Des Néferkarê aux Montouhotep TMO 40, Maison de l’Orient, Lyon, 2005 UNE VARIANTE SEPTENTRIONALE DE LA FORMULE D’OFFRANDE INVOCATOIRE À LA PREMIÈRE PÉRIODE INTERMÉDIAIRE : PRT-/RW NT Lilian POSTEL IFAO/Université Lumière-Lyon 2 RÉSUMÉ Lilian Postel suit à travers l’Égypte une variante de la formule d’offrandes invocatoire qui apparaît dans la région memphite à la VI e dynastie, puis gagne quelques centres de Moyenne et de Haute-Égypte gouvernés par de puissants personnages liés au pouvoir central. La formule se retrouve à Héracléopolis et aux environs, puis atteint Thèbes dès la XI e dynastie, en même temps qu’un nouveau type de cercueil présentant de nettes influences memphites. L’emprunt de ces traits septentrionaux confirme le rayon- nement artistique sur la Moyenne et la Haute-Égypte des ateliers memphites relayés par Héracléopolis. ABSTRACT Lilian Postel follows across Egypt a variation of the invocatory offering formula which appears in the region of Memphis in the Sixth Dynasty, then reached some centres in Middle and Upper Egypt, governed by powerful individuals tied to the central power. The formula is found again at Herakleopolis and its environs, then reaches Thebes in the Eleventh Dynasty, at the same time as a new type of coffin with clear Memphis influences. The borrowing of these northern features confirms the artistic influence of the Memphis workshops in Middle and Upper Egypt relayed by Herakleopolis. Parmi les différentes variantes de la formule Ìtp dj nswt suivie de la mention de l’offrande invocatoire prt-≈rw, W. Barta signale brièvement en 1968 l’existence, à la VI e dynastie et à la Première Période Intermédiaire, d’une construction génitive moins répandue prt-≈rw nt (3), en marge des formes habituelles avec datif nominal pr(t)-≈rw n (1), ou pronominal pr(t)-≈rw n.f, fém. n.s (2) 1 : 1/ Ã μ ï º ... á ∂ ± Ã C NN 2/ Ã μ ï º ... á ∂ ± Ã C ° / C … NN 3/ Ã μ ï º ... á ∂ ± Ã C μ NN Auparavant, alors que la graphie nt avait parfois été considérée comme une erreur de scribe pour la préposition n, J.-J. Clère avait incidemment relevé la nature nominale de la forme prt-≈rw nt mais son étude sur la morphologie de l’expression prj ≈rw, publiée dans les Mélanges Maspero, restait principalement consacrée aux constructions verbales suivies du datif 2 . Ce n’est que plus 1. Barta, Opferformel, p. 26, n. 2 (« Bitte 2 »). 2. J.-J. Clère, « Le fonctionnement grammatical de l’expression prμ ≈rw en ancien égyptien », in Mélanges Maspero, I/2, Orient ancien, MIFAO 66/2, 1935-1938, p. 753-797, 1 planche, en particulier p. 759 et 770. Il en va de même dans l’étude de S. Curto, « L’espressione prμ ≈rw nell’Antico Regno », MDAIK 16, 1958, p. 47-72, en particulier p. 61, n. 1 et 64.
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Des Néferkarê aux MontouhotepTMO 40, Maison de l’Orient, Lyon, 2005
UNE VARIANTE SEPTENTRIONALEDE LA FORMULE D’OFFRANDE INVOCATOIRE
À LA PREMIÈRE PÉRIODE INTERMÉDIAIRE : PRT-⁄RW NT
Lilian POSTELIFAO/Université Lumière-Lyon 2
RÉSUMÉ
Lilian Postel suit à travers l’Égypte une variante de la formule d’offrandes invocatoire qui apparaîtdans la région memphite à la VIe dynastie, puis gagne quelques centres de Moyenne et de Haute-Égyptegouvernés par de puissants personnages liés au pouvoir central. La formule se retrouve à Héracléopoliset aux environs, puis atteint Thèbes dès la XIe dynastie, en même temps qu’un nouveau type de cercueilprésentant de nettes influences memphites. L’emprunt de ces traits septentrionaux confirme le rayon-nement artistique sur la Moyenne et la Haute-Égypte des ateliers memphites relayés par Héracléopolis.
ABSTRACT
Lilian Postel follows across Egypt a variation of the invocatory offering formula which appears inthe region of Memphis in the Sixth Dynasty, then reached some centres in Middle and Upper Egypt,governed by powerful individuals tied to the central power. The formula is found again at Herakleopolisand its environs, then reaches Thebes in the Eleventh Dynasty, at the same time as a new type of coffinwith clear Memphis influences. The borrowing of these northern features confirms the artisticinfluence of the Memphis workshops in Middle and Upper Egypt relayed by Herakleopolis.
Parmi les différentes variantes de la formule Ìtp dj nswt suivie de la mention de l’offrande
invocatoire prt-!rw, W. Barta signale brièvement en 1968 l’existence, à la VIe dynastie et à la
Première Période Intermédiaire, d’une construction génitive moins répandue prt-!rw nt (3), en
marge des formes habituelles avec datif nominal pr(t)-!rw n (1), ou pronominal pr(t)-!rw n.f,
fém. n.s (2) 1 :
1/ Ãµïº ... á!±ÃC NN
2/ Ãµïº ... á!±Ã
C° / C… NN
3/ Ãµïº ... á!±Ã
Cµ NN
Auparavant, alors que la graphie nt avait parfois été considérée comme une erreur de scribe
pour la préposition n, J.-J. Clère avait incidemment relevé la nature nominale de la forme prt-!rw nt
mais son étude sur la morphologie de l’expression prj !rw, publiée dans les Mélanges Maspero,
restait principalement consacrée aux constructions verbales suivies du datif 2. Ce n’est que plus
1. Barta, Opferformel, p. 26, n. 2 (« Bitte 2 »).
2. J.-J. Clère, « Le fonctionnement grammatical de l’expression prµ !rw en ancien égyptien », in Mélanges Maspero, I/2,
Orient ancien, MIFAO 66/2, 1935-1938, p. 753-797, 1 planche, en particulier p. 759 et 770. Il en va de même dans l’étude
de S. Curto, « L’espressione prµ !rw nell’Antico Regno », MDAIK 16, 1958, p. 47-72, en particulier p. 61, n. 1 et 64.
256 L. POSTEL
récemment que la variante prt-!rw nt a été reconnue par G. Lapp comme une forme indépendante à
part entière, correcte et non fautive, qui substitue une construction génitive au datif employé plus
fréquemment 3. W. Barta, comme G. Lapp, se sont appuyés principalement sur une documentation
memphite de la fin de la VIe dynastie (nécropole de Pépy II à Saqqara) et, dans le cas du second,
sur quelques exemples thébains de la XIe dynastie qui avaient été relevés dès 1929 par
J. Polotsky 4. G. Lapp a par la suite, dans son étude typologique des cercueils et sarcophages de la
Première Période Intermédiaire et du Moyen Empire, ajouté à sa documentation plusieurs attes-
tations relevées sur des cercueils de Sedment, Béni Hassan et El-Bercha.
Parallèlement, la variante prt-!rw nt a fait son entrée dans les débats sur la chronologie et a
été identifiée comme un critère de datation. E. Brovarski a souligné la fréquence de cette construc-
tion avec génitif sur les monuments datés de la fin de la Première Période Intermédiaire mis au jour
par les fouilles espagnoles dans la nécropole d’Héracléopolis, ainsi que son apparition ponctuelle à
Thèbes sur des monuments privés contemporains du règne de Nebhépetrê Montouhotep II. Cette
forme se retrouve en Moyenne-Égypte dans les inscriptions des tombes et des cercueils des nomar-
ques du XVe nome inhumés à El-Bercha, Âhanahkt, Néhéri I et Djéhoutynakht V : ces personnages
seraient ainsi, selon toute vraisemblance, contemporains des documents héracléopolitains et
thébains 5. H. Willems a nuancé la valeur chronologique de ce critère en citant quelques
occurrences de prt-!rw nt au début de la XIIe dynastie, sur des monuments de Béni Hassan,
d’Abydos et d’Assouan. Selon lui, la présence de cette construction particulière ne permettrait donc
pas à elle seule de conclure qu’un document est antérieur à la XIIe dynastie 6.
Nous nous proposons dans le cadre de cette étude de dresser un bref bilan sur l’emploi de la
forme prt-!rw nt et de voir quelles peuvent être les implications chronologiques de son apparition en
dehors de la région memphite. Ce sera l’occasion de poser la question des modalités de sa diffusion
en Haute-Égypte, et à Thèbes en particulier, à partir du milieu de la XIe dynastie (fig. 1).
Apparition de la variante prt-!rw nt dans la région memphite à la VIe dynastie
La construction prt-!rw nt apparaît dans la région memphite à partir de la VIe dynastie et se
répand dans les secteurs de la nécropole qui connaissent une importante activité à cette époque et
durant la Première Période Intermédiaire. Elle est fréquente sur les stèles fausses-portes, tables
d’offrandes, parois et portes de caveaux (« tombes en four »), ainsi que, dans une moindre
mesure, sur les cercueils des nécropoles de Saqqara-Nord, autour de la pyramide de Téti 7, et de
3. Lapp, Opferformel, § 68, p. 45 et § 160-161, p. 92-93 ; id., Särge , § 494, p. 212.
4. J. Polotsky, Zu den Inschriften der 11. Dynastie, UGAÄ 11, 1929, § 79 (c), p. 58.
5. E. Brovarski, “Ahanakht of Bersheh and the Hare Nome in the First Intermediate Period and Middle Kingdom”, in Studies
Dows Dunham, p. 25, n. 79-80 et fig. 13, p. 29 ; id., Naga-ed-Dêr, p. 1056-1057.
6. H. Willems, “The Nomarchs of the Hare Nome and Early Middle Kingdom History”, JEOL 28, 1983-1984, p. 88 et id., The
Coffin of Heqata (Cairo JdE 36418). A Case Study of Egyptian Funerary Culture of the Early Middle Kingdom, OLA 70, 1996,
pourrait même indiquer une date particulièrement tardive : l’emploi de cette épithète se diffuse en
Haute-Égypte et à Thèbes à partir de la XIe dynastie mais reste exceptionnel dans la nécropole
memphite, voire inconnu, avant le Moyen Empire 24. Enfin, le développement de la liste des offran-
des après prt-!rw, ici et inhabituellement avec la vaisselle de calcite ‡s et les étoffes mn!t, outre la
tête de bovidé et la tête de canard, est, lui aussi, rare dans le Nord avant le Moyen Empire 25.
Mentionnons également les deux portes au nom de l’inspecteur des prêtres du complexe
funéraire de Téti Chédibed, dont le tombeau a été découvert dans la nécropole de Téti par
C.M. Firth et B. Gunn puis redégagé en 1987. La forme génitive est employée sur le linteau de la
première porte, complète. Sur un fragment du montant droit de la seconde porte, le nom du défunt
est suivi de la formule de filiation ms(w).n Ìbyt 26. Or, si l’épithète de filiation msw.n introduisant le
nom de la mère, est largement en usage à Thèbes dès la première moitié de la XIe dynastie, elle
n’est guère attestée à Saqqara avant la fin de la XIe dynastie, voire seulement à partir de la
XIIe dynastie. Le monument funéraire de Chédibed pourrait donc appartenir à la fin de la
Première Période Intermédiaire, plutôt qu’au début comme le propose son éditeur, ou même au tout
début du Moyen Empire.
En revanche, la construction de prt-!rw avec génitif est complètement absente des monuments
datant du Moyen Empire. C’est le cas, pour ne citer que deux ensembles funéraires de la nécropole
de Téti, du cercueil et de la stèle de Gemniemhat, conservés à Copenhague (Glyptotek
Ny Carlsberg, ÆIN 1615 et 1616), que Do. Arnold place maintenant dans le courant du règne
d’Amenemhat Ier 27, ou encore des cinq stèles fausses-portes et des cinq tables d’offrandes de la
chapelle familiale de Sékousékhet, datables du tout début de la XIIe dynastie (Caire JE 55618) 28.
24. Elle n’apparaît ainsi pas sur les cercueils de Saqqara avant la seconde moitié de la XIIe dynastie et son emploi demeure de
toute manière limité. Cf. Lapp, Särge, § 526, p. 223.
25. G. Lapp, Opferformel, § 163, p. 94-95. Comparer avec deux autres stèles fausses-portes, aux caractères tardifs, pourvues de
la même graphie développée (bovidé et canard) : stèle de la dame Sénetitès vendue chez Sotheby’s en 1994 et stèle d’Antef,
Chicago, Field Museum of Natural History 31694. Respectivement : Antiquities and Islamic Works of Art, Sotheby’s, Sale
6579, Wednesday, June 8th, 1994, New York, n° 24 et T.G. Allen, Egyptian Stelae in the Field Museum of Natural History,
Anthropological Series XXIV/1, Chicago, 1936, p. 12-13, pl. 1. La provenance memphite de ces deux stèles est probable
mais non assurée.
26. A.F. El-Sabbahy, “Blocks from the Tomb of Shed-abed at Saqqara”, JEA 79, 1993, p. 243-246, fig. 1, pl. XXIII (2-3) et
p. 246, fig. 4 respectivement.
27. Do. Arnold, “Amenemhat I and the Early Twelfth Dynasty at Thebes”, MMJ 26, 1991, p. 26-32. Voir également
M. Jørgensen, « Gemnis grav », MNyCarlsb 51, 1995, p. 110-114, fig. 1-3 et, id., Catalogue Egypt I (3000-1550 B.C.), Ny
Carlsberg Glyptotek, Copenhague, 1996, n° 56 et 59, p. 140-143 et 150-151. Première édition par Firth-Gunn, Teti Pyramid
Cemeteries, I, p. 187-188, n° 16 ; II, pl. 23-25, 27 (B).
28. Atef Abdalla, “The Cenotaph of the Sekwaskhet Family from Saqqara”, JEA 78, 1992, p. 93-111, pl. XIX-XXIII. Pour
d’autres tombes datées du début de la XIIe dynastie, voir D.P. Silverman, “Middle Kingdom Tombs in the Teti Pyramid
Cemetery”, in Abusir and Saqqara in 2000, p. 259-282, pl. 40-49.
UNE VARIANTE SEPTENTRIONALE DE LA FORMULE D’OFFRANDE INVOCATOIRE 261
De même, parmi les cercueils qu’a livrés la nécropole de Téti, aucun de ceux relevant du type
attribué à la XIe et XIIe dynastie – ils sont près de trente – ne montre la construction génitive : celle-
ci n’est employée que sur des exemplaires de type VIe dynastie 29. Seul celui inscrit au nom d’un
certain Nakht, provenant d’Abousir et daté de la XIIe dynastie, témoignerait d’un usage tardif de
prt-!rw nt 30. La construction génitive serait donc tombée en désuétude, en ce qui concerne les
cercueils memphites, dès la fin de la Première Période Intermédiaire. Il n’est pas certain qu’il y ait
eu synchronisme exact entre les inscriptions des cercueils et celles des documents en pierre. Pour
ces derniers – qui semblent avoir connu une évolution plus lente et être demeurés les conservatoires
des anciennes traditions jusqu’au Moyen Empire – l’utilisation de la construction génitive a pu se
poursuivre quelques années encore. L’exemple isolé, résiduel, d’Abousir irait en effet dans le sens
d’une persistance assez longue d’une habitude héritée de la fin de l’Ancien Empire.
Extension de l’emploi de la forme prt-!rw nt hors de la nécropole memphite
à la Première Période Intermédiaire : Héracléopolis et la région du Fayoum
Si l’on élargit le champ d’observation en dehors de la région memphite proprement dite, on
s’aperçoit que la construction prt-!rw nt est absente de sites pourtant proches, comme la nécropole
d’Héliopolis. Autant que permette d’en juger la documentation actuellement connue, elle est
également absente des sites du Delta, à l’Ancien Empire (Bubastis) comme au Moyen Empire
(Kôm el-Hisn).
Il faut dépasser l’extrémité sud de la nécropole memphite pour la retrouver dans la région
d’Héracléopolis à la Première Période Intermédiaire essentiellement.
L’un des exemples les plus anciens est celui de la tombe de Nenkhéfetka à Déchacha, cité
précédemment : il pourrait remonter au milieu de la VIe dynastie (voir supra).
La majeure partie de notre documentation est constituée par l’ensemble épigraphique très
homogène mis au jour depuis plus de trente ans dans la nécropole d’Héracléopolis (Ehnasiya
el-Médina). Il s’agit essentiellement de stèles fausses-portes, mais également de parois décorées de
chapelles funéraires ainsi que de caveaux. Tous ces documents appartiennent à une séquence
chronologique assez courte datable de la dernière phase de la Première Période Intermédiaire,
contemporaine du milieu de la XIe dynastie thébaine, voire du tout début de la XIIe dynastie 31.
29. Lapp, Särge, Blätter 25-27.
30. PM III2, 345 et Lapp, op. cit., p. 272-273, Blatt 1. À prt-!rw est juxtaposée, de manière très inhabituelle, la formule qrztnfrt m zmjt jmntt précédant le génitif nt.
31. La datation de la nécropole d’Héracléopolis a été récemment controversée. Sa destruction est attribuée par les fouilleurs
espagnols aux troupes de Nebhépetrê Montouhotep lors de l’assaut final contre le Nord. Le matériel épigraphique et
céramique pourrait néanmoins laisser penser que l’utilisation de la nécropole a pu se prolonger au-delà du milieu de la
XIe dynastie, jusqu’aux premières années de la XIIe dynastie. Dans ce cas, le sac des tombeaux aurait pu intervenir lors des
troubles ayant marqué la succession d’Amenemhat Ier. Cf. H. Willems, “A Note on the Date of the Early Middle Kingdom
Cemetery at Ihnâsiya al-Madîna”, GM 150, 1996, p. 99-109. Les actuels responsables de la mission espagnole ne repoussent
apparemment pas cette hypothèse mais attendent de plus amples certitudes. Les critères épigraphiques et stylistiques
reconnus ne permettent pas d’affiner la datation à l’intérieur d’une période aussi courte et la typologie des dépôts de
fondation – emplacement et matériel céramique –, sur laquelle repose l’essentiel des arguments de H. Willems, est établie à
partir de trop peu d’exemples pour être déterminante.
262 L. POSTEL
La forme prt-!rw nt prévaut dans l’ensemble de la documentation lapidaire héracléopolitaine.
Elle est seule employée dans les inscriptions de la chapelle funéraire de Séhou, stèle fausse-porte
et parois (trois occurrences) 32. Elle apparaît encore sur les parois de la chapelle de
Satbahotep 33. Enfin, sur les seize stèles et fausses-portes publiées à ce jour 34, elle n’est absente
que sur quatre documents (auxquels il faut peut-être ajouter un cinquième document trop
partiellement conservé). Dans la plupart des exemples, au pain moulé et à la cruche de bière
viennent s’ajouter comme déterminatifs de prt-!rw le pain allongé, la tête de bovidé et la tête de
canard. Dans les inscriptions horizontales, cette dernière a tendance à se décaler légèrement
sous le n et à se rapprocher du t (NÃ! è
Cµ ). Une telle mise en page, plus ou moins accentuée,
se retrouve dans d’autres contextes géographiques d’une manière qui n’est peut-être pas tout à fait
anodine (voir infra).
Au vu de la documentation, la forme prt-!rw nt peut donc être considérée comme une
caractéristique de l’épigraphie de la fin de la Première Période Intermédiaire à Héracléopolis. La
production des ateliers de la métropole du XXe nome est assez proche de celle des ateliers
memphites – notamment de ceux de Saqqara-Nord – dont elle poursuit la tradition artistique, même
si quelques particularités ont pu se développer en marge. Cette étroite relation entre Héracléopolis
et Saqqara résulte peut-être, outre de facteurs géographiques et de circonstances historiques, d’une
volonté politique délibérée de se rattacher aux anciens centres du pouvoir de l’Ancien Empire,
volonté illustrée par l’implantation de la pyramide du roi hérakléopolitain Mérykarê dans le secteur
de la nécropole de Téti.
Par conséquent, la vogue de la construction génitive à Héracléopolis est sans aucun doute à
mettre sur le compte de cet héritage memphite. Néanmoins, sa généralisation comme son emploi
quelque peu tardif par rapport à ses antécédents de Saqqara témoignent d’un certain caractère local.
Deux autres sites, proches d’Héracléopolis, dans un rayon de moins de 15 km, fournissent des
attestations supplémentaires, contemporaines ou de peu postérieures.
En premier lieu, deux tombes de Haraga, simples caveaux en briques voûtés, associent sur
leurs parois peintes frises d’objets et formules des Textes des Sarcophages. Elles sont aux noms
respectivement de Hérichefnakht (n° 671) et de la dame Oukhethotep (n° 672) 35. Dans chacune
d’elles, la formule prt-!rw est suivie d’un génitif ; comme à Héracléopolis, le signe de la tête de
canard est légèrement déporté sous le n. G. Lapp date ces deux tombes de la XIe dynastie 36 : elles
sont donc à peu près contemporaines des stèles d’Héracléopolis.
La nécropole de Sedment fournit également quelques documents. La construction génitive est
attestée sur les cercueils de la fin de l’Ancien Empire et devient fréquente sur ceux datables de la
32. J. Lopez, « Rapport préliminaire sur les fouilles d’Héracléopolis, 1968 », OrAnt 14, 1975, p. 58-78, fig. 7-16, pl. XX-XXIII,
XXIV (b) ; J. Padró, Études historico-archéologiques sur Héracléopolis Magna, Nova Studia Aegyptiaca 1, Barcelone, 1999,
p. 126-146, fig. 100-107, pl. XL-LXXIV.
33. J. Padró, op. cit., p. 153-154, fig. 115.
34. Ibid., p. 147-155, fig. 108-117.
35. PM IV, 105 ; Harageh, p. 20-23, pl. LXVII-LXVIII.
36. Lapp, Särge, p. 284-285, Blatt 11 (Ha2 et Ha5).
UNE VARIANTE SEPTENTRIONALE DE LA FORMULE D’OFFRANDE INVOCATOIRE 263
charnière entre la XIe et la XIIe dynastie 37. À titre d’exemple, les trois cercueils au nom de Khéty
et de la dame Ouadj récemment publiés, inscrits avec des formules des Textes des Pyramides et des
Textes des Sarcophages, portent tous la variante prt-!rw nt"38. Là encore, la tête de canard est
légèrement décalée sous le n. La céramique associée à ces inhumations confirme la datation
fin XIe/début XIIe dynastie.
Extension de la forme prt-!rw nt en Moyenne et Haute-Égypte(fin de la VIe dynastie-début de la XIIe dynastie)
Prt-!rw nt se retrouve ensuite, avec une relative fréquence, dans plusieurs sites de
Moyenne-Égypte, jusqu’à Assiout au sud. Les documents se situent dans une fourchette chrono-
logique assez large, entre la fin de la VIe dynastie et le début de la XIIe dynastie. La brève recension
de ces occurrences proposée ci-dessous progressera du nord vers le sud.
Zaouiyet el-Mayétin
On connaît seulement deux documents isolés à Zaouiyet el-Mayétin. En premier lieu vient la
stèle fausse-porte de la dame Téti/Mérètitès, épouse de Biaou (tombe 10), qui daterait au plus tôt
de la seconde moitié de la VIe dynastie 39. On retrouve ensuite la forme prt-!rw nt sur la plaquette à
huile de la dame Néfertiyt, conservée au musée du Louvre (E 11437), datant de la fin de la
VIe dynastie ou de la Première Période Intermédiaire 40.
Béni Hassan
La nécropole des gouverneurs du XVIe nome de Haute-Égypte, à Béni Hassan, est plus riche en
exemples.
Ce sont tout d’abord les tombes des trois nomarques successifs Ramouchénet (tombe 27),
Baqet III (tombe 15) et Khéty (tombe 17) qui illustrent la généralisation de la construction génitive
entre la seconde moitié de la XIe dynastie et le règne d’Amenemhat Ier 41. Seule la tombe la plus
tardive, celle de Khéty, fait se côtoyer les constructions avec génitif nt et datif n 42. En revanche, la
construction génitive a complètement disparu des tombes ultérieures.
Celle-ci constitue également la règle sur les cercueils de type XIe dynastie, sans exception 43.
Citons à titre d’exemple, les cercueils de Khnoumnakht (Caire JE 37569) et de Nemtyemhat/Tjaou
(Caire JE 37564a), sur lesquels la graphie de prt-!rw inclut un déterminatif du pluriel (trois à quatre
37. Ibid., p. 298-299, Blatt 24.
38. A.G. Abdel Fatah et S. Bickel, « Trois cercueils de Sedment », BIFAO 100, 2000, p. 3-17.
39. PM IV, 137 ; LD II, 110 (o) ; P. Piacentini, Zawiet el-Mayetin nel III millennio A.C., Monografie di SEAP, Series minor 4,
1993, p. 58-59, pl. XIV.
40. P. Piacentini, op. cit., p. 68-69, pl. XV (a) ; C. Anzalone, in Desroches Noblecourt et Vercoutter (éds), Un siècle de fouilles
françaises en Égypte, 1880-1980, Paris, 1981, n° 104, p. 100 ; S. Aufrère, Portes pour l’au-delà. L’Égypte, le Nil et le
« champ des offrandes », Lattes, 1992, n° 28, p. 143 et 188.
41. PM IV, 151-159 ; Beni Hasan, II, p. 45, 47, 48-49, pl. V, VII (Baqet III) ; p. 55, 56, pl. XI, XII (Khéty) ; p. 31
(Ramouchénet).
42. Ibid., p. 62, pl. XVIII.
43. Lapp, Särge, Blatt 7.
264 L. POSTEL
points ou traits) typique de Béni Hassan (fig. 2-3) 44. Elle n’apparaît plus sur les cercueils de type
XIIe dynastie.
L’usage de la forme prt-!rw nt à Béni Hassan est par conséquent assez bien circonscrit. Il se
répand dans la seconde moitié de la XIe dynastie et perdure jusqu’au début de la XIIe dynastie, sous
le règne d’Amenemhat Ier.
El-Bercha
La situation est assez similaire à El-Bercha. La construction génitive est employée dans les
tombeaux des deux gouverneurs du XVe nome contemporains de la fin de la XIe dynastie, Âhanakht
(tombe 5) et Néhéri I (tombe 4) 45.
Elle est présente sur tous les cercueils de type XIe dynastie (plus de treize exemplaires
recensés) 46, en particulier sur celui du nomarque Âhanakht conservé à Philadelphie (University
Museum E 16218) 47, ou sur les célèbres cercueils intérieur et extérieur de Djéhoutynakht V du
musée de Boston (MFA 20.1822-27 et 21.962-3) 48. Elle disparaît en revanche, définitivement, des
cercueils de la XIIe dynastie, peut-être même dès la fin de la XIe dynastie 49.
Meir
Dans la nécropole de Meir, seul le cercueil de la dame Nesqédet, issu des fouilles de
Khachaba en 1912, porte la variante prt-!rw nt. Il est daté, de manière assez large par G. Lapp, de
la Première Période Intermédiaire (VIe-Xe dynastie) 50. Aucun autre exemple n’a pu être repéré.
Dara
La formule prt-!rw suivie du génitif est en revanche très fréquente dans le matériel
épigraphique provenant de la nécropole de Dara. Elle figure en effet sur la majorité des documents
trouvés par R. Weill dans ou à proximité du mastaba m2, implanté au sud-est de la fameuse pseudo-
pyramide. Il s’agit des tables d’offrandes d’Imi et d’Izi ainsi que des deux stèles fausses-portes d’Itjaï
44. Khnoumnakht : PM IV, 162 ; J. Garstang, The Burial Customs of Ancient Egypt as Illustrated by Tombs of the Middle
Kingdom, Londres, 1907, p. 164, fig. 167 ; H. Willems, Chests of Life. A Study of the Typology and Conceptual Development
of Middle Kingdom Standard Class Coffins, MVEOL 25, 1988, p. 128, fig. 4 ; Lapp, Särge, p. 278-279, Blatt 7, pl. 11 (a-b)
[BH12a-b]. Nemtyemhat/Tjaou : PM IV, 161 ; Lapp, op. cit., p. 278-279, Blatt 7, pl. 9 (a).
45. PM IV, 181-182 ; El Bersheh II, 1895, p. 29, pl. XI (Néhéri I), p. 33-35, pl. XV, XVII (Âhanakht). Sur la date, controversée,
de ces personnages, cf. E. Brovarski, “Ahanakht of Bersheh and the Hare Nome in the First Intermediate Period and Middle
Kingdom”, in Studies Dows Dunham, p. 14-30 ; H. Willems, “The Nomarchs of the Hare Nome and Early Middle Kingdom
History”, JEOL 28, 1983-1984, p. 80-102 ; L. Gestermann, Kontinuität und Wandel in Politik und Verwaltung des frühen
Mittleren Reiches in Ägypten, GOF IV/18, 1987, p. 173-179. Néhéri I a pu encore exercer ses fonctions au tout début de la
XIIe dynastie.
46. Lapp, Särge, Blatt 4.
47. S. Fleming et al., The Egyptian Mummy. Secrets and Science, University Museum Handbook 1, Philadelphie, 1980, n° 13-14,
p. 15 ; Lapp, Särge, p. 274-275 (B4).
48. PM IV, 179 ; E.L.B. Terrace, Egyptian Paintings of Middle Kingdom, Londres, 1968, passim et en particulier p. 156, fig. 7 ;
S. D’Auria, P. Lacovara et C.H. Roehrig, Mummies and Magic. The Funerary Arts of Ancient Egypt, Boston, 1988, n° 43,
p. 109-117. Lapp, Särge, p. 276-277, Blatt 4, pl. 44 (b-c) [B22a-b].
49. Lapp, op. cit., Blätter 5-6.
50. PM IV, 255 ; A. Kamal, « Rapport sur les fouilles de Saïd Bey Khachaba au Déîr-el-Gabraouî », ASAE 13, 1914, p. 171 ;
Lapp, Särge, p. 290-291, Blatt 13 (M56).
UNE VARIANTE SEPTENTRIONALE DE LA FORMULE D’OFFRANDE INVOCATOIRE 265
et Méhi et d’Itjaï 51. L’utilisation de cette nécropole est généralement datée du début de la
Première Période Intermédiaire (VIIIe dynastie) 52.
Deir el-Gébraoui
Les nomarques de Deir el-Gébraoui de la fin de la VIe dynastie, qui gouvernent à cette époque
le XIIe et le VIIIe nome de Haute-Égypte, marquent eux aussi une nette prédilection pour la forme
prt-!rw nt dans leurs tombeaux. Elle prédomine largement dans la tombe d’Ibi (tombe 8) de même
que dans celle de Djâou/Chémaï (tombe 12) 53. Elle apparaît encore dans des tombes secondaires
de la fin de l’Ancien Empire : Néfertepoua (tombe 41) et Néferenefkhetou (tombe 42) 54.
Assiout
Assiout marque la limite méridionale de la grande diffusion de la formule prt-!rw suivie du
génitif à la fin de l’Ancien Empire et à la Première Période Intermédiaire. Cette construction s’est
déjà considérablement raréfiée. On ne la rencontre en effet nulle part dans les tombes, pourtant
prolixes, des nomarques de la Première Période Intermédiaire, contemporains des dynasties
hérakléopolitaine et thébaine (Itibi, Khéty I, Khéty II), pas plus que dans les tombeaux plus tardifs.
Elle n’apparaît que sur deux cercueils. Le premier, conservé au British Museum (BM EA
46633), est au nom d’un certain Hénénou et date de la Première Période Intermédiaire 55. Le
second, aujourd’hui au musée du Louvre, appartient à une dame Hénen (Louvre AF 9757). Il
provient de l’un des puits de la tombe 7 dans laquelle avait été inhumé le célèbre chancelier Nakhti
et remonte donc à la charnière des XIe et XIIe dynasties 56. On remarque la forme particulière du
pain allongé, proche d’une corbeille nb, caractéristique des inscriptions d’Assiout, ainsi que la
présence du déterminatif du pluriel.
Au sud d’Assiout, la variante prt-!rw nt demeure principalement cantonnée à deux grands
centres : la nécropole de Naga ed-Deir/Cheikh Farag et la nécropole thébaine. Ailleurs, elle est peu
fréquente et n’apparaît guère que sur quelques documents isolés, souvent assez tardifs.
Akhmim, El-Haouaouich
Dans la nécropole d’Akhmim, à El-Haouaouich, la forme prt-!rw nt pourrait être connue par
une unique stèle fausse-porte, gravée au nom d’un prêtre lecteur, grand prêtre pur de Min et
inspecteur du domaine de Min Hézézi. Le personnage est daté au plus tôt du milieu de la
VIe dynastie (Pépy Ier). La provenance de la stèle, actuellement au Musée du Caire (CG 1407) 57,
51. R. Weill, Dara. Campagnes de 1946-1948, Le Caire, 1958, p. 54-56, fig. 9-10, pl. XXXIII et p. 69-73, fig. 15, pl. XLII-
XLVI.
52. Par exemple F. Gomaà, Ägypten während der Ersten Zwischenzeit, p. 97-98.
53. Ibi : PM IV, 243-244 ; Deir el Gebrâwi I, p. 21-23, pl. XVIII, XXIII. Djâou/Chémaï : PM IV, 244-246 ; Deir el Gebrâwi II,
p. 11-13, pl. VIII, XI-XIII.
54. PM IV, 246 ; Deir el Gebrâwi I, p. 26-27, pl. XXIII.
55. PM IV, 268 ; E.A.W. Budge, A Guide to the First, Second and Third Rooms, Londres, 1924, p. 80 ; Lapp, Särge, p. 296-297,
Blatt 18 (S56).
56. PM IV, 266 ; Assiout, p. 143-154, pl. XXVIII ; Lapp, op. cit., p. 296-297, Blatt 21 (S54).
57. Borchardt, CGC 1295-1808 I, p. 69-70 ; Kanawati, El-Hawawish IX, p. 55-57, pl. 7.
266 L. POSTEL
n’a pas été enregistrée et son attribution repose avant tout sur l’appartenance du personnage au
clergé de Min ainsi que, selon N. Kanawati, sur sa similitude avec l’unique stèle fausse-porte
trouvée à El-Haouaouich, au nom de Mémi (Caire CG 1587). Bordée par un tore et couronnée d’une
corniche à gorge, elle relève cependant d’un type memphite bien attesté à Saqqara ; en outre, le
titre de !nty-‡ Ppy-mn-nfr que porte le personnage le rattache également au complexe funéraire de
Pépy Ier et à la région memphite, bien que de tels titres aient été fréquemment portés à la
VIe dynastie par des fonctionnaires inhumés loin de la Résidence 58. Deux hypothèses se présentent
en définitive : soit la stèle provient de la nécropole memphite plutôt que de la région d’Akhmim ;
soit, si elle a été effectivement dressée à Akhmim, elle doit être considérée comme une œuvre
importée du Nord, ou bien exécutée par des artisans formés dans le Nord. Dans le second cas,
l’extrême rareté des stèles fausses-portes à El-Haouaouich renforce l’originalité de l’objet. La
construction de prt-!rw avec le génitif n’appartient pas, quoi qu’il en soit, à la tradition
épigraphique de la région d’Akhmim.
Cheikh Farag et Naga ed-Deir
Plus au sud, la vaste nécropole de Cheikh Farag/Naga ed-Deir, dans le VIIIe nome, a livré
plusieurs documents – parois de chapelles funéraires, stèles, cercueils –portant la variante
prt-!rw nt. Ils datent tous de la Première Période Intermédiaire et appartiennent, pour la grande
majorité d’entre eux, à une phase tardive de la période (IXe et Xe dynasties hérakléopolitaines) 59.
En premier lieu, la tombe de Héni (N11) fournit l’attestation, semble-t-il, la plus ancienne de
prt-!rw nt à Cheikh Farag/Naga ed-Deir : elle se rattache au « #m“ Group » daté par E. Brovarski du
début de la Première Période Intermédiaire (VIe-VIIIe dynasties) 60.
Dans l’ensemble funéraire du nomarque Hagi, le génitif est utilisé, en parallèle avec le datif,
une première fois dans le caveau de sa tombe rupestre (N89) 61, une seconde fois sur les longs côtés
de son cercueil (SF 5202, Boston, MFA 23.12.188) 62. La tombe de Hagi montre un style de
transition entre les traditions de la fin de l’Ancien Empire (VIe-VIIIe dynasties) et celles de l’époque
hérakléopolitaine (« Jn-Ìrt Group »). Le personnage a dû exercer ses fonctions au début de cette
dernière époque. La grande qualité du cercueil suggère à E. Brovarski qu’il pourrait s’agir d’un
cadeau royal, illustrant ainsi, comme pour Djâou/Chémaï de Deir el-Gébraoui, les liens étroits que
le nomarque entretenait avec la Résidence 63.
58. De tels titres sont rares à Akhmim mais, par exemple, fréquents à Deir el-Gébraoui. Sur ce sujet, voir, entre autres,
E. Martin-Pardey, Untersuchungen zur ägyptischen Provinzialverwaltung bis zum Ende des Alten Reiches, HÄB 1, 1976,
p. 131-140.
59. Le matériel épigraphique de la Première Période Intermédiaire a fait l’objet d’une étude approfondie par E. Brovarski,
Naga-ed-Dêr. Est concerné l’ensemble des nécropoles du VIIIe nome qui, de manière continue, s’étendent sur plus de 6 km
sur la rive est du Nil, face à la moderne Girga : du nord au sud, Cheikh Farag, Naga ed-Deir et Mécheikh (ibid., p. 2 et
carte 1, p. 1250).
60. Brovarski, Naga-ed-Dêr, p. 312-316, en particulier p. 316 (paroi droite de la chapelle).
61. Ibid., p. 418-457, en particulier p. 420, fig. 39, p. 424.
62. Ibid., p. 399-408, en particulier p. 408, n. a, fig. 34, p. 401 et fig. 35 (f), p. 410.
63. Ibid., p. 400.
UNE VARIANTE SEPTENTRIONALE DE LA FORMULE D’OFFRANDE INVOCATOIRE 267
Le reste de la documentation se situe à l’époque hérakléopolitaine (IXe dynastie) :
monuments du « Red Group » (stèle anonyme SF253, Boston MFA 25.629 64 ; fragments
d’une stèle anonyme N3978, Berkeley PAHMAA 6-2442 65 ; fragment d’un cercueil
de la tombe de Maâkhérou, N3968 66) et de l’« Anomalous Group » (stèle d’Izer, Chicago,
OI 16952 67).
Enfin, une série de documents doit être contemporaine des derniers Héracléopolitains et
des rois thébains de la XIe dynastie : tombe de Mérou/Iy à Naga ed-Deir (N3737) 68,
stèle d’Antef (N3907) 69 du « Mry/Jy Group » (fin Xe-XIe dynastie).
Mahasna et Abydos
Les nécropoles de la rive ouest du VIIIe nome ont également livré, de manière plus sporadique,
quelques documents pourvus de la variante prt-!rw nt.
Celle-ci apparaît à Mahasna tout d’abord, au nord d’Abydos, sur un linteau du
mastaba de Hény (M41) 70. Le « Settgast’s Group » dans lequel E. Brovarski inclut le tombeau
de Hény, aux côtés de stèles de Cheikh Farag et de Naga ed-Deir, est daté de la fin de
la période hérakléopolitaine (fin Xe-XIe dynastie).
À Abydos même, ensuite, la variante est tout aussi rare. On la rencontre sur une architrave
au nom du Ìq3-Ìwt Chénây, trouvée par H. Frankfort dans la nécropole nord et datable de la fin de
la VIe dynastie 71. Elle est également employée sur la stèle d’un certain Nakhtqédou, Caire
CG 20480, découverte par A. Mariette dans la même nécropole nord 72. À la formule prt-!rw est
exceptionnellement adjoint l’adjectif nfrt, précédant le génitif indirect introduit par nt. La stèle,
rectangulaire, dans le sens de la largeur, est aujourd’hui très endommagée. Ses inscriptions, en
grande partie disparues, portaient des extraits de la formule dite abydénienne en usage entre la fin
de la XIe dynastie et le début de la XIIe dynastie : les exemples les plus récents datent du règne
d’Amenemhat II, la majorité des documents remontant aux règnes d’Amenemhat Ier et surtout de
64. D. Dunham, Naga-ed-Dêr Stelae of the First Intermediate Period, Londres, Boston, 1937, n° 12, p. 24-26, pl. VII (2) ;
R.J. Leprohon, Stelae, I, CAA Boston 2, Mayence, 1985, p. 109-111 ; E. Brovarski, Naga-ed-Dêr, p. 420 et 542-545.
65. Dunham, op. cit., n° 34, p. 46-47 ; Brovarski, op. cit., p. 547-557 et fig. 56 (a), p. 548.
66. Brovarski, op. cit., p. 568, n. 188.
67. Dunham, op. cit., n° 80, p. 96-98, pl. XXIX (2) ; Brovarski, op. cit., p. 700-702. La provenance est imprécise : « district de
Girga ».
68. C.N. Peck, Some decorated Tombs of the First Intermediate Period at Naga ed-Dêr, Ann Arbor, 1958, pl. 11, cité par
Brovarski, op. cit., p. 848, n. 85 (sur la tombe, voir également p. 486-506).
69 . Dunham, op. cit., n° 74, p. 87-89, pl. XXVI (2) ; Brovarski, op. cit., p. 856-857.
70. J. Garstang, Mahâsna and Bêt Khallâf, ERA 7, 1902, pl. XXXIII (bas) ; Brovarski, Naga-ed-Dêr, p. 846-847.
71. PM V, 64 ; Urk. I, 263, 4 ; H. Frankfort, “The Cemeteries of Abydos : Work of the Season 1925-1926”, JEA 14, 1928,
p. 235-238, pl. XX (3). Pour la datation du personnage, voir notamment P. Piacentini, « Gli Ìq“w-Ìwt . Addenda », SEAP 13,
1994, p. 26-27.
72. Mariette, Abydos, n° 602, p. 132-133 ; Lange-Schäfer, CGC 20001-20780 II, p. 76. La copie de Mariette est la seule qui soit
complète. Aucune photographie ni fac-similé n’ont été publiés et seuls H.O. Lange et H. Schäfer ont fourni un croquis
succinct de la pièce.
268 L. POSTEL
Sésostris Ier. On peut donc proposer pour la stèle de Nakhtqédou une date vers le début de la
XIIe dynastie 73.
Il est sans doute délicat de lier trop étroitement des caractéristiques épigraphiques à une
situation historique. Néanmoins, le VIIIe nome a indubitablement joué un rôle important dans l’orga-