8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
1/14
LE
TEMPS,
IMAGE
DE
L'ÉTERNITÉ,
CHEZ PLOTIN
La
formule
«
Le
temps
est
l'image
de l'éternité
»
apparaît
dès les
premières
ignes
du traité
de Plotin
Sur
V ternile
l le
temps1.
Plotin a rattache
ux
diresdes
«
anciens
t bienheureux
hilosophes
sans citernommément
laton.
Il
la rattache
ussi
à
la
pensée
spon-
tanée
qui
aperçoit
d'emblée
e
temps
t l'éternité
omme
des
réalités
différentesla premièrest iée
au
sensible,
a seconde
l'intelligible.Cette rencontrentre a
pensée
spontanée
t le discoursdes anciens
permetd'adopter
cette
formule
omme
point
de
départ
et de
fixer
la méthode
qui
sera
mise en
œuvre
dans
le traité.
Connaître
une
réalité omme
mage,
c'est la saisir
dans
son
rapport
vec
le
modèle
dontelle est
'image.
l
est
donc
ndispensable
e
connaître
e
modèle
pour
saisir
l'image
comme
telle. C'est
pourquoi
il
convient
de
commencer
par exposer
ce
qu'est
l'éternité,
i
l'on
veut
savoir
ce qu'est le temps.Ce plan est déjà une prise de positionméta-
physique.
Plotin
opte
pour
une
tradition
u'il
faut
sans
doute
rat-
tacher
à
Platon,
mais
qui,
par-delà
Platon,
remonte
Parménide.
Celui
qui
ne
commence
pas par
se
situer
au
plan
de
la
vérité
ne
pourra
progresser
ans
la
connaissance.
Celui
qui
a
parcouru
le
chemin e
la vérité
pourra
ussi
donner
ens au
discours
ue
les
mor-
tels
articulent
concernant
es réalités
sensibles.
Il
est
impossible
d'allerpar un chemin ontinudu sensible l'intelligible,ar l'intel-
ligible
n'est
pas
une
«
promotion
du
sensible,
l est
d'une
autre
1.
Ennéades,
II,
8;
nos
citations
ont
empruntées
la
traduction
e
Bréhier,
dans
son édition
es
Ennéades,
hez Budé.
Revue
philosophique,
°
2/1982
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
2/14
406
Monique Lassègue
nature,
l
est
transcendant.
ourtant,
la fin
u
premier
hapitre
de sontraité, lotin voqueuneautreméthode aller, râce la
réminiscence,
u
temps
l'éternité.
ourquoi
ette
méthode,
lato-
nicienne
ans
es
termes,
st-elle
résentée
n second
ieu,
ssortie e
conditions ans
lesquelles
lle
serait
nopérante
La
première
condition,
a
réminiscence,
voque
e
Banquet
e
Platon
où,
sous
la
conduite e
Diotime,
ui
sait e
vrai,
ocrate 'élèvedes
réalités
sensibles
usqu'à
la
vision u
Beau. Ainsi
ette
méthode
xige-t-elle
un guidequi connaissee modèle ntelligible,ncorey a-t-ilun
risque
'échec
ont
Diotime
ait tat
plusieurs
eprises.
ne
autre
condition
our
u'on
puisse
nvisager
'allerdu
sensible
l'intelli-
gible,
c'est
qu'il y
ait
en
effet n
rapport
ntre
ux.
Comment
s'en
assurer,
inon
n
parcourant
e chemin
nverse,
elui
ui
va du
modèle
l'image
Enfin,
supposer
ue
'on
it
réussi
remonter
u
sensible
l'intelligible,
our
saisir
'intelligible
omme
modèle,
l
fautencore uivre e chemin ui va du modèle l'image.Ontrouve
ncore
ne
remarque
e
méthode
u
chapitre
II du
traité.
Après
voir
achevé son
étude
de
l'éternité,
lotin
crit
«
Jusqu'ici
ous
ommes
montés,
maintenantl
faut
descendre...i
nous
voulons
avoir
omment
n
peut
être
la
fois
dans
e
temps
et
dans
'éternité,
l
faut
d'abord
rouver
e
temps
2.
I
ne
s'agit
pas
pourtant
e
changer
e
méthode t
de
partir
u
temps.
ette
phrase
ntroduit
'examen
e
thèses roposées arlesphilosophesantérieursur e
temps,
hèses
ue
Plotin
ejette.
ussi,
es
analyses
doxographiqueschevées,
lotin
evient-il,
u
début
u
chapitre
I,
à
la
vraie
méthode,
car
nous
ne
cherchons
as
ce
que
le
temps
n'est
pas,
mais e
qu'il
est
,
pour
ela l
faut
revenir
l'éternité
8.
Ainsi
'est bien
de
l'éternité
u'il
faut
partir
our
dire
e
qu'est
le
temps
n
vérité.
Nous
nous
proposons ci,
en
supposant
connue
l'éternité,d'étudieromment'opèrea genèse utemps.Celuiqui a compris
cette
genèse
attachee
temps
son
modèle
t
comprend
u même
coup que
le
temps
st
bien
'image
de
l'éternité. our
étudier
a
naissance
u
temps,
it
e
chapitre
I
du
traité,
l
faut
partir
e
l'âme
c'estun
principe
onstant
hez
Plotin
ue pour
omprendre
le
temps
l
faut
e
rapporter
la
vie
de
l'âme.
«
Nous
disons
ue
le
temps
n'a
d'existence
ue
dans
'activité
e
l'âme
et
qu'il
est ssu
decette ctivité4.Cette ffirmationituePlotin arrapport ses
2.
En., III,
7-7
(5-7).
3.
En.,
III,
7-11
(1-2).
4.
En., IV,
4-15
(3).
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3/14
Le
temps,
mage
de
l'éternité
407
devanciers,
laton
et Aristo
e
notamment,
ui
étudient
e
temps
d'abord omme nequestion osmologique. ais,en rattachante
temps
l'âme,
Plotin
ne nous
éclaire
uère,
ar
'âme
est,
dans
a
philosophie
e
Plotin,
ne réalité
omplexe.
ependant
a
voie
se
trouve
insi
tracée,
l faut
partir
e l'âme
pour
saisir
comment
naissent
e
temps
t
la vie
temporelle.
«
Toutes
es
âmes,
dit
Plotin
la
fin
e
notre
raité,
ont
une»5.
Mais cetteunité, oujours ossible, 'estpas toujours éalisée,l
importe
onc
de
recenser
es
différentes
mes
dont
parle
Plotin.
Il en est
une
qu'il
appelle
âme
du tout
»
ou
âme
du
monde
il
en
est une
autre
u'il
appelle
âme
partitive
ou
âme
particulière,
ou
encore
notre
me »6.
Ni
l'une
ni
l'autre
ne
sont,
emble-t-il,
l'âme
première
ui,
bien
qu'elle
ne
reçoive
as
de
nom
particulier,
est
présentée
omme
eur
ource
ommune.
Les
âmes
ont
ympa-
thiques ntre llesparcequ'ellesdériventoutesd'unemême me
d'où
vient
ussi
'âme
de
l'univers
7.Cette
me
première
staussi
celle
que
Plotin
rangeparmi
es êtres
divins
,
c'est
elle
qui
est
engendrée
ar
l'Intellect
ontemplant
'Un,
sa
source.
Puisque
les âmes
sont
plusieurs,
laquelle
d'entre
lles
faut-il
attacher
le
temps
Au
chapitre
XI du
traité,
lotin
décrit
a
vie de
l'âme
tem-
porelle.Cettevie
n'est
pas
caractérisée
eulement
ar
l'activité,
mais
par
la succession es activités ui ne cessentde changer.
L'âme
qui
vit
cette
ie
constamment
hangeante
besoin
u
temps.
Plotin
constate
u'une
partie
de
cette
vie
est
toujours
n
avant,
exigeant
n
temps
utur,
t
parce
u'il
y
a
futur,
l
y
a aussi
passé.
Cette
vie se
déploie
t
se
disperse,
ien
n'y
demeure
table.
On
trouve
ne
description
emblable
ans
a
quatrième
nnèade
«
S'il
y
a dans
'âme
une
chose
t
puis
une
autre,
'il
y
a
dans
ses
produitseuxd'avant tceuxd'après, ielle gitdans etemps,lle
tend
vers
'avenir,
t
puisqu'elle
end
vers
'avenir,
lle
se
penche
aussi
vers
e
passé
8.
réhier,
orsqu'il
raduit
e
passage,
crit
«
S'il
y
a
dans
'âme
universelle...
,
mais,
omme
son
habitude,
lotin
e
précise
as
de
quelle
âme
il
s'agit.
l
convient
récisément
e
se
demander
i
une
telle
vie
successive
onvient
l'âme
universelle.
Lorsqu'il
arle
nommément
e
cette
me,
Plotin
a
rapproche
ou-
ventde l'âmedesastres.Orce qui caractérisees dernières,'est
5.
En., III,
7-13
(67).
6.
En.,
IV,
3-2
(42).
7.
En.,
IV,
3-8
(V-Ö).
S.
En.,
IV,
4-16
(1
sq.j.
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4/14
408
Monique
Lassègue
qu'elles
estent
dans
e
même tat
9.C'est
pourquoi
lles
n'ont
pas
de souvenirs« Quoi Ne se souviennent-ellesas qu'elles ntvu
Dieu ?
-
Non,
ar
elles e
voient
oujours,
t tant
u'elles
e
voient,
ellesne
peuvent
as
dire
u'elles
'ont
u »10.
e
«
parfait
neconvient
qu'à
ce
qui
est
achevé,
r
'acte
contemplatif
st toute
a
vie de ces
âmes,
l
est
toujours
résent
éternité
u du moins
empiternité.
Sans
doute es astres ont-ils es
corps
n
mouvement,
ais e
mou-
vementn'affecte
as
les
âmes
des
astres,
l
ne
produit
n elles
aucunchangement,'estpourquoil est légitime e direque ces
âmesrestent ans e même tat. De
même 'âme de l'univers
'est
pas
affectée
ar
es
changements
u monde
u'elle
ordonne.
Nulle
affaire e 'incline ers e bas et ne a
détourne e sa
contemplation
bienheureuseelle est
toujours
rès
des
Idées
et
par
sa
puissance
elle
ordonne 'univers
ans rien exécuter lle-même
n.
Sa
puis-
sance est curieusement
aractérisée
omme
privée
d'action
I2.
Il sembledoncque l'on doiveaffirmerue l'âmede l'univers e
vit
pas
dans a
succession,
t
par
e
fait
u'elle
n'est
pas
temporelle.
Ce
n'est
pas
elle
qui
va
d'une
ction l'autre t
qui
a,
pour
e
faire,
toujours
esoin
e l'avenir.
uisqu'il
st exclu
ue
l'âme
temporelle
que
nous
cherchons
oit
'âme
divine,
ource e
l'âme du
monde,
l
reste
que
la vie
temporelle
oit
le
propre
de l'âme
particulière.
En
parlant
de
l'âme
particulière
ui
est aussi celle
de
chacun
de
nous,Plotin,reprenant
e
discours
latonicien,
it souvent
que
cette me estcelle
qui
esttombée. l
emploie
e même oca-
bulaire
orsqu'il
eut
expliquer
a
naissance u
temps,
l
demande
«
de
quelle
chute
st
donc né le
temps
13
Qu'en
est-ilde cette
chute
«
Puisque
le
temps
est
anéanti
quand
l'âme
s'en va s'unir
à
l'intelligible,
l
est clair
qu'il
est
produit
ar
'initiative e
l'âme
quiva vers eschoses ensibles I4.Cemouvemente l'âmevers e
sensible 'est
pas
aisé à
expliquer
ans
'économie
e a
pensée
loti-
nienne.
On ne
peut
e
prêter
l'âme
du
monde
qui gouverne
e
monde
ans
descendre
t
l'engendre
ans
s'intéresser
lui,
toute
absorbée
u'elle
st
dans a
contemplation
u
principe
'oùelle
vient.
La
création
st
précisément
e
fruit e
cette
ontemplation,
u du
9.
En., IV,
4-6
(3-4).
10.
En., IV,
4-7
(1-3).
11.
En., IV,
8-2
(51 sq.).
r¿.
loia.,
òuvafxet
rcpayfAOvi.
13.
En.,
Ill,
7-11
(7).
14.
En.,
Ill,
7-12
(19).
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5/14
Le
temps,
mage
de
Vèlerniiè 409
moins
ngendre-t-elle
ne
première
squisse
du monde ensible
« Qui empêche ue la puissance e l'âmede l'univers,uisqu'elle
est raison
éminale
niverselle,
essine
ne
première
squisse
vant
que
les
puissances
e l'âme
soientvenues
d'elle Cette
esquisse
éclaire n
quelque
orte a
matière n
avant-coureur,
es âmes
n'ont
pour
produire
u'à
suivre es
traces
u
dessin
t
qu'à
en articuler
une une es
parties
16.
insi
'apparition
u
monde e
trouve-t-elle
expliquée
ans
qu'intervienne
aucun
moment
'idée
de chute.
Plotin 'entient ce quel'onpeut ppeler n schéma rocessif.e
schéma emble
ans ien avec celuid'une
chute
des
âmes
dans es
corps.
Pourtant lotin
n'a, semble-t-il,
amais
renoncé
rendre
compte
de la descente
es âmes
dans les
corps
en
l'expliquant
par
une
chute16.
Dans le second
raité
de la
cinquième
nnèade,
ù
Plotin
pré-
sente a
conception
es différents
iveaux
de
réalité,
l attribue
à l'âmeun doublemouvementl'âme se tourne erssa source,
l'Intellect
ce
mouvement
ers e
haut,
i
'on
peut
dire,
a
constitue
comme
me,
out
omme,
n se tournant
ers on
origine,
'Intellect
se
constitue
omme
el.
Le mouvement
ers
e
haut,
vers
'origine,
est constituant
ans
toute
a
philosophie
e
Plotin.
Mais
'âme
est
aussi
capable
d'un
mouvement
différent
t de
sens
nverse
17
qui
dès
orsne
peut
u'être
n
mouvement
ers
e
bas.
Comment
n
tel mouvementst-il ossible Comment
st-il
onciliable
vec
le
mouvementers e
haut,
e seul
qui
soit constitutifes êtres
La
contradiction
ntre
ces deux
mouvements
'est
peut-être
qu'apparente.
l suffît
our
e
montrer
e saisir
e
caractère
riginal
et
dramatique
e
la
situation
es
âmes
individuelles.
es
âmes
vivent
u
sein de
l'âme
de
l'univers,
n
gardant
eur
caractère
individuel,
lles
participent
la constitution
e
l'univers
en-
sible,
en
contemplant
eur
principe,
'âme
divine.
Elles
ne
des-
cendent as,mais ellessontconscientese leurparticularité,t
d'autre
part
sont
sollicitées
ar
ce
reflet
'elles-mêmes
ui
s'est
déposé
leur
nsu dans
le
miroir
e
la
matière18.
insi
se
trou-
15.
En.,
VI,
7-7
(8
sq.).
......... _
16.
J.
Guitton,
dans
son
livre
Le
temps
t r
éternité,
nez
rioun
et saint
Augustin,
ense
que
Plotin
renoncé
l'idée de
chute
t
Ta
remplacée
ar
celle
d'illumination
ui
n'implique
ucune
descente.
Dans
un sens
un
peu
différent,
Dodds, Pagan andChristian,' nterrogeantur a culpabilitéiéeà la descente
de
l'âme,
pense
que
Plotin
renoncé
parler
de
culpabilité
près
a discussion
avec
les
gnostiques.
oir
e
commentaire
e
cette
position
ar
Denis
O'Brien
dans
son
article,
e
volontaire
t
la
nécessité,
éflexion
ur
a
descente
e
l'âme,
Revue
hilosophique,
°
4,
1977.
17.
En.,
Y,
2-1
19).
18.
En.,
IV,
6-3
(9).
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
6/14
410
Monique
Lassègue
vent-elles
ossédées
'une
double
aspiration
elles veulent
tre t
sontportées ourcela à se tourner ers eursource,maiselles
veulent ussi être ndividuelles
t
sont
alors
sensibles
l'appel
des
corps ui,
dans e
miroir
e a
matière,
ont eur eflett e
reflet
de Tâme de l'univers. lles sont
tentées
e tenir e reflet
our
e
modèle,
elui
qui
est
l'objet
de la
contemplation
e l'âme
de
l'univers. 'est alors
que,
comme
Narcisse
renant
on
reflet
our
un être
réel,
lles
descendent19.Mouvement ifférent
t de sens
inverse sans doute,maisqui resteorienté ar le désird'être,
trompé
ar
la ressemblanceu
reflet vec
son
modèle.
En
quoi
cette
hute st-elle
iée
au
temps
Lorsque,
u
chapitre
I de son
traité ur
l'éternité
t
e
temps,
Plotin
'interroge
urcette
hutedont e
temps
st
né,
l
rapporte
cette
descente la
nature
u'il
caractériseomme
affairée
20.
Il emploieci les termes tilisés ans e traité ur la descentees
âmes21,
aisces termes e sont
pas
dansce texte
appliqués
la
phusis,
ls
caractérisent'âme
ndividuelle
cette me
veut
'appar-
tenir
elle-même,
lle se
fatigue
'être
avec l'âme
totale,
elle
s'affaiblit
t
multiplie
on
action22.
e
rapprochement
ermet
d'interpréter
e
terme
husis.
l
s'agit
bien
de l'âme.
Cela
permet
d'expliquer
es
difficultés
ue présente
a
traduction e Bréhier
relative ces
lignes
du
chapitre
XI
du
traité.
«
Avant d'avoir
engendré'antérioritét de luiavoir ié a postérité,u'elleréclame,
le
temps eposait
ans
'être il
n'était
pas
le
temps,
l
gardait
a
complète
mmobilité
ans 'être.
Mais
a
nature,
urieuse
'action,
qui
voulait
tre
maîtresse
'elle-même
t
être
elle-même,
hoisit
e
parti
de
rechercher
ieux
ue
son
état
présent.
lors lle
bougea,
et
lui
aussi se
miten
mouvement
ils
se
dirigèrent
ers
un
avenir
toujours
nouveauet... ils
firent
e
temps,
ui
est
une
image
de
l'éternité23. r Plotin editpas que a nature 'estmise nmouve-
ment,
omme a
traduction
e laisse
entendre,
ais
que
l'âme
s'est
mise en
mouvement.l
ne
semble
pas
non
plus
que
ceux dont
Bréhier
it
qu'ils
se
dirigèrent
ers
'avenir
xivoúfievot)
uissent
être 'âme
et
ce
qui
va devenir
e
temps.
nfin
ette
rreur
onduit
Bréhier
traduire
eipyáa(xe8a)
e
la
ligne
20,
par
«
ils firent
.
19. Cf. P. Hadot, Le mythe de Narcisse et son interprétationpar Plotin,NouvelleRevue de
psychanalyse,
XIII
(1976),
et
les
textes de
références
En.,
I,
6-8
(8)
;
V,
8-2
(34)
;
IV,
3-12
(1).
20.
En.,
III,
7-11
(15),
©úaecoç
7roXi>7rpáviAovo
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
7/14
Le
temps,mage
de
V
ternité
411
Dans l'édition
e
Henry
t
Schwyzer,
ne note
propos
u terme
xLvo¿[xevoindiquequ'il ne s'agitpas, aux yeuxde ces éditeurs,
de l'âme et de ce
qui
va devenire
temps,
maisde
«
nous-mêmes
,
les
hommes,
e
sujet
de
eEpyáa^Oa
tant ui-même
attaché
u
début
du
chapitreligne
)
où ces
éditeurs
isent
yevyjaofxev
t non
pas
YsvY)(7Ó|xevov
omme
e fait
Bréhier,
n
indiquant
'ailleurs
ue
le
texte st altéré.Faut-il
donc
comprendre
Nous
les
hommes,
u
les
âmes
humaines,
près
voirfait
un bout
de
chemin,
ousfîmes
le temps ui est une magede l'éternité ? Puisque, omme ous
l'avons
montré,
'âme
qui
vit
d'une
vie
temporelle
'est
pas
'âmedu
monde,
t
qu'elle
n'est
pas
non
plus
sans
doute
cette âme
que
Plotin
ppelle husis,
ui
est
iée
à l'âme
du
monde,
uisque
ette
vie successive
e convient
u'à
l'âme
particulière,
st-ce cette
âme
aussi
qui
engendre
e
temps
Une telle
hypothèse
e
heurte
as
seulement
a
façon
abituelle
d'expliquera naissance u tempsdansla philosophiee Plotin,
en le rattachant
l'âme
universelle,
lle
se heurte
l'affirmation
de Plotin
aisant
u
temps
ne
mage
e 'éternité.
i
le
temps
st
ié
à
l'âme
ui
est
ombée,
l'âme
ui
se cherche
u-dehors
arce
u'elle
a commis
'erreur
e
Narcisse,
renant
e reflet
e
l'âme
supérieure
pour
ette me
elle-même
t s'isolant
insi
du
modèle,
n
ne
peut
comprendre
omment
lle
pourrait
aire
ne
mage
u
modèle
ternel
qu'elle gnore. 'âmeparticulièree connaît lus
son
origine,
lle
ignore
'Intellect,
llemèneunevie toute
ffairée,
lleest dolâtre,
s'il
est vrai
que
l'idolâtrie
onsiste
prendre
e
qui
n'est
pas
Dieu
pour
Dieu
ui-même.
n
a
remarqué
e
privilège
ue
Plotin
ccorde
au
futur,
armi
es
nstances
emporelles24.
e
privilège
st
certain,
mais
l
a
une
valeur
égative
«
L'être
ui
a
besoin
u futur
e
peut
être
dit
«
achevé
que
par
homonymie
25.
u
contraire
st
achevé
l'être
ui possède
n
entier
a
propre
ie
«
sans
y
rien
jouter
ni
dans epassé,ni dans eprésent,idans 'avenir26 ttelle stbien
l'éternité.
e
présent
e
ui
convient
as plus
ue
e
passé
ou
'avenir,
car
l
relève
ncore
u
temps.
l faut
penser
'éternité
ans
aucune
référence
u
temps,
lle
lui
est antérieure
ogiquement
t
par
nature.
lotin
e
cesse
de
craindre
ue
l'éternité
e soit
ompromise
par
la
temporalité
ue
nous
avons
tendance
projeter
ur
elle.
C'est
a raison
our
aquelle,
ans
a
partie
e
son
traité
onsacrée
à l'éternité,l revient plusieurseprisesur e termeasí) « tou-
24.
P.
Aubenque,
dans
son article
Plotin,
philosophe
e
la
temporalité,
Diotima,
°
4
(1976),p.
81.
îib.
Ü7I.,
111,
V-D
(4ZJ.
26.
En., III,
7-5
(14).
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
8/14
412
Monique assègue
jours
*7.
Après
voir
distingué
n sens
emporel
u
toujours
t un
sens ui n'emprunteien u tempsu chapitreI, ilconvientuela
langue
n
désignant
'éternité
ar
(v)
it
bien
áeí)
«
toujours
,
comme ussi
(ociSiov)
éternel
dit ce
toujours
mais l ne
faut
pas
êtrevictime
e
l'étymologie,
e terme e
«
toujours
risquant
de
réintroduire
e
temps,
mieux
aut
e
supprimer.
a
coursences-
sante
de l'âme
qui
se
cherche
ans son
reflet beau se
prolonger,
elle
peut
durer
toujours
,
elle
n'a
rien voiravec
l'éternité.
e
futur,oujours ecommencé,st puredispersion,uccession ans
continuité. la
rigueur
ette
uite n
avant,
ui
marque
e
privilège
du
futur,
e
ménage
même
as
la
continuité
ue
réclame
e
temps,
qui
est
succession
ans
doute,
mais
qui
est
aussi
continuité,
arce
qu'il
est lié
à
la
mémoire.
Au
chapitre
VII,
Plotin dit
bien
que
pour
trouvere
temps
il
faut
escendre,
u
moins
e
faut-il
our
elui
ui,
ous
a
conduite,
en est venuà contempler'éternité. ais l ne fautpas descendre
tout
fait.
l
semble ien
que
celui
ui
«
descend
jusqu'au
futur,
sans
tenire
passé,
descende
rop
as.
L'âme
qui
court ers e
futur
est
infra-temporelle.
lle ne
cesse de
s'ajouter
des
activités,
es
expériences,
es
peines
t
des
joies,
mais
tout ce
qui
a l'air de
s'ajouter
insi,
n'ajoute
rien,
issipe lutôt.
'âme
de
l'univers
ui
ne
s'ajoute
rien,
oin
d'en
souffrir,
ndique
par
là
sa
supériorité.
Et
sans
doute, emarque lotin,esêtres ngendrésnt besoin ufutur
our
'accomplir,
i on leur
upprime
e
futur,
nles endom-
mage28,
ais
ce
n'est
pas
une
marque
de
supériorité.
'être,
au
sens
plein,
n'en
a
pas
besoin.
Que
pourrait-on
n
effet
jouter
l'être
inon u
non-être29
Même i
une
catégorie
'êtres
besoin
u
futur,
e
futur
st
lié au
passé
et au
présent,
t
c'est
dans
cette
unité
xtatique
ue
se
réalise
e
temps.
Puisqu'iln'y
a
pas
de
temps
ans
une
certaine
nité,
l
faut
découvrira source e cetteunité.Gomment'âmequi esttombée,
c'est-à-dire
ui
s'est
solée e
'âme
du
tout
t n'est
plus
qu'une
me
partitive,
eut-elle
parvenir
cette
unité
relative
Comment
27.
En.,
III,
7-2 4
;
6.
28.
En.. III. 7-4 27-28Ì.
29.
L'idée
d'ajouter
du
non-être
eut
paraître
trange,
mais
Plotin
réserve
le
terme
'être
à la
seconde
hypostase,
out ce
qui
vient
après
elle
n'est
pas
être, t pourtant 'estpas rien, 'âmedivine lle-même,arcequ'elledérive el'Intellect,n'est
pas
être. On
songe
aux
stoïciens,
ourtant
malmenés
ar
Plotin
orsqu'il
xamine eur
conception
es
catégories
ils
auraient
u
fournir
à
Plotin
un
terme
ourdésigner
e
non-être
ui
n'est
pas rien,
uisqu'ils
nglo-
bent
étantset
non-étants
ous la
catégorie
u
«
Tt
»
si Plotin
n'adopte
pas
cette
erminologie,
'est
peut-être
ue,
pour
es
stoïciens,
es
non-étants
ont
es
incorporels,
lors
que
chez
Plotin
l
s'agit
principalement
es
corps
ensibles.
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
9/14
Le
temps,mage
de
l'éternité
413
peut-elle chapper
la
dispersion
ure
Où
peut-elle
rouver
n
modèle e régularité Il semble ue ce soitpourrépondre cette
difficulté
ue
Plotin en
vienne
à
parler
d'un
temps
cosmique,
retrouvant
insi,
d'une certaine
manière,
a
façon
traditionnelle
pour
es Grecs
d'aborder e
problème
u
temps.
Plotin a
longuementritiqué
es doctrines
ui
lient
e
temps
au mouvement
ni
les
pythagoriciens
u
certains
latoniciens,
i
Aristote, i les stoïciens 'ontréussi découvrir'êtredu temps.
Mais out
n'est
pas
faux
dans eurs
nalyses.
ristote,
n
particulier,
a
bien
montré
'importance
e la
mesure
u
temps.
Tant
que
le
temps
n'est
pas
mesuré,
'est-à-dire
ant
qu'il
n'est
pas rapporté
au
mouvement
u
ciel,
l nous
chappe.
Le
temps
strendumani-
feste
ar
a
révolution
u
soleil,
l n'est
pas
engendréar
cette évo-
lution,
l est
seulement
onnu
par
elle »30.
'est
'âme
qui
connaît
le temps,parceque c'estellequi le mesure
t
qui
mesure ussi
les mouvementses
corps
multiples
n les
rapportant
u mouve-
ment
du
ciel.
«
Pour savoir
ombien
e
temps
e
meut
un
corps,
on
rapportera
e
mouvement
un
mouvement
éterminé
celui
du
ciel) qui
en est
e
principe
t
à
la
durée
e
ce
mouvement,
uis
on
rapportera
e
mouvement
celui
de
l'âme,
duquel
résulte
a
répar-
tition
n
égales
durées
31.
Aussitôt
ue
l'âme
humaine
e
soucie
de
mesure,
n
peut
dire
qu'elle
est
sortie
de sa
course
perdue
vers e seulfutur,lle conservee passéaussibienqu'elleanticipe
sur
'avenir,
arce
u'elle
opère
a
synthèse
ntre
es
trois
nstances
temporelles,
e
temps
st
constitué,
n
tant
qu'il
implique
la fois
la succession
t la
continuité.
'âme
particulière
esse
d'une
cer-
taine
façon
'être
urement
articulière,
lle
pense
e
temps
omme
une
réalité
ui
est
a
même
our
tous,
l ne
s'agit plus
d'un
temps
simplement
vécu
»,
mais
d'un
temps
bjectif,
apporté
on
pas
à
l'activitée 'âme articulière,ais umouvementuciel, npeut e
caractériser
omme
n
temps
osmique.
ù
ce
temps
rouve-t-il
a
source
Le
mouvement
u
ciel,
a
révolution
u
soleil
nous
renvoient
l'âme
des
astres
t
à
l'âme
de
l'univers,
ources
e
ces
mouvements.
Ces
âmes
purement
ontemplatives,
ournées
ers
eur
rigine,
ont
créatricesommea phusis ue Plotinfaitparlerdansson traité
de
la
contemplation32.
lleracontea naissance
partir
'uneâme
30. En.. III.
7-12
(51).
31.
En.,
III,
7-13
(58).
32.
En.,
III,
8.
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
10/14
414
Monique
Lassé
gue
plus
élevée
qui
lui
donne es
raisons
éminales e
toutes
hoses
ellecontemplen elleces«raisons et es ignes escorps tombent
hors d'elle
»83
ans
qu'elle
s'en
soucie.
Cette
âme
démiurgique
ne
fait aucun
calcul,
elle
ne
se
propose
nullement
'engendrer,
elle crée
parce qu'elle
contemple
t en
contemplant.
ourtant
c'est en elle
que
se
trouve
e
principe
e
l'organisation
es
choses
successives,
'est
elle
qui
dit
«
telle
hose
été
et
telle
utre
era 34.
Est-ce
elle
que
Plotin
ense
uand
l
écrit
ue
«
l'âmese
fit
lle-
même emporelle»,enforgeantour e direunmotnouveau86
Cela ne semble
as
possible,
ar
cette
me
reste
ans a
contempla-
tion
t si le
monde
uccessif
aît de
cette
ontemplation,
lle ne
le
sait
pas.
Elle
ne
possède
as
l'éternité
omme
'Intellect,
ais
elle
ignore
e
mouvement
t
la
succession.
'âme
qui
se
fait
lle-même
temporelle
e
peut
être
que
l'âme
particulière
ui
renonce
demeurer
ans
sa
particularité
t
s'unifie
n
regardant
e
mouve-
ment égulieruciel.Cette mequis'est solée nvenant 'attacher
à
un
corps
particulier
'est
pas
venue
dans un
univers
oupé
des
êtres
divins.
Dans
son
traité
Contre
es
gnosiiques,
lotin
'élève
contre oute
doctrine
solant
e
sensible
e
l'intelligible.
l
reprend
les
termes
e
Platon,
qui
figurent
ussi
dans
notre
raité,
le
démiurge
tait
bon
»
«
dépourvu
'envie
36,
e
qu'il
a
engendré
st
bon. l
n'est
pas
étonnant
u'en
venant
ans
e
monde
'âme
puisse
trouver
a
trace
des
êtres
upérieurs,
e
mouvementégulierusoleilestune race rivilégiée.'âme
particulière
'est
plus
lors nfermée
dans
e
corpsparticulier
u'elle
anime,
lle
peut
échapper
cette
course n
avant
qui
a
marqué
a
chute
ans
e
sensible,
lle
e
rap-
proche
e
Tâmede
l'univers,
ans
toutefois
e
confondre
vec
elle
parce
qu'elle
demeure
iée à
un
corps
particulier.
lle
se
fait
em-
porelle
n
échappant
la
dispersion.
insi e
trouve
ésolue
ne
des
difficultés
oulevées
ar
l'hypothèse
e
la
création
u
tempsparl'âmeparticulière.'âmequiengendreetemps Testasl'âmepar-
ticulièren
tant
ue
celle-ci
e
coupe
de
tout
ien
vec
'âme
du
tout,
maisen
tant
qu'elle
est
capable
de
retrouver
a
parenté
vec
'âme
universelle,
'où
vient
e
mouvement
u
ciel.
Reste
'autre
diffi-
culté
comment
'âme
particulière
ourrait-elle
ngendrer
ne
mage
de
'éternité,
lors
u'elle
gnore
a
vie
de
'Intellect
ui
est
'éternité
même
33.
En.,
III,
8-4
(10).
34.
En.,
III,
7-13
(51).
3b.
ün.,
Ill,
7-11
(30).
36.
Platon,
Timée,
29
e.
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
11/14
Le
temps,
mage
de l'éternité
415
L'âme
qui
est descendue
'est
pas
l'âme
tout
entière.
Une
partiede notre me esttoujours rèsdes intelligibles37 t Pâme
qui
est
nous-mêmes,
otre
moi,
peut
toujours
'unir cette
âme
supérieure
t
revenir
usqu'à
l'Intellect
t
même
usqu'à
l'Un.
L'âme est
en
route t la
fin
du
voyage88
st atteinte
uand
'âme
se trouve nie
l'Intellect t
par
ui
à
l'éternité
ui
est
'expression
de sa vie. On
comprend
ue
Plotin
puisse
crire
«
Les âmes
ne
sont
pas
du tout
dans
e
temps,
maisseulement
eurs
ffectionst
leurs ctions,outeses âmes ont ternellest etempseur stpos-
térieur
)39,
n
retrouvant
on ien vec
'Intellect,
'âme
particulière
se trouve
ussi
parfaitement
nie avec
toutes
es
âmes,
«
toutes
les
âmes
sont
une
»40
t
le
temps
disparu.
'âme
est sortiedu
monde,
lle
n'a
plus
ni
affection
i
action,
lle
n'est
plus
ncarnée.
Plotin
ait
a
confidence
e cette
xpérience
e
«
sortie u
corps
:
«
Souvent
e
m'éveille
moi-mêmen
m'échappant
e
mon
orps...
je suisunià l'êtredivin t,arrivé cette ctivité,e me fixe n ui
au-dessus
es autres
tres
ntelligibles.
ais
après
ce
repos
dans
l'être
divin,
e
me
demande
omment
'opère
actuellement
ette
descente
4I.Tous
les
textes
dans
esquels
Plotin
parle
de l'union
de l'âme
avec
l'Intellect
t,
par-delà
'Intellect,
vec
l'Un
ont été
amplement
ommentés,
ais
on
n'a
pas
suffisamment
emarqué
que
Plotin
e
parle
amais
de cette
nion
ans
mentionner
ussitôt
a
descente. orsqu'il ompareette xpérience
l'initiation
es reli-
gions,
l ne
manque
as
de
souligner
ue
'initié
ui
a
pénétré
ans e
sanctuaire
oit
ussi
n
ortir42.
l
faut
rendre
u
sérieux
a
question
qu'il
pose
«
Pourquoi
onc
ne
reste-t-on
as
là-bas
43
La
réponse
peutparaître
nsignifiante
«
Parce
u'on
n'est
pas
encore
out fait
sortid'ici
»,
mais
elle
est
pleine
de
sens
L'âme
humaine
e
peut
demeurer
ans
a
pure
contemplation,
lle
est
iée à
un
corps,
lle
est ollicitée
ar
des
tâches
accomplir,
t
Plotin
e
songe
ullement
à s'y dérober.l fautdescendre.Maisceluiqui a accompli ette
montée
e descend
as
sans
être
profondément
odifié.
l
reprend
ses
activités,
l
les
mesure
n
s'appuyant
ur
e
mouvement
u
soleil,
il
vit
dans
e
temps,
mais
e
temps
'est
pas
mesure
u
mouvement,
son
essence,
uoi
qu'en
dise
Aristote,
st
autre.
Le
temps
est
l'image
de
l'éternité.
'homme
ui
est
«
monté
,
qui
a
contemplé
37. En., II, 9-2 4).
38.
En.,
VI,
9-11
(4-5).
39.
En., IV,
4-15
17-18).
40.
En., III,
7-13
67).
41. En.. IV. 8-1 Í1-91.
42. En.. VI. 9-11 19).
43.
En.,
VI,
9-10
1-2).
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
12/14
416
Monique
Lassègue
l'éternité,
eut
faire e
a
succession
églée
ar
e
mouvementu
ciel,
une magede l'éternité,t c'estalors eulementue Tonpeutdire
que
le
temps
est né.
Plotin
a
retrouvé
a
formule u
Timée
de
Platon44,
ais
'image
ont l
parle
n'est
as
une
création
e 'artisan
divin,
lle est
iéeà la
façon
ont
Plotin
omprend
a
vie
spirituelle,
comme a vie
de celui
«
qui
a vu
».
Le
concept
'image
pparaît
ansun
grand
ombre e
dialogues
platoniciens45,latonen use notammentans sa polémiquevecles
sophistes,
ui
sontdes imitateurs. ais Platonn'entend
as
dévaloriser
oute
mage.
Certaines
mages
ont
bonnes,
elles
qui
sont
fabriquées ar
celui
qui
sait et
qui,
de
ce
fait,
ont
fidèles u
modèle
u'elles
mitent.
e
sophiste
abrique
ne
mauvaise
mage
parce u'il
ne
connaît
as
il
se
donne
our
e
philosophe-roi,
ais
il
n'en
connaît
ue
'apparence,
e rôle
dans
a
cité,
l
ne sait
pas
que
pour
enir
e rôle l
faut
voir
a
science
u
Bien,
on
mitation
st
une imitation 'opinion, ne doxomimétiquela véritablemi-
tation
st
celle
qui
imite e
Bien,
eicastique
éritable,
ui
est la
philosophie
même46.
Plotin
a
hérité e
ces
analyses.
l
connaît
ui
aussi le
danger
de
l'image
ui
se
donne
our
a
réalité
éritable
t
engendre
ette
espèce
d'idolâtrie
ont
nous
avons
parlé.Mais,
chez
Plotin,
n
ne
peut
implement
pposer
tre
t
mage.
'Un mis
à
part,
out
peut
recevoire nomd'image, compris'êtremême u'est 'Intellect,
image
de
l'Un.
L'image
n'est
simple eflet,
ure
apparence,
ue
lorsqu'elle
st
coupée
de
son
modèle.
Dans
ce
cas il
ne
faut
plus
l'appeler
mage,
car 1'
«
être
de
l'image
»
est
dans
son
rapport
avec
le
modèle.
C'est
pourquoi
n
peut
dire
ussi
que
l'image
st
toujours onne,
ar
elle
dit
quelque
hose
du
modèle
ont
lle
vient.
Elle
apparaît
notamment
omme
n
moyen
ue
se
donne
'âme
humaine,ivantavie aplus ommune,our e ivrer une ontem-
plation
éritable,
uoique
e
second
rdre47.
'image
stun
deuxième
objet
de
contemplation,
our
celui
qui
n'est
plus
en
présence
des
êtres
ntelligibles
t
qui,
revenu
ci,
veut
cultiver
on
souvenir
des
réalités 'en
haut.
Revenus
ci-bas,
ans
'âme,
nous
herchons
des
moyens
e
nous
persuader,
omme
i
nous
voulions oir
un
modèle,
n
son
image
»48.
'âme
est
fabricatrice
'images,
arce
44. Platon, Timée, 37 d.
45.
Platon,
Gorgias,
463
d
;
Cratyle,
430 d
;
Sophiste,
234
b
;
République.
liv.
VII
et
X.
;
;
République.
46.
Sophiste,
267 d.
47.
En., VI,
9-11
(21).
48.
En.,
V,
3-6
(16).
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
13/14
Le
temps,mage
de V
ternité
417
que
c'est e
moyen
our
llede
ne
pas trop 'éloigner
es
vraies éa-
lités.Car 'image 'estpasunreflet écanique,lleest e fruit 'une
recherche
e l'âme
qui
connaîte
modèle
ternel,
ais
n'est
plus
en
contact vec
lui.
«
Si
l'on
se
souvient
prèscoup
de
cetteunion
avec
lui,
on aura en
soi-même
ne
image
de
cet état
a49. 'âme
fabrique
ette
mage
pour
nourrir
on souvenir.
l
semble
bien
que
ce soit dans ce
contexte
u'il
faille ire
a
findu
chapitre
I
du traitédu
temps
«
Le
temps
st
l'image
de l'éternité
t doit
être l'éternitéomme'universensiblestà l'universntelligible
donc
au lieu de la vie
intelligible,
ne
autre
vie
qui
appartient
cette
puissance
e l'âme
qu'on
appelle
ie
par
homonymie
au lieu
du mouvement
e
l'intelligence,
e mouvement 'une
partie
de
l'âme au
lieu de
l'identité,
e
l'uniformité,
e
la
permanence,
e
changement
t l'activité
oujours
ifférenteau
lieu de l'indivisi-
bilité
et de
l'unité,
une
image
de
l'unité,
'un
qui
est dans le
continu...60. l ne s'agitpas icipourPlotind'opposere temps
l'éternité,
l
s'agit
de
signifier
ne imitation.
n
dépit
de
la
tra-
duction
e
Bréhier,
l
semble
u'ainsi
e soit
'âme,
t non
pas
l'uni-
vers,
ui
mite
'intelligible.
'estbien 'âme
qui
nvente ette
mage
de
l'unité
u'est
a continuité
emporelle.
Il
ne
s'agit
pas
pour
'âme de
nourrir
ne
nostalgie
e
l'absolur
ni
même e
se donner
ne
«
monnaie
de cet
absolu
ui
ui
échappe,
il s'agitde se garder ans a directionu modèle t de demeurer
disponible
our
un nouveau ontact.
'image
stun élément e la
vigilance pirituelle,
ans
laquelle
le
sage
se maintient.
lotin
développe
vec
complaisance
outes
es
activités
mitatives
ont
l'homme
st
capable,
n
soulignant
oujours
'écart ntre
e modèle
et
l'image.
Car
l'image
ressembleu
modèle,
mais
l convient
e
manier
e
concept
e
ressemblance
vec
précaution.
n se
tempo-
ralisant,
'âme
e rend
emblable
l'Intellect
ui
n'est
pastemporel,commen devenantertueuse,lledevientemblable Dieuquin'a
pas
de
vertu,
omme
n
développant
es
propositions
cienti
iques
elle
mite
a
sagesse arfaite
ui
n'est
pas
faite
e
propositions,
u
encore
omme
'architecte
onne
à
sa
construction
'ordre
t la
symétrie
ui
imitent
a
construction
déale
dont
la
simplicité
exclut
'ordre
t a
symétrie.
miter
e
consiste
as
à
faire ne
copie
conforme
u
modèle,
e
qui
conduirait
la
confusion,
miter
onsiste
à produireuelque hose edifférent,onpasun ubstitutumodèle
mais
un
moyen
e
penser
lui.
C'est
qu'il
existe
eux
ortes
e res-
49.
En.,
VI,
9-11
(6-7).
50.
En.,
III,
7-11
(50
sq.).
8/19/2019 Lassègue - Le Temps, Image de l'Éternité Chez Plotin
14/14
418
Monique Lassègue
semblance Tune
st
réciproque
t
existe ntre es réalités
ui pos-
sèdent nélémentommunl'autre xiste ntre euxréalités ont
Tune st devenue
emblable
l'autre,
ce second
ype
de ressem-
blance
n'exige
pas
la
présence
'un
élément
dentique
mais
plutôt
d'un élément
ifférent
51. e
temps
essemble
l'éternité
e
cette
seconde
açon,
l
lui est
semblable
râce
la
continuité
ui
n'existe
pas
dans
'éternitéù
«
tout st
la fois
.
Le
statut u
futur
pparaît
maintenant,
l
ne
s'agit
pas
d'unefuite n
avant
de Fame
ui
cherche
en vainà se rejoindrele futurst emoyen edéployeroutes es
virtualités
e
'âme
«
Chacun
st
émerveillées
richessesntérieures
d'un
être,
n
voyant
a
variétéde
ses
effets
xtérieurs,
els
qu'ils
sontdans es
ouvrages
élicats
u'il
fabrique
.
Toutes es
œuvres
humaines,
a
science,
'art,
a
vertu,
t
même
'activité
roductrice
deviennent
mages,
lles
ont
faites n
vue
de la
contemplation.
t
elles
enveloppent
outes
cette
mage
privilégiée
u'est
le
temps.
Onvoitque Plotinne déprécie as le temps, omme ertainscommentateurs
'ont
prétendu.
e
temps,
mage
de
l'éternité,
st
sans
doute
ié au
sensible,
mais
il
évoque
la
vie de
l'Intellect.
Ce n'est
pas
en
brisant
es
mages
ue
l'on
peut
faire
chec
l'idolâ-
trie,
'est
en
connaissante
modèle n
sorte
ue
l'image
e
puisse
e
donner
our
e
modèle
qu'elle
n'est
pas,
mais lui
serve
d'icône,
pour
'homme
n
quête
de
vie
spirituelle.
i
Plotin
'intéresse
arti-
culièrement
ces
mages uefabriquenteshommes,'estqu'ils'in-téresseussi,plus
qu'on
ne l'a
dit,
la vie d'ici-bas t cherche
quelles
onditionsl
est
possible
e
vivre
ci,
sans
renoncer avoir
part
à la
vie
de
là-bas.
Monique
Lassègue.
51.
En., I,
2-2
(9-10).