Le Livre du Pouvoir - sergelepage.com · Le Livre du Pouvoir Éditions Mots en toile Roman Extrait de la publication. ... voix inconnue, anglophone, l’interrompit pour lui dire

Le Livre du Pouvoir

Extrait de la publication


Serge Lepage

Le Livre du Pouvoir

Éditions Mots en toile

Roman


Dépôt légalBibliothèque et Archives nationales du Québec — 2013Bibliothèque et Archives Canada — 2013ISBN : 978-2-923445-44-1Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés© Éditions Mots en toile 2013

Graphisme et mise en page : Jean BergeronCorrection : Jean-Pierre Rhéaume

Les Éditions Mots en toileTéléphone : 514 680-91861237, rue BeaudryMontréal, QC H2L 3E3Courriel : [email protected]


Merci Nicole et Marie-Thérèse ;

vous avez été les premières à croire que je pourrais écrire.

Merci Jean ; ton travail acharné sur ton propre livre m’a

donné un bon exemple qui m’a incité à sortir mon manuscrit

du tiroir où il reposait depuis des années.

Merci à ceux et celles qui ont accepté de lire l’une ou l’autre

version de ce roman, particulièrement

à vous Marie-France, Louise, Catherine et Julien ;

vous m’avez permis de croire à une

possible publication de cette histoire.

Enfin, un merci tout spécial à toi, Lise, ma conjointe ;

grâce à toi, tout s’est mis en place comme par magie.

À Josiane, ma fille adorée.

Je te souhaite une vie riche et palpitante.


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Prologue

Alex regardait sa montre aux dix minutes. Depuis près d’une heure, il faisait les cent pas dans sa chambre d’hôtel, essayant d’évaluer les conséquences de ce que lui avait annoncé au télé-phone son collaborateur, plus tôt dans la journée. Y avait-il vraiment un espoir, comme Paul le pensait, de retrouver le manuscrit égyptien qu’ils recherchaient depuis si longtemps ? Alex serait fixé sur la réponse à donner à cette question dès que Paul se montrerait le bout du nez ; mais il tardait mystérieuse-ment. Il avait dit à Alex qu’il s’en venait directement à l’hôtel, ce qui aurait normalement dû prendre quinze minutes, tout au plus. Plus l’heure avançait, plus Alex devenait nerveux. Que faisait donc Paul ? Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes d’être en retard.

Vers 23 h 15, la sonnerie du téléphone fit sursauter l’historien. Comme il s’apprêtait à demander à Paul ce qui le retardait, une voix inconnue, anglophone, l’interrompit pour lui dire que Paul Maynard avait été heurté par une automobile et qu’il était dans un état critique. On l’avait transporté à l’hôpital universitaire George Washington, à quelques pas du lieu où l’accident s’était produit. À la seconde où Alex entendit les mots « dans un état critique », sa gorge se noua. Sans perdre une seconde, il raccro-cha et sauta dans un taxi qui le conduisit en quelques minutes à l’hôpital où Paul avait été emmené. Quand Alex arriva à son chevet, son ami était inconscient, couvert de bandages et bran-ché sur un respirateur. Il pria le Ciel pour que Paul s’en tire, mais ce fut en vain. Trois quarts d’heure plus tard, Paul May-nard rendait l’âme sans avoir repris connaissance. Atterré, Alex fondit en larmes. Il ne pouvait se résoudre à croire que son proche collaborateur et ami de longue date avait quitté ce monde pour toujours ! Confus, il essayait de comprendre ce qui avait pu se passer pour qu’un tel événement se produise. Les images se succédaient rapidement dans sa tête, depuis la nouvelle de l’obtention de la subvention de recherche jusqu’au dernier coup de fil de Paul.


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Un mois plus tôt…

— Professeur Vincent ! Vous avez reçu une grande enveloppe d’Ottawa. Elle vient du Conseil national des sciences.

Alex leva les yeux au ciel.

— La réponse à votre subvention ? demanda Louise Poirier, l’adjointe administrative du département, le regard inquiet.

— Probablement ! Croisez-vous les doigts pour qu’elle soit positive.

Sans attendre, Alex déchira l’enveloppe et commença à lire son contenu. Dès qu’il lut les mots « Nous avons le grand plaisir de vous faire part de... », il lâcha un grand cri de joie qui fit sur-sauter Louise.

— Ils vous l’ont enfin accordée, dit-elle en replaçant son che-misier. Mes félicitations !

— Oui, ils nous ont enfin accordé notre subvention. Ce n’est pas trop tôt. Trois fois qu’on s’y est pris pour obtenir ces foutus 350 000 $. Enfin, on va pouvoir partir à la recherche du Manus-crit d’Akhenaton.

— Vous êtes certain que vous ne pouvez pas m’emmener ?

— Malheureusement, ma chère Louise. Nous serons déjà quatre sur le terrain, vous savez. Cette subvention ne nous per-mettra pas de faire des folies !

— Des folies ! Moi !

— Euh ! Ce n’est pas ce que je voulais dire.

— Je vous taquine, mais l’Italie, c’est quand même mon rêve. Toutes ces belles villes que sont Florence, Venise, Rome et Milan. Ah ! Que je vous envie !

— On pourrait peut-être vous accueillir à la mi-session.


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— C’est vrai ? Vous pouvez être certain que je vais y penser sérieusement.

— Si vous voulez bien m’excuser, Louise, je vais aller dans mon bureau pour lire les commentaires des membres du jury et savourer chacun de leurs mots.

— Allez ! Laissez-moi toute seule rêver de l’Italie.

Sitôt qu’Alex fut dans son bureau, il lut avec grand plaisir les commentaires positifs des cinq pairs qui avaient jugé son pro-jet. C’est grâce à ces mêmes pairs, qui par deux fois avaient opposé un refus, qu’il avait pu améliorer la proposition au point où elle était maintenant qualifiée d’extrêmement intéressante et novatrice.

« Vous pouvez bien dire que c’est intéressant, ma bande de salopards, après tout ce que vous avez employé comme arguments pour me refuser cette subvention, les années pré-cédentes. Mais je dois tout de même avouer que vous aviez en partie raison, le projet est à présent beaucoup mieux. »

L’historien posa la lettre sur son bureau et décrocha le télé-phone tout en murmurant « C’est Paul qui va être content d’apprendre la nouvelle. »

— Paul ? C’est Alex. Devine quoi. J’ai reçu la réponse du Conseil national des sciences.

— Un autre refus, je suppose ?

— Pas cette fois-ci, mon vieux. J’ai de la difficulté à le croire, mais nous avons notre subvention !

— En entier ?

— Oui, en entier.

— Wow ! C’est super. Qu’est-ce qui leur a pris ?

— Il paraît que c’est un projet intéressant et novateur !

— Ne me dis pas qu’ils ont enfin compris !

— Faut croire que oui.

— Bonne nouvelle. On va être en mesure de poursuivre.


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— Oui, et même si nous n’irons pas en Italie avant l’automne prochain, je tiens à ce que nous nous rendions à Washington le plus tôt possible. Je veux voir ce qu’il y a à la Bibliothèque du Congrès.

— Je pourrais peut-être en profiter pour aller à l’université George Washington. J’ai un contact là-bas et je sais que leurs bibliothèques possèdent des collections de livres rares. Si tu veux, j’appelle le gars pour voir s’il peut nous aider.

— Bonne idée. Pendant ce temps, j’annonce la bonne nou-velle à Stan et j’organise notre visite là-bas. Que dirais-tu de la semaine du… 4 mars ? On pourrait y séjourner au moins trois jours.

— Trois jours ? Attends un peu… O.K., ça me va si c’est du mercredi au vendredi.

— Parfait. Je demande à Louise de réserver les billets d’avion et les chambres d’hôtel.

Dès le lendemain, Paul Maynard passa un coup de fil à Kevin Duval, son contact à l’université George Washington. Après avoir brièvement décrit la nature du projet Akhenaton à son interlocuteur, il lui demanda des conseils pour qu’Alex et lui puissent tirer un profit maximum des fouilles qu’ils allaient effectuer dans les bibliothèques de la région. Duval accepta avec plaisir. Familier de ces institutions, il savait très bien comment procéder pour trouver les ouvrages les plus difficiles à déni-cher. Il expliqua sa méthode à Paul et, après quelques instants de réflexion, lui suggéra de contacter un certain Jos Parker. Selon les dires de Duval, cet homme en connaissait long sur les manuscrits de l’Antiquité. Spécialiste du Proche-Orient, il était rattaché au Bureau de la Science et de la Technologie, une institution directement liée à la Maison-Blanche. Parker avait même été Conseiller spécial auprès de quelques présidents américains. Son horaire était très chargé, mais Duval croyait tout de même que l’Américain accepterait de rencontrer les deux Québécois lors de leur séjour à Washington. Il donna à Paul les coordonnées de Parker en lui souhaitant bonne chance dans ses démarches.


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C’est sans se faire prier que Paul contacta le bureau de Jos Parker.

« Jos Parker’s Office, Tania Alvares speaking », répondit la secrétaire, avec une intonation qui ne laissait aucun doute sur son origine latino-américaine. Paul se présenta et expliqua à miss Alvares qu’il souhaitait parler à son patron.

— Désolé, monsieur Maynard, monsieur Parker a dû s’absen-ter pour le reste de l’après-midi. C’est à quel sujet ?

— Le professeur Alex Vincent, de l’université McGill, et moi-même souhaiterions rencontrer monsieur Parker. Nous sommes à la recherche d’un vieux manuscrit égyptien et l’un de nos collègues nous a laissé entendre que monsieur Parker a d’excellentes connaissances en ce domaine. Il semble qu’il pourrait nous donner de précieux conseils sur la poursuite de nos travaux.

— Quand souhaiteriez-vous rencontrer monsieur Parker ?

— Nous allons être à Washington en mars, du 6 au 8.

— Vous dites du 6 au 8 mars. Voyons voir… Non, malheureuse-ment ce n’est pas possible à ces dates-là. Monsieur Parker sera à l’extérieur.

— Je…

— Par contre, je crois qu’il pourrait vous accorder un peu de temps le 5 mars, en après-midi. Il est libre de 15 h à 15 h 30. Je peux voir s’il accepterait de vous rencontrer.

— Ce ne sera pas possible pour moi, mais peut-être que mon collègue pourrait. Réservez-nous cette période, s’il vous plaît, je vérifie sa disponibilité.

— Très bien, monsieur. Rappelez-moi pour me dire si le pro-fesseur Vincent pourra venir. De mon côté, je confirme avec mon patron.

Après avoir raccroché le combiné, Paul resta un long moment assis à son bureau, fixant longuement le téléphone comme si l’appareil allait donner les réponses aux questions qu’il se posait. « Je me demande si ce Jos Parker sait quoi que ce soit

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sur le Livre du Pouvoir. Ça me semble peu probable, mais il y a quand même une possibilité que les Américains s’y soient déjà intéressés. J’espère qu’Alex est libre le 5 ; il faut qu’il rencontre ce Parker. »

Paul était toujours à réfléchir lorsqu’il entendit un cogne-ment.

— Eh ! Professeur Maynard, vous dormez ?

Paul sortit de sa torpeur et tourna la tête en direction de la porte d’entrée de son bureau. Il reconnut tout de suite son vieil ami.

— Stan ! Entre mon vieux. Que me vaut cet honneur ?

— Une simple petite visite de courtoisie.

— Une visite de courtoisie ! Je n’en crois rien. Tu viens aux nouvelles, ce qui veut dire qu’Alex t’a déjà parlé de la subven-tion.

— On ne peut rien te cacher.

Les jours suivants furent sans histoire. Alex modifia son horaire afin de pouvoir se rendre à Washington le 5 mars plutôt que le 6 et demanda à Louise de confirmer le rendez-vous avec Jos Parker. Il occupa ensuite quelques soirées à fouiller dans des cartons contenant des documents qui se rapportaient à son projet. Comme il manquait dramatiquement d’espace dans son bureau, à l’université, une partie de la documentation se rapportant au Manuscrit d’Akhenaton était entassée dans un cagibi au sous-sol de sa maison familiale. Alex ne s’aventurait là que quelques fois par année et c’était toujours pour la même rai-son : essayer de retrouver des livres ou des articles qu’il n’avait pas touchés depuis des lustres et qui étaient généralement dans les cartons les plus difficiles d’accès. Lorsqu’il ouvrait la porte et qu’il tirait sur la chaînette actionnant la lumière, l’historien se disait immanquablement « Quel bordel ! Je vais bien en avoir pour une heure à déplacer toutes ces boîtes. Il faut absolument que j’améliore le rangement dans ce trou à rats. » Et heureu-sement qu’il avait identifié le contenu de chaque carton pour


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se faciliter la tâche, sinon il aurait mis une partie de la nuit à retrouver les documents qu’il cherchait !

Quand Alex ouvrit les cartons poussiéreux, après les avoir extirpés de leur oubliette, il sentit un sentiment de bien-être très particulier l’envahir. Plusieurs des carnets de notes qu’il prenait dans ses mains avaient été compilés une douzaine d’an-nées auparavant, quand il était encore en Europe. En ouvrant ces carnets, il pensa aux nombreuses heures de plaisir qu’il avait savourées dans la Bibliothèque impériale de Vienne, dont la grande salle a été aménagée au début du XVIIIe siècle par un architecte du style baroque. Surmonté d’une coupole recouverte de fresques somptueuses et ornées de colonnes corinthiennes en marbre, de frises, de pilastres, de statues et de sculptures en bois doré, ce sanctuaire du savoir ne fait pas qu’offrir des livres aux utilisateurs qui le fréquentent, il les transporte dans un monde sacré où le temps et l’espace devien-nent irréels !

Après avoir fait l’inventaire du contenu d’une dizaine de cartons, Alex conserva quelques livrets de notes et plusieurs articles scientifiques qui faisaient la description de manuscrits religieux des et XIe et XIIe siècles conservés dans des monastè-res français et italiens. Il garda aussi deux livres sur l’histoire de l’Antiquité qu’il comptait relire. Il replaça ensuite des cartons à la place qu’ils occupaient depuis plusieurs années et rangea dans un endroit plus facile d’accès les trois ou quatre qui étaient les plus susceptibles d’être utilisés au cours des prochains mois. Il éteignit la lumière et referma la porte du cagibi en se disant que ça n’avait pas été trop mal. Sa bonne résolution d’améliorer le rangement du réduit s’évanouit une fois encore.

À 12 h 10, le 5 mars, le Lockheed 1011 de la Delta Air Lines s’envola pour Washington. Dans quelques heures, Alex allait être fixé sur les connaissances de Jos Parker en matière de manuscrits anciens. Entre-temps, l’universitaire relaxait en consultant les revues populaires qui se trouvaient à bord de l’appareil. L’une d’elles faisait l’éloge des grandes villes euro-péennes. Rome, Amsterdam, Paris, Nice, Vienne, Munich et Madrid, autant de lieux enchanteurs pourvus de mar-chés publics, de monuments historiques, de cathédrales et


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de musées qui n’évoquaient en lui que de merveilleux souve-nirs. Il regardait les superbes photographies en couleurs qui présentaient les différents visages de ces lieux magiques et se réjouissait déjà à la pensée qu’il retournerait bientôt dans les « vieux pays ». Il s’endormit sur ces images et ne se réveilla qu’au moment où l’avion touchait le sol, à l’aéroport national Reagan de Washington. Après s’être frictionné le visage avec une serviette humide pour reprendre ses sens et fait quelques mouvements d’étirement, il regarda avec amusement les pas-sagers se presser pour atteindre leurs effets personnels dans les compartiments à bagage et s’entasser dans l’allée pour être les premiers à sortir de l’aéronef. Ayant horreur de la bousculade, il attendit que tout le monde eût quitté le Lockheed avant de se lever de son siège.

Les formalités de douane ayant été complétées à Montréal, il ne fallut que 15 minutes à l’historien pour récupérer son unique bagage et sauter dans un taxi pour se rendre à l’hôtel Sheraton-Carlton où Louise lui avait retenu une chambre. Après y avoir déposé son bagage, il prit un second taxi et se rendit directe-ment au bureau de Parker, à quelques pas de la Maison-Blanche. En arrivant près du bâtiment de la rue Pennsylvania, il regarda à son poignet et vit qu’il était 14 h 50. Il se présenta aussitôt au bureau de la sécurité, où deux gardiens à la mine patibulaire faisaient le guet. Ils l’observèrent attentivement et notèrent les détails de sa rencontre avec Parker. Ils lui remirent ensuite une carte de visiteur et l’un des cerbères l’escorta jusqu’à l’anti-chambre du bureau de Parker où l’attendait miss Alvares.

D’un ton sec et désagréable, le gardien présenta Alex à la secrétaire qui, contrairement au premier, l’accueillit avec son plus beau sourire et une chaleureuse gestuelle. Elle semblait enchantée de rencontrer cet étranger dont l’accent français était si particulier. Contrairement au charme latino-américain dont elle faisait montre, l’accoutrement vestimentaire de la secrétaire était étrangement sévère pour sa personnalité. Miss Alvares téléphona à son patron pour lui annoncer l’arrivée du visiteur. Elle pria ensuite Alex de bien vouloir pénétrer dans l’antre du Big Boss.

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« Professeur Vincent, soyez le bienvenu », dit Parker dans un français qui, à la grande surprise d’Alex, était très respectable.

Il se leva pour donner la main à son visiteur et Alex, surpris par l’imposante stature de l’Américain – c’était un géant com-paré au Québécois –, eut une légère hésitation en s’avançant vers son hôte.

— Votre français est excellent, monsieur Parker. Où avez-vous appris ?

— Au high school. Puis à Paris où j’ai travaillé quelques années. Quelle ville magnifique que Paris !

— Je suis d’accord. Paris est une ville extraordinaire. J’y ai moi-même séjourné pendant mes études de doctorat en his-toire.

— Que puis-je pour vous, professeur Vincent ?

— Je suis à la recherche d’un manuscrit du Nouvel Empire égyptien. D’après monsieur Kevin Duval, un de nos contacts à l’université George Washington, vous êtes un expert dans le domaine des documents anciens. Il nous a dit que vous pourriez peut-être nous aider dans notre recherche.

— C’est ce que vous a dit ce… Kevin Duval ?

— En effet.

— C’est étrange, je ne connais pas de Kevin Duval.

— Peut-être vous a-t-il vu dans un colloque ou une rencontre quelconque. Ce monsieur semble très bien connaître vos com-pétences.

— Ça n’a pas d’importance. Quel est ce manuscrit que vous recherchez ?

— C’est un manuscrit qui a pour nom le Livre du Pouvoir.

L’universitaire remarqua aussitôt l’expression d’étonnement sur le visage de Parker.

— Vous connaissez le Livre du Pouvoir du pharaon Akhena-ton ? demanda-t-il, intrigué.


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— Euh ! Oui. Mais vous, comment en êtes-vous venu à vous intéresser au Manuscrit ?

Alex commença son récit, mais au bout de seulement quel-ques minutes, Parker l’interrompit, se leva et entrouvrit la porte de l’antichambre pour dire à miss Alvares de retarder d’une vingtaine de minutes le rendez-vous de 15 h 30. Pendant ce temps, Alex examina le décor pour s’apercevoir que son hôte semblait être un grand amateur de plein air. L’un des murs de son bureau était rempli de photographies prises dans les rapi-des d’une rivière tumultueuse, en haute montagne, en plongée sous-marine, en ultraléger et en Jeep dans le désert. Autant d’endroits où ses qualités sportives avaient dû être mises à l’épreuve.

— Veillez à ce que l’on ne nous dérange pas, voulez-vous ? demanda-t-il encore à sa secrétaire. Puis il revint s’asseoir à son bureau.

— Je vois à ces photographies que vous aimez les émotions fortes, fit Alex en pointant la mosaïque assemblée par l’Amé-ricain.

— Oui, j’adore m’évader dans des lieux comme ceux que vous voyez sur ces photographies. Je fais des expéditions de ce genre chaque fois que je le peux. C’est extrêmement vivifiant. Vous aimez ces activités ?

— Oui, j’aime bien le plein air.

— Ah ! C’est très bien ! Je m’excuse de vous avoir interrompu, professeur Vincent. Continuez votre récit, je vous prie.

Alex poursuivit son histoire et raconta comment il s’était intéressé au Livre du Pouvoir et avait acquis la certitude que le Manuscrit avait eu une très grande importance, non seulement à l’époque du pharaon Akhenaton, mais plus d’un demi-siècle plus tard, à l’époque du pharaon Ramsès II.

— Pendant quelque temps, je n’ai pu poursuivre mes recher-ches avec autant d’énergie que je l’aurais souhaité, mais je viens d’obtenir une subvention qui va me permettre de reprendre le collier. Mes collaborateurs et moi allons nous rendre en Italie


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dès l’automne prochain, à Florence plus précisément, pour continuer nos travaux.

Parker semblait médusé par les paroles d’Alex.

— Pourquoi Florence, professeur Vincent ?

— Nous savons que nous devrons probablement parcourir une partie de l’Europe et aller au Proche-Orient, si les conditions le permettent, et nous croyons que Florence constitue un bon emplacement pour établir notre quartier général. Il faut dire qu’il y a là-bas la Biblioteca Nazionale, la Bibliothèque nationale de l’Italie, et la Biblioteca Medicea Laurenziana, la fameuse Bibliothèque laurentienne instituée en 1524 par le pape Clé-ment VII pour abriter les collections de la famille Médicis. Ces deux bibliothèques recèlent quantité de documents anciens.

— Et vous vous êtes dit qu’il était possible que le Livre du Pou-voir soit dans l’une ou l’autre de ces bibliothèques ?

— Non, pas nécessairement. Mais certainement des écrits qui pourraient nous aider dans nos recherches.

Parker prit un air solennel. Il se racla la gorge avant de parler et Alex sentit qu’il n’aimerait pas ce que l’autre allait lui dire.

— Tsss ! tsss ! tsss ! Cher professeur Vincent, je ne sais pas trop comment vous faire part de… le sujet est délicat et vous me semblez tellement passionné par vos travaux…

— Mais… que voulez-vous me dire, monsieur Parker ?

Parker hésita de longues secondes.

— Cher professeur, il n’y a aucune chance que vous retrouviez le Livre du Pouvoir.

Alex demeura interdit.

— Mais… mais comment ça ?

— Parce que le Manuscrit a été détruit il y a très longtemps.

— Comment pouvez-vous en être certain, monsieur Parker ?

— Parce que nous avons nous-mêmes cherché ce document pendant des années.

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de jeter un billet au chauffeur. Comme ils l’avaient prévu, il y avait déjà des dizaines de journalistes qui faisaient le pied de grue à l’entrée du bâtiment. Ils eurent du mal à se frayer un chemin à travers cette masse grouillante, mais ils parvinrent finalement à franchir les portes en disant qu’ils feraient des déclarations un peu plus tard. Une fois à l’intérieur, ils deman-dèrent à voir d’urgence le directeur Mesmer, qui accourut et demanda ce qui n’allait pas.

— S’il vous plaît, conduisez-nous au coffre où le Codex est enfermé.

— Mais pourquoi cet énervement ? Le Manuscrit est en sécu-rité, affirma le directeur. Le coffre a été gardé toute la nuit.

Alex ne répondit pas. Quand ils arrivèrent devant la porte que surveillait toujours un garde armé, le directeur demanda au cerbère de se pousser afin qu’il puisse accéder au clavier élec-tronique et entrer le code permettant d’actionner le mécanisme d’ouverture de la lourde porte. Cela fait, celle-ci commença à s’ouvrir. Lentement. Avant même qu’elle soit complètement ouverte, le directeur pénétra dans le coffre, suivi d’Alex et d’Isabelle. Les trois regardèrent la tablette sur laquelle le Codex avait été placé la veille.

— Ouf ! s’écria Alex. J’avais eu le pressentiment qu’on était venu le voler durant la nuit.

— Ne vous en faites pas, professeur, nous allons exercer une surveillance sans faille pour que ça ne se produise pas, affirma le directeur Mesmer.

— Je ne peux m’empêcher de penser à ce qui pourrait se pro-duire si le Codex devait être dérobé.

— Viens, Alex, dit Isabelle en lui prenant la main. Allons nous préparer pour notre rencontre avec les journalistes.

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