IFPEK Rennes Institut de Formation en Ergothérapie En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute UE 5.04.S6 – Initiation à la démarche de recherche Clémence LESIEUR 2016-2017 La démence chez la personne âgée : La contention physique, une fatalité ?
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IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie
En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute
UE 5.04.S6 – Initiation à la démarche de recherche
Clémence LESIEUR
2016-2017
La démence chez la personne
âgée :
La contention physique, une fatalité ?
IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie
En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute
UE 5.04.S6 – Initiation à la démarche de recherche
Sous la direction de Monsieur Thomas HÉRAUVILLE
Clémence LESIEUR
2016-2017
La démence chez la personne
âgée :
La contention physique, une fatalité ?
Je tiens à remercier,
Monsieur Hérauville, mon directeur de mémoire, pour m’avoir conseillée et
guidée tout au long de l’élaboration de ce travail de recherche.
Tous les professionnels m’ayant accordé du temps afin de participer à mes
entretiens.
Ma famille, et plus particulièrement mes parents, pour m’avoir soutenue
pendant ces trois années de formation, et pouvoir m’avoir conseillée au cours
de ce travail.
Mes collègues de promotion, avec qui j’ai passé trois années fabuleuses.
Résumé
Abstract
Les troubles comportementaux des personnes âgées atteintes de démence dans les lieux de
vie sont de véritables défis pour les équipes soignantes : suite à une prescription médicale, la
contention physique peut parfois être envisagée. Cependant, différentes études montrent que
la contention physique n’est pas sans conséquence : elle n’est à utiliser qu’en dernier
recours. Comment le travail d’équipe et l’implication de chaque soignant peuvent-ils
favoriser la recherche d’alternatives ? Et comment l’ergothérapeute, en raison de ses
compétences, peut-il intervenir au sein de celle-ci ?
Une étude qualitative a été réalisée par le biais d’entretiens semi-directifs, effectués dans
différentes structures, auprès d’infirmiers et d’ergothérapeutes. Il a été mis en évidence que
la réflexion menée autour de la contention était sensiblement différente entre les deux corps
de métier. La sensibilisation des professionnels sur les contentions semble également avoir
un impact important sur la prévalence de celle-ci dans les structures.
Dans quels cas la contention est-elle mise en place?
La première situation que l’on rencontre ce sont les personnes qui ont tendance à glisser au fauteuil, et en général, c’est qu’il y a
déjà un contexte de chute sur une personne qui va tellement glisser sur le bord de l’assise du fauteuil qu’il y aura : soit un risque de chute
important soit une chute ou plusieurs chutes déjà avérées. C’est la première situation. Après, la deuxième situation, qui est quand même un
petit peu moins fréquente ce sont des gens qui ont encore la capacité de se lever et de déambuler mais avec un risque de chute tellement
important que les équipes font la demande d’une mise en place d’une contention physique. Ce sont les deux situations qui me viennent.
Connaissez-vous les risques liés à l'utilisation d'une contention ?
(Temps de réflexion) Spontanément je dirai déjà tout ce qui est risque de perte d’autonomie ; perte de la capacité à se mettre
debout tout seul, à effectuer les transferts et à pouvoir se déplacer seul. Je pense que cela peut présenter des risques au niveau … enfin en
tout cas nous les contentions, une partie des contentions qu’on utilise, ce sont des contentions pelviennes avec une sangle au niveau
abdominal et je pense qu’une personne agitée peut se faire mal au niveau abdominal si la contention est mal mise ou si la personne est trop
agitée elle risque de se faire mal.
(Temps de réflexion) Et puis il y a des patients qui essayent de se lever alors qu’ils ont la contention donc c’est encore plus dangereux.
Qu’est ce qu’il peut y avoir d’autre ? … C’est aussi une perte d’estime de soi car cela porte bien son nom « contention » donc cela renvoie à
la restriction de liberté et cela peut largement porter atteinte à l’estime de soi donc déclencher voire, aggraver les troubles du comportement,
les troubles psychoaffectifs qui peuvent être déjà présents et aggraver aussi les troubles cognitifs. Je vois ça aussi comme complications. Puis
après, d’un point de vue vraiment des schémas psychomoteurs, cela va à l’encontre de la préservation de l’autonomie.
Connaissez-vous les précautions à prendre lors de la mise en place d'une contention?
(Temps de réflexion). Alors je pense que je vais dire en deux phases : la théorie et la pratique. Je vais commencer par la pratique,
que je connais mieux. En général, ce sont les soignants : les aides soignants, les infirmiers, qui demandent la mise en place d’une contention
parce que ils trouvent que les risques de chutes deviennent trop importants ou que l’agitation du patient est telle que ce n’est plus gérable par
eux. Donc en général, ils nous demandent directement la mise en place de la contention, sans passer par le médecin. Nous, la première étape
c’est de rappeler un peu le cadre de la mise en place d’une contention, c’est à dire que cela doit faire l’objet d’une prescription médicale qui,
en plus dans les textes officiels, est normalement quotidienne, ce qui en pratique n’est absolument pas le cas. Donc généralement la mise en
place d’une contention nécessite généralement de reposer à chaque fois le cadre. Et en général cela se fait aussi en urgence et à l’approche
des weekend par exemple où les équipes sont moins présentes et peuvent moins être auprès des pensionnaires.
Je dirai que de manière tout à fait théorique, une concertation pluridisciplinaire et d’équipe serait idéale mais ce n’est absolument pas le cas.
C’est à dire que l’équipe nous sollicite, nous on va voir le médecin, en général il dit « ok, allez y » sans se poser plus de questions, et nous on
agit. On essaye parfois de proposer des alternatives pour repousser la mise en place de la contention, mais qui ne sont généralement pas bien
perçues par les équipes parce que c’est forcément des alternatives qui vont demander plus d’attention, de temps ou d’efforts de la part des
soignants.
Alors quelles sont les précautions … j’imagine, informer le patient et sa famille par exemple ? Ce qui n’est pas vraiment fait non plus. Et de
lui expliquer pourquoi on fait ça. Lui expliquer que c’est pour sa sécurité et que le but n’est pas de réduire sa liberté mais plutôt au contraire
de le protéger de lui même et des mises en danger qu’il peut faire … Voilà, je sais pas trop sinon …
Quels sont les soignants qui participent à la discussion autour de la pose d'une contention pour un
patient/résident ?
Donc généralement c’est l’équipe soignante avant tout : aide soignant et infirmier, le médecin est forcément dans la boucle parce
que même s’il n’y est pas au départ, nous on repose le cadre pour la nécessité d’une prescription médicale et en général, on travaille très en
proximité avec les psychomotriciens du service donc on essaie d’avoir aussi un échange avec eux. En général le kinésithérapeute n’intervient
pas tellement dans cette décision là, pour des raisons purement organisationnelles parce que le kinésithérapeute est peu présent sur les temps
de réunion. Et bien souvent, j’insiste quand même, il n’y a pas vraiment cette concertation pluridisciplinaire parce que c’est plus une
discussion de couloir et une demande qui se fait en urgence et qui du coup ne permet pas vraiment cet échange.
Et il n’y a pas vraiment de protocole qui est instauré.
Et pendant les transmissions avec tous les soignants vous en reparlez ? Par exemple si vous avez mis une personne sous contention, est ce
que c’est évoqué pendant les transmissions par le personnel ?
Si nous, de notre point de vue paramédical, on sent que ça créé une nouvelle problématique chez le patient on va le soulever. Mais
généralement la contention malheureusement c’est quand même la solution qui convient à tous, et du coup, une fois qu’elle est mise en place,
elle est rarement remise en question. Et c’est un peu caricatural, mais souvent c’est l’équipe paramédicale contre l’équipe soignante : nous on
va être plutôt dans la recherche d’alternatives avant la mise en place de contention et ça va souvent se solder, même si on repousse un petit
peu la mise en place de la contention, par la mise de la contention, et après la mise de cette contention n’est plus du tout remise en question.
IX
La question de la contention a-t-elle déjà générée des conflits au sein de l'équipe de soignant ? Si oui, pour
quelles raisons?
Oui, régulièrement, justement dans ce que je disais juste avant, entre l’équipe soignante qui cherche la sécurité du patient mais à
moindre effort pour l’équipe, parce que l’équipe n’a pas forcément le temps de passer régulièrement pour accompagner le patient aux
toilettes du coup le patient se lève tout seul et chute, et la solution c’est de mettre en place une contention. Tiens ça m’y fait penser, des
répercussions sur l’autonomie, d’un point de vue continence urinaire aussi. Mais oui dans cette phase où nous on essaie de repousser la mise
en place de la contention, c’est générateur de vives discussions.
Comment et à quelle fréquence les réévaluations sont-elles faites ?
Il n’y a pas de réévaluation, et il n’y a pas de re-prescription d’ailleurs.
Selon vous, quels types d'alternatives à la contention existent? Sont-elles envisagées avant la mise en place de
la contention?
(Temps de réflexion) Alors nous, ce qu’on fait couramment pour les personnes qui auraient tendance à se lever pour déambuler
dans un but précis, on essaye de mettre par exemple la table devant le fauteuil de la personne pour tenter de rappeler à la personne de ne pas
se lever seule. Evidemment bien veiller à ce qu’elle ait la sonnette sous la main pour sonner si elle a besoin. Et forcément, l’alternative c’est
qu’il y ait une réponse rapide à la personne qui a besoin de se lever ou simplement pour aller se dégourdir les jambes, pour aller aux toilettes
ou autre. Je crois que j’avais déjà essayé de mettre en place une affiche « ne vous levez pas seul, appelez » pour des choses assez simples
enfaite, pour tenter de rappeler à la personne de ne pas se lever seule. Ça c’est pour les gens qui ont encore une capacité, même minime, de
raisonner. Après une des alternatives, car nous il y a pas mal de contentions qui sont mises en place pour éviter aux personnes de glisser de
leur fauteuil. C’est d’utiliser la bascule du fauteuil s’il y a, ou alors on essaie d’utiliser, cela peut aller dans les deux cas, des ceintures qui ont
une boucle à l’avant (ceinture 2 points ou 4 points qui se fixent soit au niveau abdominal ou au niveau des cuisses) donc la personne peut
enlever la contention si elle le souhaite. Donc c’est un moyen pour nous de sortir du cadre des contentions, car quand c’est dans une optique
de positionnement, ça va permettre le positionnement sans être pour autant une contention : ça permet vraiment le maintien. Et généralement
la personne ne l’enlève pas. C’est arrivé qu’on la mette pour des gens qui ont des troubles cognitifs, cela a un caractère dissuasif. Après les
alternatives pour moi, c’est d’adapter l’environnement pour faire en sorte que la personne puisse quand même se lever si elle en a encore la
capacité, c’est pour ça qu’il faut une réelle réévaluation, aussi bien par le kinésithérapeute, qu’il donne vraiment son point de vue sur
l’attitude de la personne aux transferts assis-debout et aux déplacements seuls, et du coup faire en sorte que l’environnement soit
suffisamment sécurisé pour permettre à la personne de se lever si elle le souhaite. Moi je pense que ça, si on peut le conserver le plus
longtemps possible, c’est préférable à la contention et ça nécessite de s’interroger, et de faire un vrai travail en équipe, d’organisation, avec
des passages avec une vigilance accrue pour ces patients là, et des passages plus fréquents de l’équipe pour accompagner la personne dans
ses déplacements. Donc oui je pense que ça aussi c’est une alternative : travail d’équipe !
L'avis de l'ergothérapeute est-il recherché avant la mise en place d'une contention chez un patient ?
Dans la pratique ? Alors déjà c’est nous qui les détenons et qui les donnons dans les services, donc forcément ça passe par nous.
Après finalement on nous demande pas vraiment notre avis, on nous dit plutôt « tiens il faudrait mettre une ceinture pour monsieur untel »
C’est plutôt comme ça que ça se passe en réalité. Mais comme ça passe par nous, on en profite pour donner notre avis. Je pense que c’est
quand même essentiel que ça passe par nous, justement pour essayer de faire le lien entre les différentes personnes de l’équipe, et apporter
notre regard de professionnels sur les alternatives qui peuvent être proposées. Souvent c’est malheureusement comme ça que ça se passe.
C’est aussi dû au fait qu’il y ait beaucoup de roulements dans l’équipe, et qu’il faut trouver des solutions rapidement, en général les veilles de
weekend, là où t’as pas vraiment l’opportunité de mettre en place une réflexion. C’est vrai que dans l’idéal il faudrait instaurer un espèce de
protocole de mise en place de contention avec une discussion pluridisciplinaire au préalable, une réévaluation régulière, ça c’est vrai que ça
serait idéal pour mieux cadrer les choses.
Selon vous, que peut apporter un ergothérapeute à l'équipe soignante lorsque la question de la contention se
pose ?
Ça rejoint un petit peu ce que je viens de dire. Donc, je pense vraiment qu’en pratique c’est vraiment nous qui faisons le lien entre
les différents professionnels : l ‘équipe plutôt paramédicale et l’équipe plutôt soignante. On est souvent le relai des informations et des
choses un peu importantes qui se passent dans le service. Je pense qu’on pourrait vraiment avoir ce rôle d’amorcer la réflexion
pluridisciplinaire lorsqu’il y a mise en place d’une contention. Et on peut aussi rappeler par notre regard, on est quand même des
professionnels qui veillent au maintien de l’indépendance et de l’autonomie des personnes et aussi de leur intégrité morale, donc je pense
qu’on peut vraiment être garant de ça. Et en rappelant à l’équipe soignante tout ce que ça implique une contention, je pense qu’on peut plus
facilement avoir ce recul, contrairement aux soignants qui sont un peu la tête dans le guidon parce qu’il y a beaucoup de choses à gérer dans
ce genre de service. Voilà je pense qu’il faut aussi qu’on ait cette démarche de rappeler tout ce qu’une contention implique pour aller vers
une réflexion commune sur les alternatives… et puis évidemment proposer des alternatives !
X
Comment la mise en place d'une contention est-elle expliquée au patient ?
Je pense que oui, c’est bien expliqué, du moins à la première mise en place, après ça veut pas dire que c’est réexpliqué après… ce
qui serait quand même nécessaire compte tenu du public auquel ça s’adresse, ce sont des gens qui ont quand même potentiellement des
troubles mnésiques importants. Je pense que l’information que l’on transmet à la personne ou même à son entourage n’est pas suffisante, elle
n’est largement pas suffisante.
Comment interagissez vous avec les familles quand la pose d'une contention est envisagée chez une personne
?
Alors bizarrement les familles sont assez demandeuses, parce que ça à un coté, je pense, rassurant pour les familles. Par contre les
familles sont contentes quand on leur apporte des solutions un peu différentes, et notamment sur le plan esthétique enfaite ! Souvent ce qui
cloche c’est l’esthétique de la contention ! Par exemple on a des nouvelles ceintures, qui sont plus discrètes que les vieilles ceintures
pelviennes, qui sont absolument moches. Et du coup, ça pour eux c’est positif. Après, en elle même, la contention je ne crois pas que ça
dérange les familles, je pense vraiment que ça rassure.
Mais est ce que par exemple, quand la contention est mise en place chez une personne, ils appellent les familles pour les mettre au
courant ?
Honnêtement je ne pense pas … nous non plus d’ailleurs !
Hors interview :
Enfaite, personne n’a jamais amorcé une réflexion là dessus, donc du coup personne ne se pose la question ! Du coup nous on
arrive avec nos diplômes tout frais, on est pleines de grandes idées et du coup forcément, il y a des choses qui nous choque. Et enfaite on est
rentrée dans ce fonctionnement là sans le remettre en question. Mais du coup je comprend aussi que comme les soignants tournent beaucoup,
ils les connaissent pas très bien les pensionnaires, au final quand le patient a déjà chuté deux fois, trois fois, on met une contention.
XI
Annexe 7 – Retranscription de l’entretien
de madame M.
Dans quels cas la contention est-elle mise en place?
Je vous donne un peu d’historique. Quand je suis arrivée il y a cinq ans, il y avait de la contention un peu partout. Il n’y avait pas
d’ergothérapeute, on utilisait les petites ceintures ; on contenait les personnes parce qu’elles se levaient et elles chutaient. C’était un peu
comme ça. Je ne veux pas dire que cela était fait de manière abusive, il y avait toujours le médecin qui était là ; elle ne pensait pas qu’il fallait
toujours le faire, c’était très réglementé. Donc, à cette époque là, il y avait des ceintures un peu partout. Les infirmières n’étaient pas toujours
là et elles avaient peur que les personnes se lèvent et chutent. Ce n’était pas bien clair. Au fur et à mesure, en discutant beaucoup avec les
équipes, et avec l’appui du médecin, on a beaucoup réduit le nombre de contentions. On a des fauteuils confort avec des bascules, on a des
tablettes que l’on met pour les personnes qui se lèvent et qui chutent et que les familles nous demandent absolument de contenir ; mais nous
avons un problème avec ça, on explique…
En résumé les contentions étaient mises en place surtout pour des personnes avec des troubles cognitifs et qui se lèvent et chutent. Donc
c’étaient des contentions non négociées avec les personnes. Il y a aussi des aides techniques à la posture, des ceintures de positionnement,
mais ça nous n’en n’avons pas. Dans certains cas également, je peux avoir une famille qui me demande une ceinture pour la sortie, mais ça je
ne considère pas cela comme une contention, car la personne est d’accord et c’est pour sa sécurité. Avant, on avait également des contentions
pour la nuit avec les barrières de lit, mais maintenant on ne le fait plus. Ça a été un grand débat. Aujourd’hui une personne désorientée avec
des troubles cognitifs et qui se lève la nuit, on ne met plus de barrière.
Connaissez-vous les risques liés à l'utilisation d'une contention ?
Pas à 100% mais j’en connais un certain nombre. Ça a un impact important sur le comportement. Moi je considère que cela a un
impact sur la dignité des personnes. On dit parfois que les personnes ayant des troubles cognitifs ne peuvent pas comprendre mais leur
dignité est toujours là. Cela augmente les troubles du comportement, c’est très clair, je l’ai vécu, et je le vis encore avec une dame à qui on a
mis une tablette car son fils veut absolument qu’on la contienne ; il y a certains membres de l’équipe qui veulent la contenir, mais ça la met
dans un état de colère à chaque fois. Elle commence tout juste à apprivoiser sa tablette et elle considère que c’est sa tablette et si on vient
pour l’enlever elle dit « non, il ne faut pas l’enlever ». Je pense vraiment que cela a un impact sur les troubles du comportement. J’ai fait une
formation avec Fabrice Nouvel, qui a beaucoup travaillé sur la contention, qui a dit quelque chose dont je me rappelle toujours : « Si vous
voyiez vos enfants en crèche et qu’ils étaient attachés parce qu’ils bougent et qu’ils tombent, quelle serait votre réaction ? » Les personnes
âgées ne sont pas des enfants bien sûr, mais c’est un accueil collectif, une résidence, ils restent des êtres humains, même si on prend en
compte le fait que s’ils tombent les conséquences sont souvent plus graves. On accepte de contenir des personnes âgées et on n’accepte pas
de contenir les enfants. Cette comparaison nous amène à réfléchir. Il n’y a pas de solution magique.
Connaissez-vous les précautions à prendre lors de la mise en place d'une contention?
Quand on met en place une contention il faut mettre en place un programme pour faire une compensation. Une personne
contenue, il faut absolument, pendant la journée, qu’elle ait un accompagnement plus avancé, plus structuré, par exemple pour marcher. Si
c’est une personne qui se lève et qui chute, si on est obligé de contenir pendant une période où il n’y a pas de surveillance, cette personne
devrait bénéficier de plus d’heures de marche par exemple ou plus d’heures d’accompagnement au jardin. Il faut compenser, ça c’est dans la
réglementation mais c’est presque jamais fait ici. Et si la personne ne peut pas marcher c’est à dire si on n’est pas en capacité de l’aider à
marcher il faut des moments d’accompagnement sans la contention avec une personne. Ça c’est dans la réglementation. Après il faut aussi un
suivi minutieux sur tout ce qui concerne la contention, la manière dont elle est mise en place, une révision avec le médecin ; on essaye de le
faire dans les réunions cliniques ; je demande toujours s’il y a nécessité de mettre la contention. Il y a des contentions qui ont été enlevées,
mais il y en a que l’on n’arrive pas à enlever, mais si moi, techniquement parlant, je considère qu’il n’y a pas besoin de la conserver, parfois
les familles ne veulent pas. Et parfois cela vient de certains membres de l’équipe. On ne veut pas prendre de risques. Effectivement si un jour
tous les 6 mois cette personne veut essayer de se pencher même si on a mis en place un fauteuil confort bien adapté avec des aides techniques
à la posture. Voilà on essaye toujours de reposer la question de savoir si la contention est toujours nécessaire. Il faut une prescription
médicale qui n’est pas toujours là, mais on discute avec le médecin.
Quels sont les soignants qui participent à la discussion autour de la pose d'une contention pour un
patient/résident ?
C’est vraiment en équipe quand on a une réunion ; quand on a la réunion, parce que parfois les réunions sautent. On a un petit
problème par rapport aux réunions ici, mais on a une nouvelle cadre donc cela va peut être changer. On a une réunion tous les lundis par
étage c’est à dire qu’en fait on a une réunion tous les 3 mois. Il y a un fossé entre l’équipe médicale et l’équipe paramédicale. Ça change un
peu. On travaille très bien maintenant avec les infirmières mais on ne se réunit pas souvent. J’ai un problème aussi avec ma collègue
psychomotricienne. C’est très difficile d’expliquer ce qu’elle fait ; nous ça se voit, même si il y a une grande partie de notre travail qui n’est
pas visible. Que l’ergothérapeute s’occupe du matériel c’est quelque chose de visible. C’est quelque chose qui lui donne un peu une
XII
casquette. Pour la psychomotricienne c’est beaucoup plus difficile. Voilà, parfois c’est un peu difficile d’entrer dans l’équipe médicale, mais
on a fait beaucoup de travail depuis cinq ans. Quand on a une réunion, tout le monde donne son avis, les médecins, le cadre de santé, etc…
Parfois on veut aller à la facilité en mettant en place une contention. On parle souvent du risque zéro qui n’existe pas. Il y a beaucoup de
travail sur les représentations, sur la culpabilité des soignants, mais ce n’est pas de leur faute si la personne tombe. On me dit parfois « tu te
rends compte si la personne tombe quand je suis là ? ». Oui mais parfois on sait qu’elle va tomber. Et c’est vrai que le médecin, il est bien
pour ça, il dit parfois « oui, cette dame va tomber, c’est possible ». Elle nous aide à dédramatiser. Parfois, il arrive que l’on mette en place
une contention entre deux réunions, mais c’est discuté ensuite. Mais il y en a beaucoup moins qu’avant. Mais quand on met une personne et
qu’on bloque son fauteuil devant une table, c’est de la contention. Mais je comprends que c’est compliqué, quand elles sont dans les
chambres. Au sixième étage il y a un Monsieur qui risque toujours de se lever et de tomber. J’ai fait un essai avec un fauteuil manuel, parce
que là il est sur un fauteuil confort. Ma collègue m’a dit qu’il s’était levé et qu’il avait fait le transfert. Je me dis que peut être c’est la
solution de ne plus le mettre dans un fauteuil confort avec bascule et de le mettre dans un fauteuil manuel standard, que ça va faciliter le
transfert et peut être diminuer le risque qu’il tombe.
La question de la contention a-t-elle déjà générée des conflits au sein de l'équipe de soignant ? Si oui, pour
quelles raisons?
Oui, c’est arrivé. Par exemple lorsque les contentions ont été mise en place sans que ce soit demandé par le médecin, sans que ce
soit discuté avec l’équipe. C’est une question extrêmement sensible. Quand l’ergothérapeute parle on lui dit « Mais ce n’est pas toi qui est à
l’étage » et je comprends, je pense que si j’étais aide-soignante, j’hésiterais, j’aurais un peu plus peur. C’est plus facile pour l’ergothérapeute,
on est dans le conseil. Mais j’assume complètement ce que je dis dans ces cas là. J’assume de dire que les personnes peuvent chuter, on n’a
pas de risque zéro. Il faut tout faire pour que les personnes chutent moins, mais elles vont sans doute chuter.
C’est arrivé également dans le cas où la contention ne se justifiait pas. Par exemple pour des personnes avec beaucoup de troubles du
comportements engendrés par la contention. L’infirmière souhaitait la contenir car la personne essayait souvent de se lever et elle tombait.
Mais la personne ne supporterait jamais et la famille n’accepterait jamais qu’elle soit contenue.
Comment et à quelle fréquence les réévaluations sont-elles faites ?
Il n’y a pas une fréquence très claire chez nous, mais normalement c’est réglementé. Quand il y a une évolution dans la situation
de la personne, on repose la question. Ou bien quand les familles le demandent par exemple ou quand on a une réunion clinique (ça peut être
tous les 3 mois ou 6 mois). Mais au minimum une fois par an, c’est sûr.
Selon vous, quels types d'alternatives à la contention existent? Sont-elles envisagées avant la mise en place de
la contention?
Oui il y a des alternatives. Par exemple occuper la personne dans la journée. Donc augmenter la surveillance. Il faut plus de
personnes qui surveillent, ou mettre la personne à un endroit où il est facile de la surveiller, par exemple en face du poste de soins. Ou la faire
plus participer à des jeux, à des activités, pour faire en sorte que la personne soit occupée. On peut également faire un accompagnement de la
personne, un suivi. Parfois c’est un peu difficile de mettre ça en place car on a toujours la crainte que la personne se lève, parce que
finalement, ce sont des automatismes, c’est une réaction naturelle de se lever et de marcher. Il y a des personnes aussi dont on pensait
qu’elles étaient très désorientées, avec des troubles de compréhension, mais le fait de répéter souvent finissait par avoir un certain impact.
J’ai une expérience comparable avec une patiente au 4ème étage ; un jour elle est tombée et elle est allée à l’hôpital ; à son retour elle est
restée quelque temps en fauteuil roulant le temps qu’elle retrouve une marche plus stable. Cette dame a beaucoup de troubles de mémoire ;
elle oublie qu’elle ne doit pas se mettre debout, mais malgré cela, elle est consciente du risque de chute mais elle oublie que le fait de se lever
va la mettre en risque. Avec cette dame, la répétition a été efficace, et a pu progressivement rependre la marche avec un déambulateur. Mais
parfois elle oubliait son déambulateur alors on lui répétait qu’il fallait faire attention.
Dans le cas où on envisage une contention provisoire, comme dans le cas d’un retour d’hospitalisation, il y a plus d’alternatives possibles
comme la rééducation, le renforcement des séances de kinésithérapie, le travail sur la marche, sur la mobilité, l’équilibre.
L'avis de l'ergothérapeute est-il recherché avant la mise en place d'une contention chez un patient ?
L’ergothérapeute est naturellement impliquée car c’est elle qui fournit le matériel, elle est un point de passage obligé. Ensuite cela
dépend comment elle se positionne. S’il y a un bon esprit d’équipe et une confiance au sein de l’équipe, son avis est plus facilement sollicité.
Aujourd’hui je suis un peu moins présente sur l’EPHAD, et il y a beaucoup de choses dans lesquelles je suis moins impliquée, voire moins
consultée.
Les équipes ont compris comment je me positionne sur la contention donc elles me posent la question, mais pas au médecin. Je pense que
l’ergothérapeute a une vraie compétence sur la contention.
Selon vous, que peut apporter un ergothérapeute à l'équipe soignante lorsque la question de la contention se
pose ?
L’ergothérapeute permet de se re-questionner sur la contention, de discuter avec l’équipe soignante, de parler de la dignité, de dire
qu’il n’y a pas de risque zéro, de trouver des types de contentions un peu plus humaines comme la tablette que l’ont peut mettre pour manger
ou quand la personne est seule ou enlever quand elle n’est pas nécessaire ; il faut que cela ait un sens, pour lire le journal ou pour boire un
XIII
verre d’eau par exemple. Comme elle est un peu extérieure, l’ergothérapeute a un rôle d’information, de formation et de conseil sur l’intérêt
ou pas de la contention. En outre elle participe à la rééducation, et à la réadaptation quand c’est possible dans un EHPAD.
Comment la mise en place d'une contention est-elle expliquée au patient ?
L’évaluation de la situation est également quelque chose que l’ergothérapeute peut faire car elle est au carrefour des autres
métiers, elle est au contact avec tout le monde. Elle peut le faire en relation avec le médecin coordinateur.
Quand il y a des troubles cognitifs assez avancés, il faut essayer de trouver une raison ou un sens à la contention. Quand il n’y a pas de
possibilité de communication, il faut discuter avec la famille. Il faut toujours expliquer à la personne, même si on a l’impression qu’elle ne
comprend pas. Certaines personnes ont des problèmes de mémoire mais elles n’ont pas de problème de compréhension. On leur exp lique
pourquoi on met la tablette par exemple, si elles oublient, on leur réexplique. Si on bascule le fauteuil, on leur explique pourquoi. En résumé,
soit on leur explique pourquoi on soit on essaie de donner un sens à cette contention dans le quotidien de la personne, de trouver une raison
un peu détournée.
Comment interagissez vous avec les familles quand la pose d'une contention est envisagée chez une personne
?
Quand une contention doit être mise en place, les familles sont informées. On a même beaucoup de demandes qui viennent des
familles. Pour les barrières de lit par exemple, selon la réglementation c’est une contention mais c’est aussi une sécurité. Par exemple nous
avons une patiente qui est très agitée dans le lit, elle se retourne complètement, la barrière de lit l’empêche de tomber mais elle ne fait pas ces
mouvements de manière consciente et volontaire ; je ne pense pas que dans ce cas la barrière est perçue comme une limitation de la liberté.
Mais donc la contention est toujours discutée et rediscutée avec les familles, surtout si la demande vient de la famille ; parfois il y a des
discussions avec une famille qui veut mettre en place une contention, et on lui explique qu’on ne mettra pas de contention parce qu’on
considère que ce n’est pas nécessaire, que cela augmentera l’agitation et l’énervement de la personne.
Et les familles entendent ces arguments ?
Ça dépend, il y a des familles qui entendent et qui comprennent quand on leur dit que le risque zéro n’existe pas. On a l’exemple d’un patient
qui a la maladie de Parkinson avec des troubles cognitifs. C’est très compliqué dans ce cas, car ils disent qu’elle va se lever. Quand elle est
dans une période où elle peut marcher elle peut impressionner tout le monde, elle se lève et elle marche. Son fils veut toujours qu’elle ait une
tablette parce qu’il ne veut pas qu’elle prenne ce risque. C’est très compliqué qu’il accepte de voir sa mère sans tablette. J’ai un autre
exemple avec une dame qui a des troubles cognitifs et qui essayait de se lever. On ne voulait pas mettre en place une contention comme une
ceinture. On a mis en place un fauteuil confort à bascule, c’est une contention en quelque sorte, et quand il n’y avait pas de surveillance on
mettait une tablette. Si sa fille voyait sa mère sans tablette (elle n’était pas contente). Maintenant on n’en met plus. La dame n’essaye plus de
se lever mais sa fille veut toujours mettre une tablette. Sa maladie a progressé et elle n’a plus la capacité de décider de se lever, mais sa fille
veut toujours la tablette.
Echanges après l’entretien :
On essaye de comprendre pourquoi la personne se lève. Moi je pense que c’est un besoin humain. On travaille là dessus avec la
psychologue, pour comprendre à quel moment le patient veut se lever, est ce qu’il veut aller aux toilettes, est ce qu’on peut mettre en place
un planning, etc…
XIV
Annexe 8 – Retranscription de l’entretien
de monsieur J.
Dans quels cas la contention est-elle mise en place?
Ici, la mise en place de contentions physiques pour les personnes démentes, uniquement pour éviter l’agitation : quasiment jamais.
Nous n’avons pas de personnes qui sont démentes au point de mettre des contentions physiques. A ma connaissance j’ai très rarement vu des
contentions physiques.
Les seuls cas où nous en mettons, c’est pour éviter que les gens tombent du fauteuil c’est tout. Si, on met les barrières la nuit, c’est pour
éviter qu’ils tombent. Et encore, pour beaucoup de personnes on en met pas, on préfère mettre un matelas ou un sur-matelas au sol parce
qu’en général ils passent systématiquement au-dessus des barrières donc on préfère qu’ils tombent de moins haut possible. Donc c’est assez
rare, en dehors des contentions pour éviter de tomber du fauteuil et un peu du lit, nous n’en mettons jamais.
Connaissez-vous les risques liés à l'utilisation d'une contention ?
Des risques dermatologiques : cela peut entrainer des lésions au niveau des poignets. Sinon au niveau des contentions
abdominales, c’est ce qu’on met principalement, non il n’y a pas vraiment de risques. Moi je n’ai jamais vu de risques notoires, à moins
qu’elle arrive à passer une jambe dans la ceinture et éventuellement s’étrangler, c’est quand même très limité comme risque. Et pour les
contentions barrières, généralement on a des lits « Alzheimer » qui sont assez bas, et même si elle passe par dessus la barrière, elle ne tombe
plus de très haut. On met un matelas anti-chute à côté donc ça limite les risques.
Connaissez-vous les précautions à prendre lors de la mise en place d'une contention?
Est ce qu’il va la supporter ? Est ce qu’il n’a pas un vécu ? C’est vrai que nous avons des patients qui ont été prisonniers ou qui
ont été déportés, ce n’est pas toujours très bien vécu car ça peut leur rappeler leur passé. Donc on regarde un peu le passé et on regarde s’ils
n’ont pas eu d’histoires comme cela, mais sinon … non il n’y a pas de précautions particulières … sauf si bien sur, ils sont abimés au niveau
de la ceinture.
Quels sont les soignants qui participent à la discussion autour de la pose d'une contention pour un
patient/résident ?
C’est une constatation de chute, on en a parlé au médecin, et puis on en a discuté ensemble pour savoir si c’était nécessaire ou pas.
C’est le médecin qui décide de toute façon, on lui dit ce qu’il s’est passé, et si au bout de trois fois, il chute de son fauteuil, le médecin va
dire qu’on doit lui mettre une ceinture abdominale. On demande aux ergothérapeutes qu’elles nous donnent une ceinture, on regarde avec
elles la mieux adaptée : est ce que c’est une simple ceinture abdominale, ou une trois points, etc.
La question de la contention a-t-elle déjà générée des conflits au sein de l'équipe de soignant ? Si oui, pour
quelles raisons?
Oui parce que comme je vous le dis c’est des patients qui ont été déportés ou maltraités par les allemands, par exemple les
résistants, et donc ça pose la question de savoir si psychologiquement ça ne va pas être mal vécu, donc il y en a qui sont pour, d’autres qui
sont contre. Mais quand un patient chute cinq à six fois de son fauteuil ou de son lit, la question ne se pose plus, là c’est l’intégrité physique
qui compte. Mais bon, les contentions physiques dues à des agitations permanentes c’est très rare ici. Moi je n’en ai pas vu beaucoup en tout
cas. On ne met pas de contentions contraignantes qui bloquent complètement, ce sont des ceintures pour éviter qu’ils ne partent de leur
fauteuil, mais ils peuvent très bien se déplacer avec leur fauteuil. Pareil pour les barrières de lit, ils peuvent bouger dans leur lit, ils n’ont pas
les poignets maintenus. Les barrières de lit c’est pour les personnes qui sont agitées mais pas non plus très agitées, parce que si c’était le cas,
elles ne passeraient pas dessus la barrière, ce sont des patients qui vont bouger un peu dans le lit et qui vont tomber par accident. Donc on
met des barrières, mais si vraiment ils sont très agités on enlève les barrières et on met un matelas antichute. Et éventuellement aussi un
casque de rugby, ça évite qu’ils se tapent la tête.
Comment et à quelle fréquence les réévaluations sont-elles faites ?
Généralement quand on met une ceinture, s’ils restent au fauteuil c’est pour tout le temps. On ne va pas arrêter la ceinture tous les
trois ou quatre mois pour savoir s’il va retomber. Si on continue de le mettre au fauteuil on laisse la ceinture. On sait très bien qu’il
retombera. Donc il n’y a pas vraiment de réévaluations. Ils ne peuvent que se dégrader donc ils vont forcément chuter à un moment ou un
autre.
Selon vous, quels types d'alternatives à la contention existent? Sont-elles envisagées avant la mise en place de
la contention?
XV
L’alternative à la contention physique c’est la contention chimique pour les calmer. C’est les seules alternatives. Ou alors oui bon,
les kinésithérapeutes ou les psychomotriciens éventuellement, ils font des séances de travail, mais bon… avec des personnes qui ont des
problèmes cognitifs c’est quand même limité … Donc c’est surtout médicamenteux. Mais cela n’empêche pas que l’on mette aussi une
contention physique bien sûr.
L'avis de l'ergothérapeute est-il recherché avant la mise en place d'une contention chez un patient ?
On voit avec elles celle qui est le mieux adaptée, est-ce que c’est la deux, trois, quatre points. Souvent nous mettons des
contentions trois points (pelvienne). Parce qu’avec des contentions deux points ils passent en dessous généralement.
Selon vous, que peut apporter un ergothérapeute à l'équipe soignante lorsque la question de la contention se
pose ?
C’est elles qui adaptent la contention, c’est elles qui voient la longueur de la ceinture à mettre. Nous on fait la demande, et elles
gèrent l’adaptation au fauteuil. Après c’est une décision d’équipe, donc oui on en parle, généralement c’est nous qui demandons car nous
constatons que le patient chute, et le médecin au bout quatre ou cinq chutes il fait un « bon » à l’ergothérapeute et ces dernières viennent
nous voir et on discute après pour mettre la plus adaptée.
Comment la mise en place d'une contention est-elle expliquée au patient ?
S’il a toute sa tête, il comprend très bien que c’est parce qu’il est tombé et que c’est pour l’éviter de tomber. Bon il y a certaines
personnes qui la refusent, on a le cas avec une patiente et elle a toute sa tête donc elle a droit de refuser, donc tant pis …
Sinon, si c’est un patient qui n’a pas toute sa tête on ne lui explique pas, on lui met, et il comprend tout de suite. Il va peut être un peu forcer
sur la ceinture, mais bon ça ne sert à rien de passer trois ans à expliquer, il aura oublié au bout d’une heure ou dix minutes.
Comment interagissez vous avec les familles quand la pose d'une contention est envisagée chez une personne
? Elles comprennent bien que s’il chute régulièrement on est obligé de lui en mettre une. Nous n’avons pas envie qu’il se fasse une
fracture du crâne ou du col du fémur. Pour la famille ça ne pose pas de problème majeur en général.
(Est ce que vous les appelez avant de mettre en place la contention, ou quand vous les croisez dans les couloirs ?) S’ils viennent
régulièrement ils vont très bien voir. Ils vont voir le médecin qui leur explique pourquoi on a du mettre ça en place.
XVI
Annexe 9 – Retranscription de l’entretien
de madame G.
Dans quels cas la contention est-elle mise en place?
Alors déjà c’est avec le médecin, c’est en lien avec une prescription médicale, après ici on en a très peu, ça peut être à la demande
de la famille, ça peut être en concertation avec les soignants. Moi depuis que je suis ici je n’en ai pas vu mise en place. Parfois ça peut être
pour leur confort, on a par exemple une dame au 5e avec un fauteuil coquille, c’est aussi pour l’empêcher de tomber. Après on en a mis en
place pour des personnes qui se levaient mais qui se mettaient en danger, du coup il y avait des chutes à répétition, donc on n’a pas mis des
ceintures mais des tablettes. C’est une alternative on va dire.
C’est donc pour des patients qui ont des troubles du comportement, troubles cognitifs.
Surtout le matin, on avait fait des statistiques de chutes, on s’est rendus compte que c’était le matin pendant les toilettes, où les résidents sont
livrés à eux-mêmes, soit l’après-midi, où il n’y a qu’une personne sur deux dans les étages, l’autre est en pause. Donc ces « systèmes de
contentions » permettent un peu d’éviter ces chutes à répétition.
Connaissez-vous les risques liés à l'utilisation d'une contention ?
Cela peut être des risques mécaniques et psychologiques. Parce que de toute manière, il y en a qui arrive à l’enlever et à tomber
quand même, à se lever et à déambuler. Et psychologique parce que la personne ne comprend pas tellement pourquoi on lui met ça, surtout
les personnes qui ont des troubles cognitifs, qui sont dans des étages sécurisés, et du coup forcément ils vont recommencer même si on leur
explique. C’est assez infantilisant.
Connaissez-vous les précautions à prendre lors de la mise en place d'une contention?
Dans la mesure du possible, selon l’état de la personne, c’est de l’informer. Surtout que la famille soit au courant, et qu’on fasse
ça en coopération. Pour éviter que ce soit subit.
Il faut vraiment que le patient soit accompagné parce que ce n’est pas anodin comme mesure, c’est pour cela qu’ici on essaye, et
heureusement le médecin est aussi dans cette optique, de limiter cette décision.
Ensuite, pour que ça se passe bien, étudier avec l’ergothérapeute et avec toute l’équipe ce qui pourrait être le mieux adapté, et de trouver
d’autres alternatives avant d’en arriver là, c’est ce qu’on fait.
Puis réévaluer tout le temps, c’est à dire ne pas la laisser pendant dix ans si jamais ça n’a plus lieu d’être au bout d’un an, deux ans, si la
personne est beaucoup plus calme, ça ne sert à rien qu’elle ait une tablette.
Quels sont les soignants qui participent à la discussion autour de la pose d'une contention pour un
patient/résident ?
Ici les aides soignants souvent restent aux mêmes étages, du coup on fait des réunions cliniques une fois par mois, pour un étage.
Et donc tous les soignants de l’étage participent et donnent leur avis. Donc enfaite ceux sont les aides soignants qui sont référents des
personnes âgées mais pas qu’eux, c’est aussi tous ceux qui sont à l’étage qui s’en occupent. Il y a aussi la présence de la psychomotricienne,
de la psychologue, du médecin, de la cadre de santé, des infirmières, et l’ergothérapeute.
La question de la contention a-t-elle déjà générée des conflits au sein de l'équipe de soignant ? Si oui, pour
quelles raisons?
Cela génère plus des conflits au niveau des équipes parce que ça les embête de mettre des contentions, c’est quelque chose à
mettre en plus, que ça peut engendrer certaines réactions de la part des patients, que ça contraint la liberté de la personne aussi. Donc
effectivement, chacun exprime son avis, mais au final c’est le médecin qui a le dernier mot. Après bien sur on en parle et elle est ouverte à la
discussion. Mais souvent pour les soignants c’est pas qu’ils n’ont pas envie, mais c’est parce qu’ils ont « la flemme » de les mettre.
Ici on est bien doté en personnel, c’est quand même une chance. Ce que l’on fait quand on n’en met pas c’est qu’on bascule le fauteuil en
arrière quand ils sont seuls. La nuit on se pose la question, personne n’a de grenouillères ici, c’est une forme de contention aussi, et
clairement pour certaines personnes ça pourrait être une indication. Mais si on peut limiter un maximum c’est quand même préférable.
Comment et à quelle fréquence les réévaluations sont-elles faites ?
Lors des réunions cliniques, ou, quand elles sont trop espacées, comme on a des visites tous les jours avec le médecin sauf le
mercredi quand on passe à l’étage concerné, ça peut être une demande du soignant, même de nous. Quelqu’un pourra se dire « tiens il
faudrait peut être en parler au médecin » et dans ce cas là on fait une transmission. Cela peut aussi être une demande de la famille. C’est
vraiment variable enfaite.
XVII
Selon vous, quels types d'alternatives à la contention existent? Sont-elles envisagées avant la mise en place de
la contention?
On peut basculer le fauteuil en arrière. Sinon la présence tout simplement, il y a beaucoup d’animations ici. Il y a pas mal aussi de
présence de famille, donc c’est vrai qu’un entourage pour que la personne ne soit pas livrée à elle même, ça suffit à ce qu’elle ne soit pas
agitée. Sinon cela peut être de les caler avec les tables, ou alors les mettre dans un fauteuil confort bien adapté. On n’a pas d’espace
particulier comme snoezelen qui puisse les contenir.
L'avis de l'ergothérapeute est-il recherché avant la mise en place d'une contention chez un patient ?
Oui pendant la réunion.
Selon vous, que peut apporter un ergothérapeute à l'équipe soignante lorsque la question de la contention se
pose ?
Son avis et voir si, en fonction de son corps de métier, elle trouve que c’est adapté pour cette personne. Et si elle a des alternatives à
proposer.
Comment la mise en place d'une contention est-elle expliquée au patient ?
Ça dépend quel type de patient, s’il est dément ou pas.
Souvent ceux qui en ont sont des personnes qui n’ont pas toute leur tête. Soit on passe plutôt par les familles, mais on va quand même leur
expliquer : s’ils posent des questions, s’ils ont envie de l’enlever, on leur dit pourquoi c’est important, parce qu’avant soit ils sont tombés,
soit ils ont eu une fracture, qu’ils se mettent en danger. Mais bon souvent une heure après ça recommence…
Comment interagissez vous avec les familles quand la pose d'une contention est envisagée chez une personne
?
Cela dépend si la famille est présente aussi, mais ils sont au courant. Après bien sur, s’ils sont vraiment opposés on n’a pas trop le
choix, ils peuvent faire une dérogation. Mais soit le médecin va les appeler, soit quand ils passent on leur dit, on les met au courant. Après
c’est au cas par cas.
XVIII
Annexe 10 – Tableau d’analyse des données
Les tableaux ci-dessous sont à lire ligne par ligne. Chaque lettre faisant référence au thème de la même lettre.
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
1. Dans quels cas la
contention est-elle mise en
place?
Thème : Profils de patients.
- A) Personnes qui glissent du
fauteuil.
- B) Personnes ayant des
troubles cognitifs, qui se lèvent
et chutent.
- C) Personnes qui tombent de
leur lit.
- A) " les personnes qui ont tendance à
glisser au fauteuil, et en général, c'est
qu'il y a déjà un contexte de chute (…)"
- B) "ce sont des gens qui ont encore la
capacité de se lever et de déambuler
mais avec un risque de chute tellement
important que les équipes font la
demande d'une mise en place d'une
contention physique"
- B) "Les contentions étaient mises en
place surtout pour des personnes avec des
troubles cognitifs et qui se lèvent et
chutent"
- "A ma connaissance, j'ai très
rarement vu des contentions
physiques"
- A) "Les seuls cas où nous en
mettons, c'est pour éviter que les
gens tombent de leur fauteuil"
- C) "Si on met les barrières la
nuit, c’est pour éviter qu’ils
tombent. Et encore, pour
beaucoup de personnes on n'en
met pas (...)"
- A) "(…) c'est aussi pour
l'empêcher de tomber (…)"
- B) "on en a mis en place pour
des personnes qui se levaient
mais qui se mettaient en danger,
du coup il y avait des chutes à
répétition (...)"
2. Connaissez-vous les
risques liés à l'utilisation
d'une contention ?
Thème : Les risques liés à la
contention.
- A) La perte d'autonomie
- B) Les blessures liées à la
contention
- C) Les limites de la
contention
- D) Les atteintes
psychologiques
- E) Les troubles du
comportement
- A) "Spontanément je dirai déjà tout ce
qui est risque de perte d'autonomie;
perte de la capacité à se mettre debout
seul, à effectuer les transferts et à
pouvoir se déplacer seul."
- B) "une partie des contentions qu'on
utilise, ce sont des contentions pelviennes
avec une sangle au niveau abdominal et
je pense qu'une personne agitée peut se
faire mal au niveau abdominal si la
contention est mal mise ou si la personne
est trop agitée"
- C) "Il y a des patients qui essayent de
se lever alors qu'ils ont la contention
donc c'est encore plus dangereux"
- D) "C'est aussi une perte d'estime de
soi car cela porte bien son nom
"contention" donc cela renvoie à la
restriction de liberté et (...) (E) donc
déclencher, voire aggraver, les troubles
du comportement, les troubles
psychoaffectifs qui peuvent être déjà
présents"
- D) "Moi je considère que cela a un
impact sur la dignité de des personnes.
On dit parfois que les personnes ayant
des troubles cognitifs ne peuvent pas
comprendre mais leur dignité est toujours
là"
- E) "Cela augmente les troubles du
comportement, c'est très clair, je l'ai vécu
et je le vis encore avec une dame à qui on
a mis une tablette car son fils veut
absolument qu’on la contienne ; il y a
certains membres de l’équipe qui veulent
la contenir, mais ça la met dans un état de
colère à chaque fois."
- B) "Cela peut entrainer des
lésions au niveau des poignets"
- B) "Moi je n’ai jamais vu de
risques notoires, à moins qu’elle
arrive à passer une jambe dans la
ceinture et éventuellement
s’étrangler, c’est quand même
très limité comme risque"
- C) "Et pour les contentions
barrières, généralement on a des
lits « Alzheimer » qui sont assez
bas, et même si elle passe par
dessus la barrière, elle ne tombe
plus de très haut"
- C) "Parce que de toute manière,
il y en a qui arrive à l’enlever et à
tomber quand même, à se lever et
à déambuler"
- D) "Et psychologique parce que
la personne ne comprend pas
tellement pourquoi on lui met ça,
surtout les personnes qui ont des
troubles cognitifs (...)"
- D) "C’est assez infantilisant"
XIX
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
3. Connaissez-vous les
précautions à prendre lors
de la mise en place d'une
contention?
Thème : Les précautions à
prendre.
- A) Présence d'une
prescription médicale
- B) Information à la famille et
au patient
- C) Compensation de la
contention
- D) Suivi de la contention
- E) Prise en compte du passé
de la personne
- F) Essais d'alternative
- A) "Nous, la première étape c’est de
rappeler un peu le cadre de la mise en
place d’une contention, c’est à dire que
cela doit faire l’objet d’une prescription
médicale"
- B) "Alors quelles sont les précautions
… j’imagine, informer le patient et sa
famille par exemple ?"
- A) "Il faut une prescription médicale
qui n’est pas toujours là, mais on discute
avec le médecin"
- C) "Quand on met en place une
contention il faut mettre en place un
programme pour faire une
compensation. Une personne contenue,
il faut absolument, pendant la journée,
qu’elle ait un accompagnement plus
avancé, plus structuré"
- C) "Si on est obligé de contenir
pendant une période où il n’y a pas de
surveillance, cette personne devrait
bénéficier de plus d’heures de marche
par exemple ou plus d’heures
d’accompagnement au jardin"
- C) "Il faut compenser, ça c’est dans la
réglementation mais c’est presque
jamais fait ici"
- C) "Et si la personne ne peut pas
marcher c’est à dire si on n’est pas en
capacité de l’aider à marcher il faut des
moments d’accompagnement sans la
contention avec une personne"
- D) "il faut aussi un suivi minutieux sur
tout ce qui concerne la contention, la
manière dont elle est mise en place, une
révision avec le médecin ; on essaye de
le faire dans les réunions cliniques ; je
demande toujours s’il y a nécessité de
mettre la contention"
- E) "Est ce qu’il va la supporter ?
Est ce qu’il n’a pas un vécu ?
C’est vrai que nous avons des
patients qui ont été prisonniers ou
qui ont été déportés, ce n’est pas
toujours très bien vécu car ça peut
leur rappeler leur passé"
- "Mais sinon … non il n’y a pas
de précautions particulières …"
- B) "Dans la mesure du possible,
selon l’état de la personne, c’est
de l’informer. Surtout que la
famille soit au courant, et qu’on
fasse ça en coopération"
- C) "Il faut vraiment que le
patient soit accompagné parce que
ce n’est pas anodin comme
mesure"
- D) "Puis réévaluer tout le temps,
c’est à dire ne pas la laisser
pendant dix ans si jamais ça n’a
plus lieu d’être au bout d’un an,
deux ans, si la personne est
beaucoup plus calme"
- F) "trouver d’autres alternatives
avant d’en arriver là"
XX
Questions Thème Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. Infirmière
4. Quels sont les soignants
qui participent à la
discussion autour de la pose
d'une contention pour un
patient/résident ?
Thème : Professionnels à
l'origine de la contention.
- A) Notion d'équipe
- B) Ecart entre les médicaux
et paramédicaux
- C) Rôle du médecin
- D) Absence de concertation
- B) "mais souvent c’est l’équipe
paramédicale contre l’équipe soignante :
nous on va être plutôt dans la recherche
d’alternatives avant la mise en place de
contention"
- C) "le médecin est forcément dans la
boucle parce que même s’il n’y est pas
au départ, nous on repose le cadre pour
la nécessité d’une prescription médicale"
- D) "il n’y a pas vraiment cette
concertation pluridisciplinaire parce que
c’est plus une discussion de couloir et
une demande qui se fait en urgence et qui
du coup ne permet pas vraiment cet
échange"
Informations complémentaires *
- A) "Je dirai que de manière tout à fait
théorique, une concertation
pluridisciplinaire et d’équipe serait
idéale "
- C) "l’équipe nous sollicite, nous on va
voir le médecin, en général il dit « ok,
allez y » sans se poser plus de questions,
et nous on agit"
- D) "En général, ce sont les soignants :
les aides soignants, les infirmiers, qui
demandent la mise en place d’une
contention parce que ils trouvent que les
risques de chutes deviennent trop
importants ou que l’agitation du patient
est telle que ce n’est plus gérable par
eux"
- D) "en général, ils nous demandent
directement la mise en place de la
contention, sans passer par le médecin"
- A) "C’est vraiment en équipe quand on
a une réunion"
- A) "Quand on a une réunion, tout le
monde donne son avis, les médecins, le
cadre de santé, etc…"
- A) "il arrive que l’on mette en place
une contention entre deux réunions,
mais c’est discuté ensuite"
- B) "Il y a un fossé entre l’équipe
médicale et l’équipe paramédicale"
- B) "J’ai un problème aussi avec ma
collègue psychomotricienne. C’est très
difficile d’expliquer ce qu’elle fait ; nous
ça se voit, même si il y a une grande
partie de notre travail qui n’est pas
visible"
- B) "parfois c’est un peu difficile
d’entrer dans l’équipe médicale, mais on
a fait beaucoup de travail depuis cinq
ans"
- C) "c’est vrai que le médecin, il est
bien pour ça, il dit parfois « oui, cette
dame va tomber, c’est possible ». Elle
nous aide à dédramatiser"
- A) "on en a parlé au médecin, et
puis on en a discuté ensemble
pour savoir si c’était nécessaire
ou pas"
- C) "C’est le médecin qui décide
de toute façon"
- A) "on fait des réunions
cliniques une fois par mois, pour
un étage. Et donc tous les
soignants de l’étage participent et
donnent leur avis"
Informations complémentaires *
- C) "heureusement le médecin est
aussi dans cette optique, de limiter
cette décision"
* Propos tenus en dehors du cadre de la question.
XXI
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
5. La question de la
contention a-t-elle déjà
générée des conflits au sein
de l'équipe de soignant ? Si
oui, pour quelles raisons?
Thème : Regards des
soignants sur la contention
physique.
- A) Notion de facilité
- B) Peur de la chute
- C) Culpabilité
- D) Charge supplémentaire
- E) Restriction de liberté
- F) Impact psychologique
- A) "l’équipe n’a pas forcément le temps
de passer régulièrement pour
accompagner le patient aux toilettes du
coup le patient se lève tout seul et chute,
et la solution c’est de mettre en place une
contention"
- B) "Quand l’ergothérapeute parle on
lui dit « Mais ce n’est pas toi qui est à
l’étage » et je comprends, je pense que si
j’étais aide-soignante, j’hésiterais,
j’aurais un peu plus peur"
- B) "J’assume de dire que les personnes
peuvent chuter, on n’a pas de risque
zéro. Il faut tout faire pour que les
personnes chutent moins, mais elles vont
sans doute chuter"
Informations complémentaires *
- A) "Parfois on veut aller à la facilité
en mettant en place une contention"
- B) "Les infirmières n’étaient pas
toujours là et elles avaient peur que les
personnes se lèvent et chutent"
- B) "On ne veut pas prendre de risques"
- B) "On parle souvent du risque zéro
qui n’existe pas"
- C) "Il y a beaucoup de travail sur les
représentations, sur la culpabilité des
soignants, mais ce n’est pas de leur
faute si la personne tombe. On me dit
parfois « tu te rends compte si la
personne tombe quand je suis là ? »"
- F) "des patients qui ont été
déportés ou maltraités par les
allemands, par exemple les
résistants, et donc ça pose la
question de savoir si
psychologiquement ça ne va pas
être mal vécu"
- "Mais quand un patient chute
cinq à six fois de son fauteuil ou
de son lit, la question ne se pose
plus, là c’est l’intégrité physique
qui compte"
- D) "Cela génère plus des conflits
au niveau des équipes parce que
ça les embête de mettre des
contentions, c’est quelque chose à
mettre en plus"
- D) "Mais souvent pour les
soignants c’est pas qu’ils n’ont
pas envie, mais c’est parce qu’ils
ont « la flemme » de les mettre"
- E) "ça contraint la liberté de la
personne "
6. Comment et à quelle
fréquence les réévaluations
sont-elles faites ?
Thème : Les réévaluations.
- A) Fréquence
- B) Circonstances de la
réévaluation
- A) "Il n’y a pas de réévaluation, et il
n’y a pas de re-prescription d’ailleurs"
- A) "Il n’y a pas une fréquence très
claire chez nous"
- A) "Mais au minimum une fois par an,
c’est sûr"
- B) "Quand il y a une évolution dans la
situation de la personne, on repose la
question. Ou bien quand les familles le
demandent par exemple ou quand on a
une réunion clinique"
- A) "On ne va pas arrêter la
ceinture tous les trois ou quatre
mois pour savoir s’il va retomber"
- A) "il n’y a pas vraiment de
réévaluations"
- A) "Ils ne peuvent que se
dégrader donc ils vont forcément
chuter à un moment ou un autre"
- A) "Lors des réunions cliniques,
ou, quand elles sont trop espacées,
comme on a des visites tous les
jours avec le médecin sauf le
mercredi quand on passe à l’étage
concerné, ça peut être une
demande du soignant"
- B) "Cela peut aussi être une
demande de la famille"
* Propos tenus en dehors du cadre de la question.
XXII
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
6. Selon vous, quels types
d'alternatives à la contention
existent? Sont-elles
envisagées avant la mise en
place de la contention?
Thème : Les alternatives.
- A) Outils dissuasifs
- B) Positionnement
- C) Evaluation des
capacités
- D) Présence humaine +
travail d'équipe
- E) Occupation
- F) Sensibilisation du
patient
- G) Contention chimique
- H) Snoezelen
- A) "on essaye de mettre par exemple la table
devant le fauteuil de la personne pour tenter de
rappeler à la personne de ne pas se lever seule"
- A) "mettre en place une affiche « ne vous levez
pas seul, appelez » (…) Ça c’est pour les gens qui
ont encore une capacité, même minime, de
raisonner"
- B) "d’utiliser la bascule du fauteuil s’il y a, ou
alors on essaie d’utiliser, cela peut aller dans les
deux cas, des ceintures qui ont une boucle à
l’avant"
- C) "qu’il faut une réelle réévaluation, aussi bien
par le kinésithérapeute, qu’il donne vraiment son
point de vue sur l’attitude de la personne aux
transferts assis-debout et aux déplacements seuls
(…) si on peut le conserver le plus longtemps
possible, c’est préférable à la contention"
- D) "Evidemment bien veiller à ce qu’elle ait la
sonnette sous la main pour sonner si elle a besoin.
Et forcément, l’alternative c’est qu’il y ait une
réponse rapide à la personne"
- D) "ça nécessite de s’interroger, et de faire un
vrai travail en équipe, d’organisation, avec des
passages avec une vigilance accrue pour ces
patients là, et des passages plus fréquents de
l’équipe pour accompagner la personne dans ses
déplacements. Donc oui je pense que ça aussi c’est
une alternative : travail d’équipe !"
Informations complémentaires *
- "On essaye parfois de proposer des alternatives
pour repousser la mise en place de la contention,
mais qui ne sont généralement pas bien perçues
par les équipes parce que c’est forcément des
alternatives qui vont demander plus d’attention, de
temps ou d’efforts de la part des soignants"
- D) "Donc augmenter la
surveillance. Il faut plus de
personnes qui surveillent, ou mettre
la personne à un endroit où il est
facile de la surveiller"
- D) "faire un accompagnement de
la personne, un suivi"
- E) "occuper la personne dans la
journée"
- E) "la faire plus participer à des
jeux, à des activités, pour faire en
sorte que la personne soit occupée"
- F) "Il y a des personnes aussi dont
on pensait qu’elles étaient très
désorientées, avec des troubles de
compréhension, mais le fait de
répéter souvent finissait par avoir
un certain impact"
- F) "Avec cette dame, la répétition
a été efficace"
- C) "les kinésithérapeutes ou les
psychomotriciens éventuellement,
ils font des séances de travail,
mais bon… avec des personnes
qui ont des problèmes cognitifs
c’est quand même limité …"
- G) "L’alternative à la contention
physique c’est la contention
chimique pour les calmer"
- A) "cela peut être de les caler
avec les tables"
- B) "les mettre dans un fauteuil
confort bien adapté"
- B) "On peut basculer le fauteuil
en arrière"
- D) "Sinon la présence tout
simplement"
- D) "Il y a pas mal aussi de
présence de famille, donc c’est
vrai qu’un entourage pour que la
personne ne soit pas livrée à elle
même, ça suffit à ce qu’elle ne soit
pas agitée"
- E) "il y a beaucoup d’animations
ici"
- H) "On n’a pas d’espace
particulier comme snoezelen qui
puisse les contenir"
* Propos tenus en dehors du cadre de la question.
XXIII
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
7. L'avis de l'ergothérapeute est-il
recherché avant la mise en place
d'une contention chez un patient ?
Thème : Rôle de l'ergothérapeute.
- A) Fournir les contentions + les
adapter
- B) Faire le lien entre les
différentes personnes de l'équipe
- C) Proposer des alternatives
- D) Sensibiliser sur la contention
- E) Rôle qui dépend de son
intégration dans l'équipe
- F) Rôle dans la rééducation et la
réadaptation
- A) "c’est nous qui les détenons et
qui les donnons dans les services"
- B) "c’est vraiment nous qui faisons
le lien entre les différents
professionnels : l ‘équipe plutôt
paramédicale et l’équipe plutôt
soignante. On est souvent le relai des
informations"
- B) "Je pense qu’on pourrait
vraiment avoir ce rôle d’amorcer la
réflexion pluridisciplinaire lorsqu’il
y a mise en place d’une contention"
- C) "apporter notre regard de
professionnels sur les alternatives
qui peuvent être proposées"
- C) "je pense qu’il faut aussi qu’on
ait cette démarche de rappeler tout
ce qu’une contention implique pour
aller vers une réflexion commune sur
les alternatives… et puis évidemment
proposer des alternatives !"
- D) "on peut aussi rappeler par
notre regard, on est quand même des
professionnels qui veillent au
maintien de l’indépendance et de
l’autonomie des personnes et aussi
de leur intégrité morale"
- D) "en rappelant à l’équipe
soignante tout ce que ça implique
une contention, je pense qu’on peut
plus facilement avoir ce recul"
- A) "L’ergothérapeute est
naturellement impliquée car c’est elle
qui fournit le matériel, elle est un point
de passage obligé"
- D) "L’ergothérapeute permet de se re-
questionner sur la contention, de
discuter avec l’équipe soignante, de
parler de la dignité, de dire qu’il n’y a
pas de risque zéro, (A) de trouver des
types de contentions un peu plus
humaines comme la tablette (…) il faut
que cela ait un sens"
- D) "l’ergothérapeute a un rôle
d’information, de formation et de
conseil sur l’intérêt ou pas de la
contention"
- E) "S’il y a un bon esprit d’équipe et
une confiance au sein de l’équipe, son
avis est plus facilement sollicité"
- F) "elle participe à la rééducation, et
à la réadaptation quand c’est possible
dans un EHPAD"
Informations complémentaires *
- C) "Je me dis que peut être c’est la
solution de ne plus le mettre dans un
fauteuil confort avec bascule et de le
mettre dans un fauteuil manuel
standard, que ça va faciliter le transfert
et peut être diminuer le risque qu’il
tombe"
- D) "Au fur et à mesure, en discutant
beaucoup avec les équipes, et avec
l’appui du médecin, on a beaucoup
réduit le nombre de contentions"
- A) "C’est elles qui adaptent
la contention"
- A) "voir si, en fonction de son
corps de métier, elle trouve que
c’est adapté pour cette personne"
- C) "si elle a des alternatives à
proposer"
8. Selon vous, que peut apporter
un ergothérapeute à l'équipe
soignante lorsque la question de la
contention se pose ?
* Propos tenus en dehors du cadre de la question.
XXIV
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière