0 MASTER SPECIALISE EN GENIE SANITAIRE ET ENVIRONNEMENT LA GESTION DES DECHETS SOLIDES DES MARCHES URBAINS, cas du marché de Matete, en pleine réhabilitation sur financement IDA à Kinshasa/RDC Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l’obtention d’un Diplôme de Master Spécialisé en Génie Sanitaire et Environnement UTER - GVEA Par : Thomas KAYOBOLA KANGOMBE Année académique 2009 – 2010 LA GESTION DES DECHETS SOLIDES DES MARCHES URBAINS, cas du marché de Matete, en pleine réhabilitation sur financement IDA à Kinshasa/RDC Jury : Président : Dr. Mariam SOU Membres : 1. Ousmane SORGHO 2. Yagouba DIALLO
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LA GESTION DES DECHETS SOLIDES DES MARCHES URBAINS, …
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MASTER SPECIALISE EN GENIE SANITAIRE
ET ENVIRONNEMENT
LA GESTION DES DECHETS SOLIDES DES MARCHES URBAINS, cas du marché de Matete, en pleine
réhabilitation sur financement IDA à Kinshasa/RDC
Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l’obtention d’un Diplôme de Master Spécialisé en Génie Sanitaire et Environnement UTER - GVEA Par : Thomas KAYOBOLA KANGOMBE
Année académique 2009 – 2010
LA GESTION DES DECHETS SOLIDES DES MARCHES URBAINS, cas du marché de Matete, en pleine
réhabilitation sur financement IDA à Kinshasa/RDC
Jury :
Président : Dr. Mariam SOU Membres :
1. Ousmane SORGHO 2. Yagouba DIALLO
1
SOMMAIRE In memoriam……………………………………………………………………………………………………………………….. i
Dédicace………………………………………………………………………………………………………………………………. ii
0.3.3. La phase de terrain ............................................................................................... 8
0.3.4. Le traitement des données .................................................................................. 8
0.3.5. Caractérisation des déchets solides ............................................................. 8
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE DE LA GESTION DES DECHETS SOLIDES DANS LA VILLE DE KINSHASA .................................................................................................................... 11
1.1. PRÉSENTATION DE LA VILLE DE KINSHASA ............................................................ 11
1.1.1. Les quartiers résidentiels ............................................................................... 12
1.1.2. Les quartiers des anciennes cités ................................................................ 12
1.1.3. Les quartiers des cités planifiées ................................................................. 13
1.1.4. Les quartiers semi-ruraux .............................................................................. 13
1.1.5. Population et conditions de vie .................................................................... 13
1.4. BREF APPERCU DE LA GESTION DES DECHETS DANS LA VILL E DE KINSHASA ..................................................................................................................................... 23
2
1.5. CONTRAINTES AU DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR .............................................. 25
1.6. FINANCEMENT DE LA GESTION DES DECHETS A KINSHASA .............................. 26
1.7. ETAT DE LIEUX DES DECHETS SOLIDES AU MARCHE DE MATETE .................... 28
2.3. SOURCE ET PRODUCTION DES DECHETS SOLIDES .............................................. 38
2.4. PROBLÈMES POSÉS PAR LES DÉCHETS .................................................................. 42
2.5. LE DEVENIR DES DECHETS PAR MODE DE TRAITEMENT ..................................... 42
CHAPITRE III. PRESENTATION DU MILIEU DE STAGE ......................................................... 45
3.1. GENERALITES SUR LE FONDS SOCIAL DE LA REPUBLIQUE DE MOCRATIQUE DU CONGO .................................................................................................................................... 45
3.3.1.4. Coordination, Gestion et Vulgarisation ........................................................ 53
3.3.2. Les réalisations du PASU ............................................................................... 53
CHAPITRE IV. RESULTATS ET DISCUSSION ......................................................................... 54
4.1. CARACTERISTIQUES DES VENDEURS ....................................................................... 54
4.2. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ............................................................................... 59
4.3. PRODUCTION ET COMPOSITION DES DECHETS AU MARCHE DE MATETE ..... 62
CHAPITRE V. STRATÉGIES D’AMÉLIORATION DE LA GESTION DES DÉCHETS SOLIDES AU MARCHE DE MATETE ......................................................................................... 64
5.1. LES QUESTIONS TECHNIQUES ET TECHNOLOGIQUES ......................................... 64
5.1.1. Améliorer le système de collecte du marché ............................................ 64
5.1.1.1. Dans la précollecte ........................................................................................... 65
5.1.1.2. Dans la collecte et le transport ....................................................................... 67
5.1.2. Traitement et élimination des déchets ........................................................ 71
5.1.2.2. Compostage des déchets solides .................................................................. 73
5.1.2.3. La valorisation et le recyclage des sachets plastiq ues ............................. 73
5.2. QUANTIFICATION DE LA RESSOURCE HUMAINE OPERATIONNELLE.................. 73
5.3. FINANCEMENT DE LA FILIERE ..................................................................................... 75
5.3.1. Evaluation du coût d’investissement .......................................................... 75
5.3.2. Les charges d’exploitation ................................................................................. 76
5.4. LES GRANDES QUESTIONSEN SUSPEND ET LES OBSERVATIONS ................... 77
5.4.1. La question des mesurespolitiques et légales exista ntes et à mettre en œuvre ............................................................................................................................ 77
5.4.2. Les questions organisationnelles ................................................................ 78
5.4.3. Les questions financières .............................................................................. 78
5.4.3.1. La Commune de Matete ..................................................................................... 79
5.4.3.2. L’administration du marché de Matete .............................................................. 79
5.4.3.3. Les marchands .................................................................................................... 79
5.4.4. La question du partenariat ............................................................................. 80
5.4.5. Les questions communicationnelles ........................................................... 80
Le Fonds Social de la République Démocratique du Congo, Organe du gouvernement
opérant sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo à travers
d’Antennes ou Unités Provinciales, afin de se rapprocher des bénéficiaires et d’assurer
un meilleur suivi de l’exécution de son programme, appuie le concept du
développement durable qui vise à améliorer la société congolaise au développement
économique et à la protection de l’environnement. Créé en février 2002 par le
Gouvernement de la République Démocratique du Congo, le FSRDC a pour mission et
objectifs de réhabiliter ou construire des projets communautaires d’infrastructures de
base pour l’amélioration des conditions de vie de la population et son accès aux
services sociaux ; financer des microprojets générateurs de revenus en faveur des
groupes de population vulnérables.
Dans le cadre du financement IDA, Don N°H120-DRC re çu de la Banque Mondiale
pour exécuter son programme de développement intitulé Programme d’Actions
Sociales d’Urgence (PASU en sigle) , et dans le concept d’un développement
durable, la prise en compte correcte et équilibrée des enjeux environnementaux et
sociaux en vue d’assurer un bien-être aux populations constitue le cheval de bataille du
FSRDC.
C’est pourquoi, dans le cadre de la Réhabilitation et de la Modernisation du Marché
Municipal de la Commune de Matete en cours qui consiste à Construire 24 hangars
totalisant 3800 étalages, 20 boutiques, 20 dépôts et 5 chambres froides, des toilettes
publiques et un Bureau Administratif, le FSRDC veut doter ce marché d’un système
efficace de gestion des déchets solides en vue de pérenniser l’ouvrage et de protéger
les vies humaines contre toute sorte des maladies qui pourraient résulter de la
mauvaise gestion de ces déchets.
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0.2. OBJECTIF DE L’ÉTUDE
a) Objectif général
Ce travail permettra de poser le diagnostic et la mise en place d’un système qui pourra
être considéré comme un système de référence de collecte, de traitement et
d’élimination des déchets solides de projets des marchés construits par le FSRDC.
b) Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques de cette étude sont les suivantes :
• Classer des déchets du marché selon ses différentes caractéristiques;
• Analyser la situation existante et proposer un système efficace de gestion des
déchets solides au marché de Matete;
• Quantifier des déchets solides produits au marché de Matete.
0.3. METHODOLOGIQUE
La réussite de notre travail se base sur une démarche méthodologique simple, mais
suivie et maîtrisée. Elle peut se scinder en deux étapes : une phase préliminaire et une
phase de terrain.
0.3.1. La phase préliminaire
Elle a consisté en :
• des séances d’informations
• une recherche documentaire ;
• l’élaboration des outils de terrain ;
0.3.1.1. Les séances d’informations
Cette phase a débuté par des réunions de prise de contact avec les responsables du
Fonds Social de la RDC, des autorités locales, des autres partenaires opérationnels
6
dans le domaine de l’environnement et l’assainissement. Cette étape non moins
importante nous a permis de bien comprendre les termes de référence de notre travail
et des résultats attendus.
0.3.1.2. La recherche documentaire
Elle nous a permis de mobiliser la documentation nécessaire pour la compréhension
plus ou moins général du problème de gestion des déchets solides dans le monde, en
Afrique, en RDC et dans la ville de Kinshasa.
Cette phase s’est déroulée tout au long de notre travail. Les documents consultés sont
principalement des ouvrages, des thèses et mémoires, des articles, divers rapports, et
bien d’autres documents importants pouvant nous fournir des données sur la gestion
des déchets solides dans la ville de Kinshasa.
0.3.1.3. L’élaboration des outils de terrain
Sur base des objectifs fixés et des activités définies, nous avons procédés à la
conception des outils nécessaires à la collecte de données sur le terrain. Il s’agit des
fiches d’enquêtes auprès des marchands et des guides d’entretien avec les autorités
locales, services et autres structures clés œuvrant dans l’assainissement de la ville de
Kinshasa.
Les fiches d’enquête
Le questionnaire d’enquête a été élaboré et adressé aux marchands identifiés selon le
type de commerce exercé et son emplacement. Pour y parvenir, des questions sur leur
connaissance et pratiques sur la gestion des déchets solides, leur capacité et leur
volonté à payer les services qui leur sont offerts et leur appréciation des services et des
coûts.
Le questionnaire comprend des questions fermées, ouvertes permettant de recueillir
des données sur les caractéristiques socio-économiques des ménages et la gestion des
déchets solides.
Les guides d’entretien avec les différents acteurs de l’assainissement de la ville
de Kinshasa
7
Ces entretiens nous ont permis de se rendre compte du cadre institutionnel et
réglementaire qui organise la gestion des déchets solides dans la ville de Kinshasa, le
schéma de traitement des déchets solides dans la ville de Kinshasa, les différents
intervenant dans le secteur de déchets solides et leurs activités respectives.
Les acteurs concernés par ces entretiens sont :
• le Bourgmestre de la Commune de Matete;
• l’administrateur du Marché de Matete
• le responsable du Programme National d’Assainissement, actuellement Direction
Nationale d’Assainissement
• les responsables des ONGs intervenant dans ce secteur
0.3.2. L’échantillonnage
Afin d’atteindre les objectifs nous assignés dans le cadre de ce travail, nous avons
décidé de mener une enquête transversale parmi les marchands pris ici comme unité
statistique.
La méthode utilisée est celle à choix raisonné par sondage aléatoire stratifié qui
consiste à la combinaison du sondage aléatoire et la méthode des quotas : stratification
et tirage au hasard. Deux critères ont été pris en compte dans la détermination
l’échantillon : la typologie de l’installation de vente et le type de commerce exercé
représentant provisoirement les différents pavillons du marché.
Pour le type de commerce exercé, cinq types de commerce sont pratiqués dont les
Articles divers, les produits agricoles, l’artisanat et les petites unités de transformation,
les viandes et poissons, et l’habillement représentant une probabilité �1 � 1
5 .
Pour la typologie de l’installation de vente, il a été retenu 4 caractéristiquesclassées par
niveau d’équipement qui sont les bâtiments clos (boutique, magasin), l’installation
délimitée par quatre poteaux, couverte et ouverte (hangar), la table etl’étalage au sol
représentant une probabilité �2 � 1
4 .
La probabilité de trouver un marchand dans un couloir (pavillon provisoire) est alors
� � �� � = 1
5 x 1
4 = 1
20. Le nombre N de marchands du marché est estimé à 4000.
8
La taille de l’échantillon sera alors � � �
�� ����
�
�� 200marchands.
0.3.3. La phase de terrain
La phase de terrain consistera à administrer les questionnaires d’enquête aux
marchands, aux entretiens avec les responsables des services publiques dont le
Bourgmestre de la Commune de Matete, l’Administrateur du marché, le responsable du
Programme National d’Assainissement, les ONGs intervenant dans l’assainissement
des marchés et de la ville de Kinshasa etles responsables de la Régie
d’Assainissement et de Travaux Publics de Kinshasa.Bien qu’ayant prévu de rencontrer
le Programme d’Assainissement de la ville de Kinshasa (PAUK), une structure privée
bénéficiant de l’appui de l’Union Européenne, elle n’a pas affiché son intérêt pour nos
recherches et s’est privée de nous livrer ses données.
Cette phase consistera aussi à des observations sur les pratiques de gestions de
déchets dans le marché. Ceci nous a permis également d’acquérir des compléments
d’informations utiles à la suite de notre étude, mais aussi de vérifier certaines
informations recueillies au cours de nos entretiens.
0.3.4. Le traitement des données
Le dépouillement des fiches d’enquêtes a été réalisé à l’aide du logiciel Excel. Le
traitement a débuté par la saisie des réponses aux questions et la mise en place d’une
base de données regroupant l’ensemble des données collectées.
Cette phase du travail nous a permis de dégager des tendances et informations utiles à
l’élaboration du présent mémoire.
Nous estimons que la mise en œuvre de l’étape méthodologique adoptée nous a permis
d’atteindre les objectifs fixés dans le cadre de ce travail.
0.3.5. Caractérisation des déchets solides
Afin de caractériser les déchets du marché de Matete, les échantillons ont été prélevés.
L’idéal est de les déterminer selon les pavillons représentant les différents types de
9
commerce qui s’exercent dans ce marché. Mais parce que le marché est provisoirement
délocalisé suite aux travaux de construction pour sa modernisation, les marchands sont
installés dans les avenues tout autour du site en construction.
C’est pour cette raison que nous avons considéré les différents types de commerce dont
les marchands sont installés le long des avenues tout autour dudit site pour constituer
les strates dans la détermination de l’échantillon de déchets.
Cinqbacs roulants de 660l ont été placés dans les différents axesselon les types de
commerce afin qu’on y jette les déchets. Ces déchets sont récupérés le matin pour les
peser et les regrouper en cinq parties selon leurs origines.
Après deux jours dans cet exercice, c’est-à-dire le samedi et le lundi afin de tenir
compte de la production au début et à la fin de la semaine. Chaque
grouped’immondices ainsi constitué a été homogénéisé à l’aide des bêches sur un
endroit étanche où il a subi le quartage (Subdivision de l’échantillon primaire en quatre
(4) parties égales et retenir par tirage au sort un quart).
Ces déchets ont été subdivisés selon la figure suivante :
Pour chaque masse subdivisée, deux échantillons ont été choisi par tirage au sort : une
pouvant être directement caractérisée et l’autre gardée.
Figure 1 : Schéma de la méthode de quartagedes déchets par type de commerce
Masse de l’échantillon primaire par strate (6,6m3)
Masse obtenue après le premier prélèvement (1,65m3)
1ère Étape : Étaler les déchets sur une surface dégagée et les subdiviser en quatre portions égales
2ème Étape : Étaler les déchets sur une surface dégagée et les subdiviser en quatre portions égales
3ème Étape : Retenir un quart après tirage au sort devant faire l’objet de tri manuel
Masse obtenue après le deuxième prélèvement (0.410m3)
10
Les cinq parties gardées sont encore homogénéisées et subissent à nouveau le
quartage au bout duquel un quart est encore tiré au sort pour être caractérisé.
Le tri manuel de cet échantillon a permis de caractériser les déchets en pourcentage de
poids et de volume comme suit :
Tableau n°1 : Composition de l’échantillon des déch ets
Composition Masse Volume Densité
(Kg/m 3) (Kg) % (m3) %
Matière organique 78,68 55 0,145 35 543
Papier, cartons 10,36 7 0,060 15 173
Plastiques 14,44 10 0,120 29 120
Charbon, os 6,38 4 0,015 4 425
Tissus, textiles 2,90 2 0,025 6 116
Fines (sable, cendre, poussière) 30,90 22 0,045 11 687
Total 144 100 0,410 100 350
Le manque de moyen et d’accessoires appropriés ne nous a pas permis d’effectuer
d’autres analyses en laboratoire de certains paramètres comme le taux d’humidité, le
rapport carbone-azote, le pouvoir calorifique inférieur (PCI).
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CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE DE LA GESTION DES DECHET S SOLIDES DANS
LA VILLE DE KINSHASA
1.1. PRÉSENTATION DE LA VILLE DE KINSHASA
Avec 9.965 Km2, Kinshasa est la Capitale de la République Démocratique du Congo
jouissant d’un statut de province parmi les 11 que compte le pays.Une ville tentaculaire, il
compte24 communes administratives, elles-mêmes subdivisées en 310 quartiers. Au Nord
et à l’Est, la plaine qui suit la courbe du fleuve abrite la ville basse et ses anciennes
communes, lesquelles ont bénéficié d’une urbanisation moderne assortie d’aménagements
en eau et électricité. A cela, sont venues s’ajouter de nouvelles communes, dans lesquelles
les infrastructures publiques demeurent rares, voire inexistantes. En l’absence de normes
urbanistiques, certains quartiers se sont même étendus dans les zones inondables et
érosives.
En 1960, l’indépendance marque la fin d’une politique d’aménagement du territoire. Les
autorités congolaises de l’époque, assistent sans réagir à l’urbanisation anarchique de
laville. Les quelques initiatives visant à juguler le phénomène n’aboutissent jamais :
Kinshasa s’étend comme une tache d’huile dans toutes les directions. Par ailleurs, les
tentatives destinées à produire un habitat social, public ou privé, n’existent qu’à l’état
embryonnaire. Dès lors, des communes entières voient le jour spontanément dans de
vastes zones d’extension.
Une partie importante de la superficie de la région de Kinshasa est rurale, couverte d’une
savane herbeuse parsemée d’arbustes. La commune rurale de Malukudans la partie
orientale de la province, occupe à elle seule 79 % du territoire. De fait, c’est une ville de
contrastes importants, avec des secteurs résidentiels et commerciaux chics, des
universités, et des taudis informes coexistant côte à côte, et donc aussi de vastes zones
« rurales » envahissant parfois la ville au point de retrouver maraîchers et élevages en ville.
Aujourd’hui, les Masina, Bumbu, Kisenso, Kimbanseke, Selembao, Makala, Ndijli et autre
Ngaba, recèlent une importante population très précarisée. Globalement, la physionomie de
l’habitat de Kinshasa s’analyse au travers de ses différents quartiers. Outre ceux
d’extension dont nous venons de dire un mot, voici ce qu’on trouve :
12
1.1.1. Les quartiers résidentiels
Ils sont implantés dans les communes de Lemba (Righini), Gombe, Limete et Ngaliema
(Mbinza Ma campagne et Mbinza IPN). Ces quartiers de haut standing bénéficient d’un
plan d’urbanisation et sont dotés de véritables infrastructures (routes bitumées,
canalisation des eaux de ruissellement, etc.). La densité de population y est faible et
l’économie informelle peu visible. Aisés, la plupart des résidents effectuent leurs
déplacements à l’aide de leurs véhicules.
C’est là que l’on trouve les belles villas, les piscines, les terrains de golf et de tennis, les
nombreux bars, hôtels et restaurants chics.
1.1.2. Les quartiers des anciennes cités
Ils se situent dans les communes de Kinshasa, Lingwala, Barumbu et Kintambo. Les
vieilles habitations qui s’y trouvent se sont pour la plupart transformées en taudis. Les
routes sont dégradées mais la modernisation des artères principales est en cours grâce
au programme de « Cinq chantiers » initié par le Gouvernement du pays, les
canalisations d’eau complètement bouchées. De ce fait, l’assainissement constitue un
sérieux problème : des tas des déchets solides jonchent les rues, de nombreux cas de
choléra y sont recensés. D’une densité très forte et de classe moyenne, la population
développe de nombreuses activités informelles dans ces parages.
Photo n°1 : Le boulevard du 30 juin
13
1.1.3. Les quartiers des cités planifiées
On les trouve dans les communes de Lemba, Matete, Ndijli (quartiers 1 à 7), Kalamu et
Bandalungwa. Elles disposent d’infrastructures et de commodités, mais sont néanmoins
vétustes et inadaptées. Les habitations, conçues à l’origine pour un couple avec 2
enfants, en abritent aujourd’hui 7 en moyenne, dans des parcelles qui ne dépassent pas
300 m2.
Egalement de niveau moyen, les très nombreux habitants se débattent avec un des tas
de déchets solides non évacués et un système de canalisation des eauxménagères
inexistant ou hors d’usage.
1.1.4. Les quartiers semi-ruraux
Installés sur le territoire des communes de Maluku, Nsele, Mont-Ngafula. Peu habitées,
ces communes constituent la banlieue agricole et industrielle (sidérurgie de Maluku) de
Kinshasa. Cités dortoirs (Mpasa), elles accueillent également des activités récréatives
(Kinkole) et maraîchères (Mont-Ngafula).
1.1.5. Population et conditions de vie
C’est après l’indépendance, entre 1960 et 1970, que la croissance démographique de
Kinshasa s’est accélérée, sous la pression de l’exode rural provoqué par la guerre civile.
Kinshasa accueille à cette époque des «réfugiés» en masse, fuyant l’insécurité des
provinces en proie aux troubles. Leur installation en ville et aux abords de celle-ci est du
reste, favorisée par les leaders politiques, qui y voient le moyen de gonfler leur électorat
kinois suite à la création de nombreux partis à connotation tribale.
A partir des années 70, le flux de population vers la capitale continue de s’intensifier à
mesure que se paupérisent les campagnes, fortement touchées par la politique
de«Zaïrianisation » de l’économie nationale.
Entre 1980 et 1990, le programme d’ajustement structurel imposé accentue encore la
crise dans laquelle il est alors plongé. Les ruraux, confrontés à la nécessité d’étoffer
leurs moyens de subsistance, migrent toujours plus nombreux vers Kinshasa,
improbable Eldorado.
14
Mais leurs espoirs de vie meilleure s’estompent dès l’entame des années 90. En 1991
et 1992, les «pillages» achèvent de ruiner l’économie du Congo.
Enfin, la guerre survenue en 1998, entraîne vers la capitale un flot considérable de
réfugiés et de déplacés issus de toutes les provinces.
On a presque de la peine à imaginer que Kinshasa ne compte que 400 000 habitants
lors de l’indépendance en 1960. A partir de ce moment, la population croît de façon
exponentielle.
Les recensements connus dénombrent 3 millions de Kinois en 1984 et près de 5
millions en 1995. Les dernières estimations selon le recensement administratif de 2009
sont à 10 076 099 habitants avec une densité moyenne de 1100 habitants au Km2,
représentant un peu plus de 14% de la population du pays. Selon les estimations, elle
pourrait atteindre plus de 12 millions d’habitants en 2015. Ce qui fera entrer Kinshasa,
actuellement la deuxième agglomération d’Afrique noire derrière Lagos, dans le top 30
des mégapoles de la planète.
1.1.6. Climat
Le climat est de nature équatoriale (chaud et humide), composé d’une saison des pluies
de 8 mois. La saison sèche est de mi-mai à mi-septembre. Le reste de l’année est
relativement pluvieux surtout aux alentours de mars ou novembre.
Plusieurs rivières de diverses dimensions traversent les plaines de la ville-province,
généralement prenant source dans les collines, coulant du Sud vers le Nord, pour se
jeter dans le fleuve Congo. Des lacs de tailles réduites, comme le lac Ma Vallée et le lac
Vert, y sont aussi localisés.
Les variations annuelles de température dans la région de Kinshasa sont d’environ
13 degrés Celsius.
15
Tableau n°2 : Moyennes de température et de précipi tations
Mois Min.
(°C)
Max.
(°C)
Pluie
(mm)
Janvier 21 31 135
Février 22 31 145
Mars 22 32 196
Avril 22 32 196
Mai 22 31 159
Juin 19 29 8
Juillet 18 27 3
Août 18 29 3
Septembre 20 31 30
Octobre 21 31 119
Novembre 22 31 222
Décembre 21 30 142
* Sources : BBC Weather
16
Figure n°2 : Commune de Matete dans la ville de Kin shasa
17
1.2. EVOLUTION DU SECTEUR DE L’ASSAINISSEMENT
Le secteur de l’Assainissement dans la ville de Kinshasa se caractérise par une
insuffisance des services existants d’assainissement opposée à une poussée
démographique qui conduit à une dégradation environnementale et une menace
réelle pour la santé publique. Des services adéquats d’assainissement
environnemental sont une nécessité pour soutenir la stabilité urbaine, favoriser
l’équilibre social, la croissance économique, le développement et l’amélioration des
services publics dans le centres urbains.
Cependant, un constat relève qu’au cours des dernières décennies, en Afrique qu’en
RDC, les efforts consentis en vue d’améliorer les conditions de vie et les services en
faveur des personnes privées de tout accès à un aménagement de base tendaient à
faire de l’approvisionnement en eau potable la priorité du moment. Les autres
composantes, également vitales des services d’assainissement environnemental ont
été invariablement reléguées au second plan.
Son évolution a connu des moments à la fois chauds et froids. Pour bien le
comprendre, nous l’avons subdivisé en quatre périodes :
1. Première période, de 1960 à 1975 : Le secteur a été géré par le Ministère de
la santé jusqu’en 1975, année de la création du Ministère de l’environnement
et de son service spécialisé le PNA. Au cours de cette période,
l’assainissement urbain et plus spécialement la gestion des déchets solides a
connu un essor considérable. Des brigades d’assainissement équipées et
des inspecteurs de salubrité consciencieux avaient la charge d’assurer la
salubrité dans la ville de Kinshasa. Ce travail a été facilité par la taille de la
populationqui semblait encore maîtrisable bien qu’aux allures explosives.
2. Deuxième période, de 1975 à 1997 : Le secteur qui est transféré au
Ministère de l’environnement connaîtra une relance difficile. Pour y faire face,
le PNA subdivise la ville de Kinshasa en trois secteurs d’interventions dont
chacun comprenait 6 à 7 communes. Les brigades héritées du Ministère de la
santé avaient trois scenarios d’intervention :
18
a. Évacuation des déchets à domicile dans les communes à haut
standing (Gombe, Limete, Ngaliema) dans lesquelles les ménages
ont souscrit pour la précollecte. Ces ménages payaient une facture
au mensuelle au PNA.
b. Évacuation des décharges sauvages dans chaque commune de la
ville de Kinshasa.
c. Dépôt d’un container de 5m3 aux endroits où les décharges
publiques ont été évacuées afin que les populations y jettent leurs
déchets autrefois jetaient dans les décharges sauvages.
Une soixantaine de véhicules ont été mis en contribution pour ces travaux
et Kinshasa a gardé sa renommée de « Kinshasa la belle ».
Pendant que ces efforts ont été fournis, la ville connaîtra dans les années
1991 et 1992 ses pires périodes de son histoire. Des pillages généralisés
frappent la ville avec les émeutes de la démocratisation. Le PNA, comme
les autres partenaires au développement, sont systématiquement pillés.
Tout son parc automobile est emporté par les bandes des pillards.
L’Unicef tente de venir en aide peu après ces événements mais ces efforts
seront tout de suite noyés par la crise de confiance entre les partenaires
au développement de la RDC et le régime dictatorial de Mobutu. Le pays
plongé dans un isolement diplomatique ne parvient plus à mobiliser les
fonds nécessaires pour ses projets.
3. Troisième période, de 1997 à 2006 : Cette période historique en RDC a
été traversée par des guerres civiles qui ont ravagé le pays. Les différents
pouvoirs en place n’avaient de priorité que la stabilisation du pays et le
rétablissement de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue de la RDC. Des
milliers d’habitants, sans moyens, fouillant la guerre dans l’arrière-pays
ont choisi de se diriger à Kinshasa craignant pour leur vie. La ville
connaitra une poussée démographique non maîtrisée avec un taux
d’accroissement qui avoisine 12%. Face à cette explosion démographique
et les besoins en assainissement, le pouvoir public impuissant de trouver
des solutions au bien être de la population accordera la priorité aux
dépenses militaires.
19
La ville connaitra ainsi des problèmes d’assainissement très criant : des
milliers des tas d’immondices naissent de partout, les milliers de déchets
jonchent les rues, bouchent les caniveaux, occasionnent les inondations,
les maladies dites de mains salles deviennent endémiques conduisant aux
pertes en vie humaines. Ce qui a fait de Kinshasa l’une des capitales les
plus salles du monde.
4. Quatrième période, de 2006 à ce jour : Après la mise en place des
institutions élues démocratiquement, la situation ne s’est pas encore
améliorée. Ces institutions font face aux escarmouches des rebellions.
Face à un pays à reconstruire, les nouvelles autorités ont choisi mettre au
premier plan les « Cinq chantiers de la république », programme du
Gouvernement qui met une priorité sur les infrastructures, l’eau et
l’électricité, la santé et l’éducation, le logement et l’emploi. Les autres
secteurs de la vie dont l’environnement sont sous budgétisés. L’espoir
peut renaître avec la loi cadre sur l’environnement qui est en examen au
parlement.
Kinshasa étant une entité décentralisée avec le statut de province, il ne
consacre rien dans son budget sur les travaux de collecte d’ordures
ménagères, ses interventions se font de manière ponctuelle, rarement
planifiées ou coordonnées.
1.3. ORGANISATION DU SECTEUR
1.3.1. Cadre légal et réglementaire
Les principaux textes régissant le secteur de l’eau et de l’assainissement en
RDC sont :
1. Ordonnance loi du 24 avril 1899 portant création et organisation des
commissions d’hygiène ayant pour mission de surveiller tout ce qui concerne
la santé publique, d’étudier les questions de salubrité, d’indiquer à l’autorité
compétente les mesures à prendre pour améliorer l’état sanitaire et enrayer
les épidémies.
20
2. Ordonnance du 1er juillet 1914 sur la contamination des sources, lacs et
cours d’eau qui prévoit la délimitation de zones protégées destinées aux
prélèvements d’eau alimentaire ;
3. Décret du 19 juillet 1926 sur l’hygiène et la salubrité publiques fixant les
règles pour empêcher l'introduction, prévenir l'éclosion et enrayer l'extension
des maladies contagieuses, pour sauvegarder et améliorer l'hygiène
publique, l'hygiène industrielle, l'hygiène infantile et pour assurer la police
sanitaire maritime, fluviale, lacustre, terrestre et aérienne.
4. Ordonnance du 10 mai 1929 portant création de la Direction Technique des
travaux d'hygiène et service d'assainissement
5. Ordonnance 52-443 du 21 décembre 1952 portant sur les mesures visant à
protéger les sources, nappes aquifères souterraines, lacs et cours d’eau, à
empêcher la pollution et le gaspillage de l’eau et à contrôler l’exercice des
droits d’usage et des droits d’occupation concédés ;
6. Ordonnance 74-345 du 28 juin 1959 sur l’hygiène publique dans les
agglomérations
7. Ordonnance 071-079 du 26 mars 1971 définissant l’action de l’Etat en
matière des eaux pluviales et usées ;
8. Ordonnance 74/345 du 28 juin 1974 relative aux mesures d'hygiène dans les
agglomérations, complétée par l'arrêté interdépartemental n° 120/89 du 6
septembre 1989 portant sur les mesures de protection de la salubrité
publique des villes, centres urbains, commerciaux, industriels, agricoles,
miniers et des agglomérations rurales ;
9. Arrêté SC/0034/BGV/COJU/CM/98 du 18 avril 1998 portant application des
mesures d’assainissements du milieu et de protection de la salubrité
publique dans la ville de Kinshasa
10. Arrêté n° SC/073 du 22 avril 2005 portant mesures d'assainissement et de
salubrité publique dans la ville de Kinshasa.
Il apparaît que la plupart de ces textes, datant de la période coloniale, sont
devenus caducs et nécessitent d’être révisés.
Par ailleurs, il y a lieu de préciser que les dispositions de la nouvelles
Constitution de précisent pas à qui revient la compétence de gestion des déchets
solides entre le Gouvernement central et les provinces. Mais avec l’appui des
21
partenaires au développement, le Gouvernement a entrepris de renforcer le
cadre légal et institutionnel et de mettre en œuvre des réformes en vue d’assurer
un développement équilibré du secteur de l’environnement qui sera régi par la
« Loi cadre sur l’Environnement » en examen à l’Assemblée nationale.C’est sur
cette loi et ses mesures d’application que peut espérer le secteur
d’assainissement pour se relancer.
Le Cadre institutionnel du secteur est caractérisé par l’implication de quatre
ministères et plusieurs organismes dans sa gestion, entraînant des chevauchements
et conflits de compétences. Il incombe au Ministère de l'Environnement, de la
Conservation de la Nature, des Eaux et Forêts (MECNE) la responsabilité
gouvernementale de la gestion des déchets tel qu’il ressort de l'ordonnance n°75-
231 du 22 juillet 1975 qui en fixe les attributions.
En effet, le MECNE est chargé, entre autres,
(i) d’assurer la salubrité du milieu urbain par la lutte contre les nuisances
provoquées par la pollution des eaux, du sol et de l'air ; et
(ii) de créer et gérer des réserves naturelles intégrales, des stations de capture,
des écosystèmes des eaux.
Il a en son sein la DEHPE (Direction des Etablissements Humains et Protection de
l'Environnement) chargée d’assurer et de suivre l’exécution des tâches visant
l’assurance du milieu, l’aménagement des espaces et la protection de
l’Environnement telles que l’évaluation des effets des activités humaines sur
l’Environnement, la prévention, la rétention et la lutte contre toutes les nuisances
dues à la pollution des Eaux, sol et de l’air et le PNA qui a des attributions dans les
domaines la planification et la coordination des activités de salubrités publique par la
gestion des eaux usées, des déchets solides, et de la lutte anti-vectorielle.
Le Ministère des Travaux Publics et des Infrastructures (MTPI) est responsable de
l’évacuation des eaux de pluies et d’égouts dans des secteurs qui n’appartiennent
pas à l’habitat, ainsi que des mesures de protection contre l’érosion. L’Office des
Voiries et Drainage (OVD), placée sous la tutelle de ce Ministère, intervient dans
l’assainissement pluvial, le rejet des eaux usées et dans la lutte antiérosive.
Cependant, faute de moyens adéquats, ses activités se limitent le plus souvent aux
grands axes routiers.
22
Le Ministère de la Santé Publique (MSP) est aussi présent dans le secteur de
l'AEPA à travers notamment la Direction Nationale de l’Hygiène (DNH) qui
s’occupe de la formulation de la politique en matière d’hygiène incluant l’hygiène
publique, la lutte anti-vectorielle et la communication.
Au niveau décentralisé, l’Inspection Provinciale de la Santé (IPS) et ses Brigades
d’hygiène des zones de santé sont chargées de l’inspection parcellaire en vue de
l’élimination des eaux usées et des excrétas ainsi que de la lutte anti-vectorielle
dans les communes.
Par l’Ordonnance n°81-023 du 14 février 1981 modifi ée et complétée par
l’Ordonnance n°87-105 du 3 avril 1987, le Gouvernem ent a mis en place le
Comité National d’Action de l’Eau et de l’Assainissement (CNAEA) qui est une
structure interministérielle d’orientation et de coordination des activités du
secteur de l’AEPA. Le CNAEA est sous la tutelle et présidé par le Ministre du
Plan (MINPLAN), l’Administrateur Délégué Général (ADG) de la REGIDESO en
assurant le Secrétariat technique. Le CNAEA, avec l’appui de la coopération
allemande, œuvre actuellement à la préparation du Code de l’Eau et à
l’élaboration d’une politique et d’une stratégie de développement du secteur de
l’eau.
Par l’Arrêté n° SC/0178/BGV/MINPRO/COJU//PLS/2008 d u 07 août 2008, le
Gouverneur de la ville de Kinshasa crée la Régie d’Assainissement et de
Travaux Publics de Kinshasa, RATPK en sigle avec pour mission
l’assainissement de la ville de Kinshasa et la réhabilitation des infrastructures de
base.
1.3.2. Cadre financier
En général, Ce sont les administrations urbaines locales qui sont censées se
constituer des revenues, principalement sous la forme de taxes sur la propriété
et autres taxes, prélevées au sein des populations locales pour les opérations de
routine concernant le ramassage des ordures.Depuis plusieurs décennies, le
gouvernement congolais n’alloue plus des subventions aux villes pour assurer
l’assainissement parce qu’elle ne constitue pas actuellement une priorité.
23
Parfois, des populations regroupées dans des associations dans certains quartiers
contribuent au ramassage de certains déchets plastiques. Toutefois, en RDC il n’y a
aucune taxe fixée par les municipalités pour la salubrité. Sauf dans les marchés où
cette taxe est exigée et l'un des problèmes les plus répandus est celui de son
affectation aux fins pour lesquelles elle est instituée.
Si cette taxe était instituée, incorporée dans la facture de l’eau, de l’électricité ou du
téléphone, elle devrait servir de base financière au ramassage municipal et aidé à
une couverture équitable du ramassage des ordures dans les villes congolaises.
Face à cette état de chose, les autorités municipales, souvent en difficulté de
ramasser tous les déchets municipaux, font recours à des organismes bilatérales ou
multilatérales de financement pour leurs besoins en infrastructures et en
équipements, telles que la BAD, la Coopération européenne, la Coopération
italienne, … et certaines ONG.
1.4. BREF APPERCU DE LA GESTION DES DECHETS DANS LA
VILLE DE KINSHASA
A raison de 5.000 m3 (CTB, 2007) de déchets produits journellement, soit
presque la quantité annuelle des déchets de la ville d’Abidjan en 1994 (Adepoju
G. ONIBOKUN, 2001), ce sont de véritables montagnes d’immondices qui
barrent à présent l’horizon des Kinois!, l'enlèvement des déchets ménagers n'est
assuré que dans quelques zones résidentielles. Dans le reste de la ville, les
déchets sont déposés sur la route ou dans des sites illégaux, ou sont déversés
dans les égouts ou enterrés. La capitale de la République Démocratique du
Congo, Kinshasa pâtit en outre de sa situation géographique particulière :
amphithéâtre naturel construit sur un sol argilo - sableux, le site est aux prises
avec des problèmes d’inondations au niveau de la ville basse qui borde le fleuve,
et se trouve en même temps confronté à un important phénomène d’érosion, à
l’origine de glissements de terrains dans les collines où s’est développée la ville
haute. Certains facteurs tels que le déboisement, la pluviométrie, la détérioration
du système d’égouttage ou encore l’urbanisation anarchique, aggravent la crise
de l’environnement face à laquelle les pouvoirs publics, affaiblis et dépourvus de
moyens, se montrent impuissants.
24
On l’a vu, à Kinshasa, l’augmentation démographique vertigineuse des dernières
décennies, associée à la faiblesse des interventions de l’Etat (ramassage de
déchets, entretien des caniveaux, gestion des lieux publics, etc.), ont provoqué
une détérioration de l’environnement absolument sans précédent. Au point que la
splendeur dont se parait la capitale dans les années 50, n’est plus qu’un lointain
souvenir effacé par l’image de «ville poubelle ».
Cette problématique de gestion des déchets, se situe cependant au cœur des
enjeux du développement. Elle a une incidence directe sur la bonne
gouvernance des centres urbains, de même qu’elle interpelle chacun dans son
rapport à la chose et à l’espace public. Doivent donc se sentir étroitement
concernés, aussi bien l’Etat et ses représentants, que les citoyens pris
séparément ou dans leur ensemble, ainsi que tous les acteurs de la vie
économique et sociale. Seulement voilà : les moyens dont dispose la
municipalité de Kinshasa sont dérisoires en regard de l’ampleur de la tâche.
D’après une étude menée par la Coopération Technique Belge sur la pauvreté
urbaine; en 2004, l’entreprise publique PNA (Programme National
d’Assainissement), en charge de l’évacuation des ordures, disposait pour tout
matériel d’une pelle, de 2 camions porte-containers, de 2 camions bennes et de
160 bacs dispersés en ville. Soit : de quoi enlever quotidiennement 600 m3 de
déchets, pour une production plus de huit fois supérieures dans le même laps de
temps! Si l’on déduit de ce volume monstrueux la partie organique - en partie
récupérée par les maraîchers pour en faire du compost - ce sont 4 000 m3
d’immondices qui se déversent chaque jour dans Kinshasa, la rendant toujours
plus insalubre (CTB, 2007). A défaut de pouvoir organiser efficacement la
collecte, le transport, la valorisation et le traitement de ce gigantesque rebut ; la
plupart des opérations de nettoyage massif initiées par la municipalité n’ont
jamais donné aucun résultat probant.
25
1.5. CONTRAINTES AU DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR
Le secteur de l’assainissement est confronté à des contraintes qui entravent son
développement. Ces contraintes sont institutionnelles, organisationnelles,
techniques, financières et comportementales. Parmi lesquelles on peut citer :
(i) La contrainte majeure est financière : les ressources financières
prévisibles ne sont pas à la hauteur des besoins présents;
(ii) L’incapacité de l’Etat de faire appliquer les lois, modestes soient-
elles;
(iii) Une multitude d’intervenants dans le secteur de l'assainissement
avec des missions souvent imprécises, des chevauchements
d’attributions et une absence totale de coordination ;
(iv) L’état de dégradation des infrastructures ou leur sous-utilisation ;
Photos n°2 : Des décharges sauvages bouchant les ca niveaux
26
(v) Des institutions du secteur affaiblies, avec un personnel démotivé
et dont le savoir-faire s’est érodé;
(vi) Le comportement du congolais kinois en ce qui concerne les
habitudes de dépotage sauvage et son rapport avec son
environnement et l’espace public et le manque de conscience
individuelle et collective » des Kinois en matière de gestion des
déchets;
(vii) Absence de sensibilisation sur l’assainissement et ses avantages
pour la santé en multipliant des communications pour le
changement de comportement.
1.6. FINANCEMENT DE LA GESTION DES DECHETS A
KINSHASA
En RDC et dans la ville de Kinshasa, le secteur de l’Assainissement en général et celui de la gestion des déchets solides en particulier est un secteur faiblement financé que ce soit pour le pouvoir public que pour les partenaires au développement.
Son financement est de la responsabilité de Gouvernement provincial et les municipalités (communes) chacun dans son entité respective qui bénéficient aussi des frais de rétrocession du Gouvernement central et recourent à la collecte des taxes sur la salubrité publique sur les vendeurs des marchés.
Pour ce qui est du financement public, la ville de Kinshasa a mis en place une régie d’assainissement mais dépourvue des moyens pour les travaux de collecte d’ordures ménagèresalors que dans d’autres villes comme Abidjan la collecte des ordures ménagères a coûté un peu plus de 5 milliards de francs FCFA soit un peu plus de 8 millions de dollars américains représentant 61% du budget de la ville en 1994 (ADEPOJU G. ONIBOKUN, 2001).
Les lacunes de la gouvernance urbaine (notamment l'absence de liens étroits et de confiance entre les gouvernants et les gouvernés et entre les municipalités et ses partenaires au développement) nuisent à la capacité de l’administration urbaine de mobiliser les ressources financières, humaines et matérielles nécessaires pour assurer une bonne administration.
27
Quelques Organisations Non Gouvernementales internationales interviennent dans
le secteur de l’Eau et Assainissement mais au regard de leur interventions, le sous-
secteur de l’eau est largement subventionné que le sous-secteur assainissement.
Pour ce qui est de la gestion des déchets solides, quelques lueurs d’espoir se font
sentir grâce au Financement du Programme d’Assainissement Urbain de Kinshasa
par l’Union européenne et l’aménagement d’une décharge finale à Mpasa, un des
quartiers situé à plus ou moins 30Km du Centre-ville. C’est le PAUK, ce projet du
secteur privé, qui se charge de l’évacuation des déchets solides dans trois
communes de la ville de Kinshasa à savoir la commune de la Gombe, de Kinshasa
et celle de Lingwala. Dans d’autres communes, quelques interventions sporadiques
sont réalisées par la RATPK. Au regard du défi à relever et aux enjeux que
représentent les déchets solides dans la ville de Kinshasa, ces structures sont
limitées par les moyens et ne concentrent principalement ses efforts que dans le
Centre-ville : Commune de la Gombe, et les artères principales des autres
communes voisines.
Les espoirs sont nés en 2007 avec des études et des évaluations de financées par
l’ONG néerlandaise SNV et la Coopération Technique Belge et la mise en place de
la Plate-forme Assainissement Ville de Kinshasa dont la vocation est de fédérer les
compétences et les moyens d’action disponibles sur place aux fins de proposer une
approche globale et intégrée de la problématique des déchets et rassemble toute
une série d’acteurs parmi lesquels on retrouve : les autorités municipales, des
opérateurs privés, des ONG locales et internationales, de grands bailleurs de fonds
(Union européenne, Banque mondiale) et la société civile. Malheureusement la SNV
et la CTB ont changé d’approche pour abandonner la gestion des déchets solides.
Selon le PNA, toutes ces données prouvent en suffisance que le financement des
services d’assainissement n’est pas à la hauteur du problème, il se fait de manière
ponctuelle, rarement planifié ou coordonné; et pourtant, le financement de
l’assainissement en général et de l’élimination des déchets solides en particulier,
devrait être régulièrement budgétisé et effectivement réalisé de manière interne à
plus de 70% pour ne pas dépendre des partenaires extérieurs (PNA, 2004).
Pour ce qui est des déchets des marchés, aucun n’est couvert par les services
d’assainissement si ce n’est que des interventions sporadiques. Les déchets
générés sont ramassés par leurs services de salubrité.
28
1.7. ETAT DE LIEUX DES DECHETS SOLIDES AU MARCHE DE MATE TE
1.7.1. Repères géographiques
A part le marché central de Kinshasa, le marché de Matete est l’un de 4 grands
marchés secondaires de la ville de Kinshasa. Il est situé dans la commune de
Matete située au sud de la ville de Kinshasa.
1.7.2. Caractéristiquesdu marché de Matete
Le marché de Matete est du type «centres commerciaux» parce qu’il est
d’origine ancienne et de taille plutôt réduite car il a été implanté dans le cœur
commercial des cités (FAO, 1997). Son emprise a été bien circonscrite parce
qu’il est entouré des habitations dès sa création.
Le marché de Matete comme tous les autres marchés d’Afrique se caractérise
par une multiplicité, voire l’hétérogénéité, des installations de vente. On retrouve
dans ce marché quatre catégories d’installations de vente, dont le niveau
d’équipement est directement fonction du niveau de revenu du commerce
considéré. Cette typologie, classée par niveau d’équipement, distingue: les
bâtiments clos (boutique, magasin), l’installation délimitée par quatre poteaux,
couverte et ouverte (hangar), la table et l’étalage au sol. La construction des
boutiques et des hangars a été réalisée par des commerçants eux-mêmes.
Photo n°3 : Type d’installations au sol
29
Photo n°4 : Type d’installations au sol
Photo n°5 : Type d’installation sous hangar
30
Photo n°6 : Installations sur des tables
Le marché est caractérisé par le développement incontrôlé d’un grand nombre
de constructions précaires surtout que ce marché, provisoirement délocalisé,
occupe les rues autour de son ancien emplacement.
Enfin, au cours dernières années, l’occupation anarchique des rues adjacentes
par les installations des vendeurs ambulants devient très fréquente : de
véritables « marchés parallèles » se créent dont les effectifs peuvent être aussi
importants que ceux des vendeurs reconnus du marché. La prolifération de ces
installations précaires soulève des problèmes considérables d’organisation,
d’entretien et de nettoyage du marché.
Ce jour, sur le marché, les vendeurs éprouvent d’énormes besoins de
gardiennage et, surtout, d’organisation du stockage temporaire.
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Tableau 3. Répartition des installations par type
N° Types d’installation Nombre %
01 Installations pouvant se fermer 18 9
02 Hangars 65 32,5
03 Tables 46 23
04 Étalages au sol 71 35,5
Total 200 100
La gestion du marché relève de la compétence de la municipalité de Matete,
aussi bien pour l’aménagement et l’entretien que pour le recouvrement des droits
de place (taxation).
Les points d’eau sur les marchés sont inexistants, pourtant l’eau est nécessaire à
tous les vendeurs pour la boisson, le nettoyage et le rafraîchissement des
légumes, le nettoyage des stalles des bouchers et des vendeuses de poisson
frais, etc. Cette pénurie d’eau est à la base de la montée en flèche du commerce
d’eau en sachet qui est l’une des causes de la prolifération des sachets parmi les
déchets dans le marché.
Photo n°7 : Prolifération des sachets au marché de Matete
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Photo n°8 : Prolifération des sachets au marché de Matete
L’entretien, le nettoyage et l’enlèvement des ordures du marché est assuré par
l’Autorité du marché, mais toujours de façon très insuffisante.
Les vendeurs prennent en charge ces services en payant un montant journalier
variant entre 50 et 200 Francs congolais (FC) selon la qualité et la quantité des
déchets produits faisant un cout hebdomadaire variant entre 300 et 1.200FC en
dehors d’une taxe municipale de 300FC par semaine.
La charge sur la salubrité que les vendeurs du marché de Matete supportent par
mois selon le type de commerce exercé est donnée par le tableau suivant :
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Tableau n°4 : Estimation du coût de précollecte et de salubrité au marché de Matete
N.B. : 900 Francs congolais = 1$ US
Ce tableau démontre qu’en dehors d’autres taxes d’étalage, chaque vendeur supporte un coût variant entre 2,6$ et 6,6$ US pour la salubrité par mois faisant un total mensuel estimé à 14.906$USalors que l’état de salubrité est précaire au marché de Matete.