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OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE OUTRE-MER
DE L'ARTISANAT AU SECTEUR DE SUBSISTANCE
Conditions de Production et de Reproductiondu secteur de
subsistance
DoCLmlent de travailDiffusion restreinte
Claude de MIRAS
Centre de Petit Bassam - Sciences HumainesB.P. 4293 ABIDJAN -.
Cte dl Ivoire
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A YE RTl 5 5 E MEN T
L'objet de cette note est de prsenter une premire
articulationd'ensemble des observations et des conclusions dj
acquises au cours de nostravaux ant6rieurs.
Il s'en dgagera m canevas de rflexions qui tentent
d'orienterl'~alyse de ce ci.u' il est convenu d'appeler l'
artisanat ~ dans des directionsencore peu explores : production du
surplus et reproduction de la structureproductive que constitue le
secteur de subsistance.
Autant par les travaux d'enqutes systmatiques que nous avons
mensdans les branches de la menuiserie JI de la boulangerie et,
partiellement, de larparation automobile ~ que ,par les nombreux
contacts que nous avons pudvelopper dans le milieu artisanal, nous
avons mis en vidence des convergenceset des rgu1arit~s'dans les
rsultats et les infonnations recueillies.
Honnis les particularits teclmiques' propres chaque activit,
lesrflexions se sont organi~es, peu peu~ autour d'une trame qui. a
d6pass lecadre de chaque enqute de terrain en constituant la base
d' me premirerflexion relative il l'artisanat de production, ses
fonnes et ses dtenni-nations.
Cet essai de synthse et de systnatisation est considrer comnela
mise au.point de conclusions transitoires ou partielles Jl et
d'hypothses detravail en vue de poursuivre nos investigations sur
le thme gnral de la'fonnation de capital priv productif ivoirien,
nais en centrant notre analysesur certains de ses aspects
spcifiques : le secteur de subsistance, dfini ici.
La prsentation de cet ensemble de r6flexions (plus que de
rsultatschiffrs) sera destin tre utilis dialectiquement dans nos
travaux en coursou venir JI la fois en tant que cadre de rf6rence
pour situer et organiserles observations futures, et en tant
qu'analyse en gestation, amende etconsolide par la pratique d'
autres terrains de recherche sur le thme.
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PLA N
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AVERI'ISSEMENT 1INTRODUCTION 2APITRE l Condi tions de production
du secteur de subsistance 10Section 1 : La fonnation de capital
dans le sectetrr de subsistance 10
1 Terrain 12 2 Construction 15 3 Eq\pement teclmique 16
A- Montant de l'quipement tedmique 16B- Nature de l'quipement
technique 18
4 : Financement 20
Section 2 La force de travail prsente dans le secteur de
subsistance 22 1 : Apprentissage 22
A- Contenu de l'awrentissage 23B- Entretien des apprentis 27C-
Exploitation des apprentis 28]).. Fin de l'apprentissage 29E- De
l'apprentissage au salariat 32
2 : Le patron 35
APITRE II : Condition de reproduction du sectetrr de subsistance
43Section 1 : Le surplus net 43
1 Rflexions gnrales 43 2 : Evaluation et utilisation du surplus
46
A- Evaluation du slU"plus 46B- Utilisation du surplus 49
Section 2 Les mcanismes de gnration du sectetrr de
subsistancetrois hypothses S2 1 Induction par exclusion 53 2
Induction par sous paiement du salariat moderne 56 3 Induction par
la demande 64
OO./OOD
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o / 0
Page
Section 3: Elments explicatifs du recul thorique du secteur
desubsistance 69
1 Conditions tedmiques de production dans le secteurmoderne
capitaliste 70
2 Incidence du dveloppement d'entreprises modernescapitalistes
71A- OOveloppement d'un secteur de transition 71
a) Essai de dfinitian 71b) Incidence de l'mergence du secteur
de
de transition sur l'volution du secteur desubsistance 78
B- Dveloppement d'me structure productive capitalistede type PME
: cas de la Boulangerie 83
c- Passage autoritaire d'me fonne productiveartisanale me
entreprise commerciale sernipublique : cas des transports en
comrrn.m. urbain Abidjan 84
CONCLUSION
BIBLIOORAPHIE
85
88
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21 N T R 0 DUt T 1 ON
Notre recherche, realise Abidjan depuis 1975 dans quelques
branchesde production, (menuiserie, garage, boulangerie
principalement), nous a pennisde constater qu'il existait diffrents
modes d' accum.ul.ation prive productiveivoirieme.
les investisseurs nationaux ne fonnent pas lm ensemble homogne,
maisrelvent de diffrents processus d'accumulation. Schmatiquement,
on peut lesdistinguer suivant le type d'intervention que pratique
l'Etat leur endroit entant que Ugislateur (exemple: rg1ementation
sotmtettant autorisationprealable l'installation de nouvelles
boulangeries, l'extension de boulangeriesexistantes et la vente de
boulangeries dans la perspective d'me ivoirisationprogressive de la
branche : dcret nO 71.359 du 15/7/71), que
commanditai'Z'e(exemple:ligne de Crdit de la Banque Mondiale qui
transite par le Crdit decate d'Ivoire: 7 milliards de F.CFA accords
en 1975), qu1avaliste (Fonds deGarantie des crdits accords aux
entreprises ivoirienne~ou que client (rlede la Direction Centrale
des Marchs dans le choix des adjudicataires desmarchs de l'Etat).
Le rle que jouent les agents du sectetn" public et para-public
constitue aussi lm excellent indicateur quant la nature de
l'accumula-tion realise.
Et partir de ces diverses fonnes d'intervention de l'Etat ou
deses agents, peuvent tre dgages diffrentes catgories de fonnation
decapital.
Mais, il ne s'agit pas seulement d'une cliffrence de degre dans
lemontant, la frquence et la nature des investissements realiss, ce
sont lesncanismes et la fonction de ces accunn.J1ations qui sont
radicalement diffrentessuivant qu'elles sont realises d'lme part,
par m haut fonctionnaire, lmnotabla ou m cadre du secteur priv et
d'autre part, par lm artisan. Et mme l' intrietn" de cette dernire
catgorie, des distinctions essentiellesdoivent tre tablies, entre
ce que nous appe~rons le secteur de subsistanceet le sectetn" de
transition.
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3D'\me manire gnrale, l'investissement relvera d '\m
processusd'accumulation diffrent suivant le type de relation (ou de
non relation), quel'investisseur entretient avec le pouvoir central
et la classe dominante.
On peut globalement envisager deux modes principaux
d'accumulation;1'\me de type capitaliste, l'autre que nous dirons
de subsistance.
a) Le premier correspond \m objectif politique explicite:
lafonnation d'me bourgeoisie nationale qui ne soit pas seulement la
dtentricedu pouvoir politique mais aussi du patrimoine conomique
priv, qu'elle partageencore largement avec l'Etranger (en 1977, les
Frivs nationaux dtenaient 12 %du capital industriel, les trangers
55 %et le reste, soit 33 %, tait dtenupar l'Etat).
La connaissance des aspects conomiques de cette fonnation de
capita1est aise puisqu'il s'agit de mcanismes d'investissement
classiques, mme sil'osmose entre les investisseurs privs nationaux
et l'Etat dorme naissance \me fonne particulire d'entrepreneurs,
plus proche du commanditaire ou de
, .
l'actionnaire que du capitaine d'industrie. De plus, l'appareil
tatique et lesorganisations professiormelles syndicales
enregistrent avec attention la mont::']de ces entreprises et sont
donc en mesure de fournir tous renseignements nces-saires leur tude
(1).
Par contre, le second type d'acannu1.ation, que nous disons cie
subsis-tance, a t jusqu' prsent nglig compte tenu des conceptions
industrialistesqui ont prvalu tant chez les praticiens de l'conomie
que parmi les chercheursen matire de dveloppement conomique.
b) Le second type d'accumulation, de "subsistance", peut tre
observ partir de l'ampleur que prend le phnomne artisanal Abidjan.
Ce mouvementnous laisse penser que ces activits recouvrent un raIe
socio-conomique qui vaau-del des poncifs tels que l'exutoire au
chmage urbain ou la distribution derevenu. Certes, ces fonctions
sont relles ,mais leur simple constat superficielparait insuffisant
la comprhension du processus de cration et d'extensionde ce secteur
d' activits de type artisanal.
En observant les seules donnes disponibles (2) sur la
positionrelative de l'artisanat dans l'conomie nationale, on
disPose, du mme coup,d'me bonne indication quant au rle que joue le
secteur de subsistance dans cet:ensemble ivoirien, puisque le dit
secteur recouvre me large part de l' artisaz:at(le reliquat des
activits artisanales relevant notre sens du secteur detransition,
et donc d'\m autre processus d'accumulation, mineur par le nombred'
\mit;de production qui s' y rapportent).
(1) Voir La Formation de Capital Productif Priv Tvoirien. Le
Secteur BoulangedeCl. de Miras. Ministre du Plan!ORSTOM. Abidjan
1976, 100 pages rono.
(2) Dossir de situation de l'artisanat.Ministre du Plan DED.
Avril 1974.
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4Les statistiques suivantes sont destines il montrer
l'importancerelative de l'artisanat et son volution interne dans l'
activit conomique enCte d'Ivoire. Leur signification n'est
qu'indicative~ coinpte tenu de la diffi-cult de saisie des donnes
et le petit nombre d'enqutes spcifiques ralisesjusqu' prsent dans
ce domaine.
En matire de valeur ajoute, la part de l'artisanat (branche 03
27 c'est dire en excluant l'agriculture et le~ administr~tions)
s'l~ve ft28 %en 1965 et tome 24 % en 1970 de la valeur ajoute (au
prix du march)de l' conomie nationale.
La croissance du secteur artisanal a t moins forte que celle
dureste de l'conomie pour la mme priode: 7 ~1 %par an pour
l'artisanat, contre11 ~8 %pour la Production Intrieure Brute totale
en francs courants.
Pour l'emploi, la situation a volu ,de la faon suivante :
Branche 03 27 Artisanat Secteur Moderne(salaris)
1965 134.300 109 .400
1970 191.270 153.530
Croissance globale 42,8 % 44,9 %
Taux armuel 7,4 % 7,7 %
Tableau 1 L'emploi artisanal 1965/1970
L'volution interne du secteur artisanal laisse voir des
rythmesdiffrents suivant les activits envisages.
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9 %
1. Activits sdentairesProduction(Branche 06 23)Service(Branche
26)
III. Total
1967
2.747
1.512
4.397
8.656
16.480
25.136
1976
4.868
2.173
4.845
11.846
31.673
43.519
5
Accr.
77 %
44 %
1!
----
37 %
92 %
73 %
Source (3) Recensement gnral des activits en milieu urbain
1976Les centres urbains de plus de 100.000 habitants. Juin1977.
Ministre du Plan. DED.
(4) Recensement des activits commerciales, artisanales et
deservices dans l'agglomration abidjanaise. 1967.Ministre du Plan.
DED.
Tableau II Evolution du nanbre d'tablissements artisanauxentre
1967 et 1976.
Si l'on rapporte ces valuations d' activits artisanales cellesde
la population abidj anaise, on peut dgager \ID trend d' volution de
1 y artisa-nat dans le contexte d'urbanisation rapide de la
capitale ivoirierme.
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619761967
420.000
Effectifs
Population abidjanaise
!!
1 !'------..-------1-------;--------1
1 (1) r Effectifs (2),r Nombre de i Nombre de r
,------------------ citadins par i citadins par ;tablissementi
779.500 tablissementi
! !
1 pour 16
1 pour 488.656
25.136Activits sdentaireset non sdentaires surles marchs
Activits sdentaires
! !! 11 43.519 1 pour 17 !! !
------, !! 11.846 1 pour 65 !
l , !-----------,1------------, !Activits sdentaires 2.747
4.868! 1 pour 152 ! 1 pour 160 !de production, ! !
Globalement~ l'ensemblG des activits ont recul en tennes
relatifspuisque~ pour aucune d'entre elles, le ratio des colonnes
(1)/(2) a rgressde faon vatiable.
Pour les activits sdentaires et non sdentaires sur les marchsil
est de 0,94 (16/17).
Pour les activits sdentaires, sa valeur est 0,74 (48/65).Et pour
les. seules activits sdentaires de production, il est pass
0,95 (152/160).On notera que ce dernier secteur est celui qui a
le moins dcru.
Compte tenu de leur caractre endIilique et de leur
croissanceextensive, presque gale la croissance urbaine} c'est le
processus mme decration et de fonctiormement des activits de
production qu'il faut analyserpour comprendre le rle de l'artisanat
urbain. Plus prcisment, nous constate-rons que ce sont les
articulations entre la structure dominante dite secteurmoderne
capitaliste, et ce secteur artisanal qui sont essentielles
lacoIDprhension de la fonction de l'artisanat urbain et de son
extension. Ainsiles mcanismes internes de fonctiormernent de cet
ensemble productif ~ l' appari-tion et l'utilisation du surplus tir
de ces activits seront analyss entenant compte du contexte
capitaliste et "priphrique" dominant dans lequelils se
dveloppent.
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7L'analyse ne sera pas mene partir des catr:3gories
classiquesdualistes ~ car leur utilisation au niveau concret du
terrain est des plusdiscutables.
L'arbitraire statistique sur lequel elles reposent~ pennet
seulementde dcouper le rel partir cIe critres quantitatifs en
prsupposant que~ dumme coup, on aura dfini une structure conomique
homogne et pertinente 0
Nous avons tent tme autre approd1e dont IV intrt et
l'efficacit,pourront tre dbattus.
Le fondement de l'tude est constitu par la fonnation du
surplusd'entreprise et sa destination dans les activits dites
artisanales dans lesbranches de production.
De l s ont t constitues diffrentes catgories productives qui
nerecoupent pas celle de iVsecteur Infonnel" et de "secteur
Moderne" 0 Mais ~ partir des diffrenciations observes au niveau de
1vacctmlUlation~ nous proposonsme autre tenninologie~ fonde non
plus sur des critres de dimensions (de fonc-timernent ou
d'quipement), mais plutt sur les modalits de gnration dusurplus et
de sa destination. Cette approche nous parat utile la fois auniveau
de l'analyse puisque les catgories productives circonscrites le
sont partir de dtennil1ations lourdes (surplus et destination du
surplus) mais aussiau plan rethodologique s car elle offre des
possibilits concrtes de reprage etde diffrenciation des ateliers
(par exemple inexistence de toute fOIme critede cornptabilit~ ou
inexistence d'un salariat pennanent).
Le choix de notre critre initial (modalits d'accumula.tion et
dereproduction) va dtenniner notre rflexion qui s'organisera autour
des catgoriesa.insi construites 0 Nous aboutirons ainsi deux
secteurs productifs distincts :l'un que nous dirons de subsistance,
dans lequel l'activit se situe au niveaudu simple renouvellement de
la capacit productive, l'autre appel secteur detransition o
s'2IIlorce tme accumulation largie. Leur runion pourra correspondre
ce qui est appel artisanat.
Mais nous n'entreprendrons pas s dans cette note s l'tude
systmatiquede chaam de ces deux secteurs.
C'est d'avantage le premier par son importance socio-cononrlque
et leTle stratgique qu'il parat avoir dans le processus d'expansion
du systmeconomique ivoirien~ que nous analyserons. Le second
secteur ~ dit de transitionne sera envisag qu'accessoirement dans
la mesure o il exerce tme influence surla situation du secteur de
subsistance.
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8Notre problnatique nous conduira refuser l'optique dualiste
qui~jusqu' prsent? n'a pas vritarlement rpondu fi l'interrogation
de base:quels sont les mcanismes socio~conomiques qui engendrent
les activits ditesartisanales et qui assurent leur
fonctionnement?
Cette question initiale nous amnera chercher des lments derponse
dans l'activit productive des ateliers artisanaux que nous
avonstudie. Mais? nous devror..s poursuivre l'amyse de l'artisanat
l'extrieurde ce secteur1 pour saisir les interactions qui
l'environnent et le dtenninent.
L'approche sera initialement conomique 1 puisqu'elle
privilgiral'tude des modalits de la fonnation du surplus dans les
ateliers dits desubsistance ainsi que sa destination. Les catgories
proposes en seront net-tement inspires 1 car elles seront centres
autour du processus particulierd'accumulation que nous avons observ
dans une large partie de l'artisanat. Maisc'est la ralit sociale
urbaine qui fournira le cadre de notre rflexion.
L'analyse conduite ici? refltera le degr de maturation actuelle
denotre recherche. Elle est le produit d'enqutes p de contacts
divers etd'observations multiples qui s'ouvrent sur de nombreuses
interrogations plusqu'elle ne fournit de rponse notre proccupation
initiale.
Qu'il soit entendu que nous ne prtendons pas offrir ici une
prsenta-tion totale et explicative de toutes les facettes de
l'artisanat. Il s'agiraplus d' tme problmatique qui s'efforce,
d'une part de sortir l'artisanat de sonconfinement ~ en tant qu'
objet de rflexion de l'conomiste ou conune secteurd'intervention du
planificateur? et d'autre part de sotmlettre l'analyse,
lescormexions essentielles qui se dveloppement entre l'artisanat et
le secteurmoderne capitaliste.
Cet largissement comportera de nombreuses interrogations
ouhypothses p mais 1 dans l'tat d'avancement de notre recherche, il
nous paraissaitsouhaitable d'exposer cette thse sans tre arrt par
l'existence de zonesd'ombre ou par me cormaissance encore
fragmentaire. L'tendue de l'objet~ ouplutt le champ large
d'investigations et de rflexions sur lequel notre probl-matique
dbouche, lie au temps et aux matriaux encore insuffisants dont
nousavons dispos, l'explique certainement.
C'est me invitation la rflexion que nous proposons 1 partir
deslments d'analyse dj disponibles, et qui sera enrichie? ou
enrichh-a p desinvestigations ultrieures 1 que celles-ci soient
persomelles ou le faitd'autres chercheurs.
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9L'analyse que nous proposerons du secteur de subsistance
estdestine foumir des lInts de rponse au problme du fonctiOImement
et del'volution des petites activits urbaines de production. Nous
tudieronssucssiveInt les conditions de production et de
reproduction du secteur desubsistance, telles que nous les avons
observes.
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10
CHAPITRE I :
COl'IDITIONS DE PRODUCTION DU SECfEUR DE SUBSISTANCE
L'analyse des conditions de production fournira les lments
dedfinition du secteur de subsistance.
Son fonctionnement, dans les activits de production
tudies,impose la constitution d 'm capital de dpart et la mise a
travail cl 'lme maind'oeuvre qui engendra, par son activit, un
surplus net. Nous envisagerons doncsuccessivement :
- La fonnation de capital dans le secteur de subsistance- La
force de travail utilise.
Section 1 la formation de capital dans le secteur de
subsistance
Le secteur de subsistance n'est pas tID secteur
d'accumulationcapitaliste dans la mesure o. le stn"plus dgag des
activits n'est pac; trans-fonn en capital par rinjection dans la
sphre de production. NamtlOins, ilexiste me fonnation de capital
d'lm type particulier dans ce secteur. Cettespcificit ne tient pas
sa flJJlction qui reste celle de tout capital :pennettre la mise au
travail d'tm volant de main d'oeuvre et donc la crationde
valeur.
La particularit de cette formation de capital par rapport
l'accumulation capitaliste industrielle ivoirierme, peut tenir son
exiguittmitaire en volune et en prix, ainsi qu' sa faiblesse
relative par rapport l'importance de la force de travail utilise
dans le secteur de subsistance.
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11
Quoiqu'il en soit dans les branches de production (et peut tre
mmede distribution et de service), la constitution de ce capital
est ncessaire aufonctiormement des activits de subsistance. Il peut
tre plus ou moins importantd'me activit l'autre mais s'impose de
toute faon et constitue lm facteur defreinage la prolifration
encore plus grande de ces a.ctivits de petite produc-tion. Une
enqute mene actuellement auprs de mnages abidjanais dans lesmilieux
que nous dirons populaires dgage assez nettement l'existence de
cettecontrainte lou,rde dont l'origine se trouve tre la faible
propension pargner;;ou~ plus ex:plicitement~ le bas niveau du
revenu disponible de ces nages.
Cette constatation met en cause pour les activits de production
lepremier point de dfinition du "Secteur Infonnel" tel que le
conoit le rapportd'une mission BIT au Kenya (3) qui retient les
facilits d'accs aux activitsartisanales comme une des
caractristiques du "S~cteur Infonnel".
En disant implicitement qu'il est plus facile d'ouvrir lm.
atelierartisanal, occupant quelques apprentis -et un minimum de
capital, qu'une entre=prise industrielle de grande dimension, on ne
fera qu'affirmer, sous fonne detruisme, que la seconde est
infiniment plus coteuse que la premire.
Mais en tenant ce raisonnement, il faut savoir de quel point de
vueon se place. Certainement pas de celui du petit salari ou de
l'apprenti quicherche monter son propre atelier et qui, l'vidence
n'a jamais eu le projetde lancer une grande finne industrielle.
S'il est sr que l'atelier artisanal est moins coteux que
l'entrepriseindustrielle ~ il nI en reste pas moins que la rfrence
prendre du point de vuedu postulant l'artisanat n'est pas le coOt
de l'investissement industriel,mais plutt sa propre capacit
mobiliser ce minimum de capital de dpart.
Et, contrairement ce qui est courarrnnent admis, tout individu
n'estpas en mesure d'ouvrir un atelier artisanal de production du
type garage oumenuiserie, ou mme tn1 petit commerce (que ce soit
d'ailleurs llll tablissementfixe ou 'lID. tablier; par eXG1Ilple le
moindre ngoce de cigarettes ncessite unemise de clpart d'au moins
5.000 F.CFA~ pour la constitution du stock initialet l'achat de la
caisse servant d'tal).
(S) BIT. Employmen~, incomes and equality : a strategy for
increasingproduction employment in Kenya. Genve BIT 1972~ 600
p.
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12
La formation initiale de capital est une condition ncessaire
lacration d'm atelier. Elle peut constituer m obstacle rdhibitoire.
Ceci tantdit, il est vident que cette seule raison n'explique pas
la cration oul'absence de cration d 'tm. atelier de production.
D'autres factems intervien-nent fortement: disponibilit d'm espace
de production, comptence profes-sionnelle, clientle, choix de ce
mode d'activit en tant que pourvoyeur derevenu.
L'inexistence d'lIDe pargne productive dans les ilmilieux
populaires"dont le revenu familial ni excde pas 60.CXX> F par
mois et passe intgralement l'entretien d'me famille compose en
moyerme de 5 personnes, va expliquerla part relative des
financements extrieurs et l' exiguit des investissementsproductifs
raliss, lors de la cration d'me activit artisanale de
production.
La fonnation de capital dans les branches de production du
secteur desubsistance sera envisage . partir des immobilisations
que sont le terrain .. laconstruction et l'quipement technique.
Leurs conditions de fmancement serontenvisages ensuite.
1 TeM4in
On sait la grande instabilit qui caractrise l'implantation
des'activits de production du secteur de subsistance pour l'avoir
observe lors denos enqutes prcdentes. Une tendance centrifuge des
localisations successivessemble se dessiner: puration partielle
d'activits de petite production Treichville par exemple et
concentration artisanale la priphrie de la ville(Abobo, Adjam) ou
des quartiers (Marcory, Kounassi).
Compte tenu de la non proprit des terrains qu'ils
occupent(location ou squatter), les artisans de subsistance sont
soumis la doublepression des propritaires innnobiliers et fonciers,
et des powoirs publics.
La hausse gnrale des loyers, l'augmentation pennanente de
lademande de logements usage d'habitation, plus lucratif, et
l'inexistence debaux locatifs, rendent l'accs au foncier et
l'immobilier urbain (et sonusage) de plus en plus incertain pour
les artisans du secteur de subsistance.
Les transfonnations rapides, voire brutales de l'espace urbaine
due.saux rnovations de quartiers, l'extension de zones d
'habitation destines aux"classes moyennes" (Yopougon, mais surtout,
Marcory, Koumassi, Port Bout)chassent me DUtitud.e d'activits de
subsistance par raffectation fonctionnelle(autre type
d'utilisation) et sociale (appropriation par d'autres
couchessociales) de l'espace urbain.
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13
Les activits tudies~ qui utilisent un espace de production
fixeet stable, sont les plus touches par ces mesures d'viction.
C'est en effetle degr de fixit de l'implantation productive impose
par .le type de capitaltechnique utilis et d'organisation de la
production, qui va dtenniner la plusou moins grande vulnrabilit au
processus d'viction endmique des artisans del'espace urbain.
Le menuisier qui" utilise une machine lectrique "combineil verra
sonactivit gravement perturbe s'il est dguerpi. Il perdra sa
clientle, locali-se dans le quartier, cherchera longtemps 0\.1 en
vain lm autre local pendant queson quipement se dgradera rapidement
faute d~utilisation ou compte tenu deconditions prcaires de
stockage de celui-ci.
Par contre, les activits de micro-vente (vendeurs de caf,
dejournaux ou de cigaretteS) pourront sunnonter cette pression de P
urbanisation,de la spculation foncire et de la raffectation de
l'espace intra-urbain.
L'exiguit du capital fixe ncessaire ces activits de sen'tces
oude distribution, leur confre une extrme souplesse; elles peuvent
ainsi passerentre les mailles de "l'urbanisation moderne" C moins
que les pouvoirs publicsfassent saisir leur matriel comme c'est le
cas parfois Treichville o lesvendeuses d'aloko (bananes "plantain"
frites) se voient dpossdes de leuroutil de travail qu'elles ne
rcupreront que contre versement d'W'le amende)
.Namnoins, il est sr que, panni les activits de subsistance,
cellesqui utilisent relativement le plus de facteur capital
(activits de production),sont davantage wlnrables dans le contexte
d'urbanisation rapide d'Abidjan(prs de 1Z %par an de croissance
dmographique).
Il resterait faire l'tude du cheminement spatial et
l'volutionchronologique des diffrentes activits de subsistance afin
d'tre en mesure deprciser la situation exacte de chacune
d~elles.
Concrtement, il s'agirait d'observer les transfonnations du
tissuartisanal et commercial de subsistance dans les diffrents
quartiers d'Abidjanpour croiser activits et type d'habitat. Il se
pose en effet le triple problmede l'existence, de la densit et de
la localisation des diverses activits partype de quartiers, et par
priode d'observation.
Il semble que les garagistes et les menuisiers n'aient pas droit
decit l' intriel.lr de zones d'habitat moderne, difis par la socit
d'Etat"5ogefiha" ou semi-public "5icogi", mais peuvent prolifrer il
leur priphrie.
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14
Les travailleurs indpendants, fournisseurs de services,
trsnombreux dans les quartiers populaires de Treichville et
diAdjam, sont ennombre plus rduit dans l'habitat de type
SICOOI.
Le petit conmerce par~it lui aussi se dvelopper quel que soit
letype de quartier, quoique des rythmes trs variables suivant les
zonesgographiques et le type d ' activits commerciales
considres.
L'tude de la localisation spatiale des activits dites de
subsistancereste faire. Mais au-del di me seule cartographie (qui
ne manquerait pasd'intrt puisqu'ellepennettrait dj d'tablir lm.
constat) ce sont lesmodalits d'implantation, d'extension ou de
rcession des difffrentes activitsqu'il faudrait mettre en vidence
par type de quartier. Des conditions, liesau cadre bti, aux
politiques et rglementations municipales en vigueur, auxniveaux des
loyers et des revenus des habitants, dtenninent sans doute ledegr
de ~veloppement des diffrentes activits de subsistance Pintrieurde
chaque quartier
Empiriquement, on constate que le degr de modernisation du
quartierparat conduire un recul des activits de subsistance, dans
les branches deproduction.
Ces rflexions consacres l'implantation des activits de
subsis-tance imposent le dpassement des seules conditins de
productions pourapprhender le mouvement antagonique auquel sont
soumises les activits desubsistance. Pour comprendre ,les
conditions de production, on doit se rfreraux conditions de
reproduction des activits de subsistances, et disons, enpremire
approximation, qu itm processus contradictoire di
extension-victiondtermine directement la situation concrte du
secteur de subsistance.
En effet, le constat que nous avons fait prcdelTUJ1ent renvoie
auxoonditions de x-eproduction r~aessive8 du secteur de subsistance
imposes parla transfonnation de l'espace foncier urbain en capital.
Mais en croire cetteapproche, Abidjan serait vide peu peu de ses
artisans, or, il suffit decirculer dans la plupart des quartiers,
les plus populaires en tout cas, pourconstater la relative premit
du fait artisanal; et cela est le produit deaonditions de
reproductions eztensives du secteur de subsistance, largement
~tennines, nous le verrons, par le fonctioIUlement gnral du
systnecapitaliste ''priphrique''.
-
1S
La situation concrte du secteur de subsistance est le produit
deces deux dynamiques opposes : 1 'tme d'viction, l'autre
d'extension. D'ol'aspect contradictoire de l'volution des activits
de subsistance: d'unepart leur recul localis apparent, d'autre part
leur prennit gnrale.
D'une manire gnrale, dans les activits de production
tudies,l'quipement imnobilier est des plus scmonaires : planches,
tles ondules,ferrailles, le tout tant souvent du :matriel de
rcupration, de valeurmarchande rduite.
Ces matriaux frustes pennettent de dresser un abri contre la
pluieou le soleil, et d'entreposer quelques moyens de production
(machines, outils,tabli, pices dtaches, bois etc. ).
Le cas chant, cette construction rudimentaire pourra tre
dmonte,dplace et reconstitue lors d'une nOlNelle implantation.
Au cours de nos enqutes de terrain, nous avons rencontr
quelquefoisdes constructions qui constituent \ID investissement
d'un type particulier dupoint de vue de leur financement.
L'artisan, en effet, peut prendre sur lui deconstruire un local
lien dur" sur tm terrain qui ne lui appartient pas mais
avecl'accord du propritaire.
Les dpenses ralises dans cette construction viendront en
dductiondes loyers que l'artisan aura verser ultrieurement. En
quelque sorte,l'artisan cde un local dont il a financ la
construction, contre l'usagetemporaire d'tm terrain dont il n'est
pas propritaire
. La valeur de la construction (qui n'incorpore pas la marge
del'artisan -entrepreneur en btiment pour la circonstance- mais
seulementl'ensemble des conts du bti, et ceci l'avantage bien
entendu du propritaire)reprsente un avoir du locataire sur le
propritaire du terrain. Mais avecl'usage locatif du dit terrain,
cette crance se rduit puisqu'elle est amputemensuellement du
montant du loyer.
-
16
Ce mcanisme assure au locataire une stabilite d'implantation
pendantla dure de cette compensation. Mais ~ passs quelques mois,
les dettes et ;Lacrance s'annulent et le lo.taire se retrouve face
au bon vouloir du propri~taire, qui l'est maintenant du terrain et
de la construction.
Cette mise en valeur du patrimoine du propritaire par
l'initiative.du locataire que nous avons pu parfois obseT\Je,
amliorera le rendement locatifimmobilier, au dtriInent de l'usager
artisan qui en est pourtant le promoteur.
3 Equ,(peme.nt iJlc.hnique
En dehors des caractristiques techniques propres chaque
activit,, .
le trait apparent de ces dpenses d'quipement est leur exiguit :
le capitalpar tte est extrmement :faible et n'excde pas 50.000
CFA.
A- Montant de l'quipement technique
On peut valuer, indicativement, l'investissement technique
querealise le rparateur automobile, le ferronnier ou le couturier,
au plus li 200.000?Aais ce montant ne constitue en auame manire tm
seuil statistiqueinvariable utiliser connne' critre de
diffrenciation.
Ainsi, tm artisan menuisier, ne disposant pas d'tme machine
lectriquecombine, mais seulement d'un tabli et d'outils main, sera
situ bien endea de ce plafond de 200.0c0 F. Mais s'il vient ~
acqurir la dite combinela valeur nominale de son quipement dpassera
alors le million de francs. Maismme si le niveau de cet
investissement excde largement la moyenne observdans le secteur de
subsistance au niveau des activits de production, il nes'agit que
d' tme diffrence de degr explique par l' indivisibilit du
capitaltechnique li car la situation gnrale de la plupart des
activits mcanises demenuiserie n'est pas fondamentalement diffrente
de celle obselwe dans lesateliers de confection, de garage ou de
ferronnerie, du secteur de subsistance.
Certes, la capacit de financement doit tre suprieure dans
lesateliers de menuiserie qui disposent d'une machine canbine, par
rapport l'atelier de confection qui utilise une ou deux machines
coudre dont. la valeur l'achat n'aura pas excde 200.000 F; le cot
de l'quipement est 6 fois plus
-
17
~lev dans le premier cas que dans le second. On sait, pour
Pavair tudi,que ce sont les apports extrieurs qui compltent
concurrence de 33 %, 1 vauto-financement' et l'pargne personnelle
(66 %). Ce n'est donc pas seulement surses fonds propres que
l'artisan finance sa mcanisation)} mais c'est aussi grceil des prts
remboursables ou non, consentis par des tiers, en dehors
descircuits bancaires ou financiers wtitutiormels (6).
La nature du lien qui tmit dbiteur et crancier serait
prciser.S'il est clair que ce ne sont pas les perspectives de
profit qui motivent lecommanditaire, les obligations familiales et
le clientlisme ne pourraient-ilspas expliquer cette prestation
?
Du point de vue de l'artisan menuisier canis, il s'opre
\IDrenversement de la causalit des facteurs qui dtenninent la
situation dprimedans laquelle il se trouve trs gnralement. Le petit
producteur les situenon du ct de la demande,ll mais plutt du ct de
l'offre : passer d' \IDe activitmanuelle il une production mcanise
lui permettra, pense-t-il, d'tre attractifsur le march.
Pour lui, ce n'est pas le surplus dgag de son activit
antrieurequi servira financer son quipement tedmique de faon aIll
liorer qualitet productivit du travail,ll mais la possession de la
machine devra induire unehausse de la demande lui revenant et du
mme coup, amliorer sa situation.
C'est le mythe de la modernisation et de l'identification
factice aumodle industriel qui se matrialise dans la machine
combine. L' effet anticip~n'est pas toujours obtenu, tant s'en
faut, par contre l'endettement de l'artisanvient il dpasser sa
capacit relle de financement, des surcoo.ts (lectricit,entretien)
grvent son compte d'exploitation
C'est aussi l'impossibilit qu'il a, d'utiliser des fins
productives,le sm-plus dgag de son activit, qui. le maintient dans
me situation vgtative,
Cette digression pennet de dmontrer que le sem seuil de
capitalne suffit pas il diffrencier ce secteur de subsistance;
c'est mme un indicateurseamdaire puisque l'quipement peut
SOJJlr.l..e toute varier dans des proportionslarges il l'chelle de
ce secteur de subsistance pour les activits de production.
(6) La Formation de Capital Productif Priv Ivoirien : le secteur
Menuiserie Abidjan. de Miras. ORST/Ministre du Plan. 1975.
-
18
L'tat gnral de cet quipement est mdiocre quoiqu'il reste
longtempsoprationnel. Son renouvellement est rare et son
utilisation pousse dans sesdernires extremits.
Ce capital teclmique est essentiel l'activit de production;
c'estpar lui que va transiter toute la force de travail utilise.
C'est lD1 point depassage oblig, rme si, en valeur il est rduit,
sonmaire et souvent vtuste.
Le poste soudure autogne pour le ferronnier, les
bouteillesd'oxygne et d'actylne pour le tlier~ le compresseur pour
le peintre auto,la bote outils pour le mcanicien etc. ont tous la
mme fonction : cristal~liser la valeur intrinsque de la force de
travail employe dans le secteur desubsistance. C'est donc cette
fonction et la valeur d'usage de l'quipementteclmique utilis dans
ces ateliers qui nous paraissent tre plus essentiellesque sa
dfinition en tennes (le valeur cl 'change et de prix nominal.
B- Nature de l'quipement technique
Aprs la description de l'quipement et de sa valeur, se pose
laquestion de sa nature, Ci est dire de sa dfinition et de son rle
dans lesprocessus techniques mis en oeUVTe au cours des oprations
de production dansles branches tudies.
en aura constat tout d'abord qu'il existe me corrlation entre
letype d' objet produit et la tedmologie mise en oeuvre lors du
processusproductif, artisanal qu'il soit de fabrication ou de
rparation.
Pratiquement, on a pu observ que tout peintre-auto utilise
m.eteclmique de production dame (compresseur d'air et pistolet de
peinture), quetout ferromier dispose cl' m poste de soudure
lectrique J que tout mcanicienpossde sa bote outils etc.. Une
rgularit forte se vrifie entre typed'activit, nature de l'quipement
et processus technique de production, dansle secteur de subsistance
tel que nous l'avons tudi.
ce rapport bilmivoque entre activit et quipement doit tre
rapport l'objet de production. Dans les activits d'entretien et de
rparation cettecorrlation parat particulirement vidente (tlerie,
mcanique, peinture,vulcanisation ~ froid, tlvis ion, radio). La
tedmologie utilise initia1e-ment lors du processus de conception et
de fabrication dans le secteur moderne
-
19
capitaliste~ national ou trangers et incorpore l'objet rparer
(automobilepar exemple), induit ncessairement certaines modalits
techniques de rparation,si l'artisan-rparateur entend conserver ~
l'objet de travail ses caractristiquesinitiales.
Par exemple, il n'est pas possible d'effectuer la peinture
d'mvhicule sans utiliser la pression d'tm. compresseur et la
peinture ad hoc. Demme, le tlier auto devra disposer de gaz, d'un
chaltuneau et de quelques outilsindispensables st il entend faonner
la carrosserie d' tm vhicule endommag.
Ce constat signifie que l'objet de travail (la voiture en
l'occurrence)sera sounis des oprations qui tendront, peu ou prou,
le ramener sa fonne,ou plus gnralement ses caractristiques propres,
telles qu'elles ont t
~finies teclmiquement par le secteur moderne capitaliste.
Et le respect de ces normes techniques impose l'artisan
l'utilisa-tion de moyens de production dtennins, trs faible
substituabilit.
Ce sont donc les conditions tedmiques de production. en vigueur
dansle secteur moderne capitaliste, intrieur ou intemation'.1, qui
vont dtenninerdirectement celles du secteur de subsistance, autant
dans leur nature que dansleur montant compte tenu de
l'indivisibilit de l'quipement.
L'artisan devra. acqurir, suivant sa corporation, au moins
\IDcompres-seur, tm poste soudure, me botte outils, tme machine
coudre st il veutentreprendre une activit indpendante; en dea de ce
seuil. d'quipement, laforce de travail employe ne sera pas oprante
puisque sans moyen de productionappropri.
Il existe donc \ID. capital minimum, par type d' activit mettre
enoeuvre dans les oprations de fabrication du secteur de
subsistance tudi ici.
Ce plancher capitalistique dpend aussi peut tre de la limite
desubstituabilit du travail au capital : le secteur de subsistance,
compte tenudu collt relatif- des facteurs, maximise l'utilisation
du travail jusqu'au pointo la substitution n'est techniquement plus
possible. Ainsi, l'artisan menuisierpeut quiper ses apprentis de
scies gones, plutt que di utiliser me sciecirculaire lectrique,
mais le tlier ne pourra pas ne pas disposer d'unpistolet et d'un
compresseur pour :raliser des travaux de peinture automobile.Par
contre pour la confection, l'utilisation gnralise de la machine
coudre,paratt contredire cette proposition puisque le tailleur
pourrait seulementquiper ses apJ:rentis d'aiguilles et de fil plutt
que de machines coudre.
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20
Mais ~ il est certain que des lments qualitatifs interviennent
ensus dans la dfinition de ce plancher capitalistique : la rgulari
t du travaileffectu au moyen d'une macltine coudre interdit de lui
prfrer l.B1 travailmanuel plus fruste. Les normes de fabrication
sont aussi imposes du dehors parla clientle et par son modle de
consonmation.
En conclusion, nous retiendrons que dans une activit donne le
seuilminimal de capital teclmique du secteur de subsistance est
dtermin d'me partpar les conditions de production teclmiques en
vigueur dans le secteur modernecapitaliste, travers de l'objet de
travail, et dVautre part, par les exigencesqualitatives des
conscmmateurs.
La rflexion prcdente dmontre en quoi le secteur de
subsistanceest fondamentalement diffrent de Partisanat tTaditiormel
qui produit desmarchandises spcifiques suivant des processus
teclmiques qui lui sont propresnon dtennins par me structure
productive dominante extrieure. LV artisanattraditionne1 tait donc
sans rapport avec la production et la teclmologie dusystme
industriel capitaliste. Ce n'est pas le cas pom- l'artisanat de
subsis-tance et nous verrons ultrieurement que cette dtennination
externe renvoie la fonction de fournisseur de biens et services du
dit secteur.
Enfin pour tel111iner cette rflexion, on signalera le
paradoxesuivant qui se dveloppe actuellement, en Afrique de l'Ouest
autour del'artisanat d vart et 1 vart~sanat de production :
l'artisanat d vart renvoie la production d'objets dVinspiration
traditiOIUlelle (masques, statues, bijoux)fabriqus, de plus en plus
de faon quasi industrielle (production en srie,standardisation,
largissement du march etc . ), alors que l'artisanat deproduction
porte sur des marchandises conues ou produites dans le
secteurmoderne capitaliste mais fabriqus ou l'paTs par" le secteur
de subsistancedans des canditions non-industrielles.
4 f ina.nc.eme.nt
Dans l'enqute que nous avons consacre la menuiserie artisanale
Abidjan en 1975, le financement des principales iJmnobilisations
avait tprcisment tudi.
-
21
La transposition de ces rsultats au sectem de subsistance pose
lmdouble probime. D' me part, celui de l'adquation des catgories d'
tmitsproductives utilises, puisque dans l'enqute menuiserie nous
n'utilisions pasencore la notion de secteur de subsistance, mais
plutt une typologie formelled'ateliers tablie partir le degr de
mcanisation des lmits et l'originesociale du patron.
On peut situer la limite superleure du secteur de subsistance
dansl'enqute lInuiserie, parmi les ateliers qui bnficiaient d'une
irtterventionextrieure dans leur financement, ralise par un agent
relevant du secteurpublic. C'est en effet dans cette catgorie dl
ateliers que commencent appara-tre les premires bauches de
comptabilit crite (nous verrons la significationde ce critre).
En tudiant le mode de financement des units productions situesen
de de ce plafond, on peut disposer d'lme bonne indication quant
auxressources qui sont mobilises dans les activits de production du
secteur desubsistance.
Reste alors rsoudre,la question de la gnralisation des
rsultatsobtenus dans la branche menuiserie d'autres activits. Les
nombreux contactspennanents que nous entretenons avec diffrents
types d'artisans et la collected'infonnations qu'ils reprsentent,
pennettent d'largir ce rsultat d'autresactivits de production du
secteur de subsistance.
Il ressort que l'autofinancement reprsente les 2/3 des
ressourcesmobilises par les artisans lors de la cration de lem
atelier de production.A cela, s'ajoutent des participations
extrieures (ainsi de quelques rarescrdits, court terme).
On rappelera que l'quipement est principalement install
aud&Jarrage de l'activit. Les 3/4- des machines sont, du point
de vue de lemnombre, acquises par les artisans ds la mise 'en route
de leur atelier.
On en conclut qu'il existe donc bien me fonnation de capital
dansle secteur de subsistance, mais nous verrons en quoi il n'y a
pas accumulation.
-
22
Section 2 La. force de travail prsente dans le secteur de
subsistance
La force de travail prsente dc1nS le secteur de subsistance
deproduction est constitue principalement par les apprentis (non
salaris) etle patron de l'activit.
Cette prsentation n'est ni fonnelle ni dogmatique; elle renvoie
fil'apparition d'une division du travail hirarchise et fonde sur
l'appropria-tion du surplus par l'initiateur de l'activit,
propritaire des moyens deproduction. Cette distinction dtemdne une
ligne de partage l'intrieur del'atelier de production. Pourtmt si
l'on se place, non plus au niveau del'atelier, mais au plan de l'
insortion sociale des patrons et apprentis, onconstate que la
division hirarchique, interne l'entreprise, se dilue et faitplace
me identit sociale des individus en question. Autrement dit,
ilsemblerait que les rapports de production qui se dveloppement
l'intrieur dela hirarchie des ateliers de production ne soient pas
des rapports de classe,mais seraient plutt identifiables des
rapports ans-cadets l'intrieurd 'm mme groupe social.
Cette hypothse, construite partir de nombreuses obsenrations
deterrains, serait tudier en faisant de l'apprentissage et des
apprentis unobjet de recherche en soi.
On a pu constater que l'apprentissage puisait largement dans
l'arrirefamilial ou villageois pour alimenter les ateliers en force
de travail.
Cet tat de fait assure une cohsion l'difice
socio-professionnelqu'est l' atel ier et appuie la thse de
l'homogni t. sociale de l'ensernble desactifs du secteur de
subsistance dans les activits de production.
Et cette identit sociale est \Dl facteur de stabilit interne
del' atelier, qui va pennettre la mise au travail d'une main
d'oeuvre dpendantepar \Dl patron omnipotent; l '~ge des actifs
recoupe les diffrences de statut,les apprentis ayant le plus
souvent moins de 20 ans et le patrOll plus de 30 ans.
L'apprentissage constitue la phase initiale et temporaire de
l'emploidans les activits de production du secteur de subsistance.
La totalit desindividus installs leur compte en tant que
menuisiers, mcaniciens ou
-
23
couturiers ont suivi tm apprentissage dans l'activit qu'ils
exercent aujourd'hui.Le plus souvent cette priode de fonnation a t
effectue dans lm atelier dep'!oduction dirige par lm africain,
ivoirien ou non, pendant me dure variable(6 ans en moyenne avec des
carts sensibles).
~rne si, lors de nos cnqutes p c'est une minorit d'artisans qui
asuivi, en plus, un autre apprentissage dans lme activit diffrente,
il sembleexcessif de s'en tenir me hypothse de parfaite
complmentarit entre ap-prentissage et activit professiOIUlelle dans
me mme profession.
Si l'on peut affinner, peur l'avoir constat ~ que tout artisan a
tapprenti ~s l'activit qu'il exerce aujourd'hui., il est
hypothtique derenverser la proposition en postulant qu'il
existerait me linarit systmati-que entre apprentissage et
artisanat, le premier menant au second d'tme part,et dans la mme
branche d'activit d'autre part.
Avoir t apprenti dans me activit donne est tme
conditionn6cessaire pour prtendre tre patron d'lm atelier de
subsistance de production.l'mais ce n'est pas, et de loin, me
condition suffisante.
A- Contenu de l'apprentissage
L'apprentissage tel qu'il est pratiqu dans le secteur de
subsistancen'est dfini par auame nonne de savoir-faire teclmique
atteindre. C'est mesituation professiOImelle qui ne peut tre dfinie
ni par le contenu de lafonnation dispense, ni par sa dure.
Il en rsulte des diffrences importantes d:ns le niveau de
comptenceacquise par chaque apprenti; mais ces variations se
situent globalement lahauteur d'me teclmicit rudimentaire.
La transmission du savoir du patron aux apprentis semble Si
oprer travers tm phnomne de dperdition des comptences du patron :
l'apprenti ensaura toujours moins que son patron; mais ne tardera
pas son tour s'instal-ler son compte en mettant au travail des
apprentis. Ce schma est vidennnentthorique puisqu'en le poursuivant
son tenne on parviendrait m niveau decomptence nulle. Or, ce n'est
pas le cas. Une acquisition de savoir faire estralise hors de ce
circuit et vient maintenir l'quilibre entre niveau decomptence des
actifs du secteur de subsistance et les tches productives
realiser.
-
24
Ce savoir-faire nouveau est appris dans les emplois salaris
desgrands garages ou des menuiseries industrielles de la place.
La mthode didactique qui prvaut dans l'apprentissage tel qu'il
estpratiqu dans les activits de production du secteur de
subsistance, est fondesur l'observation et l'imitation. La partie
pdagogique de l'apprentissage esttroitement mle, et mme confondue,
avec l'activit directement productive,ou plut8t c'est par tme
activit inundiatement productive que l'apprentis'initiera aux
habitudes et aux rflexes professionnels plus qu'aux techniqueset la
mthode du mtier.
L'actif acquiert m mi.ninn.un de savoir-faire pendant son
apprentissage,ce seuil tant dfini par les conditions de la
demande.
En effet, la 'comptence ne se dtennine pas tmiquement par
rapport la matrise pratique ou thorique d'me tedmique donne, mais
aussi selonla possibilit qu'a le travailleur indpendant (artisan)
de transformer sapropre force de travail en biens et services
travers tm march. Qu'm actifpuisse changer le produit de son
travail sur \ID march implique ncessairementqu'il ait tme certaine
comptence apte satisfaire tme certaine clientle.
La comptence et le savoir-faire renvoient couramment des
nonnestedmiques absolues alors qu'ils n'existent que relativement
l'change.
Et donc, de ce point de vue, l'apprentissage doit tre
considrconme fonnateur puisque ces apprentis produisent et
produiront, en tantqu'artisan en puissance$ des valeurs d'usage
qu'ils proposent, ou proposeront, l'change sur lm march.
Il Y a l un aspect essentiel, souvent nglig, des activits
depetite production, dont on considre les conditions de production
en n'occultantl'objet mme de cette production (biens et
services).
La conjonction des conditions de production et de l'objet
deproduction donne au secteur de subsistance un rle stratgique, en
tant quefournisseurs de biens et services non spcifiques du point
de we de leurvaleur d'usage, mais plrti.culier au niveau de leur
valeur d'change, puisqueproduits par tme main d'oeuvre
quasi-gratuite.
-
25
Les apprentis constituent l'essentiel de la force de travail
utilisedans les ateliers de production du secteur de subsistance.
Ils reprsentent les3/4 des travailleurs, raison de 4 ou 5 individus
par mit de production.
Ces apprentis sont le plus sotNent des jetmes ruraux, ou
desdscolariss du primaire, appartenant au rseau familial ou social
du patronqui y puise la main d'oeuvre ncessaire son activit.
Le travail quasi-gratuit qu'ils fournissent, mme s'il est de
qualitmdiocre, incorporant peu de savoir-faire et de capital, est
apte il satisfaireme demande faible solvabilit, et, une fois dduite
les cots intenndiaires, produire tm surplus net.
L'apprentissage, en tant que st~tut et les apprentis en tant
queforce de travail sont ncessaire l' apparition d' m surplus net
dans lesactivits de production du secteur de subsistance. L'absence
remarquable d'unsalariat permanent dans ce dit secteur apparatt
comme un point pertinent pourl'analyse et pour l'enqubte proprement
dite au niveau d'une diff~renciationcat~orieZZe des ateliers.
On peut faire l'hypothse que l'absence d'm vritable salariat
estlie, entre autre chose p au degr lev de concurrence entre les
ateliers deproduction du dit secteur; cette comptition ne laisse en
moyenne qu't.me partinfL11e du march ChaClID des producteUl"s. Et
cette recette unitaire faiblene pennet pas la fois de cowrir la
charge salariale et de dgager tu1 rsultatd'exploitation
positif.
De la valeur aj oute cre par l'entreprise sera dgage le
surplusnet que va s'approprier le patron, dduction faite de
quelques charges fixestels que loyer du terrain, patente, entretien
trs partiel des apprentis.
Occasionnellement, si la demande unitaire vient augmenter,
lepatron fait appel 4es "contractuels" qui sont, en quelque sorte,
des salaristemporaires employs lors d'm temps fort de l'activit
avec des perspectivesde recettes majores. Mais au nivea;u de la
recette courante (150.000 CFNmois)dans ie secteur de subsistance
tudi, seul l'emploi d'apprentis pent dedgager un surplus net, le
salariat produisait, lui!> un surplus nul ou mmengatif.
L'apprentissage est me phase de fonnation-production.
-
26
Il Y a ainsi lm processus simultan de gnration d'lm
surplus~produit du travail des apprentis ~ et l' acquis.ition par
ceux-ci de comptencesteclmiques.
En quelque sorte~ le patron fait payer en nature, le prix de
lafonnation qu'il dorme ses apprentis.
Mais la parit entre les deux lments du binme
"fonnation-production'1n'est pas certain.
- Au niveau idologique tout dVabord, Pquivalence des
prestationschanges entre le patron et lVapprenti n'est pas
effective puisque l'aspectfonnation l'emporte largement sur le
volet production. Le parent (ou tuteur)et le patron tombent
d'accord sur les modalits de l'apprentissage et l' acquisi-tion de
savoir~faire dont le jelDle bnficera pendant cette priode. Cet
accordest scell entre eux par l'offrande d'alcool et/ou lm
versement en espces aupatron par le parent (geste qui situe
explicitement le dbiteur).
- Au niveau concret ensuite, la fonnation acquise
effectivementparat relativement mince en regard du temps pass dans
l'atelier (gnralementplusieurs annes).
S'il est indniable qu'il y a effectivement acquisition d'un
certainsavoir faire (dont la meilleure preuve est l'existence dans
l' lmit de produc~tion d'lm surplus net ex post), la priode de
travail effective parat dpasserlargement le temps ncessaire 1 '
acquisition des comptences.
Ce temps ncessaire n'est pas dtennin arbitrairement. Il
s'achvethoriquement ds l'instant o l'apprenti reste cantonn des
tches productivesqui n'amliorent ni ne diversifient ses comptences.
Ce point de passage n'est l'vidence pas instantan et son reprage ne
manque d'tre problmatique.
Mais il importe davantage de montrer la ncessit de cette
squencefonnation-production (compte tenu de l' i.nrportance des
apprentis en tant queforce de travail principale d' lme part p et
de l'existence dl un surplus netd'autre part) que de reprer
concrtement un processus qui n'est ni ponctuel,ni mme
observable.
-
27
B- Entretien des apprentis
Compte tenu de la non-renn.mration de la force de travail
utilisedans le secteur de subsistance sous fOnRe d'apprentissage,
il se pose laquestion de la reproduction de cette main d'oeUVTe
gratuite.
Honnis, la fourniture d'lm repas par le patron en quivalent
monnaieou en nature, laquelle peuvent s'ajouter quelques menus
9Vcadeaux" (sic) dupatron ses apprentis, le cot d'entretien de
ceux-ci est essentiellementreport sur leur famille ou leur tuteur.
Et c'est extraversion du cot dereproduction de la force de travail
que constituent les apprentis, qui paratrendre possible le
fonctiormement du secteur de subsistance, c'est direconsquemment
l'apparition d'un sUlplus net.
Le petit patron va recrut. r ses apprentis panni sa propre
famille,dans l'arrire familial large ou dans son village
d'origine.
De plus, ses propres enfants peuvent tre leur tour apprentischez
lui ou auprs d'tm autre patron.
Dans cette situation, c'est le patron lui-mme quidevra garantir
la reproduction de la force de travail utilise dans le secteurde
subsistance. Il fournira cet entretien, non pas en tant que patron
par leversement d'lm salaire, mais en tant qu'actif d'tm mnage,
disposant d'unrevenu et assurant l'entretien des membres de cette
famille. Il n'y a pas,dans ces cas de figure l) extraversion du cot
de reproduction de la force detravail utilise, puisque au bout du
compte, c'est le patron, chef de famillequi doit coUVTir les
besoins domestiques, y compris ceux des apprentis.
Et si de l'chelle familiale, on passe au niveau du groupe
socialauquel appartiermeht patrons et apprentis, on peut se
demander si globalementla notion de travail quasi-gratuit des
apprentis n'est pas spcieuse.
En effet, l'extraversion du cot d'entretien des apprentis n'est
ellepas qu'une apparence ?
Certes, elle reste vraie au niveau de l'atelier puisqu'auCtm
salairen'y est distrb; mais elle ne semble pas recevable au niveau
du groupesocial dont relvent patrons et apprentis puisque c'est
dans cette sphre quesera assure la reproduction de la force de
travail des apprentis.
-
28
(Cette ~rnonstration s'appuie sur le postulat d' identit sociale
despatrons et des apprentis~ qui reste confinuer au moyen de
l'investigationsociologique).
L' apprentissage~ tel que nous l'avons observ .Abidjan~
pom-raitconstituer, pour des milieux que nous dirons populaires~ le
moyen de transfonnerme main d'oeuvre familiale ou villageoise j
elme ~ en force de travail produc-trice de valeur et donc de
revenus que s'approprient les patrons du secteur desubsistance.
Mais ces petits patrons appartenant au mme groupe social
(famille,village) que les apprentis ~ on peut avancer en toute
hypothse ~ que ce sontles apprentis eux mmes qui assurent,
partiellement ou totalement, leur entretien.
c- Exploitation des apprentis
La situation de cette force de travail pose une double question
:est-elle soumise il me exploitation d'me part, et celle-ci
est-elle indpen-dante de la position domine du secteur de
subsistance ?
On rpondra positivement la premire question, si la valeur crepar
l'apprenti est suprieure son collt de reproduction puisqu'il y a
fomnitured'm sur-travail. Faute d'me mesure de celui-ci, on ne
pel,lt que constaterl'apret et l'indigence des conditions
d'existence de ces jelmes travailleurs.
(Pour la main d'oeuvre fminine, le processus est identique,
sinonque leur prestation au travail ne transite pas, le plus
souvent par l'changemarchand; elles n'en fournissent pas moins m
travail considrable, maisdomestique)
Du point de vue de la situation gnrale du secteur de
subsistan~l'apprentissage a me triple fonction :
a) assurer la reproduction. technique du secteur de subsistance
eninitiant, plus ou moins, de futurs artisans,
b) fournir par sa gratuit et son travail lm surplus positif et
donclm revenu aux petits patrons de ce secteur,
c) mettre au travail me main d'oeuvre jeune virtuelle.
Quel que soit le niveau de la valeur cre par l'apprenti (par
rapport son cot d'entretien), sa mise au travail est le rsultat
d'me insuffisancerelative des ressources dont disposent les
rnnages~ auquel il appartient. Moins
-
29
qu'une priode de fonnation~ l'apprentissage reprsente plutt une
introduction un processus d' auto-entretien de l'apprenti g par la
mdiation du groupefamilial et de l'atelier de subsistance.
Que l'exploitation des apprentis soit vrifie ou pas g il
n'enreste pas moins que l'emploi de cette force de travail
correspond unencessit pour les ''milieux populaires" de faire face
aux conditions de vie quileur sont imposes en mettant au travail
foute persomie en ge d'tre productive,c'est dire de crer 1 '
quivalent montaire, ou au moins me partie, de sonentretien.
D- Fin de l'apIrentissage
La fin de l'apprentissage intervient la demande de l'apprenti
auquelle patron fournit lm certificat de travail qui notifie la
qualification laquelIe l'employ peut prtendre.
Un compranis parat s'tablir entre l'apprenti et le
patron.L'apprenti, aprs plusieurs annes de travail non rmtmr ~
aspire enfin mertribution correspondant sa capacit de production et
ses besoins domes-tiques grandissants (autonomie sociale: fin de,la
prise en charge familialelie l'ge de l'apprenti et par exemple
perspective de mariage ).
Mais si~ thoriquement~ l'apprenti a acquis des comptences
faisantde lui m offreur potentiel de force de travail sur le march,
il reste dpendant
, ,
de l'octroi d'un certificat de travail fourni par le patron de
l'atelier, qui,par ce papier, le rendra effectivement disponible
l'embauche en tantqu'ouvrier mcanicien, tlier ou menuisier.
Or la situation de l'emploi est telle dans le secteur de la
grandeindustrie, qu'elle rend cette proposition pour le moins
alatoire.
Il en rsulte que le patron, mme s'il libre l'employ de son
statutd'apprenti, conserve son gard me position lonine. Il gardera
ses meilleursapprentis auxquels il recormaitra la qualifica.tion de
vritables ouvriers enleur fournissant effectivement de bons
certificats de travail.
Dans la Isure de ses possibilits, lies au niveau d'activits
del'atelier, il leur octroiera un salaire alatoire et variable,
sans rapportavec les normes officielles.
-
30
La fin de l'apprentissage correspond au dveloppement de
l'autonomiesociale de l'apprenti qui, peu peu, doit subvenir
directement ses propresbesoins et ventuellement ceux de la famille
qu'il fonde.
Devant assurer totalement l'entretien de sa famille et de sa
propreforce de travail, l'apprenti est conduit modifier son statut
professiOIUlel.Son cot de reproduction s'largit avec sa
socialisation croissante, et conjoin~tement sa prise en charge par
le groupe familial se rduit.
L'apprenti couvrira autr.ement sa reproduction. Il peut vendre
saforce de travail sur le march du travail (salariat dans le
secteur moderne
vacapitaliste), ou bien il/se mettre son compte et extorquer son
tour dusur-travail des apprentis, ou aussi rester sans emploi et
sans revenu etmodifier la rpartition de son cot d'entretien en se
faisant prendre en charge
~ar d'autres parents ou amis.
Si l'apprenti, recOIUlU comme ouvrier par son patron, reste
confin tm emploi dans le secteur de suhsistance, faute d'emploi
salari dans lesecteur moderne capitaliste, c'est alors suivant lme
fonne hybride que s'oprela reproduction de sa force du travail.
D'me part, le patron verse son ouvrier lm sare minime
largementinfrieur au s..UG (25.000 F) et index sur les rsultats de
la productionmensuelle (de 10 20.000 F).
D'autre part, le patron accepte que son ouvrier effectue
quelquestravaux personnels pendant ses heures de travail, si
l'activit vient diminuer et que des opportunits de revenus se
prsentent hors de l' atelier.
dtoumenentsDe plus, des pratiques occultes tels que / ou
perceptions indues
de factures rgles par les clients vont dans ce sens, mme si
elles se situenten dehors de la rgle du jeu qu'a fixe implicitement
le patron.
Autant de procds qui sont destins pennettre l'ouvrierd'assurer
intgralement la couverture montaire de ses besoins domestiques,sans
qu'il y ait vritablement versement d'm salaire, au sens ou celui-ci
estle cot de reproduction de la force de travail de l'ouvrier.
La spcificit de l'ouvrier tel qu'il est employ dans le secteurde
subsistance, est que son cot de ~eproduction est assur la fois
parl'employeur et par l'ouvrier (et son arrire familial, s'il
compte des actifs).
-
32
E- De l'apprentissage au salariat
Nous avons vu que l'apprentissage en tant que mode d'entretien,
d'unmilieu de jeunes prol~tariss s'achevait lorsqu'on passait ~ un
autre processusde reproduction de la force de travail dtennin par
une socialisation desactifs (extension des besoins montaires,
mariage etc ).
Et e voie couramment emprunte par les apprentis, la fin de
leurapprentissage, les conduit s'employer comme salari dans une
moyeme ou gran,.:ipentreprise industrielle de la place.
Pour lm nombre important d'individus, le statut suivant
l'apprentis-sage en milieu artisanal est le salariat en milieu
industriel. Lors de nosenqutes, c'est environ 7S % des artisans
rencontrs qui nous ont dit avoiroccup l.Bl ou plusieurs postes
salaris dans une grande entreprise de la place(Menuiserie et
Garage). Ce constat ne signifie en auam cas que ce type demobilit
est vrifiable pour toute activit (cas de la confection par
exemplequi l' infinne).
De plus, il est sr que tout apprenti ne deviendra pas
nlkessairementouvrier salari dans la mme activit et dans tm.e firme
industrielle.
On retiendra seulement qu'e partie significative des artisans
danscertaines activits de production, a t salarie dans de grandes
ou moyermesentreprises, le plus souvent trangres. Pour ceux qui ne
l'ont pas t, ilne fait pas de doute que c'est l'absence d' me telle
opportunit qui les condui-::directement de l'apprentissage en
milieu artisanal ~ me activit~ indpendante.
Une des fonctions de ce passage par tm emploi d'ouvrier salari
estla recherche d'e amlioration des comptences de l'individu. Et
plus la phasesalarie est longue et diversifie, plus la teclmicit de
l'employ peuts'lever, encore que ce constat n'est pas tm caractre
de loi puisqu 1 il fauttenir compte du secteur et du poste
d'activit occup par l'ouvrier.
Ainsi dans l'activit de boulangerie o la ncanisation est
relative-ment dveloppe (ptrissage, pesage, moulage) par exemple,
les travailleursaffects aux postes de production, ralisent tm
travail simple dans lequelinternement des notions de s,avoir-faire
trs sonunaires ou au moins rptitives.
. . ~ ...
L'extension de la mcanisation du travail avec la division et la
parcellisatiO'1qu'elle impose, rduit la part de travail complexv
que fournissent les ouvriers
-
33
producteurs. Le sciage, le rabotage, le ponage raliss sparemment
par desindividus distincts, deviennent ainsi des activits dsintgres
qui ne proOlrentpas aux travailleurs la moindre comptence en tant
que menuisier ou beniste.Ils deviement des machinistes, pelyvalents
et mettant en oeuvre me force detravail plus physique que
tedmiqu.:::.
La conception, la fabrication tant de plus en plus clates, il
peutsans doute en rsulter me limite ce rle fonnateur que peut
proOlrer, souscondition, m emploi salari dans me menuiserie
industrielle par exemple.
Par contre, dans l'activit de rparation automobile cette
divisiondu travail ne parait gure possible.
Cette dernire remarque laisse penser que les activits
capitalistesde fabrication, avec le dveloppement de la mcanisation
et la parcellisationdes tches de produc~ion, seront de moins en
moins mme de rpondre cettequte de formation qui explique, en
partie, le passage de l'apprenti versl'emploi industriel.
Al' inverse, les activits capitalistes Ge rparation, par
l'organi-sation actuelle de leur production, restent plus
fonnatrices, du point de vue
~ travailleur salari qui projette de s'installer son compte.
Pendant cette phase de travail salari, m phnomne frquent
detravail parallle a t rpr et ramne notre rflexion son objet
initialle secteur de subsistance.
Pratiquement, le travailleur reste productif en dehors de son
tempsde travail salari (fin de journe, de semaines ou vacances).
Les moyens detravail sont constitus parfois d'outils ou de pices
prleves dans le stockde l'entreprise qui l'emploie, s'ils ne sont
pas achets par l'ouvrier lui-mme.Lorsque les tches raliser
ncessitent un appareillage teclmique plus lourd,le travailleur
utilise l'quipement dont disposent des artisans de ses amisou
parents dj installs. Cette utilisation se fait au prix cotant,
letravailleur louant forfaitairement le matriel et une partie de
l'espaceproductif de l'artisan.
L'ouvrier -artisM ses hel1TCS- travaille seul ou mobilise
lesservices d '\Dl aide en vue de certaines tches partiOllires pour
lesquellesil n'est pas outill ou comptent (mcanique si lui est
t8lier par exemple).
-
34
L'objectif de ces activits connexes est l'vidence de comp1terle
niveau de revenu disponible de l'ouvrier. Il semblerait que la
conjonctiondes activits indpendantes (de subsistance) et l'emploi
salari soit en passede devenir prob1matiqtle si l'on croit par
exemple des employs d'une grandeentreprise de ferronnerie. lhl
obstacle important ce double emploi tientnaturellement aux limites
physiques de l'individu qui aprs sa j oume ou sasemaine de travail
n'est pas en mesure dVentamer une seconde ph;:l.se d'activit.De
plus, la prolifration des petits ateliers de production de
ferronnerieenlve maintenant me part notable du travail auxquels ces
salaris-artisanspolNaient prtendre il y a encore "deux ou trois
ans" (sic).
Le dernier lment enfin vient de la surveillance accrue de l'
entre-prise concerne sur son propre quipement; elle ne tolre plus
de voir systma-.tiquement son matriel utilis d'autres productions
que celles de seschantiers.
Dans le contexte inflationniste actuel de la Cte d'Ivoire (27 %
en1977), le secteur de subsistance de production (mais aussi de
service et dedistribution) constitue un amortisseur important, la
hausse de prix, entant que pourvoyeur de ressources noUV'elles.
L'acquisition de revenus nominaux ou rels complmentaires
nes'effectuent pas principalement par l'action revendicative des
travailleurs,mais plutt par la mise en oeuvre de capacit
supplmentaire de travai1~individuellement par extension de la
journe de travail, ou collectivement parmise au travail de membres
de la famille, soit les deux conjointement.
On constate que les secteurs agricole ~ industriel et
conunercia1 n'estpas en mesure d'absorber (pour l'instant 7) toute
la main d'oeuvre disponibled'une part, et d'autre part, d' assurerJ
au moins une partie des travailleurs-et de leurs dpendants- le
niveau de reproduction attendu par ceux-ci. Leurrevendication n'est
pas affirme explicitement mais se matrialise traversl'existence et
le dveloppement du secteur de subsistance.
Dans ce contexte, le travailleur cherchera valoriser
individuel-lement ses comptences professiOlIDe11es en exerant lm
travail indpendantparallle son emploi salari.
Il" amliore ainsi son revenu disponible, prospecte me clientle
etprpare ventuellement son passage une activit exclusivement
artisanale. Faceaux risques de licenciement ou de dparts
involontaires (ge, maladie, chmage) J
-
3S
le secteur de subsistance reprsente me assurance sociale de
premireimportance, CODmle source de revenu ultime avant la
pauprisation absolue.
Mais le secteur de subsistance ne dilue,,:,t-il pas ainsi la
contestationouvrire en atomisant la stratgie des salaris face leurs
conditions detravail puisqu'il s 'y dveloppe des rponses
individualises et participativesqui fonnent ensemble le secteur de
subsistance ?
Les rflexions qui prcdent, consacres la fonction de
l'apprentis-sage dans le sectetn" de subsistance et son
prolongement ventuel dans lesalariat industriel, ne pretendf,mt
pas, tant s'en faut, embrasser l'ensembledes aspects de la
question.
Ce n'est qu'une piste de recherches ouverte des
investigationsultrieures, et fonde sur l'observation et l'analyse
de ce secteur de subsis-tance. Nous avons seulement voulu montrer
ici, par me approche empirique, quel'apprentissage ne peut pas
tenir dans lUle catgorie statistique que l'onillustre couranrnent
au moyen de valeurs absolues. Nous voulons entmr merflexion sur le
contenu concret et l'utilisation de cette appellation qui, leplus
souvent, est strictement limite un simple dnombrement.
Et l encore, la catgorie usite comme celle de secteur
infonnel,fait cran l'analyse de ce secteur conomique.
Notre but est d'entreprendre me rflexion pistimologique proposde
ces notions trop usuelles et mal dfinies mais qui finissent par
apparaitreconme de wTitables catgories scientifiques, force
d'usage.
2 Le. J?!U?tPn
Cette appe~lation reOAlVl:'Q W1e pluralit de fonnes puisque
appliqueindiffrenunent dans l'artisanat, la PME \:lU la grande
industrie, autant auniveau des postes de direction qu' celui du
statut.. 40 nropri.taire.
Le critre de proprit de l'activit productive prive
i'VtJ:""'';emne neconfre pas aux patrons nationaux llhomogntHt que
la notion d'entrepreneursuppose.
-
36
Bien qu'ils soient tous les rcipiendaires du surplus net que
dgagela force de travail utilise dans la production, des
diffrenciations essentiel-les s'tablissent entre les patrons
nationaux au mme titre qu'entre lesmodalits et l'ampleur de leur
aCCU1lR.1lation productive respective. Ils consti-tuent ainsi des
sous-groupes socialement distincts les lBlS des autres; et mmesi
une dfinition fonctionnelle les rassemble sous me mme vocable, la
natureet la fonne de leur activit renvoie de mcanismes sociaux et
conomiquesradicalement diffrents, quand ils ne sont pas
antagoniques entre eux.
Homs la position hirarchique cormnune qu'ils occupent dans
leuratelier ou leur(s) entreprise(s), rien ne pennet d'assimiler
pas l'exemple lepetit patron artisan au, notable propritaire, entre
autre chose, d'lBle ouplusieurs boulangeries.
Un critre simple pent de dgager ici lBle premire ligne de
partagepertinente entre ces diffrents types de patrons : suivant
que le propritairede l'activit est aussi tm. professionnel de
celle-ci, ou pas, on peut dfinirdeux grands modes de fonnation de
capital priv ivoirien.
a) Si le propritaire n'est pas lBl professiormel de l'activit,
ils'agira gooralement d'lBle accumulation plus affairiste et
financire queprofessionnelle. Par son ampleur, sa diversit et ses
modalits, elle consti-tuera lBl type de fonnati~ de capital
fondamentalement diffrente de celle queralisent les artisans. Le
patron sera alors lBl ''honme d'affaires".
b) Les artisans par contre, sont des professimels en ce sens
qu'ilss'engagent comme initiateur et propritaire, dans une activit
principale desubsistance, pour laquelle ils ont t fonns, peu ou
prou, coume apprentiset/ou comme salaris.
Mais la catgorie "artisan", elle non plus, ni est pas
monolithique etmalgr l'existence de certains points conunUJ1S tous
les artisans (dont \Dlcertain savoir faire) des diffrences
remarquables vont les sparer en deuxsous groupes nettement
distincts. Le plus JIq)Ortant par son poids socio-conomique est
sans aucun doute le secteur de subsistance; le second tant
lesecteur de transition qui inclut les quelques ateliers artisanaux
en voied'mergence vers me structure de rroduction capitaliste.
Globalement on apuestimer ces demiers moins de 10 % du nombre total
des ateliers de productionde type artisanaux. Autrement dit, la
promotion de la 1MB partir de l'artisanatrelve davantage d'me we de
l'esprit et de l'idologie que d'lm processusrel.
-
37
(La promotion de la petite et moyeme entreprise ivoiriemen'enest
pas moins relle, mais s 'effectue essentiell~ment sur le mode non
profes-sionnel vu en a).
D'une manire gnrale, dans les deux secteurs, (1 'm. de
subsistancel'autre de transition dont la juxtaposition devrait
recouvrir ce qu'il estconvenu d'appeler l'art1sanat) on retiendra
qu'il existe une identit dans leprofil biographique professionn~l
des artisans; une mlTl0 mobilit les conduitde l'apprentissage en
milieu artisanal, une activit de patrons dans cemilieu en passant
ventuellement par une activit salarie dans me grandeentreprise de
type moderne.
Si l'on s'en tient une dfinition fonctiormelle, on retiendra
qu'entant que patron, celui-ci est effectivement l'initiateur de
l'activit et qu'ila m rle d'encadrement 'et de contrle sur la
production et la vente. Il estpropritaire du capital tedmique, il
st destinataire exclusif du rsultat netd'exploitation.
Ces lments de dfinition classique du patron ne laissent
pastransparatre le degr particulier de division du travail qui
prvaut dans lesecteur de subsistance, car si, statutairement, le
patron l'exclusivit de ladirection de l'atelier, il intervient
directement dans les tches de production.
Du point de vue des temps de travaux effectus par le patron
d'mepart, et le reste de la force de travail utilise d'autre part
(principalementapprentis), la contribution du premier est
relativement peu importante. Parcontre, on peut penser que sa
productivit est suprieure celle des apprentis(soit qu'il ralise
plus rapidement que ces derniers, \IDe mme t'che, soitqu'il
effectue des travaux complexes que les apprentis ne sont pas en
mesurede faire).
La dure du travail du patron est, en outre, variable suivant que
lepatron est en plus, salari ou non dans un tablissement industriel
de la place.Si par exemple le patron conserve me activit salarie de
tlier ou de mcani~
, cien dans une grande entreprise tout en dirigeant son atelier
de rparationautomobile dans le secteur de subsistance la sparation
des tches de directionet de production devient encore plus vidente
que s'il est uniquement petitpatron plein temps.
Des visites frquentes et rgulires en dehors de ses heures
detravail salarie, lui pennettent de suivre travaux et
clientle.
-
38
L'activit principale salarie ne fait pas de ces petits
patronsdes absentistes, compte tenu de 1'~ortance vitale qu' pour
eux cetteactivit de subsistance parallle.
En dehors de ce cas particulier du patron-salari dans lequel
ladivision du travail est nette, la hirarchisation. des tches dans
l'ensembledes activits de production ou du secteur de subsistance
pose q~stion.
On aura constat qu'entre les activits de service du secteur
desubsistance et celle de production, la hirarchisation s'largit en
rnre tempsque l'importance du surplus net dgag ex post.
Pour la vendeuse de kola par exemple, installe dans la rue
devantson domicile, la division verticale du travail est nulle
puisqu'elle est lafois l' initiatrice, la propritaire et la main
d'oeuvre de l' activit. Le plussouvent, elle exerce seule cette
activit sans l'aide d'apprentis et son revenumensuel n'excde pas
10.000 F.
Par contre, pour les activits de production du secteur de
subsistance(garage, menuiserie, ferronnerie, confection) me fonne
de hirarchisationapparat par la mise au travail d'apprentis et le
surplus net dgag peutatteindre 50.000 F par mois.
Ainsi, on CDnstate la pennanence de la structure d'emploi par
ensembled'activits au sein de ce secteur de subsistance.
Il n'existe pratiquement pas de vendeuses de kola qui emploient
unnombre significatif d'apprentis, COIIBlle il n'est pas courant de
rencontrer untlier, lm mcanicien ou un peintre-auto travaillant
seul. En gnral, ceux-ciutilisent en moyenne quatre ou cinq
apprentis.
De mme que pour le capital technique nous avions tabli lm
niveaustructurel d'quipement, il se dessine en matire d'emploi, m
optimum, variabled'me activit l'autre mais pennanent pour chacune
d'elles.
On peut avancer que, plus le ccOt des consamnations
interndiairesest relativement peu important dans le prix de vente,
plus l'activit utilisede force de travail.
Cette proposition serait tautologique si cette force de
travailutilise la production tait rmunre. or elle ne Pest pas; mais
c'estl'argunent du patron artisan qui justifie ses prix de vente
par la rtributiondu travail, qui est quasi-gratuit, en fait.
-
39
Et quand la force de travail utilise n'est pas seulement celle
quepeut fournir le travailleur indpendant" on voit apparattre me
premire bauchede division verticale du travail. Il semble bien que
ce soit la nature del'activit qui va dtenniner l'existence et
l'ampleur de cette hirarchisation.On' pourrait ainsi distinguer
deux situations typiques et ,extrmes, mais reelles.
Un premier cas de figure dans lequel le patron ou la patrOime
fournitexclusivement la force de travail ncessaire son activit.
1'apprentssagey est donc en principe inexistant.
L'importance du travail fourni est faible par rapport aux
cotsintenndiaires, par mit de produit vendu.
Cette description. correspond la situation des activits de
micro-camnerce (cigarettes, cola, journaux, bimbeioterie etc. ) qui
ncessitent peude capital de dpart (5.000 10.000 F) et auame
comptence particulire.
A l'oppos, dans les activits de production tudies,
l'apprentis-sage est la rgle et la hirarchisation des tches
apparatt sous la fonne simpleproprit/excution.
En mme temps qu'elles initient les jeunes apprentis aux ficelles
dumtier, ces activits sont principalement pouzvoyeuses de travail :
rparationautomobile, confection, ferrormerie" menuiserie etc
De l, on peut constater que les activits qui utilisent le plusde
main d'oeuvre (nombre d'apprentis) sont celles qui ncessitent lm
certainsavoir faire II et que la valeur ajoute qui en est dgage est
cl' autant plusimportante
Le niveau du surplus n'est pas indpendant du nombre
d'apprentismis au travail.
Avec l'apparition de l'apprentissage, le patron de l'activit
utiliseles rapports de production qu'il a subi ou qu'il subit
encore en tant quesalari dans les entreprises industrielles
capitalistes pour les imposer sontour cooune patron.
Simultanment ou successivement le salari a pu mettre en oeuvre
dansson atelier personnel des rapports de production qui lui sont
favorables parle fait qu'ils rendent possible l'appropriation du
sur-travail des apprentisou" au moins, du produit de leur
travail.
(Si les rapports de production du secteur de subsistance donnent
lieu une exploitation, ce n'est pas sous une forme
capitaliste).
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Deux conditions dtenninent cette possibilit :
D'me part, me srie de contingences personnelles vont
intervenirdans ce glissement vers une activit indpendante :
disposition d'un capitalminimum, ~tence, charge familiale,
amnagement d lm espace productif,activits dj entreprises etc...
D'autre part, la "pennissivit" du systme conomique
capitalistequi laisse se dvelopper dans son sillage ce secteur de
subsistance dans lequelvont resurgir des rapports de domination,
sinon d'exploitation.
PrcdeITD1lent, noUS avons w conment l'apprenti tait mis au
travailpar un patron et en quoi il tait domin voire exploit. Qu'en
est-il maintenantdu patron de l'activit de production du secteur de
subsistance ?
Est-il la fois exploiteur dans ce secteur et pressur,
directementou indirectement~ dans le systme conomique dominant?
Les salaires verss aux travailleurs du secteur capitaliste
sontd'autant moins levs que ceux-ci orientent la plus. grande
partie de leurconsommation vers le secteur de subsistance; celui-ci
leur fournit, bas prix,les biens et services ncessaires leur
entretien. Et ces prix de vente rduitsne sont pas le rsultat d'une
productivit leve dans le dit secteur mais biencelui d'une non
rnnmration de la force de travail utilise.
L'activit productive des ateliers de subsistance estrmmre
unniveau qui assure seulement la simple reproduction teclmique de
la capacitproductive de ces ateliers et l'entretien domestique du
patron et, indirectementnous l'avons vu, des apprentis.
Les bnficiaires apparents sont donc les consommateurs quisr
adressant au secteur de subsistance, ils acquirent des marchandises
sousvalues, amliorant ainsi leur powoir d'achat et rduisant leur
propre cotde reproduction. Et sr ils sont salaris dans le secteur
capitaliste, c'est son profit que ce processus s'opre
finalement.
Les patrons du secteur de subsistance sont le relais de ce
phnomnede rduction, du cot d'entretien de la force de travail
salarie mais sociale-ment et conomiquement ils restent du ct des
domins mme si leur tour,ils mettent des apprentis au travail.
-
41
- Nationalit des petits patrons des branches de production
Sur Abidjan, en 1976, il a t recens 14.237 tablissements
sdentairesne tenant pas le Plan Comptable Ivoirien nonnal, rpartis
en 23 branches etreprsentant 280 activits (7).
Nos enqutes ont port sur les branches de production 13
(Menuiserie)et' 19 (Garage). Si l'on considre en plus la branche 11
(couture, confection),on notera que le nombre de patrons
(exploitants) recens est de 4.465 soit ~peu moins du tiers de
l'effectif total.
La participation ivoirienne dans ces branches est respectivement
de
33 %en menuiserie50 % en rparation automobile29 %en
confection.
Pour l'ensemble des tablissements sdentaires, elle est, en
moyermede 24 % environ (alors Gue la population trangre abidjanaise
est value 50 " du total urbain).
En faisant rfrence cette statistique on peut estimer que
lesecteur de subsistance, y compris les branches de production, est
majorittrangre.
De l, il est dduit que la situation prcaire et difficile de
cesecteur de subsistance affecte principalement les trangers qui il
resteratoujours le recours d'w rapatriement si la situation
s'aggrave encore davantage.Le raisormement n'est pas faux, cette
proposition occulte d'me part, laprsence d' w nombre significatif
d'ivoiriens dans certaines branches (37 % dansla production) et
d'autre part, il vacue de manire inconsquente, la
.fonctionessentielle du secteur de subsistance dans les mcanismes
de sous valuation dela force de travail utilise dans le secteur
moderne capitaliste.
(7) Recensement gnral des activits en milieu urbain.Tome IV :
Les centres urbains de plus de 100.000 habitants.Rel - Ministre du
Plan D.E.D.
-
42
De faon prudente et en ouvrant seulement le dbat, on peut
constaterque les conditions de production du secteur de
subsistance
a) ne sont pas de type capitaliste : absence d'un vritable
sala!iat~inexistence du profit et de l'accumulation du capital,
faible teclmologie,identit de classe entre patron et apprenti;
b) mais ils ne sont pas non plus prcapitalistes, parce qu'il
existedj lm secteur modern capitaliste d'une part, et que d'autre
part, lesconditions de production observes ne prsagent pas du
passage des unitsproductives tudies vers une fonne de capitalisme
industriel : nous le savons,elles restent confines dans le secteur
de subsistance;
c) ne sont pas tme squelle d'un mode de production en voie
d'extinc-tion (de type "traditiOJU1el") puisque on enregistre au
contraire, tm mouvementconjoint d'industrialisation, d'urbanisation
et d'extension du secteur desubsistance.
Les conditions de production du secteur de subsistance
paraissentreleves d 'tm mode productif spcifique dont nous
envisagerons les conditionsde reproduction.
La combinaison des diffrents facteurs production tudis
prcdenunentva se matrialiser dans l'acte productif. Et le solde de
l' activit fournirale resultat net d'exploitation ou surplus
net.
A ct de la production de valeurs d'usage qui font l'objet
del'change, l'apparition d'un surplus net constituera l'autre
facette du Tleque tient le secteur de subsistance.
Ces deux fonctions sont pratiquement confondues Il mais leur
distinctionpeut tre tablie partir de l'analyse des conditions de
production d'une partet de reproduction d'autre part.
Le surplus net relve la fois des premires (production) en
tantque rsultat d'activit, et des secondes (reproduction) conune
lment dtenni-nant de l'accumulation productive.
Dans 1 t analyse des conditions de reproduction, nous
envisageronssuccessivement le surplus net et son utilisation puis
les conditions gnralesd'expansion et de 'rcession du secteur de
subsistance dans les branches deproduction.
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CHAPITRE Il :
CONDITIONS DE REPRODUCfION DU SECI'EUR DE SUBSISTANCE
Section 1 le surplus net
L'tude de l'organisation productive dite de subsistance a
montrla singularit de cette structure de production travers les
caractristiquesdes lments matriels et humains qui y participent
directement. Et les condi-tions de production ont t dfinies par la
fonction propre de chacun d'eux etleur combinaison; leur rsultat
(ou .surplus net) sera maintenant tudi.
L'atelier de subsistance qu'il soit de production, de
distributionou de service, est largement pourvoyeur de revenus
populaires. Les activitsproductives qu'il abrite crent de la valeur
d'change de laquelle sera dgagele surplus net que s'approprie
patron (ou patronne) de l' activit considre.
Et c'est, en dernire instance, l'apparition virtuelle de ce
surplusde subsistance qui aura dtennin l'existence de 1 'mit
productive. L'ensembledu dtour de production va tre tabli par
l'artisan pour que soit dgag enfin de priode un surplus net
positif. Lorsque la Conjoncture est borme, lersultat net peut tre
deux fois suprieur au !:MIG (25.000) dans les branchesde production
tudies.
Mais la situation ordinaire est gnralement moins brillante.
Ettrs nombreux sont les artisans qui constatent amrement le manque
de travailqui les handicape. Pour beaucoup, l'attente et l'espoir
de voir leur activitse dvelopper, tient lieu de seuil ultime avant
la pauprisation absolue oul'illgalit ("je continue pour ne pas
voler'. "Si j'ai la chance, les clients
"r' in~"l " il )vont vero. ~ trava1 manque, Dla1S on peut manger
.
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L'obseIVation nous laisse penser que ce marasme endmique qui
frappeles activits de subsistance ne tient pas aux conditions
internes de production,puisque, si la situation est
exceptiOIU1ellement favorable m atelier ordinaireest capable de
multiplier significativement ses rsultats d'activit.
Autrement dit, il existe une capacit de production et de rponse
la demande, largement sous employe, dans laquelle l'artisan peut
puiser poursatisfaire un march occasionnellement actif. L'lasticit
de l'offre parrapport il la demande est donc leve.
Certes, le processus n'est pas inpuisable et thoriquement on
peutimaginer que les conditions de production puissent devenir,
dans m contextede hausse pennanente du vo1tune de la production,
inadaptes ou insuffisantes.Mais cette hypothse est errone, car il
apparat qu'me amlioration durablede la demande globale se traduit
davantage par une hausse du nombre des ateliersque par une
croissance du volume de production tmitaire