Institut Régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et Réadaptation Pays de la Loire 54, rue de la Baugerie – 44230 SAINT- SÉBASTIEN SUR LOIRE LE FOAM-ROLLER DANS LA RÉCUPÉRATION DU SPORTIF DE HAUT-NIVEAU: UNE SYNTHÈSE DE LA LITTÉRATURE TANGUY Xavier Travail Écrit de Fin d’Études En vue de l’obtention du Diplôme d’État de Masseur-Kinésithérapeute Année scolaire : 2015-2016 RÉGION DES PAYS DE LA LOIRE
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LE FOAM-ROLLER DANS LA RÉCUPÉRATION DU ......Résumé Durant la dernière décennie, le FOAM-ROLLER est devenu un outil fréquemment utilisé par les athlètes dans le ut d’optimiser
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Institut Régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et Réadaptation
Pays de la Loire
54, rue de la Baugerie – 44230 SAINT- SÉBASTIEN SUR LOIRE
LE FOAM-ROLLER
DANS LA RÉCUPÉRATION DU SPORTIF DE HAUT-NIVEAU:
UNE SYNTHÈSE DE LA LITTÉRATURE
TANGUY Xavier
Travail Écrit de Fin d’Études
En vue de l’obtention du Diplôme d’État de Masseur-Kinésithérapeute
Année scolaire : 2015-2016
RÉGION DES PAYS DE LA LOIRE
AVERTISSEMENT
Les travaux écrits de fin d’études des étudiants de l’Institut Régional
de Formation aux Métiers de la Rééducation et de la Réadaptation
sont réalisés au cours de la dernière année de formation MK.
Ils réclament une lecture critique. Les opinions exprimées n’engagent que les
auteurs. Ces travaux ne peuvent faire l’objet d’une publication,
en tout ou partie, sans l’accord des auteurs et de l’IFM3R.
Résumé
Durant la dernière décennie, le FOAM-ROLLER est devenu un outil fréquemment utilisé par
les athlètes dans le but d’optimiser leur récupération. Cependant, l’hétérogénéité des
publications au regard de la littérature rend difficile la validation des effets attendus. Chez le
sportif de haut-niveau (SHN), ce questionnement mérite une attention particulière face aux
nombreuses sollicitations physiques, nécessitant la mise en place de stratégies adaptées et
personnalisées. Trois bases de données (PubMed, ScienceDirect et PEDro) ont été explorées afin
d’étudier les effets du FOAM-ROLLER sur les populations saines et entraînées. Le FOAM-ROLLER
permettrait une diminution de la douleur perçue et une amélioration des performances
immédiatement après un effort intense. En revanche, d’autres investigations doivent être
menées afin de déterminer la place du FOAM-ROLLER dans récupération longitudinale du SHN.
During the last decade, FOAM-ROLLING has become a frequently tool used by athletes to
enhance recovery. However, the heterogeneity of the litterature lead to a lack of evidence to
justify its utilization. In high-intensity trained population, a special attention is focused on
recovering strategies considering the number of solicitations, requiring tailored and indidualized
strategies. Three databases were reviewed (PubMed, ScienceDirect and PEDro) regarding the
effects of FOAM-ROLLER in healthy and trained population. FOAM-ROLLER seems to increase
performance and reduce perceived pain after an intense bout of exercice. However, further
investigations must be conducted to determine the particular position of FOAM-ROLLER in high-
intensity trained athlete about long-time recovery.
Keywords: FOAM-ROLLER; high-intensity trained athlete; self-myofascial release; sport recovery
I - INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 1
II - LA RECUPERATION CHEZ LE SPORTIF DE HAUT-NIVEAU ................................................................................. 2
1. LA RECUPERATION : DEFINITIONS ET ASPECTS ............................................................................................................... 2
2. SPORTIF DE HAUT-NIVEAU ET PLACE DU MASSEUR-KINESITHERAPEUTE ............................................................................... 7
III - LE FOAM-ROLLER : DEFINITION, PRINCIPES ET APPLICATION ......................................................................... 9
1. LE CONCEPT DE SELF-MYOFASCIAL RELEASE (SMR) ...................................................................................................... 9
2. LE FOAM-ROLLER : DEFINITION ET APPLICATION ...................................................................................................... 11
IV - SYNTHESE DE LITTERATURE .......................................................................................................................... 12
V - DISCUSSION ................................................................................................................................................. 21
1. EFFETS DU FOAM-ROLLER SUR LA RECUPERATION POST-EXERCICE ............................................................................... 21
2. EFFETS DU FOAM-ROLLER DANS LA RECUPERATION LONGITUDINAL DE L’ATHLETE .......................................................... 23
VI - LIMITES DE LA SYNTHESE DE LA LITTERATURE .............................................................................................. 27
VII - CONFRONTATION AUX REVUES DE LITTERATURE SUR LE SUJET ET PERSPECTIVES ....................................... 28
VIII - CONCLUSION ................................................................................................................................................ 30
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET AUTRES SOURCES ............................................................................................
Depuis de nombreuses années, la récupération chez l’athlète est présentée comme un
facteur déterminant de la performance. Chez le sportif de haut-niveau (SHN), elle prend une
place d’autant plus importante face à la répétition des efforts et les charges d’entrainements
quotidiennes. C’est à ce titre que chercheurs, entraineurs, masseur-kinésithérapeutes ou
encore préparateurs physiques sont à la recherche des stratégies les plus adaptées afin de
mettre l’athlète dans les meilleurs dispositions à l’approche d’une performance. Pour
Hausswirth et Mujika (1), la récupération est un des constituants le moins compris et
recherché de l’adaptation à l’exercice. En effet, elle apparaît comme un processus complexe
et multifactoriel qui met en jeu à la fois des paramètres psychologiques, sociaux,
biomécaniques ou encore physiologiques et il est parfois difficile de conclure sur l’efficacité
d’une technique en l’isolant des autres facteurs.
C’est au cours d’un stage dans un club de football professionnel (Ligue 1 – LFP1) que j’ai
pu observer et appréhender les bases de la récupération chez le sportif de haut-niveau.
L’utilisation de méthodes familières (étirements, massages, électrostimulation) alternait
avec des stratégies plus novatrices. L’une d’elle concerne l’utilisation du FOAM-ROLLER (FR),
traduit littéralement par « rouleau de mousse ». Cet appareil, communément catégorisé
comme self-myofascial release (SMR)2, est utilisé de manière autonome par dépression des
tissus cutanés et sous-jacents. Son utilisation croissante ces dix dernières années contraste
avec l’absence de véritable consensus sur son efficacité. Le FOAM-ROLLER est-il une
stratégie efficace pour le sportif ? Les modalités d’exécution (temps, répétitions, vitesses)
sont-elles suffisantes pour espérer des effets sur la récupération? Sur quels paramètres peut
agir le FOAM-ROLLER et quelle place doit-il prendre dans l’ensemble des stratégies de
récupération à notre disposition ?
Ce questionnement mérite une précision particulière chez le SHN : dans une interview
accordée au Journal de Montréal (2), le patineur de vitesse canadien Alexandre St-Jean
annonce s’entraîner 35 heures par semaine dans le cadre de sa préparation des Jeux
Olympiques d’hiver 2018. Un tel volume horaire d’entraînement n’est possible sans une
1 Ligue de Football Professionnel
2 Aucune traduction Francophone n’est retrouvée à ce jour.
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attention précautionneuse portée sur l’hygiène de vie, le sommeil ou encore l’alimentation.
Par exemple, l’un des substrats énergétiques de l’effort nécessite une oxydation importante
d’acides aminés (3). La diététique alimentaire doit dont prendre en compte cette dépense
afin d’équilibrer la balance (consommation-élimination) plaçant ainsi la récupération comme
un processus quotidien, ne se limitant pas aux stratégies immédiates post-exercice.
Le haut-niveau d’expertise combinée aux exigences accrues du sportif impose de réfléchir
au protocole le plus adapté à la pratique, à la situation et aux besoins de l’athlète. Ce travail
a pour objectif d’apporter un état des lieux des connaissances au travers une analyse de la
littérature sur la place et l’utilisation que peut prendre le FOAM-ROLLER dans la
récupération du SHN.
II - La récupération chez le sportif de haut-niveau
1. La récupération : définitions et aspects
Avant de définir le concept de récupération, il semble intéressant de préciser pourquoi
elle est une préoccupation majeure de l’athlète. L’activité physique, qu’elle soit pratiquée
occasionnellement par un sédentaire ou au quotidien par le sportif de haut-niveau induit des
modifications au niveau de l’organisme (3,4). En effet, au cours de l’effort, un ensemble
d’adaptations se mettent en place pour répondre aux contraintes de l’exercice. Ces
modifications sont de plusieurs ordres : cardiovasculaires, respiratoires, musculaires,
biochimiques ou encore énergétiques.
A l’arrêt de l’exercice, plusieurs processus se mettent en place à plus ou moins long
terme: si la fréquence cardiaque revient à sa valeur de repos après quelques minutes, il
faudra plusieurs jours au muscle pour restructurer les liaisons myo-aponévrotiques
dégradées par l’exercice. C’est ce qu’on appelle la récupération homéostasique. (cf. Figure 1)
Elle est indispensable pour pouvoir permettre de recommencer l’exercice physique dans les
meilleures conditions et s’applique à tous les niveaux de pratique.
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[3]
Figure 1 – Perturbations de l’équilibre homéostasique à la suite d’un exercice physique. Le retour aux valeurs basales est plus ou moins long selon les paramètres physiologiques mais aussi le type, la durée et l’intensité de l’exercice (d’après Hausswirth & Mujika, (1))
Chez le sportif à la recherche de performance, le corps est l’outil de travail permettant
d’accéder aux résultats. A ce titre, les athlètes de haut-niveau sont toujours à la limite des
capacités physiologiques humaines. La répétition des efforts est alors un principe
fondamental car elle permet une adaptation sur le long-terme et une amélioration des
capacités. La période de récupération présente un double enjeu majeur : à la fois
indispensable, elle est également un frein à l’enchainement des séances. C’est à ce titre que
l’athlète recherche les protocoles les plus adaptés afin d’optimiser ce processus pour être
dans les meilleures conditions à l’approche d’une compétition.
Pour mieux comprendre cette problématique de récupération chez le sportif, il faut
revenir à un des principes fondamental recherché de l’entraînement : le concept de
surcompensation. Le principe de surcompensation se base sur la réponse qu’apporte
l’organisme à une charge d’entraînement (4). L’exercice physique induit une diminution des
performances à court terme (fatigue physique et mentale, diminution des réserves
musculaires, augmentation de la concentration plasmatique en acide lactique…). Lors de la
phase de récupération, le corps va non seulement rétablir son état initial mais également
améliorer ses propriétés intrinsèques afin de mieux répondre à une nouvelle sollicitation (cf.
Figure 2).
Minutes
Fréquence cardiaque
Température Corporelle
Heures
Fonctions cognitives
Consommation d’oxygène
Jours
Réserves musculaires en glycogène
Réserves de créatine kinase
Semaines
Fonction musculaire
Coordination neuromusculaire
Mois
Régénération musculaire
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[4]
Figure 2 – Concept de surcompensation extrait de Hausswirth et Mujika (1).
Les séances intenses privilégiant le mode de contraction musculaire excentrique illustrent
les adaptions du corps face à l’exercice. Lors de ce type de contraction, la contrainte
imposée à un muscle ou groupe musculaire est supérieure aux capacités de l’ensemble des
sarcomères activés (5). Cela entraîne un allongement du muscle auquel le sujet tente de
résister. Le mécanisme est particulièrement délétère à court terme car les contraintes
imposées entraînent des lésions des fibres musculaires et des tissus conjonctifs. Il est
générateur de DOMS ou courbatures (Delay-Onset Muscle Soreness) qui sont des douleurs
d’apparition retardées apparaissant 24 à 72h après l’effort (6). Elles se caractérisent par un
œdème musculaire, une diminution de la force, de la proprioception et de l’amplitude
articulaire (7). Lewis et al. (8) recensent 6 mécanismes à l’origine de ces douleurs :
Contraction Volontaire ; PVC : polychlorure de Vinyle ; NC : Non Communiqué ; FAT : Technique d’Abrasion des Fascias
Tableau 1 – Présentation générale des études retenues pour la revue de littérature
Étude Type Échantillon Conditions Niveau d’activité Type de FR Mesures
Behara & Jacobson (2015)
WSD 14 footballeurs
américains FR, ED et contrôle
1ère
division universitaire PVC recouvert de néoprène Détente verticale Flexion de hanche
Couple de force iso.
Bushell et al. (2015)
RCT 31 étudiants (19♂,12♀)
FR et contrôle Volume horaire semaine:
9,02h +/- 5,79h Polyéthylène expansé haute-densité Extension de hanche
Healey et al. (2014)
WSD 26 étudiants (13♂,13♀)
FR ou gainage isométrique
Sportif régulier PVC recouvert de néoprène Mesures de performances,
fatigue et douleur
Junker & Stöggl (2015)
RCT 40 adultes (♂) FR, CR et contrôle
Sportif régulier NC « stand-and-reach-test »
MacDonald et al. (2013)
RCT 11 étudiants (♂) FR ou contrôle Modérés à très physiquement
actif PVC recouvert de néoprène
Flexion de genou EMG, MVC
MacDonald et al. (2014)
RCT 20 adultes (♂) FR ou contrôle Entrainés en résistance
(3/semaine ou plus) PVC recouvert de néoprène
Flexion de genou Mesures de performance
EMG, MVC
Markovic (2015)
WSD 20 joueurs de football FR et FAT Niveau régional PVC recouvert de néoprène Flexion de genou Test de Lasègue
Peacock et al. (2014)
WSD 11 étudiants (♂)
FR et contrôle Division 1 ou 2 universitaire Polyéthylène expansé haute-densité
« Sit-And-Reach test », Mesures de performances et d’agilités
Pearcey et al. (2015)
WSD 8 adultes (♂) FR et contrôle Modérés à très physiquement
actif PVC recouvert de néoprène
Seuil de douleur Mesures de performances
Škarabot et al. (2015)
RCT 11 adolescents
(5♂,6♀) FR, ES et FR+ES
Volume horaire semaine: 19h
PVC recouvert de néoprène Flexion dorsale de cheville
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2.2. Evaluation des articles
La moyenne des score PEDro était de 5,7 (+/- 0,48) (cf. Annexe 3) avec une étendue de 5
à 6. Cela correspond à un niveau méthodologique modéré. La faible dispersion des évaluations
montre une homogénéité des méthodes utilisées. Toutes les études retenues avant l’étape
d’analyse par la grille PEDro ont été inclues dans la revue (score supérieur ou égal à 5). Les
critères d’éligibilité ont été précisés dans 50% des études (28,29,34–36).
2.3. FR et récupération à court-terme
Deux études ont observé les effets du FOAM-ROLLER après un exercice (30,31). Elles
utilisaient un rouleau en PVC recouvert d’une couche de néoprène. Dans les deux cas, le
protocole était identique : 10 séries de 10 squats à 60% de la Résistance Maximale du sujet (RM)
avec 2’ de pause entre les séries. Le protocole d’exercices était à dominante excentrique. Le FR
était réalisé immédiatement après l’exercice mais également à 24h, 48h et 72h en même temps
que les suivis des différentes variables. Seule l’étude de Pearcey et al. (31) rapporte une
cadence (50 roulements par minute). Le protocole FOAM-ROLLER était réalisé de manière
bilatérale, principalement au niveau des cuisses, dans les deux protocoles. L’étude de
Macdonald et al. (30) intégrait un groupe contrôle tant dis que Pearcey et al. (31) ont espacé les
deux conditions (FR et contrôle) de 4 semaines en reprenant les mêmes sujets. Les études et
principaux résultats sont présentés en Tableau 2.
Macdonald et al. (30) rapportent une diminution de la douleur perçue (EPE), une
amélioration de la mobilité articulaire (extension passive de hanche à 48h et 72h ; flexion
passive de hanche à 72h ; flexion active de hanche à 24h). Sur les paramètres
neurophysiologiques, ces auteurs rapportent une diminution des propriétés contractiles du
muscle (excepté le temps de ½ relaxation qui ne diffère pas et le délai électromécanique qui
diminue). L’activation musculaire volontaire était également améliorée pour le groupe FR à tous
les points de contrôle.
Les deux études rapportent une augmentation de la performance au saut (détente verticale
(25) post 24h et 48h et saut en longueur (29) post 24h et 72h) par rapport au groupe contrôle.
On retrouve également une diminution de la douleur perçue dans les deux études pour le
groupe FR. L’étude de Pearcey et al. (31) montre également une amélioration des performances
en sprint et en force-endurance.
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Étude Sujets Durée FR Vitesse Groupe(s)
musculaire(s)
Variables
Mesurées
Résultats principaux FR
Macdonald et al.
(2014) N=20
2x1’ (R=30’’) TT=16’
NC
Quadriceps Ischio-jambiers
Adducteurs Abducteurs
EMG, MVC, activation musculaire, douleur perçue, saut vertical, extension et flexion passive de hanche
(EPH et FPH) et flexion active hanche
(FAH)
↘ douleur perçue ↗ amplitude art.
EPH (24,48h) ; FPH : (72h) ; FAH (24h)
↘ profil EMG (sauf ½ RT et ↗DEM)
↗ activation musculaire ↗ saut vertical(24h,48h)
Pearcey et al.
(2015) N=8
2x45’’ (R=15’’) TT=15’
50 RPM
Quadriceps Ischio-jambiers
Adducteurs Bandelette ilio-
tibiale Grands Fessiers
Sprint 30m Broad-jump
Force-endurance (FE) SDP
SDP (24h,48h), sprint
(24h,72h), broad-jump (24h,72h), FE (48h)
RPM : roulements/minute; SDP : seuil de douleur à la pression ; EMG : électromyographie ; MVC : Contraction Volontaire Maximale; DEM : Délai Electromécanique ; ½ RT : temps de ½ relaxation ; EPH : extension passive de hanche ; FPH : flexion passive de hanche ; FAH : flexion active de hanche
Tableau 2 – Présentation des études utilisant le FOAM-ROLLING après un exercice excentrique intense.
2.4. FR et récupération longitudinale de l’athlète
Huit études (28,29,32–37) abordent les effets d’une séance de FR sans exercice préalable.
Parmi les facteurs mesurés, l’amplitude articulaire est retrouvée dans 7 publications (28,32–37).
Trois articles présentent des facteurs de performances (29,36,37). Une étude rapporte des
mesures électromyographiques de l’activité musculaire (33). Enfin, deux études ont associé une
auto-évaluation de la fatigue, de la douleur ou du ressenti de l’athlète (29,34).
2.4.1. Effets d’une pratique à court terme
Six études (32–37) présentent une mesure de flexibilité immédiate après une session unique
de FR. Quatre études (32,33,35,36) utilisent un FOAM-ROLLER constitué d’un tube de PVC
recouvert d’une mousse en néoprène, les autres études (34,37) une matière en polyéthylène
expansé rigide.
Quatre études attestent de l’efficacité du FR sur le gain de mobilité, immédiatement après
l’utilisation du FR. Markovic (32) constate une augmentation de mobilité de la hanche
immédiatement après un protocole de FR appliqué aux quadriceps (+5%, p<0.05) et aux ischio-
jambiers (+9%, p<0.05). Macdonald et al. (33) montrent une amélioration de l’amplitude de
flexion de genou (+10% post 0’ et 8% post 2’ et 10’, p<0.05) après 2’ de FOAM-ROLLING sur le
quadriceps. Bushell et al. (34) retrouvent une augmentation significative de l’extension de
hanche au cours d’une deuxième session de contrôle (après 5 séances de FR dans la semaine ;
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[18]
p<0.05). Behara et Jacobson (36) décrivent également un gain de mobilité en flexion de hanche
(+15,6%, p<0.05) après 8’ de FOAM-ROLLER sur différents muscles des membres inférieurs.
A moyen terme (24h), Markovic (30) ne retrouve pas un maintien du gain immédiat obtenu
sur la mobilité de la hanche (p>0.05).
D’autres travaux ne montrent pas de gains sur la mobilité articulaire après la réalisation
d’une séance de FR. Škarabot et al. (35) ne retrouvent pas d’amélioration significative de la
flexion dorsale de cheville (p>0.05) après 1’30 de FR. Peacock et al. (37) ne montrent aucune
amélioration significative au test de l’atteinte assis après 6’ de rolling (p>0.05). L’étude de
Bushell et al. (34) ne rapporte pas de résultats significatifs lors de la 1ère et la dernière session
(p>0.05). Les principaux résultats sont présentés dans le Tableau 3.
Étude Sujets Durée FR Cadence Région(s) ou muscle(s) Variable(s) Mesurée(s)
Résultats
Behara et al.
(2015) N=14
1’ par groupe musculaire
TT=4’ NC IJ, Qcps, GF, gastrocémiens.
Flex. passive de hanche
↗de la flexion de hanche (+15,6%)
Bushell et al.
(2015)
N=31 3x1’ (R=30’’)
TT=3’ NC Qcps
Extension active de hanche
↗ ext. hanche intra-session 2
MacDonald & al.
(2013)
N=11 2x1’ (R=30’’)
TT=2’ NC Qcps
Flexion passive de
genou
↗ flexion de genou
post 2’ : +10° post 10’ : +8°
Markovic (2015)
N=20 2x1’ (R=30’’)
TT=2’ 4-5
roalling/min Qcps et IJ
Flexion passive de
hanche
↗ flexion.hanche (+9%)
Flexion passive de
genou (hanche à 90°)
↗ fleion. genou (+5%)
Peacock et al.
(2014)
N=11
30’’ par groupe musculaire,
bilatéral
TT=6’
5 roallings/série
Région pectorale, cuisse (post+ant+lat), jambe (post), charnière thorcao-lombaire
Sit-And-Reach test
Ø
Škarabot et al.
(2015)
N=11 3x30’’ (R=15’’)
TT=1’30 NC Gastrocnémiens
Flexion dorsale de
cheville Ø
RPM : roulements/minute; Qcps : quadriceps ; IJ : ischio-jambiers ; post. : postérieur ; ant. : antérieur ; lat : latéral ; TT : temps total ; R= récupération entre les séries
Tableau 3 - Présentation des études mesurant l’amplitude articulaire après un FOAM-ROLLING à court-terme.
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[19]
2.4.2. Effets d’une pratique chronique
Deux études (28,34) présentent des résultats après une utilisation chronique (≥ 5 jours) de
FOAM-ROLLING. Seuls Bushell et al. (34) précisent le rouleau utilisé (FR en polyéthylène
expansé). Junker et Stöggl (28) ont mesuré les effets de 1’30 à 2’ de FR sur l’extensibilité des
ischio-jambiers à raison de 3 séances par semaine pendant 1 mois. Ils retrouvent une
amélioration de la distance doigts-sol (+3cm, p<0.05) à l’arrêt du protocole. L’étude de Bushell
et al. (34) ne rapporte pas d’amélioration significative (p>0.05) de de l’extension active de
hanche après 5 séances de FR de 3’ sur le quadriceps. Les résultats sont présentés dans le
Tableau 4.
Étude Sujets Durée FR Vitesse Groupe(s)
musculaire(s)
Variable(s)
Mesurée(s) Résultats
Bushell et al.
(2015)
N=31
3x1’ (R=30’’) TT=3’
(5 séances sur une semaine)
NC Qcps Extension active de
hanche Ø
Junker &
Stöggl
(2015)
N=40
3x30’-40’ TT=1’30-2’
(3 séances hebdo sur 4 sem.)
10 AR/série
IJ Stand and reach test ↗ distance doigt-
sol (3 cm)
Qcps : quadriceps ; IJ : ischio-jambiers; TT : temps total ; R= récupération entre les séries ; AR : aller-retour ; hebdo : hebdomadaire ; sem. : Semaine
Tableau 4 – Présentation des études mesurant l’amplitude articulaire après une utilisation régulière de FOAM-ROLLER
2.5. Effets sur la performance
Trois études abordent une mesure de performance après une session de FR (29,36,37). Deux
études utilisaient un rouleau en PVC recouvert de néoprène (29,36) et l’étude de Peacock et al.
(37) un FR en polyéthylène expansé. Les résultats sont présentés dans le Tableau 5.
Peacock et al. (37) rapportent une amélioration des critères de performance évalués :
détente verticale, saut en longueur, test d’agilité, sprint et développé couché pour une session
de FR associée à une routine d’exercices comparativement au même protocole sans FR (p<0.05).
Cependant, les deux autres études ne confirment pas ces résultats. L’étude d’Healey et al.
(29) ne retrouve aucune différences significatives entre une session de 4’ de FR par rapport à
une session contrôle (force maximale isométrique, agilité et saut verticaux ; p>0.05). L’étude de
Behara et Jacobson (36) conclue de manière identique en mesurant la détente verticale et la
force maximale isométrique du genou (p>0.05) après 4’ de FR.
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[20]
Étude Sujets Durée FR Cadence Région(s) ou muscle(s) Variable(s)
Mesurée(s) Résultats
Behara et al.
(2015) N=14
1’ par groupe
musculaire TT=4’
NC IJ, Qcps, GF,
gastrocnémiens
Saut vertical (hauteur et puissance), FMI du
genou
Pas de différence par
rapport aux valeurs pré test
Healey et al.
(2014) N=26
4x30’ bilatéral
TT=4’ NC
Droit abdomen, IJ, Qcps, mollet
Saut vertical (hauteur et puissance), force
isométrique et agilité (5-10-5 yards)
Pas de différence avec
le groupe contrôle.
Peacock et al.
(2014) N=11
30’’ par groupe
musculaire, bilatéral
TT=6’
5 roallings/série
Région pectorale, cuisse (post+ant+lat), jambe
(post), charnière thorcao-lombaire
Détente verticale, saut en longueur, agilité (5-10-5 yards), développé
couché, sprint (37m)
Amélioration significative de
tous les facteurs
comparés au contrôle.
RPM : roulements/minute; Qcps : quadriceps ; IJ : ischio-jambiers ; GF : grands fessiers ; FMI : force maximale isométrique ; post.: postérieur ; ant: antérieur ; lat : latéral ; TT : temps total ; R= récupération entre les séries
Tableau 5 – Présentation des résultats après une session de FR isolée sur la performance immédiate
2.6. Effets sur les propriétés contractiles du muscle
Seule l’étude de Macdonald et al. (33) mesure les effets sur les propriétés contractiles du
muscle après une session de FOAM-ROLLING. L’étude ne rapporte aucune différence
significative entre les valeurs neurophysiologiques (p>0.05) pré et post (0’,2’ et 10’).
tetanus, twitch force, temps de ½ relaxation, rate of force Development
Aucune différence par rapport aux valeurs pré-test
TT : temps total; R : récupération entre les séries ; EMG : Electromyographie
Tableau 6 – Présentation des effets du FOAM-ROLLING sur les propriétés de contraction volontaire et profils électromyographiques du muscle.
2.7. Effets sur la récupération perçue de l’athlète
Le dernier type de variable mesuré concerne les perceptions ressenties par l’athlète. Les
résultats sont présentés dans le Tableau 7
Bushell et al. (34) ont réalisé des mesures du ressenti global (Global Perceived Effect Scale ;
GPES) après la réalisation d’un « lunge test » (extension de hanche debout) répété sur 3 sessions
espacées d’une semaine. Le groupe FR réalisait en plus 5 sessions de FR pendant la 1ère semaine.
Les ressentis lors de la réalisation de la position étaient significativement meilleurs que le
groupe contrôle (p<0.05) au cours de la session 2. Lors de la réalisation de la session 3, les sujets
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[21]
FR présentaient des ressentis significativement plus négatifs (p<0.05) qu’en session 2 où ils
avaient au préalable réalisé une semaine de FR.
Dans l’étude de Healey et al. (29), les sujets devaient réaliser un ensemble de tests mesurant
les qualités physiques après la réalisation d’une séance de FOAM-ROLLER ou gainage
isométrique. Les auteurs ont évalué les sujets sur leur niveau de douleur, de fatigue et l’effort
perçu avant l’intervention et après les tests. La fatigue ressentie à la fin du test pour le groupe
FR était significativement plus faible que pour le groupe contrôle (p<0,05).
Étude Sujets Durée FR Cadence Région(s) ou muscle(s) Variable(s)
Mesurée(s) Résultats
Bushell et al.
(2015)
N=31
3x1’ (R=30’’)
TT=3’ (5 séances
sur une semaine)
NC Quadriceps Ressenti global des
effets perçus (GPES)
Effets perçus augmentés pour
le gpe FR (Session 2).
Effets perçus diminués après 1 semaine d’arrêt
du FR
Healey et al.
(2014) N=26
4x30’ bilatéral
TT=4’ NC
Droit abdomen, IJ, Quadriceps, mollets
Niveau de douleur, de fatigue et effort perçu
Fatigue perçue significativement plus faible pour
le groupe FR
TT : temps total ; R : récupération entre les séries; GPES : Global Perceived Effect Scale, gpe : groupe ; IJ : ischio-jambiers
Tableau 7 - Présentation des effets du FOAM-ROLLING sur la récupération perçue par l’athlète
V - Discussion
1. Effets du FOAM-ROLLER sur la récupération post-exercice
L’utilisation du FR en récupération d’un exercice a été étudiée au travers de seulement deux
études (30,31). Dans ces travaux, les protocoles induisaient un type de contraction excentrique,
générateurs de DOMS. Les résultats principaux montrent une diminution de la douleur perçue
après l’effort pour les groupes ayant effectué du FR. Les DOMS sont également associées à une
diminution des performances (38,39), nécessitant un aménagement de l’entrainement du
sportif le temps de la récupération. A ce propos, les deux études (30,31) observent des
améliorations et une meilleure récupération des capacités de sprints et de sauts (verticaux et
longueurs) avec FOAM-ROLLER comparé aux valeurs contrôles.
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[22]
Le FOAM-ROLLER pourrait alors présenter des effets intéressants dans des sports tels que
l’athlétisme (e.g. saut en longueur ; 100m) ou encore les sports collectifs à forte composante de
sauts et de détentes (e.g. volleyball, basket-ball).
Pour Lewis (8) et Cheung (40), le moyen le plus efficace dans le traitement de la douleur
post-exercice reste l’exercice continu, favorisant la libération d’endorphines et l’augmentation
du flux sanguin local. L’efficacité de ce type d’exercice de récupération semble cependant
conditionnée à une modalité d’application rapide (dans l’heure suivant l’exercice) et avec une
faible intensité (41).
Il semble intéressant d’évoquer les mesures neurophysiologiques réalisées dans l’étude de
Macdonald (30). Les auteurs ont analysé le pic de force produit, la période de latence (délai
électromécanique, DEM), le pourcentage de force développé et le temps de ½ relaxation à la
suite d’une stimulation électrique du muscle. Les valeurs pour le groupe FR récupèrent moins
rapidement que pour le groupe contrôle (excepté pour le temps de ½ relaxation qui ne montre
pas de différence significative au cours du temps et le DEM qui diminue plus rapidement pour le
groupe FR). Le FOAM-ROLLER pourrait donc retarder la récupération de certains paramètres
neurophysiologiques (pic de force produit, pourcentage de force développé) après un exercice
intense. Ce constat est à prendre en compte dans les activités nécessitant un haut-niveau de
force à produire, le muscle possèderait alors une diminution de ses capacités à produire une
contraction maximale.
Le DEM semble au contraire amélioré par le FR. Il correspond au délai entre la stimulation
électrique du muscle et l’apparition de la tension/contraction (42). Ce paramètre ne semble pas
toujours affecté par l’exercice excentrique intense : Howatson et al. (39) observent une
augmentation du DEM après 45 contractions excentrique des fléchisseurs du coude tandis que
Lacourpaille et al. (43) ont montré que ce paramètre n’était pas altéré après un exercice
excentrique sur les gastrocnémiens, ce qui pourrait témoigner d’une dépendance suivant le
groupe musculaire considéré. L’amélioration du DEM pourrait ici être attribuée à une meilleur
récupération de la composante passive élastique en série du muscle (44) par le FR, même si ce
facteur n’est pas le seul déterminant du DEM (39). Ces résultats démontreraient une meilleure
efficacité du rouleau sur les enveloppes conjonctives du muscle (aponévroses, fascias…) plutôt
que sur les composantes contractiles.
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[23]
Il semble raisonnable de penser que l’action des protocoles de récupération post-exercice
ayant entrainé des DOMS agissent d’avantage sur l’atténuation des symptômes que sur
l’accélération des processus physiologiques de réparation des tissus (8). Les dernières études
sur la répétition d’exercices intenses montrent une accoutumance et une meilleure résistance
de l’organisme à ce genre d’exercices (9). La compréhension du mécanisme des DOMS reste
encore à étudier : l’étude de Pearcey (31) affichant des améliorations non-linéaires pour
certains paramètres, confirmant l’hypothèse de différentes phases dans la régénération post-
exercice et le processus inflammatoire.
2. Effets du FOAM-ROLLER dans la récupération longitudinal de l’athlète
La récupération est souvent limitée aux protocoles immédiats post-effort mais elle se définit
également au quotidien, dans des stratégies à plus ou moins long terme.
2.1. Effets isolés du FOAM-ROLLING sur l’amplitude articulaire de l’athlète
La plupart des publications mesurent la variation de l’amplitude articulaire immédiatement
après la session de FOAM-ROLLING. Cependant, les résultats divergent selon les auteurs. La
durée totale était au moins supérieure à 2’ dans les études retrouvant des résultats significatifs.
A ce titre, les sujets dans l’étude de Škarabot et al. (35) (temps total : 1’30) pourraient ne pas
avoir reçu une durée de traitement suffisante pour entrevoir des résultats significatifs.
Cependant, Peacock et al. (37) ne retrouvent pas de modifications après 6’ de FR. Les raisons
pourraient alors se retrouver au niveau des zones de traitement. La majorité des résultats
significatifs ont traité les muscles de la cuisse (ischio-jambiers et quadriceps) et mesuré la
flexion et/ou l’extension de hanche. Il se pourrait que ces deux groupes musculaires subissent
d’avantage les effets du FR que d’autres, peut-être de par leur volume plus important. Enfin, les
populations étudiées sont parfois très homogène, limitant l’impact statistique des modifications
(cf. VI. Limites de la synthèse).
Plusieurs hypothèses peuvent toutefois être émises pour expliquer les résultats significatifs.
Barnes (20), à propos même du principe de myofascial release, montre que la pression exercée
par le FOAM-ROLLER entrainerait une déformation des tissus sous-jacents, aboutissant à une
meilleure mobilité. Ce résultat a déjà été montré lors de mobilisation manuelle des tissus par un
thérapeute (45), mettant en évidence un changement dans les structures collagéniques du
derme par échographie avant et après intervention.
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Une deuxième théorie concerne directement la stimulation sensitive exercée par le rouleau.
Weppler & Magnusson (46) ont montré que la tolérance à l’étirement influençait la mesure de
l’amplitude articulaire : c’est qu’on appelle la Sensory Theory. Au même titre que les
interventions manuelles, le contact avec les tissus entraîne une modification de pression des
mécanorécepteurs situés dans les tissus. L’intégration de ce message au niveau cortical pourrait
augmenter la tolérance à l’étirement et ainsi expliquer une augmentation de l’amplitude
articulaire par une modification du seuil nociceptif plus que par des effets tissulaires.
Ce dernier point semble important dans la récupération psychologique de l’athlète de haut-
niveau. En diminuant l’excitabilité, au même titre que les massages diminueraient « le réflexe
H » (excitabilité médullaire réflexe) (47), une séance isolée pourrait procurer une sensation de
relâchement musculaire. Le FOAM-ROLLER pourrait alors également trouver sa place dans la
relaxation de l’athlète et la diminution du stress.
Si certains effets à court-terme sont observés, Macdonald et al. (33) ne retrouvent plus de
différences de mobilité au-delà de 10 minutes, ce qui montrerait un effet très immédiat. Une
explication à ces résultats pourrait provenir de la modification des propriétés viscoélastiques. La
répétition des contacts entre le FOAM-ROLLER et les tissus (cutanés et sous-jacents) pourrait
augmenter la température locale. Cela entrainerait une modification des propriétés
viscoélastiques des tissus. A l’arrêt des stimulations, la température retrouve sa valeur initiale et
les tissus reprennent leur élasticité basale après quelques minutes.
L’étude de Škarabot et al. (35) semble ouvrir une nouvelle orientation dans l’association des
techniques. Ils ont comparé l’utilisation du FR combinée à la réalisation d’étirements passifs
statiques. Les auteurs rapportent une amélioration plus importante du groupe associant FR+
étirements (+1,3 cm) contrairement au groupe étirement seul. La combinaison de ces deux
stratégies de récupération offrirait des opportunités intéressantes dans l’optimisation de la
récupération chez l’athlète. D’autres études doivent confirmer ces premiers résultats.
2.2. Effets d’un FOAM-ROLLING régulier sur l’amplitude articulaire de l’athlète
Seuls Junker et Stöggl (28) observent une amélioration de la distance doigt-sol après 4
semaines de FR (+3 cm). Peu de littérature n’est à ce jour retrouvée sur les effets chroniques du
FR. Une hypothèse pourrait résider dans le faible impact clinique qu’il apporte dans
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l’amélioration de ce paramètre. Cependant, de futures recherches doivent être menées pour
confirmer ce propos.
De la même façon, deux travaux non pas été inclus dans cette revue car les échantillons
étaient composés d’individus présentant des "limitations" de flexion de genou (48,49). Seuls
Morton et al. (48) rapportent une augmentation de flexion de genou après 1 mois de FR sur les
ischio-jambiers. Une poursuite de recherche pourra également être menée dans ce domaine
afin d’affirmer ou d’infirmer l’intérêt du FR dans le traitement des restrictions d’amplitude
articulaire dans un cadre pathologique (traumatique, dégénératif…).
Une publication récente de Li et al. (50) a répertorié l’ensemble des blessures de 201 joueurs
de baseball professionnel américains au cours d’une saison. Les auteurs ont montré que les
sujets avec les plus faibles amplitudes articulaire de hanche (rotateurs interne et externe)
étaient d’avantage exposés aux blessures des membres inférieurs (hanche, ischio-jambiers et
aine). La place du FOAM-ROLLER dans le traitement de la mobilité articulaire à long-terme
pourrait à ce titre devenir une perspective de recherche intéressante. Une étude mesurant
l’impact ou non du FR sur l’épidémiologie des blessures sportives pourrait ainsi servir dans la
prévention des traumatismes physiques de l’athlète.
Enfin, il semble que l’amplitude articulaire revêt des différences entre les athlètes. Les
gymnastes possèdent ainsi une flexibilité plus importante qu’une grande majorité d’autres
sportifs, liée aux exigences de pratique. Sprague (51) observe une amplitude articulaire de
cheville et d’épaule plus importante chez des nageurs que d’autres athlète pratiquant des sports
différents. Plus étonnamment, des différences au sein même d’une activité peuvent être
observées: Oberg et al. (52) remarque que les gardiens de football possèdent des amplitudes
articulaires plus importante que les autres postes (flexion de hanche, de genou et dorsiflexion
de cheville). L’amplitude articulaire n’est donc pas, chez tous les athlètes, une stratégie de
récupération recherchée. Elle impose une méthodologie rigoureuse dans la sélection des
populations, toutes n’étant pas concernée par cette problématique. Des études préalables sont
donc nécessaires pour déterminer le profil de l’athlète chez qui l’utilisation du FR pour un gain
de mobilité serait intéressante.
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2.3. Effets du FOAM-ROLLING sur la performance
Les résultats de l’utilisation du FR sur la performance sont également contradictoires. Seuls
Peacock et al. (37) rapportent une amélioration de la performance dans des tests de force,
puissance, agilité et vitesse après l’utilisation du FR combinée à un échauffement dynamique
versus un échauffement seul (p<0.05). Behara et al. (35) et Healey et al. (28) n’observant pas
d’amélioration (p>0.05).
Les études se différencient par la surface de traitement et le temps total. Ils étaient plus
importants dans l’étude de Peacock et al. (37) que celles de Behara et al. (36) ou Healey et al.
(29). De plus, l’échauffement utilisé pourrait avoir un impact, malgré qu’il soit également réalisé
par le groupe contrôle.
Une autre étude de l’équipe de Peacock et al. (53), non retenue dans le cadre de ce travail,
ne montre pas de différences sur la performance en comparant deux progressions de rolling sur
le corps (sagittale et frontale). Les zones traitées pourraient alors apparaître comme un
déterminant important, par une action globale sur le corps, et non seulement sur les membres
inférieurs qui sont préférentiellement traités dans les études de Behara et Healey (29,36). Des
recherches complémentaires devront donc cibler au plus juste les groupes à traiter pouvant
impacter la récupération et la performance de l’athlète afin de guider précisément les zones
d’utilisation du FR.
Dans tous les cas, l’utilisation du FR ne semble pas affecter négativement la performance, ce
qui ne semble pas être toujours le cas d’autres stratégies de récupération. Peck et al. (54), dans
une revue de littérature, montre que les étirements statiques sont à privilégier à distance d’un
entraînement ou d’une compétition car ils affectent la performance. Les résultats retrouvés ne
semblent donc pas indiquer de moments privilégiés pour l’utilisation du FOAM-ROLLER
D’autres investigations doivent être menées en particulier sur : la zone de traitement, de
l’échauffement mais aussi sur la durée d’action. Il pourrait être intéressant, dans le cadre de la
récupération mais aussi celui de l’échauffement, de savoir si le FOAM-ROLLING induit toujours
une amélioration de la performance à moyen terme : après 15, 30 ou 60’ post-rolling.
2.4. Effets du FOAM-ROLLING sur les propriétés contractiles du muscle
Macdonald et al. (33) n’ont montré aucune variation des propriétés contractiles du muscle
après l’utilisation du FOAM-ROLLER comparé au groupe contrôle. Lors d’un exercice
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[27]
excentrique, il a été montré que ce paramètre était négativement affecté par le FR (excepté
pour le DEM qui était amélioré) (cf. 2.1.1). Les deux études présentaient des protocoles
similaires de mesures. Il semble donc que ces paramètres soient affectés négativement
uniquement dans le cadre de la récupération post-exercice mais pas lors d’une pratique isolée.
Ces résultats doivent être confirmés par de nouvelles études.
2.5. Effets du FOAM-ROLLING sur le ressenti de l’athlète
Les effets du FR sur le ressenti de l’athlète restent sous-étudiés au vu du nombre de
publications sur ce point. Alors que paradoxalement ils apparaissent comme une composante
importante de la récupération, nous relevons seulement deux études (29,34) mesurant la
perception de l’athlète (douleur, fatigue, effort ou effet).
Ces résultats semblent pourtant indiquer que l’utilisation du FR permettrait de diminuer la
fatigue perçue après une série d’exercice (p≤0,05)(29). Bushell et al. (34) rapportent également
une perception globale de soi plus importante lors de l’utilisation du FR pour des mesures
d’étirements, cette valeur étant significativement moins bonne après l’arrêt du FOAM-ROLLING.
D’autres études doivent donc se pencher sur ces marqueurs de récupération, afin de pouvoir
émettre des stratégies de recommandations à ce niveau.
VI - Limites de la synthèse de la littérature
Nous avons choisi de définir la population « sportive » de notre modèle PICO comme
« Sportif sain avec pratique fréquente». Cependant, la littérature indique que le sportif régulier
n’est pas toujours confronté aux mêmes réalités physiologiques que le sportif de haut-niveau.
Prenons l’exemple de l’amplitude articulaire : Abdel-Aziem & Mohamad (55) en comparant les
effets de 6 semaines d’étirements des gastrocnémiens, observent une augmentation
significative de la flexion de cheville uniquement pour les sujets non-entrainés (+5,96° contre
+1,10° pour les sujets entrainés). Un sportif présentant déjà une longueur musculaire
importante obtiendra moins de gains d’amplitudes qu’un sujet physiologiquement plus raide
dont l’allongement musculaire initial sera plus rapide pour un même exercice. Un raisonnement
similaire pourrait être envisagé pour d’autres marqueurs comme la douleur suite à des exercices
excentriques entrainant des DOMS.
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[28]
D’autre part, le design méthodologique des études reste parfois imprécis, comme l’attestent
les scores PEDro retrouvés par notre évaluation (entre 4 et 6/10). Les auteurs ne mentionnent
pas toujours de manière précise la fréquence et l’intensité d’entraînements des sujets, et la
traduction d’un niveau d’activité peut différer d’un lecteur à l’autre. Il est ainsi probable que
certains échantillons soient composés de niveaux hétérogènes, avec des athlètes de haut-niveau
et des sportifs moins entrainés, ce qui rejoint le point évoqué précédemment. Par exemple, le
nombre d’heures de pratique des sujets s’étendait de 3 à 20 heures dans l’étude de Bushell et
al. (34).
Il semble également important de notifier que toutes les études n’ont pas effectué de calcul
statistiques pré-intervention. Ces derniers permettent de définir un nombre de sujets suffisants
pour pouvoir exclure un risque d’erreur de type 1 (montrer à tort une différence entre deux
groupes) ou de type 2 (ne pas montrer comme significative une différence pourtant réelle).
Dans l’étude de Bushell et al. (34), les auteurs ont retrouvé un gain de 3,70° d’extension de
hanche pour le groupe FR contre seulement 0,34° pour le groupe contrôle. Cependant, la
variance au sein de chaque groupe était plus grande que les changements observés, ne
permettant pas de conclure significativement.
L’hétérogénéité des protocoles et du choix de matériel est aussi un élément pouvant avoir
agi de manière indirecte sur les résultats obtenus. Curran et al. (56) ont montré une plus grande
pression par surface (165.7 kPa/cm2 contre 107 kPa/cm2) exercée par un rouleau rigide en PVC
entouré d’une mousse de néoprène comparativement à un rouleau de polystyrène condensé.
Enfin, les tests effectués manquent parfois de sensibilité. Par exemple, mesurer l’amplitude
articulaire par le " sit-and-reach test " dans l’étude de Peacock et al. (53) semble discutable. Une
revue de littérature menée par Mayor-Vega (57) attribue un critère de validité moyen à ce test
concernant l’extensibilité des ischio-jambiers et faible pour ce qui concerne la région lombaire.
VII - Confrontation aux revues de littérature sur le sujet et perspectives
Nous relevons trois revues de littérature (58–60) abordant les stratégies de SMR dans la
récupération, l’échauffement ou la performance. Leurs résultats vont dans le sens du travail
réalisé. Elles concluent de manière similaire sur les effets du SMR dans l’augmentation de
l’amplitude articulaire à court terme, l’amélioration de la performance et diminution de la
douleur perçue après un exercice intense. Cependant, ces revues sont menées indifféremment
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sur plusieurs types d’appareils utilisés (e.g., foam-roller, roller massager, balle de tennis) et le
niveau d’activité n’a pas fait l’objet d’un critère d’inclusion spécifique par les auteurs. Enfin, les
trois revues présentaient des populations avait une restriction d’amplitude articulaire, qui
s’éloignent du cadre étudié ici.
Récemment, une étude réalisée par Okamoto et al. (61) a ouvert de nouvelles perspectives
d’utilisation du FOAM-ROLLER. Les auteurs ont rapporté une diminution de la rigidité artérielle
et une augmentation de la concentration en [NO] après l’utilisation du rouleau chez des sujets
non-sportifs. La rigidité artérielle est le reflet d’une meilleure capacité d’extensibilité de l’artère
face aux modifications du flux sanguin. Parallèlement, le monoxyde d’azote est un agent
chimique vasodilatateur présent dans les cellules endothéliales de l’artère. (62). Augmenter ou
maintenir l’extensibilité artérielle pourrait alors améliorer la distribution sanguine du muscle
afin de répondre à l’effort ou de reconstituer ses réserves après un exercice. Bertovic et al. (63)
mettent en avant une moins bonne compliance artérielle chez des sujets s’entrainant en force
par rapport à une population sédentaire, augmentant notamment le risque de surcharge au
niveau du ventricule gauche lors de la systole. Ces hypothèses doivent encore faire l’objet de
recherches approfondies et en particulier, chez le SHN.
D’autre part, la littérature scientifique sur l’utilisation du FR est très récente : seulement 125
entrées sur les 3 bases de données interrogées, la publication la plus ancienne datant de 2013
(33). L’hétérogénéité évoquée : type de FR utilisé, la zone massée, la cadence et le nombre de
mouvements réalisés, sont autant de facteurs qui doivent encore être étudiés.
L’amplitude articulaire est le reflet de nombreux facteurs (muscle, tendon, capsule…) et les
mesures goniométriques sont le reflet globale des modifications de ces structures.
L’élastographie pourrait alors permettre d’isoler certains facteurs afin d’en appréhender le
comportement. Il s’agit une technique d’imagerie pouvant par exemple évaluer de manière
objective la raideur locale d’un tissu, en particulier la technique Supersonic Shear Imaging (64).
Une étude de Crommert et al. (65) a par exemple récemment observé une diminution de la
tension musculaire par élastographie après un massage. Cette technique semble pertinente à
mobiliser pour s’intéresser aux effets du FR dans de futurs travaux.
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[30]
VIII - Conclusion
Depuis les années 1990, l’Evidence-based practice (EBP) a progressivement amené un
changement de comportement des professionnels de santé autour de la prise en charge
médicale et paramédicale. Elle consiste à utiliser les meilleures données scientifiques à
disposition afin d’élaborer une prise en charge personnalisée et adaptée à la problématique du
patient (66). L’augmentation exponentielle des publications à l’ère du numérique a entrainé
une explosion de ces connaissances (67,68). Il apparaît alors nécessaire de régulièrement
synthétiser les publications autour d’une problématique afin d’en définir la pertinence et mieux
répondre aux besoins du patient.
Dans le suivi du SHN au quotidien, le masseur-kinésithérapeute doit proposer et mettre en
œuvre des techniques adaptées au sportif et à ses objectifs, notamment en matière de
récupération. La connaissance des mécanismes d’actions et leur intérêt apparaissent alors
comme une notion fondamentale afin de conseiller au mieux le SHN. C’est la raison pour
laquelle le FOAM-ROLLING, technique en pleine essor, a fait l’objet de ce travail. A ce jour, les
conclusions et les recommandations sur son utilisation restent mesurées au regard des résultats
soulignés, et d’autres investigations sont à envisager. Il apparaît cependant, à la conclusion de
ce travail, que les exigences de chaque discipline sportive rendent difficile une généralisation
des résultats. Face à un processus multifactoriel comme la récupération, la complexité des
interactions biopsychologique le rende difficilement appréhendable dans sa totalité. Le
kinésithérapeute possède alors un rôle important dans l’adaptation des protocoles à chaque
individu au sein de sa discipline, en tenant compte de la problématique individuelle du sportif et
des impératifs qui lui sont imposés.
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Annexe 1 – Liste de FOAM-ROLLERS couramment utilisés