Olivier Dania ECONOMIE DES ECHANGES MONDIAUX « LA RUÉE VERS L’EAU »
Olivier Dania
ECONOMIE DES ECHANGES MONDIAUX
« LA RUÉE VERS L’EAU »
~ 1 ~
Sommaire
1. Introduction à « l’eau et ses conflits ». Page 2
La planète bleue.
En 2008.
Les enjeux liés à l’eau.
2. L’économie de l’environnement . Page 3-4
Une prise de conscience envers notre environnement.
La politique de l’environnement.
L’approche économique de l’environnement.
Les principales causes de dégradation.
L’environnement comme bien public.
Les politiques environnementales.
Les problèmes de mises en œuvre.
L’environnement et l’industrie.
3. Les enjeux économiques de l’eau. Page 4-7
L’eau : en chiffres.
L’eau : une ressource commune.
L’eau : une ressource indispensable.
L’eau : un instrument de pouvoir.
L’évolution future de l’eau.
La révolution bleue.
L’assainissement de l’eau : des économies.
La gestion de l’eau : un paradoxe.
Une gestion « non durable et inéquitable ».
4. Les conflits pour l’eau. Page 8-9
5. L’eau : source de paix. Page 10
6. Conclusion. Page 11
7. Bibliographie. Page 12-13
Internet.
Ouvrages.
Articles.
~ 2 ~
Introduction à « L’eau et ses conflits ».
La Planète bleue.
97 % de l'eau présente sur Terre est salée qui est répartie dans les mers et les océans, contre moins
de 3 % d'eau douce. Deux tiers de l'eau douce est conservée à l'état solide (glaces polaires, neiges
éternelles), et un peu moins d'un tiers est constitué des eaux souterraines. Le reste des réserves
d'eau douce est réparti principalement à la surface des continents dans les lacs, les cours d'eau et
également dans l'atmosphère. Cependant, seule une infime partie est directement utilisable, que ce
soit à des fins agricoles ou pour notre usage privé. En effet, l'eau douce des cours d'eau et des
nappes phréatiques souterraines constitue 1 % du volume d'eau douce soit 0.01 % de toute l'eau sur
Terre.
En 2009.
Alors que le manque d’eau douce risque de
mettre en péril dans les années à venir, le
développement humain, économique et la
stabilité politique dans de nombreuses régions
du monde, les états ne font pas de l’eau une
priorité.
Le 12 Mars 2009 était publié par les Nations
Unies, le 3ème
rapport mondial sur les
ressources en eau, qui mettait en garde les
Etats en leur demandant « d’agir d’urgence
pour éviter une crise globale ». Cet appel reçu
quelques échos lors du forum mondial de l’eau
à Istanbul du 16 au 22 Mars 2009.
Les 142 délégations présentes ont pour la
première fois affirmé « le besoin d’atteindre la
sécurité hydrique » dans un monde qui fait
face « à des changements rapides et sans
précédent ». Alors que l’augmentation de
l’offre en eau été favorisée par la construction
de barrages et les transferts d’eau, les Etats se
sont engagés à « économiser l’eau », mais ont
refus de considérer l’accès à l’eau potable et à
l’assainissement comme « un droit
fondamental » alors que 1 et 2,6 Milliards de
personnes en sont privés.
Les enjeux liés à l’eau.
L’eau est une ressource stratégique, ce qui
explique la frilosité des états à s’inscrire dans
un projet de partage. Comme le dit Jean-Luc
Thibault, directeur du plan bleu « L’eau est
gérée au niveau local. Il y a une forte réticence
à prendre conscience qu’elle doit être
considérée comme une ressources partagée et
à raisonner de façon collective ».
Les crises liées à l’eau se multiplient à la
surface du globe. Dans la Corne de l’Afrique,
20 millions de personnes sont menacées de
famine après une nouvelle sécheresse. Le
manque d’eau, qu’il soit en Afrique, Australie,
Chine, etc., abouti à une limitation de la
production agricole et engendre des pertes
économiques. Ce n’est pas tout, dans les PED,
80% des maladies sont liées à la pollution de
l’eau consommée et causent 1,7 millions de
morts par an. Sans oublier les écosystèmes,
entraînant une disparition de la biodiversité.
La concurrence pour l’eau s’exacerbe, de part
sa raréfaction, en particulier dans les régions
soumises à des pénuries conjoncturelles ou
structurelles (Méditerranée, Moyen-Orient,
Nord de la Chine, etc.). Ces combats pour
l’eau ne feront que croître avec le temps, 260
bassins fluviaux sont partagés par des pays (2
ou plus), soit près de 40% de la population
mondiale.
Dans le même temps la population mondiale
augmente (80 millions de personnes par an),
ainsi que les besoins en eau (64 milliards de
mètres cubes par an).
L’environnement, et l’eau plus particulièrement, deviennent des enjeux de tous les jours aussi bien sur
le plan géographique, politique et économique, c’est pourquoi nous traiterons ce thème en analysant
l’économie de l’environnement, avant de nous intéresser à l’eau et ses conflits dans le monde.
L’eau est une ressource vitale pour l’homme, considérée comme inépuisable pour une majorité d’états.
~ 3 ~
L’économie de l’environnement.
Une prise de conscience envers notre environnement.
Les 20 années qui séparent la première conférence mondiale sur l’environnement de Stockholm
(1972) et celle de Rio (1992), ont été marquées par une prise de conscience générale à l’égard de
notre environnement et des menaces qui l’affectent. Même s’il est regrettable de noter que cette prise
de conscience résulte de l’ampleur de divers sinistres résultant directement de défaillances
technologiques ou du fonctionnement même du système de production : Torrey Canyon (1968),
l’Amoco Cadiz (1978), Bhopal (1984), Tchernobyl (1986), le « trou » dans la couche d’ozone, l’effet de
serre, les pluies acides, la destruction de la forêt amazonienne.
Parallèlement à ce mouvement, de nombreuses organisations écologiques se sont développées,
agissant aussi bien comme groupe de pression, que sur le plan politique. Cette irruption
environnementale dans le monde politique peut même aller jusqu'à la modification de la constitution
pour y inclure une charte de l’environnement, comme ce fut le cas pour la France.
La politique de l’environnement
Ces évolutions se traduisent par l’essor d’un
droit de l’environnement, qui vise à la fois à
protéger au niveau local, national, international
et à réparer les dommages causés.
On remarque aussi que les institutions
supranationales ou internationales (Nations
Unies, UE, OCDE, Banque mondiale) intègrent
de plus en plus les considérations
environnementales à leurs décisions.
Cependant l’appareil législatif ne peut bien
fonctionner sans l’apport d’outils économiques,
et ceux pour deux raisons :
- Une évaluation des dommages est
nécessaire pour fixer le montant des
indemnités dues.
- L’internationalisation des législations,
est de plus en plus présente, posant de
nombreux problèmes : négociations,
procédures incitatives, coordination etc.
L’approche économique de l’environnement
L’air de nos grandes cités est de plus en plus
pollué, des dizaines de millions d’habitants
n’ont pas accès à l’eau potable, nos forêts sont
détruites et les ressources naturelles
surexploitées, etc. Ces menaces sont
nombreuses et mobilisent les Etats, puisque
nous en sommes responsables.
Une telle situation a des conséquences
économiques évidentes, que ce soit les coûts
qu’il faudrait dégager pour éviter d’empirer les
choses ou ceux impliqués à la réparation des
dommages :
- Le gouvernement Indien chiffre à 150
milliards d’euros le montant des
investissements à réaliser pour le
réseau d’eau dans les zones urbaines
entre 1997 et 2021.
- La Banque Mondiale chiffre à 180
milliards de dollars par an jusqu’en
2025 le règlement des problèmes d’eau
(hydroélectricité, eau potable, etc.).
Les principales causes de dégradation
L’approche économique concerne de nombreux
facteurs à pendre en considération.
L’augmentation de la population qui entraîne
une pression croissante sur l’exploitation des
ressources, l’occupation de l’espace et
l’accroissement de l’émission de déchets.
Cette croissance de la population (surtout dans
les PED) engendre des besoins de plus en plus
importants (nourriture et chauffage) qui
conduisent à une déforestation.
Les conséquences de cette mesure sont
multiples (perte de biodiversité, minéralisation
des sols, modifications climatiques, etc.) et
6,5 milliards d’habitants en 2009 / 10 milliards en 2100
A l’époque de la révolution agricole la forêt s’étendait
sur 6 milliards d’hectares contre 4 milliards en 2006.
~ 4 ~
induisent des coûts, devenant ainsi un
problème économique pour les PED.
La technologie et la consommation sont aussi
deux facteurs jouant un rôle dans la
dégradation de notre environnement.
Les pays industrialisé porte aussi les fruits de
leurs politiques économiques, avec la
surexploitation des ressources naturelles
épuisables (charbon, pétrole) ou renouvelables
(forêts, poissons).
Il est vrai que pendant de nombreuses années,
notre croissance de la vision économiques été
centrée sur l’exploitation des ressources
naturelles et la domination de la nature par la
technologie.
L’environnement comme bien public
Les ressources naturelles sont considérées
comme des ressources communes, qui n’ont
pas de propriétaire bien définis, mais un groupe
plus ou moins précis tel une institution.
Avant l’industrialisation, les ressources
communes étaient nombreuses et exploitées de
manière satisfaisante afin de répondre aux
besoins définis. Aujourd’hui les ressources sont
en accès libre et paraissent acquises. Chacun
peut les exploiter aux dépends des autres.
Les politiques environnementales
De nombreuses solutions ont été étudiées et
misent en œuvre pour lutter contre la
dégradation de notre environnement.
Les normes : réglementations qui imposent par
exemple aux entreprises un seuil de pollution à
ne pas dépasser.
Les taxes : consiste à imposer à l’entreprise
une taxe par unité de rejet,s égale au coût
marginal de réduction de la pollution.
La négociation entre pollueurs/pollués :
allocation efficace des ressources entre les
deux parties.
Les marchés de droits à polluer : l’état distribue
ou alloue par enchères, le montant de droit à
polluer à l’entreprise (elle doit posséder un
nombre de droits égal aux rejets effectués).
Permis négociables de rejets, écotaxes, etc.
Les problèmes de mise en œuvre
Le manque d’information sur l’évaluation des
dommages, tout comme les informations liées
au coût de dépollution, sont des freins à la mise
en place de politiques environnementales.
Il faut aussi choisir la fréquence d’inspection et
les pénalités en fonction du secteur d’activité, la
taille de l’entreprise ce qui peut engendrer des
couûs massifs pour les administrations.
Quand l’environnement et l’industrie ne font pas bon ménage, l’impact des politiques
environnementales sur la compétitivité des entreprises.
Alors que de nombreuses mesures sont prisent afin de protéger notre environnement et diminuer
notre impact polluante, une question importante est en contradiction avec ces mesures, il s’agit du
maintien de la compétitivité des entreprises qui peut-être menacé par les mesures environnementales.
Il est clair qu’un accroissement des impôts, redevances, normes, etc. constitue une menace pour les
entreprises induit par l’augmentation des coûts de production. Il y a donc une inquiétude des pays les
plus respectueux par rapport aux pays plus laxistes dans ce domaine. D’où la mise en place de taxes
ou de norme environnementale, fixées de manières stratégiques, de sorte que les coûts marginaux de
dépollution soit inférieur au coût marginal de pollution, c’est ce que l’on appelle « l’écodumping ».
Si la chine adopte un taux de motorisation équivalent à
celui du Portugal, sa consommation pétrolière par an
équivaudrait à la production annuelle de l’Arabie
Saoudite.
Un habitant d’un Pays industrialisé consomme 9 fois
plus d’énergie fossile, 6 fois de bœuf et de veau, 2,5
fois plus de bois, etc. De plus 70% des émissions de
CO2 leurs sont dues.
Le tribunal de Las Aguas de Valence, en Espagne
vieux de 1000 ans, se réunit encore chaque semaine
pour répartir les usages du réseau d’eau régional.
Une question se pose, ne faut-il pas repenser notre système économique par rapport à la rareté des ressources et
de leurs répartitions dans les différents pays ?
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Les enjeux économiques de l’eau.
L’eau : en chiffres.
La planète manque désormais d’eau et cela même si l’eau de mer occupe plus de deux tiers de la
surface de la planète. En effet, l’eau utilisable, appelée eau douce, ne représente que 2,5% de ces
ressources. Nous verrons plus bas que le dessalement de l’eau de mer est très coûteux. De plus,
nous ne disposons que d’un accès limité aux ressources de la surface (seulement 0,02% du total).
Sur les 6 millions habitants de la planète, 1 habitant sur 4 n’a pas accès à de l’eau de qualité
suffisante et 1 sur 2 ne dispose pas d’un système adéquat d’assainissement.
Dans les pays en développement, 80% des maladies sont liées à la consommation d’eau polluée.
Cela se traduit par 1.7 millions de morts par an (la moitié étant des enfants). Au Zimbabwe, l’épidémie
du choléra a fait plus de 4 000 morts en août 2008. Les experts prévoient des « émeutes de l’eau » en
Afrique (précédée des « émeutes de fin » début 2009).
La croissance démographique et le développement économique ont induit un doublement de la
consommation en eau ces 30 dernières années.
On considère que 660 millions de personnes sont en « stress hydrique » (moins de 1 700 m^3 par
habitant et par an). On estime ces personnes à environ 40% de la population mondiale en 2025. On
assiste à un stress hydrique lorsque que « la demande en eau dépasse la quantité disponible sur une
période donnée ». Cette situation peut aussi faire référence à un usage limité de l’eau de par sa
mauvaise qualité.
L’eau : une ressource commune.
La plupart des grands fleuves mondiaux sont transfrontaliers. 40% de la population mondiale se situe
dans les 250 bassins fluviaux transfrontaliers. Les pays ayant des frontières communes se partagent
donc ces ressources en eau, induisant ainsi des conflits. Il est important de préciser que la répartition
de l’eau entre les pays est très inégale. Il en est de même pour les zones climatiques. Par exemple,
les zones arides (« phénomène climatique impliquant une faible pluviométrie ») n’ont accès qu’à 2%
de l’eau, tandis que moins de 10 pays (Brésil, Russie, Chine, Canada, Indonésie, Etats-Unis,
Colombie et République Démocratique du Congo) se partagent 60% des ressources. Le paradoxe
étant que de nombreuses régions très peuplées ont des ressources très limitées en eau par habitant,
telles que l’Asie Centrale, Afrique du Nord, Moyen et Proche Orient. Il est vrai que certaines régions
ont « trop » d’eau, tandis que d’autres en manquent cruellement.
De plus, des régions pauvres, telles que les bidonvilles, n’ont pas un accès direct à l’eau potable.
Certaines régions surexploitent l’eau. Elles prélèvent plus d’eau que ce qu’elles peuvent se permettre
(rapport avec les ressources renouvelables). Selon le World Resource Institute, plus de 80 pays, soit
environ 40% de la population mondiale, sont victimes de gros problèmes d’accès à l’eau salubre.
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L’eau : une ressource indispensable.
L’eau est indispensable à la vie et aux activités
humaines. En effet, un pays dépourvu d’eau ne peut
nourrir sa population ni se développer. De nos jours,
l’eau est un indicateur de développement économique
d’un pays. L’eau est une ressource indispensable et
liée à la chaîne de vie : santé, hygiène, alimentation,
agriculture, développement économique et création
de richesse.
Notons que l’agriculture prélève 70% des ressources
d’eau dans le monde (alimentation en eau potable :
10% et industrie : 20%). Il faut en effet 15 000 litres d’eau (total de l’eau utilisé dans le processus de
production) pour produire un kilo de bœuf.
L’eau : un instrument de pouvoir.
Les besoins en eau sont toujours croissants. Comme déjà dit précédemment, les désaccords sur la
répartition de cette ressource ont pour conséquences des conflits mondiaux. L’eau se retrouve alors
être un instrument de pouvoir pour les Etats situés en amont des cours d’eau. Nous citerons l’exemple
du conflit entre l’Israël et la Palestine. Pour le pays détenteur de ressources en eau, l’eau peut être
utilisée comme un moyen de pression sur les autres pays.
L’évolution future de l’eau.
Le deuxième forum mondial de l’eau, tenu à la Haye en mars 2000, a discuté de « la vision de l’eau
en 2025 ». Cosgrove et Rijsberman ont établi trois scénarios possibles pour 2025. Rappelons que
depuis 30 ans, les médias sont alarmistes quant à l’évolution de l’eau mais que l’évolution réelle est
plus modérée que les prévisions, qui n’en reste pas moins significative. Les scénarios envisagés sont
les suivants :
- Business as usual (BAU) : poursuite des politiques actuelles
- Technology, economics and the private sector (TEC): la Recherche et le Développement sont
dirigés par le secteur privé et les droits d’eau sont commercialisés, laissant ainsi de côté les
pays les plus pauvres.
- Values and lifestyles (VAL) : dans une optique de développement durable, transparence,
équité et solidarité sont liées à une évolution technologique maîtrisée (pays les plus pauvres
inclus).
Les tendances de prélèvement dans les ressources renouvelables sont alors estimées à 5 200 km^3
par an en 2025, contre 3 800 en 1995.
Prélèvements en eau
Agriculture
Eau potable
Industrie
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Le problème étant que la population et sa consommation en eau vont continuer d’augmenter,
contrairement aux ressources en eau, qui sont quant à elles épuisables et non éternelles. De plus,
comme déjà dit précédemment, les techniques d’assainissement de l’eau sont coûteuses.
Les spécialistes estiment que dans une cinquantaine d’année, l’or bleu (l’eau) sera plus précieux que
l’or noir (le pétrole). L’eau est aujourd’hui devenue un enjeu planétaire.
La révolution bleue.
Après la révolution verte, s’annonce la révolution bleue. En effet, pour faire face aux problèmes
nutritionnels, a été mise en place une agriculture intensive. Agriculture qui prélève aujourd’hui 70%
des ressources en eau. On considère que le développement en irrigation est inévitable pour satisfaire
les besoins nutritionnels.
L’assainissement de l’eau : des économies.
Rappelons que l’assainissement désigne «l’ensemble des moyens de collecte, de transport et de
traitement d’épuration des eaux usées avant leur rejet dans les rivières ou dans le sol ». Ce procédé
est coûteux sur le court terme (2,80 euros par mètre cube d’eau) mais peut cependant réaliser des
économies sur le long terme. En effet, un meilleur assainissement de l’eau permet :
- D’augmenter le taux d’inscription à l’école primaire
- De réduire le taux de maladie (les enfants manquent ainsi moins l’école)
- D’accroître la productivité des adultes
- De renforcer la sécurité des femmes
- De réduire la pollution des ressources aquatiques
Un mauvais système d’assainissement de l’eau, ayant des répercussions sur l’environnement et sur
les maladies, est coûteux.
Comme déjà dit précédemment, il existe de nombreuses maladies liées à l’eau, telle que l’arsenicisme
(intoxication issue de la consommation d’eau trop riche en arsenic). De plus, comme l’affirme Pasteur
« nous buvons 90% de nos maladies ». Le CDC et l’OMS confirme cette hypothèse et propose la
solution de la chloration de l’eau pour tuer les micros organismes pathogènes présents dans l’eau.
La gestion de l’eau : un paradoxe.
Il existe un paradoxe réel dans la gestion de l’eau. Les entreprises polluent dans leurs activités. Or, la
pollution est néfaste pour l’environnement. Mais si ces entreprises ne polluent pas, elles ne peuvent
fonctionner. Et si les entreprises ne fonctionnent plus, cela impacte l’économie. Nous sommes donc
en présence d’un paradoxe difficile à résoudre. C’est d’ailleurs pour cela que les entreprises préfèrent
payer des amendes plutôt que de ne pas polluer.
Une gestion « non durable et inéquitable ».
Selon un document 2009 de l’Organisation des Nations Unies, si la gestion actuelle de l’eau se
poursuit, les conséquences seront graves pour le développement économique et la sécurité des
hommes dans plusieurs régions du monde. Nous pouvons cités l’exemple de l’Afrique et l’Asie où
l’eau se raréfie, à mettre en relation avec la croissance démographique et le changement climatique.
Les tensions économiques et politiques s’en ressentent alors.
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Les conflits pour l’eau.
Comme expliqué dans le chapitre précédent, l’eau est une ressource aussi nécessaire à l’activité
humaine que vitale. Il parait presque évident qu’une ressource aussi vitale peut être convoitée et peut
mener à des conflits. Cependant avant de parler et expliquer des conflits générés par l’or bleu, voici
quelques éléments qui permettent de comprendre pourquoi l’eau génère des tensions dans le monde :
L’eau, une ressource épuisable, a vu sa consommation quasiment doubler ses 30 dernières années
dans le monde. Deux facteurs sont directement imputables à cette évolution considérable :
- La croissance démographique
- Le développement économique
Ces consommations d’eau douce (consommable et exploitable) sont réparties entre des activités et
acteurs ayant des rôles importants dans l’Economie des Etats et régions : 70% de volume d’eau
douce est utilisée dans l’agriculture, 20% pour satisfaire les besoins de l’industrie et 10% pour la
consommation domestique. Nous pouvons donc en venir à s’interroger sur l’impact d’un pays s’il
venait à manquer d’eau pour répondre à ces besoins économiques.
Un premier constat : Aujourd’hui près de 660 million d’individus dans le monde vivent en situation de
stress hydraulique, c'est-à-dire qu’ils utilisent l’eau plus rapidement que son renouvellement naturel.
Un deuxième constat : L’eau douce est inégalement répartie sur le globe et plus de 1,4 milliards de
personnes n’ont pas d’accès direct à une source d’eau potable. Pour bien prendre en mesure ce cas,
considérons que l’Asie représente 60% de la population mondiale, mais qu’elle ne dispose seulement
de moins de 30% des ressources en eau. Selon le « world Resource Institute », près de 40% de la
population mondiale aurait des difficultés liées à accessibilité à une eau saine.
A de nombreux endroits dans le monde l’eau est surexploitée et beaucoup de pays prélèvent
nettement plus que leur réserve renouvelable. Elle est donc devenue un enjeu planétaire essentiel et
le peu de ressource d’eau accentue les rivalités entre régions voisines, et les tensions géopolitiques
entre les Etats qui se partagent une même source (le bassin du Tigre, l’Euphrate, le Nil, le Jourdain,
etc.).
L’appropriation de cet « or bleu » est une source de conflits et les pays peuvent être tentés de l’utiliser
comme moyen de pression. Prendre le contrôle d’une ressource en eau et s’approprier le flux d’eau
vers le pays le mieux pourvu est un avantage considérable. Mais cela aux dépends d’autres pays.
C’est dans ce contexte que se place le conflit de la Turquie contre la Syrie et l’Irak. Le Tigre et
l’Euphrate prennent leurs sources en Turquie. Cependant on peut compter cinq barrages Turcs en
amont des deux fleuves. Ces barrages empêchent les Irakiens d’avoir les quantités suffisantes d’eau
nécessaires à la satisfaction de leur besoins et ce malgré de nombreuses requêtes pour laisser
passer un débit suffisant vers l’Irak. Que penser alors du projet d’Ankara qui vient d’ajouter 22
barrages supplémentaires sur l’Euphrate ? Cette situation créé de fortes tensions entre les deux
voisins : Bagdad pense que la Turquie assoiffe délibérément ses voisins et risque de cesser tout
accord commercial avec elle. La Turquie quant à elle se justifie en exposant qu’elle désirait et ne
comprenait pas pourquoi elle ne vendrait pas son « Or blanc » au même titre que l’Irak vend son « Or
noir ». On voit donc des intérêts purement économiques et de contrôle qui vont à l’encontre de
besoins minimum de développement.
L’ONU a rendu en Mars 2009 un rapport adressé à la « Communauté Internationale » et en tire une
sonnerie d’alarme pour que les Etats commencent à se mobiliser. Elle propose aux pays d’intégrer à
leurs politiques une « politique pour l’eau » en urgence, et ce, au même niveau que la sécurité ou le
développement durable. Elle invite à une coopération volontaire et responsable des pays entre eux.
Ce document révèle notamment que l’inégalité de l’eau et sa mauvaise gestion de l’eau, si elles
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persistent, risquent de conduire à de graves problèmes entravant aux développements nécessaires et
à la sécurité de certains pays, et par conséquent mèneraient à des conflits.
En Asie centrale se trouvent des conflits pour l’eau lattant depuis plus de 50 ans. Ils concernent
l’utilisation des eaux du Syr Daria et de l’Amou Daria qui se jettent dans la mer d’Aral. L’eau est très
mal repartie sur ce territoire et créer des dépendances liées au partage de l’eau entre les pays. Aucun
de ces pays ne peut exploiter cette ressource sans traiter avec son voisin sur la façon de le faire. Le
sud ouest a presque toutes les ressources en eau, qui lui permettent aussi d’être des producteurs
importants dans la production d’hydroélectricité (ce sont le Kirghizstan et le Tadjikistan). Par contre il
ne possède pas de ressource en gaz et en pétrole. Le sud-est, quant à lui, ne manque pas de gaz et
pétrole mais observe des carences en eau vis-à-vis des grands besoins liés à l’irrigation (ce sont
l’Ouzbékistan et le Turkménistan). Il y a donc une entière dépendance entre ces pays d’Asie qui
mènent à des pressions politiques et économiques (agriculture et électricité), une partie détenant l’OR
BLEU, l’autre l’OR NOIR.
Le conflit actuel le plus virulent dans le monde lié à l’eau se trouve au Moyen Orient, dans le contexte
des tensions Israélo-palestiniennes, plus particulièrement en Cisjordanie. 8,2% des sources d’eau
potables sont laissées aux Palestiniens alors qu’Israël contrôle 57,1% des sources disponibles. Cette
situation mène à un conflit considérable car les besoins en eau de la population Palestinienne ne
peuvent vraiment pas être satisfaits. L’eau est contrôlée par les israéliens qui la vendent aux
populations Palestiniennes, mais don celles-ci préfèrent se risquer à boire de l’eau insalubre. Ils
accusent les compagnies d’eau Israéliennes de contaminer l’eau pour nuire à la population et faciliter
le contexte de colonisation du territoire. De plus, les colonies Israéliennes versent leurs eaux usées et
non traitées dans les terres Palestiniennes, menaçant ainsi de polluer les maigres sources d’eau.
L’eau est inégalement répartie sur ce territoire, et selon les Palestiniens, c’est cette inégalité des
ressources d’eau qui a maintenu pendant 60 ans les Palestiniens en état de sous développement.
Environ 44% des besoins domestiques en eau des Palestiniens sont satisfaits par les ressources
disponibles localement contre 56% achetés aux Israéliens. Israël affiche une volonté de contrôler
totalement les ressources Palestiniennes et refuse de partager équitablement les ressources aux
Palestiniens. Ici, nous avons donc l’eau qui est utilisée comme moyen de pression, de pouvoir pour
contrôler une population, mais aussi assurer son propre développement territorial et économique
Les conflits pour l’eau risquent d’ici 50 ans d’être un vrai problème et ce à l’échelle mondiale si les
Etats ne cherchent pas à faire des compromis entre eux et à réaliser une bonne gestion de cette
ressource. Lors de ces conflits, l’eau est instrument de pouvoir, pouvoir économique, au même titre
que le pétrole, pour celui qui la possède, pouvoir répressif pour le pays qui souhaite contrôler et
s’enrichir. Mais ces conséquences peuvent être vraiment néfastes pour les populations qui manquent
d’eau : pollution de l’eau, pénurie de l’eau, sous développement de l’Etat, maladies hydriques, etc.
Pour les plus idéalistes, la population mondiale devrait chercher à mieux s’organiser et collaborer
pour une bonne distribution de l’eau.
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L’eau source de paix ?
« Donner un verre d'eau en échange d'un verre d'eau n'est rien ; la vraie grandeur consiste à rendre le
bien pour le mal. » (Gandhi, discours et écrits).
Même si tout le monde ne peut penser de cette façon, il n’existe pas seulement des conflits autour de
cette ressource si précieuse qu’est l’eau. En effet, on compte environ 3 600 traités signés portés sur
l’eau et la manière de l’utiliser (de 805 à 1984). Ainsi, l’eau peut également être un point d’intérêt
commun et s’il est bien géré peut devenir une source de compromis bénéfique pour ses usagers.
Un exemple qui nous paraît ici probant, la coopération entre Israël et la Jordanie. Une coopération
concernant les eaux du Jourdain a toujours existé implicitement entrecoupé d’épisodes de conflits.
Cela a d’ailleurs contribué à la signature du traité de paix Israélo-jordanien en 1994. Egalement, c’est
le contact entre différents responsables de l’eau Israéliens et Palestiniens vers 1990 qui ont facilité
les négociations lors de la conférence de Madrid en 1991 et les accords d’Oslo ont suivi deux ans plus
tard.
1994, c’est également la fin du régime d’apartheid en Afrique du sud. Cela a fait naître de grands
espoirs de paix et de développement. Dans le domaine de l’eau, une nouvelle politique apparait
autour de trois axes majeurs d’une loi sur l’eau de 1998 : la nationalisation des ressources en eau, le
passage à une politique de gestion de la demande et l’établissement d’un véritable partenariat avec
les pays voisins. On affiche donc ici une réelle volonté de traiter les conflits liés à l’eau de façon
pacifique et raisonnable.
Ensuite, des exemples, l’histoire nous en donne encore bon nombre. De plus, ces exemples ne sont
pas forcément les plus lointains dans notre histoire. Le traité des eaux de l’Indus signé en 1960 entre
l’Inde et le Pakistan est un bon exemple de la coopération autour de l’eau. L’Inde et le Bangladesh ont
signé un nouveau traité en 1996 sur le partage des eaux du Gange laissant ainsi derrière eux une
longue période de conflits. Enfin, le bon élève qu’est l’Inde, a résolu en 1997 son conflit fluvial avec le
Népal grâce au traité du Mahakali.
Toutefois, la paix par la gestion de l’eau reste quelque chose de relativement utopique. En effet, l’eau
pourrait être un instrument de paix dans le cadre d’un transfert des technologies de l’eau Israélienne
vers les pays arabes et on garantirait à la fois la paix et l’accès à l’eau dans une terre pacifiée.
Cependant, nous sommes d’accord sur le fait que cela ne colle pas vraiment bien avec la réalité du
terrain.
L’eau peut donc être une source de compromis et de pacifisme, mais les accords qu’elle créé ne sont
pour l’instant que régionaux, nous sommes encore loin d’une gestion mondiale. De plus, l’eau est un
bien que l’on ne peut privatiser, c’est une ressource universel et vitale à toute nation.
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Conclusion
L’eau est un sujet d’actualité qui nous touche tous plus ou moins directement. Aujourd’hui, on nous
parle d’écologie, de la nécessité d’économiser les ressources naturelles comme l’eau, mais on ne
nous parle pas des conséquences à l’échelle humaine, réelles et directes, pour nous et les
générations futures.
La pollution, le réchauffement climatique, le développement économique et la croissance
démographique mondiale font de l’eau un bien précieux et convoité.
L’hypocrisie liée à l’eau !
« Dans certaines parties du monde, le réchauffement de la planète va se traduire par des pénuries
d'eau, la sècheresse et des déserts de plus en plus grands. Dans d'autres parties, il y aura de plus en
plus de pluies, de tempêtes et d'inondations. »
C’est sur ce constat, que Fredrik Reinfeldt a ouvert le sommet sur l’eau de Stockholm en 2005. Malgré
de nombreux rapports, démontrant la rareté de l’eau, qui est vitale à l’homme et à son développement,
on remarque une certaine fébrilité de la part des différents acteurs concernés à vouloir s’investir dans
le traitement et le partage de l’eau.
On note cependant un changement d’attitude des différents acteurs concernés, lors du Sommet de
Copenhague, conférence des Nations Unis sur le changement climatique, où le sujet de l’eau a été au
cœur des discussions. Le problème soulevé lors de cette conférence, est l’impact du changement
climatique sur l’Himalaya. On constate que le réchauffement climatique pourrait menacer les
ressources en eaux fournies par l’Himalaya, source principale pour l’Asie. Un glaciologiste déclare
même « ces glaciers sont centraux pour la région. Si nous n’avons pas de neige ni de glace, les gens
vont mourir ». Pour appuyer cette thèse, une étude du groupe international McKinsey & Co, explique
qu’il existe un réel fossé entre les ressources en eau et ses besoins. En vue des changements
climatiques futurs, les spécialistes estiment qu’en 2030, nous ne pourront satisfaire que seulement
50% de nos besoins en eau.
Que faire à ce moment là ? On aurait tendance à privilégier la mise en place d’accord et de traités.
Solution plus saine, moins violente et plus respectueuse des hommes et de l’environnement. Or il
serait intéressant d’étudier les coûts économiques de chacune des solutions. Les enjeux sont en effet
à prendre en compte. Il est peut être plus avantageux pour un pays de se battre pour l’eau, s’il gagne,
que de passer un accord qui l’obligerait ensuite à partager ses ressources. Nous tenons à préciser
que ce n’est pas la solution à privilégier mais que cependant il est possible que certaines Nations
raisonnent en quantitatif plutôt qu’en qualitatif.
Comme nous l’avons déjà dit, l’eau est une ressource stratégique difficilement évaluable. Même si la
mise en place d’une solution plus saine, comme la création d’un organisme disciplinaire lié à l’eau (et
l’environnement), faisant appliqué les différentes normes, réglementations et taxes, tout en n’hésitant
pas à sanctionner financièrement les entreprises en délit, serait une solution à prendre en compte sur
le court-terme, rien ne garantit qu’il s’agira d’une solution viable sur le long terme.
Un sentiment d’hypocrisie se dégage des différentes conférences et mesures proposées pour notre
environnement et notre or blanc. Les Etats ne veulent pas nuire à la productivité de leurs entreprises,
mais se plaignent tout de même du non respect des normes par leurs voisins.
« L'eau liquide est plus rare à l'échelle cosmique que l'or sur la terre. » — Hubert Reeves, Patience
dans l'azur
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Bibliographie.
Internet.
Site Article
Date
http://blog.mondediplo.net
Gestion de l’eau : entre conflits et
coopération.
14/01/2008
http://cat.inist.fr
L’eau, source de conflits dans le monde.
1998
http://www.cnrs.fr
Dossier scientifique sur l’eau
Situation mondiale - L'eau, une source
de conflits entre nations.
Octobre 2002
http://www.cite-sciences.fr
L’eau pour tous.
2009
http://www.e-media.ch
L’or bleu.
28/09/2008
http://fr.wikipedia.org
Eau.
22/11/2009
http://www.idrc.ca
L'eau, source de conflits, source de
cohésion sociale.
15/09/2007
http://www.lefigaro.fr
La guerre de l'«or bleu» menace la
planète.
16/03/2009
http://www.unep.org
Conflits et coopérations
2009
http://www.vedura.fr
Sommet de Copenhague sur le climat.
2009
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Ouvrages.
Titre Auteur
Editions et année
De l’eau et de la paix : conflit et
coopération Israélo-palestiniens
- Laurent Calligé,
- Valentina de Socio,
2008
Cultiver la paix : conflits et
collaboration dans la gestion
des ressources.
- Daniel Buckles,
2001
Eaux et territoires, 2ème
édition. - Fréderic Lasserre,
- Luc Descroit,
2005
Economie et politique des
changements climatiques.
- Sylvie Faucheux,
- Haitman Joumni,
La découverte, 2005
Economie des ressources
naturelles. - François Stankiewicz,
La découverte, 1999
L’économie de l’environnement,
3ème
édition.
- Philippe Bontems,
- Gilles Rotillon,
La découverte, 2007
L’eau au 21ème
siècle : enjeux,
conflits, marchés. - Pierre Alain Roche
Quelle paix pour le nouveau
siècle. - Bernard Vrignon,
2001
Articles.
Titre de l’article
Auteurs
Revue
L’eau et le processus de paix
Israélo-arabe.
- N.Beschorne, Politique étrangère, 1992.
Eau – Vers une crise hydrique
mondiale (pages 42-43).
Ressources naturelles – La
chasse aux métaux
stratégiques (pages 44-47).
- Gaëlle Dupont,
- Patrice Claude,
- Bertrand d’Armagnac,
- Laetitia Clavreul,
Le Monde (Hors-série) – Bilan
Planète, 2009.
Pages 36 à 41. Time n°23 (Décembre 2009).
Vision méditerranéenne sur l’eau,
la population et l’environnement.
- J.Margat,
- D.Vallée
Plan Bleu, 1999.
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ISTEC
12, rue Alexandre Parodi - 75010 Paris – France
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