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STUDIO_013 Bernardo Secchi et Paola ViganMembre du Conseil
scientifique de lAtelier International du Grand Paristude ralise
pour lAtelier International du Grand Paris Commande Systmes
mtropolitains / octobre 2013
LE GRAND PARISune ville poreuse et une mtropole horizontale
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LE GRAND PARISune ville poreuse et une mtropole horizontale
STUDIO_013 Bernardo Secchi et Paola ViganMembre du Conseil
scientifique de lAtelier International du Grand Paristude ralise
pour lAtelier International du Grand Paris Commande Systmes
mtropolitains / octobre 2013
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Studio 013Studio Associato Bernardo Secchi-Paola ViganMarine
Durand, Nicolas Fonty, Roberto Sega, Guillaume Vanneste, Pauline
Varloteaux, Qinyi Zhang
corso di Porta Ticinese 6520123 MilanoITALIE
tel. 00 39 2 89409358fax. 00 39 2 8357691email:
[email protected]
PTV FranceTribu EnergieBiodiversitMOX
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INDEX
PRMISSES _Banlieues might be
beautiful......................................................................6
Habiter des systmes mtropolitains Trois champs de rflexion
PARTIE I _Un style de recherche
1. Pas pas dans le Grand
Paris.........................................................................................17
Promenades, rencontres et entretiens dans le Grand Paris Workshop
Le T1 du Grand Paris entreSaint Denis & La Courneuve Rcits
dacteurs2. La production dun espace
priphrique...................................................................55
La longue dure des banlieues Quatre villes et quatre styles de
vie
PARTIE II _Habiter des possibilits
1.Traverser le Nord du Grand
Paris...................................................................................67
Un territoire dinjustices sociale et spatiale Lhtrognit comme
valeur Les surfaces agricoles comme support Cycles de vie et
politiques de la ville Scnario 0 Des lieux et leurs micro-histoires
Le long du tram: le T1 Bobigny et La Courneuve Au bord du canal: le
canal de lOurcq Bondy Autour des espaces naturels: Saint-Leu-La
-Fort et La Courneuve Des quantits quand mme2. La traverse du Grand
Paris du Nord au
Sud..........................................................159 Un
quilibre entre rsilience et rsistance Un territoire de production
et de coexistence Le nouveau paysage du risque3. La traverse Est
Ouest au niveau
dOrly...................................................................167
Lenclavement des infrastructures Connexions cologiques et
biodiversit mtropolitaine Entre les plaques: habiter le ple
dOrly-Rungis
PARTIE III _Un territoire de continuits et une mtropole
horizontale 1. Un territoire de
continuits...........................................................................................185
Des lignes, des nuds et des paisseurs Une ligne de continuit
structurante: la tangentielle Nord et ses gares propos du Grand
Paris Express et de son rle2. Les trottoirs, les berges, les parcs
et les ponts du Grand Paris........................203 Le trottoir
du Grand Paris entre Saint-Denis et la Gare du Nord3. Une ville
poreuse et une mtropole
horizontale..................................................217
CONCLUSIONS _Croissance et
dveloppement..........................................................225
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6 HABITER LE GRAND PARIS
PRMISSES _BANLIEUE MIGHT BE BEAUTIFUL
En Fvrier 2014, au Palais de Tokyo, aura lieu un vnement organis
par Monte Laster ddi Banlieue is beautiful: un nouvel effort pour
montrer quil ny a pas que de la violence et de la criminalit, ce
que la rhtorique habituelle souligne contribuant fortement la
stigmatisation dune importante partie du Grand Paris. Au mois de
Novembre 2013, un colloque organis par lAIGP et le Conseil Gnral du
Val dOise sera ddi au thme de la beaut dans le grand Paris: Le
Grand Paris sera-t-il beau ?.En effet, la banlieue Paris comme Rio
de Janeiro, New York, Londres ou Moscou, est pleine de crativit.
Elle sexprime surtout, mais pas seulement, travers quantit de
nouvelles formes de culture, darts visuels, travers la musique, la
danse... On lit dans ces formes artistiques, le plus souvent, la
colre et la rvolte, le refus dune stigmatisation et dun tiquetage
qui na pas, sauf dans les mdias, une vritable raison dtre. Lart
dailleurs, dans ses formes nouvelles surtout et pour chaque poque,
a souvent t une forme dexpression du contre.
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7
Paris est belle, mais quest-ce qui fait la beaut de Paris? Les
haut lieux seulement? Non pas galement les trottoirs de Paris, les
berges de Paris, les ponts de Paris? Et pourquoi ne pourrait-on pas
avoir les mmes lments, avec dautres configurations, dans les
banlieues?
Les pages qui suivent nont pas lintention de montrer que limage
dpose depuis longtemps sur les banlieues parisiennes et diffuse par
les mdias est fausse. Mais ce que nous proposons cest une rflexion
sur la structure spatiale du Grand Paris ainsi que des visions
situes pour certaines parties de la grande mtropole. Rflexions et
visions sont le rsultat dun travail crois entre points de vue
diffrents: ceux darchitectes, durbanistes et paysagistes, dcologues
et gographes, dingnieurs hydrauliques, dhistoriens et des acteurs
locaux comme ceux des habitants. Elles se sont dailleurs nourries
des longues discussions, dchanges denses et dun travail de lecture
et dinterprtation de trois diffrents territoires que nous avons
explors dans les dernires annes. Enfin, elles se sont nourries dun
workshop qui sest droul du 25 mai au 1 juin 2013 la Courneuve au
Moulin Fayvon dans un espace que Monte Laster a gnreusement mis
notre disposition.
De faon plus gnrale, ces visions et rflexions naissent la fois
dun regard den bas qui se veut attentif au quotidien des habitants
et qui explore les possibilits de lamliorer, de construire une
mtropole pour ses habitants, et dun regard den haut qui se veut
attentif au vaste territoire de la mtropole, sa topographie et son
hydrologie, aux espaces de la biodiversit et ceux btis, aux
conflits sociaux et aux processus de fabrication de la mtropole
dans son histoire plus rcente.
Lhypothse de nouvelles continuits urbaines est dveloppe travers
trois traverses dans le territoire du Grand Paris : des occasions
pour rflchir sur une nouvelle structure spatiale du systme
mtropolitain et de dessiner un support pour une banlieue qui pourra
dvelopper, ds aujourdhui, une urbanit plus intense.
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8 HABITER LE GRAND PARIS
SCEAUX BIVRE - ORLY DE SCEAUX LA SEINE LES STRATGIES DE LA VILLE
POREUSE ETUDE 2011 - EPA ORSA
SEINE AMONT SCHMA DE COHRENCE PAYSAGRE ET URBAINE DE LA VALLE DE
LA SEINE EN AMONT 2012 - EPA ORSA
PLAINE DE S.DENIS, ROISSY CHARLES DE GAULLE - FORT DOMANIALE DE
SAINT-GERMAIN-EN-LAYE, HABITER LE GRAND PARIS, UNE VILLE POREUSE ET
UNE MTROPOLE HORIZONTALE , 2013 - ATELIER INTERNATIONAL DU GRAND
PARIS II
Aprs des expriences dans le territoire allant de Sceaux la Seine
(en traversant Orly) et dans le territoire de la Seine en Amont,
nous avons choisi de mener une rflexion sur le territoire largi de
la Plaine de Saint-Denis, de Gennevilliers Roissy. En choisissant
le Nord du Grand Paris, nous avons choisi la partie la plus
difficile de la Mtropole mais en mme temps la plus charge
dattentes.
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9
HABITER DES SYSTMES MTROPOLITAINS Les pages qui suivent naissent
de deux rflexions complmentaires: la premire concerne le thme
habiter le Grand Paris, la deuxime celui des systmes mtropolitains.
Deux mots, habiter et systme, qui, dans les discours concernant la
mtropole et son territoire, donnent souvent lieu des imprcisions et
des malentendus et qui doivent ce titre tre bien dfinis et
dlimits.
Habiter est une pratique complexe: on nhabite pas que son propre
logement, on habite aussi la rue, le trottoir, la place et les
lieux de sociabilit, les parcs et les terrains de sports; on habite
les bistrots et les centres commerciaux, les quipements scolaires
et les cinmas, les thtres et les salles de musique...On habite la
ville et le territoire. Habiter est une pratique qui concerne les
habitants et les city-users, les acteurs conomiques qui continuent
mener leurs activits ou ceux qui parviennent en implanter dautres;
cest une pratique qui concerne les nouveaux habitants envisags dans
les projets urbains et tous ceux qui, pour une raison ou une autre,
ont des relations culturelles ou de mmoire avec le territoire. On
habite la ville le jour et la nuit, les jours fris et les
dimanches. Pour ces diffrentes pratiques de lhabiter, il faut
conformer des lieux en espaces de vie, stables ou temporaires, il
faut rduire les risques actuels, rsoudre les conflits entre le
territoire de la production et le territoire de la mobilit et de
lhabitat, il faut redcouvrir les coteaux et les canaux, le grand
territoire parisien, les grands parcs ainsi que les berges de
Seine, et ainsi rtablir les liens cologiques aux diffrentes
chelles.
Systme est un mot que les urbanistes on trs fortement utilis
surtout dans les annes 70 lorsquon sest aperu que a city is not a
tree (Alexander, 1966) mais un espace o plusieurs relations non
linaires, non dcomposables en ensembles indpendants, stablissent et
changent dans le temps. On parle dans ce cas de complexit, mme dans
le langage colloquiale, et la ville comme le territoire nous
prsentent lvidence des situations et des problmes complexes qui ne
peuvent pas tre facilement dcomposs. Leffort de plusieurs
urbanistes et chercheurs dans le domaine des sciences sociales a t,
pendant la priode des annes 70-90, de modliser ces situations.
Contrairement dautres domaines scientifiques, les rsultats de cet
effort ont eu un rle important dans la comprhension et
conceptualisation des principaux phnomnes urbains et de leurs
liaisons rciproques, mais de trs faibles retombes oprationnelles.
Les modles mathmatiques proposs impliquaient un nombre trop lev
dquations et de variables avec des valeurs ntant pas totalement
fiables. La solution tait pratiquement impossible et la valeur
euristique mme de ces modles tait parfois trs limite. Cest la
raison pour laquelle on a souvent fait recours, laide dordinateurs
toujours plus puissants, des simulations numriques.
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LES ESPACE STRATGIQUES QUIPE STUDIO 09, SECCHI-VIGAN
De Sceaux la Seine, le long de la Seine en Amont, dans le
territoire Nord du Grand Paris, les trois cas reprsentent trois
situations diffrentes. Elles sont moins dramatiques au Sud, de
Sceaux Orly et la Seine, o on retrouve quand-mme, parmi les
collectivits locales, des rsistances de nouvelles expan-sions du
bti et les lieux communs propos de la densification autour des
grands quipe-ments tels que laroport. Le long de la Seine
en Amont ce sont les problmes poss par la gestion des eaux et du
risque qui eux sont lis aux esquisses de nos hypothses: ici
lhabi-tabilit se dcline comme un nouveau projet de
rsistance/rsilience, avec une rduction des impacts lis au maintien
de la production industrielle.
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11
Nous utiliserons ici le mot systme dans une version plus rduite
(et rductrice) pour nous rfrer des espaces situs et fortement
thmatiss qui jouent et pourraient jouer un rle reconnaissable et
stratgique, tant dun point de vue fonctionnel que dun point de vue
symbolique et de celui de la construction dune nouvelle image de la
mtropole. Un premier exemple, reprsent dans La ville poreuse
(Metispress, Genve, 2011, pp. 282-283), a t produit la fin de lAIGP
1 lorsque nous avons propos les traverse vertes, des espaces
plurifonctionnels et complexes auxquels nous confions le rle de
modifier la forme et la structure spatiale de la mtropole: elles
construisaient une vision ouverte, mais suffisamment claire dans
ses contours, ses objectifs et ses hypothses, qui essaye dclaircir
la signification et la cohrence urbaine et paysagre des
transformations en cours et futures. Ceci ouvre trois principaux
champs de rflexion qui structurent ce rapport.
TROIS CHAMPS DE RFLEXION
LLe premier champs concerne notre approche de recherche qui, dun
ct, volue pas pas dans le Grand Paris daujourdhui, nous amenant
organiser un workshop sur le terrain, la Courneuve, et qui dun
autre cot sest longuement interrog sur les modalits de production
de lespace priphrique du Grand Paris, dans sa longue histoire jusqu
aujourdhui : comment les diffrents acteurs et les diffrentes
interventions ont tabli dans le pass et pourront tablir dans le
futur un rapport avec la forme du territoire, ses armatures
principales, le bti et les pratiques existantes ? (Partie I. Un
style de recherche).
Le deuxime champs, lui, concerne la prise en compte du concept
dhabitabilit par toute action de modification et transformation.
Lorsquon imagine un processus de densification progressive de la
mtropole ou de ses parties, le thme dun projet urbain qui prend en
charge les problmes de lnergie et du recyclage ressort comme un
thme principal et innovant. Cette rflexion interroge ce qui
pourrait se passer si tous les projets en cours se ralisaient :
cest le scnario 0. Dautre part, partir du travail de terrain, de
lexprience des lieux et de la construction de leurs
micro-histoires, de la connaissance
-
CITIES AS SYSTEMS WITHIN SYSTEMS OF CITIES, B. BERRY, 1964
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13
des contraintes et des risques, hydrauliques comme sonores ou
encore dus la pollution des terrains et de lair qui, toutes les
chelles, doivent tre rduits, nous proposons une lecture des lieux
en termes de possibilits: la possibilit de transformer les
contraintes, les conditions spatiales actuelles, par exemple
lembodied energy (nergie grise), en opportunits pour un nouveau
dessin de lespace mtropolitain (Partie II. Habiter : des
possibilits).
Le troisime champ enfin est dfini par le processus de production
de lespace, les temps de la modification et de la transformation.
Mettre en cohrence les squences de projets et les projets eux-mmes,
en particulier les projets dinfrastructures de la mobilit (le Grand
Paris Express surtout), les grandes infrastructures cologiques et
les projets de logements ou ceux qui concernent la cration de
nouvelles centralits est une ncessit. Il ne sagit pas que dune
cohrence technique et fonctionnelle, la cohrence financire joue ici
un rle important. Ce champs ouvre la question de la structure
spatiale du Grand Paris, celle qui semble se dessiner dans les
projets et celle qui nous parait souhaitable: celle dun territoire
de continuit, une mtropole horizontale (Partie III).
Ces trois champs de rflexion organisent des interprtations et
des hypothses de projet sur lhabitabilit des territoires et les
cycles de vie qui les traversent. Ces projets ont une origine
multiple: partir des tudes dans le territoire de Seine Amont qui
nous ont permis de mieux saisir lhypothse de traverse Nord-Sud dj
formule dans le cadre de lAIGP 1, jusqu la connexion est-ouest la
hauteur de Orly, toujours dveloppe pour lEPA Orsa, qui pourrait
donner de lpaisseur aux nouvelles relations horizontales entre
Saclay, Orly et la Seine, et enfin arrivant avec lapprofondissement
de la traverse est-ouest de la banlieue nord du Grand Paris, avec
lAIGP 2, o nous avons men une rflexion sur lhabitabilit du
territoire le plus stigmatis de lagglomration. Dans des workshops
de terrain, nous avons dvelopp un rapport plus troit avec les
habitants et les diffrentes situations.
La conclusion du rapport sinterroge sur le rle de lAtelier du
Grand Paris et conclut sur la notion de croissance: de quoi,
comment et pour qui, dans le Grand Paris.
-
UN STYLE DE RECHERCHE
PARTIE I
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PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
Ces quelques pages introductives ont pour objectif de prsenter
notre approche du terrain dans le Grand Paris, travers notamment
les divers entretiens que nous avons raliss en allant la rencontre
des habitants.
En effet, tout au long de ltude nous avons donn une grande
importance au travail de terrain. Cette approche nous a permis de
dvelopper notre connaissance des lieux mais aussi notre
connaissance des manires dhabiter et des problmes rencontrs par les
habitants et usagers divers. Les nombreux entretiens raliss sur le
terrain nous ont permis dimaginer des micro-histoires qui explorent
le futur possible et souhaitable de plusieurs situations
urbaines.
Cest dans cette optique que lquipe a dcid de mettre en place un
atelier sur le terrain, un workshop. Cet atelier a t loccasion
dtudier plus prcisment une portion du Grand Paris, avec les
habitants, les experts, les usagers de la ville intresss la
dmarche, et un groupe dtudiants.
Nous avons la conviction que lAtelier du Grand Paris doit
trouver sa legitimation sur le terrain et par le terrain.
1. PAS PAS DANS LE GRAND PARIS
17
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fort de Montmorency
PARIS
Saint-Leu-La-Fort
Villeneuve-La-Garenne
Bobigny
Bondy
Saint-Denis
Aubervilliers
Gennevilliers
Pierrefitte
Ecouen
Le Bourget
T1
fort de Montmorency
PARIS
Saint-Leu-La-Fort
Villeneuve-La-Garenne
Bobigny
Bondy
Saint-Denis
Aubervilliers
Gennevilliers
Pierrefitte
Ecouen
Le Bourget
T1
18 HABITER LE GRAND PARIS
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PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
CDG
Tremblay-en-France
Sevran
Canal de
lOurcq
Bondy
LIEUX PARCOURUS ( PIED, VLO, EN TC, EN VOITURE)RENCONTRES ET
ENTRETIENS AVEC LES HABITANTS
RENCONTRES INSPIRANT LES 3 MICRO HISTOIRES
CANALTRAM 1
LES COTEAUX
CDG
Tremblay-en-France
Sevran
Canal de
lOurcq
CARTE DU TRAVAIL DE TERRAIN MEN SUR LE TERRITOIRE DTUDE DU
NORD
19
PROMENADES, RENCONTRES ET ENTRETIENSDANS LE GRAND PARIS
Habiter est une pratique complexe. Il nest pas possible de
comprendre les enjeux du thme Habiter sans connatre les acteurs de
la ville: ses habitants au sens large. Nous avons donc arpent les
territoires que nous avons choisi dtudier plus amplement, aussi
bien la partie Sud explores dans une priode antcdente que la partie
Nord, territoire objet de ltude Habiter le Grand Paris, la
rencontre de ses habitants. Nous ne prtendons pas connatre tous ses
habitants, mais ce travail de terrain nous a permis de constituer
un premier corpus de connaissances propos de lhabitabilit du
territoire.
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Habitah
Boulevard Andr Brmont,Saint-Leu-La-Fort
Nous rencontrons Habitah et lun de ses voisins, alors quil fait
une pause durant sa promenade quotidienne, le long du chemin piton
bordant le boulevard Andr Brmont, lui-mme parallle lautoroute dont
le bruit de la circulation nous fait comprendre quelle est toute
proche, en contre bas.
Habitah est trs content de vivre Saint-Leu: il a achet avec sa
femme un pavillon boulevard Andr Brmont quand il est parti la
retraite. Il a vcu pendant 61 ans Argentueil et il se sent beaucoup
plus tranquille Saint-Leu: il ny a pas de bruit le soir, il na
jamais eu de problme de cambriolage et la prsence de lautoroute
nest pas un problme pour lui: dans sa maison, il nentend rien.
Le voisin de Habitah, qui promne en poussette sa petite fille
endormie, est galement satisfait du cadre de vie quoffre Saint-Leu.
Il trouve en revanche que la question des transports est
problmatique: il doit se rendre Paris pour le travail, il utilise
la voiture plus quil ne le souhaiterait car le transilien (ligne H)
est le seul moyen de transport en commun, et ce titre, sil est
bloqu, les usagers galement!
LES COTEAUXSaint-Leu-La-Fort, Ecouen, Deuil-la-Barre,
Pierrefitte, Epinay
20 HABITER LE GRAND PARIS
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PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
Danile, 56 ans
Nouveaux logements Aubervilliers, le long du canal
Danile habite avec sa mre et sa plus jeune fille dans cette
maison quelle a acquis en 2003 pour 150 000 euros. Sa maison fait
partie dune srie de dveloppements immobiliers autour du canal et du
parc. Elle est propritaire et travaille pour un constructeur de
meubles haut de gamme.
Bien que le quartier ait fort chang, elle est trs contente
dhabiter l et de profiter, surtout en t, du parc juste en face.
Elle aime aussi les nouveaux logements de lautre ct du parc,
construits plus rcemment.
Elle va travailler chaque jour en voiture dans le centre de
Paris.
CANAL DE LOURCQAubervilliers - Plaine Saint Denis
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Janina, 26 ans
Le long du Canal de lOurcq Vaujours.
Janina habite dans un pavillon avec son mari au sud du canal.
Elle vient de Roumanie et aime Tremblay pour les espaces verts, le
calme et la possibilit davoir des animaux. Elle a un chien, des
chats, de poules... Elle se ballade souvent le long du canal pour
promener le chien ou se dtendre. Elle va prochainement dmnager
Villepinte, de lautre cot du canal.
Elle travaille dans les mtiers de la construction Paris et prend
entre 1h30 et 2h chaque matin pour se rendre sur les chantiers.
CANAL DE LOURCQTremblay-les-Gonnesses - Sevran
22 HABITER LE GRAND PARIS
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PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
Daniel, 47 ans
Dans sa friterie ambulante, quartier des Cottages, Tremblay.
Daniel est vendeur ambulant. Il habite depuis 21 ans le quartier
des Cottages o il vend ses pizzas le soir.
La journe, il se rend dans une zone dactivits conomiques pour y
vendre ses produits la pause-djeuner.
Le temps que les frites cuisent dans leur huile, il commence
nous raconter la vie Tremblay, son enfance dans le Vieux-Pays et
carte lappui nous explique larrive du grands ensembles et de la
zone dactivit lis laroport Charles de Gaulle.
23
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Jolle et son mari
Le long du canal de lOurcq, Boulevard de Stalingrad,
Ils vivent ici depuis une vingtaine danne au dbut ils louaient
puis en 95 ils ont fait construire leur maison sur la parcelle du
jardin de la maison voisine qui tait alors en vente.
Ils sont trs heureux dhabiter ici entre la voie ferre et le
canal. Pour eux cest un vrai plaisir douvrir les volets le matin et
davoir cette vue sur le canal. Depuis quil est la retraite le mari
de Jolle amateur de pche sort sa canne au moindre rayon de soleil
et na qu traverser la petite route pour sinstaller devant chez lui
pour sadonner cette activit. Ils nous racontent que la friche
industrielle face leur proprit de lautre ct du canal va tre
transforme en parc, de mme dautres lieu comme celui-ci le long du
canal font lobjet de projet de nouveau quartier dhabitat, ils
voient ces derniers trs positivement. Pour eux cela marque un
renouveau pour lensemble du secteur et surtout permet la dpollution
des sols anciennement occupe par des activits industrielles.
Ils apporte toutefois un bmol leurs description en nous
expliquant que depuis deux-trois ans le voisinage subit beaucoup de
cambriolages, eux mme en compte deux ce qui les a pouss installer
une alarme. Mais part a ils restent trs satisfait et comptent bien
profiter de leurs retraites ici.
CANAL DE LOURCQLivry-Gargan - Sevran
24 HABITER LE GRAND PARIS
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PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
Habib et Mohidime, 37 et 71 ans
Sevran, Alles des peupliers, louest du canal de lOurcq.
Foyer AFTAM de travailleurs migrants non transforme en rsidences
sociales.
Habib travaille Paris pour sy rendre a dpend des jours parfois
il ne passe quune demi-heure dans les transports et dautre cest
plus de deux heures quil lui faut. Si il pouvait il prfrerait
habiter ParisCe qui le gne le plus dans le quartier cest labsence
de services et commerces de proximits coince entre un tissu
pavillonnaire et une zone industrielle, il doit traverser le chemin
de fer et se rendre au centre de Sevran pour pouvoir jouir des
premire commodits.
Habib nous emmne chez Mohidime un de ces voisins. Mohidime 71
ans, il est en France depuis 48 ans, il a toujours vcu dans la
banlieue Parisienne.
Dans ce nouveau logement, un studio de 15 mtre carre, il est
content cest un espace individuel personnel et bien quil se moque
des architectes qui lont conu avec une douche trop troite et trop
peu despaces de rangements il apprcie nanmoins la petite court sur
laquelle sa porte fentre donne et le proximit du canal qui lui
permet de se balader et de rencontrer des gens.
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Henri
Caf Bobigny, avenue Louis Aragon, Bobigny.
Nous avons rencontr Henri Polsinelli au Caf Bobigny, au 6 avenue
Louis Aragon. Il a dj vu passer 5 tenanciers nous dit-il au dtour
dune blague avec le patron actuel Sri Lankais qui appelle tous ses
clients Papa ds lors quils ont des cheveux gris.
Henri est la retraite et il habite Drancy, sur le trottoir den
face, au 10e tage dun immeuble HLM de la ville ; il vit l avec sa
deuxime pouse et leur fils qui a maintenant 34 ans et qui est
jardinier la ville de Paris. Il a trois autres enfants dun premier
mariage (une fille Eaubonne, une autre Bobigny et la troisime
Bondy).Il est n rue du Muguet Bobigny en 1942, dans le pavillon
quavait construit son pre italien sur un terrain achet en 1922. Il
change quelques mots avec nous en dialecte napolitain, ses deux
parents tant des immigrs de Monte Cassini bien quils se soient
rencontrs en Seine-saint-Denis. Il y avait de trs nombreux Le
pavillon a t revendu un notaire aprs la mort de ses parents ;
celui-ci la dmoli pour le reconstruire neuf.
TRAM LIGNE 1Fort dAubervilliers - Petit Drancy - Bobigny
26 HABITER LE GRAND PARIS
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PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
Aime, 70 ans
Entre du parc sur lA86, rue de Stalingrad, Bobigny.
Nous avons rencontr Aime Bobigny, dans les jardins amnags
au-dessus de lA86, alors quelle profitait des rayons du soleil qui
venait rchauffer cette froide journe dhiver. Elle venait de faire
ses courses au supermarch Lidel et soffrait une courte pause avant
de reprendre le tramway T1 larrt Gaston Roulaud pour rentrer chez
elle, 2 arrts plus loin, station La Ferme. Elle habite l, rsidence
du Parc, dans un appartement au 8e tage quelle et son mari ont
achet il y a plus de 30 ans et o ils logeaient lpoque avec leurs
deux filles. Avant ils louaient un appartement La Courneuve o une
voisine se plaignait de la musique de leurs filles toutes deux au
conservatoire, et ils ont prfr dmnager pour bnficier dun
appartement notamment mieux isol acoustiquement.
Aime et son mari Grard, maintenant la retraite, travaillaient
tous deux Paris ; Aime travaillait aux Galeries Lafayette et Grard
avait un atelier de photographie proche de Gare du Nord.
Aime, trs souriante et rieuse, regrette cependant que les
jardins de lA86 soient depuis plusieurs annes mal frquents,
notamment par des hommes qui viennent ici boire, en solitaire comme
les deux ou trois que nous avons pu croiser. Il y avait nous
dit-elle une brocante avant qui animait de temps en temps cet
espace. Quand nous lui parlons de la dalle de Bobigny, elle
mentionne son manque dentretien et (une fois de plus avec un petit
rire) les cris des mauvais garons qui semblent la frquenter et
quelle peut entendre depuis chez elle lorsquils crient pour alerter
de la prsence policire.
27
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28 HABITER LE GRAND PARIS
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PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
Le workshop se deroule au Moulin Fayvon, la limite entre
Saint-Denis et La Courneuve, entre la cit des Cosmonautes et les
4000 nord.Lancien moulin est directement li la prsence des cours
deau,qui traversaient le territoire en surface mais qui depuis ont
t enterrs. Le btiment appartient la mairie de La Courneuve et il
est occup par Monte Laster, artiste et animateur de lassociation
F.A.C.E., qui en a assur la rhabilitation et qui gre son occupation
en indpendance. De nombreux ateliers en lien avec les habitants du
quartier y ont dj t organiss.
Le workshop sattachera au projet de transformation du territoire
entre Saint-Denis et la Courneuve et notamment au rle et potentiels
du tram T1 qui le traverse.
Le territoire est marqu par de grands espaces verts: le parc de
la Courneuve, le fort de lEst, le parc de la Lgion dHonneur mais
les grandes infrastructures de transport (autoroutes et RER B)
coupent le territoire et rendent difficile leur accs et la relation
entre ces parcs et la ville. Le territoire porte certaines traces
des anciens cours deau qui le structuraient dans le pass et qui
posent aujourdhui la question de leur redcouverte, dans une optique
actuelle de ville durable et de relation retrouver entre la ville
et la nature. Le territoire du workshop comporte de trs nombreuses
zones dactivits et zones industrielles: ce sera loccasion daborder
la question de la place de lactivit dans la ville et celles de
lemploi et de lconomie au sens large directement lies. Le workshop
sera aussi loccasion daborder la question des grands ensembles,
leur dsenclavement, les conditions de vie des habitants, les
projets de restructuration et de rhabilitation passes et les
projets possibles et souhaitables aujourdhui et pour demain. Dautre
part, il faudra sinterroger sur les consquences de larrive dune
gare du GPE dans ce secteur. Enfin, le thme du recyclage de la
ville et de lnergie traversera toutes ces rflexions.
Un lieu d'change et de travail pour la semaine d'atelier: Le
Moulin Fayvon
Un territoire - des lieux tudier et mettre en projet:
latelier portes ouverteslquipe STUDIO_013 et un groupe dtudiants
sinstallent dans le Moulin pour une semaine intensive de production
de projet. Durant cette priode de travail, le Moulin ouvre ses
portes tous ceux qui souhaitent participer, dune manire ou dune
autre. Ce systme de portes ouvertes a pour but de favoriser les
changes entre les habitants et lquipe au travail, il permet aux
habitants de venir sinformer mais aussi de nous informer : il nous
est impossible dimaginer rflchir au thme Habiter le Grand Paris
sans connaitre et comprendre ceux qui lhabitent. A la fin de cette
priode de production ouverte, les rsultats du travail ont t prsents
le Samedi 01 Juin lors dune restitution publique en Conclusion de
lAtelier.
WORKSHOP LE T1 DU GRAND PARIS ENTRE SAINT DENIS & LA
COURNEUVE
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22 fvrier : sminaire AIGP, Paola Vigan et Bernardo Secchi
mettent le souhait quun workshop soit organis fin mai, sur un
territoire autour de la ligne de tramway T1.
1er mars : premires recherches (quelle ville ? quelle salle ?
avec quels tudiants ? et quel contenu pour cet atelier ?) ; pour
une enveloppe maximale de 4000 pris sur le budget des vidos
finances par lAigp.
5 mars : Bndicte Grosjean architecte et enseignante Lille est
contacte (entre autres) ; elle est trs intresse par ce projet et
pense pouvoir regrouper une dizaine dtudiants avec qui elle
travaille.
courant mars : sondage des expriences participatives le long du
T1 et contacts de diffrents acteurs (Bondy, Bobigny, Plaine
Commune, CAUE 93 ) + dfinition du programme du workshop.
25 mars : rencontre trs stimulante avec Youcef Khemissi
(dmocratie locale Plaine Commune) ; le projet lintresse, notamment
parce que Plaine Commune est en train de
mettre en place les Assises du grand Paris qui se drouleront du
15 mai dbut juillet ; il nous ouvre son carnet dadresses chaque
fois que nous avons besoin dun contact en particulier.
03 avril : dates cales, territoire dtude dlimit de La Courneuve
Saint-Denis, tudiants recruts, programme dfini, promenade planifie,
premier livret pdf de 4 pages diffus.
dbut avril : rencontres de terrains (soire cinma organise aux
Cosmonautes, rencontres de Lucinda Groueff, Anne-Laure Langlais,
Muse-D Territoires).
11 avril : premier change avec Monte Laster (association FACE)
par lentremise de Muse ; le projet lintresse, il est compltement
dans cette dynamique datelier urbain ouvert ; une petite partie du
Moulin est pour linstant disponible pour le workshop (35 m2 pour
20/25 personne maximum).
14 avril : Fte des Tulipes de Saint-Denis, rencontre de
nombreuses associations
chronologie du montage de latelier
30 HABITER LE GRAND PARIS
-
PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
(collectif Lamaze, Territoires, Vlos Saint Denis, Apijbat,
Tourisme Saint-Denis)
15 avril : rencontre avec Monte Laster pour une prparation de la
promenade 24h chrono laquelle FACE participe et qui aura lieu en
mme temps que le workshop (rencontre de Nataska Roblov architecte +
Olivier Marcouyoux, entre autres berger Clinamen). Olivier nous
parle de lventualit de disposer dun dme /tente de 12 m de diamtre
en complment pour le workshop et notamment utilis pour les runions
publiques.
20 avril : le workshop ne sera pas seulement ouvert aux
habitants mais aussi aux acteurs de poids du territoire quon dcide
dinviter tous azimuts pour une srie dinterviews (voir liste
ci-aprs).
25 avril : finalisation et diffusion du site web :
http://t1grandparis.blogspot.fr/
8 mai : on disposera finalement dassez de place au Moulin, une
importante partie ayant t libre ; cependant lide du dme est
concrtise comme signal de latelier et espace dexposition
publique.
9-14 mai : dernire salve de mails et dappels tlphoniques pour
inviter les acteurs de poids + campagne de diffusion (journal de La
Courneuve, journal de Saint-Denis, blog des 4 Routes La Courneuve,
blog sans crier gare Saint-Denis, contact du Parisien 93 mais sans
rponse).
22-24 mai : campagne daffichage (stations tram, mtro et RER +
certains quipements + quelques halls dimmeuble) et distribution de
flyers sous une pluie hivernale.
24 mai : intervention lcole Joliot-Curie, en compagnie de Monte
Laster dans deux classes de CE2 o il enseigne rgulirement, pour
sensibiliser les enfants aux thmes de lurbanisme et de la
cartographie en vue de leur visite latelier la semaine
suivante.
25 mai-1er juin : latelier !
31
-
Latelier sest droul sur huit intenses journes. Latelier tait
ouvert de 10h 20h avec une pause pour un djeuner collectif et
convivial.Il y avait un noyau dur dune bonne vingtaine de
participants + des invits quotidiens renouvels. (11 tudiants + 8/9
personnes de Studio_013+ 3/4 personnes de FACE qui entre autres
sest occupe de filmer le droul de latelier).
Latelier sest dcompos en 5 phases plus ou moins
chronologiques.
1- lexploration du territoire , promenade publique + carroyage
:Latelier a commenc le samedi 25 mai par une Latelier a commenc le
samedi 25 mai par une promenade publique : sur une quarantaine de
personnes, tout juste 10% de curieux (+ 30% personnes, tout juste
10% de curieux (+ 30% dinvits + lquipe du noyau dur soit 60 %) ; on
esprait en effet davantage de participation de la part des
habitants, mais la participation est un exercice difficile, qui se
construit est un exercice difficile, qui se construit notamment
dans la dure ; notre exercice du notamment dans la dure ; notre
exercice du genre commenait tout juste.Cette promenade pieds de 6-7
kms a dur environs 3 h, le temps tait frais mais ensoleill.
le droul de latelier
32 HABITER LE GRAND PARIS
-
PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
PROMENADE DU 25 MAI 2013PARCOURS ET HALTES PRVUS
1. CIT DES COSMONAUTESA. RNOVATION EN COURS DES COSMONAUTESB.
POTAGERS URBAINS DANS LES CITS
2. FRANCHISSEMENT DE LA1LASSOCIATION LAMAZE MILITE POUR
LENFOUISSEMENT DE LA1
3. SUR LES TRACES DU CROULTHISTOIRE ET ENJEUX DE LA ROUVERTURE
DES COURS DEAU
4. COLE HQE DANIEL FRYPRSENTATION DUN PROJET HAUTE QUALIT
ENVIRONNEMENTAL (OBJECTIFS - AMBITION - SYNERGIE) 5. ZONE DACTIVIT
ET CYCLES DE VIELES ENJEUX DU PROJET DE RAMNAGEMENT POUR CETTE ZONE
DACTIVIT
6. FRANCHISSEMENT DE LA86INTERVENTION DE SECCHI-VIGAN SUR LES
MOBILITS PITONNES DIFFICILES, LE DROIT LACCESSIBILIT
7. TRANSFORMATION DES GRANDS ENSEMBLESRNOVATION URBAINE ET
GESTION DES QUARTIERS
Lide tait dexplorer le territoire travers par le T1, sur une
diagonale qui va du carrefour des 4 Routes La Courneuve jusquau
jardin de la Lgion dHonneur Saint-Denis. Nous avons donc circul en
zig-zag autour de cet axe en partant du milieu, justement le Moulin
Fayvon ; arrivs Saint-Denis nous sommes monts dans un tram bond
pour aller aux 4 Routes ; enfin nous avons repris notre marche
sinueuse jusquau Moulin.Sept haltes taient prvues pour permettre
lintervention dun invit/spcialiste sur sept sujets spcifiques
propres au territoire
travers : politique de la ville, franchissements, leau, la
construction cologique, les zones dactivits, lespace voirie du T1,
la rnovation des grands ensemble.
Puis partir du lendemain, les tudiants, rpartis en 3 groupes,
ont commenc une exploration plus minutieuse du territoire, chaque
groupe travaillant sur un tiers du territoire dtudes divis en trois
dest en ouest ; ces explorations ont galement permis de raliser de
nombreux interviews des habitants rencontrs.
33
-
2- interviews dacteurs :On a invit les acteurs tous azimuts,
leur proposant soit de passer au Moulin soit de nous recevoir leurs
bureaux au moment qui leur conviendrait (si possible en dbut de
semaine).Quand un invit arrivait, nous le recevions en petit groupe
de 3 ou 4, les autres participants continuaient, en parallle,
travailler. Certains sont rests djeuner. Plusieurs sont passs le
mercredi soir quand nous avons organis un grand repas (une
soixantaine de personnes).
Nous leur posions dabord une srie de questions gnriques se
rfrant au :1- primtre daction de leur institution dans son action
territoriale : expliciter rapidement lorganigramme ;2- acteurs avec
lesquels ils sont le plus souvent en rapport ;3- court terme :
problmes actuels auxquels ils sont confronts ? 4- long terme, 20
ans : quelle vision, quelles attentes, quelles importantes
transformations sattendre.
Puis selon les interlocuteurs, la discussion drivait sur des
points plus prcis ou sur des territoires en particulier.
3- production de maquettes et de documents pour lexposition : Au
dbut de latelier, le territoire dtudes a t divis en trois parties (
un A1 vertical au 1/5.000), chacune affecte un groupe dtudiants.
Plusieurs runions collectives leur ont permis davancer de manire
coordonne ; chaque groupe tait cependant indpendant quant sa manire
daborder sa portion de territoire.Chaque groupe a dabord produit
une maquette conceptuelle (format A3) pour un rendu intermdiaire le
mercredi aprs-midi afin de discuter de leurs intentions de projet.
Ce rendu collectif a galement permis aux tudiants de coordonner
leurs diffrentes approches et leurs modes de reprsentation pour la
maquette finale.Enfin les deux derniers jours, entre dernires
interviews, visite des classes de CE2 et mini-confrences, ils ont
produit leurs 3 grandes
MAQUETTE RESTITUANT SPATIALEMENT LES DIFFRENTS PRIMTRES DACTION
DES DIFFRENTS ACTEURS INTERVIEWS
34 HABITER LE GRAND PARIS
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PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
MAQUETTE RESTITUANT SPATIALEMENT LES DIFFRENTS PRIMTRES DACTION
DES DIFFRENTS ACTEURS INTERVIEWS
maquettes au 1/2.500 (format A1).De son ct, lquipe de Studio_013
sest occupe, outre lorganisation de latelier et la coordination et
lencadrement du travail des tudiants (en collaboration avec Bndicte
Grosjean), de produire un ensemble de documents pour lexposition
dont une maquette restituant spatialement les diffrents primtres
daction des diffrents acteurs interviews.
4- visites dhabitants du rseau FACE :Par ses interventions,
actions, collaborations dans la dure lassociation FACE est en
relation avec de nombreux habitants et acteurs du territoire. Nous
avons eu la chance den rencontrer certains : - lycens et tudiants
du Lyce Jacques Brel- deux classes de CE2 et leurs matresses de
lcole Joliot-Curie de La Courneuve,(accompagns dtudiants de lcole
darchitecture de La Villette avec qui ils ont collabor),- un groupe
de jeunes rappeurs de la cit des 4000 nord.
5- projections de travaux, mini-confrences, dbats :Enfin, il a t
intressant dorganiser quelques mini-confrences :- prsentation du
travail de Studio_013 sur le grand Paris le premier jour,-
prsentation du travail de Monte Laster au sein de FACE,-
prsentation du travail des tudiants de Jacques Brel sur leur
travail banlieue is beautiful au sein de FACE,- prsentation par
Kaveh Rashidzadeh, architecte et doctorant, de son travail sur les
territoires de Lucifer dans le Grand_Paris ,- dbats informels lors
de la soire / buffet du mercredi,- prsentation finale du samedi et
dbats qui sen sont suivis.
35
-
le travail des tudiants
1. Fer et eau : les "voies royales" de 2030
Le premier groupe est parti de l'existence de deux anciennes
voies royales du territoire de St-Denis qui rpondaient jadis aux
thma-tiques actuelles du Grand Paris : relier Paris sa banlieue
mais aussi relier les banlieues entre elles, avec la "route de la
rvolte", de Versailles St Denis. Aujourd'hui, ces axes sont
fragments par des infrastructures, les "portes" sont devenues des
nuds complexes, la continuit n'est plus lisible. En revanche, des
modes de dplacement tels que le RER et le tramway incarnent de
nouvelles entres de ville ; la Seine (berges + voie navigable)
traverse les diffrentes banlieues, de Saint-Denis
Boulogne-Billancourt en passant par Courbevoie et Neuilly ; les
voies ferres relient Paris et sa banlieue. En proposant de nouveaux
modes de dplacement doux, longeant des berges amnages, celles de la
Seine comme des voies ferres, ce groupe cherche faire du fleuve et
des voies ferres les "axes royaux" des modes de vie 2030. A partir
de ces deux axes, une requalification du territoire est initie sur
quelques grands principes : longer les berges, franchir entre
quartiers, densifier les friches industrielles et avant tout,
requalifier la gare de Saint-Denis comme nouvelle porte d'entre, de
la ville et de l'le Saint-Denis.
Le projet propose une densification du site de confluences,
entre Seine et voies ferres, avec la gare comme point nodal
permettant de relier les diffrents quartiers. Cette densifi-cation,
partir de la trame parcellaire et viaire existante, s'appuie sur le
pass industriel du site pour imaginer une cohabitation par strates
et juxtaposition de btiments indus-triels et de logements. Ceux-ci,
connects entre eux en hauteur, tisseraient un second rseau
facilitant le franchissement de certaines infrastructures, crant de
la continuit entre quartiers et de linter-connectivit entre les
modes de dplacements. Il devrait tre facile, pour les habitants du
futur co-quartier de lle Saint Denis, d'aller au march de St Denis
vlo sans se confronter aux infrastructures.
2. Du stade St Denis au parc de la Courneuve : un grand jardin
continu
Dans un territoire barr par de grandes infras-tructures routires
est-ouest, ce groupe a identifi deux grandes diagonales qui peuvent
transgresser ce dcoupage en bandes et lui offrir de nouvelles
continuits : l'axe du tramway T1, qui perturbe dj cette
organi-sation spatiale en une diagonale Nord-Ouest / Sud-Est ; et
deux grandes figures, le parc de La Courneuve et le stade de
France, qui peuvent y dessiner un autre axe Nord-Est /
MAQUETTES CONCEPTUELLES FORMAT A3
36 HABITER LE GRAND PARIS
-
PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
3. La rgle et l'exception : tissage et quit
Le troisime groupe s'est appuy sur la force gographique d'une
ancienne voie royale, l'actuelle avenue Paul Vaillant Couturier,
dont la gomtrie sest tendue sur plusieurs kilomtres de large tout
le parcellaire et le rseau viaire, qui forment une grille sous-
Sud-Ouest. Le projet consiste dvelopper ces deux grandes
directions alternatives, afin d'attnuer les grandes fractures
spatiales existantes.Plus prcisment, le groupe articule 3
stra-tgies : - dans la 1e direction : valoriser les espaces publics
lis la ligne T1 afin de l'apprhender telle une paisseur et
favoriser ses liaisons perpendiculaires ; - dans la 2e direction :
relier les entits vgtales et arbores qui fonctionnent dj sur le
site (le parc de La Courneuve, le canal Saint-Denis et ses quais,
le cour du Ru de Montfort arbor, le fort militaire de lEst avec ses
remparts et sa vgtation dense) et y intgrer les friches lies
lautoroute A1 ; - en "rotule" : travailler le site des
"Cosmonautes" en y intgrant une mixit de programmes. Le projet
propos ici retravaille notamment les limites du parc de la
Courneuve pour y intgrer une frange urbaine offrant de nouveaux
usages : espaces publics, terrains de jeux, de sports, aires de
pique-nique, barbecue, kiosque musique. Cette nouvelle identit se
diffuse le long de la diagonale vers le stade, intgrant les patios
de l'hpital, des coeurs d'lots, des espaces collectifs du programme
ANRU, la porosit du tissu pavillonnaire. Une promenade haute sur
les remparts du Fort de l'Est est propose, ainsi que sa
rha-bilitation en ferme urbaine et locaux pour sportifs qui
profiteront de vestiaires et sani-taires connects la nouvelle
figure du parc. Une varit reprable d'arbres se dcline pour
identifier la nouvelle figure du grand parc : en alignements sur
les boulevards qui y mne, en bosquets sur les espaces publics lis
au T1, et plants alatoirement, dans sa frange urbaine.
jacente tramant ce territoire. Cette rgle est pourtant perturbe
par un certain nombre d' exceptions . Les infras-tructures, chemin
de fer puis rseau auto-routier, se sont implantes selon dautres
logiques (techniques, conomiques, grande chelle, etc.). Les nuds
qu'elles crent, les dlaisss qu'elles engendrent, et l'agrgation
autour d'elles de tissus tels que des zones industrielles ou
d'activits, forment ces exceptions la rgle, qui agissent comme de
relles barrires physiques, attirent l'habitat prcaire et de grande
zones monofonction-nelles sans urbanit.A l'horizon 2030, ce
territoire sera desservi par la Tangentielle et par le Grand Paris
Express (mtro souterrain), dont plusieurs arrts sont programms, des
nuds stratgiques de croisement entre la ligne de T1, la gare RER du
Bourget. L'inter modalit recherche ne fera que complexifier
d'avantage ces nuds, par les flux de voyageurs, mais aussi
l'intensit d'activits qu'elle va engendrer. Ce projet propose alors
trois types d'actions : Restructurer : La trame est un outil simple
et clair pour l'organisation et la fluidit de l'espace. Chercher
rtablir la continuit de grands axes Est-Ouest et Nord-Sud permet de
dsenclaver et de rapprocher des lieux de vie.Tisser : Une deuxime
action est de dmul-tiplier cette trame aux abords des nuds
complexes, pour augmenter et rendre lisible les possibilits de
cheminements et de fran-chissements. Ce resserrement de trame
pourrait par exemple relier le parc de la Courneuve au Nord-Ouest,
le parc de la Bergre et le canal de l'Ourcq au Sud-Est.Rendre
quitable : ce maillage devient le support d'un dveloppement
quitable des quartiers des futures gares du GPE. Il ne s'agit pas
de concentrer toute l'intensit (commerces, bureaux, etc.) dans un
primtre serr autour des gares, mais au contraire de la diffuser
dans un primtre plus large, maill d'espaces publics amnags, dans
les quartiers d'habitation existants, en demande de petits
commerces de proximit, de lieu de travail, et d'activits.
37
-
les maquettes des tudiants
-
ECOLE D'ARCHITECTURE DE LILLEMELANIE METIER, CHLOE MARIEY,
JEAN-PHILIPPE DAVID, VALENTINE DAILLY, MATHILDE GARRO, ELISE
MAHIEU, SOPHIE
URAN, ETIENNE SCHILLERS, SANDRA ROBERT-TISSOT, SOLENE
PIRABNDICTE GROSJEAN, ARCHITECTE ET ENSEIGNANTE ENCADRANTE
UNIVERSITE IUAV DE VENISERITA PRIORE
MAQUETTE 1/5000 FORMAT 3 A1
-
1- participation des habitants :
Malgr la distribution de flyers, la mise en place daffiches
(stations tram et RER, certaines coles et mdiathques), la
publication dannonces dans les journaux municipaux (Saint-Denis et
La Courneuve) et le relais sur un blog de La Courneuve pour
annoncer lvnement de la promenade et de latelier, peu de personnes
non prvues sont venues la promenade et tout aussi peu de curieux le
dernier jour autour du dme.
La participation ne se dcrte pas, 6 facteurs au moins paraissent
essentiels :1- cadre non institutionnel (beaucoup de dfiance des
institutions),2- il doit exister un appt : dimensions ludique et
conviviale,3- pas dinfantilisation, apport de culture et
dintelligence, donnant / donnant,4- se programmer en amont, dans la
dure et par tapes progressives dinclusion,5- sappuyer sur des
rseaux locaux pr-existants autour dassociations vivantes,6-
sappuyer sur toutes les gnrations, notamment les enfants et les
jeunes.
Lessentiel de nos rencontres avec des habitants a pu avoir lieu
grce aux relais de lassociation FACE qui nous accueillait au Moulin
Fayvon : lycens du Lyce Jacques Brel, classes de CE2 de lcole
Joliot-Curie, un groupe de cinq jeunes rappeurs de la cit des 4000
nord, FACE dveloppant avec chacun de ces trois groupes diffrents
types de collaborations.
Pourtant il existe bien un dsir participatif et les tudiants du
workshop lont bien senti. chaque fois quils sortaient explorer le
territoire ils se sont efforcs dinterroger les habitants quils
croisaient sur leurs modes dhabiter : bien souvent ceux-ci se
montraient trs intresss pour en bavarder.
2- entretien avec les acteurs de poids :
1- le cloisonnement des missions :On connat la clbre image du
1000 feuilles pour dcrire la complexit administrative : tat, rgion,
dpartement, inter-communalit, commune. Il est vrai que cela
reprsente une certaine complexit de comprendre qui fait quoi ;
cependant la superposition des missions
conclusions
40 HABITER LE GRAND PARIS
-
PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
entre institutions nest pas aussi flagrante, chacun assurant sa
partie.Ce qui est trs marquant justement, cest le cloisonnement des
services. Peut-tre justement par peur quil y ait superposition
entre services dune mme institution ou ceux dautres institutions,
on voit se mettre en place des organigrammes qui cloisonnent
normment laction de chaque cadre au sein de son institution (cf
organigrammes de Plaine Commune ou du CG93 par exemple).
Ainsi, chacun des acteurs, na pu en gnral nous parler que dun
aspect prcis quand il tait interrog sur une question spatiale qui
est trs souvent le croisement de plusieurs paramtres. La plupart
des acteurs sont dailleurs conscients de cette contradiction et le
regrettent, mais ils doivent malheureusement se limiter leur lettre
de mission souvent trs restreinte dans les champs comme dans le
temps.Du coup on sent poindre un certain pessimisme, dfaitisme
et/ou dcouragement chez plusieurs personnes interroges.
2- le cloisonnement des territoires :Quand on cartographie les
diffrents
territoires selon les acteurs qui les grent on se rend compte
que cette partie nord du grand Paris tudie au cours du workshop est
trs cloisonne.Si en plus on extrait de cette cartographie les
parties non habites du territoire comme les zones dactivits et les
infrastructures, on voit quil reste trs peu de ville ordinaire
.Cette priphrie est plus quun simple collage de mono-fonctionalits,
cest aussi un collage denceintes gestions autonomes.De ce point de
vue notamment, limportance des territoires grs par les bailleurs
sociaux pose question.
On voit loeuvre le pouvoir dune somme de techniciens, mais qui
paradoxalement ne semblent pas avides de ce pouvoir pour un projet
en soi. Qui au contraire semblent plutt dans lattente dune demande
politique et/ou des habitants.Nous navons rencontr que trs peu dlus
en comparaison des trs nombreux techniciens que nous avons pu
interroger ; navons-nous pas os / pens les inviter? Sont-ils
disponibles pour ces rflexions? Quel est leur projet, leur vision ?
Comment voient-ils le pouvoir de ces techniciens ? Quels sont
leurs
41
-
projets pour quune relle participation puisse se mettre en place
?
On sent clairement de trop nombreuses difficults et blocages la
fabrication dun projet collectif. Il semble urgent de comprendre
comment les dpasser. Cette formule datelier public ouvert aux
acteurs du territoire apparat trs intressante pour discuter de ces
blocages.
3- court terme et long terme :
La mtropole parisienne a souffert dun important manque
dinvestissements dans la construction de logements et de transports
en commun. La prise de conscience rcente de ce retard est trs
importante mais ce sont des solutions de longs termes (15-20 ans
environs).
Au vu des grandes difficults de la situation sur le territoire
et de lattente importante des habitants il semble essentiel de ne
pas se restreindre cette vision de long terme. Il faut mettre en
place des processus de transformation qui commencent immdiatement
et aussi comprendre quelles
seront les diffrentes tapes dici 15-20 ans.
Si lon veut agir immdiatement, on voit bien que le carcan des
rglementations et habitudes de travail est trop rigide, il ne
semble pas y avoir de marges de manoeuvre au vu des cloisonnements
en place et malgr les bonnes volonts individuelles. Il semble
ncessaire et vitale douvrir des exprimentations et des processus
beaucoup plus informels faisant appel aux nergies locales,
extrmement vivantes de surcrot.
4- prolongements ventuels :
Cette exprience fut extrmement enrichissante ... et en mme temps
frustrante. On sent quon a avec ce mode opratoire du workshop un
instrument puissant pour fabriquer du projet sur le territoire,
dgager une vision partage. Mais ce workshop nest quun balbutiement,
quune minuscule opration pilote, quune exprimentation
improvise.
Il faudrait renouveler et consolider cette exprience un peu
partout sur le grand Paris en y joignant toutes les universits
42 HABITER LE GRAND PARIS
-
PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
qui pourraient y tre intresses (coles darchitecture, coles
durbanisme, universits en sciences humaines et sciences politiques,
coles dingnieurs, coles de commerce ...) pour souffler le vent de
la participation et du dcloisonnement.
Fabriquer ainsi lUniversit du Grand Paris, que Yves Lion et
Franois Leclercq appellent de leurs voeux, par lintermdiaire
dateliers dissmins et mobiles.
Il sagirait alors notamment de se rapprocher davantage :- des
associations dhabitants et de leurs rseaux, des amicales de
locataires ;- des entreprises, de leurs dirigeants et de leurs
employs;- des bailleurs sociaux et dinventorier les exemples
originaux en province et ltranger;- des acteurs / chercheurs
travaillant sur la participation et den inventorier les exemples
originaux.
REMERCIEMENTS
Toutes les personnes cites dans les rencontres, et notamment
celles qui sont venues nous voir au Moulin ou la promenade, merci
!
Tous les participants bien-sr ! Dont les tudiants, Bndicte
Grosjean et videmment FACE sans qui cet atelier naurait pu exister.
Cette rencontre avec FACE, Monte Laster, le Moulin Fayvon et ses
rseaux proches et collaboratifs fut essentielle et extrmement
stimulante. Merci aussi Antoine Jamonneau qui a film en
collaboration avec FACE lintgralit de cet atelier, merci pour
lexcellent film ralis !
Plaine Commune et Youcef Khemissi qui nous a mis en bons
contacts et qui nous a fourni tables, bancs et autres !
LAigp qui nous a fourni un petit budget pour une organisation
complte : un magnifique dme type Buckminster Fuller de 12 m de
diamtre, des toilettes, de lencre pour nos imprimantes et une
succulente nourriture conue et livre par Saloua ! Merci aussi
Saloua ! Merci aussi Franois Biagiotti de Cartondul de la Courneuve
qui nous a fourni du carton pour nos maquettes!
Et en parlant du dme, merci Clinamen, merci aussi leurs brebis
qui souvent les accompagnaient !
43
-
Ecole d'architecture de LilleMelanie METIER, Chloe MARIEY,
Jean-Philippe DAVID, Valentine DAILLY, Mathilde GARRO, Elise
MAHIEU, Sophie URAN, Etienne SCHILLERS, Sandra ROBERT-TISSOT,
Solene PIRA+ Bndicte Grosjean, architecte et ensei-gnante
encadrante
Ecole d'architecture de VeniseRita PRIORE
Studio_013Paola Vigan et Bernardo SecchiMarine Durand, Nicolas
Fonty, Roberto Sega, Guillaume Vanneste, Pauline Varloteaux,
Maarten Wauters, Qinyi Zhang
FACE :Monte Laster, Antoine Jamonneau, Mariane Pinel et Clia
Lebarbey
Cuisinire :Saloua
Construction dme et toilettes sches + bergers :Clinamen (Olivier
+ Pauline + Simone + Benjamin)
les participants
44 HABITER LE GRAND PARIS
-
PARTIE I _Pas pas dans le Grand Paris
45
-
Entits gestion autonome- lhpital Delafontaine rencontre avec la
Directrice Elisabeth Beau (rencontre lhopitl)- la Lgion dhonneur
rencontre avec la Surintendante Marie-France Lorente (rencontre la
Lgion)- parc interdpartemental des sports rencontre avec Didier
Gheux, SIPS 75-93 (rencontre au Moulin)- parc dpartemental Georges
Valbon rencontre avec Lillan Chafiol, CG 93, dpar-tement espaces
verts (rencontre au Moulin)- Fort de lEstcontact tabli avec l
Adjudante-chef Aude FLOTARD, Gendarmerie Nationale et le gnral de
division CARMICHAEL(demande en cours dinstruction)
Bailleurs sociaux - Office dpartementale de Seine-saint-Denis
rencontre avec Pierre Guillard, Directeur de la Maitrise
dOuvrage
(rencontre au Moulin)- Plaine Commune Habitat contact tabli avec
Benjamin Vulbeau (rencontre annule)- SA Plaine de France contact
tabli avec Elodie Padiou (contact par mail et tlphone)- Efidis
(prsent aux 6 routes) contact tabli avec Marie-Olivia Rozoy
(contact par mail et tlphone)
Acteurs sur les infrastructures de transport- Socit du Grand
Paris rencontre avec Marianne Desserrires (rencontre au Moulin)-
conseil gnral 93, quais et voirie T1 rencontre avec Serine Boubaker
Direction de la Voirie et des Dplacements/CG 93 (rencontre au
Moulin)- conseil gnral 93, voirie gnrale rencontre avec Vyasasa
RAMANY Direction de la Voirie et des Dplacements/CG 93 (rencontre
la DVD93 Bobigny)- DRIEA, reprsentant lEtat pour lAmnagement et
lEquipement (dont autoroutes) rencontre avec Michel Mourlot, suivi
du CDT de Plaine Commune (rencontre au Moulin)- STIF, Ana LOPEZ
ANTOLIN, Charge de projet (contacte par mail et tlphone)
- RATP, Jrme Bettochi et Patrick MaugirardInstitutions daction
diffuse- CCI Seine-Saint-Denis rencontre avec Isabelle Schlauder et
Raphal Prost, contact avec Alice Ricouard (rencontre au Moulin)-
Plaine de France rencontre avec Nicolas Lcuyer (rencontre en
amont)- Plaine Commune - rencontre avec Youcef Khemissi pour la
dmocratie locale (rencontres en amont et au Moulin) - rencontre
avec Delphine Raude pour la rnovation urbaine sur La Courneuve /
Sud-ouest (rencontre en amont son bureau de lUTRU / La Courneuve) -
rencontre avec Philippe Mouchel et sverine Nourisson, dpartement
dveloppement conomique (rencontre en amont) - rencontre avec
Sandrine Morel, pour le commerce sur La Courneuve (rencontre au
Moulin) - rencontre avec Hlne Faucher pour les projets damnagement
sur La Courneuve (rencontre au Moulin) - rencontre avec Soizic
Larpent et Jrme Page pour les projets damnagement sur La Courneuve
(rencontre leurs bureaux / Plaine Commune) - rencontre avec Cyril
Bnier pour les projets damnagement sur Saint-Denis (rencontre son
bureau / Plaine Commune)- contact avec Vronique Guyard, directrice
de lUT espaces verts de Plaine Commune sur la ville de Saint-Denis
(rencontre annule)- contact avec Karine Holl, direction de
lhabitat, ple neuf et social (rencontre annule)
- Ville de La Courneuve - rencontre avec Gilles Poux, maire
(rencontre au Moulin) - rencontre avec Sandrine Chnuet, charge de
mission du DG (rencontre son bureau la Mairie) - contact avec
Jean-Michel Roy, Responsable de lunit Patrimoine et Arts Visuels
(contact par mail et tlphone) - contact avec Jean-Claude Cazeneuve,
Responsable DP (contact par mail) - contact avec Hlne Bidard,
Cabinet (contact par mail)
- Ville de Saint-Denis - rencontre avec Anne-Laure Langlais,
Directrice de quartier Cosmonautes-Joliot Curie-Saint
liste des rencontres et contacts
Remy-Champ de Courses (rencontre en amont aux Cosmonautes) -
contact avec Michel Ribay, maire-adjoint, dlgu lcologie urbaine,
lenvironnement et lducation (parti des Verts / EELV) + prsident du
Comit consultatif Lamaze (rencontre annule) - contact avec
Anne-Claire Garcia, Directrice de Quartier Franc Moisin Bel Air
(contact par mail et tlphone)
- Agence Locale de lnergie et du Climat de Plaine Commune -
contact avec Michal Evrard, Directeur (rencontre annule)
- Sequano Amnagement - contact avec Aurlie Paquot, responsable
mission tudes (dont zone Mermoz) (rencontre annule)
- Conseil de dveloppement de Plaine Commune - contact avec
Valrie Grmont (contacte par mail et tlphone)
Urbanistes et + (architectes, sociologues, historiens,
paysagistes, paysans, habitants ...)- Chantal Talland, Directrice
IFMO - Ecoles de la Rnovation Urbaine et de la Gestion des
Quartiers (rencontre la promenade)- Claudie Gillot-Dumoutier,
Georges Salomon et Alexandre Carbonnel, habitants membres du
collectif Lamaze militant pour lenfouissement de lautoroute A1
(rencontres en amont et la promenade)- Bernard Paurd,
architecte-urbaniste, plusieurs btiments sur La Courneuve +
rnovation 4000 nord (rencontre la promenade)- Lucinda Groueff,
architecte-urbaniste-vidaste, thse en cours sur la participation
dans les projets urbains + ateliers de vido s avec des enfants des
Cosmonautes + site http://saintdenis-nordest.fr/ (rencontres en
amont et au Moulin)- CLINAMEN, paysans du grand Paris et pour
certains architectes ou paysagistes / Olivier Marcouyoux et aussi
Julie, Simone, Pauline et Benjamin (rencontres en amont et au
Moulin)- Olivier Boucheron, architecte et enseignant, poursuit
depuis plusieurs annes une rflexion sur les amnage-ments des 4000
nord avec des tudiants de La Villette et en collaboration avec des
enfants de CE2 de Joliot-Curie (rencontre au Moulin)- Sophie
Denisoff et Roland Castro, architectes-urba-nistes membres de lAIGP
; ils dveloppent pour la mairie de La Courneuve une importante tude
urbaine sur les 6 Routes (rencontres lors dune runion publique de
prsentation du projet la Mairie)
-
Remy-Champ de Courses (rencontre en amont aux Cosmonautes) -
contact avec Michel Ribay, maire-adjoint, dlgu lcologie urbaine,
lenvironnement et lducation (parti des Verts / EELV) + prsident du
Comit consultatif Lamaze (rencontre annule) - contact avec
Anne-Claire Garcia, Directrice de Quartier Franc Moisin Bel Air
(contact par mail et tlphone)
- Agence Locale de lnergie et du Climat de Plaine Commune -
contact avec Michal Evrard, Directeur (rencontre annule)
- Sequano Amnagement - contact avec Aurlie Paquot, responsable
mission tudes (dont zone Mermoz) (rencontre annule)
- Conseil de dveloppement de Plaine Commune - contact avec
Valrie Grmont (contacte par mail et tlphone)
Urbanistes et + (architectes, sociologues, historiens,
paysagistes, paysans, habitants ...)- Chantal Talland, Directrice
IFMO - Ecoles de la Rnovation Urbaine et de la Gestion des
Quartiers (rencontre la promenade)- Claudie Gillot-Dumoutier,
Georges Salomon et Alexandre Carbonnel, habitants membres du
collectif Lamaze militant pour lenfouissement de lautoroute A1
(rencontres en amont et la promenade)- Bernard Paurd,
architecte-urbaniste, plusieurs btiments sur La Courneuve +
rnovation 4000 nord (rencontre la promenade)- Lucinda Groueff,
architecte-urbaniste-vidaste, thse en cours sur la participation
dans les projets urbains + ateliers de vido s avec des enfants des
Cosmonautes + site http://saintdenis-nordest.fr/ (rencontres en
amont et au Moulin)- CLINAMEN, paysans du grand Paris et pour
certains architectes ou paysagistes / Olivier Marcouyoux et aussi
Julie, Simone, Pauline et Benjamin (rencontres en amont et au
Moulin)- Olivier Boucheron, architecte et enseignant, poursuit
depuis plusieurs annes une rflexion sur les amnage-ments des 4000
nord avec des tudiants de La Villette et en collaboration avec des
enfants de CE2 de Joliot-Curie (rencontre au Moulin)- Sophie
Denisoff et Roland Castro, architectes-urba-nistes membres de lAIGP
; ils dveloppent pour la mairie de La Courneuve une importante tude
urbaine sur les 6 Routes (rencontres lors dune runion publique de
prsentation du projet la Mairie)
- Benot Pouvreau, historien de larchitecture, dpar-tement du
patrimoine (grands ensembles) au CG 93 (rencontre au Moulin) -
Denis Delbaere, paysagiste et Nataska Roublov, archi-tecte pour
leur intervention concomitante de la grande ville 24h chrono
(rencontre en amont et au Moulin) - Yannick Beltrando,
architecte-urbaniste charge par Plaine commune et Sequano de
dvelopper un plan directeur pour la zone dactivits Mermoz
(rencontre annule)- Simon Ronai, urbaniste directeur du bureau
dtudes urbaines Orgeco, membre de lAIGP (rencontre au Moulin) -
Olivier Darn, plasticien et apiculteur urbain, producteur du Miel
Bton et fondateur du parti potique (contact par mail)- Alessia de
Biase et Federica Gatta, LAA, architectes anthropologues, pour une
tude sur lhistoire des 4000 sud faite sur la base de nombreux
entretiens (rencontre annule)- Mtronymie, revue darchitecture,
durbanisme et de politique. (rencontre au Moulin)
Entreprises et professionnels du territoire- KDI, fournisseur de
produits mtalliques de la construction (visite du site)- Cartondul,
fournisseur de produits cartonns sur mesure (visite du site)-
Muse-D Territoires, cabinet de conseil constitu de sociologues,
conomistes, urbanistes et experts de la communication implants dans
les 4000 sud ; notamment AMO pour Plaine Commune. rencontres avec
Ahmed Bouzouad et Estelle Tournus (rencontre en amont et au
Moulin)- Dubrac TP, entreprise de travaux publics base Saint-Denis
depuis 1922 contact tabli avec Francis Dubrac (contact par mail et
tlphone)- Alstom, implante dans la zone Mermoz contact tabli avec
Laurence Faucher, responsable RSE (contact par mail)- Segro,
amnageur de zones dactivits (dont une opration sur la zone du Rteau
ou Damiers ?) contact tabli avec Fabien Fridirici, Directeur
rgional IDF (contact par mail)- Rachid Santaki, crivain, notamment
de romans policiers ayant pour scne la banlieue nord de Paris
(rencontre annule)- Abdou Diouri, photographe, anime une galerie
dans le centre de Saint-Denis
(rencontre annule)- Apijbat, entreprise de construction
cologique et dinsertion par lactivit, implante dans la Cit des
Cosmonautes rencontres avec Mathieu, Slavek et deux autres membres
(rencontre en amont et au Moulin)- Face, association anime
notamment par lartiste Monte Laster et implante au Moulin Fayvon,
qui a pour but de redonner du pouvoir aux habitants (empowerment)
au travers dactions artistiques et cratives au sein de lespace
publique rencontres avec Monte Laster, Celia, Marianne et Mike.
(rencontre en amont et troite collabo-ration au Moulin)
Habitants et associations dhabitants- Mathieu Glayman,
association de parents dlves du 93 (rencontre au Moulin)-
Lassociation Lamaze militant pour lenfouissement de lA1 (rencontre
en amont et au Moulin)- Synergies +, association notamment pour
laide aux devoirs implante dans la rsidence du Parc ( contacter)-
Faites le mur, association finance par Yannick Noah pour favoriser
des activits sportives et rcratives dans les cits, implante dans
les 4000 nord ( contacter)- lycens et tudiants du lyce Jacques Brel
participant au projet banlieue is beautiful au sein de
lasso-ciation Face (rencontre au Moulin)- deux classes de CE2 de
lcole Joliot-Curie (rencontres en amont et au Moulin)- une dizaine
dhabitants (rencontres la promenade et au Moulin)- association
Velos Saint-Denis, contacts avec Georges Salomon et Mathieu
Deshauts (rencontres en amont et la promenade)- blog des 4 Routes
La Courneuve, contact avec David lHote (rencontre annule)- blog
sans crier gare relayant les activits cultu-relles et urbaines
Saint-Denis (contact par mail)
-
Les rcits dacteurs: une histoire de la construction de la
priphrie
Les rcits dacteurs que nous reportons dans ces pages sont issus
dun ensemble dentretiens que nous avons raliss durant latelier
urbain que nous avons organis en mai 2013 la Courneuve (nous y
reviendrons dans le chapitre suivant). Lun des objectifs de cet
atelier, nous le verrons, tait de rencontrer les acteurs locaux,
ceux qui travaillent avec et pour la ville, dans le territoire du
Nord du Grand Paris, plusieurs chelles et selon des comptences trs
varies. Ces entretiens nous ont permis de comprendre en partie et
desquisser une certaine histoire de la production de lespace
priphrique. Nous avons ainsi pu, avec les acteurs qui se sont
entretenus avec nous, reconstruire une histoire passe de cette
production ( travers les diverses politiques de la ville, les
erreurs et checs) mais aussi lhistoire actuelle, ce qui se joue
sous nos yeux (lexemple des oprations de rhabilitation et de
recyclage souvent impossibles cause des montages financiers
favorisant encore aujourdhui la dmolition, montre que les choix et
dcisions ne dpendent plus de la seule volont politique...).
48 HABITER LE GRAND PARIS
-
longe le parc de la Lgion d Honneur, on arrive dans quelques
cits, il y a le cimetire juste ct, puis on passe par dessus
lautoroute A1 et vous le devinez peine mais il y a le Fort de lEst
sur votre droite, un petit quartier pavillonnaire, puis nouveau des
Grands Ensembles, les 4000, la cit des Cosmonautes ; ensuite tout
le vieux pays de la Courneuve avec lglise Saint-Lucien par exemple,
mais aussi toute la rnovation urbaine du quartier Convention,
nouveau de lindustrie, de la grosse industrie lourde, puis lA86, le
stade Go Andr. On arrive progressivement aux 4 Routes, et l on a la
Courneuve de la fin du 19e jusqu la fin du 20e, avec une chelle
urbaine bien plus traditionnelle, des traces des annes 30 travers
lglise rige par les chantiers du Cardinal, la petite place du 18
mai 45 avec sa forme bien particulire... Le T1 cest toute cette
diversit l. Si on veut dcouvrir la banlieue, il faut suivre le
trajet du tramway et essayer de tourner la tte de part et dautre
car il y a systmatiquement quelque chose voir, pas toujours trs
beau, il y aussi des trucs un peu rats, de la banlieue au sens le
plus ngatif du terme ; mais il y a aussi tout ce quon nimagine pas
et qui a particulirement de lintrt, des qualits, qui fait le charme
de la banlieue.
Le cte ngatif de ce paysage urbain cest dtre, beaucoup plus que
Paris, dans un rapport de banlieue au sens strict ; la
struc-turation existe, mais elle ptit de celle plus grande pense
par la capitale, ce qui veut dire concrtement une relation
linfrastructure autoroutire qui est souvent en tranche, en rupture
totale avec lexistant. Quand on vient de Paris ce nest que du
paysage ; quand on y vit, cest beaucoup plus compliqu. Cest une
dimension despace servant plus que servi, avec dailleurs un nombre
de sorties dauto-routes pas forcment la hauteur des besoins, un
rapport vraiment utilitaire de lespace. Et le ct positif, cest tout
ce qui subsiste justement entre ces espaces utilitaires, avec
- Benot Pouvreau, historien de larchitecture, dpartement du
patrimoine (grands ensembles) au CG 93
Dans les 4/5 ans, tout va continuer comme cest dj amorc, la
mutation urbaine en cours va vraisemblablement se poursuivre et
elle sera miette, elle se fera systma-tiquement loccasion de
librations de terrains plus ou moins importants. On a une
construction du territoire par petites touches, qui ne correspond
pas du tout lmergence dun seul et mme bloc de quartier comme les
4000 dans les annes 60, mais plutt des petites oprations qui se
succdent, que lon voit se dvelopper sur le territoire mme des 4000
aujourdhui, et qui essaiment sur tous les terrains qui
progressivement se librent ; cette mutation se produit parce que le
btiment industriel na plus dactivit et que la pression immobilire
est forte.
La spcificit du premier trajet du T1 cest sa trs grande
diversit. Ce trajet est un condens de banlieue comme on nen a peu,
avec un dpart dans Saint-Denis au niveau de la gare, lment
extrmement ancien et structurant de la ville, puis la ZAC Basilique
qui est une rnovation urbaine des annes 70 90 et qui tmoigne dune
diversit archi-tecturale tout fait intressante ; aprs, on
RCITS DACTEURS
49
-
du pavillonnaire de qualit, des restes de vieux villages avec
notamment toute lactivit marachre qui a t extrmement forte sur la
Plaine de France, et en mme temps les innovations, les inventions
qui se sont faites, parce que ce secteur a une histoire ouvrire
forte ; cest--dire du logement social depuis le dbut de son
existence, depuis la fin du 19e sicle, du patrimoine industriel en
lien direct avec toute cette population ouvrire, avec des choses
tout fait intressantes dun point de vue architectural et urbain, et
puis ces affirma-tions dune commune avec par exemple lHtel de ville
de la Courneuve, typique de la 3e rpu-blique, qui essaye de
structurer une ville diffi-cilement structurable parce quelle est
toute en longueur, des 6 Routes aux 4 Routes. Cest aussi le ct un
peu chaotique de tout a, le ct non concert, la place que a laisse
la nature (la banlieue est vraiment beaucoup moins minrale que la
capitale) ; donc on y respire mieux, on a plus despace, on a plus
de ciel et cest un rapport lespace et lurbain compltement diffrent,
ce qui est apprciable et qualitatif.
- Gilles Poux, Maire de La Courneuve de puis 1996
Depuis la fin des annes 70, le travail qui a t engag, avec ses
qualits et ses dfauts, par mes prdcesseurs et que jai essay de
prolonger, est prcisment de recoudre ce territoire pour essayer de
lui donner une cohrence, quon sy repre, que ses atouts puissent tre
appropris par la population.Jentendais il ne faut pas attendre les
grands projets ... sauf que cest un territoire qui est en
permanence sous perfusion, cest dire que lon ne sy intresse que sil
y a un grand projet, cest la difficult laquelle on est confront. La
gare du GPE ne devait pas exister La Courneuve, je me suis battu
pour que la gare existe, pour que les habitants arrtent dtre
considrs comme de la pitaille, quils puissent tre dans les
dynamiques qui se droulent sur le territoire et quen mme temps cela
puisse tre aussi un levier pour poursuivre cette rconciliation du
territoire laquelle on travaille.
50 HABITER LE GRAND PARIS
-
- Pierre Guillard, Directeur de la matrise douvrage de lOffice
public de lhabitat de Seine-Saint-Denis
Rnover ou dmolir ? Lexemple prcis du Mail de Fontenay illustre
la complexit des situations de rnovation urbaine quaffronte les
nombreux bailleurs sociaux, entre rhabilitation et dmolition.Dans
le cas du Mail de Fontenay, le diagnostic actuel est dur et
symptomatique de ce type dimmeuble : seulement deux petits
ascen-seurs pour 300 logements et environ 1000 habitants, des cages
descaliers problma-tiques et un pied dimmeuble qui ne fonc-tionne
pas trs bien etc. En revanche, les logements ont, au-del du
vieillissement certain ncessitant quelques travaux, un atout de
force : une trs belle lumire pour chaque habitation et une vue qui
domine Paris.Les plus gros problmes donc, concerne les parties
communes et collectives, cest dailleurs ce qui cote le plus cher
car avec lagrandissement des systmes de distribution verticale on
touche la structure lourde du bti.Un march de dfinition a t lanc
pour un projet de rhabilitation. Les architectes et urbanistes des
trois quipes Roland Castro, Lacaton et Vassal et lAUC y ont
particip, proposant des projets de recyclage et de rno-
vation de la barre du mail de Fontenay. Ces projets prvoyaient
un montant de travaux suprieur aux mcanismes permis par lANRU. Les
alternatives possibles sont soit une mise en attente avec un
investissement minimal par logement qui reporte une dcision plus
forte 5 ans environ, on reporte donc le problme une chance
ultrieure et rien ne change radicalement pour les habitants, soit
la dmolition, et l on soulve dautres types de problmes.
En ralit, la question du choix entre dmo-lition et rhabilitation
est davantage lie au mcanisme financier et demprunt plutt quau cot
rel des oprations, car en soit, la dmolition-construction cote plus
chre que le rhabilitation (non seulement en cots de travaux, mais
aussi par exemple en gardiennage lorsque certaines familles ne sont
pas encore reloges mais ne sont plus en scurit dans limmeuble
presque vide). Alors pourquoi a-t-on autant de difficults raliser
des projets de rhabilitation forts et ambitieux ? Lune des rponse
se trouve dans le montage financier de lopration : dans une
opration de dmolition-reconstruction, la dmolition est soutenue
financirement par lANRU et la reconstruction peut bnficier de prt
bancaire stalant sur une dure allant de 30 40 ans, alors que dans
le cas dune rhabi-litation le prt porte sur une dure beaucoup plus
courte, 25 ans en moyenne, ce qui rend lopration beaucoup plus
difficile porter financirement.
Pour quil y ait de la mobilit sociale, il faut que le territoire
soit attractif . Comment faire pour que les gens restent ? Lun des
problmes de nombreux territoires de la priphrie Nord est le manque
doffre locative non social. Ce qui semble tre un paradoxe reflte un
problme trs fort, celui de certains habitants ayant grandi dans des
quartiers de logements sociaux qui, alors quils ne sont plus
ligibles pour les logements sociaux, se
51
-
voient contraints quitter leur quartier, leur commune. La mixit
sociale que lon aborde souvent du ct inverse, soit la ncessit de
construire davantage de logements sociaux dans certaines communes
qui en sont dpourvues, prend ici un tout autre aspect : la ncessit
dune commune qui na une offre locative que sociale de donner la
possibilit ses habitants mancips de la location sociale de vivre
dans leur propre ville, avec leur famille, leurs habitudes, leur
identit.
Le foncier invisible : une illusion spatialeConstruire 70.000
logements par an, ambition affiche par le gouvernement travers la
Loi du Grand Paris semble trs difficile et direc-tement lie au
manque de foncier dans le dpartement. Certes sur la carte, de
nombreux terrains semblent vide, mais ce sont majori-tairement des
sites pollu lourdement, des sites traverss en souterrain par les
gazoducs ou encore des dlaisss dautoroute appar-tenant ltat par
exemple. Cest donc essen-tiellement ce type de sites qui
constituent le patrimoine de ce quon appelle en ce moment le
foncier invisible et qui est prsent comme le nouvel espace
construire
- Simon Ronai, urbaniste, Directeur du bureau dtudes urbaines
Orgeco, membre de lquipe Grumbach lAIGP
Dans le milieu des annes 80 on a commenc mettre en place la
politique de la ville et les premires rnovations urbaines ont eu
lieu; depuis, des investissement et des transforma-tions urbaines
ont rgulirement marqu les banlieues Nord de Paris : couverture de
lA1 et grand Stade, implantation du tramway, dsin-dustrialisation
et implantation massive de bureaux sur la Plaine Saint-Denis,
cration des zones franches urbaines, deuxime plan de rnovation
urbaine avec lANRU... On a tout essay et pourtant on constate
encore sur ces territoires les niveaux les plus bas de revenus et
dducation .
52 HABITER LE GRAND PARIS
-
- Georges Salomon, habitant membres du Collectif Lamaze pour
l'enfouissement de l'au-toroute A1
La construction de la Cit des Cosmonautes sachve en 1968, celle
de lautoroute A1 commence dans les annes 60 mais ce nest quau dbut
des annes 70 quelle aura sa forme actuelle. Des passerelles taient
prvues pour relier notamment le parc aux quartiers de la rive sud.
Plus tard, au cours des annes 80 est amnage une butte paysagre et
un mur antibruit au sommet. Tout rcemment, le collge Lurat viennent
dtre agrandi sur la rive nord. Cest ce collge, en face, que se
rendent les enfants des Cosmonautes, mais pour cela ils doivent
emprunter le pont Voltaire qui passe au-dessus de lA1 qui nest pas
du tout confortable et mme trs acciden-togne pour les pitons. On a
une ville coupe en deux. L A1 voit passer 200.000 vhicules/jour :
on est plus de 68 dB jour et nuit, bien au-del des seuils europens.
La station de mesure de pollution au niveau du Stade de France
indique quon on dpasse un jour sur deux les normes euro-pennes et
multiplies par 3 ou 4. Entre le tunnel du Landy et le Parc de La
Courneuve, tronon pour lequel le Collectif Lamaze demande
lenfouissement de lA1, ce sont prs de 35.000 personnes qui sont
affectes .
- Chantal Talland, Directrice IFMO - Ecoles de la Rnovation
Urbaine et de la Gestion des Quartiers
La cit des Cosmonautes est un des premiers quartiers o fut
exprimente par la Ville de Saint-Denis une incitation
participative, sous lappellation dmarches quartiers en 1988. Le
maire Marcelin Berthelot initie ces programmes au milieu des annes
80 la suite dune srie dlections marques par une abstention de plus
de 50% et un votre Front National qui, dans certains quartiers,
avoisine les 30 %.Nombreux de ces quartiers sociaux taient marqus
par un fort taux de chmage et une importante mortalit due au sida,
notamment en consquence dune consommation impor-tante dhrone... On
parlait mme de mouroir. Ce sont aussi ces traumatismes qui ont
pouss ces nouvelles dmarches pour travailler avec les gens du
quartier.
53
-
LA CONSTRUCTION DE LA STIGMATISATION DES LIEUX
RIEN QU SAINT-DENIS, ON COMPTABILISE 22 DES 55 GIBETS RPARTIS
SUR TOUT LE TERRITOIRE
IMAGES TIRES DE LA THSE DE DOCTORAT DE KAVEH RASHIDZADEH THE
GEOGRAPHY OF EVILS IN SEINE SAINT-DENIS
54 HABITER LE GRAND PARIS
-
PARTIE I _La production dun espace priphrique
LA LONGUE DURE DES BANLIEUES
55
2. LA PRODUCTION DUN ESPACE PRIPHRIQUE
Jusqu des temps assez rcents, les historiens de la ville et du
territoire ne se sont pas occups en dtail des processus de
production des espaces priphriques, bien quune vaste documentation
cartographique existe et en dcrit la croissance. Des uvres
fondamentales comme celle ralise par A. Fourcaut, E. Bellanger, M.
Flonneau, Paris/Banlieues. Conflits et solidarits, sont encore tout
fait rares. Les relations entre Paris et les banlieues sont une
histoire en chantier. Les priphries ont t souvent considres comme
les consquences invitables et totalement sans paisseur de la
croissance urbaine, phnomnes stigmatiss sur la base de jugements
strotyps plutt que rellement tudis.
Et pourtant dans les banlieues, peut-tre plus que dans le
centre-ville, se sont dposs, depuis plus de deux sicles, les
tmoignages contradictoires des diffrents acteurs qui ont construit
la modernit, cest--dire les problmes quils ont essay de rsoudre,
leurs ides et les images quils ont cultives. La fragmentation et
lapparent dsordre qui caractrisent lespace banlieusard nest rien
dautre que le bouillonnement dune socit qui a chang et qui continue
de changer fort rapidement.
Dans leffort de comprendre la production des espaces
priphriques, nous avons utilis quatre sources principales: des
travaux acadmiques tels que Paris Banlieues et les interprtations
avances; lil raisonn ou la collection disponible pour les trois
sicles derniers des cartes du territoire parisien, encore une fois
une srie dinterprtations qui se succdent et qui se reprsentent
travers des techniques diffrentes; un travail de terrain: marcher
la dcouverte des diffrentes situations qui caractrisent lespace
priphrique, sinterroger sur leurs possibilits volutives; lcoute de
la voix des habitants par des interviews, mais aussi par les voix
du Slam telles que celle de Grand Corps Malade (Fabien Marsaud).
Limage de lespace priphrique qui merge (et qui complte celle que
nous avons propose lors de lAIGP 1 - cf. La ville poreuse, 2011)
est certainement trs complexe, mais leffort de linterprter nest pas
dsespr.
Un territoire parsem de petits villages avec une trs longue
histoire est encore aujourdhui reconnaissable: Gonesse, Arnouville,
Sarcelles, Villiers-le-Bel, Ecouen au Nord, Rungis, Thiais, Orly au
Sud; un territoire parcouru autrefois en ligne droite par le rues
royales et les canaux, puis par les voies de
-
1820
1901
1934
LES COURS DEAU STRUCTURENT LE TERRITOIRE AU NORD DEST EN
OUEST
LES FAUBOURGS SACCROCHENT AUX VOIES PRINCIPALES EN DEHORS DE
PARIS INTRA-MUROS
LURBANISATION SUCCESSIVE SE PRODUIT AUTOUR DES ANCIENNES VOIES
ROYALES, AUJOURDHUI ROUTES NATIONALES AU TRAFIC ROUTIER INTENSE
56 HABITER LE GRAND PARIS
-
PARTIE I _La production dun espace priphrique
57
chemin de fer qui suivent de prs la topographie et enfin, par
les autoroutes, figures libres; un territoire envahi partir des
annes 30, mais surtout dans laprs-guerre pendant les Trente
glorieuses, par une urbanisation extensive: cest a la priphrie. Un
territoire o plusieurs matriaux urbains se cumulent: des
lotissements pavillonnaires, des grands ensembles, des zones
dactivit, des aroports, des grands quipements dintrt mtropolitain,
national et europen et, parmi eux, les zones blanches de Philippe
Vasset (cf. P. Vasset, Un livre blanc, Fayard 2007). Certaines
figures sont reconnaissables et dans leur disposition elles
construisent des lieux catastrophiques au sens de Ren Thom, des
lieux o deux ou plusieurs rgles de construction de lespace urbain
narrivent pas se rencontrer, des lieux de rupture dun ordre
spatiale, dinterruption de toute continuit. La fragmentation de la
priphrie est faite de ces ruptures qui nous renvoient au manque de
coordination des programmes des diffrents acteurs qui lont
construite, des programmes sectoriels qui ont essay tout prix de
rsoudre un seul problme la fois.
Cest l o la France est le pays cosmopolite du Slam de Grand
Corps Malade o en une heure tu traverseras Alger et Tanger, tu
verras des yougos et des roms, et puis je temmnerai Lisbonne et
deux pas de New Delhi et de Karachi..... Stigmatise depuis
longtemps, cette priphrie nest pas habite par les parisiens de
souche. On peut marcher pendant des heures sans croiser un blanc.
Domine par la rhtorique de la peur, elle est sillonne par les
agents de police. Et pourtant elle est une ville vivante qui
produit les germes dune partie importante de la culture
contemporaine.
-
0 2.5 5 KM
METRO
PETITE COURONNE
RER
CERGY PONTOISE
SAINT QUENTIN
EVRYMELUN SNART
MARNE LA VALLE
58 HABITER LE GRAND PARIS
La ville du RER2.7 millions hb. [villes de 20.000 40.000
hb.]
La ville dense2.2 millions hb. Paris intramuros + 1.2 million
hb. [villes de 80.000 120.000 hb.]
-
PARTIE I _La production dun espace priphrique
59
QUATRE VILLES, QUATRE STYLES DE VIE
La fragmentation fait que le Grand Paris est trs htrogne.
Lhtrognit peut tre une valeur comme on le verra dans les pages
suivantes, mais elle nous invite tout de mme essayer de trouver des
figures qui nous faci-litent la comprhension des diffrentes
situations.Il nous semble possible de reconnatre dans le Grand
Paris quatre villes diffrentes auxquelles correspondent quatre
diffrents styles de vie: quatre diffrentes structures et
morphologies de lespace urbain; quatre diffrentes structures
sociales et dmographiques; quatre diffrentes pratiques de lespace
et de relations avec le logement. Il sagit videmment dune partition
trs rudimentaire, mais qui peut claircir le rle des transports
publics dans la construction de lespace mtropolitain.
La premire ville est la ville dense. Le Paris haussmannien en
est lexemple plus connu, mais des tissus denses se trouvent aussi
lextrieur du pri-phrique, notamment dans la premire couronne (mais
pas partout dans la mme couronne). Grosso modo 2.200.000 habitants
dans le Paris intramuros et 1.200.000 habitants en dehors, rpartis
dans des villes de 80.000 120.000 habitants. Cest la ville
hautement accessible, de la rue corridor et du piton, de lespace
continu, de la mixit fonctionnelle et du mtro, la ville des haut
lieux, mais aussi des trottoirs, des berges et des ponts de
Paris.
La deuxime est la ville du RER. Plus disperse, elle abrite
2.700.000 habitants environ, distribus dans des villes de 20.000
40.000 habitants. Elle est la ville des Grands ensembles, mais
aussi des noyaux urbains anciens (parfois plus ancien que Paris
mme), cest la ville des pendulaires, qui dpend quasi totalement de
Paris. La prsence des vastes taches de pavillonnaire fait que la
densit est plus faible et les espaces non btis plus importants.
DIRECTION PARISLA VILLE DENSE
-
TRANSILIEN
Vivre le territoire de lIlle de France3.2 millions hb. [villes
< 20.000 hb.]
TRAM
60 HABITER LE GRAND PARIS
lespace priphrique2.5 millions hb. [villes entre 40.000 et
80.000 hb.]
TRAM: PROPOSITION DU RESEAU - STUDIO_013GPE: PROPOSITION
ALTERNATIVE ET MOYEN TERMESTUDIO_013
0 2.5 5 KM
-
PARTIE I _La production dun espace priphrique
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La troisime est la ville des enclaves et de lexclusion.
2.500.000 habitants distribus dans des villes de 40.000 80.000
habitants desservies par le RER mais