JUIN 1992 N* ISSN 0397 - 4529 JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS LE BATIMENT : EFFETS SUR LA SANTE" Organisée à l'I.N.R.S. à VANDOEUVRE Le 10 Décembre 1991 Sous la présidence de Monsieur le Professeur J. BIGNON Recueil des communications Comité d'organisation : Edmond KAUFFER Jean-Jacques MOULIN Christine BERTRAND Lucile POIROT Dominique ROUSSELLE Eric ENGELHARD INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SECURITE SIEGE SOCIAL : 30, RUE OLIVIER-NOYER, 75680 PARIS CEDEX 14 CENTRE DE RECHERCHE : AVENUE DE BOURGOGNE, 54501 VANDOEUVRE CEDEX
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JUIN 1992
N* ISSN 0397 - 4529
JOURNEE D'ETUDE
"LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS LE BATIMENT :
EFFETS SUR LA SANTE"
Organisée à l'I.N.R.S. à VANDŒUVRE
Le 10 Décembre 1991
Sous la présidence de Monsieur le Professeur J. BIGNON
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Figure 5 : Principes de fabrication des laines minérales
PROCEDE CENTRIFUGE
Figure 6 : Le procédé centrifuge
Figure 7 : Le procédé rotatif
REPARTITION DES MARCHES EN VOLUME PAR CIRCUITS
ENTREPRISES ET ARTISANS 62% HMHBHHI^HHHHHHMII^^MBHiil^HH
PARTICULIERS 27% WÊÊÊÊÊKÊÊMÊÊÊÊÊ^^^M
INDUSTRIELS 5% ^ H i
PROJECTEURS 2,5% •
SOUFFLEURS 2% • 5
DECOUPEURS 1,5% •
Figure 8 : Répartition des marchés en volume par circuits
POSE DES ISOLANTS
J. BAD AIRE
Syndicat National de l'isolation
1.0 PRESENTATION DU SNI
Le Syndicat National de l'Isolation est le porte parole des Entreprises qualifiées en travaux :
- d'isolation thermique
- d'isolation acoustique
- d'isolation frigorifique
- de protection contre l'incendie
A ce titre il regroupe 350 Entreprises adhérentes ce qui correspond à une population de 20 000 agents
Son objectif essentiel est de donner à sa clientèle une image de marque de la profession au travers des Entreprises qualifiées.
Pour cela, le S.N.I :
- participe aux travaux des commissions AFN0R
- développe la formation des jeunes, notamment par la création d'un CAP
- procède à la rédaction des textes techniques (DTU. règles professionnelles)
- assure la promotion de l'isolation et des Entreprises qualifiées
- assure la diffusion des informations concernant ses secteurs d'Entreprises
- joue un rôle international auprès de la Fédération Européenne des Syndicats d'Entreprises d'Isolation (FESI)
2.0 ISOLATION
Isolation par rapport aux éléments : air. eau, feu ou par rapport aux nuisances : bruit.
2.1 POURQUOI CALORIFUGER ?
- Pour des raisons techniques
Il peut être nécessaire de maintenir une installation à une température déterminée.
. Pour permettre une réaction chimique
. Pour abaisser la viscosité d'un produit à véhiculer, (oléoducs, bacs de fuel, etc...)
. Pour limiter les pertes de produit par évaporation (réservoirs de gaz liquéfiés)
. Pour retarder le gel
- Pour des raisons économiques
Réduction des pertes thermiques.
- Pour des raisons de sécurité
Protection du personnel et/ou des installations contre :
. les brûlures/la chaleur
. le feu
. le bruit
. le gel
2.2 LES PRODUITS D'ISOLATION
Le constituant essentiel des isolants utilisés dans la pratique industrielle est l'air. Pour éviter que le phénomène de convection réduise son efficatité à néant, l'air est enfermé dans une structure fibreuse, cellulaire, granulaire ou feuilletée, structure qui s'oppose directement au phénomène de rayonnement.
C'est l'ensemble de l'air et de cette structure qui prend le nom d'isolant.
CRITERES TECHNIQUES DE CHOIX
- Tenue aux températures d'emploi
- Conductivité thermique
- Résistance mécanique
- Comportement au feu
- Caractéristiques acoustiques
- Perméabilité à la vapeur d'eau
- Durée de vie
- Compatibilité chimique avec le support
TENUES EN TEMPERATURES
MATERIAU ISOLANT TEMPERATURE D'UTILISATION (SERVICE CONTINU)
Du fait de leur étendue d'utilisation et de leur prix, elles sont de loin les plus utilisées.
Les applications sont vastes :
- en Thermique Industrielle
. matelas
. panneaux
. coquilles
. bourre
- pour l'isolation du Bâtiment
. murs
. combles : panneaux/nappes
. combles : soufflage
. plafond
- pour la Correction Acoustique
. plafond
- dalles
- baffles/écrans
• chambres anéchoïques
. projection
- pour la Protection Passive Incendie
. matelas
. panneaux
. coquilles
. projections
Il est important de noter qu'en Thermique Industrielle, une grande majorité des travaux se déroulent à l'extérieur des bâtiments.
Par contre, les atmosphères sont généralement plus confinées dans les applications "Bâtiment" surtout en aménagement de combles.
SUIVI D'UNE AFFAIRE (laine minérale)
3 .1 CONSULTATION
Que ce soit en Thermique Industrielle ou dans le domaine du Bâtiment, les Ingénieries, Bureau d'Etudes ou Architectes disposent le plus fréquemment de spécifications sur des produits isolants, la prescription ayant été réalisée par les fabricants (exemple : les laines Qualité Nucléaire..)*
Dans ce cas, le rôle de l'Entreprise d'isolation se limite à vérifier la compatibilité du matériau avec son environnement et le choix d'épaisseur.
Dans le cas contraire, le choix technique est guidé essentiellement par la température d'utilisation et le prix. Les Techniciens d'Etude connaissent parfaitement la gamme des produits proposés et disposent de fiches techniques présentant les principales caractéristiques et propriétés de ces produits ainsi que leur domaine d'utilisation et les conditions de mise en oeuvre.
La forme (vrac, panneau, matelas) est définie par la surface et la nature de la pièce à isoler.
3.2 ACHAT/STOCK
Le contact entre l'acheteur de l'Entreprise d'isolation et le fabricant est très rare ; cela nécessite des conditions particulières et des quantités très importantes. L'acheteur traite presque toujours avec des revendeurs (négociants) de produits isolants.
Ils travaillent ensemble à partir de bordereaux de prix (appelés mercuriales). Un même négociant peut être multicartes c'est-à-dire représenter plusieurs fabricants. Le choix de l'acheteur est alors lié aux dominantes de position du négociant par rapport aux fabricants.
Il est à noter que compte tenu de la proximité des négociants des sites industriels et pôles urbains, les Entreprises d'isolation ne constituent que très rarement des stocks importants. Cela arrive en maintenance industrielle, où par site, une spécification précise permet de garantir l'écoulement d'un stock acquis pour bénéficier d'un effet de quantité à l'achat.
3-3 TECHNIQUES DE POSE
Elles sont la plupart du temps très simples et elles ne nécessitent ni un grand savoir faire professionnel, ni un outillage spécifique.
Les poses de matelas, nappes, coquilles, etc... se font par agrafage, cerclage ou système simple d'accrochage. Les découpes sont réalisées au couteau ou au cutter et la précision demandée n'est pas de l'ordre du millimètre...
Ces tâches élémentaires ne nécessitent pas de formation spécifique : les agents les réalisant sont des "cloisonneurs" (pour le Bâtiment) ou des tôliers (pour l'Industrie Thermique) et ces tâches sont considérées comme secondaires par rapport à celles plus nobles de la pose du revêtement.
Certaines techniques de pose sont plus spécifiques et nécessitent des ressources particulières : c'est ce que nous appelons par référence aux normes Qualité ISO 9000 les procédés spéciaux.
Entrent dans cette catégorie, entre autres, tous les procédés faisant appel à une injection ou une projection :
- Ils ne peuvent être réalisés que par un personnel formé et habilité
- Le matériel utilisé à cet effet est souvent un matériel onéreux qui doit être entretenu dans un objectif de forte disponibilité et ses caractéristiques (débit, alimentation) doivent être appropriées à la l'ampleur du chantier.
- Les opérations sont décrites précisément par des procédures et modes opératoires précisant l'ensemble des moyens mis en oeuvre, des règles applicables (sécurité) et des contrôles à réaliser.
Ces techniques sont décrites par les DTU documents techniques unifiés élaborés par le SNI avec le concours des représentants de fabrication et des bureaux de contrôle.
DEPOSE
Les tâches de dépose nécessitent généralement des précautions pour éviter la dispersion des produits rebutés. De plus en plus fréquement des mises en sac au fur et à mesure de l'enlèvement des laines usagées sont imposées. En effet, ces produits perdent, du fait même de la disparition d'une partie de leur liant, leurs propriétés mécaniques.
STOCKAGE SUR SITE
Il est rare de disposer sur chantier d'un emplacement permettant le stockage des quantités volumineuses de laine minérale et qui doivent être tenues à l'abri. Même si cela est le cas. ces produits sont considérés comme "sensibles" pouvant attirer la convoitise.
De ce fait, les approvisionnements sont réalisés au fur et à mesure des besoins du chantier.
NETTOYAGE CHANTIER
Il constitue une phase importante du chantier qui différencie souvent les Entreprises qualifiées... des autres Entreprises. Les déchets sont regroupés et stockés en sacs ou conteneurs.
INFORMATIONS
Les sources d'informations du calorifugeur en matière de produit isolant peuvent être de deux sortes :
- Le négociant est la source privilégiée quelle que soit la taille de
1 * Entreprise
- La Direction Technique est également une source d'informations si l'Entreprise a une taille qui justifie cette structure
Les informations obtenues à ce jour de la part des fabricants sont supportées par :
- les fiches techniques (à destination du technicien)
- les étiquettes sur les palettes (à destination des conducteurs de travaux)
Aujourd'hui, la démarche Qualité engagée par les Entreprises du Syndicat National de l'Isolation et appuyée par les demandes de leurs Clients nécessite une identification sans ambiguïté des divers produits et une traçabilité des fabrications.
Pour obtenir plus d'informations et surtout une meilleure information, il est important de resserer les liens entre fabricants et utilisateurs, les négociants devant assurer la continuité de cette information.
Les normes Qualité imposent un agrément des produits et des fournisseurs. L'information, partie essentielle du service accompagnant les produits de qualité, sera capitale pour cette reconnaissance.
CONCLUSIONS
Le Syndicat National de l'Isolation tient à apporter sa contribution à toute démarche permettant d'évoluer vers une meilleure connaissance des produits que ses Entreprises mettent en oeuvre : en effet, les Entreprises d'isolation sont concernées au premier plan par les questions d'hygiène et de sécurité liées aux laines minérales et sont demandeuses d'une "bonne" information, courte claire et sans ambiguïté.
C'est pour cette raison que les Entreprises du SNI laissent libre accès à leurs chantiers aux agents du laboratoire d'Etude des Particules Inalées (LEPI) pour effectuer les mesures nécessaires à une meilleure connaissance du sujet.
Le SNI est l'interlocuteur privilégié pour intégrer dans les règles professionnelles, toute recommandation touchant à la santé du personnel de ses Entreprises et les faire appliquer par ses Entreprises qualifiées.
LES DERMITES PAR IRRITATION A LA FIBRE DE VERRE
Ch.GERAUT, M. VIGNON, D. DUPAS
Service des Maladies professionnelles du CHRU de Nantes Hôpital Saint Jacques - 44035 Nantes Cédex
Les dermites par irritation à la fibre de verre.
Ch. GERAUT, M. VIGNON, D. DUPAS. Service des maladies professionnelles du CHRU de Nantes. Hôpital saint-Jacques 44035 Nantes cedex
Le verre réduit en fils ténus "présentant la souplesse de la laine" est un matériau utilisé depuis le 14ème siècle, mais de plus en plus manipulé de nos jours notamment dans les techniques de calorifugeage et dans l'industrie des matières plastiques.
La fibre de verre est commercialisée depuis 1930. C'est un assemblage de fils de verre (issus d'un étirement du verre incandescent sortant des fours), liés entre eux par des produits d'ensimage (acétate de polyvinyle) protégeant le fil. Ensuite les fibres sont entourées d'un liant organique (résine polyester) pour réaliser un feutre ou "mat", destiné au renforcement des matières plastiques.
La laine de verre est issue de fibres de verre discontinues, collées par une résine, puis enveloppées pour former de petits matelas, utilisés dans l'isolation thermique et phonique.
Sa responsabilité dans le cas de dermites d'irritation chez l'homme et la reproduction expérimentale chez l'animal ont été étudiées dèsl942 (19).
Les premières publications ont été effectuées en France par CHAMPEIX en 1944(4), PELLERAT enl945(17), et DESOILLE en 1946(7).
La notion de variabilité du prurit a été soulignée par BJORNBERG en 1979 (1 et 2).
Les allergies associées ont été décrites par DALQUIST (6) pour les époxy en 1979,et pour les résines formaldéhyde par KRISTI KALIMO (14) en 1979 .
ASPECTS CLINIQUES: Les lésions peuvent débuter dès le début de l'exposition ou
bien quelques années après. Elles se présentent comme de minuscules papules rouges à
prédominance folliculaires (7) siégeant au niveau des parties découvertes (mains, poignets), mais aussi au niveau des zones de frottement (thorax, cuisses).
Nous avons observé des cas d'érythèmes diffus du tronc, souvent aggravés par le grattage(13), et pouvant prendre un aspect légèrement purpurique, et d'autres, moins classiquement décrites, au niveau du visage. Il peut s'y associer une conjonctivite .
L'aspect peut être plus rarement celui d'un eczéma nummulaire, un aspect de folliculite, une accentuation de télangiectasies, une urticaire ou des érosions linéaires (3). les lésions sont souvent prurigineuses pendant des heures , mais cessent habituellement en moins d'une journée après lavage et absence de réexposition aux fibres.
Pour assurer le diagnostic losqu'il parait douteux , on peut pratiquer un test ouvert (open-test) au niveau de la face supéro-interne de l'avant-bras en frottant légèrement l'épiderme avec de la fibre de verre. Lorsque le test est positif on voit apparaître des papules rouges caractéristiques soit immédiatement (dans les 15 minutes, délai de libération de l'histamine), soit à retardement (environ une heure après le test). Le prurit peut parfois se prolonger plusieurs heures .
Lorsque la symptomatologie clinique, les gestes professionnels sont suffisament évocateurs du diagnostic, ce test ne semble pas absolument nécessaire.
Des tests épicutanés pratiqués devant des cas d'eczema associé, avec les allergènes courants et avec les allergènes des matières plastiques peuvent montrer la présence d'une réaction allergique , érythémato-vésiculeuse à un des composants de la fibre de verre (formol, résine époxydique, résine polyester) ou aux autres allergènes de la vie courante (nickel, parfum, cobalt, chrome).
L'évolution des dermites à la fibre de verre est très variable selon les individus: dans l'immense majorité des cas , (environ 95%) les sujets s'habituent à cette nuisance et ne souffrent plus de prurit à la fois par une accoutumance réelle et grâce à l'application de mesures de prévention adaptées . C'est ce que constatent les médecins du travail chargés de la surveillance de ces personnels exposés . Toutefois le risque est parfois minimisé lorsque cette dermatose est connue des ouvriers manipulant la fibre de verre et qu'ils ne la signalent pas au médecin par crainte d'une inaptitude à leur emploi et lorsque le turn-over des employés de certaines industries du plastique est important , ce qui crée un phénomène épidémiologique trompeur dit de "travailleurs sains".
Dans un petit nombre de cas (environ 5%) , le prurit survient lors de chaque exposition et le travail devient impossible , ce qui conduit à une perte d'emploi et parfois au chômage pour des sujets dont la qualification ne permet pas un reclassement dans des délais raisonnables (13).
Selon POSSICK P.A. (18), 10% des intéressés abandonnent leur travail. Ces sujets sont ceux qui sont surtout vus par les dermatologues , lesquels ont ainsi une vue plus pessimiste de cette affection et de son pronostic que les médecins du travail habitués à
suivre l'ensemble des travailleurs exposés , dont la grande majorité voit les lésions s'atténuer puis disparaître.
Dans notre expérience personnelle, malgré les conseils de prévention, parmi 43 cas vus en consultation, 7 personnes ont dû changer de poste de travail au sein de leur entreprise, et 3 ont été obligées de changer d'emploi avec une période de chômage plus ou moins longue.
Il y a parfois association de ces signes cutanés et de blépharo-conjonctivite, rhinite voire pharyngo-laryngite(7). PHYSIO-PATHOLOGIE:
Ces dermatoses sont dues à des débris de verre encastrés dans les orifices pileux ou sébacés de l'épiderme , avec une pénétration peu profonde des fibres qui s'éliminent facilement par simple lavage.
Les fibres ne se plantent solidement dans l'épiderme que s'il y a frottement sur les vêtements ou par les mains de l'opérateur .
Ce sont surtout les fibres courtes et de gros diamètre (supérieur à 5 microns) , qui pénètrent profondément et déclenchent la libération d'histamine par les cellules histamino-libératrices , ce qui est à l'origine du prurit et des papules oedémateuses(17).
Par ailleurs si les fibres, en elles-mêmes, ne semblent pas entraîner de phénomène véritablement allergique, les produits d 'ensimage et d'encollage peuvent être responsable d'un phénomène sensibilisant, pouvant expliquer la positivité des tests épicutanés aux résines.
L'irritation par les fibres de verre ferait ainsi le lit de l'allergie.
PROFESSION EXPOSEES Les sujets atteints , habituellement jeunes, travaillent dans
l'industrie du plastique (stratifieur), dans l'industrie du bâtiment et des travaux publics (charpentier, calorifugeur).
Dans une étude récente(13) , portant sur 43 cas vus dans un service des maladies professionnelles , les secteurs suivants étaient touchés: la construction de bateaux en plastique (plaisance ,pêche ou Marine Nationale),la fabrication d'objets en polyester (par exemple cabines de douches),la carrosserie avec utilisation de mastics polyesters renforcés par de la fibre de verre pour boucher les trous des carrosseries , l'industrie mécanique (fabrication de pare-chocs en polyester), la découpe de circuits imprimés en électronique,les travaux de calorifugeage dans le bâtiment et les travaux publics, les travaux d'entretien des locaux où l'on a usiné de la fibre de verre ,et enfin l'industrie du verre .
On peut noter d'autres circonstances de contamination comme de la laine de roche provenant de faux plafonds (8),(9).
Les situations professionnelles responsables sont : - les postes de ponçage des pourtours de pièces démoulées, avec des ponceuses non munies d'aspiration, sans addition d'eau ou rideau d'eau ; - l 'exposition indirecte aux poussières de fibres de verre (magasinier, monteur de cabines de douches, débullage de pièces de polyester stratifié).
En effet, les postes de travail dans les ateliers ne sont pas isolés entre eux, le ponçage étant à proximité du poste de démoulage, par exemple ; les aspirations, quand elles sont opérationnelles, sont peu efficaces.
Tableau 1 : Secteurs industriels où sont rencontrées Tableau 2 : Situations professionnelles où sont les dermites de la fibre de verre rencontrées les dermites de la fibre de verre
PREVENTION DES DERMITES A LA FIBRE DE VERRE Une bonne organisation des locaux de travail devrait éviter
cette fréquence croissante de cas de dermites à la fibre de verre, en relation avec l'explosion commerciale des pièces en polyester stratifié (cabine de douche, industrie navale, pare-chocs et autres pièces dans l'industrie automobile). Les ateliers trop étroits se voient surpeuplés, les postes empoussièrés ne sont pas isolés.
L'aspiration des poussières n'est pas toujours efficace quand elle est réalisée , ce qui reste rare dans les petites entreprises.
Les opérations de découpage ou de détourage sont rarement effectuées avec humidification , ce qui permet pourtant d'éviter un aérosol des poussières de fibres de verre , mais a l'inconvénient de
nécessiter une évacuation d'eau et des vêtements résistant à l 'humidité.
Les conseils de prévention individuelle tels que le port de gants, de vêtements amples, fermés aux poignets, aux chevilles et cou, la prise de douches prises aussitôt après le travail et sans frottement sont rarement suivis.
L'utilisation de crèmes protectrices disparaissant par simple lavage à grande eau permet des résultats intéressants .
Un grand effort reste surtout à faire en concevant des postes munis d'aspirations efficaces, avec rideau d'eau.
Devant le nombre de cas de dermites à la fibre de verre nécessitant des reclassements professionnels, il s'avère nécessaire de créer un tableau de maladies professionnelles pour la dermite à la fibre de verre réparant les papules prurigineuses multiples et leurs complications ainsi que les conjonctivites , avec un délai de prise en charge très court,ne dépassant pas trois jours, pour les personnes exposées à un empoussièrement lors de travaux de calorifugeage , de découpage ou de polissage de matériaux plastiques , en particulier de stratifiés et de circuits imprimés ou de personnes travaillant à proximité ou chargées du nettoyage des locaux.
Une telle possibilité de réparation serait un élément de justice sociale pour ceux qui perdent leur emploi à cause de cette affection.
B i b l i o g r a p h i e :
(1) BJORNBERG A., LOWHAGEN G.B., TENGBERG J.E. : Does occupational exposure to glass fiber increase the general skin reactivity to irritants ? Contact Dermatitis, 1979, 5, 175-177. (2) BJORNBERG A., LOWHAGEN G.B., TENGBERG J.E. : Relationship between intensities of skin test reactions to glass-fibers and chemical irritants ? Contact Dermatitis, 1979, 5, 171-174. (3) CAMARASA J.G., MORENO A. : Fiberglass Dermatitis. Contact Dermatitis, 1984, 10, 43. (4)CHAMPEIX J.La fibre de verre .Arch. Mal. Prof. 1944,6,91. (5) CONDE-SALAZAR L., GUIMARAENS D., ROMERO L.V. et coll : Occupational dermatitis from glass fiber. Contact Dermatitis, 1985, 13, n°3, 195-196. (6)DAHLQUIST I.,FREGERT S.,TRULSSON L. Allergic contact dermatitis from epoxy resin finished glass fiber. Contact Dermatitis, 1979, 5, 190. (7)DESOILLE H.,DHERS V. Enquête sur les conditions de travail des ouvriers calorifugeurs employant la fibre de verre .Arch. Mal.Prof., 1946, 7, 332-344. (8) FARKAS J. : Fiberglass dermatitis in employes of a project-office in a new bulding. Contact Dermatitis, 1983, 9, 79. (9) FLAHAUT A.,CONSO F. ,CHOUDAT P.,SALAUN P. : Epidémie de dermite irritative à la laine de roche dans un atelier du secteur tertiaire. Arch. Mal.Prof., 1986, 47, 39-41. (10) FOUSSEREAU J. : Les dermites par irritation aux fibres de verre, à la laine de verre et à la laine de roche. Documents pour le Médecin du Travail, 1987, n°29, 13-16. (11) GERAUT C. : Dermatoses professionnelles. Encycl. Méd. Chir. (Paris, France), Intoxications, 16533 A10, 2-1987, 18 p. (12) GERAUT C. : Toxicité des résines époxydiques- Editions techniques. Encycl. Méd. Chir. (Paris, France), Intoxications, Pathologie du travail, 16541 A30, 9-1990, 3 p. (13) GERAUT CVIGNON M..DUPAS D.Considérations sur la dermite à la fibre de verre.A partir de 43 cas vus récemment dans le service des maladies professionnelles du CHRU de Nantes, à paraître . (14) KIRSTI KALIMO, SAARNI H. and KYTTA J. : Immediate and delayed type reactions to formaldehyde resin in glass wool. Contact Dermatitis, 1980, 6, n°7, 496. (15) MACE M. : Pathologie liée à l'utilisation des fibres artificielles minérales. Encycl. Méd. Chir. (Paris, France), Intoxications, 16002 A30, 2-1987, 2 p.
(16) MAGGIONI A., MEREGALLI G., SALA C , RIVA M. : Pathologia respiratoria e cutanea negli addetti alla produzione di fibre di vetro (filato). La Medecina del lavoro, mai-juin 1980, 71, n°3, 216-227. (17)PELLERAT J.,COUDERT J. La dermatose de la laine de verre .Arch. MaLProf., 1946, 7, 23-27. (18) POSSICK P.A., GELLIN G.A., KEY M.M. : Fibrous glass dermatitis. American Industrial Hygiene, 1970, 31, 12. ( 19)SULZBERGER M. B.,BAER R.L.:the effects of fiberglass on animal and human skin:experimental investigations. Int. Med. 1942,11,482-484.
TOXICITE DES LAINES MINERALES : DONNEES EXPERIMENTALES
S. ACHARD* & M.C. JAURAND Laboratoire de Toxicologie Cellulaire et Moléculaire de l'Environnement,
INSERM U 139, CHU Henri Mondor, 94010 Créteil Cédex *adresse actuelle : Université René Descartes, 75006 PARIS
TOXICITE DES LAINES MINERALES : DONNEES EXPERIMENTALES
S. ACHARD* & M.C. JAURAND
Laboratoire de Toxicologie Cellulaire et Moléculaire de rEnvironnement,
INSERM U 139, CHU Henri Mondor, 94010 Créteil CEDEX, 'adresse actuelle :
Université René Descartes, 75006 Paris.
Au cours des 15 dernières années, un certain nombre de travaux
expérimentaux ont porté sur la recherche des effets toxiques de laines
minérales. Le plus souvent, ces études ont évalué la cancérogénicité des
fibres; elles ont été réalisées principalement chez le rat mais quelques travaux
ont également porté sur d'autres rongeurs (hamster, cobaye, souris). Quatre
moyens d'exposition ont été utilisés : l'inhalation, l'inoculation intrapleurale
ou intrapéritonéale et l'instillation intratrachéale. Les principales données
sont résumées et les résultats discutés, chaque fois que cela a été possible, en
relation avec les caractéristiques spécifiques des fibres utilisées dans les
différentes études. Ainsi, n'ont été prises en considération que les études à
long terme, tant par la durée d'exposition que par le délai de survie des
animaux, et contenant un minimum d'informations sur les caractéristiques
des fibres utilisées.
LAINES DE VERRE (ou glass wool, GW).
Les effets ont été étudiés sur deux espèces animales, le rat et le
hamster (Le Bouffant et al, 1984, 1987; Lee et al, 1981; Pott et al, 1976;
Smith et al, 1987; Stantonef al, 1981; Wagner et al, 1973, 1984). Chez le rat,
les fibres testées par inhalation ont donné peu ou pas de tumeurs (Le
Bouffant et al, 1984, 1987; Lee et al, 1981; Smith et al, 1987; Wagner et al,
1973, 1984). Toutes études confondues, 326 animaux ont été traités par 7
échantillons de fibres et l'on constate 5 tumeurs (1,5%) alors qu'aucune
tumeur n'est observée sur 298 animaux contrôles. L'étude statistique du y}
montre que la différence n'est pas significative.
Par inoculation intrapleurale, excepté le travail de Stanton et al
(1977, 1981) où une bonne corrélation entre la probabilité de formation de
tumeurs et le nombre de fibres >8 |um de longueur et <0,25 n m de diamètre a
été décrite [ainsi que, avec toutefois une moins bonne corrélation, le nombre
de fibres > 4 |Lim de long et < à 1,5 |Lim de diamètre]; sur un total de 83 rats
inoculés, 1 seul mesothéliome a été observé dans une étude (Stanton et al,
1981; Wagner et al, 1973, 1984). Pour cette étude (Wagner et al, 1984), si l'on
considère le nombre de fibres à dimensions critiques on constate que,
rapporté à l'étude de Stanton, la probabilité de formation de tumeurs aurait
été faible. Dans une autre étude, négative celle-ci, aucune indication n'est
précisée sur les dimensions des fibres (Wagner et al, 1973).
En revanche, par inoculation intrapéritonéale, un taux important de
tumeurs est obtenu avec les échantillons GW (Pott et al, 1976) [159 rats avec
tumeurs sur un total de 366 rats, soit 43%, p< 0,001 par rapport aux contrôles
non traités]; de même, un taux de tumeurs élevé est observé avec les fibres
d'amiante utilisées comme contrôles positifs (64/140, soit 45%). Aucune
tumeur n'a été décrite sur 72 animaux témoins.
Chez le hamster, seulement 2 études ont été réalisées par inhalation
(Lee et al, 1981; Smith et al, 1987); elles n'ont pas montré d'induction de
tumeur par les fibres GW. Cependant, aucune tumeur n'a été observée sur 77
contrôles positifs exposés aux fibres d'amiante amosite ou crocidolite. Par
inoculation intrapéritonéale, une étude portant sur 1 type fibre, S+S106, ne
révèle pas de mesothéliome (Pott et al, 1976). Les résultats obtenus avec le
hamster sont difficilement interprétables en raison de l'absence de réponse
avec les fibres contrôles positifs.
Lorsque l'on compare entre elles les études par inhalation, on
constate tout d'abord que le nombre de tumeurs développées est faible. Etant
donné l'absence de standardisation des méthodes de mesure de l'aérosol, il
est impossible de comparer les expositions. En effet, certaines mesures des
caractéristiques des fibres de l'aérosol sont faites en microscopie optique,
d'autres en microscopie électronique à balayage. On peut seulement constater
que les doses utilisées dans les études où aucune tumeur n'est observée sont,
dans l'ensemble, plus faibles que dans les études où des tumeurs
apparaissent. Concernant les résultats obtenus par voie intrapleurale, si l'on
se réfère à l'étude de Stanton, la taille confère le caractère tumorigène; le
faible taux de tumeurs observé dans l'étude de Wagner et al(1973) peut être
en relation avec cette observation.
Concernant les études intrapéritonéales, en l'absence de données sur
les caractéristiques dimensionnelles des fibres, il est difficile de savoir si les
résultats sont en relation avec ce paramètre ou avec d'autres caractéristiques
physiques ou physico-chimiques des fibres.
En considérant seulement les études réalisées chez le rat, on peut
conclure à une réponse tumorigène en inoculation, dépendant du nombre et
de la dimension des fibres, et une très faible réponse non significative en
inhalation; ceci peut éventuellement résulter du faible nombre de fibres
présentes dans l'aérosol, comparativement aux aérosols de fibres d'amiante
utilisés comme contrôles positifs.
LAINES DE LAITIER (ou slag wool SW)
Les effets de fibres SW ont été étudiés, par inhalation, également sur
2 espèces, rat et hamster. On ne discutera pas l'étude faite sur les hamsters
pour laquelle les contrôles crocidolite n'ont pas développé de tumeurs. Avec
le rat, 1 seule étude est reportée; elle ne montre pas d'activité tumorigène des
fibres (Smith et al., 1987). Trois tumeurs dont 1 mesothéliome sont
observées chez les contrôles positifs (crocidolite), alors qu'aucun témoin sur
184 animaux (59 air et 125 non manipulés) ne présente de tumeur (différence
non significative). On peut remarquer que la dose cumulée, en nombre de
fibres dans l'aérosol, est différente : 6.2x10 5 pour SW contre 94x10 5 pour
crocidolite (200 F/ml contre 3000 F/ml); ainsi, comparé aux contrôles positifs,
la dose totale de fibres est beaucoup plus faible.
Par inoculation, aucune tumeur n'est obtenue par la voie pleurale,
alors que des mésothéliomes apparaissent, pour une dose pondérale
équivalente, pour le chrysotile (Wagner et ai, 1984). Cependant, là encore, le
nombre de fibres inoculées est beaucoup plus élevé dans le cas de fibres
contrôles positifs que dans le cas des SW, de même que le nombre de fibres
d'une longueur supérieure à 5 |im.
Par voie intrapéritonéale, malgré certaines études montrant,
globalement, une réponse de 10 tumeurs sur 236 animaux inoculés (4%) (Pott
et al., 1984, 1987), l'augmentation par rapport aux animaux non traités n'est
pas significative.
En résumé, pour ce qui concerne les fibres SW, toutes études
confondues et malgré leur diversité, on ne peut constater qu'une réponse
dans l'inoculation intrapéritonéale sans pouvoir dire si cela est dû : à la dose
inoculée, aux dimensions des fibres, à leur nature chimique ou même,
éventuellement, au sexe puisqu'aucune étude n'a été faite dans le cadre de ce
travail chez le rat mâle. Toutefois, des études réalisées avec d'autres types de
fibres excluent un effet lié au sexe.
LAINES DE ROCHE (ou rock wool, RW).
L'inhalation de RW résulte en peu de tumeurs puisque, sur un
groupe de 95 rats, 2 seulement ont développé des tumeurs (2,1%), 11 dans les
contrôles positifs (11%) et zéro sur 95 témoins (Le Bouffant et al, 1984, 1987;
Wagner et al, 1984). Par inoculation intrapleurale, un taux voisin est obtenu
chez les rats traités par les fibres RW (6%) et les fibres d'amiante contrôles
(12%) (Wagner et al, 1984); toutefois il faut noter que, comme dans le cas des
SW, le nombre de fibres contrôles positifs inoculées est considérablement
plus élevé que dans le cas des RW (nombre total ou de longueur supérieure à
5 |im); cependant, l'augmentation des tumeurs n'est pas significative, que ce
soit pour les fibres RW ou pour les fibres d'amiante.
Dans le cas de l'inoculation intrapéritonéale, 259 rats ont été
inoculés avec RW à différentes doses; au total, 113 rats ont formé des
tumeurs, soit environ 50% (Pott et al, 1984, 1987).
FILAMENTS DE VERRE (ou glass filaments, GF)
Dans le cas de filaments de verre, aucune étude par inhalation n'a
été répertoriée. Par inoculation, soit intrapéritonéale, soit intrapleurale, il n'y
a pas d'augmentation significative de la fréquence de tumeurs, par rapport
aux animaux contrôles (Stanton et al, 1981; Pott et al., 1987). Il faut signaler
que, dans toutes ces expérimentations les dimensions des fibres utilisées
étaient bien supérieures à celles de fibres respirables et ne correspondaient pas
aux critères de cancérogénicité définis par Stanton.
En résumé, les résultats sont difficiles à interpréter, globalement, étant
donné la grande variabilité des caractéristiques des fibres, même à l'intérieur
d'un groupe donné de fibres, d'une expérimentation à l'autre. Toutefois, un
certain nombre d'études ont montré une augmentation significative de la
fréquence de tumeurs par inoculation intrapéritonéale avec des fibres GW,
SW et RW. Par inoculation intrapleurale, les résultats ne sont généralement
pas significatifs, y compris avec les contrôles positifs, sauf pour les fibres GW.
Avec ces fibres il a été de plus démontré que le pouvoir cancérogène pouvait
être dépendant du nombre de fibres longues et fines. Par inhalation, il n'a pas
été montré d'effet cancérogène significatif avec les laines minérales.
Cependant, pour le cas des GW et RW, les concentrations en fibres dans les
aérosols étaient très inférieures à celle des fibres d'amiante utilisées comme
référence, posant ainsi la question de l'effet de dose. Si l'on veut comparer le
niveau de risque, par rapport aux amiante, il serait intéressant de savoir si le
nombre de fibres de laines minérales aérosolisées, pour une utilisation
industrielle ou commerciale donnée, est aussi très inférieur à celui que l'on
obtiendrait, dans les mêmes conditions d'utilisation, avec un matériau
équivalent à base d'amiante.
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PENETRATION, DEPOSITION, CLAIRANCE ET BIOPERSISTANCE DES FIBRES MINERALES
P. BROCHARD*, **, JC. PAIRON**, J. BIGNON**
Laboratoire d'Etude des Particules Inhalées -11, rue George Eastman - 75013 PARIS INSERM U 139 - CHU H. Mondor - 51, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny - 94010 Créteil Cédex
PENETRATION, DEPOSITION, CLAIRANCE ET BIOPERSISTANCE DES FIBRES MINERALES
P. Brochard*'** , JC Pairon** , J . Bignon**
* Laboratoire d'Etude des Particules Inhalées - 11, rue George Eastman - 75013 Paris ** INSERM U 139 - CHU H. Mondor - 51, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny - 94010 Créteil cédex
La c o n n a i s s a n c e des r i sques l i és a u x fibres minéra l e s
artificielles (MMMF) sur la santé passe par l'étude d e s relations
"dose-effet", qu'il s 'ag isse de modé l i sa t ion expér imenta le o u
d'observat ions faites chez l 'homme. D a n s cet e x p o s é , n o u s
développerons les problèmes liés à la caractérisation de la dose. En
fait, celle-ci peut être évaluée à différents niveaux, ayant chacun une
relation spécifique avec chaque type d'effet at tendu. Il e s t ainsi
possible de distinguer :
- la dose externe , correspondant à la mesure des fibres prélevées
d a n s Pair, et ayant u n e granulométrie compat ible avec u n e
pénétrat ion dans les voies aériennes supérieures et une probabilité
de d é p o s i t i o n suffisante à l'étage de l'appareil respiratoire pour
étudier l'effet recherché ;
- la dose interne, correspondant à la mesure des fibres d é p o s é e s et
e n r é t e n t i o n à l ' instant t d a n s le p o u m o n p r o f o n d , z o n e
tradi t ionnel le de dépôt pr ise e n c o m p t e d a n s l 'é tude d e s
pneumoconioses et de leurs complications ;
- la dose efficace, correspondant à la mesure des fibres ayant subi
une translocation jusqu'à l'organe cible, et encore en rétention à cet
endroit à l' instant t. Il peut s'agir de la plèvre pariétale, ma i s
éga lement de tout autre organe interne o ù l e s f ibres s o n t
susceptibles de migrer.
Ains i l ' interprétation correcte d'une re la t ion dose-ef fe t
nécess i te que l'on ait utilisé le concept de dose correct, adapté à
l'effet mesuré. Etablir u n e relation dose-effet à partir de la mesure
dans l'air de fibres trop grosses pour atteindre leur cible, ou à partir
de la concentrat ion de fibres s tockées d a n s u n compart iment
biologique qui n'a pas de rapport avec la cible tissulaire, peut aboutir
à des faux négatifs ou à des relations dose-effet ininterprétables
(extrapolation du modèle expérimental à l'homme).
Nous rappelons brièvement dans cet exposé les principaux
paramètres qui peuvent contribuer à la définition des doses qui
serviront aux biologistes, épidémiologistes ou cliniciens.
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l ' I i » i i I i i < i
10 20 50 100. 150
Longueur en y m
Figure 1 : Relation entre diamètre aérodynamique équivalent (DAE) des f i b r e s e t l eurs dimensions physiques, (from Gross, 198*0
Formation de l'Aérosol
Matériau de base
"Grosses" particules
Manipulation, dégradation...
Aérosol initial
"Grosses" particules
Temps par rapport à la mise en suspension dans l'air
Aérosol persistant
Figure 2. Schéma d'évolut ion de l a granulometrie entre le nateriu;: de-base e t l ' a é r o s o l p e r s i s t a n t .
2 5 10 2 0 4 0 6 0 % de f ibres in fér ieures au diamètre mentionné
9 8
Figure 3 : Dis tr ibut ion des f ibres minérales synthétiques retrouvées dans 1'aérosol lors de production de f ibres de diamètres nominaux d i f f érent s (from Corn, 1976).
0.2 Q4 0.6 0.8 1.0 2.0 1.0 3.5
LONGUEUR DES FIBRES (EN UN)
FIGURE k : RELATION DES POURCENTAGES DE DÉPOSITION DANS LES VOIES AÉRIENNES EN FONCTION DE LA TAILLE ET DE LA FORME DES PARTICULES. (FROM GROSS, 19B**)
Figure 5 : Modèle de déposition au niveau des b i furcat ions bronchiques
20 40 *0 80 100
HEURES APRÈS L'INHALATION
FIGURE 6 : COURBE DE CLAIRANCE DE LA RADIO-ACTIVITÉ THORACIQUE MESURÉE APRÈS INHALATION D'UN AÉROSOL RADIO-ACTIF.
Fibres longues (> lOjlm)
Dissolution en masse
Raccourcissement, diminution des diamètres et disparition complète
Attaque chimique ponctuelle (pas de modification des dimensions)
Lixiviation en surface
Altération de la réactivité biologique (pas de modification des dimensions)
Fragmentation (raccourcissement)
/ \ Phagocytose par les cellules E P I T H E L I A L E S
/ X
Phagocytose par les macrophages
Effet pathogène local ?
Translocation vers 1 1interstitium et d'autres organes
I Clairance muco-ciliaire
Dégradation intracellulaire
Effet pathogène local ?
FIGURE 7 : DÉTERMINATION DE LA BIOPERSISTANCE DES FIBRES
LES EFFETS A LONG TERME SUR LA SANTE DES FIBRES MINERALES ARTIFICIELLES
R. SARACCI
Centre International de Recherche sur le Cancer 150, Cours Albert Thomas 69372 LYON CEDEX 08
LES EFFETS A LONG TERME SUR LA SANTE
DES FIBRES MINERALES ARTIFICIELLES
Rodolfo Saracci, M.D.
J'essayerai, après la revue sur les effets des fibres minérales artificielles dans les systèmes
expérimentaux qui vient d'être présentée, avec ses zones d'incertitudes et avec quelques certitudes, de
toucher de façon très sélective quelques points qui portent sur les études épidémiologiques et sur les
connaissances épidémiologiques qu'on a jusqu'à présent, et qui sont en train d'évoluer. Je me
limiterai à parler du problème qui préoccupe le plus à long terme, c'est à dire, par analogie avec
l'amiante, la possibilité d'un effet carcinogène. Je ne toucherai pas au problème des fibroses ou,
d'une façon plus générique, des bronchopneumopathies chroniques qui pourraient être associées à
l'exposition aux fibres minérales artificielles. Il y a dans ce domaine plusieurs études de morbidité
ou de mortalité qui ne sont pas du tout concluantes. La meilleure étude qui a été faite
jusqu'aujourd'hui est une étude d'une cohorte de travailleurs américains dont les résultats du suivi
plus récent devraient être disponibles sous peu. Le suivi précédent avait montré une association entre
petites opacités radiologiques (catégories 0/1,1/0,1/1 de la classification du BIT) et durée de travail
chez les fumeurs (Weill et al. 1984).
En ce qui concerne les données épidémiologiques sur les cancers je parlerai avant tout des
études que l'on a nous-mêmes conduites au Centre International de Recherche sur le Cancer. Les
données dont je vais vous parler sont bien connues: les résultats disponibles sont encore les mêmes
qu'en 1986-87, parce que l'on n'aura pas de résultats d'un nouveau suivi avant 1993. L'approche
que l'on a choisie, en Europe comme aux Etats Unis, part de deux grandes cohortes de travailleurs
recrutés sur une base multicentrique dans différentes usines de production: pour étudier les effets sur
la santé des fibres minérales on s'est mis dans la situation, comme on le fait souvent en épidémiologie
en milieu de travail, d'essayer de prendre les groupes exposés de façon la moins contaminée (usines
de production). Même dans ces usines il y a une exposition multiple à d'autres agents physiques et
chimiques: mais d'un autre côté des utilisateurs tels que les travailleurs du bâtiment ont souvent été
exposés d'une façon ou l'autre à l'amiante. Les travaux qui sont disponibles concernant ces
utilisateurs sont très peu nombreux et n'ont pas pu séparer les effets pathologiques qui pouvaient être
attribués à l'amiante des effets qui pouvaient être, peut-être, attribués aux fibres minérales (Engholm
et al., 1987).
L'étude américaine qui est coordonnée par une équipe de l'université de PITTSBURG et
l'étude européenne, qui est coordonnée par le Centre International de Recherche sur le Cancer à
LYON, ont donc suivi des cohortes de travailleurs, définies dans le passé, jusqu'à nos jours en
étudiant la mortalité et, ou cela était possible, aussi la morbidité par cancer. L'enquête a porté sur
plus de 25,000 travailleurs dans 7 pays européens (Saracci et al., 1984; Simonato et al., 1987)
répartis dans 7 usines qui produisaient de la laine de roche ou de laitier, 4 qui produisaient de la laine
de verre, une qui produisait verre et filaments continus, et une des filaments continus. La durée
moyenne d'emploi était de l'ordre de cinq années et les travailleurs ont été suivis une fois jusqu'à la
fin de 1972, une deuxième fois jusqu'à la fin de 1982, et ils sont à présent suivis jusqu'à la fin de
1990 ou 1991, l'analyse des résultats étant prévue pour 1992-93. Les concentrations de fibres
respirables, mesurées dans une enquête d'hygiène industrielle de grande envergure standardisée à
travers toutes les usines, ont démontré qu'il y a à présent (c'est à dire à la fin des années 70 lorsque
l'enquête a été conduite) des niveaux très faibles de fibres minérales dans les usines de production (si
comparés, par exemple, avec ce qu'était le niveau dans les environnements pollués par l'amiante)
avec des pointes qui rarement atteignent le niveau de 0.5-1 fibre par millilitre. Malheureusement,
l'estimation des niveaux des fibres qui a été fait à travers cette enquête nous a été d'une utilité plutôt
limitée (à part pour nous rendre optimiste sur les faibles niveaux actuels d'exposition) pour mettre en
relation les niveaux d'exposition avec les données de mortalité et d'incidence de cancer. Puisque les
niveaux des fibres dans le passé étaient presque certainement différents, en particulier pour des sous-
types de production comme la production en discontinu ("batch"), on a décidé de conduire une
deuxième enquête, rétrospective, d'un type quelque peu archéologique, visant à reconstruire les
niveaux d'exposition d'une façon semi-quantitative, en tenant compte de facteurs (ventilation, volume
de production, diamètre des fibres, usage de liants, etc.) capable de moduler et altérer les niveaux
constatés dans l'enquête courante et qui peuvent ainsi aider dans l'estimation des niveaux de fibres,
en particulier respirables, existants dans le passé. En tenant compte de ces facteurs on a pu
subdiviser les procédés de production en 3 phases: "early", "intermediate" et "late". "Late"
représente les conditions d'aujourd'hui. "Early" représente les conditions qui prévalaient à l'origine,
pour lesquelles (et il y a là un problème majeur) on ne dispose pas de mesures: la production était une
production de type discontinu, où, par ailleurs, des substances qui ont pour effet de réduire la
concentration de fibres en suspension dans l'air telles que les liants et les huiles minérales n'avaient
pas encore été introduites dans le procédé de fabrication. La phase intermédiaire est simplement
caractérisée par un mélange des procédés des deux autres phases de production. On a pu estimer,
d'une façon semi-quantitative, qu'il y a eu une diminution des niveaux d'exposition en passant de la
phase "early" à la phase intermédiaire et à la phase "late" pour les usines de laine de roche et de laitier.
Cette diminution est probablement moins nette pour les usines de laine de verre parce que les
différents facteurs se combinaient de façon à faire varier d'une façon moins marquée les niveaux de
fibres. D'autre part les niveaux sont - en général - estimés être moins élevés dans la production de la
fibre de verre que dans la production de la fibre de roche ou de laitier, les niveaux les plus faibles
étant ceux de la production du filament continu. Lorsque Ton analyse la mortalité par cancer
pulmonaire en fonction des différentes "phases" (périodes) d'exposition et du temps à partir de la
première exposition, on obtient les résultats de la Table 1. Les rapports standardisés de mortalité
(RSM) sont élevés (colonne "Total") pour les trois types de production lorsque Ton emploie comme
terme de comparaison les taux de mortalité (spécifiques pour age, sexe, et période de calendrier)
nationaux des sept pays où les usines sont localisées. Toutefois lorsque Ton utilise comme terme de
comparaison les taux régionaux (qui, entre autre chose, prennent mieux en considération les
habitudes tabagiques de la population des travailleurs par rapport à la population générale) les
augmentations du RSM se concentrent essentiellement dans la population des travailleurs de la laine
de roche et laitier. C'est en effet surtout à l'intérieur de la phase initiale ("early") de production de la
laine de roche et de laitier, c'est à dire lorsque la concentration des fibres était plus élevée par
comparaison aux autres périodes et procédés de production, qu'on localise l'excès de tumeurs
pulmonaires de presque trois fois le chiffre attendu pour les travailleurs exposés pour la première fois
20 ou 30 ans avant.
Au cours de nombreuses analyses complémentaires on a essayé de séparer l'exposition à la
laine de roche et à laine de laitier. Comme l'utilisation de la laine de laitier se surimpose à la période
initiale on a du mal à séparer les trois facteurs, phase "early", exposition à la laine de roche, et
exposition à la laine de laitier. Le mieux que l'on a pu faire a été d'isoler les usines dans lesquelles
on produisait dans la phase initiale seulement de la laine de laitier; le RSM est presque le même dans
ces usines (RSM=295) que dans celles dans laquelle il y avait peu ou pas du tout de laine de laitier
(RSM=341).
L'étude américaine, qui a été elle aussi présentée en détail en 1987 (Enterline et al., 1987),
avec des résultats globalement en accord avec notre étude, a été mise à jour récemment (Marsh et al.,
1990) et pour les laines de roche et de laitier les résultats pour les travailleurs qui ont été observés 20
ans après la première exposition montrent un excès. Il arrive que cet excès soit localisé dans les
usines dans lesquelles à côté de la laine de roche il y avait aussi de la laine de laitier, ce qui souligne
encore le point, évoqué avant, d'essayer - chaque fois que possible - d'obtenir une meilleure
séparation de ces deux types d'exposition.
Comme le cancer du poumon est largement dû à la fumée de tabac on peut se demander si les
excès observés peuvent être dus au tabac. Des excès de l'ordre de 3 fois comme celui qu'on a
observé dans la sous cohorte des travailleurs exposés pour la première fois il y a 20 ou 30 ans dans la
production de la laine de roche et de laitier ne peuvent être dus, si le tabac en est la raison, qu'à une
très forte et hautement improbable différence des habitudes tabagiques des travailleurs par rapport à la
population générale. Il me semble donc très peu vraisemblable que soit la fumée de tabac, soit la
classe sociale qui est une variable correlée à la fumée de tabac, soit l'explication unique ou même
principale des résultats. Bien sûr, d'autres substances polluantes étaient présentes dans
l'environnement de production dans les années 40 et 50 (par exemple, des hydrocarbures
polycycliques) qui pourraient être en partie responsables de l'excès observé. Mais il faut aussi tenir
compte que l'exposition à l'agent principal, les fibres, a été très probablement mal classé, ce qui
tendrait à diluer artificiellement le risque. Si du point de vue qualitatif il reste donc une marge
d'incertitude interprétative, les incertitudes sont plus importantes du point de vue quantitatif. On peut
se demander comment comparer l'excès observé à ce qu'on connaît par rapport à l'amiante. Si les
concentrations en fibres respirables dans la phase "early" de la production de la laine de roche ou de
laitier étaient de l'ordre de 10 fibres par millilitre (ce qui n'est pas à exclure), les risques qu'on a
observé, ne sont pas incompatibles avec ceux qui ont été observés dans certaines cohortes de
travailleurs exposés au chrysotile (Simonato et al., 1987). Si au contraire les concentrations dans le
passé étaient au maximum de l'ordre d'une fibre par millilitre ou même moins, la question est posée
de savoir si les fibre de roche (et de laitier) ne pourraient pas être plus carcinogènes que le chrysotile.
Cette hypothèse qui n'est pas plausible si la concentration des fibres est évaluée sur la base de leur
masse, l'est moins si on prend comme base le nombre de fibres (Peto, 1989).
Au delà des hypothèses les conclusions finales les plus solides restent celles d'il y a deux ou
trois ans. On est en train d'ajouter des données qui ne sont pas encore de nature à en faire changer la
substance. On n'a pas observé d'effets à long terme dans la majorité des secteurs de l'industrie de
production des fibres minérales artificielles; mais les fibres minérales, telles qu'elles étaient présentes
dans la phase initiale de la production de la laine de roche et de laitier ont vraisemblablement joué un
rôle dans l'excès du cancer pulmonaire. Je pense que soutenir d'une façon définitive que la seule
composante "fibres" de ce mélange d'expositions qui était présente dans les années 40 et 50 a été le
responsable de cet excès est illogique, mais que soutenir que tous les autres éléments du mélange, à
l'exception des seules fibres, ont été la cause de l'excès est encore plus illogique. En tout cas, on va
essayer d'infirmer ou de confirmer d'une façon plus sure nos observations épidémiologiques.
Cela m'amène à la classification que, au delà de notre propre étude, un groupe de travail réuni
par le CIRC a établi pour les fibres minérales artificielles (IARC, 1988). La classification du CIRC
prévoit une catégorie 1 pour les agents carcinogènes chez l'homme, une catégorie 2A pour les agents
probablement ("probably") carcinogènes et une catégorie 2B pour les agents peut-être ("possibly")
carcinogènes; les catégories 3 et 4 sont réservées, respectivement, aux agents qui ne peuvent pas être
classés par rapport à la cancérogénicité et à ceux pour lesquels les données disponibles suggèrent une
absence de cancérogénicité.
Différents types de fibres minérales sont classés dans la même catégorie 2B, bien que les
points d'entrée soient très différents (Table 2). Pour la laine de veme l'épidémiologie ne montre pas
un excès de cancer, mais l'évidence expérimentale a été interprétée comme "suffisante", en donnant
évidemment un poids important aux systèmes d'injection intracavitaire directs. Pour les laines de
roche et de laitier (qui ont été mis ensemble parce qu'on n'est pas arrivé à les séparer clairement dans
les études épidémiologiques) ce sont les données épidémiologiques (limitées mais non inadéquates)
qui ont conduit à une classification 2B. En ce qui concerne les fibres céramiques, enfin, elles ont été
classées en 2B sur la base de la seule évidence "suffisante" chez l'animal, surtout dans des tests par
voie inhalatoire, même en absence de toute donnée épidémiologique. Pour le filament continu,
d'autre part, aucune classification est possible (Catégorie 3) en raison des données inadéquates soit
chez l'animal soit chez l'homme. Quelque suggestion (Brown et al., 1991) remettant en question ce
classement semble prématuré, si l'on veut éviter de s'aventurer dans le domaine d'interprétations trop
subtiles par rapport aux données jusqu'ici disponibles. On verra dans deux ou trois ans si les
résultats nouveaux qu'on attend des expériences en cours chez l'animal et de l'extension des études
épidémiologiques en Europe et en Amérique du Nord seront tels qu'ils justifieront une ré-évaluation
de ce classement.
REFERENCES
Brown RC, Davis JMG, Douglas D, Gruber UF, Hoskins JA, Ilgren EB, Johnson NF, Rossiter CE, Wagner JC. (1991) Carcinogenicity of the Insulation wools: Reassessment of the IARC Evaluation.Regulatory Toxicology and Pharmacology, 14,12-23.
Engholm G, England B, Fletcher BC, Hollin N. (1987) Respiratory cancer incidence in Swedish construction workers exposed to man-made mineral fibers and asbestos, Ann. Occup. Hyg., 31, 663-676.
Enterline PE, Marsh GM, Henderson V, Callahan C. (1987) Mortality update of a cohort of US man-made mineral fibre workers. Ann. Occup. Hyg., 31, 625-656.
IARC (1988) Man-made mineral fibres and radon. IARC Monogr. Eval. Carcinog. Risk Chem. Hum., 43, 1-300.
Marsh GM, Enterline PE, Stone RA, Henderson VL. (1990) Mortality among a cohort of U.S. man-made mineral fiber workers: 1985 follow-up. J. Occup. Med., 32, 594-604.
Peto J. (1989) Fibre carcinogenesis and environmental hazards. In: Bignon J, Peto J, Saracci R (eds) Nonoccupational exposure to mineral fibres, International Agency for Research on Cancer, Lyon, pp 457-470 (IARC Scientific Publication No. 90).
Saracci R, Simonato L, Acheson ED, Andersen A, Bertazzi PA, Claude J, Charnay N, Estfeve J, Frentzel-Beyme RR, Gardner MJ, Jensen OM, Maasing R, Olsen JH, Teppo LHI, Westerholm P, Zocchetti C. (1984) Mortality and incidence of cancer of workers in the man made vitreous fibres producing industry: an international investigation at 13 European plants. Br. J. Ind. Med., 41,425-436.
Simonato L, Fletcher AC, Cherrie JW, Andersen A, Bertazzi P, Charnay N, Claude J, Dodgson J, Estfeve J, Frentzel-Beyme R, Gardner MJ, Jensen O, Olsen J, Teppo L, Winkelmann R, Westerholm P, Winter PD, Zocchetti C, Saracci R. (1987) The International Agency for Research on Cancer historical cohort study of MMMF production workers in seven European countries: extension of the follow-up. Ann Occup. Hyg., 31, 603-624.
Weill H, Hughes J, Hammad YY, Glindmeyer HW, Sharon G, Jones RN (1984) Respiratory health of workers exposed to MMMF. In: Guthe E (ed) Biological effects of man-made mineral fibres. Proceedings of a WHO/IARC conference in association with JEMRB and TIMA, Copenhagen, 20-22 April 1982. vol. 1, World Health Organization, Regional Office for Europe, Copenhagen, pp 387-412.
Table 1. Mortalité par cancer pulmonaire (hommes et femmes)
Phase de Intervalle (en années) à partir de la première exposition production 0-9 10-19 20-29 30+ Total
Laine de rwhç/laitiçr
"Early" Décès observés 0 0 4 6 10
RSM National 0 0 270 244 214*
RSM Local 0 0 317 295* 257*
"Intermediate" Décès observés 0 3 7 4 14
RSM National 0 106 161 211 139 RSM Local 0 107 164 217 141
"Late" Décès observés 17 27 11 2 57
RSM National 111 127 93 84 113
RSM Local 112 126 90 77 111
Laine de verre
"Early" Décès observés 2 3 5 6 16
RSM National 123 80 93 145 107
RSM Local 108 70 80 121 92
"Intermediate" Décès observés 4 29 24 11 68
RSM National 52 164* 135 194 139*
RSM Local 42 132 106 149 111
"Late" Décès observés 7 2 0 0 9
RSM National 107 66 0 0 93
RSM Local 88 55 0 0 77
RSM = rapport standardisé de mortalité = (décès observés/décès attendus) x 100 *RSM statistiquement significatif
Table 2. Evidence de cancérogénicité des fibres minérales artificielles (IARC, 1988)
Type de fibre Dans l'animal Dans l'homme Evaluation globale
Laine de verre Suffisante Inadequate 2B ("possibly carcinogenic")
Fibres céramiques Suffisante Pas de données 2B ("possibly carcinogenic")
DISCUSSION
(retranscrite à partir de notes prises en séance)
M. KAMSTRUP Have you used the model developed by KRANTZ to calculate the cumulative doses in order to
clarify the role of the older technological phase ?
M. SARACCI.
Malheureusement le problème qui se pose avec la phase initiale c'est qu'il s'agit d'une phase brève
que l'on ne peut pas isoler avec précision. En fonction de l'endroit où l'on place la coupure et
compte tenu du fait que l'on a très peu de sujets on peut obtenir ou non un effet dose réponse mais
je pense que c'est très artificiel, le résultat dépend trop des limites choisies. On continuera
cependant à traiter les données de cette manière lors des réactualisations. On aura alors un plus
grand nombre de cas et nous espérons que cela nous aidera à clarifier la situation.
M. MELLON
What is the possibility of IARC changing the classification on glasswool ?
M. SARACCI
Ce n'est pas moi qui décide de la politique générale de mise à jour des monographies du CIRC. Ce
que je crois personnellement c'est qu'une mise à jour ne sera effectuée que lorsque l'on disposera
de suffisamment de données nouvelles soit sur le plan expérimental, soit sur le plan
épidémiologique et si possible sur les deux à la fois. Nous coordonnons nous-mêmes une étude
épidémiologique. L'étude coordonnée à présent par le Docteur Gary MARSH aux Etats-Unis
comporte une partie importante d'hygiène industrielle. Elle sera également mise à jour avec une
part importante d'hygiène industrielle rétrospective ce qui prendra une année ou deux. Je ne veux
pas préjuger du futur, mais je suis pratiquement sûr qu'il n'y aura pas de réévaluation de la
monographie avant que ces données ne soient disponibles. Ce que je peux dire de manière sûre est
qu'il n'y a pas de changement de classification en cours. Il y a une inertie dans le mécanisme mais
c'est aussi la garantie de pourvoir prendre un peu de recul.
M. BIGNON
C'est quand même un réel problème, les classifications de l'IARC sont un peu des valeurs de
référence dont on attend la mise à jour. Je suggérerais que vous ayez des volumes sous forme de
classeur afin que l'on puisse y introduire une page corrective de temps en temps. Il y a des
exemples qui nécessiteraient peut être une remise à jour mais à cause de l'inertie qui va
s'accentuer, car gérer ce type de monographies cela coûte très cher, on va avoir des classifications
qui vont se pérenniser pendant des années.
M. SARACCI
Ce n'est pas seulement un problème d'argent. D'un point de vue un peu plus général en
considérant également la classification d'autres substances je pense qu'il serait bon d'avoir une
périodicité de mise à jour de quatre années comme par exemple pour le HARISSON.
Malheureusement on n'arrive pas à tenir cette périodicité. Par contre avec un système de classeur je
crois que le jugement deviendrait un peu volatil parce qu'il pourrait être réactualisé après chaque
étude. Entre le problème réel auquel font face les personnes qui sont exposées, et le problème réel
de l'industrie qui veut connaître le degré de confiance qu'il peut accorder à un produit on essaye de
trouver un compromis et de dégager des priorités. On ne donne jamais une réponse très rapide, à la
carte pour ainsi dire à un problème donné.
M. BROCHARD
Je voudrais simplement demander à M. SARACCI un complément à sa réponse en matière de
fibres synthétiques. On est en présence de matériaux qui évoluent et malheureusement les études
épidémiologiques mettent beaucoup de temps pour pouvoir donner des réponses. Dans mon
dernier transparent j'ai évoqué la modification de la philosophie de classification qui intègre un peu
plus les données mécanistiques dans le processus de décision. Pouvez-vous commenter et dire ce
que vous en pensez puisque vous n'êtes pas tout à fait d'accord avec la rédaction qui a été faite.
M. SARACCI
Je crois qu'il est évident, même si c'est passé un peu rapidement dans ma dernière diapositive, que
par rapport à ce que les monographies étaient il y a 15 ans par exemple, les critères de jugement
incluent maintenant les données expérimentales chez l'animal. Mais ce sont essentiellement des
tests de carcinogénèse, c'est-à-dire des faits bien robustes et la classification finale inclue tout cela.
Les données mécanistiques sont un cas très particulier et je pense qu'elles seront prises en compte
un peu plus mais avec des gens comme moi ce sera toujours très prudemment.
M. BIGNON
Cela vaut mieux car si l'on prend l'exemple des fibres il y a encore des choses à découvrir sur les
mécanismes et l'on ne sait pas où cela commencerait et où cela s'arrêterait.
M. LEPONT
Peut-on comparer les études des effets cancérogènes avec fibres injectées et avec fibres inhalées?
L'inhalation étant le mode naturel de pénétration des fibres sur les lieux de travail et de pose, il me
semble que ce mode d'intoxication devrait être prépondérant.
MmeJAURAND
Je vous donnerai une opinion comme M. SARRACI qui est tout à fait personnelle ; les études par
inhalation ne sont pas plus extrapolables à l'homme que les études in vitro. Mais apparemment il y
a une plus grande tendance dans la communauté scientifique à considérer les études par inhalation
comme plus extrapolables que d'autres. P. BROCHARD vous a montré qu'un poumon de rat
n'était pas du tout un poumon d'homme, que la déposition était tout à fait différente, que la taille
des fibres déposées dans un poumon de rat est tout à fait différente de celle des fibres déposées
dans un poumon d'homme, or certains auteurs ont montré justement que la taille jouerait un rôle
prépondérant dans les effets cancérogènes. Donc je crois que le problème en face duquel on se
trouve est qu'une étude par inoculation intrapleurale ou intrapéritonéale vous donne un potentiel de
fibre, vous savez que cette fibre peut vous tuer comme une voiture, mais c'est l'utilisation que l'on
fait de ces résultats qui est parfois critiquable.
M. BIGNON
Je crois quand même que l'on peut actuellement considérer qu'il y a un consensus scientifique
pour considérer que l'expertise par inhalation chez les rongeurs est peut-être la méthode la plus
réaliste pour essayer d'extrapoler. Par contre utiliser un modèle intracellulaire comme le péritoine
ou la plèvre est une façon primitive d'évaluer le potentiel carcinogène des fibres ou des particules
au contact de cellules, en place certes, mais dans des situations non physiologiques. Vous
exagérez alors un phénomène qui n'a peut être aucune chance d'être extériorisé dans des
conditions physiologiques d'inhalation de telles particules chez l'homme ou chez l'animal.
M. B AD AIRE
Pouvez-vous citer d'autres produits entrant dans la classification 2B. La saccharine entre-t-elle
dans cette classification ?
M. SARACCI
C'est possible que la saccharine soit dans la catégorie 2B. Certains pesticides y sont certainement.
M. BIGNON
Peut-être que l'on dérive un peu. Je pense que votre remarque a pour but de montrer qu'il y a des
produits grands consommateurs qui sont classés 2B et que l'on ne meurt pas tous les jours, au
moins de façon apparente. Mais la saccharine est intéressante parce que c'est justement un produit
dont le mécanisme d'action s'il est cancérigène n'est pas très connu. Vous voyez si l'on accepte de
classer les carcinogènes à partir de leur mécanisme d'action on risque d'avoir des déboires. Cette
approche n'est pas suffisante.
M. MUR
Par analogie avec l'amiante, est-il utile d'étudier expérimentalement sur l'animal, les interactions
entre exposition aux fibres de verre et à la fumée de tabac en ce qui concerne le risque de cancer
bronchopulmonaire.
Mme JAURAND
Personnellement je ne pense pas, je crois qu'il vaut mieux essayer de dissuader les travailleurs de fumer.
M. BIGNON
Oui, c'est vrai mais c'est difficile. C'est plus facile de convaincre un rat de fumer.
Mme JAURAND
Oui, mais c'est très difficile de provoquer un cancer du poumon en le faisant fumer.
M. MOULIN
Je me permets de répéter la question du Dr. MUR car elle nous a été posée. Faut-il faire fumer des
souris en même temps que l'on les intoxique avec des fibres ?
M. BIGNON
Je vais essayer cTy répondre. D'abord le modèle animal d'exposition à la fumée de cigarettes des
petits rongeurs n'est pour le moment pas tout à fait au point. Ensuite même si vous arrivez à
confiner un animal dans une ambiance riche en CO2, ce qui est le cas de la fumée de cigarettes, il
est très difficile voire impossible de reproduire des cancers bronchiques avec une forte incidence,
tels que l'on les observe chez l'homme. Ainsi si l'on arrive pas à reproduire l'effet d'un seul
facteur, on ne peut pas étudier l'association d'un facteur avec un autre. Avec les fibres on peut
essayer de reproduire un effet cancérigène, mais pour le moment on ne domine pas l'autre facteur.
M. MASSE au CEA a beaucoup travaillé sur l'association exposition passive à la fumée de
cigarettes et radon. Il y avait effectivement une amplification de l'effet radon ou de l'effet cigarette
sans que l'on sache duquel il s'agit puisqu'il y a pas d'effet avec la cigarette seule. On obtient une
amplification mais l'on ne sait pas à quoi cela correspond. C'est ce qui a découragé ce type d'étude
d'approche expérimentale.
M. MOULIN
La question que l'on nous a posée est que les fibres ne seraient cancérigènes qu'avec le tabac.
M. BIGNON
C'est encore plus difficile de répondre à cette question.
EXPOSITION AUX LAINES MINERALES ARTIFICIELLES LORS DE LA POSE DE MATERIAUX ISOLANTS
E. KAUFFER 0), F. BARAT ( 2 ), JR CERTIN 0),J. LAUREILLARD ( 4 ), JC. VIGNERON 0)
(!) I.N.R.S. (2) Laboratoire de Chimie de la C.R.A.M.A. (3) Laboratoire de Chimie de l'OUEST ( 4 ) Laboratoire de Chimie de la C.R.A.M.I.F.
1. - INTRODUCTION
Au cours des 50 dernières années, l'utilisation industrielle des fibres minérales artificielles
vitreuses s'est diversifiée et intensifiée pour les besoins de l'isolation thermique et phonique
et pour le développement des techniques de renforcement des matières plastiques. Ces fibres
sont dénommées en fonction du matériau utilisé pour les fabriquer. C'est ainsi que l'on parle
de laine de verre, de roche ou de laitier. Le terme laine fait référence à une structure où les
fibres sont positionnées de manière quelconque les unes par rapport aux autres tandis que si
elles sont assemblées parallèlement les unes aux autres on parle de filaments continus. Les
fibres céramiques forment une classe à part. Elles sont fabriquées à partir de kaolin ou d'un
mélange de silice et d'alumine et sont utilisées pour leurs propriétés réfractaires.
Contrairement aux fibres minérales naturelles, ces fibres sont amorphes et ne peuvent pas se
séparer en fibres de plus petit diamètre. Leur diamètre nominal est directement lié à leur
mode de production. Les filaments continus sont obtenus par étirage à travers des filières
tandis que les laines sont produites par soufflage et/ou centrifugation de la masse
vitreuse [1]. Dans ce cas la dispersion autour du diamètre moyen peut être importante.
En hygiène industrielle la connaissance de la concentration pondérale et de la concentration
en nombre de fibres permet de caractériser l'empoussiérement. La connaissance des
dimensions des fibres en suspension dans l'air est également utile dans la mesure où ce
paramètre parmi d'autres (durabilité, propriétés de surface, composition chimique) a été
évoqué pour expliquer la toxicité des fibres [2-6]. Si les niveaux de concentration sont
maintenant bien connus dans les usines produisant les fibres minérales en particulier grâce
aux enquêtes épidémiologiques menées dans ce secteur tant en Europe [7-10] que sur le
continent américain [11-12], les connaissances sont plus fragmentaires au niveau des
utilisateurs. La diversité des situations et les difficultés d'accès expliquent probablement cet
état de fait. L'objet de cet article est d'apporter quelques éléments de réponse, lors de
l'utilisation des laines minérales dans le secteur du bâtiment, mais aussi en milieu industriel.
2 . - METHODE DE MESURE
Dans la plupart des études publiées la pollution a été mesurée par prélèvements individuels,
en équipant l'ouvrier d'une pompe portative reliée à une tête de prélèvement qui peut dans
certains cas être prolongée par un cylindre protecteur pour éviter les projections directes. Les
paramètres mesurés sont tout ou partie des suivants :
2 .1 Concentration en poussières:
C'est généralement la fraction dite "totale" qui est prélevée, car le filtre de prélèvement
n'est précédé d'aucun sélecteur. Celle-ci ne correspond pas à une définition précise,
puisqu'il est quasiment impossible de capter avec une efficacité absolue toutes les
particules ambiantes au-delà de 20 à 30 |im en échelle aérodynamique. En l'absence
de norme, il peut y avoir des différences notables dans les différentes études en
fonction de la tête de prélèvement ou du débit utilisés.
2 .2 Concentration en nombres de fibres:
Elle est généralement obtenue, en microscopie optique, après transparisation du filtre
de prélèvement. Les règles de comptage sont dérivées de celles utilisées pour la
métrologie de l'amiante. Une méthode spécifique pour le comptage des fibres
minérales artificielles a été élaborée par un comité technique de l'O.M.S. [13]. Trois
classes de fibres sont le plus souvent individualisées :
- celles de longueur supérieure à 5 |im et de diamètre inférieur à 3 |im par analogie
avec ce qui se fait dans l'industrie de l'amiante. Ce sont les fibres dites
"respirables" ;
- celles de longueur supérieure à 5 |iim et de diamètre supérieur à 3 jim, appelées
fibres "non respirables" ;
- celles de longueur supérieure à 8 |Lim et diamètre inférieur à 0,25 |im, généralement
connues sous le nom de fibres de STANTON. Ce sont les fibres pour lesquelles
certaines expérimentations animales ont montré un pouvoir cancérogène marqué [3-
4]. Elles sont souvent dénombrées en microscopie électronique et constituent un
sous-ensemble des fibres "respirables".
2 .3 Granulometrie des fibres en suspension dans l'air:
Une méthode a été recommandée par un comité technique de l'O.M.S. [13]. Elle fait
appel à la microscopie électronique à balayage. La granulometrie des fibres prélevées
est obtenue en mesurant la longueur et diamètre des fibres présentes sur des
photographies à un grossissement de 5000.
3 . - SITUATION EN FRANCE
3 .1 Résultats des mesures d'exposition:
Une cinquantaine de mesures des niveaux de concentration lors de l'utilisation de
laines minérales a été recensée à partir d'interventions de certaines Caisses Régionales
d'Assurance Maladie. Elles figurent, accompagnées de la description de l'activité et
des postes de travail correspondants, dans le tableau № 1. Pour faciliter leurs lectures elles sont regroupées dans le tableau № 2 en ne considérant que les
prélèvements individuels et en distinguant quatre grandes catégories d'utilisation :
- la manipulation et le soufflage de laines minérales en vrac ;
- la pose ou la découpe de laine minérale ;
- le flocage par voie humide ;
- l'isolation de matériels industriels.
Les prélèvements référencés 17 et 18 du tableau № 1 n'ont pas été pris en compte car
le niveau élevé de pollution mesuré (1,7 fibres/cm3) est probablement dû à
l'utilisation de microfibres de quartz dans l'atelier concerné. Le classement proposé
correspond à des niveaux de pollutions différents. Ainsi les valeurs moyennes
calculées pour la concentration en nombre de fibres respirables sont de
2,79 fibres/cm3 lors de l'utilisation de fibres en vrac, de 0,46 fibre/cm3 lors des
opérations de pose ou découpe, de 0,24 fibre/cm3 lors de flocage par voie humide et
de 0,97 fibre/cm3 lors d'opérations d'isolation de matériels industriels.
La granulométrie des fibres obtenue sur quatre prélèvements récents figure dans le
tableau № 3. Comme la distribution des longueur et diamètre des fibres suit
généralement une loi log-normale bivariée [14], les cinq paramètres permettant de
caractériser cette loi ont été reportés (longueur moyenne et diamètre moyen
géométrique, écarts types correspondants, coefficient de corrélation entre les
logarithmes népériens des longueurs et des diamètres). Le pourcentage de fibres de
STANTON ainsi que le rapport longueur/diamètre moyen sont également donnés.
3.2 Cas particuliers des flocages:
Avant les travaux de démolition de bâtiments nous sommes souvent amenés à analyser
des flocages pour identifier leur nature. Habituellement, ils sont constitués soit de
fibres d'amiante, soit de laines minérales. Dans certains cas cependant, l'analyse
montre la présence à la fois de laines minérales et d'amiante dans des proportions
variables. Les photographies № 1 et 2 sont des exemples montrant la présence de
chrysotile ou d'amosite associés à de la laine minérale. Ces situations, probablement
anciennes, doivent être évidemment traitées avec des précautions toutes particulières
lors d'éventuelles opérations de déflocage. A cet égard le guide méthodologique
intitulé "diagnostic et traitement des flocages à base d'amiante" est une référence
utile [15] .
4 . - DISCUSSION
Les situations décrites ici en France d'utilisation de laines minérales sont trop limitées pour
que l'on puisse en tirer des conclusions générales. La diversité des situations possibles, la
nature des produits utilisés, les techniques de pose et bien sûr les conditions de ventilation
font que seul un très grand nombre de mesures permettrait de cerner avec précision les
niveaux d'exposition. Les résultats obtenus sont cependant cohérents avec ceux publiés par
d'autres auteurs dans différents pays (Allemagne [16] , Danemark [17] , Etats-Unis [18] ,
Grande Bretagne [19], Italie [20] ou Suède [21]). Hormis les opérations où l'on utilise de la
laine minérale en vrac, les situations les plus polluantes semblent être les isolations de
combles pour lesquelles des concentrations en fibres respirables de l'ordre d'une fibre par
cm 3 ont été citées [17, 19, 21, 22, 24].
Les concentrations mesurées doivent être replacées dans le contexte de prélèvements réalisés
sur des périodes courtes, généralement inférieures à 2 heures. Les durées de prélèvement
sont en effet conditionnées par la nature du travail réalisé ou par le risque d'obtenir une
densité de fibres trop importante sur le filtre. Dans ces conditions les concentrations
moyennes sur une période de référence de 8 heures seraient probablement moins élevées. Il
est évidemment difficile d'estimer pendant quelle fraction de son temps de travail un
employé est exposé aux fibres. Des points de repère existent cependant. Ainsi ESMEN et al.
[18] donnent 4 heures comme temps d'exposition journalier pour un poseur de matériaux
isolants. PETERSEN et VANSTRUP-NIELSEN [23], cités par SCHNEIDER [24] estiment
que 60% des membres du syndicat des menuisiers et charpentiers au Danemark passent entre
0,5 et 15% de leur temps à des travaux mettant en oeuvre des fibres minérales artificielles.
Quoiqu'il en soit il est évident que les concentrations en nombre de fibres respirables sont
supérieures à celles rencontrées actuellement sur les lignes de production [25,26]. Celles-ci
sont en effet le plus souvent inférieures à 0,1 fibre/cm3. Elles sont cependant comparables
pour les opérations mettant en oeuvre de la laine minérale compactée à la concentration
moyenne en fibres respirables (0,351 fibre/cm3) calculée par MARSH et al [11] aux Etats-
Unis pour les usines produisant des laines de roche ou de laitier pendant la période 1946-
1985, c'est-à-dire en incluant les premières phases de production réputées les plus
polluantes.
La granulométrie des fibres en suspension dans l'air figure dans le tableau 3. Elle est du
même ordre de grandeur que celle mesurée dans les usines productrices [9]. La
sédimentation rapide des fibres les plus grossières conduit à un enrichissement évident de la
poussière prélevée en fibres fines par rapport au produit brut. Les pourcentages de fibres de
STANTON sont comparables à ceux que nous avons pu mesurés lors de la production [9].
De même le rapport longueur/diamètre moyen des fibres ne semble pas différent.
La mesure de la concentration pondérale seule ne permet pas de cerner correctement
l'empoussièrement car il n'existe pas de corrélation entre la concentration pondérale en
poussières et la concentration en nombre de fibres [17, 19, 21], contrairement à ce qui a pu
être établi, usine par usine, dans le secteur de la production [9, 26] . Là encore la diversité
des situations rencontrées explique probablement cela. Même pour une activité identique :
la projection de flocage par voie humide, le rapport poids de fibres sur poids total de matière
prélevée peut être très différent comme le montrent les photographies № 3 et 4
correspondant aux prélèvements référencés 38 et 42 dans le tableau № L Sur la première
photographie le pourcentage en masse de fibres estimé en microscopie électronique à
balayage est de l'ordre de 1%, alors qu'il est voisin de 25% sur la seconde photographie.
5.- CONCLUSION
La grande variété des applications des laines minérales tant en milieu industriel que dans le
secteur du bâtiment rend difficile l'estimation des concentrations en nombre de fibres
auxquelles peuvent être exposés les opérateurs. Il apparaît toutefois que les concentrations
les plus importantes sont mesurées lors de la pose de laines minérales en vrac par soufflage
ou lors de pose en espace confiné (isolation de combles par exemple). Plus le matériau est
compacté et moins les concentrations sont é levées . Les concentrations moyennes
représentatives d'une journée de travail sont également difficiles à évaluer dans la mesure où
la pose de matériaux d'isolation ne représente pas toujours la totalité de l'activité de
l'employé.
Il est cependant clair que des concentrations en nombre de fibres mesurées lors de la pose de
matériaux d'isolation en laines minérales sont supérieures à celles mesurées actuellement
dans les usines productrices. Elles sont comprises généralement entre 0,1 et 1 fibre
respirable/cm 3 lors de la pose de matériau compacté et supérieures à 1 fibre/cm3 lors de la
manipulation de produits en vrac.
Enfin il est important de souligner qu'un certain nombre de revêtements constitués
principalement de fibres de verre contiennent également des fibres d'amiante en proportion
plus ou moins importante. Ces flocages doivent évidemment être traités avec les mêmes
précautions que ceux à base d'amiante lors d'opérations d'enlèvements.
- s ó
li paraît utile de poursuivre ces campagnes de prélèvement afin de mieux cerner toutes les
activités et conforter les résultats obtenus.
Les auteurs remercient J. B A U W E N S , MC. B R A U D , C. F E R R A N D , JC. GENDRE,
F. HERAUD, F. MARRANE et S. VEISSIERE de leur collaboration.
B I B L I O G R A P H I E
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production workers in seven European countries : extension of the follow-up.
Ann. Occup. Hyg. 1987, Vol 31, № 4 B , pp. 603-624.
En usine, fabrication de logements de I Isolation d'un plafond avec de la laine 3,71 1
chantier. de verre en vrac Laine de verre (1978) I Isolation d'un plancher avec de la laine 0,12 2
de verre en plaques
En usine, fabrication de logements de I Montage des fenêtres et plafonds 0,43 3 à 6 chantier. (0,30 - 0,62)
Laine de verre (1979) En usine, placage sur carreaux de I Dépileur et approvisionneur en 0,38 7 à 10 plâtre. laine de roche (0.23 -0,60)
Laine de Roche (1982)
Sur chantier, projection de laines de A Ambiance dans un comble de faîtage 80 2,29 11 à 12
roches dans les combles de maisons (2,16 - 2,42) individuelles (1986) I Prélèvement individuel dans un comble 2,56
de faitage 90 (2,33 - 2,73) 13 à 16
En usine, protection anti-bruit et anti I 1.71 17 à 18 thermique de tuyauteries <f avions (1,70- 1,72) Opération de marouflage Laine de verre A Dans cet atelier sont également utilisées 1.75 19 (1986) des micro-fibres de quartz
Isolation intérieure d'un paquebot I Découpe et pose de panneaux rigides 0,49 0,13 3.39 20 à 30 (1987) aluminisés ou non (0,27 - 1,18) (0,06 - 0.23) (1,45 -4,92)
Sur chantier, fabrication de plate-formes 1 Découpe et mise en place de 0,51 <0.08 31 à34 pétrolières, isolation des parois. ROCKWOOL TNF PANEL SYSTEM, (0,33 - 0,68) Laine de roche de ROCFEU en plaques (1991)
I Découpe et mise en place de 0.53 <0,04 1,92 35 à 37 ROCKWOOL sur support aluminium (0,48 - 0,62) (1.61 - 2,32) confinement imponant, ventilation naturelle très réduite
Projection de flocage par voie humide 1 Projeteur 0,21 <0.06 2.89 38 à 39 dans un parking souterrain (0,19-0,22) (2.11 -3.66) (1991)
I Assistant 0.19 <0,04 2.47 40 à 41 (0,17-0,21) (2,13 - 2.80)
Projection de flocage par voie humide I Projeteur 0,40 <0,08 3.26 42 à 43 sur des plafonds (hauteur 7 m) (0,36 - 0,43) (2.97 - 3.55) (1991)
I Assistant 0,17 <0.04 2.28 44 à 45 (0,16-0,17) (1.14-3.42)
A Ambiance au niveau du sol. contre un 0.21 <0.06 1.67 46 mur, dans l'axe de la pièce.
Calorifugeage de conteneurs I Bobinage de bourrelet en fibres de verre 0,97 - 47 à 52 (1991) (0,58 - 1,88)
A Ambiance à 1,50 m du sol 0,23 53 à 55 (0,04 - 0,58)
I = prélèvement individuel A = prélèvement d'ambiance
Tableau № 1 : Mesures de l'empoussièrement par les laines minérales au cours de treize campagnes de prélèvement.
Description de
l ' ac t iv i t é
Nombre de
mesures
Nombre de f ibres/cm 3
L>5|im, D<3nm m o y e n n e
(étendue)
Nombre de
mesures
Concentration pondérale
( m g / m 3 )
m o y e n n e
(étendue)
Référence du
pré lèvement
Manipulation et soufflage de laine
minérale en vrac
5 2,79 (2,33 - 3,71)
1,13 à 16
Pose, découpe de laine minérale 27 0,46 (0,12 - 1,18)
14 3,07 (1,45 - 4,92)
2 à 10 20 à 37
Flocage par voie humide 8 0,24 (0,16 - 0,43)
8 2,72 (1,14 - 3,66)
38 à 45
Isolation de matériels industriels 6 0,97 (0,58 - 1,88)
47 à 52
Tableau № 2 : Moyenne et étendue des mesures de la concentration en fibres respirables et de la
concentration pondérale regroupées par grands secteurs d'activité lors de travaux d'isolation, pour des prélèvements individuels.
Description de
l 'act iv i té
Longueur
m o y e n n e
géométr ique
(p:m)
Ecart type
géométrique
des longueurs
Diamètre
moyen
géométrique
( | im)
Ecart type
géométr ique
des diamètres
Coef f i c ient
de
corrélat ion
F ibres
L>8p.m
d<0 ,25 ixm
%
L/D
m o y e n
Référence
du
pré lèvement
Découpe et mise en place
de ROCKWOOL sur
support aluminium
5,51 3,09 0,55 2,29 0,716 0,0 14,9 36
Projection de flocage par
voie humide dans un
parking souterrain
2,15 2,59 0,24 2,22 0,700 1,6 12,3 38
Projection de flocage par
voie humide sur
des plafonds
13,8 4,24 0,84 2,41 0,700 1,5 29,0 42
Calorifugcagc de
conteneurs
5,14 2,70 0,23 1,97 0,517 7,4 31,9 50
Tableau № 3 : Caractéristiques dimensionnelles des fibres prélevées lors des travaux d'isolation
Photographie 1 : Flocage composé de laines minérales et de chrysotile (fibres curvilignes)
Photographie 2 : Flocage composé de laines minérales et d'amosite
Photographie 3 : Prélèvement réalisé lors de la projection de flocage par voie humide. Les fibres représentent 1% environ du poids total de poussière sur le filtre.
Photographie 4 : Prélèvement réalisé lors de la projection de flocage par voie humide. Les fibres représentent 25% environ du poids total de poussière sur le filtre.
MESURE DE PREVENTION DANS LA MISE EN OEUVRE DE LAINES MINERALES ISOLANTES DANS LE BATIMENT
F. BARAT
Laboratoire de Chimie de la C.R.A.M.A.
MESURES DE PREVENTION DANS LA MISE EN OEUVRE DE LAINES
MINERALES ISOLANTES DANS LE BA TIMENT
Les mesures de prévention destinées à limiter l'exposition des ouvriers aux fibres minérales générées dans les opérations de mise en place de laines minérales isolantes ne diffèrent pas fondamentalement des mesures prises pour limiter l'exposition à tout autre produit nocif se présentant sous forme particulaire . Seuls quelques aspects particuliers de ces mesures seront soulignés.
1) - INFORMA TION DU PERSONNEL
Si en général les ouvriers connaissent bien la nocivité des fibres d'amiante, ils minimisent les risques liés à l'exposition aux fibres de laines minérales isolantes :
- soit parce qu'ils ignorent qu'il y a une certaine analogie, au niveau de l'aspect fibre, entre ces deux types de produits,
- soit qu'ils estiment que les laines minérales isolantes, produit de substitution de l'amiante depuis son interdiction d'utilisation dans de nombreuses applications, ne présentent aucune nocivité puisqu'elles sont utilisées justement comme produit de remplacement.
Une information sur les risques professionnels est donc nécessaire et une explication doit être donnée sur le bien fondé des mesures de prévention à mettre en oeuvre pour limiter l'exposition au risque.
Cette information de base doit être fournie tant par le producteur que par le chef d'entreprise.
2) - AU NIVEAU DES PRODUCTEURS
2-11nformation des utilisateurs
- La première source d'information pourrait être un étiquetage volontaire, d'ailleurs préconisé par les experts du Bureau International du Travail. Cet étiquetage volontaire pourrait s'inspirer de l'étiquetage réglementaire décrit dans l'Arrêté du 10 Octobre 1983 relatif aux substances dangereuses. On y trouverait les renseignements suivants :
. Appellation commerciale du produit,
. Dénomination de la composante fibreuse et indication du diamètre nominal des fibres.
. Nom du fabricant ou du fournisseur,
. Nature des risques spécifiques (atteintes à la santé),
. Mesures relatives à la sécurité de mise en oeuvre du produit et à la protection du personnel,
. Eventuellement symbole de risque.
- La deuxième source d'information pourrait être la mise à disposition de l'utilisateur d'une fiche de données de sécurité. Le cadre réglementaire existe depuis 1988 ; la présentation normalisée de ces fiches existe également.
2.2 Utilisation de liants évitant la dispersion des fibres et d'inhibiteurs de poussières
La plupart des laines isolantes contiennent des liants à base de résines urée - phénol - formol et des inhibiteurs de poussières à base d'huiles ou de cires minérales et végétales. Toutefois, la tenue dans le temps de ces produits n'est pas satisfaisante et les niveaux d'empoussièrement . observés lors d'opérations de dépose de revêtement anciens sont très supérieurs à ceux observés lors de la mise en place de laines isolantes de fabrication récente. Des efforts de recherche seraient nécessaires pour améliorer dans le temps la tenue de ces liants et inhibiteurs.
2.3 Promotion des produits de diamètre moyen élevé
Le diamètre nominal des fibres des laines minérales isolantes se situe dans un intervalle compris entre 2 et 9 microns. Pour une même performance d'isolation attendue, la préférence doit être donnée à l'utilisation de fibres du diamètre le plus élevé. En effet, dans ce cas, la production de fibres respirables au poste de travail sera d'autant plus faible.
2.4 Promotion de produits collés sur support à chaque fois qu'ils peuvent remplacer des produits en vrac
Les résultats d'analyse des prélèvements d'atmosphère effectués indiquent que la mise en oeuvre de produits en^rac génère des empoussièrements nettement supérieurs à 1 fibre respirable/cmd d'air alors qu'ils sont inférieurs à cette valeur pour les produits collés sur support. Ainsi, l'isolation de combles de bâtiments par soufflage de laine minérale en vrac expose les ouvriers à des risques supérieurs à ceux résultant de la mise en place de laine minérale en rouleaux ou en plaques sur supports. Une mesure préventive exigerait qu'on limite l'utilisation de ce procédé de soufflage de laine en vrac malgré ses avantages reconnus (rapidité, économie, isolation de zones difficilement accessibles) et qu'il ne soit réservé qu'à des applications particulières.
3) - DANS LA MISE EN OEUVRE EN USINE
Parmi les travaux effectués en usine, on peut citer, par exemple, l'isolation de logements de chantier, la pose de laine isolante sur carreaux de plâtre ou sur des conduites, ou encore l'isolation de fours de cuisson (bien que cette dernière application s'éloigne des travaux du bâtiment).
3.1 Retenir les procédés impliquant une libération de fibres et poussières aussi réduite que possible
Ici encore, on retrouve la nécessité d'utiliser des produits liés, de diamètre nominal élevé et collés sur support (paragraphes 2.2, 2.3, 2.4) mais il est également possible d'envisager :
- l'automatisation ou la mise en appareil clos du procédé,
- l'utilisation de matériaux humides,
- l'emploi d'outils spéciaux produisant peu de poussières (outils à vitesse lente ou équipés d'une aspiration intégrée, travail sous addition d'eau).
3.2 Organisation des tâches
La découpe doit s'effectuer dans un local séparé mais proche du point d'utilisation, correctement équipé en matière de ventilation.
Les chutes de produits seront placées directement dans un sac ou une poubelle.
La découpe s'effectuera de préférence au couteau plutôt qu'à la scie électrique.
Si des scies électriques sont utilisées, elles seront équipées d'un système d'aspiration intégré, relié à un épurateur double étage.
Les opérations d'isolation de structures partiellement fermées devraient s'effectuer par l'extérieur dans un espace largement dégagé et non par l'intérieur dans un espace confiné ou semi confiné.
Les opérations d'isolation en hauteur doivent s'effectuer en dehors de la présence d'ouvriers travaillant à des niveaux inférieurs pour éviter que ces derniers ne soient exposés aux chutes de poussières et de fibres.
3.3 Séparation des ateliers
Cette mesure est évidente pour éviter d'exposer d'autres ouvriers non affectés aux opérations d'isolation.
3.4 Ventilation locale et/ou générale
Une ventilation locale est envisageable pour l'isolation d'éléments de petites ou moyennes dimensions se présentant en série (pose de laine isolante sur carreaux de plâtre par exemple) ou à l'unité (isolation de fours de cuisson par exemple). L'utilisation de cabines ouvertes en façade représente une bonne solution, à condition de mettre en oeuvre des vitesses d'air au moins égales à 0,5 m/s dans la section d'entrée.
3.5 Ordre et propreté de l'atelier
On veillera particulièrement à déballer les produits en laine minérale au plus près possible du lieu d'utilisation ou de découpe et à maintenir le sol exempt de déchets.
Un nettoyage de l'atelier, en fin de poste, est indispensable en utilisant un aspirateur à double étage. Le nettoyage par voie humide est également bien adapté. Il est évident que le soufflage à l'air comprimé ne sera jamais utilisé.
4) - DANS LA MISE EN OEUVRE SUR CHANTIER
Sur chantier, on peut observer des situations extrêmes en matière d'empoussièrement, allant de l'absence de risques à des risques importants. Des facteurs aggravants ou situations de travail particulières peuvent être à l'origine d'empoussièrements élevés, par exemple :
. Confinement,
. Utilisation de produits en vrac,
. Dépose d'isolation ancienne ou renforcement d'isolation,
. Accessibilité difficile,
. Découpe sur place.
Par ailleurs, des mesures de prévention collectives identiques à celles décrites au chapitre 3 seront souvent difficiles à mettre en place et donc non appliquées dans la pratique.
Quelques mesures simples doivent toutefois être retenues :
- On mettra en oeuvre les produits impliquant une libération de fibres et poussières aussi réduite que possible (paragraphes 2.2, 2.3, 2.4),
- L'organisation du chantier aura une importance considérable et on veillera en particulier à mettre en oeuvre l'isolation quand l'accessibilité est facile et la ventilation maximale.
- On évitera que plusieurs corps de métiers ne soient présents simultanément sur le site.
- On limitera les opérations qui déplacent l'isolation après sa pose, par exemple le passage de câbles électriques ou la pose de conduites.
- La pose du revêtement final se fera au fur et à mesure de l'avancement du chantier d'isolation.
- Les opérations de déballage, de découpe, de récupération des déchets, de nettoyage de chantier seront identiques à celles mentionnées aux paragraphes 3.2 et 3.5.
Malgré la mise en oeuvre de ces mesures, elles devront être très souvent complétées par des mesures de protection individuelle.
5J- MESURES DE PROTECTION INDIVIDUELLE
- Vêtements de travail amples, mais suffisamment ajustés au cou, aux poignets, aux chevilles,
- Port de lunettes de protection indispensable lorsqu'on isole un plafond,
- Port d'un masque antipoussières type P2 ou d'un masque à ventilation assistée,
- En fin de poste, savonnage des téguments précédé d'une douche (de façon à éviter l'incrustation des fibres dans la peau),
- Rangement et lavage des habits de travail indépendamment des autres vêtements de façon à ne pas contaminer ces derniers.
6) - SURVEILLANCE DU MILIEU DE TRAVAIL ET DE L'EXPOSITION DES TRAVAILLEURS
Bien qu'il n'existe pas en France et à l'heure actuelle de réglementation spécifique concernant la surveillance du milieu de travail et de l'exposition des travailleurs affectés à des travaux d'isolation, il est très souhaitable de mesurer les concentrations en fibres et poussières pour vérifier si les méthodes de travail sont appropriées et pour contrôler l'efficacité des méthodes techniques de prévention par rapport aux méthodes recommandées. En cas de nécessité, on devra procéder immédiatement aux mesures correctives appropriées.
Les résultats de ces mesures devraient être communiqués aux travailleurs, au médecin du travail, au CHSCT et conservées par les employeurs pendant une durée correspondant à la période de latence des affections établies ou supposées. Une période d'au moins trente ans paraît indiquée dans le cas du cancer.
7) - SURVEILLANCE DE LA SANTE
Les ouvriers affectés aux travaux d'isolation ne bénéficient pas d'une surveillance spéciale.
Les examens devraient comporter une anamnèse personnelle et professionnelle tenant compte des antécédents tabagiques ainsi qu'un examen clinique. Ils doivent permettre au médecin du travail de juger de l'état de santé d'un travailleur quant à son exposition aux fibres et de sa capacité à utiliser un appareil de protection individuelle. La prévention médicale doit également s'attacher à dépister les sujets présentant une dermatose chronique (eczéma atopique) susceptible d'augmenter les risques d'irritation.
DOCUMENTS CONSULTES
- Sécurité dans l'utilisation des fibres minérales et synthétiques - Volume 64 - Série Sécurité, Hygiène et Médecine du Travail - Bureau International du Travail - Genève 1989.
- Recommandations pour l'utilisation des isolants en laine minérale - Comité Santé du Syndicat National des Fabricants d'Isolants en Laines Minérales Manufacturées (FILMM) - Document d'information DS 91-21 - Décembre 1991 .
- Les dermites par irritation aux fibres de verre, à la laine de verre et à la laine de roche - J. FOUSSEREAU - Fiche d'allergologie - dermatologie professionnelle n° 41 - Documents pour le Médecin du Travail n° 29 -INRS - 1987.
Clinique de Pathologie Respiratoire
Unité INSERM 139 - Hôpital
Intercommunal de Créteil
Médecin du Travail - ISOVER
SAINT GOBAIN
Institut National de Recherche et de
Sécurité (I.N.R.S.)
Confédération Française Démocratique du
Travail (C.F.D.T.)
Institut National de la Consommation
(I .N.C.)
Syndicat National de l'Isolation (S.N.I.)
Président du Syndicat National des
Fabricants de Fibres Isolantes Minérales
Manufacturées (F I L M M)
Les textes ci-après sont le reflet des interventions des différents participants ainsi que de la
discussion qui a suivi.
Participants :
- Professeur J. BIGNON
- Docteur JM. GLANCLAUDE
- Monsieur JC. LAFOREST
- Monsieur LEPONT
- Monsieur M. de MAURIN
- Monsieur C. PEDUZZI
- Monsieur M. PETIT
Je ne vais pas dire des choses nouvelles par rapport à ce qui a été dit dans la journée mais, en
schématisant à l'extrême, les réactions du préventeur peuvent se résumer de la manière suivante :
au plan scientifique, on s'aperçoit que les données ne vont pas se décanter très vite. De
nombreuses études complexes sont encore nécessaires et je n'attends pas dans l'immédiat une
réponse de type tout ou rien (toxique/pas toxique - cancérogène/pas cancérogène) relativement à la
toxicité des laines minérales. On a besoin encore d'affiner toutes ces études et il faudra du temps
pour préciser la situation. Pourtant le préventeur doit agir au niveau du terrain. Il lui faut un point
de repère pour évaluer une situation en terme de risque ou de non risque. Ce qu'il souhaite c'est en
quelque sorte une Valeur Limite. A défaut de valeur je procède par analogie avec ce que Ton a fait
pour d'autres fibres et je vais utiliser une valeur fixée autour d'une fibre/cm3 ou 0,5 fibre/cm3. Sur
la base de cette règle du jeu que je m'impose, mes conclusions vont être relativement évidentes. On
s'aperçoit par exemple qu'au niveau des unités de fabrication par rapport à cette référence de 0,5
ou 1 fibre par cm 3 on trouve des valeurs oscillant entre 0,2 et 0,05 fibre par cm 3 . J'en conclue
qu'il n'y a a priori pas de problèmes pour ces industries (sauf cas particuliers éventuels qui
s'analysent au niveau du terrain). Par contre, on s'aperçoit que si on s'intéresse aux utilisateurs de
ces produits "laine de verre" on trouve courrament des valeurs qui peuvent dépasser ce niveau
d'une fibre (2, 3, 4 fibres/cm3 pour certains postes de travail). Il existe par ailleurs un certain
nombre de situations industrielles pour lesquelles de telles évaluations n'ont pas été faites car il est
difficile d'aller sur les chantiers (souvent de courte durée). On ne dispose actuellement que d'un
nombre de mesures limité qu'il faudra compléter par de nouvelles campagnes de mesure.Un autre
problème reste à résoudre au niveau du produit. A mon sens à l'heure actuelle, il n'est pas tout à
fait caractérisé. On parle de diamètre moyen mais on n'a pas vraiment dans nos dossiers
d'éléments suffisants pour apprécier les spectres de répartitions granulométriques des produits qui
sont diffusés sur le terrain. Je pense qu'il y la une filière de travail à prendre en charge avec les
fabricants pour préciser exactement la taille et les dimensions granulométriques des produits qui
sont mis sur le marché. Ces informations pourraient figurer dans une fiche de données de sécurité.
Au niveau des professions j'ai bien noté que des structures organisées existent tant au niveau des
fabricants (FILMM) que des utilisateurs (SNI). A ce niveau le dialogue est établi. Des documents
professionnels existent (DTU) ainsi que des modes opératoires ou des règles de l'art. Par contre il
y a toute une population qui nous échappe. Ce sont ceux qui hors syndicats, travaillent
pratiquement tout seul comme les artisans avec quelques ouvriers et qui échappent en fait à tout
contrôle. Il nous faut imaginer des structures de transmission d'information adaptées.
Une filière a été trop vite escamotée dans la discussion de ce matin. C'est celle qui couvre tous les
problèmes de dépose et d'élimination des produits en fin de carrière et les problèmes liés à
l'environnement. Lorsque ces produits sont retirés (démolition, déflocage, enlèvement), il y a
vraisemblablement des expositions fortes qu'il va falloir mesurer. Mais il y a aussi le problème de
l'élimination des déchets. Il ne faut pas tomber à ce niveau dans le piège d'une filière
technologique qui consisterait à mettre tous ces produits en double sac et à les envoyer dans des
décharges de classe A. Mais des solutions sont à proposer en terme de stockage ou de destruction.
Le dernier point que je voudrais réévoquer pour conclure et qui est peut-être le point prioritaire est
celui du besoin d'une information homogène au niveau de tous les partenaires concernés qu'il faut
qu'un certain nombre de personnes bâtissent des fiches de sécurité, des fiches de vulgarisation
adaptées à des publics de différents niveaux pour que sur ce thème là tout le monde parle le même
langage et que l'on trouve le moyen par la filière technologique de diffuser ces informations à tous
les participants de la filière. Voilà à peu près comment le préventeur voit à l'heure actuelle ce
problème.
Intervention du Docteur GLANCLAUDE
Je suis le médecin du Travail, depuis 20 ans, d'une usine de fabrication de laine de verre du Sud Est de la France. Je me bornerai aux seuls problèmes pratiques rencontrés sur le terrain.
Le volet dermatologique d'abord ; l'exposé de ce matin m'a paru tout à fait remarquable. Il fait la différence sur le plan cutané, entre laine de verre et verre textile. A tous les niveaux, usine de production, utilisation sur chantiers, la laine de verre est beaucoup moins susceptible que le verre textile, de créer des dermatoses orthoergiques. Ces dermatoses sont chez nous relativement rares, car il y a accoutumance. On a avancé le chiffre de 5 %. Je sur. d'accord. Tout différent est le problème des dermites allergiques que nous rencontrons quelquefois. Le mécanisme qui intervient dans ce cas est de type allergique aux résines formo-phénoliques. Depuis 20 ans, j'ai fait 2 déclarations de maladies professionnelles au formol.
Le deuxième volet concerne la nocivité à long terme de fibres sur les voies aériennes supérieures, poumons, plèvre, péritoine.
Le personnel m'interroge souvent à ce sujet. Je réponds que je ne pense pas que les fibres de verre soient nocives, mais je ne peux pas non plus garantir l'absence de tout risque. C'est pourquoi il faut continuer à tout faire pour diminuer la concentration des fibres dans les ambiances de travail.
Le troisième volet a trait aux études épidémiologiques. Une publication déjà ancienne faite par des médecins du bâtiment et des travaux publics avait noté une baisse significative, de coefficient de Tiffeneau, chez des ouvriers du bâtiment exposés à la laine de verre.
Depuis j'effectue systématiquement, les mesures du Coefficient de Tiffeneau à l'usine. De plus, j'ai étendu ces mesures à une usine voisine fabriquant des produits chimiques.
Ce faisant, je cherche d'abord à savoir s'il existe ou non une baisse du Tiffeneau à l'usine. Ensuite, je peux comparer nos résultats à ceux de cette usine chimique, dont la population, très semblable à la nôtre, n'en diffère que par la non exposition à la fibre.
J'ai ensuite étendu la comparaison à la morbidité et à la mortalité.
Pour la morbidité c'est relativement facile parce que je passe chaque semaine d'une usine à l'autre et ce faisant je peux noter les pathologies les plus importantes.
Pour la mortalité, comme les usines sont situées dans des petites villes, on arrive facilement à connaître les causes de décès.
Pour l'instant, après 18 ans de surveillance, je ne vois pas entre les deux usines : usine de fabrication de laine de verre et usine chimique, de différences significatives au point de vue de la morbidité et de la mortalité des gens en activité ou en retraite. Alors évidemment, vous allez me dire que ce n'est pas très scientifique mais c'est quand même d'une approximation suffisante pour conforter une opinion.
Comme vous le savez l'I.N.C. est chargé de la protection et de
l'information des consommateurs.
Monsieur LOUYS a indiqué que 27 % de la production de baisse
minérale était utilisée par les particuliers. Un peu plus tard.
Monsieur BADAIRE, du syndicat national de l'isolation,
précisait que la pose de laine minérale ne nécessitait d'autres
compétences professionnelles que de savoir utiliser un couteau,
et à la rigueur une agrafeuse : ce qui justifie naturellement
l'utilisation de ces matériaux par le grand public.
Il faut vous dire que dès 1976, l'I.N.C. s'est préoccupé de
l'innocuité des laines minérales, notamment auprès de la
compagnie de St Gobain et de son service de recherche. Nous
avons suivi au fur et à mesure de leur avancement, les travaux
européens et ceux réalisés à l'étranger.
Monsieur KAUFFER vient de rappeler l'importance de
1'empoussièrement de l'air en travaux d'isolation de combles.
Il est vrai que poser de la laine de verre cinq jours tous les
dix ans pendant sa vie, ce qui est le cas d'un bricoleur
occasionnel, ne présente pas un danger majeur, à part
l'irritation que connaissent bien tous les moissonneurs, en
particulier sur l'orge. Mais le bricoleur ne dispose pas de
conseils ni d'encadrement. Le particulier ne dispose ni des
mises en garde^ni des conseils d'un Médecin du Travail et
encore moins des avis et des conseils de ses camarades de
chantier. Il est complètement isolé, c'est pourquoi l'I.N.C.
s'associe complètement aux suggestions que Monsieur BARAT a
faites concernant l'étiquetage des produits d'isolation.
Les dimensions de l'emballage permettent effectivement
l'étiquetage de conseils d'utilisations. Indépendamment des
mentions prescrites, ou de l'affichage du R qui est déjà un
grand progrès, on pourrait avoir des conseils tels que :
- ne pas déballer sur le lieu de travail
- ne pas secouer, car effectivement quand on étend une nappe on
la secoue pour qu'elle s'étale mieux sur le sol
- ventiler le local.
- Si on est dans un comble ou au grenier, c'est à dire dans un
milieux confiné, prévoir le port des lunettes et du masque et
ne pas travailler torse nu.
- Un autre conseil a été évoqué aussi ce matin : celui de se
doucher après le travail sans se frotter.
Une autre suggestion nous vient des consommateurs eux-mêmes,
plusieurs dizaines de lettres en font foi, qui regrettent de ne
pouvoir trouver au rayon isolation des grands magasins de
bricolage, ou chez les marchands de matériaux, les masques et
lunettes qui devraient être considérés comme des accessoires
inséparables de la fourniture de laine isolante.
La laine minérale est un produit d'isolation irremplaçable,
quelques précautions à prendre lors de sa mise en oeuvre
doivent contribuer à en faire un matériau tout à fait
inoffensif. Aux fabricants d'en donner le mode d'emploi !
Je vais essayer de répondre à l'exposé de Monsieur BARAT.
J 'a i retenu les suggestions q u ' i l a fa i tes : ét iquetage vo lonta i re , f iches de
données de sécuri té , promotion de produits de diamètres plus élevés, l iant
totalement inoffensif et qui reste pendant 30 ans f lu ide pour év i ter l 'empoussiè-
rement. C'est ce que j ' a i compris des suggestions de Monsieur BARAT.
Alors, ceci d i t , Monsieur BARAT que j 'associe à Monsieur de MAURIN, merci
beaucoup de nous donner des or ientat ions de bonne conduite.
Je d i r a i très honnêtement que nous n'avons pas réa l isé j u s q u ' à présent la
tota l i té du programme proposé. Nous avons commencé, au début des années 70,
par modestement nous associer aux études qui se fa isa ient au p lan mondia l ,
conséquence des événements de l 'amiante e t , à l 'époque, nous étions aussi
discrets que possible. Nous nous disions : essayons d ' a c q u é r i r des cert i tudes
sur l 'occuité ou l ' innocuité de nos produits avant de commencer à se jo indre
à , ou être les promoteurs d 'une pol i t ique d ' in fo rmat ion . Puis on a at te int un
degré dans la connaissance tel q u ' i l é ta i t possible que pour l ' é tern i té nous
n'ayons pas de sûreté ou d'absolue cert i tude sur l 'occuité ou l ' innocui té de
nos produi ts .
Alors, il y a 4 ans/5 ans , nous avons décidé de monter, sous la présidence du
Professeur BIGN0N, un Comité Santé au Syndicat des laines minéra les , dont la
mission commencerait par l ' i n v e n t a i r e de l 'ensemble des opérat ions de recherche
et d ' ana lyse en cours dans le monde. A i n s i , premièrement, f a i r e un état des
connaissances, ensui te , dans une 2ème étape , promouvoir une pol i t ique d ' i n f o r
mation auprès des professionnels et des consommateurs, enf in dans une 3ème
étape, ouvr i r notre Comité Santé à la pa r t i c ipa t ion des par tena i res sociaux, des
professionnels de l ' app l ica t ion et des représentants des consommateurs.
Nous en sommes à la 2ème étape que concrétise le dossier qui vous a été remis
au jourd 'hu i (nous nous étions interd i t d 'en f a i r e la di f fusion avant cette
journée de Nancy ) .
Vous avez, dans ce dossier, un document du Comité Santé du F ILMM, à
l ' in té r ieur duquel une note d ' information destinée au grand publ ic , une note
d ' information destinée aux professionnels de l 'appl ica t ion et une note plus
déta i l lée destinée aux professionnels de la prévent ion, de la médecine, de la
recherche et du développement.
Ce qui manque dans ce dossier, parce q u ' i l y en a trop, ce sont les 17 fiches
de données de sécurité qui correspondent à des lignes de produits de nos
dif férents adhérents, que vous pourrez dorénavant obtenir en tant que profes
sionnel en téléphonant au FILMM ou même directement aux producteurs eux-mêmes.
Nous en sommes l à .
Quant à l 'é t iquetage, il est démarré depuis le 2 6 / 6 / 9 1 . Il est encore un peu
discret : une phrase en t ravers d 'une ét iquette où il n 'y a pas encore de
croix noire parce que je ne vois pas pourquoi , en l 'absence d 'une réglementa
t ion , nous nous inf l iger ions a pr ior i une tel le s igna l isa t ion . Si la réglementation
nous l ' impose, nous l 'app l iquerons , mais il y a au moins une phrase dans
laquel le on reprend la majorité des recommandations que vous nous avez fa i tes ,
à savoir tenir le site propre , mettre en oeuvre les produits à proximité du site
d ' a p p l i c a t i o n , emballer les déchets le plus v i te possible, port du masque en
mil ieu fermé, couper avec un couteau plutôt qu 'une scie, e t c . . Ceci est déjà
d i f fusé.
Je pense que comme le marché est très inerte , d ' a u t r e p a r t , des stocks existent
dans l'ensemble de la d is t r ibu t ion , il y a plus de 4000 points de vente de
matér iaux de construction en France qui stockent des laines minérales. Le temps
de résorption de ces stocks peut ainsi être important .
Je pense que le marché n 'a pas encore assimilé que ces règles de prévention
commençaient à être di f fusées, bien que nous ayons fa i t un mai l ing générai aux
professionnels, en p a r t i c u l i e r de la d is t r ibu t ion , a t t i r a n t leur attention sur
I 'ét iquetage prévent i f .
Donc, actuellement déjà cela court et Monsieur BARAT, je suis sûr q u ' à Nantes,
si vous visi tez un site de d istr ibut ion de laines minérales, vous pourrez
prélever une ét iquette portant la recommandation prévent ive .
Vo i là , c'est ce que je peux répondre, Monsieur le Professeur, pour les opérations
en cours au p lan du F ILMM.
Intervention de Monsieur LEPONT
D'un point de vue général les syndicalistes ont pour mission d'essayer de se faire l'interprète des
personnels qui sont employés dans les industries concernées, de faire circuler l'information,
d'essayer de trouver des informations surtout en termes compréhensibles car il est évident qu'il y a
pas mal d'exposés sur la santé et les fibres minérales qui sont difficilement compréhensibles par la
base que nous représentons ; d'où l'intérêt aussi de s'informer dans des réunions comme celles-
là, d'avoir des fiches les plus simples possibles comme celles que l'on nous a remis dans les
dossiers du FILMM pour les faire descendre le plus loin possible dans les usines. Dans les usines
nous avons tous les moyens légaux nécessaires pour cela, en particulier les CHS dans lesquels on
participe au maximum, par exemple pour des campagnes de prélèvements qui sont faites
régulièrement dans les usines dont on vous a parlé dans plusieurs exposés , on motive les
personnes pour trouver les endroits les plus potentiellement producteurs de poussières de fibres
minérales : en particulier dans les endroits où on fait les découpes, les endroits où on recycle les
déchets. Tout à l'heure on a parlé des déchets et vous savez que dans nos industries plus cela va,
plus on va réutiliser les déchets des usines mais y compris aussi de plus en plus les fibres, après
leur utilisation. Ces fibres là quand on les broie font beaucoup de poussières, c'est pourquoi il y a
quelques points localisés dans les usines où il y a beaucoup plus de poussières que d'autres et
c'est aussi le rôle des syndicalistes d'être là par l'intermédiaire des CHS pour que l'on soit bien au
bon endroit pour les prélèvements pour être sûr que l'ensemble des données soit bien représentatif
et permette aux gens qui sont nos mandants d'être finalement sécurisés. En dehors de nos
demandes de participation aux différents comités, différentes instances légales ou para-légales on
se pose des problèmes sur d'autres fibres que Ton a citées dans des tableaux ce matin en particulier
les fibres céramiques ou réfractaires où l'on sait qu'il y a quelques problèmes de santé et là pour
l'instant nous n'avons pas d'informations particulières. On a des informations parcellaires, on a
beaucoup d'informations au niveau des fibres minérales on en a pas dans d'autres domaines où
nous pensons qu'il y a aussi des problèmes de santé pour les travailleurs.
Je ne parlerai pas en tant que président du Syndicat National de l'Isolation puisque je viens de
terminer mon deuxième mandat et ai laissé ma place à plus jeune que moi ;
Directeur depuis 35 ans d'une entreprise de plus de 50 ans, j'ai sur les chantiers une centaine de
personnes. Je voudrais profiter de ce que l'on me donne la parole aujourd'hui, pour resituer mon
métier, un métier que je crois bien connaître. Les intervenants ont toujours plus ou moins
confondu le bâtiment et l'industrie ; ce matin, vous avez dit : "l'industrie utilise à peu près 60 %
des fibres et les particuliers 27 %" ; je préciserais que dans les 60 % il y a deux grands secteurs :
l'isolation thermique industrielle, qui doit représenter 10 à 15 % en chiffre d'affaire, et le bâtiment,
environ 85 %. L'effectif global est de 40000 personnes, réparties à peu près également entre
bâtiment et industrie. Sur les 20000 personnes du bâtiment, la moitié est syndiquée et appartient au
S.N.I. Je suis là, à la fois en tant qu'observateur à titre personnel, et au titre du S.N.I., afin de
diffuser l'information auprès des quelques 400 entreprises adhérentes.
Voilà, très succintement, le schéma socio-économique de cette profession.
Je ne porterai pas de jugement sur l'objet de cette réunion, cela n'entre pas dans mes compétences ;
je peux néanmoins vous dire que les gens qui font de l'isolation industrielle sont des spécialistes
qui exercent ce métier toute leur vie, des spécialistes pour qui la manipulation ou la pose de fibres
représente aproximativement un tiers de leur temps, le reste étant consacré aux revêtements. C'est
pourquoi le marché industriel qui porte sur 15 % des isolants occupe autant d'hommes que le
marché du bâtiment qui lui est de 85 %. En effet, les ouvriers du bâtiment qui sont poseurs
d'isolants sont des gens moins spécialisés qui font ce métier de façon parfois occasionnelle ou
intermittente, et qui, souvent, ne restent pas dans le métier ; tous, le peintre , le menuisier,
l'électricien, font de l'isolation. Par contre, le bâtiment aurait une main d'oeuvre qui, bien
qu'occasionnelle, serait à mon sens beaucoup plus exposée parce que travaillant dans des
atmosphères confinées, et parce que d'autre part le bâtiment utilise des produits plus légers qui se
délitent à la manipulation beaucoup plus facilement.
Pour conclure, j'ajouterai que, pour moi, l'intérêt de cette réunion est double, il n'est pas purement
médical. Je ne pense pas que l'on puisse amener des gens à exercer nos métiers manuels si nous
ne modifions pas les conditions de travail. Il est bien évident que, quelque soit l'aboutissement de
vos recherches, il faudra un jour que tout le monde puisse travailler dans des conditions propres.
Intervention du Professeur Jean BIGNON
Après avoir entendu les différents exposés des industriels et des scientifiques qui ont apporté un éclairage sur les aspects santé liés à la fabrication et à l'utilisation des laines minérales/ je vais essayer de mettre en avant les faits importants, puis conclure.
Au cours de cette journée, l'utilité sociale et en particulier les avantages qu'apportent les laines minérales pour notre confort et l'amélioration de notre environnement n'ont à aucun moment été mis en doute et les précautions à prendre pour assurer leur utilisation sans risque ont été largement évoquées.
Même si, comme le dit le Bureau International du Travail "there is no reason for concern", il reste encore des zones d'incertitude qui justifient la poursuite des recherches pour améliorer nos connaissances aussi bien épidémiologiques qu'expérimentales. Néanmoins, malgré la performance des équipes de recherches dans ce domaine, je voudrais faire remarquer qu'il est difficile de résoudre du jour au lendemain tous les problèmes qui se posent aux hygiénistes, épidémiologistes, pathologistes expérimentaux et biologistes.
A cet égard, bien que les cancers respiratoires secondaires à l'inhalation d'amiante représentent actuellement un modèle bien établi, transposable à l'étude des autres matériaux fibreux,,les difficultés historiques vécues par les chercheurs pour établir les relations entre certains cancers respiratoires et l'amiante méritent d'être rappelées ici!. Ces cancers n'apparaissent qu'après une longue période de latence, 15-20 ans pour le cancer du poumon et plusieurs décennies pour le mésothéliome. Depuis les années historiques où le Professeur Richard Doll (1959) découvrait dans une usine britanique la responsabilité d'expositions massives à l'amiante à l'origine de cancers du poumon et cù le Docteur Christ Wagner (1960) établissait un lien entre m é s o t h é l i o m e et exposition professionelle ou environnementale à l'amiante crocidolite, il s'est écoulé plus de trente ans. Et nous sommes encore loin d'avoir résolu tous les problèmes, notamment ceux liés aux faibles doses de chrysotile!
S'il persiste encore des incertitudes dans le domaine de l'amiante ayant pourtant fait l'objet de milliers de publications, il est tout à fait normal que les problèmes posés par les laines minérales ne soient pas encore tous complètement résolus. En effet, il s'agit d'une branche industrielle relativement récente, utilisant dès l'origine des technologies propres générant des niveaux d'empoussiérage faibles comparés à ceux de l'amiante. En outre, les fibres minérales de synthèse (FMS) présentent une caractéristique fondamentale par rapport aux fibres naturelles, comme les amiantes, c'est qu'on peut contrôler leurs paramètres physico-chimiques au cours de leur
fabrication. Si un jour il est démontré que certaines fibres minérales présentent, par leur géométrie ou par leur composition chimique,un risque, même faible mais inacceptable pour la santé, il sera possible de modifier les paramètres physico-chimiques de fibres conçues par l'homme. C'est l'avantage des produits de synthèse !.
Le Docteur Rodolfo Saracci nous a dit qu'il y avait encore des doutes sur les vraies causes des excès de cancer du poumon constatés dans certaines cohortes de travailleurs exposés au cours de la fabrication des laines minérales dans des usines très anciennes, aussi bien en Europe qu'en Amérique du Nord, avec des procédés de fabrication actuellement abandonnés. Parmi les facteurs en cause, on discute : le type de procédé utilisé et l'intervention d'autres agents cancérigènes (fumée de tabac, métaux...) . A cette époque, comme il n'était pas prévu que les travailleurs entreraient ultérieurement dans une étude épidémiologique à la recherche de relations causales de mortalité, les données consignées sont imprécises ou même manquent totalement!. Ainsi, nous découvrons maintenant qu'il est souvent difficile d'étudier les données d'hygiène industrielle du passé et qu'il y a encore beaucoup à faire pour améliorer nos connaissances épidémiologiques. Il semblerait que récemment un chercheur, Otto Wong, ait réussi à contourner certaines difficulté, en démontrant un taux élevé de tabagisme chez ces travailleurs exposés à la laine de laitier.
Concernant les données obtenues chez les petits animaux de laboratoires, on pourrait penser que le problème soit plus simple, puisque l'expérimentateur est en mesure de contrôler tous les paramètres. En fait, comme l'a bien montré le Docteur Marie Claude Jaurand, on retrouve la même complexité liée à de nombreuses variables (espèces animales, modes d'administration des fibres, mode d'expression de la dose...) . Insuffisamment ou mal prises en compte, ces variables rendent difficile la comparaison des études entre elles. Si les doses sont trop faibles, en général on ne note pas d'effet. Par contre si les doses sont fortes, 100 ou 1000 fois l'exposition réaliste chez l'homme, ou si le mode de pénétration dans l'organisme n'est pas p h y s i o l o g i q u e (voie i n t r a p é r i t o n é a l e par e x e m p l e ) , 1'extrapolation à l'homme est difficile, voire hazardeuse.
Quelles recommandations se dégagent d'une Journée comme celle-ci ?
La première de nos préoccupations doit être la protection des travailleurs de la fabrication et de l'utilisation des laines minérales, jusqu'à ce que les zones d'ombre soient levées et qu'on ait répondu à toutes les questions concernant les relations dose-réponse pour le cancer du poumon, en prenant bien entendu en compte le tabagisme. Par contre les données actuelles, peut-être encore un peu trop précoces, semblent exclure le risque de mésothéliome!
Parallèlement, il faut que les laines commercialisées à destination du grand public soient accompagnées de notices techniques d'utilisation, assorties de recommandations d'hygiène pendant l'emploi de ces produits.
C'est pour essayer de solutionner au mieux de tels problèmes que la Fédération des Industries de Laines Médicales Manufacturées (FILMM) a créé un Comité Santé. Il faut l'en féliciter! Ceci a déjà permis la diffusion de différents documents d'information, spécialement rédigés à l'intention des médecins du travail, des ingénieurs chargés de l'hygiène industrielle des usines et des chantiers d'isolation et également des utilisateurs, car ces produits sont souvent utilisés directement par le grand public.
Je voudrais terminer en évoquant les recherches très coûteuses que réalisent en ce moment l'Industrie des fibres minérales, avec pour objectif de mettre au point de nouvelles fibres ayant des caractéristiques satisfaisantes pour leurs applications industrielles et sans effets néfastes sur la santé. Les deux grandes associations européenne (EURIMA) et américaine (TIMA), des producteurs de fibres minérales synthétiques réfléchissent actuellement à un protocole standardisé commun qui devrait permettre de sélectionner les meilleures fibres. Ainsi verra-t-on peut-être apparaître sur le marché la "fibre idéale", à la fois au plan technologique pour les industriels et les utilisateurs et au plan médical, sans aucun risque pour la santé. Ces différents points, et particulièrement les questions concernant la place de la biopersistance des fibres dans le p o u m o n à l'origine des cancers r e s p i r a t o i r e s , et particulièrement du mésothéliome, seront prochainement discutés au cours du prochain colloque international INSERM, CIRC, CNRS sur "Biopersistance" que nous organisons. Monsieur Saracci et moi-même, à Lyon en Septembre 1992.
DISCUSSION
(retranscrite à partir de notes prises en séance)
M. LELARGE
Monsieur BARAT a fait un exposé extrêmement intéressant sur une prévention minimum dans les
entreprises et même les entreprises du bâtiment. Est-ce qu'il n'y a pas là la base d'une
recommandation qui pourrait émaner de la Caisse Régionale d'Assurance Maladie de BORDEAUX
sur ce minimum de prévention.
Cette recommandation pourrait ensuite être reprise par le Comité Technique National du Bâtiment.
Une démarche de ce type a servi de base au décret actuel sur l'amiante.
M. BARAT
Il faut que vous sachiez que les isolants sont marqués sur le plan technique. Les grands donneurs
d'ordre français (Rhône Poulenc, Atochem, Shell, ...) ont exigé que les isolants soient repérés
simplement pour qu'il n 'y ait pas de fraude quant aux masses volumiques ou aux qualités
intrinsèques de l'isolant. Dans le bâtiment la résistance thermique est marquée et Monsieur PETIT
vous a dit tout à l'heure qu'un marquage, dont le niveau est à définir, est en préparation. Je crois
qu'il ne faut pas marquer cancérigène si cela ne l'est pas mais qu'il faut définir le minimum à
indiquer. Sur le plan européen, j'ai participé à de nombreuses réunions du CEN, il faut reconnaître
qu'on n'est pas très en avance.
M. BIGNON
Au niveau européen il n'y a pas une homogénéité parfaite. Tout à l'heure nous avions la chance
d'avoir le Professeur CECCHETTI qui devait intervenir au niveau de la table ronde mais qui a dû
repartir. Il m'a laissé un document où il est fait mention que la commission de toxicologie italienne
considère que des laines de verre doivent être classées en Italie en catégorie 3.
M. MORSCHEIDT
Je voudrais simplement préciser qu'au niveau européen il y a une proposition de la commission
depuis maintenant un an qui est de classer les laines minérales en cancérigènes possibles, suivant
pour cela la position de HARC. Cela veut dire que des études sont encore nécessaires ce qui est en
train de se réaliser. Les dossiers de recherche s'accumulent et peut-être qu'en 94 ou 95 quand nous
aurons les résultats des études de l'IARC ou des études américaines il sera possible de conclure.
Mais pour le moment la position de la commission est la même que celle de l'IARC qui date de 3
ans.
M. RIONDEL
Que penser des flocages réalisés dans une crèche ou dans des bâtiments scolaires ou dans des
magasins d'alimentations sur le plan toxicologique et au niveau des consommateurs ?
M. BIGNON
On a fait au LEPI des prélèvements dans des locaux floqués qui montrent des concentrations 100 à
1000 fois inférieures à ce que l'on observe dans des circonstances professionnelles. Ce sont des
concentrations excessivement faibles. C'est un point que nous avons souvent discuté avec les
membres du FILM. Pour ma part je trouve que les industriels devraient réfléchir à ce problème et
éviter peut-être des situations de flocage où effectivement le matériau à une vie moins longue que
d'autres produits dont ils ont la maîtrise.
M. de MAURIN
Effectivement on a été interpellé par les consommateurs sur l'utilisation de flocage auprès des
enfants ou dans les magasins d'alimentation. Je crois que la réponse vous a été donnée. Tout
dépend de la qualité du travail, de la cohésion du système et de la proximité du flocage par rapport
au passage des gens.
M. JAMIN
Mon entreprise ne fait que de la projection. Il est évident que malheureusement on dispose en
France de produits projetés qui sont de qualité mais que des entreprises sans qualification font de
la pose n'importe où et n'importe comment à n'importe quel prix. Il est évident que dans ces
situations là vous avez des projections qui se délitent parce qu'elles ont été mal talochées ou pas
encollées. On se bat au niveau national pour arriver à faire quelque chose de bien, mais tant qu'il y
aura des grands groupes qui traitent avec des entreprises sous-traitantes où le personnel n'est pas
toujours déclaré, on aura des problèmes de mise en oeuvre. Les entrepreneurs sérieux payent
0,4% de plus en fin d'année sur les assurances pour compenser les entreprises défaillantes.
M. LE SEIGNEUR
Je m'occupe de tout ce qui est démolition ou démantèlement d'anciennes installations industrielles.
Je voudrais poser une question et faire une remarque.
Qu'en est-il de la tenue dans le temps des laines minérales? Que fera t'on de ces installations quand
elles arriveront à leur terme de vie c'est-à-dire dans 30 ans. On mettra t'on ces millions de m 3.
La remarque est la suivante : dans le cadre de la fabrication actuelle est ce que l'on ne pourrait pas
prévoir et étudier dès à présent pour éviter des problèmes dans les générations à venir le recyclage
de ce produit, son inertage ou sa modification. De notre côté nous avons mis en oeuvre un procédé
pour l'inertage de l'amiante et nous comptons y associer également les laines minérales.
M. BIGNON
Ce problème des déchets est très important mais jusqu'à présent il n'a pas tellement concerné ce
secteur industriel.Le Ministère de l'Environnement qui est très concerné n'est pas présent
(M. DONNEZ est venu, mais il a dû repartir). On se positionne très en amont par rapport à ce
produit alors qu'il faudrait effectivement prévoir l'avenir.
M. LESEIGNEUR
Je crois qu'il est important qu'il y ait des positions prises et des orientations données. L'industriel
a des réponses à donner à la fin de la journée, il faut qu'il sache où mettre son produit. Compte
tenu de ce que l'on a pu apprendre à nos dépends les uns et les autres avec l'amiante, il ne faudrait
pas arriver à une situation identique avec les fibres minérales dans quelque temps. C'est la
question que je pose en temps qu'industriel.
M. BIGNON
Je pense que nous questionnerons le Ministère de lEnvironnement qui est le ministère responsable
de ce problème. Ce ne sont pas les industriels qui se positionnent très en amont de ce problème qui
vont le résoudre aujourd'hui. Mais il est vrai que vous avez raison. Je connais bien le problème
que vous avez évoqué au niveau d'EDF. Vous aurez de plus en plus à gérer ce problème à EDF
comme ailleurs. Vous êtes en train d'apprendre un métier et vous transmettrez votre savoir faire à
d'autres. Le devenir de ces installations isolées et qui seront démolies est très important. C'est le
cas par exemple des centrales thermiques que l'on a démolies petit à petit. Je rappelle à titre
anecdotique qu'une centrale thermique vieux modèle contenait à peu près 700 tonnes d'amiante.
debeaupu
Crayon
M. LAFOREST
Je voudrais ajouter quelque chose. Il y a plusieurs préalables pour prendre des décisions à un
niveau national. Il faut d'abord trouver un consensus au niveau des techniciens et d'un certain
nombre de personnes. Pour cela il faut une structure de dialogue.
Le comité santé du FILM en est l'amorce et on devrait passer à une deuxième étape avec une
discussion élargie au niveau de différents partenaires dont les ministères s'ils le souhaitent. Au
niveau de cette instance on est entre techniciens, on peut trouver des compromis. Une fois ces
compromis trouvés au niveau français, ce n'est déjà pas si simple, on peut tenter de les traduire en
terme de recommandations ou pourquoi pas de réglementations bien que je ne suis pas forcément
pour une réglementation qui pose des problèmes lors de son application. Le seul moyen de faire
progresser les problèmes est d'avoir une instance de concertation libre où les gens viennent pour
dire ce qu'ils ont à dire et essaient de dégager une majorité, voire une unanimité hors des situations
d'instances officielles. Ce que l'on peut vous proposer, je pense que M. PETIT sera tout à fait
d'accord, c'est que le FILM qui va s'étendre reprenne toutes les suggestions faites aujourd'hui et
fasse des groupes de travail sur différents sujets. On pourra ainsi solliciter les instances officielles
pour leur faire prendre à partir de dossiers établis des décisions qui seront éventuellement
concrétisées au niveau de l'Europe. Ce qui est sûr c'est qu'au niveau européen il faut des dossiers
solides. Ou bien les français les bâtiront, ou bien on aura des propositions qui viendront
éventuellement de nos autres partenaires européens et que l'on ne pourra qu'amender. Une
structure de travail est en train de se mettre en place. Il faut que tout le monde vienne y participer
pour poser leurs problèmes. Tout en acceptant la règle du jeu du compromis.
M. BIGNON
Cette structure se veut être de dialogue. Elle sert également de courroie de transmission vers
l'europe ce qui est très important. Nous vivons actuellement dans une évolution européenne qui
malheureusement est très bureaucratique par certains aspects. L'influence des différents pays sur
cette bureaucratie est plus ou moins importante et je crois qu'il faut un consensus au niveau d'un
pays pour que l'on soit en bonne prise avec les institutions européennes.
M. KAMSTRUP
I am member of the European organisation EURIMA and also of the American association and the
discussion you had yesterday is similar to what we had in Denmark or in Scandinavia 4 or 5 years
ago. There, we agree with unions and authorities that with the appropriate work practices mineral
debeaupu
Crayon
wool products are safe to use and produce. As a consequence of that, mineral wool products are
non hazardous substances in Denmark.
I think that, if you also look at what we have learned from the inhalation studies at RCC, the
biggest problem to get enough fibres up in the air is that we have to take a normal mineral wool
product, 4 to 5 times and then extract 4 to 5 kilos in order to get very fine fibres. That was the only
way we could get up to 300 fibres per ml. But when you compare with asbestos, without any
other measures, you could easily get higher than 100, 200, 1000 fibres per ml.
So I agree that we should have information on appropriate work measures for workers, consumers
and everywhere. That is by law what we do in Scandinavia. But otherwise, I think we should take
it a little easy with regard to waste. I think you can dump it in dump pits what we do in Denmark
because you do not measure high levels of fibres around dump pits.
M. BIGNON
Vous voyez que l'on a des progrès à faire par rapport à nos collègues du Nord, mais peut être avec
notre personnalité un peu latine. Je crois que ce qui a été amorcé au niveau du FILM va se
poursuivre et que le Comité Santé devrait effectivement permettre de trouver un consensus dans ce
domaine en attendant les conclusions définitives des études épidémiologiques et expérimentales en
cours qui permettront peut être d'avoir une réponse définitive concernant la toxicité de ces
matériaux. Je crois que cette journée a apporté un certain nombre d'informations nouvelles, a
permis des confrontations et que l'avenir est maintenant devant nous. L'utilisation va s'améliorer,
les procédés de contrôle également. Ce produit repart avec un label provisoirement sécurisant. Une
attention soutenue est nécessaire afin qu'il démontre sa qualité toxicologique ou tout au moins son
absence de nocivité dans le domaine toxicologique. Je vous souhaite bon courage pour l'avenir.