L’art du vitrail « Entre ombres et lumières » Ce dossier pédagogique vous invite à découvrir l’art du vitrail et à exploiter cette thématique avec vos élèves en classe, suite à votre venue à la Cité du vitrail. Les axes couvrent principalement la période du Moyen Âge avec quelques exemples contemporains venant les compléter. Jeux de contrastes, éclats de couleurs, maîtrise du tracé, techniques d’hier et d’aujourd’hui sont autant d’invitations à comprendre le langage du verre et de la transparence. Le vitrail est à la croisée des arts et se pose volontiers en point de départ d’une réflexion sur l’expression artistique, sur notre histoire et sur notre patrimoine. Cette technique millénaire s’est épanouie dans plus de 200 églises de l’Aube encore debout aujourd’hui. La Cité du vitrail est née d’une volonté de valorisation de ce patrimoine aubois exceptionnel. L’espace de préfiguration de la Cité du vitrail vous ouvre ses portes sur un parcours chronologique autour d’une vingtaine de vitraux à hauteur de regard. L’exposition se divise en deux espaces : les vitraux du Moyen Âge au XIX e siècle d’un côté, de l’autre, les vitraux du début du XX e siècle à nos jours. Cette première étape d’un projet ambitieux est soutenue par un conseil scientifique avec tout particulièrement l’appui du Corpus vitrearum et du Centre André Chastel. Chaque vitrail accueilli au sein de l’exposition a été sélectionné pour sa valeur technique, artistique et historique. Au fil des prêts publics ou privés, les vitraux se renouvellent régulièrement offrant ainsi d’autres perspectives à votre regard. Ce dossier vous propose une approche de l’art du vitrail autour de quatre axes de réflexion : la symbolique des couleurs et de la lumière, les limites de la création, la représentation du divin, et les sources d’inspiration. Des pistes pédagogiques ponctuent cette réflexion pour une mise en pratique des notions abordées. Le patrimoine aubois en chiffres 10 siècles d’histoire 9000 m² de verrières anciennes (XIII e - XVIII e siècle) 1162 baies classées aux Monuments Historiques 1042 baies classées pour le seul XVI e siècle Plus de 200 églises concernées dans l’Aube
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L’art du vitrail « Entre ombres et lumières »
Ce dossier pédagogique vous invite à découvrir l’art du vitrail et
à exploiter cette thématique avec vos élèves en classe, suite à
votre venue à la Cité du vitrail. Les axes couvrent principalement
la période du Moyen Âge avec quelques exemples contemporains
venant les compléter.
Jeux de contrastes, éclats de couleurs, maîtrise du tracé,
techniques d’hier et d’aujourd’hui sont autant d’invitations à
comprendre le langage du verre et de la transparence. Le vitrail
est à la croisée des arts et se pose volontiers en point de départ
d’une réflexion sur l’expression artistique, sur notre histoire et
sur notre patrimoine. Cette technique millénaire s’est épanouie dans plus de 200 églises de
l’Aube encore debout aujourd’hui. La Cité du vitrail est née d’une volonté de valorisation de
ce patrimoine aubois exceptionnel.
L’espace de préfiguration de la Cité du vitrail vous ouvre ses portes sur un parcours
chronologique autour d’une vingtaine de vitraux à hauteur de regard. L’exposition se divise
en deux espaces : les vitraux du Moyen Âge au XIXe siècle d’un côté, de l’autre, les vitraux
du début du XXe siècle à nos jours. Cette première étape d’un projet ambitieux est
soutenue par un conseil scientifique avec tout particulièrement l’appui du Corpus vitrearum et
du Centre André Chastel. Chaque vitrail accueilli au sein de l’exposition a été sélectionné
pour sa valeur technique, artistique et historique. Au fil des prêts publics ou privés, les
vitraux se renouvellent régulièrement offrant ainsi d’autres perspectives à votre regard.
Ce dossier vous propose une approche de l’art du vitrail autour de quatre axes de
réflexion : la symbolique des couleurs et de la lumière, les limites de la création, la
représentation du divin, et les sources d’inspiration. Des pistes pédagogiques ponctuent
cette réflexion pour une mise en pratique des notions abordées.
Le patrimoine aubois en chiffres
10 siècles d’histoire
9000 m² de verrières anciennes (XIIIe - XVIII
e
siècle)
1162 baies classées aux Monuments Historiques
1042 baies classées pour le seul XVIe siècle
Plus de 200 églises concernées dans l’Aube
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Les étapes de réalisation d’un vitrail
La maquette : dessin préparatoire réalisé au dixième. Le graphisme et les couleurs
y sont présents, mais pas le réseau de plomb.
Le carton : dessin grandeur nature (agrandissement de la maquette) contenant le
réseau de plomb.
Le calibrage : découpage des gabarits en suivant le tracé des lignes de plomb, avec
un ciseau à trois lames permettant de retirer l’épaisseur du plomb.
La coupe des verres : après avoir choisi les couleurs des verres, le maître-verrier
les coupe à l’aide d’un fer chauffé au rouge (au Moyen Âge), d’un diamant (dès la
Renaissance) puis d’une roulette de tungstène (seconde moitié du XXe siècle).
La peinture : vitrifiable et de plusieurs types (grisaille, jaune d’argent, émaux…), elle
est appliquée sur le verre à l’aide de plusieurs pinceaux (blaireau, putois, trainard…)
et peut être enlevée pour laisser apparaître certains motifs (grâce à des plumes, des
aiguilles, des petits bois …). Les morceaux de verre peints sont cuits afin que la
peinture se fixe.
Montage en plomb : les pièces de verre sont ensuite assemblées entre elles avec
des baguettes de plomb. Malléables, ces baguettes permettent de suivre le contour
des pièces de verre. Les ailes du plomb sont ensuite rabattues. Un plomb d’entourage
permet d’encadrer chaque panneau (environ 1 m²). Une soudure à l’étain est réalisée
à chaque intersection des baguettes.
Le masticage : afin d’assurer l’étanchéité du panneau, du mastic est appliqué de
chaque côté du panneau. Celui-ci s’insère entre les ailes du plomb et le verre puis le
panneau est nettoyé.
La pose dans l’édifice : les panneaux sont mis en place dans une entaille pratiquée
sur le pourtour intérieur d’une baie (feuillure). Un système de serrurerie permet de
maintenir l’ensemble (barlotières).
Piste pédagogique :
- Donner aux élèves les différentes étapes dans le désordre et leur demander de les
remettre dans le bon ordre. Eventuellement sous la forme d’une frise morcelée ?
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I. La symbolique des couleurs et de la lumière
1) La maîtrise technique de la couleur
Le verre est composé de plusieurs éléments :
- De silice à 70% (sable).
- D’un fondant à 15% (soude issue de cendres minérales ou potasse issue de cendres
végétales). Il permet de baisser la température de fusion de la silice.
- D’un stabilisant à 10% (chaux). Il apporte résistance et cohésion au verre.
- De débris de verres pilés (Fritte).
- D’oxydes métalliques mélangés à la masse de verre en fusion. Ils apportent la
coloration au verre. Le verre est alors teinté dans la masse. Sans cet ajout, le verre
est dit « blanc ».
Le mélange est porté à une température environnant les 1500°C. Le verrier peut
alors procéder au soufflage du verre en cueillant une paraison (boule de verre).
La couleur et la lumière diffusées par un vitrail dépendent de plusieurs facteurs :
La qualité du verre, plus ou moins transparent. Cela dépend du fondant utilisé
dans la fabrication du verre. Au XIIe et XIIIe siècle, le fondant couramment utilisé est
la potasse. Cela crée des verres irréguliers qui s’altèrent plus facilement et qui
perdent de leur transparence. Dès le XIIIe siècle, la soude (cendres de végétaux
marins) est utilisée. Les verres sont plus résistants et plus purs, ils conservent leur
transparence. C’est le cas par exemple des verres bleus des verrières du chœur de la
cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Troyes (XIIe et XIIIe siècles). Le manganèse
est bien souvent incorporé dans la pâte de verre en fusion afin de purifier le verre et
de le rendre plus transparent.
La qualité et le degré de concentration des oxydes utilisés pour réaliser les
verres teintés dans la masse. En effet, Les verres sont colorés lors de leur fabrication.
Des oxydes sont ajoutés à la pâte de verre en fusion et teintent de manière
homogène et durable le verre. La température du four et le degré d’oxydation ont
une conséquence sur la coloration du verre. La température étant difficilement
contrôlable au Moyen Âge, les verres ressortent parfois avec des teintes non voulues.
Les verres bleus et rouges sont les plus couramment employés au XIIe siècle puis les
couleurs se nuancent dès le XIIIe siècle (vert-olive, vert-émeraude, rouge carmin et
rouge vermillon …). La gamme des oxydes utilisés va se diversifier tout au long du
Moyen Âge. Quelques exemples d’oxydes : le cobalt qui donne du bleu, le cuivre du
rouge, l’antimoine du jaune… En fonction des époques ou des lieux de fabrication du
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verre, les couleurs des verres teints dans la masse peuvent varier. Par exemple, les
couleurs sont beaucoup plus vives au XIXe qu’au XIIIe siècle.
La peinture appliquée sur les verres. La grisaille, utilisée dès le Ve-VIe siècle, peut
être appliquée sur les verres colorés ou blancs. Elle est plus ou moins sombre (noire,
grise ou brune) en fonction de sa dilution. C’est la seule peinture vitrifiable qui existe
jusqu’au XIVe siècle, date de création du jaune d’argent. De nombreux vitraux sont
réalisés en grisaille et jaune d’argent dès la fin du XVe siècle. Ils permettent de faire
rentrer une lumière blanche dans l’édifice. Les émaux, créés fin XVe siècle, sont
utilisés sur du verre blanc. Leur utilisation permet de juxtaposer des couleurs sans
recourir à du plomb. À la différence des verres teints dans la masse qui diffusent une
lumière colorée intense, les vitraux peints à l’émail sont plus translucides, les verres
ainsi colorés diffusent moins de lumière. À distinguer : la grisaille a un rendu
beaucoup plus mat et opaque que l’émail, plus brillant.
Piste pédagogique :
- étudier la composition du verre et des colorants du verre en cours de
physique/chimie.
2) La perception de la couleur
Dans un édifice religieux, la lumière qui s’y insère symbolise la présence de Dieu car il
est dit dans la Genèse que « Dieu est lumière ». Cette lumière, symbole du divin,
peut être soit blanche soit colorée. Cela dépend de l’importance de la couleur à
l’époque donnée, à laquelle s’ajoutent parfois des raisons plus pratiques.
Les vitraux romans peu colorés. Les vitraux des églises romanes utilisent
beaucoup de verre blanc et de verre coloré généralement clair, moins par refus de la
couleur que par souci de compenser les rares ouvertures qui confèrent au lieu une
atmosphère sombre. Il arrive que les créations contemporaines se tournent vers du
verre incolore ou peu coloré pour un mariage réussi avec les architectures romanes
(ex : Pierre Soulages à l’église de Conques, Robert Morris à la cathédrale de