LAISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. DOSSIER DE PRESSE
L A I S S É P O U R M O R T . H A B I T É PA R L A V E N G E A N C E .
DOSSIER DE PRESSE
20th Century Fox et New Regency
présentent
Un film réalisé par Alejandro G. Iñárritu
(The Revenant)
Leonardo DiCaprio
Tom Hardy Domhnall Gleeson Will Poulter
Forrest Goodluck Paul Anderson
Kristoffer Joner Joshua Burge Duane Howard
Scénario : Mark L. Smith et Alejandro G. Iñárritu
Inspiré en partie du roman de Michael Punke Le Revenant
Image : Emmanuel « Chivo » Lubezki, ASC/AMC
Décors : Jack Fisk
Montage : Stephen Mirrione, A.C.E.
Superviseur des effets visuels : Rich McBride
Costumes : Jacqueline West
Un film produit par
Alejandro G. Iñárritu, Arnon Milchan, Steve Golin,
Mary Parent, Keith Redmon, James Skotchdopole
Durée : 2 h 36 min
Photos et dossier de presse téléchargeables sur : www.foxpresse.fr
Site officiel : www.therevenant-lefilm.com
SORTIE NATIONALE LE 24 FÉVRIER 2016
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Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur,
est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par
ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir.
Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme
et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un
environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif
de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver
tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.
Inspiré de faits réels, THE REVENANT est une formidable histoire de
survie et de transformation.
l’histoire
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Avec le film d’aventures épiques THE
REVENANT, le réalisateur oscarisé
Alejandro G. Iñárritu nous transporte au
XIXe siècle, en pleine conquête de l’Ouest,
pour nous raconter la légende de Hugh
Glass. Le film, qui immerge le public
au cœur de l’Amérique profondément
sauvage de 1823 avec tout ce que cela
comporte de beauté, de mystère et de
danger, retrace le parcours physique
et psychologique d’un homme prêt à
tout pour survivre. À mi-chemin entre
le thriller et le voyage initiatique, THE
REVENANT explore l’instinct primaire de
l’être humain, sa volonté de se battre
non seulement pour sa survie, mais aussi
pour sa dignité, la justice, ses convictions
et sa famille.
Connu pour ses films 21 GRAMMES, BABEL
ou encore BIRDMAN, lauréat de l’Oscar
du meilleur film, Alejandro G. Iñárritu
signe avec THE REVENANT sa première
fresque historique et met son style
singulier, mélange d’images saisissantes
et d’émotions intimes, au service d’une
histoire qui transporte le public là où le
cinéma moderne s’est rarement aventuré.
Le fait que le film ait été tourné en pleine
nature sauvage a permis à l’équipe de se
faire une idée des difficiles conditions de
vie de Hugh Glass et de ses compagnons
dans les années 1800. Mais le réalisateur
et son équipe étaient prêts à relever tous
les défis d’un tournage entre le Canada
et l’Argentine, des régions connues
pour leurs conditions météorologiques
imprévisibles et leurs vastes étendues
sauvages, afin de s’immerger dans le
quotidien des trappeurs du début du
XIXe siècle.
Alejandro G. Iñárritu a travaillé en
étroite collaboration avec l’acteur primé
aux Golden Globes et nommé à l’Oscar
Leonardo DiCaprio qui incarne Hugh
Glass, un rôle aussi exigeant sur le plan
physique que sur le plan émotionnel.
Grâce au talent d’acteurs internationaux
tels que Tom Hardy, primé aux BAFTA
Awards, Domhnall Gleeson ou Will
Poulter, et à des comédiens amérindiens,
le cinéaste a réussi à ressusciter un
passé méconnu. Avec son collaborateur
de longue date, le directeur de la
photographie oscarisé Emmanuel « Chivo »
Lubekzi, ils ont adapté leur style à la
fois lyrique et intimiste aux grands
espaces : tantôt la caméra semble flotter
à travers des paysages grandioses,
tantôt elle s’approche au plus près des
personnages, si proche que l’on peut voir
leur respiration. Alejandro G. Iñárritu a
également consulté plusieurs historiens
afin de représenter de la manière la
plus authentique possible les conflits
territoriaux aujourd’hui mythiques qui
ont opposé le gouvernement américain
et les tribus amérindiennes.
La légende de Hugh Glass commence
en 1823, lorsqu’il prit part, à l’instar
de milliers d’autres, au commerce des
fourrures, moteur majeur émergent
de l’économie américaine. À l’époque,
beaucoup considéraient la nature comme
un désert spirituel qui ne demandait
qu’à être dompté et conquis par les plus
audacieux des hommes. C’est ainsi que
ces aventuriers se sont précipités dans
l’inconnu, qu’ils ont remonté des rivières
non cartographiées et se sont enfoncés
dans des forêts incroyablement denses
en quête d’adrénaline et d’aventure, mais
également de profit. Ils se retrouvaient
souvent en concurrence directe avec les
tribus amérindiennes installées depuis
longtemps sur ces terres.
Nombre de ces hommes sont morts
anonymement, mais Hugh Glass est
entré dans la légende en refusant tout
simplement de mourir. Sa légende est
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née après qu’il a survécu à l’attaque d’un
grizzli, l’un des plus grands dangers
de l’Ouest. Pareille attaque aurait
suffi à terrasser le plus aguerri des
pionniers, mais pas Glass. Dans le film,
le personnage, atrocement blessé,
s’accroche à la vie, mais il est rapidement
trahi par les membres de son équipe,
ce qui ne fait qu’alimenter son désir
de survivre à tout prix. Malgré la
terrible perte qu’il subit et sa situation
désespérée, Glass est déterminé à ne pas
se laisser mourir. Par soif de vengeance,
il entreprend alors un périple semé de
dangers inconnus qui va le confronter
à des cultures étrangères, et qui
finalement, se transformera en quête de
rédemption. Tandis qu’il arpente l’Ouest
sauvage, il se débarrasse peu à peu du
désir de destruction qui le gouvernait
jadis. Il s’est transformé en Revenant,
un être revenu d’entre les morts.
Alejandro G. Iñárritu déclare : « L’histoire
de Glass pose les questions suivantes :
qui sommes-nous lorsque nous nous
retrouvons dépouillés de tout ? De
quelle étoffe sommes-nous réellement
faits ? De quoi sommes-nous capables ? »
Leonardo DiCaprio commente : « THE
REVENANT raconte l’incroyable histoire
d’un homme confronté aux éléments
dans une contrée sauvage, une Amérique
encore inconnue. C’est un film qui explore
le pouvoir de l’esprit. L’histoire de Hugh
Glass fait partie de ces légendes que l’on
se raconte au coin du feu, mais Alejandro
l’a utilisée pour étudier ce qui se passe
lorsqu’on est confronté à la mort, ce
que notre esprit est capable d’endurer
et les conséquences d’une telle épreuve
lorsqu’on y survit. »
THE REVENANT s’oppose en tout point
au monde clos du précédent film du
réalisateur, BIRDMAN. Après avoir exploré
les névroses de la société contemporaine,
Alejandro G. Iñárritu livre ici une grande
fresque historique américaine, avec ses
perpétuelles tensions entre sauvagerie
et civilisation, sérénité et ambition.
Il déclare : « J’ai rêvé de ce projet durant
plus de cinq ans. Il s’agit d’une histoire
intense et poignante qui se déroule
dans des décors grandioses et raconte
la vie de trappeurs qui, en dépit des
souffrances physiques, développent une
grande spiritualité. Bien que l’histoire de
Glass soit en grande partie apocryphe,
nous nous sommes efforcés de rester
fidèles à ce que ces hommes ont vécu
dans ces vastes territoires vierges. Nous
n’avons pas ménagé notre peine, tant sur
le plan physique que technique, pour
livrer un film aussi sincère que possible. »
Le cinéaste a été fasciné par la capacité
qu’a le danger de nous mettre à nu et de
révéler ce dont nous sommes réellement
faits, ainsi que par la manière dont il
met au jour ce qui serait resté enfoui si
l’on n’avait pas été confronté à notre
propre mortalité. À propos du danger
que l’on peut rencontrer en pleine
nature, l’alpiniste Reinhold Messner
a déclaré : « La montagne a le don de
nous remettre à notre place. On n’y
découvre pas combien l’on est grand et
fort, au contraire : elle nous apprend
combien nous sommes fragiles, faibles
et gouvernés par nos peurs. Mais on ne
peut véritablement prendre conscience
de cela qu’en étant confronté à la
mort. » La chef costumière Jacqueline
West ajoute : « Le personnage de Glass
prend conscience de la possibilité de sa
propre mort, et c’est quelque chose de
très puissant. »
Cette confrontation avec la mort
est également étroitement liée à
l’extraordinaire relation qui unit le
trappeur à son fils, car après la mort
de celui-ci, Glass s’accroche encore
davantage à la vie.
Alejandro G. Iñárritu commente : « THE
REVENANT raconte non seulement
l’histoire d’un homme qui livre un dur
combat pour sa survie, mais également
une histoire pleine d’espoir. Pour moi, le
plus important était de raconter cette
aventure avec un esprit d’émerveillement
et de découverte, de la traiter comme
une exploration à la fois de la nature
sauvage et de la nature humaine. »
Le producteur Steve Golin déclare :
« Alejandro met beaucoup de sincérité
dans tout ce qu’il fait. Ses films sont
réalistes mais possèdent également
une dimension spirituelle et dans THE
REVENANT, cette combinaison s’exprime
de manière inédite. »
LA LÉGENDE DE HUGH GLASS
Depuis deux siècles, la capacité de
Hugh Glass à repousser les limites
de son corps, de son esprit et de son âme
a fait de lui une véritable légende. On
sait peu de choses sur ses jeunes années
hormis sa naissance à Philadelphie en
1773, mais il semblerait qu’il ait été pirate.
À 30 ans, il a pris la direction de l’Ouest
et en 1823, il a participé à l’expédition du
capitaine Andrew Henry pour explorer
la rivière Missouri. C’est près de ce
qui est aujourd’hui la ville de Lemmon,
dans le Dakota du Sud, que Glass a
été attaqué par un ours et abandonné
par les hommes désignés pour rester
auprès de lui, persuadés – à tort – qu’il
ne survivrait pas.
Hugh Glass n’a laissé aucun écrit derrière
lui, à l’exception d’une lettre destinée
aux parents d’un compagnon tué par les
indiens Arikaras. Lorsqu’on a découvert
qu’il avait survécu, son histoire s’est
étalée dans tous les journaux du pays.
Depuis, plusieurs biographies et romans
ont vu le jour, mais en 2002, Michael
Punke a publié Le Revenant, l’un des
récits les plus approfondis et les
plus documentés sur les événements.
Curieusement, Michael Punke n’est pas
écrivain mais représentant de commerce ;
sa fascination de toujours pour les
pionniers de la conquête de l’Ouest l’a
cependant conduit à étudier toutes les
ressources possibles afin de dresser le
portrait le plus réaliste de Hugh Glass
jamais réalisé.
Son livre a été qualifié par Publishers
Weekly de « conte héroïque enchanteur
sur l’obsession de la vengeance » et été
plébiscité par les amateurs de récits
d’aventures, parmi lesquels figuraient
les producteurs d’Anonymous Content :
Steve Golin, Keith Redmon et David
Kanter.
Steve Golin déclare : « J’ai toujours aimé
les films de survie en pleine nature, et
nous nous sommes tous dit que le roman
de Michael Punke ferait un formidable
film d’aventures. La route a été longue
pour David, Keith et moi, mais nous
sommes plus que ravis du résultat final
et de l’extraordinaire équipe qui nous a
aidés à réaliser ce projet. Cela n’a pas
été évident, mais la créativité que cette
histoire a inspirée est tout simplement
exceptionnelle. »
Anonymous Content a confié l’écriture
du scénario à Mark L. Smith, qui a vu
dans cette histoire l’occasion de faire
vivre au public une expérience à peine
imaginable à l’ère du tout-technologique.
Il explique : « Dans les années 1820, quand
on vous abandonnait en pleine nature,
1211
vous vous retrouviez vraiment seul
au milieu de nulle part. Il n’y avait pas
d’iPhone pour vous venir en aide. Glass
est confronté à des expériences presque
inimaginables, qu’il s’agisse de tomber du
sommet de chutes d’eau vertigineuses ou
de combattre des loups. Son histoire est
une aventure, mais c’est aussi un riche et
émouvant cheminement intérieur et j’étais
persuadé que cela pourrait également
faire un formidable spectacle visuel. »
Cet espoir est devenu réalité lorsque
Alejandro G. Iñárritu a accepté de réaliser le
film afin de transporter les spectateurs dans
un univers aussi fascinant qu’inaccessible.
Mark L. Smith commente : « Cette histoire est
très différente de ce à quoi Alejandro nous
a habitués, c’est pourquoi au début j’ai été
très étonné qu’il ait envie de la porter à
l’écran. Mais lorsque nous avons commencé
à travailler sur le scénario, c’était comme
une évidence. Il était très investi et avait des
idées incroyables. Ça a été une formidable
collaboration. »
New Regency était très enthousiaste
à l’idée de collaborer avec Alejandro
G. Iñárritu. Brad Weston, le président-
directeur général de la société, déclare :
« Nous avons été enchantés par la vision
d’Alejandro, dont nous avons compris
toute l’ampleur, la portée et le besoin
de flexibilité, et nous y avons aussi vu
l’occasion de renouer avec les racines de
New Regency, une société qui apporte tout
son soutien aux réalisateurs. Il s’agissait
à nos yeux d’un projet ambitieux sur le
plan créatif mais également attractif
sur le plan commercial. »
Alejandro G. Iñárritu a développé
le caractère fictif des récits déjà
apocryphes sur la vie de Glass tout en
s’attachant à explorer les thèmes sous-
jacents de l’histoire. Il commente : « Je tenais
non seulement à raconter le parcours
physique de Glass et Fitzgerald mais
également leur psychologie, leurs rêves,
leurs peurs et leurs deuils. Comme en
musique, l’intrigue principale constituait
une formidable mélodie de base, mais
c’est qui se passe dans leur tête et dans
leur cœur qui confère tout son lyrisme
à la partition. »
Pour Leonardo DiCaprio, l’empreinte
du réalisateur sur le scénario est
incontestable. « J’étais ravi lorsque j’ai
appris qu’Alejandro allait prendre part
au projet, confie-t-il, car c’est un metteur
en scène unique. Je savais qu’il saurait
immerger le public dans l’univers du
film. Il s’agit en premier lieu de l’histoire
d’un homme qui lutte pour sa survie,
mais Alejandro lui apporte tellement de
nuances qu’il lui confère une incroyable
profondeur. »
Comme seuls les faits historiques sont
avérés, Alejandro G. Iñárritu et Mark L.
Smith ont pu laisser libre cours à leur
imagination. Leur approche a cependant
été dictée par la notion d’authenticité
culturelle. Mark L. Smith explique : « Nous
avons fait d’importantes recherches sur
la manière dont parlaient les trappeurs
par exemple, ou sur les outils qu’ils
utilisaient. Nous tenions à ce que les
spectateurs découvrent cet univers tel
qu’il était vraiment. »
Le réalisateur avait en effet à cœur
de recréer ce monde perdu de manière
authentique. Le premier jour du tournage,
il a réuni la production sur les rives
de la rivière Bow dans l’Alberta, où les
acteurs plongeraient bientôt dans l’eau
glacée pour le tournage d’une scène
d’action. Tous se sont vu remettre une
rose rouge. Le conseiller culturel
Blackfoot Craig Falcon a alors présidé
une cérémonie avec l’aide des aînés de
la tribu locale des Stoney afin de bénir
1413
le film, les animaux et la terre. Après
cette bénédiction, Alejandro G. Iñárritu
a demandé aux 300 personnes présentes
de se donner la main en silence. Puis
tous ensemble, ils sont entrés dans l’eau
pour disperser leurs pétales de rose.
LEONARDO DICAPRIO INCARNE HUGH GLASS
Leonardo DiCaprio a incarné une
multitude de personnages – de Howard
Hughes à Jay Gatsby en passant par le
« Loup de Wall Street », Jordan Belfort –
mais le rôle de Hugh Glass a constitué
un défi inédit pour l’acteur. Il a en effet
dû explorer des territoires que peu
d’entre nous ont sillonnés dans notre
monde moderne. Il s’agit de son rôle le
plus physique mais également le plus
silencieux, tout en étant puissamment
éloquent.
À propos de ce qui l’a séduit dans
l’histoire, Leonardo DiCaprio déclare : « Ce
film évoque des thèmes très forts,
notamment ceux de la volonté de vivre
et du rapport à la nature. Et puis au
cours de ma carrière, j’ai joué souvent
des personnages éloquents, qui avaient
beaucoup de choses à dire, et à cet égard,
le rôle de Glass a été un défi unique
pour moi car il a fallu que j’exprime mes
émotions sans parler, ou alors dans une
langue qui m’était étrangère. Pour ce
faire, j’ai essayé de vivre l’instant présent,
et de réagir à ce que nous réservait la
nature et à ce que Glass traversait dans
la scène que nous tournions. Ce rôle
m’a conduit à explorer la nature la plus
profonde de l’instinct de survie. »
L’acteur a également été séduit par la
volonté du réalisateur de raconter
l’histoire de Hugh Glass avec un
réalisme qui plonge le public dans
l’Ouest sauvage d’avant les westerns
traditionnels. Il commente : « Je n’avais
jamais vu de film sur cette période de
l’histoire américaine, j’étais donc très
curieux. Il s’agit d’une époque unique
dans l’histoire de l’Ouest américain, une
époque bien plus sauvage que ce que
nous appelons aujourd’hui le Far West.
C’était un peu comme l’Amazonie : une
contrée sauvage inconnue, un no man’s
land où très peu de lois s’appliquaient.
Ces trappeurs venus d’Europe ou de la
côte Est américaine devaient apprendre
à vivre – et survivre – en pleine nature,
comme n’importe quel animal sauvage. »
Alejandro G. Iñárritu a été heureux
de voir qu’à l’instar de Hugh Glass,
Leonardo DiCaprio était prêt à explorer
ses limites. Il déclare : « Leonardo est
un acteur extraordinaire qui pense à
tous les détails et sait exprimer tous
les aspects du comportement humain, et
c’est aussi un formidable observateur. Il
possède un talent inné pour exprimer les
nuances et les mouvements rythmiques,
et tout ce qui donne pleinement vie à
un personnage. Il aborde son travail
dans un esprit de collaboration et avec
beaucoup d’intelligence ; il cherche
toujours ce qui peut rendre une scène
plus percutante. Il s’est également nourri
de son rapport personnel à la nature.
Son interprétation est par conséquent
non seulement poignante mais aussi
surprenante. »
Pendant le tournage, Leonardo DiCaprio a
été confronté à des épreuves auxquelles
aucun comédien n’aurait pu se préparer
complètement. Le réalisateur raconte :
« Leonardo a connu les pires conditions
qui soient pour un acteur : une météo
extrêmement rude, un costume inconfortable,
du maquillage extrême, et il a dû explorer
les plus sombres recoins de l’âme humaine.
1615
connu pour ses rôles éclectiques, que
ce soit dans INCEPTION de Christopher
Nolan ou dans LOCKE de Steven Knight.
Le réalisateur déclare : « Fitzgerald est
un homme plein de préjugés, mais c’est
également un être meurtri, gouverné par
la peur d’autrui et incapable de s’ouvrir. »
Il ajoute : « Tom possède une rare
délicatesse. Il est très séduisant, bien bâti
et puissant, mais il sait aussi se montrer
d’une extrême fragilité, et c’est ce qui
fait de lui un acteur unique. »
Tom Hardy s’est révélé être un formidable
adversaire pour Leonardo DiCaprio, qui
déclare : « Fitzgerald est un personnage
très intéressant parce qu’on comprend
parfaitement ses motivations. C’est un
homme qui ne possède rien et qui pensait
enfin tenir le bon filon, mais ses espoirs
sont réduits à néant en l’espace d’une
seconde. Dès lors, son unique objectif
est de survivre – tout se résume à « tuer
ou être tué » – et à cet égard, Glass est
un obstacle sur son chemin. Fitzgerald
aussi est un survivant, mais il décide de
s’en sortir très différemment de Glass,
en devenant impitoyable. »
L’acteur poursuit : « Tom et moi avions déjà
collaboré, c’est quelqu’un dont j’admire
énormément le travail. Je trouve que c’est
un des acteurs les plus captivants qui
soient, et j’ai pris beaucoup de plaisir à le
regarder créer ce personnage. Il possède
une réelle brutalité, quelque chose de
sauvage qui était absolument essentiel
pour le rôle. Fitzgerald n’incarne pas
la figure du méchant classique ; Glass
et lui démontrent leur force de manière
complètement différente. »
Domhnall Gleeson, dont le personnage,
le capitaine Henry, réalise qu’il a été dupé
par Fitzgerald, était très enthousiaste à
l’idée de donner la réplique à Tom Hardy.
Il déclare : « Tom fait de Fitzgerald un
homme impénétrable. Mon personnage
nourrit un complexe d’infériorité vis-à-
vis de lui mais petit à petit, il commence
à s’affirmer. C’était un vrai plaisir de me
mesurer à Tom. »
LE TRAPPEUR, PIONNIER DE L’ENTREPRENEURIAT
L’histoire de la traite des fourrures
américaine est brève mais décisive,
et si les contes qu’elle a engendrés
portent aux nues le courage des hommes
qui l’ont écrite, ils font aussi état de la
destruction qu’a généré ce commerce.
Bien qu’elle ait façonné l’image
romantique du trappeur – figure solitaire
idéalisée prétendument aussi sauvage que
la nature qu’il était venu apprivoiser –,
la traite des fourrures était aussi un
commerce très rentable. D’une certaine
manière, elle a marqué l’avènement de
l’archétype de l’entrepreneur occidental,
visionnaire iconoclaste que rien ni
personne n’arrête et qui n’a de comptes
à rendre qu’à lui-même.
Leonardo DiCaprio déclare : « Cette époque
a marqué les débuts de l’industrialisme
dans l’Ouest américain. Avant la
découverte de l’or et du pétrole, la
traite des fourrures était un commerce
lucratif. Les trappeurs se rendaient dans
des contrées sauvages où vivaient les
populations indigènes pour en extraire
les ressources, mais à quel prix ? C’est
la question que se pose Hugh Glass et
un thème fort du film. »
Le commerce des fourrures a commencé
à la fin du XVIIe siècle, lorsque les
Amérindiens se sont mis à échanger
leurs chaudes peaux de bêtes contre
des outils en métal venus d’Europe.
Mais tout cela n’empêche pas qu’il se passe
immédiatement quelque chose lorsqu’il
apparaît devant la caméra, c’est comme s’il
émanait de lui une force particulière. La
manière dont a été tourné le film a exigé
beaucoup de lui en termes de rythme, de
timing, de souffle et de silence, mais il possède
une telle présence que cela fonctionne. »
L’acteur confie quant à lui s’en être
entièrement remis au réalisateur : « Ce
qui me plaît beaucoup dans l’approche
d’Alejandro, c’est que c’est un cinéaste
de la vieille école qui croit encore au
cinéma d’antan. C’est aussi une sorte
d’« outsider de l’intérieur » : il connaît les
rouages de l’industrie cinématographique
contemporaine mais il a été influencé
par toute une vie à étudier l’histoire du
cinéma, ce qui lui a permis de développer
un style propre, tout à fait particulier :
le style Iñárritu. Il existe très peu de
cinéastes capables d’échapper au moule
hollywoodien et de réaliser un film d’une
portée aussi épique que celui-ci. »
L’attaque qui menace de mettre un terme
à la vie de Hugh Glass a immédiatement
plongé Leonardo DiCaprio au cœur du
sujet. L’acteur se souvient : « La scène de
l’attaque de l’ours a été incroyablement
difficile et éprouvante à tourner, mais
elle est profondément émouvante.
Alejandro réussit à placer le public au
plus près de l’action afin qu’il sente la
respiration de Glass et le souffle de
l’animal. Cette scène dépasse tout ce que
j’ai pu voir. Glass doit trouver le moyen
d’échapper à l’emprise de ce gigantesque
animal, il est à deux doigts de la mort…
et on est à ses côtés à chaque instant. »
Les intenses conversations qu’il a eues
avec Alejandro G. Iñárritu à propos de
Glass ont nourri l’interprétation de
Leonardo DiCaprio. L’acteur déclare :
« La femme et le fils fictifs de Glass,
qui appartiennent à la tribu Pawnee, le
distinguent des autres trappeurs. Il est
déjà imprégné de la nature et a plus ou
moins délaissé le monde plus matériel qui
est celui des hommes qu’il accompagne.
En tant que père, il a dû faire face à des
défis uniques dans cet environnement
hostile, et cela a façonné son caractère.
On comprend que son fils Hawk et lui
sont en marge du groupe, leur relation
est donc une puissante force motrice
tout au long du film. »
L’acteur a réalisé la plupart de ses
cascades lui-même. Il a notamment été
enterré sous la neige, a joué nu par -5°C
et a sauté dans une rivière glaciale,
mais chacun de ces moments l’a aidé à
mieux comprendre la volonté qui anime
son personnage. Tandis qu’il parcourt
l’immensité de l’Ouest, Glass ne fait
pas que survivre : il se transforme
profondément, ce que Leonardo DiCaprio
révèle par touches subtiles à travers son
jeu et qui vient renforcer le caractère
émouvant du dénouement.
L’acteur conclut : « Tout au long du film,
la question est de savoir si la vengeance
apaisera Glass au bout du compte… mais sa
volonté de vivre prend progressivement
le pas et son cheminement se transforme
en une forme de quête spirituelle. »
TOM HARDY INTERPRÈTE JOHN FITZGERALD
La lutte pour la survie de Hugh Glass
trouve un sombre pendant dans la
lente plongée de John Fitzgerald dans la
paranoïa, la récrimination et l’amertume.
Pour incarner Fitzgerald, l’homme qui
trahit Glass et lui donne ainsi la volonté
de survivre, Alejandro G. Iñárritu a
choisi l’acteur britannique Tom Hardy,
1817
Au début du XIXe siècle, lorsque la
demande de chapeaux en fourrure, et
notamment de hauts-de-forme en feutre
de castor, s’est envolée sur le vieux
continent – et que le prix des peaux de
castors a atteint 6 dollars la livre
–, la traite des fourrures a constitué
un véritable moteur pour l’économie
américaine et a entraîné la création de
nouvelles routes commerciales qui ont
ensuite ouvert la voie au développement
de l’Ouest.
Dans les années 1820, le commerce de la
fourrure s’étendait jusqu’aux Rocheuses
et était devenu hautement compétitif.
Les fourreurs se livraient en effet une
guerre sans merci tout en décimant au
passage les tribus indiennes. Hugh Glass
travaillait pour la Rocky Mountain Fur
Company, alors nouvelle venue sur le
marché. La compagnie utilisait le système
des « rendez-vous » ce qui signifie qu’elle
ne construisait ni cabanes, ni forts
pour ses trappeurs qui devaient chasser
pour se procurer leur nourriture,
construire leurs abris et mener leurs
propres batailles, renforçant ainsi leur
réputation d’hommes impassibles.
Mais le mythe romancé du trappeur
héroïque cache une réalité beaucoup plus
sombre. Nombre d’entre eux passaient
leur vie à rembourser les dettes qu’ils
avaient accumulées tandis que les
propriétaires des compagnies de négoce
des fourrures amassaient d’immenses
fortunes. Et si les trappeurs vivaient
au rythme de la nature, leur rapport
à leur environnement était souvent
antagoniste, si bien que certaines espèces
animales ont frôlé l’extinction et qu’ils
ont altéré à jamais ces grands espaces
et le destin des nations amérindiennes
qui la peuplaient.
Pour recréer cet univers dans toutes
ses nuances, Alejandro G. Iñárritu a fait
appel à des experts tels que l’historien
Clay Landry, affilié aux deux seuls
musées américains dédiés à cette période :
le Museum of the Mountain Man du
Wyoming et le Museum of the Fur Trade
du Nebraska. Pour les spécialistes comme
Clay Landry, l’histoire de Hugh Glass,
c’est un peu le b.a.-ba. Il déclare : « Lorsque
vous étudiez l’histoire du commerce de la
fourrure dans les Rocheuses, l’une des
premières choses que l’on vous apprend,
c’est l’histoire de Glass tant elle est
remarquable. »
Tout au long du tournage, l’historien
a éclairé l’équipe sur l’état d’esprit des
trappeurs, les outils qu’ils utilisaient et
leurs techniques de survie. Il a transmis
son savoir aux acteurs lors d’un « boot
camp » où ils ont notamment appris à
fabriquer un arc, poser des pièges à
castors, écorcher de faux rongeurs
et lancer des tomahawks. Clay Landry
raconte : « Les acteurs ont beaucoup appris
pendant ces quelques jours. Nous leur
avons enseigné tout ce qu’un trappeur
a besoin de savoir. Ils ont bien entendu
tiré à blanc et n’ont pas vraiment eu à
survivre par eux-mêmes, mais ils ont pu
se faire une idée de la rudesse de la vie
en pleine nature. Ils voulaient en savoir
le plus possible sur cette période. »
Arthur Redcloud, qui incarne Hikuc,
le guérisseur amérindien que Glass
rencontre au cours de son périple,
ajoute : « Ce boot camp ne nous a pas
seulement aidés sur le plan physique,
il nous a aussi beaucoup appris sur le
plan émotionnel et spirituel. Pour moi, il
ne s’agissait pas uniquement de renouer
avec le passé, mais d’en acquérir une
nouvelle vision. »
2019
EN TERRITOIRE ARIKARA
Au début de THE REVENANT, l’expédition
du capitaine Henry est attaquée par
les membres d’une tribu installée sur
les rives de la rivière Missouri. Il s’agit
des Indiens Arikaras – surnommés les
Ree par les trappeurs –, dont l’offensive
historique contre la Rocky Mountain
Fur Trading Company a scellé le destin.
Alejandro G. Iñárritu tenait à mettre en
avant le rôle essentiel, bien que souvent
ignoré, des Arikaras dans sa version de
la légende de Hugh Glass.
Les Arikaras, qui s’appellent en réalité
entre eux les Sahnishs, ont été baptisés
ainsi par les autres tribus en raison de
leurs coiffes de plumes. Agriculteurs
semi-nomades à la culture riche, ils
vivaient dans les plaines depuis plus de
1 000 ans lorsque les Européens sont
arrivés. En 1804, l’expédition Lewis et
Clark a croisé les Arikaras et les a
qualifiés de pacifiques. Dans les années
1820, après avoir été déplacés à plusieurs
reprises, ils se trouvaient dans un autre
état d’esprit. Une attaque menée contre
des trappeurs a alors entraîné une
réaction de l’armée américaine qui a
décimé la tribu au cours de la première
de nombreuses guerres brutales. Dans
les années 1830, plusieurs épidémies de
variole et des conflits avec les Sioux
ont diminué la population Arikara, déjà
affaiblie, de 70%. Ils ont pourtant survécu
et se sont installés dans le Dakota
du Nord où le dernier représentant
de la langue Arikara, alors menacée,
a réussi à la maintenir en vie. Il était
tellement important pour le réalisateur
de dresser un portrait authentique de
la nation Arikara qu’il a fait appel à
Loren Yellowbird Sr., historien Arikara,
anthropologue et chef interprète et
Ranger au Fort Union Trading Post dans
le Dakota du Nord.
Loren Yellowbird Sr. était ravi que les
Arikaras prennent enfin toute leur place
dans cette histoire. Il déclare : « Beaucoup
de gens n’ont jamais entendu parler des
Arikaras, ce film était donc l’occasion de
mettre un autre point de vue en avant et
de ramener ce monde à la vie. J’ai trouvé
cela fantastique, car mettre la langue
et la culture Arikara de cette époque
en lumière est très important. »
Le film met en effet en scène le mode
de vie traditionnel Arikara juste avant
son déclin. L’historien commente : « Les
Arikaras vivaient dans des villages
établis depuis plusieurs centaines
d’années, ils possédaient de solides
réseaux d’échanges commerciaux et
une culture cérémonielle complexe qui
n’avait pas encore été altérée. »
Mais cela a rapidement changé avec
l’expansion du commerce des fourrures.
Loren Yellowbird Sr. raconte : « Aux yeux
des Arikaras, les trappeurs n’avaient
aucun respect pour cette terre et ceux
qui la peuplaient. Ils pénétraient sur des
territoires qui ne leur appartenaient pas
et les pillaient. Ils ne négociaient pas,
ils se contentaient de se servir sans rien
demander à personne. »
Après leur attaque contre les
trappeurs, les Arikaras se sont forgé
une réputation de féroces guerriers,
mais Loren Yellowbird Sr. rappelle que
cette attaque s’inscrit dans un contexte
particulier : « Les fourreurs se sont mis à
craindre les Arikaras, mais étonnamment,
les femmes de la tribu ont continué à les
épouser, ce qui prouve qu’abordés avec
respect, les Arikaras étaient pacifiques.
Je pense qu’ils traitaient les trappeurs
et l’armée de la manière dont ils se
sentaient eux-mêmes traités. »
2221
a prévenus qu’il voulait que ce soit
une expérience difficile pour nous, les
acteurs… et il a tenu parole ! Nous avons
été confrontés à des situations et des
conditions difficiles, mais c’était excitant
parce que c’était très différent de ce
à quoi nous sommes habitués. Je n’avais
évidemment encore jamais rien vécu de tel,
mais il y a une certaine ivresse à réaliser
un film de cette manière, car on ne fait
plus ce genre de cinéma aujourd’hui. »
Domhnall Gleeson affirme que la rudesse
du tournage a enrichi son interprétation.
Il explique : « Mon personnage n’est pas
habitué à de telles conditions, il n’est
pas dans son élément et trouve la
situation très difficile, je me suis donc
appuyé sur ce que je vivais moi-même pour
l’interpréter. Le plus important pour moi,
c’est que le public perçoive le désespoir,
la folie et l’incertitude de ces hommes. »
Will Poulter : Jim Bridger
L’acteur britannique Will Poulter (LE
LABYRINTHE) incarne Jim Bridger, qui
allait devenir plus tard un guide mythique
de l’Ouest. Mais dans THE REVENANT, il n’est
encore qu’un adolescent – un adolescent
qui doit faire face à sa conscience après
que John Fitzgerald et lui abandonnent
Hugh Glass, mortellement blessé. Will
Poulter a été séduit par la richesse
du rôle. Il déclare : « C’est un honneur
d’incarner quelqu’un qui a vraiment
existé et dont les techniques de survie
ont fait la réputation à une époque et
dans une région où l’espérance de vie
était très limitée. »
Le jeune Jim, fraîchement débarqué dans
l’Ouest, n’a pu qu’être marqué pour
toujours par cette expérience. L’acteur
commente : « Je pense que pour Alejandro,
Bridger est l’incarnation de l’innocence
confrontée aux pires situations de la vie.
Il représente également le conflit entre
le garçon qu’il est et l’homme qu’il est
en train de devenir. Jim doit apprendre
à s’affirmer, à affronter ses peurs une
fois pour toutes et à faire les bons choix.
Il se retrouve face à des situations que
des hommes tels que Glass, Fitzgerald
ou le capitaine Henry ont déjà vécues,
et pour survivre, il va devoir grandir
– et vite. » Bridger était initialement un
apprenti de Glass. Will Poulter raconte :
« Dans l’Ouest sauvage, Glass est sans
doute ce qui se rapproche le plus d’une
figure paternelle pour Jim. Il l’idolâtre
car à ses yeux, c’est le meilleur guide
et le meilleur tireur de la région. C’est
pourquoi lorsque la situation tourne
mal, Bridger perd tous ses repères. »
Le jeune homme est en effet obligé de
pactiser avec Fitzgerald. Pour exprimer
le mélange d’horreur, de colère et de
peur que son personnage ressent envers
Fitzgerald, Will Poulter a travaillé en
étroite collaboration avec Tom Hardy. Il
commente : « Leur relation est loin d’être
amicale. Ceci étant dit, ce ne sont pas
non plus des ennemis. Le lien qui les unit
est trouble et complexe. Leur relation
repose sur le fait qu’ils sont tous les
deux conscients d’avoir besoin l’un de
l’autre pour survivre. »
À l’instar de ses partenaires, Will
Poulter a été fasciné par la manière
dont Alejandro G. Iñárritu et Emmanuel
Lubezki ont tourné le film. Il explique : « Je
n’avais jamais eu à interagir de manière
aussi intime avec la caméra auparavant,
ni à livrer mon âme devant l’objectif de
cette façon, mais je dois dire que ça a été
une expérience incroyable. C’est presque
comme si je ne jouais plus la comédie, car
d’une certaine manière, il fallait que je
devienne le personnage. »
Le mode de vie de la tribu a alors décliné
jusqu’à presque disparaître. Loren
Yellowbird Sr. raconte : « Notre mode de
vie a commencé à disparaître si vite que
nous n’avions aucun moyen d’inverser
le cours des choses. Par chance, nous
avions des chefs intelligents, des
visionnaires qui pensaient au futur et qui
ont pris les bonnes décisions pour que
leur peuple survive. Aujourd’hui, j’essaie
de suivre leur exemple. En faisant ce
film, par exemple, je me suis demandé ce
que je pouvais faire pour maintenir notre
langue, notre culture, nos chansons
et nos coutumes en vie pour que mes
arrière-arrière-petits-enfants puissent
toujours en profiter. »
L’historien est particulièrement heureux
que certains jeunes Arikaras aient
l’occasion d’entendre la langue de
leurs ancêtres et de voir comment ils
vivaient pour la première fois grâce à THE
REVENANT. Il confie : « J’ai beau posséder un
iPhone, cela ne m’empêche pas d’honorer
nos traditions car je pense qu’il est
important pour nous de respecter nos
ancêtres. Cette histoire montre combien
ils ont souffert pour que nous puissions
être ici aujourd’hui. »
Si Loren Yellowbird Sr. est le seul Arikara
à avoir pris part à la production, quelque
1 500 Amérindiens et membres canadiens
des Premières Nations apparaissent dans
le film, et tous étaient désireux d’en
apprendre davantage sur les Arikaras.
L’historien commente : « Les figurants
tenaient à représenter ce monde de
la manière la plus réaliste qui soit,
et cela m’a fait chaud au cœur. Si je
devais incarner un membre d’une autre
tribu, je ferais la même chose. » Craig
Falcon, éducateur culturel Blackfoot
spécialisé dans la culture amérindienne
et aborigène, a également participé au
film. Ses connaissances en matière de
chevaux et de peintures de guerre ont
été précieuses pour l’équipe. Une fois
de plus, c’est l’authenticité culturelle
recherchée par le réalisateur qui a
séduit l’éducateur culturel. Il déclare :
« Les Amérindiens veulent voir la vérité,
pas comme dans les vieux westerns où
on voyait Ricardo Montalbán déguisé en
Indien ! THE REVENANT est en tout point
authentique, que ce soit pour le langage,
les peintures de guerre des chevaux
ou le portrait qu’il dresse de chaque
tribu. » Arthur Redcloud, qui a grandi
dans une réserve Navajo et interprète
Hikuc, conclut : « Ce film est très spécial
et nous tenions à y mettre tout le cœur
et toute l’âme de notre peuple. »
LES PERSONNAGES SECONDAIRES
Domhnall Gleeson : le capitaine Henry
Domhnall Gleeson, acteur irlandais
en pleine ascension que l’on peut
également voir en 2016 dans BROOKLYN,
incarne le capitaine Andrew Henry.
Personnage historique, Henry était l’un
des fondateurs de la Rocky Mountain
Trading Company et le chef de l’expédition
remontant la rivière Missouri. Le film va
cependant au-delà de ce que l’Histoire a
retenu d’Andrew Henry, comme l’explique
Domhnall Gleeson : « Le vrai Andrew
Henry était très respecté alors que dans
le film, on découvre un homme peu sûr
de lui qui se transforme peu à peu en
meneur d’hommes. Il évolue en effet
tout au long de l’histoire et devient
progressivement l’homme dont on se
souvient aujourd’hui. » Dès le départ,
l’acteur était conscient que le tournage
serait éprouvant. Il raconte : « Avant même
le début du tournage, Alejandro nous
2423
Forrest Goodluck : Hawk
Forrest Goodluck, 16 ans, fait ses
débuts au cinéma dans le rôle de
Hawk, le fils fictif de Hugh Glass et d’une
Amérindienne. Membre des tribus Diné,
Mandan, Hidatsa et Tsimshian originaire
du Nouveau-Mexique, Forrest Goodluck
est passé par un long processus de
sélection pour décrocher le rôle.
La complexité de ce personnage tiraillé
entre deux mondes a beaucoup inspiré
l’acteur. Il raconte : « Hawk est à moitié
amérindien et à moitié blanc. Très jeune,
il a dû quitter son village, il a perdu sa
mère et a été très gravement brûlé dans
un incendie. Il s’est renfermé sur lui-même
et a subi un traumatisme psychologique
– on parlerait aujourd’hui de stress post-
traumatique. Mais je pense que chacune
de ces épreuves l’a rendu plus fort. C’est
un personnage à la fois fort et fragile.
Il ne sait pas vraiment où est sa place
car il n’est totalement accepté ni par
les blancs, ni par son propre peuple. »
Un lien profond et indéfectible l’unit
cependant à son père, Hugh Glass.
L’acteur commente : « Leur relation repose
sur le respect mutuel. Un lien silencieux
les unit, mais à cette époque on ne pouvait
pas se permettre d’être sensible, leur
relation peut donc parfois sembler
brutale, même s’ils ressentent en réalité
beaucoup d’amour l’un pour l’autre. »
Duane Howard : Elk Dog
Elk Dog, le puissant guerrier Arikara
à la recherche de sa fille, Powaqa,
qui a été capturée, est interprété par
Duane Howard, un acteur des Premières
Nations originaire de l’île de Vancouver
au Canada. À propos de son personnage,
il déclare : « Elk Dog est une autorité.
Lorsqu’il prend la parole, on l’écoute,
et même lorsqu’il ne dit rien, les gens
sont attentifs. Il inspire le respect, mais
en retour, il est prêt à donner sa vie
pour son peuple. »
Pourtant, lors de l’attaque du campement
des trappeurs par les Arikaras, Elk Dog
est très touché par les morts et la
destruction dont il est témoin. Duane
Howard se souvient : « Il a vraiment fallu
que je me mette à nu, que je me montre
vulnérable. Ça a été une expérience
intense. »
Pour le tournage de THE REVENANT, l’acteur
a dû apprendre et s’approprier la langue et
la culture Arikara. Il commente : « L’Arikara
est très différent de ma langue, mais ça a
été très enrichissant et très intéressant
d’en apprendre davantage sur ce peuple. »
Duane Howard a été très touché par la
volonté de la production de représenter
les peuples amérindiens aussi fidèlement
que possible. Il déclare : « L’équipe a fait
un travail remarquable. Chaque détail
du film, des peintures corporelles aux
vêtements, a une signification bien précise,
comme c’était le cas à l’époque. »
Arthur Redcloud : Hikuc
Hikuc est un personnage central
dans l’univers de THE REVENANT. Âme
solitaire rencontrée dans les plaines
et sauveur inattendu de Glass, il est
interprété par Arthur Redcloud, un Navajo
qui décrit son personnage comme « un
homme prêt à relever un nouveau défi
et à prendre un nouveau départ ».
Arthur Redcloud a lui-même étudié
auprès de son grand-père pour devenir
guérisseur au sein d’une réserve Navajo.
2625
Après avoir obtenu le rôle, l’acteur
a beaucoup réfléchi à la scène dans
laquelle Hugh Glass découvre Hikuc en
train de se nourrir d’une carcasse de
bison. Il explique : « Dans notre culture,
le bison n’est pas seulement un animal,
il symbolise la force, la guérison et la
compassion. C’est pourquoi lorsqu’on
voit mon personnage manger cet animal,
il ne nourrit pas uniquement son corps,
il nourrit aussi son esprit et son âme. »
Le fait de donner la réplique à Leonardo
DiCaprio a davantage intrigué qu’intimidé
Arthur Redcloud, qui déclare : « Pour moi,
c’était avant tout une incroyable occasion
d’apprendre, mais je tenais aussi à essayer
de voir en lui. À plusieurs reprises, j’ai essayé
de lire dans son cœur et de comprendre
qui il était vraiment, et je pense y être
parvenu. Ça a été un plaisir de partager des
idées et d’apprendre à ses côtés. D’ennemis
potentiels, Glass et Hikuc deviennent de
véritables frères, et Leonardo et moi avons
fait ce chemin ensemble. »
Arthur Redcloud a également beaucoup
appris de ses échanges avec Alejandro
G. Iñárritu. Il raconte : « Alejandro est
une sorte de savant fou doublé d’un
peintre. Chaque détail compte pour lui.
Il ne voulait pas seulement raconter les
histoires des peuples amérindiens, il tenait
à comprendre ce qui faisait leur force. »
Les trappeurs
La distribution est complétée par
un groupe d’acteurs chevronnés
et débutants venu des quatre coins du
monde, et tous assurent que le tournage
de THE REVENANT a été une expérience
qu’ils n’oublieront jamais. Le Canadien
Brendan Fletcher, qui incarne Fryman,
déclare : « Je n’avais jamais rien vécu de
tel dans ma carrière d’acteur, c’était la
première fois que je tournais de longs
plans-séquences alors que les éléments
se déchaînaient autour de moi. Ça a été
incroyable de voir avec quelle honnêteté
Alejandro a réalisé ce film. »
La star norvégienne Kristoffer Joner,
qui interprète Murphy, ajoute : « Cette
méthode de travail, qui consiste à se
déplacer avec la caméra, était nouvelle
pour moi. Alejandro a comparé la caméra
à un train en mouvement auquel il
suffisait de s’accrocher pour se laisser
porter. Mais c’était assez terrifiant.
Certains jours c’était jouissif, d’autres
difficile ; c’était chaque fois différent. »
Joshua Burge, qui joue Stubby Bill, confie
que le caractère physique du tournage a
engendré une franche camaraderie chez
les acteurs. Il explique : « Nous venions
tous de pays différents, mais un lien
incroyable s’est formé entre nous grâce
aux épreuves que nous avons traversées
ensemble, comme c’était le cas pour les
trappeurs. Ils se retrouvaient au milieu
de nulle part, confrontés à des dangers
imprévisibles, et ne pouvaient compter
que les uns sur les autres. »
L’IMAGE DE ‘THE REVENANT’
Dans THE REVENANT, Alejandro G. Iñárritu
met son style d’une singulière fluidité
au service d’un univers aux antipodes
de celui de BIRDMAN, son précédent
film. Avec son collaborateur de longue
date, le directeur de la photographie
Emmanuel Lubezki, surnommé Chivo, le
réalisateur a établi quelques règles de
base : premièrement, ils ont décidé de
tourner le film chronologiquement afin
de rester au plus près du déroulement
naturel du périple de Hugh Glass.
2827
À LA DURE : LES DÉCORS
Pour redonner vie au monde de 1823,
Alejandro G. Iñárritu a fait appel aux
talents du chef décorateur nommé aux
Oscars Jack Fisk. S’il avait déjà pris part
à de nombreuses fresques épiques, dont
THERE WILL BE BLOOD de Paul Thomas
Anderson ou THE TREE OF LIFE – L’ARBRE
DE VIE réalisé par Terrence Malick, le chef
décorateur ignorait tout de cette période.
Il a cependant été séduit par le caractère
brut et sauvage de l’époque. Il explique :
« J’aime beaucoup cette période. Les gens
étaient contraints d’utiliser ce dont ils
disposaient dans leur environnement ; il y
avait beaucoup de haches et de couteaux
mais très peu d’infrastructures. Nous
avons donc autant que possible essayé
de reproduire cela pour que les
spectateurs puissent se perdre dans
cet univers. Alejandro tenait à ce que
tout soit réaliste, crasseux et patiné
par le temps, c’est donc ce qui a guidé
notre travail. Il faut garder à l’esprit
que ces trappeurs passaient souvent
plusieurs mois sans se laver et qu’ils
engloutissaient chacun environ 4,5 kilos
de viande par jour, je vous laisse donc
imaginer leur état… Le réalisme cru et
l’usure du temps perceptible dans chaque
objet de cet univers nous ont aidés à
mieux comprendre combien ce mode de
vie était difficile. »
Peu de temps après que Jack Fisk a
accepté de concevoir les décors du film,
Alejandro G. Iñárritu lui a fait parvenir
ANDREÏ ROUBLEV d’Andreï Tarkovski afin
de lui donner une idée de l’esthétique
qu’il recherchait. Le chef décorateur
se souvient : « J’ai immédiatement compris
le genre de film qu’il voulait réaliser. »
Il a également été informé du fait que
le cinéaste souhaitait tourner le film
en lumière naturelle, ce qui a nécessité
une attention particulière de sa part
lors du choix des décors. Il déclare : « Il
fallait constamment que nous gérions
les obstacles que la nature plaçait sur
notre chemin, mais cela a aussi façonné
notre processus créatif. »
Le tentaculaire Fort Kiowa, construit
artisanalement dans une carrière de
gravier désaffectée du parc provincial
de Spray Valley près de Canmore dans
l’Alberta, est une des pièces maîtresses
du film. Déterminée à rester fidèle à
l’Histoire, l’équipe de Jack Fisk a construit
le fort en utilisant des matériaux et des
croquis des années 1820, ainsi que du
bois de construction trouvé sur place.
Le chef décorateur déclare : « Je tenais
absolument à rester fidèle au style
de l’époque… ce qui en fait un lieu
où personne ne voudrait plus vivre
aujourd’hui ! Loin d’être accueillant,
l’endroit est inhospitalier car la vie
de ces hommes était très rustique. Ils
étaient trappeurs, pas charpentiers,
leurs constructions étaient donc assez
grossières. Je me fâchais contre les
charpentiers quand ils faisaient du trop
bon travail ! Notre devise pour ce décor
était : « Trop bien, c’est pas bon ! ». Il fallait
faire du vieux avec du neuf. »
Sur THE REVENANT, le fait de vieillir les
décors est en effet devenu un art à
part entière. Jack Fisk explique : « L’équipe
chargée de patiner les décors a eu
beaucoup de travail avec Fort Kiowa.
L’un des bâtiments était trop lisse, trop
carré, je leur ai donc demandé de le
soulever une ou deux fois avec un chariot
élévateur et de le laisser retomber pour
le secouer un peu et lui donner un air
plus délabré. Finalement, nous avons
passé autant de temps à vieillir le décor
qu’à le construire ! »
Deuxièmement, ils ont choisi d’éclairer
le film en ne comptant que sur le soleil
et la lueur des flammes, sans apporter
aucune lumière artificielle moderne,
et d’utiliser cet éclairage naturel de
manière créative. Enfin, ils tenaient à
réaliser les longs plans-séquences
fluides et continus qui ont fait leur
réputation, mais dans une optique très
différente de celle de BIRDMAN.
La vision d’Alejandro G. Iñárritu pour
THE REVENANT était celle d’un tableau
peint en clair-obscur, un jeu d’ombres
et de lumière. Il explique : « De la même
manière que BIRDMAN était inspiré par
la musique, ce film a été inspiré par la
peinture. Et Chivo a joué un rôle majeur
pour lui donner la dimension d’une
œuvre d’art. » Doté de l’Alexa 65 – la toute
nouvelle caméra grand format d’Arri, la
société pionnière en matière de caméras
numériques –, Emmanuel Lubezki a utilisé
divers objectifs grand angle allant de
12 à 21 mm afin de créer une profondeur
de champ extrême. La flexibilité du
système se prête bien à des mouvements
de caméra qui passent souvent du très
gros plan au panoramique afin de suivre
une histoire qui oscille entre action,
onirisme et émotions. L’équipe a mêlé
trois approches – grues télescopiques,
Steadicams et caméras portées – pour
permettre au réalisateur d’agencer
plus tard les images à la manière d’un
chorégraphe avec le chef monteur
oscarisé Stephen Mirrione. Réaliser de
longs plans-séquences dans un cadre
sauvage imprévisible était nouveau pour
tout le monde, et au début, les défis ont
été colossaux. À Calgary, où se trouvait
l’équipe, le jour ne dure que quelques
heures en hiver, les occasions de tourner
étaient donc très brèves et placées sous
très haute pression. Personne ne savait
en effet si une deuxième ou une troisième
prise serait possible.
Alejandro G. Iñárritu se souvient : « Il
fallait qu’on chorégraphie la scène dans
les moindres détails, qu’on trouve le bon
moment de la journée pour la tourner et
enfin qu’on croise les doigts pour que la
météo se maintienne. C’était difficile et
passionnant à la fois. Il fallait beaucoup
de temps, de réflexion et de répétitions
pour réussir à tourner une scène, car
nous tenions à conserver une certaine
esthétique et une certaine atmosphère.
Les conditions dont nous avions besoin
étaient tellement précises qu’il fallait
que nous soyons très patients ou bien
que nous les créions nous-mêmes. Par
la force des choses, nous sommes en
quelque sorte devenus des trappeurs ! »
THE REVENANT a non seulement plongé
Emmanuel Lubezki dans la conquête
de l’Ouest, mais également au cœur du
paysage onirique du subconscient de
Hugh Glass. Le réalisateur explique : «
Dans le film, lorsque Glass est seul
et que son corps l’abandonne, la seule
manière que nous avons d’apprendre à
le connaître est à travers ses visions
et ses rêves, lesquels nous informent
sur son état d’esprit et sur son passé. »
Tous les acteurs ont été captivés par le
style photographique de Chivo, qui les a
poussés à se dépasser. Leonardo DiCaprio
déclare : « Le style de Chivo fait partie
intégrante de l’univers d’Alejandro.
Ensemble, ils s’immergent dans l’histoire
et travaillent en étroite collaboration
avec les acteurs pour coordonner des
mouvements de caméra et des prises de
vues d’une incroyable complexité. Dans
ce film, ils ont réussi à mettre en scène
une réalité virtuelle qui vous donne
l’impression de vous trouver aux côtés
des personnages. On partage le point de
vue de Glass, au point d’avoir l’impression
de faire partie de son subconscient. »
3029
Pour répondre aux besoins du tournage
en lumière naturelle, le chef décorateur
a même construit deux forts identiques :
l’un orienté à l’est pour les scènes
tournées le matin, l’autre à l’ouest pour
bénéficier du soleil de l’après-midi.
Le village Pawnee a quant à lui été
construit en studio à Los Angeles avec
les matériaux et les techniques utilisés
par la tribu. Jack Fisk commente : « Nous
avons simplifié certaines étapes de la
construction du village d’hiver, mais les
petites maisons ont toutes été fabriquées
en bois, en terre et en paille comme cela
se faisait à l’époque. »
Si la plupart des décors du film ont un
fondement historique, le chef décorateur
a aussi imaginé des éléments oniriques
comme le gigantesque tas de crânes
de bisons et les ruines d’une église
de style européen. Parmi les décors
emblématiques du film figure également
le campement des trappeurs attaqué par
les Arikaras dans la bataille qui ouvre le
film. Au début de la scène, on découvre
des tentes de fortune, des cabanons, des
feux de camp et des trappeurs en train
d’écorcher des castors et de rassembler
les fourrures. Jack Fisk a même construit
une embarcation d’époque qui joue un
rôle majeur dans l’action. Il commente :
« Je suis très fier que le quillard soit en
tout point authentique… à l’exception du
moteur de 450 chevaux que nous avons
dissimulé à l’intérieur pour lui faire
remonter le courant ! »
Jack Fisk est connu pour ses décors
pouvant être filmés sous tous les angles,
et ceux de THE REVENANT ne font pas
exception à la règle. Il déclare : « J’aime
les décors qui peuvent être filmés à
360 degrés, et Alejandro a su en tirer
pleinement parti. Il trouve toujours les
points de vue les plus originaux qui soient. »
PRIMITIFS ET AUTHENTIQUES : LES COSTUMES
La figure du trappeur est fermement
ancrée dans l’imaginaire américain,
mais pour THE REVENANT, la chef
costumière nommée deux fois aux
Oscars Jacqueline West (ARGO, L’ÉTRANGE
HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON) tenait à
aller au-delà des clichés.
« J’ai grandi avec la légende de Hugh
Glass, confie-t-elle. Je connais son
histoire car je possède un ranch dans
le Dakota du Sud où il est considéré
comme un personnage mythique. Ces
trappeurs étaient les vrais pionniers.
Le scénario évoque pour moi autant
l’atmosphère des grands romans russes
que celle des westerns. Je suis fascinée
par Dostoïevski, Tchekhov et Tolstoï,
c’est pourquoi l’aspect psychologique
de l’histoire m’a beaucoup plu. »
Pour créer les costumes du film,
Jacqueline West s’est inspirée de nombreux
artistes, et notamment des toiles et des
esquisses de deux peintres renommés de
l’époque : Alfred Jacob Miller, qui s’est
installé dans les Rocheuses au milieu du
XIXe siècle et fut l’un des rares artistes
à saisir le quotidien de cette période ; et
Karl Bodmer, un peintre suisse célèbre
pour ses portraits d’Amérindiens, en
particulier ceux de la tribu Mandan du
Dakota du Sud.
Un tableau en particulier a inspiré
l’apparence de Leonardo DiCaprio. La chef
costumière déclare : « Il s’agit du portrait
d’un chasseur amérindien emmitouflé
dans une redingote à capuche toute
simple. Il a beaucoup plu à Alejandro
lorsque je le lui ai montré parce qu’il aime
tout ce qui est discret, sans ostentation.
Il aime que le personnage transparaisse
à travers ses vêtements. La capuche
3231
est inspirée de la vision spirituelle,
voire monastique qu’Alejandro avait de
Glass. Sa chemise est très ordinaire,
elle est faite dans un tissu de lin qu’il
aura acheté dans un fort local. Il n’y
a rien de tape-à-l’œil dans sa tenue. Ses
habits ne lui servent qu’à se protéger
des éléments. »
Elle poursuit : « Alejandro a eu l’idée très
poétique de faire porter à Leonardo la
peau d’ours que ses collègues oublient
lorsqu’ils l’abandonnent. C’est une image
remplie de lyrisme car l’ironie veut que
la bête qui l’a presque tué, lui sauve en
fin de compte la vie. Elle le protège du
froid et des éléments, et lui permet de
flotter à la surface du fleuve. »
Pour son ennemi juré, John Fitzgerald,
Jacqueline West a choisi une apparence
qui tranche sur celle de Hugh Glass.
Elle explique : « Fitzgerald est un être
presque entièrement gouverné par la
peur, c’est pourquoi j’ai intégré beaucoup
d’animaux à son costume : il porte un
manteau doublé de peaux de loutres
entières et une toque en fourrure de
castor. »
La chef costumière souligne que toutes
les fourrures et peaux utilisées dans le
film proviennent du Pacific Fur Trade, qui
travaille en étroite collaboration avec
le service des parcs naturels, et qu’elles
ont toutes été prélevées humainement.
Chaque trappeur possède un style qui lui
est propre. Elle commente : « Jim Bridger
était fermier, je lui ai donc confectionné
un costume tout simple sur lequel il
porte un magnifique manteau en peau
de bison. La tenue de Stubby Bill m’a été
inspirée par le tableau d’un trappeur en
pantalon rayé et manteau bleu. Murphy
a quant à lui un style plus européen, je
me suis dit qu’il avait sûrement obtenu
son pardessus en négociant avec les
Français. J’ai imaginé le passé de chacun
de ces personnages pour leur créer des
costumes très différents. »
La tenue du capitaine Henry est inspirée
de vrais artéfacts exposés au Museum of
The Fur Trade du Nebraska. Jacqueline
West déclare : « C’est le personnage pour
lequel je possédais le plus d’informations
visuelles. Son caleçon long était
terriblement inconfortable, mais c’est
ce qu’il portait. La coupe de son manteau
est également très célèbre, il fallait
donc que nous la respections. »
À l’instar de Jack Fisk, la chef costumière
a constamment dû user et salir ses
créations. Elle explique : « Nous avions
notre propre hymne : « Paint It Black » des
Rolling Stones ! Tous les costumes ont
été mis en lambeaux, poncés et entaillés.
Il fallait que tout soit crasseux, élimé,
éprouvé par le temps et les intempéries,
pourtant je trouve le résultat final
magnifique car cela fait ressortir les
yeux des acteurs. »
Jacqueline West était particulièrement
enthousiaste à l’idée de pouvoir mettre
en avant les tenues des Amérindiens de
l’époque. Elle commente : « Les hommes
portaient souvent ce que l’on appelle
une chemise de guerre, qui consiste en
deux peaux habituellement décorées par
leur femme. Nous tenions également à
rester fidèles aux styles bien distincts
des différentes tribus. Les Pawnees
portaient du coton et de la laine parce
qu’ils vivaient plus près des comptoirs
commerciaux, tandis que les Arikaras,
les Mandans et les Sioux portaient
principalement du cuir. »
Sur la chemise de guerre d’Elk Dog, la
chef costumière a utilisé un des symboles
les plus forts du peuple Arikara : le maïs.
3433
ils étaient donc très crasseux. Alejandro
m’a demandé d’imaginer l’histoire de
chacun des trappeurs, c’est pourquoi
certains ont des brûlures dues à la
poudre qui les privent d’une partie de
leur chevelure, et d’autres ont des poux
et n’arrêtent pas de se gratter. »
Robert Pandini a choisi de laisser les
cheveux des personnages amérindiens
lâchés. Il explique : « J’ai opté pour un style
très simple et naturel. Ce n’est peut-
être pas tout à fait exact sur le plan
historique, mais cela crée une certaine
unité esthétique. »
Graham Johnston, le chef maquilleur
du film, conclut : « L’esthétique du film
peut se résumer en trois mot : crasseuse,
poussiéreuse et authentique. Chaque plan
du film met en scène des personnages
de plus en plus sales. »
UN TOURNAGE EXTRÊME
THE REVENANT a été tourné au
Canada et en Argentine dans des
paysages enneigés, battus par les vents
et souvent situés en haute altitude. Les
acteurs et techniciens du film ont ainsi
été confrontés aux mêmes dangers et
conditions climatiques que les trappeurs
du Dakota du Sud en 1823. La volonté
de l’équipe était en effet de nourrir le
jeu des acteurs et de transporter les
spectateurs en pleine nature sauvage,
dans une région où le danger et la mort
sont omniprésents.
Alejandro G. Iñárritu déclare :
« Aujourd’hui, nous avons perdu le contact
intime qui liait ces trappeurs à la nature.
Pourtant, elle continue à faire partie
de nous : nous sommes faits des mêmes
éléments que les nuages et les rivières.
Lorsque l’on voit ces endroits de nos
propres yeux, un lien se crée et nous
rappelle d’où nous venons et où nous
allons. L’un des avantages de ce film est
de pouvoir montrer ces endroits sur
grand écran. »
Mais trouver des paysages et des
conditions climatiques aussi rudes que
dans l’Ouest américain de 1823 s’est révélé
être une mission de longue haleine. Le
réalisateur reprend : « Il nous a fallu cinq
ans pour trouver les décors du film.
J’aimais l’idée qu’il mettre en scène des
lieux inaltérés par l’homme, nous nous
sommes donc mis en quête de décors
quasi immaculés. Il se dégage de ces lieux
quelque chose de pur et de poétique. »
Il s’en dégage aussi quelque chose
d’inquiétant, ce qui a permis aux acteurs et
à l’équipe technique de mieux comprendre
ces hommes pour qui la vie, la mort et
la nature étaient intrinsèquement liées.
L’acteur Will Poulter déclare : « C’était
formidable en tant qu’acteur de pouvoir
réagir aux éléments. Lorsqu’on joue un
personnage qui gravit une montagne
par -20°C, il n’y a rien de mieux que d’être
soi-même confronté à ces conditions. »
Les dangers étaient multiples : avalanches,
attaques d’ours… La production avait
d’ailleurs engagé quelqu’un pour
assurer la sécurité de l’équipe au cas
où un ours se présente. À noter que si
les craintes des acteurs et de l’équipe
étaient justifiées, aucun ours n’a été
utilisé pour la séquence dans laquelle
Hugh Glass se fait attaquer. C’est une
des rares occasions où Alejandro G.
Iñárritu a eu recours aux effets visuels.
Comme pour Hugh Glass dans le film, les
conditions climatiques ont aussi représenté
une menace sérieuse pour l’équipe. Il est
arrivé que le blizzard fasse chuter les
Elle explique : « Si on meurt au combat avec
des grains de maïs sur sa chemise, ils
seront enterrés avec vous et donneront
naissance à de nouveaux épis. C’est
une manière d’emmener un peu de sa
terre natale au combat. » Les vêtements
simples mais authentiques du guérisseur
amérindien Hikuc, qui renvoient au passé,
ont beaucoup ému Arthur Redcloud, qui
déclare : « J’ai développé un attachement
très fort pour mon costume, qui est
devenu une extension de moi-même. J’avais
l’impression qu’il m’avait choisi et je le
portais avec honneur et respect, pas
seulement pour moi ou pour le film, mais
pour mes ancêtres. »
ENGELURES, BARBES ET SANG : LES COIFFURES
ET LES MAQUILLAGES
La maquilleuse Sian Grigg collabore
avec Leonardo DiCaprio depuis TITANIC,
il y a vingt ans, mais l’acteur n’a jamais
subi une transformation aussi extrême
que pour THE REVENANT. Après avoir
été taillé en pièces par un ours, Hugh
Glass devient presque méconnaissable.
Sian Grigg raconte : « Il fallait que ses
blessures soient atroces car personne
ne pense qu’il va survivre. On ne doit
pas pouvoir croire à sa guérison, et
pour ce faire, nous avons eu recours à
beaucoup de maquillage. » La maquilleuse
a commencé par étudier les blessures
infligées au corps humain lors d’une
attaque d’ours. Sa mission sur le film a
été particulièrement délicate car tandis
que Glass commence à se remettre
et subit de nouvelles blessures,
son visage, ses cheveux et sa peau
changent constamment d’apparence.
Ses ecchymoses se marbrent et ses
plaies infectées forment petit à petit
un labyrinthe de cicatrices.
Sian Grigg déclare : « Tout ce que Glass
endure doit se voir à l’écran. Le fait de
tourner le film chronologiquement a été
un immense avantage pour nous, car nous
avons pu faire des changements quotidiens
subtils pour refléter l’évolution de l’état
physique du personnage. »
Mais avant même l’attaque, il a fallu
transformer Leonardo DiCaprio en
homme des bois qui n’a pas vu de miroir
ou de baignoire depuis bien longtemps.
L’acteur s’est laissé pousser une barbe
hirsute et se voyait tous les jours
appliquer de la poussière sur le visage,
le corps et sous les ongles. Plus tard,
son corps a été couvert de prothèses
créées par le spécialiste des maquillages
spéciaux Duncan Jarman – un processus
laborieux, car chaque pièce a été
sculptée, peinte et recouverte de poils.
Chacune de ses blessures apparaît dans
le film à divers stade de cicatrisation
et devait pouvoir être recousue à l’aide
d’un fil et d’une aiguille.
Sian Grigg commente : « Il est rare que
le maquillage tienne un rôle aussi
central dans un film. C’est une véritable
chance de pouvoir en partie raconter
une histoire à travers le maquillage. »
Kathy Blondell, la coiffeuse de
Leonardo DiCaprio, a travaillé en étroite
collaboration avec Sian Grigg. Après
plusieurs expérimentations, elle a mis
au point une mixture à base de glycérine
et de terre pour imiter la présence de
sang et de saletés que le personnage
n’a aucun moyen de faire disparaître de
sa chevelure.
Pendant ce temps, le chef coiffeur Robert
Pandini a mis au point les coiffures des
autres trappeurs. Il raconte : « Ils ne se
rendaient dans un fort pour se laver
qu’après plusieurs mois dans la nature,
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températures jusqu’à -27°C, obligeant les
membres de la production à garder un
œil les uns sur les autres pour éviter
les engelures. Le réalisateur raconte :
« J’ai appris qu’il n’y avait pas de mauvaises
conditions climatiques, seulement de
mauvais vêtements ! Mais le froid intense
confère au film un réalisme dont un
tournage moins extrême l’aurait privé. »
Plus tard cependant, une douceur
exceptionnelle s’est installée sur le
Canada (qui a connu son hiver le plus
doux depuis 23 ans). Alejandro G. Iñárritu
déclare : « La météo change très vite
dans l’Alberta. On peut vivre les quatre
saisons en une seule journée. Au début,
nous avons été confrontés au froid et au
blizzard, plus tard, à l’absence de neige.
Les températures exceptionnellement
élevées de cet hiver nous ont obligés
à devenir des chasseurs de neige ! » Il a
en effet parfois fallu que l’équipe aille
chercher de la neige dans les montagnes
avoisinantes. Finalement, la production
s’est envolée pour deux semaines en Terre
de Feu, à l’extrême sud du continent sud-
américain, afin de trouver les conditions
nécessaires pour terminer le film.
Une page se tournait. Le dernier jour
du tournage, Alejandro G. Iñárritu a
rassemblé les acteurs et les techniciens
comme il l’avait fait le premier jour et
leur a dit : « Faire un film comme celui-
ci est l’aventure d’une vie, une aventure
merveilleuse faite de moments difficiles
et de moments inoubliables. Je suis fier,
reconnaissant, ému, heureux et triste à la
fois que nous ayons accompli ce que nous
avons accompli, car dites-vous bien que
ce que nous avons fait est remarquable.
Chaque jour de ce tournage a comporté
son lot de difficultés, mais je pense pouvoir
dire que cela a été l’expérience artistique
la plus gratifiante de toute ma vie. »
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LES ARIKARAS
Les Arikaras ou Ree, qui s’appellent
eux-mêmes les Sahnishs, vivaient
historiquement près de l’embouchure
de la Grand River et de la rivière
Missouri, dans ce qui est aujourd’hui
le Dakota du Nord. Forts d’une culture
cérémonielle complexe et d’un riche
réseau commercial, ils sont entrés en
conflit avec la Rocky Mountain Fur
Company, initiant ce que l’on a appelé
la guerre Arikara.
ASHLEY HENRY
Ashley Henry était la compagnie de traite
de fourrures fondée par William Henry
Ashley et Andrew Henry, parfois appelée
Rocky Mountain Fur Company. Dans les
années 1820, Ashley Henry a révolutionné
le commerce de la fourrure en laissant
des employés sur le terrain toute l’année,
donnant naissance aux « rendez-vous », un
système où les trappeurs se retrouvaient
pour vendre leur marchandise.
LES PEAUX DE CASTORS
La fourrure de castor était très
populaire dans les années 1820 car elle
était à la mode pour la confection de
chapeaux en Europe. Une seule peau de
castor valait alors cinq dollars, mais
un trappeur pouvait attraper jusqu’à
six rongeurs par jour. Avant que le
commerce de la fourrure ne décline
dans les années 1850 avec l’avènement
du chapeau de soie, le castor a été
chassé jusqu’à la limite de l’extinction.
LE CHINOOK
Le Chinook est un vent sec et doux
responsable du changement rapide
des conditions météorologiques dans
les Rocheuses.
LES QUILLARDS
Embarcations clés pour le commerce
sur la rivière Missouri, les quillards
étaient des navires de charge conçus
pour naviguer en eau peu profonde,
généralement propulsés par halage,
à la rame ou parfois à la voile.
LES PAWNEES
Les Pawnees, qui formaient l’une des
plus importantes et des plus puissantes
tribus amérindiennes du XIXe siècle,
vivaient traditionnellement sur les
rives de la rivière Missouri dans des
huttes permanentes autour desquelles
ils cultivaient la terre et chassaient.
LE SAC DES « POSSIBLES »
Au début du XIXe siècle, la plupart des
trappeurs possédaient deux sacs : un
pour leur arme à feu et les munitions, le
second pour leurs effets personnels.
Ce « sac des possibles » était censé
contenir tout ce dont ils pourraient
éventuellement avoir besoin.
REVENANT
Celui qui revient d’entre les morts.
GLOSSAIRE