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Le commentaire iconographique
Objectifs :–
reconnaître et décrire l'image avec le bon vocabulaire–
Mettre en perspective, c'estàdire inscrire le document dans un contexte historique précis, justifiant
ainsi l'intérêt du document.–
Montrer la spécificité du document, sa particularité en décrivant ses principales caractéristiques–
Donner la portée du document : tenter de montrer l'impact du document, son utilité et son efficacité.
Éventuellement, si le document s'y prête, on peut tenter une critique objective.
L'image est un message visuel, qui est perçu globalement et très rapidement. C'est un message synchrone. Comme elle semble reproduire le réel, elle donne une impression de vérité => Elle est polysémique.
Elle constitue un ensemble de signes qu'il s'agit de décoder. Le travail d'analyse s'effectue en deux temps, l’observation, l’interprétation.
Il s’agit donc bien d’un travail double :
Vous devez dans un premier temps
identifier le document qui
vous est proposé et décrire ce que vous voyez. Puis, dans un deuxième temps, développer les idées que ce document vous inspire.
Cette simple exposition de la consigne permet déjà de comprendre que l’exposé sera composé de deux parties, d'une introduction et d'une conclusion :
•
introduction : identification du document •
première partie : description détaillée•
deuxième partie : interprétation
•
conclusion : rappel des éléments énoncés et ouverture
Une « bonne » réponse est une réponse ou l’interprétation est à peu près deux fois plus longue que la description.
Nous allons voir en détail comment chaque partie énoncée ici se construit. Nous les aborderons
d'abord d'un point de vue
théorique, qui vous donnera la
philosophie générale de l'épreuve, car ce document a pour but de vous aider sur du long terme, vous donner un objectif, un axe à garder à l'esprit y compris lorsque vous devrez faire vous même vos propres commentaires de documents.
Puis dans un second temps nous verrons de façon très concrète de quoi ces parties sont constituées, les types de phrases/raisonnements à privilégier etc... de manière à ce que ce document soit utilisable, dès maintenant.
Au fil du devoir nous verrons
comment chaque étape de
construction du devoir
-
implique en amont une méthode de travail précise. Bien connaître l'épreuve c'est aussi travailler efficacement. Ces apartés vous seront signalées en rouge. Elles sont valables également dans le cas d'une dissertation.
Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que ce document est destiné à vous aider. Il
ne constitue en AUCUN CAS
une réponse à un examen précis. Il présente
une MÉTHODE
exhaustive (mais il en existe d'autres tout aussi valables) qui doit être APPLIQUÉE AVEC DISCERNEMENT et non pas recrachée !
IL'introduction
L'introduction est une partie extrêmement importante. Elle est nécessaire à chaque fois.
C'est elle qui prédispose bien ou mal le lecteur à votre égard. La qualité d'un devoir est perceptible dès l'introduction : à vous de la soigner en conséquence, tant dans la forme que dans le contenu.
AEn théorieLes but principaux sont
l'identification rapide de l'oeuvre,
et le choix de
la problématique et donc l'annonce de votre plan. D'où son importance : elle signale au correcteur si vous connaissez l'oeuvre, et si vous allez traiter correctement le sujet.
Globalement elle doit donc être constituée de 3 parties :
–
une phrase d'introduction, pour passer du général au particulier.
– La désignation du sujet.
–
La problématique et le plan qui en découle.
Par rapport à l'oeuvre elle doit permettre de répondre aux questions : Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Qui ?
En clair :
quels sont les éléments qui permettent de désigner, de qualifier un objet ?
–
Sa dénomination (nom officiel, nom d'usage, numéros de conservation )
–
Sa nature (tombe, vase, fresque..etc...)
–
Sa localisation géographique (par rapport à la mappemonde, puis par rapport au
-
site ou l'oeuvre a été inventée. )
–
Son auteur/commanditaire (si cela apporte quelque chose à la compréhension de l'oeuvre)
–
Ses dimensions, même approximatives : pour donner une idée.
–
La matière : bois, pierre etc.. pour les sculptures, le support pour les peintures.
–
Son lieu de conservation (si ça aide à différencier deux oeuvres aux noms proches)
Bref tout ce qui est extérieur à l'oeuvre.
La problématique est un problème
plus sérieux...
dans l'absolu elle est issue d'un problème philosophique lie à l'oeuvre étudiée.... peut être 1 problème d'interprétation, ou
l'explication de phénomène historique
etc... dans tous les cas
il s'agit d'un phénomène d'ampleur
capitale... ce que dans vos
cours de français
prébaccalauréat on a du appeler « axe de lecture »
Nous verrons dans la pratique que nous ne pouvons procéder ainsi. L'axe de lecture à privilégier n'est pas fonction de l'absolu mais bel et bien des connaissances que vous êtes capable de fournir a l'instant T de l'examen !!
Souvent si vous analysez bien vos cours, elles servent souvent le fil conducteur aux professeurs sur tout le semestre.
BConcrètement
Il est particulièrement difficile d'écrire les premières lignes d'un devoir, souvent on y perd de précieuses minutes. Il existe de nombreuses manières de faire, et l'ordre des éléments dont nous avons parlé n'est pas important pourvu qu'ils soient présents et si possible de façon organisée.
Pour vous aider gardez à l'esprit que la forme globale d'une introduction est celle de l'entonnoir.
– S'il est bon de commencer
par une phrase d'introduction à
l'introduction
(qui permet justement ce passage du général au particulier), Il convient d'éviter à tout prix les phrases trop générales du type :
« de tout temps les hommes ont construit des tombes.... »
ce sont des banalités sans intérêt,
et l'on vous demande de la
pertinence !
Ne perdez pas un temps que vous n'avez pas !
–
Une piste toujours intéressante pour entrer en matière est l'historiographie mais elle nécessite parfois un travail personnel, en effet selon les objectifs du cours ces détails ne vous sont pas fournis. (un étudiant avisé verra tout de suite l'intérêt de la chose : moyennant quelques petits efforts votre copie ne ressemblera pas a ses
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599 petites soeurs à corriger en une session !)
On peut écrire par ex :
« En 1967, Spiridon Marinatos,
cherchant une explication à la
disparition des palais mycéniens décida
d'entreprendre une série de
prospection sur l'île
de Théra... etc... »
Ce qui vous permet ainsi d'enchaîner de manière élégante sur la localisation de l'oeuvre, et le reste de sa description en n'omettant aucun des termes que nos avons mentionné plus haut.
–
Vous pouvez aussi opter pour une entrée en matière plus rapide avec la datation par exemple :
« L'oeuvre Y, présentée ici, appartient à la civilisation X, qui se développa à tel endroit, du X siècle au X siècle »
Vous n'êtes pas limité dans les façons de faire, ces quelques phrases sont ici à titre d'exemple, il en existe beaucoup d'autre tout aussi efficaces.
Mais il
est bon d'y réfléchir un peu à
l'avance pour ne pas être surpris le
jour de l'examen.
–
Annonce du plan et la problématique fonctionnent de paire, l'une est directement dictée par l'autre.
Nous avons vu plus haut que
la problématique est normalement le
reflet d'un problème d'importance dans
l'absolu. Or plusieurs axes sont
valables
pour interroger une oeuvre ! (certains plus intéressants que d'autres évidemment) et en pratique celui que vous choisirez dépend de vos connaissances ! Vous ne pouvez pas annoncer que
« vous allez montrer comment
cette oeuvre prouve par son
programme iconographique les contacts
précoces entre la
civilisations X et la
civilisation Y malgré l'historiographie en vous basant sur des exemples précis »
si nous n'en avez pas la plus petite idée, même si c'est un enjeu majeur autour de l'oeuvre en question !!
Vous êtes évidement sensé connaître les axes de lecture principaux lié à l'oeuvre mais en cas d'« absence » faites preuve d'intelligence il y a toujours
un moyen de tirer son épingle du jeu ! Un examen de fac teste aussi bien vos connaissances que votre capacité à vous adapter intelligemment!! :
Choisissez toujours un
angle qui met votre savoir en valeur
:
vous avez travailler sur les reliefs et la perspectives à travers les âges : montrer que vous connaissez
l'oeuvre donnée à l'examen en
mettant en lumière ces
aspects particuliers; vous avez travaillé sur les méthodes de fouilles, débrouillez vous pour en parler.
C'est à définir cela que sert l'étape de travail des premières minutes de l'épreuve ou
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vous mettez rapidement sur votre brouillon tous les items qui vous reviennent en mémoire sur le sujet.
–
Surtout éviter les problématiques bidons avec des interrogations très générales du type « pourquoi un jour les hommes ont construit des pyramides etc... » ou encore « en quoi l'architecture religieuse reflète les croyances des peuple anciens etc.... »
–
une annonce de plan et de problématique type pourrait être une phrase du genre :
« après avoir dit un mot de la technique employée, nous décrirons l'oeuvre X, puis nous verrons comment, à travers les éléments qu'a choisis de représenter l'artiste, elle nous renseigne sur : le régime politique / le culte de la personnalité du chef/la vie dans la cité etc... »
IIPremière partie : Description ou étude de la dénotation de l'image
Cette phase conduit à décrire ce que le support iconographique montre concrètement, à mettre en évidence le message littéral.
AEn théorie
Ici encore les maîtres mots sont clarté et organisation :
ils sont la preuve de votre rigueur !
Dans cette première partie, on vous demande de décrire ce que vous voyez, en utilisant le
Vocabulaire Adapté .
Ce point est une partie très importante de ce qu'on vous demande. Ne le sous estimez pas.
Une partie fondamentale du travail de l'historien en général et de l'archéologue en particulier,
est de nommer des éléments,
leur donnant ainsi une famille,
de
les caractériser, les rattachant à une civilisation, un ensemble de valeur.
Ce vocabulaire spécifique est partagé par tous. Vous devez l'avoir acquis, et en faire la preuve.
Il n'y a pas de bidules et de machins, mais un pilastre, une colonne, des triglyphes et des métopes, des contreforts et des arcs outrepassés etc...
Il est à noter que cette étape ne demande PAS DE REVISION ! Si votre méthode de travail est bonne, que vous avez fait les recherches qu'il fallait pendant le semestre, vous n'avez rien a savoir par coeur : vous avez sous les yeux la photo de l'oeuvre dont vous avez à faire le commentaire.
Donc pas de révisions MAIS UN TRAVAIL EN AMONT.
D'un point de vu méthodologique il faut que vous restiez le plus objectif possible car décrire
c'est déjà interpréter ! Or
l'interprétation doit faire l'objet de
la
deuxième partie ! Et il vous faut à tout pris éviter les redites.
-
Pensez aussi qu'il y a des
tas de façons de décrire
une oeuvre mais que
cette description doit être au service de l'interprétation : idéalement chaque point que vous mettrez en valeur
ici sera repris et analysé dans
la seconde partie dans le
même ordre ! Vos parties doivent donc être organisée de façon symétrique.
BConcrètement
Nous l'avons dit : il faut rester le plus neutre possible dans cette partie et
réservez l'interprétation à la partie suivante. Pour vous aider et savoir ce qui est important : pensez qu'il vous faut décrire les images « comme à un nonvoyant ».
Pour être le plus objectif
possible et faire un relevé exhaustif
et organisé
des éléments constitutifs du message utilisez toujours la même méthode :
= > notez les indices du premier au dernier plan et de gauche à droite.
Et si possible soyez varié !
Notre langue est riche !
Vous devez structurer
votre description avec les indications spatiales comme :
« au premier plan, au second plan, à l’arrièreplan ; au fond de l’image, à droite, à gauche, dans le coin inférieur/supérieur, au centre, dans le registre du bas, du haut, du milieu ; Au nord de, au sud de...etc... »
=> Utilisez impérativement les indications d'échelles et les points cardinaux ils font partie intégrante du commentaire.
Varier aussi les constructions verbales :
« nous voyons, on peut voir/observer, se tient, il y a, on remarque... »
(Pour vous exercer à décrire en détail une image, vous pouvez jouer à ce petit jeu : une personne prépare une description d’image sans la montrer aux autres. Il présente son
image et les auditeurs doivent
essayer de dessiner schématiquement
l’image décrite. Les résultats sont souvent surprenants !)
IIIDeuxième partie : interprétation ou étude de la connotation de l'image.
La deuxième partie de cet
exercice est la plus importante
: Elle consiste
à interpréter ce que le message suggère. Il s'agit d'appréhender la portée symbolique de l'image, tant sur le plan historique que culturel ou bien encore technique.
-
AEn théorie
Quelle qu'elle soit, l'image à du sens, elle communique, elle n'est pas juste esthétique. Elle ne reproduit pas le réel sur un mode analogique : l'image est le produit de toute une série de mise en forme et de choix par rapport au réel qu'elle dépeint. Et c'est précisément dans l'écart qui les distingues que ce situe le travail de l'analyse et de l'interprétation.
L'image est le fruit d'une succession de choix à de multiples niveaux :
–
Tout d'abord le thème qui est mis en avant (représentation de la guerre, du sport ...etc...) et son cortège de questions posées aux spectateurs : pourquoi souhaiteton présenter
au monde (d'ailleurs lequel ?)
cette émanation de sa culture
?
Et comment s'y prendton pour le faire ?
–
Puis ensuite le sujet retenu à l'intérieur de ce thème ? S'il est question de sport représenteton le départ de la course ? La remise des prix au vainqueur ? S'il est question de
guerre représenteton le départ
aux combat ? Le champs après
la bataille ? Le repos du guerrier ? Etc....
et évidement comment et pourquoi ?
Aucune de ces étapes n'est triviale !
Ensuite d'autre questions se posent :
–
Qui opère ces choix ? L'artiste ?, le commanditaire ?
–
Quelles sont les contraintes, artistiques ou culturelles, liées au support
–
Comment s'élabore un style ? Les images ne sont jamais isolées et forment des séries ! Pour les interpréter bien entendu il faut les considérer dans leur ensemble.
–
Comment se transmettent ces images ?
– Quel changement observeton dans ce
répertoire ? Peut on le
lier à
des changement sociaux/historiques ?
Et tant d'autres pistes encore !
Tous ces dispositifs mis en jeu
conditionnent la relation spectateur/image : choix
du thème, puis à l'intérieur
du sujet, et enfin d'éléments
qui
permettent l'identification de la scène.
On peu considérer techniquement, dans l'absolu, que ces éléments diagnostiques (c'est à dire les éléments qu'il faut chercher) d'une scène pour l'interprétation d'une image correspondent à trois catégories :
1.
Des codes logiques et des codes sociaux. Ils appartiennent à 3 domaines
:
-
A la reconnaissance de l'identité
:
a) code onomastique, (quand on en trouve : noms, titres)b) code vestimentaire (richesses ou spécificité des parures, péplos, armures )
B la reconnaissance des lieux :
a) intérieur (vie quotidienne)b) extérieur (paysage, pays exotique, évocation d'autres peuples...)c) public (officiel, sacré...)d) privé
C la communication entre individus :
a) position des personnages par rapport aux autresb) expressivité, mimique (sourire)c) gestuelle (tendre la main, main ouverte en position d'orant)
Dles relations sociales : a)
codes hiérarchiques (positions sur
l'oeuvre, insignes du
pouvoir, dénominations, titres)b)
codes religieux (vêtements, objet, rites, processions)c)
codes professionnels (vêtements, outils)d) codes
des manifestations collectives (partage
de nourriture,
boissons, rassemblement => sacrifices)
Par rapport à la spécificité de nos disciplines, il faut réaliser que la recherche de ces points et donc l'interprétation du document ne peut se faire qu'à l'intérieur du monde qui l'a produit. La valeur d'un symbole diffère selon le temps ou le lieu
: imaginer
la valeur d'un péplos sur un vitrail art déco ou bien sur une athénienne du Vème siècle. Dans les deux cas serait – elle identique ? Et pourquoi le feraiton, quel effet cela produiraitil ?
La plupart de ces codes, qui
entrent dans l'interprétation d'un
document iconographique ancien sont
inaccessibles pour nous de manière directe.
Ils sont à reconstruire :
Il faut donc se concentrer sur la recherche d'un faisceau
d'indices convergents.
Indices qui mis en commun, finiront par avoir une signification qui à une chance d'être le reflet d'une certaine réalité.
Mais il nous faut également garder à l'esprit deux autres catégories qui interviennent nécessairement dans la relation spectateur/image :
2.
des codes de l'inconscient collectif
-
Le lecteur de l'image est
influencé par les archétypes de
l'inconscient collectif, émotions communes
à toute l'humanité d'après le
psychanalyste Jung. Ainsi,
des symboles essentiels sont ressentis par tous comme tels : chacun des quatre éléments, par exemple (eau : la mère, le liquide nourricier, la naissance, mais aussi le baptême, la purification ; le feu, énergie vitale, virilité...)
3. des codes personnels
L'inconscient de chacun, avec ses
émotions, ses sentiments, son
jeu de pulsions contradictoires, ses
refoulements, ses obsessions nées
de toute son histoire,
joue forcément dans l'interprétation du document iconographique.
Ces deux derniers points font part de théories que nous ne pouvons ignorer. Il
est facile de projeter des significations issues de ses codes personnels sur des images, c'est bien souvent très tentant.
De même on pourrait en appeler à l'inconscient collectif de l'humanité pour expliquer facilement toute image. Pourtant cette identité de symbolisme n'est pas prouvée pour des sociétés loin de nous, dans le temps et l'espace et qui parfois n'ont pas partagé la même humanité que
nous ! (c'est le cas pour
l'époque Paléolithique par
exemple). L'ensemble des théories liées à l'inconscient collectif concernent notre civilisation et des civilisations qui nous sont contemporaines (c.à.d. sur lesquelles on a testé leur validité).
Nous ne sommes pas familiers des symboles qui ont présidés à la création des images que nous étudions. Il faut donc se garder d'une interprétation issue de conventions qui sont les nôtres.
Mais il existe une autre
conséquence à ces deux derniers
points, une difficulté supplémentaire :
s'ils posent tant de problème c'est que d'une part ils ne sont pas applicable aux images issue de sociétés qui ne sont pas les nôtres ; mais que d'autre part
nous ne pouvons nous
dispenser d'y faire référence, de
les utiliser inconsciemment.
Il faut être vigilant ! Et
seule une méthode scientifique permet de
maintenir un degré d'objectivité satisfaisant en sachant toutefois que nous n'échappons jamais totalement à ces deux derniers types de codes.
(par exemple la couleur noire n'a pas de connotations négative en Égypte ancienne, c'est même tout le contraire ! La terre noire est la terre riche et nourricière amenée par le Nil, le noir c'est la vie ...)
Il est intéressant pour vous de savoir comment se construit la recherche, comment on interprète une image, pour avoir un but : à long terme c'est ce type de réflexion qui est attendue de vous.
C'est également ce qui fait du commentaire de document iconographique un exercice délicat,
de par la complexité de
l'image. J'espère que ce chapitre
vous l'aura fait toucher du doigt.
-
BConcrètement :
Il y a ici
un certain nombre de difficultés :
il faut
absolument structurer cette partie de l’exposé : choisir une ou deux idées et en développer quelques aspects que vous avez annoncé dans l'introduction et se tenir à ce schéma, sans "retours en arrière" et répétitions.
Idéalement l'organisation de cette
partie est la même que celle
de la
précédente, puisque ces deux parties sont sensées dialoguer entre elles : cette partie doit être la déduction logique de la première.
Il est délicat de fournir une
méthode concrète qui marche pour
tout. Nous
avons souvent affaire à des types de documents très différent, hétéroclites, qui nécessitent des structures particulières, au cas par cas.
Il convient mieux, plutôt que de se fixer sur des manières de faire trop rigides qui vont être handicapantes, de garder en tête quelques principes simples.
De toutes façons les grandes orientations, les axes de lecture des oeuvres vous sont en général fournis dans les cours : ce qui doit se traduire dans votre méthode de travail !
Blablabla : methode
Et vous devez arriver à l'examen avec votre problématique en poche !
–
Nous l'avons dit, nous ne possédons pas les codes des société anciennes, nous ne connaissons pas ceux qui ont présidé à la création de ces images. Il faut donc se garder d'une interprétation brute. Vous devez vous servir de vos observations faites en première partie comme des arguments, et montrer le cheminement de votre pensée :
=>éviter les phrases du genre :
« l'homme avec le casque décrit plus haut, est le roi ... »
Elle ne présente aucun raisonnement ! Dites plutôt : « en quoi sa position le met en
valeur dans la composition générale,
que ses vêtements le différencient
des autres, qu'il porte les attributs du guerrier (casque, lance), comment le guerrier dans
la société en question est
généralement vu comme l'idéal de
l'homme,
et comment cet ensemble d'indices vous porte à penser qu'il est un personnage très important : le chef/le roi etc... »
-
–
Pour une mise en perspective plus aisée gardez à l'esprit également que ces images ne sont pas le reflet direct d'une réalité
quotidienne. L'artiste, le commanditaire, voire la société entière se mettent en scène, se donnent à voir, sous un certain jour.
Ce qu'il est important d'expliquer ici c'est comment s'effectue cette mise en scène non plus dans la forme (comme dans la première partie) mais dans le fond et quel peut être
le décalage avec ce que vous savez des événements historiques qui entoure la création d'une oeuvre (adéquation ou bien au contraire divergence)
=> évitez donc de dire :
« le régime politique de Théra était une thalassocratie »
mais dites plutôt
« Nous avons vu que
l'homme mis en valeur par la
composition présente tous
les attributs d'un chef or ici il est présenté sur un navire, qui plus est un navire dont la taille et la décoration semblent le désigner comme le navire amiral de la flotte. Cette fresque, difficile d'interprétation, présente divers aspect de la vie dans son rapport à l'eau et spécialement à la mer. Ces indices, associés à ce que l'on sais par ailleurs (à développer), plaident en faveur d'une thalassocratie Thérane. »
Il est important de se
rappeler que vous pouvez répondre
à la question
du COMMENT mais probablement pas à la question du POURQUOI et ça n'est pas le but de
l'exercice. Vous pouvez (et devez)
seulement citer les explications
les plus communément admises par l'ensemble de la communauté scientifique, de manière à prouver que vous en avez connaissance.
Certains étudiants ont beaucoup de mal à passer à la phase d’interprétation, ils disent une ou deux phrases sur « ce à quoi leur fait penser cette image » et c’est tout.
Pourtant ce genre d'exercice teste votre capacité à voir tous les aspects d'un problème (et à ne choisir d'exposer que les aspects pertinents ! )
De voir au delà de l'image,
de l'objet à étudier en
tant que tel, que vous
avez longuement décrit et
analysé. Elle devient le support
d'un discours
(signification, indice pour la société, problème d'interprétation etc...)
Et c'est bien souvent ce degré d'abstraction supplémentaire qui vous fait défaut, et qui est pourtant essentiel et qui fait tout l'intérêt de l'exercice!
Pour vous exercer :
-
Prenez au hasard une publicité/affiche électorale etc.. et tentez en groupe de proposer le plus grand nombre de directions de développement possible.
Imaginez que vous êtes un étranger : Que dit cette image de notre société ? Quel est l'enjeu de la photo ? Quel message implique telle ? Et que peut on en déduire ? Un malaise social ? Un événement particulier va avoir lieu ? etc....
Il est important d’exercer cette imagination associative : c'est une tournure d'esprit à acquérir,
et vous pouvez l'appliquer
partout aujourd'hui, dans notre
civilisation de l'image ! Publicité, journaux etc...peuvent servir à exercer votre sagacité !
IVLa conclusion
AEn théorie
Elle est nécessaire à chaque
fois, elle finit votre devoir et
c'est elle qui laisse
la dernière impression au correcteur ! Et qui lui prouve que vous aviez organisé votre devoir à l'avance (même si vous n'avez pu mener le développement a son terme par manque de temps).
Il est vivement conseillé de l'avoir rédigé à l'avance sur le brouillon pour pouvoir la recopier quand même en cas de manque de temps.
BConcrètement
Pour vous aider gardez à l'esprit qu'elle a globalement la forme d'un entonnoir à l'envers.
Pour débuter utilisez des mots du type « ainsi donc... » ;
« nous avons vu que... » ; « pour conclure... »
puis reprendre brièvement les points que vous avez développé.
–
Ensuite vient une phrase de conclusion générale : la vie à Cnossos, la hiérarchie sociale, l'économie, la politique, la place de la religion ....etc...
Idéalement elle est la réponse à la problématique.
–
La dernière partie de la conclusion est traditionnellement une ouverture soit sur le prolongement historique, soit sur les autres civilisations contemporaines. Elle est bien
souvent artificielle, et demande
à être réfléchie à l'avance =>
doit
se traduire dans votre façon de travailler.
Vous pouvez dire en quoi l'oeuvre témoigne d'une époque, d'une pensée, la replacer dans
un contexte politique ou
culturel et dégager des changements
ou des
-
continuités par rapport à la
période suivante/précédente. Vous pouvez
la rapprocher d'oeuvres du même style ou du même auteur ou mettre en lumière son influence sur les contemporains et les successeurs.
Vous pouvez également conclure avec tout autres réflexions pertinentes issues de vos lectures extrascolaires et permettre ainsi à votre
intellect de s'exprimer au delà du
bachotage et surtout de permettre
à vos correcteurs de distinguer
vos copies de leurs 599 petites soeurs aux conclusions toutes faites.
Un dernier conseil rappelez vous que vos enseignants ont tous derrière eux plus de 8 années de faculté ... minimum... ce qui fait d'eux des étudiants professionnels ... au courant de toutes les ficelles ... et avec une très très bonne mémoire...
À bons entendeurs ...
Nathalie Martin
I-L'introductionA-En théorieB-Concrètement
II-Première partie : Description ou étude de la dénotation de
l'imageA-En théorieB-ConcrètementIII-Deuxième partie :
interprétation ou étude de la connotation de l'image.A-En
théorieB-Concrètement :
IV-La conclusionA-En théorie B-Concrètement