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C’est grâce à la Fondation John Cockerill que ce beau projet a
pu voir le jour. En plus des missions de développement de la
Culture et de conservation du patrimoine matériel et immatériel de
John Cockerill, la Fondation soutient également des associations
dans le cadre humanitaire et social. Elle porte une attention
particulière aux projets dans lesquels elle peut avoir une valeur
ajoutée et soutient ainsi l’implication des collaborateurs du
Groupe dans la réalisation de projets engagés et caritatifs. Le
projet de réfection de cette moto a su retenir l’attention de la
Fondation John Cockerill.
Flash InfoJohn Cockerill Services
Flash Info - 05/2020 - FN 350 M70 une légende s’offre une
seconde jeunesseEditeur responsable: : Chantal Brysbaert | 1
Mai 2020
FN 350 M70une légende s’offre
une seconde jeunesseDepuis fin 2018, une équipe de passionnés de
motos chez CMI Muon s’est lancée un défi : réaliser la restauration
hors norme d’une moto légendaire. En effet, avec le soutien de la
Fondation John Cockerill, un des modèles de motos FN 350 M70, dont
une des séries a réalisé la première traversée du Sahara
(Paris/Bourem/Liège) en 1927, a été acquise et remise en état de
marche par nos collègues. Durant de longs mois, les bénévoles
passionnés et motivés ont donné de leur temps et apporté leurs
expertises en mécanique pour que la « grand-mère » reprenne du
service. Elle est dorénavant fonctionnelle et sera prochainement
mise en vente par la Fondation qui reversera le produit de la vente
à un projet d’engagement sociétal. Retour sur une opération de
restauration pas comme les autres.
La chevauchée fantastiqueA la fin des années 1920, une nouvelle
série de motos FN 350 M70 est lancée et elle donne l’envie à 3
hommes de réaliser une aven-ture pas comme les autres. En effet,
c’est l’histoire de deux belges et d’un français qui décident de
rallier Paris à Liège, à moto, mais en faisant un détour par le
Sahara, en Afrique, soit plus de 8 000 km en trois mois.
En 1927, le Capitaine belge Bruneteau accompagné de Gimié,
radiotélégraphiste français et de Weerens, mécanicien belge,
effec-tuent cette première traversée du Sahara à moto avec une FN
350 M70. A cette époque, cette moto est une petite révolution
méca-nique à elle seule. Elle fait partie de la nouvelle gamme que
la Fabrique National Herstal, située près de Liège, vient de lancer
et qui aura son heure de gloire jusqu’en 1940 grâce à son moteur à
soupapes latérales monocylindre de 350 cm3.
L’exemplaire que nous avons acquis et rénové est la digne
descendante de ces trois légendaires motos. En effet, elle est
issue de la série fabriquée 4 ans plus tard, en 1931.
Les trois héros de cette randonnée motocycliste posent devant
les photo-graphes et la caméra. Ils ont réussi leur exploit sur ces
motos FN 350 cc, équipées avec de gros réservoirs et un certain
nombre d'aménagements adaptés pour réaliser ce voyage
(porte-bagages, pneus de rechange...)
Ce modèle atteint les 95 km/h maxi-mum et n’a été fabriqué qu’en
15 000 exemplaires.
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On cogite, on se relève les manches et au travail !C’est une
équipe très motivée qui s’est attaqué à ce beau challenge : Marc
Fiorini, Directeur de CMI Muon et ambassadeur du projet, Vincent
Parmentier, Reporter du projet et Lucie Zawojowski, en charge des
approvisionnements de pièces de réparation.
Marc, ambassadeur et grand amateur de motos de collection
explique : « la spécificité de cette moto fabriquée en 1931 se
tient principalement au niveau du moteur. En effet, c’est un moteur
à 4 temps et, au contraire des autres modèles de l’époque,
l’admission et l’échappement se font par une chambre latérale au
cylindre. Ensuite, le graissage de l’ensemble moteur et de la boite
à vitesse est assuré par une pompe à huile et non pas par
barbotage. Et pour finir, l’embrayage est à multi disques en bain
d’huile.
Pour l’époque, cette moto affichait déjà des performances
intéres-santes avec une puissance de 350 cm3 et une vitesse de 95
km/h.La rénovation de de cette FN 350 a pu être réalisée grâce à
l’appui du ré-seau des passionnés de rénovations de motos de
collection et grâce aux connaissances et à l’expertise de Georges
Muls, Conservateur du musée FN et de Robert Sauvage, Administrateur
délégué de la Fondation Ars Mechanica (fondation privée de la FN
Herstal).
A de maintes reprises, ils nous ont apporté des informations
essentielles à la réparation et nous ont communiqué les noms des
professionnels qui ont permis une restauration technique parfaite.
Si cette remise en état de l’engin nous a pris plus d’une année,
c’est parce que nous avons sou-haité garder l’authenticité de la
machine avec un maximum de pièces d’origine.
Nous avons savouré chacun des instants où nous sommes intervenus
sur cette moto et d’autant plus lorsque nous avons parcouru les
premiers mètres afin de la tester et de constater avec joie qu’elle
tournait comme une horloge. Quelle satisfaction ! Je tiens à
remercier l’ensemble des contributeurs qui ont, chacun par leur
connaissance, permis d’avancer et de finaliser le projet. »
Cette moto faisait partie de la nouvelle gamme de mo-nocylindres
à soupapes latérales. Les modèles M60 et M70 ont alors connu un
beau succès en Europe et écopèrent de divers surnoms tels que «
Moulin Rouge » en raison d’un volant d’inertie teint en rouge ou
encore Sahara après un raid militaire mené dans le désert au guidon
de l’une de ces machines.
Des machines armées pour la routeInitialement spécialisée dans
l’armement, la « Fabrique Nationale » (FN) diversifie ses
activités, au début du 20ème siècle, et se met à produire des
bicyclettes qui s’équipent rapidement de moteurs. Après un premier
modèle monocylindre de 133 cm3, du-rant les années suivantes, la
société développe plusieurs modèles toujours plus puissants pour
évoluer, en 1927, vers les modèles M60 et M70. Toutes les firmes
françaises ayant décliné le challenge, c’est la FN belge qui a
assuré la fabrication de ce modèle spécifique.
Un petit tour dans le désertSur le chemin du retour, dans le
port de Marseille, après avoir traversé le désert du Sahara et fait
face à de nombreuses péripéties, les trois aventuriers débarquèrent
du bateau avec, sur leurs porte-bagages, des peaux de crocodiles.
Ensuite, c'est à Liège qu'ils sont acclamés, précédés par un
cortège constitué par de nombreux motards admi-ratifs. La foule
considérable manifeste son enthousiasme à l'Hôtel de ville. Devant
les photographes et entourés de gerbes de fleurs, ils posent sur
leurs engins équipés de gros réservoirs et de nombreux aménagements
adaptés pour réaliser ce type de voyage.Jean Bruneteau, Capitaine,
entreprend cette aventure sans savoir qu’à son retour il recevra un
blâme de l’armée car il était interdit de voyager au Sahara sans
être en possession d’une autorisation spé-ciale. Il démissionnera
et effectuera deux autres raids, en automo-bile, dans les années
30.
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A chacun sa partie Marc et Jean-Paul FIORINI Ambassadeurs du
projet Travaux de démontage, expertises, remontage Robert SAUVAGE
Administrateur délégué de la Fondation Ars Mechanica - fondation
privée de la FN Herstal Georges MULS Conservateur du musée FN
Vincent Parmentier Reportage et suivi photos de la rénovation Lucie
Zawojoscwski Approvisionnement des pièces John Cockerill Services
Liège Réfection du volant moteur Société Masci Sablage Société LIS,
M. Krimo SEHB Réalisation de divers pièces d’usinage à titre
gracieux Société Peintures d’époque, M. Benoit Maureau Peinture
gardes boues, phare, réservoir, boite à outil Société Wleminckx
Chromage Société Saddlesb, M. Ooghe Bart Réfection Sellerie Société
Buys, from the WACO Classic Racing Team Antwerp, Fourniture pièces
boite à vitesse Société Chambrier et Boyer moto rétro Fourniture
d’accessoires et pièces d’époque
Une rénovation pas à pas
Dépose des pièces principales du cadre pour procé-der à
l’expertise.
Expertise de la partie combustion moteur et de la boite à
vitesse.
La mise à nu
L’expertise
Grosse opération sur le cylindre : réalésage et change-ment des
segments du piston (à l’époque le cylindre avait un traitement de
surface à la corne de boeuf ! ) et ensuite reprise des portées, du
joint de culasse, du joint d’embase.
Sur l’allumage : une bonne nouvelle constatée au démontage : La
magnéto et les vis platinées fonctionnent à merveille. Après un
nettoyage, une re-magnétisation de la magnéto (merci Georges !) et
réglage, nous avons eu une superbe étincelle.
Les soupapes sont dans un bon état général et nous avons changé
les ressorts de soupape.
Sur le piston, nous avons ajouté le seg-ment manquant (racleur),
les rayures sont légitimes car à l’époque il n’y avait pas de
filtre à air au carburateur
Sur la culasse, nous avons ajouté le goujon manquant et refait
la portée de joint
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Après démontage et expertises du châssis et du moteur, les
travaux de remise en état ont été conséquents. Tout d’abord des
pièces que nous avons remplacées totalement à neuf : commandes,
câblerie, bougie, selle, phare arrière, joints, caoutchouc, pneus,
couverture de selle, pot d’échappement, chaine de transmission
secondaire, klaxon. Ensuite, les pièces d’occasion pour le phare
avant, le pignon de la boite à vitesse et le piston pour enfin
terminer par le chromage du pot d’échappement, des ressorts de la
selle et de la fourche avant, des commandes, du support magnéto, du
volant magnétique et de divers bouchons (huile, pompe à huile).
Peinture complète aux motifs de l’époque
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Au niveau mécanique, rien à signaler pour la pompe à huile, tout
est en ordre. Nous avons eu quelques interrogations sur le
fonctionnement du circuit de graissage et Georges nous en a
expliqué précisément le fonctionnement.
Sur le vilebrequin, pas de jeu impor-tant hormis un léger
décalage des deux masselottes. Surprise ! Le vilebrequin est
entièrement démontable, nous avons donc réaligné les
masselottes.Une petite remarque, le vilebrequin tourne en sens
inverse de celui des moteurs d’aujourd’hui.
Sur la boite à vitesse : Hormis quelques taraudages à refaire
sur le carter et une fissure à ressouder, la boite de vitesse est
dans un bon état général. Coté pignonerie, les dents de notre
grand-mère sont un peu cariées (hormis la 2e vitesse, les autres
sont intactes) mais rien d’inquiétant. On l’a remplacé ainsi que
les deux roulements de l’arbre primaire.
L’embrayage est surdimension-né pour un moteur qui déve-loppe
moins de 10 CV et c’est tant mieux ! Concernant les disques
d’embrayages, le nombre y est mais nous avons constaté qu’il y
avait un disque intérieur en trop (pour compenser l’usure ?). Nous
l’avons enlevé pour être conforme au montage initial, bonne
initiative car au premier roulage, l’embrayage fonctionne .
La rénovation
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Selle refaite entièrement (on a abandonné l’idée de refaire la
selle passager, l’idée nous est venu d’équiper la moto d’un porte
bidon et d’une sacoche pour habiller l’arrière de la moto).
Sablage complet du châssis et des élé-ments de carrosserie puis
chromage des pièces corrodées (pot, guidon, etc).
Réfection du circuit électrique et de l’éclai-rage (le phare
Bosh inutilisable est rempla-cé par un autre phare parabolique d’un
même modèle FN trouvé sur une bourse de vieilles motos avec
d’autres pièces manquantes).
Pneus et chambre à air remplacés.
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Remontage du moteur.
et enfin... la dernière mise en beauté
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Avant d’être remise officiellement en septembre prochain à la
Fondation John Cockerill pour la vente, cette magni-fique
motocyclette sera exposée, tout d’abord, chez CMI Muon jusqu’au 30
juin prochain puis ensuite, à Seraing, au Quartier Général,
jusqu’au 31 juillet.
Tous les collaborateurs, néophyte ou non de la moto, sont
invités, si ils le souhaitent, à se rendre sur un des deux sites
pour admirer le travail qui a été réalisé.
Véronique Sorlet, Porte-parole de la Fondation John Cockerill
indique : « la Fondation a eu à cœur de suivre et soutenir ce
projet qui entre tout à fait dans nos missions. L’implication des
collaborateurs dans la pérennisation d’un élément de l’histoire
industrielle liégeoise par cette restauration montre leur
attachement à notre passé industriel qui est l’ADN du Groupe John
Cockerill. Nous sommes fiers de l’engagement sociétal dont font
preuve les collaborateurs, dans tous les projets qu’ils nous ont
pro-posé et que nous avons soutenus. »
Sous les feux des projecteurs
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