1 UFR SEGMI Département d’Économie Année 2016-2017 L2 – Introduction à la politique macroéconomique Travaux Dirigés – Document No 2 : Analyse empirique des politiques macroéconomiques dans une économie de long terme Professeurs de CM : Mme. Caroline Coudrat Mme. Agnès Labye Chargés de TD : Mme. Ndèye Penda Sokhna M. Victor Court Mme. Lesly Cassin
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UFR SEGMI Département d’Économie
Année 2016-2017
L2 – Introduction à la politique macroéconomique
Travaux Dirigés – Document No 2 :
Analyse empirique des politiques macroéconomiques dans une
économie de long terme
Professeurs de CM :
Mme. Caroline Coudrat
Mme. Agnès Labye
Chargés de TD :
Mme. Ndèye Penda Sokhna
M. Victor Court
Mme. Lesly Cassin
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Introduction
L’objet de ce document est d’analyser empiriquement les politiques
macroéconomiques (politiques de l’emploi, monétaire et budgétaire) dans le cadre d’une
économie de long terme.
Pour mener à bien ce travail, il convient de maîtriser parfaitement le modèle théorique
de référence issu de la théorie de l’équilibre général qui est traité en cours et n’est pas repris
en séance de TD.
Dans ce document, il s’agit de confronter la réalité aux enseignements du modèle :
Dans quelle mesure et en quoi les expériences de politique économique (emploi,
budget, monnaie) s’inspirent-elles du modèle de référence du fonctionnement de l’économie
de long terme ? Ces politiques sont- elles efficaces pour combattre les déséquilibres en
termes d’inflation et de chômage ?
Ces questionnements s’appuient sur une analyse comparative du fonctionnement de
l’économie à court terme (modèle IS-LM) et à long terme (modèle issu de la théorie de
l’équilibre général).
Plan du document
1. Exercice d’application du modèle de référence de la théorie de l’équilibre général 3
2. Analyse empirique des politiques de l’emploi 4
2.1 Le marché du travail en Europe : une vue d’ensemble 4
2.2 Les réformes du marché du travail en Europe 5
2.3 L’impact d’une variation du SMIC 8
2.4 Immigration, qualifications et marché du travail 10
2.5 La réduction de la durée du travail 12
3. Analyse empirique de la politique monétaire de la zone euro 17
4. Analyse empirique de la politique budgétaire de la zone euro 25
3
1. Exercice d’application du modèle de référence de la théorie de l’équilibre
général
Q1. La technique de production du bien unique de l’économie est décrite par la fonction
suivante, avec 𝑁𝑑 le travail demandé par les entreprises et 𝑄 la quantité produite:
𝑄 =20
3 𝑁𝑑
0.6 (1)
Où 𝑁𝑑 est le travail demandé par les entreprises et 𝑄 est la quantité produite. Déterminer la
courbe de la demande de travail correspondant à la maximisation du profit de l’entrepreneur
unique.
Q2. On suppose que la courbe d’offre de travail est donnée par :
𝑁𝑠 = 0.125 (𝑤
𝑝)
1.5
, (2)
où 𝑤 désigne le salaire nominal et 𝑝 l’indice général des prix. Déterminer le salaire réel
d’équilibre ainsi que les niveaux d’équilibre de l’emploi et de la production.
Q3. La consommation réelle 𝐶 dépend de la production 𝑄 et du taux d’intérêt réel 𝑟 :
𝐶 = 3
4 𝑄 − 3𝑟. (3)
Tandis que l’investissement réel 𝐼 est donné par :
𝐼 = 2
3+
3
4 Π − 2𝑟, (4)
où Π représente le profit réel, égal à la différence entre la production et la masse des salaires
réels. Déterminer le taux d’intérêt réel d’équilibre 𝑟∗.
Q4. Les agents économiques demandent une quantité réelle de monnaie en fonction de la
valeur réelle du revenu. La fonction de demande nominale de monnaie est :
𝑀𝑑 = 1
10 𝑝𝑄. (5)
En supposant que la quantité nominale de monnaie est exogène et fixée à 𝑀 = 2, à quel
niveau d’équilibre s’établissent le prix nominal du bien 𝑝∗ et le salaire nominal 𝑤∗ ? Quelles
seraient les conséquences sur l’équilibre de l’économie si la quantité de monnaie avait une
valeur double ?
4
2. Analyse empirique des politiques de l’emploi
Le marché du travail est au centre de l’analyse dans le modèle néo-classique dans la
mesure où l’Offre Globale guide le fonctionnement de l’économie à long terme.
Les évolutions du taux de chômage et du coût de la main-d’œuvre en Europe
conduisent à réformer le fonctionnement du marché du travail. En vous appuyant sur les
développements théoriques présentés en cours et non repris en TD, vous analyserez ces
réformes à partir des illustrations sélectionnées.
2.1 Le marché du travail en Europe : une vue d’ensemble
Questions sur graphiques :
Q1. Commenter le graphique ci-dessous en faisant le lien avec l’actualité (chocs, crises, etc.)
Q2. Quelles ont été les variations du coût du travail entre 2013 et 2016. Compte-tenu de l’état
du marché du travail, ces variations sont-elles cohérentes avec la théorie néo-classique ?
Source : Banque de France.
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(a) En plus des salaires bruts des employés, les coûts totaux de la main-d’œuvre incluent les coûts indirects tels
que les cotisations sociales à la charge des employeurs et les impôts liés à l’emploi.
b) Ensemble de l’économie excluant l’agriculture, la pêche et le secteur public
(c) Données brutes
Source : Banque de France. Zone euro, Principaux indicateurs économiques et financiers. Septembre
2016, p.19.
2.2 Les réformes du marché du travail en Europe
Questions :
Q1. Décrire brièvement les effets de la crise sur le marché de l’emploi, et ses conséquences en
termes de réformes ?
Q2. Dans quelles théories économiques s’inscrivent les réformes mises en place dans la
plupart des pays européens ? En quoi ces mesures diffèrent-elles des politiques en place avant
la crise ?
Texte : Conseil d’orientation pour l’emploi. Les réformes du marché du travail en Europe.
Rapport de synthèse, Novembre 2015.
Les effets de la crise sur l’emploi et le chômage
C’est dans un contexte de mutation accélérée des marchés du travail européens qu’est
intervenue en 2008 la « grande récession ». Cette crise, par son ampleur, par sa durée, par
ses multiples dimensions (crise financière, crise économique, crise des finances publiques), a
eu un impact majeur sur les marchés du travail européens, impact qui est encore bien
présent : le déficit d’emplois lié à la crise est encore loin d’être résorbé. Le taux de chômage
tant de l’Union européenne que de la zone euro, bien qu’en recul depuis le pic de 2013, reste
bien supérieur à son niveau de 2007. (…)
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La crise a exacerbé les déséquilibres sur les marchés du travail
Les pays européens sont entrés dans la crise avec des marchés du travail dans des
états sensiblement différents. La crise n’a fait le plus souvent qu’exacerber les déséquilibres
déjà existants. Elle a aussi cristallisé des défis communs.
Des enjeux communs à presque tous les pays :
- le chômage des jeunes et l’augmentation de la part des jeunes qui ne sont ni en
emploi, ni en scolarité, ni en formation : elle atteint 16,6 % en 2014, soit plus de 2
points de plus qu’en 2007 ;
- la progression du chômage de longue durée : le nombre de demandeurs d’emploi de
plus d’un an a doublé entre 2007 et 2014.
Des questions souvent plus spécifiques :
- la place du temps partiel subi, en hausse rapide dans plusieurs pays (Espagne, Irlande,
Italie) ;
- un risque accru de dualismes des marchés du travail avec une transition plus lente de
l’emploi temporaire vers l’emploi permanent, le maintien ou l’essor de certaines
formes d’emplois atypiques, qu’elles soient salariés comme les « mini jobs » en
Allemagne ou les « Zero hour contracts » au Royaume-Uni ou non-salariés, comme
les « recibos verdes » au Portugal ou les « para subordini » en Italie, le travail
informel ;
- un taux d’activité qui évolue désormais différemment selon les pays ;
- des difficultés d’adéquation entre offre et demande de travail, du fait notamment
d’une adaptation parfois insuffisante des qualifications aux changements
technologiques et aux évolutions sectorielles de l’économie.
Avec la crise, des réformes beaucoup plus nombreuses
En se fondant sur les bases de données existantes (notamment celles de la
Commission européenne et du Bureau international du travail), le Conseil [d’orientation pour
l’emploi] a procédé à une première analyse de nature quantitative des réformes effectuées en
Europe.
De par leur importance pour le fonctionnement de l’économie, leur rôle dans la vie
sociale et du fait de l’ampleur des évolutions qui les touchent en permanence, les marchés du
travail font continuellement l’objet de réformes pour assurer leur adaptation et améliorer leur
efficacité. Il apparaît cependant que le nombre de réformes relatives au marché du travail, qui
avait déjà sensiblement augmenté depuis le milieu des années 1990, s’est accru très
nettement à partir de 2008.
Cette tendance générale masque toutefois des disparités selon les pays et domaines
concernés. Les réformes ont ainsi été les plus nombreuses dans les pays du Sud de l’Europe,
notamment en matière de protection de l’emploi et d’assurance chômage, ces pays étant ceux
qui connaissaient les plus forts déséquilibres dans le fonctionnement de leur marché du
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travail et de leur économie. A l’inverse, les pays ayant les moins réformé depuis 2008 sont
aussi ceux qui avaient mis en œuvre des réformes de grande ampleur avant la crise.
Avec la crise, un nouveau contexte pour l’initiative et la conduite des réformes a vu le jour
marqué par le poids des pressions extérieures (Commission européenne, BCE, FMI) et une
moindre place pour le dialogue social.
Les réformes s’inscrivent souvent dans des processus plus larges. Elles ont fréquemment pris
la forme de « paquets » de mesures couvrant, dans une même temporalité, les principaux
domaines du fonctionnement du marché du travail (contrats de travail, négociation collective,
diminution du coût du travail, politiques actives) et s’inscrivant parfois dans le cadre d’un
processus de réformes dépassant le seul marché du travail et cherchant à redynamiser
l’ensemble du système économique, pour favoriser la croissance et une croissance riche en
emplois.
Les réformes du marché du travail ont suivi plusieurs grandes tendances :
Une tendance générale à l’assouplissement du droit concernant les contrats de travail,
marquée pour les emplois permanents, moins nette pour les emplois temporaires ou
atypiques ;
Une décentralisation de la négociation collective et un assouplissement des
mécanismes de flexibilité interne ;
Une recherche de modération salariale et de baisse du coût du travail, la mise en place
ou une refonte récentes du salaire minimum national dans certains pays ;
Des régimes d’assurance chômage et d’assistance plus incitatifs au retour à l’emploi
et souvent accessibles à un plus grand nombre ;
Un accent mis sur les gains d’efficacité au sein des services publics de l’emploi et la
dynamisation des politiques actives du marché du travail
Remarque : La lecture de l’ouvrage Perspectives de l’emploi 2013 publié par
l’OCDE et notamment son chapitre 2 « Protéger l'emploi, renforcer la flexibilité : un
nouveau regard sur la législation sur la protection de l'emploi » donne un éclairage sur la
protection de l’emploi actuellement en vigueur dans les pays de l’OCDE et certaines
économies émergentes (dont l’ensemble des pays du G20). Ce chapitre décrit également
différents modèles de protection de l’emploi rencontrés dans les pays de l’OCDE. Enfin, il
montre que ces cinq dernières années ont été marquées par une tendance évidente à un
assouplissement de la LPE (législation sur la protection de l’emploi), notamment de la
réglementation relative aux licenciements individuels et collectifs.
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2.3 L’impact d’une variation du SMIC
Questions :
Q1. Quelles sont les répercussions d’une hausse du SMIC en termes de coûts, de finances
publiques et de nombre d’emplois ? Est-ce que ces conséquences auraient pu être prédites par
une théorie économique ?
Q2. Représentez graphiquement les effets négatifs de l’instauration du SMIC sur le marché du
travail.
Q3. Malgré ces effets négatifs, donner les raisons qui expliquent la mise en place d’une telle
mesure.
Texte : E. Heyer et M. Plane. Quelles conséquences économiques du coup de pouce au Smic ?
Revue de l’OFCE / Prévisions – Hors-série 2012, pp. 97-102.
Quel impact de la hausse du SMIC sur le coût du travail et les finances publiques ?
(…) Nous avons calibré la diffusion de la hausse du SMIC sur les déciles de salaires
(voir la définition de l’INSEE dans l’encadré ci-après). La hausse du SMIC a un impact
maximum pour le 1er décile de salaire, puis entraîne une hausse de 0,2 % des salaires
compris entre le 2e et le 5e décile et devient nulle au-delà du 6e décile. Une hausse de 1 % du
SMIC entraîne donc une hausse moyenne des salaires de l’ensemble du secteur marchand de
0,1 %.
La hausse du SMIC engendre également une augmentation des allègements de
charges. Elle est d’autant plus forte qu’il y a une faible diffusion. En effet, plus la baisse du
salaire relatif est importante (en pourcentage du SMIC), plus le taux moyen d’allègements de
charges augmente en raison du profil dégressif des allègements de cotisations sociales
patronales. Par ce mécanisme, pour les salaires compris entre le 2e et le 5e décile,
l’augmentation des allégements de charges serait supérieure au supplément de salaires versés
par l’employeur, ce qui entraînerait une baisse du coût du travail pour l’entreprise. Une
augmentation du SMIC de 1% entraîne ex ante une hausse du coût du travail de 0,7 % pour
le 1er décile de salaire mais une baisse de 0,4 % pour le 2e décile et une diminution comprise
entre 0,2 % et 0,1 % pour les salaires allant du 3e au 5e décile. Au-delà du 6e décile, les
effets sur le coût du travail sont nuls (tableau 1).
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D’un point de vue macroéconomique, le supplément d’allégement de charges lié à une
hausse de 1 % du SMIC est estimé, selon nos calculs, à 700 millions d’euros ex ante. Cela
couvrirait intégralement le surcoût lié à la hausse des salaires pour les entreprises,
n’entraînant pas in fine d’augmentation macroéconomique du coût du travail.
Impact ex post d’un coup de pouce de 1 % sur le SMIC
Nous avons procédé à la simulation d’un coup de pouce de 1 % du SMIC à l’aide du
modèle macroéconomique de l’OFCE, emod.fr. De manière à mieux appréhender les
mécanismes macroéconomiques en jeu lors d’une augmentation du SMIC, nous avons
distingué l’effet direct dû à cette hausse de celui lié à l’augmentation des baisses de charges
résultant de celle-ci.
L’impact négatif sur l’emploi d’une hausse du SMIC...
Le SMIC, à l’instar des autres salaires, a un statut ambivalent : il peut être considéré
comme une variable de demande si l’on se place du côté des salariés mais constitue une
variable d’offre pour l’entrepreneur. Par conséquent, une hausse du SMIC correspond à un
choc de demande favorable pour les salariés et à un choc d’offre défavorable pour les chefs
d’entreprise hors effet d’allègements de charges.
Dans un contexte de faible diffusion, ces deux effets de sens inverse ne se
compensent pas. (…) Au total, selon notre simulation, une hausse de 1 % du SMIC, hors
effets liés aux baisses de charges, entraînerait une destruction de 14 500 emplois au cours de
la première année.
... est en partie compensé par l’effet des baisses de charges induites
Le dispositif Fillon, adopté par le Parlement le 18 décembre 2002, met en place une
réduction de cotisations patronales accessible à tous les employeurs à l’exception de l’État et
des collectivités locales. Cette réduction est calculée en fonction de la rémunération horaire
et est dégressive : elle est maximale au niveau du SMIC et nulle pour les salaires dépassant
1,6 SMIC. (…)
Quel impact économique du coup de pouce décidé par le gouvernement ?
La hausse de 2 % du SMIC entrée en vigueur le 1er juillet sera en grande partie un à-
valoir sur la future hausse légale devant intervenir au plus tard au 1er janvier 2013.
L'inflation constatée depuis novembre dernier atteint 1,4 %. Le réel coup de pouce serait
donc de 0,6 %.
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Selon nos calculs, cette décision détruirait finalement peu d’emplois (1 400 postes) et
augmenterait légèrement le déficit public de 0,01 point de PIB. Le financement de cette
mesure entraînerait la perte d’autres emplois. Selon le mode de financement retenu, les pertes
d’emplois seraient finalement comprises entre 1 900 et 2 800 postes.
Remarque : Définition déciles de salaires (source : INSEE)
Si on ordonne une distribution de salaires, de revenus, de chiffre d'affaires..., les déciles sont
les valeurs qui partagent cette distribution en dix parties égales. Ainsi, pour une distribution
de salaires : le premier décile (noté généralement D1) est le salaire au-dessous duquel se
situent 10 % des salaires ; le neuvième décile (noté généralement D9) est le salaire au-
dessous duquel se situent 90 % des salaires. Le premier décile est, de manière équivalente, le
salaire au-dessus duquel se situent 90 % des salaires ; le neuvième décile est le salaire au-
dessus duquel se situent 10 % des salaires.
2.4 Immigration, qualifications et marché du travail
Questions :
Q1. À quelles conditions un flux d’immigrés peut-il être positif pour l’économie d’un pays ?
Comment les gains sont-ils alors répartis entre les différentes classes de natifs et les
immigrés ?
Q2. Comment un flux d’immigrés (peu qualifiés) peut-il engendrer une hausse du chômage ?
Texte : G. Saint-Paul. Immigration, qualifications et marché du travail. Rapport du Conseil
d’Analyse Économique n°84, Juillet 2009.
Gilles Saint-Paul mobilise la théorie économique pour éclairer les effets de
l’immigration sur le pays d’accueil, en se limitant aux liens entre immigration et marché du
travail. Il apporte des éléments de réponse à trois questions au cœur du débat :
L’immigration procure-t-elle un gain net agrégé à l’économie d’accueil ?
L’arrivée des immigrés sur le marché du travail est un choc d’offre positif qui se
traduit par une création nette de richesses. Cependant, les immigrés ne récupèrent qu’une
partie de cette richesse créée, la différence étant captée par les natifs. Le rapport insiste sur le
fait que ce « surplus de l’immigration » est relativement modeste et repose sur un certain
nombre de conditions : les immigrés doivent avoir une dotation factorielle moyenne
différente de celle des natifs, les facteurs de production complémentaires avec ceux des
immigrés doivent être relativement immobiles, et surtout le marché du travail doit être
concurrentiel...
Si la première de ces conditions se retrouve dans les caractéristiques des immigrés et
des natifs en France, il n’en va pas de même pour les deux autres. En particulier, le rapport
montre qu’en présence de rigidités salariales (dues à un salaire minimum par exemple),
4. Analyse empirique de la politique budgétaire de la zone euro
Questions :
Q1. Pourquoi serait-il plus intéressant d’utiliser les soldes conjoncturel et structurel plutôt que
le solde budgétaire ?
Q2. Analysez l’état des finances publiques de la France comparativement à la zone Euro.
Q3. Les politiques budgétaires menées en France sont-elles d’inspiration keynésienne ou néo-
classique ?
Texte : FIPECO. Déficit et dette publics, politique budgétaire - Le solde structurel. Les fiches
de l’encyclopédie, Avril 2016.
Le niveau du déficit public dépend fortement de l’activité économique et donc de la
situation conjoncturelle : dans une phase de récession ou de ralentissement de l’activité, les
recettes publiques sont faibles et le déficit augmente mécaniquement si aucune mesure
nouvelle n’est prise ; il diminue tout aussi mécaniquement lorsque la croissance reprend. Il
est donc très important de corriger le « déficit effectif », c’est-à-dire constaté, pour estimer le
« déficit structurel », à savoir celui qui aurait été́ constaté si le PIB était à son niveau «
normal » ou, en termes techniques, « potentiel ».
Dans l’Union européenne, le suivi du solde structurel constitue depuis longtemps un
volet majeur du pacte de stabilité et de croissance qui précise les modalités d’application du
traité de Maastricht relatives aux « déficits excessifs ». Son rôle a été renforcé́ par le traité de
2012 sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et
monétaire.
Texte : BSI Economics. Comment se décompose le solde budgétaire ?
Le solde conjoncturel représente les dépenses et les recettes publiques qui évoluent en
fonction de la conjoncture. Par exemple, lorsque la croissance est faible, les dépenses
publiques vont croître plus vite avec la hausse des dépenses de chômage et les recettes
publiques faiblissent, avec le prélèvement des impôts devenant moins important. Le solde
conjoncturel va alors s'accentuer.
Le solde structurel représente le solde budgétaire auquel on a soustrait les effets de la
conjoncture. Les variations du solde structurel sont appelées impulsion budgétaire. Cette
impulsion représente un critère de qualité pour mesurer l'orientation de la politique
budgétaire. Une variation négative représente une politique restrictive (et inversement).
Ainsi, il est plus intéressant de regarder le solde conjoncturel et structurel au lieu de
simplement observer le solde budgétaire.
26
Source : Source : Banque de France. Zone euro, Principaux indicateurs économiques et financiers.
Septembre 2016, p. 22.
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Source : Baudchon, H., 2015. Disponible sur : http://economic-research.bnpparibas.com/html/fr-
FR/Budget-2016-rigueur-soutien-23/10/2015,27138.
economic-research.bnpparibas.com Hélène Baudchon 23 octobre 2015 – 15-37 4
France
Budget 2016 : de la rigueur et du soutien
■ La consolidation budgétaire se poursuit, avec une réduction du déficit budgétaire attendue par le gouvernement à 3,8% en 2015 (après 3,9% en 2014) et 3,3% en 2016.
■ Cette réduction limitée masque des efforts d’économies budgétaires importants, dévolus à la fois à la résorption du déficit structurel, au financement de nouvelles dépenses et à celui des allègements fiscaux.
■ Ces objectifs, globalement réalistes, ne seront toutefois pas aisés à tenir, surtout en 2016, du fait des risques baissiers qui pèsent sur la croissance et l’inflation et des risques haussiers qui entourent les prévisions de dépenses.
Le budget 2016 est actuellement en discussion à l’Assemblée nationale. C’est l’occasion de faire le point sur son contenu. Il est présenté par le ministre des Finances, Michel Sapin, comme le « budget des engagements tenus » (après le « budget de combat » de 2013 et le « budget pour la croissance et l’emploi » de 2014). Son adoption s’est révélée jusqu’ici plus facile qu’on ne pouvait le craindre : le volet recettes a ainsi été voté ce mardi 20 octobre avec plus de voix favorables et moins d’absentions que lors du vote du budget 2015. Le gouvernement n’aura pas besoin de recourir au 49-3 1 . L’aval de la Commission européenne devrait également être moins compliqué à obtenir. L’ampleur de l’effort structurel pose certes toujours question mais les objectifs de réduction du déficit nominal importent plus. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils seront faciles à tenir. La croissance reste fragile et il n’est pas certain que les économies budgétaires, importantes mais imprécises, seront au rendez-vous.
Cadrage macroéconomique et objectifs budgétaires : globalement réalistes mais des détails problématiques
Dans le budget 2016, regroupant le PLF (projet de loi de finances) et le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), les objectifs de réduction du déficit budgétaire sont inchangés par rapport au programme de stabilité d’avril 2015. C’est une bonne nouvelle même si cette stabilité n’est pas sans poser question, compte tenu des évolutions économiques défavorables et des nombreuses annonces de nouvelles dépenses intervenues entre-temps.
Le gouvernement maintient donc son engagement d’une réduction du déficit budgétaire à 3,8% du PIB en 2015, puis à 3,3% en 2016 (cf. tableau 1). 2016 marquera la septième année d’affilée de consolidation budgétaire. Celle-ci se fait à pas comptés depuis 2014, le gouvernement cherchant depuis cette date à concilier rigueur budgétaire et soutien à la croissance. La réduction attendue du déficit en 2016 est entièrement imputable à l’effort structurel estimé à 0,5 point de PIB. Le déficit structurel serait ramené à 1,2% du PIB en
1 Article de la Constitution permettant au gouvernement d’engager sa responsabilité sur
un projet de loi : une issue positive au vote de confiance entraîne l’adoption du projet.
2016. L’objectif de moyen terme d’un retour à l’équilibre, prévu en 2019, et qui serait une première historique, ne paraît plus si distant. Comme en 2015, l’ajustement structurel repose entièrement sur l’effort en dépenses, tandis que les mesures nouvelles en recettes contribuent négativement (pour -0,1%).
A côté de ces aspects positifs, la trajectoire budgétaire annoncée souffre toutefois de nombreux éléments de fragilité. Tout d’abord, la bonne surprise de 2014, avec un déficit sensiblement moins élevé que prévu (-3,9% du PIB2), est fortuite : elle est imputable à la baisse plus importante que prévu du service de la dette (grâce à celle des taux d’intérêt) et de l’investissement public. Ces évolutions ne sont pas reproductibles à l’avenir dans la même ampleur. Par ailleurs, la
2 D’après les dernières estimations de l’INSEE, soit encore 0,1 point de mieux par
rapport à l’estimation précédente et donc 0,5 point de mieux par rapport à la cible de 4,4% prévue dans le budget 2015.
Chiffres clés du PLF 2016 Taux de croissance annuel en % et ratios en % du PIB
Tableau 1 Source : gouvernement français (PLF 2016, RESF pour
les prévisions 2017-2019)
2014 2015 2016 2017 2018 2019
Croissance du PIB 0,2 1,0 1,5 1,5 1,75 1,9
Croissance potentielle 1,0 1,1 1,5 1,5 1,4 1,3
Solde budgétaire total (1) -3,9 -3,8 -3,3 -2,7 -1,9 -1,3
Solde primaire -1,8 -1,7 -1,2
Solde stabilisant le ratio de dette -0,7 -1,9 -2,3