Top Banner
SCOLIA Sciences Cognitives, Linguistique & Intelligence Artificielle 10ömes RENCONTRES LINGUISTIQUES EI{ PAYS RHEI{AN & Journ6e << LA RELATIOI{ PARTIE.TOUT >> Actes publi6s par Injoo Choi-Jonin, Francine Gerhard-Krait & Martin Riegel Publication de I'Universitd Marc Bloch (Strasbourg 2) N" 12 2000
13

La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

Mar 15, 2023

Download

Documents

Welcome message from author
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
Page 1: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

SCOLIASciences Cognitives, Linguistique & Intelligence Artificielle

10ömesRENCONTRES

LINGUISTIQUESEI{ PAYS RHEI{AN

&Journ6e

<< LA RELATIOI{PARTIE.TOUT >>

Actes publi6s parInjoo Choi-Jonin, Francine Gerhard-Krait

& Martin Riegel

Publication de I'UniversitdMarc Bloch (Strasbourg 2)

N" 122000

Page 2: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

236 Ludo MELIS

LAMIROY B. et DELBECQUE N., (1998) : < The possessive dative inRomance and Germanic languages. > in w. van Langendonck et w. vanBelle (dds.) The Dative: vol.2 Theoretical and contrastive studies.Amsterdam, Benjamins : 29-7 4.

LECLERE chr,, (1995) : < sur une restructuration dative. >> Language researchInstitute Seoul National University 3l-l : 179-198.

MELIS L., (1983) : Les circonstants et la phrase. Leuven, University press.

-, (1990) : La voie pronominale. Louvain-la-Neuve et paris (Duculot).

-, (1996): < The dative in Modern French. > W. van Belle et W. vanLangendonck (öds) The Dative: vol. 1 Descriptive Studies. Amsterdam,Benjamins :39-72

-, (1998) : < From form to interpretation: Building up the < dative >-roles. >w. van Langendonck et w. van Belle (dds) The Dative : vol. z rheoreticarand Contrqstiye Studies. Amsterdam, Benjamins :261-291.

RUWET N., (1982): u A p.opos des prdpositions de lieu en frangais. >Grammaire des insultes et autres ötudes. Paris, Le Seuil: 317-340.

SPANOGffi A.-M., (1995) : La syntare de I'appartenance inaliönable enfranqais, en espagnol et en portugar.r. Frankfurt, p. Lang.

VERGNAUD A. et ZUBIZARRETA M. L., (1992): < The DdfinireDeterminer and the Inalienable constructions in French and English. >Linguistic Inquiry 23-4 : 595-652.

Scon,e I2,pp.237-260.

LA RELATION PARTTE.TOUT AUX CONFINS DEL'HYPONYMIE

Wiltrud MIHATSCHUniversitcit Tübingen

Romanisches Seminar

LEXIQUE ET STRUCTURES CONCEPTUELLES

Le lexöme rassemble des informations phonologiques,morphologiques, syntaxiques et sdmantiques et occupe donc une placecentrale dans le systöme linguistique. En quittant le domaine strictementlinguistique on s'apergoit que le lexique constitue en plus le lien le plusimportant du langage avec l'histoire, la culture et la soci6t6 d'unecommunautd linguistique et qu'il est le reflet le plus accessible de laconceptualisation humaine. La sdmantique cognitive nous a ddmontrd, parailleurs, I'importance des liens entre concepts et lexömes, des liens quisurgissent dans I'analyse diachronique aussi bien que dans l'analysesynchronique :

< Through a historical analysis of oroutes' of semantic change, it is

possible to elucidate synchronic semantic connections betweenlexical domains; similarly, synchronic connections may help clarifrreasons for shifts of meaning in past linguistic history. > (Sweetser,

1990 :45-46)

Je m'intdresserai ici plus particuliörement ä la relation lexicale dited'Iryponymie et ä son organisation conceptuelle dans le domaine des nomsconcrets.

Page 3: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

238 lltiltrud MIHATSCH

L'HYPONYMIE : UNE RELATION LEXICALE PARADIGMA-TIQUE

Les ddfinitions de I'hyponymie - I'une des relations lexicalesparadigmatiques entre deux lexömes syntaxiquement identiques - varient enfonction de I'analyse choisie. Du point de vue extensionnei, I'hyperonymeinclut l'hyponyme; du point de vue intensionnel, I'hyponyme inclutI'hyperonyme. La ddfinition suivante combine les deux perspectives : selonKleiber et Tamba (1990 : l4), l,inclusion extensionnelle dansI'hyperonyme fait partie du sens de l,hyponyme, c,est-ä-dire que le lexöme< moineau > ne contient pas simplement le ddsignd de < oiseau >, mais letrait " ctre un oiseau " et que, par cons€quent, les traits sdmantiques deI'hyperonyme ne sont pas forcdment ceux de I'hyponymel.

Fig. 1

hyperonyme oiseau hyponyme moineau

(v,w,x,y,z: autres traits s mantiques)

Le renvoi d'un lexöme ä un autre est propre ä toutes les relationsdites endonymiques (voir cruse, 1986 : 123). Je n'aborderai pas la questiondpineuse de savoir si l'hyponymie est primairement une relation entreconcepts (extralinguistiques) ou entre signifi6s, mais je tenterai d,explorerquelques phdnomönes linguistiques qui pouraient finalement dclaiicir lamaniöre dont la pensde humaine et le langage interagissent dans cedomaine. Mon objectif sera donc d'dtudier I'interaction entre lastructuration linguistique de cette relation et les structures cognitives quiagissent sur elle.

l. cela explique pourquoi 1es membres marginaux d'une catdgorie ne possödentpas toujours tous les traits de la catdgorie superordonnde.

La relation partielout ata conJins de l'ltyponymie 239

L'INFLUENCE DES CATfGORIES COGNITIVES SUR L'HYPO-NYMIE

Nous disposons de rdsultats assez clairs ddmontrant la saillancecognitive d'un niveau basique (une notion qui n'est pas sans problömes,

mais que cet article ne saurait discuter) dans une taxinomie de concepts.

Ici, j'aurai recours ä une ddfinition qui me parait cruciale: selon cette

ddfinition, le niveau basique serait le niveau le plus abstrait oü l'on trouveencore un schdma, une Gestalt (voir Lakoff, 1987 : 46-48,268 I Taylor1989: 46-47). On trouve des informations li6es ä la perception jusqu'auniveau basique.

Fig.2

niveau basique

Que peut apporter cette observation, dtablie dans le domaine de lapsychologie, ä la linguistique? On pourrait soupgonner, comme le faitRosch, que des röpercussions linguistiques en döcoulent :

< On a more speculative level, in the evolution of languages, one

would expect names to evolve first for basic-level objects, spreading

both upward and downward as taxonomies increased in depth,.. >

(Rosch, 1978 :35)

Heureusement, ce n'est pas tout ä fait spdculatif, comme j'ai pu leconfirmer dans ma thöse de maitrise (Mihatsch, 1996). Les lexömes du

niveau basique sont en effet souvent les plus anciens, les autres niveauxplus rdcemment lexicalisds et souvent ddrivds de lexömes plus anciens du

niveau basique.La notion du niveau basique e1 la notion du prototype sont

insdparables. Lorsqu'il y a göndralisation ou spdcification de sens, c'estsouvent le prototype qui vient reprdsenter toute la catdgorie (Fig' 3a) ou,

rr'? \---..-'. 1.

\-,\\.-\ ..!

@

animal4\oiseau

moineau

Page 4: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

240

inversement, ne reprdsente(Koch, 1995 :30-33).

Wiltrud MIHATSCH

plus que la sous-classe prototypique (Fig.3b)

planteI

I

fleür

Jfleur d'oranger

La relation partielout aux conJins de I'hyponymie

Fig. 4

a)

fiale

fleur d'oranger

Les lexömes du niveau de base et ceux du niveau subordonndforment donc souvent des rdseaux morphologiques et sdmantiques (Kleiberet Tamba, 1990:24-25,31-33). Ce type de rdseau lexical est assez frdquentet il me semble ötre le reflet de structures perceptives:jusqu'au niveaubasique, les similaritds perceptives, souvent renforcdes par un prototype,produisent un schdma partagö par tous les membres (du moins par lesmembres centraux) du röseau. Lors de la gdndralisation ou spdcialisation desens, le schdma reste assez stable, ddrivation et composition le conserventdgalement et le schdma dominant explique aussi le partage des mdronymes.

Nous ddcouvrons donc une rupture conceptuelle entre le niveaubasique et Ie niveau superordonnd, ce qui suggöre deux maniöres distinctesde conceptualiser dans une taxinomie : du niveau basique aux sous-classes,le schdma est de plus en plus diffdrencid et modifid, mais il resteessentiellement le möme.

Du niveau basique au niveau superordonnd, on transgresse unelimite. Selon Kleiber et Tamba (1990: 31-33), la procddure decatdgorisation ne peut plus ötre fondde sur des structures perceptivescomme la similaritd, mais sur d'autres principes de catögorisation -peut-ötre componentielles ou verbales.

LES QUASIHYPEROI{YMES

Aux niveaux superordonnds d'une hidrarchie lexicale, on constatesouvent des lacunes lexicales. Celles-ci sont parfois combldes par des motsqui ne sont pas vraiment des hyperonymes du fait que les propridtds

241

b)

Fig.3a)

esp. paJaro,' germ. deula

Etant donnd que les prototypes se trouvent ä un niveau inferieur parrapport au niveau basique,- gdndralement, ce type de changementsdmantique ne transgresse pas re niveau basique, au moins pas en ,rrie ,"ut"fois' I1 existe des structures polysdmiques qui transgressent le niveaubasique et qui s'ötalent s-ouvent sur prus oi oeux niveaui de gdndralisation,ce que-Gdvaudan appelle 'poiysdmie verticale' (G6vaudan,-lgg6). Il esthors de propos ici de discuter ce phdnomÄne souvent tie a descategori sations scientifi quesz.

L'observation suivante va dans re m6me sens : les lexömes duniveau basique servent souvent de base pour ddriver des mots appartenantau niveau subordonnd (Fig. aa). Le mot composö endocentrique designe lemöme fype d'objet que la base en modifiant des propridtds conriJd.e",comme moins centrales.

De plus, une troisiöme observation renforce l'id6e seron laquelre leniveau basique constituerait une sorte de limite de dessus : un lexöme duniveau basique partage souvent ses mdronymes avec des lexömes du niveausubordonnd, p.ex. une fleur a des pötales, une fleur d,oranger aussi(Fig. 4b), mais cela ne vaut pas pour une plante.

moineau -+ petit oiseau animal sauvage -> cerf

esp. aceite signifie:- 'huile d'olive'-'huile comestibie'- 'huile en tant que substance chimique,, une catdgorie scientifique

fleur

Page 5: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

242 Wiltrud MIHATSCH

syntaxiques s'dcartent du paradigme3. Lyons nomme ces expressions< quasihyperonymes > (Lyons, 1977,1 :299-301/Cruse, 19g6 :176)

Fie, 5

Ce dernier type (nom collectif / nom individuel) est le plus frdquentdans le domaine des substantifs. La gdndralisation au-dessus du niveaubasique serait-elle li6e ä f idde de collectivitd, donc ä la relation partie-tout?Le sujet parlant, du moins, semble avoir souvent recours au collectif afin degdndraliser au-dessus du niveau basique. Afin d,expliciter ce fait, jeddgagerai d'abord les propridtds des deux relations sdmantiques quisemblent dominer dans ces types de hidrarchies, ä savoir l,hyponymie et lamdronymie.

LES POINTS COMMUNS ENTRE LA MüRONYMIE ET L'HYPO-}IYMIE

Un lien conceptuel 6troit entre l'hyponymie et la mdronymie (larelation lexicale partie-tout), dont la collectivitd reprdsente une sous-classe,n'est pas surprenant, car mdronymie et hyponymie sont semblables äbeaucoup d'dgards: les deux relations lexicales sont des relationsparadigmatiques pouvant gönörer des hidrarchies (Tamba, l99l : 43), etappartenant au groupe des endonymes (Cruse, 1986: 123). pourtant il ne

Cela suggöre que les relations lexicales ne sont pas uniquement desphdnomönes linguistiques, mais aussi (ou möme d"abord) extralinguistiquesconceptuelles. Elles correspondent ä des relations logiques qui ne sont pasndcessairement lexicalisdes - elles peuvent ötre exprimöes par desconstructions au niveau syntaxique, par exemple. Kotschi (1974:159) lesappelle < pseudo-hyperonymes >, c.-ä-d. hyperonymes dans le sens logiqueröalisös dans la syntaxe.

La relation partieiout aw confins de I'hyponymie

s'agit pas de caractdristiques particuiiöres aux deux relations. L'antonymie,la synonymie et la cohyponymie sont aussi des relations paradigmatiques.

Plusieurs cohyponymes peuvent former des hidrarchies entre eux, commepar exemple les hi6rarchies sociales, militaires ou gdndalogiques (päre/grand-päre/ arriöre-grand-pöre ou bisateul). Beaucoup de relationssyntagmatiques sont ögalement des relations endonymique s (ab oyer-c hien).Un point commun est cependant primordial, ä savoir I'inclusionextensionnelle :

< Une explication possible de ce phdnomöne est que toute partied'une totalitd est, par ddfinition, membre d'une classe : celle des

parties de ladite totalitd. D'autre part, lorsqu'un ensemble d'entitdsmanifeste une cohdsion telle qu'il peut Ctre congu comme rdalisantune entitd unique, il acquiert le statut pratique d'une totalitö. C'estque les deux types de rapports expriment la m6me relation gdndrale

dite de participation, qui consiste soit ä ranger une entitdindividuelle parmi une pluralitd d'entitds individuelles, soit ä

I'inclure dans la structure interne d'une autre entitd individuelle, ce

qui revient ä la ranger parmi les parties constitutives de cetteentit6. D (Riegel 1984 : 6)

COMMENT DISTINGUER L'HYPONYMIE DE LA MfRONYMIE

Quelle est donc la diffdrence sdmantique entre les deux relations?D'abord I'hyponyme contient un renvoi ä la classe g6ndrique ä laquelle ilappartient, tandis que le mdronyme contient un renvoi ä l'individu auquel ilfait partie. Quant au critöre d'appartenance du terme subordonnd au termesuperordonn6, dans le cas de I'hyponymie, on trouve une relation de

similarit6 entre les cohyponymes. Dans le cas de la mdronymiel'appartenance ä un tout est fondde sur la proximitd spatiale ou temporelledes comdronymes, c.-ä.-d. une relation de contiguit6, la mdronymie est

construite ä partir d'un tout. La distinction repose ainsi sur deux principescognitiß clairement distincts.

Pour les cohyponymes, les propridtds intrinsöques des membres(p.ex. forme, couleur, taille) ddterminent la relation, tandis que ie critöred'appartenance d'un mdronyme ä un holonyme (le lexöme dösignant letout) est extrinsöque aux membres (position spatio-temporelle vis-ä-visd'autres membres). Sous I'angle extensionnel, I'hyperonyme ddsigne une

classe ouverte par opposition ä l'holonyme qui ddsigne un tout possddant

des limites extensionnelles. L'hyponyme et i'hyperonyme se situent donc

243

3.

valence partie du discours geffe nom collectif/nom individ.

QuasiHyperonyme

culstner

"Ta möre cuisinebien"

la couleur all. das

Obst

couvert

hyponyme cuire "La soupe

cuit doucement"

rouge, bleu... der Apfeldie Birne

Fourchette

Couteau

cuiller

Page 6: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

244 La relation partie-tout aux confins de I'hyponymie 245

spatio-temporelle - bref, un groupe. Cette collection possöde des qualitdsde < Gestalt ), gräce ä la contiguild elle est congue comme un individu - etpermet donc le pluriel distributif. Les collectifs de groupe sont donc des

holonymes des lexömes ddsignant les membres. La cohdsion ä I'intdrieurdu groupe est fondde sur la configuration spatio-temporelle et / ou sur les

relations diverses entre les membres du groupe (les animaux d'un troupeau

occupent souvent des rangs diffdrents en fonction de leur statut, äge, ou

sexe par exemple). Seuls les individus d'un type ddtermind sont des

candidats concevables (un frigo n'est jamais membre d'un troupeau), mais

I'appartenance m6me au groupe est contingente (chaque vache n'appartientpas ä un troupeau).

Collectifs d 'espöce (gibier, bötail, vaisselle, etc.)

Un collectif d'espöce ddsigne une classe d'individus, par ddfinitionouverte et sans < Gestalt >, ce collectif ne permet donc pas le plurieldistributif (*deux gibiers)1. Il peut en principe rdfdrer ä un seul individu(Leisi, 1975: 32). L'appartenance ä la classe repose sur les qualitösintrinsöques (similaritd) des membres (voir Leisi, 1975 : 31-33, Kuhn,1982a: 84, Holenstein, 1982 : | 7). Le collectif d'espöce se trouve entre

mdronymie et hyponymie. Il correspond aux noms transnumdraux d'oüsont ddrivö le singulier et le pluriel dans des langues comme I'arabe (Kuhn,1982b). Quelques collectifs de cette catdgorie montrent un comportementparticulier; ce sont des lexömes qui ddsignent toujours la classe entiöre(comme chrötientö ou bovides) (Leisi, 1971 : 33).

Les deux types de collectifs ddsignent donc des collectionsd'individus. Ils se distinguent par ce qui constitue leur unitö. Le fait que les

collectifs d'espöce impliquent les sous-espöces est simplement une

consöquence du caractöre non-fermö d'une classe. Un collectif de groupepeut - au niveau extralinguistique - regrouper des individus appartenant ä

plusieurs espöces (p.ex. des espöces d'arbres dans une for6t), mais ce traitn'est pas obligatoire : une foröt de pins est une foröt au m6me titre que les

autres. Lors de I'usage gdndrique, un collectif de groupe ne rdunit pas

forcdment toutes les sous-classes des membres, tandis qu'un collectifd'espöces dvoque autornatiquement toutes les sous-classes des membres

Seul le pluriel avec lecture de sous-espÖces (Les vins d'Alsace) ou le pluriel

d'abondance (les eaux) sont possibles.

sur deux niveaux d'abstraction, ce qui n'est pas valable pour I'holonyme etIe mdronyme, oü il y a une identitd partierie des rdferänts (cf. winston /Chaffin / Hermann, 1987 :423- g, Riegel, l9g4 : 5_6, Koch, 1999 : 154).

LE NOM COLLECTIF. ENTRE MfRONYMIE ET IIYPONYMIE

Malheureusement, la rdalitd linguistique montre que la distinctionentre les deux relations n'est pas toujours trös nette. Elle s,avöreparticuliörement probldmatique pour les collectifsa :

< (collectives)... are on the fuzzy boundary between crasses andcollections involving both similarity and spatial proximity. >(Winston / Chaffin/ Hermann, l9g7 :429)

Les noms collectifs ddsignent une quantitd d'individus considdrdecomme formant un touc. Ils constituent ainsi une catdgorie sdmantiquecaractdrisde par certains comportements syntaxiques. Dans certaineslangues, ils forment souvent des groupes morphologiquement transparents,comme en allemand, par ex€mple. Le terme collectif est lui-m-6me uncollectif qui regroupe des phdnomönes trös vari6s6 (sans parrer desdifficultds assez frdquentes pour distinguer les noms collectifs des nomsabstraits et des termes massiß). Ama connaissance,Leisi, l97l :3 sqq) estle seul ä avoir tentd de clarifier cefte zone vague en distingant les coliectißde groupe < Gruppenkollektiva >) et les collectifs d,espöce(< Gattungskollektiva >).

Collectifs de groupe (troupeaurfar€t, chevelure, etc)

un collectif de groupe ddsigne une collection en principe ferm6e,composde d'un nombre ddtermind d'individus en coniiguration

lViltrud MIHATSCH

La relation membre - coliectif peut €tre considdröe comme une sous-classe dela mdronymie.cf. oiseau - bec: le tovt oiseau est exprimd par un nom individuel rdunissantforme et substance d'un objet individuel.Les autres types de mdronymie (selon la classification de winston /chaffin / Hermann) sont surtout basös sur la contigu'rtd (partie - objet intdgral,masse - portion, matiöre - objet, trait caractöristique - activitd, lieu - tenitoire)

Page 7: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

246Wilfuud MIHATSCH La relation partielout dux confins de l'hyponymie

(2) ? Une assiette est une sorte de vaisselle

Il est vrai que nous ddfinirions un nom collectifplutöt ä 1'aide de ses

membres qu'inversement, c.-ä-d. un terme comme vaisselle ä l'aide de( assiettes, verres, tasses... )o car il est infiniment plus difficile (maistoujours possible) de trouver une ddfinition plus abstraite. SelonWierzbicka, les concepts superordonn6s non-taxinomiques seraient pluscomplexes du point de vue sdmantique et ddfinis ä l'aide des subordonnds.

S'il y a une relation sdmantique, ce qui n'est pas clair, ladirectionalitd n'est pas la m6me. Cette intuition est soutenue par unargument morphologique, car, dans quelques langues, cette thöse estconfirmde par la formation de collectifs dnumdrant simplement des

membres, par exemple :

(3) vietnamien bdn gh| (table, siöge) = < mobilier > (Kuhn,1982b :60)

(4) latin: arbor et herba = plante (Berlin ,1992: 195)

Mon hypothöse est la suivante : la question de la relationsdmantique est intimement li6e au niveau d'abstraction. Il est difficile de

ddfinir un concept basique ä l'aide d'un concept superordonnd (voir Cruse,1986 : 140), m6me s'il s'agit d'un superordonnd taxinomique d'aprösWierzbicka:

(5) ? horsq: equine animal

Cela va de pair avec une observation faite par Cruse qui considörequ'un < natural kind term )) est automatiquement l'endonyme, si I'autreterme est ce qu'il appelle un < nominal kind term > (Cruse, 1986 : 124). Ce

dernier correspond ä une ddfinition analytique qui contient le termesuperordonnd modifid lorsqu'il s'agit d'un hyponyme. Je pense que les

espöces naturelles sont li6es avec le niveau basique8.

8. Le chat robot de Putnam reste chat, mais il ne reste pas animal. Si I'ontransforme un chat persan en un robot, c'est toujours un chat, ä ma

connaissance ce ph6nomöne n'a jamais 6td analys€. Les espÖces naturelles

constituent des cat4gories qui peuvent ötre I'objet de recherches scientifiques,les dtudes de Berlin ont montrd que le niveau basique correspond le mieuxaux catdgories scientifiques. C'est lä ou science et langage se ressemblent leplus. Au niveau basique il existe encore des traits perceptifs relativementobjectifs qui reflötent des catdgories < vraies >, au-dessus on trouve des

cat€gories dtablies par des similitudes plus subjectives influencdes par des

247

dont les individus membres font partie. Le collectif de groupe est assezproche du nom individuel, tandis que le coilectif d'.rpö..i"rrä*ble plutötaux termes massifs.

UNE PARENTHüSE: RELATIONS SfMANTIQUES ENTRENOMS COLLECTIFS ET LEXüMES AU NIVEAU SUNONNONNü

souvenons-nous de la ddfinition de l'hyponymie comme rerationsdmantique entre deux rexömes oü il y a inclusion intensionnelle du termesuperordonnd dans le terme subordonnd, par exemple dans le cas de cequ'appelle Wierzbicka (19g5 : 261) < supercatdgorie taxinomique > :(l) Un moineau est un oiseau

cette relation endonynique se basant sur le renvoi ä un autre lexöme, il y adonc directionalitd sdmantique. souvent, I'hyperonyme et l,horonyrne sont

!91 gldonVmes, l'hyponyme er le mdronyme exonymes (Cruse 19g6 :123-124), c.-ä.-d. Ies lexömes qui contiennent le renvoi. Cela signifie quel'exonyme ddpend de l'endonyme, tandis que |endonyme est-ddfini defagon indöpendante (Tamba, 1990 : 45).

-L,exonymä peut donc 6tre

considörd comme le terme marqud. Les espöces naturelres sembrentconstituer des taxinomies typiques (cruse, 19g6: 136-13g) (Ici je ne dirairien sur le concept de taxinomie dans la thdorie de cruse qui niutiiir" pu,tout ä fait la möme ddfinition que Wierzbicka).

, Qu'est-ce qu,une < supercat.gorie non_taxinomique > dans le sensde Wierzbicka? Ce n'est pas une classe morphos.mantique, comme lescollectifs. A cötd des collectifs, les termes 'fonctionnels' hyplrony*iqu",comme jouet ou outil sont rangds sous cette dtiquette. Il ne s,agit pas nonplusd'une distinction ent'e concepts animds et inanimds, car äes'termescomme angl. pet ne sont pas .class6s parmi les supercatdgoriestaxinomiques comme animar. pai opposiiion aux subordonnd's dessupercatdgories taxinomiques, res subordonnds ne sont pas des .espöces,

ou'sortes' de la supercatdgorie non-taxinomique. wierzbicka retient commecritöre de taxinomie Ia notion d'espöce uu rÄnr rarge , comme notion li6e äla perception, ä la possibilitd d'ötre imaginde et dessinde. une taxinomieserait donc basde sur un schdma plus ou moins d6tailld dans une hidrarchie(Wierzbicka, 1985 : 262).

Selon Wierzbicka, le sens des < supercatdgories non_taxinomiques >, telles que les collectifs par exemple, n,est pis inclus dansles signifids des subordonnds (wierzbickä, rggs :27r), et il n'y aurait doncpas de relation sdmantique entre les deux termes :

Page 8: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

248 Ifihrud MIHATSCH La relation partie-tout aux confins de I'hyponymie

Collectifs d'espöce avec dominance de contiguitd

La collection est congüe plutöt comme un groupe limitd dansI'espace et dans le temps, composd d'individus de plusieurs sous-classes. Ils'agit souvent de pluralia tantum - de collectifs avec des marques depluriel (voir aussi Wierzbicka, 1985 :269-274). Mais le caractöre holistiquen'est pas aussi ddveloppd que dans le cas du collectif de groupe, le plurieldistributif n'est donc pas frdquent.

(6) batterie : ensemble des instruments d percussion- dltmor c he str e (Petit Robert)

(7) cheptel : le bötail qui forme le fonds, dans le connat de

cheptel (Petit Robert)(8) habillement : action de pourvoir ou de se pourvoir de

vötements/ensemble des habits dont on est vltu. (PetitRobert)

(9) esp. ropero: armario o cuarto donde se guarda ropa.c o nj unt o de v e s t i d o s je- ungeglsgzg. (D iccionario manual)(' armoire'/'vötements d'une personne' )

(10) esp. herramental : conjunto de herramientas de un oficio o

nrofesiön o de una cultura dete (Diccionario

--

manual) ('ensemble des outils d'une profession ou d'uneculture')

Cette catdgorie est donc assez proche du collectifde groupe et penche ainsi

vers la mdronymie. Le locuteur change de schdma en quittant le niveaubasique (et sa schömaticitd lide au prototype) et construit / pergoit un

nouveau schdma li6 ä la perception au niveau supdrieur : la contigui'td dans

la collection, le groupe comme individu, ce qui dvite de quitter le monde

concretto.

L'origine de ces lexömes est rdvdlatrice : il s'agit surtout de noms

abstraits ddverbaux (nomina actionis, p. ex. habillement, batterie), ou biende lexömes exprimant une fonction (cheptel) ou un lieu (esp. ropero :

'armoire') - on notera les liens avec la contiguitd spatio-temporelie des

collectifs de groupe. Ils acquiörent par la suite un sens plus concret

Un autre moyen de o'concrdtiser" le sens d'un lexöme trop abstrait et par

consdquent fragile est la spdcialisation du sens (voir esp. vestido qui signifieaussi'robe')

249

on constate donc qu'au niveau supdrieur, la relation hyperonyme -hyponyme change de direction, du moins dans |intuition au su.y"t p*tunt.Je ne sais pas exactement de quelle maniöre on pourrait conciliär cetteobservation avec les propridtds logiques de l,hyponymie selon Cruse, quiaffirme que l'hyperonyme est automatiquement l;endonymee. sans pouvoirrdsoudre cette contradiction ici, je voudrais noter qu'une analogie avec lescollectifs semble plausible, les hyperonymes taxinomiques du niveausuperordonnd montrent un comportement comparable aux supercatdgoriesnon-taxinomiques. Tant les collectifs que les autres supercatdloriesnontaxinomiques s'dcartent des deux relations d'implication hyponyäie etmdronymie dans la direcrion de l'inclusion inteniionnelle nätitueile ausuperordonnd au subordonnd. par la suite, je fournirai des arguments enfaveur de mon hypothöse et j'essaierai en m6me temps d,eipliquer cecomportement ddviant du niveau superordonnd.

TRANSITIONS

A mon avis le processus de gdndrarisation oscille entre le concret etl'abstrait, entre mdronymie et hyponymie. Je poursuis en quelque sorte letravail de wierzbicka en analysant les transitions diachroniqu., d,un typ"de catdgorie ä I'autre. Cela montre dgalement que ies types desupercatdgories dtablis par wierzbicka ne sont pas des categories rigiäes.

L'analyse diachronique et contrastive r6völe des transitions quasisystdmatiques du collectif (qui offre la possibilitö de construire une imagementale basde sur la contiguitd des membres) ä I'hyperonyme aux niveauxsuperordonnds. Nous verrons par la suite qu'il y a un continuum partant ducollectif de groupe en passant par le collectif d'espöce jusqu,äI'hyperonyme' car en m6me temps, la contiguitd ou cohdsion ä r,intdrieurde la collection a tendance ä disparaitre au profit d,une catdgorisation plusproche de l'hyponymie.

concepts religieux, cosmogoniques, fonctionnels et culturels (voir aussiCarlson, 1991).

Peut-öhe la relation intensionnelle n'est-elle pas le pendant de la relationextensionneile entre hyperonyme et hyponyme. La ddfinition de I'hyponymieselon Kleiber et Tamba nous permettrait par exemple d'assumer'plus decomplexitd sdmantique de l,hyperonyme möme en relation avec deshyponymes prototypiques, tout en conservant le renvoi extensionnel deI'hyponyme ä l'hyperonyme.

tl

Page 9: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

250 Witnud MIIATSCH

lorsqu'ils deviennent des collectifs (ou bien des suffixes abstraitsdeviennent des suffixes collectifs) (voir aussi Baldinger, ß5a : ß,2r5).

En ce qui concerne la relation sdmantique avec res lexömesddsignant les membres, la Gestalt est un indice pour la plus grandecomplexitd sdmantique du superordonnd en comparaison avec Iesubordonnö.

Suppression de contiguit6 - vers un collectif d'espöce plus pur

Quelques-uns des collectifs ambigus en ce qui concerne le caractörede groupe permettent I'individualisation avec descrassificateurs, ce quimontre qu'il peut y avoir suppression d'une stricte contiguitd Qtiöce / fttede bötail). Il s'agit d'une collection d'individus avec- des iualitds encommun (Kuhn, 1982 : 94), et qui appartiennent ä une classe pluiöt qu,ä ungroupe.

Il y a döjä la possibilitd d'une lecture de sous-espöces avec certainslexömes, pas encore avec, p.ex. afl. vieh (bötair) ou bbrt (fruitsl et fr.cheptel (il s'agit d'un ensemble de tous les individus possddant unecertaine qualitd), mais ra lecture de sous-classe est possiule avec all.Getreide (cördales/ ou Gemüse (ldgumes/, ou fr. gibier (plutot un ensemblede qualitds ou sous-classes) (voir Kuhn, 19g2 : g0-g2).Ils ne sont passpdcifids quant ä la distinction entre singurier et pluiiel (cf.7.2.). Leslexömes qui appartiennent ä cette catdgorie ont souvent une structurepolysdmique oü un second sens ne contient plus de contiguitd :

(11) cheptel : - capital d'exploitation d,une fermi : cheptel mort, vif- cour. ensemble des bestiaw. Le cheptel ovin, porcin

d,une rögion. (petit Robert)(12) vaisselle : - ensemble des plats, assiettes, ustensiles de tqble,

etc., qui sont d laver- ensemble des röcipients qui servent ä manger (...)(Petit Roberr)

(13) esp. ganado.. - .un troupeau de b6tail,- bötail (spöcialisation du sens :- esp. am. :

'vaches') (Slaby / Grossmann)

Quelques collectifs d'espöce ne prdsentent pas ce type de polysdmie :(14) bötail : - ensemble des animaux entretenus pour la production

agric ole (petit Robert)(ll)gibier : - ensemble des animqux bons ä manger que I,on prend

d lq chasse (petit Robert)

La relationpartielout aux confins de l'hyponymie

La relation sdmantique entre les collectifs et leurs membres devientplus forte, ce dont tdmoigne la possibilitd d'une lecture de sous-classes quin'est possible qu'ä cause d'un lien lexical ou conceptuel dtabli avec les

sous-classes (voir aussi Carlson, 1977 :206).

Le nom collectif devient hyperonyme

Le lien entre le genre et les sous-espÖces devenant plus fort au

ddtriment de la contiguild, le collectif ne rdföre plus ä une pluralitd de

rdfdrents. Il s'agit alors d'une pure appartenance de I'espöce au genre. Les

signifids ddsignent, comme les termes subordonnds, une combinaison de

substance et de forme.Il existe un grand nombre d'hyperonymes avec ötymons collectifs,

comme fr. vätemenl (Petit Robert) et angl. garment (Middle EnglishDictionary). Les deux lexömes ddrivent de collectifs de l'ancien frangais

Quelques lexömes possödent encore une structure polysdmique avec un

sens collectif et un sens hyperonymiquell. Ce dernier est plus ou moinsconventionnalisd (un pluriel distributif peut indiquer un nouveau sens

hyperonymique):(16) all. lV'erkzeug ('outil'/'outils'),

Spielzeug ('jouet' / Jouets') (Duden, p.194)

(17) esp.vestido.' - 'vötement'- tensemble de v6tements'

- nouveau : 'robe' (Diccionario manual)

(18) esp. herramienta: ('outil') I esp. herramientq ('outils') (lepluriel est possible) (Diccionario manual)

(19) fr. personnel < de plus en plus souvent employd fächeusement

pour 'membre d'un personnel' > (Grevisse :704)(20) esp. ropa : {aussi possible au pluriel) (Diccionario manual)

('vötements'/'v6tement')

La relation sdmantique entre le nouvel hyperonyme et ses

hyponymes approche d'une relation purement taxinomique dans le sens de

Wierzbicka, mais pas tout ä fait. Pour elle, fruit est une supercatdgorie

ll Il n'est pas exclu qu'un collectif avec contiguitö puisse devenir un

hyperonyme directement. La synecdoque ne me semble pourtant pas €tre le

cas typique ici, car les pas intermödiaires font qu'il n'y a pas de rupture

conceptuelle du point de vue diachronique.

251

Page 10: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

252 Wiltrud MIHATSCH

non-taxinomique qu'elle distingue des supercatdgories taxinomiques qui nesont pas trös saillantes, mais qui possödent toujours des traits percepirs etqui sont plus saillantes que les superordonnös non-taxinomiques(wierzbicka, 1985 : 294). A mon avis, elres ne possödent pas de traitsperceptifs dans le sens oü I'on ne peut s'imaginer la catdgorie ou ladessiner: il n'y a pas d'image mentaler2. Mais elies possödent-en effet untrait lid ä la forme dans le sens oü elles ddsignent dei individus ddlimitds.c'est un trait trös abstrait, trop abstrait pour 6tre lid ä la perception. Ilprdsuppose I'existence d'une forme, qui est ce qui unit ra plupart d", no*.individuels concrets, mais ä un niveau beaucoup plus g3ndral que lecollectif. cela correspond ä l'intuition des sujets puil*t, s"lon laqueile le,hyperonymes sont plus < abstraits > que les hyponymes. cette ddlimitationspatio-temporelle est d'ailleurs inhdrente ä la majoritd des substantifsconcrets des langues dtudides, par opposition ä des langues comme l,arabe,dont le systöme nominal est basd sur des transnumdraux. Bien que ceshyperonymes soient plus abstraits, donc plus difficilement concevables queles collectifs, ils ont I'avantage de se ranger d'une fagon plus cohdrentedans le systdme nominal des langues analysdes ici. Les traits plus abstraitsdörivent plus probablement de la culture et de la cosmogonie de lacommunautd linguistique que de la perception plus universelle.

Un cas special : rdanalyse dtun collectif au pluriel comme nomindividuel au pluriel

Les collectifs au pluriel sont des fois r6interpr6tds comme despluriels distributifs d'un nom individuel. cela permet ensuite de cr6er dessinguliers analogues qui correspondent ä des hyperonymes. Cetterdinterprdtation est possible parce que les marques du piuriel, qui n'ont plusde fonction sdmantique, sont encore morphologiquement transparentes.

(21) all. Fossilien -+ Fossilie (au sg.) (Duden : 215) (,fässiles, >fossile')

(22) atl. die Lebensmittet-+das Lebensmitter ('ariments' > .produitalimentaire')

(23) fr. bestiaux-s u.n besdau : rural, plaisant : animal, bAtu (petitRobert)

253

j.

tt,

ri.i

r.!

Un cas modöle de la transition

L'espagnol cubierto reprdsenterait un cas modöle selon la ddfinitiondu Diccionario Manual:

(25) esp. cubierto :

a') collectif de groupe: 'les ustensiles de table ä I'usage de

chacun'a") collectifde groupe : 'cuillöre, fourchette et couteau'b) collectif d'espöce: (surtout au pluriel) cuillöres,

fourchettes et couteaux'c) hyperonyme, qui ne correspond pas ä une image mentale :

chaque piöceFig.6a)

ARGUMENTS CONTRE L'UNIDIRECTIONALITE

Les exemples prdcddents montrent une dvolution diachronique ducollectif vers I'hyperonyme,l3 ce qui suggöre un mouvement ou processus

cognitif unidirectionnel. Lä encore, la ftalitö linguistique n'est pas aussinette, comme les suggörent les quelques contre-exemples suivants.

Par ailleurs, le changement sömantique qui va dans I'autre sens n'est pas rare:

un collectif peut devenir un nom de mesure. Au lieu de perdre la

forme/Gestalt de collectif, il perd la substance (ddtermination du type de

membre etc.) et vient ä ddsigner la pure formen souvent m6me la pure quantite(cf. bouchöe vs. denröe ).

b)

l"i2t???

L'existence d'une image mentale prdsuppose des traits plus spdcifiquesconcemant surtout la forme, mais aussi la taille, la couleur etc.

La relation partie-tout aux eonfins de I'hyponymie

Q4) fr.matöriaw + matöriau(Petit Robert).

)

m

Page 11: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

254

Un singularetantum devient pluraletantam

L'idde de pluralitd est quelquefois revitalisde au niveaumorphologique, ce qui cr6e un effet tautologique. Mais poui te

-su.yet

parlant, cela renforce I'id6e de pluralitd (peut-ötre comparableä la nögationdoub_le_ dans quelques langues), et rend ainsi I,exprelssionmorphologiquement plus transparente la.

(26) entrailles (bas rat. intralia) : ensembre des organes enfermösdans l,abdomen de I,homme ou des animaw p.tit noUörty

(27) armoiries (afr : armoirie) : ensembre des embrämes symboriques(Petit Roberr)

seule une analyse sdmasiologique et diachronique permet de distinguer cephdnomöne du pluriel des,nouveaux, hyp"rony*"s des-nomspolysdmiques sous IX.3.

Les hyperonymes utilisds au pluriel dans le discours

Une enqu6te a montrd qu'une majoritd desdemande de chercher un terme superordonnd donnepluriel (p.ex.animaux) (Gdvaudan, I996 :27). Mämedictionnaires tdmoignent de cette tendance ä utiliserniveau superordonnd surtout au pluriel.

(28) angl. garment : often plural. article of clothing (Collins)(29) fr. vötement (...) -cour. Ies vötements : ensemble des objets

servant ä cowrir le corps humain (...) (petitRobert)

l4

IViltrud MIHATSCH

sujets auxquels onles hyperonymes aules ddfinitions desdes hyponymes du

La relation partielout aux confins de I'hyponymie 255

Le plurale tantum dans les taxinomies biologiques

La tendance vers le concret et la difficultd de conceptualiser au

niveau superordonnd parait appartenir au langage quotidien nonscientifique. Pourtant, m6me dans les langages scientifiques europ6ens ilexiste de nombreux collectifs au pluriel aux niveaux superordonnds :

(30) fr. : bovins, ovins, bovidös, bovinös, cactöes, passereaux...(Petit Robert)

(31) esp. : betulö'ceos, bovidös... (Diccionario manual)

(32) all.: le plus souvent au pluriel : Amphibien, Reptilien(Duden:217)

Pourquoi s'agit-il d'un contre-exemple? Dans mes recherches, jecrois avoir trouvd des evidences en faveur d'une influence scientifique sur

les taxinomies. Les lexömes superordonnds apparaissent souvent aprös des

gdndralisations scientifiques, c-ä-d il s'agit d'abord de conceptsscientifiques et non cognitifs de la vie quotidienne. Mais on constate que

möme les terminologies basdes sur des gdndralisations scientifiquescontiennent souvent un dldment li6 ä la perception.

Un argument syntaxique pour l'instabilitö des superordonnös : LEg6n6rique

LE gönörique ne fonctionne que trös difficilement avec des

hyperonymes du niveau superordonnd (Kleiber 1989 :62t) :

? Le mammiJäre est un animal.

(34) ? Le bipäde est un animal.

car < (...) les noms txop gdndriques regroupent des rdfdrents jugös trophötdrogönes pour admettre, sans conditions justificatrices spdciales,I'homogdndisationqu'entraine I'emploi du SN massif en Le. (Kleiber1989: 105). Lä encoreo !e manque de similaritd schdmatique semble

compliquer la gdndralisation.

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Il me semble logique d'assumer deux procddures diffdrentes de

cat6gorisation dans une taxinomie. Le manque de schdmaticitd au-dessus

du niveau basique rend la gdndralisation plus difficile aux niveauxsupörieurs. Etant donnd que l'ötre humain tend ä conceptualiser ä I'aide du

Il s'agit trös probablement d,un procdd. de la Iangue parl.e spontande. Lesuffixe collectifdu latin crassique est souvent rempiacc par le pfuriel avec unsens. collectifen latin vulgaire (Baldinger, lg5}t iZ3). pu, .ont* le sort despluriels des noms neutres du latin mortre ce qui arrive ä des lexömes qui nesont plus morphologiquement transparents. plusieurs pluriels des nomsneutres deviennent ainsi des colectifs. Il y a encore des vestiges rexicalisds enfranEais. Trös souvent, ces colectifs sont devenus des nom-s individuers (f.ex. feuille), qui peuvent de nouveau servir de base pour former des colrectifs(comme feuillage ). Bon nombre des suffixes co[ectifs en frangais d€riventdu pluriel neutre du latin (voir Bardinger, 1950:216). En itarien, ce collectifest encore assez vivant (cf' membra.' 'membres d'un corps' et membri:'membres').

Page 12: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

llriltrud MITIATSCH La relation partie-taut aux confins de l'hyponymie 257

GEVAUDAN P., (1996) : Bedeutungserweiterung und Bedeutungs-verengung im Französischen. Eine historisch-lexikologischeUntersuchung, thöse de maitrise, FU Berlin.

GREVISSE M. et GOOSSE A., (1993): Le bon usage. Grammaire

franqaise avec des remarques sur la langue franqaise d'auiourd'hui.Treiziöme ddition, Paris, Gembloux -Duculot.

HOLENSTEIN E., (1982): << Das Erfassen von Gegenständen inperzeptiver und sprachlicher Hinsicht >, in Hansjakob Seiler / ChristianLehmann (1982b: 15-25.

KLEIBER G.(1989) : L'article LE gönörique. La gönöricitö sur le mode

massif. Genöve, Droz.

-, €t TAMBA I., (1990): < L'hyponymie revisitde: inclusion ethidrarchie >>, Longages 98 :7-32.

KOCH P., (1999) : " Frame and contiguity. On the cognitive bases ofmetonymy and certain types of word formation ", in Klaus-UwePanther/Günter Radden (6ds.), Metonymy in Language and Thought,

Amsterdam/Philadelphia ; Benjamins (Human Cognitive processing),139-167.

-, (1995) : o' Der Beitrag der Prototypentheorie zur historischenSemantik : Eine kritische Bestandsaufnahme ", RomanistischesJahrbuch 46 :27-46.

KOTSCHI T., (1974) : Probleme der Beschreibung lexikalischerStrukturen, Tübingen, Niemeyer Verlag.

KUHN S. et REIDY J. (6ds), (1963): Middle Engltsh Dictionary, AnnArbor, University of Michigan Press.

KUHN W., (1982a) ; < Kollektiva und die Technik KOLLEKTION am

Beispiel des Deutschen >r, in Hansjakob Seiler / Christian Lehmann :

84-97.

-, (1982b) : < Formale Verfahren der Technik KOLLEKTION >, inHansjakob Seiler / Christian Lehmann (: 55-83.

LAKOFF G., (1987) i Women, Fire and Dangerous Things. lVhat

Categories Reveql about the Mind. Chicago.

LEISI E., (1971) : Der lYortinhalt. Seine Struktur im Deutschen und imEngJischen, 4e 6dition, Heidelberg.

Le Noweau Petit Robert. Dictionnaire alphabötique et analogique de lalangue frangaße.(1993) Paris : Dictionnaires Le Robert'

LYONS J., (1977) : Semantics. 2 vols., Cambridge.

MIHATSCH W., (1996) : Das Wortfeld der Verben der Essenszubereitung

im Französischen : Strukturelle Semantik und Prototypen-semantik im

Yergleich, thöse de maitrise, Tübingen.

concret, I'usage du cofiectif n'a rien de surprenant: la contigui.td de racollection offre un schdma arternatif ä un niveau supdrieur äu ,.rrg,n"prototypique au niveau infdrieur. Cette tendan., p*uit etr, ,*riu..nt.möme si I'on connait des hyperonymes 6tablis. C"tu ,*piiquJ uurriI'oscillation entre le collectif uu". un dldment important de contiguildd'une part et I'hyperonyme plus abstrait d'autre part, qui semble ötre plusconforme au systöme nominal des langues analysdes.

Je me suis limitöe ä l'dtude de taxinomies de noms individuelsddsignant des objets concrets. Mes rdsurtats soulövent un certain nombre dequestions. Ir serait intdressant, par exemple, d'dtudier t". uut."" typ", o"substantifs comme res noms abstraits ou les termes massifs. y a-t-ir destaxinomies de collectifs? euant aux autres parties du discours et ä leursquasihyperonymes' une analyse anarogue promet des rdsurtats intdressants.Y a-t-il un lien entre la partie du discours et le niveau de gdndrarisation?Quel est le comportement des langues qui possödent un syltöme nominalnon basd sur les noms individuels, ,or*, l,arabe, vis-ä_vis destaxinomies ?

BIBLIOGRAPHIE

BALDINGER K., (1950): Kollektivsffixe und Kollektivbegrffi Beflin,Akademie-Verlag.

BERLIN 8., (1992): Ethnobiological Classification : principles ofcategorization of prants and Animars in Traäitionar society, pinc"ton,N.J., Princeton University press.

CARLSON G., (1991) : .. Natural Kinds and Common Nouns,,, in Arnimvon stechow et Dieter wunderlich (öds.), semantik : ein internationaresHandbuch der zeitgenössischen Forschung: Semantics. Berlin; NewYork, de Gruyter, 370-399.

-, (1977) : Referenc.e to Kinds in English. Bloomington, IndianaUniversity Linguistics Club.

Collins Dictionary of the Englßh language, (19g6) 2e ddition, London etGlasgow, Collins.

CRUSE D. A., (1986) : Lexicql Semantics, Cambridge, CUp.Diccionario Manuar e ilustrado de ra Lengua Espafiora (r9g9) 4e ddition

rdvis6e, Real Academia Espaffola. Madrid, Espäsa_Calpa,.Dude-n Grammatik der aeutschen Gegenwartssprache itlls;, 5e ddition

6largie. Mannheim, Leipzig, Wien, Zürich; Dudenverlag. '-

Page 13: La relation partie-tout aux confins de l’hyponymie

258

RIEGEL M., (1984) : ( pourdites de o'possession"

etmaticale 23 : 3-7.

Ilriltud ITIIIIATSCH

une reddfinition linguistique des relationsd'appartenance >>, L'information gram-

ROSCH E., (1978) : < principles of categorization >, in : Eleanor Rosch etBarbara Lloyd (dds.), Cogrition and Categorization, Hillsdale, N. J.,Elbaum:27-48.

SEILER H. er LEHMANN C. (6ds.), (tgl2)sprachliche Erfassen von Gegenstcinden. Teil I :der Phcinomene, Tübingen, Narr,

SEILER H. et STACHOWIAK F. (6ds), (tgl2): Apprehension. Dassprachliche Erfassen von Gegenstönden. Teil 2i-Die Techniken..Tübingen, Narr.

SEILER H., (1986) : Apprehension. Language, Object, and Order. partIIL' The universal dimension of apprehenslo4 Tüüingen, Narr.

SLABY R' et GROSSMANN R., (r975) : wörterbuch-der spanischen unddeutschen sprache I : spanisch-Deutsch.3" ddition dlargie : wiesbaden,Brandstetter Verlag.

SWEETSER E., (1990) : From Etymolog,t to pragmatics : Metaphoricalqnd Cultural Aspects of Semantic Structure, Cambridge, CUp.

TAMBA I., (1991) : " organisation hidrarchique et relatLns de d6pendancedans le lexique " , L'Information grammatiiate 50 : 43-47 .

TAYLOR J.R., (1989) : Linguistic categorization. prototypes in LinguisticTheory, Oxford.

WIERZBiCKA A., (1985) : Lexicagraphy and conceptual analysis, AnnArbor, Karoma.

WINSTON M./ CIIAFFIN R./ I{ERMANN D., (1987) : < A Taxonomy ofPart-Whole Relations >>, Cognitive Science I l : 417-444.

ScoLrA 12,pp.259-277.

LA RELATION PARTIE-TOUT ET L'ORGANISATIONINFORMATIOI\NELLE DU DISCOURS

Anne GROBETUniversitö de Genäve

La relation partie-tout a ddjä donnd lieu ä de nombreuses recherches quitdmoignent de la variötl des niveaux d'analyse concernds par cette relation :

ceux-ci vont de la morphologie (cf. entre autres Aliquot-Suengas (1996)) ä lasdmantique (Kleiber ä paraitre) et ä la syntaxe (Borillo 7996), en passant par lelexique (Jackiewicz 1996, Otman (1996)). A I'instar de I'anaphore associative ä

laquelle elle peut d'ailleurs se combiner (Kleiber, Schnedecker & Ujma(1995)), la relation partie-tout ne se manifeste pas uniquement sur le planstrictement linguistique, mais dgalement au niveau de la structuration macro-syntaxique du discoursl.

Considdrde d'un point de vue discursif, la relation partie-tout peut 6treapprdhendöe de maniöre gdnörale comme un phdnomöne sous-jacent ä

l'articulation d'öventualitds etlou de concepts. Ainsi, la relation partie-tout se

retrouve dans la continuitd conceptuelle que I'on pergoit intuitivement dans les

exemples suivants :

L < La combinatoire macro-syntaxique, selon laquelie s'organisent les grandes

unitds discursives (disons, pour faire vite, les sdquences de dimensiontransphrastique) apparait, par comparaison, d'une tout autre nature. Ses unitdspertinentes ne sont plus des segments de chalne, mais essentiellement des actes de

langage et des ötats successifs de I'information partag6e [...]. Quant aux

rögularitds observabled, elles y prennent la forme de contraintes s6mantiques:prösuppositions, rögles d'införence, etc. > (Berrendonner & Reichler-Bdguelin(1996 : 29-30)).

: Apprehension. DasBereich und Ordnung