Les agriculteurs testent le semis direct ! Juin 2019 FSA/SC 19-510-199 FLASH SPECIAL Cultivons le POTENTIEL de nos SOLS [ Continuons d’expérimenter ! ] Le rendez-vous des agriculteurs qui innovent ! Les évolutions climatiques de ces dix dernières années tendent à confirmer la répétition d’épisodes pluvieux importants et ponctuels. En effet, d’après les relevés de Météo France entre 1960 et 2015, les épisodes pluvieux avec plus de 30 mm en 24h sont de plus en plus réguliers depuis le début des années 2000. Ces phénomènes au printemps ou à l’automne, en période de sols nus ou récemment semés, entraînent un risque accru d’érosion des sols. La journée du 12 juin 2018 vous a proposé d’échanger avec des agriculteurs qui ont testé des pratiques limitant le risque d’érosion. Une des solutions évoquée à cette occasion est la mise en place du semis direct. Mais cette pratique est souvent liée à l’utilisation du glyphosate, molécule faisant débat aujourd’hui. Ce flash a pour objectif de vous présenter le bilan des maïs semés en direct en 2018 et les nouvelles pratiques qui sont en test en 2019 pour éviter l’utilisation du glyphosate. Pour en savoir + : www.loire.chambre-agriculture.fr Contacts téléphonique : 04 77 92 12 12 Flore SAINT-ANDRE Chambre d’Agriculture de la Loire Les partenaires techniques et financiers : INFORMATIONS PRATIQUES Marie-Françoise FABRE Ingénieure Réseau Dephy (suivi de 13 fermes Ecophyto) Chambre d’Agriculture de la Loire Quel est l’intérêt du labour en agriculture biologique ? Marie-Françoise, référente grandes cultures en bio : « En agriculture biologique, le travail du sol (et en premier lieu le labour) est la clé pour gérer l’enherbement. En effet, le labour permet d’enfouir les graines d’adventices qui germent rapidement (l’année suivant la grenaison). Les graines perdent leur capacité de germination lorsqu’elles sont enfouies et lorsqu’elles sont remontées à la surface par le labour suivant, elles ne germent pas. Peut-on faire l’impasse du labour ? « Oui il est tout à fait possible de ne pas labourer tous les ans et d’alterner avec des déchaumages et faux-semis qui détruisent les adventices une fois qu’elles ont levé. Ce sont des techniques qui demandent plusieurs passages et qui sont donc coûteuses en temps et en carburant. Il est souvent recommandé de labourer une année sur deux ou trois pour une bonne gestion des adventices. En effet, le ray-grass, les panics, les digitaires ont une capacité de germination qui diminue 2 – 3 ans après la grenaison. Il faut donc que les graines restent enfouies au moins 2 ans. » Déchaumages, faux-semis, ce n’est pas du semis direct ? « Ce sont des techniques culturales simplifiées, mais pas du semis direct au sens strict du terme. Il est très difficile de pratiquer le semis direct en agriculture biologique car cela signifie de ne plus toucher le sol, donc de ne plus passer aucun outil y compris ceux travaillant à très faible profondeur comme la herse étrille, ou la bineuse. En semis direct, l’implantation d’un couvert permet de gérer les adventices par la compétition mais ensuite la culture principale ne doit pas être concurrencée par le couvert. Il faut donc réussir à le détruire sans produit phytosanitaire et sans travailler le sol ! » Le semis direct pourrait-il se généraliser à l’avenir en bio ? « Des expérimentations sont en cours pour permettre le semis direct en bio. En 2017-2018, Arvalis a testé dans le sud-ouest un semis de blé dans une luzerne vivante. Pour gérer la luzerne et limiter sa compétition, un broyeur spécifique entre les rangs a été conçu. Pour obtenir un rendement correct, trois broyages ont été nécessaires. Il est difficile de développer cette technique aujourd’hui dans les fermes car le matériel est encore un prototype mais ce sont des expérimentations à suivre ! Il faut garder à l’esprit que le non-labour en agriculture biologique reste très compliqué techniquement, il est donc conseillé de ne pas « tout faire en même temps », si on souhaite passer son exploitation en agriculture biologique et en non labour. Il faut également être prêt à ressortir la charrue ou bien un outil de travail du sol plus superficiel en cas de gros problèmes d’adventices, notamment avec des adventices problématiques comme l’ambroisie » Et le semis direct en Bio ? 1950 : découverte du glyphosate par Henry Martin du laboratoire Cilag comme molécule permettant de former un complexe stable avec des métaux. Année 70 : découverte des propriétés herbicides du glyphosate et dépôt du brevet du Round-up par l’entreprise Monsanto et 1ère utilisation du glyphosate au Royaume-unis et aux Etats-Unis (1974). Année 2000 : le brevet de Monsanto passe dans le domaine public : 40 sociétés produisent plus de 300 désherbants contenant du glyphosate et homologation européenne à l’unanimité des produits à base de glyphosate (2002). 2015 : le glyphosate est classé cancérigène probable, par l’OMS. 15/10/2016 : un tribunal citoyen juge Monsanto à La Haye au motif de crime contre l’humanité et écocide. 24/10/2017 : opposition des députés du parlement européen pour l’interdiction dans les 5 ans du glyphosate. 355 voix contre (dont la France et Malte), 204 voix pour et 11 abstentions. 1/1/2017 : les pesticides de synthèse sont interdits dans les jardins et espaces verts appartenant à l’Etat, aux collectivités locales ou aux établissements publics. 1/1/2019 : les pesticides de synthèse sont interdits aux particuliers dans les jardins et potagers. 22/02/2019 : l’Assemblée Nationale rejette la proposition de loi de La France Insoumise concernant l’interdiction du glyphosate en France. Le glyphosate (Glycine-Phosphonate) : un peu d’histoire