J'ai réussi par l'optimisme créateur - Numilog

J'AI RÉUSSI par l'Optimisme Créateur

OUVRAGES DU MÊME AUTEUR

Partie — MYSTICISME EXPÉRIMENTAL La Clé, 45 mille (Astra) L'invisible et moi, 13 mille (Astra). Le Règne de l'Agneau, 8e mille (Oliven): L'ami des heures difficiles. 14e mille (Niclaus) Le clés de l'abondance, 11 mille (Niclaus). Les clés du bonheur, 10 mille (Astra). Je et Moi (Astra). La peur maladie N° 1, 6e mille (Editions de l'Ermite). Il y a un trésor en toi (Omnium). Demande et tu recevras (Omnium). Le jeu passionnant de la vie (Astra). Vivre divinement (Astra). Affirmez et vous obtiendrez (Niclaus). Petit traité de mysticisme expérimental (Niclaus), Comment on soulève les montagnes (Niclaus). La Réforme du Caractère (Niclaus).

2 Partie. — RECHERCHE ESOTERIQUE Le secret de la grande pyramide, 50e mille (Adyar). Le livre de la mort douce, traduit en six langues, (Adyar), 11 mille. Qu'est-ce que la radiesthésie?, 16e mille (Astra). La danse sur le volcan. 10 mille (Adyar). Les clés de la santé, 13e mille (Astra). Dieu est-il mathématicien ?, 12 mille (Astra). L'enigme du grand sphinx, 10 mille (Adyar). Les destins occultes de l'humanité (Astra), L'initiation sentimentale, 9 mille (Niclaus). France, fille aînée de l'esprit 10 mille (Oliven). Les derniers Temps du Monde (Dervy). L'œil de la tempête (Les deux Sirènes), épuisé. Qui sera le maître du monde ? (Editions de l'Ermite). L'après-mort (Astra)

3me Partie. — DIVERS La vie agitée des eaux dormantes, 19 mille (Stock). La Sorcière, 8e mille (Astra) A travers les Alpes françaises, (11 jours chez les grands

Guides), (L'Ermite). Apprenez à bien parler (Niclaus). La Vie commence à Cinquante ans, 6e mille (Edouard Aubanel)

GEORGES BARBARIN

J'AI RÉUSSI PAR L'OPTIMISME CRÉATEUR

EDOUARD AUBANEL, EDITEUR, AVIGNON

Copyright by Edouard Aubanel 1954.

PREMIERE LEÇON

Il y a optimisme et optimisme

Je me trouvai, un matin d'une certaine année, en face de divers problèmes de nature à m'in- citer à un pessimisme intégral. Plusieurs facteurs de dépression, les uns d'ordre familial, les autres d'ordre professionnel, certains enfin d'ordre éeonomique me faisaient envisager la vie sous son aspect le plus noir. En les retrouvant à mon réveil mon existence était perturbée et, malgré mon habitude de rechercher le bon côté des choses, je ne parve- nais pas à me soustraire à une atmosphère de tristesse et d'abattement.

Orientation de la vision intérieure Or je m'avisai soudain qu'il ne tenait qu'à moi

d'adopter une autre optique. Je jouai délibéré- ment au jeu qui consiste à voir les choses non comme on les imagine mais comme elles sont. Je réussis à m'extraire du « coup », c'est-à-dire à juger la situation non par rapport à moi mais

par rapport à un tiers indifférent, autrement dit telle qu'elle se présentait réellement en elle- même. Dès que ma personnalité et mon attache- ment partial aux êtres et aux choses furent sépa- rés de mes préoccupations, je fus frappé de voir que celles-ci se réduisaient à quelque chose de banal et de minuscule qui, vu de l'extérieur, ne méritait même pas le nom d'incident.

Hé quoi ! me dis-je, si mes ennuis, vus du dehors, ne sont presque rien, pourquoi, vus do dedans, seraient-ils davantage ? Et, poursuivant mon raisonnement, je cherchai à me dégager d'une situation purement subjective pour consi- dérer les êtres, les choses et moi-même sous leur aspect objectif.

Or du moment que je pouvais, par la seule imagination, empirer les choses et les circons- tances et leur prêter un aspect plus indésirable qu'elles ne le comportaient en réalité, rien ne m'empêchait de me servir de cette même imagi- nation pour améliorer les circonstances et les choses en leur prêtant un aspect plus désirable qu'elles ne le comportaient réellement.

Je pense que l'on me comprend. Au premier stade, je voyais les événements plus laids et plus importants qu'ils n'étaient vraiment. Au deuxième stade, je les voyais tels qu'ils apparaissent à autrui, c'est-à-dire assez quelconques. Au troi- sième stade enfin, je m'appliquais à les voir de nouveau hors de l'objectif mais dans un sens exaltant.

Le plus curieux c'est qu'après avoir vécu le premier état (en-deçà de la réalité), puis le deuxième état (la soi-disant réalité), puis le troi- sième état (au-delà de la réalité), je pus consta- ter que le « climat » de ma pensée s'orientait d'un pôle à l'autre et qu'après les avoir pensés avec force je vivais successivement ces trois états. Ainsi m'apparaissait-il que les événements ne sont pratiquement rien par eux-mêmes mais dépendent uniquement de l'interprétation qu'on en fait. Les circonstances et surtout l'application que nous en faisons à notre état d'esprit ne découlent donc nullement de leur importance propre mais seulement de l'importance que nous leur accordons en nous. La manette est à l'inté- rieur, non à l'extérieur. Nul que nous ne peut tourner cette manette. Volonté et libre-arbitre nous permettent de la manœuvrer dans le sens que nous voulons.

Ce fut un trait de lumière si vif que ma journée en fut toute changée. Je repris mes griefs un à un et les examinai sous un éclairage nouveau. Ce qui m'avait paru ombre devenait soudain lumière. Je ne trouvai que des raisons d'espérance là où, le quart d'heure d'avant, je ne voyais que des motifs de désespoir. Nous sommes véritablement les maîtres de nos attitudes intérieures. Et ce sont nos attitudes intérieures qui conditionnent notre jugement des êtres, des choses et des faits. Nous avons, et nous avons seuls la clé de notre ombre et de

notre lumière et sommes maîtres de faire la nuit ou le jour en nous.

Cette démonstration me parut à ce point écla- tante qu'elle changea toute mon appréciation de la Vie, en ce sens que j'y vis la preuve de mon pouvoir de l'orienter.

Pour me résumer en quelques mots, bonheur et malheur sont uniquement affaire d'éclairage.

Optimisme inné et optimisme acquis Le mot « optimisme » a beaucoup servi et à

toutes sortes de gens. On l'a prostitué si niai- sement qu'il a pris une allure péjorative et que les esprits chagrins ont fini par le considérer comme la manifestation de la paresse et de la sottise, doublée d'une inaptitude au combat vital.

L'optimisme ainsi visé n'est pas le véritable optimisme qui est, ainsi que je le montrerai, toute initiative, toute intelligence et s'adapte étroitement à la vie de tous les jours.

On a confondu l'optimisme fertilisant avec le « jemenfichisme » stérilisant, l'objet avec sa ca- ricature. La seule excuse à cette méprise vient de ce que le véritable optimisme est assez rare et qu'on en juge surtout par le faux optimisme, lequel est assez fréquent.

Ceux qui ont l'habitude de me lire savent que je ne m'adresse ni aux paresseux ni aux inin- telligents et que toute ma philosophie a pour axe le proverbe millénaire : « Aide-toi, le Ciel

t'aidera ». Il me faut donc répéter, une fois de plus, que rien ne sera fait pour vous sans vous et que l'aide que vous recevrez sera proportion- nelle à votre effort. Beaucoup, instinctivement et sans en connaître les règles, ont compris la né- cessité et l'urgence de cette collaboration avec les impondérables. Car c'est bien d'une collabo- ration qu'il s'agit entre l'Homme et l'Adminis- tration Invisible des choses ou, si cette appella- tion choque les esprits positifs, entre l'Homme et l'Equilibre de l'Univers.

Education de l'optimisme Donc il existe certains hommes qui, d'une façon

innée, sourient dès le berceau à la vie, non pas tellement parce qu'ils sont privilégiés dans le domaine physique (car des infirmes ou des misé- reux naissent optimistes) mais parce que la pente du sourire est en eux. Ceux-là n'ont qu'à entretenir et cultiver leur don congénital et la vie leur sourira comme ils lui sourient. Rien même ne les empêche d'arriver au rire qui est la marque d'une entente complète entre l'Homme et la Création. Pour cela il importe que les optimistes-nés s'appliquent à faire consciemment ce qu'ils exécutaient d'instinct et sans la parti- cipation de leur conscience. Dès lors rien ne s'opposera plus à leur ascension continue dans un monde d'euphorie et de constante félicité.

Il n'en est pas de même de ceux qui n'ont pas confiance dans la vie, qui considèrent celle-ci comme une marâtre et même comme un adver- saire contre lequel il faut lutter. Cette catégorie d'individus, de beaucoup la plus nombreuse, doit opérer un redressement d'autant plus difficile que l'état à modifier est plus ancien.

Mon but est de permettre aux optimistes fon- ciers de développer consciemment leur faculté naturelle d'optimisme et d'aider les pessimistes congénitaux ou occasionnels à renverser leur ten- dance intime et à substituer à leur conception erronée ou improductive de l'existence une vue harmonieuse et efficace des choses et des gens.

Cela suppose une méthode qui peut être ensei- gnée comme toutes les méthodes avec un succès dont l'ampleur dépendra de la bonne volonté et de l'ardeur qu'on mettra à vivre l'enseignement. Il n'en est pas autrement de tout ce qui s'ap- prend dans le domaine mental ou dans le domaine physique. Une certaine dose de volonté et d'in- térêt est indispensable pour faire des mathéma- tiques et des lettres, de la bicyclette et de l'escrime, de la poésie et de l'art, de la cordon- nerie et de l'électricité.

Tout le monde ne peut être champion mais tout le monde peut parvenir à une exécution correcte. Tant mieux si les plus doués devien- nent virtuoses et servent d'exemple à leurs contemporains !

DEUXIEME LEÇON

Se vider du pessimisme

La première chose à faire quand on veut substituer une belle et bonne maison à un foyer de cancer et de tuberculose est d'abattre le taudis de fond en comble et d'en exposer l'emplace- ment au soleil.

C'est ainsi que, peu à peu, les progrès de l'hygiène et de l'urbanisme aidant, disparaissent les ruelles étroites du Moyen Age pour faire place aux constructions saines et aérées de l'ar- chitecte contemporain.

Quelle est donc la maison défectueuse qui doit être ruinée en vous, préalablement à tout effort de neuve structure ? C'est celle que vous devez à votre nature physique, à votre propen- sion mentale et à votre éducation.

A peine étiez-vous né que déjà vous entendiez les récriminations de votre entourage et les pro- pos défaitistes qui sont de règle dans tous les milieux sociaux. Les uns gémissent sur la dureté des temps, les difficultés multiples de la vie,

l'excès de travail, le manque de confort ou de distractions, la fréquence des maladies, le besoin d'argent. Les autres supputent les périls sociaux et politiques, grossissent les incidents de voisi- nage, mettent en évidence les mécomptes do- mestiques, soulignent la malveillance générale et l'universelle malhonnêteté. Autrement dit, on déplore le passé, stigmatise le présent et redoute le futur, ce qui est l'infaillible moyen de rendre la vie amère et de lui ôter tout charme et tout attrait.

A mesure que vous grandissiez et que votre raison d'enfant prenait contact avec les pensées d'adulte, vous étiez progressivement envahi par l'état d'esprit de vos parents. On sait combien la faculté d'imitation est développée chez les tout-petits et la promptitude avec laquelle ils adoptent les gestes des grandes personnes. Leurs possibilités d'adaptation aux dispositions morales ne sont pas moins considérables et les enfants élevés dans une atmosphère pessimiste contrac- tent le mal de vivre avant même d'avoir vécu.

Une tuberculose morale

Le mécanisme d'invasion est identique à celui de la tuberculose et nulle maladie n'est plus contagieuse que celle du pessimisme dont la virulence s'exerce sur les organismes les moins résistants. On a fondé dans le monde entier des

ligues contre la tuberculose, créé des timbres, fait des quêtes et mis en mouvement les labo- ratoires de tous les pays. Mais aucune ligue ni aucun laboratoire n'ont été créés contre le pessi- misme, tuberculose morale infiniment plus grave et plus répandue que la tuberculose physique dont elle est la mère dans bien des cas.

Le pessimisme constitue donc un danger indi- viduel et social qu'à défaut de l'initiative des Associations et des pouvoirs publics l'individu a le devoir de combattre lui-même par tous les procédés possibles et les moyens ne lui manquent pas.

Si les ravages du bacille de Koch sont limités aujourd'hui, on le doit bien moins à la décou- verte de médicaments nouveaux qu'à l'hygiène générale et aux conditions modernes d'un urba- nisme mieux compris. Les soins croissants de la propreté, la pratique des sports, la construction de logis aérés, une nourriture meilleure ont da- vantage fait pour la régression du fléau que la pharmacopée du XX siècle, y compris les anti- biotiques et le rimifon. Le pessimisme ne doit pas être traité autrement. Lui aussi est justiciable d'une meilleure hygiène morale et d'un élargis- sement des avenues de l'esprit.

En attendant que la société l'ait compris, il appartient à chacun de se déniaiser et de pren- dre, en ce qui le concerne, les soins d'asepsie mentale sans lesquels il encourt l'unanime conta- gion. Qu'il ne croie pas surtout faire ainsi œuvre

d'égoïsme ! Au contraire, tout homme qui se soustrait au mal ambiant devient propagateur de santé.

L'empoisonnement quotidien Ceci posé, à savoir que le pessimisme est un

mal universel, vous vous demandez en quoi, vous qui me lisez, lui payez tribut dans les circonstances normales de votre vie. Beaucoup d'entre mes lecteurs sont persuadés que leur vision des choses est optimiste et qu'ils sont exempts du virus noir. Je ne crois pas très malaisé de leur prouver le contraire. Le pessi- misme a mille faces et se manifeste sous d'in- nombrables aspects.

Vous êtes certainement lecteur d'un journal quotidien, lequel s'est donné pour tâche de vous tenir au courant de l'activité humaine. Par con- séquent, invisiblement et sans que vous vous en doutiez, cet organe vous infuse chaque jour sa dose journalière de pessimisme et vous l'absorbez avidement.

Le monde est plein de bonnes nouvelles, d'actes bons, de choses riantes et aimables. Cependant, avec un soin opiniâtre, votre journal trie pour vous les assassinats, les drames, les accidents, les sinistres, les catastrophes et vous les présente sous les titres les plus accrocheurs. L'art du récit ne suffisant pas, on y joint les ressources de l'illustration à toutes les pages, de sorte que

ni vous ni les vôtres ne perdez un détail de la dernière explosion, de la dernière noyade, de la dernière épidémie, du dernier empoisonnement. De la guerre en cours et de ses immondes consé- quences on ne vous laisse rien ignorer. D'élo- quents rappels de la guerre passée et de savantes évocations de la guerre future vous permettent d'entretenir votre fièvre et votre tension.

Les événements brutaux viennent-ils à man- quer (on ne saurait toujours redécouvrir les soucoupes volantes et la bombe atomique) la politique est là sans défaillance, prête à vous déprimer dans un sens ou dans l'autre et à faire de vous la proie des factions.

Oh ! je sais. Il vous arrive de protester et de vous indigner, mais toujours dans le sens de votre journal, qui joue de vos nerfs comme le violoniste de ses cordes et leur fait, à volonté, jouer l'air qu'il lui plaît.

Vous vous croyez animé d'esprit critique et pourtant la part de votre liberté est bien mince. Sachez-le : il n'y a pas un homme sur dix mille qui ait le pouvoir de se soustraire à la sugges- tion de ce qu'il lit. S'il en était autrement votre pessimisme ne s'exhalerait pas par vingt issues en propos et en gestes dont aucun ou presque n'est véritablement constructeur. Je vous le demande, en vérité, combien y a-t-il d'êtres humains civilisés qui soient capables d'exprimer, au cours d'une journée, autre chose que ce dont leurs lectures du matin ou de la veille les ont

ensemencés ? Combien d'hommes peuvent se vanter de penser originalement et par eux- mêmes ? Poser la question c'est faire la réponse. Vous n'êtes donc que des échos, des miroirs.

J'en pourrais donner mainte preuve et pour- tant je me contenterai d'une seule. Ne vous arrive-t-il jamais de dire : « Si j'étais le gou- vernement... » ? Ce simple début de phrase est un monument de pessimisme. Cela enclôt toutes vos rancœurs, votre scepticisme, vos récrimina- tions. A peine ces mots prononcés, on devine la pente générale de votre esprit et le jugement que vous portez sur les êtres et les choses, sans parler des institutions. Pour la plupart des ci- toyens, les hommes au pouvoir sont des bandits, des traîtres, des corrompus, des jouisseurs, des incapables ; les fonctionnaires des paresseux, des inutiles, des parasites, des grincheux ; les par- lementaires des vendus, des bavards, des tru- blions ; les académiciens des gâteux, des sclérosés des suppôts du conformisme ; les prêtres des hypocrites, des sectaires ; les savants des fous dangereux.

Qu'il y ait un peu de tout cela parmi les conducteurs intellectuels, personne ne le con- teste. Mais c'est en quantité infime par rapport au bien qui en naît. Pour un chef réellement mauvais combien de chefs réellement bons et qui, en dépit de la faiblesse de leur nature, s'effor- cent inlassablement vers le mieux ! Il est faux que tout gouvernement soit suspect, à part celui

de votre parti ou de vos préférences. Il est faux que les fonctionnaires n'aient jamais en vue le bien général. Il est faux que les Parlements ne renferment aucune individualité de valeur et ne votent que des lois ineptes. Il est faux que les institutions soient totalement vermoulues. Il est faux que la religion et la science ne pro- duisent plus de héros et de saints.

Chaque fois que vous vous associez au concert des lamentations et des malédictions vous faites du pessimisme, non seulement individuel mais collectif. Croyez-vous que les choses iront mieux parce que vous les aurez pleurées ou maudites ? Nullement, car vous aurez, au contraire, empiré l'état général.

Les citadelles de la peur

Sans doute votre responsabilité est limitée, comme aussi votre libre-arbitre, tellement vous êtes investi, circonvenu par la presse, la radio, la littérature et les arts. Theâtre et roman s'évertuent à vous montrer l'humanité sous ses aspects les plus sensationnels et dans les situa- tions les plus fâcheuses, faute de pouvoir vous intéresser par la peinture d'événements et de cœurs normaux. On spécule sur votre éternelle curiosité, sur votre soif d'inédit, on émeut les parties les moins sages de votre nature, on trou- ble la vase de vos instincts. Ceci est plus sensible

encore de notre temps que dans les siècles passés, à cause de l'exaltation des appétits et de la multiplication des moyens de les satisfaire.! L'homme de jadis vivait davantage replié sur lui-même, dans le petit univers de sa province, de sa ville, de sa maison. Aujourd'hui c'est l'uni- vers terrestre tout entier qui s'offre à nous et l'on songe déjà au contact des autres sphères. Il n'y a presque plus de place pour une pensée libre, d'où la carence aiguë des penseurs.

Aussi les enthousiasmes et les indignations n'ont-ils plus rien de spontané et sont-ils, en général, exprimés sur commande, je veux dire en raison de consignes données ou de conseils im- primés. L'humanité s'épuise ainsi à manifester des sentiments qui ne sont pas les siens et à faire chorus avec ses chefs d'orchestre, lesquels ne sont eux-mêmes que les exécutants de conseillers inconnus.

Mais pourquoi êtes-vous sans initiative morale et sans vraie responsabilité ? Parce que vous souffrez de deux maux essentiels : la peur et la paresse d'âme. Du premier j'ai dit tout ce qu'on pouvait dire dans maint ouvrage précédent 1 Il est la raison profonde de votre pessimisme. Par conséquent vous ne vous débarrasserez de celui-ci qu'en vous délivrant de votre peur.

Si vous n'aviez pas peur de manquer, de ne

1. Voir La Peur maladie n° 1 et L'Ami des Heures diffi ciles. (Niclaus).

pas réussir, d'être malheureux ou malade, vous ne seriez pas en état de continuelle revendica- tion. Toute revendication qui n'aboutit pas im- médiatement ou, à plus forte raison, qui est destinée à ne jamais aboutir, engendre de nou- velles revendications de plus en plus virulentes et, par suite, de nouveaux motifs de rancœur. Le revendicateur tourne ainsi dans un cercle vicieux que nul ne peut rompre si ce n'est lui- même mais dont, à l'ordinaire, il ne fait que renforcer l'hermétisme et la solidité.

L'anarchiste, tel qu'il s'offrait à la fin du siècle dernier, était le type même du pessimiste. Voyant tout le mal et n'apercevant aucun bien dans la société dont il faisait partie, il entendait tout détruire pour tout reconstruire à neuf. Mais comme il comptait sur l'individu non évolué spirituellement pour améliorer la chose sociale, aucun résultat positif ne pouvait naître de son anarchisme matériel. Sans cesse à la poursuite d'un idéal fuyant et qui, à mesure qu'il avançait, reculait devant lui, il ressemblait à l'âne précédé par une carotte que le naïf quadrupède pour- suivra toujours sans la rattraper jamais.

Une mystique désespérée

Le communisme, issu d'un noble propos, est devenu une religion pessimiste, comme d'ail- leurs la plupart des religions. Il n'y est question

que des droits collectifs et des devoirs indivi- duels comme si droits et devoirs ne devaient pas être équitablement répartis entre la société et les personnes, l'un apportant à l'autre ce que ni l'un ni l'autre ne peut fournir à lui seul. Le bolchevisme voit noir, raisonne noir et son paradis est plus sombre encore que l'enfer catho- lique où, du moins, chaque damné dispose de sa chaudière individuelle et, au besoin, de son démon personnel. La peur est installée à tous les étages de la Tour de Babel communiste. Elle est le climat normal du parti. Si chaque subordonné couve la peur, celle-ci n'épargne pas les cadres. Au contraire, on peut dire que la peur s'accroît à mesure que ceux-ci ont plus d'autorité. L'auto- critique est l'expression la plus ouverte de cette peur et donc de ce pessimisme. Quelle joie humaine résisterait à cette alerte incessante, à ce qui-vive perpétuel ? Il est vraisemblable que la peur augmente arithmétiquement d'échelon en échelon jusqu'au sein du Conseil Suprême et que les dieux mêmes du communisme sont inquiets. C'est qu'en effet le Guépéou peut tout, sauf con- tre le microbe du pessimisme. Celui-ci est par- tout, dans tout et, comme l'innombrable armée des fourmis blanches, ronge invisiblement les poutres de l'édifice jusqu'à ce que celui-ci soit miné.

Comment l'optimisme collectif naîtrait-il de millions de pessimismes individuels, je vous le demande ?

COLLECTION DE CULTURE HUMAINE PAR RAYMOND DE SAINT-LAURENT

Cette collection se présente sous deux formes : Une série A s'adressant au plus large public sans distinction

de religion ; Une série B spécialement destinée aux catholiques. Bien spécifier en nous écrivant ou en vous adressant à votre

libraire, la série que vous désirez.

1. MÉTHODE PROGRESSIVE ET COMPLÈTE DE CUL- TURE PSYCHIQUE.

2. LA TIMIDITÉ. 3. LA MEMOIRE. 4. L'ART D'EMBELLIR SA VIE. 5. L'OPTIMISME. 6 LA SENTIMENTALITÉ DES GARÇONS. 7. LA VOLONTÉ. 8. LA MAITRISE DE SOI-MÊME. 9. L'AUTO-SUGGESTION.

10. L'ATTENTION. 11. L'ART DE LA CONVERSATION. 12. L'ART DE SE RENDRE SYMPATHIQUE 13. L'ART DE PARLER EN PUBLIC A L'USAGE DE TOUS. 14. L'ART D'ÉCRIRE A L'USAGE DE TOUS 15 LA GRAPHOLOGIE. 17. L'HABITUDE. 18. IMAGINATION. 19. LE GUIDE DE L'ÉMOTIF.

Si vous tous intéressez à la psychologie, à la science de mieux vivre et de maîtriser le destin, demandez-nous notre Catalogue gratuit n° 21 et faites-vous inscrire chez votre libraire habituel pour nos nouveautés.

ÉDOUARD AUBANEL, PLACE SAINT-PIERRE, AVIGNON Printed in France

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