ?Des garanties qui assurent l’avenir ?Face aux risques de la vie, le rôle de l’OCIRP est d’unir des organismes de prévoyance afin d’offrir des garanties complémentaires aux salariés dans le cadre d’un contrat collectif. L’OCIRP, organisme paritaire géré par les représentants des salariés et des employeurs, assure près de 5,4 millions de salariés et 1,2 million d’entreprises.

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