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Institut de Formation Promotion 2015/2018en Soins Infirmiers
Année 2017/2018de Monaco
Marjorie Baldacchino
Laissez-vous déranger, laisser-moi déranger….
« L'homme puise du ciel son souffle, de la terre son sang,
des deux son rythme de vie »
Lao-Tseu
Mémoire de fin d'études
Mémoire de fin d’études
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de rechercheUE 5.4 S6 :
Analyse de la qualité et traitement de données scientifiques et
professionnelles
Sous la direction professionnelle de Josette Piazza-CadiouSous
la direction universitaire de Christina Alutto
Obje
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Note aux lecteurs :
« Il s'agit d'un travail personnel effectué dans le cadre d’une
scolarité à l’IFSI de Monaco, ilne peut faire l'objet d'une
publication en tout ou en partie sans l'accord de son auteur et
de
l’IFSI .»
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Remerciements
Avant toute chose, je souhaite remercier toute les personnes qui
m’ont de près ou de
loin permis d’aboutir à ce mémoire.
Merci à la Direction du Centre Hospitalier Princesse Grâce qui
m'a donné la chance de
pouvoir intégrer cette école en Soins Infirmiers et d’effectuer
de nombreux stages au sein de
son établissement.
Merci à Madame Monique Le DU, directrice de l’IFSI de Monaco,
pour son accueil.
Merci à toute l'équipe pédagogique et administrative, notamment
à mes guidantes,
Mesdames Josette PIAZZA-CADIOU et Christina ALLUTO pour leur
encadrement, leur
suivi et leurs conseils avisés.
Merci à notre cadre formateur référente, Madame Isabelle
CHRISTEN, qui a su, au
long de ces trois longues années, nous porter, nous guider et
nous accompagner dans la bonne
humeur, le respect et la confiance.
Merci à notre documentaliste, Monsieur Hervé COGNIER, pour sa
patience, sa
disponibilité et son investissement.
Merci aux professionnels de santé rencontrés lors des stages et
aux infirmières de
l’enquête pour leur professionnalisme et leur attention.
Merci à mes camarades de classes et tout particulièrement à
Madame Camille
BEJARANO pour sa disponibilité et les moments partagés.
Merci à mes amis et particulièrement Mesdames Sarah AUBERT et
Salomé
THOMPSON, pour leur soutien, leur écoute et leur patience.
Merci à ma meilleure amie, Madame Morgane GUIGNON, qui me permet
d’avancer
un peu plus loin chaque jour.
Merci à mon compagnon, Monsieur Renaud CARRE, et ses enfants,
qui m’ont
soutenu, réconforté et accompagné tout au long de cette
formation.
Merci à ma famille, mes parents, frère et grands-parents pour
leur investissement, leur
confiance et leur soutien à toute épreuve.
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« Pour avoir foi dans notre propre chemin, il n’est nul besoin
de prouver que celui de l’autre n’est pas le bon.
Celui qui agit ainsi n’a pas confiance en ses propres pas. »
Paolo COELHO, Maktub
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Table des matières
Introduction.......................................................................................................................1
1 S’interroger face à une expérience
inattendue................................................................3
1.1 Situation
d'appel......................................................................................................3
1.2
Réflexion.................................................................................................................5
1.2.1 Constat sur la gestion du stress de Mr
S.........................................................5
1.2.2 Constat sur mes émotions et mon
ressenti......................................................6
1.3 Questionnement
provisoire.....................................................................................7
2 Explorer le soin
autrement.............................................................................................8
2.1
Définitions...............................................................................................................8
2.1.1
Stress...............................................................................................................8
2.1.2
Relaxation.......................................................................................................9
2.1.3 Prise en soin
globale......................................................................................10
2.1.4 Médecines Non-Conventionnelles : MAC et/ou
MT/MC.............................11
2.1.5 Notion de la tri-dimensionnalité du corps, de l'âme et de
l'esprit : Focus sur
la Médecine Traditionnelle Chinoise
(MTC).........................................................13
2.1.6
Constat...........................................................................................................14
2.2 Cadre de
référence................................................................................................14
2.2.1 Cadre légal des Pratiques de Soins Non-Conventionnelles
(PSNC).............14
2.2.2 Rôle
infirmier................................................................................................16
2.2.3 L'utilisation des Médecines Alternatives : Modèle de
l’AP-HP....................18
2.3
Constat..................................................................................................................19
3 De la théorie à la
pratique.............................................................................................20
3.1 Élaboration du questionnaire des entretiens infirmiers dans
l'utilisation des
médecines
alternatives................................................................................................20
3.1.1 Comment et pourquoi
?.................................................................................20
3.1.2 Pour qui
?......................................................................................................20
3.1.3 Quel questionnement
?..................................................................................21
3.1.4 La retranscription et
l'analyse........................................................................21
3.1.5
L'attendu........................................................................................................21
3.2 Résumé des entretiens
infirmiers..........................................................................21
3.2.1 Synthèse - Question N°
1..............................................................................22
3.2.2 Synthèse - Question N°
2..............................................................................23
-
3.2.3 Synthèse - Question N°
3..............................................................................24
3.3 Analyse
globale.....................................................................................................25
3.4
Constat..................................................................................................................25
3.5 Question
définitive................................................................................................27
4 Justesse dans de nouvelles
pratiques............................................................................28
4.1
L’Altérité...............................................................................................................28
4.1.1 Le concept
d’Altérité.....................................................................................28
4.1.2 L’altérité dans le
soin....................................................................................29
4.2 Évaluation des médecines alternatives d’un point de vue
éthique.......................30
4.2.1 La
non-malfaisance......................................................................................31
4.2.2 La
bienfaisance.............................................................................................31
4.2.3 Le respect de l'autonomie du
patient............................................................32
4.2.4 Le respect de la dignité et de l'intégrité du
patient.......................................32
4.2.5 Le Respect de la
vulnérabilité......................................................................32
4.3
Constat..................................................................................................................33
4.4
Hypothèse.............................................................................................................33
Conclusion.......................................................................................................................34
Bibliographie...................................................................................................................35
Annexes...........................................................................................................................39
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Introduction
Un proverbe chinois aime à citer que « le médecin soigne, la
nature guérit. »1
Historiquement, la première des médecines fut définie comme
étant archaïque.Elle se caractérisait essentiellement par « des
conceptions magico-animistes etreligieuses des maladies et des
traitements thérapeutiques. »2 Ainsi, à cette époque, lamaladie
était perçue comme une punition ; elles était guérie par des
sorciers, chamansou prêtres magiciens. Outre les amulettes,
tatouages et autres cérémonies, les plantesmédicinales étaient déjà
utilisées. Par ailleurs, au même moment, et de manièreindépendante,
d'autres pratiques médicales dites « originales » se sont
développées enChine et en Inde, telles que la Médecine
Traditionnelle Chinoise ou encore l’Ayurvéda.
De l’autre côté du globe, en occident, la santé a été définie,
par le médecinpythagoricien grec Alcméon, comme étant « l'isonomia
tôn dunamion, l'équilibre despouvoirs, l'humide et le sec, le froid
et le chaud, l'amer et le doux …. la maladierésultant au contraire
de la monarchia d'un élément sur les autres, car la
dominationexclusive d'un élément sur un autre est destructive.
»3
Apparaît par la ensuite la médecine « hippocratique ».
Hippocrate ainsi que denombreux autres philosophes firent la
distinction entre la médecine et la magie. La santéest avant tout
une affaire d'équilibre et de déséquilibre. Les causes
supranaturelles sontalors rejetées, la maladie est définie comme un
processus. C'est à cette époque qu'estdéfini « le fameux serment
d'Hippocrate. »4 Par la suite, au IIème siècle de notre ère,Galien
permit à la médecine d'évoluer, il pratiqua des autopsies,
dissections et autresétudes sur le corps qui aboutirent à des
connaissances de l'anatomie et de laphysiologique. L'anatomie
moderne est née au XVème et XVIème siècle où la médecineoccidentale
devient alors une médecine d'urgence ; seuls les symptômes
physiques sonttraités.
Actuellement, la médecine « savante » progresse chaque jour mais
le plussouvent en oubliant la médecine locale emprunt de rites et
de traditions ancestrales.L’ouvrage « Médecines d’ailleurs »5 fait
un point sur ces pratiques singulières. Danschaque civilisation à
travers le monde, « l'histoire de l'art de guérir démontre
cettevolonté farouche de traquer ce qui viendrait flétrir la vie.
»6 C’est la raison pourlaquelle « comprendre les médecines
d'ailleurs, c'est peut-être aussi espérer quel'humanité réussira à
mettre en commun tous ses savoirs pour guérir le corps et l'âme
etapprendre à vivre. »7. A chaque peuple, nous pouvons associer une
manière propre desoigner. Nous pouvons admettre qu'il existe de
nombreuses méthodes pour arriver à unefin similaire, chaque méthode
faisant référence à des rites, des traditions, des pratiques,des
croyances différentes. Certaines médecines sont centrées sur les
causes externes de
1 Vivre en conscience. Citation sur la Santé , Disponible sur
www.vivreenconscience.net2 ALLAMEL-RAFFIN C. ; LEPLEGE A. Histoire
la médecine . France : Dunod . 2008, p.103 Ibid p.124 Ibid p.155
LAFFON M. ; LAFFON C. Médecines d'ailleurs . France : La martinière
. 20096 Ibid p.97 Ibid
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la maladie tandis que d'autres sont axées sur l'homme malade
dans sa globalité, lapathologie venant de l'intérieur, discordance
entre le psychologique et physiologique.Dans ces dernières, il est
alors question du rétablissement de l'harmonie au sein mêmede cet
individu.
Depuis toujours, je suis attirée par les Médecines Alternatives
etComplémentaires (MAC) . Se soigner « autrement » est pour moi une
réelle philosophiede vie. J’utilise au quotidien de la relaxation,
des huiles essentielles, des « remèdes degrand-mère ». Je puise ma
force dans la nature, l’essence de l’homme. Cependant, jen’ai
jamais écarté la Médecine Allopathique en continuant de consulter
régulièrementmon médecin de famille ou autres spécialistes. Ainsi,
j’ai débuté mes études en soinsinfirmiers avec ces expériences. Au
fils de mes stages, je me suis aperçue que denombreuses pratiques
alternatives sont utilisées à l’hôpital telles que du
toucher-massage, des bains thérapeutiques, de la musicothérapie, de
l’hypnose, des barreurs defeu… De plus, de multiples revues de
soins (« L’aide-soignante »8, « Soinsgérontologies »9 ou encore «
ASP liaisons »10) traitent divers dossiers en rapport avec laprise
en soins « non-médicamenteuse » : l’aromathérapie, les huiles
essentielles, lesmédecines douces…
Forte de ces connaissances et expériences, j’ai souhaité me
pencher pluslonguement sur ces disciplines au sein de l’institut de
soins. A travers ce mémoire, nousallons essayer de comprendre
quelle place l’infirmière donne aux MédecinesAlternatives et
Complémentaires en milieu hospitalier. En effet, après avoir
initiée larelaxation auprès d’un patient, j’ai été confrontée à la
problématique de conformité deces pratiques dans le soin infirmier
au sein de l’hôpital mais aussi au contraste médicalavec notre
médecine actuelle. Pour ce faire, j’ai exploré les concepts
soulevés par lesMAC à travers divers champs comme la conception
holistique, la philosophie, lalégislation ou encore les sciences
infirmières.
Dans un premier temps, je me suis interrogée face à une
expérience inattendue.Pour cela, j’ai lancé une phase d’études
théoriques afin de définir les champs principauxabordés dans cet
ouvrage en lien avec la pratique infirmière. Puis, afin de traiter
le sujetet de répondre au questionnement émis, un plan de recherche
a été établi. Il consiste aeffectué trois entretiens qualitatifs
auprès d’infirmières spécialisées dans une pratiquealternative.
Ensuite, la phase conceptuelle, basée sur les concepts essentiels
ressortislors des entretiens, permet de trouver la justesse dans la
mise en place de ces sciences.Elle permettra, enfin, d’établir une
hypothèse à partir de la question définitive, ouvrantsur la
conclusion.
8 RAME, Alain, L'aide-soignante, Les médecines douces, N° 71/72,
Novembre/Décembre 2005, p. 25-279 LOBSTEIN A. ; MARINIER F., Soins
gérontologie, Soins infirmiers et huiles essentielles en gériatrie,
N° 108, Juillet/Août 2014, p. 29-3210 SAGNO, Véronique., ASP
Liaison, L'aromathérapie en service de soin, N°51, Décembre 2015,
p. 4-5
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1 S’interroger face à une expérience inattendue
1.1 Situation d'appel
En ce début de semestre 4, lors de ma deuxième semaine de stage,
je suis dans leservice de « Spécialités Chirurgicales ».
L'après-midi, l'équipe soignante y accueille denombreux patients
afin d'effectuer leurs entrées programmées en vue d'un passage
aubloc opératoire le lendemain. Il est essentiel de comprendre que
la Durée Moyenne deSéjour (DMS) de ce service est courte, se
situant entre 24 heures et 3 ou 4 jours. De cefait, la prise en
charge des patients en est d'autant plus « express ».
Lors de la tournée de 18 h, accompagnée d’une infirmière, je me
présente à MrsS. À la lecture de son dossier infirmier établi dans
l'après-midi, je découvre que cepatient est âgé de 61 ans. Il est
entouré de sa femme, ses deux enfants et son petit-fils. Ilest
agent immobilier dans la région et autonome dans sa vie
quotidienne. Aucunantécédent particulier n'est à signaler. Il a été
admis ce jour pour une résection trans-urétral de la prostate
programmée dès le lendemain matin. L'augmentation du volume dela
prostate de ce dernier entraîne une gêne lors de l'évacuation de la
vessie,l'intervention consiste à élargir le canal de l’urètre
intra-prostatique par endoscopie.L'une des conséquences fréquentes
du traitement de l'adénome de la prostate est uneéjaculation
rétrograde, c'est-à-dire que l'éjaculat remonte vers la vessie.
En entrant dans sa chambre, je perçois une atmosphère palpable.
Dans une semi-pénombre, je découverte un homme seul, sur son lit
médicalisé, les bras croisésreligieusement sur son corps immobile,
le regard dans le vague emprunt d'anxiété. Il estdans le silence le
plus total, ni télévision, ni radio, ni lecture. Après les
présentationshabituelles, cette ambiance pesante m'interpelle ; il
me semble préoccupé. Cependant, jedécide avant tout de me
concentrer sur le soin à venir et j'explique au patient
ledéroulement de ce dernier, à savoir un lavement.
Ainsi, avec l’IDE, nous aidons Mr S. à s'installer en décubitus
latéral dans sonlit. Il est toujours silencieux et son visage se
renferme un peu plus encore. Il me sembleque sa préoccupation est
l'expression d'une certaine gêne de devoir s'exposer pour cesoin.
Il est vrai qu'entrer si brutalement dans une telle intimité est
déstabilisant tant pourmoi que pour le patient, d'autant que je
n'ai encore jamais pratiqué un lavement,imposant la présence
obligatoire d’une personne supplémentaire : l'infirmière.
J'aiégalement l'impression que le lien, entre l'opération et la
sphère génito-anale qu'elleimplique, entraîne chez le patient de
l'embarras et du stress. En outre, le patient estconscient des
éventuelles conséquences (notamment l'éjaculation précoce) liées à
sonopération. J'essaie de détendre l'atmosphère par un soupçon
d'humour mais sans grandsuccès. Le consentement du patient donné,
je procède au lavement. Pour ce faire, l'IDEm'explique et me guide
dans sa réalisation. Après introduction de la solution, jedemande à
Mrs S. de maintenir au mieux cette position afin que le soin puisse
agir.
│3
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Pour ne pas quitter précipitamment ce patient, je décide de
prendre un instantafin qu'il puisse exprimer son ressenti. Il
m'informe, qu'en ce qui concerne le lavement,il est dans une
position confortable ; le soin s'est déroulé sans douleur. En
revanche,lorsqu'il aborde l'opération à venir, il manifeste de
l'angoisse et de la peur. Il verbaliseparfaitement ses émotions,
mais ne parvient pas à les gérer. Je lui demande en quoi puis-je
l'aider. Il me répond : « Ça va aller, je n'ai pas le choix. » A
cet instant, je suisdémunie, désemparée et fortement frustrée. Je
sais que je n'aurais pas le tempsd'instaurer une relation d'aide
plus poussée avec lui et je sais aussi qu'aucuneprémédication n'est
prescrite. J'ai également la sensation qu'il me manque des
outilsessentiels afin de lui apporter un accompagnement de qualité.
A ce moment, la prise encharge a cessé d'être globale et
personnalisée. Là et maintenant, j'ai la désagréablesensation que
Mr S. n'est plus qu'un corps, sans âme ni esprit, représenté par
uneprostate trop protubérante qu'il faut réduire. Il incarne alors
le patient ordinaire, dans unservice de chirurgie, qui arrive un
lundi et repart un mercredi, sans vie, sans histoire,sans passé,
sans expérience. Mais je ne peux m'apitoyer sur mes émotions, je
doisrepartir dans ma tournée et non dans ma tourmente, les autres
patients ont aussi besoinde moi. Démunie, je conseille simplement
au patient de ne pas hésiter à en reparler avecl'équipe de nuit ;
son anxiété sera retranscrite dans le dossier de soins et expliquée
à mescollègues lors des transmissions du soir.
En sortant de la chambre, dans un précédent stage en service de
gérontologie, jeme souviens avoir observée l'équipe médicale
utiliser comme outils de détente le Music-care, c'est à dire de la
musico-thérapie. En effet, les études effectuées par le Pr
JacquesTouchon et le Dr Stéphane Guétin montrent que « les
variations du rythme, de lamélodie, des fréquences et l'harmonie
des séances Music Care agissent par des canauxsensoriels,
cognitifs, affectifs et comportementaux. Ils permettent de prendre
en chargela douleur, l'anxiété, la dépression, les troubles du
sommeil, de la mémoire et ducomportement. »11 Je pense alors que
dans le cas présent, cet outil aurait été précieuxpour détendre Mr
S ; son anxiété aurait été ainsi reconnue et prise en compte.
Maisfinalement, n'aurait-il pas été possible d'aller encore plus
loin dans la gestion du stress ?Existe-t-il d’autres méthodes pour
le prendre en charge ? En pleine réflexion, monservice se
termine.
Le lendemain après-midi, je suis de retour dans l'unité de soin.
Mrs S. est deretour du bloc opératoire. L'opération s'est bien
passée, il est peu algique, cohérent dansses propos et passe la
majeure partie de l'après midi à se reposer.
Le surlendemain matin, lors des transmissions, l'équipe de nuit
nous informe queMr S. est très anxieux à l'idée de son premier
lever. Lors de la tournée de 7 h, ilm'explique que son refus est
lié à une crise d'angoisse qu'il a eu la veille au soir enessayant
de se mobiliser tout seul. Il avait alors ressenti une vive douleur
abdominale etdes difficultés respiratoires. De ce fait, Mr S. a
très peur d'être à nouveau algique et defaire une autre crise
d'angoisse lors du premier lever. Je lui propose d'une part de
luiadministrer une heure avant des antalgiques afin de réduire la
douleur et d'autre partd'effectuer avec lui un instant de
relaxation basée sur la respiration avant de se
11 GUETIN S. ; TOUCHON J..MUSIC CARE . Le soin par la musique .
Disponible sur www.music-care.com.fr
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mobiliser. Je lui expose ensuite les techniques que nous
mettrons en place lors de lamobilisation afin qu'il ne force pas
sur la partie abdominale. Il accepte, son visage sedétend, il dit
se sentir un peu rassuré.
Une heure après l'administration des antalgiques, je me trouve
avec Mrs S,accompagnée d’une aide-soignante. Je propose à Mr S. de
débuter la relaxation qu’ilaccepte. Je lui demande alors de
s'allonger en décubitus dorsal, les bras de part et d'autrede son
corps et de fermer les yeux. J'entame alors le début de cette
pratique en mebasant sur la technique créée par le psychanalyste
Schultz, celle de la " méthode derelaxation par auto-décontraction
concentrative ". Elle « consiste en des exercicesphysiologiques
rationnels déterminés (sensations de lourdeur, de chaleur, etc...
),destinés à mettre l'esprit et le corps au repos.» 12 Ainsi, je
lui ai tout d'abord demandéd'effectuer trois grandes respirations
le plus calmement possible. Je l'ai ensuite convié àressentir le
bas de son corps et à le visualiser : orteils, talons, chevilles,
pieds … Ildevait alors imaginer une extrême lourdeur dans cette
partie du corps afin d'avoir lasensation de s'enfoncer dans le
matelas. J'ai ainsi procédé avec toutes les parties de soncorps
jusqu'au sommet du crâne. Puis, un instant de silence a été
instauré, l'un de cesmoments où plus rien n'existe, plus rien ne
compte. Pour terminer, j'ai demandé à Mr Sde revenir peu à peu à sa
conscience et de commencer à se mouvoir et à ouvrir les yeuxà son
rythme, lorsqu'il le souhaitera. A cet instant, le visage du
patient est détendu, ilnous dit se sentir moins stressé et prêt à
se lever.
Après la prise des constantes, nous l'accompagnons tout
doucement pour ledébut de son soin. Je lui conseille de se mettre
sur le côté, avant de s’asseoir sur le lit.Nous l'aidons ensuite à
se lever et l'accompagnons dans la salle de bain afin qu'il
puisseeffectuer sa toilette. Ce premier lever se passe sans
encombres, ni douleur ni malaise.Un sourire se dessine alors sur le
visage de Mr S. : il dit être soulagé d'avoir surmontécette épreuve
et nous remercie. Nous sortons de la chambre, le soin terminé. Je
suisalors satisfaite de mon intervention.
1.2 Réflexion
Avant de débuter l'analyse de ce mémoire, il me semble opportun
d’établir unconstat : d'une part sur la gestion du stress de Mr S.,
d'autre part sur mes émotionsressenties lors de cette
situation.
1.2.1 Constat sur la gestion du stress de Mr S.
« Certaines études suggèrent que les patients éprouvant une
importante anxiétépré-opératoire peuvent avoir un réveil
post-opératoire plus lent, plus compliqué et plusdouloureux. »13 En
s'appuyant sur cette étude approfondie par le Centre National
deRessources de lutte contre la Douleur (CNRD) de l'Assistance
Publique des Hôpitaux deParis (AP-HP), il me semble fort probable
que l'anxiété pré-opératoire de Mr S. peutêtre corrélée avec les
contrariétés éprouvées du surlendemain.
12 JACOBSON, Edmond., Hypnose thérapeutique, Le training
autogène de Schultz, Disponible sur www.hypnose-therapeutique.com13
Centre Nationale de Ressources de lutte contre la Douleur.
L'anxiété préopératoire , Disponible sur www.cnrd.fr
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J'ai pu constater une évolution entre l'avant et l'après
relaxation. En effet, avantcette dernière, le patient éprouvait
beaucoup de difficulté à gérer ses émotions, àsurmonter ses
épreuves. Il était extrêmement stressé et ne parvenait pas à passer
outre.Son visage était fermé, les traits tirés, tout dans
l'attitude de Mr S. reflétait un repli surlui-même, une envie de
fuir cette situation trop douloureuse. Après cette séance
dedétente, bien que néophyte, j'ai constaté une nette amélioration.
Le patient était souriant,son visage détendu. Il avait retrouvé la
motivation et l'envie d'avancer, comme si la peurendurée avait
disparu. Confirmation de cette amélioration puisque le premier
lever, sipénible au départ, s'est déroulé dans une facilité
déconcertante. Ainsi, il me semble quela mise en place de la séance
de relaxation a permis d'entendre et de prendre enconsidération
l'état de stress du patient. Ce dernier a été pris en charge non
plus commeune personne ordinaire mais bien comme un individu à part
entière, avec une vie, unehistoire et des émotions. Lors de ce
soin, je n'ai été que le chef d'orchestre, l'initiatricede son
cheminement intérieur. C'est le patient lui-même qui a effectué le
travail, sonesprit ayant œuvré pour son apaisement.
1.2.2 Constat sur mes émotions et mon ressenti
J'ai également souhaité me pencher sur mes propres émotions lors
de cette priseen soin. Je me suis posée la question suivante : «
Pourquoi ai-je fait plus attention à cepatient ? ». Après une
courte introspection, il me semble que dans le cas présent, je
mesuis tout simplement identifiée à ce dernier. En écho à une
situation antérieure vécue,trop douloureuse, un instant où je
devais moi aussi subir une intervention et où aucunsoignant n'a
pris le temps d'entendre ma peur incontrôlable et insurmontable.
J'étaisseule, abandonnée de tous. Ce traumatisme, encore enfoui, a
ressurgi lorsque monregard a croisé celui de Mr S, délaissé dans la
pénombre. Il m'a certainement donnél'impulsion nécessaire pour me
risquer à autre chose que les soins courants et
habituels.Instinctivement, je me suis laissée déranger par cette
étrange impression de savoir quoifaire, sans trop en connaître la
raison. Instinctivement, je me suis laissée déranger par lavolonté,
l'envie d'utiliser d’autres moyens même si, dans l'absolu, ils ne
sont pasconventionnels. Instinctivement, j'ai osé agir, sans tenir
compte de l’avis d’autrui.Finalement, la relaxation passée, je n'ai
ressenti aucun regard pesant, ni aucune questionà ce sujet, ni de
la part des soignants, ni de la part du soigné. C'était fluide et
presqueordinaire, le soin était réussi et seul le résultat
comptait. Cependant, je me suisrapidement demandée si mon acte
était légitime auprès de cet institut de soins. Avais-jedroit de le
faire ?
Ces constats m'ont permis de m'ouvrir un peu plus au monde. Mes
souvenirs etmes émotions m'ont consenti à aller au delà de
l'habituel. Ils ont fait ressurgir ce que jesais au plus profond de
moi et m'ont surtout donner la force de commencer à l'assumeraux
yeux des autres. Certes, cette vision n'est pas dans nos habitudes,
ni dans noscoutumes mais elle a le mérite d'exister, depuis de
décennies, partout.
Afin d’initier ce travail de recherche, suite à cette situation
interpellante, je mesuis posée le questionnement suivant.
│6
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1.3 Questionnement provisoire
│7
En quoi l'utilisation de la relaxation avant le premier lever
a-t-elle permis unemeilleure prise en soin globale du patient ?
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2 Explorer le soin autrement
L'exploration théorique suivante vise à contextualiser la
question provisoire àl'aide de recherches documentaires. Pour ce
faire, ces travaux seront basés sur desdéfinitions de notions
essentielles, sur un cadre de référence posé en terme de
légalité,mais aussi en s'appuyant sur le versant du rôle infirmier,
primordial dans la prise en soindu patient.
2.1 Définitions
Le stress, la relaxation, la prise en soin globale mais aussi
les MédecinesAlternatives et Complémentaires (MAC) et la Médecine
Traditionnelle Chinoise (MTC)sont autant de notions qu'il me paraît
essentiel de définir.
2.1.1 Stress
D'après le dictionnaire Larousse, le stress est un « état
réactionnel del'organisme soumis à une agression brusque. »14 Il a
été défini pour la première fois en1930 par le chercheur canadien
Hans Selyé. Suite à des études sur le comportementanimal en
situation de stress, Mr Selyé a montré qu'en présence de
nombreusesagressions extérieures (bruit, surpopulation, manque de
sommeil…), les animauxdéveloppaient des troubles du comportement,
tombaient malades et enfin mourraient.Après avoir effectué des
autopsies, il a découvert notamment une augmentationanormale du
volume des glandes surrénales. Ces dernières permettent la
régulation dudébit sanguin, de la pression artérielle, des
pulsations cardiaques... Elles sont « enquelque sorte l'hormone de
la réaction et de l'adaptation à la lutte ou à la fuite. »15
Ainsi comme le décrit Mr Selyé, le stress (également appelé « le
syndrome générald'adaptation ») désigne tant la cause que l'effet
de l'agression. Il se développe en troisétapes : la réaction
d'alarme (phase initiale), la résistance (adaptation par les
fonctionsorganiques) et l'épuisement (l'individu peut décédé suite
au débordement du stress). Cesyndrome pourrait être simplement
abordé comme étant une pression extérieure ayantdes conséquences
néfastes sur le corps.
Cependant, les psychologues Richard S. Lazarus et Susan Folkman
sont allésplus loin dans l'étude du stress. Ils ont mis en avant,
en 1984, le modèle de « théorie del'évaluation cognitive ». La
personne, en réponse au stress, prend en compte deuxfacteurs
importants : le premier étant celui du degré de la menace
générateur de cet étatsur soi-même et le second comme étant les
ressources possibles et nécessaires à la priseen compte de ce
stress.
Ce constat a permis aux chercheurs d'aboutir au concept de «
coping », c'est àdire de réussir à « faire-face » à un événement.
Les psychologues l'on alors définicomme étant « un ensemble
d'efforts cognitifs et comportementaux en perpétuels
14.Larousse, Stress, Disponible sur www.larousse.fr15 HOUDRET,
Jean Claude., Combattre le stress avec les médecines douces et les
méthodes naturelles, France : SOLAR . 2005
│8
-
changement pour gérer les demandes externes évaluées comme
mettant à l'épreuve ouexcédant les ressources personnelles. »16
Pour eux, la possibilité de modifier leproblème à l'origine du
stress et la régulation des réponses émotionnelles en reflet à
ceproblème sont les deux fonctions principales du « coping ». De ce
fait, nous pouvonsmettre en place un « coping » centré sur le
problème, c’est à dire que l’individu seconfronte directement à
l'obstacle grâce à ses ressources personnelles, en essayant
derésoudre la difficulté. A contrario, le « coping » centré sur
l'émotion tend à la gestiondes sensations émanant de la situation
stressante. Cette réaction relevant surtout del'ordre de
l'évitement.17 Dans cette situation, nous pouvons supposer que Mr S
a utiliséun « coping » centré sur l'émotion : « Ça va aller, je
n'ai pas le choix. », un regard triste,de la solitude, un repli sur
soi important....
Afin de faire face à ces situations de stress, j'ai découvert
qu'il existe denombreux outils. Le conférencier, formateur et
consultant en développement desressources humaines, Richard
Thibodeau, a établi une liste non-exhaustive de cesméthodes. Il a
mis l'accent sur le point commun de ces techniques comme étant «
larecherche d'un plus grand bien-être physique, émotionnel et
mental. »18 Il insistenotamment sur les bienfaits d'une
alimentation saine, de la pratique d'activité physique,d'exercices
de détente musculaire, d'exercices de méditation, d'imagerie
mentale, desoins émotionnels, d'attitudes positives… Dans le cas
présent, j'ai axé mes recherchessur la relaxation, technique
utilisée dans ma situation de départ.
2.1.2 Relaxation
Le médecin et chef du laboratoire de psychologie à la Faculté de
médecine deStrasbourg, Robert Durand de Bousingen, a défini vers la
fin du XXième siècle, larelaxation comme étant une forme de
thérapeutique, préventive ou curative, permettantde retrouver de la
sérénité. C'est « une technique de recherche d'un repos le
plusefficace possible, en même temps que d'économie des forces
nerveuses mises en jeu parl'activité générale de l'individu. » 19
Mr De Bousingen s'appuie essentiellement sur lanotion de tension
liée au tonus ou encore de relâchement musculaire. Il démontre que
lavie quotidienne est rythmée par une alternance d'état de repos et
d'état de tension. De cefait, nous sommes en constante recherche
d'harmonie. Cet équilibre tend à diminuer lestensions ressenties en
lien avec le stress défini ci-dessus. Plusieurs approches
peuventêtre abordées. On peut traiter la relaxation d’un point de
vue physiologique, caractériséepar l'état d'un muscle. Mais
également par un aspect génétique où le rôle fondamental dela «
fonction tonique » est important dans l'évolution de la
personnalité. Ou encore parun versant constitutionnel ou
psychanalytique c'est à dire que l'on peut corréler
lefonctionnement moteur (tonus) et celui psychique (émotionnel).
Enfin, l’optique depsychologie générale reposant sur les notions
énergétiques de force psychique n’est pasnégligeable.
16 NICCHI S. ; LE SCANFF N. Bulletin de psychologie, Les
stratégies de faire face, Groupe d'études depsychologie , N°475 –
2005/1, p.18217 BRUCHON-SCHWEITZER, Marilou., Recherches en soins
infirmiers, Concepts, stress, coping, N°67 - Décembre 2001, p.6818
THIBODEAU, Richard Méthodes pour résoudre le stress , Disponible
sur www.psycho-ressources.com19 DURAND DE BOUSENGEN, Robert, La
relaxation, France : Presse universitaire de France, 1987, p.4
│9
-
En s'appuyant au plus près de ces analyses, le Dr Durand de
Bousingen arépertorié différentes méthodes de relaxation. Nous
trouvons d'une part les analytiquesd’origine physiologique visant
essentiellement une relaxation basée sur l'éducation dusens
musculaire (la relaxation progressive). D'autre part, les
techniques globalesprovenant de la psychothérapie (caractérisées
par une conception globale de lapersonnalité humaine) sont axée sur
la relaxation mentale. Afin d'illustrer cette dernière,il est
possible de s’appuyer sur celle utilisée dans la situation de
départ, l'auto-trainingautogène de J.H. Schultz.
En ce qui concerne les domaines d'application, ces méthodes
peuvent êtreutilisées à titre préventif dans la vie quotidienne
mais aussi en médecinepsychosomatique où elles peuvent apporter une
réelle plus-value dans tous les domainesde la médecine (gestion
stress, anxiété, émotions, troubles du sommeil,
syndromescardio-vasculaire, syndromes respiratoires, syndromes
endocriniens et métaboliques ouencore gastro-intestinal....).
Cependant, « comme toute thérapeutique, les méthodes derelaxation
sont parfois inefficaces, susceptibles même de provoquer des
aggravations,surtout si elles sont appliquées à mauvais escient.
»20 Elles doivent donc être utiliséespar des personnes ayant la
connaissance.
On peut remarquer qu'un grand nombre de Médecines Alternatives
implique larelaxation telle que le yoga, la méditation, le Tai Chi,
la sophrologie, le Reiki, laMédecine Traditionnelle Chinoise ou
encore de l'auto-hypnose …
Enfin, pour élargir cette vision, on peut constater
qu'aujourd'hui, la relaxationtend à se démocratiser et se banaliser
comme le montre le magazine « Topsanté » quidéfinit la relaxation
par « un moyen d'entrer en contact avec un état de détente.
Elleconstitue une manière de se relier à son intériorité par le
biais d'un travail sur larespiration, sur la prise de conscience et
la détente de toutes les parties du corps, ainsique sur la
visualisation. »21 L’accent est mis sur un bénéfice au quotidien de
cettepratique et surtout sur l’améliore la connaissance de Soi donc
de la gestion de son être.On peut donc comprendre qu'elle est de
nos jours très en vogue et accessible au plusgrand nombre.
Afin de continuer dans l'axe de mon questionnement de départ, il
me paraîtessentiel de définir ce qu'est « la prise en soin globale
» du patient. Anciennementnommée « prise en charge », il me semble
préférable de m'appuyer sur le terme « soin »dont la connotation
est moins péjorative que « charge ».
2.1.3 Prise en soin globale
La prise en soin globale du patient caractérise, à mon avis,
toute la dimensionhumaine palpable et impalpable. D'après le
dictionnaire Larousse, « Prendre » peut-êtredéfini comme « Adapter
son comportement à l'égard de quelqu'un, avoir telle attitudepar
rapport à quelque chose et, en particulier, le traiter de telle ou
telle manière. »22.
20 Ibid p.10921 Top santé, Relaxation, Disponible sur
www.topsante.com
22 Larousse, Prendre , Disponible sur www.larousse.fr
│10
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Le terme « soin » est, quant à lui, une « charge, un devoir de
veiller à quelque chose, des'en occuper »23. Sur le même versant, «
charge » est un « rôle, mission, choses oupersonnes dont on a la
responsabilité.»24 D'un point de vue personnel, je souhaitedéfinir
la prise en soin d'un patient comme étant l'adaptation du soignant
à la personnedont on a la responsabilité.
En ce qui concerne le terme « global », c'est une unité. Selon
le dictionnaireLarousse, il est caractérisé comme étant un élément
« qui est considéré dans sa totalité,qui est pris en bloc ou qui
considère quelque chose dans son ensemble. »25 D'après
cettedéfinition, j’ai constaté que l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) caractérise leprincipe de la globalité dans la
définition de la santé : «La santé est un état de completbien-être
physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une
absence demaladie ou d'infirmité».26 Or, je remarque qu'à ce jour,
et malgré la volonté de prendreen soin globalement les patients,
ces derniers sont avant tout soignés par « qualité » :d'un côté
nous soignons le corps, de l'autre l'esprit. Rarement l’ensemble.
Certes, toutesles dimensions sont identifiées et prises en compte
mais elles ne sont pas analyséescomme étant liées les unes aux
autres. Il manquerait peut-être une vision supplémentairepermettant
d'unir la dimension physique à la dimension spirituelle. Mais
existe t-il un tellien, de telles pratiques ?
Dans cette situation, j'ai commencé par définir le problème de
Mr S, à savoir lestress, j'ai continué par la relaxation qui a été
l'outil utilisé afin de soulager cettedifficulté. Ainsi, il me
semble que la relaxation, qui prend en compte tant le physiqueque
le psychique, s'inscrit dans des pratiques plus larges. J'ai alors
découvert que cespratiques peuvent être nommées « Médecines
non-conventielles » ; elles possèdent denombreux outils dans leur
mise en application mais elles ont surtout de grands
principescommuns.
2.1.4 Médecines Non-Conventionnelles : MAC et/ou MT/MC
Selon l'ordre des Médecins, en France, de plus en plus de
personnes ont recourschaque année aux médecines non–allopathiques,
c'est à dire celles ne faisant pas partiede la médecine
conventionnelle, habituellement utilisée et reconnue par la
cultureoccidentale. Ainsi, 40% des Français auraient recours à ces
médecines non-conventionnelles. Ce pourcentage augmenterait chez
les personnes atteintes de maladiesgraves ou chroniques. Dans le
cadre de ces pratiques, de nombreux termes sont utilisés :«
Médecines Non-Conventionnelles », « Traitements Non-Conventionnels
à viséethérapeutique », « Médecines Douces », « Médecines
Parallèles », « Pratiques de SoinsNon-Conventionnelles (PSNC) », «
Médecine Alternative et Complémentaire (MAC) »,ou encore « Médecine
Traditionnelle et Complémentaire (MT/MC) »... Chacun y va deson
vocabulaire. On s'y perdrait presque dans les méandres du langage
de l'homme.
23 Larousse, Soin , Disponible sur www.larousse.fr24 Larousse,
Charge , Disponible sur www.larousse.fr 25 Larousse, Global ,
Disponible sur www.larousse.fr26 Organisation mondiale de la santé,
Vos questions les plus fréquentes , Disponible sur www.who.int
│11
-
Le terme « Médecines Alternatives et Complémentaires » (MAC) est
employépar l'Ordre National des Médecins pour désigner les
médecines non-allopathiques. Ilsont choisi d'utiliser cette
expression puisqu'elle est couramment utilisée en Europe etdans les
pays Anglo-saxon. Ainsi, de leur point de vue, « la médecine
désigne unensemble de techniques et de pratiques qui ont pour objet
la conservation et lerétablissement de la santé. Ce terme est donc
approprié pour désigner ces pratiquesdans la mesure où elles sont
réalisées par des médecins, ou sous leur autorité.L’appellation
«alternative» désigne un choix. Ce choix peut relever de la
décision dupatient, légitimement acteur de sa santé. Cela souligne
l’importance du dialoguemédecin/patient qui permet une information
et des mises en garde éventuelles. Enfin, leterme «complémentaire»
se justifie pleinement dans la mesure où ces techniques etpratiques
peuvent être associées à l’arsenal thérapeutique conventionnel.
»27
L'OMS, quant à elle, définit ces pratiques comme étant des
MédecinesTraditionnelles et Complémentaires (MT/MC). C'est la
fusion entre la médecinetraditionnelle et la médecine
complémentaire. La médecine traditionnelle étant « lasomme de
toutes les connaissances, compétences et pratiques reposant sur les
théories,croyances et expériences propres à différentes cultures,
qu’elles soient explicables ounon, et qui sont utilisées dans la
préservation de la santé, ainsi que dans la prévention,le
diagnostic, l’amélioration ou le traitement de maladies physiques
ou mentales. »28 Lamédecine complémentaire ou dite « alternative »
fait « référence à un vaste ensemble depratiques de santé qui ne
font pas partie de la tradition ni de la médecineconventionnelle du
pays et ne sont pas pleinement intégrées à son système de
santéprédominant. Dans certains pays, ces médecines sont utilisées
de manièreinterchangeable avec le terme « médecine traditionnelle.
»29
Ainsi, au vue de ces définitions, la relaxation fait partie
intégrante de cesmédecines. Il existe de nombreuses MAC ; il n'est
cependant pas possible de toutes lesciter tant la liste est longue.
Malgré cela, comme l'explique le Ministère de la Santé etde la
Solidarité, les principes communs à ces pratiques peuvent être
abordés de lamanière suivante : « Leur vision de l’être humain
repose sur des concepts voisins :union du corps et du psychisme,
énergie, équilibre…les médecines alternatives ont uneapproche
holistique, la personne est perçue comme un tout. Elles cherchent à
soigner lapersonne dans son ensemble (signes physiques, signes
psychiques, qualité du sommeil,émotions, vie sociale,…). »30
Ces principes rejoignent totalement la représentation de la
prise en soin« globale » du patient à laquelle j'aspire. Afin
d'approfondir mon résonnement, j'aichoisi de me pencher sur la
Médecine Traditionnelle Chinoise. Cette pratique est baséesur un
système d'unité où l'homme est un tout et fait partie intégrante de
l'univers. Il estimpossible de séparer le corps et l'esprit car ils
sont intimement liés l'un à l'autre : l'unne pouvant aller sans
l'autre.
27 Ordre National des Médecins, Quelle place pour les médecines
complémentaires ?, Disponible sur www.conseil-national.medecin.fr28
Organisation Mondiale de la Santé. Stratégie de l'OMS pour la
médecine traditionnelle pour 2014 – 2023, p.15, Disponible sur
www.who.int 29 Ibid30 Centre de Recherche et d'Informations des
Organisations du Consommateur. Les médecines alternatives ,
Disponible sur http://www.zetetique.fr p.2
│12
-
2.1.5 Notion de la tri-dimensionnalité du corps, de l'âme et de
l'esprit : Focus sur la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC)
31
D'après l'ouvrage « Bien-être et épanouissement par la tradition
médicalechinoise », les auteurs Pascal Huart et Calvin Cambridge
ont souhaité aborder laMédecine Traditionnelle Chinoise de manière
simple et compréhensible pour un largepublic. Cet ouvrage est en
majeure partie résumé dans l'annexe 1.
Tout d'abord, la MTC a été influencé par trois mouvements
principaux : leTaoïsme, le Confucianisme et le Bouddhisme. Leur
conception de la santé est quelquepeu différente de la notre
puisque « dans la chine traditionnelle, la notion de santécomprend
la longévité, le bonheur et l’absence de maladie.»32 L'approche de
cettepratique se veut globale pour l'être humain et ne se concentre
pas uniquement sur lamaladie. La philosophie chinoise prône le : «
prévenir plutôt que guérir [comme étant]la base d'un bon équilibre.
»33 Pour eux, la vie de l'homme est réglé par ce qui nousentoure ;
il en a besoin pour vivre et il est influencé par tous ces
phénomènes. Lecosmos (la terre, le soleil, la lune, les planètes,
les saisons, les éléments...) est enharmonie. C’est ce même cosmos
qui tracerait le chemin de l'homme, le TAO, et dont laMTC devrait
permettre d'en appréhender au mieux les obstacles part
l'utilisation d’outilsspécifiques.
Dans cette pratique, la nature humaine est indissociable de la
nature elle-même.Ainsi, l'être humain est conceptualisé par la
forme (Po) et l'âme (Hun) ; l'âme étant elle-même la racine de
l'esprit (Shen). L'homme possède en lui le QI, charge d'énergie
luipermettant de vivre. La part charnelle, incluant les méridiens
permettant de transporterle QI, décline au fils des ans. Alors que
la part spirituelle peut croître avec le temps.Pour garder ce
précieux équilibre, la MTC met l'accent sur la théorie du ying et
du yang.« Le Ying et le Yang sont considérés comme deux énergies
antagonistes maiscomplémentaires. Elles sont indissociables et ne
peuvent exister l'une sans l'autre»34
Elles se retrouvent partout dans la nature et donc dans le corps
humain, telles desmaximes traditionnelles, « du Ying naît le Yang
et du Yang naît le Ying ».35 Ainsi,comme stipulé ci-dessus, le
corps humain a besoin du QI pour fonctionner ; il doitpuiser dans
son environnement, la nature, afin de l'alimenter au mieux. Cette
énergiepermet de faire fonctionner les organes qui sont chacun en
lien direct avec desémotions. Pour eux, si ces émotions sont trop
fortes, elles peuvent provoquer uneperturbation de l'énergie et
ainsi déclencher une maladie.
Dans cette approche très simplifiée de la MTC, on peut
facilement remarquerl'importance, dans la tradition chinoise, du
lien établi entre le cosmos, la nature,l'homme, les énergies… On
peut donc comprendre que l'être humain est un tout, uncorps, une
âme et un esprit et que l'un ne peut être appréhender sans l'autre.
Ainsi, il est
31 Cf Annexe I : Résumé : « Bien-être et épanouissement par la
tradition médicale chinoise »32 HUART P. ; CAMBRIDGE C..Bien-être
et épanouissement par la tradition médicale chinoise . France :
Éditions du puits fleuri . 2005 p.1333 Ibid p.1534 Ibid P 3035 Ibid
P 30
│13
-
difficilement concevable aujourd’hui de ne soigner le corps sans
en soigner l'esprit dansun même temps. On peut imaginer que cela
pourrait s'apparenter à effectuer unpansement sur une plaie malade
sans la nettoyer auparavant.
2.1.6 Constat
Dans cette situation, et forte des recherches effectuées
ci-dessus, il me sembleque Mr S. a été dans une stratégie de «
coping » centré sur l'émotion afin de palier à unstress trop
important vis à vis de l'opération à venir. Il me paraît alors que
les soinsprodigués à ce patient par de la relaxation «
auto-training autogène » étaient adaptésaux circonstances. Ils lui
ont permis de mieux appréhender les soins à venir, de sedétendre
peu à peu : un réel bénéfice dans la prise en soin de ce patient.
Je resteconsciente qu'il existe de nombreux autres outils pouvant
aboutir à un résultat similaireet éventuellement meilleur. Je
constate également que la part émotionnelle du patientjoue un rôle
prépondérant dans sa futur prise en soins. Elle se doit d'être
globale enprenant en compte toutes les dimensions de l'être, notion
de la tri-dimensionnalité quiest utilisée dans de nombreuses
médecines alternatives. A ce jour, il me semble quecertains
hôpitaux mettent déjà en place des MAC dans leurs services de
soins.
Or, je m’interroge : Est-il possible d'utiliser ces pratiques en
milieu hospitalier ?Existent-elles déjà dans des établissements de
santé ? En effet, lors de la mise en placede la relaxation avec Mr
S., je me suis questionnée sur la légitimité d'utiliser
larelaxation au sein de l'hôpital. C'est pourquoi, afin de
poursuivre mes recherchesthéoriques, je me suis demandée quel était
le cadre de référence en terme de légalité etde réglementation pour
ces pratiques différentes.
2.2 Cadre de référence
2.2.1 Cadre légal des Pratiques de Soins Non-Conventionnelles
(PSNC)
Au niveau mondial, l'OMS reconnaît les médecines traditionnelles
etcomplémentaires. Dans son discours prononcé au Congrès sur la
médecinetraditionnelle, à Beijing en république populaire de chine
en 2008, le Dr Margaret Chan,alors Directeur général de
l'Organisation Mondiale de la Santé, explique l'importance dene pas
opposer la médecine traditionnelle à la médecine occidentale. Elle
estime quechacune de ses médecines peuvent se compléter
harmonieusement, de nombreux paysayant déjà associés efficacement
ces deux modèles. Mais l'accent est mis, déjà en 2008,sur la
nécessité de mettre en place une réglementation, des formations et
descertifications applicables à ces pratiques dans tous les pays.36
L'OMS constate que : « Àtravers le monde, la Médecine
Traditionnelle (MT) constitue soit le mode principal deprestation
de soins de santé, soit un complément à ce dernier. Elle constitue
un panimportant et souvent sous-estimé des soins de santé. Elle
existe dans quasiment tous lespays du monde, et la demande de
service dans ce domaine est en progression »37. C'est
36 CHAN, Margaret, Organisation Mondiale de la Santé. Allocution
au Congrès de l'OMS sur la médecine traditionnelle, Disponible sur
www.who.int37 Organisation Mondiale de la Santé, Stratégie de l'OMS
pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023, Disponible sur
www.who.int
│14
-
pourquoi l'OMS met en place, pour 2014-2023, un plan stratégique
pour la MédecineTraditionnelle. Il a pour but de soutenir les États
Membres souhaitant développer cespratiques et de poser les bases en
terme de réglementation dans l'usage de la MT/MC.
Au niveau européen, le parlement a statué en faveur de la
reconnaissance desMAC dans son rapport du procès verbal du 29 Mai
1997. Les études mettent notammentl’accent sur une disparité dans
l'utilisation de ces pratiques entre l'Europe du Nord et duSud, ce
dernier étant plus fermé à leur emploi.38 Afin d'évaluer les MAC,
la commissioneuropéenne a conduit, jusqu'en 2012, le programme
CAMBRELLA. Menées par 16universités européennes, ces études ont eu
pour vocation d'établir les besoins, l'intérêt,les usages et le
statut de ces pratiques dans les différents pays membres. Dans le
rapportfinal du 29 Novembre 2012, en matière de réglementation de
ces pratiques en Europe, leparlement met l'accent sur l'absence
d’approche commune en terme législatif des payseuropéens. Ce vide a
une influence indirecte sur la manière dont les patients,
lespraticiens et les chercheurs abordent ces Médecines. Ainsi, dans
la conclusion de cerapport, l'Union Européenne a décidé que
l'organisation et la réglementation des soinsde santé relève de la
responsabilité nationale, tandis que les médicaments
restentréglementés au niveau européen.
En ce qui concerne la France, la plupart des Médecines
Non-Conventionnellessont très peu reconnues par la Loi. Ainsi, les
recommandations de ces pratiques par leministère restent floues,
puisque ni l'efficacité, ni l'inefficacité, ni les bienfaits, ni
lesrisques, ni la nocivité n'ont été réellement démontrés. Bien peu
d'études ont été menéesdans ce domaine. Il est donc difficile, pour
la population d'avoir un avis scientifique etfondé sur ces
méthodes. Dans la pratique des MAC, le vide juridique inclut la
majeurepartie des professionnels de santé. Dans la Loi du 4 mars
2002 du Code de la santépublique, d’après l’article L.4111-1, seuls
les médecins peuvent exercés la médecine. Ence qui concerne les
autres professionnels de santé, l’article L.4161-1 et L.4161-5
duCode de la Santé Publique défini l’exercice illégal de la
médecine. Ainsi, « les membresdes professions paramédicales
effectuent leurs actes sur prescription d’un médecin,sauf les actes
qui relèvent de leur rôle propre. Ces actes sont définis dans le
CSP. »39 Jeconstate qu’il est plus facile pour les médecins
d’exercer des MAC puisqu’ils peuventmettre en application de
nombreuses pratiques sous couvert du diplôme de la
médecineconventionnelle.
Pour continuer dans mes recherches, j’ai souhaité me pencher
plusspécifiquement sur l’utilisation des médecines alternatives en
soins infirmiers.
38 LANNOYE Paul, Parlement Europpéen, Rapport du 16 Mars 1997
sur le statut des médecines non-conventionnelles, Disponible sur
www.europarl.europa.eu39 Ministère des Solidarités de la Santé, Les
pratiques de soins non conventionnelles, Disponible sur
www.solidarites-sante.gouv.fr
│15
-
2.2.2 Rôle infirmier
• Cadre législatif et réglementation de la profession
d’infirmière :
D'après l'article R. 4311-2 du Code de la Santé publique, « Les
infirmiersdispensent des soins de nature préventive, curative ou
palliative, visant à promouvoir,maintenir et restaurer la santé.
Ils contribuent à l’éducation, à la santé et àl’accompagnement des
personnes ou des groupes dans leur parcours de soins en lienavec
leur projet de vie. Les infirmiers interviennent dans le cadre
d’une équipe pluri-professionnelle, dans des structures et à
domicile, de manière autonome et encollaboration. »40 En me basant
sur les principes fondamentaux des soins de VirginiaHenderson, le
rôle de l'infirmier change d'une décennie à l'autre et varie selon
lessituations rencontrées : il évolue dans le temps. Cependant, la
base de ce rôle peuts'appuyer sur le principe suivant : « les
besoins de l'humanité sont à la source des soinsinfirmiers comme
d'ailleurs dans tous les services de bien-être. »41
Pouvons-nousimager que ces besoins de l’humanité puissent être
satisfaits par les médecinesconventionnelles et alternatives sans
aller à l’encontre du cadre légal et déontologique ?
Comme expliqué dans le rapport sur les médecines alternatives de
l’AP-HP42,certaines pratiques telles que l’acupuncture ou encore
l’ostéopathie sont réglementées.D’autres, comme l’hypnose, ne
bénéficient d’aucun encadrement. Cette dernièrepratique fait
aujourd’hui partie des médecines alternatives qui sont de plus en
plusutilisées. D’après l’ouvrage intitulé « L’hypnose en soins
infirmiers »43, les auteurs deréférence, Elisabeth Barbier
(infirmière hypnopraticienne) et Rémi Etienne (infirmier enéquipe
mobile de soins palliatifs), ont mis en avant la complexité de
l’utilisation de lapratique de l’hypnose en milieu hospitalier. Ils
expliquent que cette pratique est avanttout un outil pouvant être
considéré comme une spécialité mais encore controverséaujourd’hui.
Ils posent le problème de compétence, de déontologie et d’éthique
qu’elleengendre. « Ces bases sont nécessaires pour proposer une
approche clinique entre lapersonne soignée et le praticien, dans
une relation basée sur la confiance. »44 Ainsi,pour eux, cette
discipline se doit d’être dispensée dans les limites des
compétences dechaque professionnel. Dans cet ouvrage, l’aspect
réglementaire de la « pratiqueinfirmière en hypnose » est développé
de la manière suivante : le rôle infirmier met enavant la prise en
soin globale du patient incluant toutes les dimensions.
Lacommunication et la relation avec le patient étant la base de
l’hypnose, on peut doncconsidérer cette pratique comme un outil
supplémentaire pouvant faire partie du rôlepropre de l’IDE où sa
responsabilité est mise en jeu lors de sa mise en application.
C’estla raison pour laquelle, en se basant sur l’absence de cadre
légal précis et de flou dans ledécret de compétences infirmiers, la
juriste en droit de la santé, Mme Lelièvre, pose laquestion
suivante : « Faut-il en conclure ipso facto que la pratique est
interdite ou a
40 Ministère des Affiares Sociales et de la santé, Profession
infirmière, Recueil des principaux textes, France : Berger Levraut
, 2015, p.2141 HENDERSON Virginia, Principe fondamentaux des soins
infirmiers, France : S. Karger, Basel, 1969,p.942 Cf Annexe II :
Résumé du « Rapport des médecines complémentaires à l’Assistance
Publique – Hôpitaux de Paris »43 BARBIER E. ; ETIENNE R. et al.,
Hypnose en soins infirmiers, France : Dunod, 201744 Ibid P 23
│16
-
contrario permise ? »45 Cependant, l’ouvrage précise qu’il est
inconcevable de mettre enœuvre cette discipline sans le
consentement du patient et sans une formation adaptée etvalidée.
Dans cette optique, pour réaliser l’hypnose, une prescription
médicale ne seraitpas nécessaire à l’infirmier, n’assurant aucune
protection juridique supplémentaire, ledécret de compétence étant
muet à ce sujet. Cependant, « l’infirmier ne peut coter[l’hypnose]
sans risquer d’être poursuivi pour exercice illégale de la
médecine. Pourautant, chaque professionnel de santé a l’obligation
de tracer et transmettre les soinsqu’il a prodigués à un patient
avec son consentement. »46. Aujourd’hui, la plupart
desétablissements de santé s’adaptent à la mise en œuvre de la
pratique de l’hypnose.
• Cadre déontologique et règles professionnelles infirmières
:
Les règles professionnelles infirmières sont régies par le
décret n° 93-221 du 16février 1993.47. Le code de déontologie vient
préciser ces règles (car inchangées depuis)et spécifier les
articles R.4312-1 et suivants du code de la santé publique. « Il
s’agitdonc d’une modernisation et d’un enrichissement […] afin de
mieux prendre en compteles évolutions majeures observées ces 20
dernières années. »48 Parmi ces nombreuxarticles, je me suis
aperçue que certains d’entre eux peuvent s’appliquer à
l’utilisationdes MAC. Ainsi, le code de déontologie met l’accent
sur le respect de la dignité et de lavie humaine, mais aussi sur
les principes de moralité, de probité, de loyauté etd’humanité.
L’intérêt du patient, ne pas prendre de risque injustifié, la
volontéd’actualiser et de perfectionner ses connaissances
professionnelles, la responsabilité ouencore le consentement libre
et éclairé du patient sont des points essentiels à la mise enœuvre
des pratiques infirmières.49 Ce cadre, associé aux textes de Loi,
peut permettre deposer les bases réglementaires dans l’utilisation
des MAC en tant que soignant. Ce quis’applique à la médecine
allopathique doit et peut aussi s’appliquer à la
médecinealternative.
Afin de continuer dans cette réflexion, j’ai recherché des
références de ce quiexiste aujourd’hui en France. C’est la raison
pour laquelle je développerais dans leparagraphe suivant
l’utilisation des médecines alternatives au sein de
l’AssistancePublique des Hôpitaux de Paris, modèle et précurseur
dans la mise en application de cespratiques.
45 Ibid P 2646 Ibid p.2747 Ordre National des Infirmiers, Code
déontologie des infirmiers, Disponible sur
https://www.ordre-infirmiers.fr48 Ibid49 Cf Annexe III : Code
déontologique des infirmiers : focus sur les articles pouvant
appuyer l’utilisation des MAC
│17
-
2.2.3 L'utilisation des Médecines Alternatives : Modèle de
l’AP-HP
En Mai 2012, le comité d'orientation en matière de Médecines
Complémentairesde l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris a
effectué un rapport sur l'utilisation desMAC en milieu
hospitalier.50
Ce programme de grande envergure a été initié suite au postula
que de plus enplus de ces pratiques sont utilisées par la
population ; elles sont présentes en milieuhospitalier mais souvent
isolées les unes des autres. À ce sujet, un sérieux manque
derecherches cliniques est également à déplorer.
Après ce bilan, l'AP-HP a souhaité mettre en place un plan
stratégique 2010-2014 où le développement de ces médecines
alternatives serait mis en avant. Pour cefaire, « un Comité
d’Orientation en matière de Médecines Complémentaires chargé
dedéfinir et de proposer rapidement les premières orientations mais
aussi de réaliser lebilan de ces activités » 51 a été crée. En Mai
2012, cette assemblé a établi un rapportsuite à la mise en place de
nombreux traitements alternatifs au sein de l'AP-HP : ils
sontutilisés dans les hôpitaux de court, moyen et long séjour
(notamment, soins palliatifs,maternité, gériatrie...). La
coordination de ces activités de soins et la recherche enMédecine
Chinoise incombent au Centre Intégré de Médecine Chinoise créé en
2010 àl'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, ce dernier n'ayant aucune
vocation de délivrance dessoins. Ainsi, de nombreuses pratiques
sont utilisées dans ces institutions telles quel'hypnose, la
relaxation, le toucher massage, l'ostéopathie, l'acupuncture issus
de laMédecine Traditionnelle Chinoise (MTC). Elles sont pratiquées
par des médecins,sages-femmes et paramédicaux (psychologues,
kinésithérapeutes, infirmiers...).
Ce comité s'est avant tout penché sur la tarification mise en
vigueur pour lesMAC en milieu hospitalier. Dans le cadre des
consultations externes, certaines pratiquessont remboursées en
totalité ou en partie par l'Assurance maladie (acupuncture
oumédecine manuelle-ostéopathie..). D'autres ne sont tout
simplement pas prises encharge. Enfin, les règles précises en terme
de facturation restent encore bien trop vague.En consultations
internes, elles ne sont, la plupart du temps, tout simplement
pascodifiées. De plus, certaines associations les délivrent
gratuitement.
En ce qui concerne la formation, il n'existe pas en France de «
systèmesd'accréditation et de certification de programme de
formation, initiale et spécialisée,donnant droit à l’exercice
professionnel (licences) des médecines complémentaires. »52
Cependant, certaines formations sont délivrées dans des
instituts publics et privés.Quelques-unes sont même reconnues par
l'Ordre des Médecins. Mais la plupart nedélivrent aucun diplôme ou
certification officielle. L'AP-HP sensibilise le personnel
enmatière d'hypnose ou de toucher thérapeutique. Néanmoins, la
formation continue resteà la charge personnelle des employés qui
les pratiquent. Ces professionnels ont unressenti plus que positif
à l'égard de la mise en place de ces pratiques puisqu'ils
estiment
50 FAGON J-Y. ; VIENS-BITKER C..Rapport des Médecines
Complémentaires à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris ,
Disponible sur www.aphp.fr51 Ibid p.452 Ibid p.14
│18
-
que cela « leur permet une approche plus personnalisée du soin
qui leur apparaît mieuxrépondre aux attentes des malades et à leurs
propres aspirations. Ces approchesvalorisent leur rôle propre et
leur relation au patient. »53
Pour conclure, l'AP-HP énonce des recommandations dans la
pratique des MACtelles que la mise en place d'une procédure de
labellisation pour les soins spécifiques demédecines
complémentaires, la création d'une structure dédiée à ces dernières
dans lescliniques qui souhaitent proposer ces soins particuliers à
leurs patients, lareconnaissance des professionnels dans les
documents d'expertise et de travail dechaque profession qui les
utilisent. De plus, ces pratiques singulières ne devraient pasêtre
restreintes à la prise en charge de la douleur chronique, la
polyarthrite rhumatoïdeou encore la maladie d'Alzheimer, mais
nécessiterait de se référer aux guides émis parles agences,
sociétés savantes et aux experts de l'AP-HP. Il est également
conseillé lamise en place d'une codification des actes afin de les
tarifier. Enfin, l'accent est aussimis sur les formations,
notamment en initiant la création de terrains de stage enmédecines
complémentaires.
D'après ce constat, je remarque que la mise en place des MAC en
milieuhospitalier tend à s'ouvrir en France. Pourtant, de nombreux
domaines (la législation, latarification, la formation et la
labellisation pour les soins spécifiques) doivent êtreapprofondis.
Je garde à l’esprit que ce rapport a été établi il y a déjà six ans
mais je n’aitrouvé à ce jour aucune étude plus récente. Il me
semble que peu d’amélioration a étéinitiée ces dernières
années.
2.3 Constat
En cette fin de première partie, afin d’en reprendre l’ensemble,
j’ai établi le bilansuivant. La relaxation ayant été un outil
adapté pour Mr S, je me suis aperçue que laprise en soin globale du
patient répond à la vision de l’essence même des
MédecinesAlternatives et Complémentaires, et plus précisément de la
Médecine TraditionnelleChinoise. Cependant, si le soignant souhaite
utiliser ces pratiques dans un institut desoin, il est essentiel et
obligatoire qu’il se base sur un cadre réglementaire. Or, à ce
jour,et malgré l’absence de cadre légal, le versant déontologique
permet de réfléchir quant àla bonne pratique de ces médecines. Le
professionnel de santé se doit donc d’êtreextrêmement vigilant ; la
limite entre l’acceptable et l’inacceptable est mince et
fragile.
Pour poursuivre, j’ai enquêté sur le terrain afin de comprendre
les motivationsqui amène un soignant à se spécialiser dans un autre
domaine que la médecineallopathique mais aussi de quelle manière
les professionnels les mettent en place et cequ’ils ressentent lors
de leur utilisation.
53 Ibid p.19
│19
-
3 De la théorie à la pratique
Cette phase conceptuelle est un dispositif de recherche qui doit
me permettred’approfondir mon raisonnement dans l’utilisation des
Médecines Alternatives en milieuhospitalier. Pour ce faire, je me
suis aidée des compétences et de l’expérience desprofessionnels
déjà sur le terrain. Ainsi, dans un premier temps, j’exposerais
l’outil derecherche. Après avoir enquêtée sur le terrain,
j’établirais un résumé en regroupant lesréponses par question.
Enfin, je développerais une analyse qui me permettra d’aboutir àde
nouveaux concepts afin d’aller plus loin dans ma réflexion.
3.1 Élaboration du questionnaire des entretiens infirmiers dans
l'utilisation des médecines alternatives
3.1.1 Comment et pourquoi ?
Dans ce travail de fin d'études, il nous a été possible de
choisir la démarche derecherche utilisée : celle dite «
quantitative » ou « qualitative ». Celle qui exprime leversant
qualitatif a été définie comme étant une enquête d'observation :
regarder,écouter, comprendre, relever les détails et acquérir des
connaissances en sont lesattributs. « C'est une méthode de collecte
de données qui vise à recueillir des idées dansle but de les
analyser. »54 Ainsi, mon choix s'est naturellement tourné vers ce
mode. Eneffet, je souhaite dans cette réflexion aborder la médecine
non-conventionnelle par lesreprésentations, l'idéologie, les
motivations qui poussent les soignants à les utiliser. Ilme semble
primordial d'orienter cette analyse sur l'essence de ces pratiques
et non dansla forme, les outils, la technique.
3.1.2 Pour qui ?
Ainsi, je me suis tournée vers des professionnels utilisant ou
étudiant unemédecine alternative. La difficulté de mon enquête
réside sur le fait que peu depersonne utilise aujourd'hui ces
pratiques. De plus, ces professionnels de santé ne sontpas tous
infirmiers, certains sont médecins, d’autres cadres de santé ou
encore civils.Mon choix s'est porté sur des infirmières ayant des
spécialités différentes afin que mavision soit la plus large
possible. J'ai donc eu le privilège d’effectuer un entretien
avecles infirmières suivantes :
• Entretien N°1 : une infirmière formée au toucher-massage et en
cours deformation en naturopathie.
• Entretien N°2 : une infirmière formée en Shiatsu, hypnose et
médecinetraditionnelle japonaise.
• Entretien N°3 : une infirmière terminant sa formation en
hypnose et formée ensophrologie.
54 Cours infirmiers préparation au Mémoire, 2017,S4. UE 3.4,IFSI
Monaco
│20
-
3.1.3 Quel questionnement ?
Chaque entretien a duré environ une trentaine de minutes. Ils se
sont déroulésdans un lieu calme sans risque d'être dérangé. La date
et l'heure ont été fixées enfonction des disponibilités de chacun.
Les entretiens ont été enregistrés avec l’accord duservice et de la
personne concernée. Ils furent semi-directif ; trois questions ont
étéposées. Pour essayer de collecter le plus grand nombre
d'informations dans un tempsaussi court, j'ai choisi de me pencher
sur trois questions : « pourquoi ?», « comment ?»et « quel ressenti
?». Les questions définitives sont les suivantes :
• Quelles ont été les motivations qui vous ont amené à vous
spécialiser dans un autre domaine que la médecine allopathique
?
• Comment mettez-vous en place les médecines alternatives à
l’hôpital ?• Que ressentez-vous lorsque vous utilisez ces pratiques
?
3.1.4 La retranscription et l'analyse
Les entretiens sont retranscrits dans l'anonymat et écrits mot à
mot. Ils sontconsultables dans la partie Annexe V. J’ai privilégié
un résumé des entretiens regroupéspar question. J’ai décider de ne
conserver que les idées pertinentes et essentielles à
montravail.
3.1.5 L'attendu
En créant ce questionnaire, j’ai émis des hypothèses sur les
notions principalesqui pourraient en ressortir. Cette réflexion me
permettra de faire un comparatif entremes représentations en tant
que personne néophyte dans l’utilisation des médecinesalternatives
en milieu hospitalier et les réponses évoquées par les
professionnels de lasanté, individus actuellement sur le terrain.
Ainsi, en ce qui concerne la question N°1,j’ai supposé qu’afin de
pouvoir utiliser une ou des pratiques alternatives, il faut
avanttout les utiliser au quotidien. A la question N° 2, forte de
mes recherches, je peux d’oreset déjà imaginer qu’il n’existe pas
de cadre légal bien défini dans l’utilisation des MACau sein de
l’hôpital. De plus, ces médecines dérangent. La médecine
allopathique et lamédecine alternative sont complémentaires. Enfin,
à la question N° 3, le sentiment debien-être pour le patient,
procuré par ces pratiques, peut être mis en avant.
3.2 Résumé des entretiens infirmiers
En ce qui concerne le résumé, comme stipulé ci-dessus, chaque
question faitpartie d’un axe de raisonnement. J’ai créé une grille
de lecture55 afin de m’aider dansmon analyse. Pour ce faire, je me
suis contrainte à ne pas utiliser toutes les donnéesd’une grande
richesse car ce mémoire deviendrait dès lors une thèse. Il est vrai
que lamotivation qui m’animait lors de ces entretiens a entraîné un
dépassement temporel nonnégligeable. Je suis ainsi dans
l’obligation de restreinte mon désir d’aborder denombreux autres
sujets soulevés lors de ces rencontres.
55 Disponible en Annexe VI
│21
-
3.2.1 Synthèse - Question N° 1Quelles ont été les motivations
qui vous ont amené à vous spécialiser dans un autre
domaine que la médecine allopathique ?
• Entretien N°1 : Infirmière A - toucher-massage /
naturopathie.
En ce qui concerne les motivations personnelles, c'est la
curiosité intellectuellequi a poussé l'IDE A vers ces nouvelles
pratiques : « je voulais voir ce que je pouvaisapporter d'une
manière différente. »56 Elle explique que c'est avant tout une
hygiène devie et elle utilise au quotidien la naturopathie. Pour
elle, il existe une réellecomplémentarité entre la médecine
allopathique et la médecine alternative. Cetélargissement de ses
connaissances lui permet d'avoir plus de possibilité pour
s'adapterau patient, un individu singulier dont les besoins lui
sont propres. En ce qui concernel'apprentissage, elle s'est formée
individuellement à l'extérieur de l’hôpital.
• Entretien N°2 : Infirmière B - Shiatsu / hypnose / Médecine
Traditionnelle japonaise.
Pour l'IDE B, le besoin de prendre en charge globalement le
patient l'a poussévers le Shiatsu car elle n'envisage pas qu'on
puisse séparer, dans les soins, le physique etle psychique. A
travers cette pratique, elle considère le patient « comme un arbre
: il y ales racines, le tronc, les branches et les feuilles, on
s'occupe de tout cela. Donc si lesracines ne sont pas bonnes, et
bien en haut ça va dysfonctionner obligatoirement. »57
Elle utilise également ces médecines dans son quotidien. La
formation du shiatsu a étépour elle aussi une démarche personnelle
à l'extérieur de son milieu professionnel.
• Entretien N°3 : Infirmière C - hypnose / sophrologie.
En ce qui concerne l'IDE C, elle dit avoir été initiée à ces
pratiques dès son plusjeune âge, par sa grand-mère. Elle les
utilise dans sa vie quotidienne. Dès lors, elle atoujours été
curieuse vis a vis de ces médecines et a très vite souhaité les
intégrer dansses pratiques de soins infirmiers. Après avoir été
formée en sophrologie, elle a débuté, ily a peu, la formation en
hypnose proposée par l'hôpital. Cependant, elle a éprouvé
desdifficultés à accéder à cette formation, cette dernière étant
coûteuse et l'hypnose encorepeut utilisée dans ce milieu. Elle met
également en avant les nombreuses pratiquesalternatives utilisées
au sein de l'hôpital telle que le magnétisme, l'hypnose,
lanaturopathie, l'homéopathie, le Reiki, la barreuse de feu, le
toucher massage, le Shiatsu,l’étude sur l'utilisation des fleurs de
Bach... Cependant, il n'existe à ce jour aucuneunification de ces
MAC, chacune étant exercée l'une indépendamment de l'autre.
56 Cf Annexe N° IV : Entretien N°1 : une infirmière formée au
toucher-massage et en cours de formationen naturopathie57 Cf Annexe
N° V: Entretien N°2 : une infirmière formée en Shiatsu, hypnose et
médecine traditionnellejaponaise
│22
-
3.2.2 Synthèse - Question N° 2Comment mettez vous en place les
médecines alternatives à l’hôpital ?
• Entretien N°1 : Infirmière A - toucher-massage /
naturopathie.
Dans cette seconde question, l’IDE A explique logiquement qu’il
est difficile demettre en place des pratiques non-reconnues par
l’hôpital. Ainsi, cette infirmière utiliserégulièrement le
toucher-massage. Cette pratique est légitime à l’hôpital mais elle
doitprendre en compte les contraintes du service restreignant les
instants propices à sonapplication. En ce qui concerne la
naturopathie, sa mise en place est limitée puisquel’institut ne la
reconnaît pas comme un acte habituel. A ce jour, il y a une absence
decadre légal bien défini pour les MAC au sein de l’hôpital. C’est
la raison pour laquellel’IDE A dit vouloir, lorsqu’elle aura obtenu
son diplôme, tenter « de me rapprocher demon cadre de santé et de
mon cadre supérieur pour essayer de voir comment je peuxl'utiliser.
»58 En règle générale, ces pratiques nécessitent une grande
disponibilité de lapart du soignant, un environnement propice, le
consentement du patient étantprimordial, l’interdisciplinarité doit
être exploitée. Enfin, ces actes sont bien accueillispar ses
collègues de travail.
• Entretien N°2 : Infirmière B - Shiatsu / hypnose / Médecine
Traditionnelle japonaise.
De même, l’IDE B exprime son désarroi face à l’impossibilité de
mettre leshiatsu en place à l'hôpital. Il n’y a pas de cadre bien
défini, ces pratiques dérangent auquotidien. C’est pourquoi, pour
les utiliser, elle « prend toujours des chemins détournéscar au
niveau de l’hôpital c'est pas accepté. »59 Elle s’adapte,
demandesystématiquement le consentement au patient, se base sur
l’interdisciplinarité.Cependant, elle refuse de faire de «
l’abattage » avec de trop nombreuses personnes àgérer. Elle met
l’accent sur la nécessité de mettre en place un environnement
propice.Selon elle, il est nécessaire d’avoir un référent médical
pour les exercer et ainsirespecter les règles de bonnes pratiques.
Elle espère une réelle évolution de l’utilisationdes MAC au sein de
l’hôpital car c’est une ouverture d’esprit qui peut permettre
uneprise en soin différente du patient grâce à ces connaissances.
Malgré quelquesréticences, ces pratiques sont bien accueillis par
ses collègues de travail.
• Entretien N°3 : Infirmière C - hypnose / sophrologie
L’infirmière C dénonce le peu de pratique de l’hypnose à
l'hôpital. Elle expliqueque cela ne fait pas partie des projets
institutionnels, le cadre légal étant peu défini etpeu abordé lors
des formations. Elle imagine que la pratique doit être accompagnée
d'unprojet médical sous la tutelle d'un médecin et qu’il serait
judicieux d’avoir uneinfirmière spécialisée dans un ou des domaines
de médecines alternatives. Là encore, lanotion de consentement du
patient est obligatoire. La notion de temps est également àprendre
en compte : la mise en place de l’hypnose doit se faire dans un
environnementspécifique. En outre, bien que de plus en plus de
personnes sont intéressées par les
58 Cf Annexe N° IV: Entretien N°1 : une infirmière formée au
toucher-massage et en cours de formationen naturopathie59 Cf Annexe
N° V: Entretien N°2 : une infirmière formée en Shiatsu, hypnose et
médecine traditionnellejaponaise
│23
-
MAC, ces pratiques dérangent : « Oulala, non merci ! »60, dixit
une patiente aprèsproposition de pratiquer de l’hypnose. Cette acte
n’est pas toujours bien accueilli par lespatients ; une mauvaise
image de l’hypnose subsiste (charlatanisme, hypnose de
rue…).Cependant, en règle général, elle constate que là encore,
l’hypnose est bien acceptée parses collègues.
3.2.3 Synthèse - Question N° 3Que ressentez vous lorsque vous
utilisez ces pratiques ?
• Entretien N°1 : Infirmière A - toucher-massage /
naturopathie.
Pour l’infirmière A, ces pratiques procurent autant de bien être
au patient qu'ausoignant. Elle dit que « ce qui est étrange, c'est
qu’apporter du bien être au patient,m'en procure autant. »61 ou
encore « Mais qu'est-ce que vous m'avez fait ? »62,
questionexprimée par une patiente, avec un grand sourire, suite à
un toucher massage. Cette IDEexprime « l'impression d'être
bienveillante, bien-traitante, aidante d'une autre façon etmoins
agressive dans mes soins. »63 Elle parle d’empathie et de
relationnel. Pour elle, laprise en soins globale du patient est une
question de savoir, savoir-être et savoir-faire.C’est prendre la
personne dans sa globalité, de manière holistique : le physique
nedevant pas être séparé du psychique. C’est une réelle philosophie
de vie, ces pratiquessont surtout préventives, elles sont basées
sur l’énergie vitale. Elle insiste sur « leprendre soin de soi pour
prendre soin de l'autre. »
• Entretien N°2 : Infirmière B - Shiatsu / hypnose / Médecine
Traditionnelle japonaise
Pour l’IDE B, ces pratiques sont ludiques. Elle met l’accent sur
la notion deplaisir et de bien-être personnel : « Il faut que la
personne qui soigne ait une bonnehygiène de vie. Je suis convaincue
qu'on ne peut pas soigner si on ne va pas bien. ».64
Elle dit qu’il faut savoir se préserver pour être efficace et
savoir gérer une certainesensibilité face à la souffrance humaine.
L’infirmière pense qu’en utilisant ces MAC, onprend conscience des
besoins de bien-être et que la vie est abordée de
manièredifférente. Là encore, ces pratiques se basent sur les
énergies. De plus, elle pense quec’est au patient de faire la
démarche afin d’être déjà dans le processus de soin. Lepatient doit
être considéré comme acteur des soins.
• Entretien N°3 : Infirmière C - hypnose / sophrologie
Cette infirmière C explique que c’est un bien être pour le
patient. Ce dernier estainsi parfois surpris par ces pratiques ; le
visage se détend, le sourire apparaît. Ce bien-être est contagieux
pour l’entourage et les soignants, l’environnement en devient
pluscalme et apaisé, une atmosphère de détente se met peu à peu en
place. Selon elle, « c'est
60 Cf Annexe N° VI: Entretien N°3 : une infirmière terminant sa
formation en hypnose et formée ensophrologie61 Cf Annexe N° IV:
Entretien N°1 : une infirmière formée au toucher-massage et en
cours de formationen naturopathie62 Ibid63 Ibid64 Cf Annexe N° V:
Entretien N°2 : une infirmière formée en Shiatsu, hypnose et
médecine traditionnellejaponaise
│24
-
une technique qui ne peut apporter que du bien, c'est très
puissant, ce n'est pas à mettredans toutes les mains. Il faut
vraiment y aller avec de la bienveillance. »65 Elle trouveaussi que
la relation avec le patient devient différente ; elle est alors
harmonieuse ; elle asurtout « l’impression d’avoir fait quelque
chose. »66 L’IDE C. fait aussi le lien avec lasuite de la journée :
si l’atmosphère est détendue, harmonieuse et que l’acte s’est
bienpassé, l’état d’esprit du soignant sera meilleur dans les soins
à venir, et inversement.C’est un cercle vicieux.
3.3 Analyse globale
Les notions principales ressorties lors des entretiens sont les
suivantes :
La curiosité intellectuelle est la principale raison pour
laquelle cesprofessionnelles de santé on souhaité se tourner vers
autre chose que la médecineconventionnelle. Pour eux, l’utilisation
des pratiques alternatives est avant tout uneréelle philosophie.
Ils les utilisent au quotidien ; elles font partie intégrante de
leur vie.Toutes pensent que Médecine Allopathique et Médecine
Alternative sontcomplémentaires. Elles ne souhaitent plus faire de
distinction entre le corps et l’espritdans la prise en soin des
patients. De plus, elles dénoncent l’absence de cadre légal
biendéfini, la difficulté à l’accès à la formation et à la mise en
place de ces pratiques dansles unités de soins. Ces infirmières
estiment qu’il est nécessaire d’établir en amont unprojet médical
afin que la pratique alternative souhaitée soit sous la tutelle
d’un médecinréférent. L’accent est mis sur
l’interdisciplinarité.
De plus, afin de pratiquer au mieux ces disciplines, il est
indispensable d’avoiraccès à un environnement spécifique et préparé
mais aussi que le soignant soit dans unedisponibilité totale.
Chaque infirmière a évoqué l’obligation de respecter le patient et
leconsentement de ce dernier en se référant aux règles générales de
bonnes pratiques.Enfin, elles ont constaté que ces pratiques
dérangent, heurtant généralement les patientset les soignants.
Enfin, toutes s’accordent sur la notion essentielle de bien-être
pour tousles acteurs du soin, tant les professionnels de la santé
que les soignés.
3.4 Constat