ANN-CATHERINE LALIBERTE LA LIMITE MARITIME DE L'EPINETTE BLANCHE (PICEA GLAUCA (MOENCH) VOSS) SUR LA CÔTE ORIENTALE DE LA BAIE D'HUDSON Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en biologie pour l'obtention du grade de maître es sciences (M. Se.) DEPARTEMENT DE BIOLOGIE FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2006 Ann-Catherine Laliberté, 2006
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LA LIMITE MARITIME DE L'EPINETTE BLANCHE (PICEA GLAUCA ... · Guillaume de Lafontaine, Goulwen Dy, François Girard, Stefanie Pollock, Amélie Rivet et Simon Thibault. J'aimerais
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ANN-CATHERINE LALIBERTE
LA LIMITE MARITIME DE L'EPINETTEBLANCHE (PICEA GLAUCA (MOENCH) VOSS)
SUR LA CÔTE ORIENTALE DE LA BAIED'HUDSON
Mémoire présentéà la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en biologiepour l'obtention du grade de maître es sciences (M. Se.)
DEPARTEMENT DE BIOLOGIEFACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE
UNIVERSITÉ LAVALQUÉBEC
2006
Ann-Catherine Laliberté, 2006
Résumé
Huit sites possédant des peuplements d'épinette blanche (Picea glauca [Moench]
Voss) sur substrat bien drainé le long de la côte en émersion de la baie d'Hudson ont été
étudiés. Les objectifs de la recherche sont de caractériser la limite maritime des arbres et
la limite maritime des forêts en fonction de l'altitude et du climat afin d'estimer le délai
nécessaire entre l'émersion des terres et l'établissement des épinettes dans un contexte
de succession primaire. La végétation évolue le long de la chronoséquence, partant
d'une bande littorale près de la mer jusqu'à un stade de pessière à lichen au niveau de la
limite maritime des forêts. La podzolisation est le processus pédogénétique dominant
dans ce contexte. Parallèlement à la végétation qui change, les sols se développent avec
l'altitude. Ce n'est que 145 à 900 ans suivant l'émersion que les conditions du milieu
permettent l'établissement des espèces arborescentes. Les épinettes de la limite des
arbres sont plus jeunes que les arbres composant la limite des forêts et ces derniers n'ont
pas plus de 120 ans. Aucun macroreste d'épinette blanche n'a été trouvé dans les
paléosols précédant la limite des forêts. Les épinettes blanches les plus âgés sur les sites
d'étude se sont établis à partir de la fin du XIXe siècle.
Avant-propos
J'aimerais tout d'abord remercier mon directeur, Serge Payette, pour ses conseils,
son aide, sa grande disponibilité et son soutien tout au long de ma maîtrise. Il a su me
transmettre sa passion pour l'écologie et les environnements nordiques. Sans lui, cette
expérience n'aurait pas été la même. Je remercie également les membres de mon comité
d'évaluation, Gilles Houle et Michel Caillier, pour leurs conseils.
Merci à Ann Delwaide, Véronique Gravel et Jonathan Régnière qui ont été
vraiment efficaces sur le terrain et avec qui il a été très agréable de travailler. L'aide de
Daniel Marcotte du département des sols et génie agroenvironnemental et de Véronique
Gravel pour les analyses de sol en laboratoire fût grandement appréciée. Les échanges
avec les gens du laboratoire d'écologie végétale ont été d'une grande aide et vont bien
me manquer. Merci à Yann Arlen-Pouliot, Stéphane Boudreau, Sébastien Cyr,
Guillaume de Lafontaine, Goulwen Dy, François Girard, Stefanie Pollock, Amélie Rivet
et Simon Thibault. J'aimerais aussi remercier ma famille, Paul Laliberté, Élizabeth
Vatcher, Laurence Laliberté ainsi que Laurent Dionne, qui m'ont encouragé pendant les
deux dernières années.
Ce travail n'aurait pas pu se réaliser sans l'aide financière du Conseil de
recherche en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et du Ministère des
Affaires indiennes et du Nord (Programme de formation scientifique dans le nord-
PFSN). J'aimerais également remercier le Centre d'études nordiques pour son soutien
logistique.
Table des matières
Résumé ii
Avant-propos iii
Table des matières iv
Liste des figures et des tableaux v
Introduction 7
1. Région d'étude 10
2. Méthodologie 132.1 Choix des sites 132.2 Caractérisation du site et de la végétation 142.3 Échantillonnage des sols 152.4 Analyses de sol 152.5 Âge desépinettes 162.6 Datation au 14C 162.7 Statistiques 17
3. Résultats 183.1 Caractéristiques spécifiques des sites 183.2 Caractéristiques de la végétation 183.3 Limite des arbres '. 293.4 Limite des forêts 343.5 Sols 39
4. Discussion 454.1 Limite maritime de Pépinette blanche 454.2 Influence du climat 464.3 Influence des facteurs locaux 474.4 Expansion récente de l'épinette blanche 494.5 Données historiques 49
Conclusion 52
Bibliographie 53
Annexe 1 Analyses de sol 59
Liste des figures et des tableaux
Figure 1. Sites d'étude 12
Figure 2. Site d'étude typique (site Petite Rivière) 13
Figure 3. Topographie et végétation le long du transect du site Guillaume-Delisle. Lesépinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts 20
Figure 4. Topographie et végétation le long du transect du site Goulet. Les épinettesreprésentent la limite des arbres et la limite des forêts 21
Figure 5. Topographie et végétation le long du transect du site Petite Rivière. Lesépinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts 22
Figure 6. Topographie et végétation le long du transect du site Manitounuk. Lesépinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts 23
Figure 7. Topographie et végétation le long du transect du site Grande Rivière. Lesépinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts 24
Figure 8. Topographie et végétation le long du transect du site Dérive. Les épinettesreprésentent la limite des arbres et la limite des forêts 25
Figure 9. Topographie et végétation le long du transect du site Inuit. Les épinettesreprésentent la limite des arbres et la limite des forêts 26
Figure 10. Topographie et végétation le long du transect du site île Longue. Lesépinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts 27
Figure 11. Altitude des bandes de végétation à partir de la première présence continuedes espèces 28
Figure 12. Structure d'âge des plantules 32
Figure 13. Répartition altitudinale des plantules selon leur âge 33
Figure 14. Âge des arbres à la limite des arbres et à la limite des forêts 36
Figure 15. Altitude de la limite des arbres et de la limite des forêts. Chaque pointreprésente l'altitude moyenne (± 1 écart-type) de tous les arbres échantillonnés...37
Figure 16. Relation entre l'âge des arbres et l'altitude à la limite des arbres et à la limitedes forêts. Etant des valeurs distantes, les épinettes de la limite des arbres du siteGoulet n'ont pas été incluses dans la régression 38
Figure 17. Évolution du pH en fonction de l'altitude. Les points en blanc représentent lesite Manitounuk 43
VI
Figure 18. Teneur en fer-pyro et en aluminium- pyro de l'horizon B des sols de tous lessites étudiés. Les points blancs représentent les échantillons prélevés directementsous les arbres 44
Figure 19. Limite maritime de l'épinette blanche à la localité 18 (54° 50' N, 79° 02' O)en 1948 (tiré de Hustich, 1950; photo E. H. Kranck) 51
Figure 20. Limite maritime de l'épinette blanche au site île Longue(54° 48' N, 79° 06' O) 51
Tableau 1. Pente des sites calculée à partir de la position de la bande à Honckenyapeploides jusqu'à la limite des forêts 18
Tableau 2. Âge (années) estimé du substrat à la limite inférieure de chaque bande devégétation, arrondi à la décennie, en fonction d'un relèvement isostatique de 1,2m/siècle 29
Tableau 3. Arbres échantillonnés à la limite des arbres pour l'ensemble des sites. Lesarbres représentés en caractère gras sont les plus près de la mer et déterminent laposition de la limite des arbres 31
Tableau 4. Arbres échantillonnés à la limite des forêts pour l'ensemble des sites. Lesarbres représentés en caractère gras sont les plus près de la mer et déterminent laposition de la limite des forêts 35
Tableau 5. Dates I4C des paléosols 42
Tableau 6. Teneur en fer et en aluminium extraits au pyrophosphate de sodium, pHCaCb et % C tot de l'horizon B et de l'horizon B enfoui dans les profils renfermantdes paléosols 42
Tableau 7. Age (années) estimé de la surface au moment de la colonisation parl'épinette blanche d'après un taux de relèvement moyen de 1,2 m/siècle 46
Introduction
Les arbres à leur limite de répartition nordique sont sensibles aux changements
climatiques (LaMarche, 1973; Kullman, 1986). Malgré le réchauffement général en
Amérique du Nord depuis la dernière glaciation, certaines périodes ont été moins
favorables que d'autres à la croissance des arbres. Entre 1580 et 1880, les basses
températures du Petit Age Glaciaire ont limité la croissance des arbres (Lamb 1977;
Grove, 1988) et ce n'est qu'à partir du XIXe siècle que le climat s'est réchauffé, que la
densité des peuplements forestiers a augmenté (Morin & Payette, 1984; Payette &
Filion, 1985; Scott et al, 1987; Gajewski et al, 1993; Szeicz & MacDonald, 1995) et
que les formes de croissance des espèces arborescentes à la limite des arbres ont changé
spp., plusieurs poacées et des bryophytes comme Drepanocladus uncinatus,
Hylocomium splendens et Dicranum elongatum. Une fois la limite des arbres atteinte, la
19
végétation change rapidement et les lichens accompagnés d'espèces forestières font leur
apparition en synchronie avec les arbres. Cladina rangiferina, Cladina mitis et
éventuellement Cladina stellaris, ainsi que plusieurs espèces de Cladonia sont parmi les
lichens les plus communs. Entre la limite des arbres et la limite des forêts, des arbustes
dont Salix spp. et Betula glandulosa, ainsi que des éricacées comme Empetrum nigrum
et Vaccinium vitis-idaea sont plus fréquents. Ces espèces, accompagnées de Picea
glauca, forment la bande forestière.
La bande littorale, la bande herbacée et la bande forestière sont présentes dans
tous les sites mais leur étendue varie. Une bande dominée par les lichens (lichenaie)
précède parfois la bande forestière. Le site Manitounuk est le seul qui renferme des
espèces distinctes des autres sites à cause du substrat calcaire, mais le patron de
succession primaire demeure le même. Le site Guillaume-Delisle renferme plus
d'arbustes {Salix spp. et Betula glandulosa) tout au long du transect. Les figures 3 à 10
illustrent la répartition générale de la végétation littorale en fonction de la distance à la
mer, de l'altitude et de la topographie dans chaque site. Les valeurs de recouvrement des
histogrammes proviennent du relevé de végétation effectué au centre du transect dans
chaque site. La valeur de recouvrement moyenne à l'intérieur de chaque mètre a été
utilisée et celle-ci a été cumulée lorsque plusieurs espèces ont été regroupées (ex.
herbacées). Étant donné que les arbres de la limite des arbres et des forêts n'ont pas
toujours été rencontrés le long de cette ligne, on constate une certaine discordance entre
Picea glauca et la position réelle de la limite des arbres et des forêts dans chaque figure.
Ces figures permettent de comparer l'altitude et l'étendue des bandes de végétation entre
les sites (Fig. 11) et de déterminer l'âge approximatif des surfaces au moment de
l'apparition des bandes le long de chaque transect (Tableau 2).
20
Site Guillaume-Delisle
Bandeliuorale Saulaie Lichenaie i forestière
Honckenya peploides k
Lathyrus japonicus
Leymus mollis
Herbacées
Empetrum nigrum
Bryophytes
Salix spp.
Lichens
Betula glandulosa
Vaccinium uliginosum
Vaccinium vilis-idaea
Picea glauca
Figure 3. Topographie et végétation le long du transect du site Guillaume-Delisle. Lesépinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts.
21
Site Goulet
Bande forestière
Honckenya peploides
Lathyrus japonicus
Leymus mollis
Herbacées
Empetrum nigrum
Bryophytes
Salix spp.
Lichens
Vaccinium uliginosum
Vaccinium vilis-idaea
Betula glandulosa
Picea glauca
Figure 4. Topographie et végétation le long du transect du site Goulet. Les épinettesreprésentent la limite des arbres et la limite des forêts.
22
Site Petite Rivière
Bandelittorale i Bande herbacée i Bande forestière
M M I K , , , . . i l lIHIi IHIHIIIHHII.I. l . I I . . . , , i |
Bryophytes
Salix planifolia
••i....i..iiii.li.li.liiiuiiillliiill,iL. ii ilhi.i..
Lichens , . . . . I. . l l l l l
s, Lo
0
10(1
Vaccinium vitis-idaea
Picea glauca - i l . .. IlFigure 5. Topographie et végétation le long du transect du site Petite Rivière. Les
épinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts.
Site Manitounuk
23
Bandelittorale i
Bande herbacéeet saules 1
J
Bande forestière
Exagération vert
Honckenya peploides
Lathyrus japonicus
Leymus mollis
Herbacées
Bryophytes
Shepherdia canadensis
Salix spp.
Lichens
Juniperus communis
Empetrum nigrum
Picea glauca
iso
oL»L , J ..« i.l ^JJÀ, •0
• 100
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100
Iu>3oo'i I
Pi
• J U . I 1 i. iJ .
J • i . lui M ni
^Ji
0
100
0
100
Figure 6. Topographie et végétation le long du transect du site Manitounuk.Les épinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts.
Site Grande Rivière
24
[
Honckenya peploides
Lathyrus japonicus
Leymun mollis
Herbacées
Bryophytes
Lichens
Empetrum nigrum
Vaccinium vilis-idaea
Picea glauca
Bandelittorale
^ — "20
. . . l l l l l l l .H .1 . tf.
H.IHI..|I|.IHI.
Jllllll
Bandeherbacée
.—.—•—-*
40
llllllllllllll
m
. . . . . .
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. . . l l l l l .
...1
J
BandeLichenaie forestière
Exagération verticale: 1,55
60 80
. .. .llillliililllin
Il I1..11.I1..I. . . .h
JiilliiLnlllllil, ni\i
1
- 8- 6- 4- 2- 0
•100
{100
100
100
100
•100
•100
rlO(
rlOO
t(l
aB
; iOo
Figure 7. Topographie et végétation le long du transect du site Grande Rivière. Lesépinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts.
25
Site Dérive
Bandelittorale Bande herbacée
Bandeforestière
Honckenya peploides | . , ,. .
Lathyrus japonicus
Leymus mollis
Herbacées
Bryophytes
Lichens
Empetrum nigrum
Juniperus communis
Salix glauca
Picea glauca
Jbu^JllllilU
; • ; '
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oo1)
0
100
n
100
r i o o
I .1 I. 0
100
Figure 8. Topographie et végétation le long du transect du site Dérive. Les épinettesreprésentent la limite des arbres et la limite des forêts.
Figure 9. Topographie et végétation le long du transect du site Inuit. Les epinettesreprésentent la limite des arbres et la limite des forêts.
27
Site île Longue
Bande forestière
Exagération verticale: 2,56
1 1
) 20
. .lllll...!
.. lllll .... ..
••••ini.ni
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i -40
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- 2
0
100
0
100
0
100
0
100
3oo
Honckenya peploides
Lathyrus japonicus
Leymus mollis
Herbacées
Bryophytes
Lichens
Juniperus communis
Salix glauca
Picea glauca
Figure 10. Topographie et végétation le long du transect du site île Longue. Lesépinettes représentent la limite des arbres et la limite des forêts.
o
100
o
100
o100
o100
28
25 -,
20 -
15 -
uT3
3io -
M i
• 1czz• •• •
*
Honckenya peploidesLeymus mollis + Lathyrus japonicusHerbacéesAutres (ex. arbustes)Lichens jusqu'à la limite des forêts
Limite des arbres
Limite des forêts
Sites
Figure 11. Altitude des bandes de végétation à partir de la première présence continuedes espèces.
29
Tableau 2. Âge (années) estimé du substrat à la limite inférieure de chaque bande devégétation, arrondi à la décennie, en fonction d'un relèvement isostatique de 1,2m/siècle
Site
Guillaume- DelisleGoulet
Petite RivièreManitounuk
Grande RivièreDériveInuit
île Longue
Honckenyapeploides
00000000
Leymus mollis etLathyrus japonicus
10601080130608040
Herbacées
201603014022012040130
Lichens
730810480360420370240250
3.3 Limite des arbres
Des plantules et gaules situées au-delà de la limite des arbres sont présents dans
tous les sites d'étude (Fig. 12). Les sites nordiques possèdent peu de plantules, soit 3
dans le site Guillaume-Delisle et 13 dans le site Goulet. Avec 168 plantules, le site
Manitounuk possède le plus grand nombre de plantules. Au sud de Kuujjuarapik, les
sites renferment tous entre 70 et 80 plantules, sauf chez le site Dérive qui n'en possède
que 4. Les plantules les plus vieilles et les moins nombreuses se trouvent dans les sites
Guillaume-Delisle et Dérive. Les plantules au-delà de la limite des arbres se situent
rarement à des altitudes inférieures à 2 m (Fig. 13). l'exception étant pour le site
Manitounuk où une quantité importante de plantules se trouvait entre deux crêtes de
plage à une altitude plus basse que 2 m. Il est probable que les plus jeunes et petites
plantules n'aient pas toutes été trouvées sur le terrain. La relation entre l'âge des
plantules au-delà de la limite des arbres et l'altitude n'est pas significative (Fig. 16). Les
arbres du site Goulet ont été exclus de cette relation.
Les arbres du groupe Nord à la limite des arbres sont significativement plus vieux
que ceux des groupes Centre et Sud, alors que l'âge moyen des arbres des groupes
Centre et Sud est semblable (ANOVA, test de Tukey, p < 0,05) (Fig. 14 et 16). La
moyenne d'âge des arbres des groupes Nord, Centre et Sud est respectivement de 79 ± 5
ans (n = 3), 37 ± 11 ans (n = 8) et 38 ± 6 ans (n = 8). Le tableau 3 donne de plus amples
informations sur les arbres échantillonnés à la limite des arbres.
30
La limite des arbres du groupe Nord est significativement plus élevée en altitude
que celle des groupes Centre et Sud (ANOVA, test de Tukey, p < 0,05). L'altitude de la
limite des arbres des groupes Centre et Sud n'est pas significativement différente (p =
0,63). La limite des arbres du site Guillaume-Delisle est à 4,26 m alors que celle du
Goulet est à 10,82 m; c'est donc ce dernier site qui rend la différence significative.
L'altitude moyenne de la limite des arbres chez les sites des groupes Centre et Sud est
de 3,68 ± 1,00 m (» = 6) (Fig. 15 et 16). La relation entre l'âge des épinettes à la limite
des arbres et l'altitude n'est pas significative (Fig. 16).
La distance à la mer de la limite des arbres ne diffère pas significativement entre
les groupes Centre et Sud (ANOVA, test de Tukey, p = 0,99) d'un site à l'autre et se
situe en moyenne autour de 59,19 ± 20,78 m (n = 6) de la mer. Par contre, la limite des
arbres des sites Goulet et Guillaume-Delisle est considérablement plus éloignée de la
mer (groupe Nord : ANOVA, test de Tukey,/» < 0,05), soit respectivement 193,81 m et
158,45 m.
31
Tableau 3. Arbres échantillonnés à la limite des arbres pour l'ensemble des sites. Lesarbres représentés en caractère gras sont les plus près de la mer et déterminent laposition de la limite des arbres
Latitude
56° 1 1 ' 4 7 " N
56° 09' 14" N
56° 09' 14" N
56° 01' 00" N
56° 0 1 ' 0 0 " N
56° 0 1 ' 0 0 " N
55° 43' 36" N
55° 43' 36" N
55° 4 3 ' 3 6 " N
55° 4 3 ' 3 6 " N
55° 43' 36" N
55° 15' 17" N
55° 15' 17" N
55° 1 3 ' 0 8 " N
55° 12' 37" N
55° 12' 37" N
54° 4 8 ' 5 4 " N
54° 48' 54" N
54° 48' 54" N
Site
Guillaume-DelisleGoulet
Goulet
PetiteRivièrePetite
RivièrePetite
RivièreManitounuk
Manitounuk
Manitounuk
Manitounuk
Manitounuk
GrandeRivièreGrandeRivièreDérive
Inuit
Inuit
île Longue
île Longue
île Longue
Ageminimal
77
76
85
35
42
25
39
25
32
58
39
31
29
40
43
40
34
44
39
Diamètre(cm)
24,2
37,5
29,6
26,7
32,7
12,2
9,3
10,4
16,1
15,9
23,3
8,2
10,2
11,9
23,2
17,2
12,1
22,1
32,2
Hauteur(m)
4,1
3,7
4,3
3,43
5,00
2,59
2,5
2,55
3,53
3,6
3,39
4,37
4,05
2,64
3,36
3,22
3,39
3,58
3,38
Altitude(m)
4,26
10,819
14,625
5,881
5,699
4,516
3,679
3,534
3,804
3,84
3,991
5,155
5,124
3,018
2,639
2,989
2,936
2,561
2,81
Distanceà la mer
(m)158,5
193,8
253,7
63,2
61,7
31,7
90,6
94,2
106,4
107,4
114,1
50,5
51,0
63,6
72,0
80,0
38,4
46,8
55,4
20 -
Nord
Guillaume-DelisteC.oulel
Centre
50
I
I •
• • I Petite RivièreW777*. Maniloumik
Sud
11
Grande RivièreDériveI :île Longue
Age
Figure 12. Structure d'âge des plantules.
oo80o°
Nord
• Guillaume-DelisleO Goulet
30
33
12
10
8
6 1
2 -
Centre• Petite RivièreO Manitouiuik
Oo O
3 O o
10 20 30 40
2 •
(1
8 -
6 •
4 -
0 •
Sud
Y
• Grande RivièreO DériveT InuitV île Longue
•
o o o vo
Âge
Figure 13. Répartition altitudinale des plantules selon leur âge.
34
3.4 Limite des forêts
L'âge moyen des arbres échantillonnés à la limite des forêts est de 99 ± 1 ans (n =
3) dans le site Guillaume-Delisle, 78 ± 3 ans (n = 3) au Goulet, 86 ± 30 ans (n = 3) dans
le site Petite Rivière, 74 ± 12 ans (n = 3) dans le site Manitounuk, 89 ± 30 ans (n = 5)
dans le site Grande Rivière, 43 ± 1 ans dans le site Dérive {n = 3), 77 ± 22 ans {n = 5)
dans le site Inuit et 50 ± 6 ans (n = 4) dans le site île Longue. Dans l'ensemble des
arbres échantillonnés, seulement 5 d'entre eux ont plus que 100 ans, le plus âgé ayant au
minimum 127 ans (site Grande Rivière) (Fig. 14 et 16). Seuls les arbres du groupe Sud
sont significativement plus jeunes que ceux des autres groupes (ANOVA, test de Tukey,
p < 0,05). Le tableau 4 donne plus d'information sur les arbres échantillonnés à la limite
des forêts.
Les arbres à la limite des arbres des groupes Centre et Sud sont significativement
plus jeunes que ceux situés à la limite des forêts (ANOVA, test de Tukey, p < 0,05),
alors que l'âge moyen des arbres à la limite des arbres du groupe Nord ne semble pas
être significativement différent de celui des arbres situés à la limite des forêts (p = 0,23)
(Fig. 14 et 16). Dans l'ensemble des sites étudiés, la limite des arbres est
significativement plus basse en altitude que la limite des forêts (ANOVA, test de Tukey,
p < 0,05) (Fig. 15 et 16). La relation entre l'âge des épinettes à la limite des forêts et
l'altitude n'est pas significative (Fig. 16).
De manière générale, l'altitude de la limite des forêts augmente avec la latitude. En
effet, la limite des forêts est à plus de 10 m d'altitude chez le groupe Nord, alors qu'elle
se situe autour de 4 m dans les sites les plus au sud. L'altitude de la limite des forêts
varie significativement d'un site à l'autre (ANOVA, test de Tukey, p < 0,05), sauf chez
les sites Grande Rivière et Petite Rivière où elle est semblable (7,23 ± 0,17 m, n = 8),
ainsi que dans les 3 sites les plus au sud où elle se situe en moyenne à 4,38 ± 0,30 m {n
= 12) (Fig. 15 et 16). La position de la limite des forêts tend également à s'éloigner de la
mer avec la latitude (Tableau 4).
35
Tableau 4. Arbres échantillonnés à la limite des forêts pour l'ensemble des sites. Lesarbres représentés en caractère gras sont les plus près de la mer et déterminent laposition de la limite des forêts
Latitude
56° 1 1 ' 4 7 " N
56° 1 1 ' 4 7 " N
56° 1 1 ' 4 7 " N
56° 09' 14" N
56° 09' 14" N
56° 09' 14" N
56° 0 1 ' 0 0 " N
56° 0 1 ' 0 0 " N
56° 01' 00" N
55° 43' 36" N
55° 4 3 ' 3 6 " N
55° 4 3 ' 3 6 " N
55° 15' 17" N
55° 15' 17" N
55° 15' 17" N
55° 15' 17" N
55° 15' 17" N
55° 13 ' 08"N
55° 1 3 ' 0 8 " N
55° 1 3 ' 0 8 " N
55° 12' 37" N
55° 1 2 ' 3 7 " N
55° 1 2 ' 3 7 " N
55° 1 2 ' 3 7 " N
55° 12' 37" N
54° 4 8 ' 5 4 " N
54° 48' 54" N
54° 48' 54" N
54° 48' 54" N
Site
Guillaume-Del.
Guillaume-Del.
Guillaume-Del.
Goulet
Goulet
Goulet
Petite Rivière
Petite Rivière
Petite Rivière
Manitounuk
Manitounuk
Manitounuk
Grande Rivière
Grande Rivière
Grande Rivière
Grande Rivière
Grande Rivière
Dérive
Dérive
Dérive
Inuit
inuit
Inuit
Inuit
Inuit
île Longue
île Longue
île Longue
île Longue
Ageminimal
100
99
99
76
81
78
91
55
112
65
70
88
70
114
75
127
59
44
43
42
111
67
80
75
53
44
53
58
46
Diamètre(cm)
26,0
27,1
37,2
25,4
28,3
28,0
26,0
32,4
47,0
34,0
31,5
37,0
37,8
41,5
23,8
35,1
32,0
11,9
25,5
14,5
31,8
19,3
28,0
18,2
37,0
34,3
24,2
35,0
25,2
Hauteur(m)
7,83
8,4
7,78
6,41
6,93
8,45
7,45
6,74
6,89
6,67
7,66
9,41
6,97
7,66
8,92
10,0
7,28
5,07
5,01
5,4
7,08
7,53
8,06
8,19
7,46
5,59
5,28
5,48
5,88
Altitude(m)
13,332
13,154
13,396
20,284
20,384
20,617
7,137
7,017
7,099
7,864
8,243
8,614
7,318
7,077
7,472
7,378
7,348
4,347
4,304
4,346
3,921
3,995
4,025
4,612
4,573
4,851
4,809
4,477
4,344
Distanceà la mer
(m)427,0
424,0
432,0
422,4
425,2
432,5
88,8
78,3
75,5
186,3
184,9
190,9
83,4
86,6
86,8
86,0
87,2
138,5
136,8
140,6
95,2
111,1
109,3
92,4
94,4
95,1
96,0
90,8
89,2
140 -,
120 -
100 -
40 -
20 -
0
O
RU1
3S•vM<
80 -
60 - OO
oooo°
oo
• Limite des arbresO Limite des forêts
O
Oo
o
o
o
54.6 54,8 55,0 55,2 55,4 55.6 55.8 56,0 56.2
Latitude
36
Figure 14. Âge des arbres à la limite des arbres et à la limite des forêts.
37
22 -i
20 -
18 -
16 -
14 -
1 ,18 -
6
4
2 -
(I
• Limite des arbresO Limite des forêts
o
O
S?
54,6 54.8 55,0 55.2 55,4 55.6
Latitude
55,8 56.0 56,2
Figure 15. Altitude de la limite des arbres et de la limite des forêts. Chaque pointreprésente l'altitude moyenne (± 1 écart-type) de tous les arbres échantillonnés.
38
sa<
140 -,
120 -
100 -
80 -
60 -
40 -
20 -
• Planlules0 Limite des arbres• Limite des arbres site Goulet• Limite des forêts
Figure 16. Relation entre l'âge des arbres et l'altitude à la limite des arbres et à la limitedes forêts. Étant des valeurs distantes, les épinettes de la limite des arbres du site Goulet
n'ont pas été incluses dans la régression.
39
3.5 Sols
La granulométrie de l'horizon C de tous les sols des sites étudiés est semblable. Le
substrat est une dépôt fluvio-marin constitué de particules ayant un diamètre plus grand
que 50 um (> 95 %) et dont plus de la moitié se situe entre 250 et 500 |im, ce qui le
qualifie de sable moyen. Le degré de podzolisation des sols le long de la
chronoséquence est comparable d'un site à l'autre. Etant dans une région où la
température moyenne annuelle est inférieure à 0 °C, les sols entrent tous dans l'ordre
des cryosols. Cependant, les sols les plus développés se trouvent à la limite des forêts et
correspondent à l'ordre des brunisols dystriques (pH < 5,5) et à celui des brunisols
eutriques (pH > 5,5) (Groupe de travail sur la classification des sols, 2002).
Une relation significative a été trouvée entre l'altitude et le pH CaCb (régression
logarithmique, n = 43, R2 = 0,817, p < 0,05) (Fig. 17). Le pH de l'horizon B diminue
généralement avec l'altitude. Toutefois, les sols du site Manitounuk sont plus alcalins
tout au long du transect, puisqu'ils renferment des carbonates (réaction au HC1)
provenant de coquillages marins. À cause de leur nature différente, ces sols ont donc été
exclus de la régression. Les horizons B des sols du site île Longue possèdent aussi un
pH plus élevé que les sols des autres sites, mais ils n'ont pas réagi au HC1. Il est possible
que le pH plus alcalin du site île Longue soit influencé par des dépôts calcaires sous-
jacents. À partir de 4 à 5 m d'altitude, le pH des sols ne diminue plus de manière notable
(ANOVA, test de Tukey,/? < 0,05) et il varie entre 3,8 et 4,5 (sauf chez les sols des sites
Manitounuk et île Longue où il demeure entre 5 et 7). Quant au pH de l'horizon B,
aucune différence significative entre les sols de la limite des arbres et de la limite des
forêts n'a été trouvée (ANOVA, test de Tukey, p = 0,60). Le pH de l'horizon C tend à
diminuer le long du transect pour tous les sites, mais il reste toujours plus alcalin que
l'horizon B. À part les sites Manitounuk et île Longue dont l'horizon C demeure autour
de 7 tout au long du transect, le pH de cet horizon diminue jusqu'à 4,5 à 4,0 chez les
autres sites aux altitudes les plus élevées.
L'épaisseur de l'horizon B et le % Fe+Al extraits au pyrophosphate de sodium
tendent à augmenter avec l'altitude. Une relation significative entre l'altitude et le %
(Fe+Al)p a été trouvée (régression linéaire, n = 45, R2 = 0,58, p < 0,05) (Fig. 18). La
40
teneur en (Fe+Al)p de l'horizon B des sols de la limite des arbres du groupe Nord est
significativement plus élevée que celle des sols des groupes Centre et Sud (ANOVA,
test de Tukey, p < 0,05). Malgré l'altitude plus élevée de la limite des forêts du groupe
Nord, la teneur en (Fe+Al)p des sols n'est pas significativement différente de celle des
sols des autres groupes (ANOVA, test de Tukey, p = 0,068) et ce, malgré le fait que le
sol du site Guillaume-Delisle ait une teneur en Fe+Al nettement plus grande (0,155 %).
Aucune différence significative n'a été trouvée entre la teneur en fer-pyro et en
aluminium-pyro des sols de la limite des arbres et de la limite des forêts (ANOVA, test
de Tukey, p = 0,076). Les sols situés directement sous les arbres, étant influencés par
l'acidité de la litière d'aiguilles, n'ont pas été traités avec l'ensemble des échantillons,
mais renferment une plus grande teneur en (Fe+Al)p que les sols de milieu ouvert situés
à la même altitude (Fig. 18). Un horizon éluvié (Aej, poivre et sel) ayant moins de 2 cm
d'épaisseur était généralement présent à partir de la bande de végétation herbacée
stabilisée et pouvait atteindre entre 5 et 9 cm (Ae) dans les échantillons directement
sous les arbres.
Le Ctot (%), l'N (%), et les cations échangeables (Ca, Na, Mg, K) de l'horizon
organique de surface sont corrélés positivement les uns avec les autres (corrélation de
Pearson, p < 0,05) sauf pour le sodium avec le calcium (r = 0,30). Il existe également
une relation significative entre les variables décrites précédemment et l'altitude des
horizons de surface (régression linéaire, n = 33, p < 0,05). Par contre, la teneur en Ctot
de l'horizon de surface des sols de la limite des arbres et de la limite des forêts n'est pas
significativement différente (ANOVA, test de Tukey, p = 0,86). Les analyses de
conductivité électrique montrent une diminution rapide du contenu en sels avec la
profondeur dans le sol. Par contre, étant constamment exposé aux embruns et au vent
marin, l'horizon de surface conserve une conductivité élevée tout au long de chaque
transect. L'épaisseur de l'horizon organique de surface varie entre 0 et 4 cm dans les
bandes non forestières; elle est de 3 à 6 cm sous les arbres et atteint jusqu'à 15 cm sous
les arbres à la limite des forêts.
Des paléosols ont été trouvés dans les sites Grande Rivière, Guillaume-Delisle et
Petite Rivière. La couche organique des paléosols des sites Grande Rivière et Petite
Rivière contenait des charbons de très petite taille. Le paléosol du site Grande Rivière,
41
dont l'horizon organique était enfoui à 10 cm de profondeur, s'étend de la limite des
arbres à la limite des forêts. Les charbons du site Grande Rivière n'ont pas pu être
échantillonnés à cause de leur petite taille, de leur petit nombre et de la contamination
par des hyphes de champignons. Les charbons du site Petite Rivière ont été
échantillonnés et datés au radiocarbone (Tableau 5). L'horizon organique de ce paléosol
daté à 80 ± 70 ans étal. BP était enfoui à une quinzaine de centimètres de profondeur et
ce, à partir de la limite des arbres. Le paléosol du site Guillaume-Delisle à la limite des
forêts était constitué de matière organique décomposée d'origine tourbeuse située à une
profondeur de 9 cm. La matière organique des couches supérieure et inférieure du
paléosol a été datée au radiocarbone. Un paléosol a également été échantillonné sur la
terrasse principale du village de Kuujjuarapik. Il renfermait de petits charbons, mais
aucun reste d'aiguilles n'a été trouvé. L'horizon Bmb sous la couche organique des
paléosols des sites Petite Rivière et Grande Rivière est moins développé que l'horizon
Tableau 6. Teneur en fer et en aluminium extraits au pyrophosphate de sodium, pH CaCb et % C tot de l'horizon B et de l'horizon B enfoui dansles profils renfermant des paléosols
SitePetite Rivière
Grande Rivière
HorizonBmBmbBmBmb
% (Fe + Al)p0,04220,037
0,04270,0328
pH CaCl2
4,094,403,864,10
/O V' tOt
0,14450,09340,36580,2534
43
y = 6,509 -1,106 In xR2 = 0,817p < 0,05
Altitude (m)
Figure 17. Évolution du pH en fonction de l'altitude. Les points en blanc représentent lesite Manitounuk.
44
5 10 15
Altitude (m)
y = 0,0139 +0,005 x
R2 = 0,58
p < 0,05
20 25
Figure 18. Teneur en fer-pyro et en aluminium- pyro de l'horizon B des sols de tous lessites étudiés. Les points blancs représentent les échantillons prélevés directement sous
les arbres.
4. Discussion
4.1 Limite maritime de l'épinette blanche
L'action des vagues sur la côte, surtout lors d'événements de tempête et de
variations de la pression atmosphérique, peut perturber les plantules d'épinette établies à
basse altitude jusqu'à environ 2 m au-dessus du niveau moyen de la mer (Allard &
Tremblay, 1983; Ruz & Allard, 1994). Peu de plantules sont effectivement établies à
une altitude inférieure à 1,9 m. Elles sont généralement trouvées dans les dépressions
humides entre les crêtes de plage; autour le substrat est trop sec pour leur établissement.
Les arbres qui forment la limite des arbres sont relativement jeunes dans tous les
sites étudiés (< 40 ans), sauf ceux des sites les plus nordiques où l'établissement s'est
fait il y a environ 80 ans. Par contre, l'âge des arbres à la limite des forêts est
relativement variable d'un site à l'autre. Dans les sites les plus nordiques, les arbres ne
sont pas plus vieux dans les forêts, mais leur altitude est nettement plus élevée que dans
les autres sites. Le climat étant plus rigoureux vers le nord, les limites maritimes des
arbres et des forêts se trouvent plus en retrait de la mer et à une altitude plus élevée,
donc sur des surfaces plus anciennes. L'altitude ne détermine toutefois pas l'âge des
arbres.
En se basant sur un relèvement de 1,2 m/siècle, un délai de 140 à 470 ans de
succession végétale s'est écoulé avant que les plantules d'épinette blanche aient été en
mesure de s'établir au-delà de la limite actuelle des arbres, à l'exception du site Goulet
où le délai atteint 900 ans (Tableau 7). La formation de la limite des arbres et de la
limite des forêts actuelle s'est faite attendre après un long délai d'émersion allant
respectivement de 180 à 825 ans et de 310 à 1615 ans. Étant donnée le relèvement
isostatique, le sol était donc plus âgé (plus éloigné de la mer et plus élevé en altitude) au
moment de l'établissement des épinettes constituant la limite des forêts qu'au moment de
l'établissement des plantules et des arbres à la limite des arbres. Ceci signifie que les
conditions climatiques des 50 dernières années ont été plus favorables à la colonisation
46
plus près de la mer par l'épinette blanche, particulièrement dans les sites au sud de la
Petite-Rivière-de-la-Baleine.
Des études similaires ont montré que les plantules d'épinette de Norvège (Picea
abies) s'établissent entre 35 et 110 cm (40 à 130 ans) (Ericson, 1972 dans Svensson &
Jeglum, 2003a), 40 cm (45 ans) (Eriscon, 1980), 120 cm (Schwank, 1981 dans
Svensson & Jeglum, 2003a) et 25 et 35 cm (30 à 40 ans) (Svensson & Jeglum, 2003a)
au-dessus du niveau moyen de la mer sur la côte en émersion du Golfe de Bothnie. Les
forêts d'épinette de Norvège prendraient entre 130 et 140 ans avant de se constituer dans
le Golfe de Bothnie (Svensson & Jeglum, 2003b). Cet établissement plus rapide des
épinettes le long de la mer en Scandinavie est probablement dû à des conditions
édaphiques et climatiques plus favorables à l'établissement et à la survie des espèces
arborescentes (ex. humidité du sol, exposition des sites).
Tableau 7. Âge (années) estimé de la surface au moment de la colonisation par lesépinettes blanches actuelles d'après un taux de relèvement moyen de 1,2 m/siècle
Site
Guillaume-DelisleGoulet
Petite RivièreManitounuk
Grande RivièreDériveInuit
île Longue
Plantules
145900470140410195210210
Limitedes
arbres280825350270400210180210
Limitedes
forêts10001615480620540315310315
4.2 Influence du climat
Le nord du Québec a connu des alternances de périodes favorables et défavorables
à la croissance des arbres. Depuis 750 ans, on constate une diminution du nombre de
feux et de l'activité éolienne le long de la baie d'Hudson, ce qui serait une indication de
conditions estivales plus humides (Filion, 1984a, b). Il y aurait également eu une
augmentation des précipitations en hiver au XXe siècle dans le nord du Québec (Bégin,
2001), favorisant ainsi la colonisation des milieux mésiques par les épinettes. Les
47
changements de la forme de croissance de l'épinette noire, passant de la forme arbustive
à la forme arborescente depuis la fin du XIXe siècle sont aussi une conséquence d'étés et
d'hivers plus cléments et humides (Payette et ai, 1985; Lescop-Sinclair & Payette,
1995).
Le phénomène de rétroaction positive enclenché par les peuplements forestiers
assure une certaine protection contre le vent et permet l'accumulation d'un couvert de
neige plus important, permettant aux épinettes d'avoir une croissance normale et un port
symétrique en forêt (Payette et al., 1985). La forme de croissance normale des épinettes
blanches observée jusqu'à la limite latitudinale des forêts maritimes démontre aussi que
cette espèce n'a probablement pas encore atteint son aire de répartition post-glaciaire
maximale en équilibre avec le climat (Payette, 1993). L'abondance de plantules dans la
majorité des sites est aussi probablement reliée à des conditions climatiques favorables.
4.3 Influence des facteurs locaux
Une séquence évidente de colonisation, conséquence du relèvement isostatique,
forme une succession de bandes végétales dans tous les sites étudiés. Les plantes
vasculaires, les bryophytes et les lichens permettent de stabiliser le substrat et
d'augmenter le contenu en nutriments et en matière organique des sols (Kimmins, 1987;
L'humidité du sol étant un facteur limitant à l'établissement de l'épinette blanche, la
matière organique ainsi que la présence de bryophytes et lichens à la surface du sol
contribuent à augmenter la rétention d'eau et à limiter l'évaporation (Bâtes, 2000; Brodo
et al, 2001).
Les plantules d'épinettes s'établissent dans la bande de végétation herbacée (ou
arbustive dans le cas du site Guillaume-Delisle) stabilisée où on observe un important
couvert de bryophytes au sol. Ce n'est que dans le site Goulet que les plantules se sont
établies sur un tapis composé exclusivement de lichens. L'abondance des lichens
explique, du moins en partie, le petit nombre de plantules recensées dans les sites
nordiques (Houle & Filion, 2003). Le couvert lichénique augmente fortement à
proximité de la limite des arbres, ce qui indique que la plupart des lichens se sont établis
48
à la suite de la colonisation des épinettes, sauf près de la limite latitudinale des forêts
maritimes (sites Guillaume-Delisle et Goulet) où ils ont colonisé les sites bien avant
l'établissement de l'épinette blanche. Houle et Filion (2003) ont montré que le couvert
de lichens pouvait être favorable à la croissance des épinettes ayant passé le stade
juvénile.
Les sols sont généralement plus développés en altitude le long de la côte, puisque
dans un contexte de relèvement isostatique, une surface plus élevée en altitude est
exposée depuis plus longtemps à l'influence de la végétation et du climat. Le matériel
d'origine, le climat, le temps, la topographie, les microorganismes, ainsi que l'humidité
du sol, les perturbations et la végétation influencent les processus de pédogenèse
(Jenny, 1941; Chapin et al, 1996). Le mince horizon organique de tous les sols étudiés
le long de la côte de la baie d'Hudson est redevable à une végétation peu productive, à
une litière clairsemée, à un sol acide et à des températures fraîches. La podzolisation est
le processus pédogénétique dominant dans le contexte de succession primaire qui
caractérise la végétation et les sols de la côte de la baie d'Hudson en émersion. Avec
l'établissement des arbres, la litière acide des épinettes ainsi qu'une plus grande
accumulation de neige près de ceux-ci (Payette & Filion, 1985) accélèrent la
podzolisation. Le substrat passe donc d'un non-sol sur la plage, à un régosol dans la
bande herbacée et à un brunisol dans la forêt et sous les arbres. Le travail de Filion
(1984b) a montré que les paléosols enfouis dans les dunes de la toundra forestière sont
le plus souvent des brunisols dystriques ayant une teneur en fer-pyro et en aluminium-
pyro inférieure à 0,15 %. Ces valeurs sont semblables à celles des échantillons pris à la
limite des forêts le long de la côte.
Deux paléosols possédant des charbons de bois datés entre 80 et 370 ans étal. BP,
ainsi qu'un feu datant des années 1950 près de la Pointe Louis-XIV ont été observés.
Les feux sont toutefois peu fréquents et de petite superficie le long de la côte (Payette &
Filion, 1985). Suite au passage des feux, une succession secondaire s'enclenche. La
régénération rapide de l'épinette blanche suivant le passage du feu dans les sites Petite
Rivière et Grande Rivière s'explique par le fait que des semenciers survivants se
trouvaient probablement dans les milieux avoisinants plus humides comme au pied des
buttes rocheuses et le long des cours d'eau (Payette & Filion, 1985). La nature des
49
paléosols avec un horizon B enfoui moins développé que l'actuel et l'absence de
macrorestes d'épinette dans l'horizon organique enfoui suggèrent la présence ancienne
d'une végétation non forestière au-delà de la limite actuelle des forêts.
Bégin et al. (1993) ont montré que l'épinette blanche colonise les sites côtiers
humides environ au même rythme que le taux d'émersion actuel le long de la baie
d'Hudson, avec un délai d'une vingtaine d'années seulement. Cette situation contraste
avec la lente colonisation de l'épinette blanche sur les sols sableux bien drainés de tous
les sites étudiés où l'on constate un asynchronisme marqué avec le taux de relèvement
actuel. La limite de colonisation des épinettes est déterminée par les facteurs de sol et de
végétation qui empêchent la colonisation en dessous d'une certaine altitude, où le
substrat est instable, moins humide et moins développé.
4.4 Expansion récente de l'épinette blanche
Peu d'informations sont disponibles concernant l'arrivée de l'épinette blanche le
long de la côte est de la baie d'Hudson (Payette, 1993). Caccianiga et Payette (sous-
presse) ont signalé la présence de l'épinette blanche seulement à partir du XVIIe siècle
au nord de la région d'étude le long la côte. L'épinette blanche serait en expansion
depuis 400 à 500 ans, avec une densifïcation des populations forestières au cours du
dernier siècle (Payette & Filion, 1985). Le long de la baie d'Hudson, aucun arbre mort
n'a été trouvé entre la plage et la limite des forêts dans l'ensemble des sites, ce qui
confirme la formation très récente de la limite des arbres, ainsi que l'établissement des
forêts primaires au cours du dernier siècle seulement.
4.5 Données historiques
En 1950, Hustich a noté qu'à la limite maritime des arbres près de la Pointe Louis-
XIV (à 4 km au sud du site île Longue) les épinettes blanches étaient relativement
jeunes et que la forêt semblait « avancer vers la mer ». Cette forêt a brûlé quelques
années plus tard, après le passage de l'auteur. Hustich (1950) mentionne que les arbres
endommagés par la neige et le vent sont fréquents le long de la côte et qu'il y a peu de
régénération à la limite maritime (Fig. 19). Il souligne la présence d'un tapis d'épinette
50
blanche rampant. De nos jours, aucune forme de croissance rampante n'a été rencontrée
et les arbres ont un port symétrique (Fig. 20). Selon Hustich (1950), les cônes d'épinette
blanche étaient abondants en 1947 près de la Pointe Louis-XIV, malgré l'absence de
plantules et une croissance lente des arbres. Depuis ce temps, on dénombre maintenant
des arbres âgés entre 34 et 44 ans (âge minimum) à la limite des arbres. Il est possible
que la présence de jeunes arbres à la limite des arbres résulte des années de grande
abondance de cônes notée par l'auteur en 1947.
51
Figure 19. Limite maritime de Pépinette blanche à la localité 18 (54° 50' N, 79° 02' O)en 1948 (tiré de Hustich, 1950; photo E. H. Kranck).
Figure 20. Limite maritime de l'épinette blanche au site île Longue(54° 48' N, 79° 06' O).
Conclusion
La limite maritime des arbres et des forêts le long de la côte orientale de la baie
d'Hudson s'est formée récemment. Aucune preuve macrofossile, comme la présence de
restes d'arbres au sol ou de macrofossiles enfouis dans les paléosols, n'a été trouvée
quant à la présence ancienne d'une limite d'arbres ou d'une limite de forêt plus près de
la mer. Les conditions climatiques depuis un siècle auraient favorisé la progression de
Pépinette blanche vers la mer. Le potentiel de régénération de l'espèce au-delà de la
limite des arbres du côté de la mer est élevé, d'après le grand nombre de plantules qui
s'y sont déjà établies. La limite maritime actuelle des arbres a été formée au cours des
derniers 50 à 80 ans. Les arbres croissant à la limite des forêts sont généralement plus
âgés que ceux que l'on trouve à la limite des arbres, mais ils n'ont pas plus de 130 ans.
Les conditions climatiques plus rigoureuses de la partie nord de la région d'étude sont
probablement responsables de la limite altitudinale plus élevée de la limite des arbres et
de la limite des forêts.
La végétation et les sols de tous les sites d'étude évoluent en conditions de
succession primaire reliées directement au relèvement post-glaciaire de la côte.
L'établissement des épinettes blanches s'est effectué sur une surface littorale dont l'âge
varie entre 145 ans et 900 ans dans le cas des plantules au-delà de la limite des arbres et
des arbres constituant la limite des arbres. Contrairement à ces deux dernières limites,
les arbres de la limite des forêts maritimes se sont établis sur une surface dont l'âge
varie entre 230 et 1275 ans. Ceci signifie que les conditions climatiques récentes ont
permis à l'épinette blanche de s'établir plus près de la mer qu'au moment de
l'établissement des arbres qui forment actuellement la limite des forêts. Si les conditions
climatiques plus douces et humides se maintiennent, les plantules d'épinette blanche
présentes aujourd'hui pourront se développer et assurer la progression de la limite des
arbres vers la mer.
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Annexe 1
Analyses de sol
Site Guillaume-Dolisle
VégétationHorizonNo.échantillon
Tamisage (%)
sable très grossiersable grossiersable moyensable finsable très finlimon et argile