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7/23/2019 Introduction au cinéma de Guy Debord
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I.
THÈSES UR E CINÉMA
Les situationnistes ont d'emblée reconnu au cinéma
une position centrale
dans
la
société qui est due
n
aux
moyens
d'influence supérieurs qu il met en ceuvre
;
et
entralne nécessairement
on contrôle accru par la classe
dominante
,
3.
On
peut
lire
sur
les
premiers tableaux
de
Debord
z. Précisons ue dans eur ensemble es hèses iruarionnistes e sont passim-
plement
une extension rhétorique dans la culture de la penséemarxiste
(voir
pour celaValter Benjamin
ou les émules de I'Ecole de Francfot), mais,
au-delà
du constat
critique, ils vont former une avant-garde
oignant
l'atitude
person-
nelle
et les actesà la parole. Chez les situationnistes, a réflexion
sur les moyens
d'acrion guide I'anal1se.
1.
Àuecet conne e cinéma I.S. n" r,
juin
1958.
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Introduction au cinéma de
(iry
l)
nti
o
Réalisation e
l'art
o,
u
Réalisation
c
la
philosophie,,
c'est-à-dire,
réaliser
ce qui
n'étâit
quc pronrcsses
promesses ar
I'art
d'une
autre
qualitédc vict, promesses
par la philosophie d'une segessequc Marx clnns sa
onzième
hèse
sur
Feuerbachavait
déjà dénoncic
comme
de statiques
interprétations
justificatriccs
cl'un
monde
dont
l 'homme nécrit
toujor.rrs as
'histoirc. Avcc
cette
idée de réalisation qui est aussi c mot
util isé
cn fran-
çais
pour désigner
le fait
de crécr
r.rn filnr on
peut
rapprocher Debord de la 'lèktologie du Soviétique
Bogdanovt, et au-delà,
des
uturistes
lc
Malinctti.
Si Ie
monisme
bogdanoviste devant
faire fusionrrcr
:rrt et
travail
a vite
été détourné pour tout
réduirc
au seul
travail au service des bureaucrates bolchcvirlucs, la
4.
Lart ancien n esr qu'un
*
rapport sur les sensâtioos r &
'
r |
)ùh),(l
dans
l ' t .S.n ' r , 19y8.
y.
AlexanderAlexandrovitch Malinovski,
dir Bogdlnov
(r87|
rrrs). ll lur
I'un
des penseun de lâ
"Culture
prolétarienne" pour qui h crârion
rolltrivc rlcvait
devenir a vérité et la mesure
de toutes
es manifismri<rrs hrrnrincs. Mondc
du
travail
et monde
de
la
création devaient fusionncr. lrllucnr
sur
lcs rv.rncgar-
distes soviétiques dont Sergueï Eisenstein, son coll<etivisnrc c brcuill:r rvec
Lénine qui
cultivait
plutôt
l'€sprir d€ parri.
et de hvanrgardz situttionniste
t5
r'éalisation
debordienne visait à supprimer totalement
le
travail humain
aliéné et la vie
devait devenir aussi pas-
sionnante
au quoddien que toutes les æuvres d'art
réunies. Debord, qui est le situationniste qui a le plus
écrit sur le
cinéma, prend l'exemple du cinéma
dans la
bande-son
dt film Critique de la sêparation
(t961
:
u
Généralement les événementsqui arrivent
dans l'exis-
tence individuelle
telle qu elle s'organise,ceux
qui
nous
concernent réellement,
et exigent notre adhésion,
sont
précisémentceux qui ne méritent rien de plus que de
nous
trouver spectateurs distants et ennuyés, indifférents.
Au
contraire, a situation qui est vue
à
travers
une trans-
Position
artistique quelconqueesr assez ouvent
ce qui
irttire,
ce qui mériterait que I'on
devînt acteur, partici-
pant.
Voilà un paradoxe à renverser,
à
remettre
sur ses
pieds.
C'est cela qu il faut réaliser
dans
les
actes.
6
Cet
rttachement
au développement
des puissances u vivant
6. Debord
evoque plus paniculièrement Ie cinéma occidental qui a, dès es
.rrrnées o,
spécialement eprésenté €s siruarionsexceptionnelles ux
dépensde
l.r banalité
quotidienne, et ceci, même après es contestationsnéo-réalistes
es
.rnnées
o
et 6o en Europe. Le cinéma asiatique, ar exemple,
s'estbeaucoupplus
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htroduttion
au cinéna zfu iuy
l)tlnl
qui mârque
la philosophie
de Debord et
des siruation-
nistes
7
ruine
le travail
et enterre
le vieil
art séparé.
<
Ce
que le
spectacleâ
pris à lâ réalité,
il faut le
lui reprendre.
Les expropriateurs
spectaculaires
oivent
être à leur
tour
expropriés.
Le monde
est déjà filmé.
Il
s'agit maintenant
de le transformer,
écrit Debord.
Debord
reproche
aux
dadaistes
'avoir
voulu supprimer
l'art
sans e réaliser,
et
arx surréalistes
d'avoir cru
pouvoir réaliser
'art
sans e
supprimer3.
Debord
écrivit
un manifeste
Contreb
cinémae,
attaché
à
I'âuro-représentarion
modélisée
d'une soc éré réalablemenr
tructurée
en archérypes
de rôles
sociaux, eux-mêmes,
banalisés
er quotidiens.
En
Occidenr,
le cinéma
fonctionne
sur la dialectique
siruation
exceprionnelle
siruarion banalequi
insraureun€
c€rraine épétirion
de la différence
en Asie, l
fonctionne
plus nenement
sur une
dialectiqu e de
conformation
enrre réception
sociale / modélisarion
imagée,
qui instaffe
une succession
de différences
(minimes)
dans
la répétition
d'une image virruelle
de I'ensemble
du
corps
7.
Philosophie
dont le nierzschéisme
st lagranr
et r evendiqué.
8. Il faut
entendre la notion
d'art dans le
contexte
occidenral... Après
les
Renaissancesralienne
et française,
'avènement
de la bourgeoisie
valorisé
'an,
sur-valorisé
même pâr rapport
aux anciens
pouvoirs
aristocratiques
r ecclésias,
tiques, mâis
cette surévrluarion
plaçait l'arr
et les arrisres
dans une
sphère
séparée
e
la
société,une virrine
marchande
à admircr,
ir acheter,mais
dont les
contacts
avec a vie spir;ruelle
ou civique
devaient se réduire
sanscesse.
9.
De6orà,
Canne
e cinlrza Arrhus,
Insrirut scandinave
e vandalisme
com,
prré.
96 .
et le IaranFgarfu
tftuatiaanistc
\7
(
omme
André Breton
et
les
surréalistes vaient vilipendé
l.
roman
bourgeois'0. lors que essurréalistesroyâient
.rrrcinéma
comme surplus de vie,
incitation
au rêve,et
{lLre
es ettristes
orthodoxes voulaient ' intégrer à un
\l)cctacle
otal,
les
situationnistes
e
condamnent comme
,,pium
du peuple et
résumé
de la société pectaculaire-
rrarchande.
ls
pensent que le cinéma classique omi-
|.rnt
sert de
modèle
au
nouveau
mode de gestionde la
..,rciété,
'image prend la place de la valeur réelle des
, rpériences écues,e discours affecté, e pseudo dialogue
,
rrrpêchent
a parole directe et I 'expression pontanée.
ll lromme,
prolétarisé
usque
dans ses oisirset
dâns
so n
,'rtl inaire
casanier, stspectateur e saproprevie comme
rl
clrait
déjà spectateur de cinéma
'.
Dans sa faiblesseà
l",,uvcrner
uvertement omme es ois et lesâristocrales,
,,.
V,ir
lesexclusionsdu groupe surréalisre e tous es membress'abaissant
' ,r r r ,
r rn roman
bourgeois tuagon , par exemple.
r. l1 agit
de la
mouvance
qui a survécu autour des pionniers du lettrisme
I ,1 , ' r t
sou
et Maur iceLemaiIre .
,. lrcborcl
développedes anâlyses imilânes à cellesd'Adorno sur l'indusrie
.
, lr,,,cllt
:
.
The anitude ofthe public, which ostensiblyand actually avours he
, ,, ,,, ,'l
the cLrlture ndustry, is a parr ofthe systemand not an excuse or it
'.
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Introduttionau
cinéma e Gu1
Debod...
19
l ,r
bourgeoisie moderne a favorisé la
création d'un
\l)(
ctacle
du
monde
qui s'auto-gèrerait au fil des cycles
,lc
h circulationet
du
commerce
des
marchandisesrr.
Suite
à cesconstâts,
eux projetsont constitué
a
base
,l,s
rapports entre les situationnistes t le
cinéma :
le
1'nrjct
de cinéma situationnisteest,
d'emblée,
remis
à
plrrs ard câr l est m possible
ans
cette
société liénée;
rl
participera à I'intensification
de
la vie
quotidienne à
,, rrir.
Pour le moment, le
cinéma doit être entrepris
( { nrme outil et cible de a c ritiquel Saprâtiquedoir por-
r ,
l (s màrques e son aurocr i r ique ce
qui esl
m;s
en
',,
nc,
c'est
a
destructionde
la fausse
uthenticitéde la
,,)r)struction
ilmique âutânt
que
l'explication
de cette
,l(
\l
rlrction. Ne
pas
"faire
du cinéma"
mais
"faire
usage
,lrr
cinéma"
se servir de
l'attrait
populairepour
le
ciné-
Ir.r pour proposer autre chose, notamment, par la
r r,lt
rode ettiste
et par
le
détournementcritique. l faut
,1,'rrc
détourner"
e
cinéma
vers
une étude du présent
r
lL rc irur pas éduire e
Spectacle ux mediam à
a passiviré
u ciroyen élec-
rl or un systèmc
de gesriondu
monde,
dans
rous es
domaines.a
Société
du
Spectacle
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Introduction
au cinéma de Guy Debod...
comme
problème
historique,
notamment en sulvanr
processus énéraliséde réification du vivant.
le
II,
I ]ÉORIE
U DÉTOURNEMENT
I r détournement
c|mme
arlne de lutte
de la dialeaique
trr,rrlrialiste
ans a
cuhure
|
)rr
détournement,
une définition
théorique'a
générale,
.rl,1,l icable
tous les arts er
à tous les moyens
de
,,rrurrrrrnication
onnerait ceci
n
le
mot détournement
', ', rrploie ar abréviationde la formule : détournement
,
|
| ll(
irppârâît
en parriculier dans es
articles de Debord et Marcel
Marien
1
,1'1,,
'
{l.ns lâ revu€
surréaliste elge -es
Lèvresnues, n"
7
er
I de 1955-56. erte
1"
'rr,;rr,
rrcuvc
au cinéma ne l'est pas
en litrérarure : l-autréamont
fut le grand
1,,,r
r'rr
rlrr
dérournement dans
ses élèbresChantsde Maldoror,
Dehord fl:.le
t , ,
,
r r r r r r r t lu
cinéma.
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Introduction au cinéma
de Guy Debod
d'éléments
esthétiques
préfabriqués
,'5.
Lié au projet
de
révolution
de
la
vie
quotidienne,
il est I'intégration
de
productions
actuelles
ou passées
des arts
dans une
construction
supérieure
du milieu.
Le détournement
à
I'intérieur des sphères
culturelles
anciennes
est une
méthode de propagande
qui témoigne
de
I'usure et de la
perte
d'importance
de ces sphères.
Le détournement
est
un plagiat
qui s'affiche,
critique parfois
sa source
et, par
de
légèresmodifications
internes
de l'image et du
texte
ou dans le contexte dans equel ils apparaissent,produit
un sens
nouveâu.
Le détournement
a r.rn riple
effet: il
dévalorise
a représentation
originale
(texte
ou
image) en
[a
décontextualisant
(les
publicités
et les mises en
scènes
desdiscours
politiques
dans e film
La
Société
u Spectacle
par
exemple)
;
il
réactualised'anciennes
représentations
valables
à leur époque
et encore aujourd'hui
(les
plans
du
film
Le
Cuirassé
Potemhine
d'Eisenstein dans
La Socihé
du
Spectacle ar
exemple).
l se réapproprie
certainesphrases
r5.
Nous verrons dans 'analyse
émiologique détaillée
des ilms qu'il
nest pas
que cela.Toute la communication
moderne est
préfabriquée
et de Zuant-gardesituationniste
\.urs
en mentionner la
source. La théorie révolutionnaire
n'( st
pas affaire
de spécialiste par le détournement,
des
livrrs
inconnus,
des
auteurs
oubliés du spectacle mar-
,lr,rrrd rouvent
une actualité,une efficacité
dialectique.
| ,r
citation,
qui
est
un esclavage, st remplacée
par
la
r,:.rlrpropriation
ssue
u détournement, ui est
une
ibé-
r,rtion.
En cela, e
détournementpermet d'en finir
avec
r()ur(s
otions
de propriété,même artistiques t intellec-
ru, ks.
Il ne faut
plus de r-espect
our
la culture
de
la
',,,, r'té capitaliste, cette culture est devenue a marchan-
,1r,,,
1ui
ait vendre
outes esautres. e détournement
st
,ir,r[ttique:
plus les contextes
uxtaposés
onr distants,
1
lr
., 'cflicacité
est grande.
Quand
deux objetssont rappro-
,lr,ir
pctl importe
leur provenance,
de
nouvelles elations
',,'rrt
r réées. a rencontre
provocatricede merveilleux
des
,rrr
,r.rlistcs
stdépasséeour une organisation
ritique de a
.,u
,rr<rtr
u vivant. De deux formes, a rencontre
d'élé-
,,,,
rrs
ldtournés
rée une troisième orme
qui apporte
,,, ', ' ',,rrvclle
onscience. arexemple,a
phrase e Robes-
1,r,
r,
,,
' irhique
était dans es ivres
de philosophie, ous
z3
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inErnaliunlel[nlhnnisE
afie dEtu Aabai
Ftbwat
r d. ah'idmL&4ndid&
lt'fr ,957
Introduction aa cinlma
de Guy Debord...
2t
I
rrvons ntroduite
dans e
gouvernementdes nations
,
,l itc
sur f image de Robespierre
st un document
histo-
r rlrre
à contempler passivement.
i, grâceà a déconnexion
|
ge-son-texte,
le texte
est mis dans la
bouche de
l,r
olétaires
amionneurs éunis
dans un bar
quelconque,
l.r
phrase
de Robespierre retrouve
sa véritable
portée
' , ' r r r r r re
e
pro lé tar iar asservi
e t muel re t rouve
sa
t,'rscience
séparée ar les
spécialistesont a fait
partie
l(, lrcspierre.
C'est un
document historique
qui, au
' , ' r r . rcrdu présent , eprend ie.
I
r' clétournement
doit provoquer un renversement
:
'l
rcnrct
es choses
ans
a
logique de la lutte
des classes
rl,,rs
que Ie spectacle
ratique une inversion
qui déres-
1
,
rrslbilise
es vrais maîtres
de ce monde et responsabilise
,1,,
plrénomènesabstraits
et dotés d'une
pseudo vie
rrrr,,n()nte.
ar exemple, l ' inverse e ceque e spectacle
,
rr ,
.
riest
pas
'argent
qui parle
dansce monde, c'est e
,,,,,rr,lt
1uiparleà
travers 'argent.Ou : le
détournement
,,,
,r
1'.rs
rrnégation
du srylemais e sryle
de
la
négation,
,
', ' ' 'r, ',
lc
spectacle
e
la
critique n'est
pas
a
critique du
L.] E
A4bE
e* F ryt ætw, hÈn,rm
^ 4rc
n wrut,
/,r,.fta.Â4.r& kùw,a
Ba n de dessi ée deto arnée
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Introduaion
au cinëma de Guy Debnd
spectacle.Ou encore:
ce n'est pas â\/ec
de
l'argent
que
l'on fait de I'art mais
avec de I'aft
que
l'on
peut faire de
l'argent.
Grâce au
détournement, la nouvelle logique
se
substitue volontairement à celle inverséedu spectacleet
intègre
le
point de vue de la lutte
des classesoir les
hommes retrouvent leur
responsabilité
dans
a
marche de
l'Histoire.
Le détournement
est une nouvelle
conscience qui
conserve es traces
de I'outil qui l'a mise
au
jour
; une
consciencehumaine qui maîtrise le fonctionnement réel
de la pensée'6. l
est une conscience
ui ne fige pas es
représentationsmais
remet en
jeu
les
anciennes et n'en
crée pas lui-même.
Lhomme
pense par représentation,
mais la représentation
ne doit
pas enfermer sa penséeni
sesactes.
Jne conscienceartistique
du dépassement
des
anciennes
activités et pensées humaines
séparées
par
l'ordre marchand.
lJne conscience
politique qui n est
pas
16. Srratégiepoursuivanr
les rravaLx des surréalisres
écrirure
automatique,
cadavres xquh,
arc),
qui
eux-mêmesse voulaient
à
la
suite des héoriespsycha,
nalytiques
de Sigmund Freud.
et
de I'auant-garde situationniste
27
.rrrscrvice
de la lutte
des classes,mais participe à la lutte
rlts
classes
ans
la
culture. La première expropriation-
r il
ppropriation communiste
effective dans a culture. La
rlrrrorie
u détournement contient un message évolu-
ti,rrrnaire;
e spectacle
st une nversionquotidienne
que
|
, ' r r
peutsans r tendre enverser
ci e t mainrenant.