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"Le Cocu imaginaire" et "La Cocu imaginaire"Author(s): Georges
MongrdienSource: Revue d'Histoire littraire de la France, 72e Anne,
No. 5/6 (Sep. - Dec., 1972), pp.1024-1034Published by: Presses
Universitaires de FranceStable URL:
http://www.jstor.org/stable/40525027 .Accessed: 25/02/2015
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LE COCU IMAGINAIRE ET LA COCU IMAGINAIRE
En dpit du trs vif succs de la comdie des Prcieuses ridicules,
en novembre 1659, au Petit-Bourbon, cette premire pice parisienne
de Molire lui avait valu quelques dsagrments. Un libraire sans
scrupule, Jean Ribou, s'tait procur le texte de la comdie et, sans
l'autorisation de Fauteur, avait obtenu un privilge que Molire dut
faire annuler, en protestant publiquement. D'autre part, Somaize,
sans doute soutenu par la troupe royale de l'Htel de Bourgogne,
inquite de l'arrive de Molire Paris et du bon accueil que le roi
lui avait rserv, au Louvre mme, avait, avec la complicit de Ribou,
mis en mauvais vers la bonne prose de Molire et avait oppos aux
Prcieuses rdicules une comdie de son cr, les Vritables Prcieuses.
Ce petit acte ne fut sans doute pas reprsent, mais publi avec une
prface trs satirique contre Molire, qui y tait accus d'avoir plagi
une comdie de l'abb de Pure joue aux Italiens x.
Six mois aprs ce brillant dbut parisien - qui effaait dans son
souvenir le premier chec de 1644-1645 - Molire faisait jouer au
Petit-Bourbon une nouvelle comdie, Sganarelle ou le Cocu imagi-
naire, qui tenait encore beaucoup de la farce, mais dont la forme
versifie attestait son dessein d'lever prcisment la farce au niveau
de la grande comdie . Cr le 28 mai 1660, Sganarelle remportait son
tour un brillant succs - trente-quatre reprsentations en trois
mois, chiffre alors considrable - sans compter plusieurs visi- tes
chez les particuliers et trois reprsentations devant le roi, don-
nes ds son retour des Pyrnes. L'approbation de Louis XIV, souligne
par une gratification spciale de 500 livres, ne put que fortifier
le succs public; le monarque aimait cette comdie qu'il vit jouer
neuf fois. C'est d'ailleurs une de celles que Molire joua le plus
souvent - 122 reprsentations jusqu' sa mort - et qui resta
longtemps encore au rpertoire aprs sa disparition. Elle connut, du
vivant de son auteur, vingt et une ditions spares ; seul, le
Tartuffe, avec vingt-deux, bat ce record. L'intrigue, sans
1. Sur le dtail de tous ces faits connus, cf. Th. J. Van Vree,
Les Pamphlets et libelles littraires contre Molire, Paris et
Courtrai, s. d. (1933), p. 1-40.
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LE COCU IMAGINAIRE ET LA COCU IMAGINAIRE 1025
doute, tait artificielle jusqu' l'invraisemblance 2, mais, dans
son invraisemblance mme, elle tait mene avec une rigueur, une tech-
nique thtrale, un renouvellement d'incidents, qui font penser tout
naturellement aux admirables mcaniques des vaudevilles de Feydeau.
Mais Molire avait su aussi enrichir sa farce d'un mono- logue
cornlien, inspir peut-tre du Jodelet duelliste de Scarron, et
surtout y montrer un personnage vrai, vivant, des conflits de
passion, des luttes intrieures qui en font une vraie comdie. Toute
heureuse de ce succs, la troupe gratifia Molire de 1500
livres3.
Mis sur ses gardes par l'exprience des Prcieuses, Molire se
soucia sans retard de dfendre ses droits sur son texte. Ds le 31
mai - trois jours aprs la premire - il obtenait un privilge pour
l'impression de L'tourdi, du Dpit amoureux, de Sganarelle et de Dom
Garde de Navarre, non encore jou. Le 14 juin, il le faisait
signifier la Chambre syndicale des libraires. Mais, sans doute
soucieux de ne pas faire tomber sa pice dans le domaine public par
sa publication, il n'usa pas de ce privilge.
Imprudence fatale ! Ribou - toujours lui - avide de succs de
librairie, intervint nouveau. Ds le 26 juillet, il obtenait un
privi- lge au nom d'un sieur de La Neufvillenaine, dont nous ne
savons rigoureusement rien, pour la Comdie Seganarelle (sic) avec
des arguments sur chaque scne 4. Mais, ds avant l'enregistrement du
privilge, donc irrgulirement une fois de plus - la comdie de Molire
paraissait en librairie, le 12 aot exactement. La Neuf- villenaine
prtendait en avoir retenu le texte aprs quelques repr- sentations,
mais il est bien vident qu'il se l'tait procur subrep- ticement. Il
tait accompagn de ces arguments sur chaque scne de ce La
Neufvillenaine, qui sont si prcieux pour nous par leurs indications
sur la mise en scne et sur le jeu de Molire 5.
Dpouill une seconde fois de son bien par le mme Ribou, Molire,
en dpit des loges dont l'accablait son voleur dans une ptre M. de
Mollier , ragit fortement. Il attaqua devant le Lieutenant civil le
malhonnte libraire et demanda la saisie des exemplaires frauduleux.
La requte de Molire est perdue ; mais nous possdons, incomplet
d'ailleurs, le procs-verbal de l'enqute
2. G. Michaut, Les Dbuts de Molire Paris, Paris, 1923, p. 72. 3.
En trois versements de 500 livres chacun, les 13 juin, 13 aot, et 5
septembre
(Registre de La Grange). 4. Privilge enregistr tardivement, le
31 aot, Registre de la Chambre syndicale des
Libraires, Bib. Nat. M anus. f. f. 21945, F 1, o le nom de
l'auteur est orthographi La Neufvillaine.
5. Cette dition originale clandestine, 4 ff.-59 pages, eut deux
tirages diffrents que les bibliographes ne sont pas encore parvenus
classer chronologiquement. Cf. AJ. Guibert, Bibliographie des uvres
de Molire publies au XVII sicle, Paris, C.N.R.S., 1961, p. 38-41 et
Supplment, 1965, p. 14-15, qui rectifie les assertions de G.
Michauq, op. dift. p. 81, n. 1. Avec M. A.J. Guibert, nous pensons
que l'dition de mme date, 4 ff.-58 pages (Bib. Ars. Collection
Rondel), sans le privilge, n'est qu'une contre-faon. Th. J. Van
Vree, loc. cit., p. 261, l'indique, tort, pensons-nous, comme
l'dition originale.
Revue d'hist. littr. de la France (72* Ann.). Lxxn. 65
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1026 REVUE D'HISTOIRE LTITRAIRE DE LA FRANCE
faite, la suite de cette requte, par le commissaire Le Musnier,
le 31 aot 1660 A
Celui-ci se rendit d'abord chez l'imprimeur Christophe Journel,
o estant et parlant un jeune homme quy nous a diet estre ldct
Journel et estre imprimeur en cette ville de Paris, aprs luy avoir
faict entendre le subjet de nostre venue, nous a faict monter en
une premiere chambre sur le devant, o il faict son imprimerye, et
l, en sa prsence, avons faict une recherche des feuillets que nous
prtendions trouver dudict livre apel Le Cocu imaginaire, sans en
pouvoir rencontrer aucunne. Ledict Journel nous a dclar, qu'il y a
quinze jours ou environ que ledict Jean Ribou, marchand libraire,
demeurant attenant les Augustins, luy a retir les derniers
exemplaires, ensuite il a rompu les formes, ledict Ribou se conten-
tant de neuf cens exemplaires quy luy en a fournis ; au moyen de
laquelle declaration de ce que nous n'en avons peu trouver aucuns
exemplaires, nous nous sommes retirez, et [avons] dress le present
procs-verbal pour servir et valloir au-dict sieur de Molire en
temps et lieu ainsy que de raison, et depuis, aprs serment par luy
preste, nous a diet en avoir imprim douze cens et demy ou environ,
lesquelz il a touttes dellivrez audict Ribou sans nous pouvoir dire
o ilz estoient et o ledict Ribou les avoit mis ny par quy ilz
avoient est retirez .
Sans dsemparer, le commissaire se rend quai des Augustins chez
Ribou, lequel instruict du subject pour lequel nous estions dans sa
boutique, auroit d'un ton fort hault dit qu'il ne connoissoit point
Monsieur le Lieutenant civil pour le faict des privileges et sur ce
que nous aurions voulu prendre son serment et scavoir de luy s'il
estoit pas veritable que Christophe Journel, son imprimeur, luy
avoit dlivr douze cens cinquante exemplaires d'un livre intitul Le
Cocu imaginaire depuis quinze jours en , ce qu'il en avoit faict et
o il les avoit mis puisqu'ils ne se trouvoient point dedans son
logis7, il nous auroit refus sondict serment et neantmoins nous
auroit dit qu'il avoit receu lesdicts douze cens cinquante exem-
plaires, lesquels il avoit mis o il luy avoit pieu et se moquoit de
tout ce qui se pouroit faire l'encontre de luy, nonobstant quoy
ledict Pierre Granet, sergent, luy auroit laiss l'assignation et
saisie des quatre livres intituls Le Cocu imaginaire, et a ledict
Ribou refus de signer... 8.
En dpit de son ton fort hault et de son refus de prter serment
et de signer, Ribou, sans doute assez inquiet des suites que cette
affaire pourrait avoir, alla, ds le dpart du commissaire, ce
mme
. Et non 1661, comme le dit par erreur Emile Campardon,
Documents indits sur Molire, Paris, 1871, p. 3-8, qui a dcouvert le
document.
7. Ribou avait donc cach ailleurs les exemplaires de cette
dition clandestine. 8. Arch. Nat. Y 13858 ; Madeleine Jrgens et
Elisabeth Maxfeld-Miller, Cent Ans
de recherches sur Molire et sur sa famille, Paris, Imprimerie
nationale, 1963, p. 345-346.
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LE COCU IMAGINAIRE ET LA COCU IMAGINAIRE 1027
31 aot, faire enregistrer la chambre syndicale des Libraires le
privilge dlivr La Neufvillenaine, pour une dition qui tait dj
acheve depuis quinze jours,
Ribou, semble-t-il, obtint gain de cause auprs des Matres des
requtes de l'Htel sur l'incomptence du Lieutenant civil, mais
Molire, fort de son privilge du 31 mai antrieur celui de La
Neufvillenaine, en appela au Conseil du Roi, qui reconnut son bon
droit en interdisant la vente de l'dition frauduleuse et en citant
Ribou comparatre 9.
Le 16 novembre, le Conseil priv annulait le privilge accord La
Neufvillenaine et condamnait Ribou remettre Molire les 1 250
exemplaires tirs ou la valeur raison de 30 solz l'exem- plaire
10.
Mais, un mois avant cet arrt dfinitif, Jean Ribou, publiant, le
20 octobre, la seconde dition du Grand Dictionnaire des Prtieuses
de Somaize, y joignait cette annonce : Si vous cherchez vous
divertir, je vous donne avis que, si vous voulez avoir Le Cocu et
La Cocue imaginaire, vous ne les devez pas chercher autre part que
chez moi, puisque je suis le seul qui ai imprim ces deux pices
.
Que s'tait-il pass ? Et comment Ribou peut-il publier cette an-
nonce contrevenant formellement au premier arrt du Conseil priv ?
G. Michaut a propos une hypothse trs vraisemblable : Molire et
Ribou ont d conclure un accord priv, mettant fin, en fait, la
procdure, Molire consentant laisser vendre sa comdie avec les
arguments de La Neufvillenaine, aprs tout fort logieux pour lui.
Et, de fait, lorsque, aprs plusieurs contrefaons de l'originale,
Molire publia, en 1662, chez Guillaume de Luyne et Loyson cette
fois, une seconde dition, celle-ci comportait encore les commen-
taires de La Neufvillenaine et le privilge mentionn n'est pas celui
que Molire avait pris le 31 mai, mais le privilge frauduleux du 26
juillet, libell cette fois au nom de Molire n.
Mais Ribou ne s'tait pas content de publier clandestinement
Sganarelle ou le Cocu imaginaire. En effet, la veille mme du jour o
La Neufvillenaine obtenait son privilge, Ribou en prenait un autre,
trs innocent en apparence, pour une comdie intitule Les Amours
cTAlcippe et de Cphise, d'un certain F. Doneau. Cette comdie fut
acheve d'imprimer le 14 aot 1660, juste deux jours aprs l'dition
originale subreptice de Sganarelle. Mais le titre
9. Arrt du 3 septembre 1660, Arch. Nat. V6 413 ; M. Jrgens et .
Maxfield-Mer, loc. cit., p. 346-348.
10. Arch. Nat. V6 416 ; M. Jrgens et . Maxfield-Miller, loc.
cit., p. 349-351. L'arrt prcise que La Neufvillenaine avait vendu
la pice Ribou pour 220 livres.
11. Cf. A. J. Guibert, loc. cit., p. 44-45. Les arguments de La
Neurvillenain figurent encore dans presque toutes les ditions
postrieures de Sganarelle. La reconciliation de Ribou et de Molire
est d'ailleurs atteste par le fait que, dans la suite, Motir*
confia ce libraire bon nombre de ses comdies. - On trouvera toutes
les rfrences relatives cette affaire dans notre Recueil des textes
et des documents du XVII sicle relatifs Molire, Paris, C.N.R.S.,
1965.
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1028 REVUE D'HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE
dpos n'apparaissait plus qu' l'intrieur du livret; la page de
titre en portait un nouveau : La Cocu imaginaire 12. Voici la des-
cription de l'dition originale, simplement signale, pour la premire
fois, par G. Michaut13 : LA I COCU I IMAGINAIRE. / COMDIE. / A
PARIS, / Chez Jean RIBOU, Sur le Quay des / Augustins, limage S.
Louis. / mdclx. / AVEC PRIVI- LGE DU ROY. In-12, ff 4- 47 pages + I
page non chiffre pour l'extrait de privilge du 25 juillet 1660
accord au sieur Doneau pour une comdie intitule Les Amours
cPAlcippe et de Cphise , pour cinq ans. Achev d'imprimer du 14 aot
1660 + I f pour cet Avis au Lecteur 14 :
Vous serez bien aise que je vous avertisse qu'il m'est tomb
entre les mains deux Comedies, dont vous n'avez peut-estre pas
encore ouy parler, cause qu'elles n'ont pas encor t joues Paris,
quoiqu'elles l'aient t dans toutes les Villes de France 15. L'une
est La Cocu imaginaire, qui peut servir de regard au Cocu
imaginaire de l'Illustre Monsieur de Molire, puisque Ton voit dans
l'une toutes les raisons qu'un homme a de se plaindre d'une femme
infidle, et dans l'autre, celles qu'une femme a de se plaindre d'un
homme qui lui manque de foi, ce qui vous divertira beaucoup lorsque
vous les con- fronterez ; c'est pourquoi je vous conseille de ne
pas acheter l'une sans l'autre, afin d'avoir le mari et la femme
.
Cette Cocu imaginaire, qui ne fut jamais reprsente, tait donc
une nouvelle opration frauduleuse de Ribou. F. Doneau s'tait
content de dmarquer Sganarelle scne par scne16, et souvent vers par
vers et mme hmistiche par hmistiche. Comme il l'avait fait en
publiant Les Prcieuses ridicules et l'adaptation versifie de
Somaize, Ribou entendait bien exploiter son profit, une fois de
plus, le succs remport par la dernire comdie de Molire. Cette
nouvelle entreprise bnficia en effet de la vogue de Sganarelle.
Nous avons dcouvert deux contrefaons, sans doute hollandaises,
l'une de 1660, l'autre de 1661, jamais encore signales : LA I COCU
I IMAGINAIRE. / COMDIE. / Sur l'imprim. / A PARIS, / Chez JEAN
RIBOU, sur le Quay des / Augustins, l'Image S. Louis. / mdclx.
In-12, 6 ff + 47 pages. Ni privilge ni achev d'imprimer. La page 17
est numrote 37. Bib. Ars. Collection Georges Douay, G.D. 8 932;
British Museum, 163 b 17. LA I COCU I IMAGINAIRE. / COMDIE. / Sur
l'imprim. / A PARIS, / Chez JEAN RIBOU, sur le Quay / des
Augustins, l'Image S. Louis. / m.dc.lxi. In-12, 6 ff + 43 pages. Ni
privilge ni achev d'imprimer. La page 37 est numrote 30 (?), la
page 38 non numrote, la page 39 numrote 38. Bib. Ars. Collection
Georges Douay, G.D. 8 22962.
12. Ribou attendit le 12 septembre pour faire enregistrer le
privilge (Bib. Nat., M anus. . fr. 21945, f 1 v), un mois aprs la
fin de l'impression.
13. hoc. cit., p. 82, n. 2. 14. Bib. Nat, Rs. Yf 3749. Nous ne
connaissons pas d'autre exemplaire de cette
dition originale. Cet exemplaire prsente une particularit
curieuse : les pages 17-20 manquent et sont remplaces par les pages
9-12 de Sganarelle, publi en mme tempt. Cette erreur de brochage
n'affectait pas tous les autres exemplaires, puisque les contre-
faons donnent un texte continu et complet.
15. Mensonge publicitaire vident. 16. La Cocu imaginaire est
divise en 22 scnes, Sganarelle en 24.
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LE COCU IMAGINAIRE ET LA COCU IMAGINAIRE 1029
Lorsque Molire donna une seconde dition de Sganarelle chez les
libraires Guillaume de Luyne et Loyson (toujours avec les ar-
guments de La Neufvillenaine qu'il avait accepts), aussitt reprise
par les Elzvier, Ribou profita de l'occasion pour publier une nou-
velle dition de La Cocu imaginaire : LA I COCU I IMAGINAIRE. /
COMDIE. / A PARIS, / Chez JEAN RIBOU, sur le Quay des / AUGUSTINS,
l'Image S. Lous. / mdclxh. / AVEC PRIVILGE DU ROY. In-12, 6 ff + 36
pages. Privilge du 25 juillet 1660 au nom de Doneau. Achev
d'imprimer pour la seconde fois le 27 mai 1662. Bib. Nat. Rs. Yf 7
083; Bib. Ars. B.L. 11024, Rf 6 031, G.D. 8 7 658. La Cocue
imaginaire a. t rimprime dans la Collection moliresque par Paul
Lacroix, d'aprs l'dition de 1662 (Turin, 1870) ; ignorant
l'existence de celle de 1660, il affirme simplement, sans aucune
preuve, qu'elle fut saisie et mise au pilon par ordre de Molire
.
Cette deuxime dition fut rimprime par les Elzvier : LA I COCU I
IMAGINAIRE. / COMDIE. / Suivant la Copie imprime, / A PARIS, /
CIDI3CLXII.
In-12, 4 ff + 26 pages. Ni privilge ni achev d'imprimer. Bib.
Nat. Yth 23 240; Collection AJ. Guibert (Cf. Willems, Les Elzvier,
1880, n 1713).
Dix ans aprs sa mise jour, La Cocu imaginaire, accompagne
d'ailleurs du Sganarelle de Molire, trouvait encore place dans un
recueil de traductions allemandes de comdies franaises et an-
glaises : Schau-Bhne / Englischer / und / Franzsischer / Comdianten
/ Auff welcher werden vorgestellet die / schnsten und neuesten
Comdien / so vor wenig Jahren in / Frankreich / Deutschland und /
andern Orten / bey VolcKreicher Versamlung / seynd agiret und
praesentiret / worden. Allen der Comdi Liebhabern und / andern zu
Liebe und Gefallen vergestalt in / offenen Druck gegeben / dass sie
leicht darauss Spiel- / weise wiederum augerichter / und zur
Ergtzlichkeit /und Aerquickung dess Gemts gehal- ten / werden
knnen. / Francfurt / In Verlegung Johann Georg Schiele /
Buch-Hndlers. / Im Jahr m. dc. lxx. In-12, frontispice grav, 594
pages. British Museum 1 345 c 20 ; Bib. Royale de Copenhague, 176
in 15. Pp. 222-253, Comoedia die Liebes-Geschicht des Alcippe une
der Cephise oder die Hanreyin nach der Einbildung.
Qui tait donc ce Franois Doneau, auteur du laborieux dmar- quage
de la comdie de Molire, complice de Ribou ? A la vrit, nous ne
savons absolument rien sur lui. Maupoint, victime d'une quasi
homonymie, le confond avec Jean Donneau de Vis 17 ; Beau- champs
relve cette confusion 18. Les frres Parfaict le donnent
17. Bibliothque des thtres, 1733, p. 314. Donneau de Vis n'avait
que vingt-deux ans en 1660 et n'entra dans la carrire des lettres
qu'en 1663.
18. Recherches sur les thtres de France, 1735, II, p. 350.
L'exemplaire de La Cocu imaginaire de 1662 de la Bibliothque
nationale porte aussi au titre cette mention ma- nuscrite ancienne
: Par le Sr de Vis.
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1090 REVUE D'HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE
encore pour un parent de Donneau de Vis19. On ne possde aucune
autre uvre de lui.
La Gociie imaginaire ne prsente videmment aucune originalit,
puisque ce n'est qu'une transposition retourne du Cocu imaginaire,
mais qui ne retrouve pas la verve drue de l'original. Doneau a ddi
sa pice 11 Henriette..., une de ses parentes. Aprs la ddicace,
venait un Avis au Lecteur, reconnaissant dans Les Prcieuses ridi-
cules l'ouvrage le plus charmant et le plus dlicat qui ait jamais
paru au thtre . Puis Franois Doneau faisait l'loge de Sgana- relle
et en soulignait le succs 2 :
Cependant cette pice a t joue, non seulement en plein t, o pour
l'ordinaire chacun quitte Paris pour s'aller divertir la campagne,
mais encore dans le temps du mariage du Roi, o la curiosit avait
attir tout ce qu'il y a de gens de qualit dans cette Ville : elle
n'en a toutefois pas moins russi, et quoique Paris ft, ce semble,
dsert, il s'y est nanmoins encor trouv assez de personnes de
condition pour remplir plus de quarante fois les loges et le thtre
du Petit-Bourbon, et assez de bourgeois pour remplir autant de fois
le parterre. Jugez quelle russite cette pice aurait eue, si elle
avait t joue dans un temps plus favorable et si la Cour avait t
Paris. Elle aurait sans doute t plus admire que Les Prcieuses,
puisqu'encore que le temps lui ft contraire, l'on doute si elle n'a
pas eu autant de succs. Jamais on ne vit de sujet mieux conduit,
jamais rien de si bien fond que la jalousie de Sganarelle, et
jamais rien de si spirituel que ses vers.
Puis Doneau passait l'explication et la justification de son
entreprise :
Cest pourquoi tout Paris a souhait de voir ce qu'une femme
pourrait dire, qui il arriverait la mme chose qu' Sganarelle, et si
elle aurait autant de sujet de se plaindre, quand son mari lui
manque de foi, que lui quand elle lui est infidle. Cest ce qui m'a
fait faire cette pice qui servira de regard au Cocu imaginaire,
puisque dans l'une on verra les plaintes d'un homme qui croit que
sa femme lui manque de foi, et dans l'autre celles d'une femme qui
croit avoir un mari infidle. J'aurais bien fait un autre sujet que
celui de M. de Mollier pour faire clater les plaintes de la femme ;
mais ils n'auraient pas eu tous deux les mmes sujets de faire
clater leur jalousie, il y aurait eu du plus ou du moins ; c'est
pourquoi il a fallu, afin que le divertissement ft plus agrable,
qu'ils raisonnassent tous deux sur les mmes incidents : tellement
que j'ai t contraint de me servir du mme sujet : c'est ce qui fait
que vous n'y trouverez rien de chang, sinon que tous les hommes de
l'un sont changs en femmes dans l'autre : vous pouvez maintenant
voir lequel du mari ou de la femme a plus de tort quand il manque
de fidlit ; mais souvenez-vous, avant que de me condamner, que
l'homme a beaucoup plus de raisons de son ct que la. femme, puisque
ce qui passe pour galanterie chez l'un passe pour crime chez
l'autre, outre qu'il n'y a pas le mot pour rire du ct de la femme,
son front tant trop dlicat pour porter des cornes, ce qui rend le
plaisant difFicile trouver, le sexe se trouvant strile en cette
rencontre.
19. Histoire du thtre franais, 1747, t. VIII, p. 390. Paul
Lacroix, dans sa rimpression des Vritables Prcieuses (Genve, Gay,
1868), l'identifie avec Somaize, puis, dans la Bibliographie
moliresque, n* 1144, avec Donneau de Vis.
20. Nous modernisons l'orthographe.
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LE COCU IMAGINAIRE ET LA COCU IMAGINAIRE 1081
Ces dclarations sont intressantes. On voit trs bien que l'auteur
a eu conscience de la principale cause de faiblesse de son uvre :
le simple renversement des sexes entranait fatalement une modifi-
cation profonde de la pice. Un mari tromp est traditionnellement un
personnage comique au thtre. Une femme trompe ne prte pas rire,
mais incite plutt la piti. La faute, qui est de mme nature dans les
deux cas, n'est pas, du moins au regard des conven- tions sociales
de l'poque, de la mme gravit ; galanterie chez l'un, elle devient
crime chez l'autre. Doneau n'a pu viter cet cueil, qui dnature la
pice, faute de pouvoir faire jouer le prin- cipal effet de rire et
l'et empche, entre autres raisons, de paratre sur la scne21.
Mais il lui fallait bien se justifier. Reprenant l'argumentation
es- quisse par Ribou lui-mme, Doneau tente de nous faire croire que
sa pice permettra au lecteur de voir lequel du mari ou de la femme
a plus de tort quand il manque de fidlit . Mais il n'et pas fallu
que Doneau dmarqut la pice de Molire pas pas : sa transposition
servile du texte ne pouvait faire apparatre aucune diffrence entre
les sentiments d'un mari tromp et ceux d'une femme trompe. Sa
dclaration n'tait donc qu'un chappatoire, un trompe-l'il. Il n'y
avait en ralit aucune diffrence entre les sentiments exprims par
Sganarelle et ceux qu'il prtait Cphise.
Il eut si bien conscience de cette situation que, voulant
terminer La Cocu imaginaire par un couplet personnel, qui,
exceptionnelle- ment, ne dt rien Molire, il fut oblig, pour
retrouver le comique de la situation du mari tromp, d'abandonner un
moment sa co- cu et revenir aux traditionnels cocus :
II est bien des cocus dans le sicle o nous sommes, C'est un mal
prsent commun tous les hommes, II prend galement le laid et le bien
fait ; Aucuns le sont en songe, et d'autres en effet, D'autres le
sont aussi qui ne croient pas l'tre, D'autres qui ne font pas
semblant de le connatre ; D'autres qui voudraient bien aussi ne
l'tre pas, D'autres qui font venir par l de bons ducats, Et
d'autres qui toujours se forment des chimres, Dont le nombre est
plus grand, ne sont qu'imaginaires.
Ribou, cependant, toujours l'afft des exploitations possibles de
l'actualit, ne se contenta pas de publier une dition subreptice de
Sganarelle et La Cocu imaginaire. La mort de Scarron, survenue dans
la nuit du 6 au 7 octobre de cette mme anne 1660, lui servit
d'occasion pour commander son plus fidle auteur, Somaize, une
21. Lris, Dictionnaire portatif des thtres, 1754, p. 84, prtend
qu'elle a t joue l'Htel de Bourgogne la fin de 1661, mais ajoute
aussitt que quelques auteurs pensent cependant que cette pice n'a
pas t reprsente . Molire d'ailleurs n'aurait pas laiss passer ce
plagiat sans protester. Si cette comdie avait t joue, Ribou
n'aurait pas manqu de s'en vanter dans sa deuxime dition
(1662).
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1032 REVUE D'HISTOIRE LITTRAIRE DE LA FRANCE
Pompe funbre de M. Scarron, pour laquelle il prit un privilge ds
le 14 octobre, esprant rivaliser de succs avec la clbre Pompe
funbre de Voiture par Sarasin. Le livret parut au dbut de no-
vembre22. On y voyait Scarron, sur son lit de mort, prsider
l'lection du Roi du Rire, pour lui succder. Successivement il
refuse Quinault, Thomas Corneille et Desmarets de Saint-Sorlin :
Molire fut ensuite mis sur le tapis, parce que les libraires
avaient gagn ses Prcieuses ; mais M. Scarron le refusa tout net,
disant que c'tait un bouffon trop srieux . Et c'est Boisrobert qui
est lu.
Mais Molire trouva un ami pour relever l'attaque de Somaize. Cet
anonyme, auteur d'un petit livret intitul Le Songe du rveur , prta
Molire cette pigramme en rponse Somaize :
Ce digne auteur n'tait pas ivre Quand il dit de moi dans son
livre : C'est un bouffon trop srieux ; Certe il a raison de le
dire, Car, s'il se prsente mes yeux, Je l'empcherai bien de
rire.
Puis, attaquant son tour Somaize, accus d'avoir drob le texte
des Prcieuses ridicules et de l'avoir vendu Ribou pour cent francs
qu'il en retira , il s'en prenait tous ceux qui avaient dpouill
Molire :
Molire, notre cher ami, Que nous n'aimons pas demi, Depuis
quelque temps a su faire Un Cocu, mais imaginaire ; Cependant un
Archigredin, Qui n'a pas pour avoir du pain, De peur de passer la
carrire De la saison d'hiver entire Avecque son habit d't, Fut pour
lors assez effront Pour je ne sais comment le prendre, Et de plus
pour le faire vendre. Il a, bien mme t plus loin, Car on dit qu'il
a pris le soin De l'afficher chaque rue ; De plus l'on a fait la
Cocu Imaginaire, dont un sot A pris avec soin mot mot L'expression
et la matire Dans le Cocu du sieur Molire, Dont chacun fut fort
tonn. Il l'a seulement retourn ;
22. La Pompe funbre de M. Scarron, Paris, Ribou, 1660, in-12',
55 pages + 5 pages non chiffres pour le privilge du 14 octobre
1660, achev d'imprimer du 4 novembre 1660, Bibliothque nationale Ln
27 18640.
23. Le Songe du Resveur, Paris. G. de Luyne, 1660, in-12, 36
pages, Bibliothque de l'Arsenal B. L. 9000, exemplaire unique
rimprim par Paul Lacroix dans la Collection moliresque (Genve, Gay,
1867).
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LE COCU IMAGINAIRE ET LA COCU IMAGINAIRE 1033
Et le retournant, cet infme Pour un homme a mis une femme. Dieux
! quelle honte et quel affront Cela nous met dessus le front 1
N'est-ce pas une moquerie ? Avons-nous une friperie O les livres
soient retourns ?
On voit combien cette anne 1660 a t remplie de luttes et de
dsagrments divers pour Molire. N'oublions pas non plus que c'est le
11 octobre que M. de Ratabon, Surintendant des Btiments du roi,
entreprit sans pravis la destruction du thtre du Petit- Bourbon,
sur l'emplacement duquel devait bientt s'lever la colon- nade du
Louvre. Molire tait sans thtre; l'Htel de Bourgogne et le Marais en
profitrent pour tenter de dbaucher ses compa- gnons, mais en vain,
car, comme le dit La Grange tous les acteurs aimaient M. de Molire
et tous lui restrent fidles. La protection du roi lui permit de
poursuivre sa carrire.
Dans cette suite ininterrompue d'intrigues, de vols, de contre-
faons, La Cocu imaginaire tient une bonne place. Si, en effet, elle
ne prsente aucun intrt littraire, elle constitue un document
prcieux pour reconstituer l'atmosphre enfivre et souvent hostile
dans laquelle Molire devait alors travailler.
Elle aide nous montrer que la tactique des ennemis de Molire
avait volu. A l'occasion des Prcieuses ridicules, c'est Somaize qui
mne la lutte. Par son adaptation en vers, il prtend amliorer la
comdie de Molire, invoquant mme la difficult qu'il y a de mettre en
vers une prose si bizarre . S'il exploite, en divers ou- vrages,
comme un heureux filon, la vogue de la prciosit, que Molire avait
mise la mode, il se montre, toujours hargneux, hos- tile son
endroit. Le premier, il dnonce - lui, insigne voleur - les larcins
de Molire la comdie italienne, accusation de plagiat qui sera
reprise et amplifie par Donneau de Vis et ses mules au cours de la
querelle de Vcole des femmes2*. Alli des grands comdiens de l'Htel
de Bourgogne, qui ont, eux, un intrt trop vident abattre le rival
dont les succs menacent leur thtre, ami et complice de Ribou, il
combat Molire visage d- couvert, sans mnagement.
En peu de mois, les choses vont changer ; on pouvait penser que
le triomphe des Prcieuses n'tait qu'un accident, un feu de paille ;
mais le succs gal de Sganarelle apparat aux adversaires de Molire
comme plus dangereux encore, comme la promesse d'une carrire
blouissante, entranant la faveur du public, la cour comme la ville.
Il ne leur parat plus possible de dnigrer son uvre ; leurs attaques
seraient publiquement dmenties par un public gagn sa cause.
24. Voir notre ouvrage sur La Querelle de l'cole des Femmes,
Paris, 1971.
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1034 REVUE D'HISTOIRE LITTRAIRE DE LA FRANCE
Alors ceux qui continuent vouloir lui nuire se dclareront,
faisant contre mauvaise fortune bon cur, ses admirateurs. La
Neufville- naine, complice de Ribou dans le vol de Sganarelle, n'a
pas de termes assez louangeurs pour clbrer les mrites de Molire ;
il a mme l'audace de publier en tte de son dition subreptice une
ptre A un amy o il couvre Molire de fleurs, loue sans rserve Les
Prcieuses ridicules, puisque Ton n'y voit rien de forc, que tout y
est naturel, que tout y tombe sous le sens . Les loges
ininterrompus se poursuivent dans les arguments . Il admire dans
Sganarelle l'auteur autant que le comdien, que Somaize traitait de
bouffon : Jl faudrait avoir le pinceau de Poussin, Le Brun ou
Mignard pour vous reprsenter avec quelle posture Sganarelle se fait
admirer dans cette scne, o il parat avec un parent de sa femme
[...] on ne doit pas moins admirer l'auteur, pour avoir fait cette
pice, que pour la manire dont il Fa repr- sente. Jamais personne ne
sut si bien dmonter son visage, et Ton peut dire que dedans cette
pice, il en change plus de vingt fois.
Quant au grand monologue de la scne 17, avouez-moi main- tenant,
est-il pas vrai, que vous avez trouv ces vers tout fait beaux, que
vous ne vous tes pu empcher de les relire encore une fois, et que
vous demeurez d'accord que Paris a eu raison de nom- mer cette
scne, la belle Scne.
La Neufvillenaine eut encore l'audace de joindre son dition
clandestine une pitre Monsieur de Mollier o il tentait de justifier
son larcin par la volont de servir la gloire de Molire et de le
protger contre ces messieurs qui impriment les gens malgr qu'ils en
aient !
On a vu que Doneau, lui aussi, a lou la comdie qu'il dnaturait
en la transposant.
Il n'tait plus possible ces adversaires de Molire, jaloux de ses
succs, de lutter contre le courant de la faveur qui le portait.
Bien dcids pourtant continuer de lui nuire, ils avaient pris le
parti, tout en lui volant son texte, de cesser leurs attaques et de
mler leurs applaudissements hypocrites ceux de ses vritables
admirateurs.
Georges Mongrdien.
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Article Contentsp. [1024]p. 1025p. 1026p. 1027p. 1028p. 1029p.
1030p. 1031p. 1032p. 1033p. 1034
Issue Table of ContentsRevue d'Histoire littraire de la France,
72e Anne, No. 5/6 (Sep. - Dec., 1972), pp. 769-1133Volume
InformationMolire comique ou tragique? Le cas d'Arnolphe [pp.
769-785]Molire et le conflit des gnrations [pp. 786-799]Raison et
structure dans la comdie de Molire [pp. 800-805]La fantaisie
verbale et le mimtisme dialectal dans le thtre de Molire. A propos
de "Monsieur de Pourceaugnac" [pp. 806-820]Les mtamorphoses de
Sganarelle: la permanence d'un type comique [pp. 821-849]Aventures
des Prcieuses [pp. 850-862]"Le Misanthrope" mise en question de
l'art de plaire [pp. 863-889]"Tartuffe", ou Molire hypocrite [pp.
890-901]Molire et Franois de Sales [pp. 902-927]Molire thologien
dans "Dom Juan" [pp. 928-938]A propos de la "scne du pauvre" dans
"Dom Juan" [pp. 939-944]Molire juriste dans "Dom Juan" [pp.
945-953]Un ami mal connu de Molire: Jean de Henault [pp.
954-975]L'aventure de l'Illustre thtre [pp. 976-1006]Situations et
personnages "prmoliresques" [pp. 1007-1023]"Le Cocu imaginaire" et
"La Cocu imaginaire" [pp. 1024-1034]Armande Bjart, comdienne [pp.
1035-1051]Molire a la Comdie-Franaise (1680-1793) [pp.
1052-1065]Georges Monval et "Le Moliriste" [pp. 1066-1067]Notes
Pour Une Filmographie de Molire [pp. 1068-1071]Notes pour une
discographie de Molire [pp. 1072-1074]Molire, Jouvet, Ophuls: note
sur un film interrompu [pp. 1075-1080]Audiberti et Molire [pp.
1081-1093]Comptes rendusReview: untitled [pp. 1094-1094]Review:
untitled [pp. 1094-1095]Review: untitled [pp. 1095-1097]Review:
untitled [pp. 1097-1097]Review: untitled [pp. 1098-1098]Review:
untitled [pp. 1098-1101]Review: untitled [pp. 1101-1102]
In Memoriam: Ren Ternois (1896-1972) [pp.
1103-1104]Bibliographie [pp. 1105-1128]Publications de la Socit
d'Histoire littraire de la France