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LA TECHNIQUE Formateur : Yves LIOGIER Collection Philosophique Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Janvier 2014
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LA TECHNIQUE

Jun 21, 2015

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Yves Vianney

Bergson observait que "l'intelligence, envisagée dans ce qui paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication". Ce cours philosophique répond à la question : le développement de la technique obéit-il à une fatalité ?
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Page 1: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEFormateur : Yves LIOGIER

Collection Philosophique

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à

l’auteur. Dépôt légal : Janvier 2014

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LA TECHNIQUE

On peut distinguer aujourd’hui :

- La technique au sens large : méthode, ensemble de moyens qui permettent de

réaliser un but. -- La technique de l’artisan, de l’homme de métier : son ART, savoir-faire, les procédés

qu’il utilise pour obtenir un résultat. -- La technique issue des sciences, leur application méthodique, les moyens de

transformation de la NATURE fondées sur elles.

Collection Philosophique 1

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LA TECHNIQUE

Le développement de la technique obéit-il

à une fatalité ?

« Fatalité » : « caractère de ce qui est fatal » ; « fatal » : 1) « Ce qui est fixé par le destin, inévitable » ; 2) « Qui entraîne la perte, la

ruine, la mort ». On peut donc distinguer deux problématiques dans la question posée : a)

celle du caractère inévitable du développement de la technique ; b) celle du

caractère funeste, nuisible, néfaste, de ce développement.

Collection Philosophique 2

Question

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LA TECHNIQUEBergson observait que « l’intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la

démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à

faire des outils, et d’en varier indéfiniment la fabrication » (L’Evolution créatrice, II). Le

développement toujours plus rapide de la technique témoigne assez de cette variation

indéfinie. Mais il semble parfois que ce développement, bien que produit par

l’intelligence humaine, lui échappe en quelque sorte, comme si cette intelligence ne pouvait s’empêcher de produire une technique qui ne

serait plus à son service, mais au service de laquelle elle serait.

Collection Philosophique 3

QuestionIntroduction

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LA TECHNIQUE

Le problème se pose donc de savoir si le développement de la technique est fatal

en ce sens qu’il nous échapperait, qu’il obéirait à ses propres lois, que nous ne

pourrions le maîtriser et qu’il nous conduirait à notre ruine.

Collection Philosophique 4

QuestionIntroduction

Page 6: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEa) Qu’est-ce que le développement

technique ?

Homo faber : être qui fabrique des outils. Cette définition rappelle que la

technique n’est pas un phénomène récent. Elle semble en effet

contemporaine de l’apparition et du développement de l’humanité. Elle

désigne des procédés, outils, instruments, savoir-faire, par lesquels

s’accomplit un certain travail, une modification ou une transformation

consciente de la nature. Collection

Philosophique 5

QuestionIntroduction

Le développemen

t technique

Page 7: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEa) Qu’est-ce que le développement technique ?

Mais le « développement technique » ne désigne pas, d’ordinaire, les lentes évolutions des techniques

artisanales au cours des siècles. Il évoque essentiellement l’extension considérable du

machinisme depuis le XVIIIe siècle, et l’application croissante des sciences aux techniques par lesquelles s’effectue la transformation de la

réalité, application autorisée à partir du XVIIe siècle par la naissance du mécanisme et le

développement de la science expérimentale. On parle alors d’un progrès parallèle des sciences et

des techniques, c’est-à-dire d’une amélioration indéfinie des connaissances de type scientifique et des applications techniques qu’il est possible d’en

tirer. Collection Philosophique 6

QuestionIntroduction

Le développemen

t technique

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LA TECHNIQUEb) Un autodéveloppement funeste et inévitable ?

Cependant l’idée même de saisir le développement de la technique comme « progrès » a été contestée. On a pu en effet faire valoir que tout « progrès »

technique n’est pas nécessairement un développement en bien, mais peut être un

développement en mal, comme le progrès d’une maladie. C’est ce qu’a souligné en particulier le

philosophe Michel Henry, qui voit la source de ce développement pour ainsi dire pathologique de la technique dans le fait qu’elle s’est constituée en

domaine autonome, liée à la seule science mathématique de la nature, séparée des autres

modes de connaissance et des autres domaines de la culture, et qui a mis hors jeu le monde-de-la-vie

et la vie elle-même. Collection Philosophique 7

QuestionIntroduction

Le développemen

t technique

Page 9: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) Un autodéveloppement funeste et

inévitable ?

« Le progrès technique, écrit M. Henry, qui était compris traditionnellement comme l’effet d’une découverte

théorique « géniale », c’est-à-dire accomplie par un individu exceptionnel

(Pasteur), a lui aussi totalement changé de nature. Par ce biais de l’activité

individuelle de l’inventeur et de sa vie propre, il était rattaché aux progrès de

la culture en général et appréhendé comme une de ses branches…. »

Collection Philosophique 8

QuestionIntroduction

Le développemen

t technique

Page 10: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) Un autodéveloppement funeste et

inévitable ?

« … Mais rien de tel ne se retrouve aujourd’hui dans le développement de la

technique s’accomplissant comme autodéveloppement. On peut seulement

dire : si des techniques a, b, c, sont données dont la composition est la technique d, celle-ci sera produite,

inévitablement, comme leur effet assuré, peu importe par qui et où. Ainsi s’explique la simultanéité des découvertes en divers

pays, leur inéluctabilité aussi… » Collection Philosophique 9

QuestionIntroduction

Le développemen

t technique

Page 11: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) Un autodéveloppement funeste et

inévitable ?

« … Leur « application » n’est pas la suite éventuelle et contingente d’un contenu

théorique préalable, celui-ci est déjà une « application », un dispositif instrumental, une

technique. Aucune instance n’existe, d’autre part, qui serait différente de ce dispositif et du

savoir scientifique matérialisé en lui pour décider s’il convient ou non de le « réaliser ».

Ainsi l’univers technique prolifère-t-il à la manière d’un cancer, s’autoproduisant et

s’autonormant lui-même, en l’absence de toute norme, dans sa parfaite indifférence à tout ce

qui n’est pas lui – à la vie. »

(La Barbarie, p. 98). Collection

Philosophique 10

QuestionIntroduction

Le développemen

t technique

Page 12: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUE

b) Un autodéveloppement funeste et inévitable ?

Dans ces conditions, le développement de la technique serait bien une fatalité au

double sens du mot. Il nous faut cependant examiner de plus près la

valeur de la technique.

Collection Philosophique 11

QuestionIntroduction

Le développemen

t technique

Page 13: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEDescartes : « des connaissances fort

utiles »

« Sitôt que j’eu acquis quelques notions générales touchant la physique […], j’ai

remarqué jusque où elles peuvent conduire […]. Elles m’ont fait voir qu’il est possible

de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie ; et qu’au lieu de cette

philosophie spéculative qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une

pratique, par laquelle, connaissant la force des actions du feu, de l’eau, de l’air, des

astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent,… »

Collection Philosophique 12

QuestionIntroduction

Le développemen

t techniqueLe projet d’une

technique libératrice

Page 14: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUE

Descartes : « des connaissances fort utiles »

« … aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer

en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs

de la nature »

(Discours de la méthode, 1637, 6e partie).

Collection Philosophique 13

QuestionIntroduction

Le développemen

t techniqueLe projet d’une

technique libératrice

Page 15: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUE

Descartes : « des connaissances fort utiles »

On voit que Descartes prend acte de la naissance des sciences expérimentales,

et conscience des applications pratiques qu’elles autorisent. Il annonce

la possibilité d’une technique dont le développement, loin d’être une fatalité

pour l’homme, devrait libérer l’humanité, et la libérer en particulier :

Collection Philosophique 14

QuestionIntroduction

Le développemen

t techniqueLe projet d’une

technique libératrice

Page 16: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUE

Descartes : « des connaissances fort utiles »

- de la souffrance du travail : certaines inventions techniques « feraient qu’on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de

toutes les commodités qui s’y trouvent » ;- de la maladie, voire du vieillissement lui-

même : le progrès des techniques devrait permettre d’assurer un jour « la conservation

de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens

de cette vie » ;

Collection Philosophique 15

QuestionIntroduction

Le développemen

t techniqueLe projet d’une

technique libératrice

Page 17: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUE

Descartes : « des connaissances fort utiles »

- de la nature en général, de cette puissance dont nous sommes les jouets malheureux tant que nous n’avons pas

conquis sur elle le pouvoir que donne le savoir. Puisque l’on nomme « Dieu »,

traditionnellement, le maître de la nature, le projet cartésien nous promet

de participer quelque peu à la puissance divine.Collection

Philosophique 16

QuestionIntroduction

Le développemen

t techniqueLe projet d’une

technique libératrice

Page 18: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUE

Descartes : « des connaissances fort utiles »

On voit aussi que se situe à l’exact opposé de toute idée de fatalité le

développement d’une telle technique qui doit nous affranchir des limites de

l’humaine condition. La seule question est de savoir si le développement réel, historique, de la technique correspond

à l’analyse de Descartes et répond à ses espérances.Collection

Philosophique 17

QuestionIntroduction

Le développemen

t techniqueLe projet d’une

technique libératrice

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LA TECHNIQUE

Descartes : « des connaissances fort utiles »

S’il est en effet remarquable que Descartes ait affirmé que le développement de la

technique passe par la substitution des « forces et actions du feu, de l’eau, de l’air »,

aux forces musculaires des hommes ou des animaux et qu’il ait en ce sens annoncé les

révolutions industrielles des siècles suivants, on se demande si elles ont bien réalisé, voire

même simplement amorcé, le projet libérateur annoncé par Descartes.Collection

Philosophique 18

QuestionIntroduction

Le développemen

t techniqueLe projet d’une

technique libératrice

Page 20: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEa) Les révolutions industrielles

L’inauguration de la machine-outil à la fin du XVIIIe siècle inaugure une révolution dans la manière de produire, dont les effets se font toujours sentir. La machine à vapeur fournit une énergie qui, pour la première fois, peut

remplacer systématiquement la force musculaire pour limer, fraiser, aléser, scier,

percer, etc. L’introduction de moteurs à énergie de plus en plus transformée (on

passe peu à peu du bois et de la houille au pétrole, à l’électricité, à l’atome) prolonge et

étend les conséquences de la première révolution industrielle.Collection

Philosophique 19

QuestionIntroduction

Le développemen

t techniqueLe projet d’une

technique libératrice

Une technique fatale

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LA TECHNIQUEa) Les révolutions industrielles

Il ne faudrait certes pas oublier les libérations qui peuvent accompagner cette extension du

règne des techniques. L’homme qui commande la machine libère son corps de la fatigue qu’entraînent des gestes difficiles et

répétés. Les gains de productivité, rendus possible par le machinisme, multiplient les

produits, et il est vrai que nous sommes aujourd’hui plus indépendants que nos

ancêtres de la nature « brute », dans la mesure où nous sommes environnés de

produits « humanisés » par le travail qui les a réalisés ; Collection

Philosophique 20

QuestionIntroduction

Le développemen

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technique libératrice

Une technique fatale

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LA TECHNIQUE

a) Les révolutions industrielles

par exemple, les techniques de l’éclairage ont éloigné l’angoisse de l’obscurité ;

les techniques de communication font que nous sommes moins dépendants

des contraintes que produisent les séparations dans l’espace, etc.

Toutefois le développement technique est également associé à diverses

formes d’esclavages. Collection

Philosophique 21

QuestionIntroduction

Le développemen

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technique libératrice

Une technique fatale

Page 23: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) L’homme esclave de la technique

- Sur le plan du travail

L’application des machines est contemporaine d’une aliénation

nouvelle, qui prend plusieurs formes. Etre aliéné, c’est être dépossédé de la

maîtrise de soi, de son propre travail, se trouver sous la dépendance de forces

« autres », « étrangères » (en latin alius, alienus).

Collection Philosophique 22

QuestionIntroduction

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technique libératrice

Une technique fatale

Page 24: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) L’homme esclave de la technique

- Sur le plan du travail

S’il domine la machine, l’homme est aussi dominé par elle : il soumet ses gestes

productifs à la rationalité de celle-ci. La division du travail qui accompagne le machinisme subordonne le travailleur

aux conditions mécaniques de la production, aux mouvements de la

machine, puis aux impératifs du développement technologique lui-même.Collection

Philosophique 23

QuestionIntroduction

Le développemen

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technique libératrice

Une technique fatale

Page 25: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) L’homme esclave de la technique

- Sur le plan du travail

Non seulement le travail, est moins intéressant, plus répétitif, parcellaire, sans qualification,

mais il conduit le travailleur à faire usage de machines et d’instruments complexes, dont il

ne comprend pas (et, à la limite, n’a pas à comprendre) les lois rationnelles de

fonctionnement : un corps de spécialistes (techniciens, ingénieurs) est chargé de

penser, pour tous, l’ensemble et les détails du processus de production ; sa logique échappe à ceux qui en assurent la réalisation effective.Collection

Philosophique 24

QuestionIntroduction

Le développemen

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technique libératrice

Une technique fatale

Page 26: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) L’homme esclave de la technique

- Sur le plan du travail

Le développement du machinisme industriel, enfin, s’est produit

historiquement dans le cadre d’une économie capitaliste. Marx nomme

exploitation l’aliénation qui fait dépendre le prolétaire du capitaliste, ce

dernier achetant la force de travail du prolétaire comme une marchandise et en extrayant une plus-value invisible.Collection

Philosophique 25

QuestionIntroduction

Le développemen

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technique libératrice

Une technique fatale

Page 27: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) L’homme esclave de la technique

- Hors du travail

Hors du travail, aujourd’hui, ne signifie pas hors de l’univers technique, puisque la

technique fait partie de notre univers quotidien. Nos loisirs eux-mêmes en

dépendent largement (télévision, téléphone, automobile, jeux électroniques,

internet, etc.) Il serait possible de décrire les formes nouvelles d’esclavages,

rendues possibles par ce nouvel usage des techniques.

Collection Philosophique 26

QuestionIntroduction

Le développemen

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technique libératrice

Une technique fatale

Page 28: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) L’homme esclave de la technique

- Hors du travail

On s’est demandé, par exemple, s’il ne fallait pas redouter une « dictature des médias », ceux-ci exerçant leur douce

violence sur des consommateurs passifs, anesthésiés, standardisés,

insidieusement manipulés.

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QuestionIntroduction

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technique libératrice

Une technique fatale

Page 29: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) L’homme esclave de la technique

- Hors du travail

Dans ces conditions le développement de la technique apparaît bien comme une fatalité, puisqu’il entraîne la ruine d’un

certain type de culture fondée sur le primat de la pensée et de la liberté

humaine.

Collection Philosophique 28

QuestionIntroduction

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technique libératrice

Une technique fatale

Page 30: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEa) La technique, ensemble de moyens

Au sens strict, le mot technique désigne toujours un ensemble de procédés, qui permettent de réaliser un but ; mais ils ne définissent pas ce

but. C’est à la politique ou à la morale de décider quelles seront les fins au service

desquelles des techniques pourront être mises en œuvre.

« Un calculateur électronique peut servir une administration capitaliste et une

administration socialiste ; un cyclotron est un outil très efficace en temps de guerre, mais il

peut aussi servir en temps de paix »

(Marcuse, L’homme unidimensionnel, p. 177).Collection Philosophique 29

QuestionIntroduction

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technique libératrice

Une technique fatale

La technique : moyen ou fin ?

Page 31: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUE

a) La technique, ensemble de moyens

L’esclavage, s’il existe, ne serait pas le fait de la technique, mais le résultat d’une

forme particulière prise par le développement technique, dans un système économique déterminé, au

cours de l’histoire, bref d’un mauvais usage, possible mais non nécessaire, de

techniques en elles-mêmes foncièrement neutres.

Collection Philosophique 30

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Une technique fatale

La technique : moyen ou fin ?

Page 32: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) Des moyens qui deviennent des

fins

Dans Misère de la philosophie

(coll. 10-18, p. 414),

Marx affirme que « le moulin à bras vous donne la société avec le suzerain ; le

moulin à vapeur vous donnera la société avec le capitalisme industriel ».

H. Marcuse observe que cet énoncé controversé « conteste cette neutralité

de la technique ».Collection Philosophique 31

QuestionIntroduction

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technique libératrice

Une technique fatale

La technique : moyen ou fin ?

Page 33: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUEb) Des moyens qui deviennent des fins

Mais que « cet énoncé est modifié ensuite dans la théorie marxiste elle-même :

c’est le mode social de production et non la technique qui est le facteur historique

fondamental. Cependant, quand la technique devient la forme universelle de

la production matérielle, elle circonscrit une culture tout entière ; elle projette une totalité historique – un « monde »

(L’homme unidimensionnel, ibid.)

Collection Philosophique 32

QuestionIntroduction

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technique libératrice

Une technique fatale

La technique : moyen ou fin ?

Page 34: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUE

b) Des moyens qui deviennent des fins

Autrement dit, le rapport de la technique avec les différents plans de la vie sociale n’a pas la simplicité qu’on

imagine parfois. La technique n’est ni totalement indépendante des formes

d’aliénation qu’une société produit, ni la cause directe de celle-ci.

Collection Philosophique 33

QuestionIntroduction

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technique libératrice

Une technique fatale

La technique : moyen ou fin ?

Page 35: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUELe développement technique et notre manière de

penser aujourd’hui ne peuvent être tout à fait séparés. Les idées de notre époque, et

jusqu’aux idées que nous nous faisons de la pensée humaine, sont liées à la pensée

technicienne qui se déploie dans notre culture. De là l’impression commune que le

développement de la technique obéit à une sorte de fatalité. Mais est-ce le

développement technique qui détermine la pensée et menace sa liberté, ou bien,

inversement, ce développement technique, qui ne serait pas en soi inévitable, a-t-il été

rendu possible par une certaine définition de la pensée, définition qui reste largement

impensée ?Collection Philosophique 34

QuestionIntroduction

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technique libératrice

Une technique fatale

La technique : moyen ou fin ?Conclusion

Page 36: LA TECHNIQUE

LA TECHNIQUE

C’est à méditer sur cette question que nous invite Heidegger, lorsqu’il écrit :

« La technique est dans son essence, un destin historico-ontologique de la vérité

de l’Être en tant qu’elle repose dans l’oubli »

(Lettre sur l’humanisme, p. 105).

Collection Philosophique 35

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Une technique fatale

La technique : moyen ou fin ?Conclusion

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LA TECHNIQUEFormateur : Yves LIOGIER

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C’était un cours de philosophie

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