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1 UNIVERSITE MOULAY SLIMANE Master: Langues, Faculté des Lettres et des Informatique et Traduction Sciences Humaines Beni Mellal _______________________________________ LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES Fançais/ Arabe Corpus de base : Samarcande d’Amine MAALOUF Mémoire de fin d’études en vue de l'obtention du diplôme de Master d’étudiant: 17/28L 2010 Présenté par : Elmostafa FTOUH Sous la direction de Mlle le professeur : Amal OUSSIKOUM
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LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

Jan 27, 2023

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Page 1: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

1

UNIVERSITE MOULAY SLIMANE Master: Langues,

Faculté des Lettres et des Informatique et Traduction

Sciences Humaines

Beni Mellal

_______________________________________

LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS

INTERROGATIVES

Fançais/ Arabe

Corpus de base : Samarcande d’Amine MAALOUF

Mémoire de fin d’études

en vue de l'obtention du diplôme de

Master

N° d’étudiant: 17/28L

2010

Présenté par :

Elmostafa FTOUH

Sous la direction de Mlle le professeur :

Amal OUSSIKOUM

Page 2: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

2

REMERCIEMENTS

J’adresse mes sincères remerciements à Mlle Amal OUSSIKOUM, ma directrice de recherche, pour sa disponibilité et sa rigueur, ainsi que pour son intérêt vis-à-vis de mon travail. Je lui suis reconnaissant de m’avoir soutenu durant toute la période de l’élaboration de ce modeste travail, ainsi durant deux années d’étude en master où j’ai pu connaître les bases et les principes de la recherche en linguistique et traductologie.

Je remercie tous les professeurs qui m’ont enseigné et soutenu

durant ces deux années du master. Je les remercie chaleureusement pour leurs soutiens, leurs conseils et leurs disponibilités à tout moment où mes collègues et moi avaient besoin d’eux. Je les remercie pour m’avoir inculqué l’amour d’aller si loin dans la recherche scientifique.

Je tiens également à exprimer ma sincère gratitude envers les

professeurs qui ont bien voulu faire partie du jury, d’avoir lu mon mémoire et de lui avoir accordé de leur temps précieux.

Merci à ma famille et à tous mes amis qui, depuis le

commencement de mes études dans ce master, m’ont encouragé et m’ont soutenu.

Merci à vous tous pour votre soutien sans limite.

Page 3: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

3

DÉDICACE

Je dédie ce travail

A ma famille

A mes deux espoirs Nouha et Abdessamad

A mon professeur encadrant

A tous mes professeurs du Master

A tous ceux qui me sont très chers,

Avec tout mon amour fraternel et mes profonds

respects, je vous souhaite le succès et le bonheur.

Page 4: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

4

TABLEAU DE L’ALPHABET PHONÉTIQUE UTILISE

Dans la transcription des énoncés relevant de la langue arabe, nous avons opté pour le tableau suivant :

۶ ʔ ض ḍ

ṭ ط b ب ẓ ظ t ت

ε ع θ ث

ġ غ ž ج

f ف ḥ ح

q ق x خ

ك -ك d د k

l ل ð ذ

m م r ر

n ن z ز

ه -ه s س h

w و š ش

y ي ṣ ص

Voyelles longues Voyelles courtes

ā ا a

ū و u

ī ي I

Page 5: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

5

TABLEAU DES ABREVIATIONS

Affir Affirmative

Dict Dictionnaire

Ed Edition

Ex Exemple

e.g. Par exemple

Ibid

Ibidem, au même endroit, dans la

même œuvre.

i.e. A savoir

Imp Impérative

Inton Intonation

Masc Masculin

NP Noun phrase : syntagme

prépositionnel

P Proposition

plur Pluriel

p Page

pers Personne

pp Pages

subj Subjonctif

sing Singulier

SN que syntagme nominal avec démonstratif

que

SN Syntagme nominal

SV Syntagme verbal

SVO Sujet, verbe, complément

V Verbe

VSO Verbe, sujet, complément

Page 6: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

6

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS

DÉDICACE

TABLEAU DE LA TRANSCRIPTION PHONÉTIQUE

TABLEAU DES ABRÉVIATIONS

INTRODUCTION ........................................................................................................ 8 PARTIE I : REPÈRES THÉORIQUES .......................... ...Erreur ! Signet non défini.

I. L’INTERROGATION EN LANGUE FRANçAISE ............................................ 11 Introduction ............................................................................................................... 11 I.1 Les types d’interrogation ................................................................................ 13

I. 1.1 L’interrogation totale ................................................................................... 13

I.1. 2 L’interrogation partielle ............................................................................... 16

I.1. 3 L’interrogation directe et indirecte .............................................................. 22

I. 2 Le point d’interrogation et l’intonation interrogative : ................................. 28 I. 3 Les introducteurs interrogatifs ...................................................................... 31

3. 1. Les déterminants interrogatifs : .................................................................... 31

I. 3. 2 Les pronoms interrogatifs. ......................................................................... 32

I. 3. 3 Les adverbes interrogatifs ........................................................................... 33

I. 4 La transformation interrogative ...................................................................... 34 I. 5 L’interprétation sémantique de l’interrogation .............................................. 36

I. 5. 1 Les conditions sémantiques pour le fonctionnement de la question ...... 37

I. 5. 2 Les valeurs illocutoires relatives à l’interrogation .................................... 38

I. 5. 3 Différentes interprétations de l’adverbe interrogatif « comment » ........... 40

Conclusion du chapitre ............................................................................................. 42

II. L’INTERROGATION EN LANGUE ARABE ................................................... 42 Introduction ............................................................................................................... 42

II. 1 Les types d’interrogations en langue arabe ................................................ 43

II. 1. 1 L’interrogation directe et indirecte ........................................................... 43

II. 1. 2 L’interrogation totale et partielle ............................................................. 47

II. 1. 3 L’interrogation selon l’élément interrogatif .............................................. 48

II. 2 La distribution des pronoms interrogatifs dans les phrases échos .............. 50

II. 3 Les caractéristiques morphologiques des complémenteurs......................... 51 II. 4 Les caractéristiques sémantiques des introducteurs interrogatifs ............... 53 II. 5 Analyse sémantique de l’interrogation modalisée en langue arabe ............. 56

Page 7: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

7

II. 5. 1 Les conditions de fonctionnement des verbes modaux dans les énoncés

interrogatifs ........................................................................................................... 58

II. 5. 2 L’adjonction des verbes modaux dans les énoncés interrogatifs ........... 60

II.5.2.a La modalité grammaticale ................................................................... 61

II.5.2.b La modalité lexicale ............................................................................ 63

Conclusion du chapitre. ............................................................................................ 64

PARTIE II

III. Analyse contrastive de l’interrogation en français et en arabe ...................... 65 Introduction ............................................................................................................... 66 III. 1. La traduction et les universaux linguistiques .................................................. 68

III.2. Traduction et syntaxe ...................................................................................... 71 Introduction ............................................................................................................... 71

III. 2. 1. La traduction de l’interrogation par type ................................................ 72

III. 2. 2. La traduction des mots interrogatifs ....................................................... 77

III. 2. 3. Le point d’interrogation entre le français et l’arabe ............................... 80

III. 2. 4. La traduction des pronoms indéfinis ....................................................... 82

III. 2. 5. La traduction vers le duel (mutannā) ...................................................... 83

III. 2. 6. L’interrogation entre l’aspect accompli et inaccompli ........................... 84

Conclusion du chapitre ............................................................................................. 87

III.3. Traduction, sémantique et pragmatique ........................................................... 89

Introduction ............................................................................................................... 89

III. 3. 1 Sur le plan lexical et sémantique ............................................................. 90

III. 3. 2 Sur le plan pragmatique ........................................................................... 94

Conclusion du chapitre ............................................................................................. 99

CONCLUSION ......................................................................................................... 101

CORPUS .................................................................................................................... 104

BIBILIOGRAPHIE .................................................................................................. 113 INDEX ........................................................................................................................ 117

Page 8: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

8

INTRODUCTION

La performance langagière est une propriété humaine qui a pour

objectif la communication interpersonnelle. C’est en associant la

performance à la compétence linguistique que se produit toute langue

naturelle. Les langues diffèrent de plusieurs points de vue, c’est pour

assurer une entente entre les êtres humains que la traduction a eu lieu.

Cette dernière a pour but de satisfaire un besoin humain, celui de la

communication. Or, un ensemble de problèmes entravent ce processus.

En outre, la question est une structure très récurrente dans nos

communications. Elle constitue « une préoccupation théorique dont se

sont emparées la linguistique, la logique, la philosophie, la psychologie et

même l’anthropologie. Certains n’hésitent pas à considérer le

questionnement comme une réalité fondamentale de l’esprit humain, sur

laquelle les autres dimensions viendraient s’articuler »1. En effet,

l’échange communicatif réussi est basé sur un bon emploi de la langue

dans un champ discursif conventionnel entre les deux interlocuteurs. Le

couple question / réponse serait de ce fait le noyau primitif de tout

échange linguistique puisque la langue est employée pour communiquer

avec autrui soit en demandant des informations soit en les fournissant.

Notre travail consiste à faire une analyse contrastive entre les

constructions interrogatives du français et celles de l’arabe, à étudier les

formes du transfert des interrogatives, et à déceler les divergences et les

convergences d’usage entre ces deux langues en question. Et pour ce faire,

nous essayerons de répondre à la question de savoir comment s’effectue la

traduction des constructions interrogatives du français vers l’arabe ? et

1 Meyer, M., 1981, « L’interrogation : présentation », in Langue française, Paris, Larousse. P 3.

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9

quels sont les problèmes d’ordre syntaxique, sémantique et pragmatique

qui apparaissent lors de ce processus ?

Dans cette même perspective, nous nous intéresserons à l’étude de

quelques aspects linguistiques liés à la traduction de ce type d’énoncé à

savoir les structures syntaxiques des interrogatives et les problèmes

sémantiques et pragmatiques liés à la traduction de l’interrogation, etc.

Pour ce faire, nous nous appuierons essentiellement sur les principes de la

linguistique contrastive, qui inscrit l’activité traductive dans une large

perspective linguistique, où les régularités différentielles permettent de

mettre en relief les principales différences dans le fonctionnement des

langues dont la connaissance s’avère importante lors de toute traduction.

Cette analyse contrastive aura comme but de montrer les différences et les

similitudes entre l’interrogation du français et celle de l’arabe lors du

processus traductionnel.

Le corpus, objet d’étude, est extrait du roman Samarcande2 de son

auteur Amine Maalouf3, et de sa version arabe d’Afif Damachkia. Le

2 Samarcande (1988), c'est la Perse d'Omar Khayyam, poète du vin, libre penseur, astronome de génie,

mais aussi celle de Hassan Sabbah, fondateur de l'ordre des Assassins, la secte la plus redoutable de

l'Histoire. Samarcande, c'est l'Orient du XIXè siècle et du début du XXè, le voyage dans un univers où

les rêves de liberté ont toujours su défier les fanatismes. Samarcande, c'est l'aventure d'un manuscrit né

au XIè siècle, égaré lors des invasions mongoles et retrouvé des siècles plus tard. Une fois encore, nous

conduisant sur la route de la soie à travers les plus envoûtantes cités d'Asie, Amin Maalouf nous ravit

par son extraordinaire talent de conteur, affirme Gilles Demert.

Maalouf, A., 1988, Samarcande, Paris, Livre de poche. Abstract du roman

3 Amine Maalouf est né à Beyrouth (Liban) en 1949. Journaliste de langue arabe et de culture française.

Il est l’auteur de nombreux romans qui ont pour cadre le moyen orient, l’Afrique et le monde

méditerranéen. L'ensemble de ses œuvres interrogent les rapports politiques et religieux qu'entretiennent

l'Orient et l'Occident, mais aussi les thèmes de l'exil et de l'identité, des sujets traités dans ses différents

essais parmi lesquels 'Les Identités meurtrières' paru en 1989 ou 'Le Dérèglement du monde', publié en

2009.

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10

corpus présente tous les types d’interrogations : totale, partielle, directe,

indirecte, alternative, etc.

Nous avons extrait les cent premières interrogations présentes dans

les dix premiers chapitres de chacune des deux versions.

Ce travail sera fait dans le cadre d’une perspective linguistique

contrastive, entre la langue arabe qui présente deux points d’intérêts

particuliers pour le linguiste : c’est une langue sémitique à morphologie

riche, une langue qui observe l’ordre VSO et où, par conséquent, à la fois

le NP sujet et le NP objet sont dominés par le même nœud dans la

structure des constituants, à la différence de la langue française qui est une

langue d’origine latine, et qui observe l’ordre SVO et où les deux nœuds

SN1 et SN2 appartiennent à des espaces configurationnels différents.

Toute langue naturelle est faite d’un agencement de structures

syntaxiques. De ce fait, la traduction de la langue se réalise à travers la

traduction de ses structures. Dans ce sens nous essayons de cerner les

caractéristiques morphosyntaxique, sémantique, pragmatique et

lexicologique de l’interrogation aussi bien dans la langue française que

dans la langue arabe, afin de voir comment se fait le transfert entre les

deux langues objets du travail.

La forme interrogative est toujours liée à une situation de

communication précise, elle n’est pas forcément liée à une demande

d’information, Elle acquiert souvent d’autres valeurs sémantiques et

pragmatiques liées à l’intension du locuteur. Le traducteur devait-t-il donc

conserver la structure initiale ou alors tout reformuler pour que la question

acquiert le sens et la valeur véhiculés par le texte de départ ? De même,

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11

les divergences syntaxiques entre le français et l’arabe influent-elles sur la

valeur sémantique et pragmatique de la question ?

I. L’INTERROGATION EN LANGUE FRANçAISE

Introduction

La question, comme élément essentiel dans toute communication,

est présente dans toutes les langues naturelles. Plusieurs types

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12

d’interrogation sont à distinguer, elles diffèrent de part, leurs

constructions syntaxiques et les fins pour lesquelles elles sont posées.

La question, dans le Petit Robert4, est définit comme étant une

demande qu’on adresse à quelqu’un en vue d’apprendre quelque

chose…C’est un sujet qui implique des difficultés, donne lieu à la

discussion…une torture infligée aux accusés ou aux condamnés pour leur

arracher des aveux…

La question est liée, dans toute définition, à la demande

d’informations. Or, dans d’autres contextes, la question peut acquérir des

finalités pragmatiques c'est-à-dire qu’elle ne reste pas liée à la demande

d’information mais elle acquiert d’autres valeurs d’ironie, de prescription,

de conseil, etc. L’interaction interrogative fait intervenir deux individus. Il

ne faut cependant pas perdre de vue que questionneur et questionné

peuvent être la même personne. En plus, le locuteur peut interroger

l’allocutaire pour pousser une autre personne à répondre. La question

découle dans la plus part des cas d’un manque, le questionneur ne dispose

pas de la réponse ou des réponses possibles5, ou parfois ne parvient pas à

détecter la plus adéquate. Dans ce sens, l’interrogation a pour finalité la

modification d’un état de croyance ou des dispositions à agir. Ainsi, la

réponse contribue à l’élimination ou simplement à la réduction de

l’incertitude. En effet, l’interrogation a pour force illocutoire la question.

Celle-ci s’évalue plutôt selon les critères de pertinence, d’ambigüité, de

maladresse ou de futilité. Dans ce sens, la question est à classer selon les

types de réponses postulées : demande d’information, demande indirecte

(mande), etc. Alors, la phrase interrogative est une question qui permet de

4 Rey, A., 1994, Le Micro Robert, dictionnaire.

5 Sauf dans une situation didactique où le locuteur est sensé avoir la réponse, mais sa question n’est

qu’un outil de vérification de l’assimilation des acquis.

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13

demander quelque chose ; elle se termine par un point d’interrogation et

peut être affirmative ou négative. C’est l’une des modalités d’énonciation

qui correspond à une attitude énonciative non thétique (le locuteur

demande une information ou une validation) et à un acte de langage (celui

de la question). En effet, la question transparait à travers la phrase

interrogative mais ne s’y réduit pas.

Il est question ici de dégager le fonctionnement de la question et de

discuter certaines conditions qui régissent l’acte de questionner. La

question n’est pas toujours liée à la demande d’information, c’est pour

cela que le traitement des autres interprétations qui peuvent être assignées

à la question est indispensable.

I.1 Les types d’interrogation

L’interrogation se manifeste sous différents états qui peuvent être

traités selon la portée de l’interrogation (totale ou partielle), la nature de

l’interrogation (directe ou indirecte) et la valeur de l’interrogation

(interrogation rhétorique, demande d’information ou ordre déguisé.).

Généralement, la phrase interrogative est marquée par une intonation

montante dans l’orale et un point d’interrogation à l’écrit. Dans la langue

soutenue, elle est marquée par une inversion ou une redondance du sujet.

I. 1. 1 L’interrogation totale

L’interrogation totale, ou ″interrogation globale″ chez M. Grevisse6

ou encore ″interrogation connexionnelle″ chez L. Tesnière7, demande une

validation de l’énoncé entier et ne porte pas sur un tel ou tel constituant de

la phrase. L’interrogation totale n’est pas une demande d’information,

6 Grevisse, M., Goosse, A., 1993, Le bon usage, Paris, Duculot.

7 Tesnière, L., 1988, Eléments de syntaxe structurale, Paris, Klincksieck.

Page 14: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

14

puisqu’elle contient en elle-même tous les éléments lexicaux de la

réponse. On y répond par « oui » ou « non » ou par « si / non » dans le cas

de l’interro-négation totale8. Ce type d’interrogation ne comporte pas de

mot introducteur comme le montrent les exemples suivants :

(1) - Sais-tu reconnaître un ami? -oui/ non

(2)- N’est-ce pas moi, benjamin O. Lesage, qui l’ai arraché à

son Asie natale ? -si/ non.

(Samarcande)

En ce qui concerne l’ordre des mots, plusieurs configurations

syntaxiques interrogatives sont possibles : l’interrogation peut être

construite sans inversion du sujet (cf. (3)) ou avec inversion simple (cf.

(4) et (5)) ou complexe du sujet (cf. (6)).

(3)-Vous avez l’intention d’aller le voir ?

(4)-Avez-vous l’intention d’aller le voir?

(5)- Avez-vous mangé ?

(6)-Marie dit-elle la vérité ?

Nous constatons dans (6) que le sujet est repris par le pronom personnel

(elle) placé après le verbe. Si le sujet est un nom, un pronom démonstratif

(sauf ce), un possessif ou un indéfini, il est redoublé par le pronom

personnel correspondant comme le montrent les exemples suivants:

(7)- Le Cadi savait-il par ce geste… ?

(8)- Le train de Paris est-il arrivé ?

(9)- Cela ne va-t-il pas…?

(10)- Le mien est-il arrivé ?

8 Dubois, J., Lagane, R., 1973, La nouvelle grammaire du français, Paris, Larousse. P 155.

Page 15: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

15

(11)- Quelqu’un est-il venu?

Comme nous l’avons signalé, l’interrogation totale porte sur

l’ensemble du contenu propositionnel de la phrase (cf. (1), (2)). Elle peut

porter sur l’action (cf. (8)) ou l’état du sujet (cf. (7)). L’interrogation

directe portant sur l’action du sujet est marquée par une intonation

ascendante et elle est fréquente à l’oral (cf. (12) et (13)), en temps que

l’interrogation avec ″est-ce que″ est réservée davantage à l’écrit (cf.

(14)). Les réponses possibles à ces questions seront : Oui, il vient / Non, il

ne vient pas.

(12)- Vient-il ? (13)- Il vient? (14)- Est-ce qu’il

vient?

Dans les formes interro-négatives (cf. (15), (16) et (17)), les réponses

possibles seront : Si, il vient / Non, il ne vient pas.

(15)- Il ne vient pas?

(16)- Ne vient-il pas?

(17)- Est-ce qu’il ne vient pas?

L’interrogation sur l’état du sujet peut prendre les formules

d’interrogation comme dans les exemples (18), (19) et (20). Et les

réponses possibles seront : Oui, il est malade. / Non, il n’est pas malade.

(18)- Il est malade?

(19)- Est-ce qu’il est malade?

(20)- Est-il malade?

(21)- Me faudra-t-il attendre d’être vieux pour exprimer ce que je

pense? (Samarcande)

Puisque l’interrogation totale porte sur toute la phrase, il y a une

absence du mot interrogatif. La séquence régressive prend deux formes

selon la nature du sujet. Lorsque le sujet est un pronom, nous optons pour

une postposition simple du sujet (cf. (22)). Cette postposition est exclue

Page 16: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

16

avec la plus part des verbes avec la première personne du singulier :*dors-

je ? , *cours-je ? Et lorsque le verbe se termine par un « e » muet, il est

prononcé avec un accent aigue cf. (23) et(24).

(22) -Se rend-il à la taverne, ce soir-là..? (Samarcande)

(23)- prié-je dieu pour mon paradis ?

(24)- arrivé-je trop tard aujourd’hui ?

Lorsque le sujet est un nom, le sujet demeure avant le verbe, mais il

est repris après par un pronom anaphorique sujet : il, ils, elle, elles. Dans

ce cas, on a une postposition complexe :

(25)- Le Cadi savait-il par ce geste..?

I.1.2 L’interrogation partielle

L’interrogation partielle ou interrogation nucléaire est une

demande d’information. M. Grevisse9 détermine sa portée sur l’élément

que le locuteur ignore. Dans l’interrogation partielle, le locuteur demande

une information qu’elle ne contient pas. « Elle porte sur un élément

particulier de la phrase (le sujet, le complément d’objet, le complément

circonstanciel, etc.), qui est représenté par un morphème interrogatif

« qui », « que », « quand », etc. et on ne peut pas y répondre par (oui) ou

par (non) » 10

.

L’interrogation partielle comme l’interrogation totale se termine par

un point d’interrogation. Mais contrairement à l’interrogation totale qui

peut se contenter d’un point d’interrogation sans mot interrogatif

introducteur, l’interrogation partielle use de mot interrogatif souvent en

tête de la phrase. Ce mot interrogatif peut être11

:

9 M. Grevisse, 1986, Le bon usage, Paris, Duculot.

10 Florence Mercier-Leca., 2000, 30 questions de grammaire française, P. 176.

11 M. Grevisse., 1986, le bon usage, Paris, Duculot, P. 632.

Page 17: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

17

Un pronom : qui, que, quoi, lequel, combien

Un déterminant : quel, combien de

Un adverbe : comment, où, pourquoi, quand

(26)- A quel moment avait-il basculé de la témérité à la démence ?

(Samarcande)

L’interrogation partielle porte sur une partie de la phrase ou sur un

de ses constituants, ce constituant peut être marqué [+/-animé]. Elle peut

porter aussi sur la qualité d’un constituant ou sur la modalité de l’action.

Lorsque l’interrogation porte sur l’identité d’un constituant qui a le trait

[+animé], ce constituant peut être formulée comme suit :

a- Attribut :

(27)-a. Qui est-ce? / Qui est cet homme?

-b. C’est Pierre

(28)-a. Qui sont ces hommes?

-b. Ce sont mes voisins

Dans la forme familière le pronom interrogatif est souvent mis en fin de la

phrase (cf. (29)).

(29)- C’est qui ?

b- Sujet ou Complément d’objet direct :

Sujet : (30).a. Qui est-ce qui pleure?

b. C’est mon fils qui pleure.

Complément d’objet direct : (31).a. Qui est-ce qu’il a fait

pleurer?

-b. Il a fait pleurer mon fils.

- Complément d’objet direct : (32) Qui a-t-il fait pleurer?

Page 18: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

18

Si le sujet n’est ni un pronom personnel ni ¨on¨, l’inversion complexe est

d’usage (cf. (33)).

(33) Qui Pierre a-t-il fait pleurer ?

c- Complément prépositionnel :

(34). a. Avec qui est-ce qu’il est parti?

b. Il est parti avec mon fils.

c. Avec qui est-il parti ?

Si le sujet n’est ni un pronom personnel ni ″on″, l’interrogation se

construit avec une inversion complexe (cf. (35)). Et si le sujet est un nom,

il est placé après le verbe ou le participe selon le temps employé simple

ou composé (cf. (36)).

(35)- Avec qui Pierre est-il parti ?

(36)- Avec qui part Pierre ? / Avec qui est parti Pierre ?

Par contre si l’élément sur lequel porte l’interrogation a le trait

[- animé], les questions peuvent être formulées comme suit :

a. Attribut

(37)-a. Qu’est-ce que c’est? / Qu’est-ce ?

b. C’est un livre.

(38)-a. Qu’est-ce que ce livre? / Qu’est-ce que c’est que ce livre ?/

b. Qu’est ce livre?

c. Ce sont des cassettes.

b. Sujet ou complément d’objet direct

(39) a. Qui fait ce bruit?

b. C’est la pluie battante qui fait ce bruit.

(40) a. Qu’est-ce qu’il a ramassé?

b. Il a ramassé des champignons.

Page 19: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

19

Lorsque le sujet n’est ni un pronom personnel ni ″on″, il se place

après le verbe (cf. (40)) si le temps est simple, ou après le participe passé

si le temps est composé (cf. (41)).

(40) Que ramasse Pierre ?

(41) Qu’a ramassé Pierre?

Si le verbe est à l’infinitif, l’introducteur interrogatif précède le verbe (cf.

(42)).

(42) Que faire ? Quoi faire ?

Pour s’interroger sur un constituant inanimé, d’autres constructions avec

des formes impersonnelles sont possibles (cf. (43.a,b,c)).

(43)a. Que faut-il ? / Qu’ est-ce qu’il faut ?

b. Qu’ y a-t-il ? / Qu’ est-ce qu’il y a ?

c. Que manque-t-il ? / Qu’ est-ce qu’il manque ?

On dit aussi:

d. Que se passe-t-il? mais Qu’est-ce qui se passe? (Qu’est-ce qu’il

se passe? est moins commun.)

e. Que m’arrive-t-il? mais Qu’est-ce qui m’arrive? (Qu’est-ce

qu’il m’arrive? est moins commun.)

c. Complément prépositionnel :

(44) a. Avec quoi est-ce qu’il l’a ouverte ?

b. Il l’a ouverte avec un couteau.

c. Avec quoi l’a-t-il ouverte?

Lorsque le sujet n’est ni un pronom personnel ni ″on″, il est placé après le

verbe si le temps est simple (cf. (46)), après le participe passé si le temps

est composé (cf. (47)), ou l’inversion complexe (cf. (45)).

(45) Avec quoi Pierre l’a-t-il ouverte ?

(46) Avec quoi l’ouvre Pierre ?

(47) Avec quoi l’a ouverte Pierre ?

Page 20: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

20

Lorsque l’interrogation porte sur la qualité i.e l’identité, le rang, la

mesure... de l’un des constituants de la phrase, les particules interrogatives

employés sont soit les adjectifs quel /quelle / quels / quelles, soit les

pronoms lequel / laquelle / lesquels / lesquelles.

a. Attribut

Si le sujet n’est ni un pronom personnel ni ″on″, celui-ci se place avant le

verbe (cf (48)).

(48) Quel homme est-ce monsieur ? / Lequel est-cet enfant?/

Quelle est ta pointure?

. Sujet

(49)a. Quelle chemise te va le mieux?

b. C’est la rouge qui me va le mieux.

(50)a. Laquelle te va le mieux?

b. C’est la verte qui me va le mieux.

. Complément d’objet direct

Lorsque l’élément sur lequel porte la question est un C.O.D,

l’introducteur interrogatif peut être un pronom interrogatif (cf. (51) et

(52)).

(51)a. Quelle chemise as-tu choisie? / Quelle chemise est-ce que tu

as choisie?

b. J’ai choisi la rouge.

(52) a. Laquelle as-tu choisie? / Laquelle est-ce que tu as choisie?

b. J’ai choisi la verte.

Les contractions des pronoms avec les prépositions à et de

deviennent auquel / auxquels / auxquelles / duquel /desquels / desquelles

(cf (53), (54), (55) et (56)).

(53) Auquel pensais-tu?

Page 21: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

21

(54) Auquel est-ce que tu pensais?

Je pensais à celui-ci.

(55) Duquel te souviens-tu? /

(56) Duquel est-ce que tu te souviens?

Je me souviens de celui-ci.

Lorsque l’interrogation porte sur les modalités de l’action, les

adverbes de temps (cf. (57)), de lieu (cf. (58)), de manière (cf. (59)), de

cause (cf. (60)) ou de quantité (cf. (61)) sont d’usage.

(57) a. Quand pars-tu? / Quand est-ce que tu pars?

b. Je pars demain.

(58) a. Où pars-tu? / Où est-ce que tu pars?

b. Je pars à Paris.

(59) a. Comment pars-tu? / Comment est-ce que tu pars?

b. Je pars en stop.

(60) a. Pourquoi pars-tu? / Pourquoi est-ce que tu pars?

b. Je pars parce que je suis fatigué

(61) a. Combien en as-tu pris? / Combien est-ce que tu en as pris?

b. J’en ai pris deux.

Si le sujet n’est ni un pronom personnel ni ¨on¨, soit on fait

l’inversion complexe (cf. (62 a, b, c, d)), soit on place le sujet après le

verbe si le temps est simple, ou après le participe passé si le temps est

composé (cf. (63 a, b, c, d)).

(62).a. Quand le train part-il ? / b. Comment ta sœur va-t-elle ? /

C .Où le train va-t-il ? / d. Combien ceci a-t-il valu?

(63).a. Quand part le train ? / b. Comment va ta sœur ?

c. Où va le train ? / d. Combien a valu ceci ?

L’inversion complexe devient obligatoire si le verbe est

accompagné d’un complément d’objet direct (cf. (64)), ou si le verbe est

Page 22: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

22

accompagné d’un attribut (cf. (65)) et avec pourquoi (cf. (66)). Mais

l’inversion complexe est en principe impossible si combien compose le

sujet (cf. (67)).

(64) Où Pierre a-t-il caché la bague ?

(65) Quand Pierre est-il devenu avocat ?

(66) Pourquoi Pierre part-il ?

(67) * Combien de clients ont-ils protesté ?

On oppose généralement les interrogations partielles, qui portent

sur un constituant de la phrase, et les interrogations totales qui portent sur

l’ensemble de l’énoncé. Cependant, cette distinction peut être égarante,

car une interrogation comme «es-tu là pour me voir ? » peut sembler

«partielle » dans la mesure où la question porte sur le motif de la venue

lorsque la réponse peut être par exemple «je suis venu récupérer mon

argent ». Elle peut être dite totale quand la réponse est censée être

oui/non. En revanche, la question: « Qui vient ? » permet de parcourir

mentalement l'ensemble des individus susceptibles de venir et exige de

l'allocutaire de sélectionner un parmi tous les possibles.

I. 1. 3 L’interrogation directe et indirecte

J. Dubois estime «qu’il existe en français deux types principaux de

phrases interrogatives »12

: il s’agit des interrogations directe et indirecte.

Les deux phrases qui suivent sont des interrogations directes.

(68) Serais-tu ivre, Seigneur ?

(69) Qui es-tu donc ?

12

Dubois, J., Dubois-Charlier, F., 1970, Eléments de linguistique française, Syntaxe, p. 208.

Page 23: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

23

En outre, la phrase interrogative se définit par deux structures : celle

qui constitue la demande et celle qui constitue la réponse. Dans le cas de

la phrase (68) la réponse serait (oui/non), dans le cas de la phrase (69) la

réponse est un syntagme nominal correspondant à celui qui est formé avec

la forme « qui ». J. Dubois distingue deux catégories pour ces deux types

de phrases : le premier type est un type ″oui/non″ et le second est

l’interrogation ¨que¨.

Les deux phrases (68) et (69) sont des interrogatives directes.

Cependant elles peuvent être enchâssées dans des phrases de base

comprenant le verbe ″demander″:

(68) a. Je demande si tu serais ivre, seigneur ?

(69) b. Je demande qui es-tu donc?

Ainsi, l’interrogation directe peut porter soit sur la totalité de la

phrase, soit sur un constituant particulier. Comme pour l’interrogation

totale, l’interrogation partielle se termine par un point d’interrogation. Elle

est caractérisée par une intonation descendante, avec une note élevée sur

le mot interrogatif placé en tête de la phrase.

Cependant, dans les interrogatives indirectes, la notion

d’interrogation est lexicalisée dans un verbe d’interrogation (demander,

s’enquérir, etc.) ou de recherche d’information (ne pas dire, ne pas

savoir, etc.), qui constitue le support de la principale. L’énoncé sur lequel

porte l’interrogation intervient sous la forme d’une proposition

subordonnée, complément d’objet direct du verbe de la principale. Elle

s’appelle ainsi, parce que la question est formulée dans un style indirect.

Elle est contenue dans une subordonnée qui dépend d’un verbe

Page 24: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

24

introducteur. Cette partie qui contient la question indirecte s’appelle la

proposition subordonnée interrogative. Elle n’admet l’utilisation ni de

«est-ce que », ni de l’inversion du sujet, ni du point d’interrogation, et

peut être aussi bien totale que partielle. Elle est dite totale lorsque la

subordonnée est introduite par la conjonction ″si″ (cf. (70)).

(70). Je me demande si elle reviendra.

Alors qu’elle est partielle lorsqu’elle est introduite par un

déterminant interrogatif (cf. (71.a)), par un pronom interrogatif (cf.

(71.b)) ou par un adverbe interrogatif (cf. (71.c)). L’interrogation indirecte

est, par sa fonction, une complétive même si elle n’est pas introduite par

une conjonction mais par un pronom ou un adverbe interrogatif, elle est

généralement introduite par les mêmes mots que l’interrogation directe.

Des particularités sont pourtant à signaler.

(71).a Je me demande quelle heure il est.

(71) .b Je ne sais pas qui est venu.

(71).c Elle a demandé comment on obtenait une note

supérieure à huit.

Une dégradation rapide de la syntaxe de l’interrogation indirecte

peut être signalée dans la langue contemporaine, comme le signale

F.DELOFFRE : « il y a certainement longtemps que l’on entend dans la

langue populaire des phrases comme : dis-moi est ce que tu veux venir,

dis-moi ce que tu veux. C'est-à-dire que ce type de langage généralise

dans l’interrogation indirecte des outils interrogatifs de l’interrogation

directe13

. »

13

Deloffre, F., 1979, La phrase française, (7° édition), Paris, Cedes, P. 74.

Page 25: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

25

Il peut y avoir une interrogation indirecte incluse dans une

interrogation directe: « Sais-tu si Marie est venue ? ». Certains verbes

introducteurs ont un sens interrogatif (demander, se demander,

s'enquérir), d'autres non (savoir, chercher, regarder...). Dans une phrase

comme « Je sais s'il est là », c'est donc la présence de ″si″ qui permet de

savoir que l'on a affaire à une interrogative et non à une complétive. Dans

l’interrogation indirecte, la forme ″est-ce que″ n’est jamais employée. Si

le sujet est un pronom personnel ou ″on″ ou ″ce″, il n’y a jamais

d’inversion de sujet. Si le sujet n’est pas l’un d’eux, celui-ci se place de

préférence avant le verbe mais il peut aussi, dans certains cas, se placer

après le verbe (cf.(72.a)), celui-ci se place toutefois après le verbe, avec

les interrogatifs qui et quel attributs (cf.(72.b)):

72).a Je me demande où ce train va. / Je me demande où va ce

train.

72).b Je te demande qui est cet homme. / Je te demande quelle est

ta pointure).

M. Grevisse14

remarque que l’interrogation directe introduite par

(ou si) peut faire confusion avec l’interrogation indirecte : « dans des

phrases exprimant l’alternative dans l’interrogation directe, le second

membre prend parfois la forme d’une interrogation indirecte introduite

par (ou si), sans les phénomènes de l’inversion ou de reprise qui

caractérisent l’interrogation directe 15

».

-Etes-vous soufrant, ou si c’est un méchant caprice ? (Musset, chandelier,

III,4.)

Les constructions avec « et si », confondues avec les

interrogations du type : si nous allions nous promener. Ce type de

modulation interrogative se caractérise par l’absence du point

14

Grevisse, M., 1991, Le bon usage, Paris, Duculot, P. 629. 15

Ibid.

Page 26: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

26

d’interrogation dans certains exemples, tel que le postule Grevisse16

exprime une invitation plutôt qu’une interrogation.

(73) Si vous retiriez votre chapeau ? (Gide, caves du Vat.,

I,3)

La proposition conditionnelle interrogative et exprimant une

hypothèse sans expliciter le verbe principal introduite par (si) est

considérée comme une subordonnée interrogative, c'est-à-dire qu’on a

affaire à une interrogation indirecte.

(74) Et s’il mourait pour rien ? (A.Camus, justes,P1, P383)

L’interrogation n’est pas toujours liée à la demande d’information,

elle est dite disjonctives lorsqu’elle énonce une alternative, puisque

l’interlocuteur doit effectuer un choix sur lequel il doit décider (cf. (75)).

Cette disjonction peut être explicitée aussi par ″oui″ ou ″non″ (cf. (76) et

(77)). Une phrase interrogative peut ne pas commencer par un

introducteur d’interrogation ni même par une proposition principale

d’interrogation et coordonnée à une phrase non interrogative (cf. (78)).

(75)- Vous me rendez mon argent ou je m’adresse au tribunal ?

(76)- vous me rendez mon argent, oui ou non ?

(77)- vous prenez une décision oui ou non ?

(78)- Et son parcours millénaire, qui l’a interrompu, sinon

l’arrogance de mon siècle ? (Samarcande).

En revanche, elle est dite fictive lorsqu’elle n’appelle aucune

réponse, elle correspond, quant au contenu de son message, à une

16

Ibid., P. 630.

Page 27: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

27

exclamation ou à une injonction, les exemples (78) et (79) en sont la

parfaite illustration.

(78)-Comment des gens qui placent si haut les vertus de

l’hospitalité peuvent ils se rendre capables de violences contre un visiteur

comme toi ? (Samarcande)

(79)- Allez-vous bientôt vous taire ? Allez-vous payer ?

L’interrogation oratoire est une interrogation fictive puisqu’elle

n’est pas dite afin d’avoir une réponse précise : la réponse contredisant la

question est admise comme évidente. Lorsque l’interrogation partielle est

oratoire, la réponse supposée est négative (non, personne, jamais, etc.) (cf

(80)). L’interrogation délibérative est adressée à soit même au moment où

l’on doit prendre une décision (cf (81)).

(80) .a. Me faudra-t-il attendre d’être vieux pour exprimer ce que je

pense ? (Samarcande)

(81) Pourtant que faire ? (Samarcande,)

Certaines phrases interrogatives commencent par des conjonctions

de coordination sans que celles-ci soient liées effectivement à ce qui la

précède (cf. (82)). Une phrase interrogative peut être insérée dans une

phrase énonciative sans que cette interrogation implique une réponse.

L’élément inséré joue le rôle d’une incidente comme le montre la

ponctuation (cf. (83)). Il se peut que l’interlocuteur utilise une phrase

incidente semblable à une phrase elliptique par laquelle il demande une

information ou un éclaircissement (cf. (84)).

(82)-Et comment s’appelait ce maître, que je puisse au moins

raconter ses bienfaits? ( Samarcande).

Page 28: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

28

(83)-le cœur défaille en présence du nombre des œuvres, que dis-

je ?du nombre des chefs-d’œuvre ? (valéry) .

(84)-Il y a six mois de ça, j’avais cherché à vendre des couverts

d’argenterie…Ah ! Qui venaient d’où ?

( J.Romain, cit. Gougenheim, dans Où en sont les études)

I. 2 Le point d’interrogation et l’intonation interrogative :

La production d’un énoncé est soumise à l’état psychologique et

mental de l’interlocuteur, c’est pourquoi la prosodie de la phrase véhicule

des informations extralinguistiques comme les émotions, l’état du locuteur

ou la nature de la phrase (affirmative, interrogative ou exclamative). Une

phrase interrogative est marquée à l’écrit par la présence d’un point

d’interrogation et par une intonation montante à l’oral.

Le point d’interrogation peut être dans certains cas le seul indice

qui permet de savoir que l’énoncé est une question (cf. (85)).

(85) Ma façon de prier. Ma façon de prier ? « Samarcande »

Pour renforcer l’interrogation, le point d’interrogation peut être

répété (cf. (86)) ou combiné avec le point d’exclamation (cf. (87) et (88)).

Dans le dialogue, le point d’interrogation peut être inséré dans une phrase

non interrogative pour exprimer une interrogation explicitée par la

physionomie du locuteur durant un silence qui coupe son discours (cf.

(89). Dans une phrase énonciative, le point d’interrogation peut paraître à

la fin des mots exprimant un doute, comme : peut être, je crois, je

suppose, sans doute, etc. (cf. (90)).

(86)- Quelqu’un peut-il m’aider???

Page 29: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

29

(87)- Qu’est-ce que vous me dites là?!

(88)- comment ?!

(89)-En tout cas, c’est un esprit bien placé. /-- ?../ - bien placé

dans le monde des esprits. (Colette Sido, L.P., P53)

(90)-peut être qu’il a sommeil ?

Souvent l’exclamation utilise les mêmes moyens que

l’interrogation, ce qui explique la présence d’un point d’interrogation à la

fin d’une phrase exclamative avec une nuance interrogative comme le

montre l’exemple (91):

(91)- Quelle drôle de chose ?

Quand les phrases interrogatives sont multiples et sont coordonnées

par des conjonctions de coordination le point d’interrogation est mis à la

fin de chaque phrase, et lorsque les phrases interrogatives se succèdent

sans coordonnant celui-ci est mis à la fin de l’énoncé.

Le point d’interrogation est omis quand la phrase interrogative est une

sous phrase, (citation – discours direct), surtout quand la sous phrase

nécessite elle-même un point d’exclamation ou deux points (cf. (92)). De

même l’omission du point interrogatif vient après des locutions qui

perdent leur valeur interrogative, surtout après : à bouche que veux-tu, le

qu’on dira-t-on, le qui-vive (cf. (93)). Dans certains cas, le point

d’interrogation est omis après des interrogations fictives quand celles-ci

expriment une hypothèse, une éventualité, ou dans l’expression figée (cf.

(94)). Il est omis aussi quand l’interrogation fictive équivaut à une phrase

exclamative (cf. (95)) ou à une phrase injonctive, surtout lorsque la phrase

est terminée par un point d’exclamation, lorsque la phrase est énonciative,

et aussi quand l’interrogation est délibérative, à laquelle l’auteur répond

lui-même (cf. (96)).

Page 30: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

30

(92) Qui sait, peut être n’y a-t-il qu’une amante, cette nuit à

Samarcande, peut être n’y a-t-il qu’un amant.

(93) Ils s’embrassèrent à bouche que veux-tu. (Montherlant,

Pitié pour les femmes, p.79)17

(94) en-veux-tu, en voilà.

(95) Or quoi de pire au monde que de perdre son père.

(Sartre, Idiot de la famille, t. p. 234).

(96)-Me laisser prendre et fouetter, jamais de la vie! (H. Bazin,

vipère au poing, XVIII ).

Pour marquer l’interrogation lorsque la phrase est longue, la montée

se produit sur la partie proprement interrogative (cf. (97)).

(97)-qu’il faudrait attendre huit siècles avant que le monde ne

découvre la sublime poésie d’Omar Khayyam, avant que ses Robaiyat ne

soient vénérés comme l’une des œuvres les plus originales de tous les

temps avant que ne soit enfin connu l’étrange destin du manuscrit de

Samarcande ? (Samarcande)

Lorsqu’il y a d’autres marques qui explicitent l’interrogation,

comme dans l’interrogation partielle : (inversion, reprise du sujet,

morphème interrogatif), l’intonation n’est pas nécessairement montante.

La note est marquée sur le mot interrogatif, et elle est plus haute que sur le

début de l’énoncé déclaratif (cf. (98) et (99)).

(98)- Le cadi savait-il par ce geste, par ces paroles, il donnait

naissance à l’un des secrets les mieux tenus de l’histoire des lettres

? « Samarcande »

(99)- Où se trouve cet hôte si généreux, que je puisse lui adresser mes

remerciements ? « Samarcande »

17

Grevisse, M., 1991, Le bon usage, Paris, Duculot, p.163.

Page 31: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

31

I. 3 Les introducteurs interrogatifs L’interrogation peut être directe ou indirecte. Chacune est introduite

par des introducteurs interrogatifs propres. Ainsi, l’interrogation directe

est introduite par un déterminant, un pronom ou un adverbe interrogatif.

I. 3. 1. Les déterminants interrogatifs : Les déterminants interrogatifs sont : quel, quels, quelle et quelles. Ils

indiquent que la question porte sur l’identité ou la nature d’un être animé

(cf. (100)) ou inanimé (cf. (101)). Toutefois, il ne peut être ni précédé ni

suivi d’un article ou d’un déterminant démonstratif ou possessif comme

l’illustrent les exemples qui suivent. L’adjectif interrogatif quel peut

s’employer aussi comme attribut. Dans ce cas, il ne joue son rôle de

déterminant que par rapport à un nom qui n’est pas exprimé (cf. (102) et

(103)).

(100)-Quelle personne demandez-vous ?

(101)-Quel est votre médecin traitant ?

(102)-Quelles sont ses intensions ?

(103)-Quelles intensions sont ses intensions ?

On ne peut parler des déterminants interrogatifs sans évoquer les

déterminants exclamatifs et les déterminants relatifs, qui ont les mêmes

formes. Le déterminant exclamatif s’emploie dans les phrases

exclamatives qui expriment la surprise, l’admiration ou l’indignation, et

porte sur le thème indiqué par le groupe du nom. La distinction entre les

adjectifs exclamatifs et les adjectifs interrogatifs se fait au niveau de

Page 32: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

32

l’écrit par la marque de ponctuation qui termine la phrase (point

d’interrogation ou point d’exclamation), et par l’intonation interrogative

ou exclamative qui détermine la nature de l’adjectif et de la phrase avec,

au niveau oral (cf. (104)).

(104)-Quel que soit son jeu, je le gagnerai.

I. 3. 2 Les pronoms interrogatifs. Un pronom remplace le plus souvent un nom ou un groupe nominal,

mais il peut aussi se substituer à un adjectif ou à une proposition entière.

Le fait qu’il puisse remplacer autre chose qu’un nom explique que l’on

utilise parfois le terme de « substitut » au lieu de terme « pronom ». Les

pronoms interrogatifs permettent de questionner sur l’identité (cf. (105))

ou l’action d’un être ou d’un objet (cf. (106)).

(105) -De qui parle-t-on ?

(106) -De quoi s’agit-il ?

Le pronom interrogatif joue le rôle d’anticipant puisqu’il remplace

un nom qui sera exprimé dans la réponse et se situe toujours en tête de la

phrase interrogative, même quand le groupe de nom qu’il remplace

devrait occuper une autre place comme le montre l’exemple suivant.

(107) a. Qui appelez-vous ?

b. J’appelle Jean.

Les pronoms interrogatifs peuvent être simples ou composés,

comme ils peuvent être suivi de l élément est-ce que (interrogatif

complément) (cf. (108)).

(108) Qui est ce qui est venu ?

Les formes simples des pronoms interrogatifs sont ″qui″,″que″ et

″quoi″ : « qui » s’emploie pour différentes fonctions grammaticales avec

ou sans préposition comme substitut d’un groupe de noms désignant un

humain. Ainsi, les formes composées de l’article définit et de l’adjectif

Page 33: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

33

interrogatif ″lequel″, ″laquelle″, ″lesquels″, ″lesquelles″, combinées avec

les prépositions ″à″ et ″de″ deviennent : auquel, à laquelle, duquel, de

laquelle, auxquels, desquels, etc.

De même, les formes des pronoms interrogatifs peuvent être suivis de

l’élément est-ce que (interrogatif sujet) ou est-ce que (interrogatif

complément). Ainsi, dans l’interrogation indirecte les formes du pronom

interrogatif sont les mêmes que dans l’interrogation directe, sauf que les

formes complexes des pronoms interrogatifs ne doivent pas être

employés, où ″qu’est-ce qui″ et ″qu’est-ce que″ auxquelles les formes ″ce

qui″ et ″ce que″ doivent être substituées respectivement18

. (cf. (109) et

(110)).

(109) a. Qu’est ce qui se passe ?

–b. J’ignore ce qui se passe.

(110) a. Que fais-tu ?

–b. Dis-moi ce que tu fais.

I. 3. 3 Les adverbes interrogatifs Nous pouvons distinguer cinq adverbes interrogatifs qui

expriment le lieu (cf. (111)), la cause (112), le temps (113) et la manière

(114):

(111) Le lieu : Où est-il allé ?

(112) La cause : Pourquoi la vie nous réserve souvent des

surprises?

(113) Le temps : quand est-il parti ?

(114) La manière : comment avez-vous joué ?

18

Grevisse, M., 1993, Le Bon Usage, Paris, Duculot, P. 1390. § 940.

Page 34: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

34

I. 4 La transformation interrogative Toute phrase interrogative est en principe une phrase déclarative, la

transformation interrogative est l’ensemble des modifications apportées à

la phrase déclarative pour qu’elle acquièrt la forme interrogative. Notons

qu’une phrase déclarative peut avoir cette portée interrogative grâce à

l’intonation particulière qui marque la fin de l’énoncé dans le cas de

l’interrogation totale comme le montre la différence entre les énoncés

(115. a et b).

(115).a. Ma façon de prier.

b. Ma façon de prier ?

L’interrogation totale ou partielle peut être marquée par l’insertion

d’un pronom après le verbe ou l’auxiliaire qui correspond au nombre et au

genre du sujet (cf. (116)), si le sujet est un pronom personnel, ce dernier

disparaît, ce qui équivaut à une inversion de sujet (cf. (117)), et si le verbe

se termine par un ¨d¨, il est prononcé un /t/ (cf. (118)). Ce type

d’interrogation appartient surtout à la langue soutenue.

(116) Ces arbres donnent-ils beaucoup de fruits ?

(117) Il vient ? – *Il vient-il ? – Vient-il ?

(118) a. Qu’entend-il par ceci ?

b. /kãtãtil par səsi/ ?

La construction (Inter+v+sujet) n’est pas admise avec l’interrogatif

pourquoi comme le montre l’exemple suivant, la phrase (119) n’est pas

acceptable.

(119) * Pourquoi sont partis les enfants ?

(120) Pourquoi sont-ils partis les enfants?

Page 35: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

35

L’interrogation totale marquée en tête par l’emploi de la formule

invariable ¨est-ce que¨ exclue l’emploi du pronom personnel après le

verbe, la phrase (122) est inacceptable.

(121) Est-ce qu’il ira demain ?

(122) * Est-ce qu’il ira-t-il demain ?

Selon J. Dubois19

, il n’existe en français que deux types de phrases

interrogatives i.e. directe et indirecte. La première (interrogation directe)

est explicitée par l’intonation ascendante, par l’inversion de sujet, par le

point d’interrogation ou par l’introducteur interrogatif. Elle implique en

structure profonde comme en structure de surface une seule phrase de

base qui peut être enchâssée dans une phrase de base comprenant un verbe

de type ″demander″ et qui devient une complétive (cf. (124), ce qui rend

cette phrase une interrogative+complétive. Comme le montrent les

exemples suivants :

(123) Qui viendra ?

(124) Je demande qui viendra.

La phrase interrogative directe correspond à la formule comme

c’est le cas de l’exemple (123) :

- Inter+P (Interrogation + Noyau)

La règle de réécriture du constituant interrogatif est la suivante :

a- (SN inter)+ INTON inter -(première formule)

Inter→↑↓

b- (SN inter)+ SN que + (INTO inter) -(deuxième formule)

Les deux formules (a) et (b) correspondent aux deux structures

interrogatives totale ; interrogation (oui/non) ou partielle ; interrogation

(que).

19

Dubois, J. et Dubois-Charlier, F., 1970, Eléments de linguistique française, syntaxe, Paris, Larousse,

P. 208- 210.

Page 36: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

36

Suivant J. Dubois et F. Dubois-Charlier, le choix se fait entre les deux

formules suivantes :

« 1. Le constituant interrogatif peut être fait d’un SN inter (abréviation de

syntagme nominal interrogatif) et d’un Inton inter (abréviation de

intonation interrogative). Ces deux formules sont l’un obligatoire (Inton

inter), l’autre facultatif (SN inter).

2. le constituant interrogatif peut être fait d’un SN que (syntagme nominal

avec démonstratif que) constituant obligatoire et de deux constituants

facultatifs qui sont ceux de la première formulation : SN inter (syntagme

nominal interrogatif) et Inton inter (intonation interrogative20

). »

I. 5 L’interprétation sémantique de l’interrogation L’interrogation n’est pas toujours liée à la demande d’information,

elle peut avoir d’autres fins et valeurs qui lui sont attribuées par

inférence. La question est soumise à un certain nombre de conditions tant

sémantiques que pragmatiques où les verbes énonciatifs ont un rôle dans

l’orientation des questions vers des interprétations qui leur confèrent des

valeurs indirectes qui sont soit des assertions soit des mandes21

.

Sémantiquement, la question est liée à : ¨En est-il ainsi ?¨ Et

qu’elle a une valeur suspensive. Le couple question/réponse est lié à des

situations particulières et codifiées telles que l’interview, l’enquête

sociologique, le discours pédagogique, l’interrogatoire, l’instruction

judicaire, etc. Ainsi, l’acte de questionner est réalisé dans différentes

situations pragmatiques de communication, il est soumis à différentes

conditions qui en assurent le fonctionnement. Sans oublier la présence de

20

Ibid 21

Le mande est u n énoncé directif à valeur illocutoire de prescription, lié à la désirabilité ; qu’il en soit

ainsi. « la notion de prescription est entendu, ici, dans le sens général de faire faire quelque chose à

quelqu’un »

Taifi, M., 2000, Sémantique linguistique : référence, prédication et modalité, publication de la faculté

des Lettres et des Sciences Humaines, Fes, SFR, P. 189.

Page 37: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

37

deux interlocuteurs qui fondent la situation de communication qui est

évidente.

I. 5. 1. Les conditions sémantiques pour le fonctionnement de la question

Pour obtenir une information, il faut satisfaire différentes

conditions. En effet, le locuteur doit dans un premier temps être animé du

désir d’obtenir une information pour mettre fin à son état d’incertitude ou

de doute. Et pour que l’acte de questionner soit pertinent, il doit satisfaire

une deuxième condition : il s’agit de sa présomption sur le savoir de

l’énonciataire. En fait, l’énonciateur ne peut demander une information

que s’il a une prémonition, une intuition ou tout autre état psychologique

qui lui permet de présupposer que l’énonciataire peut fournir

l’information demandée.

La troisième condition consiste en ce que l’énonciataire est capable

et apte à fournir l’information. Or, dans certains cas, l’allocutaire peut ne

pas fournir l’information même s’il en dispose.

La quatrième condition concerne la modalité de la question elle-

même. La question doit être considérée comme une simple tentative

d’obtenir une information et non pas une cause produisant

automatiquement la réponse attendue. On s'accorde en général à percevoir

une différence sémantique entre « Tu pars ? », « Pars-tu ? » et « Est-ce

que tu pars ? ». En effet, « Tu pars ? », s'emploie plutôt pour un

allocutaire qui semble agir en vue d'un départ, en revanche, « Est-ce que

tu pars ? » ou « Pars-tu ? » préjugent moins de la réponse, laissent

ouverte l'alternative. L'inversion du clitique sujet n'est nullement réservée

à l'interrogation, on la trouve dans les incises, les hypothétiques, etc. Il

Page 38: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

38

semble qu'elle permet de suspendre l'assertion, ce qui est requis dans

l'interrogation.22

Les interrogations partielles sont riches en présupposés, qui

contribuent à enfermer l'allocutaire, à contraindre sa réponse; demander «

Qui vient ? » ou «Pourquoi est-il en retard ? », c'est présupposer que

quelqu'un est venu ou qu'il est en retard. Il arrive qu'un même énoncé

supporte plus d'une interrogation partielle à la fois: « Qui est venu quand ?

», « Qui a parlé à qui ? » Cette possibilité qu'a l'interrogation de porter

sur l'ensemble de la phrase ou sur un seul constituant se retrouve dans la

négation qui, elle aussi peut être partielle: «Je n'ai vu personne » ou

totale: « Je n'ai pas vu Paul. »23

I. 5. 2 Les valeurs illocutoires relatives à l’interrogation La question peut être liée à des fins pragmatiques et être investie

pour d’autres valeurs illocutoires outre la demande de l’information. La

question peut être utilisée pour instaurer une communication et accéder à

autrui, pour éviter des regards, pour agir sur autrui (le séduire, le charmer,

le compromettre, le blesser, etc.). Dans telles situations, le locuteur

n’attend pas de réponses de la part de l’énonciataire et ce dernier n’est

pas censé en fournir. Dans ce sens, la question revêt une fonction phatique

qui en fait des moyens pragmatiques résidant dans les interactions

verbales entres les interlocuteurs.

Les valeurs illocutoires de la question sont multiples.

L’interrogation peut être une question de confirmation et d’assentiment.

Elle est utilisée pour faire sortir le locuteur de son état d’incertitude ou de

doute. La question d’examen fait un meilleur exemple, elle est utilisée

22

Maingueneau, D., 2001, Précis de grammaire pour les concours, (troisième édition), Paris, Nathan. 23

Ibid.

Page 39: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

39

pour évaluer les connaissances de l’étudiant et non pas pour recevoir une

réponse recherchée.

L’assertion peut revêtir l’habit de l’interrogation. Elle est liée à la

description d’un état de chose. La question à valeur assertive peut être une

constatation d’un état de chose partagé entre le questionneur et le

questionné ;(il fait beau, n’est-ce pas ?), et peut être aussi une véritable

question rhétorique qui est soumise à un ensemble de contraintes tant

grammaticales que lexicales, comme le montre l’exemple suivant.

(125) a. Ce n’est pas toi qui a fais ce travail ?

b. Non, ce n’est pas moi qui ai fait ce travail ?

La question peut être utilisée pour une fin qui est liée à la réaction

du questionné, c'est-à-dire pour effectuer des actes directifs, c’est une

valeur illocutoire de mande. Les verbes ″pouvoir″ et ″vouloir″ sont des

verbes modaux souvent utilisés dans la question à interprétation de

mande. Ils sont souvent utilisés dans des structures interrogatives de type :

vouloir /pouvoir+sujet+P ? et qui sont susceptibles d’une lecture par

inférence. On ne peut imaginer une situation où le locuteur demande à un

passager : pouvez-vous m’indiquer le chemin de la municipalité ? où

celui-ci se contente de lui répondre : oui je peux. De même pour une

situation où un locuteur demande qu’on lui passe un stylo : voulez-vous

me passez le stylo ? et le questionné se contente de lui répondre par oui

sans aucune exécution d’action, (ici celle de lui passer un stylo). La

situation serait plutôt drôle. La question rhétorique avec les verbes vouloir

et pouvoir ne déclenchent pas des réponses mais des comportements. Face

à la question voulez-vous P et pouvez-vous P, l’énonciataire est censé

exécuter le contenu de P24

.

24

Taifi, M., 2000, Sémantique linguistique, Références, prédication et modalité, Fes, SFR.

Page 40: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

40

I. 5. 3. Différentes interprétations de l’adverbe

interrogatif « comment »

Il est connu que l'adverbe d’interrogation "comment" est utilisé pour

s'interroger sur la manière dont s'est produit un fait. H. Korzen25

a

soulevé le cas de l'usage de "comment" pour s'interroger sur la cause,

prenant alors le sens de "comment se fait-il que", comme l'illustrent les

exemples suivants, où la réponse consiste en une proposition causale

introduite par ¨parce que¨.

(126) a. Comment savais- tu qu’elle était justement ce soir là?

b. Parce que je l'avais suivie (Simenon, indicateur, P 156)

(127) a. Comment le savez-vous?

b. parce qu'elle me l'a dit. (Simenon, Maigret se trompe, P 12-13)

Parfois l'usage de "comment" peut mener à une ambigüité

d'interprétation : s'agit-il d'une interrogation qui porte sur la cause ou sur

la manière ? Les exemples empruntés à B. De Cornulier26

en sont la

parfaite illustration.

(128) a. Comment Jean a –t-il survécu? (manière)

b. En buvant du lait.

(129) a. Comment a survécu Jean? (manière)

b. En buvant du lait.

(130) a. Comment Jean a –t-il survécu? (cause)

b. C'est qu'il est résistant.

Dans l’exemple (128) et (129), l'interrogation porte sur la manière, en

(130) la réponse correspond à une interrogation de cause. Nous avons la

25

Korzen, H., 1985, Pourquoi et l'inversion finale en français ?, Museum Tusculanum, presse

universitaire de Copenhagen.

26 CORNULIER de B., 1974, « Pourquoi et l’inversion du sujet non clitique », in ROHRER C. et

RUWET N. (éds), Actes du colloque franco-allemand I. Etudes de syntaxe, Tübingen, Niemeyer. P.

139-163.

Page 41: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

41

même phrase interrogative introduite par "comment" mais avec différentes

interprétations : une de manière et une autre de cause. Dans ce cas là, c'est

le contexte qui peut déterminer la finalité de l'introducteur "comment".

J.C.L. Anscombre et O.Ducrot abordent une autre finalité de l'adverbe

"comment" : celle de la contestation. Lorsque le locuteur répond à un

énoncé par une interrogation où il manifeste une attitude de surprise,

d'indignation ou une innocence disculpante. C.Olivier (1985) considère

que c'est à partir d'un usage particulier de la manifestation de la surprise,

qu'on réalise la contestation à l'aide de "comment"27

.

(131) a. …Mme, Mille francs divisé en quatre titres de douze mille

cinq cent chacun dont j’avais l’usufruit et les quatre enfants la

nue propriété.

b. Comment les quatre enfants ? j'ai cinq enfants, nom d'une pipe!

(G.Duhamel, Gecile parmi nous, 174)

La question explicitement exprimée serait:

c. comment pouvez-vous dire que j'ai quatre enfants alors que j'en

ai cinq? (Qui se trouve derrière l'énoncé "comment+P)? entrainé

dans la stratégie de la contestation28

.

L’interrogation avec « comment » est aussi utilisée pour porter sur l’état

(cf (132)), pour exprimer l’ironie (cf (133)) ou pour expliquer un fait (cf

(134)).

(132) comment vas-tu ?

(133) comment tu as pu gaspiller tous ces cinq Euros ?

(134) comment veux-tu que je viens à temps avec tout cet

embouteillage?

27

Anscombre, J.C. et Ducrot, O., 1981, « Interrogation et argumentation », in Langue française, n°42,

pp. 5-22. 28

Olivier, C., 1985, « L’art et la manière: comment dans les stratégies discursives » in Langages.

Université de Toulouse-le-Mirail.

Page 42: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

42

Conclusion du chapitre

L’interrogation dans la langue française est de deux types : une

interrogation directe et une interrogation indirecte. Lorsque l’interrogation

admet une réponse positive ou négative, elle est dite totale, par contre, si

elle porte sur un élément précis de l’énoncé interrogatif, elle est dite

partielle. L’interrogation est modalisée par des verbes de modalité à savoir

les verbes « pouvoir et vouloir » qui assignent à la phrase interrogative

une valeur illocutoire de prescription par inférence. Les interrogations

avec l’adverbe d’interrogation « comment » acquièrent différents

interprétations, où la question peut porter alors sur la manière, la cause, la

contestation, l’ironie ou l’explication.

II. L’INTERROGATION EN LANGUE ARABE

Introduction

Chaque langue utilise des morphèmes et des structures

interrogatives spécifiques, et l’interprétation de la question dépend du

statut social et culturel des interlocuteurs. Ainsi, l’interrogation diffère

quant à son interprétation et son but suivant la situation de

communication. En effet, l’interrogation dans la langue arabe a des

propriétés qui la différencient de celle de la langue française.

La langue arabe, comme la langue française, dispose de deux types

d’interrogations : une interrogation directe et une autre indirecte. Cette

dernière ne se termine pas par un point d’interrogation et présente des

propriétés différentes de celles attestées dans la langue française.

L’interrogation en arabe est totale ou partielle selon sa portée, et selon sa

valeur, elle peut être comme c’est le cas pour la langue française de type :

rhétorique, demande d’information, ordre déguisé, etc.

Page 43: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

43

Les grammairiens traditionnels comme Zamakhchari et autres, ont

classé les interrogations en une classe dite "ʔistifhām taṣawwori" et une

autre dite "ʔistifhām taṣdīqī"29

.

La modalité interrogative en arabe présente des particularités non

seulement au niveau des procédés de l’interrogation, à savoir l’intonation,

les morphèmes interrogatifs et la structure phrastique, mais aussi au

niveau des buts et parfois même au niveau de la manière d’être. C'est-à-

dire que le morphème interrogatif peut être utilisé pour différentes fins

selon ses variantes : un seul élément interrogatif, affixé à de nouveaux

morphèmes, peut changer de fonction ou de rôle sémantique, comme le

cas du pronom interrogatif "mādā", qui avec l’adjonction des morphèmes

prépositionnels "bi", "fi", "ʔila" et " εalā" devient successivement

"bimādā","fi mādā","ʔilā mādā" et "εalā mādā" avec des changement de

la valeur sémantique de celui-ci..

II. 1 Les types d’interrogations en langue arabe

II. 1. 1 L’interrogation directe et indirecte

La langue arabe dispose de deux types d’interrogations : la première

est directe et se termine par un point d’interrogation (cf. (1)), la seconde

est dite indirecte et se termine par un point : c’est une interrogative dont le

verbe introducteur est à sémantisme interrogatif (cf. (2)). L’interrogation

en arabe se définit en général par deux structures : celle qui constitue la

demande c'est-à-dire l’élément interrogatif qui apparaît à l’initial de la

phrase "ḥarf ʔistifhām" ou " ʔism istifhām"30

, et celle qui constitue la

réponse.

1) ʔalā tarā ʔannahu ġaribun ? 29

Fassi Fihri, A., 1982, Linguistique arabe : forme et interprétation, Publication de la faculté des

lettres et des sciences humaines de rabat, Thèses et mémoires N° 9.

30

Fassi Fihri, A., 1982, Linguistique arabe : forme et interprétation, Publication de la faculté des lettres

et des sciences humaines de rabat, Thèses et mémoires N° 9.

Page 44: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

44

-Ne vois-tu pas qu’il est étranger ?

2) ʔatasāʔalu in kunta tarā ʔannahu ġaribun.

-Je me demande si tu vois qu’il est étranger.

L’interrogation (1) est une interrogation directe. Cependant, elle

peut être enchâssée dans une autre phrase comportant le verbe "tasāʔala"

pour devenir une interrogation indirecte (cf. (2)). Le verbe "tasāʔala" peut

être préfixé par la marque morphologique portant les traits du genre et du

nombre du sujet dans l’aspect inaccompli [ʔa :je], [ta :tu, vous], [ya :il,

elle, elles] et[na :nous]. Cette adjonction influe sur la désinence casuelle

de ce verbe. Dans le cas du masculin singulier présent (anā : je) et (anta:

tu), le masculin et le féminin singuliers absents, (huwa :il, hiyya :elle), et

dans la cas du masculin et féminin pluriels présents (naḥnu :nous), la

désinence est "u" le verbe devient dans le dernier cas par exemple "na-

tasāal-u". Dans le cas du féminin singulier (anti :tu) la désinence est " ina

" (ta- tasāʔal-īna), dans le cas du masculin pluriel présent (antum :vous) et

le masculin pluriel absents (hum :ils) la désinence est " ūna ", dans le

pluriel féminin présent (ʔantunna :vous) et du féminin pluriel absent

(hunna :elles) la désinence est "na".

La particularité de la langue arabe réside dans la présence d’un

pronom personnel masculin ou féminin, qui n’est ni singulier ni pluriel, il

s’agit du "mutannā" « duel » ”ʔantumā” et ”humā” où la désinence

casuelle est "āni". Le tableau suivant illustre ses combinaisons de l’aspect

inaccompli:

sujet Marque

morphologique

verbe Désinence

casuelle

ʔana :je ʔa tasāʔal u

Page 45: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

45

ʔanta :tu

ʔanti :tu

ʔantumā :vous (2

personnes, masculin )

ʔantumā :vous (2

personnes, féminin)

ʔantum :vous

ʔantunna :vous

naḥnu :nous

huwa :il

hiyya :elle

humā : ils (2

personnes, masculin)

humā : elles (2

personnes, féminin)

hum :ils

hunna :elles

ta

ta

ta

ta

ta

ta

na

ya

ta

ya

ya

ya

ya

ya

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal /

yasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

u

ina

āni

āni

ūna

na

u

u

u

āni

āni

āni

ūna

na

Avec l’aspect accompli, seule la désinence casuelle change selon

les pronoms personnels ; le tableau suivant es est l’illustration :

sujet verbe Marque morphologique

du sujet + Désinence

casuelle

Page 46: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

46

ʔana :je

ʔanta :tu

ʔanti :tu

antumā :vous (2

personnes, masculin )

antumā :vous (2

personnes, féminin)

ʔantum :vous

ʔantunna :vous

naḥno :nous

huwa :il

hia :elle

humā : ils (2 personnes,

masculin)

humā : elles (2

personnes, féminin)

hum :ils

hunna :elles

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tasāʔal

tu

ta

ti

tumā

tumā

tum

tunna

a

at

ā

atā

ū

na

L’interrogation indirecte est introduite par un verbe comme (saʔala

ou tasāʔala ((cf. 2) et (3)).

3) ʔuridu ʔan ʔaεrifa ʔin kunta tarā ʔannahu ġarībun.

-Je veux savoir si tu penses qu’il est étranger.

La transformation de l’interrogation directe en une interrogation

indirecte a ses propres particularités. En outre, si l’enchâssement de la

proposition principale dans la proposition subordonnée se fait en français

Page 47: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

47

par le biais de la conjonction "si". Cette même transformation s’effectue

en arabe au moyen des conjonctions suivantes : "ʔidā, mā-ʔidā, hal, ʔinn "

(cf. (5) et (6)).

4) ʔatasāʔalu ʔida kunta satusāfiru.

5) ʔatasāʔalu mā-ʔidā kunta satusāfiru.

6) ʔatasāʔalu hal satusāfiru.

-Je me demande si tu voyageras.

Le passage de l’interrogation directe à l’interrogation indirecte en

arabe, ne diffère pas de celle de la langue française. Le transfert se fait

avec la conservation de l’outil interrogatif de l’interrogation directe dans

la plus part des cas (cf. (8)).

7) man žāʔa ?

-qui est venu ?

8) atasāʔalu man žāʔa .

-je me demande qui est venu.

II. 1. 2 L’interrogation totale et partielle Selon la portée de l’interrogation, la question est liée à une

affirmation ou à une infirmation du contenu de l’énoncé. Dans ce cas, elle

est dite interrogation totale, et elle est introduite par l’élément interrogatif

dit "ḥarf ʔistifham", à savoir ("hal" et "ʔa" :est-ce que) (cf. 10 et 11). Les

deux éléments interrogatifs ont la même signification. La réponse

attendue est oui ou non.

10)a) hal ʔatā ʔaḥmadu ?

-Est-ce que Ahmed est venu ?

11)a) ʔa daxala ʔaḥmadu ?

-Est-ce qu’Ahmed est entré ?

Page 48: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

48

L’interrogation totale peut être indirecte et introduite par un verbe à

sémantisme interrogatif comme "tasāʔala" ou une proposition

interrogative comme "ʔuridu ʔan ʔaεrifa", comme le montrent les

exemples (10.b) et (11.b):

10. b) ʔuridu ʔan ʔaεrifa hal ʔatā ʔaḥmadu.

- Je veux savoir si Ahmed est venu.

11. b) ʔatasāʔalu ʔa daxala ʔaḥmadu.

- Je me demande si Ahmed est entré.

L’interrogation partielle est introduite par un pronom interrogatif dit

"ʔism istifhām", comme (mā :quoi, man :qui, kayfa : comment, ʔayna :

où.). Elle peut être, à l’instar de l’interrogation totale, directe ou indirecte.

Dans le cas de l’interrogation partielle directe, le pronom interrogatif est à

l’initiale de la phrase interrogative. Dans le cas de l’interrogation indirecte

totale, le pronom interrogatif est remplacé par une conjonction de

subordination qui introduit l’enchâssée, comme le montrent les exemples

suivants :

12)a) ʔayna dahabta ?

- où est ce que tu es parti ?

12)b) ʔatasāʔalu ʔayna dahabta .

- je me demande où tu es parti.

II. 1. 3 L’interrogation selon l’élément interrogatif Les éléments interrogatifs sont dits, selon Zamakhschari

31, ″ des

particules interrogatives″ et sont divisés en deux classes. Les

grammairiens traditionnels distinguent plusieurs autres classes de

particules. En effet, « On entend par particule un mot qui indique un sens

qui est renfermé dans d’autres mots. Il y a plusieurs espèces de particules,

31

De Sacy, S., 1829, Anthologie grammaticale arabe, Imprimerie royale, Paris. P. 240.

Page 49: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

49

à savoir, particules d’annexion, particules assimilées au verbe, particules

conjonctives, particules négatives,…particules interrogatives, au nombre

de deux… » 32

.

Certains linguistes, comme Blashère33

, parlent de deux types de

particules interrogatives à savoir: les pronominaux et les adverbiaux. Ces

outils interrogatifs sont soit des [ḥuruf ʔistifhām], soit [ʔasmaʔ ʔistifhām] :

a- La classe des interrogatives introduites par des particules

interrogatives telles que ("hal" ou "ʔa" : est-ce que) et qui sont dits

des complémenteurs (mawṣulāt)34

.

b- La classe des interrogatives introduites par un pronom interrogatif,

(mā :quoi, man :qui, kayfa : comment, ʔayna : où.)

Cependant, la distinction morphologique correspondant aux

éléments interrogatifs ne correspond ni à la distinction entre les

interrogations (oui/non), où le questionné est sensé répondre négativement

ou affirmativement, ni aux questions dites de constituants qui ne portent

que sur la valeur attribuée à l’élément en question. Le premier type

d’interrogation introduite par "ḥarf ʔistifhām" est appelée " ʔistifham

tasdiqi", alors que le second type introduit par "ʔism istifhām" est dit "

ʔistifham taṣawwuri"35

, il s’agit toujours d’une interrogation partielle (cf.

12.a et b)), alors qu’il est question soit d’une interrogation totale ou

partielle dans le second cas (cf .(13.a et b)).

13)a) ʔa sāfarta lyawma ? - as-tu voyagé aujourd’hui?

13)b)ʔa ʔanta sāfarta lyawma ? - C’est toi qui a voyagé aujourd’hui?

32

Ibid 33

Blashère, R., 1975, Grammaire de l’arabe classique, 4 ème édition, Maisonneuve et Larose, Paris. 34

Fassi Fihri, A., 1982, Linguistique arabe : forme et interprétation. Publication de la faculté des lettres

et des sciences humaines de rabat, Thèses et mémoires N° 9. 35

Ibid

Page 50: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

50

L’interrogation en (13 .a) porte sur la vérité de la phrase entière.

Cependant (13.b) ne met en jeu que la valeur du constituant topique

(sujet) :(est-ce bien toi (ʔanta) ?).

ḥarf ʔistifhām (ʔa , hal) = ʔistifham tasdiqi

ʔism istifhām (ayna, kayfa, matā, kam,etc.) = ʔistifham taṣawwuri

II.2 La distribution des pronoms interrogatifs dans les phrases échos Dans la phrase interrogative, le pronom interrogatif occupe une

position préverbale externe36

. Il peut être un NP sujet (cf. (14)), un

complément d’objet (cf. (15)) ou un PP (cf. (16)). « Si l’interrogation doit

occuper le commencement de la phrase, c’est par la seule raison que

l’interrogation indique une forme déterminée entre les diverses formes

dont le discours est susceptible : or tout mot qui remplit cette fonction,

doit être placé en tête de la phrase. »37

. (Sylvester De Sacy :1829).

14) man dahaba lʔāna? - Qui est parti maintenant?

15) mādā tafεalu ? - Que fais-tu ?

16) ʔayna dahabta ? -Où es-tu part ?

Cependant, la position du pronom interrogatif peut être une position

interne comme c’est le cas des questions dites "échos". Dans ces

questions, dites aussi multiples, un seul constituant est déplacé vers

l’initiale de la phrase, et les autres occupent des positions internes (cf.

(17)).

17) man qāla mādā wa liman?

- Qui a dit quoi et à qui?

Dans l’interrogation indirecte, simple ou multiple, l’élément ou les

éléments interrogatifs sont toujours à l’intérieur de la phrase. Le premier

36

Ibid 37

De Sacy, S., 1829, Anthologie grammaticale arabe, imprimerie royale, Paris. P. 260.

Page 51: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

51

élément interrogatif joue le rôle de coordonateur entre la principale et la

subordonnée interrogative.

18. a) ʔatasāʔalu man kataba rrisālata.

- Je me demande qui a écrit la lettre.

18. b) ʔatasāʔalu man kataba rrisālata li man wa limādā.

- Je me demande qui a écrit la lettre à qui et pourquoi.

II. 3 Les caractéristiques morphologiques des complémenteurs

Les complémenteurs (mawṣūlāt) ont certaines propriétés

morphologiques qui déterminent leur existence. Ils sont de deux types :

simples ou composés. Un complémenteur simple comme "mādā" devient

composé en le préfixant par des prépositions "bi, li, fi, εalā" pour devenir

" bimādā : avec quoi, limādā : pourquoi, fi mādā : où, εalā mādā : sur

quoi" (c.f (19.a, b, c, d et e)).

(19)a ) mādā taktubu ? - Qu’est ce que tu écris ?

(19)b) bimādā taktubu ? - Avec quoi tu écris ?

(19)c) limādā taktubu ? - Pourquoi tu écris ?

(19)d) fi mādā taktubu ? - Où est-ce que tu écris ?

(19)e) εalā mādā taktubu ? - Sur quoi tu écris ?

Les outils "kayfa" et "ʔayna" perdent leurs sens interrogatif quand

ils sont construits avec " mā", et les constructions obtenues par le biais de

cette combinaison sont incorrectes (cf. (20.a et b) et (21.a et b)).

(20) a)* kayfa mā žāʔa? b) * ʔayna mā žāʔa?

(21) a) kayfa žāʔa? - Comment est-il venu?

b) ʔayna žāʔa? - Où est-il venu?

Page 52: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

52

Toutefois, un mot non interrogatif combiné avec un complémenteur

interrogatif devient interrogatif : c’est le cas par exemple du mot "waqt :

temps", employé avec un pronom interrogatif " mādā " devient "waqta

mādā : à quel temps" (cf. (22)).

22)a) waqta mādā žiʔta ? - A quel temps tu es venu ?

b) žiʔtu waqta lmasāe. - Je suis venu le soir.

Les complémenteurs interrogatifs " ʔa" et " hal" ont des propriétés

syntaxiques différentes. Le complémenteur " hal" ne peut pas être suivi

d’un topique, (cf. (23.a et b)), à l’inverse du complémenteur " ʔa". (cf.

(24.a et b))38

.

(23) a* hal ʔaḥmadan darabta ? -Est ce Ahmed que tu as frappé ?

b) * hal ʔanta žiʔta ? - Est-ce que tu es venu?

(24) a) ʔa ʔaḥmadan darabta ? - Est-ce que tu as frappé Ahmed?

b) ʔa ʔanta žiʔta ? - Est-ce que tu es venu?

Une autre divergence entre les deux complémenteurs est recontrée

dans l’interrogation alternative. L’élément interrogatif " ʔa" peut être à

l’initiale de celle-ci (cf. (25. a)), mais l’élément " hal" ne peut être à son

initial (cf. (25. b)). Cet élément " hal" a les mêmes caractéristiques

syntaxiques que les pronoms interrogatifs "matā, man, kayfa, ayna" (cf.

(25. c)).

(25) a) ʔa εindaka ʔaḥmadu ʔam hišāmu?

(25) b) * hal εindaka aḥmadu ʔam hišāmu?

- As-tu Ahmed ou Hicham chez toi?

(25) c) * matā ʔaḥmadu ʔatā?

- Quand est-il venu Ahmed?

38

Ibid

Page 53: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

53

II. 4 Les caractéristiques sémantiques des introducteurs interrogatifs

La modalité interrogative en langue française, peut être dénotée par

le biais de l’intonation ascendante ou la présence d’un élément interrogatif

à l’initiale de celle-ci. Une autre modalité correspond à l’interrogation

indirecte qui est marquée par la conjonction de subordination (si) ou (ce

que). Alors qu’en arabe, il y a plusieurs coordonnants à savoir (ʔinn, ʔidā,

mā ʔidā, etc.).

Les éléments interrogatifs en arabe écrit sont multiples à l’instar de

la langue française. Ils sont regroupés dans deux catégories à savoir les

pronominaux et les adverbiaux39

.

Les morphèmes interrogatifs sont utilisés pour s’interroger sur la

réalité d’un énoncé ou pour s’interroger sur un constituant de la phrase

interrogative. Mais ces morphèmes ne sont pas privés de sens, chaque

élément utilisé est doté d’un ensemble de caractères sémantiques qui nous

permettent de l’utiliser dans un contexte et non pas dans un autre. En

effet, un même interrogatif pronominal ou adverbial peut acquérir

différentes interprétations sémantiques.

a- Les pronominaux :

hal /; est-ce que : c’est un morphème interrogatif employé pour

s’interroger sur la réalité d’un procès ou d’un état désignée par la

prédication (cf. (26)).

26) hal žāʔa lwāli ? Est-ce que le Wali est venu ?

ʔa ; est-ce que : est un pronom interrogatif qui porte sur la réalité

prédicative, il a le même sens que hal. (cf. (27)).

27) ʔa žāʔa ? Est-ce qu’il est venu ?

39

Barbara, R., 2006, « L’interrogation dans les proverbes en arabe marocain », in revue de la faculté

des Lettres et des sciences humaines, Beni Mellal, N° 7.

Page 54: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

54

mādā ; qu’est-ce que : il est utilisé pour la détermination ou la

spécification de l’objet (cf. (28)).

28) mādā tafεalu ? Que fais-tu ?

mā ; qu’est-ce qui / qu’est-ce que : est employé pour s’informer

d’une cause (29.a) ou d’un état (29.b)," mā " est une variante de "mādā".

29.a) mā dahāka ʔan taʔtiya lyawma ? - Qu’est-ce qui t’a

empêché de venir aujourd’hui ?

29.b) mā bika? -Qu’est ce que tu as?

Ayyu ; quel : est employé pour se demander de l’identité d’une

personne ou de quelque chose.

30) ayyu ḍayfin žāʔa? - Quel invité est venu ?

man ; qui : ce pronom interrogatif peut porter sur le sujet (31), ou

sur un pronom déterminatif (32).

31) man yaqḍi lī šuġlan? - Qui me rend un service ?

32) kāna yaqūlu hādā ibnu man ? - Il disait, c’est le fils de qui ?

b- Les adverbiaux :

Lorsque la question est introduite par un des adverbiaux

interrogatifs, elle porte sur un complément circonstanciel de la phrase.

limādā ; pourquoi : ou ses variantes " lima" est utilisée pour

demander la cause d’un événement (33),"bimādā: avec quoi " est une

autre variante de "limādā ", elle est utilisé pour porter sur un complément

circonstanciel (34).

33) limādā žiʔta lʔāna ? -Pourquoi es-tu venu maintenant ?

34) bimādā taktubu ? - Avec quoi tu écris ?

kayfa ; comment : s’utilise pour s’interroger sur la manière (35) ou

l’état de quelque chose (36) ou de quelqu’un (37).

35) kayfa waṣalta ʔilā hunā ? Comment es-tu arrivé jusqu’ici ?

Page 55: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

55

36) kayfa hia ssayyaratu lžadidatu ? - Comment est la nouvelle

voiture ?

37) kayfa hāluka ? - Comment vas-tu ?

kam ; combien : cet élément interrogatif est utilisé pour s’interroger

sur la durée (38) ou sur la quantité (39).

38) kam yawman ġibta ? - Combien de jours tu t’es

absenté ?

39) kam qamḥan žamaεta ? - Combien de blé as-tu

rassemblé ?

matā ; quand : cet interrogatif est utilisé essentiellement pour

s’interroger sur le temps (40).

40) matā sataεūdu ? - Quand reviendras-tu ?

ʔayna ; où : ou ses variantes ("ʔilā ʔayna " et " min ʔayna" : d’où)

est employée pour dénoter le lieu.

41)a) ʔayna tadhabu ?

b) ʔilā ʔayna tadhabu ? - Où vas-tu ?

c) min ʔayna hādā lġosnu ? - D’où vient cette branche ?

ʔam ; ou bien : cette particule corrélative construit avec la seconde

proposition d’une alternative dont la première est commandée par "ʔa :

est-ce que" une interrogation indirecte40

(cf. (42)). La particule "ʔam"

s’emploie concurremment avec la particule interrogative "ʔa", qui est des

fois sous-entendue, c'est-à-dire élidée (cf. (42. b)). S. De Sacy remarque

que « les deux particules interrogatives sont a et hal. De ces deux

particules, a est celle qui est d’un usage plus général ; on l’a supprime

quelque fois, quand l’interrogation est d’ailleurs suffisamment indiquée,

…L’interrogation doit toujours occuper le commencement de la

40

Blashère, R., 1975, Grammaire de l’arabe classique, 4 ème édition, Maisonneuve et Larose, Paris.

Page 56: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

56

phrase. »41

. En ce qui concerne la position de la particule interrogative

dans la phrase, l’élément interrogatif doit toujours occuper le

commencement de la phrase parce qu’il ne parle que des deux particules

interrogatives "ʔa" et "hal" dans l’interrogation directe.

42) a) ʔa εindakum zaydun ʔam εamr?

b) εindakum zaydun ʔam εamr?

- il y a chez vous Zayd ou Amr ?

Cependant, une certaine ressemblance apparaît entre les deux

particules "ʔam" et "ʔaw : ou". La particule "ʔaw" est utilisée, selon

Blashère, quand le locuteur n’est pas certain à propos du contenu de la

phrase, dans l’exemple (43), il s’interroge sur l’événement du voyage et

non pas s’il sera aujourd’hui ou demain, l’interrogé est sensé répondre par

oui ou non (cf. (43)),

Au contraire, la particule "ʔam" est employée lorsque le locuteur

sait que le jugement qu’il énonce est vrai, et se demande qui est chez

l’interlocuteur, est-ce Zayd ou Amr (cf. (42))42

.

43) ʔa satadhabu lyawma ʔaw ġadan?

- Partiras-tu aujourd’hui ou demain ?

A la question (43), la réponse serait oui ou non et à la question (42),

la réponse est Zayd ou Amr.

II. 5 Analyse sémantique de l’interrogation modalisée en langue arabe

Les énoncés interrogatifs relevant de la langue arabe et modalisés par

des verbes tels ″ʔistaṭāεa ; pouvoir″, ″ʔamkana ; pouvoir″, ″ʔarāda ; 41

De Sacy, S., 1829, Anthologie grammaticale arabe, Imprimerie royale, Paris. P. 259. 42

Blashère, R., 1975, Grammaire de l’arabe classique, 4 ème édition, Maisonneuve et Larose, Paris.P.

260, 261.

Page 57: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

57

vouloir″, ″εarafa ; savoir″, peuvent être interprétés comme des énoncés

prescriptifs envers le locuteur pour qu’il se comporte d’une telle manière.

La notion de modalité peut être interprétée comme étant une idée

d’analyse sémantique qui permet de distinguer dans un énoncé : un dit

(appelé contenu propositionnel) et une modalité qui est (un point de vue

du sujet parlant sur le contenu). Il faut signaler que toute phrase est par

principe modalisée, même sans verbe modal, ainsi la phrase suivante :

(Samarcande est un roman) comporte une modalité minimale manifestée

par le mode indicatif du verbe, et comporte aussi une modalité déclarative

qui la différencie de la modalité interrogative ou impérative. Selon

Cervoni43

, A. Meunier a divisé les études de ce domaine en deux filières :

la modalité d’énonciation qui révèle la relation entre le locuteur et

l’auditeur, et la modalité d’énoncé qui caractérise les rapports entre le

sujet de l’énoncé et la proposition. En effet, nous nous intéresserons à ces

deux modalités.

Austin pense que « tout énoncé sert à accomplir un acte

illocutionnaire, et les éléments modaux (mode verbal, ordre des mots,

intonation, etc.) permettent au locuteur d’indiquer quel acte

illocutionnaire, ou quel type d’acte illocutionnaire, il entend accomplir

par son énonciation »44

. Ainsi l’énoncé modalisé par le verbe (¨istaṭāεa ¨

pouvoir) (cf. (43)) est un énoncé qui sera conçu comme un défit, un ordre

ou un conseil selon les contextes d’énonciation.

43) ʔa-tastatiεo an tarfaεa t-taḥaddi ?

Peux-tu relever le défit ?

43

Cervony, J., 1987, L’énonciation : Linguistique nouvelle. Paris, PUF.

44

Recanati.F., 1979, Les énoncés performatifs, Paris, Les éditions de minuit Sueil. P. 44.

Page 58: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

58

L’interprétation des énoncés à verbes modaux dépend d’une

manière cruciale de l’emploi de ces verbes dans des contextes différents.

On demande souvent à quelqu’un d’agir de telle sorte, mais cette demande

est exprimée sous différentes conceptions : énoncé directif, déclaratif ou

interrogatif.

Après l’analyse de certains énoncés interrogatifs modalisés par des

verbes modaux, nous avons pu relever certaines caractéristiques

sémantiques et pragmatiques qui peuvent dévier l’énoncé interrogatif de

sa valeur initiale qui est celle de la question à celle exprimant une

directive à valeur illocutoire de prescription.

Les interrogations sont souvent modalisées par des verbes modaux

et qui peuvent leur assigner des valeurs illocutoires prescriptives par

inférence. Par inférence on entend dire selon Kerbrat-Orecchioni45

; « toute

proposition implicite que l’on peut extraire d’un énoncé ». L’inférence

recouvre aussi ce que Charlotte appelle « présuppositions », ça

correspond aussi aux « implicatures » de Grice, aux « implications » de

Recanati, aux « inférences » de Robert Martin et aux « sous-entendus » de

Kerbrat-Orecchioni46

. C’est un passage de la valeur illocutoire primitive à

la valeur illocutoire dérivée.

II. 5. 1 Les conditions de fonctionnement des verbes modaux dans les énoncés interrogatifs

Pour que les interrogations modalisées fonctionnent en tant que

prescriptions, elles doivent satisfaire un ensemble de conditions

sémantique et pragmatique. Les énoncés (44, 45 et 46) sont des énoncés

interrogatifs. Ils doivent être interprétés comme une prescription envers

45

Kerbrat-Orecchioni, C., 1983, L’implicite, Paris, Armand Colil. P. 24. 46

Avec des nuances bien sûr, puisque chaque linguiste assigne des particularités distinctives propres à

son terme.

Page 59: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

59

l’auditeur pour qu’il se comporte d’une telle manière, en l’occurrence ici,

le fait de passer un stylo.

44) ʔa-tastaṭīεu ʔan toεṭiyan-ī dāka l-qalama?

45) ʔa-yomkinuka ʔan toεtyian-ī dāka l-qalama?

Peux-tu me passer ce stylo?

46) ʔa-turīdu ʔan toεtyian-ī dāka l-9alama?

Veux-tu me passer ce stylo?

Pour que les énoncés modalisés acquièrent une valeur illocutoire

prescriptive, un certain nombre de conditions préalables qui ne sont pas

seulement linguistiques, mais qui sont aussi des données déontologiques

et sociales doivent être satisfaites. En effet, des conditions nécessaires

doivent être remplies pour que l’énoncé acquière cette valeur prescriptive.

Les conditions de sincérité, de désirabilité et d’aptitude

La sincérité est une qualité morale, c’est l’honnêteté dans l’expression

des pensés et des sentiments. Les énoncés (44), (45) et (46) sont des

interrogations qui expriment une désirabilité de la part de l’énonciateur.

Celui-ci désire qu’un état de chose décrit ait lieu. Il est admis en référence

au principe de réalisme naïf, que si on demande à quelqu’un de se

comporter d’une telle manière, c’est qu’on désire sincèrement que l’état

de chose, objet de notre demande, soit réalisé. Cette condition est surtout

liée à l’énonciateur.

Il est nécessaire, et par principe déontologique, d’admettre que

l’énonciateur soit sincère dans son désir. Mais vu que la sincérité est une

condition qui ne peut être mesurée concrètement, il faut admettre que tout

énonciateur est sincère et que les énoncés prescriptifs, même non sincères,

gardent leurs valeurs illocutoires prescriptives.

Page 60: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

60

Quant à l’aptitude, c’est le fait d’avoir des dispositions physiologiques

ou intellectuelles pour faire quelque chose. Si la sincérité et la désirabilité

concernent l’énonciateur, l’aptitude quant à elle concerne l’énonciataire :

c’est une condition nécessaire pour que l’objet de la prescription soit

réalisé47

. Considérons l’exemple (47) :

47) ʔalā tastaṭīεo ʔan taqūma lī bihāda l-εamali ?

- Ne peux-tu pas me rendre un service ?

C’est un énoncé qui exprime une désirabilité de la part de

l’énonciateur, mais cette prescription peut être frappée de nullité si cette

condition d’aptitude de l’énonciataire n’est pas respectée. Ainsi on ne

peut demander à quelqu’un de nous rendre un service que si on sait

d’avance qu’il est apte à le faire, c'est-à-dire réaliser le contenu

propositionnel de l’énoncé en question.

Les conditions de sincérité, de désirabilité et d’aptitude font

l’ensemble des éléments concomitants dont la satisfaction est nécessaire à

la bonne exécution de l’acte désigné par le verbe modal. Cependant, il ne

faut négliger ni les conditions de présence de l’auditeur ni la présence

d’un canal de communication nécessaire pour l’exécution du contenu de

la prescription.

Dans cette perspective, Austin48

stipule que le bon fonctionnement des

énoncés performatifs est perturbé si ces conditions ne sont pas satisfaites.

II. 5. 2 L’adjonction des verbes modaux dans les énoncés interrogatifs

Une valeur illocutoire de prescription est assignée indirectement et par

inférence aux interrogations. En effet, deux procédés linguistiques sont

utilisés pour construire des énoncés interrogatifs directifs modalisés par

47

Taifi. M., 2000, Sémantique linguistique : référence, prédication et modalité. SFR, sciences du

langage, publication de la faculté des lettres et des sciences humaines Fes, P. 190. 48

Austin, J. L., 1970, Quand dire c’est faire, Paris, Seuil.

Page 61: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

61

des verbes modaux49

. Le premier relève de la grammaire et le second du

lexique (cf. (48.b) et (48.a)).

48)a ʔalā t-astaṭīεo ʔan t-umdia lī hādihi l-waraqata ?

Ne pouvez-vous pas me signer ce papier ?

48)b ʔa-yumkinuka ʔan t-umdia lī hādihi l-waraqata ?

Pouvez-vous me signer ce papier ?

Nous avons affaire, dans ces deux exemples à deux structures avec

deux modalités qui expriment une directive de la part de l’énonciateur :

une modalité grammaticale exprimée par la structure syntaxique

interrogative et une modalité lexicale exprimée par les verbes modaux ”

istatāεa” et ”ʔamkana”.

II.5.2.a La modalité grammaticale Les énoncés modalisés par des verbes modaux, ayant une valeur

illocutoire de prescription, sont soumis à un certain nombre de règles

grammaticales.

Ainsi, les énoncés (48. a) et (48. b) visent la réalisation d’un état de

chose, à savoir la signature d’un papier. Les constructions grammaticales,

qui expriment une prescription, sont dites des constructions jussives. En

tenant compte de la valeur prescriptive qui leur est commune et non leurs

verbes modaux qui sont différents, ces énoncés expriment à travers la

structure syntaxique interrogative une valeur illocutoire prescriptive50

.

Les énoncés prescriptifs peuvent être réflexifs ou non réflexifs. Le

verbe dans ce dernier cas est à la deuxième personne du singulier, (t-

astatīεo, y-umkinuka, tu-rīdo, t-aεrifu, y-ažibu).

49

Il existe aussi une modalisation par adverbe et par adjectif. 50

Taifi. M., 2000, Sémantique linguistique, référence, prédication et modalité, SFR, sciences du

langage, publication de la faculté des lettres et des sciences humaines, Fes, P. 191.

Page 62: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

62

L’aspect du verbe modal marquant l’interrogation doit être lié au désir

de la réalisation d’un acte qui ne peut être un fait relevant de l’accompli.

Ainsi, la réalisation d’un état de chose, nécessite un verbe modal

interrogatif à l’aspect inaccompli. De ce fait, l’énoncé (49) étant à

l’accompli, ne peut être interprété comme une prescription. Les verbes

modaux à valeur prescriptive sont liés à l’inaccompli dans ses deux

formes : temps du présent et du futur.

(49) istatāεa ʔan y-umḍyia lī l-waraqata?

Entre autre, les verbes modaux utilisés dans des énoncés

interrogatifs à valeurs prescriptives sont régis par une règle syntaxique :

en français, la structure syntaxique est de type : voulez-vous + P ou

pouvez-vous + P (cf. (50), où les verbes ″vouloir et pouvoir″ sont utilisés

comme des authentiques auxiliaires. Alors que dans la langue arabe, c’est

la structure : particule interrogative + verbe + conjonction de

coordination + P qui est d’usage (cf.(48 a et b)).

50) voulez-vous me rendre un service ?

Français Arabe

Pouvoir, vouloir et savoir.

voulez-vous + P

Verbe+2°pers (sing/plur) + P ?

ʔIstatāεa, ʔamkana,

qadira

particule interrogative

+ verbe + conjonction

de coordination + P ?

Les énoncés interrogatifs, modalisés par des verbes modaux,

expriment des directives à travers des constructions jussives. Ces verbes

sont utilisés à visée d’atténuer le discours. Toutes ces caractéristiques

Page 63: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

63

font des verbes modaux des expressions appropriés à l’expressivité de

l’énonciateur pour fournir des énoncés directifs.

II.5.2.b La modalité lexicale Tout acte illocutionnaire a une certaine « force » et un certain

« contenu propositionnel ». Dans l’énoncé (48), que nous reprenons pour

convaincre, nous avons affaire à un acte illocutionnaire qui peut être

interprété comme étant une prescription. Il peut être appliqué à la notation

de Reichenbach 51

et Searl 52

de la façon suivante :

48) ʔa-yumkinuka ʔan t-umḍyia lī hādihi l-wara9ata ?

Requête + (demande de la signature d’un papier)

Verbe modal (ʔamakana) + contenu propositionnel

(description de la prescription)

Il convient juste de dire que le verbe modal trouve sa position toujours

dans la première partie de la combinaison et n’est ni suivi ni précédé d’un

sujet puisque l’arabe fait partie des langues dites agglutinatives ou

clitiques et à morphologie riche. En effet, c’est la marque morphologique

adjointe qui prend en charge les propriétés du genre et du nombre du

sujet.

Tout énonciateur vise, par son énoncé, à agir sur l’auditeur. Cette

action est exprimée par l’expressivité de l’énoncé, le locuteur se sert de la

richesse du lexique, utilise différentes tournures, etc. et c’est ce qui fait

l’objet de son expressivité. Le point de vue de Guillaume est d’une grande

netteté. J. Cervoni, le résume ainsi : « tout acte d’expression vise à

affecter l’allocutaire, et le locuteur dispose pour cela de (mille manières

de le dire), l’ensemble de ces manières de dire constitue l’expressivité. On

51

Reichenbach, H., 1947, Elements of Symbolic Logic, New York, Macmillan & Co. 52

Searl, G., 1969. ″Speech Acts: An Essay in the Philosophy of Language″. Cambridge, England,

Cambridge University press.

Page 64: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

64

ne peut concevoir un acte de langage d’où l’expressivité serait totalement

absente »53

.

Conclusion du chapitre La langue arabe comme la langue française présente différents

types d’interrogations i.e. l’interrogation totale et partielle, directe et

indirecte et l’interrogation modalisée et non modalisée. La langue

française dispose de plusieurs introducteurs interrogatifs : les

déterminants interrogatifs, les adverbes interrogatifs, les pronoms

interrogatifs et les interrogations introduites par ″est-ce que″. C'est-à-dire

qu’il y a une diversité d’introducteurs interrogatifs. La langue arabe ne

dispose que de deux types d’introducteurs : les adverbiaux et les

pronominaux, et il y a des linguistes qui n’en font aucun classement, et se

contente de les nommer tous des particules interrogatives. Ces particules

comme nous les avons montrées, ont des charges sémantiques diverses

suivant l’intension du locuteur.

La modalité prescriptive est garantie par l’ensemble des verbes

modaux, dont le rôle est d’atténuer le discours et d’assigner une

prescription par inférence. Ces verbes expriment des actes sollicités par le

locuteur pour qu’il en soit bénéficiaire. Cette notion d’acte a été définit

par A. Berrandonner comme inséparable de la notion de geste, parler pour

lui c’est donc le contraire d’agir. Si pour Austin dire c’est faire, A.

Berrandonner, lui, pense que « dire c’est ne rien faire » où la signification

première de la phrase est purement représentative54

. La notion

Austinienne cesse d’être valable pour A. Berrandonner, c’est que les

verbes performatifs ne servent pas à accomplir l’acte performatif, mais ils

53

Cervoni.J., 1988, L’énonciation : Linguistique nouvelle, Paris, PUF. P. 69. 54

Ibid. P. 113.

Page 65: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

65

servent à substituer la parole à l’action. Cette action est sous-entendue

dans les énoncés modalisés par des verbes modaux.

La langue arabe comme la langue française présente ce phénomène

pragmatique comme un fait linguistique très récurrent.

III. Analyse contrastive de l’interrogation en

français et en arabe

Page 66: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

66

Introduction Tous les grands ouvrages de la littérature et de la linguistique n’ont

pu être connus, étudiés, et mondialisés que grâce à la traduction. De

même, les grands écrivains sont connus et leurs travaux ont marqué

l’histoire grâce à la traduction.

La traduction littéraire garde toujours une position non négligeable

dans le champ de la traduction en général. Elle concerne les romans, les

poèmes et autres genres littéraires.

En effet, la traduction littéraire demande des aptitudes en

stylistique, une bonne imagination et des connaissances culturelles et

linguistiques étendues. Il s'agit de reproduire l'effet intégral du texte

original chez le lecteur en langue d'arrivée. La traduction doit être aussi

aisée à lire, et susciter les mêmes émotions que le texte original, suivant

l'adage de Cervantès : « ne rien mettre, ne rien omettre ».

La traduction est donc un contact de langues : le traducteur doit

disposer de deux langues. Ce qui rend cette tâche un fait de bilinguisme.

Mais le bilinguisme peut mener à l’interférence : un énoncé, tel ″un

simple soldat″ peut être traduit ou transféré en langue anglaise en ″a

simple soldier″ au lieu de la forme anglaise existante ″a private″. Ce qui

veut dire qu’il y a souvent une influence de la langue source sur la langue

cible. Cette influence est décelée à travers les interférences qui sont

considérées comme des erreurs ou fautes de traduction55

. Cependant, il

faut distinguer entre deux types de bilinguisme, comme l’ont remarqué A.

55 Jules Alfred Bréal, M., 1897, Essai de sémantique, Paris, Hachette, P. 173

Page 67: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

67

Meiller et A. Sauvageot, à savoir le bilinguisme ordinaire qui mène aux

interférences et « le bilinguisme des hommes cultivés »56

.

La question qui se pose est celle de savoir jusqu’à quel point, deux

structures en contact peuvent être maintenues intactes, et dans quelle

mesure l’une influera sur l’autre.

Si nous admettons par principe que l’opération traduisante est un

fait à double volets (deux langues), ce procédé ne peut être fait sans le

contact entre ces deux volets. Mounin a décelé la problématique des

différences de propriétés linguistiques entre les langues, et conclue que

l’activité traduisante pose à la linguistique contemporaine un problème

d’ordre théorique : « si on accepte les thèses courantes sur les structures

des lexiques, des morphologies et des syntaxes, on aboutit à professer que

la traduction devrait être impossible. »57

. Or, l’existence des traducteurs

est incontestable, ils produisent et nous nous servons de leurs productions.

C’est pourquoi cette opinion d’impossibilité de traduction ne peut pas

avoir une influence sur l’existence effective de la traduction. En effet,

l’activité traduisante n’est jamais absente de la linguistique : R. Jakobson

stipule qu’il n’y a pas de comparaison possible entre deux langues, sans

recours à des opérations constantes de la traduction58

.

La possibilité pratique de la traduction trouve son appui dans

l’existence des universaux : cosmogonique, psychologique, écologique,

biologique, etc. l’hypothèse que les universaux existent facilite la tâche

aux traducteurs59

.

56

Meillet, A. et Sauvaged. A., 1934, Conférences de l’institut de linguistique II, P. 7-9 et 10-13. 57

Mounin, G., 1963, Les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 8.

58 Jakobson, R., 1959, Aspects of translation, MA. Cambridge, Harvard University Press, P. 234.

59 Mounin, G., 1963, Les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 192-233 & 251-

270.

Page 68: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

68

E. Dolet60

, donne quelques indices sur la phrase française,

particulièrement dans les traductions qui ne sont pas calquées sur la

langue source, l’essentiel pour lui est d’insister sur l’intension de l’auteur.

Dolet souligne que c’est le sens qui fait la valeur de la traduction et non la

structure. Ce qui veut dire que la sémantique est prioritaire par rapport à la

syntaxe dans le domaine de la traduction. En effet, éviter le mot à mot

dans une traduction revient à privilégier le sens au dépend de la forme.

III. 1. La traduction et les universaux linguistiques Les propriétés différentielles sont l’ensemble des traits

phonologiques, morphologiques, syntaxiques et sémantiques qui

différencient une langue d’une autre. C’est dans ces distinctions que

certains linguistes et traductologues se sont basés pour affirmer

l’impossibilité de la traduction. Mais les thèses défendant la présence des

universaux linguistiques ont opté pour une impossibilité théorique de la

traduction et pour une possibilité pratique de celle-ci.

Mounin, stipule que la linguistique contemporaine défend

l’impossibilité théorique de la traduction, mais il montre en même temps

les mesures et les limites dans lesquelles l’opération pratique de la

traduction est relativement possible malgré les différences entre les

langues61

. La linguistique en temps que science est constituée d’une

analyse qui tend naturellement à mettre en relief tout ce qui spécifie

chaque langue. En effet, la différence entre les langues est le motif sur

lequel est basée la théorie de l’impossibilité théorique de la traduction, et

d’une possibilité pratique de celle-ci. Notre travail s’inscrit dans la même

perspective.

60

Skupien Dekens Carine., 2009, Traduire pour le peuple de dieu : La syntaxe française dans la

traduction de la bible, Genève, Librairie Drol, P. 244.

61 Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 192.

Page 69: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

69

On n’a pas cessé de mettre des réflexions sur la manière de traduire

fidèlement, vu que la traduction a toujours été considérée comme un fait

d’appauvrissement d’une langue par rapport à une autre. C’est pourquoi

les différences entre les langues font l’objet des études linguistiques qui

étudient les problèmes qui entravent le processus traductionnel et les

mécanismes à utiliser pour faire passer un texte d’une langue à une autre

avec un maximum de fidélité.

Devant l’impossibilité de la traduction, certains linguistes, entre

autres Mounin, Nida, Aginsky et Serrus, ont traité le phénomène des

universaux et ont montré que toutes les langues humaines disposent d’un

ensemble d’universaux linguistiques qui facilitent la communication

malgré les différences attestées entre les langues, ce qui donne une

légitimité et une existence à l’opération traduisante. Les universaux

linguistiques sont l’ensemble des traits communs à toutes les langues. Les

premiers universaux sont dits, des cosmogoniques, du moment où tous

les hommes habitent la même planète62

. Les universaux écologiques,

quant à eux, sont l’ensemble des phénomènes qui ont un rapport avec le

froid et la chaleur, la pluie et le vent, la terre et le ciel, le règne animal et

le règne végétal, les divisions du temps, jour et nuit, parties du jour, mois

d’origine lunaire, etc. En fait, les mêmes phénomènes écologiques ont la

même signification référentielle de base, et les cadres de référence au

monde extérieur sont les mêmes : le froid, le chaud, le vent, la terre, le

ciel, etc.63

Dans le même sens, Martinet parle des universaux biologiques

puisque tous les hommes habitent la même planète et ont en commun

d’être ″homme″ avec toutes les analogies physiologiques et

62

Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 196. 63

Ibid. P. 197.

Page 70: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

70

psychologiques64

. C’est la nature même, selon Tegner, qui trace les

limites du découpage linguistique et, de ce fait, les langues coïncident65

.

Enfin, les universaux physiologiques concernent toutes choses

perceptibles par l’être humain, et ils sont les mêmes en dépit de toutes

différence spatio-temporelle. Les couleurs sont les mêmes partout, mais la

nomination diffère selon les peuples et les langues.

Cependant, existe-t-il des universaux en morphologie, en syntaxe et

en sémantique ? Dans cette perspective, Bernatzik relève l’opinion de Ch.

Serrus qui distingue au moins deux catégories d’universaux : les états et

les procès. Mounin, quant à lui, dégage deux universaux linguistiques : le

nom et le verbe. Les pronoms, quant à eux, ne font pas l’objet

d’universalité linguistique. Mounin en parle ainsi « lorsque les Phi-Tang-

Yong parlaient d’eux, ils ne disaient pas je ou nous, mais le fils s’en va, le

père veut ça ou ça, ou bien les Yombri ont peur, les Yombri veulent partir

etc. 66

» ; l’absence des pronoms est constatée aussi chez quatre ou cinq

groupuscules de quelques milliers d’individus au fond des montagnes

indochinoises et des forêts brésiliennes ou dans les iles pacifiques, où il y

a une absence totale des pronoms67

.

Malgré les différences que présentent les langues, la masse

importante de traits universels est commune à toutes les langues. En effet,

il faut admettre que la possibilité de la traduction de toute langue en une

autre, trouve sa légitimité dans le cadre des universaux : « première tâche

dans un solipsisme linguistique absolu68

. »

64

Martinet, A., 1950, Réflexions sur le problème de l’opposition verbo-nominale, JdP, N° 1, P. 104

65 Öhman, S., 1953, « Théories of the linguistic field ». Word, N° 2, P. 130.

66 Bernatzik, H.A., 1945, Les esprits des feuilles jaunes, Paris, Plon, P. 166.

67 Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 210.

68 Ibid, P. 123.

Page 71: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

71

III.2. Traduction et syntaxe

Introduction Correspondant selon Benveniste à l’un des trois comportements

fondamentaux de l’homme, la question est, peut être, l’acte de langage le

plus important pour la communauté parlante69

. L’interrogation est une

structure syntaxique qui mérite un arrêt pour une analyse bien approfondie

quant à sa traduction. Et ceci vu les spécificités différentielles

syntaxiques et sémantiques qu’elle présente entre les langues.

Tout traducteur est obligé, de se vouer à l'étude différentielle des

langues, et cela non seulement dans le domaine sémantique, mais aussi

dans celui des structures grammaticales. Dans ce sens Mounin pense

« (qu’) un plan plus externe et traditionnel, aurait voulu que l’examen de

la syntaxe vienne après celui du lexique. En fait, il n’a pas été possible de

trouver une solution pour les problèmes posés par la syntaxe avant

d’avoir analysé la réponse des universaux, et celle des situations non

linguistiques aux problèmes de traduction »70

. Le langage verbal n’est pas

seulement un outil de communication servant à transmettre un message

d’un individu à un autre, il est aussi le moyen qui reflète la pensée de ces

individus, ce langage se compose fondamentalement de deux éléments à

savoir un lexique sémantiquement structuré et une syntaxe à laquelle

appartiennent certaines propriétés d’aspects71

.

En effet, si la traduction existe en dépit de l’hétérogénéité, quelques

fois, radicale des syntaxes, c’est entre eux que doit exister des universaux

69

Kerbrat-Orecchioni, C., 1991, La question, Paris, Pul, Abstract du livre.

70 Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard. P. 251.

71 Warnant, L., 1982, Structures syntaxiques du français, Paris, Les Belles Lettres, P. 20.

Page 72: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

72

de syntaxe72

. Mounin73

présente l’idée de Nida qui distingue dans toutes

les langues du monde, quatre grandes parties du discours ou classes qui

désignent les objets, les évènements, les abstraits : modificateurs des

deux premières classes et les relationnels. Les universaux syntaxiques

sont de quatre catégories : les verbes, les noms, les modificateurs et les

conjonctions. Ce sont des catégories que l’on peut trouver dans toutes les

langues malgré leurs différences linguistiques. Ceci explique la possibilité

de la traduction du moment où on a une situation commune quels que

soient l’écart et les différences syntaxiques entre la langue source et la

langue cible. La grammaire ne peut être dissociée de la syntaxe : les deux

étant, au sein du même texte, étroitement liées et exerçant une influence

mutuelle l’une sur l’autre. A ce niveau, les contrastes entre le français et

l’arabe se manifestent entre autres dans les types d’interrogation, le temps,

l’aspect, l’emploi des éléments interrogatifs et l’usage des pronoms

personnels.

III. 2. 1. La traduction de l’interrogation par type Le corpus, extrait du roman Samarcande est composé de cent

phrases interrogatives tirées des dix premiers chapitres. Il présente tous les

types d’interrogations : totale, partielle, directe, indirecte, fictive, oratoire,

alternative, délibérative, hypothétique, question-tag, avec inversion ou

sans inversion du sujet…

Après la comparaison des deux corpus, nous avons obtenu les

statistiques illustrées dans les tableaux et les graphiques ci-dessous :

L’interrogation dans le corpus source (français)

Type d’interrogation Nombre Pourcentage

directe totale 31 31%

72

Mounin, G., 1963, les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 252 73

Ibid. P. 255.

Page 73: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

73

directe partielle 25 25%

Indirecte totale 4 4%

Indirecte partielle 2 2%

Fictive (exclamative, injonctive) 9 9%

Oratoire (rhétorique) 16 16%

Alternative (double) 4 4%

délibérative 5 5%

incidente 0 0%

Question-tag 1 1%

hypothétique 3 3%

Ce corpus présente tous les types d’interrogations, à l’exception de

l’interrogation incidente. Nous constatons une prédominance des

interrogations directes, i.e. totales et partielles, et l’interrogation

rhétorique (72%). Vient après les autres types d’interrogations (indirecte

totale et partielle, fictive, alternative, délibérative, question-tag et

hypothétique) qui font ensemble un pourcentage de 28%.

L’interrogation dans le corpus arabe

0% 5%

10% 15% 20% 25% 30% 35%

31% 25%

4% 2% 9%

16%

4% 5% 0% 1% 3%

fréquence de l'interrogation par type (corpus français )

Pourcentage

Page 74: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

74

Type d’interrogation Nombre Pourcentage

directe totale 35 35%

directe partielle 27 27%

Indirecte totale 5 5%

Indirecte partielle 3 3%

Fictive (exclamative, injonctive) 5 5%

Oratoire (rhétorique) 15 15%

Alternative (double) 3 3%

délibérative 5 5%

incidente 0 0%

Question-tag 1 1%

hypothétique 3 3%

Le tableau ci-dessus présente les statistiques des interrogations

détectées dans le corpus cible. Tous les types d’interrogation y figurent à

l’exception de l’interrogation incidente. Nous constatons donc une

prédominance des interrogatives directes i.e. totales et partielles, et des

interrogatives rhétoriques (77%), suivies des autres types d’interrogation

0%

10%

20%

30%

40% 35%

27%

5% 3% 5%

15%

3% 5% 0% 1% 3%

fréquence de l'interrogation par type (corpus arabe)

Pourcentage

Page 75: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

75

(indirecte totale et partielle, fictive, alternative, délibérative, question-tag

et hypothétique) qui font ensemble un pourcentage de 23%.

Comparaison et interprétation

Les pourcentages ne sont pas les mêmes : Certains types

d’interrogations apparaissent avec la même fréquence dans les deux

corpus notamment les questions-tag, les interrogations hypothétiques, etc.

Le pourcentage élevé des interrogations directes vient du fait qu’elles sont

généralement les plus fréquentes d’usage pour exprimer une demande. La

même présence prépondérante de l’interrogation rhétorique est due au

genre littéraire en usage qui tend à utiliser ce type d’interrogation selon

des choix stylistiques et pragmatiques.

Le pourcentage de types des interrogations qui change entre les

deux corpus français et arabe montre que la traduction de l’interrogation

ne doit pas être faite avec une conservation obligatoire de sa structure

source. En effet, le traducteur garde le droit de changer le type

d’interrogation suivant l’interrogation la plus adéquate pour poser une

interrogation dans la langue cible.

31%

25%

4% 2%

9%

16%

4% 5%

0% 1% 3%

35%

27%

5% 3% 5%

15%

3% 5%

0% 1% 3%

0% 5%

10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%

Pourcentage (français)

Pourcentage (arabe)

Page 76: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

76

Une interrogation directe peut être traduite par une autre indirecte

avec une élision de la proposition principale interrogative et du point

d’interrogation dans l’interrogation arabe:

1) A quoi bon braver le sort, à quoi bon t’attirer le courroux du

prince pour une simple femme, une veuve qui ne t’apporterait en

guise de dot qu’une langue acrée et une réputation douteuse ?

فما الجدوى من تحدي القدر، ما الجدوى من أن تجر على نفسك غضب األمير لمجرد

.أرملة لن تحمل إليك من بائنة سوى لسان سليط وسمعة مريبة امرأة،

Une interrogation rhétorique directe en une autre rhétorique indirecte :

2) Les cuisses d’une vierge, est-ce là le seul territoire pour lequel il

est encore prêt à se battre ?

.أفيكون فخذا عذراء هما الحمى الوحيد الذي ال يزال مستعدا للقتال من أجله

Une interrogation multiple peut être traduite par plusieurs

interrogations directes indépendantes terminées par des points

d’interrogation, ceci revient aux spécificités de la langue française qui

admet un seul point d’interrogation à la fin de l’interrogation multiple,

alors qu’en arabe le point d’interrogation doit marquer la fin de toute

interrogation au sein de la même phrase interrogative multiple :

3) Fuir trahir déjà attendre encore, prier ?

أيفرون؟ أيستعجلون الخيانة؟ أيطيلون األنظار؟ أيصلون ويدعون؟

La traduction de l’interrogation du français vers l’arabe n’est pas

soumise à la condition de la fidélité syntaxique, puisque le changement de

type d’interrogation n’influe ni sur le contenu de l’interrogation ni sur sa

charge sémantique ni sur le but pour lequel elle a été posée. Le traducteur

s’intéresse peu à rendre fidèle toute interrogation du texte source.

L’essentiel est de donner une version qui véhicule le même message.

Page 77: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

77

III. 2. 2. La traduction des mots interrogatifs Les morphèmes interrogatifs sont utilisés pour s’interroger sur la

réalité d’un énoncé ou pour s’interroger sur un constituant bien précis de

la phrase interrogative. Les éléments interrogatifs en arabe sont multiples

à l’instar de la langue française. La différence réside dans le fait que le

français dispose de différentes catégories d’éléments interrogatifs à savoir

les déterminants, les pronoms et les adverbes interrogatifs. De même,

l’interrogation française peut être construite avec ou sans inversion de

sujet, ou sans introducteur interrogatif. Par contre, l’interrogation en arabe

peut être exprimée de trois manières à savoir des interrogatives avec ou

sans introducteurs interrogatifs ; ceux-ci sont regroupés dans deux

catégories à savoir les pronominaux et les adverbiaux.

Pour analyser ces traductions, nous avons relevé tous les éléments

interrogatifs relatifs à chaque corpus et nous avons obtenu les résultats

suivants que nous dressons dans le tableau ci-dessous.

Eléments

d’interrogation

en français

Nombre pourcentage Eléments

interrogatifs

arabes

Nombre pourcentage

Les

déterminants

3 2,97% Les

pronominaux

81 75%

Les pronoms 13 12,87%

interrogation

avec inversion

du sujet

54 53,47%

Les adverbes 16 15,84% Les

adverbiaux

16 14,82%

Page 78: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

78

Interrogation

sans inversion

du sujet et sans

introducteur

15 14,85% Interrogation

sans

introducteur

interrogatif

11 10,18%

Le tableau ci-dessus montre que l’interrogation avec inversion du

sujet dans la version française vient en tête par un pourcentage qui

dépasse 53%, suivie des interrogations avec des pronoms interrogatifs

″qui, que, quoi, lequel, etc.″, des adverbes interrogatifs ″pourquoi, quand,

comment, où, etc.″ et des interrogations sans inversion de sujet avec un

pourcentage de 41%. Nous remarquons par contre un faible usage des

déterminants interrogatifs.

Cependant, en langue arabe, les pronominaux interrogatifs ″hal″,

″ʔa″, ″mā″,″ mādā″, etc. sont les plus fréquents par un pourcentage de

75%. Les interrogations introduites par des interrogatifs adverbiaux ″kam,

ayna, kayfa, etc.″ ou celles sans introducteurs interrogatifs présentent un

pourcentage de 25%.

Comparaison et interprétation

Page 79: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

79

L’analyse contrastive des éléments interrogatifs français et ceux de

la langue arabe montre que la langue française dispose de six manières

pour poser une interrogation74

. En temps que l’arabe ne dispose que de

trois manières d’interroger : les pronominaux, les adverbiaux et les

interrogations sans introducteurs interrogatifs. L’usage fréquent des

pronominaux interrogatifs en langue arabe trouve son explication dans le

fait que le traducteur tend à traduire en pronominaux interrogatifs arabes

la majorité des éléments d’interrogation de la langue française : il traduit

par le biais des pronominaux interrogatifs les interrogations avec

inversion de sujet (cf. (4 et 5)). Ce choix est dû aux spécificités

syntaxiques de la langue arabe qui ne permet pas une inversion de sujet.

Ceci est aussi valable pour les déterminants interrogatifs (cf. (6)), les

pronoms interrogatifs (cf. (7)) et parfois même les adverbes interrogatifs

(cf. (8)).

74

Cinq genres d’éléments interrogatifs ont été utilisés par l’auteur, sauf l’élément « est-ce que », qui

constitue en lui seul une classe indépendante.

2,97%

12,87%

53,47%

15,84% 14,85%

75%

14,82% 10,18%

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

pourcentage

arabe français

Page 80: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

80

Il est à noter que le corpus français ne présente aucun cas

d’interrogation introduite par l’élément interrogatif ″est-ce que″ jugé

lourd et ancien75

.

4) Se rend-il à la taverne, ce soir-là, ou est-ce le hasard des

flâneries qui le porte?

هل كان ذاهبا إلى الحانة في ذلك المساء أم أن صدفة التسكع هي التي حملته ؟

5) Sais-tu reconnaitre un ami ?

أتعلم كيف تتعرف إلى صديق ؟

6) Quel royaume a subsisté, quelle science, quelle loi, quelle vérité ?

أية مملكة دامت، أي قانون، أية حقيقة ؟

7) Que restera-t-il demain des écrits des savants ?

الذي يبقى بعد من أعمال العلماء ؟ ماف

8) Et son parcours millénaire, qui l’a interrompu, sinon

l’arrogance de mon siècle ?

ورحلته الدهرية ما الذي قطعها غير صلف عصري أنا ؟

III. 2. 3. Le point d’interrogation entre le français et l’arabe

Nous avons compté et comparé le nombre de points

d’interrogations pour voir si le nombre de points d’interrogations diffère

lors de la traduction d’un texte de la langue française vers la langue arabe.

Le tableau suivant illustre ces hypothèses :

Texte source

(français)

Texte

cible

(arabe)

Pourcentage

différentiel

Nombre de points 98 100 2%

75

Grevisse, M., 1993, LE Bon Usage, Paris, Duculot. P. 605. § 389.

Page 81: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

81

d’interrogations

Après la comparaison des résultats obtenus dans le tableau ci-

dessus, nous avons réalisé que le nombre de points d’interrogations entre

le texte de langue française et le texte de langue arabe diffère. Le nombre

de points d’interrogations dans le texte source est moins que celui du texte

cible, il y a une différence qui ne dépasse pas un pourcentage de 2%.

Comparaison et interprétation

Le texte cible présente plus de points d’interrogations que le texte

source. Ceci est dû au choix du traducteur qui tend à traduire une seule

interrogation directe multiple qui se termine par un seul point

d’interrogation, par plusieurs interrogations directes qui se terminent par

des points d’interrogation (cf. (9) et (10)). Cette différence trouve son

explication dans les propriétés syntaxiques de chaque langue : en français,

le point d’interrogation ne se met que vers la fin de toute la phrase

interrogative, même si elle comprend plusieurs interrogations imbriquées.

Alors qu’en langue arabe, le point d’interrogation doit être mis à la fin de

chaque interrogation, au sein de la même phrase interrogative.

98

100 2%

Nombre de points d’interrogations

Texte source (français)

Texte cible (arabe)

Pourcentage différentiel

Page 82: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

82

9) Est-il le seul à qui le vizir ait glissé ces mots, ne l’a-t-il pas

confondu avec un autre, et pourquoi un rendez-vous aussi lointain,

dans le temps et dans l’espace ?

ولماذا كان ؟الم يخلط بينه وبين آخر ؟أيكون الوحيد الذي همس إليه الوزير بتلك الكلمات

موعد بهذا البعد في الزمان والمكان ؟

10) Fuir trahir déjà attendre encore, prier ?

أيفرون؟ أيستعجلون الخيانة؟ أيطيلون األنظار؟ أيصلون ويدعون؟

La structure syntaxique de l’interrogation n’est donc pas figée : le

traducteur a la possibilité de se comporter envers la traduction de la

structure syntaxique de l’interrogation de la manière qui lui paraît

adéquate : une interrogation directe peut devenir indirecte, une seule

interrogation peut être fragmentée en plusieurs interrogations, etc. sans

que cela n’altère le message de l’interrogation. Or, cette liberté a

certaines limites, car les différences sémantiques ne permettent pas

qu’une interrogation totale soit traduite en une autre partielle et vice-

versa, et à cause de la diversité des réponses attestées dans les deux types

de constructions.

III. 2. 4. La traduction des pronoms indéfinis

La traduction des pronoms indéfinis, e.g. ″aucun″, ″nul″, ″autre″,

″autrui″, ″un″, ″certain″, ″chacun″, ″plusieurs″, ″tout″, etc., présents dans

notre corpus, ne pose aucun problème, vu la présence de leurs équivalents

en langue cible (cf. (11) et (12)), et ce à l’encontre du pronom indéfini

″on″. L’analyse du corpus permet de constater que la traduction du

pronom indéfini ″on″ se fait principalement par l’intermédiaire du passif

(cf. (13)), mais aussi en faisant appel aux pronoms personnels (cf. (14))

quand ″on″ désigne une ou plusieurs personnes déterminées ou

indéterminées, ou aux substantifs (cf. (15)).

Page 83: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

83

11). Es-tu le mécréant que certains décrivent ?

أتكون الزنديق الذي يصفه بعضهم ؟

12). L’erreur si je dis que depuis la mort d’Ibn-Sina nul ne les

connaît mieux que toi ?

يعرفها منذ وفاة ابن سينا خيرا منك ؟ أحدما من أأكون مخطئا إذا قلت إنه

13). On t’a entendu dire :…

- لقد سمعت تقول :…

14). N’est-ce pas celle-ci encore qu’Omar garde à l’esprit tandis

qu’on le mène vers le quartier d’Asfizar où réside Abou-Taher, le cadi des

cadis de Samarcande ?

أوليس هذا هو أيضا ما أسره عمر في نفسه وهم يقودونه إلى حي أسفزار حيث يقيم أبو طاهر

قاضي قضاة سمرقند ؟

15) Ne souhaite-t-on pas d’habitude que le jeune s’achève, que

vienne le jour de la fête ?

أال يتمني الناس في العادة انقضاء الصيام وقدوم يوم العيد ؟

L’analyse des interrogatives traduites illustrent les différences

grammaticales et syntaxiques entre le français et l’arabe. Notamment la

traduction des sujets, celle des personnes et des formes temporelles.

Toutefois, la transformation et la modulation sont les procédés de

traduction les plus utilisées pour remédier aux différences grammatico-

syntaxiques entre les deux langues.

III. 2.5. La traduction vers le duel (mutannā) Sur le plan verbal, la langue arabe se distingue par la présence d’un

pronom personnel qui réfère à deux personnes : il s’agit du ″mutannā″. Le

traducteur tend à le traduire en respectant la référence de la personne (cf.

(16)). Le verbe français ″se rejoignent″ est à la troisième personne du

Page 84: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

84

pluriel, traduit en arabe en pronom personnel du duel (mutannā)

″talāqayā : تالقيا″. Ce qui montre que la traduction d’une structure

syntaxique n’est pas une opération mécanique, mais un fait qui ne force

pas sur la langue cible ce qu’elle ne supporte pas. Le traducteur doit être

attentif à ce genre de divergences pour que le texte cible revêt un aspect

d’originalité et qui évite surtout les interférences et le solécisme 76

auxquels peut mener une traduction qui ne respecte pas les propriétés

syntaxiques de la langue cible.

16) Combien crois-tu qu’il y ait dans cette ville, à cet instant,

d’amants qui, comme nous, se rejoignent ?

كم من عاشق وعاشقة تالقيا في ظنك مثلنا في هذه المدينة وفي هذه اللحظة ؟

III. 2. 6. L’interrogation entre l’aspect accompli et inaccompli

L’inversion du sujet avec le verbe est l’un des moyens les plus

utilisés en langue française pour interroger. Cependant, le verbe manifeste

des différences de temps et d’aspects entre la langue française et arabe. Le

verbe français a ses différents temps soit à l’accompli soit à l’inaccompli.

La langue arabe est dite langue aspectuelle vu qu’elle ne dispose pas de la

diversité temporelle de la langue française, le verbe en langue arabe

n’exprime que des aspects.

L’aspect est un trait grammatical associé au verbe, indiquant la

façon dont le procès ou l'état exprimé est envisagé du point de vue de son

développement. Tous les verbes au passé dénotent une action achevée du

point de vue de celui qui parle. L'aspect est une manière d'envisager

76

Le solécisme consiste à construire une syntaxe qui n’existe pas dans la langue cible.

″Emploi fautif, relativement à la syntaxe, de formes par ailleurs existante″.

Rey. A., 1994, Le Micro Robert, dictionnaire, P. 1196.

Page 85: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

85

l'action au moment où elle se produit et pas par rapport au moment où l'on

en parle. En français, tous les temps simples font la marque de l'aspect

inaccompli, alors que les temps composés sont toujours la marque de

l'aspect accompli. Il s'agit d'un aspect grammatical, car l'aspect dépend

alors du temps auquel le verbe est conjugué.

En langue arabe, la classification est restreinte, le temps du passé

″al-māḍī″ exprime un aspect accompli, alors que ″l-muḍāriε″ et ″l-ʔamr″

expriment un aspect inaccompli.

Nous avons essayé, en comparant les deux corpus, de voir si le

passage du français vers l’arabe permet de maintenir les mêmes aspects de

l’interrogation. Le tableau suivant montre les résultats obtenus après la

comparaison des deux corpus.

Aspect accompli Aspect inaccompli

En langue française 59 75

En langue arabe 46 88

Nous pouvons parler d’un déséquilibre entre l’aspect dans la langue

source et celui dans la langue cible. Le nombre d’interrogations exprimant

un aspect inaccompli, dans le corpus en langue arabe, est élevé par rapport

à celui de la langue source. Par contre le nombre de celles exprimant

l’aspect accompli est inférieur par rapport à celui de la langue source.

Comparaison et interprétation

Page 86: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

86

La comparaison de l’aspect dans les deux langues objet du travail :

le français et l’arabe, montre que le traducteur a tenu, dans certains cas, à

ce que l’aspect accompli en français soit rendu par un aspect accompli

dans la langue cible tel que l’illustre l’exemple (17) où ″as-tu donné″ qui

est traduite par le verbe accompli ″qaddamta : متقد ″. Or, dans différents

cas, le traducteur n’a pas respecté l’aspect du verbe de la langue source

(cf. (18)), le verbe dans l’exemple ″ s’est embarqué ″ dénote un aspect

accompli exprimé par le temps du passé composé est traduit par un verbe

exprimant un aspect inaccompli ″yubḥir : يبحر″ (cf. (19)). Ce choix trouve

son explication dans la présence de la particule de négation ″lam″ qui

précède le verbe, où l’aspect inaccompli n’est pas exprimé par le verbe

mais par la particule de négation ″lam″ qui exprime un fait du passé mais

inachevé.

Parfois la traduction du verbe vers le même aspect source ne

transmet pas la même charge pragmatique du verbe (cf. (20)). L’aspect

accompli du verbe (serais) est gardé dans le verbe cible (kunta : .( كنت

Mais si on inverse la traduction i.e. de l’arabe vers le français, nous

pourrions traduire en : ″étais-tu ivre seigneur ?″ au lieu de ″serais-tu ivre

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

Aspect accompli

Aspect inaccompli

59

75

46

88

En langue française

En langue arabe

Page 87: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

87

seigneur ?″, mais le conditionnel qui exprime une hypothèse et qui

disparaît dans l’interrogation cible connote un respect du locuteur envers

son interlocuteur, ce respect a disparu dans la traduction arabe.

17) M’as-tu donné la vraie raison de ton refus ?

لي السبب الحقيقي لرفضك؟ قدمتهل

18) N’est ce pas dans mes bagages qu’il s’est embarqué sur le

Titanic ?

الم يبحر في أمتعتي على متن ال " تيتانيك" ؟

19) Son père…n’avait-il pas inauguré son règne en tranchant une

tête abondamment enturbannée ?

أفلم يدشن أبوه عهده بقطع رأس من الرؤوس الكبيرة العمائم ؟

20) Serais-tu ivre, Seigneur ?

نشوانا ؟هل كنت

En effet, cette analyse montre que le traducteur ne peut rester fidèle

quant à la traduction de l’aspect parce que la conservation de l’aspect

altère le sens de l’interrogation. Si nous remplaçons dans l’exemple (21)

les verbes (perdons et abandonnent) qui exprime un aspect inaccompli par

des verbes exprimant le même aspect pour rester fidèle à l’aspect du verbe

source, nous obtiendrons une interrogation fausse comme le montre la

phrase suivante :

(كيف نستطيع غزوها إذا نحن نفقد جيشنا، إذا يتخلى عنا رجالنا ؟)

21) Comment pourrions-nous les conquérir si nous perdons notre

armée, si nos hommes nous abandonnent ?

كيف نستطيع غزوها إذا نحن فقدنا جيشنا، إذا تخلى عنا رجالنا ؟

Conclusion du chapitre Malgré les différences entres les langues, la linguistique, en temps

que science, essaie de mettre en relief tout ce qui différencie les langues.

Page 88: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

88

En effet, les propriétés différentielles sont l’ensemble des traits

phonologique, morphologique, syntaxique et sémantique qui distinguent

une langue d’une autre. La traduction du français vers l’arabe pose

différents problèmes liés aux divergences syntaxiques. La traduction de

l’interrogation fait ressortir avec clarté la différence entre ces deux

langues aussi bien sur le plan syntaxique que sur les plans sémantique et

pragmatique.

Pour remédier aux différents problèmes qui sous-tendent la

traduction entre les deux langues, le traducteur fait appel aux deux

procédés essentiels de la traduction à savoir la transformation et la

modulation. Ainsi, le traducteur traduit en pronominaux interrogatifs

arabes la majorité des éléments interrogatifs de la langue française. Ce

choix dépend des structures syntaxiques de la langue arabe qui ne

permettent pas par exemple une inversion de sujet pour exprimer une

interrogation. De ce qui vient d’être dit, nous pouvons conclure que la

langue arabe tend à utiliser les pronominaux interrogatifs plus que

d’autres éléments ou manières interrogatives.

En effet, la traduction de l’interrogation de la langue française vers

la langue arabe n’est pas soumise à la condition de fidélité syntaxique,

puisque le changement de type d’interrogation n’influe ni sur le contenu

de l’interrogation, ni sur sa charge sémantique, ni sur le but pour lequel

elle a été posée. Peu importe le type de l’interrogation, l’essentiel est de

produire une interrogation qui transmet le même message que celle

d’origine.

Alors, la traduction de la structure syntaxique interrogative est un

procédé qui demande au traducteur d’être très attentif quant aux

divergences entre les langues. Et ceci, pour que le texte cible revêtisse un

aspect d’originalité et surtout pour éviter les interférences et le solécisme

Page 89: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

89

auxquels peut mener une traduction qui ne respecte pas les propriétés

syntaxiques de la langue cible.

III.3. Traduction, sémantique et pragmatique

Introduction

L’interprétation sémantique est la première phase du travail du

traducteur, parce que la traduction consiste d’abord à comprendre le

message. En effet, le traducteur doit saisir le sens de la façon la plus

exacte et la plus complète avant de le transférer vers la langue cible.

Cependant, cette tâche n’est pas d’une telle simplicité, vu les divergences

d’ordre linguistique et culturel entre les langues : la langue est un

polysystème très complexe fait de différents niveaux stylistique,

grammatical, sémantique, etc. ces éléments font l’objet des divergences

entre les langues et font de la traduction une tâche complexe qui demande

au traducteur des connaissances linguistique et culturelle étendues afin de

produire un travail qui tend plutôt vers l’originalité.

Mounin relève l’importance du fait de comprendre les mots dans

leurs sphères culturelles en invoquant l’idée de Nida qui pense que « les

mots ne peuvent pas être compris correctement séparés des phénomènes

culturels localisés dont ils sont les symboles 77

». L’appartenance des deux

langues objet du travail, notamment le français et l’arabe, à des sphères

historico-culturelles différentes, oblige à traduire par équivalents car les

mots sont mieux compris dans leur univers culturels.

L’histoire de Samarcande se déroule dans un espace appartenant à

la sphère perso-musulmane, à la lecture de la version traduite, le lecteur a

l’impression de lire une version originale. De ce fait, l’interprétation

77

Mounin, G., 1963, Les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard. (Nida. E.A., 1945,

« Linguistics and technilogy in translation problem ». Word, N° 2. P 207).

Page 90: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

90

sémantique n’a pas fait un grand obstacle au traducteur puisque la religion

musulmane lie les deux cultures perse et arabe. Le traducteur ne s’est pas

contenté uniquement d’être fidèle au sens propre du texte, mais il a

enrichie le texte par l’emploi d’un lexique plus expressif et plus spécifique

à la langue et à la culture arabe.

Sur le plan lexical et sémantique, nous allons étudier, des

phénomènes linguistiques qui sont liés à la traduction mais ils ne sont pas

liés étroitement à l’interrogation, ils peuvent figurer dans d’autres

structures outre l’interrogation. Et ceci va être étalé sur un volet lexical,

sémantique et pragmatique.

III. 3. 1 Sur le plan lexical et sémantique Il est très difficile, sinon impossible, d’établir des équivalences

lexicales sans avoir recours à l’analyse sémantique. Etant donné que le

contenu sémantique des mots est analysable en traits sémantiques ou

sèmes78

, il faut d’abord identifier les sèmes dont le contenu sémantique se

compose79

. Ce n’est que de cette façon qu’on peut déterminer le sens

d’une expression et qu’on peut vérifier si l’expression choisie comme

équivalent a le même sens dans l’autre langue et présente les mêmes

propriétés sémantiques requises. C’est donc dans l’analyse sémantique

qu’il faut chercher la solution des problèmes relatifs à l’équivalence.

Lors du processus de la traduction, l’interprétation sémantique ne

peut être faite en dépendance du choix lexical. Ce n’est qu’à travers le

78

Le sème est un "trait distinctif de la substance du signifié d'un signe (au niveau du morphème), et

relativement à un ensemble donné de signes".

Pottier, B., 1974, Linguistique générale. Théorie et description, Paris, Klincksieck, p. 330 79

Ostrá, R., 1975, Structure onomasiologique du travail en français, Université Brunensis, Opéra. P.

191.

Page 91: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

91

lexique que se tisse le sens de l’énoncé, ainsi l’analyse sémantique se fait

grâce à l’analyse lexicale. En effet, l'analyse sémantique minutieuse

permet de cerner le sens de l'expression à traduire et de s'assurer d’avoir

bien choisi les termes équivalents.

Sur le plan lexical, un léger décalage peut être remarqué entre les deux

versions : cela se manifeste par des rajouts dans la version arabe. Ces

mots introduits contribuent en effet à interpréter et à cerner le sens global

du texte. Ces rajouts détectés ne peuvent pas être justifiés par les

contraintes linguistiques, mais ils pourraient être expliqués par la simple

volonté du traducteur qui s’est simplement permis quelques libres

interprétations et par l’ajout de quelques adjectifs qualificatifs en pensant

qu’il enrichirait le texte arabe.

Le texte arabe est caractérisé par l’ajout entre autres de locution

interjective, de locution interrogative ou de mots, et ce dans le but de

préciser le sens du message original, comme l’illustrent les exemples (1),

(2) et (3), respectivement. En outre, le nombre de ces ajouts reste limité,

par souci de fidélité au texte.

1) Comment ai-je pu ne pas reconnaître Omar, fils d’Ibrahim

Khayyâm de Nichapour?

يا هلل! كيف أمكن أال أعرف عمر بن إبراهيم الخيام من نيسابور ؟

2) Combien de nuits le destin leur a-t-il accordées ?

يا ترى ؟فكم ليلة أتاح لهما القدر

3) Fuir trahir déjà attendre encore, prier ?

أيفرون؟ أيستعجلون الخيانة؟ أيطيلون األنظار؟ أيصلون ويدعون؟

Les ajouts dans le texte cible pourraient être détectés lorsqu’il s’agit de

la traduction de quelques expressions métaphoriques par des expressions

métaphoriques aussi mais avec des charges sémantiques différentes,

comme le montre l’exemple (4) : dans le texte source, le sujet du verbe

Page 92: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

92

″être comblé″ a le trait sémique [+concret], alors qu’en texte cible le sujet

du verbe ″تغمر : taġmura″ a la trait sémique [+liquide].

4) Khayyam devrait être comblé- un amant peut-il espérer plus tendre

agression ?

كان ينبغي أن تغمر الفرحة عمر- هل في وسع عاشق أن يرجو ارق من هذا الهجوم ؟

Il convient également de faire part de quelques pertes qui surviennent

immanquablement, surtout au niveau lexical, mais ce ne serait pas sans

répercussions sur la charge sémantique de l’énoncé (cf. (5)). En effet, les

rajouts ou les abandons dépendent des fois de la volonté du traducteur.

Ainsi, la traduction de l’exemple (5) montre la négligence du mot qui

réfère dans le texte source à Dieu : dans le contexte de l’histoire, le cadi

Abou Taher accuse Omar Elkhayyam de toucher à la divinité sacrée de

dieu en produisant des quatrains profanes et d’une telle impiété. Le

traducteur a négligé le mot ″seigneur″ dans la version traduite, ceci reste

un peu ambigu : est-ce par un respect religieux relatif au lecteur ou c’est

un choix stylistique ?

5) Serais-tu ivre, Seigneur ?

هل كنت نشوانا ؟

Sur le plan sémantique, le traducteur tend surtout à donner une

autonomie au texte arabe par le biais d’usage d’équivalents en langue

cible. Il tend, à plusieurs reprises, de traduire le texte en lui donnant une

valeur ajoutée au moyen de procédés d’enrichissement linguistique

qu’offre la langue arabe, comme le montrent les exemples suivants :

6) As-tu encore ton voile ?

أما زلت تحتفظين بنقابك ؟

Page 93: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

93

7) N’est-il pas vrai que tu as lu sept fois à Ispahan un volumineux

ouvrage d’Ibn-Sina , et que, de retour à Nichapour, tu l’as

reproduit mot à mot, de mémoire ?

أفليس صحيحا أنك قرأت في أصفهان سبع مرات مجلدا ضخما البن سينا، و انك نقلته

لى نيسابور كلمة كلمة من الذاكرةعودتك إلدى

Le traducteur a utilisé par exemple [niqāb] qui a des traits sémiques

supplémentaires plus spécifiques que le terme français ″voile″ (cf. (6)). Le

voile étant un terme plus vague quant à sa référence en langue française,

du fait qu’il désigne ce qui couvre aussi bien le visage que le corps, et il

est souvent utilisé pour référer au [hijab] dans la religion musulmane.

Dans la communauté arabe, le terme arabe [niqab] désigne un tissu qui

couvre le visage en ne laissant paraître que les yeux. De même, le terme

″ouvrage″ traduit vers l’arabe par ″mužallad″ illustre cet aspect plus

spécifique du terme arabe (cf. (7)), ce mot indique un livre dont la

couverture est faite de cuire, c'est-à-dire un sème différentiel qui spécifie

plus le sémème ″ouvrage″. Ce qui veut dire que les termes voile et

ouvrage n’équivalent que partiellement aux termes [niqab et mužallad].

Autrement-dit, l’aspect religieux, quelques fois absent dans le texte

français, est omniprésent dans le texte arabe. Le traducteur a tendance à

donner, en cherchant les traits sémiques les plus spécifiques, l’équivalent

adéquat et convenable.

Dans le même sens, le lexème ″destin″, qui a été traduit par

[qadar], signifie en langue française un ensemble d’événements soumis

au hasard ou à la fatalité…, et qui compose la vie d’un être humain80

,

alors que le mot [qadar] a une aura religieuse dans la culture musulmane,

du fait qu’il est lié à la volonté divine et qu’il constitue un des cinq piliers

fondamentaux auxquels doit croire tout musulman(cf. (9)), on peut dire de

80

Rey. A., 1988, Le Micro Robert, Dictionnaire, Paris : (entrée : destin), P. 360. .

Page 94: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

94

même pour les mots ″lεid″ et ″la fête″ dans l’exemple (8). Cette charge

sémantique est absente dans le texte source. Ceci évoque encore une fois

le problème d’équivalence lorsqu’il s’agit de deux langues culturellement

différentes.

8) Ne souhaite-t-on pas d’habitude que le jeune s’achève, que vienne

le jour de la fête ?

أال يتمني الناس في العادة انقضاء الصيام وقدوم يوم العيد ؟

9) Combien de nuits le destin leur a-t-il accordées ?

فكم ليلة أتاح لهما القدر يا ترى ؟

Les choix lexicaux pertinents du traducteur émanent d’une volonté

à produire un texte qui revêt un caractère original et qui respecte le génie

de la langue cible.

III. 3. 2 Sur le plan pragmatique

Comme nous l’avons signalé précédemment, la question n’est pas

toujours liée à la demande d’information. Elle peut acquérir des fins

pragmatiques par interprétation inférentielle, et être investie pour d’autres

valeurs illocutoires outre la demande de l’information81

.

Les interrogations modalisées par les verbes ″pouvoir et devoir″

sont dites des questions mandes82

. Ils sont souvent utilisés dans des

structures interrogatives de type : ″vouloir /pouvoir+ P ?″ et qui sont

susceptibles de recevoir une lecture par inférence. Ce type de question

exprime une désirabilité déguisée de la part de l’énonciateur envers son

interlocuteur pour qu’il se comporte d’une telle manière.

81

Taifi. M., 2000, sémantique linguistique, référence, prédication et modalité, SFR, sciences du

langage, publication de la faculté des lettres et des sciences humaines, Fes. PP. 211-215. 82

Ibid, PP. 211-212.

Page 95: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

95

L’interrogation n’est pas forcément liée à la demande

d’information. Ainsi le locuteur (Omar Elkhayyam), dans l’exemple (10),

fait une requête à sa bien-aimée. Il lui demande implicitement de rester

auprès de lui et non si elle a la possibilité de rester chez sa cousine à

Samarcande. Cette requête doit être appréciée par l’interlocuteur (la belle

poétesse) par un raisonnement inférentiel, sinon, la réponse de la femme

ne peut être comprise comme refus lorsqu’elle répond : ″ j’ai ma place à

la cour.″, ceci explique l’intension du locuteur de ce que sa bien aimée

agisse d’une telle sorte et non pas de répondre à sa question. En outre,

l’interrogation dans l’énoncé (11) est une question modalisée par le verbe

vouloir. Le locuteur y exprime ce qu’il a voulu insinuer dans

l’interrogation précédente où il invite sa bien- aimée à partager sa vie. La

réponse de la femme illustre son refus permanent : ″Partager ta vie ? Il

n’y a rien à partager″.

10) Ne pourrais-tu rester chez ta cousine à Samarcande ?

أليس في مقدورك البقاء عند قريبتك في سمرقند؟

11) Ne voudrais-tu pas partager ma vie ?

أال تغربين في مشاطرتي عيشي؟

En outre, la traduction arabe satisfait le vouloir dire de l’auteur,

mais il y a une tendance au niveau syntaxique à substituer, pour raisons

stylistiques les verbes modaux par des substantifs comme le cas du verbe

pouvoir, ainsi que pour d’autres verbes comme le montre le tableau

suivant :

Verbe Substantif

pourrais مقدور

rester البقاء

partager ةمشاطر

Page 96: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

96

La question rhétorique est une figure de style très fréquente dans les

textes littéraires. Elle est très répandue dans les deux textes objet de notre

étude, i.e. source et cible, étant donné que le texte de Samarcande

appartient à ce courant littéraire.

Une question rhétorique est une question dont la réponse est

évidente et qui «prétend forcer le destinataire à reconnaître explicitement

ou non, ce que le locuteur tient pour vrai»83

. En effet, la question

rhétorique est utilisée non seulement pour des mesures stylistiques, mais

aussi pour des fins pragmatiques. L’exemple (12) en est la parfaite

illustration. Il s’agit en fait d’une ironie où le locuteur, le Cadi Abou

Taher, reproche à Omar Elkhayyam d’avoir produit des quatrains plein de

piété et de dévotion. L’adverbe interrogatif ″comment″ n’est utilisé ni

pour se demander de la cause ni pour la manière. La modalisation de

l’énoncé est exprimée par le verbe pouvoir en langue française et par son

équivalent en arabe le verbe ″amkana″, la traduction n’a pas infecté le

sens pragmatique de l’énoncé vu que la langue arabe comme la langue

française permet ce type d’interprétation.

12) Comment ai-je pu ne pas connaître celui qui a composé ce robaï si

plein de piété et de dévotion :

الورع؛كيف أمكن أال أعرف من نضم هذه الرباعية الناضجة بالتقوى و

L’interrogatoire est parmi les discours où l’interrogation est très

utilisée, le locuteur demande souvent à l’accusé la confirmation ou

l’infirmation de ce qu’on lui reproche. Le corpus, objet de notre étude,

illustre ce type d’interrogations quant à l’usage d’interrogations indirectes.

Des interrogations qui ne sont en réalité que des reproches auxquelles

83

Anscombre, et all., 1977, L’argumentation dans la langue, Bruxelles, Pierre Mardaga, P. 28.

Page 97: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

97

l’accusé (Omar Elkhayyam) doit répondre pour confirmer ou infirmer ces

accusations. En fait, les énoncés (13), (14) et (15) en sont l’exemple : il

s’agit des accusations sous forme d’interrogations envers l’accusé Omar

Elkhayyam auxquelles il devait se défendre devant le juge.

13) On t’a entendu dire : « je me rends parfois dans les mosquées

où l’ombre est propice au sommeil. »

"أ ذهب أحيانا إلى المساجد حيث الظل موات للنوم: "لقد سمعت تقول -

14) Ce ne sont pas seulement tes exploits qui se transmettent de

bouche en bouche, de bien curieux quatrains te sont attribués.

ليست مآثرك وحدها هي المتناقلة من فم إلى آخر فالناس ينسبون إليك كثيرا من الرباعيات الغريبة

15) On m’a rapporté des paroles d’une telle impiété que de les

citer, je me sentirais aussi coupable que celui qui les a proférés.

فقد نميت إلي أقوال من الكفر لو ذكرتها لشعرت بأن ذنبي يماثل ذنب قائلها

Ce sont des interrogations-reproches qui, pour être interprétés

comme des interrogations totales, nécessitent un raisonnement par

inférence. Cependant, ces interrogations ne satisfont pas les conditions

syntaxiques de l’interrogation directe ou indirecte: elles ne sont ni

marquées par un point d’interrogation à l’instar des interrogations

directes, ni introduites, à l’instar des interrogations indirectes, par des

propositions principales interrogatives contenant des verbes introducteurs

à sens interrogatifs (demander, s’interroger, savoir, etc.). Alors où

pourrions-nous classer ce genre d’interrogations ? Elles peuvent être

classées dans la catégorie des interrogations indirectes totales exigeant un

raisonnement par inférence, puisqu’elles ne se terminent pas par un point

d’interrogation. Le questionné est sensé répondre même si cette question

lui est adressée implicitement.

Page 98: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

98

En effet, vu l’absence des conditions syntaxiques relatives aux

interrogations directes et indirectes, nous sommes invités à les reformuler

de la manière qui satisfait ces conditions. L’interrogation (13) pourrait

être reformulée de la manière suivante (cf. (16)).

16) Je te demande si tu as dis : « je me rends parfois dans les

mosquées où l’ombre est propice au sommeil. ».

Ou bien par l’introduction d’un introducteur interrogatif pour que

celle-ci devient une interrogation directe (cf. (17)).

17) Est-ce que tu as dit: « je me rends parfois dans les mosquées

où l’ombre est propice au sommeil » ?

Les deux autres interrogations (14) et (15) peuvent être

reformulées de la manière suivante pour devenir des interrogations

indirectes totales répondant à toutes les conditions de celles-ci en y

introduisant une proposition principale interrogative, ainsi l’interrogation

(14) devient (17) et l’interrogation (15) devient (18):

17 ) Ce ne sont pas seulement tes exploits qui se transmettent de

bouche en bouche, je te demande si de bien curieux quatrains

t’appartiennent.

ليست مآثرك وحدها هي المتناقلة من فم إلى آخر.

اسالك ان كان صحيحا ماينسبه الناس اليك من الرباعيات الغريبة.

18) Je veux savoir si les paroles qu’on m’a rapporté, qui sont

d’une telle impiété et que de les citer, je me sentirais aussi coupable que

celui qui les a proférés, sont vrais.

اريد ان اعرف ان كان صحيحا ما نمي لي

من أقوال الكفر التي لو ذكرتها لشعرت بأن ذنبي يماثل ذنب قائلها .

Page 99: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

99

La visée et l’intension pragmatique de l’interrogation n’ont été

altérées ni lors du passage du côté lexical ni du côté sémantique du

français vers l’arabe. Ceci est dû d’une part, aux propriétés linguistiques

communes aux deux langues permettant ce genre d’interrogations, et

d’autre part à l’interlocuteur qui perçoit l’interrogation comme une

demande nécessitant une réponse et non comme une simple assertion

décrivant un état de chose.

Conclusion du chapitre La recherche des équivalences présente souvent un obstacle à la

traduction en matière d'interprétation sémantique. Nous nous demandons

alors s’il est possible, en principe, de réaliser une traduction fidèle, c'est-à-

dire de transposer dans la langue d’arrivée tout le message véhiculé par le

texte de départ. La réponse serait positive, surtout dans une traduction

comme celle que nous avons traitée, où le traducteur opte pour une

analyse minutieuse des traits sémiques pour donner l’équivalent précis des

items employés.

La première étape donc du processus traductionnel correspond à

une bonne interprétation sémantique qui permet de réécrire le texte de

façon à ce qu’il soit une création.

Une opinion générale consiste à affirmer que toute traduction

entraîne un appauvrissement sémantique du message, une entropie ou un

décalage entre le texte original et sa traduction. Ceci est dû, parait-il, au

manque d'équivalents parfaits entre les langues. Dans ce cas, le traducteur

se trouve obligé de sacrifier quelques traits sémiques qui ne sont pas

disponibles dans la langue cible mais indispensables pour la transmission

du sens général du message. C'est au sacrifice de traits stylistiques ou

Page 100: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

100

culturels que le traducteur tend le plus souvent, ce qui rend le contenu du

message plus pauvre ou même parfois faussé. Or, de tels sacrifices sont

souvent difficiles à éviter parce que les deux langues ne disposent pas de

niveaux socio-linguistiques similaires surtout lorsque le contexte l’oblige,

sinon la traduction ne pourrait être qualifiée comme réussie. En outre, la

traduction objet de notre étude infirme ce jugement : le lecteur pourrait

avoir l’impression de lire une version originale et non pas une traduction :

ceci est dû non seulement à la bonne connaissance du rituel islamique et

de la maîtrise des deux langues sur tous les niveaux, mais aussi aux choix

lexicaux du traducteur et à la nature même du sujet qui reflète une culture

proche de la culture arabe.

Page 101: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

101

CONCLUSION L’objectif premier du présent travail était d’effectuer une analyse

contrastive entre les structures interrogatives du français et de l’arabe.

Ayant choisi comme objet d’étude le roman Samarcande d’Amine

Maalouf, nous nous sommes donné un double objectif : d’un côté, relever

les divergences et les convergences d’ordre syntaxique entre les deux

textes, et voir comment les différences syntaxiques peuvent influencer sur

la traduction de telles structures. Voir d’un autre côté, si ces mêmes

structures posent des problèmes de traduction que se soit au niveau

sémantique ou au niveau pragmatique.

La linguistique contrastive inscrit l’activité traductive dans la

perspective des réflexions théoriques sur le fonctionnement des différents

systèmes linguistiques. Dans ce sens, la traduction est un moyen

pédagogique puisqu’il permet l’appropriation ou le perfectionnement

d’une langue étrangère, et l’analyse traductologique permet d’étudier des

théories, des principes et des mécanismes de la traduction. En effet, un

bon traducteur ne peut le devenir qu’après la lecture des ouvrages

traduits, ensuite, l’étude et l’analyse comparative des traductions pour

arriver enfin au stade d’effectuer des traductions. Alors, l’analyse des

œuvres traduites par des professionnels est indispensable pour pouvoir

traduire et pour que la traduction soit basée sur un savoir faire. Il convient

de noter donc l’importance pédagogique, mais aussi pragmatique, des

constants va-et-vient entre l’analyse et l’activité de la traduction : l’une se

ressourçant en permanence à partir de l’étude de l’autre.

Page 102: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

102

Nous avons montré dans le chapitre qui concerne les régularités et

irrégularités syntaxiques entre le français et l’arabe, que le français et

l’arabe ont des structures syntaxiques totalement différentes. Le français,

comme l’arabe, présente différents types d’interrogations, mais la

traduction de l’interrogation pose problème quand il s’agit de la traduction

d’une structure syntaxique qui ne trouve pas d’équivalents dans la langue

arabe, entre autres ; l’inversion de sujet, de même que le pronom indéfini

″on″, souvent utilisés dans l’interrogation en français. La différence réside

aussi dans la diversité des éléments interrogatifs et des manières

permettant d’exprimer l’interrogation en français par rapport à ceux de

l’arabe qui sont moins nombreux, le duel [mutanna] propre à l’arabe, la

traduction entre le français qui est langue temporelle et l’arabe dite langue

aspectuelle, etc. tous ces aspects syntaxiques différentiels font de la

traduction une tâche qui demande au traducteur une connaissance

syntaxique double, sinon la traduction pourrait être caractérisée par les

interférences ou le solécisme.

La traduction de l’interrogation n’altère pas la charge sémantique et

la visée pragmatique exprimées dans le texte source. Toutefois, le

traducteur s’est permis des ajouts et des abondants selon les besoins du

texte et de la langue cible. L’opération traduisante s’avère donc une

opération souple soumise aux tendances du traducteur. Dans le texte arabe

du roman Samarcande, Il s’est avéré que le traducteur a bénéficié de ce

qu’offre la langue arabe en matière d’un lexique avec des traits sémiques

plus spécifiques et précis. Ceci lui permet de produire un texte très

cohérent jouissant d’un lexique plus expressif et donne à la version

traduite une aura d’originalité parce « (qu’) on exige précisément du

Page 103: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

103

traducteur qu'il sache (re)composer un texte comme s'il s'agissait d'une

rédaction originale»84

En effet, une bonne connaissance des syntaxes des deux langues,

i.e. source et cible, le choix bénéfique de l’arsenal lexical, que peut offrir

toute langue, et les connaissances culturelles des communautés de

différentes langues sont des éléments majeurs susceptibles d’une

traduction digne d’une bonne qualité.

84

Delisle, J., 1984, L'analyse du discours comme méthode de traduction, Ottawa, Éditions de

l'Université d'Ottawa, PP. 217-218.

Page 104: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

104

CORPUS L’interrogation directe partielle

N° Interrogation française Interrogation arabe 1) A quel moment avait-il

basculé de la témérité dans la

démence ?

فمتى جنح ياترى من الجسارة إلى الجنون ؟

2) Et son parcours millénaire,

qui l’a interrompu, sinon

l’arrogance de mon siècle ?

ورحلته الدهرية ما الذي قطعها غير صلف

عصري أنا ؟

3) Qui es-tu donc ? من تكون ؟ رىت

4) Quel est ton nom, étranger ? ما اسمك أيها الغريب ؟

5) Et toi, qui es-tu ? وأنت من تكون ؟

6) Comment ai-je pu ne pas

reconnaître Omar, fils

d’Ibrahim Khayyâm de

Nichapour ?

كيف أمكن أال أعرف عمر بن إبراهيم ! يا هلل

الخيام من نيسابور ؟

7) Ma façon de prier ? طريقتي في الصالة ؟

8) Comment as-tu reconnu

l’imam Omar ?

كيف تعرفت على اإلمام عمر ؟

9) Où se trouve cet hôte si

généreux, que je puisse lui

adresser mes remerciements ?

أين أجد هذا المضيف السخي ألوجه إليه آيات

الشكر ؟

10) Et comment s’appelait ce

maître, que je puisse au

moins raconter ses bienfaits ?

و ما اسم هذا المولى فأستطيع على األقل أن

بأفضاله ؟أخبر

11) Comment des gens qui

placent si haut les vertus de

l’hospitalité peuvent ils se

rendre capables de violences

contre un visiteur comme

toi ?

كيف استطاع أناس يضعون فضائل الحفاوة

في أعلى المراتب أن يلحقوا األذى بزائر

مثلك ؟

12) Pourtant que faire ? و مع ذلك فما العمل ؟

13) M’as-tu donné la vraie raison

de ton refus ? هل قدمت لي السبب الحقيقي -

لرفضك؟

Page 105: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

105

14) Que restera-t-il demain des

écrits des savants ?

فما الذي يبقى بعد من أعمال العلماء ؟

15) Quel royaume a subsisté,

quelle science, quelle loi,

quelle vérité ?

أية مملكة دامت، أي قانون، أية حقيقة ؟

16) Qu’en sais-tu ? و ما أدراك؟

17) Combien de nuits le destin

leur a-t-il accordées ?

فكم ليلة أتاح لهما القدر يا ترى ؟

18) Combien crois-tu qu’il y ait

dans cette ville, à cet instant,

d’amants qui, comme nous,

se rejoignent ?

كم من عاشق وعاشقة تالقيا في ظنك مثلنا

في هذه المدينة وفي هذه اللحظة ؟

19) Combien de femmes reste-t-

il, combien d’amantes

rejoindront cette nuit

l’homme qu’elles ont choisi ?

semblablement, combien

d’hommes dorment auprès

d’une femme qu’ils aiment,

d’une femme qui se donne à

eux pour une autre raison que

celle de ne pouvoir faire

autrement?

فكم يبقى من النساء، كم من العاشقات

سيالقين الليلة الرجل الذي اخترنه؟

وبالمقارنة فكم رجال سوف ينام بقرب امرأة

يحبها، وعلى األخص بقرب امرأة تبذل له

لسبب غير عجزها عن أن تفعل غير نفسها

ذلك ؟

20) Qui sait, peut être n y a-t-il

qu’une amante, cette nuit à

Samarcande, peut être n y a-t-

il qu’un amant.

ومن يدري فقد ال يكون هناك الليلة في .

سمرقند سوى عشيقة واحدة ، سوى عشيق

واحد

21) Mais que valent les

promesses d’un vainqueur?

ولكن ما قيمة وعود المنتصر ؟

22) Que faire, comment fuir, par

quelle route ?

ما العمل، كيف الهرب، و من أي طريق؟

23) Comment pourrions-nous les

conquérir si nous perdons

notre armée, si nos hommes

نستطيع غزوها إذا نحن فقدنا جيشنا، إذا كيف

تخلى عنا رجالنا ؟

Page 106: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

106

nous abandonnent ?

24) Comment ose-t-il demander

en mariage la fille du Prince

des Croyants, issue de la plus

noble lignée ?

كيف يجسر على طلب الزواج من ابنة أمير

المؤمنين ذات الحسب و النسب ؟

25) que me conseilles-tu ? تنصحني ؟وبم

26) viens-en fait, parle, qu’a dit

Tughrul-Beg ?

أطرق الموضوع ، تكلم ماذا قال

بك؟"طغرل"

27) Mais où allons-nous si les

gens du commun

commencent à se mêler de

nos querelles ?

ولكن ما يكون مآلنا إذا بدأ العامة يتدخلون في

نزاعاتنا؟

28) Est-ce l’énervement extrême,

la précipitation l’embarras de

tirer à si courte distance ?

أهي سورة الهياج أم العجلة أم التحرج من

اإلطالق من مسافة بهذا القصر؟

29) C’est moi le maître du

monde ! Qui pourrait se

mesurer à moi » ?

يعدلني؟ فمنذا يستطيع أن! أنا سيد الدنيا

30) Est-il le seul à qui le vizir ait

glissé ces mots, ne l’a-t-il pas

confondu avec un autre, et

pourquoi un rendez-vous

aussi lointain, dans le temps

et dans l’espace ?

أيكون الوحيد الذي همس إليه الوزير بتلك

ولماذا كان الكلمات؟ الم يخلط بينه وبين آخر؟

موعد بهذا البعد في الزمان والمكان ؟

31) Et que peut-il me vouloir ? وماذا يمكن أن يريد مني ؟

32) Et comment lui reprocher de

prendre l’or que ses vers lui

valent ?

وكيف تالم على أخذ ذهب استحقته بشعرها؟

33) Pourquoi me le montres-tu ? لماذا ترينيه؟

34) Et qu’y a-t-il de si secret dans

ce livre, des formules

d’alchimie ?

وماذا في هذا الكتاب من أمور بهذا القدر من

السرية، معادالت كيميائية؟

35) Qu’y a-t-il , dis-moi ? ماذا هناك، قل لي.

36) Où va-t-il ? وإلى أين يذهب ؟

37) Comment ai-je pu ne pas

connaitre celui qui a composé

كيف

امكن اال اعرف من نظم هذه الرباعية

Page 107: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

107

ce robaï si plein de piété et

de dévotion :

الناضجة بالتقوى و الورع ;

38) A quoi bon braver le sort, à

quoi bon t’attirer le courroux

du prince pour une simple

femme, une veuve qui ne

t’apporterait en guise de dot

qu’une langue acrée et une

réputation douteuse ?

فما الجدوى من تحدي القدر، ما الجدوى من

أن تجر على نفسك غضب األمير لمجرد

امرأة، أرملة لن تحمل إليك من بائنة سوى

.لسان سليط وسمعة مريبة

39) Si telle est la position du

prince des croyants, pourquoi

a-t-il proposé un arrangement

en dinars ?

إذا كان هذا موقف أمير المؤمنين، فلماذا -

اقترح تسوية بالدنانير ؟

L’interrogation directe totale

40) N’est-ce pas moi, benjamin O.

Lesage, qui l’a arraché à son

Asie natale?

لوساج، من انتزعه من . ألست أنا، بنجامين ع

مسقط رأسه آسيا ؟

41) N’est ce pas dans mes bagages

qu’il s’est embarqué sur le

Titanic ?

؟" تيتانيك" الم يبحر في أمتعتي على متن ال

42) Se rend-il à la taverne, ce soir-

là, ou est-ce le hasard des

flâneries qui le porte ?

فهل كان ذاهبا إلى الحانة في ذلك المساء أم

أن صدفة التسكع هي التي حملته ؟

43) Ne vois-tu pas qu’il peut à

peine remuer les lèvres ?

أال ترى أنه يكاد يستطيع تحريك شفتيه ؟

44) Serais-tu ivre, Seigneur ? هل كنت نشوانا ؟

45) N’est-ce pas cette vision de

paradis qu’a voulu évoquer le

peintre anonyme qui, bien plus

tard, a entrepris d’illustrer le

manuscrit des Robaïyat ?

ألم يكن مشهد الجنة هذا هو الذي أراد أن

شرع بعد زمن يثيره الرسام المجهول عندما

" الرباعيات " طويل في تزويد مخطوط

بالرسوم المعبرة ؟

46) N’est-ce pas celle-ci encore

qu’Omar garde à l’esprit

tandis qu’on le mène vers le

quartier d’Asfizar où réside

أيضا ما أسره عمر في نفسه أوليس هذا هو

وهم يقودونه إلى حي أسفزار حيث يقيم أبو

طاهر قاضي قضاة سمرقند ؟

Page 108: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

108

Abou-Taher, le cadi des cadis

de Samarcande ?

47) N’est-il pas vrai que tu as lu

sept fois à Ispahan un

volumineux ouvrage d’Ibn-

Sina , et que, de retour à

Nichapour, tu l’as reproduit

mot à mot, de mémoire ?

أفليس صحيحا أنك قرأت في أصفهان سبع

مرات مجلدا ضخما البن سينا، و انك نقلته

لدى عودتك إلى نيسابور كلمة كلمة من

الذاكرة؟

48) Sais-tu reconnaître un ami ? أتعلم كيف تتعرف إلى صديق ؟

49) « Reconnaître un ami ? » " تتعرف إلى صديق؟"

50) Es-tu le mécréant que certains

décrivent ?

أتكون الزنديق الذي يصفه بعضهم ؟

51) L’as-tu jamais pensé ? هل خطر ذلك على بالك يوما ؟

52) Je me suis demandé : Que

reste-t-il de la ville qui

s’élevait ici jadis?

Mais que reste-t-il de leur

civilisation ?

ماذا بقي من ماذا بقي من المدينة؟ : وتساءلت

: المدينة التي كانت قائمة هنا

و لكن ما الذي يبقى من حضارتهم ؟

53) Le Calif ne t’a-t-il laissé

aucune autre directive, aucune

possibilité d’arrangement ?

ألم يدع لك الخليفة أي توجيه آخر، أي مكان

للتسوية ؟

54) Me faudra-t-il attendre d’être

vieux pour exprimer ce que je

pense ?

أينبغي أن أنتظر حتى أصبح عجوزا ألعبر

عن أفكاري ؟

55) Le cadi savait-il par ce geste,

par ces paroles, il donnait

naissance à l’un des secrets les

mieux tenus de l’histoire des

Lettres ?

القاضي يعلم أنه بهذا التصرف وتلك أكان

األقوال، كان يهب الحياة ألكثر أسرار تاريخ

اآلداب استغالقا ؟

56) Qu’il faudrait attendre huit

siècles avant que le monde ne

découvre la sublime poésie

d’Omar Khayyam, avant que

ses Robaiyat ne soient vénérés

comme l’une des œuvres les

plus originales de tous les

temps avant que ne soit enfin

و أنه كان يجب االنتظار ثمانية قرون قبل أن

يكتشف العالم شعر عمر الخيام الرفيع، و قبل

عمال أن تبجل الرباعيات على أنها أكثر األ

طرافة على مر الزمن، وقبل أن يعرف

أخيرا مصير مخطوطة سمرقند العجيب ؟

Page 109: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

109

connu l’étrange destin du

manuscrit de Samarcande ?

57) Puis-je espérer qu’en dépit de

tout ce qu’il a enduré, Khwajé

Omar ne gardera pas un trop

mauvais souvenir de

Samarcande ?

أرجو أال يحتفظ الخوجة عمر ذكرى هل

لسمرقند على الرغم من كل ما قاساه؟ سيئة

58) Y as-tu des parents, des amis ? ألك اقارب أو أصدقاء؟

59) Crois-tu qu’un seul homme y

graverait son nom pour

d’attirer des remerciements ?

أتظن من الممكن أن ينقش أحد اسمه على

أحدها طلبا للحمد ؟

60) Me permettriez-vous

cependant de poser une

question qui me hante l’esprit

?

و مع ذلك فهل تسمح لي بطرح سؤال يشغل

بالي ؟

61) L’éternité entière en

compagnie d’ulémas

sentencieux ?

الخلود بأسره بصحبة العلماء الوقورين ؟

62) Son père…n’avait-il pas

inauguré son règne en

tranchant une tête

abondamment enturbannée ?

أفلم يدشن أبوه عهده بقطع رأس من الرؤوس

الكبيرة العمائم ؟

63) A-t-elle été introduite par un

monarque trop soucieux de sa

respectabilité? par un visiteur

particulièrement méfiant ?

عاهل شديد التمسك بأن يحترم ؟فهل أدخلها

أم زائر شديد الحذر ؟

64) Est-ce la pauvreté qui m’a

conduite vers toi ?

أيكون الفقر هو الذي قادني إليك ؟

65) Serait-ce pour lui qu’elle aussi

tremble ?

أيكون ارتجافها هي أيضا من أجله

66) Aurais-tu oublié le proverbe

qui dit : « La mer ne connaît

point de voisins, le prince ne

connaît point d’amis »?

ليس للبحر " : أتكون قد نسيت القول المأثور

" قط من جيران، و ال لألمير قط من أصدقاء

؟

67) Belle comme cette poétesse ? حسناء كهذه الشاعرة ؟

68) L’erreur si je dis que depuis la

mort d’Ibn-Sina nul ne les

connaît mieux que toi ?

أأكون مخطئا إذا قلت إنه ما من أحد يعرفها

منذ وفاة ابن سينا خيرا منك ؟

69) Ne souhaite-t-on pas أال يتمني الناس في العادة انقضاء الصيام

Page 110: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

110

d’habitude que le jeûne

s’achève, que vienne le jour

de la fête ?

دوم يوم العيد ؟وق

70) Est-ce d’avoir tant pensé à

cette femme qu’il croit

maintenant l’entendre ?

أيكون قد توهم سماع صوت هذه المرأة لفرط

ما فكر فيها ؟

71) As-tu encore ton voile ? أما زلت تحتفظين بنقابك ؟

72) Les cuisses d’une vierge, est-

ce là le seul territoire pour

lequel il est encore prêt à se

battre ?

أفيكون فخذا عذراء هما الحمى الوحيد الذي

.ال يزال مستعدا للقتال من أجله

73) Sa disparition sans enfants

n’allait-elle pas plonger

l’Orient musulman dans

l’anarchie ?

ترى ألن يؤدي فقده من غير عقب إلى إغراق

سالمي في الفوضى؟الشرق اإل

74) Fuir trahir déjà attendre

encore, prier ?

أيفرون؟ أيستعجلون الخيانة؟ أيطيلون

األنظار؟ أيصلون ويدعون؟

75) Est-ce un traitement à infliger

à celui qui s’est battu comme

un homme ?

أهذه معاملة يعامل بها من قاتل قتال الرجال؟

76) As-tu vu tous ces

collaborateurs qui

l’entourent ?

أرأيت كل أولئك المعاونين الذين يحيطون به

؟

77) Suis-je si bavard d’habitude ? أأنا مهذار في العادة ؟

78) Lui en as-tu parlé depuis ? هل فاتحتها باألمر مذاك؟

79) Mais admets-tu au moins que

cette femme serait incapable

d’envisager d’autre vie que

celle de la cour ?

ولكن هل تقبل على األقل أن تكون هذه المرأة

عاجزة عن مواجهة حياة غير حياة القصر؟

80) Admets-tu que, pour toi, la vie

de cour est haïssable,

insupportable, et que tu n’y

resteras pas un instant de plus

qu’il ne faut ?

أتوافق على أن حياة البالط عندك كريهة ال

تطاق، وأنك ال تقيم فيها لحظة واحدة أكثر

مما ينبغي؟

81) Khayyam devrait être comblé-

un amant peut-il espérer plus

tendre agression ?

هل في -كان ينبغي أن تغمر الفرحة عمر

وسع عاشق أن يرجو ارق من هذا الهجوم ؟

82) C’est ce livre, n’est-ce pas ? هذا الكتاب، أ ليس كذلك ؟

83) Des poèmes interdits et

hérétiques ? Ai-je l’âme d’un

comploteur ? (Ce ne sont que

des robaïyat sur le vin, sur la

قصائد محرمة وهرطوقية ؟ هل نفسي نفس

" القصائد ليست سوى إن هذه ) متأمر ؟

عن الخمر وجمال الحياة " رباعيات

.(وغرورها

Page 111: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

111

beauté de la vie et sa vanité )

84) Toi, des robaïyat ? ؟"رباعيات" أنت، تكتب

85) Pourrais-tu m’en lire quelques

vers ?

هل لك أن تقرأ لي بعض األبيات؟

86) « le cadi m’a-t-il ouvert les

yeux sur la vérité, ou bien

m’a-t-il seulement voilé le

bonheur ? » songe Khayyam.

أيكون القاضي قد :" وتفكر الخيام متسائال

بصرني بالحقيقة ، أم تراه حجب عني

؟"السعادة فقط

87) Ne pourrais-tu rester chez ta

cousine à Samarcande ?

أليس في مقدورك البقاء عند قريبتك في

سمرقند؟

88) Ne voudrais-tu pas partager

ma vie ?

أال تغربين في مشاطرتي عيشي؟

89) Partager ta vie ? (Il n’y a rien à

partager !)

) !ليس هناك ما أشاطرك إياه)مشاطرتك عيشك؟ -

90) Regarde-moi, Omar, une

dernière fois ! Souviens-toi, je

suis ton amante, tu m’as aimé,

je t’ai aimé. Me reconnais-tu

encore ?

تذكر أني ! انظر ألي يا عمر نظرة أخيرة

أما زلت . خليلتك وأنك أحببتني وأني أحببتك

تعرفني ؟

91) Vraiment pas le moindre coin

pour étendre ma natte jusqu’à

l’aube ?

أليس من زاوية حقا افرش فيها حصيري

حتى الفجر؟

92) Ne devrait-il pas à son tour,

l’instant de surprise passé,

refermer ses bras sur la taille

de sa bien-aimée, la serrer,

presser sur son corps toute la

souffrance de l’éloignement,

toute la chaleur des

retrouvailles ?

أفما كان عليه وقد انقضت لحظة المفاجأة إن

بته يضم بدوره يديه حول قوام محبو

ويهصرها ويضغط على جسدها كل عذاب

الفرقة، وكل دفء اللقاء؟

L’interrogation indirecte partielle

93) Ils racontent comment, à

l’heure de la bataille, il s’est

revêtu d’un linceul blanc et

s’est parfumé aux aromates

des embaumeurs, comment il a

noué de sa propre main la

queue de son cheval ,

وأخذ الخطباء ينوهون بمآثره في جميع

المساجد، ويرون كيف ارتدى في ساعة

المعركة كفنا ابيض وتضمخ بطيوب

د بيده ذيل حصانه ،المحنطين وعق

وكيف تمكن من مفاجأة الكشافين الروس

المرسلين من البيزنطيين عند أطراف

Page 112: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

112

comment il a pu surprendre,

aux abords de son camp, les

éclaireurs russes dépêchés par

les Byzantins,

comment il leur a fait trancher

le nez, mais comment, aussi, il

a rendu la liberté au basileus

prisonnier.

معسكره، وكيف جدع أنوفهم، ولكن كيف

. أطلق أيضا سراح القيصر السجين

94) Peux-tu me dire si, en

introduisant des pièces d’or

dans sa bouche, et en les

retirant aussitôt, khwajé Omar

rompt le jeune ?

هل في استطاعتك أن تقول

عمر يفسد صيامه إن ”الخوجة ”لي إن كان

أدخل قطع الذهب في فمه ثم بادر إلى سحبها

؟

95) Saurais-tu pourquoi il est à

Samarcand ?

أتعرف لماذا هو في سمرقند؟

96) Sais-tu ce qui me fascine dans

les sciences ?

أتدري ما يدهشني في العلوم ؟

L’interrogation indirecte totale

97) Il regrette de l’avoir laissé

parler et se demande si ses

propos n’ont pas troublé

irrémédiablement le regard

qu’il pose sur son amante.

ويتساءل عما إذا فهو نادم على أنه تركه يتكلم

لم تكن كلماته قد عكرت بشكل ال صالح معه

.النظرة التي ينظر بها إلى عشيقته

98) Ce ne sont pas seulement tes

exploits qui se transmettent

de bouche en bouche, de bien

curieux quatrains te sont

attribués.

ليست مآثرك وحدها هي المتناقلة من فم إلى

آخر فالناس ينسبون إليك كثيرا من

.الرباعيات الغريبة

99) On t’a entendu dire : « je me

rend parfois dans les

أ ذهب أحيانا إلى المساجد : "لقد سمعت تقول

"حيث الظل موات للنوم

Page 113: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

113

mosquées où l’ombre est

propice au sommeil. »

100) On m’a rapporté des paroles

d’une telle impiété que de les

citer, je me sentirais aussi

coupable que celui qui les a

proférés.

فقد نميت إلي أقوال من الكفر لو ذكرتها

. لشعرت بأن ذنبي يماثل ذنب قائلها

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INDEX

A

accomplie ......................................................... 108, 109 acte ............................. 16, 47, 72, 75, 77, 78, 79, 80, 87 adverbiaux ........................ 61, 66, 68, 79, 95, 96, 97, 98 analyse 11, 12, 71, 72, 84, 85, 87, 89, 98, 100, 104, 105,

108, 110, 114, 115 arabe ..... 1, 4, 7, 8, 11, 12, 13, 14, 54, 55, 56, 58, 59, 61,

62, 63, 66, 70, 71, 77, 79, 80, 81, 87, 89, 91, 93, 94, 95, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 105, 106, 107, 108, 109, 111, 112, 113, 115, 117, 118, 119, 121, 122, 125, 126, 127, 128, 129, 143, 144, 145, 146

aspect ..... 9, 56, 57, 77, 87, 89, 102, 105, 106, 107, 108, 109, 110,

C

communicatif ............................................................. 10

communication ................. 10, 14, 15, 47, 49, 75, 85, 88 comparative ....................................................... 11, 127 compétence ............................................................... 10 contrastive .................................... 8, 11, 13, 81, 98, 127 convergences ..................................................... 11, 127 corpus . 12, 13, 89, 90, 91, 92, 93, 95, 99, 104, 105, 107,

114

D

directe ..... 6, 7, 13, 17, 18, 27, 28, 29, 30, 31, 39, 41, 45, 52, 54, 55, 58, 59, 60, 70, 79, 89, 91, 94, 101, 102, 112

divergences ..................... 11, 14, 53, 105, 111, 112, 113

Page 118: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

118

E

énoncé 11, 17, 27, 28, 34, 36, 37, 38, 43, 44, 46, 48, 51, 52, 53, 59, 67, 71, 72, 73, 74, 75, 77, 78, 79, 82, 95, 115,

énonciation ..................................... 16, 72, 79, 144, 145 expression ....................................... 36, 74, 79, 114, 115 expressivité .......................................................... 78, 79

F

français ..1, 11, 13, 14, 16, 17, 27, 45, 50, 58, 77, 87, 88, 89, 93, 95, 96, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 105, 106, 107, 108, 109, 111, 112, 113, 114, 116, 118, 119,119

française 8, 10, 12, 13, 20, 27, 30, 46, 51, 52, 54, 59, 66, 79, 80, 81, 83, 84, 94, 95, 97, 98, 99, 100, 102, 103, 106, 107, 111, 112, 113, 116, 116,

G

grammaire .............. 17, 20, 48, 61, 62, 76, 89, 111, 112,

I

illocutoire .......................... 16, 46, 50, 53, 73, 74, 75, 76 inaccompli ................. 9, 56, 77, 102, 106, 107, 108, 110 indirecte ..6, 7, 13, 16, 17, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 39, 41,

45, 52, 54, 55, 56, 58, 59, 60, 63, 66, 70, 79, 89, 91, 92, 94, 102

inférence ....................... 46, 50, 53, 73, 75, 80, 120, 123 interférences ...................................... 82, 105, 112, 128 interrogatifs ... 6, 7, 8, 16, 29, 30, 39, 40, 41, 42, 53, 54,

59, 61, 62, 63, 65, 66, 67, 68, 71, 72, 73, 75, 76, 77, 78, 79, 89, 95, 96, 97, 98, 111

interrogation .... 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 58, 59, 60, 62, 63, 66, 70, 71,

77, 79, 81, 87, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95,룐96, 97, 98, 99, 101, 102, 103, 106, 107, 109, 110, 111, 114, 115

interrogative 6, 7, 14, 15, 16, 17, 27, 28, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 40, 41, 42, 43, 45, 46, 51, 53, 54, 55, 58, 60, 62, 63, 66, 67, 70, 72, 76, 77, 94, 95, 99, 101, 102, 112, 115

intonation .. 6, 17, 18, 28, 34, 37, 38, 40, 44, 45, 46, 53, 54, 66, 72

introducteurs .... 6, 7, 30, 39, 53, 66, 79, 95, 97, 98, 123 inversion... 17, 18, 22, 24, 25, 26, 28, 30, 31, 38, 44, 45,

48, 50, 51, 89, 95, 96, 97, 98, 106, 111

L

langage .................................. 16, 30, 75, 76, 79, 87, 88, langagière................................................................... 10 langue . 4, 7, 8, 10, 12, 13, 14, 17, 30, 31, 32, 37, 39, 44,

52, 53, 54, 55, 56, 58, 59, 66, 71, 77, 79, 80, 82, 84, 85, 87, 88, 93, 94, 95, 97, 98, 100, 101, 102, 103, 105, 106, 107, 108, 111, 112, 113,

lexical .................................................. 9, 112, 114, 115, lexicologique .............................................................. 13

lexique ............................ 76, 79, 88, 103, 113, 115, 118 linguiste ..................................................................... 13 linguistique . 2, 10, 11, 13, 27, 46, 47, 50, 75, 76, 80, 81,

82, 83, 84, 86, 87, 110, 113, 118 locuteur .... 14, 15, 16, 20, 34, 35, 37, 47, 49, 50, 51, 70,

71, 72, 79, 80, 109,

M

modalité .... 8, 21, 48, 50, 54, 66, 71, 75, 76, 78, 80, 115, 114

morphosyntaxique ............................................... 13, 53 mot ................. 17, 19, 21, 28, 35, 37, 38, 61, 63, 65, 84,

N

nom .......... 18, 20, 39, 40, 41, 52, 86, 117, 117, 118, 119

P

particules .................................................. 24, 61, 70, 80 partielle . 7, 13, 17, 20, 21, 27, 28, 29, 33, 37, 38, 43, 44,

46, 48, 53, 54, 59, 60, 62, 79, 89, 90, 91, 92, 102, pédagogique ............................................................. 47, performance .............................................................. 10 performatifs ................................................... 72, 75, 80, point 6, 16, 17, 20, 28, 31, 34, 35, 36, 40, 42, 45, 53, 54,

55, 71, 79, 83, 94, 101, 106, 110, 104 pragmatique9, 11, 13, 14, 16, 53, 73, 80, 98, 98, 98, 99,

100, 100, 100, 101, 101 pronominaux ............ 61, 66, 67, 79, 95, 96, 97, 98, 111 pronoms .... 6, 7, 9, 11, 19, 24, 25, 40, 41, 53, 57, 62, 66,

79, 86, 89, 95, 96, 97, 99, 104,

Q

qualité ..................................................... 21, 24, 74, 129 question 7, 10, 14, 15, 16, 25, 27, 28, 31, 33, 34, 39, 46,

47, 48, 49, 52, 53, 59, 60, 62, 68, 71, 73, 75, 83, 86, 87, 89, 91, 92, 100, 101, 102, 102, 104, 104

questionné .............................................. 15, 49, 61, 104 questionneur ....................................................... 15, 49

S

Samarcande .. 1, 8, 12, 17, 19, 20, 21, 32, 33, 34, 37, 38, 71, 89, 89, 90, 90, 91, 91, 91,92, 94, 94, 95, 100

sémantique ..... 7, 8, 9, 11, 13, 14, 16, 46, 48, 53, 55, 71, 73, 75, 76, 82, 84, 86, 87,88, 104

sens ..... 13, 14, 15, 16, 30, 46, 49, 50, 61, 64, 67, 82, 84, 86, 87, 110, 112,

solécisme ................................................................ 106, source .......... 82, 84, 88, 89, 93, 95, 100, 101, 105, 107, structure10, 13, 14, 45, 54, 76, 77, 84, 87, 93, 102, 105,

112, 118, 118 syntaxe .............. 17, 20, 30, 46, 51, 84, 86, 87, 88, 106, syntaxique ...... 8, 11, 76, 77, 87, 95, 102, 105, 111, 112,

119, 119, 118

Page 119: LA TRADUCTION DES CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES

119

T

totale . 6, 7, 13, 17, 18, 19, 20, 27, 28, 29, 37, 42, 43, 44, 46, 48, 53, 54, 59, 60, 62, 79, 87, 89, 90, 91, 92, 102, 104

traducteur ......... 12, 14, 82, 85, 87, 93, 95, 98, 100, 101 traduction8, 9, 10, 11, 12, 13, 81, 82, 83, 84, 85, 87, 88,

89, 93, 95, 100, 100, 104, 104 traductive ........................................................... 11, 103 traductologique.................................................... 2, 103

U

universaux................................. 8, 83, 84, 85, 86, 87, 88

V

verbe ..... 5, 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 28, 30, 31, 42, 44, 45, 55, 56, 57, 58, 60, 61, 71, 72, 75, 77, 78, 86, 110, 100, 100, 101, 101, 103