L'AUTONOMIE COMME PREMIER PAS VERS L'ESTIME DE SOI Un processus en construction à favoriser durant la petite enfance Mémoire professionnel Formation en vue de l’obtention du Diplôme d’État d’Éducateur de Jeunes Enfants 2017 VALEYE Stéphanie
L'AUTONOMIE COMME PREMIER PAS VERS
L'ESTIME DE SOI
Un processus en construction à favoriser durant la petite enfance
Mémoire professionnel
Formation en vue de l’obtention du Diplôme d’État d’Éducateur de Jeunes
Enfants
2017
VALEYE Stéphanie
Remerciements
Je souhaite remercier Monsieur Stéphane CHANTEGROS pour son
accompagnement. Merci de m'avoir permis une progression dans ma réflexion et d'avoir
accordé une grande attention à mon travail.
Je remercie également Madame Céline POISSON, mon accompagnatrice
mémoire, de m'avoir accordé ce temps pour me conseiller et m'orienter. Merci pour tous
vos encouragements.
Je remercie tous les professionnels de la Petite Enfance qui ont accepté de
m'accueillir en stage. Je les remercie pour leur disponibilité, leurs précieux conseils et
accompagnements.
Un merci à tous mes proches qui m'ont soutenue tout au long de cette démarche.
Je tiens à remercier plus particulièrement Marion SAINT-CRIQ pour son écoute, sa
présence encourageante et son aide pour élaborer ce mémoire.
SOMMAIREIntroduction.......................................................................................................................1
Partie I . Autonomie et estime de soi..........................................................3
1. Entre autonomie.........................................................................................................3
1.1 Qu'est-ce que l'autonomie ?..................................................................................3
1.2 Le processus d'autonomisation dans le développement global de l'enfant...........4
1.3 Entre premiers pas vers l'autonomie et une certaine dépendance........................5
1.4 Faire naître un désir d'autonomie.........................................................................7
2....Et estime de soi........................................................................................................8
2.1 L'attachement au cœur de l'estime de soi.............................................................9
2.2 Le sentiment de sécurité et de confiance..............................................................9
2.3 La connaissance de soi.......................................................................................10
2.4 Le sentiment d'appartenance..............................................................................11
2.5. Le sentiment de compétence.............................................................................12
2.6 Quand peut-on parler d'estime de soi ?..............................................................13
3. … L'importance de laisser l'enfant acteur de son développement...........................14
Partie II. Comment favoriser l'autonomie et l'estime de soi du jeune
enfant ?.......................................................................................................17
1. Le principe de motricité libre, les prémices de l'autonomie chez le bébé................17
1.1 Quand un enfant est placé dans une position qu'il ne maitrise pas....................17
1.2 Le principe de motricité libre.............................................................................18
1.3 L'activité autonome............................................................................................20
1.4 L'aménagement de l'espace................................................................................22
2. Apprendre à l'enfant à s'estimer...............................................................................23
2.1 Favoriser l'estime de soi et l'autonomie de l'enfant quand ce dernier est
dévalorisé par son parent..........................................................................................23
2.2 Permettre à l'enfant de devenir autonome selon la pédagogie Montessori........24
2.3 Favoriser l'autonomie de l'enfant et son estime de soi en EAJE........................26
3. Entre autonomie et dépendance...............................................................................27
3.1 Quand le parent freine le processus d'autonomisation de son enfant.................27
3.2 Désir d'autonomie de l'enfant, surprotection du parent......................................28
3.3 L'autonomie au rythme de l'enfant.....................................................................30
5
Partie III. L'EJE créateur de lien entre enfant, parent, professionnel
dans le processus d'autonomisation de l'enfant et dans la construction
de son estime de soi....................................................................................32
1. Pour un accompagnement des professionnels et une harmonisation des pratiques
autour du processus d'autonomisation de l'enfant........................................................32
1.1 L'EJE comme coordinateur d'une équipe professionnelle en EAJE pour
favoriser l'autonomie et l'estime de soi du jeune enfant...........................................32
1.2 L'accompagnement des assistants maternels en RAM dans le processus
d'autonomisation de l'enfant.....................................................................................36
2. Accueillir l'enfant dans son processus d'autonomisation et sa construction de
l'estime de soi en structure collective...........................................................................40
1.1 Amener l'enfant vers une activité autonome......................................................40
1.2 Un aménagement pour aller vers l'autonomie....................................................42
3....C'est aussi accueillir et accompagner ses parents...............................................44
3.1 Assurer une cohérence éducative dans l'intérêt de l'enfant vers son autonomie et
son estime de soi......................................................................................................44
3.2 Les moyens mis en œuvre pour accompagner le parent au quotidien................45
Conclusion.......................................................................................................................49
Bibliographie
Sitographie
Annexe 1
Annexe 2
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
1
Introduction
Au cours de ces trois années de formation, j'ai eu l'occasion d'effectuer mes
stages dans différentes structures ; en Relais d'Assistants Maternels, en multi-accueils
associatif à gestion parentale, en crèche interentreprises et en école maternelle bilingue
Montessori. Ces stages m'ont permis d'allier les notions théoriques acquises en
formation à la pratique quotidienne de l'Éducateur de Jeunes Enfants.
Dès le début de ma formation, je me suis questionnée sur l'accompagnement qui
vise le développement de l'autonomie du jeune enfant. Lors de mon premier stage en
RAM1, j'ai remarqué la nécessité pour l'enfant de parvenir à faire par lui même, seul.
Pour ce faire, lors des matinées d'animation au relais, l'animatrice proposait une activité
aux enfants accompagnés de leur assistant maternel.
Au cours d'une matinée, l'animation proposée fait appel à la motricité
fine. L'idée est de coller des Playmaïs de couleurs sur une fleur en papier à
l'aide d'une éponge humidifiée. Après la présentation de l'activité par
l'animatrice, Myriam2, l'assistante maternelle d'Eliott, 2 ans, lui montre
comment procéder. Eliott semble comprendre comment il faut faire : il prend un
Playmaïs rouge, appui sur l'éponge et le colle au niveau de la tige de la fleur. Il
regarde son assistante maternelle et lui dit alors « Tu as vu j'ai réussi ! ».
Myriam reprend alors l'enfant, en lui disant qu'on ne colle pas du rouge sur la
tige, la tige doit être de couleur verte ! Elle reprend alors le Playmaïs et le
positionne sur les pétales.
Dans cette situation, comme dans d'autres, observées sur mes différents lieux de
stage, j'ai remarqué que lorsqu'un enfant réussit à faire un acte seul, il ressent un
sentiment de fierté. L'enfant qui construit au quotidien une activité en étant autonome,
pose un premier pas vers l'estime de soi. Cependant cette autonomie peut être freinée
par l'adulte, et renvoyer ainsi à l'enfant une image négative de lui même à l'enfant. La
satisfaction d'avoir fait seul et la remise en cause de la réussite s'oppose. Dans ce
contexte, l'estime de soi qui se construit durant la petite enfance tendra alors vers une
valence négative pour l'enfant. 1 RAM : Relais d'Assistants Maternels
2 Afin de préserver l’anonymat, les prénoms des enfants et des adultes seront changés.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
2
Cette situation m'a amenée à m'interroger sur le rôle des professionnels, en
particulier celui de l'Éducateur de Jeunes Enfants, dans l'accueil et l'accompagnement
du jeune enfant et de sa famille, dans le processus d'autonomisation de l'enfant. Ainsi,
comment accompagner l'enfant à devenir autonome en EAJE3 ? Quel dispositif mettre
en place au quotidien dans l'accueil de l'enfant pour permettre le développement de son
autonomie et donc vers le développement de son estime de soi ? Comment l'enfant, qui
naît dépendant, peut progressivement devenir indépendant dans les actes quotidiens ?
Quel accompagnement proposer aux parents dans le processus d'autonomisation de leur
enfant ?
Ces différents questionnements m'ont permis de faire émerger ma problématique
; à savoir que l'apprentissage de l'autonomie passe par l'encouragement de l'enfant à
réaliser de nouveaux objectifs, mais que si ses objectifs sont pour lui inatteignables, son
échec risque d'affecter plus ou moins fortement une estime de soi pourtant nécessaire à
la prise de confiance facilitant elle-même l'autonomie. Comment donner un objectif à
un enfant afin de valoriser son autonomie sans risquer de remettre en cause son
estime de soi face à la difficulté à atteindre cet objectif ?
La première partie de mon mémoire permettra de définir les notions d'autonomie
et d'estime de soi afin de comprendre en quoi ces deux paramètres sont primordiaux
dans le développement global du jeune enfant. J'expliquerai pourquoi la mise en lien de
ces deux notions doivent se retrouver dans l'accueil et dans l'accompagnement quotidien
du jeune enfant.
Dans une seconde partie, je me questionnerai sur les moyens pouvant être mis en
place pour favoriser l'autonomie du jeune enfant et son estime de soi. Au travers de cette
partie, je questionnerai ce processus quand il est mis en péril, lorsque la motricité de
l'enfant n'est pas libre ; quand un enfant ne parvient pas à s'estimer ; ou bien encore,
lorsque l'autonomie prend une forme ambivalente due à un désir inconscient de
dépendance pour le parent comme pour l'enfant.
Une dernière partie me permettra d'expliciter le rôle de l'EJE comme créateur de
lien entre enfant, parents, professionnels. Ainsi, je ferai part de la nécessité d'une
cohérence dans nos pratiques éducatives pour accueillir l'enfant et sa famille pour
permettre le développement de l'autonomie et de l'estime de soi de l'enfant.
3 EAJE : Établissement d'Accueil du Jeune Enfant
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
3
Partie I . Autonomie et estime de soi
1. Entre autonomie...
1.1 Qu'est-ce que l'autonomie ?
L'autonomie peut être définie comme « le droit qu'au fil du temps l'être humain
acquiert de déterminer librement les règles auxquelles il se soumet.[...] Conduire
l'enfant vers l'autonomie, c'est tout simplement l'amener à constater qu'il est capable
d'agir seul. […] Une personne autonome fait les choses dans la sérénité, délivrée de
toute angoisse qui mettrait en péril son équilibre intérieur. »4 L'autonomie se construit
peu à peu par de nombreuses expériences, de multiples essais conduisant à des réussites
mais aussi à des échecs. Elle procure du plaisir, une confiance en soi quand elle est
accompagnée par un adulte, sur le plan physique comme psychique. L'enfant se sentant
soutenu par la proximité contenante de l'adulte et par sa parole encourageante, va
progressivement gagner en autonomie. En effet, l'incertitude qui accompagne le geste
est minimisé par la présence sécurisante de l'adulte. Par exemple, j'ai pu voir lors de
l'apprentissage de la marche, du langage et de la propreté, que l'enfant apprend peu à
peu à être autonome. Lorsqu'un enfant apprend à marcher, il me paraît important de
l'encourager dans cette étape de son développement. Quand il réalise ses premiers pas,
tombe, se relève, il me paraît essentiel de le sécuriser en étant présent physiquement à
côté de lui, en ne faisant pas à sa place, au risque qu'il se retrouve dans une position
qu'il ne maîtrise pas encore. C'est pourquoi l'encourager, par le biais de la parole : « tu
peux y arriver », « c'est bien tu peux continuer, tu y arrives tout seul ! » permet à
l'enfant de se sentir capable, il sait qu'il est en capacité de réussir, progressivement et à
son rythme.
L'autonomie n'est donc pas un processus inné. Mon rôle en tant que
qu'éducatrice de jeunes enfants est d'aider le jeune enfant à développer son autonomie
dans un processus de coéducation avec ses parents. Coéduquer, c'est réfléchir ensemble
à l'éducation de l'enfant tout en tenant compte que les parents sont et restent les premiers
éducateurs de leur enfant. En tant qu'EJE5, mon travail est d'accompagner l'enfant et ses
4 PINELLI Anna, Porter le bébé vers son autonomie, Toulouse, ed. Ères, collection Mille et un bébés, 2015, p.14-15.
5 EJE : Éducateur de Jeunes Enfants
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
4
parents au quotidien durant la petite enfance. Dans les parties suivantes, je traiterai de
manière plus approfondie les relations qui s'établissent dans la triade parents-enfants-
professionnels et les enjeux de la coéducation dans l'intérêt de l'enfant pour tendre vers
l'acquisition de l'autonomie.
1.2 Le processus d'autonomisation dans le développement global de l'enfant
Le processus de développement dans lequel se trouve l'enfant comporte des
apprentissages multiples, que j'expliciterai par la suite. Ce processus suit un ordre
prévisible. Cependant, chaque enfant se développe à son propre rythme et son
développement peut être influencé par des facteurs génétiques et environnementaux
qu'il est important de respecter pour l'accompagner de façon harmonieuse.
A la naissance, le bébé se trouve totalement dépendant de sa mère. La figure
d'attachement a un rôle essentiel tant elle doit répondre aux besoins fondamentaux de
l'enfant, à savoir le besoin de respirer, d'alimentation, d'élimination et de sommeil mais
également à son besoin affectif. Selon John Bowlby6, le besoin affectif, lié à
l'attachement est primordial , notion sur laquelle je reviendrai ultérieurement.
L'enfant est un être de relation, il suit un développement affectif et social : « le
développement neurologique du cerveau s'effectue grâce à une longue période de
dépendance et de stimulation au contact des adultes. Privé de ces liens dans les
premières années de sa vie, le développement du cerveau est incomplet. »7 C'est
pourquoi, pour exister, les enfants ont besoin de relations et, plus particulièrement, avec
leur figure d'attachement. Sans cette dernière, ils seraient « incapables d'accéder à leur
part d'humanité. »8 et seraient insécurisés. Ce besoin d'affection doit être comblé, afin
que l'enfant se détache progressivement et sereinement de sa figure d'attachement et
devienne autonome.
L'enfant suit donc un processus de développement que je détaillerai ci-dessous.
Ce processus lui permet d'acquérir progressivement une attitude autonome.
Au cours de ce processus, nous retrouvons le développement sensoriel et
perceptif. La vue, le toucher, l'ouïe, l'odorat, le goût sont mis en éveil dès la naissance. 6 Psychiatre, psychanalyste
7 Op cit., PINELLI Anna, p.28.
8 Id.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
5
L'enfant peut percevoir le monde qui l'entoure à travers ses différents sens qui entrent en
interaction les uns avec les autres.
Le développement de la motricité globale et de la motricité fine chez l'enfant
jouent également un rôle dans le processus d'autonomisation. En effet, lorsque l'enfant
va contrôler progressivement les mouvements de sa tête, de son corps, acquérir la
marche, développer sa dextérité et sa préhension, accompagné dans un premier temps de
l'adulte, il parviendra ensuite à reproduire ses mouvements et actions seul.
De un an à deux ans, nous pouvons voir en effet que le jeune enfant développe
son besoin d'autonomie. A cet âge-là, il est en plein exercice et découverte de sa
motricité. Avant l'âge de deux ans, « l'enfant aime d'abord toucher, puis il aime
posséder, il connaît le plaisir de tenir contre soi, d'avoir bien à soi, de pouvoir donner
pour reprendre... » Après cette période, « l'enfant ne se contente plus d'avoir, il veut
explorer et expérimenter […] Vers la fin de la deuxième année, l'enfant commence à
construire... »9, mais va tout d'abord faire de nombreuses expériences au cours
desquelles il va démolir et défaire avant d'assembler et de construire.
Les deux derniers éléments essentiels dans le développement de l'enfant sont
ceux du développement du langage ainsi que celui du développement cognitif. Le
développement cognitif, est ce qui va emmener l'enfant vers la connaissance,
l'intelligence. Nous pouvons voir que « par le développement de sa cognition, l'enfant
bâtit lentement son savoir et élabore sa connaissance du monde. »10
1.3 Entre premiers pas vers l'autonomie et une certaine dépendance
L'attachement peut être défini comme un processus physique, psychique et
affectif. Il est lié à la satisfaction et aux réponses apportées aux besoins de l'enfant par
une ou des figures d'attachement. La proximité physique, psychique, affective permet à
ce dernier de se sentir en sécurité.
John Bowlby définit l'attachement comme un besoin primaire et fondamental
dans la construction de notre personnalité. Le comportement d'attachement du bébé est,
selon lui, lié à une figure d'attachement, celle qui lui prodigue les soins, à savoir la mère
le plus souvent. « Le comportement d'attachement, résultant à la fois d'un besoin inné 9 DAVID Myriam, 0 à 2 ans, Vie affective et problèmes familiaux, Paris, ed. Dunod, 1998, p.71.
10 FERLAND Francine, Le développement de l'enfant au quotidien de 0 à 6 ans, Montréal, ed. du CHU Sainte Justine, coll. Pour les parents, 2014, p.143.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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et d'acquisitions [...] a une double fonction »11 : ces deux fonctions sont celles de
protection et de socialisation. La protection se fait par le biais de la sécurité apportée par
l'adulte. La socialisation, quant à elle, telle qu'elle est travaillée par les professionnels de
la petite enfance, peut être définie par le détachement progressif de la figure
d'attachement pour l'enfant. Par le concept d'attachement, Bowlby fait le lien avec la
séparation et l'angoisse qu'elle peut générée. Il faut donc « que l'enfant ait la certitude
de reprendre contact avec sa mère s'il le désire et au moment où il le désire ; il devient
alors capable d'explorer son environnement. - que s'établisse une authentique
concordance entre les demandes réelles de l'enfant (nature, rythme) et la capacité de la
mère à y répondre de façon appropriée. »12
Chaque enfant apprend à son propre rythme. Dès lors que ce dernier apprend
quelque chose, le lien de dépendance qu'il a avec l'adulte s'estompe peu à peu. Ainsi, je
peux m'apercevoir, par exemples, que lorsque l'enfant commence à manger seul,
s'habiller seul, il devient peu à peu autonome. L'adulte lui a appris comment faire,
l'enfant reproduit ses gestes par processus d'imitation. Ce dernier a besoin de prendre
conscience qu'il est capable d'agir seul et refuse le plus souvent l'aide de l'adulte. En
effet, il s'affirme et prend confiance en lui, par des phrases telles que « moi, tout seul »,
« non pas toi ! ». Il en est de même en ce qui concerne l'apprentissage de la propreté
par exemple. Vers l'âge de 2 ans, lorsque l'enfant est prêt physiquement, psychiquement
et physiologiquement, il va sur le pot et est en demande. Progressivement l'enfant n'aura
plus besoin de l'aide de l'adulte pour aller aux toilettes, il passe d'une dépendance qui
était présente, il y a peu de temps, à un désir d'indépendance.
J'observe donc, par le biais de ces différents exemples, que, dans ce processus
d'autonomisation, l'enfant créé de la distance avec l'adulte. Une distance réelle et
nécessaire, qui peut être vue comme ambivalente. « En effet, certains enfants
s'affirment par des gestes autonomes, notamment par leurs apprentissages, tout en
désirant rester petits et entourés, en état de confortable dépendance. Les parents sont
généralement fiers des nouveaux apprentissages de leurs enfants, mais ils perçoivent,
en même temps, que ceux-ci se séparent d'eux de plus en plus. Les parents aussi ont
11 GOLSE Bernard, Le développement affectif et intellectuel de l'enfant, Paris, ed. Masson, 2001, p.144.
12 Id.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
7
peur d'être seuls. »13 Le désir d'autonomie se voit comme un moyen d'affirmation, une
capacité à faire des choix, par lequel l'enfant va construire son individuation.
1.4 Faire naître un désir d'autonomie
Pour faire naître un désir d'autonomie chez l'enfant, il me paraît important de
proposer un cadre sécurisant. Une sécurité garantie par la présence physique et
psychique des adultes présents autour de l'enfant mais également par le biais de la
communication verbale et non verbale. Par le biais de la parole, nous autorisons en
effet, ou n'autorisons pas, la prise d'initiatives chez l'enfant, de même que nos actes
peuvent restreindre l'autonomie de l'enfant. Par exemple, lorsque l'enfant veut mettre
son manteau seul et que nous faisons à sa place, lorsqu'il est en demande pour nous
aider à ranger mais que nous considérons que nous irons plus vite seul... Je pense que
l'adulte doit se montrer patient face aux expériences de l'enfant pour parvenir à faire par
lui-même. Si aucune prise d'initiative est favorisée ou autorisée, l'enfant peut alors être
en manque de confiance, se sentir dévalorisé, incapable d'accomplir un geste que
pourtant, en tant qu'adulte, nous réalisons.
En tant qu'EJE, je pense qu'il est important d'offrir à l'enfant un espace
d'expérimentation, ne pas le limiter sans cesse dans ses possibilité d'expériences, lui
montrer comment faire plutôt que de poser des interdits.
La période d'affirmation, d'opposition, du « non» est une phase sensible du
développement de l'enfant intervenant vers l'âge de 2 ans, où ce dernier va vouloir être
autonome, exprimer son désaccord pour ainsi s'affirmer, pour grandir. Cette période est
source de frustration. Plusieurs causes peuvent-être citées selon Myriam David : « 1. Le
plus souvent l'enfant ne sait pas très bien reconnaître, ni exprimer, ni satisfaire ses
besoins […] 2. L'ambition de l'enfant se trouve souvent en échec du fait de ses
possibilités restreintes. […] 3. Enfin, beaucoup de choses qu'il aimerait lui sont
interdites [...] »14 Durant cette phase, l'enfant teste les limites de ses parents mais aussi
celles des professionnels. L'enfant se rend compte que l'adulte détient l'autorité. Il me
semble alors important de poser un cadre sécurisant avec des règles simples. Au sein de
13 DUCLOS Germain, L'estime de soi, un passeport pour la vie, Montréal, ed. du CHU Sainte-Justine, coll. Pour les
parents, 2010. p.163.
14 Op cit., DAVID Myriam, p.89-90.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
8
celui-ci l'enfant pourra évoluer et se construire dans un environnement sécure et
rassurant même s'il peut être source de frustration et de mécontentement.
Cette première partie m'a permis de définir la notion d'autonomie. Celle-ci
s'acquiert progressivement chez l'enfant. Il me semble essentiel en tant qu'éducatrice de
jeunes enfants, d'accompagner l'enfant à devenir un sujet autonome .
Le processus d'autonomisation dans lequel se trouve l'enfant lui permet de
construire l'estime de soi. Je vais maintenant tenter de définir cette notion. Quelles sont
les préalables pour une bonne estime de soi ?
2....Et estime de soi...L'estime de soi peut être définie comme l'image que nous nous forgeons de nous
même sur un long terme, au fil des expériences que nous vivons. Selon Josiane de Saint-
Paul, citée par Germain Duclos, « l'estime de soi est l'évaluation positive de soi-même,
fondée sur la conscience de sa propre valeur et de son importance inaliénable en tant
qu'être humain. Une personne qui s'estime se traite avec bienveillance et se sent digne
d'être aimée et d'être heureuse. L'estime de soi est également fondée sur le sentiment de
sécurité que donne la certitude de pouvoir utiliser son libre arbitre, ses capacités et ses
facultés d'apprentissage pour faire face, de façon responsable et efficace, aux
événements et aux défis de la vie »15.
L'estime de soi n'est pas innée chez l'humain, elle se construit. Elle fait partie des
facteurs essentiels de notre développement global. Pour que l'enfant parvienne à
acquérir une bonne estime de soi de lui même, quatre bases sont nécessaires selon
Germain Duclos. Tout d'abord « le sentiment de sécurité et de confiance, la
connaissance de soi, le sentiment d'appartenance à un groupe et le sentiment de
compétence. »16 Je vais maintenant définir ces quatre bases ainsi que la notion
d'attachement, dont j'ai parlé précédemment, notion centrale de l'estime de soi.
15 DE SAINT-PAUL Josiane, citée par DUCLOS Germain, L'estime de soi, un passeport pour la vie, Montréal,
éditions du CHU Sainte-Justine, coll. Pour les parents, 2010. p.20-21.
16 LAMOTTE Christine, « L'estime de soi, un tremplin pour l'avenir », in Métiers de la Petite Enfance, Juillet – Aout 2006, n°121, p.20.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
9
2.1 L'attachement au cœur de l'estime de soi
L'attachement est le cœur de l'estime de soi. En effet, « l'enfant qui se sent aimé
va comprendre de ce fait qu'il est aimable, il peut alors espérer être aimé par d'autres.
La sécurité et le sentiment de confiance sont les préalables de l'estime de soi. »17 La
figure d'attachement inscrit l'enfant « dans une histoire sociale, culturelle et familiale.
Héritage qui le conditionne et dont il faudra qu'il s'accommode comme d'une première
définition de sa personne. »18
Je détaillerai de manière plus approfondie les notions de sécurité (liée à la
fonction de protection) et celle de socialisation naissantes du comportement
d'attachement dans les point suivants.
2.2 Le sentiment de sécurité et de confiance
Le sentiment de sécurité et de confiance chez le jeune enfant est étroitement lié à
l'attachement défini précédemment. Ces deux paramètres sont des préalables à l'estime
de soi. Le nouveau-né est dépendant de ses parents. Germain Duclos19, souligne deux
aspects primordiaux de sécurité : la sécurité physique et psychologique. Ces deux
aspects de sécurité doivent être comblés par la figure d'attachement. Je peux également
constater qu'au cours du développement global du jeune enfant et au cours de la vie de
façon plus générale, la sécurité physique et psychologique doivent être assurées. Si nous
ne nous sentons pas assez en sécurité, peut naître en nous de l'inquiétude. Une
inquiétude visible dans des actes que nous réalisons. Nous ne sommes alors pas en
mesure d'être totalement investis et disponibles. Sécuriser physiquement un enfant,
commence par éloigner toute source potentielle de danger afin qu'il évolue dans un
environnement le plus sécure possible, puis être présent en surveillant l'enfant dans un
second temps.
Sécuriser un enfant de façon psychologique peut être défini par les soins
quotidiens apportés à ce dernier, mais aussi par la présence de l'adulte. La sécurité peut
être donc ressentie chez l'enfant, en la présence de l'adulte à ses côtés, ce dernier ayant
17 Ibid., p.17.
18 Op. cit, PINELLI Anna, p.19.
19 Psychoéducateur, orthopédagogue
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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un rôle contenant, une présence physique et psychique. De plus, beaucoup de
spécialistes évoquent la bienveillance comme étant un des piliers pour arriver à un
sentiment de sécurité et de confiance. En effet, avoir une attitude bienveillante vise ici le
bien être de l'enfant et son épanouissement, son bonheur.
2.3 La connaissance de soi
La connaissance de soi se construit de façon progressive chez l'enfant et
continuera à se développer tout au long de sa vie. La connaissance de soi est le préalable
pour une reconnaissance de soi, cette dernière faisant partie de l'estime de soi.
En tant qu'Éducatrice de Jeunes Enfants, il me paraît important d'amener l'enfant
à se voir comme un être unique. Même au sein d'une collectivité, il est essentiel de
considérer l'enfant en tant qu'individu à part entière dans son individualité. L'enfant doit
être reconnu comme un être ayant des émotions, des opinions et une place doit être
laissée pour sa libre expression. Il me semble important que l'enfant ne soit pas un
parmi d'autres dans un groupe, que génère la collectivité, mais bien un être à part entière
au regard de l'adulte. Une expérience antérieure à ma formation d'EJE m'avait d'ailleurs
questionnée à ce sujet. Au sein d'une école maternelle traditionnelle, je m'étais rendue
compte que les enfants n'était pas considérés dans leur individualité mais confondus au
sein de leur groupe, à savoir une classe d'élèves. Par exemple, lorsque l'enfant parvenait
à réussir à lacer ses chaussures seul, ou bien quand il mettait son manteau et le fermait
seul, l'ATSEM (Agent Territorial Spécialisé dans les Écoles Maternelles) s'occupant de
cet enfant, mais aussi de vingt autres, ne pouvait pas, faute de temps, accorder du temps
à cet enfant en le félicitant d'avoir réussi seul sans aide entre autres. Valoriser l'enfant,
en verbalisant que ce qu'il a réussi à accomplir seul dans cet exemple, lui procure le
sentiment d'exister en tant que personne, il se rend compte que l'adulte est heureux et de
ce fait prend en considération que ce qu'il est compte aux yeux d'autrui.
Cette situation fait écho à d'autres vécues lors de ma formation, qui m'ont
amenées à réfléchir à l'accompagnement pouvant être proposé aux enfants et le rôle
déterminant de l'adulte dans la construction de l'estime de soi de l'enfant. La valorisation
de l'enfant est parfois oubliée faute de temps, de moyens humain dû au manque de
personnel par exemple. Je pense qu'il est nécessaire d'accorder du temps à chaque
enfant, afin de voir chacun d'entre eux dans leur singularité dans la mesure du possible.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
11
En effet, « développer l'estime de soi, c'est permettre à l'enfant de réaliser ce qu'il y a
de meilleur en lui. Pour cela, il est important que le parents ou l'enseignant », ou tout
autre professionnels de la Petite Enfance, « réagisse de façon constructive quand
l'enfant connaît des succès, même petits. C'est de cette façon qu'il en arrive à être
conscient de ses capacités et de ses qualités ».20
2.4 Le sentiment d'appartenance
Le sentiment d'appartenance est le troisième axe à développer. En effet, il me
semble que le sentiment d'appartenance est étroitement lié à la connaissance de soi,
puisque pour connaître autrui, il est nécessaire de se connaître soi-même. Ces deux
bases de l'estime de soi évoquent la notion d'individualisation. En effet, la première
appartenance à un groupe commence pour l'enfant dans sa sphère familiale puis est
suivie de la collectivité dans laquelle il évolue. En multi-accueil, l'enfant peut ressentir
de l'inquiétude du fait du groupe. Le risque est qu'il s'y sente seulement comme un
enfant parmi d'autres et que son individualité ne soit pas prise en compte. Ceci pouvant
avoir d'importantes répercussions sur son estime de soi.
Pour autant, le groupe est nécessaire pour l'enfant, dans un processus de
socialisation mais également pour un sentiment d'existence. Ainsi, « Nous avons besoin
d'être reconnu pour exister. […] Que l'on cherche à être perçu comme semblable aux
autres ou différent, ce sont eux qui nous confirment notre existence. »21 Se socialiser
c'est être rattacher à un réseau relationnel. Chaque enfant entre en relation avec autrui à
un rythme qui lui est propre. J'ai pu d'ailleurs remarquer, lors de mes expériences pré
professionnelles, que chez les enfants âgés de deux ans, existaient des différences dans
la relation qu'ils entretiennent avec les autres. Certains enfants iront de façon aisée jouer
avec leurs pairs, en ayant, par exemple, pour objectif de chercher un jouet qu'ils
convoitent, parfois même ils pourront être agressifs, s'ils n'arrivent pas à obtenir ce
qu'ils désirent. D'autres, au contraire, attendront que ce jouet ne soit plus utilisé par
d'autres enfants pour aller jouer avec. Le caractère et la personnalité en construction de
l'enfant jouent ici un rôle dans le processus de socialisation.
Le sentiment d'appartenance à un groupe est donc à favoriser chez l'enfant tout 20 Op cit., DUCLOS Germain, L'estime de soi, un passeport pour la vie, p. 95.
21 Ibid., p. 105.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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en veillant à ce qu'il ait conscience de son individualité, qu'il est donc un être unique.
2.5. Le sentiment de compétence
Le sentiment de compétence doit être favorisé en prenant en considération les
capacités de l'enfant. Si chaque enfant apprend à son rythme, son développement est
défini selon différents stades qu'il faut respecter. Ainsi, demander par exemple, à un
enfant de savoir fermer son manteau alors que ce dernier n'est âgé que d'un an, le
mettrait en échec, le dévaloriserait puisqu'il ne se sentirait et n'en serait pas capable. Et
pour cause, cela revient à ne pas prendre en compte le rythme de son développement.
Ce qui est demandé à l'enfant est non adapté puisque l'objectif à atteindre est trop
lointain de ses capacités actuelles en lien avec son âge.
Être compétent, c'est être apte à effectuer quelque chose et pour y parvenir, je
pense que la motivation, la volonté sont des éléments également nécessaires. La
motivation procure du plaisir dans le but d'accéder à une finalité.
Chez l'enfant, nous pouvons aussi noter que le désir et la satisfaction entrent en
jeu dans le développement de sa motivation et donc de ses compétences. De ce fait, un
enfant dont les parents lui accordent tout ce qu'il veut, sans lui laisser un délai d'attente,
ne connaitra pas la frustration. Pourtant celle-ci est nécessaire dans la construction
psychique de l'enfant. Il me paraît donc important de ne pas donner immédiatement ce
que désire l'enfant, au risque qu'il n'éprouve pas de désir pour ce qu'il convoite. « Si on
satisfait immédiatement son moindre désir, on ne lui donne pas la chance de se
représenter mentalement l'objet du désir et d'anticiper le plaisir qu'il en retirera. Par
conséquent on ne favorise pas sa motivation. En vivant un délai, de même que la
frustration qui y est liée, l'enfant apprend peu à peu que son attente est généralement
suivie par une satisfaction. »22 Dans ce cas, il me parait nécessaire de se tenir à ce que
nous disons à l'enfant. Par exemple, en EAJE, j'ai pu voir des moments de vie où
l'enfant désire avoir ou faire quelque chose de particulier : aller dehors alors que les
professionnelles et les autres enfants sont à l'intérieur ; jouer avec un jeu particulier
alors que d'autres sont à sa disposition... Dans ces situations, l'adulte expliquait à
l'enfant qu'il irait dehors à un autre moment dans la journée ou bien que ce jeu serait mis
à disposition plus tard. Verbaliser de cette manière à l'enfant, c'est lui apprendre à
22 Ibid., p.151-152.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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patienter, pour qu'il apprenne la frustration. Cependant, ces réponses de l'adulte à ce que
veut l'enfant, ne doivent pas être simplement utilisées pour faire taire sa demande.
L'enfant entendant les paroles de l'adulte, pense alors que son désir va devenir réalité.
Lorsque l'enfant est dans l'attente que nous avons occasionnée, nous devons nous tenir
aux paroles énoncées auparavant afin d'être en cohérence entre nos propos et nos actes.
C'est aussi ce qui permet à l'enfant de se sentir sécurisé et de rester motivé.
2.6 Quand peut-on parler d'estime de soi ?
L'estime de soi revient à se connaître suffisamment soi pour être en mesure de
porter un jugement à l'égard de soi-même. Notons que « la clé de l'estime de soi se
trouve dans le processus de « conscientisation ». Elle consiste en la représentation
affective qu'on se fait de soi-même par rapport à ses qualités et habiletés, ainsi qu'en la
capacité de conserver dans notre mémoire ces représentations de manière à les
actualiser et à surmonter des difficultés, à relever des défis et à vivre de l'espoir. »23
Cependant, à partir de quel âge pouvons-nous évoquer cette notion de
conscientisation ? En effet, une maturité intellectuelle est nécessaire pour arriver à poser
un jugement sur soi-même. Selon Germain Duclos, avant 7 ou 8 ans, un enfant n'est pas
capable d'y parvenir puisqu'il a une pensée trop peu concrète. Il est trop égocentrique,
c'est-à-dire centré sur lui même. « Ses capacités intellectuelles ne sont pas assez
développées pour qu'il puisse jeter un regard critique sur lui même et accéder à un
véritable monologue intérieur. »24
Malgré l'absence de conscientisation avant l'âge de 7- 8 ans, l'enfant est tout de
même dans un processus durant lequel l'estime de soi se construit. Il me semble donc
primordial, en tant qu'éducateur de jeunes enfants, d'accompagner l'enfant, durant sa
prime enfance, à acquérir une bonne image de lui même en le valorisant, le soutenant et
en l'encourageant au quotidien en prenant en compte que chaque enfant est unique et
avance à son propre rythme.
23 Ibid., p.21.
24 Ibid. p.26.
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Chez le jeune enfant, avant 7 ans donc, le préalable à l'estime de soi commence,
pour le parent, par la confiance accordée à son enfant, en connaissant ses besoins et en y
répondant, en étant à l'écoute de celui-ci, en le sécurisant, en le protégeant sans le
surprotéger. L'enfant doit se sentir aimé et accepté, se socialiser en créant des relations
avec autrui. Favoriser l'estime de soi de son enfant, c'est aussi pouvoir lui dire qu'il est
capable, l'encourager dans ses réussites mais aussi dans ses défaites afin de l'amener à
réitérer ses expériences, à persévérer.
3. … L'importance de laisser l'enfant acteur de son développementAu cours de ma formation et de mes différentes expériences de stages, j'ai pu me
rendre compte que ma posture professionnelle s'est ajustée et adaptée. En effet, il me
paraît aujourd'hui important de laisser l'enfant être acteur de son développement, afin
qu'il devienne progressivement autonome. Mais alors pour cela, au quotidien, en tant
qu'éducatrice de jeunes enfants, quelle place adopter dans le processus d'autonomisation
de l'enfant ?
J'ai pu me rendre compte, au fil de ces trois années de formation, de l'importance
d'accompagner l'enfant et sa famille vers l'autonomie de l'enfant. L'enfant a besoin de se
sentir capable d'accomplir des actes seul. J'ai remarqué que la place de l'adulte joue un
rôle capital dans l'apprentissage de l'autonomie. En effet, une présence trop contenante
peut mettre à mal ou freiner l'autonomisation de l'enfant. Au contraire, ne pas être
suffisamment présent, peut générer de l'insécurité chez lui.
L'autonomie étant essentielle pour tous les individus, chez l'enfant, j'ai noté
qu'elle peut être vue comme un premier pas vers le développement et l'acquisition de
l'estime de soi. En effet, lors des multiples expériences que fait l'enfant, s''il est
accompagné par un adulte guidant et aidant, l'enfant se sentira valorisé. Il se sentira
important pour l'adulte. Au sein des EAJE, je me suis interrogée sur les moments de vie
quotidienne durant lesquels les professionnels laissent la possibilité aux enfants de faire
seuls et ceux durant lesquels cela n'est pas possible ou rendu possible.
Une situation vécue en multi-accueil m'a posée question en ce qui concerne la
relation entre autonomie et estime de soi.
Saya, âgée de 18 mois, se trouve à côté d'une table et d'une chaise à sa
hauteur. Sur la table, se trouve un jeu. Elle regarde ce jeu avec, il me semble, un
certain intérêt. Elle monte sur une chaise et est interpellée par une
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
15
professionnelle « Saya, non, descend de là, tu n'as pas à monter sur la chaise ! »
Saya a eu peur, ses yeux se sont arrondis, et son visage s'est figé. La
professionnelle pose alors sa main sur le bras de Saya en la tenant pour
descendre de la chaise. Saya pleure. La professionnelle assoie l'enfant et
immédiatement, celle-ci se relève et va jouer à un autre jeu.
En observant cet enfant, j'ai remarqué que cette situation se réitérait. Elle est
remontée une seconde fois sur une chaise se trouvant face à une table. Elle a tout
d'abord pris appui sur la table avec ses mains, puis a posé un pied après l'autre sur la
chaise, s'est hissée dessus. Elle se trouvait donc debout. Puis s'est accroupie et s'est
assise. Un autre jour encore, Saya a voulu refaire cette expérience qui lui permettait de
s'asseoir. La professionnelle qui avait repris Saya la fois précédente était présente à côté
de moi. Je lui ai alors fait part de mon impression, selon moi Saya, par ses gestes sur la
chaise, essayait simplement de s'asseoir. Être à côté de cet enfant peut nous permettre,
en tant que professionnel, de sécuriser Saya, tout en lui laissant la possibilité d'explorer
seule. Nous observons Saya. La professionnelle se met à côté d'elle, la regarde, et
l'encourage par la parole tout en tenant le dossier de la chaise. Cette professionnelle
m'expliquera avoir eu peur pour cet enfant la fois précédente, en étant consciente sa
réaction n'avait pas dû la rassurer.
Dans la situation, Saya a voulu s'asseoir seule en expérimentant une technique de
manière autonome. Étant stoppée par l'adulte, assise de manière « forcée », elle n'a pas
souhaité rester assise. En effet, l'autonomie « se résume essentiellement par la capacité
de rompre les liens de dépendance avec l'entourage et de faire des choix personnels. ».
Je peux faire l'hypothèse qu'ici, le choix de Saya n'était pas celui que l'adulte avait
décidé pour elle. De même que le « non » de l'adulte a pu générer chez cet enfant de
l'angoisse, cette incompréhension peut nuire à la construction de son estime de soi. Il
me semble, en effet, que l'enfant doit être valorisé dans ces expériences et découvertes
motrices.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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Cette première partie m'a permis de définir la notion d'autonomie comme
premier pas vers l'estime de soi. L'attachement, pilier de l'estime de soi, va permettre à
l'enfant de se détacher progressivement de sa figure d'attachement pour développer pas
à pas son autonomie par le biais d'une relation sécurisante. L'autonomie est un processus
qui se développe tout au long de notre vie, mais de manière plus intensive dans la prime
enfance. Il est important que professionnels et parents prennent conscience de la
nécessité d'accompagner l'enfant pour qu'il se voit comme individu à part entière et
devienne un être autonome.
La seconde partie de mon mémoire va nous permettre de comprendre les enjeux
de l'autonomie chez l'enfant dans la construction de son estime de soi. Nous allons voir
comment accompagner l'enfant vers son autonomie et son estime de soi au quotidien.
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Partie II. Comment favoriser l'autonomie et l'estime de soi du
jeune enfant ?
1. Le principe de motricité libre, les prémices de l'autonomie chez le bébé
1.1 Quand un enfant est placé dans une position qu'il ne maitrise pas
Martine, assistante maternelle agréée indépendante, exerce cette profession
depuis une quinzaine d'années. Elle vient aux animations proposées par le relais
d'assistants maternels du territoire une matinée par semaine avec les enfants qui lui sont
confiés : une fille de 7 mois, nommée Emma et un garçon, Hugo, âgé d'un an. Emma est
dans une phase de développement où elle joue en bougeant ses membres. Peu à peu elle
va contrôler ses mouvements et ainsi maîtriser progressivement son corps, elle découvre
le monde qui l’entoure.
Dès l’arrivée d’Emma au relais, elle est installée par son assistante
maternelle sur le tapis des bébés sur lequel elle découvre les jouets qui
l’entourent ; hochets, portique. Elle touche ses pieds avec ses mains, elle porte
des jouets à sa bouche.
Le tapis des bébés est situé à l’entrée de la salle sur le côté droit. Il est
disposé au sol encadré de deux côtés avec des modules en mousse.
Quelques minutes après son arrivée Martine décide d’aller chercher
dans un placard de rangement un coussin en forme de « U d’assise » afin de
déposer Emma dedans. Elle est adossée contre ce coussin. Quand il lui arrive
de tomber en avant, l’assistante maternelle la repositionne, bien assise, presque
immédiatement ; puis elle met autour d’elle des jeux. Cette enfant ne sait pas
encore s’asseoir toute seule. Cependant, elle ne semble pas être gênée par cette
posture du fait qu'elle ne montre pas d’expression de visage particulière.
L’animatrice EJE lui demande pourquoi elle veut absolument la laisser contre
cet objet. Elle lui répond, et explique qu’Emma ne réussit pas à se retourner
toute seule et que, de ce fait, elle reste bloquée dans la même position c'est-à-
dire sur le dos.
L’animatrice propose à l’assistante maternelle d’enlever le U d’assise,
car l’enfant pourrait peut-être parvenir à se retourner avec de la stimulation et
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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un espace suffisamment grand. Après avoir enlevé le coussin, Emma est à
présent sur le dos, avec des jouets autour d’elle. L’éducatrice s’assoie à côté
d’elle, stimule Emma avec un jouet sonore, en le faisant bouger pour attirer son
regard, et ainsi la faire changer de côté. L'éducatrice parle avec l'enfant, « tu
aimes bien ce jouet qui fait de la musique ? Je suis sûre que tu vas arriver à te
tourner, tu veux essayer ? » Petit à petit, je vois qu'Emma fait des efforts et y
arrive.
Quand l’animatrice montre à Martine qu’Emma y parvient, elle parle à
ce moment-là avec une autre assistante maternelle et ne semble pas réaliser les
efforts qu’Emma vient de faire. Puis Emma réussit à bouger, à se retourner une
seconde fois. Cette fois ci, Martine le remarque. Elle nous dit que c’est bien la
première fois et qu’elle n’est pas certaine que cela se reproduira. L’animatrice
répond que, si tous les moyens sont mis en œuvre, il n’y a pas de raison que cela
ne se renouvelle pas. L’assistante maternelle dit ne pas être convaincue mais
qu'elle réessaiera à son domicile. Elle nous dit également que les parents
d'Emma la mette assise adossée à un coussin.
Lors d’une autre matinée d’animation, l'animatrice et moi-même
décidons d'enlever le « U d'assise », prétextant l'avoir mis de côté afin de le
laver. Martine arrive avec Emma, voyant que cet objet n'est plus disponible,
pose Emma sur le tapis et reste à ses côtés. Martine semble être à l'écoute des
besoins d'Emma, plus disponible peut-être.
La semaine d'après, Martine nous racontera s'être aperçue qu’après
avoir retenté l’expérience chez elle, Emma fait des progrès au niveau de son
développement moteur. Elle en a fait part aux parents de l'enfant, qui semblent
étonnés mais ravis que leur fille fasse des progrès.
1.2 Le principe de motricité libre
Le principe de motricité libre va permettre à l’enfant d'avoir confiance en ses
capacités et en son propre jugement avec la présence contenante de l'adulte. Il est
nécessaire de laisser faire l’enfant, à son rythme, mais être présent physiquement et
psychiquement pour l'encourager. La présence physique est rassurante et contenante
pour l'enfant, il se sent alors en confiance pour expérimenter et essayer à tâtonnements
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par expérience. La présence psychique se ressent par l'intérêt porté à l'enfant : nous
pouvons être présent physiquement mais non psychiquement, avoir la pensée ailleurs,
un esprit rêveur, non attentif à se qui se produit devant soi. Or il est primordial d'allier
les deux paramètres afin de servir l'intérêt de l'enfant.
Myriam David25 fait part lors d'une conférence de 2003, des travaux d'Emmi
Pikler26 : «La contribution majeure d’Emmi Pikler concerne le rôle essentiel que
l’activité spontanée du bébé joue dans son développement. En effet, elle découvre
combien le bébé prend plaisir et intérêt à exercer son activité spontanée et comment il
se saisit des possibilités nouvelles offertes par son développement sensori-moteur »27.
Les travaux d'Emmi Pikler ont démontré l'importance de la motricité libre, appelée
également motricité autonome.
Dans cette situation, j'observe que l'animatrice est présente physiquement aux
côtés de l'enfant. Elle la stimule avec un objet. Elle est également là de façon psychique,
puisqu'elle parle paisiblement à l'enfant et l'encourage. Emma peut donc être réassurée.
Il me semble, que si elle reste bloquée sur le ventre, elle sera moins mécontente du fait
qu'elle n'arrive pas à se tourner par exemple, si l'éducatrice est à ses côtés pour
l'encourager, par le biais de la parole.
Il me paraît nécessaire d'accompagner les assistants maternels dans une
démarche de professionnalisation afin de les sensibiliser sur l'importance de l'activité
autonome, libre, du jeune enfant. Ainsi, j'évoquerai plus particulièrement cet
accompagnement dans la dernière partie de mon mémoire.
La motricité libre est propice à l'apprentissage autonome chez le jeune enfant. En
effet, « c'est laisser la possibilité à l'enfant de découvrir son corps, d'explorer ses
capacités. C'est permettre à l'enfant de passer à l'étape suivante de sa motricité, comme
il le souhaite, quand il le souhaite. C'est ne pas mettre l'enfant dans une position qu'il
n'a pas acquise seul ou dont il ne peut se défaire seul. C'est lui permettre de développer
son autonomie ainsi que sa confiance en lui. C'est apprendre à observer, à ne pas
intervenir, ainsi qu'à adapter et sécuriser l'environnement »28.25 Pédopychiatre
26 Pédiatre hongroise, fondatrice de la pouponnière Lóczy
27 Disponible sur http://www.pikler.fr/Annexes/Emmi_Pikler_Loczy/Emmi_Pikler/La_motricite_libre, consulté le 20/03/2017
28 Disponible sur https://bougribouillons.fr/motricite-libre/, consulté le 07/02/2017
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L'enfant qui ne s’assoit pas seul n'est sans doute pas encore prêt à l'être. Nous
savons que l'enfant n'acquiert pas la position assise avant 8-9 mois environ. Dans la
situation d'Emma, relatée précédemment, cet enfant n'est pas assise de son plein gré. Or,
selon Anna Pinelli, « il est vrai que l'on trouve des bébés déjà assis à 3 mois, ce qui
signifie qu'ils sont passés directement du dos sur le derrière, brûlant ainsi, et c'est fort
regrettable, plusieurs étapes motrices. L'enfant qui maîtrise ses déplacements depuis
plusieurs mois ainsi que la stabilité de sa tête ne risque pas de tomber, ni en avant, ni
en arrière. »29
Selon les principes de bases de la pédagogie Lóczy, laisser l'enfant acteur de son
développement, libre de ses expériences tout en étant accompagné de la présence de
l'adulte, lui permet de développer son estime de soi. En effet, l'enfant comprend qu'il est
en capacité de réussir, l'adulte lui donne conscience de ses capacités, il favorise sa
confiance en lui. Cependant, lorsque l'adulte intervient directement en freinant
l'acquisition naturelle des différents stades moteurs de l'enfant30, selon Emmi Pikler,
citée par Yveline Héront, « le préjudice causé par ces positions imposées n'est pas
limité au développement de sa motricité, mais aussi influence défavorablement son
développement psychique, le développement de sa personnalité... »31 C'est pourquoi,
en tant que professionnel de la petite enfance, il me paraît essentiel d'accorder une
attention particulière au stade de développement dans lequel se trouve l'enfant, afin de
l'accompagner de manière individualisé et adapté pour répondre à ses besoins afin de
favoriser le développement de son autonomie et de son estime de soi.
1.3 L'activité autonome
L'activité autonome chez le jeune enfant est à privilégier, tant elle lui permet de
faire de multiples expériences, de découvrir le monde qui l'entoure. En effet, selon les
principes de la pédagogie Pikler Lóczy, c'est à travers l'activité autonome « qu'ils
peuvent accumuler les expériences qui favorisent un harmonieux développement moteur
et posent les bases d'un bon développement intellectuel grâce à une expérimentation 29 Op cit., PINELLI Anna, p. 79-80.
30 Conférer en annexe 1 « Tableau de la motricité libre selon les principes de la pédagogie Lóczy » disponible sur http://www.pikler.fr/Annexes/Emmi_Pikler_Loczy/Emmi_Pikler/La_motricite_libre
31 PIKLER Emmi, citée par HERONT Yveline, Graines d'Hommes, Observer et accompagner l'enfant de 0 à 3 ans dans une motricité libre, Gap, éditions Le Souffle d'Or, 2014, p. 129.
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21
des situations »32. Permettre à l'enfant de devenir autonome, c'est lui laisser la liberté de
ses mouvements et ce dans n'importe quelle situation de la vie quotidienne, tout en
veillant bien évidemment à ce qu'il ne se mette pas en danger. Le rôle de l'adulte est
alors de veiller à ce que l'enfant évolue dans une environnement sécurisé pour que ce
dernier se sente en sécurité. Il me paraît important de laisser l'enfant expérimenter par
lui même, « dans cette liberté, l'adulte n'intervient pas de façon directe. En quelque
sorte, dans ce domaine moteur, il n'impose ni sa stimulation, ni son enseignement, ni
son aide, qui rendraient l'enfant passif et dépendant de lui ».33 L'adulte, dans ce principe
pédagogique, n'interfère pas dans l'expérience de l'enfant mais doit l'accompagner avec
une façon d'être et de faire par le biais de la « richesse d'un environnement approprié et
protégé, respect du rythme comme base de maitrise et de sécurité, intérêt de l'adulte
exprimé discrètement mais très réellement, à distance. »34
Amener l'enfant à devenir un être autonome passe en majeure partie par le jeu
libre. De ce fait, en EAJE, je considère ces temps comme importants tant ils permettent
à l'enfant de se confronter à son environnement, l'espace qui l'entoure, le matériel à
disposition, mais aussi à ses pairs. L'enfant par le jeu libre, peut se saisir de
l'environnement qui l'entoure librement, il développe son imagination et peut interagir
librement avec autrui. L'adulte pense l'environnement mis à disposition des enfants en
amont. En effet, différents espaces aménagés, par exemple, peuvent permettre à l'enfant
de l'investir comme il le souhaite. (Des espaces moteurs, de jeux d'imitation, de
lecture...). Par le biais du jeu libre l'enfant acquiert progressivement confiance en lui en
faisant des choix de jeux qui le rendent autonome.
Développer l'activité autonome du jeune enfant, c'est aussi lui faire prendre
conscience qu'il est un individu à part entière. Je pense alors à la nécessité d'accorder du
temps à chaque enfant au sein de la collectivité afin de les accompagner dans leur
singularité. De cette manière, j'ai pu observer en EAJE, lors des temps de change ou de
repas par exemple, l'importance de privilégier une relation duelle entre professionnel et
enfant dans la mesure où cela est réalisable.
32 DAVID Myriam, APPELL Geneviève, Lóczy ou le maternage insolite, Toulouse, éditions Ères, collection Mille et un bébés, 2015, p.56.
33 Ibid., p.57.
34 Ibid., p.58.
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22
En tant que professionnel nous pouvons favoriser la prise de conscience par
l'enfant de son individualité, c'est-à-dire se percevoir comme un être unique, en le
faisant participer. En effet, « développer la capacité de l'enfant à participer est
considéré comme la base nécessaire à des prises de positions ultérieures proprement
adultes qui, d'une certaine façon, rejoignent le désir de le voir autonome et
responsable. »35 Cette démarche participative peut s'observer dans des moments de vie
en EAJE, comme lors du change, où l'enfant peut être acteur, en enlevant sa couche par
exemple. Nous pouvons aussi le rendre acteur de son change, en verbalisant nos actions,
en lui expliquant ce que nous faisons pour qu'il se sente rassuré, en sécurité, et ce qui va
aussi lui permettre de comprendre ce qui se passe pour lui lors de ce soin.
Selon la pédagogie Pikler Lóczy, les activités autonomes doivent être pensées
par l'adulte, l'aménagement de ces temps sont donc réfléchis. Ainsi, il faut prendre en
compte plusieurs paramètres, « - la répartition dans le temps selon le rythme individuel
de sommeil et de veille; - l'espace ; - les objets et les matériaux ; - les attitudes de
l'adulte ».36 Je vais dans la partie suivante évoquer l'importance de la prise en compte de
ces paramètres pour amener l'enfant vers une attitude autonome.
1.4 L'aménagement de l'espace
Afin d'accompagner l'enfant vers son autonomie, j'ai pu remarquer lors de mes
différentes expériences de stage, l'importance de proposer un aménagement de l'espace
adapté et réfléchi.
Lors de mon premier stage en RAM, avant d'accueillir les assistants maternels et
les enfants, les animatrices et moi-même aménagions la salle. Ce temps me paraît très
important. Il comporte à lui seul la première impression, le sentiment pour les usagers
d'être accueilli ou non. Il s'agit de répondre aux besoins de l'enfant, mais aussi à celui
des assistants maternels. Les enfants accueillis peuvent tout aussi bien être des bébés
que des enfants en âge de rentrer bientôt à l'école maternelle. Il s'agit alors d'aménager
l'espace de manière à ce que chacun puisse s'épanouir, dans l'intérêt de chaque enfant en
répondant à ses besoins et ses centres d'intérêts.
Il est important que la pièce de vie comporte un espace bébé, un espace délimité,
35 Ibid., p.61.
36 Ibid., p. 94.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
23
contenant, permettant à ces derniers de se sentir en sécurité. Pour les plus grands, vers
un an, la possibilité d'avoir du matériel comme un parcours psychomoteur me semble
pertinente dans la mesure où l'espace est suffisamment grand, afin de répondre à leur
besoin de motricité, à un âge où l'enfant commence à acquérir la marche. Pour les
enfants âgés de deux ans, je pense qu'il est important qu'ils aient à disposition des jeux
d'imitation, des jeux de rôle dans une phase où ils ont besoin d'imiter pour construire
leur personnalité. Par ce biais-là, ils sont également dans un processus d'inviduation.
Je reviendrai sur l'importance de l'aménagement de l'espace dans le processus
d'autonomisation de l'enfant et dans le développement de son estime de soi dans la
dernière partie de mon mémoire, afin de développer cette notion dans l'accueil du jeune
enfant en EAJE.
Cette partie nous a permis de comprendre l'importance de l'activité libre chez le
jeune enfant, le laisser agir seul lui permet de prendre conscience de son corps, de
l'espace qui l'entoure, il fait des expériences, lui permettant d'être progressivement
autonome. L'estime de soi de l'enfant est favorisée par la présence contenante et
sécurisante de l'adulte. Ce dernier, en proposant à l'enfant de réaliser des expériences
seul, en sa présence, lui permet de prendre conscience qu'il est un individu à part
entière et qui détient de nombreuses capacités. Je vais maintenant présenter une
situation vécue en école maternelle Montessori, qui me permet d'interroger l'attitude du
parent et du professionnel vis-à-vis de l'estime de soi de l'enfant, quand celle-ci peut
prendre une valence négative.
2. Apprendre à l'enfant à s'estimer
2.1 Favoriser l'estime de soi et l'autonomie de l'enfant quand ce dernier est dévalorisé
par son parent
La situation se déroule après le temps de classe, en fin d'après-midi. La maman
de Simon, 5 ans, vient le chercher après sa journée passée à l'école. Pendant que son fils
est en train de jouer avec ses camarades à l'extérieur, elle rentre dans la classe afin de
parler avec l'éducatrice Montessori. La maman de Simon fait part à l'éducatrice d'une
situation qui la questionne au sujet de son fils.
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« Il y a deux jours, il m'a donné un dessin qu'il avait fait, il m'a dit que
c'était un astronaute. J'ai regardé sa feuille et, sur le moment, je lui ai répondu
que cela ne ressemblait pas du tout à un astronaute. Sur le coup, je lui ai dessiné
un astronaute, un vrai, comme je l'imaginais, et je lui ai dit que c'était comme ça
et pas comme il l'avait dessiné ». Elle dit avoir demandé à son fils de refaire le
dessin car ce dernier ne ressemblait à rien. L'éducatrice lui répond alors que
c'est bien d'être venue lui en parler, d'avoir pris conscience que ses paroles
avaient pu blesser Simon.
Elle lui explique qu'à l'école, Simon a tendance à attendre les directives
de l'adulte avant de faire un travail sur les temps de classe. Quand d'autres
enfants vont spontanément vers un travail, Simon semble ne pas oser. Il attend
que nous venions l'accompagner pour lui proposer quelque chose à faire. Quand
bien même il trouve un travail, il semble hésitant et a peur d'essayer. La
situation qui s'est produite en famille ne lui permet pas d'avoir confiance en lui
et de devenir autonome. En effet, la peur de se tromper et de mal faire, le freine
dans ses expériences.
L'éducatrice invite la maman à venir observer son enfant lors des temps
de classe, une matinée, afin de voir comment il travaille et évolue au sein de la
classe. Elle lui dit également, qu'il peut être important d'expliquer à Simon
qu'elle ne pensait pas que ce n'était pas un astronaute, et qu'il y a de
nombreuses façons d'en dessiner un. Cette démarche permettra de lui redonner
confiance en lui et de croire en ses capacités.
Dans cette école Montessori, j'ai remarqué l'importance de croire dans les
capacités de l'enfant, de l'encourager de façon à ce qu'il arrive à faire seul. En
accompagnant Simon au quotidien, comme d'autres enfants, je me suis rendue compte
de la pertinence de mon intervention, pensée selon la pédagogie Montessori « Apprends
moi à faire seul ». Je reviendrai sur la manière dont je pense mon intervention dans la
partie ci-dessous.
2.2 Permettre à l'enfant de devenir autonome selon la pédagogie Montessori
Le fait que les enfants arrivent à faire seuls leur permet d'être autonomes et
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
25
adaptés à leur environnement. « Être adapté à son environnement procure un sentiment
de sécurité : l'enfant qui construit son autonomie dans son quotidien développe
simultanément confiance en soi et estime de soi, car il n'a pas eu – ou peu – besoin
d'aide extérieure et reçoit la considération de l'adulte, respectueux de ses capacités. »37
Une personne intervenant dans le travail de l'enfant, sans que celui-ci ait été en
demande et sans en avoir ressenti le besoin, lui serait nuisible. En effet, l'enfant
apprenant par ses propres expériences se construit en faisant des erreurs et en
recommençant. En effet, selon Maria Montessori « Toute la journée, ces enfants sont
libres de leurs choix. La vie est fondée sur des choix, ils apprennent ainsi à prendre des
décisions. Ils doivent ainsi décider et toujours choisir pour eux-mêmes. Ils ne peuvent
pas apprendre à travers les ordres d'un autre. »
« L'autonomie est une attitude essentielle dans le développement de l'enfant.
Elle consiste à rompre les liens de dépendance par rapport à l'entourage et à faire des
choix libres. »38 Quand j'agis pour rendre un enfant autonome, je lui laisse donc la
possibilité de faire seul tout en l'accompagnant, en étant présente à ses côtés
physiquement et psychiquement. La présence physique et psychique est définie selon
Donald Winnicott39, par le « holding » qui signifie le maintien, la façon dont est porté
l'enfant physiquement et psychiquement. Il met en place chez l'enfant le sentiment
d'exister et de se sentir comme une unité différenciée.
Un matin, Simon est en train de réaliser un travail de mathématiques avec trois
autres enfants. Il s'agit du tableau de 100. Un travail où les enfants doivent placer des
jetons de 0 à 100 dans un tableau.
J'interviens auprès d'eux, car un des enfants est venu me demander de l'aide. Ils
ont donc pu expérimenter seuls avant mon intervention. Mon action est réfléchie. En
effet, grâce à mon observation de ce groupe d'enfants, je constate que Simon est dans le
sens opposé aux nombres. Je lui propose donc de venir se placer dans l'autre sens afin
de lui faciliter le travail. L'enjeu est ici de faire comprendre à l'enfant pourquoi il peut
être en difficulté, à ce moment-là, et de l'aider à réorganiser son espace de travail pour
37 OPEZZO Emmanuelle, Vivre la pensée Montessori à la maison, Vanves, éditions Hachette Livre (Marabout), collection Marabout family, 2015, p.27.
38 DUCLOS Germain, Le sentiment d'infériorité chez l'enfant, l'estime de soi à la rescousse, éditions du CHU Sainte Justine, coll. Pour les parents, 2014, p.162.
39 Pédiatre, psychiatre et psychanalyste.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
26
une meilleure concentration.
Apprendre à l'enfant à faire par lui-même est une nécessité. L'enfant se sent
valorisé, comme ici, lorsque ce travail est accompli et fini. A la fin de celui-ci, Simon
me demande de le prendre en photo. J'ai compris que c'était une fierté pour lui, pour
montrer à ses parents, par exemple, qu'il a réussi à faire ce travail. Les éducatrices
proposent de prendre des photos des enfants avec le travail qu'ils sont parvenus à
réaliser. C'est, pour l'enfant je pense, une source de motivation. En effet, l'enfant va
prendre du plaisir à réaliser le travail. D'une part, car il est autonome dans le choix de
celui-ci ; d'autre part, parce qu'il sait qu'il sera valorisé par l'adulte accompagnant. La
façon dont j'explique cette situation va permettre à l'enfant d'avoir confiance en lui.
J'entends par là, accompagner l'enfant en lui disant les choses, de manière positive, c'est
à dire en l'encourageant : « Tu peux y arriver », « c'est bien continue ainsi »...
L'enfant devient, petit à petit, autonome dans ses gestes au quotidien. Aussi en
école Montessori, où les deux classes sont souvent amenées à se côtoyer, les plus petits
ont envie de faire comme les grands. Pour s'habiller par exemple, les plus grands
viennent aider les plus petits, à mettre leurs chaussures, leurs manteaux et ces derniers
ont envie de leur montrer qu'ils peuvent faire seuls. Pour les plus grands, aider les plus
petits va leur permettent de se responsabiliser. Ils peuvent leur tenir la main pour aller à
l'extérieur, attendre qu'ils aient fini de se préparer. Ils se sentent valorisés d'apporter leur
aide.
2.3 Favoriser l'autonomie de l'enfant et son estime de soi en EAJE
Mon rôle en tant qu'adulte et professionnelle est de laisser le temps à l'enfant
d'apprendre à s'habiller par exemple, à son rythme, d'être patient. En effet, l'enfant a
besoin de temps pour apprendre, répéter un geste pour progressivement l'assimiler.
L'exemple précédent vécu en école Montessori, me fait penser au fonctionnement d'un
EAJE où les plus grands, âgés de deux ans, et les plus petits âgés de un an, cohabitent
dans une même pièce et ont la possibilité de s'entraider au quotidien. Les pédagogies ne
sont pas les mêmes mais je retrouve le principe de laisser l'enfant faire seul en étant
présent à ses côtés.
Dans un EAJE, j'ai pu voir les enfants s'entraider, par exemple, lors des temps de
repas. Une professionnelle propose aux enfants de venir poser leur verre, leur assiette, et
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
27
les restes de repas dans des contenants appropriés. Pour les plus grands, cette action les
responsabilise, ils se sentent utiles et ont envie de le faire seuls pour montrer à l'adulte
qu'ils en sont capables. En effet, quand les enfants réalisent ce geste, l'adulte leur en est
reconnaissant et les félicite. Ils se sentent alors reconnus en tant qu'individu, valorisés.
Pour les plus petits, qui n'arrivent pas encore à coordonner leurs gestes, cela permet
d'exercer leur motricité fine (de pas renverser l'eau restant dans le verre par exemple),
mais aussi leur donne l'envie de faire comme les autres, par le biais de l'imitation.
Il me semble essentiel, pour le bon développement du jeune enfant, de le laisser
explorer et faire ses propres expériences. Expériences qui n'aboutiront pas à une réussite
immédiate, sans doute, mais c'est par la réitération de ces dernières que l'enfant réussira.
L'accompagnement de l'enfant se doit d'être aidant. Ma place est ici d'accompagner
l'enfant dans ses découvertes, de l'encourager, de le motiver par le biais de ma parole et
de ma proximité physique, notamment lorsque ses expériences ne sont pas concluantes,
de manière à ce qu'il prenne conscience qu'il a les capacités de réussir.
Selon Maria Montessori, l'enfant apprend par expérience et par tâtonnement.
« Pour apprendre, un enfant a besoin d'explorer librement son environnement; celui-ci
procure des milliers d'informations qu'il absorbe telle une éponge. Explorer un
environnement ce n'est pas l'observer sagement, assis sur une chaise. C'est bien plutôt
l'embrasser de toutes ses forces, de tout son corps de tous ses sens. C'est le toucher, le
manipuler, s'y mouvoir. Expérience de tous les sens, mouvement, autonomie, telles sont
les conditions sine qua non d'un développement optimal. »40
3. Entre autonomie et dépendance
3.1 Quand le parent freine le processus d'autonomisation de son enfant
La situation se déroule dans un multi-accueil associatif à gestion parentale de 20
places. Anne est une enfant de 3 ans accueillie dans cette structure depuis qu'elle a 18
mois. A mon arrivée dans cet établissement, elle allait rentrer à l'école.
Lors d'un moment de jeu à l'extérieur, j'observe Anne. Elle est en train de
faire du vélo, quand elle tombe. Étant allongée sur le sol, elle parvient à se
relever, mais a les mains pleines de terre. Elle regarde ses mains et vient vers
40 MILOVANOVIC Daliborka, « La pédagogie dite scientifique de Maria Montessori et ses limites », in Grandir autrement, Septembre-octobre 2015, p.31.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
28
une professionnelle. Elle demande à ce qu'on lui enlève ce qu'elle a sur les
mains et lui dit « c'est sale ». J'ai l'impression d'un « blocage » au regard du
visage crispé de cette petite fille. La professionnelle lui explique alors qu'elle
peut enlever la terre avec ses mains en les frottant l'une contre l'autre. Après
cela Anne demande à ce qu'elle puisse aller se laver les mains. Une
professionnelle l'accompagne.
Suite à cette situation, j'ai parlé avec l'éducatrice de jeunes enfants qui m'a fait
part du travail sur un long terme qui a été réalisé avec la maman d'Anne. Cette dernière
exprimait ses craintes au niveau des choses potentiellement salissantes. Elle souhaitait
que l'hygiène de sa fille, comme d'elle même, soit irréprochable, par exemple, en se
lavant les mains très souvent, plus que ce qu'il paraît nécessaire, tout en ayant
conscience que ce geste peut être trop souvent répété.
Avant d'arriver dans la structure, sa fille n'avait jamais manipulé de peinture ni
de sable, ou de terre par exemple. Cette maman a expliqué qu'elle proposait des feutres
à sa fille pour dessiner, mais qu'elle était toujours présente pour refermer les bouchons,
pour veiller à ce qu'il n'y en ait pas sur la table ou sur ses mains... A l'arrivée d'Anne
dans la structure, sa mère fut étonnée de voir que l'équipe proposait ce genre d'activités
et laisser les enfants faire seuls.
La maman d'Anne a fait des progrès considérables depuis les premiers accueils
de sa fille dans cette structure, en majeure partie grâce aux conseils de l'équipe. Les
professionnelles ont pu accompagner cette maman, en lui faisant part de la nécessité
pour Anne d'apprendre à faire par elle même, de la laisser se salir, pour expérimenter et
ainsi découvrir tout ce que l'environnement qui l'entoure peut lui offrir. En la
surprotégeant, cette maman n'avait pas conscience, au départ, qu'elle pouvait freiner
l'autonomisation de sa fille. C'est au fil du temps qu'elle l'a progressivement compris et
accepté.
Nous pouvons ici observer un blocage dans le développement de l'autonomie à
cause de l'éventualité de se salir synonyme pour elle de sanction, la bonne estime de soi
étant du côté de l'hyper-propreté.
3.2 Désir d'autonomie de l'enfant, surprotection du parent
Cette situation vécue lors d'un de mes stages illustre l'importance de laisser
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
29
l'enfant découvrir et expérimenter par lui même. En effet, lorsque le parent comme ici
s'y oppose, le risque est de développer chez l'enfant une certaine dépendance. Cette
dernière est néfaste pour le bon développement de l'enfant, à savoir par exemple, lors de
l'entrée à l'école maternelle pour Anne. L'équipe éducative sera moins présente pour
répondre à ses besoins, l'accompagnement sera différent et la part d'autonomie laissée
aux enfants plus grande. D'autres exemples peuvent illustrer le maintien de l'enfant dans
une forme de dépendance quand l'adulte refuse de le voir et le laisser grandir : lorsqu'un
parent continue à donner le biberon à son enfant de deux ans en le prenant dans les bras,
alors que ce dernier répond à son besoin alimentaire d'une autre manière. Cette
démarche n'est plus appropriée et freine le développement de l'autonomie, dans le sens
où elle fait régresser l'enfant qui se voit comme un être dépendant, incapable de
s'alimenter seul.
De ce fait, surprotéger l'enfant, de manière générale, entraîne une certaine
inhibition chez lui qui ne l'encourage pas à devenir autonome et indépendant.
L'autonomie « consiste à rompre les liens de dépendance par rapport à l'entourage et à
faire des choix libres.[…] La surprotection empêche l'autonomie, elle maintient l'enfant
dans la dépendance. Chaque geste que l'on fait à la place de l'enfant quand celui-ci à la
possibilité d'agir nuit à son autonomie. »41 Surprotéger l'enfant, c'est ici freiner son
autonomie, ne pas lui laisser la possibilité d'agir seul ce que j'ai d'ailleurs pu constater
lors de l'accueil du matin et du soir en multi-accueil. Souvent, les parents ne sont pas
conscients des capacités de leur enfant. En effet, j'ai pu remarquer un parent arrivant au
moment du gouter de son enfant de 10 mois et être étonné de le voir manger en
saisissant une cuillère seul et la porter à sa bouche. Ce parent dit donner lui-même à
manger à son enfant et ne pas avoir pensé à lui donner une cuillère. L'enfant n'a pas ici
la possibilité d'apprendre à faire par lui même. Autre exemple, lorsque le parent vient
chercher son enfant, il n'est pas rare qu'il habille son enfant alors que celui-ci peut être
en capacité d'agir seul. Ici, l'enfant est sous une forme de dépendance avec laquelle il
peut être en accord, tant l'apprentissage à l'autonomie est ambivalent et complexe. En
effet, dans chaque acquisition, il s'agit pour l'enfant de devoir renoncer à un état
précédent souvent satisfaisant ; Françoise Dolto parlait de « castrations symboligènes ».
Vouloir être autonome pour grandir, se détacher de ses parents est un processus lent et
41 Op cit., DUCLOS Germain, Le sentiment d'infériorité chez l'enfant, l'estime de soi à la rescousse, p. 162.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
30
complexe tant il peut signifier l'abandon et l'insécurité pour l'enfant. Le parent peut
ressentir un besoin excessif de contenance, et aller vers l'autonomie de l'enfant peut être
source d'angoisse, pour le parent, pour le professionnel, mais aussi pour l'enfant.
C'est pourquoi je trouve important, en tant qu'éducatrice de jeunes enfants,
d'accompagner parents et enfants dans ce processus d'autonomisation pour que celui-ci
se passe de façon sereine pour ces deux acteurs. L'attitude surprotectrice de l'adulte peut
ne pas autoriser le processus d'autonomisation de l'enfant. Pour certains parents cela
peut être une manière de refuser de les voir grandir. Quand nous, professionnels et
parents, surprotégeons l'enfant, nous ne lui permettons pas de faire par lui même, de
grandir et de devenir un futur adulte autonome.
3.3 L'autonomie au rythme de l'enfant
J'ai pu montrer la nécessité d'accompagner l'enfant et son parent quand celui-ci a
une attitude surprotectrice, mais nous pouvons également voir que le processus inverse
peut se produire. Quand les parents souhaitent que leur enfant grandisse trop vite et soit
autonome rapidement, cela peut générer de l'angoisse chez l'enfant et de la même façon
freiner ou empêcher le processus. Dans ces deux cas, il est important de rappeler que
l'autonomie doit s'acquérir au rythme de l'enfant et non au rythme imposé par l'adulte.
Prendre un enfant par les mains afin de le faire marcher ou encore lui apprendre
à aller sur le pot pour être propre alors que l'enfant n'est pas prêt ne sont pas des
attitudes favorables pour amener l'enfant à être autonome. En effet, une surstimulation
peut entraîner chez l'enfant un manque de confiance, un certain stress, ainsi qu'un
potentiel retard dans le développement moteur, intellectuel... L'autonomie « se situe
parfois dans le prolongement de l'idée que l'enfant est d'emblée pris dans un « projet de
réussite » qui passe par la précocité ; plus vite il sera autonome, plus ses chances de
réussite seraient garanties. Certains parents (et certains professionnels) essaient ainsi
d'accélérer le processus d'autonomisation, au détriment du sentiment de sécurité
affective indispensable à l'enfant au début de sa vie. »42
Respecter le rythme de l'enfant pour l'amener vers l'autonomie, c'est aussi
trouver le juste milieu pour l'adulte entre faire à sa place et le laisser se débrouiller seul.
Le risque est que l'enfant se trouve en difficulté et n'ait pas la possibilité de demander
42 CONTREPOIS Alain, « Penser l'autonomie », in Métiers de la Petite Enfance n°91, mai 2003, p.17-20.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
31
l'aide de l'adulte. D'où l'importance d'accompagner l'enfant en étant présent à ses côtés,
comme j'ai pu le dire précédemment, et lui préciser que nous sommes là s'il a besoin
d'aide, dans l'idée, comme le souligne Maria Montessori, de lui apprendre à faire seul.
De plus, selon Christine Schul, « l'autonomie déshumanisée ne fabrique que des gestes
automatiques dictés par une invasion de repères et de répétitions qui finissent par
conditionner une autonomie automatique. Un risque réel auquel il faut veiller pour
laisser le temps à tous ces enfants de moins de 3 ans de ne jamais hésiter à demander
de l'aide, ce qui leur montrera les prémices de l'entraide, si précieuse pour les
générations à venir. »43
L'enfant est dans un processus d'autonomisation important au cours des
premières années de sa vie, mais l'autonomie n'est jamais totalement acquise. Ainsi,
nous pouvons apprendre à tout âge, pour renforcer notre savoir, en ayant comme volonté
de progresser mais c'est aussi accepter de remettre en cause nos savoirs, ce que nous
croyions juste jusqu'alors. En effet, « l'autonomie n'est jamais totalement complète et
peut avoir à se reconquérir, parce que nous sommes en partie dépendant de notre
affectivité et de certaines exigences sociales. L'autonomie ce serait encore une manière
de vivre la relation pour ne pas être aliéné à l'autre ou ne pas aliéner l'autre. »44 La
notion d'estime de soi évoquée au cours de ce mémoire, sera alors tout au long de notre
vie une base fondamentale pour un développement harmonieux. Comme le souligne
Germain Duclos dans le titre d'un de ses ouvrages, l'estime de soi peut être définie
comme « un passeport pour la vie ».
Au travers de cette partie de mon mémoire, j'ai souhaité montrer l'importance
d'accueillir et d'accompagner l'enfant dans son processus d'autonomisation pour tendre
vers une bonne image de lui-même, une estime de soi suffisamment bonne. L'autonomie
est un premier pas vers l'estime de soi, processus complexe à soutenir entre pratiques
des parents et des professionnels. C'est pourquoi cette dernière partie va nous permettre
de mettre en lumière les moyens d'accompagner l'enfant, le parent, le professionnel
autour des notions d'autonomie et d'estime de soi.
43 SCHUL Christine, « Une autonomie toujours accompagnée » in Métiers de la petite enfance n°206, février 2014, p.1.
44 Op cit., CONTREPOIS Alain, p. 17-20.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
32
Partie III. L'EJE créateur de lien entre enfant, parent,
professionnel dans le processus d'autonomisation de l'enfant
et dans la construction de son estime de soi
1. Pour un accompagnement des professionnels et une harmonisation des
pratiques autour du processus d'autonomisation de l'enfant
1.1 L'EJE comme coordinateur d'une équipe professionnelle en EAJE pour favoriser
l'autonomie et l'estime de soi du jeune enfant
En EAJE, afin de proposer un accueil et un accompagnement de qualité et
adapté à chaque famille, il est primordial que l'équipe professionnelle s'accorde pour
une harmonisation des pratiques autour de l'enfant. En effet, « la communication entre
parents et professionnels est facilitée si, en premier lieu, une cohérence existe à
l'intérieur de l'équipe et si cette cohérence est rendue visible dans les échanges
quotidiens. »45 Un accordage des pratiques professionnelles doit donc être la base
permettant au parent d'être accueilli et, pour son enfant, de se repérer, d'avoir des rituels
nécessaires à son sentiment de sécurité.
Dans cette démarche, pour accompagner l'enfant vers l'autonomie et acquérir
une bonne estime de soi, accorder nos pratiques est essentiel. Ainsi, en tant
qu'éducatrice de jeunes enfants, je pense que le projet éducatif et pédagogique doit être
rédiger en accord avec l'équipe professionnelle. Dans ces projets, stipuler l'importance
d'accompagner l'enfant vers son autonomie et vers son estime de soi permet à
l'ensemble des professionnels d'avoir la même base théorique et éthique à laquelle se
référer dans leur pratique quotidienne.
Selon l'article R. 180-10 du décret n° 2000-762 du 1er août 2000 relatif aux
établissements et services d'accueil des enfants de moins de six ans : « les
établissements et services d'accueil élaborent un projet d'établissement ou de service
qui comprend les éléments suivants : un projet éducatif pour l'accueil, le soin, le
développement, l'éveil et le bien-être des enfants ; un projet social ; les prestations
45 BLANC Marie-Claude, BONNABESSE Marie-Laure, Parents et professionnels dans les structures d'accueil de jeunes enfants. Enjeux, intérêts et limites des interactions, Rueil-Malmaison, éditions ASH, 2008, p.116.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
33
d'accueil proposées...»46
Le projet éducatif définit les axes et valeurs que la structure veut mettre en
avant. Le projet pédagogique, quant à lui, permet la mise en application du projet
éducatif au quotidien. Nous pouvons voir que « le projet va permettre de bâtir des
alliances éducatives autour de l'enfant »47. Il est une base de fonctionnement avec les
parents. En effet, « la démarche de projet est un outil médiateur qui permet réellement
aux parents et aux professionnels de construire ensemble. »48 Dans cette démarche, les
professionnels sont garants du projet éducatif et pédagogique.
Lors de l'une de mes expériences de stage en multi-accueil, j'ai pu constater que
l'absence de cohésion au sein d'une équipe pouvait avoir un impact sur la qualité de
l'accueil et de l'accompagnement de l'enfant et de sa famille. Par exemple, au cours de
mes observations, j'ai noté qu'un enfant âgé de sept mois était assis par certains
professionnels, alors qu'il ne savait pas s'asseoir. Par d'autres, il était installé, allongé,
sur le tapis de l'espace bébé. Il n'y avait donc un manque de continuité dans les pratiques
professionnelles d'accompagnement de cet enfant. L'absence de repères engendrait chez
ce dernier une difficulté pour se mouvoir en liberté de façon sereine. En effet, avec
certains il était libre de ses mouvements et pouvait agir de façon autonome ; tandis
qu'avec d'autres, il était dans une position qu'il ne maîtrisait pas et ne savait ne pas
comment se mouvoir. Il tombait, ne savait pas se relever : un sentiment d'insécurité
pouvait être généré, ce qui ne permettait pas à l'enfant d'avoir confiance en ses
capacités. L'éducatrice de jeunes enfants, adjointe à la direction, a tenté par diverses
méthodes de sensibiliser les professionnels à l'importance de la motricité libre, et à la
nécessité d'une continuité des pratiques dans l'intérêt de l'enfant. Cependant, les
différents membres de l'équipe n'ont pas été sollicités dans l'élaboration du projet de la
structure. C'est ainsi, il me semble que j'ai pu retrouver dans le projet éducatif des
valeurs concernant l'importance de favoriser l'autonomie du jeune enfant avec une
cohérence autour des pratiques professionnelles mais qui ne semblaient pas être mises
au travail quotidiennement.
46 Disponible sur https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000218271&categorieLien=id, consulté le 10/04/2017
47 Ibid., p. 126.
48 Ibid., p. 124.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
34
C'est pourquoi je pense nécessaire d'informer l'ensemble de l'équipe sur les
valeurs et le sens des pratiques que nous voulons faire ressortir au sein de notre
structure. Ainsi, « au quotidien, les idées et pratiques individuelles des professionnels
continuent de s'exprimer, mais elles s'inscrivent dans ce cadre commun. »49
Dans le projet éducatif et pédagogique, il me semble nécessaire d'inscrire que
nos actions visent à accompagner l'enfant vers l'autonomie pour qu'il puisse construire
une bonne estime de soi. Pour cela, comme j'ai pu le voir dans des EAJE, il me semble
important d'évoquer différentes notions telles que : l'alimentation, le sommeil, la
propreté, l'objet transitionnel, les activités libres/dirigées... Au travers de ces différentes
notions, l'idée est de démontrer l'importance de favoriser l'autonomie chez le jeune
enfant, tout en prenant en considération, l'importance d'une continuité des pratiques
entre son domicile et la structure qui l'accueille. En effet, nous devons répondre aux
besoins des enfants de façon adaptée en fonction du rythme de chacun, en les
accompagnant dans leur singularité au sein de la collectivité dans laquelle ils vivent.
Lors des temps de repas, c'est permettre à l'enfant d'être acteur, le laisser faire
seul, dès lors qu'il en est capable, qu'il puisse faire des choix. C'est aussi ne pas forcer
un enfant à manger, à finir son repas par exemple.
Lors des temps de sommeil, il s'agit de permettre à chaque enfant de dormir en
fonction de ses besoins, d'adapter l'accompagnement vers le coucher, selon la singularité
de chaque enfant. En effet, certains enfants seront autonomes lors du coucher, d'autres le
seront moins. Je pense qu'il est important de favoriser, dans la mesure du possible, un
mobilier permettant l'apprentissage de l'autonomie en ayant des lits près du sol, afin que
les enfants soient autonomes pour le coucher et le lever.
Concernant les changes, il s'agit d'accompagner le soin apporté à l'enfant par une
communication non verbale : par nos gestes, mais aussi par une communication
verbale : par la parole. Par ce biais-là, nous rendons l'enfant acteur de son change et
nous favorisons son autonomie. L'apprentissage de la propreté est quant à elle une
nécessité qu'il faut accompagner sur un long terme. Il s'agit, comme j'ai pu l'évoquer
précédemment, d'attendre que les sphincters de l'enfant soient matures pour lui proposer
le pot. Chaque enfant évolue à son rythme. Il me paraît important d'évoquer cet aspect
pour un accompagnement personnalisé car un enfant immature physiologiquement ne
49 Id.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
35
pourra pas acquérir la propreté à ce moment donné.
L'ensemble de ces paramètres me semblent essentiels pour réaliser un accueil de
qualité de l'enfant et de sa famille. De plus, ils s'avèrent être pertinents dans le projet
éducatif et pédagogique des EAJE, dans le cas où ces derniers sont respectés dans la
pratique quotidienne des professionnels. Je pense que l'EJE peut ici avoir un rôle de
coordination au sein de l'équipe professionnelle, tant il est souvent amené à écrire le
projet de la structure et à encadrer cette dernière.
En EAJE, L'EJE encadre une équipe professionnelle, il doit avoir une
connaissance globale du développement du jeune enfant, doit être en capacité de
favoriser l'autonomie et l'estime de soi du jeune enfant, par le biais de l'écriture du
projet par exemple. Je pense que nous devons également sensibiliser notre équipe à
l'aspect primordial que revêt l'autonomie et l'estime de soi chez le jeune enfant. Pour
cela, les formations peuvent être utiles pour harmoniser nos pratiques, autour des
pédagogies nouvelles comme celle de Montessori, Freinet. Celles-ci prônent
l'autonomie, mais aussi des formations sur la motricité libre, l'activité autonome,
l'importance de l'estime de soi, de l'encouragement de l'enfant par l'adulte, sur le mode
d'intervention de l'adulte notamment.
Au sein de l'EAJE, harmoniser nos pratiques professionnelles peut également se
faire par le biais de livres et d'affiches à disposition de l'ensemble du personnel du
multi-accueil. Par exemple, des livres sur la motricité libre, sur les pédagogies Lóczy,
Montessori, sur l'importance de valoriser l'enfant, peuvent être mis à disposition pour
sensibiliser les professionnels. Autre exemple, des affiches peuvent être exposées dans
la structure, sur le processus d'autonomisation de l'enfant en lien avec son estime de soi.
Au sein du multi-accueil précédemment cité, j'ai évoqué des désaccords dans les
pratiques professionnelles autour de la motricité autonome du jeune enfant. En réponse,
j'ai pu proposer à l'EJE de cette structure de disposer des affiches schématiques50
disponibles sur le site « Bougribouillons », sur le principe de motricité libre. Celles-ci
permettent d'expliquer aux professionnels les enjeux d'une harmonisation des pratiques
pour un développement moteur harmonieux du jeune enfant.
50 Conférer en annexe 2 « La motricité libre expliquée » disponible sur https://bougribouillons.fr/motricite-libre/
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36
1.2 L'accompagnement des assistants maternels en RAM dans le processus
d'autonomisation de l'enfant
L'EJE en RAM doit répondre aux missions que la circulaire de la CNAF du 2
février 2011 (LC n°2011-020) établi autour de deux axes principaux : « 1. Les RAM ont
une mission d’information tant en direction des parents que des professionnels de la
petite enfance. 2. Les RAM offrent un cadre de rencontres et d’échanges des pratiques
professionnelles.»51
- Contribuer à la professionnalisation des assistants maternels :
Dans l'idée de répondre à ces missions, l'animatrice de RAM doit contribuer à la
professionnalisation des assistants maternels dans une démarche de prévention. Les
assistants maternels accueillent à leur domicile les enfants qui leur sont confiés. « Ainsi,
statutairement, les assistantes maternelles sont juges et parties de la qualité du service
qu'elles proposent. Ce sont elles qui fixent une bonne part de leurs règles de travail et
qui décident de leur mode de fonctionnement. »52 Dans ce sens, je pense, que la
sensibilisation des assistants maternels sur le processus d'autonomisation de l'enfant
pour tendre vers l'estime de soi est pertinente dans l'accompagnement quotidien. Nous
pouvons les sensibiliser lors des temps d'animation proposés par le relais, lors des temps
de visite à domicile, mais aussi par des réunions thématiques, des temps de formation
par exemple.
Accompagner les assistants maternels, c'est tout d'abord n'émettre aucun
jugement sur leurs pratiques, mais trouver ensemble des solutions adaptées pour
l'épanouissement de l'enfant afin de répondre à ses besoins. La situation présentée en
RAM53, en première partie, fait émerger l'importance de communiquer avec l'assistante
maternelle d'une manière appropriée. Il s'agit donc en tant qu'animatrice, de ne pas se
voir comme supérieure à elle, mais bien comme deux professionnelles, qui, ensemble,
essayons de répondre au mieux aux besoins de l'enfant, en fonction de là où il est en de
51 Disponible sur : https://www.caf.fr/sites/default/files/caf/631/Documents/Ram_guide_referentiel_14.pdf consulté le 20/01/2017
52 BOSSE-PLATIERE Suzon, Les relais assistantes maternelles : améliorer l'accueil individuel des jeunes enfants ?, Toulouse, éditions Ères, 2010, (première édition 2008), p.31.
53 Emma, sept mois, installée en position assise par son assistante maternelle alors qu'elle ne sait pas s'asseoir d'elle même.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
37
son développement, en trouvant des solutions adaptées.
- Les matinées d'animation au relais :
Dans une démarche de professionnalisation, et pour permettre aux assistants
maternels de bien mesurer l'importance de favoriser l'autonomie et la construction de
l'estime de soi chez l'enfant, les matinées d'animation jouent un grand rôle. En effet,
elles permettent aux assistants maternels de sortir de l'isolement dû à l'exercice à
domicile. Les temps d'échanges entre ces professionnels peuvent leur permettre
d'évoquer leurs préoccupations au sujet de l'autonomie de l'enfant qu'ils accompagnent.
Comme j'ai pu l'expliciter en première partie de mon mémoire, ces temps peuvent
permettre de sensibiliser ces professionnels à l'activité autonome de l'enfant, en
évoquant par exemple la motricité libre.
Lors des matinées d'animation, il me paraît important de favoriser le
développement de l'autonomie de l'enfant, en l'encourageant, et en incitant l'assistant
maternel à faire de même. Ceci permet de valoriser les compétences de l'enfant, pour
qu'il se sente reconnu comme être à part entière. En effet, il a besoin du regard de
l'adulte pour se construire en sachant qu'il compte pour lui. Il me semble donc essentiel,
lors de ces temps d'animation, que les assistants maternels puissent ensemble échanger
sur leurs pratiques, tout en veillant sur les enfants et en restant présents pour eux,
physiquement et psychiquement.
Dans ce contexte, en tant qu'EJE, l'essentiel de notre pratique, lors du temps
d'activité est de laisser l'enfant faire seul, tout en étant présent et vigilant. Ce principe
peut parfois ne pas être pris en compte par les assistants maternels. Certains veulent
ramener la réalisation de l'enfant systématiquement chez eux, afin de le montrer aux
parents. Montrer aux parents leur permet souvent de justifier leur présence aux temps
collectifs proposés par le relais, de témoigner de leur travail. Cet aspect productif va,
selon moi, à l'encontre de l'activité autonome. En effet, cet aspect suggère que l'enfant
est dirigé, vers un objectif à atteindre, délaissant les expériences sensorielles qu'il
pourrait faire. C'est pourquoi, il est important de toujours ramener les assistants
maternels vers la considération des progrès, des expériences faites par l'enfant, de la
valorisation, de l'accompagnement vers une prise de conscience pour l'enfant qu'il est
capable d'agir seul. De plus, autoriser l'enfant à aller à son rythme lui donnera confiance
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
38
en lui et en ses capacités. Lors de temps d'activités, j'ai pu noter que lorsque les
assistants maternels avaient tendance à faire à la place de l'enfant, ou à modifier sa
réalisation afin de la rendre plus désirables à leurs yeux, l'animatrice essayait toujours
d'accompagner ces manifestations et de faire passer un message. Sur un ton
humoristique parfois, selon les assistants maternels, en disant « c'est vous qui faites
l'activité ? Vous voulez faire la même chose que l'enfant ? Si vous voulez je peux vous
en donner une feuille à vous aussi ». Ces échanges informels sont ici une manière de
sensibiliser ces professionnels à l'importance de laisser l'enfant faire seul et de
l'encourager, croire en ses capacités.
Les animateurs de RAM ont aussi pour objectif, je pense, de montrer
l'importance de l'activité spontanée, autonome du jeune enfant. Venir au relais, ce n'est
pas uniquement venir pour que les enfants fassent obligatoirement une activité, une
production. Il me paraît essentiel de lutter contre ce phénomène qui tendrait à laisser
penser que l'enfant est « obligé » de produire quelque chose lors de ces matinées. C'est
pourquoi, lors de mon stage en RAM, une idée d'animation a été pensée par les
animatrices afin de sensibiliser les assistants maternels et les parents à la motricité libre.
Pour cela, lors d'une matinée d'animation dans une salle des fêtes, nous avons aménagé
une grande partie de l'espace en lieu inspiré d'une bougeothèque. La bougeothèque est
un lieu prônant la motricité libre, initiée par la ville de Lambersart dans le Nord de la
France. Les objectifs de cet espace sont de « laisser le jeune enfant bouger en toute
liberté et découvrir ses capacités en prenant confiance en lui, observer ses mouvements
sans intervenir, pour mieux le comprendre. »54 En s'inspirant de cet espace, nous avons
pu créer un espace moteur avec du matériel adapté pour que l'enfant puisse choisir son
jeu, se déplace librement... Nous, professionnels et parents, avons accompagné les
enfants sur ce temps en utilisant nos paroles, notre langage non verbal et nos gestes. A la
fin de ce temps, les assistants maternels ont dit être étonnés de voir les enfants jouer tout
au long de la matinée sans se lasser, et étonnés de voir que les bébés aient pu explorer
autant cet espace. Cette expérience positive pour tous pourra donc être réitérée.
54 DELHON Laetitia, « La bougeothèque, pour une motricité libre », in L'assmat, n°152, octobre 2016, p 39-41.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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- Un lieu ressource :
Le RAM peut être un lieu ressource pour les assistants maternels. En effet, « ce
qui se passe sur le temps au relais, ce qui se vit alors entre adultes et enfants, ce qui est
dit aux enfants, la manière de les prendre en charge, de s'adresser à eux, de se centrer
sur eux, l'intérêt que l'animatrice porte à chacun, tout cela peut, en quelque sorte,
servir d'exemple pour prendre en charge les enfants des autres. Ainsi, toutes les
propositions faites sur ces temps-là sont des « modèles professionnels » pour les
assistantes maternelles... »55. En venant sur ce lieu, j'ai constaté que les assistants
maternels pouvaient échanger, parfois parler et évoquer leurs difficultés. Ils ont aussi la
possibilité de découvrir du nouveau matériel de jeu, de puériculture dont ils n'ont
parfois pas connaissance et dont ils peuvent se saisir dans l'accueil de l'enfant à leur
domicile pour favoriser son autonomie. Par exemple, laisser les bébés sur des tapis
d'éveil assez vastes, en ne mettant pas tous les jeux à côté d'eux, pour qu'ils découvrent
l'environnement qui les entourent. En effet, les enfants désireux de saisir ces objets,
paraissant lointains, vont devoir faire de nouvelles expériences pour les atteindre. Cela
va les inciter à se retourner du dos sur le ventre, ramper, faire du quatre pattes, selon
leur stade de développement. Ceci leur permet d'aller vers plus d'autonomie. Je pense
qu'il est important par le biais de jeux, de l'aménagement de l'espace, de réfléchir avec
les assistants maternels, à la façon dont il est possible d'accompagner l'enfant vers plus
d'autonomie.
Répondre aux besoins d'autonomie de l'enfant réside, comme dit précédemment
dans ma partie présentant l'accompagnement des professionnels, sur l'importance de
favoriser l'autonomie de l'enfant dans les gestes quotidiens : lors des temps de repas,
change, sieste, activités...
Les assistants maternels obtiennent l'agrément leur permettant d'exercer par la
Protection Maternelle Infantile du département, ainsi que le nombre d'enfants qu'ils
peuvent accueillir ; mais en ce qui concerne les conditions d'accueil du jeune enfant à
leur domicile, ils sont libres de mettre en place les projets qu'ils souhaitent autour de
l'enfant. C'est pourquoi, il peut être intéressant qu'ils puissent avoir un livret d'accueil,
afin de pouvoir présenter les valeurs qu'ils défendent et leurs pratiques pédagogiques
aux parents. En tant qu'animateur de RAM, développer ce livret d'accueil permet de
55 Ibid., BOSSE-PLATIERE Suzon, p. 177.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
40
contribuer à la professionnalisation des assistants maternels. Lors d'un de mes stages en
RAM, j'ai assisté à une réunion de réseau des relais du département où il était question
de réfléchir, entre animateurs de RAM, à la manière dont pourrait se constituer ce livret,
afin qu'il puisse être un outil de travail auquel les assistants maternels et parents
pourraient se référer pour accompagner l'enfant. Ce livret peut mettre en évidence la
démarche de l'assistant maternel et ses valeurs vis à vis du sommeil, de l'alimentation,
des activités, points clés dans l'accompagnement d'un bon développement chez l'enfant.
Cela permettrait aussi au travers de ces notions, d'évoquer l'importance du processus
d'autonomisation, processus dont les assistants maternels ont connaissance, mais qui
peut paraître abstrait dans l'accompagnement quotidien du jeune enfant, tant ils peuvent
être confrontés à des habitudes ancrées et parfois ne pas pouvoir se remettre en
question. Or, il est nécessaire de se former tout au long de notre vie afin de faire évoluer
nos pratiques professionnelles sachant notamment que l'autonomie est un principe
fondamental dans le développement du jeune enfant.
En accompagnant les assistants maternels dans le processus d'autonomisation
vers une estime de soi de l'enfant, il ne faut pas oublier qu'une continuité des pratiques
éducatives du domicile de l'enfant au domicile de son assistant maternel doit être
présente. En prenant également en compte, que chaque enfant progresse à son propre
rythme, l'autonomie de l'enfant demande alors d'être accompagnée de façon singulière
comme je vais le préciser ci-dessous.
2. Accueillir l'enfant dans son processus d'autonomisation et sa
construction de l'estime de soi en structure collective...
1.1 Amener l'enfant vers une activité autonome
Pour amener l'enfant à être autonome en EAJE, comme dit précédemment, il est
nécessaire de mener un travail d'équipe, afin de penser, réfléchir ensemble autour de
cette notion centrale du développement de l'enfant. Les projets éducatif et pédagogique
font ressortir les valeurs des professionnels sur la notion d'autonomie et d'estime de soi
et doivent alors être appliqués quotidiennement. Pour cela, au sein d'une collectivité, je
considère que l’accompagnement doit être fait en prenant en considération
l’individualité de chaque enfant, et doit être personnalisé pour répondre au mieux aux
besoins de chacun.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
41
Au quotidien, je pense que les temps individuels avec l'enfant sont à privilégier,
tout en gardant à l'esprit que le groupe est aussi nécessaire à l'enfant pour construire sa
personnalité et son autonomie. Lors des temps de change, de repas, de sommeil, une
relation duelle peut s'instaurer permettant de prendre en considération l'enfant comme
un être unique acteur de son développement doté de capacités. Lui laisser la possibilité
d'intervenir lors de ces temps, c'est le laisser s'exprimer, et pour nous c'est entrer en
relation avec lui. Une écoute, une attention, une disponibilité de la part de chaque
professionnel, permet alors une nécessaire prise en considération de l'enfant.
Les temps en groupe sont également nécessaires pour l'enfant. Il apprend de ses
pairs au quotidien et se confronte à eux pour progressivement développer sa
personnalité, il prend peu à peu conscience de lui-même. Je pense alors que la taille et
l'âge du groupe influe sur le comportement de l'enfant. L'âge du groupe influe dans le
sens où, comme dit précédemment dans mon mémoire, les groupes inter-âges
permettent aux plus grands d'aider les plus petits, de les encourager dans les actes du
quotidiens. Pour les plus petits, cela leur permet d'apprendre des plus grands, de les
imiter, en vue de devenir autonome. De plus, je pense qu'au sein des EAJE, il est
essentiel que l'enfant ait la possibilité de rencontrer, jouer, évoluer au sein du groupe. La
taille de ce dernier revêt donc un caractère important : un petit groupe permet de mieux
répondre aux besoins de chaque enfant. Accompagner l'enfant au sein d'un plus petit
groupe que celui dans lequel il évolue au quotidien, permet une rencontre plus apaisée
entre enfants. Pour nous professionnels, ces temps peuvent nous permettre
d'accompagner l'enfant vers l'autonomie de manière plus individualisée, en observant où
il en est de son développement moteur, intellectuel, cognitif, émotionnel et nous
pouvons alors ajuster nos pratiques dans l'intérêt de l'enfant.
En EAJE, j'ai pu remarquer que les temps de jeux occupent une majeure partie
de la journée de l'enfant. Le positionnement de l'adulte me semble alors à prendre en
considération. « La place et la visibilité des adultes pour les enfants sont un régulateur
puissant de la répartition des enfants dans l'espace et des interactions qu'ils pourront
développer. Les adultes sont comme des « phares ». »56 Par ailleurs, parce que l'enfant a
besoin de se sentir regardé quand il joue, nous devons être présents physiquement et 56 FONTAINE Anne-Marie, « Adultes-Enfants-Espaces de jeu » in L'accueil en crèche de CYRULNIK Boris, RAMEAU Laurence, éditions Philippe Duval, 2011, p.49-50.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
42
psychiquement afin qu'il se sente en sécurité et reconnu. En effet, l'interaction que nous
avons avec l'enfant a toute son importance dans le développement de l'autonomie. Les
mots utilisés, l'intonation de notre voix, notre gestuelle, vont tendre vers la valorisation
de l'enfant ou sa dévalorisation et en lien une construction de l'estime de soi positive ou
négative. L'adulte disant à l'enfant qu'il n'est pas capable, qu'il va tomber, qu'il va se
faire mal, qui se précipite à ses côtés par peur, ne lui donne pas confiance en ses
capacités. Au contraire un adulte valorisant l'enfant, en lui disant qu'il peut y arriver, que
ce qu'il fait est bien, qu'il va réussir, va lui permettre de croire en lui : son estime de soi
sera alors positive. De cette manière, j'ai pu me rendre compte que le poids des mots a
un rôle sur un développement de l'enfant et que nous devons y porter une attention
particulière pour accompagner le développement harmonieux et positif de l'autonomie
et de l'estime de soi de l'enfant.
1.2 Un aménagement pour aller vers l'autonomie
Nous savons que « l'enfant qui suit son rythme propre et fait ses propres
expériences, parvient de lui-même, à s'asseoir, se mettre debout, marcher, jouer, parler,
réfléchir..., car ces capacités sont inscrites dans son potentiel génétique. La
responsabilité de l'adulte est alors de mettre à sa disposition un environnement qui
permettra à ses potentialités d'émerger et de se développer. »57 Dans ce sens, en EAJE,
je trouve important de réfléchir à l'aménagement de l'espace pour permettre à l'enfant de
devenir autonome. Le mobilier, les jeux doivent faciliter l'activité autonome.
Les enfants, ayant acquis la marche doivent, je pense, pouvoir accéder à leurs
porte-manteaux, à leurs casiers de façon autonome pour pouvoir apprendre à faire seuls.
Si ce matériel n'est pas adapté comme j'ai pu le voir dans une structure, l'enfant sera
dépendant de l'adulte. Ce dernier lui donnera alors son manteau et aura sans doute plus
tendance à lui montrer comment faire, plutôt que laisser l'enfant s'en saisir à sa manière.
J'ai observé également l'importance de laisser à disposition les jeux pour que l'enfant
apprenne à s'en saisir. Ceux qui ne sont pas à la libre disposition de l'enfant, et donc
initiés par l'adulte, rendent ce dernier dépendant au contraire d'une activité libre et
spontanée.
L'espace de jeu doit être aménagé pour accueillir l'ensemble des enfants, des 57 RASSE Miriam, « Emmi Pikler, un autre regard sur l'enfant », in Métiers de la Petite Enfance, n°127, Mars 2007, p. 32-33.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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bébés jusqu'au plus grands, ceux prêts à rentrer sous peu à l'école maternelle. Ces
espaces doivent répondre à des normes d'hygiène, de sécurité mais aussi contenir du
matériel adapté. Différents espaces de jeu sont à définir pour répondre aux besoins de
l'enfant en fonction du stade de développement auquel il se trouve et en fonction de son
âge (comme dit précédemment en partie II 1.4). Ces espaces ont pour but de permettre
aux enfants de se retrouver en groupe plus restreint, dans l'idée où tous les enfants ne
convoitent pas un même jeu au même moment, mais aussi de favoriser la
communication entre eux, à des âges où les enfants ne sont pas encore en capacité
d'interagir avec beaucoup de leurs pairs en même temps.
Ces espaces doivent être aménagés avec des meubles permettant aux enfants de
voir l'adulte les regarder. Un espace caché avec des meubles hauts par exemple, ne
saurait attirer l'œil de l'enfant même si les jeux présents étaient susceptibles de
l'intéresser, car il ne se sentirait pas en sécurité. En effet, l'enfant a besoin pour se sentir
en sécurité de voir l'environnement qui l'entoure et les adultes. Notons que « tout
meuble qui dépasse le visage des enfants […] est une barrière visuelle équivalente à
des cloisons de un mètre soixante ou plus pour des adultes. »58
Selon Anne-Marie Fontaine, « les enfants sont en petits groupes, avec un adulte
et du matériel précis en quantité suffisante (pâte à modeler, dessin, etc...). Tous les
paramètres du système « Adultes-Enfants-Espace de jeu » sont au vert : petit nombre
d'enfants, adultes très proches et disponibles, matériel identique pour chacun. Résultat :
intérêt, interactions positives avec l'adulte et entre enfants, pas ou peu de conflits. »59
Ainsi, l'accompagnement des enfants vers l'autonomie et l'estime de soi sera facilité si
ces paramètres sont respectés en EAJE. Je pense essentiel que les enfants aient du
matériel en quantité suffisante pour qu'ils puissent faire leurs propres expériences,
acquérir une certaine autonomie au fil d'explorations variées en fonction des différents
stades de leur développement, différents d'un enfant à un autre.
Par le jeu « l'enfant peut s'autoriser sans risque à ne dépendre que de lui-même.
D'où l'importance de mettre à disposition des enfants, des objets, des jouets, du
58 CYRULNIK Boris, RAMEAU Laurence, L'accueil en crèche, éditions Philippe Duval, 2011, p. 49.
59 Ibid., p. 56.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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matériel, vers lesquels il décidera ou non d'aller, qu'il choisira lui-même... »60 J'en
conclus alors qu'il est essentiel d'encourager l'enfant à faire des choix, à expérimenter,
encourager les initiatives qu'il prend, en le respectant et en le sécurisant par notre
présence.
Accueillir l'enfant et favoriser l'apprentissage de l'autonomie chez l'enfant et son
estime de soi en EAJE, c'est prendre en considération que l'enfant n'est pas seul mais
fait partie d'un système singulier. Nous accompagnons l'enfant tout comme ses parents,
comme je vais l'expliquer maintenant.
3....C'est aussi accueillir et accompagner ses parents
3.1 Assurer une cohérence éducative dans l'intérêt de l'enfant vers son autonomie et son
estime de soi
Le décret d’août 2000 reconnaît la place du parent au sein des EAJE en termes
de coéducation. Les parents et les professionnels doivent donc « construire ensemble
autour de l'enfant un environnement à la fois sécurisant et socialisant. La coéducation
demande de passer de la domination à la mutualisation... »61
Pour construire ensemble autour de l'enfant, je pense qu'il faut prendre en
compte l'histoire de vie de chaque famille. Différents paramètres entrent en ligne de
compte, à savoir : son mode de vie, son fonctionnement, ses valeurs éducatives. En
effet, tout parent est porteur de son histoire. Nous nous devons alors, au quotidien, de
valoriser son sentiment de compétence parentale car nous savons qu'« être parent n'est
pas un métier. [...] Être parent c'est marcher à l'intuition, c'est donc être capable de se
faire confiance et en même temps de se remettre en cause. »62
Accueillir le parent au sein d'un EAJE, c'est tout d'abord assurer une continuité
des pratiques éducatives du domicile de l'enfant au lieu d'accueil pour une prise en
charge de qualité et pour tendre vers un processus d'autonomisation nécessaire à tout
individu.
60 Op cit., CONTREPOIS Alain p. 17-20.
61 Op. Cit., BLANC Marie-Claude, BONNABESSE Marie-Laure, p.115.
62 LIAUDET Jean - Claude cité par DUCLOS Germain, L'estime de soi, un passeport pour la vie, Montréal, éditions du CHU Sainte-Justine, coll. Pour les parents, 2010. p.201.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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Assurer une cohérence éducative dans l'intérêt de l'enfant c'est laisser le parent
faire ses choix concernant par exemple, la diversification alimentaire, les choix éthiques
concernant leur culture, l'acquisition de la propreté, du sommeil, dans une démarche
d'autonomisation. Nous devons assurer une continuité en sachant ce que les parents
pratiquent chez eux. Dans un multi-accueil où j'ai effectué un de mes stages, j'ai pu
accompagner un enfant lors des temps de sieste de façon singulière. En effet, cet enfant
âgé de 18 mois, avait besoin d'une certaine contenance afin de s'endormir. J'ai pu mettre
en place un rituel suite aux difficultés d'endormissement de cet enfant dans la structure.
La mère de ce dernier m'avait fait part, ainsi qu'au reste de l'équipe, du fait qu'elle
endormait son enfant dans ses bras avant de le poser dans son lit. Nous avons alors
reproduit les pratiques des parents dans un but de continuité. Au début, ce rituel a créé
une certaine dépendance chez l'enfant, car il avait besoin de la proximité physique de
l'adulte pour se sentir en sécurité. Puis, progressivement l'enfant a trouvé le sommeil
seul. Cette démarche l'a amené vers plus d'autonomie de façon échelonnée au rythme de
l'enfant.
La limite de l'accompagnement pouvant être proposé pour favoriser l'autonomie
du jeune enfant peut résider dans le fait que les parents ne peuvent pas aller à l'encontre
du projet de la structure. Ainsi, les valeurs que nous défendons au sein de
l'établissement, doivent être acceptées par les parents. Autour de l'apprentissage de la
propreté, comme j'ai pu le dire, il est important de respecter le rythme de chaque enfant.
De ce fait, un parent qui souhaite que son enfant soit propre, et qui l'oblige à aller sur le
pot, peut engendrer en réaction chez l'enfant un blocage. En tant que professionnel,
l'idée est d'accompagner le parent en l'informant des pratiques de la structure sur cette
notions, mais aussi lui donner des clés sur l'acquisition de la propreté pour que le
processus d'autonomisation de l'enfant ne soit pas brusqué.
3.2 Les moyens mis en œuvre pour accompagner le parent au quotidien
- Le temps d'adaptation :
Une écoute respectueuse et réciproque de la part des parents et de l'équipe de la
crèche permet je pense ici aussi d'établir une relation de confiance. La période
d'adaptation, premier accueil de l'enfant mais aussi de sa famille, est une phase où
l'équipe fait connaissance avec le parent et avec son histoire. Ce moment est essentiel
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
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dans ce qu’il comporte de fragilité à un moment où le parent a besoin d'être écouté afin
de se sentir rassuré et ainsi laisser son enfant sans crainte dans la structure. Pour l'enfant
et son parent, c'est une réelle séparation qu'il faut accompagner en étant à l'écoute,
disponible, attentif pour répondre au besoin du parent et de son enfant.
Les parents et les professionnels qui instaurent une relation de proximité,
instaurent également une relation de confiance. Cette confiance se retrouve dans
l'accueil du parent par les professionnels. Accueillir c'est en effet « nommer la ou les
personnes qui arrivent, les reconnaître en tant que sujet à part entière. Le professionnel
introduit le parent dans sa relation à l'institution. »63 Je pense qu'il est important que les
parents se sentent en sécurité dans la structure accueillant leur enfant. Pour cela, je
porterais le fonctionnement à leur connaissance. Mon objectif est alors de favoriser un
lien de confiance. De ce fait, les parents se sentent acceptés et alors en confiance pour
nous parler de leur histoire et de leurs habitudes sans être jugés.
- Les temps de transmissions :
Le moment des transmissions quotidiennes, lors de l'accueil de l'enfant, est
également à ne pas négliger. C’est à partir de cette confiance établie avec chaque famille
que celles-ci se sentent considérées par l'équipe dans leur singularité. Ils sont à la base
de l'accueil dans la structure. Le matin, un professionnel vient à la rencontre du parent
afin de recueillir les informations sur l'enfant, afin de savoir s'il va bien et s'il y a un
élément particulier à signaler. Le soir un membre de l'équipe raconte la journée de
l'enfant au parent.
« Moment quotidien de discussion, d'échanges avec les familles, les
transmissions apparaissent en effet comme un outil important, si ce n'est principal,
pour l'accompagnement à la parentalité. »64 Les transmissions nous servent en tant que
professionnels à informer les parents sur ce que leur enfant vit à la crèche au quotidien
et inversement. Les parents nous donnent également des informations sur leur enfant,
afin de répondre au mieux à ses besoins au sein de la structure. Un accompagnement
plus spécifique selon la singularité de chaque famille peut être proposé dans l'intérêt de
63 Op cit., BLANC Marie-Claude, BONNABESSE Marie-Laure, p.122.
64 HIRN Frédérique, Éduquer avec bienveillance, outils et pièges de la relation parents-professionnels, Savigny-sur-Orge, éditions Philippe Duval, 2016, p. 95.
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l'enfant, pour répondre à ses besoins et lui permettre de se sentir bien au sein de la
collectivité et pouvoir y poursuivre son développement de manière autonome.
- Les temps individuels :
Les temps individuels permettent de prendre en considération le parent de
manière singulière. En recevant le parent de cette manière, nous lui permettons
d'exprimer ses ressentis, ce qu'il a envie de nous faire partager pour accueillir au mieux
son enfant dans notre structure. Revenons à l'exemple de cet enfant n'arrivant pas à
dormir au multi-accueil où un rituel a été mis en place dans un travail de collaboration
avec le parent. Dans cette situation, la mère ne nous avait pas fait part dans un premier
temps de cette méthode d'endormissement lors des temps de transmissions. C'est lors
d'un de ces temps de rencontre que nous avions proposés à cette maman la possibilité de
prévoir un rendez-vous pour parler du sommeil de son enfant qui la préoccupait. De
cette manière, le parent peut se sentir plus « libre » de nous parler de ses habitudes,
sachant que lors des transmissions les enfants sont présents, ainsi que d'autres parents ce
qui peut freiner la communication entre nous. Or, pouvoir recevoir le parent de manière
individualisée, c'est aussi une façon de personnaliser l'accueil de son enfant, afin de
l'amener vers son autonomie en prenant le temps nécessaire car chaque enfant évolue à
son propre rythme.
- L'implication des parents :
Impliquer les parents dans la vie d'une structure, c'est les amener à partager des
moments de vie. Cette démarche peut rassurer le parent en connaissant ainsi
l'environnement dans lequel évolue son enfant au quotidien. Au sujet du processus
d'autonomisation dans lequel il se trouve, le parent peut voir ce qui est mis en œuvre par
l'équipe professionnelle. C'est également une manière de comprendre le projet de la
structure, quand celui-ci est fondé sur des bases pédagogiques spécifiques comme ceux
s'inspirant de la pédagogie Lóczy par exemple.
Le parent peut s'impliquer de différentes manières dans la vie de la structure.
Ainsi, dans la situation d'Anne65 évoquée précédemment se déroule dans un multi-
accueil associatif à gestion parentale où j'ai pu voir la relation de proximité tissée avec 65 Anne, 3 ans, accueillie au sein d'un multi-accueil associatif à gestion parentale, où un travail de collaboration a été fait entre sa maman et l'équipe professionnelle.
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les parents. Les parents sont acteurs dans la vie du multi-accueil, ils peuvent participer
à des commissions, comme par exemple le bricolage, l'intendance, des festivités, la
décoration... Cette organisation donne une réelle place aux parents : ils en sont acteurs,
partagent leurs compétences, s'impliquent dans la vie de la structures et poursuivent
l'accueil des enfants. Ils créent une relation de confiance utile au lien social.
Autre exemple, me permettant de voir l'importance de l'implication des parents
dans les structures. En école Montessori, les parents pouvaient venir observer comment
leur enfant évoluait au sein du groupe, dans son travail. Cette démarche participative
entre parents et professionnels permet une observation partagée de l'enfant. Ainsi,
lorsque l'enfant se retrouve en difficulté, ne prenant pas d'initiatives, restant dépendant
de l'adulte accompagnant, n'a pas confiance en ses capacités, il peut être intéressant de
confronter nos points de vue de professionnels à celui des parents afin de répondre de
façon adaptée aux besoins de l'enfant pour qu'il tende vers son autonomie et une estime
de soi.
Je pense que dans notre relation au parent, il est essentiel d'être disponible et à
l'écoute. « La disponibilité permet à l'autre de se sentir reconnu, considéré en tant que
sujet. »66 Une écoute non jugeante mais accompagnante est primordiale dans l'accueil
du jeune enfant et de sa famille. Je qualifierai d'écoute non jugeante, la réception de ce
que dit le parent en le respectant, en prenant du recul sur ce qu'il est en train de nous
dire, de manière à ne pas émettre une forme de subjectivité. Être accompagnante, c'est
selon moi recevoir les émotions des parents et de son enfant au quotidien, répondre à
leurs besoins.
66 Ibid., p. 27.
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Conclusion
Au travers ce travail, j'ai voulu mettre en évidence la nécessité d'accompagner
l'enfant vers l'autonomie et l'estime de soi, qui tendront à faire de l'enfant un adulte
responsable, conscient de ses capacités, détenant une image positive de lui même.
La complexité de ce processus réside dans nos attitudes qui vont tendre à
favoriser l'autonomie de l'enfant ou qui vont au contraire le rendre dépendant. De plus,
la façon dont nous accompagnons l'enfant psychiquement et physiquement va influer
sur le développement de son estime de soi, cette dernière prendra alors une valence
positive comme négative.
L'estime de soi, en construction chez le jeune enfant, repose sur l'attachement et
quatre constituants vus comme des piliers : le sentiment de sécurité et de confiance, la
connaissance de soi, le sentiment d'appartenance, le sentiment de compétence. En tant
qu'éducatrice de jeunes enfants, je pense qu'il est nécessaire d'avoir connaissance des
bases de l'estime de soi afin de la favoriser, de tendre à la construire avec l'enfant dans
une relation de coéducation avec ses parents.
Au quotidien, « favoriser l'autonomie, c'est donc rendre possible et même
favoriser ces possibilités d'initiatives, ces prises de décisions, ces choix de l'enfant, qui
vont permettre peu à peu l'émergence de la « conscience de soi »[...]. Cela implique la
présence rassurante d'un adulte, que celui-ci soit attentif à ce qu'exprime l'enfant... »67
Ce mémoire m'a permis de comprendre l'enjeu de l'autonomie pour le jeune
enfant lié à la construction de l'estime de soi, avec tous les composants autour qui ne
rendent pas toujours cette acquisition facile ; à savoir, au travers de pratiques
éducatives, de valeurs différentes véhiculées par parents, professionnels de la petite
enfance qu'il est nécessaire d'harmoniser dans l'intérêt de l'enfant.
67 Op. Cit., CONTREPOIS Alain, p.17-20.
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Devenir autonome pour l'enfant, consiste à se détacher progressivement de ses
parents, une démarche difficile, entre surprotection et désir qu'il grandisse vite pour ces
derniers. C'est pourquoi en tant qu'éducatrice de jeunes enfants, mon rôle est
d'accompagner chaque famille et chaque enfant de manière individualisée pour répondre
au mieux aux besoins du parent comme celui de son enfant. C’est aussi porter une
attention singulière à l’histoire de chacun, à son vécu émotionnel, sans perdre de vue
qu’il s’agit pour nous, d’être du côté de l’enfant pour lui permettre un développement
harmonieux et apaisé.
VALEYE Stéphanie Mémoire professionnel DEEJE 2017
Bibliographie
Livres
BLANC Marie-Claude, BONNABESSE Marie-Laure, Parents et professionnels dans
les structures d'accueil de jeunes enfants. Enjeux, intérêts et limites des interactions,
Ruel-Malmaison, éditions ASH, 2008, p. 115, p. 116, p. 122, p. 124, p. 126
BOSSE-PLATIERE Suzon, Les relais assistantes maternelles : améliorer l'accueil
individuel des jeunes enfants ?, Toulouse, éditions Ères, 2010, (première édition 2008),
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CYRULNIK Boris, RAMEAU Laurence, L'accueil en crèche, éditions Philippe Duval,
2011, p. 49-50, p. 56.
DAVID Myriam, 0 à 2 ans, Vie affective et problèmes familiaux, Paris, éditions Dunod,
1998, (première édition 1960), p. 71, p.89-90
DAVID Myriam, APPELL Geneviève, Lóczy ou le maternage insolite, Toulouse,
éditions Eres, collection Mille et un bébés, 2015, p. 56, p. 57, p.58, p.61, p.94.
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CHU Sainte-Justine, collection pour les parents, 2010, p. 20-21, p. 26, p.95, p. 105, p.
151-152, p.163, p.201.
DUCLOS Germain, Le sentiment d'infériorité chez l'enfant, l'estime de soi à la
rescousse, Montréal, éditions du CHU Sainte-Justine, collection pour les parents, 2014,
p. 162.
FERLAND Francine, Le développement de l'enfant au quotidien de 0 à 6 ans, Montréal,
éditions du CHU Sainte Justine, collection pour les parents, 2014, p. 143.
GOLSE Bernard, Le développement affectif et intellectuel de l'enfant, Paris, éditions
Masson, 2001, p.144.
HERONT Yveline, Graines d'Hommes, Observer et accompagner l'enfant de 0 à 3 ans
dans une motricité libre, Gap, éditions Le Souffle d'Or, 2014, p.129.
HIRN Frédérique, Éduquer avec bienveillance, outils et pièges de la relation parents-
professionnels, Savigny-sur-Orge, éditions Philippe Duval, 2016, p. 27, p.95.
PINELLI Anna, Porter le bébé vers son autonomie, Toulouse, éditions Eres, collection
Mille et un bébés, 2015, (première édition 2004), p. 14-15, p. 19, p. 28, p. 79-80.
OPEZZO Emmanuelle, Vivre la pensée Montessori à la maison, Vanves, éditions
Hachette Livre (Marabout), collection Marabout Family, 2014, p. 27.
Articles
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mai 2003, p.17-20.
DELHON Lætitia, « La bougeothèque, pour une motricité libre », in L'assmat, n°152,
octobre 2016, p 39-41.
LAMOTTE Christine, « L'estime de soi, un tremplin pour l'avenir », in Métiers de la
Petite Enfance, n°121, Juillet - Août 2006, p.20.
RASSE Miriam, « Emmi Pikler, un autre regard sur l'enfant », in Métiers de la Petite
Enfance, n°127, Mars 2007, p. 32-33.
SCHUL Christine, « Une autonomie toujours accompagnée » in Métiers de la petite
enfance n°206, février 2014. p.1.
MILOVANOVIC Daliborka, « La pédagogie dite scientifique de Maria Montessori et
ses limites », in Grandir autrement, Septembre-octobre 2015, p.31.
Sitographie
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https://www.caf.fr/sites/default/files/caf/631/Documents/Ram_guide_referentiel_14.pdf,
consulté le 20/01/2017
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?
cidTexte=JORFTEXT000000218271&categorieLien=id, consulté le 10/04/2017
http://www.pikler.fr/Annexes/Emmi_Pikler_Loczy/Emmi_Pikler/La_motricite_libre,
consulté le 20/03/2017
Annexe 1« Tableau de la motricité libre selon les principes de la pédagogie Lóczy »
Annexe 2« La motricité libre expliquée »
VALEYE Stéphanie 2017
Mémoire professionnel en vue de l'obtention
du Diplôme d’État d'Éducateur de Jeunes Enfants
L'autonomie comme premier pas vers l'estime de soi :
Un processus en construction à favoriser durant la petite enfance
Résumé :
L'enfant est un être dépendant de sa figure d'attachement à la naissance, mais ce dernier va progressivement acquérir une attitude autonome, nécessaire pour grandir. Parents et professionnels de la petite enfance se doivent de favoriser ce processus d'autonomisation au quotidien dans une relation de co-éducation.
Favoriser l'autonomie du jeune enfant, c'est aussi l'amener vers son estime de soi. Ainsi, la complexité de ce processus réside dans nos attitudes qui vont tendre à favoriser l'autonomie de l'enfant ou qui vont au contraire le rendre dépendant. De plus, la façon dont nous accompagnons l'enfant psychiquement et physiquement va influer sur le développement de son estime de soi, cette dernière peut tendre vers une valence positive comme négative.
Pour répondre à cette problématique, je propose, dans ce mémoire, de définir l'autonomie et l'estime de soi, afin de comprendre l'importance de favoriser ces processus chez l'enfant au quotidien. Par le biais de situations rencontrées en stage, ce mémoire met en évidence l'importance de laisser l'enfant faire seul, réitérer ses expériences ainsi que lui apprendre à s'estimer. Un accordage des pratiques professionnelles est alors nécessaire en relation de co-éducation avec les parents pour rendre l'enfant acteur de son développement afin qu'il puisse devenir un être autonome ayant une bonne estime de lui-même.
Mots clés : Autonomie, estime de soi, jeune enfant, activité autonome, Montessori, Loczy, co-éducation
POLARIS Formation n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.