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1 Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957). Introduction La problématique de cet article concerne la définition d'une catégorie de voix, celle de fort ténor, dramatique et wagnérien, en passe de disparition, et, avec elle, celle d'une partie du grand répertoire de l' Opéra Français, exigeant ce type de voix pour son interprétation. Les théâtres de province français reprirent très volontiers, dès la fin de la dernière guerre, ce grand répertoire lyrique, abandonné pour des raisons multiples, dont la carence de grandes voix. Notre méthode s'appuiera sur l'analyse de documents de première main: essentiellement sur les critiques des représentations de ce grand opéra qui disparaît progressivement de nos théâtres et que nous illustrerons de programmes et de photos prises sur la scène. Cela nous permettra de reconstituer une période de l'histoire de l'Art Lyrique Français, à travers la carrière d' un authentique fort ténor, Marian Porebski 1 2 . Le répertoire français pour fort ténor dramatique et wagnérien. Nous nous intéresserons aux ouvrages suivants du Grand Opéra Français: L'Africaine de Meyerbeer, Sigurd et Salammbô d'Ernest Reyer, Hérodiade de Jules Massenet, La Juive de Fromenthal Halévy, Samson et Dalila de Camille Saint Saens, La Passion d'Albert Dupuis. Patrie de Paladhile, Massalia de Pierre Monier (et Pol d'Estoc) et Monna Vanna d'Henri Février. Ces ouvrages nécessitent tous des voix puissantes et ne peuvent tenir l'affiche que si le premier rôle de ténor dramatique est vocalement convaincant. Ils sont, pour la plupart, absents aujourdhui de nos scènes et, avec eux, une part considérable du Grand Répertoire Lyrique Français (et en langue française, comme La Passion du compositeur, belge, Albert Dupuis). Les critiques qui étayent cet article montrent bien ce que sont les incontournables exigences vocales, musicales et scéniques sans lesquelles cette partie de notre Art Lyrique ne peut survivre. L'Africaine : reprise de L'Africaine de Giacomo Meyerbeer au Grand Théâtre de Bordeaux en 1944. Ce qu'est un fort ténor. En dépit d'un livret qui cumule avec un malin plaisir les pires invraissemblances et d'une partition dont la vétusté s'avère aujourdhui vénérable, le grand opéra de Meyerbeer a connu vendredi soir les faveurs d'un public prompt à l'enthousiasme. M. Porebski, jeune ténor polonais, chantait Vasco pour la première fois en français. Excusons donc une certaine gaucherie scénique et rendons hommage à la générosité d'un organe qui peut se permettre les plus périlleuses escalades, l'air "O paradis" valut au chanteur les rares honneurs du "bis"...au pupitre, M. Lauweryns fut la vigilance même et fort justement applaudi. (signé: L.E.) (Ex. nr 1/c critique de la reprise de l'Africaine au Grand Théâtre de Bordeaux, 1944). 1 Cette étude fait suite au mémoire de Maîtrise: "Marian Porebski, chanteur wagnérien. Sa carrière et son oeuvre pédagogique". 2 QUASNIK Dominique, "Marian Porebski, chanteur wagnérien. Sa carrière et son oeuvre pédagogique", mémoire de maîtrise d'éducation musicale, Paris IV-Sorbonne, 1976.
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Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

Apr 08, 2023

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Page 1: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor,

dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

Introduction

La problématique de cet article concerne la définition d'une catégorie de voix, celle de fort

ténor, dramatique et wagnérien, en passe de disparition, et, avec elle, celle d'une partie du

grand répertoire de l' Opéra Français, exigeant ce type de voix pour son interprétation. Les

théâtres de province français reprirent très volontiers, dès la fin de la dernière guerre, ce grand

répertoire lyrique, abandonné pour des raisons multiples, dont la carence de grandes voix.

Notre méthode s'appuiera sur l'analyse de documents de première main: essentiellement sur

les critiques des représentations de ce grand opéra qui disparaît progressivement de nos

théâtres et que nous illustrerons de programmes et de photos prises sur la scène. Cela nous

permettra de reconstituer une période de l'histoire de l'Art Lyrique Français, à travers la

carrière d' un authentique fort ténor, Marian Porebski 1 2.

Le répertoire français pour fort ténor dramatique et wagnérien.

Nous nous intéresserons aux ouvrages suivants du Grand Opéra Français: L'Africaine de

Meyerbeer, Sigurd et Salammbô d'Ernest Reyer, Hérodiade de Jules Massenet, La Juive de

Fromenthal Halévy, Samson et Dalila de Camille Saint Saens, La Passion d'Albert Dupuis.

Patrie de Paladhile, Massalia de Pierre Monier (et Pol d'Estoc) et Monna Vanna d'Henri

Février. Ces ouvrages nécessitent tous des voix puissantes et ne peuvent tenir l'affiche que si

le premier rôle de ténor dramatique est vocalement convaincant. Ils sont, pour la plupart,

absents aujourdhui de nos scènes et, avec eux, une part considérable du Grand Répertoire

Lyrique Français (et en langue française, comme La Passion du compositeur, belge, Albert

Dupuis). Les critiques qui étayent cet article montrent bien ce que sont les incontournables

exigences vocales, musicales et scéniques sans lesquelles cette partie de notre Art Lyrique ne

peut survivre.

L'Africaine : reprise de L'Africaine de Giacomo Meyerbeer au Grand Théâtre de Bordeaux en

1944. Ce qu'est un fort ténor.

En dépit d'un livret qui cumule avec un malin plaisir les pires invraissemblances et d'une

partition dont la vétusté s'avère aujourdhui vénérable, le grand opéra de Meyerbeer a connu

vendredi soir les faveurs d'un public prompt à l'enthousiasme. M. Porebski, jeune ténor

polonais, chantait Vasco pour la première fois en français. Excusons donc une certaine

gaucherie scénique et rendons hommage à la générosité d'un organe qui peut se permettre

les plus périlleuses escalades, l'air "O paradis" valut au chanteur les rares honneurs du

"bis"...au pupitre, M. Lauweryns fut la vigilance même et fort justement applaudi. (signé:

L.E.) (Ex. nr 1/c critique de la reprise de l'Africaine au Grand Théâtre de Bordeaux, 1944).

1 Cette étude fait suite au mémoire de Maîtrise: "Marian Porebski, chanteur wagnérien. Sa carrière et son

oeuvre pédagogique". 2 QUASNIK Dominique, "Marian Porebski, chanteur wagnérien. Sa carrière et son oeuvre pédagogique",

mémoire de maîtrise d'éducation musicale, Paris IV-Sorbonne, 1976.

Page 2: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Notons le choix du meilleur chef d'orchestre lyrique de l'époque, Georges Lauweryns (qui a

lui-même rectifié la partition en doublant, notamment aux trompettes, l'entrée de Vasco de

Gama, à la reprise de l'opéra, en 1944, avec Marian Porebski, dans le rôle principal)3.

Remarquons également que les critiques d'opéra de cette époque étaient des connaisseurs de

la voix et de la technique vocale. (Ex.nr 1/a et b: reprise de L'Africaine au Grand Théâtre de

Bordeaux, en 1944, programme et photo sur la scène).

Disparu de la scène pour les raisons que l'on sait, l 'Africaine faisait sa réapparition à

la soirée de vendredi.. M. Marian Porebski est une recrue de qualité pour notre première

scène. [Il] a ce vendredi satisfait les plus difficiles. Le poème est dit sans doute avc un accent

très accusé, mais demeure parfaitement intelligible, tant est nette la diction. Quant à la

voix...disons que sa qualité est rare. L' organe est solide, les sons extrèmement plaisants,

glissant "sans trou" du grave au médium et du médium à l'aigu. Il accepta de bisser l'air

"O Paradis" où il fut, comme tout au long de l'ouvrage, copieusement applaudi.( Ex. nr

1/d: autre critique de la reprise de l'Africaine au Grand Théâtre de Bordeaux, en 1944).

La polémique de L'Africaine (et des vieux opéras du répertoire français).

La représentation de l' "Africaine", dimanche en matinée, a constitué une véritable reprise

de l'oeuvre de Meyerbeer qui n'avait pas été donnée sur notre première scène, si nos

souvenirs sont bien exacts, depuis 1908.Ce grand opéra fit les délices des vieux habitué du

Théâtre à l'époque où, avec les "Huguenots" les "Mousquetaires de la Reine", "Robert le

Diable" "Le Prophète" du même auteur, il était représenté plusieurs fois dans le courant

d'une saison! Cette oeuvre nécessite la présence de toutes les voix: chanteuse légère (Inès) et

forte chanteuse (Sélika); ténor léger (Don Alvar) et fort ténor (Vasco de Gama); basse

chantante (Don Diégo)et basse noble (Don Pédro); baryton de grand opéra (Nélusko) sans

compter les rôles secondaires: Anna (mezzo-soprano); le Grand Brahmine et le Grand

Inquisiteur (basse ou baryton)!Pour la représenter il a fallu la remettre à la scène

complètement, beaucoup d'artistes, de choristes et de musiciens même ne l'ayant jamais

jouée!D'autre part, on trouve difficilement aujourdhui des artistes qui aient ces rôles à leur

répertoire:nous sommes même persuadés que dans quelques années, on ne trouvera plus de

fort ténor, de baryton de grand opéra ou de forte chanteuse chantant encore "Vasco de

Gama", "Nélusko",ou "Sélika".L"Africaine" avait réuni une salle archi-comble. Deux

artistes se montrèrent absolument supéieurs: le fort ténor Maryam Porebsky et le baryton

Fernand Lagarde.Le premier, dans le rôle de Vasco de Gama, fut d'une rare vaillance vocale

et eut les honneurs du "bis" après son grand air "O paradis, sorti de l'onde". (Ex. nr 2: l'

Africaine, critiques de la Presse : chef d'orchestre:Jean Bascou, basse: Fernand Lagarde.

Mona Velli (Selika), Hubert Tomatis (Don Pedro).

Mme Cheyssac, M. Yves Noël, M. Porebski, qui a un peu le physique de son illustre

compatriote, Jean de Reszké, et qui en aura quelque jour, je le souhaite, l'autorité, car la voix

est d'une sûreté remarquable, ces trois protagonistes ont eu un succès très vif et très mérité.

3 Porebska-Quasnik Dominique, souvenirs de quarante et un ans d'étude auprès de Marian Porebski (1967-2008).

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Rajeunissement de la mise en scène par Pierre Deloger. Orchestre sous la direction de Pierre

Cruchon. (signé Ed. Millet) (Ex. nr 3/a : critique de L'Africaine ).

Première de L'Africaine (A l'Opéra):"Oeuvre désuète, vieillie, à la limite sans cesse du

grotesque, "L'Africaine", si redondante et creuse soit-elle au point de vue musical, réclame de

ses interprètes autant de vaillance que d'attention.. Dans des décors ingénieux, une mise en

scène vivante de M. Deloger, Marian Porebski a pu développer son organe "Kiepura", sans

doute dur, parfois déplaisant, mais rehaussé de notes éclatantes qui sont à la la fois dans la

tradition de "L'Africaine" et dans celle des grandes voix de jadis. (Ex. nr 3/b: autre

critique de cette même représentation de L'Africaine).

Il y a cinquante ans qu'on ne joue plus de Scribe, et il paraît qu'on chante encore du

Meyerbeer..., puisque l' Opéra reprenait hier l' Africaine. Quelle idée, dans le temple

autrefois dédié à Lully et à Rameau, de ressortir ce fratras où tout concourt à faire de l'

Africaine l'oeuvre la plus détestable qui puisse être représentée sur scène. Le noble Porebsky

dans Vasco. (Ex. nr 3/c: encore une autre critique: A l'Opéra, "L' Africaine").

Dès la création de "L'Africaine" le livret de Scribe fut jugé ridicule et la musique de

Meyerbeer déclarée admirable. Les amateurs du XXᵉ partagent l'opinion de leurs

prédecesseurs du XIXᵉ sur le livret seulement: quant à la musique, l'opinion a bien changé!

On éprouve même aujourdhui de la surprise, sinon de la stupeur à entendre une patition dont

certains parties sont belles, mais dont beaucoup semblent aussi absurdes que le livret.Et

pourtant, il y a soixante ans ou soixante dix ans, les meilleurs musiciens reconnaissaient

presque sans discussion le génie de Meyerbeer. De jeunes compositeurs d'avant garde,

wagnériens fervents, comme Vincent d'Indy, mettaient "Les Hugenots" ou "L'Africaine"

sur le même plan que Wagner. Des maîtres tel que César Frank composaient des pages de

leurs partitions dans le plus pur style meyerbeerien. L'histoire de la musique est un

enseignement bien troublant! A la demande sans doute de quelques amateurs veillis, notre

Opéra vient de reprendre "L'Africaine". La raison profonde de cette reprise, c'est l'existence

d'un ténor polonais capable de chanter les rôles les plus durs de l'ancien répertoire. (Ex. nr

4/b: opéra de Lyon, reprise de L'Africaine).

Ex. nr 4/a: programme de la reprise de L'Africaine au Théâtre Municipal de Nîmes, saison

1944-1945. Autre distribution.

Page 4: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 1/a: Programme de l'Africaine, Grand Théâtre de Bordeaux, 1944. Chef

d'orchestre:Georges Lauweryns, mise en scène Tillhet-Treval. Direction du Théâtre, Mauret-

Lafage.

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Ex.nr 1/b: reprise de L'Africaine au Grand Théâtre de Bordeaux, en 1944. Débuts du ténor

dramatique, Marian Porebski, dans le rôle de Vasco de Gama. A ses côtés: Suzy Chessac

(Selika).

Page 6: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex.nr 1/c et d: deux critiques de la reprise de l'Africaine au Grand Théâtre de Bordeaux en

1944. Chef d'orchestre: Georges Lauweryns.

Page 7: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 2: reprise de l'Africaine. Chef d'orchestre: Jean Bascoux

Page 8: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 3/a: critique de la reprise de L' Africaine.Chef d'orchestre: Pierre Cruchon.

Page 9: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 3/b: critique de la même reprise de l'Africaine. Chef d'orchestre: Pierre Cruchon.

Page 10: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 3/c: critique de la reprise de l'Africaine. Chef d'orchrestre: Pierre Cruchon.

Page 11: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 4/a: programme de la reprise de L'Africaine au théâtre municipal de Nîmes, saison

1944-1945. Chef d'orchestre: Robert Herbay; mise en scène: Louis Streliski; chorégraphie:

Nina Sereni. Distribution: Vasco de Gama, Marian Porebski; Selika: Suzy Chessac; Nelusko:

Yves Noël; Le Gd Brahmine et le Gd Inquisiteur: Ch. Hébréard.

Page 12: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 4/b : L'Africaine, opéra de Lyon. Le Grand Opéra Français décrié : "A la demande

sans doute de quelques amateurs veillis, notre Opéra vient de reprendre "L'Africaine". La

raison profonde de cette reprise, c'est l'existence d'un ténor polonais capable de chanter les

rôles les plus durs de l'ancien répertoire". Chef d'orchestre: Pierre Cruchon.

Page 13: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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La Juive de Fr. Halevy: le grand répertoire français composé pour "Les grandes voix."

La Juive , à l'opéra de Nîmes (direction M.F. Aymé) au pupitre, Robert Herbay, mise en

scène de Louis Strelitsky.

Comme toutes "les grandes machines" des maîtres du "siècle dernier", La Juive fait

partie de cette catégorie des grands lyriques centenaires qui reposent uniquement sur les

voix! Et quelles voix!... Des "tuyaux" pourrait-on-dire comme on n'en trouve plus- ou

presque- à notre époque en ce qui concerne les forts ténors et les basses nobles. Il n'y a

peut-être pas deux ténors français capables de chanter dans la note (c'est-à-dire sans

transposition) et dans le registre d'une part le rôle si beau du juif Eléazard...Or, M. Marian

Porebsky, ténor polonais, a donné au rôle d'Eléazard, samedi dernier, à Nîmes, toute la

signification désirable ... il détailla avec soin les paroles de la Pâque juive et du grand air

"Rachel, quand du Seigneur" où son organe claironna avec facilité dans les tessitures

comme dans les pleins [sic] chants. Son succès fut des plus vifs". (Article signé Prichanteau)

(Ex. nr 5, La Juive à Nîmes).

Page 14: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 5 : La Juive de Fromenthal Halévy, opéra de Nîmes (direction M.F. Aymé) au pupitre,

Robert Herbay, mise en scène de Louis Strelitsky.

Page 15: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Sigurd d'Ernest Reyer (1884).

Capitole de Toulouse, 8 octobre 1946 .

Distribution: Sigurd, Marian Porebski, Brunehilde, Jane Rinella, Hagen, Tomatis, le grand

prêtre d'Odin, Hiéronimus, Hilda, Micheline Blaud. Mise en scène M. Guichard, maître de

ballet, M. Millian, au pupitre, Jean Trick.

Rendons hommage au ténor polonais Porebeski (sic), qui a chanté le rôle de Sigurd de

façon magnifique, il est doué d'un organe sonore, brillant et nuancé". ... brillante phalange

de musiciens... exécution merveilleuse de la partition de Reyer. (Ex. nr 6/a,b/c : Capitole de

Toulouse, photo de Marian Porebski en Sigurd, critique, programme).

Page 16: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 6/a : Sigurd d'Ernest Reyer, Capitole de Toulouse, 1946.

Page 17: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 6/b: Sigurd au Capitole de Toulouse, 8 octobre 1946 .

Page 18: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. 6/c : programme de Sigurd au Capitole de Toulouse, programme (distribution), 1946.

Place de Sigurd dans l'histoire du Grand Opéra Français.

Aperçu de la critique de l'opéra Sigurd de Reyer à Montpellier en 1910. Reprise de Sigurd

à ce même opéra en 1957. Annonce et coulisses de la critique de Sigurd à Marseille.

Avec les mêmes qualités et les mêmes défauts- plus de défauts que de qualités- que nous

lui avions découverts lors des représentations de La Juive, le fort ténor Granal a chanté le

rôle de Sigurd... ainsi écrivait le critique de ce journal, le 1er janvier 1911, à l'époque des

grands chanteurs" (signé Maurice Acaries). (Ex. nr 7: Sigurd à Montpellier, en 1910 et

annonce de la reprise en 1957).

En guise d'avènement de la nouvelle année, l'opéra municipal affiche pour les 5 et 6

janvier deux grandes reprises. Il s'agit de deux oeuvres bien différentes qui n'ont pas été

données à Montpellier depuis plusieurs annés. Tous les amateurs seront satisfaits puisqu'il

s'agit du grand opéra Sigurd... L'action de "Sigurd" , opéra en 4 actes et 9 tableaux, a été

tirée de la même "Saga" scandinave que "le Crépuscule des Dieux" de Wagner. (Ex. nr 8 : reprise de Sigurd).

Page 19: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Les coulisses de la critique à Marseille: Le Café de la Comédie.

"Les réputations vocales et artistiques s'y font et s'y défont avec rapidité parfois, quelque

fois avec ténacité" (signé Pierre Neuville)(Ex. nr 9 et 10: extrait de la Presse et photo dans ce

Café de la Comédie à Marseille avec les deux grands ténors dramatiques de l'après-guerre:

César Vezzani et Marian Porebski).

Rappelons que L'ouverture de la saison à Marseille, après-guerre se faisait traditionnellement

avec l'opéra Sigurd (Ex. nr 11: Sigurd au Théâtre Silvain).

Page 20: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Nr 7 : Sigurd à l'opéra de Montpellier, en 1910.

Page 21: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 8 : reprise de Sigurd à l'opéra de Montpellier, 5 et 6 janvier 1957. L'action de Sigurd,

opéra en 4 actes et 9 tableaux, a été tirée de la même "Saga" scandinave que "le Crépuscule

des Dieux" de Wagner"

Page 22: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 9: les dessous de la critique à Marseille: Le Café de la Comédie."Les réputations

vocales et artistiques s'y font et s'y défont avec rapidité parfois, quelque fois avec ténacité"

(signé Pierre Neuville)

Page 23: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 10 : Deux grands ténors dramatiques de l'après-guerre en France: César Vezzani

et Marian Porebski (à Marseille, dans ce fameux Café de la Comédie où la Critique recueille

l'opinion du public de l'opéra de Marseille et du Théâtre Silvain).

Page 24: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 11 Sigurd au Théâtre Silvain de Marseille: programme. Distribution: M. Porebski,

Jane Rinella, Valère Blouse. Chef d'orchestre Adrien Lebot.

Conclusion provisoire sur les grandes voix de ténor dramatique:

Avec une bonne technique vocale, nuancée, l'on peut chanter Vasco de Gama et Sigurd, de

même que Werther et Milyo du Roi d'Ys d'Edouard Lalo (Ex. nr 12: critique de Werther et

annonce de Sigurd, interprétés par le même ténor et Ex. nr 13/a,b: programme et critique du

Roi d'Ys à l'opéra de Lille, 1954) Sigurd à l'opéra de Montpellier et critique de Werther à

l'opéra de Marseille:

La représentation de Wether, donnée dimanche en matinée, fut très bien accueillie par un

public enthousiate.Le ténor Marian Porebsky fut particulièrement ovationné et bissa le lied

d'Ossian. Critique signée José Corbeto. (Ex. nr 12, critique de Werther: Charlotte: Germaine

Pape, chef d'orchestre M.Vanderdonck).

Marian Porebski était Milyo. Il chanta bien le rôle et plus particulièrement l'acte des

"Noces", au cours duquel il fit valoir de jolies demi-teintes. Le médium de ce ténor est aussi

fort agréable et son interprétation fut appréciée. (Ex. nr 13/a et b: programme et critique du

Roi d'Ys, Lille, 1954).

Page 25: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 12: Werther, critique, et annonce de Sigurd, interprétés par le même ténor.

Page 26: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 13/a: Le Roi d'Ys d'Edourd Lalo à l'opéra de Lille, 1er avril 1954. Distribution: Marian

Porebski (Mylio) Paul Cabanel (le Roi), Jules Forest (Carnac), Micheline Sanders (Margared),

Suzanne Lafaye (Rozenn).

Page 27: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 13/b: critique du Roi d'Ys, opéra de Lille, 1er avril 1954.

Page 28: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Le Grand Opéra Français (notamment Sigurd de Reyer) rivalise avec La Tétralogie de

Richard Wagner.

Le même ténor dramatique, qui chantait le rôle de Sigurd, rivalisait avec lui-même en

interprétant, en français, Siegfried. C'est dire la puissance et la maîtrise de la voix que devait

posséder un artiste dramatique, en province (notamment à Marseille, Toulon, Montpellier)

dans la période de l'après-guerre.

M. Porebsky a porté avec ume magnifique aisance vocale et scénique le poids écrasant

du héros wagnérien. Il détailla avec fougue le "Chant de la Forge", au premier acte; avec

goût sa rêverie du second acte et son duo avec Brunehilde au 3e acte fut splendide de

jeunesse et d'ardeur. (Ex. nr 14: critique de Siegfried à l'opéra de Montpellier, en 1951).

Page 29: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 14 : Siegfried de Richard Wagner en langue française, opéra de Montpellier, 1951.

Page 30: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Salammbô d'Ernest Reyer

Le ténor dramatique et wagnérien se doit d'être aussi un vrai comédien. A sa reprise au

Capitole de Toulouse, le rôle de Matho de Salammbô est joué par Marian Porebski. La mort

du héros, qui roule le long d'un immense escalier pour venir expirer sur le devant de la scène,

est spectaculaire.(Ex. nr 15/a, b: mort de Matho, dans Salammbô de Reyer).

Cependant, la voix puissante du ténor dramatique ne peut être dépourvue de finesse et de

spirtitualité. En témoigne l'interprétation d' Hérodiade de Jules Massenet et de La Passion

d'Albert Dupuis (voir les paragraphes suivants).

Ex. nr 15/a : Salammbô d'Ernest Reyer, Capitole de Toulouse, 1948. La mort de Matho.

Page 31: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 15/b Salammbô , mort de Matho. Capitole de Toulouse, 1948

Page 32: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Hérodiade de Jules Massenet: critiques de l'interprétation de l'opéra.

(Ex. nr 16/a,b,c : photo sur la scène et critiques d' Hérodiade).

Les spectacles de Noël se sont poursuivis à l'opéra avec un plein succès, attirant les foules

comme on n'en voit jamais. Un beau quintette de chanteurs défendait, dimanche soir,

Hérodiade et, vraiment, par leurs qualités respectives, ils finirent par nous imposer ce

fallacieux livret et les suaves mélodies de Massenet. Sous les traits de Jean, le ténor Porebski

nous parut doublement sympathique et sa conviction au tableau du Souterrain, les douceurs,

les élans de son chant ont touché l'auditoire.(Ex. nr 16/b: critique d'Hérodiade).

Hérodiade ne le cède pas non plus en force et en puissance à Samson et Dalila de

Camille Saint Saens [...]Marian Porebski, fort ténor, éclaire d'heureuse manière le rôle

doux et tendre du prophète.(Ex. 16/c: autre critique d'Hérodiade).

Ce qu'est le répertoire d'un fort ténor, nous informe l'annonce de trois opéras pour le même

interprète principal: Hérodiade, La Valkyrie, Patrie d'Emile Paladhile (ex. nr 16/d:

Hérodiade, La Walkyrie et Patrie).

Ex. nr 16/a : Hérodiade

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Ex. nr 16/b: critique d' Hérodiade

Page 34: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 16/c: critique d' Hérodiade, La Walkyrie et reprise de Patrie, pour le même

ténor.

Page 35: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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La Passion d'Albert Dupuis, recréation à l'opéra de Lille, en 1951. (Ex. nr 17/a/b/c/: photos

sur la scène).

Critique de La Passion, opéra de Lille, le 10 mars 1951.

"M. Marion (sic) Porebski interprétait le rôle du Christ. Vocalement il est parfait.

Scéniquement son jeu est très sobre, sans emphase et parfois poignant. Il n'eut pas la plus

légère défaillance de tact et fit de Jésus une incarnation très pure". (signé R.C.).

Il est difficile d'ajouter quelque chose à cette critique. On peut seulement s'étonner que le

même fort ténor puisse interpréter, incarner, des rôles aussi différents et complexes que le

Christ et Siegfried. Cela nécessite une parfaite maîtrise vocale, musicale et scénique, ainsi que

l'art de moduler la voix.

Page 36: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 17/a : La Passion d'Albert Dupuis 1951, opéra de Lille

Page 37: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 17/b : La Passion, Lille, 1951

Page 38: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 17/c: Le Christ (Marian Porebski), La Passion, 1951, opéra de Lille.

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Samson et Dalila de Camille Saint Saens.

Passer du rôle du Christ à celui de Samson exige la capacité de moduler la voix, c'est-à-dire

d'en changer la couleur et l'expression. Qualités rares chez un ténor dramatique, exigées pour

un wagnérien.

Nous aurons plaisir à réentendre Marian Porebski qui joue et chante Samson avec

passion. La voix est belle, ample et éclatante et fait merveille, surtout dans l'air de la meule"

(signé J.M.).(Ex.nr 18/c).

Ex. nr 18/ a et b: Programme de Samson et Dalila au théâtre d'Angoulème et photo sur la

scène.

Ex. n 18/a :Samson et Dalila, théâtre d'Angoulème. Distribution: Samson (Porebski), Dalila

(Lucienne Delvaux), Abimélech (Jean Chesnel).

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Ex. nr 18/b: Samson et Dalila de Camille Saint Saens

Page 41: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 18/c : critique de Samson et Dalila de Saint Saens.

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Patrie d' Emile Paladhile.

Création de Patrie à Verviers 4.Distribution: M. Porebski, Lagarde et Jacqueline Lucazeau.

Marian Porebsky [sic], un ténor polonais, de l'Opéra de Marseille, possède une voix

puissante, qu'il fait résonner généreusement et sans faiblesse jusqu'au bout, mais le

comédien est plutôt maladroit, monotone dans son jeu et, ses attitudes, d'une raideur

désespérante. En revanche, il use d'une articulation soignée, en dépit de son accent étranger.

(Ex. nr 19/a: Patrie à Verviers).

Marian Porebski était Karloo.Ce chanteur possède le registre et la puissance du ténor

d'opéra. Il chanta avec vaillance ce rôle important et fit preuve de réelles qualités. Il fut

associé au succès des deux premiers nommés. (Ex. nr 19/b: Patrie à Verviers).

4 Nous incorporons ici dans les Théâtres Français de Province, l'opéra de Verviers,en Belgique, qui jouait

(comme Le Théâtre Royal de Liège) beaucoup d'ouvrages français et en langue française.

Page 43: Le "Grand Opéra Français" à travers la carrière d'un fort ténor, dramatique et wagnérien, dans les théâtres de province (1944-1957).

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Ex. nr 19/a: critique de Patrie, Grand Théâtre de Verviers

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Ex. nr 19/b: critique de Patrie à Verviers.

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Massalia de Pierre Monier et Pol d'Estoc

14 juillet 1947, Théâtre Silvain de Marseille. Sous la direction de Jean Marny.

Programme de Massalia (distribution) (Ex. nr 20/a)

Critiques:

Du côté des chanteurs, Marian Porebsky [sic], Murcy, Cattin, Moréna, Mmes Rinella,

Fougeret et Desroys, assuraient la partie lyrique, alors que la compagnie de Victor Bernus

enlevait la version dramatique. Tous méritent un large coup de chapeau, non seulement pour

leur bellle interprétation, mais aussi pour leur dévouement à apprendre des rôles difficiles

qu'ils n'auront pas souvent à jouer, hélas! (signé: L. Tantot). (Ex. nr 20/b: Massalia, Théâtre

Silvain de Marseille).

Une création vient d'avoir lieu sur la scène du Théâtre Silvain: Massalia, oeuvre due à la

collaboration de deux de nos concitoyens: Pol d'Estoc,-qui est aussi l'un de nos

collaborateurs à l'Opéra- pour le poème, et Pierre Monier, directeur des émissions musicales

au poste de la Radiodiffusion nationale de Marseille, pour la partition".[...]Marian Porebski,

qui fut Protis, Barbaroux et l'âme du héros, bénéficiant ainsi de l'organe généreux de ce

vaillant ténor. (signé: José (?) Corbetu). (Ex. nr 20/ c: Massalia, Théâtre Silvain de

Marseille, 14 juillet 1947).

A ses côtés, M. Marian Porebsky a réalisé un Protis remarquable à tous les points de vue

et a justement partagé le beau succès de sa magnifique partenaire. Succès qui s'est renouvelé

pour lui à l'acte de "La Marseillaise" et, pour tous les deux, au tableau final. (Ex. nr 20/d/ e :

critique et photo sur la scène de Massalia).

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Ex. nr 20/a : programme de Massalia, Théâtre Silvain de Marseille, 14 juillet 1947.

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Ex. nr 20/b : Massalia, critique de L. Tantot

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Ex. nr 20/c: Massalia, critique de J. Corbetu

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Ex. nr 20/d: critique de Massalia.

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Ex. nr 20/e: Massalia (photo sur la scène).

Monna Vanna d' Henri Février, opéra de Lille, 1953.

(Ex. nr 21/a: programme de Monna Vanna du 5 novembre 1953, à l' opéra de Lille).

(Ex. nr 21/b: critique de Monna Vanna):

... oeuvre peu connue ... Marian Porebski fit valoir une voix dont la force sait maintenant

se plier à des demi-teintes bien amenées.

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Ex. nr 21/a : programme de Monna Vanna, 5 novembre 1953, opéra de Lille.

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Ex.nr 21/b: critique de Monna Vanna, opéra de Lille, 5 novembre 1953.

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Conclusion

Ce qu'est un fort ténor, dans les années de l'après-guerre (1944-1957). Le Grand Opéra

Français que l'on ne joue plus, ou presque, aujourdhui.

Il ressort de toutes ces critiques qu'un vrai ténor dramatique, un fort ténor, se doit de posséder:

puissance, générosité, homogénité sans trou de la voix du bas à l'aigu, un beau médium,

maîtrise, nuances, physique et intelligence du jeu scénique et de l'interprétation. Musicalité et

capacité de s'adapter à des répertoires très variés, donc de posséder l'art de moduler la voix et

d'incarner des rôles diamétralement opposés de caractère et de style. Ni Sigurd, ni

Salammbô, ni Patrie, ni Massalia, ni La Passion ou Monna Vanna, ni même Hérodiade ou

La Juive ne font plus partie, aujourdhui, du répertoire (courant) du Grand Opéra Français. La

raison en est-elle la carence de fort ténor dramatique et wagnérien? C'est-à-dire de cette

catégorie d'interprètes qui possédaient à la fois une puissance sans rivale et une finesse des

nuances en demi-teintes, qu'ils usaient avec une maîtrise parfaite et une intelligence réelle des

rôles et de leurs messages? Sans préjuger des changements de modes, c'est là, sans doute, la

raison majeure de la disparition progressive de ces opéras français de nos théâtres.

Bibliographie

GRESSEL, Valérie, Suzy Chessac, dernier grand soprano dramatique. Contribution à

l'histoire des théâtres de province en France, mémoire de maîtrise, Paris IV Sorbonne,

Musicologie, 1988.

FERRATON, Yves, Les Witkowski et l'orchestre philharmonique de Lyon. Contribution à

l'étude de la vie musicale lyonnaise (1903-1953), thèse de doctorat,université de Paris-

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FROMENT, Rustique, Meyerbeer et son oeuvre. Haydn, Mozart, Beethoven, Rossini, les

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GRUET-AIZIC, Joëlle, "Trois grandes sociétés musicales de Bordeaux aux XIXᵉ et XXᵉ

siècles: la Société de Sainte-Cécile, le Cercle philharmonique, la Société de musique de

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MONGREDIEN, Jean, "Aux sources du XIXe siècle", 150 ans de musique française, colloque

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PISTONE, Danièle, La Musique en France de la Révolution à 1900, Paris, Honoré-

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QUASNIK, Dominique, Marian Porebski, chanteur wagnérien. Sa carrière et son oeuvre

pédagogique, mémoire de maîtrise, Paris IV Sorbonne-Musicologie, 1976.

ROMAIN, Louis de, Essais de critique musicale, lettre-préface par Guy de Charnacé, Paris,

Alphonse Lemerre éditeur, 1890, 319 p.

Résumé en français

La période de l'après-guerre a été particulièrement favorable à la renaissance du Grand Opéra

Français. Les théâtres de province et de langue française (comme Verviers) ont eu à coeur de

donner sur leurs scènes des oeuvres exaltant la langue et la culture françaises. Le Grand

Théâtre de Bordeaux fait débuter, dès la Libération, en 1944, un jeune ténor polonais dont la

voix dramatique convient parfaitement au renouveau d'opéras délaissés faute de cette

catégorie d'artistes. C'est ainsi que l'on réentend: L'Africaine de Giacomo Meyerbeer. Opéra

décrié dont la distribution exige de très grandes voix. La polémique de la critique à cet égard

est très éloquente. Sigurd et Salammbô d'Ernest Reyer tiennent l'affiche à Marseille, au

Capitole de Toulouse, à l'opéra de Montpellier. La Juive de Fromenthal Halévy triomphe

partout. Ainsi qu' Hérodiade de Jules Massenet et Samson et Dalila de Camille Saint-Saens.

L'opéra de Verviers recréé Patrie d'Emile Paladhile. L'opéra de Lille La Passion du

compositeur belge, Albert Dupuis et Monna Vanna d'Henri Février. On créé Massalia de

Pierre Monier et Pol d'Estoc au Théâtre Silvain de Marseille, le 14 juillet 1947. Opéra qui n'a

plus été joué depuis. Toutes ces oeuvres, pour être capables de rivaliser avec le répertoire

wagnérien, que l'on joue à Nice, à Montpellier, en langue française et allemande, exigent un

vrai ténor dramatique possédant toutes les qualités: puissance, dynamique, beauté du timbre,

nuances et douceurs en demi-teintes, musicalité et intelligence du rôle, de l'action scénique et

du message interprété. Ces oeuvres ont disparu progressivement de la scène, sans doute faute

de recrue suffisamment convaincante pour tenir le premier rôle jusqu'au bout, dans la grande

tradition lyrique française.

Abstract

The period of post-war was particularly favorable to the revival of French Grand Opera. The

provincial theaters and in French language (as Verviers) were determined to give works

exalting the French language and culture. The Grand Théâtre de Bordeaux has started, after

the Liberation in 1944, with a young Polish tenor whose the dramatic voice is perfectly suited

to neglected operas due to lack of this category of artists. Thus was reheard: The African of

Giacomo Meyerbeer, maligned opera whose distribution requires very large voices. The

controversy of criticism in this regard is very eloquent. Representations of Sigurd and

Salammbô Ernest Reyer take place at Marseille, at Toulouse Capitole, at the Opera of

Montpellier. La Juive by Halevy Fromenthal triumph everywhere. Thus that Herodias Jules

Massenet and Samson et Dalila by Camille Saint-Saens. The Opera of Verviers recreated

Patrie by Emile Paladhile. The Opera of Lille The Passion of the Belgian composer, Albert

Dupuis and Monna Vanna of Henry Février. The Silvain Theater of Marseille created

Massalia of Pierre Monier and Pol d'Estoc , 14 July 1947. Opera that has not been played

since. All these works, to be able to compete with the Wagnerian repertoire played in operas

of Nice, Montpellier, in French and in German language, requires a true dramatic tenor with

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all his qualities: power, dynamic beauty of timbre, sweet nuances and halftone, musicality

and intelligence of the role, the stage action and the interpreted message. These works

gradually disappeared from the scene, presumably for lack of recruit compelling enough to

keep the lead until the end, according to the great French lyric tradition .

Notice bio-bibliographique

Dominique Porebska-Quasnik a soutenu en Sorbonne sa maîtrise:"Marian Porebski, chanteur

wagnérien. Sa carrière et son oeuvre pédagogique", en 1976; en 1978 son Doctorat de 3e

cycle: "La Voix dans l'orchestre de Wagner, Verdi, Puccini et Richard Strauss". En 1991, à

l'université de Lille III, son doctorat d'Etat:"Le Style vocal de l'opéra polonais aux XVIIIᵉ et

XIXᵉ siècles". Enseignant-Chercheur dans les universités de Pologne (1994-2013), elle a

publié 16 livres et de nombreux articles concernant le répertoire lyrique, français, polonais et

wagnérien. Notamment:"Le Théâtre Lyrique Français de Carmen à Pelléas et Mélisande",

dans L'Education Musicale, en 1993, "Marian Porebski, ténor de réputation mondiale", en

2012. Elle a participé à plus de quarante cinq conférences dans le monde en présentant des

oeuvres lyriques, sous l'angle technique et interprétatif, comme spécialiste du répertoire vocal.

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