L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde L’insécurité alimentaire: la faim au quotidien et la crainte permanente de la famine 2000
L’état de
l’insécuritéalimentaire dans le monde
L’insécurité alimentaire:la faim au quotidien et
la crainte permanente de la famine
2000
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Cette deuxième édition de L’état de l’insécuritéalimentaire dans le mondeest le fruit d’unecollaboration entre le Département économiqueet social (ES) et le Département des affairesgénérales et de l’information (GI) de la FAO.
Cet ouvrage a été réalisé sous la direction deHartwig de Haen, Sous-Directeur général, ES,avec l’aide de Nicholas Hughes, Coordonnateurdu programme, ES, et les conseils de ShaliniDewan, Chef du Service des publications et dumultimédia (GI).
L’équipe technique du Département ES étaitcomposée de Barbara Huddleston, Division del’analyse du développement agricole etéconomique; Janice Albert, Barbara Burlingameet Simon Chevassus, Division de l’alimentation etde la nutrition; et Jorge Mernies et LoganadenNaiken, Division de la statistique.
Des contributions techniques de fond pour larédaction et la conception du rapport ont été
apportées par le Groupe multimédia de la Divisionde l’information, GI, dirigée par Catharine Way etNicholas Rubery, avec l’aide de Kate Dunn etDiana Willensky. Les services d’édition dans leslangues de la FAO ont été assurés par le Groupede l’édition et la traduction par le Groupe de latraduction.
Des contributions techniques ont été apportéespar les fonctionnaires suivants:
NeBambi Lutaladio et Marcio Porto, Division de laproduction végétale et de la protection desplantes, Département de l’agriculture; RachelSauvinet-Bedouin et Sumiter Broca, Division del’analyse du développement agricole etéconomique, ES; Marijke Drysdale, Division desproduits et du commerce international, ES; JelleBruinsma, Unité des études prospectivesglobales, et David Wilcock, Groupe de travailinterinstitutions sur le SICIAV, ES; TeresaCalderón, William Clay, Jean-Pierre Cotier, IrelaMazar, Ellen Muehlhoff, Kraisid Tontisirin et
Robert Weisell, Division de l’alimentation et de lanutrition, ES; Jan Johnson et Ron Maine, Divisiondes industries de la pêche, Département despêches; Ergin Ataman et Gillian Bunting, Divisionde la recherche, de la vulgarisation et de laformation, Département du développementdurable; et David Sedik, Bureau régional pourl’Europe.
Nous remercions aussi de leur contribution AlfredDixon et Mpoko Bokanga, Institut internationald’agriculture tropicale, Abuja (Nigéria); CamillaKnox-Peebles, Spécialiste de l’évaluation de lavulnérabilité au SICIAV; Maria Josefina Archondo,Consultant en nutrition, Bolivie; Jehangir KhanKhalil, Doyen de la Faculté des sciences de lanutrition, Université agricole de la province de lafrontière du nord-ouest, Peshawar (Pakistan);Mary Mwewa, Établissement d’évaluationtechnologique de Mansa, Ministère del’agriculture, de l’alimentation et des pêches de laZambie; et Benoît Horemans, Programme depêche de subsistance durable, Bénin.
Publié en 2000 parl’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agricultureViale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie
Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’ Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ouzones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontièresou limites.
Tous droits réservés. Les informations ci-après peuvent être reproduites oudiffusées à des fins éducatives et non commerciales sans autorisation préalabledu détenteur des droits d’auteur à condition que la source des informations soitclairement indiquée. Ces informations ne peuvent toutefois pas être reproduitespour la revente ou d’autres fins commerciales sans l’autorisation écrite dudétenteur des droits d’auteur. Les demandes d’autorisation devront êtreadressées au Chef du Service des publications et du multimédia, Division del’information, FAO, Viale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie ou, parcourrier électronique, à [email protected]
© FAO 2000
ISBN 92-5-204479-5
Imprimé en Italie
PhotographiesEn couverture de gauche à droite:FAO/21846/R. GrisoliaFAO/14587/S. PintusUNICEF/HQ92-0633/R. Lemoyne
Remerciements
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2000L’état del’insécuritéalimentaire dans le monde
L’insécurité alimentaire:la faim au quotidien et
la crainte permanente de la famine
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000ii
À propos de ce rapport
estimations de la sous-alimentation, à savoir lagravité de la faim dont souffrent les personnessous-alimentées. Les autres grands chapitresdu rapport de cette année sont les suivants:
«État nutritionnel et vulnérabilité», quiprolonge l’analyse de la sous-alimentation faitedans le rapport de l’année dernière au moyende l’indice de masse corporelle (IMC) et par uneétude des besoins nutritionnels spécifiques desfemmes. Il donne aussi des exemples derégimes types qui illustrent l’insécuritéalimentaire et rend compte des recherches encours sur les causes de la vulnérabilité dansdifférentes catégories socio-professionnelles.
«La dynamique du changement» exploredeux exemples de stratégies de lutte contrel’insécurité alimentaire. Le premier concerne
Au nom des membres du Groupe de travail interinstitutions (GTI) sur le SICIAV, j’ai leplaisir d’associer le GTI à la présente édition de L’état de l’insécurité alimentaire dansle monde. Cette publication apporte une contribution importante à la réalisation desobjectifs du SICIAV, qui sont les suivants:
• attirer l’attention de la communauté mondiale sur le problème de l’insécuritéalimentaire;
• améliorer la qualité des données et l’analyse en mettant au point de nouveaux outilset en renforçant les capacités des pays en développement;
• promouvoir une action efficace et mieux ciblée en vue de réduire l’insécuritéalimentaire et la pauvreté;
• encourager la collaboration entre les bailleurs de fonds en ce qui concerne lessystèmes d’information sur l’insécurité alimentaire aux échelons mondial etnational;
• améliorer l’accès à l’information grâce à la constitution de réseaux et à l’échangedes données.Les membres du GTI- SICIAV représentent des organisations très diverses mais
sont unis par une volonté commune de lutter contre l’insécurité alimentaire et lavulnérabilité et contre ses multiples causes qui sont toutes liées à la pauvreté. Lesorganisations de développement et les pays ont besoin d’informations fiables poursavoir qui sont ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire, où ils vivent, quels sontleurs moyens de subsistance et pourquoi ils sont dans cette situation. Grâce auxréponses à ces questions, les partenaires du développement à tous les échelonspeuvent combiner leurs efforts pour faire reculer l’insécurité alimentaire et la pauvretéau moyen de politiques et d’interventions mieux conçues et mieux ciblées.
Avant le lancement du SICIAV, en 1997, les organisations membres du GTIs’employaient déjà à améliorer les systèmes d’information sur la sécurité alimentairedans le monde. Elles continuent de le faire. Le SICIAV permet d’intensifier les effortsdéployés par les différentes organisations, de réduire les doubles emplois et de faire ensorte que leur action collective soit efficace et complémentaire. De plus, dans le cadredu processus de réforme du système des Nations Unies, nous nous efforçons decollaborer plus efficacement à l’échelon des pays au moyen du Plan-cadre des NationsUnies pour l’aide au développement. Malgré les inévitables difficultés institutionnelles,le SICIAV fait un bon travail, fondé sur des études techniques de terrain solides et surles nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Les membres du GTI félicitent l’équipe de la FAO pour le rapport de cette année etsont résolus à apporter une contribution encore plus importante aux prochainesparutions de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde.
Peter Matlon, PNUD, Président du GTI-SICIAV
Membres duGTI-SICIAV
Agence australienne pour le développement international (AUSAID)Agence canadienne pour le développement international (ACDI)Commission européenne (CE)Office allemand de la coopération technique (GTZ)Agence des États-Unis pour le développement international (USAID)Département de l’agriculture des États-Unis (USDA)Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)Fonds international de développement agricole (FIDA)Organisation internationale du travail (OIT)Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (ONU/DAES)Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA)Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF)Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)Banque mondialeProgramme alimentaire mondial (PAM)Organisation mondiale de la santé (OMS)Organisation météorologique mondiale (OMM)Comité administratif de coordination/Sous-Comité de la nutrition (CAC/SCN)Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI)Service international de la recherche agricole nationale (SIRAN)Centre international d’agriculture tropicale (CIAT)Helen Keller International (HKI)Save the Children Fund (SCF/UK)Institut mondial pour les ressources (WRI)
Pour plus de renseignements, voir le site Web du GTI-SICIAV (www.fivims.org).
Le Système d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité
Ce deuxième numéro de L’état del’insécurité alimentaire dans lemonde rend compte des effortsdéployés aux échelons mondial et
national pour atteindre l’objectif adopté auSommet mondial de l’alimentation de 1996,c’est-à-dire réduire de moitié le nombre depersonnes sous-alimentées dans le monded’ici à 2015.
Le premier chapitre, intitulé «La sous-alimentation dans le monde», met à jour lesestimations de l’année dernière relatives à laprévalence de la sous-alimentation chroniquedans les pays en développement et lescomplète par des estimations concernant lespays en transition. En outre, il présente unnouvel instrument important qui complète ces
les retombées de la recherche agronomiquesur les variétés de manioc à haut rendement enAfrique et le second les résultats remarquablesobtenus en matière de réduction de la sous-alimentation des enfants de moins de cinq ansen Thaïlande.
L’état de l’insécurité alimentaire dans lemonde s’appuie sur les travaux en cours de laFAO en matière de suivi de l’état nutritionneldes différentes populations du monde etd’analyse de leur degré d’insécuritéalimentaire et de vulnérabilité. Ce travails’inscrit dans le cadre de la contribution de laFAO au Système d’information et decartographie sur l’insécurité alimentaire et lavulnérabilité (SICIAV), en cours d’établissementaux niveaux mondial et national.
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Avant-proposiv Vers la réalisation des objectifs fixés lors du Sommet mondial de l’alimentation
La sous-alimentation dans le monde1 La gravité de la faim: que manque-t-il à ceux qui ont faim?
3 Estimations et projections
5 Prévalence et gravité de la faim: la pénurie alimentaire
7 Où se trouvent les victimes de la faim dans les pays en transition
État nutritionnel et vulnérabilité9 Le spectre de la malnutrition
11 Les femmes: besoins différents, risques accrus
13 L’alimentation de ceux qui ont faim
15 Qui sont ceux qui ont faim? Les profils des groupes vulnérables
17 Profil des artisans-pêcheurs au Bénin
La dynamique du changement19 Les dividendes de la sécurité alimentaire
21 La recherche sur le manioc et ses effets sur la sécurité alimentaire
au Ghana et au Nigéria
23 Thaïlande: Réduction durable de la pauvreté et de la sous-alimentation
De quoi demain sera-t-il fait?25 Accélérer le progrès
26 Glossaire
27 Tableaux
Sigles
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000
Table des matières
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000iv
Vers la réalisation des objectifs fixéslors du Sommet mondial de l’alimentation
Dans chaque société, riche oupauvre, il y a des enfants quiont trop faim pour seconcentrer à l’école, des
mères trop maigres qui donnentnaissance à des enfants maladifs etdes adultes souffrant de faimchronique qui n’ont pas assezd’énergie pour donner à leur familleplus que le minimum vital. Lorsqu’elleest généralisée, la faim est aussi unproblème de développementfondamental car elle fait obstacle à lacroissance économique et empêchedes millions d’êtres humainsd’échapper à la misère.
L’état de l’insécurité alimentairedans le monde (SOFI) a été créé poursuivre les progrès accomplis versl’élimination de cet obstacle majeur àla réalisation des droits de l’homme, àla qualité de la vie et à la dignité. Sacréation a été décidée à l’occasion duSommet mondial de l’alimentation tenuen 1996 à Rome, où les dirigeants de186 pays se sont engagés à réduire demoitié le nombre des personnes quiont faim dans le monde d’ici à 2015.
Dans cette deuxième édition, nousintroduisons un nouvel outil pourmesurer la gravité du besoin: la gravitéde la faim. Il s’agit d’une mesure dudéficit alimentaire par personne ausein de la population sous-alimentéede chaque pays. L’unité de mesure estla kilocalorie et cet outil vise àdéterminer avec précision le déficitalimentaire quotidien des sous-alimentés.
La mesure de la gravité de la faimmontre que la sous-alimentation estbeaucoup plus débilitante danscertains endroits que dans d’autres.Dans les pays industriels, il manque àceux qui ont faim en moyenne 130kilocalories par jour, alors que dans
cinq des pays les plus pauvres dumonde, ce déficit est plus du triple, soit450 kilocalories.
La plupart des pays dans lesquels lagravité de la faim est extrême (déficitalimentaire supérieur à 300 kilocaloriespar personne et par jour) sont des paysd’Afrique. Il y en a aussi au Proche-Orient (Afghanistan), dans les Caraïbes(Haïti) et en Asie (Bangladesh,République populaire démocratique deCorée et Mongolie). Nombre de cespays sont victimes de fléaux tels queconflits ou catastrophes naturellesrécurrentes. Ils ont besoin d’une aidemassive pour sortir de leur marasmeactuel caractérisé par la misère et unetrès grave insécurité alimentaire.
On trouvera aussi dans SOFI 2000une estimation actualisée du nombrede personnes sous-alimentées. Jeconstate, par ailleurs, avec la plusgrande inquiétude que nousn’observons pas d’améliorationsignificative entre la période 1995-1997, sur laquelle portait le rapport del’année dernière, et la période la plusrécente, c’est-à-dire 1996-1998.
Nous estimons toujours que792 millions de personnes dans98 pays en développement n’ont pasassez à manger pour être en bonnesanté et mener une vie normale etactive. Même dans les pays industrielset les pays en transition (pays d’Europeorientale et de l’ex-Union soviétique), lenombre de personnes sous-alimentéesn’a pas diminué: 34 millions d’enfants,de femmes et d’hommes continuent dene pas manger à leur faim. Dans unmonde qui a atteint un niveau deprospérité sans précédent, ces chiffressont intolérables.
Pour atteindre l’objectif adopté lorsdu Sommet, nous devons réduire lenombre de personnes sous-alimentées
d’au moins 20 millions par an entreaujourd’hui et 2015. Or ce nombre nediminue que d’un peu moins de8 millions par an depuis le début desannées 90, ce qui est très insuffisant.Nous ne pouvons pas rester passifs etcompter sur l’élévation du niveau derevenu et le ralentissement de lacroissance démographique pour fairereculer la faim. Un scénario de laisser-faire ne ferait diminuer la populationmondiale sous-alimentée que d’un peumoins d’un tiers et non de la moitiécomme le veut l’objectif adopté.
Pouvons-nous agir de façon à fairediminuer le nombre de personnessouffrant de la faim de 50 pour cent?L’objectif du Sommet mondial del’alimentation est accessible, commel’étaient d’autres objectifsapparemment tout aussi utopiques,tels que l’éradication de la polio ou laconquête de la lune. Mais pour cela ilfaut adopter sans plus tarder desmesures urgentes et ciblées. Commel’année dernière, SOFI 2000 met enévidence les mesures à court et à longterme qui peuvent, ensemble, fairereculer la faim:• Il faut régler les conflits, qui sont les
causes de la malnutrition la plusgrave dans la plupart des pays lesplus pauvres du monde. Les activitésde règlement de conflit et demaintien de la paix doivent êtreconsidérées comme essentiellesdans le combat contre la faim. Unefois la paix instaurée, il fautreconstruire les économiesdévastées par la guerre.
• Il faut faire les investissementsnécessaires pour mettre en place lesbases d’une croissance économiqueet d’une réduction de la pauvretédurables. Notre analyse du cas de laThaïlande montre comment ce pays
Avant-propos
Avant-propos 11/15/00 12:19 PM Page 4
700
900
800
600
500
400
300
1 000
1965
Millions
1970 19801975 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020
Scénario de laisser-faire
Sentier à suivre
Fourchette autour des estimationsfaites lors du Sommet mondialde l'alimentation
Fourchette autour du chiffreprojeté pour 2015
Fourchette autour del'estimation faite pour 1996
Objectif du Sommet mondialde l'alimentation
Estimations réviséesfaites en 2000
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 v
a réussi à réduire considérablementle taux de sous-alimentation en 15 ans grâce à la croissanceéconomique et à des politiques delutte contre la pauvreté etd’amélioration de la nutrition.
• Nous devons nous fixer des priorités.Les pays pauvres et leurspartenaires de développementdoivent agir en priorité en faveur despersonnes souffrant le plus de lafaim. Il faut mettre en place desfilets de sécurité (allocations,cantines scolaires, etc.) pourprotéger les plus vulnérables.
• Nous devons orienter la rechercheagricole vers l’amélioration des
productions vivrières qui aident lespauvres aussi bien dans les villesque dans les campagnes, comme entémoigne notre étude de cas sur lesefforts de recherche qui ont permisd’accroître considérablement laproduction de manioc au Ghanaet au Nigéria.La FAO et ses partenaires
continueront de suivre les progrèsaccomplis vers la réalisation del’objectif consistant à réduire demoitié la sous-alimentation chroniqued’ici à 2015. En cette ère d’abondance,comment le monde peut-il continuerde tolérer que plus de 800 millions depersonnes souffrent de la faim et de
privations tous les jours? Nous devonstravailler ensemble et le plusrapidement possible. Je suisconvaincu qu’un jour la FAO pourracesser de publier un rapport intituléL’état de l’insécurité alimentaire dansle monde car la communauté desnations aura tenu sa promesse defaire disparaître la faim.
Jacques DioufDirecteur généralde la FAO
Les estimations du nombre de personnessous-alimentées dans le monde faites par laFAO sont nécessairement fondées sur desinformations imparfaites. À mesure que desdonnées plus exactes deviennent disponibles,ces estimations sont réviséesrétrospectivement. Par conséquent, la fiabilitéde ces fourchettes augmente avec le temps.Les fourchettes estimées pour les sentierspassé, projeté et souhaité correspondent à unemarge de 5 pour cent en dessus et en dessousdes chiffres correspondants examinés par leSommet mondial de l’alimentation en 1996.À l’intérieur de ces fourchettes, le présentgraphique indique les estimations les plusrécentes.
Nombre de sous-alimentés dans le monde en développement: fourchettes observées et prévues,comparées à l’objectif fixé par le Sommet mondial de l’alimentation
Avant-propos 11/21/00 2:52 PM Page 5
Pour lutter efficacement contre lafaim, il faut savoir non seulementcombien de personnes en souffrentdans le monde, mais aussi ce qui
manque à chacune de ces personnes.La connaissance du déficit énergétique
alimentaire complète le tableau de la faimdans un pays. Lorsque ce déficit est de400kilocalories par jour, la situation est plusgrave que là où il n’est que de 100kilocaloriespar jour. Plus le déficit est grand, plus lespersonnes sous-alimentées sont exposées àdes problèmes de santé . Une personnefaible et maladive ne peut pas s’épanouir, unenation dont le peuple est faible et maladif nepeut pas progresser.
L’état de l’insécurité alimentaire dans lemondedonne chaque année les estimationsles plus récentes du nombre de personnessous-alimentées et de la prévalence de lafaim chronique (voir pages3-4). Cette année,nous allons plus loin et nous avons calculé ledéficit alimentaire de ceux qui ont faim, c’est-à-dire le nombre de calories qui leur manquechaque jour pour couvrir leurs besoinsminimaux.
La gravité de la faim, ou déficitalimentaire, est égale à la différence entre laquantité moyenne d’énergie alimentaire queles personnes sous-alimentées obtiennentde leurs repas et la quantité minimaled’énergie dont elles ont besoin pourpréserver leur masse corporelle et avoir uneactivité légère (voir encadré page 6 pour plusde précisions).
Le déficit alimentaire de la plupart des800 millions de personnes qui souffrent defaim chronique est de 100 à 400 kilocaloriespar jour. La plupart de ces personnes nemeurent pas de faim. Souvent, elles sontminces mais pas émaciées. La faimchronique n’est pas toujours apparente carl’organisme compense le déficit énergétiquepar un ralentissement de l’activité physiqueet, dans le cas des enfants, de la croissance.Les personnes qui ne mangent jamais à leurfaim sont plus exposées aux maladies, lesenfants sont souvent léthargiques etincapables de se concentrer à l’école, lesmères donnent naissance à des bébéschétifs et les adultes n’ont pas toujoursl’énergie nécessaire pour réaliser leurpotentiel.
En chiffres bruts, il y a plus de personneschroniquement sous-alimentées en Asie etdans le Pacifique, mais en termes de gravitéde la faim, c’est manifestement en Afriquesubsaharienne que le problème est le plus
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 20001
La gravité de la faim:que manque-t-il à ceux qui ont faim?
La sous-alimentation dans le monde
Déficit alimentaire moyen des personnes sous-alimentées, 1996-1998
Amélioration quantitative etqualitative de l’alimentation:l’exemple de la Chine
Pourcentage des pays
<200 kcal/personne/jour
200-300 kcal/personne/jour
>300 kcal/personne/jour
Afriquesubsaharienne
Asie et Pacifique
Amérique latineet Caraïbes
Proche-Orient etAfrique du Nord
Pays en transition
Pays développés
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
45% 55%
Régime d'un adulte bien nourri2 500 kcal/personne/jour
1 125 kcald'aliments
divers
1 375 kcal de féculents
25%75%
Régime d'un adulte sous-alimenté1 480 kcal/personne/jour
370 kcald'aliments
divers
1 110 kcal de féculents
Lorsque l’apport alimentaire est suffisant,l’alimentation est généralement plusdiversifiée et fournit davantage d’énergieet d’autres nutriments.
Source: Enquête nationale sur les revenus etles dépenses des ménages urbains,
Gouvernement chinois, 1990.
grave. Là, dans 46 pour cent des pays, ledéficit alimentaire moyen des personnessous-alimentées est de plus de300kilocalories par jour. On ne trouve undéficit alimentaire aussi grave que dans 16 pour cent des pays d’Asie et du Pacifique.
Lorsque le déficit énergétique alimentaireest très élevé, il concerne généralement tousles types d’aliments, y compris les alimentsde base riches en glucides (maïs, pommes deterre, riz, blé et manioc) qui fournissentessentiellement de l’énergie. Par contre,lorsque le déficit est plus modéré, lespersonnes sous-alimentées ontgénéralement assez d’aliments de base maisce qui leur manque ce sont les autresaliments nécessaires pour une bonnenutrition: légumineuses, viande, poisson,matières grasses, produits laitiers, fruits etlégumes, qui fournissent protides, lipides etmicronutriments. La diversification del’alimentation est essentielle pour la sécuritéalimentaire.
L’insuffisance du revenu monétaire estune des principales causes qui empêchentles populations tant urbaines que ruralesd’avoir un régime suffisamment diversifié.Les familles rurales pauvres, mêmelorsqu’on les aide à produire des alimentsplus diversifiés sur leur lopin familial, vontsouvent les vendre plutôt que de lesconsommer car elles peuvent en tirer un bonprix. Par conséquent, la sécurité alimentairene s’améliore que lorsque le revenu globaldes ménages atteint un niveau qui leurpermet de consommer les autres alimentsnécessaires.
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Asie et Pacifique kcalBangladesh 340Corée, RPD de 340Mongolie 310Inde 290RDP lao 280Viet Nam 280Cambodge 270Pakistan 270Philippines 270Népal 260Papouasie-Nouvelle-Guinée 260Sri Lanka 260Thaïlande 260Chine* 250Indonésie 200Myanmar 200Chine, RAS de Hong Kong 140Malaisie 140Corée, Rép. de 130
Amérique latine et Caraïbes KcalHaïti 460Nicaragua 300Honduras 270Brésil 250République dominicaine 250Guatemala 250Pérou 240Bolivie 230Guyana 230Panama 230Trinité-et-Tobago 230Colombie 220Paraguay 220Cuba 210Mexique 210Venezuela 210El Salvador 200Jamaïque 200Costa Rica 160Équateur 160Chili 150Uruguay 150Argentine 140
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Proche-Orient et Afrique du Nord kcalAfghanistan 480Yémen 290Iraq 210Maroc 210Algérie 190Égypte 190Iran, Rép. islamique d’ 190Koweït 180Jordanie 170Turquie 170Liban 160Rép. arabe syrienne 160Arabie saoudite 150Émirats arabes unis 140Jamahirya arabe libyenne 130Tunisie 130
Afrique subsaharienneSomalie 490Mozambique 420Burundi 410Libéria 390Congo, Rép. dém. du 380Sierra Leone 380Érythrée 370Niger 350Éthiopie 340Zambie 340Zimbabwe 340Tchad 330Rwanda 330Angola 320Guinée 320Rép. centrafricaine 310Madagascar 310Malawi 310Tanzanie, Rép.-Unie de 300Burkina Faso 290Congo, Rép. du 290Kenya 290Mali 290Lesotho 280Ouganda 280Cameroun 260Namibie 260Togo 260Botswana 240Gambie 240Mauritanie 240Sénégal 240Soudan 240Côte d’Ivoire 230Bénin 220Ghana 210Nigéria 210Swaziland 210Maurice 180Gabon 160
Pays en transition kcalTadjikistan 250Azerbaïdjan 240Kirghizistan 230Bulgarie 220Arménie 210Géorgie 210Moldova, Rép. de 210Bosnie-Herzégovine 190Turkménistan 190Croatie 180Estonie 180Ouzbékistan 180Macédoine, Ex-Rép. yougoslave de 170Fédération de Russie 170Kazakhstan 160Slovaquie 160Ukraine 160Albanie 150Lettonie 150Slovénie 150Yougoslavie** 150Hongrie 140Lituanie 140Bélarus 130République tchèque 130Pologne 130Roumanie 130
Pays développésAfrique du Sud 160Suède 150Finlande 140Grèce 140Italie 140Pays-Bas 140Suisse 140États-Unis 140Australie 130Autriche 130Belgique 130Canada 130Danemark 130France 130Allemagne 130Islande 130Irlande 130Japon 130Luxembourg 130Nouvelle-Zélande 130Norvège 130Espagne 130Royaume-Uni 130Israël 120Malte 120Portugal 110
* Y compris Taïwan Province de Chine** Serbie et Monténégro
La gravité de la faim se mesure par ledéficit énergétique moyen despersonnes sous-alimentées, et nonde l’ensemble de la population,exprimé en kilocalories par personneet par jour. Plus le chiffre est élevé,plus la faim est profonde.
Déficit énergétique, 1996-1998
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D’après les dernières estimations,en 1996-1998, il y avait encore826millions de personnes sous-alimentées, 792millions dans les
pays en développement et 34millions dans lespays développés. Il n’y a donc eu aucunprogrès par rapport à la période précédente(1995-1997). Les renseignements donnésdans les graphiques et les figures montrentque le tableau d’ensemble à l’échelon régionaln’a lui non plus guère changé.
Toutefois, les variations à court terme nerévèlent pas nécessairement les tendances àlong terme, et les nouvelles projections àl’horizon 2015 et 2030 font apparaître uneamélioration. Le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde en développementdevrait tomber à quelque 580millions en2015, ce qui constitue un progrès, mais resteencore très loin de l’objectif adopté auSommet mondial de l’alimentation, à savoir deréduire la population sous-alimentée demoitié pour la ramener à quelque 400millionsde personnes. D’après les projections, cechiffre ne sera pas atteint avant 2030.
En 2015, la proportion globale de lapopulation des pays en développementencore sous-alimentée sera moitié moindrequ’en 1990-1992, période de base retenuepour définir l’objectif du Sommet mondial,mais le nombre de personnes sous-alimentées sera encore de quelque 70 pourcent de ce qu’il était en 1990-1992.
À l’échelon régional, l’Asie du Sud et del’Est devrait approcher l’objectif d’ici à 2015,tandis que l’Afrique subsaharienne et leProche-Orient en resteraient loin etl’Amérique latine se situerait entre les deux.Globalement, il y aurait donc une poursuite dudéclin à long terme de la prévalence de la
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 20003
Estimations et projections
sous-alimentation en Asie, qui a commencéen 1969-1971 en Asie de l’Est et 10 ans plustard en Asie du Sud. Dans les deux plusgrands pays du monde, la Chine et l’Inde, leralentissement de la croissancedémographique et la vigueur de l’expansionéconomique devraient entraîner uneamélioration notable de la disponibilitéalimentaire par habitant d’ici à 2015.
Pour ces deux pays ensemble, laprévalence de la sous-alimentation devraittomber de 16 pour cent en 1996-1998 à 7 pourcent en 2015. Comme leur population globalereprésente plus d’un tiers de la populationmondiale, ces variations auront un effetimportant sur les moyennes mondiales.
Les perspectives de l’Afriquesubsaharienne sont plus sombres. Cetterégion est celle dans laquelle se trouvent laplupart des pays les plus pauvres du monde,où la prévalence de la sous-alimentation estélevée et les perspectives de croissanceéconomique sont peu encourageantes.
Proportion de la population sous-alimentée dans les pays en développement, par catégorie de prévalence, 1990-1992 et 1996-1998
Catégorie 2:prévalence comprise entre 2,5 - <5%
Catégorie 3:prévalence comprise entre 5 - <20% prév
Catégorie 1:prévalence <2,5% %
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La sous-alimentation dans le monde
1996-98 2015 2030 1996-98 2015 2030Pourcentage de la population Millions de personnes
Afrique subsaharienne 34 22 15 186 184 165
Proche-Orient/Afrique du Nord 10 8 6 36 38 35
Amérique latine et Caraïbes 11 7 5 55 45 32
Chine* et Inde 16 7 3 348 195 98
Autres pays d’Asie 19 10 5 166 114 70
Pays en développement 18 10 6 791 576 400
Évolution projetée de la sous-alimentation
* Y compris Taïwan Province de ChineSource: Agriculture: Horizon 2015-2030. FAO, Rapport technique intérimaire, avril 2000
Le centre, le sud et l’est du continent sontdans une situation particulièrement difficile.
La prévalence de la sous-alimentation enAfrique subsaharienne devrait tomber de 34 pour cent en 1996-1998 à 22 pour cent en2015, mais comme la croissancedémographique est très forte, le nombre depersonnes sous-alimentées pourraitaugmenter encore un peu d’ici à 2015 avant decommencer à diminuer. On retrouve unesituation similaire dans quelques pays trèspauvres d’Asie de l’Est, des Caraïbes et duProche-Orient, qui ont aussi peu de chancesd’atteindre l’objectif fixé au Sommet.
Comme nous le verrons plus en détail toutau long du présent rapport, les pays et régionsdans lesquels les progrès sont lents sontprisonniers d’un cercle vicieux de pauvreté etde disette et ont besoin d’une aide spécifique.Mais, comme le montrent les succès obtenusdans d’autres parties du monde, un effortconcerté et concentré peut faire mentir lesprojections.
pp.3_4-Estimations 11/15/00 12:21 PM Page 8
Chine*
Inde
Autres pays d'Asie du Pacifique
Amérique latine et Caraïbes
Proche-Orient et Afrique du Nord
Afrique subsahariene
Catégories 1et 2:<5%
Total: 7 millionsde personnes
Catégorie 4:20-<35%
Total: 333 millionsde personnes
Catégorie 5:³35%
Total: 226 millionsde personnes
Catégorie 3:5-<20%
Total: 226 millionsde personnes
Inde 208
Autres pays d'Asie etdu Pacifique 167
Amérique latineet Caraïbes
55
Afriquesubsaharienne 186
Proche-Orient etAfrique du Nord 36
Chine* 140
Nombre et proportion de personnes sous-alimentées,par région et sous-région, 1996-1998
050100150200 0 10 20 30 40 50
Afrique australeAfrique de l'EstAfrique centraleAfrique de l'OuestAfrique du NordProche-Orient
Amérique du SudCaraïbes
Amérique centraleAmérique du Nord
Autres pays d'Asie du SudInde
Asie du Sud-EstOcéanie**
Autres pays d'Asie de l'Est Chine*
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 4
Nombre de personnes sous-alimentées,par région, 1996-1998 (millions)
Population totale et nombre de personnes sous-alimentées, par région, 1996-1998 (millions)
1998 Gris: 1990-1992 Vert: 1996-1998
Catégorie 4:prévalence comprise entre 20 - <35%
Catégorie 5:prévalence ³35% %
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* Y compris Taïwan Province de Chine
0 300 600 900 1 200
Afrique subsaharienne
Proche-Orient et Afrique du Nord
Amérique latine et Caraïbes
Autres pays d'Asie et du Pacifique
Inde
Chine* Nombre de personnessous-alimentées (millions)
Gris: populationtotale
Couleur: nombrede personnessous-alimentées
Proportion de personnes sous-alimentées(%)
* Y compris Taïwan Province de Chine ** Papouasie-Nouvelle-Guinée uniquement
Proportion de personnes sous-alimentées selon les catégoriesde prévalence et les régions, 1996-1998
* Y compris Taïwan Province de Chine
* Y compris TaïwanProvince de Chine * Y compris Taïwan Province de Chine
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 20005
Prévalence et gravité de la faim: la pénurie alimentaire
La sous-alimentation dans le monde
Pour obtenir un tableau aussi précisque possible de la faim dans lemonde, la FAO a combiné lesestimations de la prévalence et de la
gravité de la faim (présentées aux pages1 à 4)pour calculer le degré de pénurie alimentaireet répartir ainsi les pays en cinq groupes (carteci-contre), allant des pays dans lesquels laprévalence globale de la sous-alimentation etle déficit énergétique alimentaire de lapopulation sous-alimentée sont très faibles(catégorie 1) à ceux où la disette est la plusgrave (catégorie 5, prévalence de la sous-alimentation et déficit énergétique très élevés).
Les 23 pays du groupe 5 sont ceux qui ontle plus de mal à nourrir leur population.L’instabilité chronique, les conflits, lamauvaise gestion des affaires publiques, lesintempéries, la pauvreté endémique, lespertes de récolte, la pression démographiqueet la fragilité des écosystèmess’accompagnent d’une disette profonde,généralisée et persistante.
Dix-huit pays d’Afrique subsaharienne, soitprès de la moitié des pays africains étudiésdans le présent rapport, appartiennent à cettecatégorie, de même que l’Afghanistan, laBangladesh, Haïti, la Mongolie et laRépublique démocratique populaire de Corée.
À l’autre extrême, on trouve les 52 pays dugroupe 1, soit l’ensemble des paysindustrialisés, 11pays en transition et 15paysen développement relativement riches. Lapaix et la prospérité caractérisent tous cespays.
L’objectif adopté au Sommet mondial del’alimentation est de réduire le nombre depersonnes sous-alimentées dans le monde.Toutefois, on pourrait aussi obtenir desaméliorations très importantes encommençant par se concentrer sur laréduction de la gravité de la faim.
Dans un tel scénario, les pays danslesquels la prévalence de la sous-alimentation est élevée et le déficit supérieurà 300 kilocalories par personne et par jourdevraient faire de la réduction de la gravitéde la faim leur priorité. Cette stratégie neleur permettrait peut-être pas d’obtenir unediminution immédiate du nombre depersonnes sous-alimentées, mais cespersonnes auraient moins faimqu’auparavant. En conséquence, lamorbidité liée à la sous-alimentationdiminuerait et les pays concernés seraienten bonne voie pour obtenir un recul durablede la prévalence de la faim.
Gravité de la faim: déficit alimentaire des personnes sous-alimentées, en kilocalories par jour
Prévalence de la faim: < 200 200-300 > 300 TOTALpourcentage de la population (faible) (moyenne) (élevée)sous-alimentée
Nombre de pays (les couleurs renvoient aux catégories)
< 5% (prévalence faible) 52 0 0 52
5-19% (prévalence moyenne) 17 29 0 46
³ 20% (prévalence élevée) 0 31 23 54
TOTAL 69 60 23 152
Prévalence et gravité de la faim, 1996-1998
Degré de pénurie alimentaire: carte de la faim dans le monde, 1996-1998
Degré de pénurie alimentaire
Groupe Définition
Prévalence faible et gravité faiblede la sous-alimentation
Prévalence moyenne et gravité faible ou prévalence faible et gravité moyennede la sous-alimentation
Prévalence moyenne et gravité moyennede la sous-alimentation
Prévalence élevée et gravité moyenne ouprévalence moyenne et gravité élevée de lasous-alimentation
Prévalence élevée et gravité élevée de lasous-alimentation
Non classés: pays ayant une populationinférieure à un million d’habitants ou pourlesquels les données sont insuffisantes.
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En combinant la prévalence et la gravité de la faim, on peut définir cinq groupes de pays
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 6
Niveau d’activité physique des adultesActivité légère: niveau d’activité correspondant à une occupation sédentaire
(bureau ou travail derrière un comptoir avec des machines).Activité modérée: activité physique légère permanente telle que le travail dans l’industrie légère
ou le travail agricole hors saison.Activité intense: travail intense et occasionnellement épuisant
(production agricole, industries extractives et sidérurgie par exemple).
Besoins énergétiques quotidiens approximatifs des adultesActivité légère (kcal) Activité modérée (kcal) Activité intense (kcal)
Hommes (stature 1,71 m)*Masse corporelle minimum (54 kg) 2 335 2 682 3 164Masse corporelle maximum (73 kg) 2 786 3 199 3 775
Femmes (stature 1,59 m)*Masse corporelle minimum (47 kg) 1 846 1 941 2 154Masse corporelle maximum (63 kg) 2 223 2 337 2 594
* Les besoins alimentaires seraient plus élevés pour des personnes plus grandes et moins élevés pour des personnes plus petites.Normes fondées sur les rapports du Comité spécial mixte FAO/OMS/UNU d’experts sur les besoins en énergie et en protéines, 1985.
Calcul des besoins énergétiques alimentaires
La quantité de nourriture dont les gens ont besoinchaque jour – c’est-à-dire leurs besoins énergétiquesalimentaires quotidiens – dépend de leur poids, de leurtaille, de leur âge, de leur sexe et de leur niveau d’activité.
Le tableau ci-contre donne des exemples de différentsniveaux d’activité (légère, moyenne ou intense) et laquantité des calories que nécessite cette activité pour leshommes et les femmes en fonction de leur massecorporelle. Les personnes âgées ont besoin d’un peumoins d’énergie alimentaire et les enfants de beaucoupmoins.
On calcule la prévalence et la gravité de la faim enutilisant les besoins énergétiques alimentairesminimaux des différents groupes de sexe et d’âge de lapopulation. Pour chaque groupe, le besoin minimal estfondé sur le poids minimal acceptable compte tenu de lastature moyenne du groupe dans le pays considéré etsur une activité légère.
Estimation dela prévalence et de lagravité de la faimLa méthode employée par la FAO pour estimer laprévalence et la gravité de la sous-alimentationpeut être résumée comme suit:•Calculer le nombre total de calories qu’il est
possible d’obtenir à partir de la productionalimentaire locale, des échanges commerciauxet des stocks.
•Calculer le nombre minimum moyen de caloriesrequis pour la population, en tenant compte dunombre de calories dont ont besoin les différentsgroupes de population selon leur âge et leursexe et de la composition de la population.
•Diviser le nombre total de calories disponiblespar le nombre d’habitants du pays.
•Déterminer un coefficient de répartition quitienne compte de l’inégalité de l’accès àl’alimentation.
•Combiner ces informations pour déterminer larépartition de l’approvisionnement alimentaireau sein du pays et déterminer le pourcentage dela population dont la ration alimentaire estinférieure au minimum requis. Ce chiffre est letaux de prévalence de la sous-alimentation.
•Multiplier ce pourcentage par la population afind’obtenir le nombre d’individus sous-alimentés.
•Diviser le nombre total de calories disponiblespour les personnes sous-alimentées par lenombre de ces personnes pour obtenir l’apportcalorique moyen par sous-alimenté.
•Déduire l’apport énergétique moyen despersonnes sous-alimentées de leurs besoinsminimaux (exprimés en kilocalories parpersonne et par jour) pour obtenir leur déficiténergétique moyen, c’est-à-dire la gravitéde la faim.
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Moins de 10 ans après ladémantèlement de l’Unionsoviétique, en 1991, la sous-alimentation reste un problème
persistant dans de nombreux pays qui ontsuccédé à l’URSS et qui font aujourd’huipartie de la Communauté des Étatsindépendants (CEI). En revanche, les paysd’Europe orientale et les pays baltes ontpour l’essentiel réussi à éviter ce problème.
Telles sont les conclusions despremières estimations faites par la FAO dunombre et de la proportion de personnessous-alimentées dans les pays entransition (pour plus de précisions, voirtableau 1 page 27). Dans neuf des 12 paysde la CEI, au moins 5 pour cent de lapopulation souffrent de sous-alimentation.Dans quatre de ces pays (Arménie,Azerbaïdjan, Géorgie et Tadjikistan), le taux dépasse 20 pour cent. Seul le
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 20007
Où se trouvent les victimes de la faim dansles pays en transition?
Bélarus a un niveau de sous-alimentationcomparable aux niveaux que l’on observedans les pays industrialisés (moins de 2,5pour cent de la population).
Sept pays de la CEI (Arménie,Azerbaïdjan, Géorgie, Kirghizistan,Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan),comptant au total 53 millions d’habitants,sont maintenant considérés par l’ONUcomme des pays à faible revenu et à déficitvivrier, et leur produit national brut est demoins de 1 505 dollars EU par habitant.
Pour expliquer ces problèmes, onévoque généralement plusieurs raisons: latransition économique dans les pays de laCEI s’est accompagnée de mutationspolitiques et administratives profondes quiont perturbé les anciennes relationscommerciales et provoqué de gravespénuries de devises. En outre, les systèmesde production agricole et de
La sous-alimentation dans le monde
commercialisation des produits agricolesse sont complètement déréglés, plusieurspays ont subi une inflation galopante, il y aeu des pénuries temporaires de pain et,dans plusieurs cas, des conflits déclarés.Le produit intérieur brut a chuté,parallèlement au pouvoir d’achat d’unegrande partie de la population. Dans laplupart des pays de la CEI, le niveau de laproduction n’atteint aujourd’hui qu’unefraction de ce qu’il était en 1991, et lechômage et le sous-emploi sont trèsimportants, même s’ils sont souventatténués du fait que beaucoup de genstravaillent dans le secteur informel.
Toutefois, les données relatives àl’Europe orientale et aux pays baltes, qui ont subi des perturbations similaires,montrent que la transition économiquen’entraîne pas nécessairement unediminution de la sécurité alimentaire.
FÉDÉRATIONDE RUSSIE BÉLARUS
UKRAINE
RÉPUBLIQUE DE MOLDOVA
GÉORGIE
ARMÉNIETURKMÉNISTAN
OUZBÉKISTANKYRGHYZSTAN
TADJIKISTAN
K A Z A K H S T A N
F É D É R A T I O ND E R U S S I E
AZERBAÏDJAN
Très vulnérablesAzerbaïdjanTadjikistan
Moyennement vulnérablesRépublique de MoldovaTurkménistanOuzbékistan
Relativementpeu vulnérablesKazakhstanFédération de RussieUkraine
Relativement vulnérablesArménieGéorgieKirghizistan
Très peu vulnérablesBélarus
Vulnérabilité des pays de la CEI en matière de sécurité alimentaire
La FAO estime le nombre de personnessous-alimentées à partir des donnéesdisponibles relatives à la population, à laproduction vivrière, au commerce et à ladistribution des produits alimentaires ou àla distribution des revenus.
Pour de nombreux pays, ces donnéessont lacunaires. Dans les pays de la CEI, leproblème est aggravé par les difficultésdues à la transformation des systèmes decollecte des données.
À l’époque de la planification centralisée,les données provenaient principalementdes dossiers administratifs. Pour remplacerces données, il faut faire des enquêtes, maisce travail ne fait que démarrer. C’estpourquoi il faut prendre avec beaucoup deprécaution les estimations relatives aunombre et à la proportion de personnessous-alimentées dans la CEI.
Vu le manque de fiabilité des donnéesactuelles dans de nombreux pays de la CEI,les experts complètent les donnéesquantitatives par des évaluationsqualitatives. Les observations sur le terrainconfirment les statistiques et montrentqu’une grande proportion de la populationvit dans des conditions très difficiles: lepouvoir d’achat est faible, il n’y a pas assezd’emplois, l’alimentation est insuffisante etbeaucoup de gens manquent decombustible, de logement, de moyens detransport et de soins de santé.
Communauté des États indépendantsNote sur les estimations
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Catégorie 4:20-34% de personnes
sous-alimentées6,2 millions de personnes
Catégorie 3: 5-<20% de personnes
sous-alimentées18,5 millions de personnes
Catégorie 2: 2,5-<5% de personnes
sous-alimentées0,8 million de personnes
Catégorie 1:<2,5% de personnes
sous-alimentées1 million de personnes
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 8
L’insécurité alimentaire en Azerbaïdjan
En Azerbaïdjan, l’offre de produitsalimentaires est suffisante sur les marchésurbains et ruraux, mais le pouvoir d’achat del’essentiel de la population (7,6millionsd’habitants) reste très bas. La nourriturecoûte en moyenne 60dollars par mois pourune famille de cinq personnes et représenteenviron 70 pour cent du budget des ménagesles plus vulnérables sur le plan économique.
L’Azerbaïdjan reçoit une aide humanitairedepuis le début des années90. Près de500000 personnes (dont la moitié ont fui leszones touchées par le conflit avec l’Arménie)ont encore besoin de cette aide. Aujourd’hui, laplupart d’entre elles ont vendu tous leursbiens de valeur et leur marge de sécurité estpresque nulle.
Une enquête sur les familles déplacées àl’intérieur du pays, réalisée en 1998, a montréque 30 pour cent d’entre elles présentaientdes signes de sous-alimentation.
Source: Rapport spécial: MissionFAO/Programme alimentaire mondial d’évaluation
des disponibilités alimentaires en Azerbaïdjan,décembre 1999.
L’insécurité alimentaire en Géorgie
En Géorgie, les revenus ruraux n’ontquasiment pas augmenté malgré l’expansionrapide du secteur agricole depuis 1995. Lesinégalités de revenu se sont beaucoupaggravées et une grande partie des5,1millions d’habitants du pays sont pauvres.Les dépenses alimentaires absorbent 60 à 70pour cent du budget familial moyen.
Le régime de sécurité sociale est assezpeu efficace: les retraites et les autresprestations sont très faibles et souventversées avec beaucoup de retard. Lespersonnes âgées, les handicapés, leschômeurs et les communautés isoléesrestent très exposés à l’insécurité alimentaire.
Officiellement, il n’y a pas de sous-alimentation aiguë; toutefois, on observe uneaggravation lente, mais indéniable, de la sous-alimentation chez les enfants, en dépit desdistributions ciblées d’aide alimentairesupplémentaire.
Source: Évaluation des récoltes et desapprovisionnements alimentaires en Géorgie, FAO,
Système mondial d’information et d’alerte rapide surl’alimentation et l’agriculture, décembre 1999.
En 1996-1998, seuls cinq de ces 12 paysd’Europe orientale et trois pays baltesavaient un taux de sous-alimentationsupérieur à 5 pour cent de la population etdans aucun de ces pays le taux nedépassait 20 pour cent.
Le risque de sous-alimentation dans lespays de la CEI a aussi diminué depuis 1995,mais pas autant qu’en Europe orientale etdans les pays baltes. La libéralisation dumarché des produits agricoles et laprivatisation de l’agriculture ont entraînéune amélioration de la distribution desaliments dans la plupart de ces pays. Lecontrôle du prix des céréales et du pain a engrande partie été supprimé, le commerceprivé joue un rôle beaucoup plus importantet les pénuries ont presque disparu. Enconséquence, les programmes d’aidealimentaire d’urgence ont été suspendusdans la plupart des pays de la CEI. En 1997,la majorité des produits agricoles, danspresque tous les pays de la CEI, étaientproduits par le secteur privé. Lesproducteurs privés vendaient jusqu’à 30 ou40 pour cent de leur production, en généraldirectement aux consommateurs contrepaiement en espèces.
Proportion de personnes sous-alimentées dans les pays en transition, par catégorie de prévalence, 1996-1998
* Serbie et Monténégro
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Pourcentage des besoins d’un adulte Vitamine CVitamine AFerCalcium
+ Viande rouge100 g
+ Fromage100 g
+ 1 orangemoyenne
+ Légumes verts 50 g
+ Lentilles50 g
Riz blanc*400 g
En pleine période de croissance, lesnourrissons et les jeunes enfants, enparticulier ceux qui ont moins de 2 ans, ont besoin d’une alimentation riche enénergie et en nutriments. Une alimentationinsuffisante les empêche de réaliser tout leur potentiel génétique. La sous-alimentation grave peut causer un décèsprématuré, des handicaps permanents etune grande fragilité face à de nombreusesmaladies mortelles. La croissance desenfants est un bon indicateur de leur état de santé général. Le graphique ci-aprèsillustre la prévalence de la sous-alimentation chez les jeunes enfants dansles pays en développement.
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000
Le spectre de la malnutrition
Le spectre de la malnutrition inclut tousles problèmes qui peuvent se produirelorsque l’apport en énergie alimentaireou autres nutriments est insuffisant,
excessif ou déséquilibré. À une extrême, on trouve le problème
de la sous-alimentation, qui est souvent un problème d’insuffisance desmacronutriments.On emploie différentsindicateurs pour mesurer ce problème, telsque l’insuffisance de l’apport énergétique, ledépérissement, le retard de croissance,l’insuffisance pondérale ou l’insuffisance del’indice de masse corporelle (IMC). Lespersonnes qui n’ont pas un apporténergétique suffisant sont exposées à desmaladies et à une mortalité précoce; en outre,elles sont apathiques et incapables de seconcentrer. À l’autre extrême, on trouve leproblème de la suralimentation, qui provoquesurcharge pondérale et obésité. Lespersonnes suralimentées se caractérisentpar un IMC élevé. L’obésité, phénomène déjàbien connu dans les pays développés, est deplus en plus fréquente chez les citadins despays en développement. Ces derniers pays n’yont jusqu’à présent pas prêté beaucoupd’attention car le problème de la sous-alimentation est plus urgent. Toutefois, lesconséquences de l’obésité, qui réduit laproductivité et accroît le risque de maladiecardiaque, d’hypertension, de diabète et decertains cancers, peuvent être aussi gravesque celles de l’insuffisance pondérale.
Les graphiques de ces deux présentespages donnent l’éventail de l’apport calorique etdes manifestations physiques correspondanteschez les adultes et récapitulent les indicateursles plus récents de la sous-alimentation desenfants. L’état nutritionnel des femmes adultesest examiné aux pages 11 et 12.
État nutritionnel et vulnérabilité
9
Un régime déséquilibré en termes demacronutriments, c’est-à-dire lescomposantes de l’alimentation qui fournissentde l’énergie, peut aussi être dangereux mêmelorsque l’apport énergétique total est suffisant.Toutefois, la proportion acceptable desdifférents macronutriments, exprimée enpourcentage de l’apport énergétique total, peutêtre très variable: 55 à 75 pour cent de glucides,15 à 35 pour cent de lipides et 10 à 15 pour centde protides.
Au problème général de l’insuffisance del’apport énergétique se superpose celui descarences en micronutriments. Lesmicronutriments (minéraux et vitamines) sontindispensables pour la croissance, ledéveloppement et le bon fonctionnement del’organisme. Les carences sontparticulièrement fréquentes chez les femmesen âge de procréer, les enfants et lespersonnes ayant des problèmes immunitairescomme les malades du SIDA. Les personnesqui n’ont pas un apport calorique suffisant onttoujours des carences en micronutriments,mais celles qui mangent trop peuvent aussi ensouffrir . Les principales carences sont lessuivantes:
•L’anémie ferriprive touche environ1,5milliard de personnes, essentiellementdes femmes et des enfants.
•Les problèmes dus à la carence en iodetouchent quelque 740millions depersonnes dans le monde.
•La cécité due à l’avitaminose A touchequelque 2,8millions d’enfants de moins decinq ans et on considère que plus de200millions de personnes ont des carencesen vitamine A.
•La carence en calcium chez les femmesenceintes et allaitantes peut se répercutersur le développement des enfants, et chez
les femmes plus âgées elle peut provoquerde l’ostéoporose.
•L’avitaminose C aiguë (scorbut) est unproblème qu’on trouve principalementdans les populations très démunies ou chezles réfugiés.On connaît avec beaucoup de précision les
besoins en micronutriments. Dans la plupartdes cas, les carences peuvent être corrigéespar une alimentation équilibrée. L’essentiel estque l’alimentation soit variée.
500 10 20 30
Retard de croissanceInsuffisancepondéraleDépérissement
40
Asie de l’Est et du Sud-Est
Asie du Sud
Amérique latine et Caraïbes
Proche-Orient et Afrique du Nord
Afrique subsaharienne
Pourcentage d’enfants
La sous-alimentation chez les enfantsde moins de 5 ans dans les paysen développement
La diversité de l’alimentation améliore considérablement l’apport en micronutriments
* Enrichi en fer dans les pays développés.
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 10
L’indice de masse corporelle (IMC) estune norme anthropométrique quiindique la composition de la massecorporelle des hommes et desfemmes. Au début, il était employépour mesurer l’obésité dans les paysdéveloppés mais, aujourd’hui, onl’applique aux adultes dont la massecorporelle est insuffisante ouexcessive dans tous les pays dumonde.
L’IMC est un indicateur simple,commode et relativement peu coûteuxà mesurer pour déterminerl’adéquation de l’apport calorique.C’est un indicateur grossier de l’étatnutritionnel, qui doit être complétépar d’autres renseignements pourdéterminer l’état de santé de lapersonne considérée. Les seuilsdoivent parfois être adaptés pourcertains groupes d’adultes, commeles adolescents, les femmesenceintes et les personnes âgées.
Comment calculer l’IMCOn obtient l’IMC en divisant le poids(en kilogrammes) par le carré de sataille (en mètres).ICM = poids corporel (kg)/taille2 (m)
Quels sont les risques associés àun IMC insuffisant ou excessif?La figure ci-dessous illustre l’éventail de l’IMC, depuis les personnes souffrantd’insuffisance pondérale grave (IMC <16) jusqu’à celles qui souffrentd’obésité extrême (IMC >40). Lespersonnes qui sont à l’une ou l’autreextrême sont beaucoup plus exposées àdifférents problèmes de santé que cellesqui sont au centre (18,5-25).
Le débat actuel au sujet de l’IMCDans la présente publication, nousconsidérons que la fourchette de 18,5à 25 est celle qui correspond à unadulte en bonne santé. Ces seuils ontété recommandés par la FAO,l’Organisation mondiale de la santé etle Groupe consultatif international surl’énergie alimentaire, et sont de plusen plus employés dans toutes lesrégions du monde.
Toutefois, ils ne sont pasuniversellement acceptés. Certainschercheurs pensent qu’il faudraitétablir des seuils spécifiques pourdes populations de référence dans lesdifférents pays, afin de tenir comptedes différences de stature et demasse musculaire. Il ne faut pasoublier que l’indice de massecorporelle doit être ajusté lorsqu’oncherche à analyser la prévalence del’insuffisance pondérale et de lasurcharge pondérale dans certainspays (voir page 12).
<16 16 – 17 17 – 18.5 18,5 – 25 25 – 30 30 – 40 >40
Insuffisancepondérale modérée
Insuffisancepondérale grave
Insuffisancepondérale légère
Corpulenceoptimale
Légère surchargepondérale
Obésitémodérée
Obésitégrave
Traits physiques qui sont d’autant plusaccentués que l’IMC diminue
• Maigreur• Apport énergétique insuffisant pour une activité normale• Apathie, léthargie• Santé fragile• Mauvaise santé des mères et des nourrissons• Problèmes de santé dus à des carences en
macronutriments et en micronutriments
• Vie sédentaire• Maladies cardiovasculaires• Diabète• Risque de certains cancers• Problèmes de santé dus à des déséquilibres en
macronutriments et micronutriments.
Traits physiques d’autant plus prononcésque l’IMC augmente
Traits physiquesassociés à unIMC optimal
• Vie active normale• Risque de maladie
réduit• Pas de problèmes
de santé liés à lanutrition à conditionque le régime soitbien équilibré
IMC
Interprétation de l’indice de masse corporelle
De la maigreur à l’obésité: l’IMC chez l’adulte
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Dans certaines sociétés, la tradition veut que leshommes valides mangent les premiers, avant lesfemmes, les enfants et les vieux. Pour certainsobservateurs, cette pratique signifie que ceux quimangent après sont sous-alimentés.
Toutefois, de nombreuses analyses de ladistribution des produits alimentaires au sein desménages n’ont pas pris en compte tous lesfacteurs qui déterminent les besoinsalimentaires et en particulier les suivants:
• Dépense d’énergie – Que font les différentsmembres de la famille durant la journée?Combien d’énergie faut-il pour bêcher,chercher du bois, faire les travauxdomestiques, tenir un étal au marché?
• Masse corporelle – Quelle est la corpulencedes membres de la famille? Leur poids est-iloptimal, compte tenu de leur stature, de leurâge et, dans le cas des femmes, du faitqu’elles sont enceintes ou allaitantes?
En 1996, l’Institut international de recherchesur les politiques alimentaires a, après uneanalyse de la littérature, conclu qu’«il n’est pasvraiment démontré qu’il y a une discriminationen faveur des hommes en matière deconsommation alimentaire». Si l’on tient comptedu niveau d’activité et de la corpulence, ladiscrimination relevée par de nombreux auteursest en fait minime.
Néanmoins, il faut poursuivre les recherchessur la façon dont la répartition de la nourriture àl’intérieur des ménages est décidée. Il fautéduquer les personnes qui s’occupent des autresmembres de la famille au sujet des besoinsnutritifs spécifiques de ces derniers.
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000
Les femmes: besoins différents, risques accrus
Dans les familles exposées àl’insécurité alimentaire, les femmessont plus souvent sous-alimentéesque les hommes en raison de leurs
besoins physiologiques spécifiques. Commeelles sont plus petites et moins musclées enmoyenne que les hommes, et que leurmétabolisme de base est plus bas, elles ontbesoin d’environ 25 pour cent de calories demoins par jour. Toutefois, elles ont besoind’une quantité égale voire supérieure denombreux nutriments. Afin de compenser lefait que leur ration est réduite, elles doiventmanger une proportion beaucoup plus élevéed’aliments riches en nutriments.
Le tableau ci-dessous récapitule lesrésultats de recherches récentes sur lesbesoins en nutriments des hommes et desfemmes. Toutefois, dans le cas des femmes on ne peut pas se contenter d’examiner lesbesoins quotidiens.
Dans la plupart des cas, une femme abesoin de consommer des alimentscomportant une proportion plus élevée devitamines et de minéraux pour une mêmequantité de calories que les hommes. Parexemple, une femme a besoin de 2,5 fois plusde fer qu’un homme. Comme elle mangemoins de calories , il faut que la proportion defer soit 3,5 fois plus élevée. En ce qui concernele calcium et la vitamine C, les femmes ont lesmêmes besoins que les hommes, mais il fautque leur ration comporte 40 pour cent de plusde ces nutriments.
Lorsque les femmes sont enceintes ouallaitent, elles doivent avoir une alimentationencore plus riche en énergie et en nutriments.Pendant la grossesse, une femme a besoin de
État nutritionnel et vulnérabilité
11
Besoins nutritionnels des femmes* et des hommes
Discrimination à table?
300kilocalories de plus par jour à partir dupremier trimestre et de 500 kilocalories deplus lorsqu’elle allaite son bébé. Tout au longde la grossesse, elle a besoin de presque autantde protéines qu’un homme (60 g contre 63 gpar jour) et plus durant la lactation (65 g parjour). Une femme enceinte a besoin d’environquatre fois plus de fer, 1,5 fois plus de folate et20 pour cent de plus de calcium qu’en tempsnormal. Pendant la lactation, elle a besoin de40 pour cent de vitamine A et C et de 15 pourcent de vitamine B12 de plus. Il en va de mêmepour les autres micronutriments.
Les femmes enceintes qui n’ont pas unealimentation suffisante et suffisammentvariée sont plus exposées à des complicationsdurant la grossesse et l’accouchement. Dans les pays en développement, denombreux décès de nourrissons et de jeunesenfants sont imputables au mauvais étatnutritionnel de la mère.
Les mères adolescentes et leurs bébéssont particulièrement vulnérables en cas demalnutrition. Les filles continuentgénéralement de grandir et de prendre dupoids jusqu’à l’âge de 18ans et leur masseosseuse n’atteint son maximum qu’à l’âge de25ans environ. La ration alimentaire d’uneadolescente souffrant de faim chronique(comme la jeune mariée pakistanaise décriteà la page 14) est insuffisante pour permettre àla fois sa propre croissance et celle du fœtus.Les jeunes femmes sous-alimentées donnentsouvent naissance à des bébés très chétifs.
Un des moyens d’évaluer l’étatnutritionnel des femmes consiste àemployer l’indice de masse corporelle(IMC). Le graphique de la page en regard
récapitule la distribution de l’IMC chez lesfemmes dans un certain nombre de pays.
L’IMC nous dit deux choses au sujet de l’état nutritionnel des femmes. Premièrement,comme de nombreux problèmes liés à lanutrition s’observent chez les personnes quisouffrent soit d’insuffisance pondérale, soit desurcharge pondérale (voir pages9 et 10), l’IMCdonne une indication de l’état de santé.Deuxièmement, c’est un indicateur importantde l’issue probable d’une grossesse. Ainsi, uneétude réalisée en Inde a montré que 41 pourcent des bébés de mères souffrantd’insuffisance pondérale légère (IMC comprisentre 16 et 17) avaient un poids à la naissanceinférieur à 2500 g. Le pourcentage monte à 53 pour cent lorsque l’IMC de la mère estinférieur à 16. De même, une femme obèseest beaucoup plus exposée à descomplications durant la grossesse et l’accouchement.
Nutriment Femme adulte Homme adulte Femme adulte Homme adultepar jour par jour pour 1 000 kcal1 pour 1 000 kcal2
Calcium (mg) 1 000 1 000 500 350Fer (mg)3 24 11 12 4Vitamine A (µg ER) 500 600 250 210Vitamine C (mg) 45 45 23 16Vitamine E (mg) 7,5 10 3,6 3,6Niacine (mg) 14 16 7 6Protéines (g) 50 63 25 22,5
1 Sur la base d’un apport calorique total de 2 000 kcal par jour.2 Sur la base d’un apport calorique total de 2 800 kcal par jour.3 Sur la base d’une biodisponibilité de 12 pour cent. * Ces chiffres ne tiennent pas compte des besoins accrus des femmes enceintes et allaitantes
(voir le texte pour plus de précisions).
Source: Pour les vitamines et les minéraux; Joint FAO/WHO Expert Consultation on Human Vitamin and MineralRequirements, Report on Recommended Nutrient Intakes, FAO Bangkok, septembre 1998 (sous presse).
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BÉNIN
BURKINA FASO
RÉP. CENTRAFRICAINE
TCHAD
COMORES
CÔTE D’IVOIRE
Europe
Asieet Pacifique
Amériquelatine
Afrique
Europe
Asieet Pacifique
Amériquelatine
Afrique
0%
5 10 15 20 40 600%
51015204060
ÉGYPTE
GHANA
KENYA
MADAGASCAR
MALAWI
MALI
MAURITANIE
MAROC
MOZAMBIQUE
NAMIBIE
NIGER
SÉNÉGAL
TANZANIE, RÉP.-UNIE DE
TOGO
OUGANDA
ZAMBIE
ZIMBABWE
BRÉSIL
BOLIVIE
COLOMBIE
RÉP. DOMINICAINE
GUATEMALA
HAÏTI
JAMAÏQUE (VILLES)
PÉROU
BANGLADESH
CAMBODGE
CHINE
KAZAKHSTAN
RDP LAO
NÉPAL
SRI LANKA
CAMBODGE
VIET NAM
FIDJI
PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE
VANUATU
TURQUIE
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 12
L’IMC des femmesLe présent graphique indique lacorpulence des femmes, del’insuffisance pondérale grave àl’obésité grave, en fonction de l’indicede masse corporelle (voir note surl’IMC, page 10). Les donnéesprésentées proviennentprincipalement d’enquêtesnationales sur la démographie et lasanté réalisées sur des échantillonsd’environ 1 000 femmes en âge deprocréer (15-45 ans) dans chacundes pays énumérés. Elles montrentque, parmi les pays étudiés, c’estmanifestement en Asie quel’insuffisance pondérale est la plusrépandue, tandis que la surchargepondérale est plus fréquente dansles pays du Pacifique occidental etd’Amérique latine, ainsi que danscertains pays du Proche-Orient.
<16 16 – 17 17 – 18,5 25 – 30 30 – 40 >40
Insuffisancepondérale modérée
Insuffisancepondérale grave
Insuffisancepondérale légère
Surchargepondérale légère
Obésitémodérée
Obésitégrave
Pourcentage de femmes dont l’indice de masse corporelle est insuffisant ou excessif
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Saison des pluies
Micronutriments, en pourcentage des besoins
Saison sèche
Vitamine A*
Protides Lipides
44
144 1 852153
112 576 1 098
211 056
Glucides
Vitamine C Calcium
Fer
Vitamine A*Vitamine C
Calcium Fer
100+100+
3068
100+100+
4165
Besoins alimentaires permanents de Mumba (1 786 kcal)
Saison sèche (2 149 kcal)
Saison des pluies (1 121 kcal)
Le régime alimentaire de Mumba: macronutriments en kilocalories
Mumba Mwansa a 7 ans et il vit dans le nord de la Zambie à proximité d’un lac surlequel son père travaille comme pêcheur salarié. Sa mère cultive des légumes telsque patates douces, doliques, citrouilles et arachides. Son père cultive du maniocpendant la saison des pluies, lorsque la pêche s’arrête.
Durant la saison sèche, Mumba mange des patates douces bouillies avecquelques cacahuètes rôties le matin. Il emporte à l’école un en-cas composé demanioc rôti et, l’après-midi, il partage avec sa famille une bouillie de manioc et de labrème bouillie. Le soir, la famille mange une nouvelle portion de bouillie de manioc et les restes de poisson.
Grâce au poisson et à la farine de manioc, en saison sèche Mumba mangesuffisamment de glucides et de protides. Par contre, il est carencé en matièresgrasses, fer et calcium, qui sont tous nécessaires pour la croissance et la santé.
La saison des pluies est plus dure. Les parents de Mumba se rendent dans leschamps tôt le matin, si bien qu’il doit, soit cuire le manioc lui-même, soit se passer depetit-déjeuner. L’après-midi, sa mère prépare une bouillie de manioc accompagnéede légumes et de farine d’arachide. Mumba a une collation le matin et une autrel’après-midi, composées de trois petites mangues, mais les Mwansa ne mangent rienle soir.
Durant cette saison, la ration alimentaire de Mumba ne fournit pas suffisammentd’énergie pour permettre une croissance et une activité normales et pour préserversa santé. Un garçon de son âge a besoin de 1 800 kilocalories par jour et, le jourétudié, il n’a consommé que 1 121 kilocalories.
En raison des disettes saisonnières et de l’absence de certains nutrimentsessentiels tout au long de l’année, un très grand nombre d’enfants souffrent de retardde croissance dans la zone où vit Mumba.
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000
L’alimentation de ceux qui ont faim
La sous-alimentation est généralement mesurée par lepourcentage de la population dont la ration alimentaire estinsuffisante, mais cela ne nous dit pas ce que signifie pour unindividu le fait de n’avoir jamais assez à manger, jour après jour.
Les encadrés des deux présentes pages décrivent le régimealimentaire de trois personnes souffrant de faim chronique: un garçonzambien, un homme bolivien et une adolescente pakistanaiserécemment mariée*. Ces personnes sont dans une situation devulnérabilité nutritionnelle permanente car elles vivent dans desfamilles qui n’ont pas suffisamment de ressources pour produire,acheter et préparer toute la nourriture nécessaire pour être en bonnesanté; toutefois, il peut y avoir des variations d’un jour à l’autre et selon la saison.
Même lorsqu’un pays a assez d’aliments pour nourrirconvenablement sa population, il se peut que certains groupes soientexposés à l’insécurité alimentaire. Au sein des communautés, certainesfamilles sont plus menacées par la sous-alimentation que d’autres et,au sein de la famille, certains membres sont également défavorisés.Les jeunes enfants et les femmes enceintes et allaitantes sont lesgroupes les plus vulnérables (voir pages11 et 12 pour plus deprécisions), mais la sous-alimentation touche toutes les catégoriessociales. À cause d’elle , les enfants d’âge scolaire ne peuvent pas tirer lemeilleur parti de l’éducation qu’ils reçoivent, les travailleurs sont moinsproductifs et les jeunes femmes risquent plus de fausses couches.
L’exemple de la Zambie montre qu’une personne peut avoir assez àmanger certaines saisons et souffrir de sous-alimentation durantd’autres saisons, ce qui est particulièrement dangereux pour les enfantsen période de croissance, car ces épisodes de sous-alimentationpeuvent entraîner des retards de croissance et d’autres problèmes. Cet exemple montre aussi que certains nutriments importants peuventmanquer même lorsque l’apport calorique est suffisant.
Le cas de la Bolivie souligne l’importance de la production vivrièrelocale, qui souvent n’apparaît pas dans les statistiques officielles de ladisponibilité alimentaire. Toutefois, même avec cet apport, lespopulations peuvent souffrir de sous-alimentation grave.
Le cas du Pakistan illustre les préoccupations que suscite la sous-alimentation des mères adolescentes, facteur qui aggrave la mortalitéinfantile et maternelle dans de nombreuses régions du monde.
Les encadrés ci-contre décrivent ce que ces personnes ont mangédurant deux périodes de 24heures et illustrent des modesd’alimentation typiques, mais ils ne sont pas représentatifs del’alimentation de l’ensemble de la population.
*Les noms sont fictifs.
État nutritionnel et vulnérabilité
13
Pour étudier les régimes alimentaires, on recueille desinformations sur la façon dont les aliments sont préparés, la tailledes portions consommées et la fréquence des repas.Généralement, on recueille des données sur une journée, maiscomme les repas varient d’un jour à l’autre, il est préférabled’étudier trois jours, voire une semaine entière. Dans certainesétudes, on analyse aussi les variations saisonnières. L’étapesuivante consiste à déterminer la valeur nutritionnelle des alimentsconsommés. Cela permet de connaître l’origine et la quantité totaledes calories et des nutriments fournis par le régime alimentaire.
Garçon zambien
Méthodes d’analyse des régimes alimentaires
* L’absorption de la vitamine A est limitée car l’alimentation necomporte pas suffisamment de matières grasses.
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Le régime alimentaire de Tahira: macronutriments en kilocalories
Sans œuf
Avec œuf
Vitamine AVitamine C
CalciumFer
Vitamine AVitamine C
CalciumFer
164 225 1160
192 288 1160
220 660 1 320
4525
1535
6025
1640
Besoins alimentaires de Tahira (2 200 kcal)
Avec œuf (1 640 kcal)
Sans œuf (1 549 kcal)
Protides Lipides Glucides
Micronutriments, en pourcentage des besoins
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 14
Tahira Khan est une jeune mariée de 15 ans qui vit dans une communauté isolée du Pakistan, dans une zone de collines. Le matin, elle va chercher de l’eau pourfaire du thé qu’elle boit accompagné de lait et de sucre. Avec sa belle-mère, elleprépare ensuite le petit-déjeuner familial; lorsque les hommes sont partis auxchamps, elle mange sa part, soit un paratha (type de crêpe) de farine de blé completet de beurre clarifié. Une ou deux fois par semaine elle mange aussi un œuf fritdans le beurre clarifié.
Tahira et sa belle-mère consacrent l’essentiel de la journée à des tâchesménagères. L’après-midi, elle mange un chapati (pain blanc léger) accompagné depommes de terre et d’aubergines, avec une sauce composée de tomates, oignons etpiments rouges cuits dans du beurre clarifié. Lorsque les hommes reviennent deschamps, elle leur sert le repas du soir, puis mange le sien, c’est-à-dire à nouveau unchapati et un mélange de légumes cuits dans du beurre clarifié.
Comme le village est isolé, la famille de Tahira se nourrit essentiellement desproduits du jardin, si bien que son régime est peu varié. La ration de Tahira apportepresque assez de protéines, mais ces protéines sont de qualité insuffisante car ellesproviennent essentiellement du blé. Les légumineuses améliorent l’apport protéique,mais elle n’en mange pas assez. Son alimentation est particulièrement carencée enmatières grasses et n’apporte pas suffisamment de glucides.
La sous-alimentation de Tahira est d’autant plus grave qu’elle est encore enpériode de croissance. En particulier, elle devrait manger davantage de calcium pournourrir son futur enfant et disposer d’une réserve de calcium pour plus tard. Si elleest enceinte, sa santé et sa vie, ainsi que celles du bébé, seront menacées. Lemauvais état nutritionnel est une des causes de la forte mortalité infantile etmaternelle observée au Pakistan.
Pedro Quispe a 35 ans et fait vivre ses quatre enfants et sa femme en travaillant surune ferme à proximité du lac Titicaca en Bolivie. Certains matins, il commence lajournée avec un repas composé de maïs bouilli, de conserve de pommes de terre(chuño) et de haricots frits. Deux ou trois fois par semaine, sa femme lui sert duwallake, soupe composée de poissons du lac (carachi) et de pommes de terre,d’oignons, de piments (ají amarillo), de koa (herbe aromatique), de lard et de sel.
Pedro doit marcher une demi-heure pour se rendre aux champs. Après plusieursheures de travail, il prend une collation de chuño accompagnée d’une sauce depiments, oignons et tomates.
Le soir, à son retour, sa femme lui sert une soupe de riz, pommes de terre,oignons, carottes, lard et sel, avec une galette appelée quispina, qui est faite à based’une céréale indigène (Chenopodium quinoa). Il accompagne son repas d’uneboisson froide à base d’orge, appelée pito de cebada retostada, d’eau et de sucre.
Pedro a besoin de beaucoup d’énergie pour travailler les champs, marcher sur de longues distances et faire les tâches domestiques trop lourdes pour sa femme. On estime que dans cette région montagneuse un homme a besoin d’au moins2 800 kilocalories par jour pour être en bonne santé et avoir une activité normale. Le régime alimentaire de Pedro ne fournit que 75 pour cent de l’énergie dont il a besoin car il ne mange pas assez de matières grasses et de glucides. Il est aussicarencé en calcium et vitamine C.
Le régime alimentaire de Pedro: macronutriments en kilocalories
Avec maïs bouilli (jour 1)
Micronutriments, en pourcentage des besoins
Avec soupe de poisson (jour 2)
Vitamine AVitamine C
CalciumFer
Vitamine AVitamine C
CalciumFer
200 216 1 568
272
280 700 1 820
1628
100+25
30100+
100+31
36100+
Besoins alimentaires de Pedro (2 800 kcal)
Avec petit-déjeuner de soupe de poisson (2 125 kcal, jour 2)
Avec petit-déjeuner de maïs bouilli (1 984 kcal, jour 1)
Protides Lipides Glucides
225
Homme bolivien Adolescente pakistanaise
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Populationnon vulnérable
Population urbaine et périurbaine
Artisans-pêcheurs
Paysans sans terre
Ménages de migrants ayant à leur tête une femmeMigrants saisonniers des pays voisins
Petits producteurs agricoles périurbains
Petits agriculteurs
Éleveurs itinérants
Groupes socioprofessionnels vulnérables au Bénin
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200015
Qui sont ceux qui ont faim?Les profils des groupes vulnérables
•quel est leur régime alimentaire;•quels sont les facteurs qui les rendent
vulnérables face à la faim et à la sous-alimentation.
Il existe autant de moyens de classer lespersonnes qui souffrent de la faim que decauses de cette faim. Un des classementsles plus utiles consiste à définir les groupesen fonction de leur principal moyen desubsistance, car il est facile d’emploi etintègre de nombreux facteurs qui sont àl’origine de l’insécurité alimentaire.D’autres méthodes de classement peuventaussi être utiles à condition qu’ellesenglobent toutes les personnes concernéeset puissent être appliquées à l’échellenationale sans que certains groupes soientcomptés plusieurs fois.
On peut employer les données derecensement et des résultats d’autresenquêtes pour calculer le pourcentage de la population de chaque groupe vulnérabledans la population nationale. Il faut parfoissubdiviser en sous-groupes les groupesdéfinis dans un premier temps en termesassez généraux pour bien adapter les actionsde promotion de la sécurité alimentaire.
Comme le montre le schéma, il faut quechaque profil contienne des renseignementssur les facteurs qui ont une influence sur lesmoyens d’existence et donc sur la sécuritéalimentaire des personnes concernées. Ces facteurs sont les suivants:
•ressources appartenant aux ménagesou auxquelles ils ont accès;
Pour lutter contre la faim dans lemonde, on a mis au point un nouveloutil afin d’aider à axer lesinterventions sur les personnes les
plus vulnérables face à l’insécuritéalimentaire: «le profil des groupesvulnérables», qui est un moyen dedéterminerqui, dans une population donnée, a faim, lesraisons de cette faim et ce qu’on peut fairepour y remédier. Cet outil a été élaboré dansle cadre du Système d’information et decartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV). Il peut être appliquéseul ou associé à d’autres méthodesd’évaluation de la vulnérabilité.
Il donne des résultats parfois trèsinattendus qui devraient fortement inciter lesresponsables à agir. Par exemple, au Bénin il a montré que près de la moitié de lapopulation était exposée à l’insécuritéalimentaire; la FAO estime que le tiersenviron de ces personnes vulnérablessouffrent déjà de sous-alimentation (voir pages17 et 18).
Pour déterminer quels sont les groupesvulnérables dans un pays, il faut faire unevaste consultation. On peut commencer parorganiser une réunion nationale de réflexionavec la participation d’un large groupe departies prenantes, y compris desreprésentants des établissementsuniversitaires, des associationsprofessionnelles, des coopératives, desgroupes d’agriculteurs, des ministères etautres administrations de l’État, descollectivités locales, des organisations nongouvernementales, des groupes tribaux et des associations de femmes.
Une telle réunion a été organisée auBénin en mai 1999, avec 40personnes detoutes les régions du pays et tous lessecteurs de la société. Les participants,choisis en fonction de leurs connaissancespratiques et de leur expérience en matière de sécurité alimentaire ont défini huitcatégories socioéconomiques et troiscatégories démographiques de personnesexposées à l’insécurité alimentaire.
Ce genre d’analyse peut être faite danstoutes les pays du monde et permet auxparticipants, grâce à la diversité de leurexpérience et de leurs points de vue, dedéterminer:
•quelles sont les personnes vulnérablesdans le pays;
•où elles vivent;•quels sont leurs principaux moyens
d’existence;
État nutritionnel et vulnérabilité
•facteurs institutionnels, tels que les lois,politiques et règlements qui influentdirectement sur la situation desfamilles, les programmes et projets dedéveloppement réalisés dans la zone etles attitudes et coutumes locales;
•les facteurs externes tels que l’évolutiondémographique, les ressourcesnaturelles et la situationmacroéconomique nationale;
•les risques de chocs tels que chute desprix des produits primaires, sécheresse,conflit ou épidémie.
Les artisans-pêcheurs sont un exemplede groupe défini par ses moyens d’existencequi est relativement homogène, existe danstoutes les régions du monde et est de plus en plus exposé à l’insécurité alimentaire. En outre, on dispose d’abondantes donnéespertinentes pour ce groupe, raison pourlaquelle c’est le premier groupesocioprofessionnel dont le profil a étédéterminé au moyen du SICIAV. Entre avril etjuin 2000, on a fait une analyse générale desfacteurs qui contribuent à sa vulnérabilité etdéfini un profil de la vulnérabilité pour lespêcheurs artisanaux du Bénin, duGuatemala et du Viet Nam.
Pour élaborer ces profils, la FAO aanalysé la littérature et consulté despersonnes connaissant bien lescommunautés des pêcheurs artisanaux.Dans le cas du Guatemala et du Viet Nam, il a fallu compléter ces informations par des enquêtes légères.
Les groupes démographiquesvulnérables (enfants de moinsde 5 ans, femmes en âge deprocréer et personnes âgées)recoupent ces groupessocioprofessionnels.
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Politiques
Programmes
Croyanceset attitudes
Lois
Facteurs de changement:tendances, chocs, facteurs saisonniers
Degré
de sécurité
alimentaire
Stratégiede survie
Distribution dela nourritureau sein du ménage
Activités liéesà la santé
Accès des famillesà l’alimentation
Accès individuelà l’alimentation
Utilisationbiologique
Ressources Facteurs institutionnels Résultat finalActivités Résultats intermédiaires
Capital humain
Capitalsocial
Capitalnaturel
Capitalphysique
Capitalfinancier
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 16
• Moyens d’existence(artisans-pêcheurs au Viet Nam)
• Géographie (habitants marginalisésdes villes au Guatemala)
• Environnement(habitants des forêts en Turquie)
• Démographie(enfants de moins de 5 ans au Bénin)
• Ethnie (San de Namibie)
• Situation sociale(réfugiés de Sierra Leone au Libéria)
• Caractéristiques physiques (personneshandicapées au Tchad)
• Critères complexes(population autochtone urbaine etpériurbaine sédentaire en Mauritanie)
Source: Résultats des réunions nationales de réflexionorganisées en 1999 dans les pays mentionnés.
Les artisans-pêcheurs, qui sont au nombrede quelque 8 millions, soit plus de la moitiéde la population mondiale des pêcheurs enmer, pêchent avec des embarcations nonpontées et non motorisées ou en lançant degrands filets depuis la plage. Contrairementaux pêcheurs commerciaux qui restent enmer plusieurs jours ou plusieurs semainesd’affilée, la plupart rentrent tous les jours.
La pêche côtière artisanale est uneactivité communautaire qui s’articule autourdu débarcadère du village, à partir duquel leséquipages appareillent chaque jour. Lesacheteurs et les vendeurs se retrouvent audébarcadère et, à proximité, les femmesnettoient et fument ou sèchent une partie dela prise.
Les artisans-pêcheurs sont regroupés ausein de communautés dans lesquelles il y aune très forte cohésion sociale, souventcomposées d’une ou plusieurs famillesélargies très fières de leurs traditions depêche. Toutefois, ces communautés sontsouvent isolées du reste de la société et doncexposées à la marginalisation. En termes depouvoir économique et d’influence politique,
les artisans-pêcheurs sont une descatégories socioprofessionnelles les plusfragiles.
Leur vulnérabilité est due à plusieursfacteurs spécifiques, qui peuvent orienter lesinterventions envisageables:
•mauvaise gestion des pêches;•concurrence avec le tourisme et la
protection de la nature pour l’accès aufront de mer et aux eaux côtières;
•conditions de travail dangereuses(notamment les intempéries) qui peuvententraîner une forte mortalité;
•transmission du savoir-faire parl’apprentissage, ce qui oblige les garçonsà quitter l’école très jeunes;
•compétences non transférables à dessecteurs plus productifs;
•sous-capitalisation et, par conséquent,faible productivité du travail;
• fluctuations saisonnières des revenus etde la disponibilité alimentaire;
•mauvais état de santé dû notamment à lamauvaise qualité de l’eau, à un logementinsalubre et à une forte incidence demaladies transmissibles.
Structure pour la collecte d’informations concernant un groupe vulnérable
Caractéristiques communes des artisans-pêcheurs Critères de classement des groupesexposés à l’insécurité alimentaire etdes groupes vulnérables, et exemples
L’établissement de profils des groupes vulnérables sert à recueillir desrenseignements sur les nombreux facteurs qui sont à l’origine de l’insécuritéalimentaire de groupes relativement homogènes: leurs ressources, lesfacteurs exogènes qui ont une influence sur leurs moyens d’existence, leurspropres actions, les résultats intermédiaires et, en fin de compte, leur degréde sécurité alimentaire.
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B�NIN
Pêcheurs en eaux intérieures
Cotonou
Grand Popo
Pêcheurs dans les lagunes
Pêcheurs côtiers sédentaires
Pêcheurs côtiers migrants
Zones de conflit
Zones de conflit
Légende: incidence sur la sécurité alimentaire
Négative
Neutre
Positive
Inconnue
Capital physiqueLa famille vit dans un abri construit entroncs de cocotier.
La mère cultive un jardin potager où elleproduit des tomates, des oignons et deslégumes verts destinés àl’autoconsommation et à la vente.
Le ménage ne possède aucun animal.
Le père ne possède pas d’engin de pêche.
Il existe un dispensaire à proximité.
Les membres de la famille fréquententrarement les dispensaires.
Il existe une route côtière.
Le village dispose de puits pour l’eau deboisson.
L’eau des puits est souvent insalubre.
Capital financierLe ménage n’a pas d’épargne individuelle.
La mère possède une part de la cagnottede la tontine.
FACTEURS INSTITUTIONNELS
PolitiquesIl existe une réglementation limitantl’utilisation de grands filets.
Programmes et projetsUn projet régional d’appui à la pêcheartisanale sur les côtes d’Afrique del’Ouest, financé par le Royaume-Uni, vientde démarrer.
La coordination entre les nombreusesONG qui interviennent dans la région estinsuffisante.
Croyances et attitudesUn jour par semaine, les pêcheurs restentà terre et évitent de manger du poissonpour se prémunir contre la «mauvaisefortune». Cela contribue à limiter lasurpêche.
LégislationAucune loi ayant un impact sur la sécuritéalimentaire n’a été signalée.
STRATÉGIES DE SURVIE
Activités rémunératricesSaison sèche (propice à la pêche):septembre à mars
Chaque jour le propriétaire du bateaudonne au père une petite partie de larecette du jour et un peu de poisson.
La mère a un revenu monétaire tiré despoissons qu’elle achète, fume et revend.
RESSOURCES
Capital humainEn moyenne, il y a dans chaque ménagedeux actifs (un homme et une femme) etquatre à cinq personnes à charge, dont aumoins un enfant de moins de cinq ans.
À tout moment, il est probable qu’au moinsun membre de la famille souffre dupaludisme.
L’école est gratuite et les enfants d’âgescolaire sont scolarisés.
La fréquentation de l’école est irrégulière.
Les rôles des hommes et des femmes sontclairement définis:
• La mère s’occupe des enfants, cultiveun jardin potager et fournit lesaliments autres que le poisson.
• Le père fournit du poisson ainsi qu’unrevenu monétaire pour couvrir desdépenses telles que les frais scolaires,les vêtements, les cérémonies et lescadeaux.
Capital socialLa mère est membre d’une tontine,mécanisme traditionnel d’assurancesociale et de microcrédit pour les femmes.
Le père a des liens forts avec les autresmembres de la communauté des pêcheurs.
Capital naturelL’accès à la mer et aux zones dedébarquement est gratuit.
Les mangroves fournissent du bois de feupour cuire et fumer les poissons; les troncsde cocotier sont employés pour laconstruction des logements.
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200017
Profil des artisans-pêcheurs au Bénin
Les artisans-pêcheurs et leurs famillesreprésentent 8 pour cent de lapopulation du Bénin, soit près de400000personnes. Ceux qui sont le
plus exposés à l’insécurité alimentaire sont lespêcheurs sédentaires à plein temps qui n’ontpas de terres. Ils vivent dans des villagescôtiers, où le sol est trop sablonneux pourpermettre une activité agricole, et la pêche estla principale source de revenus des familles.Les plus mal lotis n’ont aucun équipement ouengin de pêche, et travaillent commemembres d’équipage pour un salaire demisère; ils ne disposent que d’un revenumonétaire très limité pour couvrir leursdépenses essentielles.
Les deux présentes pages récapitulent lescaractéristiques typiques des famillesd’artisans-pêcheurs, en particulier les pluspauvres d’entre elles, qui ont été définies dansun atelier organisé au Bénin en mai 1999. On a déterminé l’influence de chaque variablesur la sécurité alimentaire des personnesconcernées. L’encadré de la page 18 développeles problèmes de sécurité alimentaire les plusurgents identifiés grâce à ce profil et indiqueles mesures à prendre pour y remédier.
État nutritionnel et vulnérabilité
Pêche côtière
Pêche industriellePêche industrielle
Pêche côtière, intérieure et industrielle
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réserve une plus grande part de la priseet la part des équipiers est réduite.
Facteurs saisonniersSaison des pluies
Durant la saison des pluies (arrêt de lapêche), les revenus diminuentconsidérablement.
L’alimentation est moins variée etl’incidence du paludisme et des infectionsrespiratoires augmente.
RÉSULTATS MESURABLES
RevenusAucune information disponible.
État de santéLa prévalence du paludisme, des infectionsdes voies respiratoires supérieures et de ladiarrhée chez les enfants de moins de cinqans est élevée.
État nutritionnelUn quart environ des enfants de moins decinq ans des zones côtières du Béninsouffrent de retard de croissance (statureinsuffisante par rapport à l’âge).
Dans les districts administratifs côtiers, 62pour cent des enfants de moins de deux ansmanquent de fer et 52 pour cent sontanémiques.
RÉPARTITION DE L’ALIMENTATION AUSEIN DU MÉNAGE
DiscriminationPas de discrimination constatée.
Habitudes alimentairesLa mère et les enfants mangent ensembleet le père mange seul. Tous ont la mêmealimentation.
SANTÉ
Alimentation des nouveau-nésLes nouveau-nés sont allaités au sein maisle sevrage commence trop tôt (à trois mois),avec un gruau de maïs.
HygièneL’eau du puits n’est pas bouillie.
FACTEUR DE CHANGEMENT
TendancesÉpuisement des stocks de poisson etdestruction des habitats marins naturels.
ChocsLa dévaluation du franc CFA en Afriqueoccidentale (janvier 1994) a entraîné unehausse sensible des coûts de nombreuxexploitants de bateaux, qui n’a pas étécompensée par la hausse du prix dupoisson. En conséquence, le patron se
Saison des pluies (arrêt de la pêche): avril àaoût
Le père émigre avec l’équipage pourrechercher du travail dans le port deCotonou et envoie occasionnellement depetites sommes à sa famille.
La mère vend les produits du jardin et del’huile de noix de coco et du sel defabrication artisanale.
DépensesSaison sèche
Nourriture, remboursement des prêts,versements à la tontine, autres (alcool, fraisde scolarité).
Saison des pluies
Nourriture, versements à la tontine, autres(alcool, soins de santé).
Régime alimentaire Saison sèche
Maïs avec sauce à base de tomate, huile depalme, oignons et légumes verts; poisson,généralement cuit en sauce ou fumé.
Saison des pluies
Manioc avec sauce à base de tomate, huilede palme et légumes; occasionnellement,poisson fumé.
Mécanismes d’adaptation temporaireDurant la saison des pluies, les famillesd’artisans-pêcheurs consomment desaliments moins coûteux et mangent moins.
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 18
PROBLÈMES DE SANTÉ
Les problèmes de santé sont un facteur de vulnérabilitémajeur pour les artisans-pêcheurs de la côte océaniquedu Bénin. Le paludisme est endémique et les diarrhées etinfections respiratoires fréquentes, en particulier durantla saison des pluies, lorsque la population est affaiblie parla pénurie alimentaire. Il existe des dispensaires, mais lesménages vulnérables n’y ont pas souvent recours. Il estrare que l’eau des puits soit bouillie et les autres règlesd’hygiène qui contribuent à réduire la morbidité sont peurespectées. La nourriture disponible est partagéeéquitablement, mais les nourrissons sont sevrés trop tôtet les aliments de sevrage sont inadaptés.
L’éradication du paludisme, qui est une des prioritésmondiales de l’OMS, apporterait des bienfaitsconsidérables. Les autres interventions envisageablessont notamment celles qui viseraient à améliorer lespratiques de sevrage, la distribution de complémentspour les enfants sous-alimentés et la protection de l’eaupotable. Il convient de gérer ces activités à l’échelon localpour assurer une bonne coordination et éviter les doublesemplois et ne pas demander trop de temps auxbénéficiaires.
ENDETTEMENT ET MANQUE DE CAPITAUX
L’insuffisance du capital financier et physique est un desgrands problèmes des ménages de pêcheursvulnérables. La part que touche le pêcheur dépend ducapital qu’il apporte à l’équipage. Un membre d’équipagequi ne possède pas au moins une partie des filets etautres engins de pêche n’a qu’un salaire très bas. Durantla saison des pluies, lorsque le père émigre avec le restede l’équipage pour trouver un travail de remplacement àCotonou, les sommes qu’il réussit à envoyer à la maisonsont misérables.
Pendant la saison des pluies, la seule autre source derevenus de la mère est la vente de produits artisanaux etde produits du jardin potager. Souvent, sa recette n’estpas suffisante pour couvrir les besoins essentiels et elledoit acheter de la nourriture à crédit, si bien que leménage s’endette de plus en plus et souffre de la faim.
Dans les communautés côtières du Bénin, lesfemmes appartiennent à des tontines, qui sont desassociations traditionnelles d’assurance sociale et demicrocrédit réservées aux femmes, auxquelles ellesversent une contribution et peuvent emprunter del’argent lorsqu’elles ont des difficultés. C’est uneressource financière modeste mais utile, qu’on pourraitrenforcer pour faciliter l’investissement dans des petitesentreprises.
GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
Les artisans-pêcheurs sédentaires du Bénin ont accès àdes eaux poissonneuses à proximité de la côte et leursdébarcadères sont généralement proches d’une route quidessert les marchés urbains. Les mangroves et lescocotiers fournissent du bois de feu, des matériaux deconstruction et un revenu d’appoint, et l’eau douce estabondante. Le climat est dans l’ensemble clément.
Toutefois, malgré l’existence de coutumes et derèglements visant à prévenir la surexploitation desressources de la mer, les mécanismes traditionnels degestion des pêches sont fragilisés, la réglementationn’est pas toujours respectée et les pêcheurs industrielsempiètent souvent sur les zones de pêche traditionnellesdes artisans-pêcheurs. Ces facteurs menacent ladurabilité des moyens d’existence des petits pêcheurs.
Dans ce domaine, comme ailleurs, les mesureslocales ne peuvent être efficaces que si elles sontaccompagnées par une politique résolue de lutte contrela surexploitation des ressources halieutiques dans leseaux internationales.
Le Bénin est un des bénéficiaires d’un grandprogramme de renforcement de la gestioncommunautaire des pêches financé par le Royaume-Uniet exécuté avec l’appui technique de la FAO.
Principaux problèmes et interventions suggérées par l’analyse
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0
500
1 000
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
$EU
Évolutioneffective
Estimationbasse
Estimationhaute
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200019
Dans la plupart des pays pauvresexposés à l’insécurité alimentaire, lesdeux principales ressources sont lamain-d’œuvre et la productivité de la
terre et de l’eau. Pour faire échec à la faimchronique et à la pauvreté, il faut investir dansles êtres humains et dans la productivité.
L’investissement dans le capital humaindevra être axé sur l’éducation, la distributiond’eau propre et l’assainissement, la santé etles services sociaux, complétés dans certainscas par une aide alimentaire et nutritionnelledirecte. Dans les zones rurales, cesinvestissements sont indispensables pourque les autres investissements consentisdans l’agriculture et ses sous-secteursproductifs puissent être rentables. Ceux quisoutiennent qu’un développement axé surl’homme est coûteux ne doivent pas oublierque le fait de laisser les gens souffrir de lafaim a aussi un coût économique, comme l’ontmontré de récentes recherchescommanditées par la FAO.
D’après les projections de la FAO à 15 ans, sil’innovation agricole se poursuit à un rythmeraisonnable, la production alimentaire pourraaugmenter de 2 pour cent par an dans les paysen développement. Si ce chiffre n’est pasatteint, les objectifs du Sommet mondial del’alimentation resteront irréalisables. Toutefois,la croissance globale ne suffit pas; encore faut-il qu’elle bénéficie à ceux qui ont le plus faim.
Dans des pays encore essentiellementruraux, l’investissement dans la petiteagriculture est un des moyens d’orienter lacroissance dans un sens favorable aux pauvres.La nécessité de consacrer des ressources auxprocessus de production et de postproductionest aujourd’hui largement admise. Toutefois, lefinancement de la recherche agricole est aussiessentiel, particulièrement en ce qui concerneles produits et les systèmes agricolessusceptibles d’offrir des perspectives decroissance aux pauvres.
Si les ressources naturelles ont un bonpotentiel agricole, l’appui à la rechercheagronomique peut beaucoup contribuer àréduire l’insécurité alimentaire et la sous-alimentation. À cet égard, on peut citer en exemple les nombreuses retombées de la recherche sur l’amélioration du maniocconduites en Afrique occidentale (pages 21-22).
Même si l’augmentation attendue de laproduction alimentaire se concrétise, près de600millions de personnes resteront sous-alimentées en 2015, à moins que l’expansionne se fasse en priorité dans les zones oùl’insécurité alimentaire est la plus grave et que
ne soient mises en œuvre des politiquespubliques ayant pour objectif premier del’éliminer .
La participation des pauvres à desprogrammes d’action communautaire estun moyen puissant de faire en sorte que cegenre de politique soit appliqué. Lespolitiques traditionnelles de développementrural mettaient l’accent sur lesinfrastructures et les services et les pauvresn’étaient pas consultés car on partait du principe qu’ils bénéficieraientautomatiquement des retombées de la croissance.
L’expérience acquise par la FAO montreque des petits groupes autonomes depersonnes ayant des activités similaires sontcapables de faire beaucoup pour améliorerleur propre sort.
La dynamique du changement
Les dividendes de la sécurité alimentaire
Les succès obtenus par la Thaïlande enmatière d’action communautaire de luttecontre la pauvreté et la sous-alimentationdans l’ensemble du pays (pages23-24)fournissent un modèle qui pourrait être imitédans de nombreuses parties du monde.
Toutefois, il faut beaucoup de temps avantque les interventions visant à améliorer laproductivité agricole et à accroître le pouvoird’achat des pauvres aient des effets. Il faut encore plus longtemps si l’on nerépond pas aux besoins alimentairesquotidiens des pauvres, car les gens qui ontfaim sont généralement moins productifs.En outre, des crises temporaires sontinévitables pendant la période de transitionet ceux qui sont déjà exposés à l’insécuritéalimentaire en seront probablement lesprincipales victimes.
Source: Arcand, Jean-Louis. Malnutrition et croissance: le coût de la faim. FAO, juillet 2000
La lutte contre la faim n’est pas seulement unimpératif humanitaire; c’est aussi une action qui a defortes justifications économiques. Le coût économiquede la faim et de la sous-alimentation et de leurs effetsen termes de productivité, de morbidité et de mortalitéest extrêmement élevé. La sous-alimentation affectesensiblement les capacités physiques, ledéveloppement cognitif et l’apprentissage, ce quientraîne une baisse de la productivité. Au-delà dessouffrances des individus et des familles, elle entraîneune diminution de la rentabilité des investissementssocioéconomiques.
Cette conclusion a été confirmée par une récenteétude parrainée par la FAO, qui a porté sur 110 paysentre 1960 et 1990. Les auteurs ont employé des
techniques statistiques pour analyser les liens entrecroissance économique et bien-être nutritionnel. Ils ont constaté que si tous les pays dans lesquels ladisponibilité énergétique alimentaire (DEA) moyenneétait inférieure au minimum en 1960 avaient réussi àéliminer la faim et à porter la DEA par habitant à 2 770kilocalories par jour, leur taux de croissance aurait éténotablement plus élevé.
L’écart peut être considérable. Comme le montre legraphique ci-dessous, si la sous-alimentation avait été éliminée, le PIB par habitant des pays d’Afriquesubsaharienne aurait atteint 1 000 à 3 500 dollars en1990 (la différence entre les deux courbes dépend desméthodes d’analyse employées), alors qu’en fait iln’était que de 800 dollars par an.
Moyenne du PIB par habitant en Afrique subsaharienne et estimations correspondant à un scénariodans lequel la sous-alimentation aurait été éliminée
Le coût économique de la faim
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Amériquelatine
Pourcentage de réduction de la proportion d’enfants sous-alimentés de moins de cinq ans due aux gainsde productivité obtenus grâce aux recherches des organismes membres du GCRAI
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
Afrique Asie occidentale etAfrique du Nord
Chine Inde Paysen développement
En 1980, la FAO a lancé son Programme departicipation populaire (PPP) pour appuyer desgroupes d’action communautaire, ce qui permetd’obtenir de nombreux effets positifs,notamment:
Accroissement de la productivité agricole.AuGhana, les groupes PPP récoltent 20 pour cent demaïs de plus à l’hectare que les agriculteurs quine participent pas au programme. On a obtenudes résultats similaires au Kenya, en SierraLeone et au Sri Lanka.
Hausse du revenu net des ménages.Le tauxélevé de remboursement des prêts etl’augmentation de l’épargne collectivetémoignent d’une hausse des revenus.
Développement de l’emploi.Les participantsont des rendements à l’hectare plus élevés, etemploient donc plus de main-d’œuvre agricole.
Épargne.L’épargne constituée par lesgroupes PPP – 38,78 dollars EU par groupe enZambie en 2000 et 35,14 dollars par groupe auPakistan en 1997 – représente des sommesimportantes pour des gens qui auparavantn’avaient pas du tout d’économies.
Aménagements communautaires.Tous lesgroupes PPP ont participé à des activitéscommunautaires allant de la constructiond’écoles primaires à l’électrification des villages.
Acquisition de nouvelles compétences.L’acquisition de compétences techniques,administratives et sociales a donné auxpopulations la possibilité de contrôler la gestiondes écoles et autres institutions publiques etsemi-publiques.
Les filets de sécurité protègent les moyens desubsistance et assurent la survie despopulations vulnérables. Parmi lesmécanismes qui permettent d’améliorer lasécurité alimentaire, on peut mentionner lasolidarité communautaire, les transfertspublics directs et les transferts publicsindirects.
Solidarité communautaire. Dans lescommunautés traditionnelles, de solidesréseaux de parenté et les attaches religieusesprotègent les personnes en difficulté. Lesassociations qui établissent des liens entre leshabitants des villes et les familles ruralesoffrent de nouveaux mécanismes de soutien,de même que les associations caritatives.
Transferts directs. Les transferts publicsconsistant à fournir directement auxpersonnes nécessiteuses des aliments ou del’argent sont généralement appelés aidesalimentaires. On peut distinguer l’aidealimentaire d’urgence, les programmesd’alimentation complémentaire, lesprogrammes nourriture-contre-travail et lessystèmes de rations .
Transferts indirects. De nombreusesprestations sociales sont indirectes. Parmicelles qui contribuent à la sécurité alimentaire,on peut mentionner:
• les mesures réglementaires telles que leslois sur le salaire minimum, le contrôle desprix et la réglementation du marchéfinancier et du marché du travail,complétées par des réserves alimentairesstratégiques;
• les programmes de subventions et decrédit, notamment subventionsalimentaires ciblées, crédits à laconsommation et systèmes d’épargne etde crédit communautaire;
• les mesures de création d’emplois, tellesque programmes de formation, services deplacement et systèmes publics de garantied’emploi;
• les régimes d’assurance garantie par l’État,tels que l’assurance récolte, l’assurancechômage, les caisses de retraite et lesrégimes de protection sociale.
Une récente étude a mis en évidence l’utilité de la recherche agricole internationale pourréduire la sous-alimentation des enfants enaccroissant la diversité et la productivité descultures. Cette étude a été faite par le Groupede l’analyse et de l’évaluation de l’incidencenutritionnelle du Groupe consultatif sur larecherche agricole internationale (GCRAI).
Entre 1970 et 1995, les centres derecherche agricole internationale ont diffuséun grand nombre de nouvelles variétésobtenues grâce à leurs programmes desélection des plantes alimentaires de base –blé, riz, maïs, sorgho, millet, manioc, pommede terre, orge et lentilles. D’après cette étude,ces travaux ont permis d’obtenir 70 à100 nouvelles variétés par an et un gain deproductivité additionnel de 0,5 pour cent par an.
L’accroissement de la production vivrièrequi en est résulté a fait baisser les prix descéréales de 27 à 41 pour cent. En conséquencedirecte, la sous-alimentation des enfants areculé de 1 à 3 pour cent.
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 20
Source: Evenson, R. et al., Corp genetic improvement and agricultural development, TAC Secretariat, GCRAI, mai 2000.
Les filets de sécurité: un pilier dudéveloppement
L’utilité de la participationAméliorer les cultures de base pourlutter contre la faim
L’utilité de la recherche agricole internationale
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0
1 000 000
2 000 000
3 000 000
Nigéria
1968 1978 1988 1998 1968 1978 1988 19980
200 000
400 000
600 000
Ghana
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200021
Le Ghana et le Nigéria sont parmi lesrares pays du monde qui ont réussi àréduire la prévalence de la sous-alimentation de plus de 30points de
pourcentage entre 1979-1981 et 1996-1998. Le chiffre est tombé de 62 à 10 pour cent auGhana et de 44 à 8 pour cent au Nigéria.
Un des principaux facteurs qui ontcontribué à cette amélioration estl’accroissement rapide de la production demanioc durant cette période, qui a eu deseffets particulièrement bénéfiques sur lespauvres et les personnes souffrant de sous-alimentation. La racine de manioc est uneexcellente source d’énergie et les feuilles sont riches en vitamine A et C, en fer et encalcium et contiennent des protéines.
Les agriculteurs ont pu trouver de nouveauxdébouchés pour le manioc grâce à un ambitieuxprogramme de recherche et de promotionexécuté par l’Institut international d’agriculturetropicale (IITA) à Ibadan, Nigéria. En 1984, après plus de 10 ans de recherche, l’IITA aintroduit des variétés améliorées présentant de nombreux avantages:
•rendement allant jusqu’à 55 tonnes àl’hectare, contre environ 10tonnes àl’hectare pour les variétés traditionnelles;
•maturation précoce;•forte résistance aux maladies, en particulier
à la bactériose et au virus mosaïque;•facilement transformables en farine et en
fécule;•large canopée empêchant le développement
des adventices et améliorant le rendement;•racines compactes, facilitant la récolte et
permettant aux tubercules mûrs deconserver leur qualité même s’ils restentlongtemps dans le sol;
•faible teneur en cyanure, substancenaturelle qui peut être très toxique en grande quantité.Les nouvelles variétés sont arrivées à point
nommé. En 1982-1983, une grave sécheresse a détruit de nombreuses cultures dans unegrande partie de l’Afrique, ce qui a incitébeaucoup d’agriculteurs à adopter le manioccar c’est une plante qui tolère bien lasécheresse et pousse dans des solsrelativement pauvres. En outre, le tuberculepeut rester dans le sol jusqu’à trois ans avantd’être récolté, ce qui permet de constituerfacilement une réserve alimentaire.
Dans un premier temps, les agriculteursont introduit le manioc comme culture desubsistance dans des zones où il étaitauparavant inconnu, en particulier les zonesarides et marginales. Toutefois, comme les
citadins se sont montrés de plus en plusdisposés à en faire un de leurs aliments debase, un certain nombre d’agriculteurs ontcommencé à le cultiver pour la vente.
En Afrique occidentale, le manioc estconsommé généralement sous la forme degari, c’est-à-dire des granules grossiers defarine grillée qui sont cuits et préparés commedu riz. Le gari est accompagné de diversessauces, et est préparé soit à la maison, soit pardes marchands ambulants. L’augmentation dela demande de gari dans les villes en forteexpansion de la région a beaucoup contribué àencourager les agriculteurs à produiredavantage de manioc.
Au Nigéria, le grand bond de la productions’est produit entre 1983 et 1992, période durantlaquelle la consommation par habitant adoublé, passant de 63 à 129kg par an. Onestime que les variétés améliorées ont permisde produire en 1991 1,4million de tonnes de garide plus que ce que l’on aurait obtenu avec lesvariétés traditionnelles. En 1998, la productiondes nouvelles variétés avait plus que doublépour atteindre l’équivalent de 3,4millions detonnes de gari. La part des nouvelles variétésdans la production totale est passée de 8 pourcent à quelque 30 pour cent, et la productiontotale a elle-même beaucoup augmenté.
La réussite du manioc au Nigéria a été lerésultat d’une politique volontariste despouvoirs publics, d’une forte croissance de lademande urbaine, d’investissements publicsdans la distribution de plants et de ladisponibilité de machines qui ont permis derésoudre le problème de la pénurie de main-d’œuvre pour la transformation après récolte.Aujourd’hui, la production augmente pluslentement, ce qui traduit peut-être un nouveléquilibre entre l’offre et la demande.
Au Ghana, l’expansion du manioc a été plustardive, mais tout aussi rapide. Il a fallu adapterles nouvelles variétés à haut rendement de l’IITA
aux conditions climatiques et pédologiqueslocales avant de pouvoir les diffuser largement.Mais à partir du début des années90, après lelancement d’un programme gouvernementalde promotion des racines et tubercules et uneréorientation de la politique économique qui aencouragé l’introduction du manioc, laproduction a rapidement progressé. Entre 1990et 1998, la consommation de manioc est passéede 126 à 232kg par habitant et par an.
Le manioc est aujourd’hui la principalesource de glucides et un aliment énergétiquepeu coûteux pour la majorité des Ghanéens.Les personnes de toutes les classes socialesen mangent, principalement sous forme degari et de fufu (manioc bouilli et écrasé). Laconsommation atteint un maximum durant la période de soudure, c’est-à-dire juste avant la récolte, au moment où d’autresproduits comme le maïs sont rares ou tropcoûteux. Aujourd’hui, le manioc est le premierproduit agricole du Ghana et, en 1998, laproduction de manioc représentait 22 pourcent du PIB agricole.
Une grande partie de l’Afrique centrale etaustrale est adaptée à la culture du manioc.L’essentiel de l’expansion de la productionenregistrée entre 1961 et 1991 s’est effectuéedans des zones humides, où sont situées laplupart des grandes villes qui offrent lesmeilleurs débouchés pour ce produit. Il estprobable que l’expansion future continuera dese faire principalement dans ces zones.
Néanmoins, la culture du manioc sedéveloppe aussi sur des terres d’altitudemoyenne plus sèches, ce qui montre sonimportance en tant que produit contribuant à la sécurité alimentaire dans les zonessemi-arides. C’est pourquoi l’IITA a entreprisde mettre au point de nouvelles variétésparticulièrement adaptées aux zones semi-arides, à partir de variétés parentesd’Amérique du Sud.
La dynamique du changement
La recherche sur le manioc et ses effets sur la sécurité alimentaire au Ghana et au Nigéria
Superficies consacrées à la culture du manioc, en hectares
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1968 1978 1988 1998 1968 1978 1988 1998
Rendements à l’hectare en tonnes Production par personne et par an en kilogrammes
6
8
10
12
Ghana
Nigéria
Ghana
Nigéria
50
100
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200
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0
10
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30
40
199119611991196119911961Savanehumide
Forêthumide
Zones d’altitudemoyenne semi-arides
Millions de tonnes
Depuis 1998, le Fonds international dedéveloppement agricole (FIDA) a pris la têted’un effort concerté visant à élaborer unestratégie mondiale de promotion du maniocen tant qu’aliment de base et source derevenus pour ses producteurs. Un desobjectifs importants de cette stratégie estde stimuler un développement industrieldes zones rurales qui offrira de nouvellespossibilités d’emploi et améliorera lesrevenus des producteurs, transformateurset négociants.
La stratégie consiste à promouvoir desproduits offrant de bons débouchés, telsque la farine de manioc pour la cuisinedomestique et pour la transformationindustrielle; les aliments préparés commele fufu, les feuilles cuites et les racinesfraîches bouillies; les aliments fourragers;l’alcool destiné à l’industrie chimique; lescolles; les amidons pour l’apprêt destextiles et du papier; et les édulcorantsindustriels. Elle vise aussi à faire mieuxcomprendre l’importance de la contributiondu manioc à la sécurité alimentaire.
À l’occasion d’un forum organisé en avril2000 par la FAO et le FIDA, cette stratégie aété entérinée par les participants de 20 paysreprésentant des entreprises privées, desgroupes d’agriculteurs, des ONG, deschercheurs et des organismes bailleurs defonds. Plusieurs activités de recherche et depromotion commerciale ont été élaboréeset leurs plans d’exécution ont été esquissés.
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 22
Source: Cartes de l’adaptation des terres aux cultures pluviales, FAO, 2000.
Source: Dunstan Spencer and Associates, Cassava in Africa: past, present and future,
Institut international d’agriculture tropicale, 1997.
L’adaptation d’une zone à la culture du manioc dépend du climat, de la topographie et de lapédologie. Les zones particulièrement adaptées en Afrique sont notamment les zones tropicaleshumides, les zones de savane humide et les zones de moyenne altitude semi-arides dont les solsont une texture moyenne à grossière, sont suffisamment profonds et bien drainés et ne sont pastrop acides. Il faut généralement apporter de la chaux pour neutraliser l’acidité du sol dans leszones tropicales humides et les zones de savane humide, où la majeure partie du manioc produiten Afrique est cultivé.
Possibilité de culture du manioc en AfriqueLa stratégie mondiale du manioc
Manioc: évolution de l’offre et de la demande, 1968-1998Accroissement de la production des zones de culture du maniocd’Afrique subsaharienne, 1961-1991
Très bien adaptées
Bien adaptées
Moyennement adaptées
Marginalement adaptées
Non adaptées
Totalement inadaptées
Source: FAOSTAT
pp.21_22-Cassava 11/15/00 12:30 PM Page 29
Adaptation des plans d’actionFormation et appuiInterventions concrètesSuivi et évaluation
Participationet mobilisation socialeAdaptation des plans d’actionInterventions concrètesSuivi au moyen d’indicateurssimples de satisfaction des besoins essentiels
Formulation des politiquesDéfinition des objectifset indicateursMise en œuvre de la stratégieMécanismes institutionnelsFormation et appuiSuivi et évaluation
ÉCHELONCOMMUNAUTAIRE
ÉCHELONDU DISTRICT
ÉCHELONNATIONAL
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200023
Thaïlande: Réduction durable de la pauvreté et de la sous-alimentation
isolés et sous-équipés, comme le montre lacarte ci-contre. La stratégie a d’abord étémise en œuvre dans ces districts, mais lapauvreté et la sous-alimentation n’étaient pasabsentes ailleurs et existaient dans tout lepays. C’est pourquoi en 1984 il a été décidéd’appliquer la stratégie de lutte contre lapauvreté à l’échelle nationale. Cette stratégieétait fondée sur cinq principes qui sonttoujours d’actualité: donner la priorité auxzones dans lesquelles la pauvreté estconcentrée; garantir à chacun un revenu desubsistance minimum et des servicesessentiels; encourager les populations à seprendre en charge; privilégier destechnologies peu coûteuses; et encouragerles populations à participer à la prise dedécisions et à la résolution des problèmes.
Dans un premier temps, les interventionsont été axées sur la lutte contre les problèmesde nutrition les plus graves des rurauxpauvres: sous-alimentation protéino-calorique, avitaminoseA et carence en iode.
Le programme, associant surveillancenutritionnelle, alimentation complémentairedes jeunes enfants, éducation en matière denutrition, amélioration des soins de santéprimaires et production d’aliments nutritifs,s’adressait à l’ensemble des communautés. Il comprenait une campagne d’information,des actions de formation et la mobilisation devolontaires (un pour 10 ménages). Lesinterventions visaient à accroître la productionde poisson, de poulet, de fruits et légumes, à promouvoir des régimes alimentairesappropriés et à corriger les préjugésalimentaires nocifs. On s’est aussi efforcéd’améliorer les soins de santé primaires dans les communautés rurales.
Par ailleurs, on a appris aux villages àproduire des mélanges d’aliments nutritifs(riz, légumineuses et sésame ou arachides)
pour compléter la ration des jeunes enfantssous-alimentés. On a aussi encouragé lacréation de jardins potagers, d’étangs àpoissons et d’élevages de poulets pourcompléter les repas scolaires.
Cette stratégie a permis d’obtenir uneréduction durable de la pauvreté (voir tableau)et une diminution sensible du pourcentaged’enfants d’âge préscolaire souffrantd’insuffisance pondérale. En 10 ans, lesformes les plus graves de sous-alimentationparmi ces enfants ont quasiment disparu.Entre 1982 et 1998, dans cette classe d’âge, laprévalence de la sous-alimentation légère esttombée de 35 à 8 pour cent, celle de la sous-alimentation modérée de 13 à moins de 1 pour cent, et celle de la sous-alimentationgrave de 2 pour cent à un niveau négligeable.
Depuis 1990, le gouvernement a adapté leprogramme pour préserver les acquis etélargir le champ des interventions. On a revules mécanismes institutionnels afin defavoriser la collaboration entre les ministèreset les communautés. La communauté estrestée l’échelon de base du programme, maison a renforcé le partenariat avec les cadres de la fonction publique à l’échelon desdistricts et à l’échelon national.
La gamme des interventions a été élargie.Ayant réussi à éliminer la sous-alimentationprotéino-calorique, les autorités ont pus’attaquer à d’autres problèmes liés àl’alimentation et à la nutrition et à d’autresaspects de la qualité de la vie.
Le programme élargi comporte septéléments:
•production d’aliments diversifiés pourl’autoconsommation;
•formation et crédit pour le lancementd’activités économiquement viables detransformation et de commercialisationdes produits alimentaires;
L’incidence de la pauvreté et de la sous-alimentation a considérablementreculé en Thaïlande dans les années80 grâce à une stratégie de lutte
contre la pauvreté axée sur la réduction de lasous-alimentation et l’appui audéveloppement rural durable. Un grand effortnational a fait tomber la prévalence de lapauvreté de 32,6 pour cent de la population en1988 à 11,4 pour cent en 1996.
Le plan de lutte contre la pauvreté a étéélaboré à la suite d’une série d’enquêtes faitesau début des années 80, qui ont montré que lasous-alimentation protéino-calorique était unproblème majeur dans les zones ruralespauvres. Les autorités ont complété cesenquêtes par d’autres données sur le niveaude vie pour créer un indice de la pauvreté, quia mis en évidence 286 districtsparticulièrement pauvres, dans lesquelshabitaient quelque 40 pour cent de lapopulation du pays.
La sous-alimentation étaitparticulièrement grave parmi les nouveau-nés et les jeunes enfants en raison dumauvais état nutritionnel de leurs mères. Les femmes arrivaient à la puberté déjà sous-alimentées et leur état nutritionnel sedétériorait encore durant les grossesses enraison de l’insuffisance de l’apport alimentaireet de certaines coutumes qui les empêchaientde manger des aliments très nutritifs commeles œufs et d’autres protéines animales, ainsique des fruits et légumes.
En conséquence, les femmes enceintesdes campagnes ne prenaient en moyenne que5 à 7kg, alors que la prise de poids normaleest de 12,5 kg. Leurs enfants pesaient à lanaissance 350 à 450 grammes de moins queceux nés dans un hôpital urbain lié à une desécoles de médecine de Bangkok, etmesuraient 2 cm de moins.
Les enfants dont le poids à la naissance estinsuffisant tendent à souffrir d’insuffisancepondérale durant toutes leurs premièresannées, d’où un taux très élevé de sous-alimentation, de morbidité et de mortalité. En Thaïlande, en 1982, plus de 50 pour centdes enfants de moins de cinq ans souffraientd’insuffisance pondérale et la proportionpouvait atteindre 70pour cent dans les zonesles plus démunies.
S’appuyant sur ces données, legouvernement a lancé en 1982 sa stratégie de lutte contre la pauvreté et la sous-alimentation par le biais de l’actioncommunautaire. Les 286districts les pluspauvres du pays étaient particulièrement
La dynamique du changement
Promotion de la collaboration entre les échelons
Source: FAO
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0
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
10 20 30 40 50 60
Prévalence de l’insuffisance pondérale
Insuffisancepondérale
GraveModéréeLégère
1996
1998
%
MYANMAR
MALAISIE
CAMBODGE
RDP LAO VIET NAM
THAÏLANDE
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 24
Région 1988 1990 1992 1994 1996Centre 32,9 20,7 15,4 7,2 6,2Est 15,5 19,4 11,9 7,5 3,8Ouest 32,0 26,4 13,1 12,5 9,3Nord 32,0 23,2 22,6 13,2 11,2Nord-Est 48,4 43,1 39,9 28,6 19,4Soud 32,5 27,6 19,7 17,3 11,5Bangkok 8,0 6,9 3,6 2,4 1,9Zone urbaine 21,8 18,2 12,7 9,6 5,8Zone rurale 40,3 33,8 29,7 21,2 14,9Moyenne nationale 32,6 27,2 23,2 16,3 11,4
Diminution du pourcentage de la population pauvre, 1988-1996
Réduction de l’insuffisance pondéralechez les enfants de moins de 5 ans,1982-1998
Thaïlande: Concentration de la pauvreté et de la sous-alimentation, 1982
Source: Bureau de la promotion de la santé, Ministère de la santé publique du Gouvernement
thaïlandais, 1998. Source: The Poor Thai, Université Chulalongkorn, Bangkok (Thaïlande), 1998.
Source: FAO
Districts dans lesquels il y a une forte concentration de la pauvreté et de la sous-alimentation
•enrichissement des sauces pour nouilles àcuisson instantanée en vitamine A, fer etiode;
•étiquetage nutritionnel obligatoire desproduits alimentaires;
•promotion et diffusion de neuf régimessains, avec des conseils spécifiques pourcertaines personnes particulièrementvulnérables telles que les nourrissons etles jeunes enfants, les adolescentes et lesfemmes enceintes;
•services de santé gratuits ou fortementsubventionnés;
•programme spécial de suivi, desurveillance et d’alimentationcomplémentaire pour les enfants demoins de 5 ans et les enfants fréquentantl’école primaire.La stratégie appliquée par la Thaïlande se
distingue de celle des autres pays par le faitqu’elle a été appliquée systématiquementdans toutes les communautés du pays. Elleoffre un modèle qui, non seulement répondaux besoins immédiats des personnesexposées à l’insécurité alimentaire, mais, enoutre, leur donne les moyens d’échapperdéfinitivement à la faim.
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200025
Accélérer le progrès
Nul ne peut nier que la lutte contrela faim progresse trop lentement.Le nombre de personnes sous-alimentées n’a pas diminué
depuis la précédente parution de L’état del’insécurité alimentaire dans le monde.Cela montre bien à quel point il est urgentd’agir de façon résolue et vraiment efficace.
Le problème de la faim peut être analyséà deux niveaux. Le premier est celui dumaire ou chef de village, qui rencontre tousles jours ceux qui ont faim et sait que, s’ilsavaient les ressources et les outilsnécessaires, ils pourraient se nourrir. Lesecond est celui du haut fonctionnaire ou dupolitique qui travaille dans la capitale oudans une organisation internationale, quivoit les statistiques et connaît les causes dela faim et sait que, moyennant despolitiques appropriées, le villageoispourrait obtenir les outils et les ressourcesnécessaires.
L’action doit être orientée par ces deuxapproches, l’approche locale et l’approcheglobale. Il faut adapter les remèdes auxbesoins des différents groupes de chaquesociété qui sont exposés à la faim ou ensouffrent. Il faut aussi élaborer et mettre enplace à l’échelon national et internationalles politiques et environnementssusceptibles d’aider les gens à trouver lespossibilités et les moyens de mener leurpropre combat contre la faim et la pauvreté.Il faut agir sur plusieurs fronts.
SOFI 2000 va au-delà des statistiquesgénérales en analysant de façon plusspécifique les groupes vulnérables. Laprésente édition, pour la première fois,contient des indicateurs de la gravité de lafaim et des statistiques sur le nombre despersonnes qui ont faim dans les pays entransition. En outre, elle emploie desindicateurs nutritionnels pour mettre enévidence les problèmes auxquels sontexposées les femmes et qui,inévitablement, se répercutent sur leursenfants.
Cette information plus fine est un outilimportant pour les décideurs. Elle leurpermettra de mieux cibler leur action et deconsacrer les efforts et les ressources defaçon plus efficace aux populations dont lesbesoins sont les plus grands. L’action àl’échelon local, même si elle est bien ciblée,ne peut être efficace que si l’environnementpolitico-institutionnel, aux échelonsnational et international, offre aux paysexposés à l’insécurité alimentaire et à leur
population un ensemble d’options pour lesaider à sortir de l’extrême précarité. LePlan d’action du Sommet mondial del’alimentation de 1996 indique la voie àsuivre.
Toutefois, les pays doivent aussis’attaquer au problème à l’échelon national.Pour pouvoir tenir les promesses faites auSommet, il est essentiel que les Étatsrecueillent systématiquement des donnéessur l’insécurité alimentaire à l’échelonnational.
Il est particulièrement urgent d’agirdans les 82 pays à faible revenu et à déficitvivrier. Bon nombre d’entre eux n’ont ni lesmoyens de produire toute la nourriture dontils ont besoin, ni les devises nécessairespour l’importer. Beaucoup d’entre eux sontaussi très endettés envers l’étranger, ce quiabsorbe les maigres ressourcesdisponibles pour investir dans ledéveloppement. En raison du fardeau duservice de la dette, ils ne peuvent pas fairegrand-chose, tant pour répondre auxbesoins les plus urgents de la population
démunie que pour investir dans lesaméliorations durables nécessaires pourfaire disparaître le fléau de la faim.
Cependant, tout n’est pas sombre.Depuis quelque temps, les institutionsinternationales de financement et lesbailleurs de fonds accordent beaucoup plusd’importance à l’utilisation de l’allégementde la dette dans la lutte contre la pauvreté.En particulier, l’initiative pour la réductionde la dette des pays pauvres très endettés(PPTE), lancée en 1996 par la Banquemondiale et le Fonds monétaireinternational, a encore été renforcée cetteannée, si bien que l’allégement devrait êtrenettement plus important. Les paysrépondant aux critères sont dispensésd’une partie de leurs obligations de servicede la dette à condition que les fonds ainsiéconomisés soient affectés à la lutte contrela pauvreté et à d’autres investissementssociaux en faveur des catégories les pluspauvres de leur population.
Un grand nombre de personnesexposées à l’insécurité alimentaire viventdans les campagnes, où leur subsistancedépend de l’agriculture et d’industriesconnexes. L’allégement de la dette peutcontribuer à faire reculer la faim, àcondition que les ressources soientemployées non seulement pour nourrirceux qui ont faim aujourd’hui, mais aussipour investir dans la sécurité alimentaire etpermettre ainsi aux pays et auxcommunautés d’engager un processus dedéveloppement durable. SOFI 2000 montrequ’une stratégie fondée sur l’améliorationdurable de la productivité et unrenforcement de l’action communautairepermettrait d’améliorer le sort des pauvresaussi bien dans les campagnes que dansles villes.
Au niveau le plus élémentaire, pourprogresser il faut mettre en place lesconditions qui permettent aux gens de jouirde leur droit à l’alimentation dans la dignité.L’objectif immédiat doit être de lever lescontraintes et d’offrir de nouveaux moyensde subsistance. Il ne peut pas y avoir depanacée dans la lutte contre la sous-alimentation, et les solutions ne sont passimples, mais on peut obtenir des résultatssi les États et la communautéinternationale prennent au sérieux lespromesses qu’ils ont faites au Sommetmondial de l’alimentation. Le combat quiles attend sera long et difficile. C’est dèsaujourd’hui qu’il faut agir avec résolution.
De quoi demain sera-t-il fait?
Pourcentage de la population sous-alimentée
‡ 35 % 20-34 %
Nombre de PFRDV
Nombre de PPTE
< 20 %
2324
13 21
15
6
17
11
6
Aider les plus affamés
Les pays concernés par l’initiative en faveur del’allégement de la dette des pays pauvres très endettés(PPTE) sont en grande partie les mêmes que les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) dans lesquelsla sous-alimentation est la plus grave.
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AnthropométrieUtilisation des mesures du corps humain pourobtenir des informations sur l’état nutritionnel.
Apport énergétique alimentaireQuantité d’énergie fournie par la nourritureconsommée.
Besoins énergétiques alimentairesQuantité d’énergie alimentaire nécessaire pourentretenir les fonctions vitales, être en bonnesanté et avoir une activité normale.
Besoins énergétiques alimentaires minimauxDans une classe d’âge et de sexe donnée,quantité d’énergie alimentaire par personnejugée suffisante pour mener une activité légèreet être en bonne santé. À l’échelle d’unepopulation, les besoins énergétiques minimauxsont la moyenne pondérée des besoinsénergétiques minimaux des différentescatégories d’âge et de sexe. Ils sont exprimésen kilocalories par personne et par jour.
Déficit énergétique alimentaireDifférence entre l’apport énergétiquealimentaire moyen d’une population sous-alimentée et ses besoins énergétiquesminimaux moyens.
Degré de pénurie alimentaireIndicateur de l’insécurité alimentaire globaledans un pays, combinant la prévalence de lasous-alimentation, c’est-à-dire la proportionde la population totale qui souffre de déficiténergétique alimentaire, et la gravité de lasous-alimentation, c’est-à-dire l’ampleur dudéficit énergétique alimentaire de la populationsous-alimentée.
DénutritionRésultat d’une sous-alimentation ou d’unemauvaise assimilation de la nourritureconsommée.
DépérissementPoids insuffisant par rapport à la taille,résultant en général d’une perte de poidsassociée à une période de disette ou à unemaladie récente.
Disponibilité énergétique alimentaireQuantité de nourriture disponible pour laconsommation humaine, exprimée enkilocalories par personne et par jour(kcal/personne/jour). À l’échelon d’un pays, on la calcule en déduisant de la productionagricole tous les emplois autres que la
consommation alimentaire (exportations,alimentation des animaux, transformationindustrielle, semences et pertes).
État nutritionnelÉtat physiologique d’un individu résultant desinteractions entre la ration alimentaire et lesbesoins, ainsi que de la capacité d’assimilationdes nutriments.
Groupe vulnérableGroupe de personnes présentant descaractéristiques communes et dont une forteproportion est exposée à l’insécuritéalimentaire ou souffre de sous-alimentation.
Indice de masse corporelle (IMC)Rapport entre le poids et la taille souventemployé pour estimer la proportion de graissedans le corps. L’IMC est égal au poids (enkilogrammes) divisé par le carré de la taille (en mètres). Il n’est pas adapté à l’analyse des enfants en période de croissance, despersonnes âgées émaciées et sédentaires ou des femmes enceintes ou allaitantes.
Insécurité alimentaire Situation caractérisée par le fait que lapopulation n’a pas accès à une quantitésuffisante d’aliments sans danger et nutritifspour avoir une croissance et un développementnormaux, être en bonne santé et mener une vieactive. L’insécurité alimentaire peut être due à l’insuffisance de la disponibilité alimentaire, à l’insuffisance du pouvoir d’achat, à desproblèmes de distribution ou à l’inadéquationde la consommation alimentaire à l’échelondes familles. L’insécurité alimentaire, les mauvaises conditions d’hygiène etd’assainissement et l’inadaptation despratiques de soin et d’alimentation sont lesprincipales causes de problèmes nutritionnels.L’insécurité alimentaire peut être chronique,saisonnière ou temporaire.
Insuffisance pondéralePoids insuffisant par rapport à l’âge chez lesenfants et IMC inférieur à 18,5 chez les adultes,phénomène s’expliquant par un apportalimentaire insuffisant, des épisodesantérieurs de sous-alimentation ou un mauvaisétat de santé.
Kilocalorie (kcal)Unité de mesure de l’énergie. Une kilocalorie vaut1 000 calories. Dans le système d’unitésinternational, l’unité d’énergie universelle est lejoule (J). Une kilocalorie vaut 4,184 kilojoules (kJ).
MacronutrimentsDans le présent rapport, on désigne par le motmacronutriments les protides, glucides et lipides dont le corps a besoin en grandequantité et qui peuvent être transformés en énergie. Ils sont mesurés en grammes.
MalnutritionÉtat physiologique anormal causé par descarences, des excès et des déséquilibres del’alimentation (énergie, protéines et/ou autresnutriments).
MicronutrimentsVitamines, minéraux et autres substancesdont l’organisme a besoin en petite quantité.Mesurés en milligrammes ou microgrammes.
Retard de croissanceTaille insuffisante par rapport à l’âge,phénomène s’expliquant par un épisodeprolongé ou plusieurs épisodes de sous-alimentation dans le passé.
Sécurité alimentaireSituation caractérisée par le fait que toute lapopulation a en tout temps un accès matérielet socioéconomique garanti à des alimentssans danger et nutritifs en quantité suffisantepour couvrir ses besoins physiologiques,répondant à ses préférences alimentaires, et lui permettant de mener une vie active etd’être en bonne santé.
Sous-alimentationRation alimentaire en permanenceinsuffisante pour couvrir les besoinsénergétiques alimentaires.
SuralimentationRation alimentaire qui dépasse enpermanence les besoins énergétiquesalimentaires.
Surcharge pondérale et obésitéMasse corporelle supérieure à la normale en raison d’une accumulation excessive degraisses. Indique généralement unesuralimentation. Dans le présent document,on considère qu’il y a surcharge pondéralelorsque l’IMC est compris entre 25 et 30 etobésité lorsqu’il est supérieur à 30.
VulnérabilitéExistence de facteurs qui exposent l’individu à l’insécurité alimentaire ou à la sous-alimentation ou qui l’empêchent de faire face à ces situations.
Glossaire
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 26
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200027
Région, sous-région, Population POPULATION SOUS-ALIMENTÉE TOTALEpays totale Nombre
de personnes Proportion Proportion Proportion1997 1996-1998 1979-1981 1990-1992 1996-1998
(millions) (millions) (%) (%) (%)
MONDE ENDÉVELOPPEMENT 4 501,2 791,9 29 21 18
ASIE ET PACIFIQUE 3 091,2 515,2 32 21 17
ASIE DE L’EST 1 321,9 155,0 29 16 12 Chine* (3) 1 244,1 140,1 30 17 11 Chine, RAS de Hong-Kong (1) 6,5 0,1 … … …Corée, RPD de (5) 23,0 13,2 19 19 57 Corée, Rép. de (1) 45,7 0,5 … … …Mongolie (5) 2,5 1,1 16 34 45
OCÉANIE 4,5 1,3 31 26 29Papouasie-Nouvelle-Guinée (4) 4,5 1,3 31 26 29
ASIE DUSUD-EST 491,3 64,7 26 18 13 Cambodge (4) 10,5 3,4 61 41 33 Indonésie (3) 203,4 12,3 26 10 6 RDP lao (4) 5,0 1,5 32 31 29Malaisie (1) 21,0 0,5 4 3 …Myanmar (3) 43,9 3,1 19 10 7Philippines (4) 71,4 15,2 27 24 21Thaïlande (4) 59,7 12,2 25 31 21Viet Nam (4) 76,4 16,5 33 28 22
ASIE DUSUD 1 273,5 294,2 38 27 23Bangladesh (5) 122,7 46,8 42 35 38Inde (4) 966,1 207,6 38 26 21Népal (4) 22,3 6,2 47 21 28Pakistan (4) 144,1 28,9 31 26 20Sri Lanka (4) 18,3 4,5 22 28 25
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES 489,1 54,9 13 13 11
AMÉRIQUE DUNORD 94,3 5,1 5 5 5Mexique (3) 94,3 5,1 5 5 5
CARAÏBES 30,8 9,6 19 26 31Cuba (3) 11,1 2,1 4 4 19Rép. dominicaine (4) 8,1 2,2 25 29 28Haïti (5) 7,8 4,8 48 64 62Jamaïque (3) 2,5 0,2 9 12 10Trinité-et-Tobago (3) 1,3 0,2 6 12 13
AMÉRIQUECENTRALE 33,6 6,6 20 17 20Costa Rica (3) 3,7 0,2 8 6 6El Salvador (3) 5,9 0,6 17 12 11Guatemala (4) 10,5 2,5 18 14 24Honduras (4) 6,0 1,3 31 23 22
Nicaragua (4) 4,7 1,5 26 29 31Panama (3) 2,7 0,4 21 19 16
AMÉRIQUE DUSUD 330,5 33,6 14 14 10Argentine (1) 35,7 0,4 … … …Bolivie (4) 7,8 1,8 26 25 23Brésil (3) 163,7 15,9 15 13 10Chili (2) 14,6 0,6 7 8 4Colombie (3) 40,0 5,2 22 17 13Équateur (3) 11,9 0,5 11 8 5Guyana (3) 0,8 0,2 13 24 18Paraguay (3) 5,1 0,7 13 18 13Pérou (3) 24,4 4,4 28 40 18Suriname (3) 0,4 0,0 18 12 10Uruguay (2) 3,3 0,1 3 7 4Venezuela (3) 22,8 3,7 4 11 16
PROCHE-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD 368,0 35,9 9 8 10
PROCHE-ORIENT 232,5 30,3 10 11 13Afghanistan (5) 20,9 14,6 34 63 70Iran, Rép. islamique d’(3) 64,6 4,1 9 6 6Iraq (3) 21,2 3,5 4 9 17Jordanie (3) 4,5 0,2 5 4 5Koweït (2) 1,7 0,1 4 22 4Liban (1) 3,1 0,1 8 … …Arabie saoudite (2) 19,5 0,6 3 3 3Rép. arabe syrienne (1) 15,0 0,2 3 … …Turquie (1) 63,4 1,2 3 … …Émirats arabes unis (1) 2,3 0,0 … … …Yémen (5) 16,3 5,7 39 37 35
AFRIQUE DUNORD 135,4 5,6 8 4 4Algérie (3) 29,4 1,4 9 5 5Égypte (2) 64,7 2,6 8 5 4Jamahiriya arabe libyenne (1) 5,2 0,0 … … …Maroc (3) 26,9 1,4 10 5 5Tunisie (1) 9,2 0,1 … … …
AFRIQUE SUBSAHARIENNE 552,9 185,9 38 35 34
AFRIQUECENTRALE 76,2 38,5 36 37 50Cameroun (4) 13,9 4,1 20 29 29Rép. centrafricaine (5) 3,4 1,4 22 46 41Tchad (5) 7,1 2,7 69 58 38Congo, Rép. dém. du (5) 48,0 29,3 38 37 61Congo, Rép. du (4) 2,7 0,9 29 34 32Gabon (3) 1,1 0,1 13 11 8
Tableau 1: PRÉVALENCE DE LA SOUS-ALIMENTATION dans les pays en développement et les pays en transition
NOTES:Les chiffres entre parenthèses suivant Catégorie (1) <2,5% de sous-alimentésle nom du pays indiquent la catégorie (2) 2,5 - <5% de sous-alimentésde prévalence, c’est- à-dire la proportion (3) 5 - <20% de sous-alimentésde population sous-alimentée en 1996-1998: (4) 20 - <35% de sous-alimentés
(5) ≥35% de sous-alimentés
Ne sont pas inclus les pays dont la population est inférieure à un million d’habitants ou pour lesquels les données sont insuffisantes.
LÉGENDE:nd non disponible* Y compris Taïwan Province de Chine.** Serbie et Monténégro.
SOURCES: Population totale: Perspectives de la population mondiale, Organisation des Nations Unies,révision de 1998. Proportion de sous-alimentés dans la population totale:estimations de la FAO.
Région, sous-région, Population POPULATION SOUS-ALIMENTÉE TOTALEpays totale Nombre
de personnes Proportion Proportion Proportion1997 1996-1998 1979-1981 1990-1992 1996-1998
(millions) (millions) (%) (%) (%)
Tableaux
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Région, sous-région, Population POPULATION SOUS-ALIMENTÉE TOTALEpays totale Nombre
de personnes Proportion Proportion Proportion1997 1996-1998 1979-1981 1990-1992 1996-1998
(millions) (millions) (%) (%) (%)
PAYSEN TRANSITION 413.0 26.4 nd nd 6
COMMUNAUTÉ DES
ÉTATS INDÉPENDANTS 405.3 26.2 nd nd 6
Arménie (4) 3.6 0.7 nd nd 21Azerbaïdjan (4) 7.6 2.4 nd nd 32Bélarus (1) 10.3 0.1 nd nd …Géorgie (4) 5.1 1.2 nd nd 23Kazakhstan (3) 16.4 0.7 nd nd 5Kirghizistan (3) 4.6 0.8 nd nd 17Moldova, Rép. de (3) 4.4 0.5 nd nd 11Fédération de Russie (3) 147.7 8.6 nd nd 6Tadjikistan (4) 5.9 1.9 nd nd 32Turkménistan (3) 4.2 0.4 nd nd 10Ukraine (3) 51.1 2.6 nd nd 5Ouzbékistan (3) 23.2 2.6 nd nd 11
PAYSBALTES 7.6 0.2 nd nd 3
Estonie (3) 1.4 0.1 nd nd 6Lettonie (2) 2.5 0.1 nd nd 4Lituanie (1) 3.7 0.1 nd nd …
EUROPEORIENTALE 121.2 3.6 nd nd 3
Albanie (2) 3.1 0.1 9 14 3Bosnie-Herzégovine (3) 3.5 0.4 nd nd 10Bulgarie (3) 8.4 1.1 … … 13Croatie (3) 4.5 0.5 nd nd 12Rép. tchèque (1) 10.3 0.1 nd nd …Hongrie (1) 10.2 0.1 … … …Macédoine (L’ex RY) (3) 2.0 0.1 nd nd 7Pologne (1) 38.7 0.3 … … …Roumanie (1) 22.6 0.3 … 3 …Slovaquie (2) 5.4 0.2 nd nd 4Slovénie (2) 2.0 0.1 nd nd 3Yougoslavie** (2) 10.6 0.3 nd nd 3
AFRIQUE DE L’EST 190,4 79,9 35 44 42Burundi (5) 6,4 4,3 39 44 68Érythrée (5) 3,4 2,2 nd nd 65Éthiopie (5) 58,2 28,4 nd nd 49Kenya (5) 28,4 12,2 26 47 43Rwanda (5) 6,0 2,3 24 37 39Somalie (5) 8,8 6,6 55 67 75Soudan (3) 27,7 5,1 24 30 18Rép.-Unie de Tanzanie (5) 31,4 12,7 23 31 41Ouganda (4) 20,0 6,0 32 23 30
AFRIQUEAUSTRALE 81,9 34,5 33 45 42Angola (5) 11,7 5,0 31 51 43Botswana (4) 1,5 0,4 29 20 27Lesotho (4) 2,0 0,6 27 31 29Madagascar (5) 14,6 5,8 18 33 40Malawi (4) 10,1 3,2 26 47 32Maurice (3) 1,1 0,1 10 6 6Mozambique (5) 18,4 10,7 54 67 58Namibie (4) 1,6 0,5 25 27 31Swaziland (3) 0,9 0,1 14 9 14Zambie (5) 8,6 3,9 30 40 45Zimbabwe (5) 11,2 4,2 30 41 37
AFRIQUE DE L’OUEST 204,3 33,0 42 22 16Bénin (3) 5,6 0,8 37 21 14Burkina Faso (4) 11,0 3,5 64 32 32Côte d’Ivoire (3) 14,1 1,9 8 15 14Gambie (3) 1,2 0,2 58 18 16Ghana (3) 18,7 1,9 62 29 10Guinée (4) 7,3 2,1 30 37 29Libéria (5) 2,4 1,1 22 49 46Mali (4) 10,4 3,4 60 24 32Mauritanie (3) 2,5 0,3 35 15 13Niger (5) 9,8 4,5 34 42 46Nigéria (3) 103,9 8,6 44 16 8Sénégal (4) 8,8 2,0 20 21 23Sierra Leone (5) 4,4 1,9 40 45 43Togo (3) 4,3 0,8 31 29 18
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 28
Région, sous-région, Population POPULATION SOUS-ALIMENTÉE TOTALEpays totale Nombre
de personnes Proportion Proportion Proportion1997 1996-1998 1979-1981 1990-1992 1996-1998
(millions) (millions) (%) (%) (%)
Tableau 1 fin: PRÉVALENCE DE LA SOUS-ALIMENTATION dans les pays en développement et les pays en transition
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200029
Tableau 2: DISPONIBILITÉ ALIMENTAIRE ET GRAVITÉ DE LA SOUS-ALIMENTATION dans les pays endéveloppement et les pays en transition, 1996-1998
Tableaux
Région, sous-région, DISPONIBILITÉ ALIMENTAIRE GRAVITÉ DE LA SOUS-ALIMENTATION TYPE DE RÉGIMEpays Disponibilité Disponibilité Besoins Déficit Part des céréales,
énergétique alimentaire énergétique alimentaire énergétiques alimentaire racines et tuberculesdes sous-alimentés minimaux des sous-alimentés dans la DEA totale*
(kcal/personne/jour) (kcal/personne/jour) (kcal/personne/jour) (kcal/personne jour) (%)
MONDE EN DÉVELOPPEMENT
ASIE ET PACIFIQUEASIE DE L’EST
Chine** (3) 2 930 1 670 1920 250 62Chine, RAS de Hong-Kong (1) 3 200 1 820 1960 140 32Corée, RPD de (5) 1 860 1 550 1890 340 64Corée, Rép. de (1) 3 120 1 790 1920 130 51Mongolie (5) 1 960 1 530 1840 310 49
OCÉANIE
Papouasie-Nouvelle-Guinée (4) 2 140 1 530 1790 260 56
ASIE DU SUD-EST
Cambodge (4) 2 060 1 490 1 760 270 79Indonésie (3) 2 880 1 630 1 830 200 70RDP lao (4) 2 120 1 430 1 710 280 82Malaisie (1) 2 890 1 690 1 830 140 43Myanmar (3) 2 830 1 630 1 830 200 78Philippines (4) 2 390 1 520 1 790 270 56Thaïlande (4) 2 440 1 610 1 870 260 49Viet Nam (4) 2 410 1 520 1 800 280 76
ASIE DU SUD
Bangladesh (5) 2 060 1 460 1 790 340 84Inde (4) 2 470 1 520 1 810 290 64Népal (4) 2 190 1 530 1 800 260 80Pakistan (4) 2 430 1 490 1 760 270 57Sri Lanka (4) 2 300 1 570 1 830 260 56
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBESAMÉRIQUE DU NORD
Mexique (3) 3 130 1 680 1 890 210 47
CARAÏBES
Cuba (3) 2 420 1 740 1 960 210 42Rép. dominicaine (4) 2 270 1 660 1 920 250 32Haïti (5) 1 840 1 470 1 930 460 56Jamaïque (3) 2 660 1 720 1 920 200 40Trinité-et-Tobago (3) 2 690 1 700 1 930 230 39
AMÉRIQUE CENTRALE
Costa Rica (3) 2 740 1 750 1 910 160 35El Salvador (3) 2 540 1 590 1 790 200 57Guatemala (4) 2 180 1 510 1 750 250 57Honduras (4) 2 340 1 490 1 760 270 46Nicaragua (4) 2 190 1 500 1 800 300 54Panama (3) 2 450 1 590 1 820 230 40
NOTES:Les chiffres entre parenthèses suivant Catégorie (1) <2,5% de sous-alimentésle nom du pays indiquent la catégorie (2) 2,5 - <5% de sous-alimentésde prévalence, c’est- à-dire la proportion (3) 5 - <20% de sous-alimentésde population sous-alimentée en 1996-1998: (4) 20 - <35% de sous-alimentés
(5) ≥35% de sous-alimentés
Ne sont pas inclus les pays dont la population est inférieure à un million d’habitants ou pour lesquels les données sont insuffisantes.
LÉGENDE:* Des valeurs élevées de DEA indiquent un régime alimentaire peu varié.** Y compris Taïwan Province de Chine.*** Serbie et Monténégro.
SOURCES: Population totale: Perspectives de la population mondiale, Organisation des Nations Unies,révision de 1998. Proportion de sous-alimentés dans la population totale:estimations de la FAO.
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Tableau 2 suite: DISPONIBILITÉ ALIMENTAIRE ET GRAVITÉ DE LA SOUS-ALIMENTATION dans les pays endéveloppement et les pays en transition, 1996-1998
AMÉRIQUE DU SUD
Argentine (1) 3 140 1 800 1 940 140 35Bolivie (4) 2 200 1 540 1 770 230 48Brésil (3) 2 960 1 650 1 900 250 35Chili (2) 2 820 1 760 1 910 150 42Colombie (3) 2 580 1 590 1 810 220 40Équateur (3) 2 710 1 650 1 810 160 38Guyana (3) 2 450 1 650 1 880 230 52Paraguay (3) 2 570 1 610 1 830 220 42Pérou (3) 2 390 1 570 1 810 240 51Suriname (3) 2 640 1 720 1 910 190 44Uruguay (2) 2 810 1 760 1 910 150 34Venezuela (3) 2 360 1 640 1 840 210 39
PROCHE-ORIENT ET AFRIQUE DU NORDPROCHE-ORIENT
Afghanistan (5) 1 620 1 350 1 820 480 82Iran, Rép. islamique d’ (3) 2 830 1 610 1 800 190 56Iraq (3) 2 340 1 560 1 770 210 58Jordanie (3) 2 790 1 600 1 770 170 54Koweït (2) 3 050 1 710 1 890 180 39Liban (1) 3 270 1 730 1 890 160 39Arabie saoudite (2) 2 850 1 710 1 860 150 49Rép. arabe syrienne (1) 3 350 1 660 1 820 160 55Turquie (1) 3 500 1 800 1 970 170 51Émirats arabes unis (1) 3 370 1 850 1 990 140 35Yémen (5) 2 050 1 470 1 760 290 69
AFRIQUE DU NORD
Algérie (3) 2 980 1 640 1 830 190 62Égypte (2) 3 280 1 700 1 900 190 67Jamahiriya arabe libyenne (1) 3 250 1 730 1 860 130 48Maroc (3) 3 130 1 640 1 850 210 63Tunisie (1) 3 260 1 730 1 860 130 55
AFRIQUE SUBSAHARIENNEAFRIQUE CENTRALE
Cameroun (4) 2 190 1 590 1 850 260 57Rép. centrafricaine (5) 2 000 1 490 1 800 310 54Tchad (5) 2 070 1 490 1 820 330 63Congo, Rép. dém. du (5) 1 750 1 440 1 820 380 75Congo, Rép. du (4) 2 170 1 540 1 830 290 62Gabon (3) 2 540 1 680 1 840 160 47
AFRIQUE DE L’EST
Burundi (5) 1 640 1 380 1 790 410 47Érythrée (5) 1 650 1 390 1 760 370 78Éthiopie (5) 1 840 1 410 1 750 340 79Kenya (5) 1 970 1 530 1 820 290 61Rwanda (5) 2 030 1 430 1 760 330 46Somalie (5) 1 550 1 330 1 820 490 35Soudan (3) 2 430 1 600 1 840 240 57Rép.-Unie de Tanzanie (5) 2 000 1 500 1 800 300 68Ouganda (4) 2 140 1 500 1 780 280 42
AFRIQUE AUSTRALE
Angola (5) 1 910 1 410 1 730 320 66Botswana (4) 2 210 1 600 1 840 240 50Lesotho (4) 2 230 1 580 1 860 280 80
Région, sous-région, DISPONIBILITÉ ALIMENTAIRE GRAVITÉ DE LA SOUS-ALIMENTATION TYPE DE RÉGIMEpays Disponibilité Disponibilité Besoins Déficit Part des céréales,
énergétique alimentaire énergétique alimentaire énergétiques alimentaire racines et tuberculesdes sous-alimentés minimaux des sous-alimentés dans la DEA totale*
(kcal/personne/jour) (kcal/personne/jour) (kcal/personne/jour) (kcal/personne jour) (%)
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2000 30
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Tableaux
Madagascar (5) 2 010 1 490 1 800 310 74Malawi (4) 2 170 1 480 1 790 310 74Maurice (3) 2 940 1 720 1 900 180 46Mozambique (5) 1 860 1 470 1 890 420 79Namibie (4) 2 130 1 570 1 830 260 66Swaziland (3) 2 490 1 630 1 840 210 50Zambie (5) 1 960 1 470 1 810 340 79Zimbabwe (5) 2 140 1 510 1 850 340 63
AFRIQUE DE L’OUEST
Bénin (3) 2 540 1 570 1 790 220 74Burkina Faso (4) 2 160 1 520 1 810 290 75Côte d’Ivoire (3) 2 610 1 610 1 840 230 66Gambie (3) 2 520 1 610 1 850 240 56Ghana (3) 2 670 1 620 1 830 210 75Guinée (4) 2 310 1 510 1 830 320 58Libéria (5) 2 000 1 430 1 820 390 60Mali (4) 2 150 1 520 1 810 290 73Mauritanie (3) 2 630 1 600 1 840 240 56Niger (5) 1 940 1 450 1 800 350 74Nigéria (4) 2 760 1 620 1 830 210 64Sénégal (4) 2 290 1 590 1 830 240 59Sierra Leone (5) 2 050 1 440 1 820 380 63Togo (3) 2 460 1 560 1 820 260 77
PAYS EN TRANSITIONCOMMUNAUTÉ DES
ÉTATS INDÉPENDANTS
Arménie (4) 2 350 1 740 1 950 210 61Azerbaïdjan (4) 2 190 1 690 1 930 240 69Bélarus (1) 3 160 1 820 1 960 130 47Géorgie (4) 2 320 1 730 1 940 210 67Kazakhstan (3) 2 860 1 780 1 940 160 63Kirghizistan (3) 2 490 1 670 1 900 230 65Moldova, Rép. de (3) 2 690 1 740 1 950 210 52Fédération de Russie (3) 2 840 1 800 1 970 170 49Tadjikistan (4) 2 160 1 630 1 880 250 70Turkménistan (3) 2 620 1 700 1 890 190 58Ukraine (3) 2 830 1 800 1 960 160 53Ouzbékistan (3) 2 550 1 710 1 890 180 59
PAYS BALTES
Estonie (3) 2 950 1 780 1 960 180 44Lettonie (2) 2 930 1 800 1 950 150 43Lituanie (1) 3 110 1 810 1 950 140 53
EUROPE ORIENTALE
Albanie (2) 3 030 1 810 1 960 150 53Bosnie-Herzégovine (3) 2 660 1 810 2 000 190 67Bulgarie (3) 2 700 1 760 1 980 220 41Croatie (3) 2 610 1 830 2 010 180 38Rép. tchèque (1) 3 280 1 890 2 020 130 33Hongrie (1) 3 350 1 860 2 000 140 29Macédoine (L’ex RY) (3) 2 780 1 800 1 970 170 45Pologne (1) 3 330 1 860 1 990 130 42Roumanie (1) 3 280 1 870 2 010 130 54Slovaquie (2) 2 960 1 870 2 020 160 34Slovénie (2) 2 970 1 850 1 990 150 40Yougoslavie*** (2) 3 040 1 840 1 990 150 32
Région, sous-région, DISPONIBILITÉ ALIMENTAIRE GRAVITÉ DE LA SOUS-ALIMENTATION TYPE DE RÉGIMEpays Disponibilité Disponibilité Besoins Déficit Part des céréales,
énergétique alimentaire énergétique alimentaire énergétiques alimentaire racines et tuberculesdes sous-alimentés minimaux des sous-alimentés dans la DEA totale*
(kcal/personne/jour) (kcal/personne/jour) (kcal/personne/jour) (kcal/personne jour) (%)
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 200031
Tableau 2 fin: DISPONIBILITÉ ALIMENTAIRE ET GRAVITÉ DE LA SOUS-ALIMENTATION dans les pays endéveloppement et les pays en transition, 1996-1998
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Sigles
CEI Communauté des États indépendants
DEA disponibilité énergétique alimentaire
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
FIDA Fonds international de développement agricole
GCRAI Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale
GTI Groupe de travail interinstitutions
IITA Institut international d’agriculture tropicale
IMC indice de masse corporelle
OMS Organisation mondiale de la santé
ONG organisation non gouvernementale
PIB produit intérieur brut
PPP Programme de participation populaire
PPTE pays pauvres très endettés
SICIAV Système d’information et de cartographie surl’insécurité alimentaire et la vulnérabilité
SIDA Syndrome d’immunodéficience acquise
PFRDV Pays à faible revenu et à déficit vivrier
SOFI COVER 2000 11/15/00 12:16 PM Page 5
2000L’état del’insécuritéalimentaire dans le mondeQuelle est la gravité de la faim dont souffrent les plus de 800 millions depersonnes qui n’ont pas assez à manger dans le monde? Cette deuxièmeédition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le mondeintroduit un nouveloutil pour mesurer l’acuité du besoin: la gravité de la faim. Cette mesure de laquantité d’aliments dont les affamés manquent complète le tableau de lapénurie alimentaire.
La présente édition donne aussi les dernières estimations du nombre depersonnes qui ont faim dans le monde. Elle indique que 826 millions depersonnesn’ont pas assez à manger, soit 792 millions dans les pays en développement et34 millions dans les pays industrialisés et les pays en transition, ce qui signifiequ’il n’y a eu pour ainsi dire aucun progrès depuis la dernière estimation. Ceschiffres montrent que malheureusement la communauté mondiale n’a pas étécapable d’agir résolument en cette ère d’abondance sans précédent.
La FAO estime que le nombre de personnes qui souffrent de la faim dans lespays en développement a diminué de 8 millions par an dans la première moitiédes années 90, mais si l’on veut tenir l’engagement pris au Sommet mondialde l’alimentation en 1996, il faut que ce nombre atteigne 20 millions par an.
Toutefois, on peut s’attendre à certains progrès. D’après les projections dela FAO à l’horizon 2015, en raison du ralentissement de la croissancedémographique et de l’accroissement de la productivité et des revenus, unnombre croissant de personnes devraient échapper à la faim.
Mais ceux qui ont faim ne peuvent pas attendre encore 15 ans. De nombreusescauses de la sous-alimentation – pauvreté, conflits, insuffisance desinfrastructures et des investissements dans l’agriculture – appellent une actionsoutenue à tous les échelons, depuis celui du village jusqu’à celui de lacommunauté internationale. Dans un monde plus riche que jamais, c’est unimpératif moral que de faire en sorte que chaque habitant de la planète jouissedu droit d’être libéré de la faim.
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