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Année 48G3. — K" 7. Prix du Numéro : 45 centimes. Dimanche 5
Avril.
ABONNEMENTS
LYON
AVIS
Lescommunicationsou article*de font;, envoyés par des
colla-boraleurs bienveillants, seront
soumis à l'examen du comité ûvrédaction et inscrits à tour
dorùîe
, s'il y a lieu do les insérer.
11 sera rendu comple des ou-vrages pour ou contre le spiri-tisme
lorsque deux exemplaire»nous auront été remis.
Les lettres ou envoisquelcon•ques nonaffranchisseront
refu«r*
DinECTKUii-Géraist, E. EDOUX, Mkoum.
A NOS ABONNÉS.Nous prions les personnes qui n'ont pas encore
versé le prix de leur
abonnement de se mettre en mesure celte semaine, afin de
n'éprouveraucun retard dans l'envoi de notre feuille. Les abonnés
du dehors vou-drontbien nous adresser un mandatsur la poste.
LE PÉRISPRIT DEVANT LES TRADITIONS.
On insiste et on nous dit : « Les fails spirites sont impossi-»
blés et incroyables. Commentdes Esprits dégagés de la ma-» tière
pourraient-ils communiqueravec le monde terrestre? »C'est la
vieille thèse soutenue par Balthazar liekkcr dans les
cinq volumes de son Monde enchante, où il s'efforçait de nierla
possibilité de nos relations avec de purs Esprits. A celteobjection
les controversistes du temps avaient répondu que degrands penseurs,
a la tête desquels Origène, inclinaient à sou-tenir que toutes les
créatures, sans exception,même les Espritssupérieurs et les Esprits
purs, appelés grands messagers deDieu, anges ou archanges, sont
pourvus d'une substance cor-porelle, quoique déliée et extrêmement
subtile. Il leur fut loi-sible d'ajouter même que l'influence de
l'âme sur le corps estun fait incontestable et nécessaireà admettre
dans toute philo-sophie spiritualiste, et que notre ignorance de la
matière et del'Esprit ne nous permet aucunement de nier l'existence
possiblede certains rapports entre ces deux substances.Nous poumons
dire, à notretour : les phénomènesdont nous
avonsfaitdernièrement rénumérationexistent irréiragablement.Lors
même que nous ne pourrions pas actuellement les expli-quer, ce ne
serait pas une raison pour les nier; on en acceptede bien plus
énormes sans les comprendre. Ils seraient rangesdans la catégorie
des faits connus et admis de tous, quoique lascience n'en aitpu
donner la raison ou n'ait accompli celte tâchequ'a demi. Mais le
spiritisme n'en est pas réduit à l'impuissance;il dit et répète aux
incrédules : Les révélations des Esprits, lathéorie des médiums
voyants, nous ont conduit h reconnaîtredans l'âme incarnée ou
désincarnéeune enveloppe subtile etténuequi, pendant la vie
humaine, relie cette âme avec le corpsgrossier et, après la
transformation, lui sert de vêtement éthéré;on nomme cette
enveloppe pèrisprit.C'est par ce moyen que se font toutes les
manifestations,
toutes les communications du monde spirituel avec le
mondematériel.Et remarquez bien que cette opinion n'est
pasnouvelle,
inventée pour le besoin de la cause, comme le disent des
cri-tiques superficiels; elle a ses racines profondes dans les
tradi-tions, les croyances, la philosophie, les sciences et le
magné-tisme. De la une série d'articles : 1° le pèrisprit devant,
les tra-ditions ; 2° le pèrisprit devant la philosophie. la science
et lemagnétisme; 3° le pèrisprit devant le spiritisme,
c'est-à-direqu'après avoir fait connaître ce qu'enseignent a ce
sujet les tra-ditions du genre humain, les opinions des penseurs,
des sa-vants, et les faits du magnétisme.nousindiqueronsce qui
résultede l'enseignement des Esprits, et nous établirons la
concor-dance.D'abord, rien de plus conforme à cette doctrine que
les
croyances de la haute antiquité payenne, puisque, nous
disait-elle, les Esprits redoutent le coup des armes; puisque la
vued'une' épée, d'un fer agressif, les fait trembler et fuir.Nous
ne les voyons point, et cependant frappons le vide à
l'endroit où leurs actes les signalent, et des cris perceront
l'air;un bruit, un tumulte, un tourbillon en troubleront, aussitôt
lerepos ; quelquefois même, le sang coulera, un sang visible.
Oubien, il arrivera de temps en temps que ces Esprits,
dessillantnos yeux, nous laisserontvoir leur corps... diaphane
peut-être,ou formé de je ne sais quelle vapeur; ils en épaissiront,
à leurgré, la matière subtile, et nos mains les
toucheront.Remontezbien au-delàdeMoïse, et suivez de l'oeil les
tableaux
bibliques. A7oyez : les anges de Dieu s'abattent sous le
feuillage,et près de la tente d'Abraham. Ils mangent avec appétit
le painet la viande, le beurre et le lait que le patriarche leur a
prépa-rés. (Gen., XVIII, v. 2, etc.) Le père des élus leur offre
sesservices, comme à des voyageurs que la fatigue et la faim sesont
assujettis. Et ces Esprits de répondre : « Faites ce quevous avez
dit. » L'offre les charme. Plus tard, l'archange Ra-phaël parait
être Azarias. (Bible, Tobic, cli. V., v. 18, etc.) Ilsert de guide
au jeune Tobie ; il le conseille, il est son aide, sondéfenseur; il
voyage pas à pas, visible et tangible, avec leserviteur de Dieu, et
prend part à ses repas. Ce sont bien làdes Esprits, certes ! et
pourtant ne voilà-t-il point, dans leurêtre, les fondions et les
nécessités qui caractérisentles corps ?11 est évident que ces
corps, en se dilatant, pourraient, en vertude l'exquise subtilité
de leur substance, devenir transparents,puis fondre, se dissoudre,
se rendre incolores, invisibles.Maistoujours est-il que ce sont des
corps.Le grand apôtre saint Paul parle à plusieurs reprises du
corps
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LA VÉRITÉ.
spirituel, impondérable, incorruptible, et Origène, dans
sescommentairessur le Nouveau-Testament,affirme que ce corps,doué
d'une vertu plastique, suit l'âme en toutes ses existenceset toutes
ses pérégrinationspour pénétreret informerles corpsplus ou moins
grossiers et matérielsque cette âme revêt et quilui sont
nécessaires dans l'exercice de ses diverses vies.Origène et les
pères Alexandrins, qui soutenaient, l'un la
certitude, les autres la possibilitéde nouvelles épreuves
succé-dant a l'épreuve terrestre, avaient à se poser la question
desavoirquelcorps devait ressusciterau jugementdernier. Ils
ontrésolu celle question, en n'attachant la résurrectionqu'au
corpsspirituel, comme l'ont lait saint Paul et, plus tard, saint
Augus-tin lui-même, qu'en se représentant les corps des élus
commeincorruptibles, déliés, ténus et souverainementagiles.
(Manuelde saint Augustin.)Alors, puisque ce corps spirituel,
compagnon inséparable de
l'âme, représentait, par sa substance quintessenciée,toutes
lesautres enveloppesgrossières dont l'âme avait pu être
passagè-rement revêtue, et qu'elle avait dû laisser à la pourriture
et auxvers des mondes traversés par elle, puisque ce corps avait
pé-nétré de son énergie toutes les matières informées pour unusage
périssable et transitoire, le dogme de la résurrection dela chair
substantielle recevaitde cette conception sublime uneéclatante
confirmation. Le corps spirituel., conçu de la sorte,représentait
tous les autres qui ne méritaient pas le nom decorps, si ce n'est
par leur adjonction a ce principevivifiant dela chair réelle,
c'est-â-dire à ce que les spiriles ont nommépérisprit.Terlullien
dit (De came Chrisli, c. G) « que les anges ont un
» corps qui leur est propre, et que se pouvant transfigurer en»
une chair humaine, ils peuvent, pour un temps, se faire voir» par
les hommes et communiquervisiblementavec eux. »Saint Basile en
parle de la même sorte. Car, encore qu'il ait
dit quelquepart que les anges n'ont pas de corps, néanmoins,dans
le traité qu'il a fait du Saint-Esprit,il avancequ'ils se ren-dent
visibles par les espèces de leur propre corps, en appa-raissant à
ceux qui en sont dignes.« 11 n'y arien dans la création, nous
enseigne saint Ililaire,
« choses visibles ou invisibles, qui ne soit corporel. Les âmes»
elles-mêmes,qu'elles soient ou non réunies à un corps, ont» encore
une substance corporelle inhérente a leur nature,» par la raison
qu'il faut que toute chose soit dans quelque» chose. »Et Dieu seul
étant incorporel, d'après saint Cyrille, d'Alexan-
drie, « lui seul ne peut être circonscrit, tandis que toutes
au-» très créatures le peuvent, quoique leurs corpsne ressemblent»
point aux nôtres. »Que si l'on appelle les démons des animaux
aériens, avec
Apulée, c'est encore, au sens du grandévoque
d'IIippone,parcequ'ils ont la nature corporelle, les uns et les
autres étant demême essence. (Saint Augustin, scep. Gen. ad lia.,
1. 111,c. X.) Aussi, saint Grégoire d'appeler l'ange un animal
raison-nable (Hom. X. in Evang.), et saint Bernard de nous
adresserces paroles : « N'accordons qu'à Dieu seul
l'immortalité,aussi» bien que l'immatérialité; car il n'y a que sa
nature qui n'ait» besoin, ni pour elle-même, ni pour une autre, du
secours» d'un instrument corporel. » (Sup. caniic, homcl. VI.)
Etcelle doctrine était, en quelque sorte, celle du grand Ambroisede
Milan, dont voici les termes : « Ne nous imaginons point
» qu'aucun être soit exempt de matière danssa composition, a» la
seule et unique exception de la substance de l'adorable» Trinité. »
(Abraham, t. II, c. A7I1I, n° îi8.)Lemaître des sentences, Pierre
Lombard, laissait la question
indécise,et toutefois, il exposait cette opinionde saintAugustin
:« Les anges doivent avoir un corps, auquel ils ne sont point»
soumis, mais qu'ils gouvernent comme leur étant soumis, le»
changeantet le pliant aux formesqu'ils veulent lui donner» pour le
rendre propre a leurs actes. » Philalétès.(Au prochain numéro le
Périspritdevant la philosophie et la science.)
LE SPECTRE DE LA PRISON DE WEINSBERG.
Le théâtre sur lequel il faut nous transporterest une sorte
deblockhaus ou de forteresse, s'élevant en forme de second
retran-chement dans l'enceinte d'une prison principale. Les détenus
dece donjon, isolés dans des compartimentsdivers, n'ont entre
euxaucune imaginable communication. La place entière est sous
lagarde d'un député gouverneur, M. Mayer, qui l'habile en
compa-gnie de son épouse, de sa nièce et d'une femme de chambre,
troispersonnesdécrilescomme égalementremarquablespar
leurvéracité.Le 12 septembre -1833 , M. Mayer. le député gouverneur
de laforteressse de Wciusberg,adresse aux magistrats un rapport où
il
déclare que, chaque nuit, Elisabeth Eslinger reçoit la visite
d'unfantômes'iulroduisantdans sa cellule vers le coup de onze
heures.Cet Esprit lui demande des prières, la presse de la suivre,
et surson refus, la tourmente et se porte à des sévices.En
conséquence de cette pièce, la cour ordonne qu'Elisabeth
sera visitée par le médecin de la prison, qui devra constater
sonétat sanitaire, et rédigerun rapport touchant ses facultés
mentales.Ont signé : Eckhart, Thcurer et Knorr.Cependant, le
médecin de la prison nous apprend qu'Elisabeth
est une veuve de trente-huitans, qu'elle est saine d'esprit, el
nese plaint d'aucun mal. Il est vrai que, de tout temps, elle eut
ledon de voir les Esprits.L'Esprit, qui d'abord la visitait chez
elle, avant de la poursui-
vre jusque dans la prison, n'apparaissait alors à ses yeux sous
au-cune forme correcte. C'était comme une colonne de vapeur
(formecommune d'apparition) d'où sortait une voix saccadée : « Je
suis,» disait-il à cette femme qui professait les opinions
luthériennes,» je suis un prêtre catholique; de mon vivant, en l'an
Ah\A, je» résidais à Wimmcnlhald, etj'y résideencore; maisje suis
détenu» dans la cave d'une femmede Singhaasin; il m'est impossible
de» quitter ce lieu; tes prières, seules, pourraient m'en
affranchir.» Le crimequi pèse le plus lourdement surmon âme est un
vol queo je commis en m'associanl et mes frères et mon père!
»Elisabeth de renvoyer l'importun criminel à notre rédempteur ;
mais, sur le refus de la prisonnière, il la suppliait avec un
redou-blement d'énergie d'intercéder en sa faveur. Il se baissait
alorssur elle, d'un air lugubre, et la serrait de si près que, de
sa facehideuse, il s'accolait à son visage, l'obligeant à réciter
des prièresjusque dans sa bouche. Car, il est affamé de prières,
dit Elisabeth.Mais le revenant a revêtu la forme humaine dans sa
perfection.Il apparaît sous une robe flottante nouée par une
ceinture, et secoiffe du bonnet de docteur; ses yeux cavesjettent
la flamme; sabarbe est longue; on dirait qu'un vieux parchemin
couvre lessaillies prononcées de ses pommettes. Onze semaines
d'observa-tions assidues s'écoulent. Le médecin commis par les
magistratss'est mis en garde contre foule possibilité
d'hallucination; lessoupçons d'imposture et de supercherie qu'il a
d'abord conçus sesont évanouis, cl, d'après le texte de son
rapport, la course résoudà confier à des hommes de science le soin
de recherches ultérieures.
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LÀ VERITE.
Parmi ces élus figurent le docteur Kerner el son (ils, plusieurs
3ministres du culte luthérien, le ministre Buider, l'avocat Fraas,
3le graveur Dultenhofer, le professeur de mathématiquesKapff,
lesdocteurs en médecine Sufer cl Sicherer, le juge Heyd, le baron
,Von Hugel, etc., elc. En un mot, le nombre des prisonnierset
des
,personnes qui portent témoignage de ces faits étranges, forme
untotal considérable; et, pour eux tous, ainsi que pour le
docteurKerner, la réalité de ces molcstalions, de quelque nom qu'on
lesqualifie, est une certitude inébranlable.€es phénomènes ont
d'ailleurs affecté, chez un grand nombre
de personnes, les quatre sens de la vue, de l'ouïe, du loucher
etde l'odorat.la \oe. — Le fantôme se présenta sous forme humaine à
la plu-
part de ces témoins. Une certaine nuit fut même signalée où,
noncontent d'apparaître tout seul, il se fit voir accompagné d'un
groschienqui sauta sur tous les lits: « Ne craignezrien, disait-il,
c'est» mon père ! » et ce chien l'escorta depuis cette époque assez
sou-vent. Une autre fois, c'est un agneau qui l'accompagne ou
biendeux agneaux se tiennent à ses cotés, et quelquefoisà leur
placeon aperçoit tout-à-coup deux étoiles. ( Les mauvais Esprits
revê-tent volontiers les formes d'animaux. Aroir le Traité du
discerne-nepicnl des Esprits, par l'éminentissime cardinal Bona, p.
-180 et4SI.) Un tabouretse soulèvede terre; nul n'y touche ! il se
rabaisse,et le spectre apparaissant s'y assied ! ses lèvres
demeurent immo-biles, et pourtant il parle!...Madame Mayer s'élanl
enfermée avec sa nièce par une nuit plu-
vieuse : « Vers minuit, nous dit-elle,je vis une lueur jaunâtre
s'ap-procher lentement de la fenêtre, etje sentis un vent frais
soufflersurmoi, quoique la chambre fût hermétiquement close. Puis
le vent et!a lueur se faisant sentir et voir de plus près, ma
couverturefutéclairéeel je pus distinguer mes mains et mon bras...
»Madame Kerner se glorifiait de son incrédulité : « Je suis née
le
jour de la saint Thomas, » disait-elle, dans l'orgueil de son
scep-ticisme. Mais en dépit de ses railleries, sa conversion fut
bientôtcomplète; car le spectre lui rendit visite durant plusieurs
nuits :elle, et les siens purent le voir d'une façon nette et
distincte. Saprésence était accompagnéede bruits et de
lumières.
{La suite au prochainnuméro).{Extrait de la relation du docteur
Major).
CHRONIQUE ET FAITS DIVERS.
Nous avons assisté, dimanche22 mars, au sermon que, d'a-près le
Courrier de Lyon, nous avions annoncé dans le der-nier numéro de
notre feuille. Mais, franchement, il nous estimpossible, à moins de
considérer la charité comme un songecreux, de suivre le prédicateur
sur le terrainviolent et passionnéoù il voudrait nous conduire.
Nous lui ferons tout simplementobserver qu'il nous a fourni une
preuve manifeste de l'inanitéde ses arguments et du trouble où le
mettait son impuissance,en signalanttous les spirites a la
magistrature commeétant desprofanateurs de la mort, des
calomniateurs et des faussairesd'un nouveau genre, tout aussi
coupables que ceux traînésjournellement en police correctionnelle
ou bien en cour d'as-sises? « Magistrats! s'csl-il écrié, racliez
donc vos lunettes,» cherchez dans le code, cl, le doigtsur le
texte, condamnez! »Ne vous ssmblc-t-il pas, chers lecteurs, qu'un
piment de bû-chers et de chevalets relèverait bien la
sauce!Pardonnez-leur,ô mon Dieu! car ils ne savent ce qu'ils font
!
On lit dans la France littéraire, page 432, du 28 mars 1SG3 :«
La Vérité, journal du spiritisme. De par MM. les spirites,
» aux catholiques lyonnais la faculté de fonder le Mensonge,»
journal du spiritualisme. »Nous ne dirons pas aux catholiques
lyonnais, parce qu'un
grand nombre sont des nôtres, mais aux adversairesentêtés
duspiritisme : Le titre du journal est surtout bien choisi. Ce
serabien, en effet, le Mensonge, s'il nie et la réalité et
l'utilité vrai-ment urgente des manifestations,pourvaincre
l'incrédulitéma-térialiste, le panthéisme athée et l'indifférence
des sceptiquesvulgaires, inaccessibles et sourds aux
enseignementsde la foichrétienne.
La cuisinièred'un prêtre catholiquevint a mourir. C'était
enPrusse, et dans le village de Quarrey, sous le règne du
grandFrédéric. Le prêtre remplaça la femme morte par une
autreservante : mais vainementla nouvelle venue s'eflorça-t-clle
depersister dans l'exercice de ses modestes fonctions, a tel
pointelle eut a lutter contre les molestations d'une prétendue
de-vancière.Et de fait, a quoi bon, pour le pauvre prêtre, cette
nouvelle
servante? car des mains invisibles allument son feu, balayentses
chambres, y rangent les meubles et s'acquittent de tout lemenu
détail du service. On accourt en foule voir ce prodige, etla rumeur
publique,toujours croissante, s'élève enfin jusqu'auxroyales
oreilles. Le roi philosophe prend alors le parti de dé-tacher un
des capitaineset un des lieutenants de sa garde, avecmission de lui
rendre compte des fails qu'ils devront vérifier.Les voila
partis....Au moment où ces officiers sont sur le point d'atteindre
le
seuil de la maison, une marchemilitaire retentit, battue
devanLleurs pas, mais l'invisiblequi la bat défie l'oeil qui le
cherche.A peine entré dans la chambre, a peine témoindes faits
qu'il
venaitvérifier et qui frappaient sa vue, le capitaine de
s'écrier:« Voilà vraimentqui fait pis que le diable! »Aussitôt dit,
un vigoureux soufflet parti de la main qui, sans
se laisser voir, arrange et met en ordre le mobilier, lui
donnesur le visage le prix de ses paroles.Sur l'ordre de Frédéric,
à qui les rapports des examinateurs
qu'il a choisis ne laissent plus aucun doute sur ce qui se
passe,la maison du spectreest rasée ; ou la' rebâtit ensuite à
quelquedislance du lieu qu'elle occupait...Pense-t-on, nous demande
le narrateur, que le grand Frédé-
ric fût un prince d'humeur à se laisser mystifier?{Citépar le
Docteur Passavant.)
Nous avons reçu deux brochures éditées par Denlu, libraireà
Paris : Le Spiritismesans les Esprits; la Vérité sur le Spiri-tisme
expérimental dans les groupes. Pour aujourd'hui, nousnous
borneronsh les signaler aux curieux, nous
proposantpro-chainementd'en faire une courte analyse.L'auteur a
signé : vs spirite tiiéomciux.Prix de chaque brochure: 50 c. — Chez
tous les libraires.
Pour la chronique cl les fails divers: E. Euolx.
VARIÉTÉS.
INVOCATION A LA VÉRITÉ.Auguste vénié, viens secouer ce inondeOii
l'orgueil se préhisse et commande en vainqueur;Viens, parles doux
aei'onts île la liouclic féconde,Poi'ii'.iei' le mensonge et
dissiper l'erreur.
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LA VERITE.
En vaillant nautonnicr poursuis ta noMcmarche,Des ilôts
impétueuxarrête le courroux ;Saisis le gouvernail,dirige la sainte
Arche,Et contre les écueïls, toujoursprotège-nous.Que tu sois le
fanal et le porte-lumièreDe l'astre radieux qui pointe à l'horizon
;Dans le riche palais, dans l'obscure chaumière,Ramène les mortels
à la saine raison.Quitte pour un instant ton céleste
domaine,Aplanis d'ici-bas les chemins tortueux;Régénère les moeurs
de la famille humaine,Fais que tous ses
entantsdeviennentvertueux.Mais que dis-je ? déjà de ton être
sublimeLe feu sacré nous vient par l'aide des Esprits ;Par toi
régénérés, luttant contrel'abîme,De nos constants efforts tu nous
promets le prix.
« — Oui, nous répond ta voix, je bénisvos précepte» Relevez
votre front, bravez les préjugés;» Accourez au-devantde vos
nouveaux adeptes,» Vos acerbes railleurs seront bientôt jugés.
» Des mandementsdu Christ arborez l'oriflamme,» Et, soldats d'un
tel chef, combattez en tout lieu.» Que le plus pur amour sans cesse
vous cnflamnii» Aimez votre prochainet surtout aimez Dieu.
» Persévéreztoujours dans votre noble tache,» Redoublezde
courage,et d'amour et de foi ;» Que chacun parmi vous avec ardeur
s'attache>. A pratiquer du bien la douce et sainte loi.
» De l'universentier marchez h la.conquètc,)j Du suprêmepasteur
préparez le troupeau;» Pour répondre à la voix d'un sublime
prophète,a Unissez les humains sous le môme drapeau.
» Des Césars respectez le pouvoir monarchique,» De par Dieu,
concédez tout ce qui leur est dû ;» Détruisezpar l'amour le complot
atiarchique,a Que le droit de chacun soit par vous défendu.
» Prêchezla vérité, mais surtout par l'exemple ,» Imprégnez les
humains d'amour universel.» De l'arbitre de tout soyez le vivant
temple,» El des nobles vertus la rosée et le sel. »
— Elle parlait encore, lorsque d'unblanc nuage,De
nombreuxséraphins s'inclinèrent vers moi.Illuminé par eux, je vis
le grand rouageDe la création oeuvre du maitre-roi.Des mondes
gradués je vis l'échelle immenseQue gravite chaque être au sein de
l'inlini ;J'aperçus le foyer d'où nous vient l'existenceEl
l'éternel moteur de l'ordre indéfini.
De ce foyer central une éternelle vieJaillissait à grands Ilots
sur ce vaste univers,Où chaque être a son moi, mais qu'à
desseinDieu liPar graduationdans les mondes divers.De maints et
maints séjours opaques, diaphanes,Je vis les habitants plus ou
moins épurés,Et tout ce que Dieu cache au regarddes profanes,Je pus
le contemplerdans ces champs azurés.
Notre globe placé comme un point dans l'espaceMe parut
transformécomme il doit l'être un jour ;Au centre du bonheur il
avait pris sa place :Ses habitants heureux bénissaient leur
séjour.
Chacun d'eux jouissait, au sein de l'harmonie,De la paix, de ses
droits en pleine liberté,Et bénissait de Dieu la justice
infinie,Sous les lois de l'amour et de la vérité!... B. Joly.
COMMUNICATIOND'OUTRE-TOMBE SPONTANÉE.
DN COUP-B'OEIL SUR LA PHILOSOPHIE MATÉRIALISTE.(Médium, M. P
)
(Nous ferons observer à nos lecteurs que le midiam auquel
l'Esprit saintAnthclme se communique est un simple cl
laborieuxouvrier, incapabled'ob-tenir, par lui-même, une chose
quelconque imprimable. En ce qui louche
cette communication spontanée, il nous assure avoir souvent
hésité à tracertous ces noms de philosophes entièrementnouveauxpour
lui! Voilà bien unphénomène intelligentbeaucouppins significatifque
les phénomènes physiques!Nous avons copié textuellement sur le
cahier du médium, afin de conserver àce travail la sévère et
savante originalité dont il est empreint quant aux tour-nures de
phrases,images, etc.) E. E.Mon fils, la matière en son étendue, en
son essence, constitue
pour bien des"philosophesleur univers, leur divinité.
Adoraleursde ce principe, des hommes célèbres à divers titres ont à
ce sujetdes idées tellement arrêtées, tellementforles, quejamais
les idéescontraires de la spiritualité ne pourront les ébranler.
Que ce soitde bonne foi ou parti pris d'orgueil qui ne voudrait pas
capituler,les faits sont là : le monde peut crouler qu'ils ne
changeront jamaisen leur vie présente. Néanmoins,ces types de
sceptiqueset d'incro-yants n'en sont pas à une seule vie
d'incrédulité. Vieux partisansde la matière, disciples de toutes
les écoles où celle philosophie aprévalu, ils ont traîné
d'incarnationsen incarnations, leur dépouilleantique de
matérialisme enraciné; à l'état d'Esprit ils n'ont rienvoulu
apprendre; ils se sont toujours refusés à la lumière, l'ontfuie,
étant en eux amassés nuages sur nuages d'ignorance et demensonge
dont la cause est toute dans l'orgueil. Qu'avez-vousfaitde vos
faculiés, de vos moyens si puissanls et si originaux, philo-sophes
de la Grèce, oublieux des leçons spiiilualistes que vousavaient
transmises les sages de l'Egypte, de l'Inde et de lu
Perse?Ingénieux sophistes,agréablesrhéteurs,quels fruits avez-vous
retirésdes traditions de Pythugore, des enseignementsde
Zoroastreoudes livres de Manouconsultéspar vous?Traditions,
enseignementset livres précieux contenant en germe la science
spirituelle; mé-connus, travestis au gré de vos passions, ont
produit Pyrrhon,Epieure, Àristippe, dont les doctrines
vainementcombattues repa-raissent à travers les âges avec Spiuosa,
Holbach, Helvétius, lesdiverses philosophiesallemandes formulées
par Goethe, Fichte,Hegel, el tant d'autres. Toute celle phalange de
noms, ces chefsd'école encore vivaces au temps présent, tenlént un
dernier effort :rangés sous la bannière de la science, et en son
nom, ils combat-tent l'influence de la spiritualitéqui va de jour
en jour grandissant.Comme ils ne veulentpoint être détrônés, ils
accepteront le combatet y sont préparés.Que de noms à citerencore
parmi les contemporainsqui, amateurs
de tout ce qu'a enseigné le savantLucrèce, voudraientne voir,
dansce qui touche aux phénomènes d'ordre physique et moral
queproduit le spiritisme, qu'un fait matériel, une aberration des
senscorporels, les seuls existantspour eux. Le fameux livre De
rerumnaturel, objet de leur culte et de leur amour, est leur code,
leurEvangile; ils le feuillettent, en interrogent tous les
passages, etleurconclusion toute panthéiste conduit leur être à
l'anéantissement, àl'absorption dans le grand tout universel, leur
croyance. Le grandPan n'est pas mort, disent-ils; alerte!
réveillons-nous, saluons lemaître du inonde ! Et pour dernière
aberration, ils vont livrer leurderniercombat qui va les conduire,
cette fois, à la lumière, ù la foi,à l'amour.Arrière toutes les
erreurs de la vieille philosophie ; arrière les
mensonges continués par la nouvelle. Voici l'époque où les
prin-cipes vrais vont prévaloir, où le règnede laspiritualitéva
s'étendre,s'affermir et dominerle monde. Esprits brillants, mais
orgueilleux,les divers noms que j'ai cités vont subir une autre
épreuve. Alors,combattant dans les rangs du vrai abandonnépar eux,
ils pourrontappliquer leurs facultés éminemment supérieures, eu
égard à laniasse des ignorants, et ils seront, sur votre terre, des
flambeauxbrillantsde vérité, après avoir été longtempsdes lumières
inutiles,dangereuses, perfides. Saint Anïuelme, éveque.
(Sera continué. )'
LYON.—Imprimerie I>. JJOL'RSY (C. Jaillut, successeur), rue
Meicière, 02.