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7/21/2019 IC44 http://slidepdf.com/reader/full/ic445695d0591a28ab9b02921b6f 1/68    D    é   c   e   m    b   r   e    2    0    1    5    /    J   a   n   v    i   e   r    2    0    1    6   -    N    °    4    4    /    4    5 GRANDS CHANTIERS  AGRICULTURE ENERGIE MINES INDUSTRIE SERVICES FINANCE CAMEROUN INVESTIR AU M. Snoussi : « la présence industrielle tunisienne au Cameroun gagnerait à être accrue » La production pétrolière est projetée à 34,6 millions de barils en 2016 JEUNES, MANAGERS, INVENTIFS ET COMPÉTENTS, ILS FONT LA FIERTÉ DU CAMEROUN
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Mar 05, 2016

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investir au Cameroun
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   D   é  c  e  m   b  r  e   2   0   1   5   /   J  a  n  v   i  e  r   2   0   1   6  -   N   °   4   4   /   4   5

GRANDS CHANTIERS

 AGRICULTURE

ENERGIE

MINES

INDUSTRIE

SERVICES

FINANCE

CAMEROUN

INVESTIR AU

M. Snoussi : « la

présence industrielle

tunisienne au Cameroun

gagnerait à être accrue »

La production

pétrolière est projetée

à 34,6 millions de

barils en 2016

JEUNES,

MANAGERS,INVENTIFS ETCOMPÉTENTS,

ILS FONT LAFIERTÉ DUCAMEROUN

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L’APPLICATION SUR IPHONE, IPAD ET ANDROID

Retrouvez

chaque jourl’actualitééconomiquedu Cameroun

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-3-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

Le fort potentiel humain

Yasmine Bahri-Domon,

directrice de la publication

Le dynamisme de la jeunesse d’un pays se mesure par sa capacité

à se régénérer, à créer, à se prendre en charge, et aussi à tenir hautle pavé économique au sein des structures et autres initiativesdont elle a la responsabilité. Le Cameroun possède en son seinune ressource humaine enviée de tous. Cela se traduit par la pré-sence d’une entité camerounaise à pratiquement chaque strate.C’est ce fort potentiel qui fait la fierté du drapeau vert, rouge,

 jaune, et qui est appelé à jouer et joue un rôle majeur dans ledéveloppement économique du continent et au sein des entre-prises et initiatives mises en place. Cette fierté nationale donneau Cameroun, à travers l’image, la réputation, le parcours, lescompétences, le pouvoir et la fonction de ses dignes fils parse-més à travers le monde, le potentiel et le leadership que joue leCameroun.La vitalité managériale constatée de cette jeunesse camerounaisedémontre que le pays vit un vaste tournant générationnel à latête des petites et moyennes entreprises, au sein des entreprises,et qu’elle est à la pointe de l’innovation et de la créativité. Cetournant générationnel deviendra un enjeu important et mériteune meilleure attention, mais exige aussi la nécessité de soutenirtant que faire se peut ces jeunes entrepreneurs pour que ceux quisouhaitent se lancer en affaires ou ceux qui reprennent les entre-prises existantes puissent prospérer. Il est urgent de capitalisercette matière grise qui fait la f ierté de plusieurs entreprises mon-dialement reconnues. L’avenir économique du Cameroun passeégalement par là. Laisser place à l’inaction, à l’observation pas-sive serait un coup d’arrêt au dynamisme de cette économiquequi se veut prospère et croissante.

Le gouvernement camerounais devrait s’atteler à encouragercette richesse humaine, afin qu’elle ne constitue pas un frein àla croissance économique. Car la fraîcheur économique de cette

 jeunesse permet de créer et de développer de nouveaux marchés,mais aussi de doper la productivité. Il est donc impératif de capi-taliser cette ressource humaine, de transformer et de réaliser cepatrimoine financier qui sommeille avec pour conséquence unmanque à gagner économique important, et un bémol à la créa-tion des richesses et au développement économique.

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-4- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

AU SOMMAIRE

Editeur

Stratline Limited

 Directrice de la publication

Yasmine BAHRI-DOMON

Rédaction

Beaugas-Orain DJOYUM, Ayissi LE BEAU, Mamadou CISSÉ,Muriel EDJO, Brice R. MBODIAM.

Opérateur

Médiamania Sàrlwww.mediamania.pro

Maquette : Jérémie FLAUX, Réalisation web : Christian ZANARDI,Corrections : Xavier MICHEL

Régie publicitaire

[email protected] Cameroun

Albert MASSIMB, [email protected] Tel : 00 237 94 66 94 59 ou 00 237 77 75 13 98

Impression Rotimpres, Aiguaviva, Espagne

Distribution Cameroun

Albert MASSIMB, [email protected] Tel : 00 237 94 66 94 59 ou 00 237 77 75 13 98

INVESTIR AU CAMEROUN

Gratuit – Ne peut être vendu

[email protected] - www.investiraucameroun.com

09 • Un creuset de talents et de compétences

10 • Retrouvé les portraits de : Acha Leke, BonyDashaco, Arthur Zang, Vera Songwe, FreddyTchala, Jean-Paul Melanga, Cyrille Nkontchou,Ferdinand Mouko, Alain Nteff, Tony Smith,William Nkontchou, Patrick Mandengué,Mamadou Touré, Joseph Jean Aouda, Ismaël

Nzoueton, Christian Ngan, Idriss Nguepnang,Alain Nkontchou

19 • « Au Cameroun, lessociétés tunisiennescomptent investirdans le domaine dela santé et des soinsmédicaux  »

25 • Thierry Téné : « Lesagro-industries peuvents’appuyer sur un fortengagement RSE pouraméliorer leur imageet maintenir la paixsociale  »

28 • « En off, Paul Biya me disait  “Monsieur Chinje, vous êteslibre de me poser toutesles questions” »

66 • Le Camerounais BabaAhmadou Danpulloest l’homme leplus riche d’Afriquefrancophonesubsaharienne

33 • Me Akere T. Muna :

au Cameroun,« nous avons desactes de lutte contrela corruption que jetrouve audacieux  »

DOSSIER

 AMBASSADEUR DU MOIS

RSE

INTERVIEW

INTERVIEW LEADER DU MOIS

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-5-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

GESTION PUBLIQUE AGRO

FINANCE

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-6- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

CASTINGEnviron 2 milliards de francs CFA.C’est le montant que Roger NtongoOnguéné, ancien directeur général des Aéroports du Cameroun (ADC), etses co-accusés ont soustrait des caissesde cette entreprise à capitaux publicsentre 2003 et 2007. Pour ces faits de

« coaction de détournement de deniers publics, usage de fauxen écriture de commerce et de banque, fabrication de preuveet prise d’intérêt directe   », l’ancien patron des ADC vient

d’être condamné par le Tribunal criminel spécial à unepeine d’emprisonnement de trente ans. C’est la troisièmecondamnation infligée à l’ancien DG des ADC depuis sonlimogeage le 15 juin 2009. Avec ces trois condamnations,Roger Ntongo Onguéné est, pour l’heure, l’un des plus grosclients de l’opération Epervier, du nom de cette sorte d’opé-ration « mains propres » lancée en 2006 par le chef de l’Etatcamerounais afin de traquer les prévaricateurs de la fortunepublique. Depuis lors, d’anciens DG, ministres et même unancien Premier ministre sont passés à la trappe.

Le Tribunal criminel spécial (TCS), juridiction d’exception mise en place auCameroun pour juger les détourneursde deniers publics, vient de condam-ner Charles Metouck, qui a dirigé laSociété Nationale de Raffinage (So-nara) pendant onze ans, à une peine

d’emprisonnement de quinze ans. Au cours du verdictprononcé le 21 octobre 2015 à Yaoundé, M. Metouck aété reconnu coupable de détournement de deniers publicspour un montant de plus de 500 millions de francs CFA,au moment où il présidait aux destinées de l’unique raffi-nerie du Cameroun. C’est la deuxième condamnation dontCharles Metouck écope en l’espace de deux ans. En effet,depuis le 23 avril 2013, l’ancien DG de la Sonara purgedéjà une peine de neuf ans d’emprisonnement ferme pourdestruction de documents. Quelques mois plus tôt, il avaitété surpris dans son bureau, trois jours après son limogeage,en train de détruire certains documents, avaient reconnusles juges. Des accusations que M. Metouck a toujours niées.

ROGER NTONGOONGUÉNÉ

CHARLES METOUCK 

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Le 13 octobre 2015, les producteurs decacao réunis au sein des unions de GicsEnima et Ugicam, dans la localité deNkoétyé, située à une dizaine de kilo-mètres de la capitale régionale du Sud-Cameroun, ont vendu 60 tonnes de ca-cao à 90 millions de francs CFA. Ce qui

est présenté comme un exploit dans cette contrée a été rendupossible au cours d’une opération de vente groupée du cacaoorganisée sous l’égide de l’Office national du cacao et du café

(ONCC). Selon Michael Ndoping, le DG de l’ONCC, enplus de doper le pouvoir de négociation des producteurs faceaux acheteurs, les ventes groupées «  permettent aux produc-teurs de respecter les bonnes pratiques en matière de fermentation,de séchage et de conditionnement du produit  », toutes choses quiconduisent à obtenir des prix plus rémunérateurs au momentde la commercialisation.

 Afin de prévenir les pénuries et laspéculation pendant les fêtes de find’année, le ministre du Commerce,Luc Magloire Mbarga Atanga, vientd’organiser une série de rencontresavec les opérateurs de diverses filièresde production. Ceci pour s’assurer que

le marché sera régulièrement approvisionné pendant cettepériode de grande consommation. Les opérateurs écono-miques se veulent rassurant, indiquant que les stocks dispo-

nibles devraient largement dépasser la demande. C’est ainside la filière des oléagineux, qui annonce des stocks d’huiles végétales d’environ 40 000 tonnes pour une demandemensuelle qui ne dépasse pas les 12 000 tonnes. Environ70 000 tonnes de poissons congelés sont également dispo-nibles, contre une demande mensuelle de 20 000 tonnes. LeGroupement des professionnels du pétrole (GPP) annoncela mise en circulation prochaine de 50 000 bouteilles degaz domestique pour éviter aux ménagères de recourir auréchaud à pétrole ou au feu de bois pendant les fêtes de find’année.

Séduit par « New Generation », pro-gramme du Conseil interprofession-nel du cacao et du café (CICC) duCameroun visant à rajeunir à la foisla force de production et les planta-tions de cacao dans le pays, la WorldCocoa Foundation (WCF) envisage de

l’étendre aux autres pays producteurs de cacao en Afrique, aannoncé Omer Gatien Malédy. En effet, souligne le secré-taire exécutif du CICC, la WCF a sollicité et obtenu uneautorisation pour implémenter ce programme dans d’autrespays producteurs de cacao en Af rique. Présenté par certainsexperts comme le projet le plus innovant dans la filière cacaoau cours de ces dernières années, « New Generation » faitégalement des émules au sein de la Commission de l’UE. A en croire M. Malédy, l’UE a montré beaucoup d’intérêtpour ce programme d’insertion des jeunes dans la cacao-culture, qui pourrait être un excellent palliatif à l ’émigration vers l’Europe des jeunes Africains des pays producteurs decacao et de café.

La filiale au Cameroun du groupepétrolier français Total vient de lancerle challenge « Startupper de l’année »2016, un concours qui vise « à identi-

 fier, primer et accompagner les meilleurs projets de création ou de développementd’entreprises de moins de deux ans  ». Les

candidats doivent être âgés de 35 ans au plus. Au Cameroun,le challenge « Startupper de l’année » 2016 est parrainé par André Siaka. Président du patronat camerounais pendantdouze ans, André Siaka, qui a été vice-président puis pré-sident par intérim du groupe Ecobank, a dirigé les Brasseriesdu Cameroun, filiale du groupe Castel, pendant 25 ans. « Les

 projets lauréats recevront de Total Cameroun le label Startupperde l’année 2016, une aide financière, un accompagnement pardes partenaires professionnels et une campagne publicitaire dédiée

 pour promouvoir leur produit ou service   », a déclaré ImraneBarry, le tout nouveau DG de Total Cameroun, au cours dela conférence de presse de lancement de ce concours.

MICHAËL NDOPING LUC MAGLOIREMBARGA ATANGANA

OMER GATIEN MALÉDY  ANDRÉ SIAKA

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-8- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

DOSSIER

JEUNES,

MANAGERS,INVENTIFS ET

COMPÉTENTS,ILS FONT LA

FIERTÉ DUCAMEROUN

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-9-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

DOSSIER

Dans les différents classements desuniversités africaines, les universi-tés camerounaises n’apparaissentgénéralement pas. Pourtant, aussibien au sein des multinationalesque des institutions internationalesles plus en vue de la planète, desCamerounais, y compris ceux qui

ont fait leur armes dans les écoles deformation du pays, donnent bien laréplique à leur frères d’Afrique duSud, de l’Afrique anglophone et duMaghreb, des entités du continentafricain dont les universités essai-ment souvent dans les classementsinternationaux.Oui ! En dépit d’un système de for-mation dont personne ne doute qu’ildoit être amélioré, il existe bel et biend’innombrables Camerounais quiallient à la fois talent, compétence,

intelligence et inventivité. Nombred’entre eux ont souvent débuté leurcursus dans un bled reculé du paysavant de se retrouver, généralementgrâce à des bourses de l’Etat, dans lesmeilleures universités du monde, oùleurs compétences leur ont mêmesouvent ouvert les portes de la célé-

brité. Par leurs expériences multi-formes, leurs idées géniales nées del’envie de changer le monde, ils sontdevenus les dignes ambassadeursdu Cameroun dans divers secteursd’activités en Europe, au Camerounmême, aux Etats-Unis, etc. Par leursfaits d’armes, ils contribuent à faireflotter très haut le drapeau trico-lore de leur pays au rendez-vousmondial du donné et du recevoir.Ces porte-flambeaux du Camerounsont autant d’espoirs d’un pays aux

potentialités encore inexploitées,mais dont l’avenir pourrait recé-ler bien des surprises pour les plussceptiques.Dans ce dossier, nous présentons unéchantillon de ces fiertés camerou-naises, aussi bien au sein de la dias-pora que sur le terroir, dans le cadre

d’un casting qui se heurtera certai-nement à la loi de la subjectivité quel’on peut opposer à tous les choix.L’idéal de notre initiative étant da-vantage de rendre hommage, sansexception, à ces jeunes managers,innovateurs, leaders de la sociétécivile ou autres qui, parfois sans lesavoir, construisent quotidienne-ment l’image d’un pays qui chercheencore sa voie dans le concert desnations.

Brice R. Mbodiam

Un creuset de talents etde compétences

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DOSSIER

Acha Leke : le lionindomptable ducabinet américain

McKinseyLions on the move, vous connaissez ? Eh bien c’est unrapport du célèbre cabinet américain McKinsey publiéen 2010 et qui décrypte les économies les plus dyna-miques du continent africain. Parmi les rédacteurs de cerapport, dont une nouvelle édition à paraître est actuel-lement en préparation, se trouve le Camerounais AchaLeke, natif de Fontem, dans la région du Nord-Ouest.Arrivé au siège de la région Afrique subsaharienne deMcKinsey à Johannesburg en 1998 pour un stage, AchaLeke fait désormais partie des 350 consultants quecompte ce cabinet sur le continent noir. Titulaire d’undiplôme en génie électrique de l’Université de Stanford,aux États-Unis, « son esprit d’entreprise et son bilinguismelui ont permis de dépasser des barrières devant lesquellesbeaucoup s’arrêtent  », confie son compatriote CyrilleNkontchou. Chez McKinsey, Acha Leke, 42 ans, a beau-coup travaillé sur l’économie nigériane. Il s’y est mêmeinstallé entre 2010 et 2013 pour des travaux qui ontpermis à l’administration fiscale locale d’augmenter sesrecettes d’environ 420 milliards de francs CFA. Mais cefinancier camerounais est surtout présenté comme l’undes « architectes des plans Émergence du Togo, du Sénégalet du Gabon côté francophone, et de Kenya Vision 2030côté anglophone ».En plus de la finance et de l’économie, Acha Leke

s’intéresse aux questions d’éducation. En effet, avec sonami ghanéen Fred Swaniker, il est l’un des fondateurs del’African Leadership Academy de Johannesburg, qui pré-pare en deux ans une centaine de jeunes issus de 43 paysafricains à intégrer les meilleures universités internatio-nales. « Il y a eu trois générations de leaders africains avantnous : celle de Nyerere et Nkrumah, qui a obtenu les indé-

 pendances et bâti nos États, celle du général Abacha, qui lesa détruits, et celle, actuellement au pouvoir, de Kagamé ou

 Johnson Sirleaf, qui a amené la croissance. C’est désormaisau tour de ma génération. Elle devra apporter la prospé-rité, notamment grâce aux échanges intracontinentaux  »,soutient-il.

Bony Dashaco : lecommunicant passeses messages dans22 pays africainsDepuis 2002, Bony Dashaco est le PDG de l’AfricanCenter for Marketing, Advertising and Research, en abré-gé Acmar Media Group, qu’il détient à 100%. Implantéedans 22 pays de l’Afrique centrale et de l’Ouest, l’agenceAcmar est l’une des premières agences indépendantes en

conseil media en Afrique francophone.Fort de cette implantation qui ne cesse d’accroître sanotoriété sur le continent, ce communicant camerounaisrêve désormais de développer sa boîte de communi-cation, de manière, apprend-on, à pouvoir tutoyer lesagences de grande renommée qui dictent encore leurloi sur le marché africain. Au regard des performancesréalisées ces dernières années, ainsi que des perspec-tives qui s’offrent à son entreprise de communication,Bony Dashaco figure, depuis 2014, dans le classementChoiseul des 100 leaders africains de demain. Classé35ème en Afrique, le PDG d’Acmar Media Group est le2ème Camerounais du classement.

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-11-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

DOSSIER

Arthur Zang a reçu, le 2 juillet 2015 à Yaoundé, lamédaille de Chevalier de l’Ordre national de la valeur. Ilest ainsi devenu, à 28 ans, l’un des plus jeunes détenteursde cette distinction honorifique de l’Etat camerounais. Lamédaille était accompagnée d’un chèque de 20 millionsde francs CFA représentant la prime spéciale d’encoura-gement du chef de l’Etat.Cet argent, a-t-on appris, devait permettre au jeuneinformaticien de finaliser la production des cent pre-miers exemplaires de son Cardiopad, la première tablettemédicale africaine permettant de réaliser des examensdu cœur et de transmettre les résultats à distance, qui aété mise au point grâce à l’ingéniosité de ce diplômé del’Ecole polytechnique de Yaoundé. Bien que courtisé pardes industriels et des banquiers souhaitant participer àla production et à la commercialisation de cet appareil,Arthur Zang a décidé de mettre ces premiers exem-plaires à la disposition des hôpitaux de son pays, déjàauréolé par son invention. Laquelle invention lui a valud’être désigné, le 24 juin 2014 à Londres, parmi les cinqlauréats du « Prix Rolex à l’esprit d’entreprise 2014 ».1800 candidats à travers le monde avaient participé à ceconcours. En 2015, l’inventeur du Cardiopad, qui figuredans le classement Choiseul des leaders africains de

demain depuis 2014, était parmi les dix nominés pour leprix 2015 de l’Innovation pour l’Afrique, sur 925 candi-datures reçues de 41 pays africains. Cette autre compéti-tion était organisée par l’African Innovation Foundation(AIF). Au cours du Forum Afrique-développement orga-nisé en février 2015 à Casablanca, au Maroc, la sociétéHimore Medical, start-up à travers laquelle Arthur Zanga développé son Cardiopad, a également reçu le trophéede l’entrepreneuriat dans la catégorie « Innovation ».Autant de distinctions qui n’émeuvent cependant pas cepolytechnicien, plus que jamais concentré sur son objec-tif : pallier l’insuffisance des cardiologues en Afriquegrâce à la technologie.

Directrice des opérations de la Banque mondiale (BM)pour le Sénégal, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissauet la Mauritanie depuis 2011, Vera Songwe, de nationalitécamerounaise, est depuis cette année 2015 la nouvelledirectrice régionale de la Société financière internatio-nale (SFI) pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.A son nouveau poste, même si elle continuera de

collaborer avec les autorités gouvernementales sénéga-laises qui ne semblaient pas trop apprécier sa rigueuren sa qualité de directrice des opérations de la BM, VeraSongwe aura davantage le secteur privé comme principalinterlocuteur, la SFI étant la filiale de la BM spécialiséedans le financement du secteur privé. Entrée à la BMen 1998, cette Camerounaise figure dans le classementChoiseul 2014 des leaders africains de demain qui, selonl’Institut Choiseul, « identifie ces femmes et hommes dequarante ans et moins qui s’engagent sur le chemin de laréussite et dont l’ambition est d’amener l’Afrique au plushaut degré de son développement économique, social etculturel  ».

Arthur Zang a conçule Cardiopad, lapremière tablette

médicale africaine

Vera Songwe sur unpiédestal à la Banquemondiale

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-12- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

DOSSIER

Le jury des African Telecom People (ATP Awards), quirécompense les entités et personnalités qui se sont dis-tinguées dans le secteur des télécommunications, a renduson verdict le 8 octobre 2015 à Abidjan, en marge de la11ème édition du forum ATP. C’est le Camerounais FreddyTchala, DG de MTN Côte d’Ivoire depuis juin 2015, quia été désigné meilleur manager africain des télécomsde l’année 2015. Mais c’est son leadership à la tête de lafiliale de MTN au Congo Brazza qui a été récompensé, aprécisé le président du jury.Au sein du groupe MTN, Freddy est le principal porte-étendard du Cameroun. En Côte d’Ivoire, où il dirigel’entreprise leader des télécoms dans le pays, il sera àson troisième poste de DG chez l’opérateur télécomsud-africain. Il a notamment été DG de MTN en Guinéeentre 2008 et 2011. Après son séjour en Guinée, il estmuté au Congo Brazza, puis finalement en Côte d’Ivoire.Mais avant d’entamer ce périple africain, Freddy Tchalaa fourbi ses armes au sein de la filiale de MTN dansson pays d’origine pendant six ans et quatre mois. Il y a

occupé le poste de directeur marketing pendant trois ans,après avoir été tour à tour Trade Marketing Manager  etCustom Segment Manager .Diplômé de l’Université catholique d’Afrique centrale(UCAC) de Yaoundé, où il a étudié le marketing, lessciences sociales, les finances et l’économétrie, FreddyTchala a commencé à travailler pour la British AmericanTobacco. Il y a occupé le poste stratégique de BrandManager entre 1999 et 2002. « Freddy est un managerexemplaire, qui maîtrise les techniques de communicationet le marketing, sans oublier son leadership et son intelli-

 gence très fine », soutient Sekou Mohamed, l’un de sescollaborateurs à MTN Guinée.

Presque inconnu dans son pays, Jean-Paul Melanga,39 ans, est pourtant le premier Camerounais (et 19ème au plan continental) dans les classements 2014 et 2015des 100 jeunes leaders africains de demain dressé chaqueannée par l’Institut Choiseul. Actuellement directeurgénéral chez Whitestone Finance, ce jeune Camerounaisvit à Londres depuis quinze ans.Il a notamment occupé le poste de responsable du DeskAfrique de la Bank of Tokyo Mitsubishi entre 2002 et

2015. A ce titre, il a géré « un portefeuille de 3 milliardsde dollars (environ 1500 milliards FCFA, ndlr) investis en Afrique », a-t-il récemment déclaré lors du prestigieuxforum de Crans-Montana, au cours duquel il est interve-nu. Pour rappel, les critères de sélection des participantsà ce forum sont principalement la qualité du parcoursprofessionnel et l’expérience en matière de leadership.Dans son pays, le Cameroun, il a construit une écoleet investi dans certains autres projets. Selon Jean-PaulMelanga, avant de construire des entreprises en Afrique,il faut préalablement avoir investi dans les infrastructuresde base prioritaires telles que l’eau, l’électricité, l’internet,etc., qui manquent encore cruellement au continent noir.

Freddy Tchala : untélécommunicant trèsen vue chez MTN

Jean-PaulMelanga a géréun portefeuille de1500 milliards FCFA

à Bank of TokyoMitsubishi

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-13-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

DOSSIER

CyrilleNkontchou metle private equity

au service del’éducation enAfriqueBasée à Johannesburg et à Londres, la société de ges-tion d’actifs Enko Capital Management, fondée par lefinancier camerounais Cyrille Nkontchou, a annoncé le2 mars 2015 que son fonds dédié à l’Afrique Enko AfricaPrivate Equity Fund (EAPEF) a pris une participationminoritaire dans le groupe de services financiers zam-bien Madison Financial Services PLC.Lancé en juin 2014, Enko Africa Private Equity Fund estspécialisé dans l’investissement dans des compagniesprivées arrivées à un stade de maturité couvrant un largespectre de secteurs économiques en Afrique. Diplôméde science po Paris et titulaire d’un master obtenu àHarvard en 1997, Cyrille Nkontchou et son frère, AlainNkontchou, sont parmi les premiers Africains à s’êtrefrottés au marché financier à Londres. Ancien analystechez Andersen Consulting en France, puis chez MerrillLynch à Londres, Cyrille Nkontchou a lancé en janvier2014 Enko Education Investments pour améliorer laqualité de l’éducation en Afrique. « Sur cinq ans, nous

voulons investir entre 30 millions (15 milliards FCFA)et 40 millions de dollars (20 milliards FCFA) dans desécoles privées pour bâtir un véritable groupe consacré àla formation des enfants de la classe moyenne africaine »,confie-t-il.En plus du Amazing Grace Private School, une écolesud-africaine dans laquelle Enko Education Investmentsa réalisé son premier investissement, la branche éduca-tion d’Enko Capital compte également dans son porte-feuille le groupe scolaire La Gaieté, bien connu dans lacapitale camerounaise. Ce groupe scolaire qui compteparmi les plus prestigieux du pays a été fondé par JustineNkontchou, la génitrice du fondateur d’Enko Capital.

Ferdinand Mouko enpole position chezDanoneFerdinand Mouko est depuis cette année le CountryManager de Danone Côte d’Ivoire. Ce quadra dirigeainsi la plus grosse filiale en Afrique subsaharienne dugroupe Danone, le leader mondial des produits laitiers.Une nomination qui a provoqué son entrée dans leclassement Choiseul 2015 des 100 leaders africains de

demain, où il arrive au 99ème

 rang.Avant son nouveau poste, ce diplômé de l’Essec deDouala, la première école publique de commerce duCameroun, était le Country Manager de Danone auCameroun, son pays, poste qu’il occupait depuis 2010.Avant d’intégrer le groupe Danone, ce titulaire d’unMBA en business, management, marketing and relatedsupport services a travaillé chez Nestlé. En effet, pendantplus de trois ans, Ferdinand Mouko a été le BrandManager de la marque Nescafé  au sein de la directionpour l’Afrique centrale et de l’Ouest du groupe agroali-mentaire suisse. Auparavant, entre 2008 et 2010, il a offi-cié comme directeur des ventes chez Nestlé Cameroun.

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-14- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

DOSSIER

Alain Nteff : uninformaticien auchevet des femmesenceintesJeune camerounais de 23 ans, Alain Nteff a décrochéle « Prix de la jeune entreprise africaine » décerné àl’occasion du New York Forum Africa (NYFA), quis’est déroulé à Libreville, la capitale gabonaise, du 28au 30 août 2015. Grâce à cette distinction, ce jeuneingénieur informaticien a empoché une récompense de50 000 euros, soit environ 32,7 millions de francs CFA,pour développer son projet GiftedMom, qui l’a révéléaux yeux du monde en 2014.En effet, cette année-là, Alain Nteff figure parmi leslauréats du Prix Anzisha, un concours internationalau terme duquel sont primés de jeunes entrepreneursafricains âgés de moins de 22 ans et qui ont développéet mis en œuvre des solutions innovantes face aux défissociaux, ou qui ont initié des entreprises prospères ausein de leurs communautés. Baptisée GiftedMom, la

trouvaille du jeune Alain Nteff est une application grâceà laquelle des SMS sont envoyés aux femmes enceintesdes zones rurales afin de leur rappeler les dates de leursrendez-vous pour les visites prénatales dans les hôpitaux.Grâce à ce service, le nombre de décès suite à des accou-chements a considérablement diminué dans les zones oùle projet est implémenté. Le sacre au Prix Anzisha avaitpermis au jeune promoteur de la start-up GiftedMom departiciper, en 2014, au World Economic Forum (WEF),la grand’messe des opérateurs économiques du mondeentier. Au cours de cette rencontre, il avait pu nouer unpartenariat avec la firme agroalimentaire Nestlé, qui estdevenue le « premier client  » de sa start-up, précise-t-il.

Tony Smith rêve decréer 20 000 emploisgrâce à ses tabletteset logicielsClassé 72ème dans le top 100 de l’année 2015 des leadersafricains de demain par l’Institut Choiseul, Tony Smithest un jeune camerounais qui voit très grand. A traversLimitless Corporation, une start-up spécialisée dans laconception de tablettes, logiciels et smartphones, qu’ila fondée et dont il est le PDG depuis 2011, il rêve deconquérir l’Afrique.Installé aux Etats-Unis, cet ancien chef de projets chezMicrosoft (2009-2011) ambitionne de créer 20 000 em-plois en Afrique sur le moyen terme grâce à ses produits

informatiques. Au rang de ceux-ci se trouve le LimitlessMind Tab 3G, qu’il définit lui-même comme « un mini-ordinateur portable lancé en 2011 qui est combiné avecun smartphone, le tout dans un format réduit. C’est un

 produit qui est dessiné et pensé au Cameroun. Je souhaiteen faire une marque et un label camerounais. » Pendantle Salon Promote 2011 à Yaoundé, Tony Smith avoueavoir vendu 600 exemplaires de ces tablettes, qui sontégalement présentes sur le marché au Congo Brazza.Unique actionnaire de Limitless Corporation jusqu’ici,Tony Smith, dont les appareils sont en phase de test pourle marché européen, dispose d’équipes au Cameroun, enChine, à Hong Kong et aux États-Unis.

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-15-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

DOSSIER

Comme ses frères Cyrille et Alain, William Nkontchouest également un financier de haut vol. Depuis 2011(il n’avait alors que 38 ans), il dirige le bureau parisiend’Emerging Capital Partners (ECP), l’un des leaders de lagestion de fonds d’investissement dédiés à l’Afrique, avecun encours sous gestion de 1,8 milliard de dollars (prèsde 1000 milliards FCFA).L’équipe dirigée par ce financier camerounais, quiparticipe activement à la recherche d’opportunités, àla structuration, à la réalisation et au monitoring desinvestissements pour ECP depuis 2008, « cumule uneexpérience réussie de plus d’une décennie dans le domainedu capital-investissement, à travers plus de 50 prises de

 participations dans plus de 45 pays africains ». Une per-formance que William Nkontchou doit a un parcours ex-ceptionnel dans le domaine de la finance européenne. En

effet, titulaire d’un MBA de la Harvard Business Schoolet double diplômé de l’Ecole polytechnique et de l’Ecoledes mines de Paris, ce natif de l’Ouest-Cameroun débutesa carrière chez General Electric. Ensuite, il travailleratour à tour pour Merrill Lynch Investment Banking àLondres, qu’il a rejoint en 2001, puis pour Sindicatum,une banque d’affaires londonienne qu’il quittera pourECP. « Les fonds de pension américains, qui ne savent passituer les pays africains sur la carte, ont déjà pris la décisiond’y investir. J’ai espoir de voir un jour les investisseursinstitutionnels européens, qui, eux, connaissent la région,

 prendre le même chemin », confiait William Nkontchou àLes Echos en 2011, confiant en l’avenir de son continent.

A moins de 40 ans, Patrick Mandengué a déjà connuquatre multinationales. D’abord le groupe agroalimen-taire suisse Nestlé, au sein duquel son bail fut très court.Ensuite le groupe télécom MTN International, dontla filiale camerounaise l’emploiera pendant neuf ans.Enfin, il déposera ses valises chez le Britannique Diageopendant trois ans, avant de rejoindre Unilever, firmeprésente dans plus de cent pays dans le monde, et dont ilest actuellement le directeur pour l’Afrique centrale.Au sein de cette multinationale anglo-néerlandaise, quide par son volume des ventes est le 4ème acteur mon-

dial de l’agroalimentaire derrière Nestlé, PepsiCo etMondelēz International, Patrick Mandengué assure ladistribution des marques de grande consommationtelles que Signal, Lipton, Amora, Skip, Cajoline, Rexona,Fruit d’or, Omo, Axe, Knorr… Diplômé de l’UniversitéCornell (Johnson Graduate School of Management) etde l’Université de Pennsylvanie (The Wharton School),Patrick Mandengué, qui a également obtenu une certifi-cation du célèbre Massachusetts Institute of Technology(MIT), est aussi un produit de l’Université de Douala(1997-2000). En 2015, il est apparu sur la liste subsidiairedes leaders africains de demain, dressée par l’InstitutChoiseul.

William Nkontchou :un as de la nance

chez EmergingCapital Partners Patrick Mandengué

booste les ventes

chez Unilever

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-16- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

DOSSIER

Ancien responsable des investissements de la Sociétéfinancière internationale (SFI) pour l’Afrique subsa-harienne, Mamadou Touré a quitté cette filiale de laBanque mondiale dédiée au financement du secteurprivé pour se consacrer à Africa 2.0, qu’il a fondée etlancée en 2010. Cette organisation de la société civilepanafricaine ambitionne de se constituer en une véri-table coalition de leaders africains pour la transforma-tion du continent noir.Aussi, ce dernier ne cesse-t-il de parcourir le mondepour plaider la cause de l’Afrique. « Seuls 2% des projetsd’énergie ont abouti en Afrique, tandis que 10% ontabouti aux Etats-Unis », a regretté M. Touré le 26 octobre2015 à Abuja lors du World Pension Summit Africa.Au cours de cette rencontre sur les investissements parles fonds de pensions, Mamadou Touré a plaidé pourqu’une portion des 500 milliards de dollars disponiblespour les fonds de pension africains soit investie dans ledéveloppement des infrastructures sur le continent noir.

A côté de ces activités de lobbying au sein de la sociétécivile panafricaine, Mamadou Touré, ancien de KPMGFrance et un temps expert des fusions-acquisitions chezFortis en France, figure dans le classement Choiseul des100 leaders africains de demain depuis 2014. Il est aussile PDG d’Ubuntu Capital, une firme de conseil en inves-tissements orientée vers l’Afrique. Au cours des quinzedernières années, a-t-on appris lors du World PensionSummit Africa, Mamadou Touré a « travaillé sur desmissions de conseil et diverses opérations d’investissementdans plus de 26 pays africains » pour une valeur totale destransactions dépassant les 30 milliards de dollars, soitplus de 1500 milliards de francs CFA.

Projet titanesque, coûts pharaoniques. La constructionde la boucle ferroviaire ouest-africaine se décrit unique-ment au superlatif. Normal pour un chantier sur lequelle groupe Bolloré investira environ 1650 milliards defrancs CFA sur dix ans. Au cœur de cette infrastructureferroviaire longue de 2700 km et reliant cinq pays ouest-africains (Côte d’Ivoire, Togo, Burkina Faso, Niger etBénin) se trouve un ingénieur de génie-civil de nationa-lité camerounaise. Son nom : Joseph Jean Aouda.Depuis juin 2014, alors qu’il occupait le poste dedirecteur des installations fixes chez Bolloré Africa

Logistics Cameroun (BAL), il a été désigné « responsabledes travaux ferroviaires dans le cadre de la constructionde la boucle ferroviaire de l’Afrique de l’Ouest  ». Sur lesdifférents chantiers de cette boucle ferroviaire baptisée« Blue line », ce diplômé de l’Ecole nationale supérieuredes travaux publics (ENSTP) et titulaire d’un MBA deFrance Business School coordonne des équipes de plusde 1000 personnes au quotidien. Avant de rejoindre la fi-liale camerounaise de BAL, Joseph Jean Aouda a d’abordtravaillé pour la fonction publique camerounaise, qu’il aensuite quittée pour Camrail, une autre filiale du groupeBolloré qui gère la concession du chemin de fer auCameroun depuis 1999.

Mamadou Touré

rêve d’une Afriqueconstruite par lesAfricains

Joseph Jean Aouda :le Camerounaisqui construit laboucle ferroviaire

ouest-africaine

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-17-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

DOSSIER

Ismaël Nzoueton et« Sara » facilitent lavie aux entreprises

par un simple clicIl n’a que 33 ans. Il fait partie de la première promotionde l’Institut universitaire des technologies (IUT) FotsoVictor de Bandjoun, dans l’Ouest du Cameroun, oùil a obtenu un DUT en génie télécom et réseau avantde poursuivre ses études à l’Université de Paris XIII,en France, à partir de 2002. Aujourd’hui, il est le PDGd’I-Dispo, une start-up lancée en 2010 qui propose desservices de conciergerie et offre une nouvelle générationd’assistant de vie personnelle nommé « Sara ».Ce projet a été mis en place après que ce télécommuni-cant camerounais a passé quatre mois de stage intensifau Founder Institute, situé dans la Silicon Valley, aux

Etats-Unis. Il venait alors d’être lauréat du Prix nationalde la stratégie en France. En 2011, sa start-up a été dési-gnée comme offrant « le service le plus innovant de l’an-née » à l’occasion du Grand Prix de l’innovation de Paris,organisé par la mairie de cette ville. Ancien employé chezMicrosoft et British Telecom, Ismaël Nzouéton, qui estsur la liste subsidiaire des leaders africains de demain,se consacre désormais uniquement à sa start-up qui estprésente en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis. A forced’innovation et d’efficacité, I-Dispo compte aujourd’huidans son portefeuille des clients tels que Microsoft,Renault, SFR, Avril, Orange, MTN et Airtel. Depuis 2012,la start-up I-Dispo a ouvert une filiale au Cameroun.

Christian Ngan : roides cosmétiquesmade in Africa Né en 1983, Christian Ngan est un industriel doubléd’un financier. Il est le PDG de Madlyn Cazalis Group,une entreprise qui conçoit et fabrique des produits debeauté naturels à base de matières premières africaines.Madlyn Cazalis Group opère en Afrique centrale avecplus de cinquante distributeurs (pharmacies, institutsde beauté et points de vente). Il détient aussi GoldskyPartners, filiale de Madlyn Cazalis spécialisée dansl’accompagnement stratégique et financier d’entreprisesafricaines.Avant de lancer son propre groupe, qui est égalementprésent dans l’immobilier, Christian Ngan a d’abordtravaillé pour la Société Générale, puis comme directeur

d’investissement chez Findercod, une banque d’inves-tissement parisienne qu’il avait rejointe après des étudesà Panthéon Assa, puis Panthéon Sorbonne. En 2014 et2015, ce jeune homme d’affaires camerounais a été dési-gné par le magazine américain Forbes comme l’un des30 jeunes entrepreneurs les plus prometteurs en Afrique.Depuis 2014, il est sur la liste subsidiaire du Choiseul desleaders africains de demain. Récemment désigné « JeuneBusiness Leader » de l’année en Afrique de l’Ouest,Christian Ngan figure également dans le top 35 del’année 2014 des jeunes hommes d’affaires de moins de35 ans dressé par Young People In International Affairs(YPIA).

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-18- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

DOSSIER

Idriss Nguepnangrêve son Tchop etYamo en Mc Donald’scamerounais« On m’a demandé ce que je dirais à Bill Gates si je le croi-sais. J’ai répondu que je lui ferais goûter notre “beignet-haricot” pour savoir ce qu’il en pense », a confié IdrissNguepnang à Le Monde Afrique. Après avoir travaillé enFrance, en Allemagne et en Suisse, ce Camerounais de 38ans est rentré dans son pays et a décidé de lancer Tchop et Yamo (« mange et savoure » en argot local, ndlr) en

 juin 2011.Il s’agit d’une chaîne de fast-food présente à Douala etYaoundé, les deux principales villes du Cameroun. Dansces restaurants rapides, le menu principal est le beignet-haricot-bouillie (BHB), une recette locale très priséeque les boutiques Tchop et Yamo ont sorti des rues desgrandes métropoles et des villages pour des espacesmodernes, bien décorés et dotés d’une connexion wifigratuite. Depuis l’ouverture de ces espaces, la mayon-naise des recettes semble bien prendre, au point où lepromoteur de ce concept rêve désormais d’une expan-

sion de son activité à une vitesse exponentielle. En effet,Idriss Nguepnang ambitionne désormais de créer unenouvelle boutique tous les trimestres, sur une durée dehuit ans. Ce qui fait au total 32 boutiques qui emploie-ront chacune vingt personnes. Calculette en main, leplan d’expansion de Tchop et Yamo devrait créer plusd’un demi-millier d’emplois au cours de la prochainedécennie, contre 70 salariés actuellement. Pour réaliserce rêve, le promoteur du McDonald’s camerounais négo-cie l’ouverture de son capital à la Société Africaine deParticipation (SAPA), une entreprise d’investissementscontrôlée par le groupe bancaire camerounais AfrilandFirst Bank.

Alain Nkontchou : le

banquier panafricainAîné de la fratrie Nkontchou, au sein de laquelle ondénombre quatre financiers dont la sœur Mireille, c’estAlain Nkontchou qui a inoculé le virus de la financeà ses frères William et Cyrille. Fort d’une grosse expé-rience acquise depuis plusieurs années dans les milieuxde la finance londonienne, Alain Nkontchou siègedepuis juin 2015 au conseil d’administration d’EcobankTransnational Incorporated (ETI), maison-mère dugroupe bancaire panafricain Ecobank.A 51 ans, il est directeur général d’Enko CapitalManagement LLP, une société de gestion d’actifs surles opportunités d’investissement en Afrique basée à

Londres et Johannesburg et cofondée avec son frèreCyrille Nkontchou. Ancien directeur général de MacroGlobal Trading Group au Crédit Suisse à Londres, AlainNkontchou est parmi les premiers Africains à s’être lancésur les marchés des capitaux dans la City londoniennedans les années 80. Ce financier, qui est le deuxièmeCamerounais à siéger au conseil d’administration d’ETIaprès le célèbre André Siaka, a fait des études supérieures(Université de Paris VI, Supélec et Ecole supérieurede commerce de Paris) en génie électrique, finances etcomptabilité. Il a été directeur général chez JP MorganChase & Co, toujours à Londres. Il n’avait alors quetrente ans.

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-19-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

 AMBASSADEUR DU MOIS

Rencontre avec JalelSnoussi, le nouvelambassadeur de Tunisieau Cameroun, quiexplique pourquoi lesecteur camerounais de la santé intéresse tant lesentreprises tunisiennes.Il en profite pour dresser

 l’état de la coopérationentre les deux pays.

Investir au Cameroun : Les labora-toires tunisiens Teriak vont relan-cer la production du laboratoirecamerounais Cinpharm à Douala,dont ils ont pris le contrôle. Quelleexpérience la Tunisie pourrait-elleapporter au Cameroun dans cedomaine ?Jalel Snoussi : Les LaboratoiresTeriak, filiale du groupe Kilani, qui

est un acteur majeur de l’industriepharmaceutique tunisienne, ontdéjà posé le pied au Cameroun eninvestissant dans deux grands pro-

 jets à Douala. Le premier d’ordreindustriel, en rachetant l’usine deproduction de produits pharma-ceutiques Cinpharm. Et le deuxièmeà vocation commerciale, en inves-tissant dans une unité de commer-cialisation de produits cosmétiques.Ces deux unités seront inauguréessous peu. Donc, l’implantation in-

dustrielle et commerciale de Teriakau Cameroun n’est pas une perspec-tive, mais bel et bien une réalité. Et

 je crois savoir que ses responsables

ne comptent pas s’arrêter en si bonchemin. Une réflexion est menéesur d’autres projets, au Camerounou dans la sous-région, dans lessecteurs de la production et la dis-tribution de produits pharmaceu-tiques ainsi qu’au niveau de la pro-motion médicale. Déjà, le groupeprojette de mettre en place, à terme,une deuxième unité de commercia-lisation de produits cosmétiques àYaoundé. Les investissements dugroupe Kilani ont donc ouvert la

voie, ce qui est de nature à inciterd’autres entreprises tunisiennes às’installer au Cameroun et à investiren coopération avec des partenaires

camerounais. Dans le même secteurou dans d’autres, l’éventail des pos-sibilités sectorielles étant large. IC : Quelle est la particularitéde l’industrie pharmaceutiquetunisienne ?JS : L’industrie pharmaceutique estdéveloppée et florissante en Tunisie.Son expertise et son savoir-fairedans ce domaine sont reconnusà l’échelle mondiale, dans ce sensoù le pays exporte partout dans le

« Au Cameroun, les sociétés

tunisiennes comptent investir

dans le domaine de la santé

et des soins médicaux  »

« Sur le planpolitique, onpeut objec-tivementconstaterque laconcertationn’est pasau mêmeniveauque lacoopérationéconomiquebilatérale. »

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-20- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

 AMBASSADEUR DU MOIS

monde selon les normes interna-tionales, dont le niveau d’exigenceest souvent drastique. La Tunisiedispose de quarante unités de pro-duction en matière de médecinehumaine et de six unités dans le sec-teur de la médecine vétérinaire. Laproduction locale, publique ou pri-vée, couvre 60% des besoins natio-naux. La réputation des soins médi-caux en Tunisie s’appuie sur troisprincipaux piliers : le savoir-fairemédical associé à la qualité des ser-vices, le coût comparatif moindreavec la garantie de soins de hautniveau, et l’infrastructure hospita-

lière de pointe. En effet, en termesd’infrastructures, la Tunisie compte85 cliniques hautement équipées etqualifiées disposant de plus de 4200lits et accueillant plus de 400 000patients chaque année pour diverstypes de soins médicaux, dont 80%d’Africains et 20% d’Occidentaux,notamment européens. Sans comp-ter qu’à ce jour, compte tenu de tousles atouts susvisés, la Tunisie est lapremière destination en Afrique enmatière de services de santé, leadermondial dans la chirurgie cardiaqueainsi qu’un haut lieu de la chirurgieesthétique.

IC : Pourquoi la Tunisie se dis-tingue-t-elle dans ce domaine parrapport à d’autres pays ?JS : De plus en plus d’Africains,

 y compris des Camerounais, sedéplacent en Tunisie pour se fairesoigner, étant assurés de recevoirdes soins médicaux de qualité avecdes coûts nettement moindres parrapport à ceux appliqués en Europe

par exemple. Les perspectives decoopération entre la Tunisie et leCameroun dans le secteur de lasanté, surtout en matière d’investis-sement, de partenariat et de forma-tion, sont potentiellement riches, etil importe, de part et d’autre, de va-loriser et de concrétiser. L’intérêt estcommun. Ceci dit, d’autres inves-tisseurs dans le domaine pharma-ceutique sont intéressés par le mar-ché camerounais pour peu que despartenaires soient disposés à coo-

pérer et à identifier conjointementles créneaux et les opportunitésde joint-ventures. Par conséquent,la Tunisie s’appuie sur une solideexpérience et un avantage compa-ratif en matière d’industrie phar-maceutique dont le Cameroun esten mesure de tirer profit en termesde coopération, de partenariat oud’investissement. La maîtrise de latechnologie pharmaceutique, fruit

de plus de trente ans d’accumula-tion de savoir et d’expérience, placeaujourd’hui la Tunisie au premierrang africain dans ce secteur.

IC : L’on constate que les entre-prises tunisiennes actives dans ledomaine de la santé s’intéressent deplus en plus au Cameroun depuisces deux dernières années. Votrepremière sortie officielle en tantqu’ambassadeur au Cameroun ad’ailleurs été lors des Journées pro-fessionnelles de la santé que votrepays organisait au Cameroun.

Qu’est-ce qui explique cet attraitdes professionnels tunisiens de lasanté pour le Cameroun, d’après

 vous ?JS : En organisant les Journées pro-fessionnelles tunisiennes dans ledomaine de la santé au Cameroun,en juin 2015, respectivement àYaoundé et Douala, l’objectif aconsisté à identifier les oppor-tunités de coopération, à établirun cadre de partenariat entre lesprofessionnels tunisiens et came-

rounais de la santé, et à concluredes accords de commercialisationde services, d’équipements et deproduits, dans l’intérêt réciproquedes deux parties. Il a été questionaussi d’explorer les opportuni-tés d’investissement, de favoriserl’échange d’expériences, de pros-pecter de nouvelles pistes de coopé-ration mutuellement avantageuseset d’examiner les possibilités de

formation, de recyclage et de per-fectionnement pour les étudiantset jeunes médecins camerounais,ainsi que de mettre l’expertise et lesavoir-faire de la Tunisie en matièrede soins médicaux à la dispositiondu Cameroun. Le principal objectifétant d’installer, dans la durée, uneplateforme de coopération et departenariat entre les professionnelset les établissements tunisiens etcamerounais opérant dans le sec-teur de la santé. En tout cas, rienque le fait que les professionnels desdeux pays se rencontrent est déjà un

palier franchi. On ne peut pas par-ler de coopération sans un premiercontact. Ce qui a été fait et bien fait.Il revient maintenant aux profes-sionnels de transformer l’essai et deconcrétiser sur le terrain. Donc, lamission a balisé la voie, ce qui est unsuccès en soi.

IC : Précisément, comment évaluez- vous la coopération Cameroun-Tunisie sur les plans économique etpolitique ?

« Les investissements du groupe Kilani

ont ouvert la voie, ce qui est de nature àinciter d’autres entreprises tunisiennesà s’installer au Cameroun et à investiren coopération avec des partenairescamerounais. » 

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-21-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

 AMBASSADEUR DU MOIS

JS : D’abord, sur le plan écono-mique, les relations sont en pro-gression en matière d’échangecommercial, d’investissement et deprospection de marché. De part etd’autre, il y a une volonté d’allervers l’avant, de dynamiser les rap-ports et d’élargir le cadre de coopé-ration. Mais, à ce stade, le constatreste mitigé. Le potentiel surtoutcommercial est sous-exploité etgagnerait à être mieux valorisé.Ensuite, sur le plan politique, bienqu’il y ait une similitude dans lepositionnement des deux payssur les grandes questions d’ordre

international ou régional, on peutobjectivement constater que laconcertation politique n’est pasau même niveau que la coopéra-tion économique bilatérale. Il y apeu de visites de haut niveau. Onpeut donc dire, aussi bien sur leplan économique que politique,que beaucoup reste à faire. Le che-min est encore long pour mettre enplace un cadre optimal de coopé-ration, conforme au potentiel exis-tant entre les deux pays.

IC : Monsieur l’Ambassadeur, enquelques mots, à quand remontela coopération Cameroun-Tunisie ?JS  : Pour rappel, les relations bila-térales d’amitié et de coopérationtuniso-camerounaises sont histo-riques et datent depuis l’année 1963avec l’établissement des relationsdiplomatiques. Le cadre juridiquede cette coopération a été établi le11 décembre 1965 à Yaoundé, avecla signature du Traité d’amitié etde coopération et de la Convention

culturelle. D’autres accords et ins-truments ont suivi jusqu’à nos jours, dans différents domaines(commerce, tourisme, fiscalité, coo-pération scientifique et technique,formation professionnelle, TIC,éducation physique, PME, trans-ports aériens, etc.). Jusqu’ici, neufsessions de la Grande commissionmixte de coopération bilatérale ontété tenues, alternativement à Tuniset à Yaoundé. La 10ème session tien-dra ses travaux, en principe, durant

l’année 2016, à Tunis. Des concer-tations sur les dates sont en cours.Au niveau sectoriel, la coopérationévolue. Le 3ème  round des négo-ciations de l’accord commercialpréférentiel entre la Tunisie et leCameroun est en perspective dansla mesure où la finalisation de l’ac-cord bute encore sur quelques obs-tacles d’ordre essentiellement juri-dique, indépendants de la volontédes deux pays. En matière de santé,trois accords (dans les domaines desproduits pharmaceutiques, de laformation, de l’échange d’expertise,

de l’organisation et de la gestionhospitalière, ainsi que des soins desanté primaires et des évacuationssanitaires) ont été signés lors de la9ème  Commission mixte sectoriellede coopération, tenue en mai 2012

à Yaoundé.

IC : Quelles sont les actions que vous menez pour que les entre-prises de votre pays investissent auCameroun ? A ce jour, quelles sontles principales entreprises de votrepays (grandes et PME) qui inves-tissent au Cameroun ?JS : A part les investissements dugroupe Kilani, dont je parlais plushaut, et les bureaux d’étude tuni-siens implantés au Cameroun, il y

a lieu de reconnaître que l’éventaildes investisseurs tunisiens n’est pasvraiment étoffé, pour ne pas direqu’il est au-dessous des opportu-nités qu’offre le marché camerou-nais. La présence industrielle tuni-sienne au Cameroun gagnerait àêtre accrue. Il faut garder à l’espritque pour tout investissement, il n’ya pas vraiment de secret. Tout estquestion de capacités d’investisse-ment, d’opportunités, de partena-riats et d’environnement d’affaires.Peut-être que les investisseurspotentiels tunisiens ont manqué

de moyens ou d’opportunités oude partenaires, vraiment engagésà collaborer. Mais les lignes com-mencent à bouger. Outre les labo-ratoires Teriak, je sais que certainessociétés tunisiennes comptent in-

vestir dans le domaine de la santéet des soins médicaux à travers laconstruction de cliniques, polycli-niques et unités de soins, surtoutsi les partenaires camerounaissont disponibles et bien disposésà s’associer. Aussi, d’autres inves-tisseurs sont en cours de réflexionsur des projets de partenariat et de

 joint-ventures dans les secteurs del’agroalimentaire et du tourisme.Tout cela pour dire que la situationcommence à évoluer.

« Laprésenceindustrielletunisienneau Came-roun gagne-rait à êtreaccrue. »

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-22- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

 AMBASSADEUR DU MOIS

IC : Quel est votre avis sur le climatdes affaires au Cameroun ?JS : Dans tout pays, le climat desaffaires est tributaire de diversfacteurs d’ordre politique, écono-mique, législatif, institutionnel,infrastructurel, professionnel ettechnique. Pour le Cameroun, lasituation reste perfectible. Il est clairque le gouvernement se déploie

certes pour améliorer les indica-teurs liés à l’environnement natio-nal des affaires, mais les statistiquessont têtues et donnent une idéesur l’ampleur du chantier. Je citeun seul chiffre pour situer l’envi-ronnement des affaires camerou-nais sur l’échelle mondiale. Dansle classement 2015 de la Banquemondiale et sur 189 pays identifiés,le Cameroun a régressé entre 2014et 2015 sur les deux principauxindicateurs : sur le premier critère,

à savoir le climat des affaires, leCameroun a perdu dix places, pas-sant de la 148ème position à la 158ème.Sur le deuxième critère, à savoir lacréation d’entreprises, le Camerouna également accusé un recul de sixpositions sur la même période, pas-sant de la 127ème position à la 133ème.D’ailleurs, tous les pays membres dela Cemac sont en queue de peloton

dans ce classement. Donc, pour leCameroun comme pour la sous-région, beaucoup reste à faire pouraméliorer le climat des affaires.Malgré ce constat, les perspectivesd’amélioration restent réelles. Cecidans la mesure où le gouvernementest bien conscient des insuffisanceset s’emploie à redresser la barre, ententant de mettre en œuvre les re-commandations ayant couronné lestravaux des différentes sessions duCameroon Business Forum (CBF),

plateforme de dialogue public-privé chargée d’identifier les pointsde blocage et de proposer des voiesde solution pour permettre au gou-vernement de peaufiner sa straté-gie d’assainissement de l’environ-nement des affaires et de suivre etd’évaluer les réformes engagées à ceteffet dans les domaines concernés.

IC : En dehors du domaine de lasanté, dans quels autres secteursd’activité inciteriez-vous les entre-prises tunisiennes à investir auCameroun ?JS : Je dirais notamment dansles secteurs où la Tunisie disposed’un avantage comparatif et d’uneexpertise bien reconnue et où, enmême temps, le Cameroun offredes opportunités en termes d’inves-tissement et de partenariat commeles produits pharmaceutiques et

« Le princi-pal objectifest d’instal-ler, dans ladurée, uneplateformede coopé-ration et departenariatentre lesprofession-nels et lesétablis-sements

tunisiens etcamerounaisopérantdans lesecteur dela santé. »

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-23-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

 AMBASSADEUR DU MOIS

cosmétiques, les technologies del’information et de la communica-tion, le tourisme balnéaire, thermalou médical, l’énergie, l’enseigne-ment supérieur, la formation pro-fessionnelle, l’industrie électriqueet chimique, le secteur de l’agroa-limentaire, etc. Pour ma part, j’es-time qu’il y a sans doute des sec-teurs à mettre plus en évidence etsur lesquels une attention plus par-ticulière doit être portée, comptetenu de leur potentiel. Mais je resteau service de n’importe quel projettunisien de coopération, de parte-nariat ou d’investissement, quelles

qu’en soient la nature et la portée.

IC : Où en sommes-nous avec lesJournées commerciales multisec-torielles que l’ambassade tuni-sienne comptait organiser en no-

 vembre 2015 à Douala et à Yaoundédurant deux semaines ?JS : Les Journées commercialesmultisectorielles seront finalementorganisées, durant deux semaines,en ce mois de décembre 2015 àDouala. Il s’agit d’une opérationd’exposition et de promotion desproduits tunisiens. En quelquesorte, une offensive de charme pourséduire les professionnels camerou-nais par la qualité, la compétitivité,le contenu et la diversité des pro-duits tunisiens. De nombreux sec-teurs et filières seront représentés.Des échantillons des produits tuni-siens de différents secteurs serontprésentés. L’ambassade a lancé de-puis quelque temps le processus depréparation, en coordination avecles parties prenantes tunisiennes,

notamment le Cepex (Centre depromotion des exportations) etl’Uticat (patronat tunisien), et avecle concours des autorités camerou-naises compétentes.Cette manifestation multisecto-rielle ne s’inscrit pas uniquementdans le cadre d’une campagne depromotion des produits tunisiens,mais aussi et surtout dans la pers-pective de mettre en contact directles opérateurs tunisiens et camerou-nais agissant dans divers secteurs,

de nouer des relations durablesd’échange et d’examiner les pos-sibilités de partenariats, de joint-ventures, de conclusion d’accordsde commercialisation, et éventuel-lement d’investissement. Lesdites

 journées visent à consolider laprésence commerciale tunisienneau Cameroun et dans la région, età élargir le cadre de la coopérationbilatérale qu’elle soit publique ouprivée. Ce sera l’occasion égalementde faire connaître l’expertise et lesavoir-faire tunisiens et d’en faireprofiter les professionnels came-rounais intéressés.

IC : Vous annoncez égalementdes rencontres B2B   entre leshommes d’affaires tunisiens etcamerounais…JS : Oui. Parallèlement à ces jour-nées commerciales promotion-nelles, un segment multisectorielde rencontres B2B  entre le secteurprivé des deux pays sera organisésur quatre jours (deux à Douala etdeux à Yaoundé). Ce sera l’occasiond’offrir un cadre de concertation et

d’échange entre les professionnelstunisiens et camerounais, de lesmettre en contact, d’explorer surplace les opportunités de partena-riats, de joint-ventures et d’inves-tissements, de conclure des accordsde commercialisation. Bref, de

mettre un échantillon des produitstunisiens sur le marché camerou-nais et à l’appréciation, de visu,des professionnels camerounais.L’ambassade, tout comme les par-ties tunisiennes impliquées, attacheune haute importance à la réussitede cet évènement dont l’impactsera au bénéfice des deux pays quelqu’en soit le profil, public ou privé.C’est aussi un moyen de renforcerles échanges commerciaux dont leniveau actuel n’est pas au diapason

des opportunités et des attentes, depart et d’autre.

IC : Combien de ressortissants tuni-siens vivent au Cameroun et quelssont leurs domaines d’activité ?JS : Selon les registres de l’ambas-sade, il y a environ 150 Tunisiens quirésident et travaillent au Cameroun,notamment dans les domaines del’ingénierie, de l’étude, de l’audittechnique, du commerce et de l’hô-tellerie. Je peux affirmer que la com-munauté tunisienne est, pour l’es-sentiel, composée de cadres de hautniveau. Une colonie, quoique petite

par le nombre, mais grande parson implication et sa compétence,bien installée, bien appréciée et quiapporte son savoir-faire et sa pierreà l’édifice de développement duCameroun. Je suis tout aussi fier queravi que les Tunisiens au Cameroun

 jouissent d’une solide réputation entermes d’expertise, de discipline etd’engagement. Il s’agit d’un inves-tissement professionnel et humaindont les deux pays tirent immanqua-blement un avantage certain.

Je ne veux nullement occulterune autre communauté, tuni-sienne par adoption, composée denombreux Camerounais qui ontfait leurs études universitaires enTunisie et qui, après avoir regagnéle Cameroun, conservent un lien

affectif très fort avec la Tunisie et neratent aucune occasion pour appor-ter leur concours et leur assistance àla Tunisie et faire valoir son imagede pays ouvert, modéré, moderneet séculier. Je les considère commeles enfants adoptifs de la Tunisie etses ambassadeurs permanents auCameroun. J’en ai rencontré cer-tains, et à chaque fois leurs motsd’éloge, de gratitude et d’amour àl’égard de la Tunisie m’émeuvent,parfois jusqu’aux larmes.

« La Tunisie est la première destination enAfrique en matière de services de santé. » 

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-24- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

 AMBASSADEUR DU MOIS

IC : Combien de demandes de visasdes Camerounais sont enregistréeschaque jour dans votre ambassadeet combien de visas sont attribuésquotidiennement ?JS : Le nombre de visas octroyés estcyclique et sa fréquence dépend dela période. Par exemple, le pic estenregistré durant les mois de juilletà octobre, et ce pour une raison ob-

 jective, à savoir le voyage de jeunesCamerounais pour suivre leursétudes universitaires en Tunisie. Enfait, les visas d’étude accaparent en-viron 60% de l’ensemble des visasdélivrés. Le reste est partagé entre

les soins médicaux, les affaires et letourisme. En moyenne, l’ambassadeaccorde, chaque année, environentre 1500 et 2000 visas d’entréeen Tunisie. Donc, entre 900 et 1200étudiants camerounais fréquententchaque année les universités tuni-siennes, notamment privées. Enplus, depuis les années 70, l’Etattunisien accorde chaque annéenombre de bourses d’études dansles universités et facultés publiquesau profit des bacheliers camerou-nais, entre autres nationalités del’Afrique subsaharienne franco-phone. La Tunisie accorde égale-ment d’autres types de bourses enmatière de formation profession-nelle et de civilisation islamique.

IC : Pour terminer, le prix Nobelde la paix a été récemment décer-né au Quartet en Tunisie. En tantqu’ambassadeur de la Tunisie auCameroun, quelle signification ac-cordez-vous à ce prix ?JS : Comme souvent, le comité

Nobel a déjoué tous les pronosticset pris tout le monde de court. Ila rendu hommage à une structureissue de la société civile tunisiennequi a permis de sauver une tran-sition démocratique qui mena-çait d’avorter. En effet, le Quartet,composé des principales forcesvives du pays, à savoir la centralesyndicale, le patronat, la Ligue desDroits de l’homme et l’Ordre desavocats, a conduit et mené à bonport le « dialogue national  » entre

le pouvoir et l’opposition à unmoment où le pays était au bordde la guerre civile. Le comité Nobela voulu récompenser le concepttypiquement tunisien de « dialoguenational  » en tant que mécanismecivil abouti de dialogue et de négo-ciation, et gratifie le Quartet poursa contribution décisive à l’édifi-cation d’une démocratie pluralisteen Tunisie, et pour avoir lancé etfait aboutir, dans le consensus etla modération, un processus poli-tique alternatif, pacifique, à un

moment où le pays faisait face àune grave crise politique, et cemalgré l’instabilité économique etsécuritaire interne et l’hostilité del’environnement régional.Pour la Tunisie, encore confrontée àdes problèmes d’ordre socioécono-mique et sécuritaire, le prix Nobelde la paix a été une bouffée d’air,un moment historique de fierté,de liesse et de surprise également.Personne ne s’attendait à ce quela Tunisie dans son ensemble fûtprimée. En effet, le Comité Nobel

a choisi le Quartet tunisien parmi273 candidats (205 personnalités et68 organisations) pour consacrer letriomphe de l’idéal de concertationet de la quête de compromis et pourmontrer que le modèle démocra-tique reste réalisable dans le mondearabe, pour peu que les notionsde dialogue, de négociation et deconsensus soient au centre de ladémarche et de l’objectif des partiesen conflit et structurent tout pro-cessus de règlement des crises.

IC : Vous y voyez également unimpact en matière économique.Lequel exactement ?

JS : Il faudrait rentabiliser le prixNobel en termes économiques,capitaliser ce courant de sympa-thie et transformer la médiatisa-tion internationale en perspectivesopérationnelles pour attirer plusd’investisseurs, pour mobiliser da-vantage de ressources et de moyens,et pour mieux promouvoir la des-tination Tunisie sur divers plans,en particulier le tourisme, secteur

actuellement sinistré par les atten-tats terroristes lâchement commiscontre des sites touristiques auBardo et à Sousse. Le prix Nobelde la paix n’est pas seulement unhonneur ou une récompense, maisaussi et surtout une responsabilitéet un engagement impliquant toutela société tunisienne pour soutenirla marche de la Tunisie vers l’abou-tissement de son propre modèledémocratique et vers l’optimisationde son cadre de développementsocioéconomique. De par son mes-

sage et sa symbolique, le prix Nobelde la paix est en mesure de souderles Tunisiens et d’inviter la com-munauté internationale à mieuxse mobiliser derrière une jeuneexpérience de démocratisation,fruit d’un douloureux processusd’affranchissement, qui aussi exem-plaire et irréversible qu’elle soit n’enreste pas moins vulnérable.

Propos recueillis par

Beaugas-Orain Djoyum

« Les visas d’étude accaparent environ60% de l’ensemble des visas délivrés.Entre 900 et 1200 étudiants camerounaisfréquentent chaque année les universitéstunisiennes, notamment privées. » 

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-25-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

RSE

Investir au Cameroun : A quoi ren- voie concrètement la RSE ?Thierry Téné   : La Responsabilitésociétale des entreprises (RSE) ren-voie au respect par toute organisa-tion (grande entreprise, PME/PMI,ONG, organisation internationale,administration, ONG, OSC) deslégislations fiscales, sociales et envi-ronnementales. Grâce à une écouteet un dialogue permanents avec sesparties prenantes, la RSE permetd’innover pour mieux répondreaux besoins des consommateurs etassurer la paix sociale avec les com-munautés locales.

IC : La RSE est-elle un concept (ouune pratique) nouveau ? Si non,pourquoi est-elle tombée dans ledomaine public au Cameroun seu-lement depuis quelques années ?TT  : Rappelons que la Responsabilitésociétale des entreprises intègresept questions centrales (gouver-nance, Droits de l’homme, relationset conditions de travail, loyauté despratiques, questions relatives auxconsommateurs, environnement, etenfin communautés et développe-

ment local). A des degrés variables,les entreprises ont toujours pris encompte ces questions centrales. Onpourrait donc affirmer une cer-taine ancienneté de la RSE. Ce quin’est pas exact, car c’est seulementrécemment que la RSE a été définieet articulée autour de ces sept ques-tions centrales avec des domainesd’actions précis.Voici quelques raisons qui justi-fient le déploiement de la RSE auCameroun : la pression des bail-leurs de fonds et des institutionsfinancières, devenus intransigeants

sur les critères Environnement,Social et Gouvernance (ESG) danstout projet d’investissement ; laprise de conscience progressivedes consommateurs, des commu-nautés ou même des partenairesd’affaires, qui exigent à la fois un

minimum en termes de respectde la loi, mais également que lesentreprises prennent en considé-ration leurs attentes ; et la concur-rence qui pousse les entreprises à sepositionner sur d’autres créneauxque le prix de leurs produits. C’estnotamment le cas avec les valeurset l’image.

IC : Si on vous demandait de dres-ser un état des lieux succinct de laRSE au Cameroun…TT   : Actuellement, au Cameroun,on constate une revendication de

la notion d’entreprise responsable,éthique ou citoyenne par les orga-nisations locales. Par contre, lesactions qui sous-tendent ces reven-dications se résument parfois à de laphilanthropie. Il conviendrait à cesentreprises d’intégrer ces pratiques

Thierry Téné :« Les agro-industriespeuvent s’appuyer sur un

fort engagement RSE pour

améliorer leur image etmaintenir la paix sociale  »

« Tous les engagements RSE menés dans un espritd’amélioration contribuent à l’amélioration de la performance de l’entreprise. »

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-26- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

RSE

à leurs métiers, plutôt que de sepositionner sur des initiatives assezpériphériques. Il y a un paradoxeentre les entreprises qui « s’auto-déclarent » citoyennes alors qu’ellesne sont pas en conformité avec leursobligations sociales, fiscales et envi-ronnementales. Cependant, unepoignée d’entreprises pionnièresimpulsent la dynamique sur cer-taines questions centrales. Notonségalement qu’il y a de plus en plusde postes de responsable RSE quisont créés dans les entreprises. Leconsommateur est encore « tolé-rant » des pratiques non respon-sables et ne sanctionne pas par son

acte d’achat les entreprises irres-ponsables. Mais les choses évoluent.Les étudiants (qui sont égalementdes consommateurs) sont de plus enplus intéressés par la RSE au pointd’en faire leur sujet de mémoire.Au niveau des pouvoirs publics,malgré l’absence d’une législationincitative, le Ministère des PME, del’économie sociale et de l’artisanat arécemment mené une réflexion surles politiques publiques de RSE auCameroun.

IC : Au Cameroun, comme dansd’autres pays d’Afrique, les socié-tés agro-industrielles sont les plusgrandes pourvoyeuses d’emplois.Paradoxalement, elles sont les plusmises à l’index pour destruction del’environnement, accaparement desterres des riverains, exploitation li-mite esclavagiste des ouvriers… Ense focalisant sur le cas camerounais,peut-on dire que l’agro-industrie estle cimetière de la RSE ?TT   : C’est vrai que les agro-indus-tries ont fait l’objet de plusieursdénonciations au cours de ces der-nières années sur certaines de cesquestions. Ce sont des activités à

risque. Il va de soi qu’on ne sauraitpratiquer une activité agricole sansdéblayer ou aménager des hectaresde terrain, et parfois au gré dudéplacement des communautés,comme c’est d’ailleurs le cas avecl’activité minière. La forte interpel-lation des agro-industries résultede la convergence de plusieursfacteurs. Dans un contexte came-rounais où la question foncière està cheval entre la loi foncière et lerespect des pratiques coutumières,

l’acquisition des terres agricolespose souvent problème. Le déve-loppement agricole a généralementlieu en zone rurale où les popula-tions sont les plus démunies. Lesagro-industries étant des îlots derichesse dans des océans de pau-vreté. Elles subissent donc la fortepression sociale des communautéslocales souvent abandonnées parl’Etat. L’agriculture intensive causeégalement de nombreuses pollu-tions environnementales. Dans lepassé, il y avait des conditions detravail dans certaines agro-indus-tries qui se rapprochaient de l’escla-vage. Même si les choses ont évolué

et que des progrès restent à faire,les entreprises agricoles souffrentencore de cette mauvaise réputa-tion. Cependant, les agro-industriespeuvent s’appuyer sur un fort enga-gement RSE pour améliorer leurimage et maintenir la paix sociale.

IC : Certains experts pensent que laRSE recèle d’importants avantagespour le développement des perfor-mances des entreprises. Commentcela s’explique-t-il ?

« La priseen comptede la RSEdans lesprojets

structu-rants estaujourd’huiun passageobligé pourbénéfcierde fnan-cementsimpor-tants. »

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-27-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

RSE

TT  : Une entreprise responsable estune entreprise rentable. Des col-laborateurs qui ont un contrat enbonne et due forme avec une cou-verture sociale, qui reçoivent unerémunération décente, travaillentdans des conditions acceptables, sesentent écoutés et dont les capacitéssont régulièrement renforcées sontà la fois performants et facilementfidélisés par l’entreprise. Dans detelles conditions, le climat socialau sein de l’entreprise s’en trouverenforcé, avec un effet positif surles résultats. D’autre part, le déve-loppement d’offres de produits et

services adaptés, la contributionau développement des partenairesd’affaires et aux infrastructureslocales contribuent à renforcerla mission sociale de l’entreprise.Cette légitimé confère très souventaux entreprises une maîtrise desrisques, et donc une coexistencepacifique avec leurs différentesparties prenantes au sein de leurssphères d’activité. Grâce à la réduc-tion des consommables et à la maî-trise des pollutions, les entreprisespeuvent transformer les contraintesenvironnementales en opportunitéséconomiques. L’écoute des clientspermet également de les fidéliser.Tous ces engagements RSE menés

dans un esprit d’améliorationcontribuent à l’amélioration de laperformance de l’entreprise.

IC : Le Cameroun est engagé depuisau moins trois ans dans de gigan-tesques projets d’infrastructures.Dans quelle mesure, selon-vous, cecontexte peut être capitalisé pour

 vulgariser la RSE dans le pays ?

TT   : La plupart des entreprisesretenues pour l’exécution de cesgrands chantiers sont des multi-nationales cotées en bourse, oudont les pays sont membres del’OCDE et même signataires de laDéclaration des principes tripar-tites sur les entreprises multinatio-nales et la politique sociale de l’OIT.Ces engagements sur les normesinternationales sont des atouts queces entreprises peuvent faire valoiren les répercutant à leurs sous-trai-tants locaux dans le cadre d’appelsd’offres. En effet, l’engagement dudonneur d’ordre et son exempla-

rité sont des arguments à valoriserpour l’engagement RSE de ses par-tenaires. La prise en compte de laRSE dans les projets structurants estaujourd’hui un passage obligé pourbénéficier de financements impor-tants. C’est, par exemple, à causedes questions environnementaleset sociales que la Banque mondialeavait menacé de ne plus financer lebarrage de Lom-Pangar.

IC : Depuis quelques années, l’Ins-titut Afrique RSE que vous dirigezmultiplie les initiatives de vulga-risation de la RSE. Avez-vous lesentiment que votre message passe,aussi bien auprès des entreprises

que des pouvoirs publics locaux ?TT  : Je répondrai par l’affirmative,même s’il faut avouer que les chosesavancent timidement. En préludeà la première édition du Foruminternational des pionniers de laRSE en Afrique, que nous avonsorganisé en 2011 en partenariatavec le Groupement inter-patro-nal du Cameroun (Gicam), nous

avons mené une étude sur « Lesfreins à la mise en œuvre de la RSEdans les entreprises en Afrique ».L’une des principales causes étaitl’absence de ressources humaines.Nous avons animé plusieurs sémi-naires de renforcement des capa-cités avec une forte participationdes entreprises. On note égalementune communication de plus en pluspoussée des entreprises sur les pra-tiques qu’elles considèrent commeRSE. Le Ministère des petites etmoyennes entreprises, de l’écono-mie sociale et de l’artisanat a publiél’année dernière un document surles politiques publiques de RSE auCameroun. Après un groupe de tra-vail, le Gicam s’est doté d’une com-mission en charge de la RSE.

IC : Au niveau africain, classeriez- vous le Cameroun parmi les bons,moyens ou plutôt mauvais élèves

en matière d’implémentation despratiques RSE ?TT   : A ce stade de nos réflexionssur le sujet, le Cameroun seraitplutôt moyen. Nous menons ac-tuellement une étude sur l’étatdes lieux de la RSE en Afrique, etce n’est qu’à son terme que nouspourrons avoir une appréciationpar sous-région et par pays.

Interview réalisée par

Brice R. Mbodiam

« Grâce à une écoute et un dialogue permanentsavec ses parties prenantes, la RSE permetd’innover pour mieux répondre aux besoins desconsommateurs et assurer la paix sociale avec

les communautés locales. »

« De plusen plus depostes deresponsableRSE sontcréés dansles entre-prises. »

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-28- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

INTERVIEW

Rencontre avec Eric Chinje, leprésident de l’African Media Ini-tiative. L’ancien rédacteur en chefde la CRTV    fait partie des raresCamerounais qui interviewaientrégulièrement le président PaulBiya. Il nous dévoile les dessousde ces entretiens et revient sur sariche carrière à la CRTV    commerédacteur en chef, à la Banquemondiale comme porte-parolede la Banque sur les affaires afri-caines, à la Banque africaine dedéveloppement comme directeurdes Affaires extérieures et de laCommunication, et à la FondationMo Ibrahim comme directeur desCommunications stratégiques.

Investir au Cameroun : Intéressons-nous à votre carrière de journalisteau Cameroun. Dans un récent en-tretien, vous disiez qu’à l’époque,le président Paul Biya a su utiliserla télévision pour communiquer.Pourquoi ne se prête-t-il plus à ce

 jeu aujourd’hui ?

Eric Chinje : Quand j’étais ici auCameroun, le seul contact avec lepeuple était la CRTV . C’était facilede passer par un seul média et detoucher la population. Je suis sûrque le président regarde le paysagemédiatique et se demande : qui peutm’aider à toucher le citoyen ?

IC : La CRTV n’est-elle plus capabled’assurer ce lien entre le présidentet le peuple ?EC : Vous allez m’obliger à dire

des choses que je ne veux pasdire. Je ne crois pas que tous lesCamerounais regardent encore laCRTV   aujourd’hui comme avant.Maintenant, il y a un choix largede plusieurs chaînes de télévision,même les chaînes étrangères. Pourtoucher toute la population, le pré-sident doit réunir toute la presse.A l’époque c’était beaucoup plusfacile.

IC : Le président ne doit donc rienfaire parce que c’est compliqué detravailler avec plus de médias ?EC : Non. Il faut des conférencesde presse du président de laRépublique, du Premier ministre,etc. C’est maintenant qu’il faut lefaire, pour pouvoir toucher toute lapopulation. On ne peut plus privi-légier la CRTV . Chaque chaîne estcrédible avec son audience. Il suf-fit de réunir CRTV , Canal 2, STV ,Equinoxe et les autres et on touche-ra presque toute la population.

IC : Pourquoi d’après vous le pré-sident Paul Biya n’accorde plusassez souvent des interviews ou desconférences de presse ?EC : Peut-être que c’est beaucoupplus compliqué à réaliser.

IC : Est-ce parce que c’est compli-qué qu’il ne devrait pas le faire ?EC : Non, pas du tout. Il faut le faire.Il faut absolument le faire. Pourquoiil ne le fait plus avec la CRTV   ? Jepense que la CRTV   ne représente

plus ce qu’elle représentait quand iln’y avait pas de concurrents.

IC : N’est-ce pas parce que ce n’estplus le même homme aujourd’hui ?Pour vous qui avez été très prochede lui, n’est-ce pas parce qu’il achangé ?EC : L’objectif du président était detoucher la population.

IC : Est-ce que la population resteencore sa priorité ?EC : Je n’ai pas vu le président de-puis une vingtaine d’années. Je nesais pas ce qu’il pense de ce contactavec la population.

IC : Les jeunes journalistes et les jeunes Camerounais aimeraientsavoir comment se préparaient lesinterviews avec Paul Biya. Etait-cele président qui faisait la demandede l’interview ?EC : C’était simple. Il n’y avait riende particulier. On m’appelait quandle président était disponible et je

partais. Je consultais certains amiset collègues pour savoir quellesétaient les grandes préoccupationsde l’heure. Et les gens qui entou-raient le président à l’époque medisaient : « Il ne faut pas évoquertel sujet et tel autre sujet. » Dès que

 je voyais le président, je lui disais :«  Monsieur le Président, vos colla-borateurs m’ont demandé de ne pasvous poser telle question et telle autrequestion. » Il me répondait : «  Non,non. Allons-y ! Monsieur Chinje,

« En off, Paul Biya me disait

“Monsieur Chinje, vous êteslibre de me poser toutesles questions” » 

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-29-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

INTERVIEW

vous êtes libre de me poser toutes lesquestions que vous voulez.  » C’estcomme cela que ça se passait.

IC : S’il vous arrivait de refaire l’ex-périence, vous sentiriez-vous pluslibre ?EC : Absolument ! Et même àl’époque, avant d’aller voir le pré-sident, moi-même je réfléchissais.Je me disais que j’avais l’occasionunique d’attirer l’attention duprésident sur certaines choses quin’allaient pas bien. Mes collègues

Barbara Etoa, Alain Belibi et lesautres sont encore là ! Ils peuventle confirmer. Je leur demandais cequ’ils pouvaient me donner commequestion à poser au président de laRépublique. Je me souviens, lorsd’une interview avec le président,

 j’ai posé une question et le présidentm’a surpris parce qu’il m’a dit : « Ah

 Monsieur Chinje, c’est à l’aéroportde Douala qu’on vous a posé cettequestion. » Je lui ai dit : « Monsieurle Président, vous saviez que j’étais à

l’aéroport de Douala ?  » Et effective-ment, j’étais à l’aéroport de Doualaen train de discuter avec des gens.Et je leur demandais : « Si vous aviezl’occasion de voir le président de laRépublique, que lui demanderiez-vous ?   » Heureusement, quelques

 jours plus tard, on m’a appelé pourme dire que le président était dis-ponible pour une interview et jelui ai posé la question. C’est pourvous dire que ces interviews étaientvraiment ouvertes, libres et que jeposais toutes les questions qui me

venaient à l’esprit.

IC : S’il vous était donné l’occa-sion d’interviewer le présidentPaul Biya aujourd’hui, si on vousdisait demain, vous interviewez leprésident, que lui poseriez-vouscomme questions ?EC : J’ai tellement souhaité cela,mais je n’ai pas cherché à entrer encontact avec ses collaborateurs. Jelui dirais : «  Monsieur le Président,si vous aimez le pays, préparez

l’après-Biya. Quittez ce pouvoir etvoyez comment le Cameroun tourne.Si vous aimez ce pays, faites-le !Voulez-vous seulement partir quandles Camerounais ne vous aimeront

 plus ? Les gens viennent vous direqu’il n’y a que vous qui pouvez gou-verner ce pays. Après vous, que va-t-ilse passer ? Quittez ce pouvoir et aidezcelui qui vous remplacera. Sortez parla grande porte et ne laissez pas cesrigolos qui veulent défendre leursintérêts continuer de vous tromperen vous amenant dans la mauvaise

direction. Laisser de l’espace à unautre. » Voilà une question que j’ai-merais poser au président.

IC : Pensez-vous qu’il vousentendra ?EC : Le président Biya est une per-sonne très intelligente ! J’ai eu cer-taines expériences avec ce président,et ces expériences me rassurent queBiya, au fond de lui, est un démo-crate. Je peux vous raconter ces his-toires, mais cela prendra beaucoup

« Les Came-

rounais nevont pasaccepteréternelle-ment ce quela Banquemondialedit. Nousdevonsimposer nospolitiques àla BM. Pasl’inverse. »

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-30- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

INTERVIEW

de temps. Il y a des choses que leprésident a faites qui me rassurent.

IC : Quelles sont ces choses ?EC : (Silence). Attendez, vous allezlire mon livre.

IC : Quelle était la fréquence de vosinterviews avec le président Biya ?EC : Je ne me souviens plus exacte-ment, mais je pense qu’on avait enmoyenne deux interviews par an.Mais il y a des années où il y avaitune seule interview.

IC : Certains Camerounais

évoquent le fameux coup de têteque Biya pouvait vous faire pourque vous partiez de la CRTV .Comment était-il arrivé à vous direqu’« il suffit d’un coup de tête pourque vous ne soyez plus le rédacteuren chef de la CRTV » ?EC : (Rires). Non, le présidentexpliquait une situation hypothé-tique. C’est ce qui l’a amené à direcela. C’est devenu le symbole d’uneépoque. Pourtant, avec le président,on parlait de tout et de rien. Non,

 je pense qu’il répondait à une ques-tion sur un ministre qu’il venait delimoger. Quand je lui ai demandépourquoi, il m’a dit : « Ce Monsieurest allé négocier des contrats quiengageaient tout le pays sans serendre compte qu’il suffisait d’uncoup de tête pour qu’il ne soit pluslà. Monsieur Chinje, vous êtes rédac-teur en chef, il suffit d’un coup de tête

 pour que vous ne soyez plus rédacteuren chef. »

IC : Quel était votre état d’esprit

quand il vous a dit cela ?EC : J’ai compris. Je suivais la lo-gique de sa pensée et de ses argu-ments. Cela ne m’a pas choqué.Mais certains disent avoir vu monvisage crispé quand il m’a dit cela.

IC : Vous quittez le Cameroun en1991. Partez-vous du Camerounmalgré vous ?EC : Oui. Absolument. J’ai tout faitpour ne pas quitter le pays. Je peuxvous raconter cela rapidement. Je

suis parti d’ici pour aller à CNN .CNN   m’invitait pour trois mois.Après une année très intense (1990et début 1991), j’étais très fatigué.J’ai demandé au directeur géné-ral de l’époque, Monsieur GervaisMendo Ze, si je pouvais sortir et mereposer. Il m’a dit oui, que c’étaitune bonne idée. Et c’était d’ailleursMendo Ze qui avait payé mon billetd’avion. Donc, je suis allé. J’ai faittrois mois à CNN . CNN  a voulu merecruter. J’ai dit non ! J’aurais purester. J’ai dit qu’il y avait beaucoupde choses qui se passaient chez moiet que je devais absolument rentrer.

Nous sommes toujours en 1991.Une semaine avant mon retour au

pays, je reçois un appel de l’Uni-versité de Harvard qui m’offre unebourse d’études. Je n’étais pas par-ticulièrement excité. D’abord, j’aidemandé au monsieur : «  Je n’ai

 pas fait la demande, comment puis- je avoir une bourse sans avoir fait lademande ?  » J’ai donc fait des effortspour rentrer, en vain. Mon départdu Cameroun était écrit par Dieu,car je n’avais rien fait.

IC : Tout dépendait de vous, vousauriez pu refuser cette bourse…EC : Oui, mais deux choses se sont

passées. D’abord, l’un des vice-présidents de CNN   traversait monbureau pour se rendre à son bureau.Et juste au moment où il traversaitmon bureau, je sortais. Et là, il m’ademandé : «  Mais Eric, pourquoiinsistes-tu pour partir ? Pourquoi neveux-tu pas travailler avec nous ?   »Je lui ai répondu que c’était à causede ce qui se passait au pays. Et il lesavait déjà. Et je lui ai dit en pas-sant : « Il y a Harvard qui vient deme donner une bourse, mais je ne

sais pas encore si je vais accepter.  »C’était juste pour me débarrasserde lui. Mais arrivé à son bureau, il aenvoyé un message dans tout CNN  :« Eric Chinje a obtenu une boursede l’Université de Harvard. » Ce quia fait que les gens ont commencéà m’appeler de partout pour meféliciter. Car pour les Américainsordinaires, Harvard est un mythe.C’est à ce moment-là que je me suisdit : « Oh mon Dieu, qu’est-ce que je

 fais ? Si je ne pars pas, ces gens vontme prendre pour un rigolo.  » Mais

 jusque-là, je tenais à rentrer. Je suisrentré au Cameroun, sans être sûr

de rentrer au Etats-Unis, sans êtresûr non plus de rester au pays. Ma

famille m’a dit : « Non, il ne faut pasrater une telle occasion. » Du côté duMinistère de la communication, onm’a dit : « Tu ne pars plus nulle part. »Du côté du Ministère de la fonctionpublique, le ministre m’a appelé, ilm’a dit : « Combien de Camerounaissont passés par Harvard ? Vous neratez pas cette occasion.  » GargaHaman Adji. C’est lui qui a auto-risé mon départ. Donc je repartaispour rentrer un an plus tard. Un anplus tard, je partais à Washingtonau Département d’Etat voir les per-sonnes qui pouvaient me donner

les dernières informations sur leCameroun. Celui qui s’occupait dudossier Cameroun m’avait donnédes informations. Je préparais monretour. Je voyais également unedame qui faisait du lobbying pourle Cameroun. Quand une semaineplus tard j’ai pris la route pour quit-ter Boston, je me suis rendu compteque j’avais encore quelque trenteminutes sur le compteur. Je me suisdemandé ce que je pouvais fairede ces trente minutes. J’ai vu l’im-

« 75% de ceux qui travaillent à la Banque mondialesont des bureaucrates qui ont cherché et trouvé dutravail. Et chaque jour, ils se battent pour monterdans le système. » 

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-31-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

INTERVIEW

meuble de la Banque mondiale, que je ne connaissais pas très bien, et jeme suis dit que j’allais aller saluermes amis qui y étaient. J’arrive etle conseiller principal du vice-pré-sident me voit et me dit : « Mais Eric,on vous cherche depuis. Le vice-pré-sident a demandé qu’on vous chercheet qu’on vous demande si vous pou-vez accepter de travailler avec nous. »Je réponds une fois de plus : « Non,désolé. Je pars au Cameroun dansune semaine. » Il insiste et me pro-pose de venir pour un mois à la BMà l’occasion d’un séminaire pour les

 journalistes. J’ai dit ok, car il m’a

proposé un certain nombre d’avan-tages pour un mois seulement. Ilsont proposé de dédouaner ma voi-ture qu’il y avait au port de Douala,de payer mon billet d’avion, de medonner de l’argent de poche, etc.Bref, il m’a proposé un montantque je ne pouvais jamais imaginer.Je n’avais jamais vu une pareillesomme sur mon compte bancaire.Alors, là, j’ai accepté. C’était justepour un mois. Comment le vice-président de la BM a su que j’étaisaux Etats-Unis ? C’est parce quemême étant à Harvard, j’interve-nais chaque dimanche sur CNNavec des arguments sur des sujetsliés à l’Afrique. A la fin de ce mois-là, ils me proposaient un contrat. Jeleur ai dit que j’allais prendre leurcontrat, que j’allais rentrer chezmoi et que c’est une fois arrivé auCameroun que je prendrais ma dé-cision. Ils ont accepté. Je suis rentréà Yaoundé. Ils ont envoyé le contratau bureau de la Banque mondiale àYaoundé. Je suis arrivé à la CRTV

pour reprendre le travail. Maisqu’est-ce que je n’ai pas entendu ?(Silence).

IC : Qu’avez-vous entendu ?EC : Des choses pas agréables ve-nant de mes collègues. Certains di-saient : « Il était parti en croyant quele pouvoir allait changer, que JohnFru Ndi allait prendre le pouvoir. Il avu que Fru Ndi n’avait pas eu le pou-voir, c’est pour cela qu’il est revenu. »Pourtant, je n’ai jamais eu ce genre

de réflexion. Fru Ndi, pour moi,est un homme politique commeles autres. Je ne pouvais même pasimaginer ce genre de réflexion. Ilsfaisaient tout pour me bloquer. Jen’ose pas vous dire ! Et un jour, j’aidiscuté avec ma famille et je suisallé à la Banque mondiale signer lecontrat. C’était un contrat de troisans. J’étais convaincu qu’au bout detrois ans je reviendrais.

IC : Comment se passe le passagede la Banque mondiale à la BAD ?EC : C’était d’abord une mise enindisponibilité. Ensuite, il faut le

reconnaître, j’étais un peu fatiguéavec les méthodes d’interventionde la Banque mondiale en Afrique.Je me suis dit que la Banque afri-caine de développement n’avait quel’Afrique comme champ d’action.Si je partais là-bas, je n’aurais quel’Afrique. Malheureusement, arrivéà la BAD, je me suis rendu compteque c’était une sorte de Banquemondiale bis et qu’elle ne travail-lait pas aussi bien que la BM. Pourmoi, le développement de l’Afriquen’était pas au centre des préoccupa-tions de la BAD.

IC : Comment expliquez-vous cela ?EC : Au bout de quelques mois,

 j’étais convaincu que le présidentde la BAD que j’ai trouvé à monarrivée, Monsieur Omar Kabbaj,ne s’intéressait pas du tout au déve-loppement de l’Afrique, et surtoutde l’Afrique subsaharienne. Il étaitmarocain. Pendant les dix annéesqu’il a dirigé cette institution, il aréussi à diminuer l’engagement des

cadres de l’institution. J’étais com-plètement découragé.

IC   : A vous entendre, vous étiezen rupture avec la manière de tra- vailler de ces organisations inter-nationales. Comment l’Afriqueest-elle perçue dans ces différentesorganisations ?EC  : L’Afrique n’est pas respectée.Je le disais souvent à mes collègues.75% de ceux qui travaillent à laBanque mondiale sont des bureau-

crates qui ont cherché et trouvé dutravail. Et chaque jour, ils se battentpour monter dans le système. 10%sont des intellectuels curieux quiveulent voir comment les théoriesde développement s’appliquentdans divers pays. Ceux qui s’inté-ressent vraiment au développementsont seulement à 5%. L’Afrique nereprésente pas grand-chose pources gars de la Banque mondiale. LaBanque mondiale ne respecte pasl’Afrique. C’est vrai qu’aujourd’huinous avons des Africains qui ontatteint des postes de responsabilité,et ça commence à aller mieux. Mais

de manière générale, la Banquemondiale venait en Afrique pourimposer sa loi. La raison qu’on don-nait, c’est qu’en Amérique latine lesprojets de développement étaientbons à être financés, alors qu’enAfrique on ne trouvait jamais rienet qu’il fallait tout faire. Ce qui étaitfaux. C’était parce que les dirigeantsafricains acceptaient facilement. LaBM venait avec un peu d’argent.Très vite ils ne trouvaient que desministres qui ne regardaient quecette somme d’argent et ne s’inté-ressaient pas à tout ce que la BMdonnait comme conditions, et ilssignaient.

IC : Cette perception a-t-elle chan-gé avec les cadres africains qu’on aaujourd’hui à la BM ?EC : Absolument, la perceptionchange. Les Camerounais ne vontpas accepter éternellement ce que laBanque mondiale dit. Nous devonsimposer nos politiques à la BM. Pasl’inverse. Elle ne doit pas arriver et

dire : « Vous allez construire la routeà tel endroit.  » Préparons bien nosprojets et allons à la BM. Cela de-vient notre projet.

IC : Qu’est-ce qui vous motive àquitter la BAD pour la FondationMo Ibrahim ?EC : Mo Ibrahim et ses gensm’avaient contacté pendant desmois. Ce qui m’avait beaucoupintéressé, c’était le  Mo IbrahimGovernance Index . C’est ce docu-

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INTERVIEW

ment qui m’intéressait. Je m’étaisdit que si l’on prenait ce documentet que l’on travaillait avec la sociétécivile africaine, avec les médias etavec les pouvoirs publics, on pou-vait améliorer la gouvernance. J’aidéveloppé une stratégie autour dece document. Mais quand je suisarrivé à la fondation, Mo Ibrahimn’était plus intéressé par ce travail.Au bout de trois mois, j’ai commen-cé à me dire que c’était une erreurde ma part. Au bout d’un an je suisparti. Mais nous gardons de trèsbons rapports. On s’est très bienséparés.

IC : Et comment atterrissez-vous àl’AMI ?EC : A l’African Media Initiative,c’est un poste que j’ai accepté avecbeaucoup de difficulté. Parce que

 je savais que cela allait exiger beau-coup de travail de ma part. Et c’estce qui se passe. Il y a deux semaines,

 j’ai eu un problème de surmenage àParis. Heureusement, on m’a pris encharge rapidement. C’est un postequi me fait travailler 18h par jour. Jene savais pas qu’à mon âge je conti-nuerais à travailler ainsi. Mais je suisun passionné par ce que je fais.

IC : Dans votre carrière, où avez- vous été le plus épanoui ? En dehorsdu Cameroun ou au Cameroun ?EC : Je ne regarde pas derrièremoi, j’avance. Tout ce que j’ai faitm’a toujours permis d’avancer. J’aitravaillé à la Banque mondiale, àla Banque africaine de dévelop-pement, avec Mo Ibrahim, et au-

 jourd’hui je dirige une boîte afri-

caine. Je ne me plains pas.

IC : Quel est le conseil princi-pal que vous pouvez donner aux

 jeunes Camerounais et aux jeunesAfricains ?EC : Deux choses peut-être.Première chose : arrêtez de vousplaindre. Posez des actes. J’ai pris laboîte que je dirige en ce moment àmoins que zéro. Même pas un ronddans les caisses de cette institution.Il n’y avait pas les bailleurs de fonds.

Mais j’ai transformé la boîte. Tout lemonde me demandait : « Pourquoivous restez ici ?   » En ce moment,nous sommes en train de décoller.Parce que j’ai dit : c’est d’abordl’idée, et le financement ensuite. J’aitravaillé l’idée. Je n’avais rien. Celafait quinze mois que je suis sanssalaire à l’AMI. C’est un défi que jeme suis lancé. Je vais amener l’AMIau niveau où l’AMI sera capable deme payer et d’apurer mes arriérés desalaires qui s’élèvent à plus de 100millions de francs CFA. Et l’AMIme donnera cela un jour grâce àmes efforts. Donc, c’est d’abord

l’idée. Recherchez et travaillez votre

idée qui fera la différence autour devous, l’argent suivra ensuite.Le deuxième conseil, c’est l’acti-visme. Il faut rester engagé, maisen toute connaissance de cause.L’éducation au Cameroun est mau-vaise. Ayez le courage de le dire. Maisdites-le avec des idées et avec des so-lutions. Ne dites pas seulement celaparce que vous voulez critiquer unministre ou un gouvernement.

IC : Quels sont vos projets pour leCameroun ?

EC : J’ai toujours des projets pour leCameroun. Nous avons fait venir auCameroun des Américains qui ontfait leur test ADN et ont trouvé leurorigine camerounaise. On avait toutun programme. On devrait déjàavoir près de 3000 « Caméricains »ayant visité le Cameroun.

IC : Qu’est-ce qui n’a pas marché ?EC : On nous a empêchés d’évoluerdans ce projet, même avec le sou-tien du président de la République.

IC : Si vous, M. Chinje, on vous em-pêche d’évoluer, pensez-vous quele jeune Camerounais qui ne pèserien pourra s’en sortir ?EC : Absolument ! A son niveau, ilpeut continuer à poser des petitsactes. Moi, je ne me décourage pas.A l’heure où l’on parle, mes mêmesamis et moi avons un autre projetau niveau de la Primature. Nousnous battons pour que les Etats-Unis donnent au Cameroun unmonument de l’humanité. C’est enfait la création d’une petite ville auCameroun avec des hôtels et autresinfrastructures. Nous avons déjà

trouvé un terrain avec le concours

du Premier ministre, qui soutientle projet. Le chef de l’Etat soutientégalement le projet. Nous ne nousarrêtons pas. Cela fait partie des ac-tions que nous menons pour soute-nir le Cameroun.

IC  : C’est pour quand le retour auCameroun ?EC : (Silence) Je ne sais pas.Quand le conseil d’administrationd’AMI m’a appelé pour prendrece poste, je leur ai dit un an, parceque j’avais envie d’aller chez moi

et de m’impliquer dans la vie dupays. Arrivé là-bas, j’ai trouvé lasituation que j’ai trouvée et j’étaisobligé de leur dire que j’allaisencore rester trois ans. J’y serai

 jusqu’en 2017.

IC   : Après on vous attend auCameroun…EC : Je l’espère bien.

Propos recueillis par Beaugas-Orain

Djoyum et Assongmo Necdem

« Malheureusement, arrivé à la BAD je me suis renducompte que c’était une sorte de Banque mondiale bisqui ne travaillait pas aussi bien que la BM. Pour moi,le développement de l’Afrique n’était pas au centredes préoccupations de la BAD. » 

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-33-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

INTERVIEW

Le célèbre avocat camerounais,ex-vice-président de Transparen-cy International et ex-présidentdu Conseil économique, social etculturel (Ecosoc) de l’Union afri-caine (UA), soutient que le Ca-meroun reste et demeure un paysriche en potentialités, malgré lesproblèmes de gouvernance ou decorruption que l’on peut enregis-trer ici et là.

Investir au Cameroun : Pourquoil’avocat actif dans le domaine dela gouvernance et de la justice que

 vous êtes s’intéresse-t-il au secteurdes TIC au point d’organiser unforum sur le sujet le 19 novembredernier à Yaoundé ?Me  Akere T. Muna : Je pense queles TIC peuvent jouer un rôle ence qui concerne la gouvernance.

J’ai commencé à m’intéresser auxTIC à cause du programme gou-vernemental eProcurement implé-menté par le Ministère des marchéspublics. C’est en réalité quelquechose que je demande depuis. Lesystème eProcument apaisera tousles soupçons qui sont apportés surle système national d’octroi desmarchés publics. Vous avez suivirécemment que certains fonction-naires ont quatre matricules. A monavis, les TIC peuvent résoudre au

moins 60% des problèmes de gou-vernance. Y compris la corruptionet tout ce qui va avec. Voilà pour-quoi le sujet m’intéresse. Au niveau

 judiciaire, par exemple, j’envoieparfois un avocat de Yaoundé àMaroua pour relever une décisionde justice. Pourtant, aux Etats-Unis,la plupart des décisions de justicesont disponibles en ligne. A partirdu Cameroun, je peux m’asseoir àYaoundé et avoir les décisions de

 justice aux Etats-Unis en quelquesminutes. Dois-je partir de Yaoundépour aller déposer des écrits àMaroua en matière civile ? Pourque l’on renvoie cela dans deuxsemaines en plus. Pourtant, je peux

facilement envoyer cela en ligne.Les TIC sont là pour rendre la viefacile. Comment est-ce que les TICpeuvent nous aider ? Comment lesTIC peuvent devenir un moteur dela croissance ? Avoir des départe-ments ministériels qui investissentchacun de manière unique etcommune dans le secteur des TIC

améliorera la situation actuelle. Jene suis pas expert en TIC, mais onn’invente rien. A travers ce forumdonc, nous souhaitions voir ce quenous pouvons faire dans l’urgencepour valoriser le potentiel came-rounais en matière de TIC.

IC : A votre avis, comment le gou- vernement devrait-il soutenir les jeunes innovateurs du domaine desTIC ?ATM : Chaque fois que les Lionnesou les Lions indomptables jouent,on entend parler des problèmes deprimes. Qu’est-ce qui nous empêchede primer l’excellence sans pro-blèmes ? Il faudrait que nous ayons

un réel système qui valorise l ’excel-lence des jeunes dans plusieurs do-maines de la vie sportive, artistique,etc. C’est cela qui tire les gens vers lehaut. Quand on voit ce que les gensfont avec les TIC aujourd’hui dansle monde, on se demande pourquoinous ne soutenons pas véritable-ment nos innovateurs. Quels sont

Me Akere T. Muna : auCameroun, « nous avons

des actes de lutte contre

la corruption que je trouve

audacieux  »

« Quand je discute avec les investisseurs étrangers,

ils disent toujours qu’ils ne comprennent pas leCameroun. » 

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-34- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

INTERVIEW

les programmes informatiques quinous sont propres, quelles sontnos applications ? Nous avons desrues qui n’ont pas encore de noms.Comment les TIC peuvent nousaider à gérer cela ? Nous avons desCamerounais qui savent le faire,qui peuvent trouver des solutionsà cela. Ce sont autant de questionsqui doivent intéresser les pouvoirspublics.

IC : Au terme du forum sur lesTIC que vous avez organisé, vousrecommandez l’harmonisation despolitiques des départements minis-

tériels en matière de TIC. Quel peut

être l’impact d’une telle mesure ?

ATM : Prenons un exemple ! Dansle processus d’identification desabonnés à la téléphonie mobile, siun Camerounais va s’identifier avecune fausse carte nationale d’iden-tité, comment l’opérateur mobilesaura-t-il que c’est une faussecarte ? S’il y avait un terminal quipermettait à MTN ou Orange defrapper votre nom pour vérifier,ce serait plus facile. Qu’est-ce quiempêche d’avoir un système où lacarte d’identité nationale délivrée

par la police, la carte grise de votrevoiture, le titre foncier de votremaison si vous en avez, le permis deconduire, votre matricule commecontribuable, tous délivrés par desdépartements ministériels diffé-rents, soient disponibles sur uneseule plateforme ? Si quelqu’un vaà la mairie prendre un certificatde décès pour récupérer l’argentde votre solde, la base de donnéessignalera que le salaire est en traind’être payé à une personne morte et

le paiement ne sera pas fait.Je reviens d’une activité de l’Ordredes médecins du Cameroun et sonprésident dit qu’il y a des médecinsqui ont signé des certificats de genrede mort pour permettre aux famillesd’aller toucher des primes d’assu-rance vie. Il y a des gens qui font descertificats médicaux qui montrentque des gens sont malades quandils ne le sont pas. Quand vous avezun système où les départementsministériels sont interconnectés,c’est compliqué pour les fraudeursde s’en sortir, et c’est très facile pourceux qui veulent vivre normale-

ment. Surtout quand vous avez un

gouvernement qui a un Ministèreen charge de l’enseignement pri-maire, un autre en charge des ensei-gnements secondaires, un autre encharge de l’enseignement supérieur,etc. Je suis sûr qu’il y a un moyend’interconnecter ces départementsministériels pour faciliter la vie auxcitoyens normaux qui subissent ence moment une espèce de punition.Je pense que l’informatique et lesTIC vont beaucoup nous aider.

IC : Les populations devraient-elles

avoir peur des TIC avec les donnéespersonnelles qui sont aujourd’huientre les mains des acteurs de l’éco-nomie numérique ?ATM : C’est vrai que certaines per-sonnes de ma génération ont peurdes TIC. Je me rappelle quand en1973 je revenais pour des congésau Cameroun. J’avais ramené desEtats-Unis une calculatrice minia-turisée à mon père. Il a pris dixchiffres qu’il a additionnés et mul-tipliés en calculant manuellement

et a fait les mêmes opérations surla calculette. C’est après qu’il m’adit : «  Mince ! Ta machine est vrai-ment juste !  » Voyez-vous, c’est uneculture, c’est une période, c’est unréflexe. Je pense simplement qu’il ya un travail d’éducation à faire. Etnous avons la chance que des gensaient confiance quand ils voient lesautres qui s’en sortent mieux avecles TIC. Personnellement, je penseque si nous ne sautons pas dans cetrain des TIC, nous allons être à laplaque. Il ne faut pas que, parce quequelqu’un ne maîtrise pas les TIC,il pense que ce n’est pas important.

C’est dangereux de penser comme

cela. Il faut que nous ayons unepolitique claire en matière de TIC,et il faut qu’on laisse ceux qui sontexperts en la matière s’en occuper.C’est vrai qu’il y aura toujours desvéreux dont il faut avoir peur. Il fautsimplement prendre des mesuresappropriées pour éviter les dégâtsde ces véreux.

IC : Vous avez été dans de nom- breux pays au cours de vos diffé-rentes fonctions internationales.Quelles sont les meilleures initia-

tives en matière de TIC qui vousont marqué et qui peuvent êtredupliquées au Cameroun ?ATM : Je vais prendre l’exemple duRwanda, en commençant par vousraconter une histoire. Nous étionsun samedi et je devais me rendreau Rwanda en urgence le lundipour un rendez-vous importantavec le président Kagame. Pendantque je me demandais qui je devaiscontacter rapidement pour obtenirun visa, on m’a simplement dit :

« A monavis, les TICpeuventrésoudreau moins60% desproblèmesde gouver-nance, ycompris lacorruptionet toutce qui vaavec. »

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-35-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

INTERVIEW

«  Allez en ligne et demandez votrevisa. » J’ai donc fait la demande enligne et le lundi, arrivé à l’aéroport,

 j’ai payé 50 dollars et c’était tout.C’est extraordinaire ! En moinsde dix minutes, tout était ok. Onpeut implémenter ce système auCameroun. On le fait déjà égale-ment en Côte d’Ivoire, au Sénégal ettout récemment au Gabon. L’autrechose qui m’a marqué au Rwanda,c’est la volonté affichée des pouvoirspublics d’aller dans une direction.Cela permet aux populations decomprendre que c’est par là qu’onva. Et quand on prend une décision,

on l’applique. Au Cameroun, on a

toujours l’impression que lorsqu’onmet une politique en place, au dé-but c’est facultatif. Quand les gensvoient que c’est facultatif, ils com-mencent à se plaindre, quand ilsse plaignent, on dit qu’il faut sus-pendre cela pendant un ou deuxans, et puis on abandonne. Voussavez par exemple qu’au Rwandail n’y a pas de papiers plastiques.Quand vous arrivez à l’aéroportavec un sac plastique, on enlève ceplastique. Vous ne trouverez nullepart au Rwanda des sacs plastiques.

Kigali est nickel et propre !

IC : En l’état actuel, l’Etat ne de- vrait-il pas permettre aux autresopérateurs de mobile d’installer lafibre optique ?ATM : Dans l’ère de la concurrence,un joueur ne peut pas être un ar-bitre. Si c’est Camtel qui construit lafibre optique et la commercialise enmême temps aux opérateurs et auxabonnés et qu’il a ses partenairesprivilégiés, ce n’est pas faisable. Plus

cher est vendue la fibre optique,plus cher est le coût taxé à l’usa-ger. Il faudrait ouvrir le marché, ouencore créer, comme l’ont suggérécertains experts, une structure quigérera les infrastructures. Il faudraitqu’il y ait des arbitres authentiques.

IC : La politique du gouvernementen matière de TIC est-elle de natureà inciter les investissements dans cesecteur ?ATM : Non. Le grand problèmeque j’ai, c’est que quand je discuteavec les investisseurs étrangers,ils disent toujours qu’ils ne com-

prennent pas le Cameroun. J’ai

eu un client qui voulait démarrerrapidement une société parce qu’ilavait une soumission à faire. Nousétions prêts en deux ou trois jours.Les statuts étaient prêts, le notairea vite fait. Mais au moment d’allerretirer le registre du commerce,on nous a dit : «  Non. C’est unesociété étrangère, il faut obtenirun agrément.  » Nous repartonsau Ministère du commerce fairela demande et déposer un dossierd’agrément. Nous avons perdudeux à trois semaines.

En même temps, le gouvernementlutte pour être bien placé dans leDoing Business. Cette année, nousavons perdu des places. Je me de-mande comment on peut vouloirune chose et son contraire. Il y ades pays comme le Sénégal, et biend’autres, où en 24h vous avez votresociété. On peut le faire. Une société,en fait, c’est quoi ? C’est qu’on vousidentifie comme faisant un certaintype de commerce. Au moment depayer les impôts, on saura qui vous

êtes et quelles sont vos activités. Onsaura qui sont les promoteurs.

IC : L’on vous connaît comme ce-lui qui a classé le Cameroun deuxfois de suite à la tête des pays lesplus corrompus du monde en1998, du moment où vous étiez àTransparency International, ce qui

 vous a d’ailleurs valu des inimi-tés ici et là. Quelle est aujourd’hui

 votre perception sur l’évolutionde la lutte contre la corruption auCameroun ?ATM : Quand on a été classé pourla première fois comme pays le plus

corrompu du monde, ce classe-ment m’a amené à créer la sectioncamerounaise de TransparencyInternational. Puis nous avons étéaccrédités, nous sommes passés auconseil pour être élu vice-présidentde Transparency International.Dans le tout premier classement,99 pays étaient sur la liste. Nousétions les premiers, le pays le pluscorrompu. Cela s’est répété deuxà trois fois. C’est à cette époque-là que j’ai invité au Cameroun leDr Heigen, qui était le président deTI. Quand je parlais de corruptionau Cameroun, j’étais taxé d’oppo-sant. J’ai perdu des clients quiétaient ici pour faire des affairesavec l’Etat. Mais j’ai persisté et ona créé ici le Comité ad hoc  de luttecontre la corruption. J’ai d’ailleursdemandé pourquoi on appelaitcela comité, ils m’ont répondu que« la corruption, c’est quelque chosequi passe ». Aujourd’hui, nousavons une structure spécialiséedans la lutte contre la corruption

créée par une loi. C’est une bonnechose.S’il y a une évaluation à faire, jevais dire que nous sommes pas-sés d’une période où l’on faisaitla politique de l’autruche à unepériode où l’on reconnaît que c’estun problème majeur, un frein audéveloppement. Plus encore, nousavons des actes de lutte contre lacorruption que je trouve auda-cieux. Quand je voyage à l’interna-tional, je mets toujours au défi les

« Quand onvoit ce queles gens fontavec les TICaujourd’huidans lemonde, onse demandepourquoinous ne sou-tenons pasvéritable-ment nosinnova-teurs. »

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-36- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

INTERVIEW

gens de me montrer un pays dansle monde qui a autant de hautespersonnalités publiques en prison.Vous avez en prison au Camerounun Premier ministre, un secré-taire général à la Présidence dela République, de nombreux mi-nistres, des directeurs générauxde sociétés publiques, etc. Je neconnais aucun pays africain qui amis autant de ses hauts cadres enprison. Donc, cela montre qu’il ya une volonté de lutter contre cefléau. Mais je pense que le systèmereste le même. On a un problèmesystémique et si le problème n’est

pas soigné, on sera toujours là. Onévolue au niveau des sanctions,mais si le niveau reste le même,on va toujours rester au niveaudes sanctions. Il y a par exemplel’article 66 de la Constitution surla déclaration des biens qui n’estpas encore appliqué depuis prèsde vingt ans. Je pense qu’il fautmettre davantage l’accent sur laprévention, et la prévention passepar un toilettage systémique. Ilfaut faire un audit du système pourpouvoir nous faire avancer. Sinon,les mêmes causes produisent lesmêmes effets.

IC : Que répondez-vous à ceuxqui pensent que les hauts cadresemprisonnés sont des prisonnierspolitiques et non des personnescorrompues ou alors qui ont dila-pidé les biens de l’Etat ?ATM : Ma réponse à cette ques-tion est simple. Si vous pensez quevous êtes en mauvaise situationpolitique, faites attention, parce que

lorsqu’on va commencer à chercherles corrompus, on aura un beau pré-texte pour vous prendre. J’ai eu unclient il y a environ 25 ans. Je vais luirendre visite en prison, je le retrouvemenotté et rasé. C’était un hautcadre respecté en prison. En fait, ilbuvait trop et a engueulé les gardesprisonniers. On lui a donc appliquéla punition des prisonniers violents.Avant cela, on le passe à la fouille.Que trouve-t-on dans sa poche ? Unballot de chanvre indien. Quand je

le vois, je lui dis : « Selon toi, tu es ici pour des raisons politiques. Mais les gars qui t’accusent ont avec ce ballotde chanvre une bonne raison. Ils ou-blient les accusations et ils prennentceci pour te condamner.  » Donc,c’est vrai, dans une atmosphèrepareille, si vous êtes en mauvaiseposture avec le pouvoir, cela va vousprendre. C’est possible qu’il y ait desgens qui sont là pour des raisonspolitiques. Je n’en sais rien. Mais il

 y a des cas avérés de corruption, etdans une telle atmosphère il fau-drait faire attention. (…) Je ne suispas en train de dire tant pis pour les

innocents emprisonnés. Je suis entrain de dire que c’est impossible dene pas avoir ces cas-là. (…)

IC : Comment se passe le bascu-lement de la casquette d’avocatdétesté par l’Etat, parce qu’il dé-nonce la corruption, à celle d’avo-cat défenseur des intérêts de l’Etatcamerounais dans des dossiers auxEtats-Unis ?ATM : Je suis avocat, et si un clientme constitue, je fais mon travail.Mais beaucoup de prisonniers ca-merounais m’ont demandé de meconstituer pour les défendre, j’airefusé. Car à l’état actuel, je suisl’avocat du Cameroun. Donc, d’uncoup, je ne peux pas être l’avocat duCameroun d’un côté, et de l’autrecelui de ceux qui sont accusés dedétournements de deniers publics.D’ailleurs, j’ai eu des problèmessimilaires au Nigeria. Au débutde mon travail avec TransparencyInternational, j’ai eu des problèmesavec TI. Car j’ai été constitué par

la famille Abacha dans les procèscontre Mohamed Abacha. J’ai dûme démettre trois mois plus tardpour la simple raison qu’il y avait ceconflit d’intérêts.Donc, comme avocat du Cameroun,nous travaillons sans problème. Jene vois pas de problème dans lesactivités que je mène comme mili-tant de la société civile et l’exercicede ma profession d’avocat. Un

 journaliste m’avait posé la ques-tion : « Comment pouvez-vous faire

 partie d’une délégation de l ’Etat ca-merounais pour aller aux Etats-Unisconvaincre les investisseurs à venirau Cameroun ? » Je lui ai répondu :«  Mais vous n’avez rien compris.  »Je sors tous les 20 mai (fête natio-nale du Cameroun, ndlr) pour merendre au Boulevard du 20 mai. Jevois tous ces jeunes qui cherchentun travail. Si vous m’envoyezaux Etats-Unis pour parler auxhommes d’affaires de venir investirau Cameroun, j’irai. Notre pays estun pays de potentiels. Et c’est vrai !Je le leur dirai. Et si on me répond« votre pays est corrompu », je rétor-

querai que c’est pourquoi je vou-drais qu’ils viennent. Parce que,plus vous investissez dans un pays,plus vous atteignez une masse cri-tique forte, plus les pouvoirs pu-blics se diront que si vous partez,les pertes que vont enregistrer leTrésor public via le paiement desimpôts seront nombreuses. Pluson aura donc un plus grand lobby.Si des grandes sociétés commeGoogle, Facebook et autres s’ins-tallent au Cameroun et que 30%des revenus fiscaux proviennentd’elles, qui va en bénéficier en pre-mier ? D’ailleurs je ne parle pas desemplois qui seront créés. Donc,faisons attention !En Indonésie, des généraux avaientdétourné de l’argent. Des sommesénormes. Vous savez ce qu’ils ontfait ? Ils ont investi dans leur proprepays et construit des usines. Quandon a commencé la lutte contre la cor-ruption, on ne pouvait pas toucherces généraux-là. Pourquoi ? Parcequ’ils étaient devenus des poids

lourds, les uns ayant 5000 employéspar-ci, 10 000 employés par-là,d’autres avaient même 25 000 em-ployés. Mais dans notre pays, nousfaisons le contraire. Nos frères,quand ils volent de l’argent public,c’est pour construire un châteauau village où personne n’habite, ouencore pour parquer l’argent dansun paradis fiscal.

Propos recueillis par

Beaugas-Orain Djoyum

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-37-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

GESTION PUBLIQUE

La Loi de finances 2016 de l’Etat duCameroun a consacré l’institution detrois nouvelles taxes, notamment dansles secteurs des télécoms, du commerce

et du gaz industriel, a-t-on appris desources internes au Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam). Ils’agit de la taxe sur les communicationsélectroniques, à laquelle seront assujet-ties les entreprises de communicationaudiovisuelle, de téléphonie mobile, lesfournisseurs d’accès internet, etc., dela taxe sur les transactions financières

en cash, qui devrait concerner tous lesagents économiques, et de la taxe sur ladistribution du gaz industriel dans lepays. A l’observation, l’Etat camerou-

nais entend capitaliser sur le dévelop-pement exponentiel de certains secteursd’activités (gaz industriel et téléphoniemobile) sur son territoire au cours deces dernières années, ainsi que sur cer-taines habitudes des populations came-rounaises (manipulation à outrancedes espèces), pour s’assurer d’atteindreses objectifs budgétaires 2016 (4237,8

milliards FCFA), en hausse de près de500 milliards FCFA par rapport à 2015(3746,6 milliards FCFA).Pour rappel, en janvier 2014, au cours

de la conférence annuelle des servicescentraux, extérieurs et déconcentrésdu Ministère des finances, le directeurgénéral des Impôts, Modeste Mopa, ju-geant le taux de pression fiscale de 13%dans le pays encore « faible » par rapportà la moyenne africaine, avait préconiséson relèvement à 18% sur le « moyenterme ».

Bernadette Mbarga, la directrice générale du Bureaucentral des recensements et des études sur la popu-lation (BUCREP), est formelle. Afin de réaliser le4ème recensement général de la population came-rounaise, dont les travaux de préparation pourraientdébuter dès janvier 2016, le BUCREP devra graduel-lement recruter environ 30 000 personnes à titretemporaire. La DG du BUCREP a exprimé ce besoinau cours d’une récente réunion avec les responsablesdu Ministère de l’économie. Cette rencontre inter-venait après la signature, le 15 septembre 2015, d’undécret présidentiel annonçant la réalisation du 4ème recensement général de la population camerounaise.

Le 9 octobre 2015, en installantdans ses fonctions le magis-

trat Justine Aimée NgounouTchokontchieu, la nouvelle pro-cureure générale du Tribunal cri-minel spécial (TCS), juridictiond’exception chargée de connaîtredes affaires de détournements dedeniers publics au Cameroun, leministre de la Justice Laurent Essoa dressé le bilan de cette juridic-tion en trois ans d’activité. Il enressort que, sur la période consi-dérée, le TCS a permis de récu-pérer auprès des détourneurs de

deniers publics une somme totalede 3,1 milliards de francs CFA au

titre de remboursement du corpsdu délit. En effet, le texte créant leTCS autorise le remboursementdu corps du délit en échange d’unarrêt des poursuites dont peutdécider le ministre de la Justice.En outre, a-t-on appris, au total115 dossiers ont été instruits ousont en cours d’instruction, 223inculpations, 40 non-lieux et 41décisions d’arrêt des poursuitesont été prononcés.

Trois nouvelles taxes instituées dans lessecteurs des télécoms, du commerce et du gaz

30 000 emplois

temporaires en vuedans le cadre du4ème recensementgénéral de lapopulation

Le TCS, la juridictionchargée de connaître desdétournements de denierspublics, a déjà recouvré3,1 milliards FCFA

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-38- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Vincent Badji, l’ambassadeur de laRépublique du Sénégal au Cameroun,est allé récemment proposer au mi-nistre camerounais du Développementurbain et de l’Habitat, Jean-ClaudeMbwentchou, de partager l’expérience

du Sénégal dans le logement social, auregard des progrès enregistrés par cepays ces dernières années, a déclaré lediplomate sénégalais au sortir d’uneaudience. A titre d’exemple, la Banquede l’Habitat du Sénégal (BHS), qui a fêté

ses 35 ans en mars 2015, a investi plusde 200 milliards de francs CFA pourpermettre à des promoteurs sénégalaisdu logement social de construire envi-ron 100 000 logements, révèlent les sta-tistiques de la BHS. Une performancerendue possible grâce à la réductionconstante des taux d’intérêt sur les cré-dits immobiliers (ils sont passés de 14%

remboursables en dix ou quinze ans à6,5% remboursables sur 25 ans), cou-plée à des exonérations fiscales en faveurdes promoteurs immobiliers contenuesdans le Code des impôts du Sénégal.Au Cameroun, où les statistiques offi-cielles affichent un déficit estimé à 1,3million de logements sociaux (contre125 000 au Sénégal, pays dont le planpour l’émergence prévoit la construc-tion de 15 000 logements chaque an-née), le Crédit Foncier, le pendant de laBHS, a octroyé des crédits d’un montanttotal de 261 milliards de francs CFA en37 ans, ce qui a permis de construire69 500 logements et d’aménager plus de15 700 parcelles constructibles. Depuisdes années, les promoteurs immobiliersdu pays ne cessent de réclamer des faci-lités fiscalo-douanières en vue de doperles activités du secteur.

La délégation de l’Union européenneau Cameroun vient de lancer « le pro-

 jet d’appui à l’instauration d’un climatde confiance entre l’Etat et ses adminis-trés dans la région de l’Extrême-Norddu Cameroun  ». Doté d’une enveloppede 2,5 milliards de francs CFA, ce pro-

 jet vise, en partenariat avec le Corpsnational des sapeurs-pompiers et laDélégation générale à la sûreté natio-nale, à améliorer les capacités d’inter-vention des centres d’urgence des sa-

peurs-pompiers à Maroua et à Kousseri,ainsi que de quatre postes frontières auNord et à l’Extrême-Nord du pays.Selon l’UE, ce projet d’une durée de 18mois prévoit, entre autres réalisations,les travaux de réhabilitation des centresde secours et des postes frontières, lalivraison de matériels roulants, de com-munication et de détection, ainsi que desformations au bénéfice des agents de lapolice des frontières et du Corps natio-nal des sapeurs-pompiers. En effet, après

des attaques armées qui ont duré plu-sieurs mois, faisant de nombreux mortset des blessés nécessitant une prise encharge adéquate et urgente, l’Extrême-Nord du Cameroun est, depuis quelquesmois maintenant, le théâtre d’attentatskamikazes perpétrés par des insurgés dela secte islamiste nigériane Boko Haram.Ces attentats ont déjà fait plus de centmorts et de nombreux blessés.

Le Sénégal propose au gouvernement

camerounais son expertise dansle logement social

L’UE décaisse 2,5 milliards FCFA pour améliorer

la qualité des secours à l’Extrême-Nord

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-39-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

La société française Razel a rejoint laChinoise Anhui Shuian ConstructionsGroup sur le projet de construction ducanal du Mfoundi, un fleuve qui tra-verse Yaoundé, et dont le débordementdu lit cause souvent des inondationsdans la capitale camerounaise. En effet,après avoir confié une première partiedes travaux à réaliser (infrastructuresconnexes) à la société chinoise susmen-

tionnée pour un montant de 10,8 mil-liards de francs CFA, la Communautéurbaine de Yaoundé vient d’attribuer uncontrat de 48 milliards FCFA à la sociétéfrançaise Razel pour la réalisation dugros œuvre sur ce projet.Pour rappel, la construction du canaldu Mfoundi fait partie du Programmed’aménagement de Yaoundé (Pady),qui est aujourd’hui à sa 2ème phase. Pour

cette phase, le gouvernement a obtenuun financement de 52,5 milliards FCFAde l’Agence française de développement(AFD). La première phase de ce projet,financée à hauteur de 22,3 milliards defrancs CFA par la Banque africaine dedéveloppement (BAD), avait déjà per-mis de construire 3,5 km du canal.

Le gouvernement camerounais vient d’attribuer à deux grou-pements de Bureaux d’études techniques (BET) européen etafricain trois contrats d’un montant total de près de 5 mil-liards de francs CFA pour la réalisation des études de faisabilitédes projets de construction de trois nouvelles lignes de chemin

de fer dans le pays. Dans le détail, le consortium constitué parl’entreprise tunisienne Studi International, le groupe françaisIngerop et le BET camerounais Ecta BTP s’adjuge un contratde 3,5 milliards de francs CFA pour les études de faisabilitédu projet de ligne ferroviaire entre Douala, dans la région duLittoral, et Ngaoundéré, capitale régionale de l’Adamaoua,située dans la partie septentrionale du pays. Dans le mêmetemps, les contrats pour les lignes ferroviaires Edéa-Kribi etDouala-Limbé ont été attribués au groupement constitué parla société espagnole Ardanuy, le Pakistanais Umar MunshiAssociates, la société britannique CGV Engineering et lecabinet camerounais Bonus Consulting. Montant des deuxcontrats : 1,262 milliard de francs CFA.

Le Cameroun est la 114ème économie la plus compétitive aumonde, parmi les 140 pays évalués en 2015 par le WorldEconomic Forum (WEF). Le pays, qui gagne ainsi deux placespar rapport à l’année dernière, arrive cependant derrière leGabon (103ème), première nation d’Afrique centrale dans ceclassement 2015-2016. Cependant, dans ce classement 2015-2016, le Cameroun devance de dix places le Nigeria (124ème),qui est la toute première économie du continent noir. Au planafricain, comme ce fut déjà le cas l’année dernière, l’économiela plus compétitive en Afrique demeure celle de l’Ile Maurice,suivie de celle d’Afrique du Sud.

Razel décroche un contrat de 48 milliards FCFA

pour construire le canal du Mfoundi

5 milliards FCFA decontrat attribuéspour les études defaisabilité de projetsferroviaires

Le Cameroun gagnedeux places auclassement 2015 deséconomies les pluscompétitives

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-40- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Le 12 mars 2014 à Douala, face aux opé-rateurs économiques invités à un dî-ner-débat organisé par le Groupementinterpatronal du Cameroun (Gicam),Modeste Mopa, le directeur général desImpôts du Ministère des finances, avaitfait une révélation de taille sur les pra-tiques en matière fiscale au Cameroun.En effet, alors qu’un recensement del’Institut national de la statistique (INS)dénombrait environ 98 000 entreprisesen activité sur le territoire camerou-

nais, le fichier des impôts, lui, n’affichaitqu’environ 2500 personnes physiques etmorales, avait indiqué le DGI. Au sortirde la réunion de coordination de la DGItenue le 16 octobre 2015 à Ebolowa,

dans la région du Sud, l’administra-tion fiscale camerounaise a annoncé unfichier de 96 791 contribuables à fin sep-tembre 2015. Calculette en main, entrel’annonce de mars 2014 à Douala et sep-tembre 2015, soit 18 mois plus tard, laDGI a recruté plus de 95 000 nouveauxcontribuables.A l’origine de cette performance, sou-ligne-t-on à la DGI, les réformes initiéessur la période considérée. Il en est ainside l’assainissement du fichier, de la sé-

curisation des recettes, de la création desCentres des impôts des moyennes entre-prises (CIME) pour un suivi plus accruet plus efficace des moyennes entreprisesdu pays (les PME constituent 90% des

entreprises du Cameroun), de la simpli-fication des procédures de payement desimpôts, avec notamment l’introductionde pratiques telles que la télédéclarationou encore le mobile paiement pour cequi est de la taxe foncière, etc.Du fait de l’élargissement de l’assiettefiscale consécutive à certaines de cesréformes, la collecte des recettes s’entrouve améliorée. Pour preuve, sur unobjectif de 1600 milliards de francs CFAfixé à la DGI en 2015, cette administra-

tion avait déjà collecté 1300 milliards defrancs CFA à un trimestre de la fin del’année budgétaire 2015.

La firme américaine Insitu Inc, baséeà Washington, a récemment reçu dugouvernement camerounais une com-mande de drones de combat de typeScanEagle pour un montant total d’unpeu plus de 5 milliards de francs CFA,a révélé la revue spécialisée Flightglobal ,citant une annonce faite le 29 septembre2015 par le Ministère américain de ladéfense. Le contrat entre la partie came-rounaise et Insitu Inc intègre également,apprend-on, la fourniture des pièces derechange, la maintenance de ces dronespendant un an et la formation d’expertscamerounais à la manipulation de ces

équipements, qui seront livrés à partirde septembre 2016. Cette informationa été révélée quelques jours seulementaprès la décision du gouvernementaméricain, confirmée par un communi-qué de la présidence de la Républiquecamerounaise lu à la télévision natio-nale le 15 octobre 2015, de déployer300 soldats américains au Cameroundans le cadre de la lutte contre la secteislamiste nigériane Boko Haram, quimultiplie les attentats kamikazes auCameroun depuis quelques mois.

Les réformes explosent le chier des impôts, de

2500 à 96 791 contribuables en 18 mois

Le Cameroun commande des drones pour5 milliards FCFA chez l’Américain Insitu Inc

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-41-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

Vingt-trois communes forestières duCameroun et dix ONG engagées dansla protection et la gestion des forêtsviennent de recevoir des subventionsd’un montant total de 622 millions defrancs CFA dans le cadre du Programmesectoriel forêt et environnement (PSFE).Ce programme est financé sur fonds

C2D du gouvernement français. Cesfonds serviront au reboisement, à l’amé-nagement de nouvelles unités fores-tières, au financement de certains pro-

 jets de recherche et de valorisation desressources forestières, principalementdans les régions du Centre, de l’Est etdu Sud du Cameroun. Lancé en 2007, leProgramme sectoriel forêt et environne-ment, qui a été réformé à partir de 2012,bénéficie d’une enveloppe budgétaireglobale de 10 millions d’euros, soit envi-ron 6,5 milliards FCFA.

Le gouvernement camerounais vientd’attribuer pour un peu plus de 24 mil-liards de francs CFA de contrats dans lecadre de la réhabilitation et de l’amé-nagement des infrastructures sportivesen prélude à l’organisation, en 2016,de la Coupe d’Afrique des nations defootball féminin. Les entreprises came-rounaises se taillent la part du lion dans

ces premiers contrats, avec plus de 17milliards de francs CFA dans leur escar-celle, soit environ 70% de l’enveloppeglobale. L’entreprise française AlcorEquipements s’adjuge un contrat d’unpeu plus de 3 milliards FCFA, contreenviron 4,5 milliards FCFA pour deuxentreprises chinoises.

Tout au long de la période 2016-2017,la représentation du Bureau interna-tional du travail (BIT) au Camerounencouragera toutes les initiatives visant

à faire migrer les opérateurs du secteurinformel vers le secteur formel. C’estce qu’a indiqué au patronat came-rounais, qu’elle vient de rencontrerà Douala, la nouvelle responsable duBIT au Cameroun, Vera Lucia PaquetePerdigao. « L’une de nos actions fortessera de travailler à la transition rapide desacteurs du monde informel vers le formel.

 Je parle ici de l’économie informelle, dontles acteurs sont de plus en plus nombreux.

 Nous avons mené des études qui nous per-mettent de comprendre que beaucoup s’y

engouffrent par ignorance, et aussi parcequ’ils veulent parfois éviter les impôts. Or,ils doivent savoir qu’il est avantageux detravailler dans le secteur formel  », a indi-

qué Vera Lucia Paquete Perdigao.Selon une étude de la représentationlocale de la Banque mondiale publiéeen janvier 2012, au Cameroun, le sec-teur privé formel et le secteur publicreprésentent respectivement 4% et 6%des travailleurs. 90% des travailleurssont donc concentrés dans le secteurinformel, avec une prépondérance pourl’agriculture, qui emploie environ 53%de la main d’œuvre informelle du pays,contre 37% dans les services et le com-merce de détail.

L’AFD injecte

622 millionsFCFA dansla gestionforestièreau sein descommunes

Les entreprises locales

raent 70% des premierscontrats d’infrastructuresde la CAN 2016

Le BIT veut réduire laproportion de l’économieinformelle au Cameroun

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-42- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Les acquisitions foncières effectuéespar la Chine pour ses investissementsagricoles en Afrique sont estimées à

280 000 hectares, selon LandMatrix,l’observatoire mondial sur les acquisi-tions foncières à grande échelle. Bienqu’une étude contradictoire conduitepar Deborah Brautigam, directrice del’Initiative de recherche sur la Chineen Afrique (China Africa ResearchInitiative) à l’Université Johns Hopkins,ramène cette superficie à 240 000 hec-tares, il ressort des deux études que le

Cameroun fait partie du top 10 despays africains ayant le plus cédé deterres pour les investissements agricoles

chinois. Avec 10 120 hectares de terrescédées à la société chinoise Shaanxi LandReclamation General Corporation (quiopère sous le nom IKO), notammentdans la région du Centre du pays (NangaEboko et Ndjoré) pour la culture du rizet du maïs, « le Cameroun, l’Ethiopie et le

 Mozambique recensent quelques-uns des plus importants investissements chinois »dans l’agriculture sur le continent

noir, souligne la Fondation ThomsonReuters. A l’échelle continentale, leCameroun arrive pourtant loin derrière

le Zimbabwe, qui a cédé 100 000 hec-tares à la société chinoise CWE pour laculture du maïs. Ou encore de pays telsque le Nigeria et le Mozambique, qui ontdéjà cédé 25 000 hectares chacun pourles investissements agricoles chinois, oucomme le Mali et l’Ethiopie, avec 20 000hectares cédés chacun.

En 2016, après la région duSud-Ouest entre 2012 et

2014, Telcar Cocoa, négo-ciant local de la firme inter-nationale Cargill, étendrason programme de forma-tion des producteurs decacao à la certification auxrégions du Centre et du Sud

du Cameroun, a-t-on appris de bonnes sources. A travers cetteextension de son programme « Cocoa Sustainability Venture »,Telcar Cocoa ambitionne de former 10 000 nouveaux produc-teurs au processus de certification du cacao à travers l’orga-nisation d’environ 334 sessions de formation dans les deuxbassins de production susmentionnés.

Dans son dernier rapport trimestriel sur l’évolution de l’ac-tivité économique au Cameroun, la direction nationale de

la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) projetteune réduction de la production cacaoyère 2015-2016 dansle pays d’environ 20 000 tonnes. Selon les prévisions del’institut d’émission des six Etats-membres de la Cemac, aucours de la campagne cacaoyère 2015-2016 débutée en août2015 et qui s’achèvera à la mi-juillet 2016, la productioncacaoyère nationale culminera à environ 210 000 tonnes,contre un peu plus de 232 000 tonnes en 2014-2015. A l’ori-gine de cette prévision à la baisse, qui rejoint celle de l’Of-fice national du cacao et du café (ONCC), l’actuelle cam-pagne cacaoyère correspond à la période du repos végétatifdes cacaoyères, qui survient tous les cinq ans, soulignent lesexperts de la filière.

Le Cameroun dans le top 10 des paysd’Afrique ayant le plus cédé de terresaux investisseurs chinois

Telcar Cocoa formera10 000 nouveauxproducteurs à lacertication du cacao

en 2016

La BEAC projetteune baisse de laproduction cacaoyère2015-2016 d’environ20 000 tonnes

AGRO

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-43-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

Le Conseil interprofessionnel du cacaoet du café (CICC) a organisé le 20 oc-tobre 2015 à Milan, en Italie, à l’occa-sion de l’Exposition universelle 2015, le« Forum jeunes de New Generation ». Ils’est agi, en plus de présenter les oppor-tunités que recèlent les filières cacao-café au Cameroun, de mettre en exergueles objectifs et les retombées de New

Generation. Ce programme, « considéré par les organisations internationales ducacao et du café comme l’une des initia-tives les plus innovantes de ces dernièresdécennies dans ces filières  », selon leCICC, a été lancé il y a trois ans par l’in-terprofession cacao-café camerounaise.Il vise à rajeunir à la fois les producteurset le verger cacao-café afin d’assurer la

durabilité de ces filières qui font faceaussi bien au vieillissement des plan-tations que de la force de production.Au cours du forum milanais auquel ontparticipé de jeunes producteurs enca-drés par New Generation, le secrétaireexécutif du CICC, Omer Gatien Malédy,a exposé sur le programme « Retour aupays ». Cette communication à l’inten-tion des jeunes de la diaspora camerou-naise invités au forum visait à proposerà ces derniers l’insertion dans les filières

cacao-café comme projet de retour auCameroun.Cet appel du pied en direction des

 jeunes de la diaspora camerounaise esten droite ligne des objectifs de déve-loppement de New Generation, quiambitionne d’encadrer chaque année3000 jeunes dans le cadre de ce pro-gramme, contre 1000 par an actuel-lement. Les premiers bénéficiaires deNew Generation ont déjà mis en place1335 hectares de cacaoyères, dont lespremières entreront en production aucours de la campagne courante.

Le 30 juin 2015 à Douala, la capitaleéconomique du Cameroun, en inau-gurant le premier hypermarché de lachaîne française Super U, le ministredu Commerce Luc Magloire Mbarga

Atangana avait souhaité que « le ma-nioc de Ngoulémakong, le plantain de Njombé, l’igname de Mbe, la viande debœuf de Ngaoundal, le poisson de Youpé,les crevettes de Kribi  » trouvent « leur

 juste place dans les rayons, au même titreque les produits manufacturés issus del’importation ». Ce n’est pas de Super U  que la satisfaction de cette requête estvenue, mais plutôt du supermarchéCasino, contrôlé par le groupe MercureInternational, au même titre queSuper U . En effet, depuis quelques mois,

il est possible au supermarché Casino deYaoundé de se procurer des bâtons demanioc communément appelés « bo-bolos », du mitoumba, sorte de gâteaude manioc très prisé en pays Bassa, ducouscous de maïs ou encore du taro,entre autres. Le tout bien conditionné.Les prix de ces produits locaux sontcertes légèrement plus élevés chez Casino que ceux pratiqués dans les rues du

pays, où ces denrées abondent, mais laclientèle ne se fait pas rare, apprend-ondes responsables du supermarché. Cesderniers font cependant remarquer quele gros de la clientèle se recrute parmi lesmembres de la diaspora, ou alors les pa-rents désirant envoyer des paquets auxmembres de leurs familles ou aux amisvivant aussi bien dans certaines métro-poles du pays qu’outre-Atlantique.

En guise de projet de retour au pays, le CICC

propose la culture du cacao à la diaspora

Les produits du terroir débarquent sur les étalsdu supermarché Casino 

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-44- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Passer d’une production actuelle d’unpeu plus de 6300 tonnes d’huile depalme par an à environ 21 000 tonnes.C’est l’objectif que s’est fixé l’Agro-pole de production, de transformationet de commercialisation d’huile depalme d’Edéa, que vient de lancer offi-ciellement le ministre délégué auprèsdu ministre de l’Economie, YaoubaAbdoulaye. Dans ce projet de plus de1,5 milliard de francs CFA, porté par desopérateurs privés, l’Etat du Cameroun,

à travers le programme Agropoles, quivise à créer des emplois dans les zonesrurales au moyen du développementdes activités génératrices de revenus, ainvesti 612 millions FCFA, apprend-onde bonnes sources. Concrètement, cesfinancements étatiques serviront à laréhabilitation des routes desservant lespalmeraies, l’achat des intrants et l’ins-tallation d’une unité de production etde transformation de l’huile de palme.Pour rappel, malgré l’existence de

grandes unités industrielles qui ex-ploitent le palmier à huile (60 000 hec-tares au total selon le Ministère de l’agri-culture) dans le pays, et de nombreusesplantations privées (100 000 hectares)disposant d’huileries traditionnelles,le Cameroun ne parvient à produirequ’entre 235 000 et 270 000 tonnesd’huile de palme par an. La demandenationale, elle, se situe officiellementautour de 385 000 tonnes. Soit un défi-

cit de plus de 100 000 tonnes chaque an-née. Pour cette année 2015, par exemple,afin de résorber ce déficit, le Comité derégulation de la filière des oléagineuxa proposé au gouvernement, en débutd’année, d’autoriser des importationsd’huile de palme pour environ 60 000tonnes, à un taux de droit de douanepréférentiel de 5% et en exonération dela TVA.

Dans le cadre de son projet Agropoles,qui vise à créer des activités génératricesde revenus dans les zones rurales et àlimiter les importations de produits ali-mentaires dans le pays, le gouvernementcamerounais vient d’investir 522 mil-

lions de francs CFA dans l’Agropole deproduction de poisson de Limbé, situédans la région du Sud-Ouest. Grâce àcet appui financier, apprend-on, ce pro-

 jet porté par une coopérative de pisci-culteurs présidée par Johnson Njocke

ambitionne de porter sa production depoisson de 83 tonnes actuellement à en-viron 813 tonnes par an. Concrètement,il sera question de produire des alevins àmettre à la disposition des éleveurs desenvirons à un prix hautement compéti-tif, afin d’atteindre le niveau de produc-

tion escompté.En plus de contribuer à l’augmenta-tion de la production locale du pois-son, le projet de Limbé permet surtoutde promouvoir l’aquaculture qui, selonles estimations officielles, est le parentpauvre de la production du poissonau Cameroun. Par exemple, sur les176 000 tonnes de poisson produitesau Cameroun chaque année, seulement1000 tonnes, c’est-à-dire 0,1% de laproduction nationale, proviennent del’aquaculture.

L’Etat camerounais investit 612 millions FCFA

dans la production de l’huile de palme à Edéa

Un projet d’un demi-milliard FCFA pour produire813 tonnes de poisson à Limbé

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-45-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

Au cours de sa session du 9 décembre2015, le conseil d’administration de laBanque africaine de développement(BAD) examinera le dossier de finance-ment du Projet de développement deschaînes de valeurs agricoles (PD-CVA)soumis par le gouvernement camerou-nais, a-t-on appris au sortir d’une au-dience que le ministre de l’Agriculture,

Henri Eyebe Ayissi, vient d’accorder àRacine Kane, le représentant résidentde la BAD au Cameroun. Ce projet,d’un coût global de 110 milliards defrancs CFA, sera implémenté dans les

régions du Centre, du Sud, de l’Est, puisdu Littoral et du Sud-Ouest. Selon ledescriptif proposé par la BAD, le PD-CVA « cible trois filières végétales (plan-tain, ananas et palmier à huile) en raisonde leur degré d’intégration et de matu-rité, de leurs marchés et possibilités detransformation, de leur importance éco-nomique (revenus et emplois) et de leur

incidence sur la sécurité alimentaire ».Concrètement, ce projet permettra deréhabiliter environ 1000 km de pistesrurales dans les bassins de productionconcernés, la construction d’un labo-

ratoire de contrôle qualité, la construc-tion d’infrastructures communautaireset des entrepôts, la construction de30 km de réseau électrique. Le PD-CVAintègre également une composanteinsertion professionnelle, notammentpour les femmes (40% sur les 1500 per-sonnes que vise le projet) et les jeunesdiplômés. Ceux-ci seront encadrés dans

« des centres d’incubation aux métiers del’agrobusiness en les aidant à créer leur propre entreprise (600 nouvelles entre- prises sont projetées dans le cadre du projet) ».

L’usine de production d’huile d’avocat en gestation à Mbouda,

grand bassin de production d’avocats dans la région del’Ouest, sera également approvisionnée à partir de la loca-lité de Foumbot, toujours à l’Ouest du pays. En effet, a-t-onappris de bonnes sources, l’Etat camerounais, via son projetAgropoles, vient d’y lancer un agropole de production d’avo-cats. Grâce à ce projet dont l’investissement global est évaluéà 678 millions de francs CFA, 34 producteurs de cette localitéenvisagent de planter, à partir de l’année 2016, environ 369hectares d’une variété améliorée d’avocatiers. Ces plantationsnouvelles permettront de récolter 5000 tonnes d’avocats paran, contre 1500 tonnes actuellement. La production serviraessentiellement à l’approvisionnement de l’unité de produc-tion d’huile d’avocat de Mbouda.

En matière de variétés, les producteurs de manioc auCameroun n’ont que l’embarras du choix. Et pour cause,dans le cadre de ses différents travaux, l’Institut de rechercheagronomique pour le développement (IRAD) a déjà mis aupoint pas moins de 200 variétés locales de manioc, dont sixaméliorées, a annoncé l’IRAD au cours d’une réunion avecles producteurs. En plus d’être adaptées aux différentes zonesécologiques du pays, les variétés améliorées produisent desrendements très intéressants. Pour un hectare, par exemple,soutient l’IRAD, ces variétés permettent d’obtenir jusqu’à 25à 40 tonnes de manioc, contre 12 tonnes seulement pour dessemences traditionnelles.

Le Cameroun négocie un prêt de

110 milliards FCFA à la BAD pour développerl’agriculture

369 hectaresd’avocatiers à planter

dans le Noun pouralimenter l’usinede Mbouda

L’IRAD a déjà mis aupoint 200 variétés de

semences amélioréesde manioc

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-46- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

La Banque Internationale du Camerounpour l’Epargne et le Crédit (BICEC),filiale locale du groupe français BanquePopulaire (BPCE), a un nouveau direc-

teur général depuis quelques semaines.En provenance de la Banque MalgacheOcéan Indien (BMOI), une autre filialedu groupe BPCE, Alain Ripert a été offi-ciellement présenté à ses clients et autrescollaborateurs le 5 novembre 2015 àYaoundé. Il remplace au poste de DG dela BICEC son compatriote Pierre Mahé,

muté au sein de la filiale malgache, quia été dirigée par son remplaçant auCameroun pendant quatre ans. Ce jeude chaises effectué par le groupe Banque

Populaire à la tête de ces deux filialespourrait bien révéler une ambition dedévelopper davantage la BMOI, qui ap-paraît plutôt comme un petit poucet àcôté de la BICEC. En effet, Pierre Mahéquitte la tête d’une banque qui reven-dique le leadership sur le marché ban-caire camerounais, avec un réseau de 37

agences, 750 employés, 315 000 clientset une moyenne de près de 25 000 nou-veaux comptes bancaires ouverts paran. En 2014, cette institution bancaire

a officiellement réalisé un résultat netde près de 14 milliards de francs CFA.A Madagascar, l’ancien DG de la BICEChérite d’une banque dont le réseau selimite à 16 agences, et qui compte seule-ment 19 000 clients particuliers.

Nommé en juillet dernier au poste deDG de la filiale camerounaise du groupebancaire gabonais BGFI, le GabonaisLoukoumanou Waidi vient de prendreofficiellement fonction à Douala. Ilremplace à ce poste Edgar Anon, mutéà la tête de la filiale gabonaise. «  Nousavons la certitude qu’avec le soutien des

équipes actuelles, M. LoukoumanouWaidi réussira à maintenir le niveau de

 performance de ces dernières années », aconfié Henri-Claude Oyima, le PDG dugroupe BGFI. Le nouveau DG de BGFICameroun est un habitué de la finance.Agent de l’Etat au Ministère gabonais del’économie et des finances pendant sept

ans, Loukoumanou Waidi, 51 ans, re- joindra ensuite le secteur privé en qua-lité de DGA d’Interfi, un établissementde crédit-bail. Cependant, c’est au seindu groupe Orabank que cet ingénieur etadministrateur économique et financiers’aguerrira aux subtilités du monde dela finance. En effet, au sein de ce groupebancaire pour lequel il servira succes-sivement au Gabon, au Tchad et auSénégal, il aura gravi nombre d’échelonset occupé les postes de responsabilité

les plus stratégiques : directeur admi-nistratif et financier, secrétaire général,directeur général adjoint puis directeurgénéral.A la tête de BGFI Cameroun, qui est« à la hauteur de ses objectifs  » depuissa création, ainsi que le précise le PDGdu groupe, Loukoumanou Waidi seranotamment chargé de veiller à la bonneexécution du plan « Excellence 2020 » deBGFI, classé premier groupe bancaire enAfrique centrale.

Jeu de chaises des DG des liales camerounaise

et malgache du groupe français BPCE

Ancien d’Orabank, le Gabonais Loukoumanou

Waidi prend les rênes de la liale locale de BGFI

FINANCES

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-47-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

La Société financière internationale(SFI), filiale de la Banque mondialespécialisée dans le financement desentreprises du secteur privé, vient denommer Mehita Fanny Sylla au poste dereprésentante-résidente au Cameroun,a-t-on appris officiellement en margede la visite que vient d’effectuer dans lepays Mme Vera Songwe (de nationalitécamerounaise), la toute nouvelle direc-trice régionale de la SFI pour l’Afrique

centrale et de l’Ouest. Mehita FannySylla remplace à ce poste le Malgache

Henri Rabarijohn. Jusque-là chargéed’investissements au sein de la Sociétéfinancière internationale avant cettenomination, Mehita Fanny Sylla avaitrejoint le Département de conseil pourles partenariats publics-privés de cetteinstitution financière en 2007, aprèsavoir passé trois ans à Douala, la capi-tale économique camerounaise, où ellea travaillé sur le financement de projetsd’infrastructures.

Cette position a permis à la nouvellereprésentante-résidente de la SFI au

Cameroun de développer un impor-tant réseau et d’avoir une connaissanceapprofondie des milieux d’affaires enAfrique centrale et de l’Ouest. Titulaired’une maîtrise en économie et d’undiplôme de l’ESSEC Business School enFrance, Mehita Fanny Sylla revendiqueune expérience professionnelle de douzeans dans l’audit financier, l’évaluationdes entreprises et le développement desPME.

Afin d’aider les acteurs des filières agro-pastorale et piscicole à lever les obs-tacles au financement de leurs activités,la Chambre d’agriculture, des pêches,de l’élevage et des forêts (CAPEF) duCameroun a lancé, depuis le 19 octobre2015, une opération de collecte de fondsen vue de la création d’une entreprisede microfinance, a-t-on appris au sortird’une récente réunion des responsablesde cette chambre consulaire. Cette cam-pagne de collecte, qui s’étend jusqu’au10 décembre 2015, s’adresse prioritaire-ment aux organisations paysannes, auxcoopératives de pêcheurs, d’éleveurs ou

d’agriculteurs, ainsi qu’aux PME dessecteurs forestier et agro-industriel.Selon la CAPEF, l’établissement de mi-crofinance qui sera ainsi créé deviendraun relais sur le terrain pour la banqueagricole en cours de création, et qui estdotée d’un capital initial de 10 milliardsde francs CFA. La mise en place de cetteinstitution bancaire spécialisée a été an-noncée depuis 2011, mais le processusde création se frotte encore à de nom-breux obstacles structurels tels que lalégislation autour du foncier, qui recèleencore quelques limites, indiquent lessources proches du dossier.

Mehita Fanny Sylla nommée représentante

résidente de la SFI au Cameroun

La Chambre d’agriculture lance le processus decréation d’un établissement de micronance

Le gouvernement camerounais peau-fine actuellement un avant-projet deloi visant à étendre le secret bancaire àtous les établissements de microfinance(EMF) du pays, apprend-on dans uncommuniqué du Conseil national decrédit. Littéralement, le secret bancaireest l’obligation qu’ont les banques dene pas dévoiler aux tiers les informa-

tions sur les comptes bancaires de leursclients, excepté aux institutions tellesque la justice, les agences d’investigationfinancières, etc. L’extension projetée dusecret bancaire aux établissements demicrofinance au Cameroun tient cer-tainement du dynamisme de ce secteurdans le pays, qui compte environ 500sur les 800 EMF recensés dans la zone

Cemac. De plus, la taille de certainesEMF camerounaises égale celle de cer-taines banques commerciales. Il en estainsi, par exemple, de Camccul, le pre-mier réseau d’EMF du pays, qui a donnénaissance à Union Bank of Camerounet dont le volume des actifs équivaut àcelui de la filiale camerounaise de BGFIBank.

Le Cameroun veut étendre le secret bancaireaux établissements de micronance

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-48- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Au bout de trois mois de fonctionne-ment, la banque camerounaise des PME(BCPME), qui a officiellement lancé sesactivités le 20 juillet 2015, affichait, à finoctobre 2015, un total de 1000 comptesclients et des dépôts essentiellement àvue pour un montant total de 2 milliardsde francs CFA, pour 1,3 milliard defrancs de retrait, a révélé la directrice gé-nérale, Agnès Ndoumbé Mandeng. Avecseulement 700 millions de francs CFAdans ses coffres actuellement et une pré-

dominance des dépôts de court terme, laBCPME, qui ambitionne d’accorder sespremiers crédits aux gérants des PME

dans les prochaines semaines, peineraà satisfaire la demande de ses clients deplus en plus nombreux, en particulierceux sollicitant des crédits à long terme,mieux adaptés et plus efficaces pour ledéveloppement des entreprises.Afin d’inverser cette tendance, indiquela DG, cette banque publique au capitalde 10 milliards de francs CFA comptesur une perfusion de l’Etat pour pou-voir financer les PME sur le long terme.« Il y a eu des réunions dans les services

du Premier ministre à ce sujet, et noussommes certains qu’il y a des instructionsdonnées dans ce sens. On est en train de

 préparer le budget 2016 et nous croyonsqu’il y aura quelque chose pour la banquedes PME  », espère la DG de la BCPME.Pour rappel, promise par le chef del’Etat en 2011 lors du Comice agropas-toral d’Ebolowa, la BCPME est pourl’instant fonctionnelle uniquementdans les villes de Yaoundé et de Douala,les deux plus grandes métropoles dupays. Cette institution bancaire détenueà 100% par l’Etat ambitionne de réduireles difficultés de financement des PME,

qui constituent plus de 90% du tissuindustriel camerounais.

Le Crédit Foncier du Cameroun (CFC), labanque de l’habitat du pays, et le Pari MutuelUrbain du Cameroun (PMUC) viennent designer un protocole d’accord afin de faciliteraux employés de cette entreprise de paris surles courses hippiques l’accès au logement età la propriété foncière à des conditions pré-férentielles. Selon les termes du protocole,les agents du PMUC porteurs de projets im-mobiliers n’auront qu’à réunir l’équivalentde 10% des investissements nécessaires pourbénéficier de l’appui du Crédit Foncier. Labanque de l’habitat leur accordera alorsdes crédits remboursables sur 300 mois au

maximum, frappés d’un taux d’intérêt an-nuel de 5% toutes taxes comprises (contre16% dans les banques classiques).Selon le DG du CFC, Jean-Paul Missi, cetteconvention avec le PMUC porte à dix-huitle nombre de protocoles d’accord déjà si-gnés avec des entreprises camerounaises,soucieuses de faciliter à leurs agents l’accèsà la propriété immobilière. Depuis le débutde l’année 2015, a souligné Jean-Paul Missi,le CFC a déjà décaissé plus de 2 milliards defrancs CFA en faveur des différents bénéfi-ciaires de ces partenariats.

La Banque des PME attend des fonds de l’Etat

pour nancer les entreprises sur le long terme

Le PMUC s’associe au Crédit Foncier pourfaciliter à ses agents l’accès à la propriétéimmobilière

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-49-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

La Cameroon telecommunications(Camtel), l’opérateur historique destélécoms, s’apprête à lancer la toutepremière offre Triple Play (offre com-merciale dans laquelle un opérateur

propose à ses abonnés, dans un contratunique, trois services dont la télépho-nie, l’Internet et la télévision) du pays,a annoncé le site internet Alwihdainfo.com, rapportant une discussion avec leDG de Camtel, David Nkotto Emane.Cette offre, qui sera commercialisée

dans le pays avant « janvier 2016 »,apprend-on, permettra à l’abonné qui

 y souscrira de recevoir, grâce à la fibreoptique, plusieurs centaines de chaînesde télévision et de radio internationales

et nationales, une ligne de téléphone fixeet une connexion Internet haut-débit.« Pour l’heure, l’offre est encore dans sa

 phase expérimentale et les services com- pétents réfléchissent sur le prix à proposeraux clients », souligne le DG de Camtel.Le Triple Play que s’apprête à lancer

Camtel est une retombée du projet dé-nommé National Broadband Network(NBN), qui consiste en la densificationdu réseau à fibre optique du pays, demanière à démocratiser l’accès à cette

infrastructure, qui sera ainsi mise à ladisposition des ménages et des entre-prises à travers diverses offres de ser-vices innovants (Triple Play, vidéo-sur-veillance, e-learning, etc.).

Dans le rapport du 3ème trimestre 2015du groupe télécom sud-africain MTNInternational, les performances de safiliale au Cameroun sont quelque peumitigées. En effet, à fin septembre 2015,en dépit de l’accroissement du revenumoyen par utilisateur (ARPU) de 6,2%(contre 2,7% au premier trimestre2015), le parc d’abonnés de l’opérateura diminué de 4%, passant de 10,4 mil-lions d’abonnés au premier semestre à9,9 millions d’abonnés à fin septembre.

Calculette en main, environ 500 000abonnés sont sortis du fichier de MTNCameroon entre début juillet et fin sep-tembre 2015. L’opérateur explique cettesituation par la désactivation de certainsabonnés low-cost et le toilettage du fi-chier au terme de la dernière campagned’identification des abonnés initiée parle gouvernement camerounais.Par contre, MTN Cameroon a connuune progression significative de sesrevenus data, qui ont crû de 58,7% au3ème trimestre 2015, contre 45% au 1er

semestre. Forts de cette augmentation,les revenus data représentent désormais13,7% des revenus globaux de MTNCameroon, contre 11,7% à fin juin2015. L’entreprise télécom continue ain-si de tirer profit de ses investissementsdans la 3G, technologie pour laquelle 27nouveaux sites ont été installés au coursdu 3ème trimestre. Selon le groupe MTN,sa filiale au Cameroun continue de subir

« une concurrence agressive sur les prix  »des communications, dont la minute aconnu une baisse de 15,5% en glisse-ment annuel. Par contre, l’opérateura vu son portefeuille de clients mobilemoney s’étoffer dans le pays, atteignantdésormais 1,9 million d’utilisateurs, soitune progression de 8% par rapport aupremier semestre.

L’opérateur télécom public Camtel s’apprête àlancer la première offre Triple Play du pays

Chez MTN Cameroon, les revenus de la data ont

progressé de 58,7% à n septembre 2015

TELECOMS

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-50- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Le fournisseur d’accès Internet (FAI)Ringo, installé au Cameroun depuis2008, rencontre des difficultés pour seremettre d’aplomb. Depuis plus d’unan qu’elle s’est lancée à la recherchede nouveaux investisseurs, la sociétédétenue par le fonds d’investissementGlenar, basé en Suisse, n’a jusqu’ici rientrouvé de satisfaisant. Olivier Leloustre,le directeur général, a dévoilé que des

discussions sont en cours avec de poten-tiels partenaires. Si tout se passe bien,elles pourraient aboutir à un accordd’ici la fin du premier semestre de 2016.A travers cette possible injection de ca-pitaux, Ringo projette un plan d’inves-tissements de 5 milliards de francs CFAdestiné à l’amélioration de son réseau auCameroun. Le FAI doit procéder à cetteamélioration de son réseau s’il ne veut

pas se faire éjecter du marché de l’inter-net dans le pays, devenu très concur-rentiel au fil des années. Il faut dire qu’àl’apogée de son succès, en 2011, Ringoavait déjà séduit près de 44 000 abonnésavec ses modems « Big box » et « Mbindibox ».De nombreuses entreprises localesétaient également tombées sous lecharme de ses offres de services. Mais lamauvaise qualité du réseau et sa faiblecouverture, décriées même à Yaoundé et

Douala, ont été à l’origine d’un désin-térêt progressif des consommateurs quise sont tournés vers le nouveau venu,YooMe, arrivé sur le marché en 2011.Avec un parc clients particuliers for-tement érodé, Ringo a été obligé de serabattre sur les services aux entreprises.Mais l’avènement de nouveaux concur-rents comme Cyberlink, NSN Mobility,le retour musclé de Camtel avec ses for-faits avantageux, l’agressivité des opé-rateurs de téléphonie mobile que sontMTN, Orange et Nexttel, pourraient luifaire perdre aussi ce marché d’entrepriseau fil du temps. Améliorer le réseau etl’étendre apparaît donc comme la seulesolution pour rivaliser avec les autresFAI, atteindre les zones peu ou pas cou-vertes par la concurrence, sortir du seg-ment entreprise et reconquérir les abon-nés particuliers.

La collecte des données dans le cadre du4ème  recensement général de la popula-tion camerounaise se fera directementau moyen de supports numériques telsque les tablettes, a-t-on appris le 30octobre 2015 à Yaoundé au cours de lacérémonie d’installation des équipeschargées de conduire cette opération.

Selon les autorités camerounaises, cetteoption devrait permettre de faciliter letraitement des données recueillies sur leterrain, ce qui devrait permettre d’obte-nir plus rapidement les résultats, d’unepart, et de réduire les coûts de cette opé-ration, d’autre part.Pour rappel, le dernier recensement

général de la population camerounaisea eu lieu en 2005, mais les résultatsn’avaient été finalement rendus publicsqu’en 2009, à cause de multiples dys-fonctionnements constatés au terme duprocessus.

Le FAI Ringo toujours en quête d’investisseurs

pour se relancer sur le marché de l’internet

Le Cameroun mise sur les TIC pour réduire

les coûts du 4ème recensement généralde la population

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-51-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

Eximbank of China, le bras armé fi-nancier des investissements chinois àl’étranger, délie de nouveau les cordonsde sa bourse pour l’Etat camerounais.En effet, le président Biya vient de rendrepublic un décret habilitant le ministrede l’Economie, Louis-Paul Motazé, à si-gner avec cette banque d’investissementchinoise un accord de «  prêt préféren-tiel   » d’un montant de 198,9 milliardsde francs CFA «  pour le financement de

la deuxième phase du projet de construc-tion d’un Réseau national broadband destélécommunications au Cameroun ».Pour rappel, à travers le NationalBroadband Network (NBN), leCameroun, via l’opérateur historiquedes télécoms Camtel, ambitionne defranchir un pas décisif vers l’infrastruc-ture large bande. En effet, cette infras-tructure à fibre optique qui permetd’offrir aux clients de l’internet à hautdébit permettra à Camtel de mettre à ladisposition des entreprises et du publiccamerounais plusieurs services tels quele Triple Play (télévision, téléphone,Internet), la télévision haute définition,la vidéo-surveillance, etc.A la faveur de ce même projet, des avan-cées considérables sont attendues dansdes domaines tels que la télémédecine,l’e-government, l’e-commerce, l’e-lear-

ning, etc. Les travaux de constructionde cette infrastructure sont réalisés parla société chinoise Huawei Technologies.Au total, treize villes camerounaises sontconcernées par ce projet, qui permettra

surtout au Cameroun de construire unréseau supplémentaire de 3000 km defibre optique, de manière à porter sonréseau global à 10 000 km sur le moyenterme.

CarDispo. C’est ainsi que Bruno Soufo, jeune promoteur de la start-up came-rounaise Novazen, a baptisé sa trou-vaille. Il s’agit d’une application per-mettant à ses utilisateurs de réserverles taxis géolocalisés à partir de leurstéléphones mobiles ou d’Internet. C’est,soutient le promoteur de Novazen, latoute première application de ce type auCameroun et sur l’ensemble de la régionAfrique centrale. Les tarifs pratiqués par

les taxis du réseau Novazen sont quasi-ment les mêmes que ceux homologuéspar les pouvoirs publics camerounais.C’est-à-dire 3000 FCFA et 5000 FCFA,selon qu’on prend en course ou pour undépôt un taxi ordinaire ou un véhiculedit VIP. A en croire Bruno Soufo, le ser-vice CarDispo va officiellement démar-rer en cette fin d’année 2015 dans lesdeux principales villes camerounaisesque sont Yaoundé et Douala.

Selon Novazen, qui étendra ensuiteCarDispo sur l’ensemble du territoirecamerounais et lorgne sur toute larégion Afrique centrale, une nouvelleversion de l’application est actuellementen développement. Celle-ci permettrade renseigner les utilisateurs en tempsréel sur la situation du trafic dans lesdifférentes villes du pays. Ce qui leurpermettra d’éviter les axes paralysés pardes bouchons.

Un prêt de 198,9 milliards FCFA d’Eximbank of

China pour déployer la bre optique

Une start-up développe la 1ère application pour

réservation des taxis en Afrique centrale

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La nouvelle ministre des Postes et desTélécommunications, Minette LibomLi Likeng, nommée par décret présiden-tiel du 2 octobre 2015, attend beaucoupde l’opérateur historique CamerounTelecommunications (Camtel). Lorsd’une réunion de prise de contact avecles responsables de cette entreprise, ellea exigé de Camtel une meilleure ges-tion pour une contribution plus effi-cace aux finances de l’Etat. « Camtel etCampost  (l’entreprise postale publique,

ndlr) devront désormais contribuer àrenflouer les caisses de l’Etat et non à lesdélester comme c’est le cas depuis quelquetemps  », a-t-elle souligné. Rappelant àses collaborateurs son expérience à la

Douane comme directrice générale, oùson passage a été marqué par plusieurssuccès, Minette Libom Li Likeng a pres-crit la recherche des performances etdes résultats. Une rigueur managérialeque quelques anciens hauts cadres deCamtel, à l’instar de Godfroid OndouaElla, ingénieur principal hors échelledes travaux des télécommunications,ont déjà révélé faire défaut à l’entreprisepublique des télécoms. Dans une lettrede dénonciation adressée au Tribunal

criminel spécial (TCS) le 10 novembre2015, Godfroid Ondoua Ella déclare quel’opérateur historique, sur fond de pré-varication, affiche un cumul d’endette-ments d’un montant de 600 millions de

francs CFA. Il souligne également « ladilapidation de centaines de milliardsde francs CFA dans le déploiement d’unréseau filaire et/ou de câbles sous-marinsn’offrant aucune garantie de pérennité  ».En octobre 2014, l’attribution à Camteld’une note BBB avec perspective posi-tive sur le long terme et A3 avec uneperspective positive sur le court terme,par l’agence de notation financièreBloomfield Investment, avait été jugée« complaisante » par l’ingénieur princi-

pal Godfroid Ondoua Ella qui avait misen garde de potentiels investisseurs surle danger qu’ils encouraient à injecterleurs capitaux dans une entreprise sanstransparence financière.

Le gouvernement camerounais vientde confier à la société Resytal uncontrat de plus de 46 millions defrancs CFA en vue de la réalisationd’une « étude comparative sur la fis-calité et les prélèvements auxquelssont soumis les opérateurs de certains

 pays africains ayant le même niveaude développement dans le domainedes communications électroniques,notamment le Kenya, la Côte d’Ivoire,le Sénégal et le Ghana  ». De sources

autorisées, cette étude devrait per-mettre au Cameroun de tirer desrevenus plus importants du dévelop-pement des communications électro-niques observé depuis dix ans dans lepays. Une expérience déjà vécue parles pays ciblés par le Cameroun dansle cadre de cette étude. Cependant,avant même de lancer cette étude, legouvernement camerounais prévoit,dans le cadre du projet de Loi de fi-nances 2016, d’instaurer une taxe surles communications électroniques.

La ministre des Télécommunications, Minette

Libom Li Likeng, fustige la gestion de Camtel

Le Cameroun lance une étude pour comparersa taxation des communications électroniques

avec celle du Sénégal, du Kenya, du Ghana, etc.

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-53-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

La société pétrolière Tradex, filiale dela Société Nationale des Hydrocarbures(SNH) spécialisée dans le négoce, lesoutage maritime et la distribution desproduits pétroliers finis, est désormaisprésente dans quatre pays de la zone

Cemac. En effet, après le Cameroun, laRépublique Centrafricaine et le Tchad,cette entreprise a officiellement lancéses activités en Guinée équatoriale le 3novembre 2015, apprend-on dans uncommuniqué officiel. Tradex GuinéeEquatoriale opère à la faveur d’uncontrat signé avec la société Luba OilTerminal Equatorial Guinea (LOTEG).Grâce à ce partenariat, explique la socié-té pétrolière camerounaise, « Tradex en-trepose ses produits dans les installationsde la LOTEG, dans l’enceinte de LubaFree Port, et assure de manière exclusivel’approvisionnement des bâtiments seravitaillant en produits pétroliers à LubaFree Port  ». A partir de sa filiale équa-to-guinéenne, Tradex ambitionne, dansun futur proche, d’assurer « l’approvi-sionnement en hydrocarbures de soutes,

de chalutiers de pêche et autres naviresse déployant dans le golfe de Guinée  »,annonce l’entreprise.Fondée en 1999 au Cameroun par laSNH et des investisseurs privés, Tradexest aujourd’hui propriétaire d’un réseaude 78 stations-service dans lesquelleselle commercialise du gaz de la marqueTradex Gaz et des lubrifiants de la

marque Tradex Lubrifiants. Afin de serenforcer sur le marché du gaz domes-tique au Cameroun et de conquérirl’Afrique centrale, cet opérateur pétro-lier, qui est le porte-flambeau des natio-naux dans le secteur pétrolier aval do-miné par les multinationales, a annoncéen mai 2015 avoir cédé 26% de son capi-tal à la société suisse Geogas.

Le gouvernement camerounais vientde désigner l’adjudicataire du contratde partenariat pour le financement, laconstruction et l’exploitation du termi-nal hydrocarbures du port en eaux pro-fondes de Kribi, dans la région du Suddu Cameroun. Il s’agit du consortiumconstitué par la Société Camerounaisedes Dépôts Pétroliers (SCDP), le stoc-keur public des hydrocarbures, et BlazeEnergy, une entreprise canadienne.Cette désignation constitue une nou-velle avancée dans le déclenchement de

la seconde phase de la construction duport en eaux profondes de Kribi, qui, enplus du terminal hydrocarbures, devraitabriter un deuxième terminal à conte-neurs (à construire par le consortiumfranco-chinois Bolloré-CMA CGM-CHEC), ainsi qu’un terminal minéra-lier dont le processus de recrutement del’adjudicataire du contrat est en cours.Il s’agira, apprend-on, d’une entreprisechinoise, selon la note gouvernementaleannonçant la mise en place du comité desélection.

Entreprise canadienne active dans lesecteur pétro-gazier, aussi bien amontqu’intermédiaire, Blaze Energy n’estpas une firme inconnue au Cameroun,encore moins par la SCDP, sont co-ad-

 judicataire sur le contrat du terminalhydrocarbures de Kribi. En effet, l’on sesouvient qu’en avril 2015 cette sociétécanadienne a décroché un marché deprès de 4 milliards de francs CFA pourla construction de deux réservoirs de6500 mètres cubes chacun au dépôt dela SCDP à Douala.

L’opérateur pétrolier camerounais Tradex lanceses activités en Guinée équatoriale

Le consortium SCDP-Blaze Energy construira leterminal hydrocarbures du port de Kribi

ENERGIE

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-54- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

En 2016, la production pétrolière auCameroun culminera à 34,6 millionsde tonnes, selon les estimations dugouvernement contenues dans la Loide finances 2016. Cette production estde nouveau en hausse par rapport aux27 millions de barils produits en 2014et aux 24,4 millions de barils de 2013.Cependant, ces estimations sont lar-gement en dessous des premières pro-

 jections de la Société Nationale desHydrocarbures (SNH) et de la Banque

mondiale, qui tablaient plutôt sur uneproduction 2016 qui doublerait cellede 2013, pour atteindre 57 millions de

barils en fin d’année. Cet optimismeétait motivé par l’entrée en productionde nouveaux champs depuis 2013, les-quels ont d’ailleurs permis que la pro-duction journalière franchisse la barredes 100 000 barils par jour cette année,contre une moyenne de 60 000 barils, cequi n’avait jamais été revu dans le paysdepuis 2002, soulignait alors la SNHdans son rapport à fin juin 2015.Finalement, en 2016 donc, le Camerounproduira bien moins de pétrole que

prévu, soit environ 23 millions de barilsen moins sur les 57 millions de barilsinitialement projetés. Le prix actuel de

l’or noir sur le marché international a-t-il entamé l’enthousiasme et le dyna-misme des opérateurs du secteur pétro-lier amont au Cameroun ? Bien qu’ilsoit bien difficile de répondre à cetteinterrogation, l’on peut cependant re-marquer que malgré la hausse annoncéede la production, la courbe des recettes,elle, sera plutôt descendante en 2016,du fait d’une conjoncture internatio-nale toujours défavorable. En effet, lepays table sur une enveloppe globale de

recettes pétrolières de 397,2 milliards defrancs CFA seulement, contre 774 mil-liards cette année.

Zhao Yujian, le président de China PetroleumPipeline Bureau (CPP), membre du consor-tium 3PL retenu par l’Etat du Camerounpour le financement et la construction d’unpipeline long de 355 km en vue de la distri-bution des produits pétroliers, a achevé le5 novembre 2015 une visite de trois joursau Cameroun. Selon nos sources, ZhaoYujian est non seulement venu réaffirmerl’engagement de la CPP, filiale de la Chinanational Petroleum Corporation (CNPC),à participer à ce gigantesque projet, maisaussi donner un coup d’accélérateur auxnégociations actuellement en cours entre le

consortium 3PL et l’Etat du Cameroun.Long de 355 km, le premier tronçon del’oléoduc en question s’étirera sur 110 kmentre la ville pétrolière de Limbé et Douala,la capitale économique, tandis que le deu-xième tronçon s’étendra sur 70 km entreDouala et Edéa. Quant au troisième tronçon,long de 175 km, il ralliera Yaoundé, la capi-tale du pays, à partir d’Edéa. Officiellement,la réalisation de cette infrastructure contri-buera à baisser les coûts des produits pétro-liers sur le territoire camerounais de plus de20%.

Le Cameroun table sur une production pétrolière

de 34,6 millions de barils en 2016

Le Chinois CPP veut accélérer les négociationssur le projet de construction d’un pipelinede 355 km

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-55-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

L’entreprise a également annoncé le11 novembre 2015 que la productiond’hydrocarbures est effective sur sonpuits Moambe, sur sa licence Bomonocette fois-ci.

L’opérateur pétro-gazier britan-nique Bowleven, côté sur la Boursede Londres, veut forer deux «  puitsd’appréciation en ciblant le potentiel dehausse important identifié dans l’inter-valle du réservoir intra Isongo » sur sonpermis Etindé, situé dans l’offshorecamerounais, apprend-on dans unrapport de l’entreprise pour l’exercice

clos au 30 juin 2015. Selon Kevin Hart,CEO de Bowleven, ces forages serontréalisés « dès que possible en 2016  ». Lafirme pétro-gazière affiche d’autantplus d’optimisme dans la réalisation decet objectif que son CEO annonce queBowleven dispose déjà d’une enveloppebudgétaire de 40 millions de dollars,soit environ 22 milliards de francs CFA,pour la conduite des travaux de forageet la réalisation des tests subséquents.Pour rappel, Bowleven détenait à 75%le permis Etindé, un ensemble de trois

blocs offshore couvrant 2316 km2  auCameroun. L’entreprise a par la suiteconclu un accord d’achat d’actionsavec le Russe Lukoil et New-Age pourleur vendre au total 50% de ses intérêtsopérateurs. Cette cession a été actée parun décret du chef de l’Etat camerounaissigné le 6 février 2015.

Essais de débits concluantsPar ailleurs, Bowleven annonce que deshydrocarbures coulent déjà sur le puitsMoambe, l’un des deux (avec Zingana)forés en 2015 sur sa licence Bomono, si-tué en onshore au Cameroun. « La pro-

rogation des essais sur le puits Moambevise à déterminer la productivité et laconnectivité des unités de réservoirs peu

 profonds. Il est prévu que ces unités deréservoirs servent de base à la fourni-ture initiale du gaz pour la productiond’électricité, en vertu d’un plan de déve-loppement formulé avec Actis et Eneo »,le concessionnaire du service public del’électricité au Cameroun, précise l’en-treprise. Le 25 novembre 2015, l’entre-prise a annoncé que ses essais de débitssur ce puits sont positifs. Sur Moambe,

a-t-on appris en effet, Bowleven a pueffectuer une production gazière sta-bilisée à « 7,3 millions de pieds cubesstandards (mmscf), à travers un étran-

 glement 48/64 avec une pression de têtede puits d’écoulement de 664 psi », sansqu’aucun « des signes d’épuisement   »soient constatés «  pendant la périoded’essai initiale ».Fort des résultats positifs obtenus surce puits sur lequel Bowleven avait offi-ciellement annoncé une découverted’hydrocarbures le 28 septembre 2015,le pétro-gazier britannique annoncedans son rapport de l’exercice clos au

30 juin 2015 qu’il déposera au coursde ce mois de novembre 2015 sur latable des autorités camerounaises unedemande de licence d’exploitation dugaz sur son permis Bomono. La licenceBomono, que Bowleven détient à 100%,couvre deux blocs de 2328 km2  dansle bassin Douala au Cameroun. Cettelicence d’exploration sur le gaz expirele 12 décembre 2015 à la faveur d’uneprorogation d’un an obtenue des auto-rités camerounaises en décembre 2014.

BRM

Bowleven veut forer deux puits sur le permis

Etindé en 2016

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-56- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Depuis juillet 2014, date de lance-ment des activités de la start-up KemitEcology par deux jeunes entrepreneurscamerounais, les ménages de la ville deDouala ont accès au charbon écolo-gique obtenu grâce à la transformationdes déchets végétaux récupérés dansles marchés et les ménages. En effet, enécumant les marchés et certains quar-tiers de la capitale économique du paysà bord d’un tricycle, les promoteurs de

Kemit Ecology collectent divers rési-dus, qui sont « d’abord séchés à 105°C, puis carbonisés dans un four. Les cendresnoires ainsi obtenues sont ensuite asso-ciées à de l’eau et à une matière à basede kaolin afin d’obtenir des sortes demorceaux de charbon, qui seront condi-tionnés et vendus dans des sacs de 1 à40 kg. » Grâce à ce procédé, cette start-up camerounaise produit jusqu’à unetonne de charbon écologique par mois.Cette capacité de production, selon les

promoteurs de Kemit Ecology, pourrait

cependant atteindre 20 tonnes par moissi l’entreprise parvenait à trouver desfinancements lui permettant d’accroîtreson niveau d’activité.Moins cher et deux fois moins polluantque le charbon de bois, le produit deKemit Ecology permet surtout de pré-server l’environnement, en évitant ladestruction de la mangrove de Douala.En effet, c’est dans cette mangrove queles producteurs de charbon coupent lamatière première nécessaire à la produc-

tion des 90 tonnes de charbon consom-

mées chaque mois par les ménages dela capitale économique du Cameroun.Pour rappel, malgré la percée du gaz do-mestique, et celle des fours électriquesdans une moindre mesure, le charbonde bois demeure la principale sourced’énergie des ménages au Cameroundu fait de son prix relativement abor-dable. L’usage de cette source d’énergieest encore plus important dans la partieseptentrionale du pays et l’ensemble deszones rurales camerounaises.

« Un succès phénoménal.  » C’est en cestermes que les responsables de TotalCameroun dressent le bilan de la distri-bution sur le marché camerounais deslampes solaires de la marque Awango.En effet, selon l’entreprise, plus de

90 000 lampes solaires de cette marquesont vendues par an au Cameroun surle réseau des stations-service Total.Première entreprise à s’être manifestéedans la commercialisation de lampessolaires rechargeables au Cameroun,

Total fait désormais face à une rudeconcurrence de produits venus notam-ment de la Chine. Mais au regard deses statistiques, l’entreprise pionnièredans la commercialisation des lampessolaires tient plutôt bon, probable-ment grâce au prix de la lampe solaireAwango : 7000 FCFA l’unité, contre 10

à 15 000 FCFA pour les autres marques.L’arrivée des lampes solaires auCameroun a été une bouffée d’oxygènepour les populations locales, régulière-ment victimes de coupures d’électri-cité. Concrètement, la lampe solaire apermis de réduire considérablement leniveau d’utilisation des bougies et destraditionnelles lampes tempête, quiont, par le passé, causé de nombreuxincendies et des drames dans les famillescamerounaises.

La start-up Kemit Ecology transforme les

déchets végétaux en charbon écologique

Total Cameroun vend plus de 90 000 lampessolaires Awango  chaque année

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-57-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

Au cours de l’année 2016, le gouverne-ment camerounais affectera une enve-loppe budgétaire de 16 milliards defrancs CFA à la réalisation du projetd’électrification au solaire de 166 loca-lités dans les dix régions du Cameroun.La révélation a été faite par le ministrede l’Economie, Louis-Paul Motazé, enexposant sur le budget d’investissementpublic (BIP) lors du conseil de cabinetdu mois d’octobre dernier. Ce projet,qui démarrera donc finalement en 2016après quelques retards, est la premièrephase d’un chantier global qui permet-tra l’électrification de 1000 localités ca-

merounaises grâce à l’énergie photovol-taïque, a précisé le ministre de l’Energieet de l’Eau, Basile Atangana Kouna.C’était le 27 août dernier à Mvomeka’a,dans le Sud, à l’occasion de l’inaugu-ration d’une mini-centrale solaire. Ceprojet sera le tout premier de cette en-vergure à être conduit au Cameroun enmatière de solaire. Il permettra surtoutau pays de diversifier son mix énergé-tique, dans lequel le solaire, l’éolien et labiomasse ne représentent actuellementqu’à peine 1% de la production globale.

A partir de l’année 2016, et conformé-ment aux textes réglementaires régissant

le secteur de l’électricité au Cameroun,Electricity Development Corporation(EDC), la société publique de patri-moine, percevra d’Eneo, le concession-naire du service public de l’électricité,une redevance sur l’utilisation de l’eaudes barrages dans le cadre de ses acti-vités de production et de commercia-lisation de l’énergie électrique. Pour lapremière année de collecte, cette rede-vance oscillera entre 6 et 8 milliards defrancs CFA, a révélé Théodore Nsangou,le DG d’EDC. «  Notre budget de fonc-

tionnement tournant autour de 5 à 6 mil-liards de francs CFA, nous pourrions dès

lors nous passer de la subvention étatiqueet envisager quelques investissements  »,confie M. Nsangou. Cependant, en plusde permettre la réalisation d’investisse-ments, a précisé Théodore Nsangou àInvestir au Cameroun, une bonne partiede cette redevance servira à rembourseraux bailleurs de fonds les prêts octroyésà l’Etat du Cameroun, puis rétrocé-dés à EDC dans le cadre du projet deconstruction du barrage de retenue deLom Pangar, dans la région de l’Est dupays.

Le gouvernement camerounais vient deconfier la maîtrise d’œuvre du projetde construction du barrage hydroélec-trique de la Menchum, dans la régiondu Nord-Ouest du pays, au consortiumd’entreprises constitué par le cabi-net canadien Cima International et saconsœur américaine ARQ Engineering,a-t-on appris dans un communiqué

officiel du ministre des Marchés pu-blics, Abba Sadou. Le contrat, qui sera

exécuté sur une durée de cinq ans,est d’un montant de 6,9 milliards defrancs CFA. Cima International, le chefde file de ce consortium, est bien connuau Cameroun. En effet, ce cabinet inter-national assure déjà la maîtrise d’œuvresur le projet de construction, en cours,du barrage de Mekin, dans la région duSud. Le barrage de la Menchum aura

une capacité de production de 72 MW.

16 milliards

FCFA pourréaliserl’électrication

au solaire de166 localités

camerounaisesEn 2016, EDC encaissera 6 à8 milliards FCFA au titre dela redevance sur l’eau desbarrages

Cima International décroche un

contrat de 7 milliards FCFA surle barrage de la Menchum

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-58- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Depuis le 11 mars 2015, Peter LionelBriger a créé au Cameroun une filialede la société américaine Hydromine. Lesiège social de Hydromine CameroonLtd, doté d’un modeste capital so-cial d’un million de francs CFA, est àDouala, la capitale économique du pays,apprend-on dans une annonce légalepubliée le 3 novembre 2015. L’objet so-

cial de cette entreprise indique qu’elle seconsacrera au développement de projetsénergétiques et « à toute autre activitéque des entreprises pourraient organi-ser en vertu des lois de la République duCameroun ». Ce flou qui transparaît dansl’objet social de Hydromine CameroonLtd est à la hauteur de la réputation decette entreprise dans le pays. En effet,l’évocation du nom de cette entrepriserappelle son grand bluff autour du pro-

 jet d’exploitation de la bauxite de MinimMartap et Ngaoundal, dans la partieseptentrionale du pays. Un projet dans

lequel Hydromine, qui se révèlera n’êtrequ’une start-up américaine (créée en2004 dans le Delaware, mais qui détenaitdéjà un permis d’exploration minière auCameroun en 2005) sans bureau, sanssurface financière et sans expertise dansle secteur minier, annonçait pourtantdes investissements d’environ 5000 mil-liards de francs CFA. Finalement, mal-gré des coups d’annonces sans résultats

palpables, le projet sera repris à partir de2009 par la société Cameroon Alumina(CAL), contrôlée à 45% par la sociétéémiratie Dubal et à 45% par l’IndienneHindalco. Hydromine ne détient désor-mais que 10% des actifs de ce projetminier, dont on ne parle d’ailleurs plusbeaucoup dans le pays depuis plusieursmois.

Victoria Oil & Gas Plc (VOG), pétro-gazier coté à Londres et très

actif au Cameroun, a annoncé le 28 octobre 2015 la nominationd’Ahmet Dik au poste de directeur avec effet à partir du 27 oc-tobre. Ahmet Dik est nommé, par la même occasion, CEO de lacompagnie Gaz du Cameroun SA (GDC), une filiale entièrementdétenue par VOG. Ahmet Dik se fixe comme mission d’assurer,au cours des dix-huit prochains mois, l’efficacité de la livraison dugaz produit dans le champ de Logbaba-Ndogpassi, soulignant queGDC est un « exemple de réussite commerciale » au Cameroun.Cet avocat de profession a appuyé la compagnie au cours desdeux dernières années, et a joué un rôle déterminant dans laconclusion, avec Eneo Cameroon SA, en charge de la distributionde l’énergie électrique, d’un accord qui a permis une importanteexpansion de la production chez Gaz du Cameroun SA.

Le 29 juillet 2015, les responsables du groupe danois Maerskont décidé de fermer la succursale camerounaise de leur fi-liale Maersk Drillling Services, spécialisée dans l’accompa-gnement des sociétés pétro-gazières, auxquelles elle fournitdes services de forage à haute efficacité sur plusieurs projetsà travers le monde. Ce départ de Maersk Drilling Servicesintervient dans un contexte marqué par un léger ralentisse-ment de l’exploration pétro-gazière au Cameroun, les opéra-teurs étant davantage concentrés sur la production des gise-ments découverts lors de l’intense période d’exploration quis’est achevée vers 2010.

Après son bluff sur la bauxite de Minim Martap,

Hydromine tâte le secteur camerounaisde l’énergie

L’avocat Ahmet Dikrejoint VictoriaOil & Gas et devientCEO de GDC

La société danoiseMaersk DrillingServices fermesa succursale

au Cameroun

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-59-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

Arrivé au Cameroun à l’occasion de lamise en service officielle, le 19 octobre2015 à Douala, de neuf nouvelles loco-motives acquises par Camrail pourrenforcer les capacités de traction dutransporteur ferroviaire camerounais,Cyrille Bolloré, président de BolloréTransport Logistics, a clarifié les ambi-tions du logisticien français dans lecadre de sa concession du terminal àconteneurs du port de Douala, avecl’entrée en service prochaine du porten eaux profondes de Kribi. Le groupe

Bolloré vient en effet de s’adjuger laconcession du terminal à conteneurs dece nouveau port, en groupement avecle Chinois CHEC et l’armateur fran-çais CMA CGM. « C’est (…) l’occasionde préciser que notre groupe, actionnaireavec APMT, le port autonome de Douala(PAD) et les privés camerounais sur DIT(Douala International Terminal, qui estle concessionnaire du terminal à conte-neurs du port de Douala, ndlr) , poursui-vra ses investissements dans la plateforme

 portuaire de Douala, qui restera un pôle

logistique de 1er   ordre  », a-t-il annoncé.Ces propos de Cyrille Bolloré sonnentcomme une réponse aux inquiétudes

de nombreux observateurs et autresexperts sur l’avenir du port de Douala,dans la mesure où une certaine opinionprédit déjà la mort de cette plateformeportuaire après la mise en service duport en eaux profondes de Kribi.Ramant à contre-courant de cetteprédiction, le président de BolloréTransport Logistics a même précisé quele groupe prépare actuellement, « avecl’autorité portuaire, un plan d’extensionet de modernisation de la plateforme

 portuaire de Douala », qui sera présenté« avant la fin de l’année ». « Je confirmeque nous avons, en collaboration étroiteavec Monsieur le directeur général du portde Douala, lancé le processus d’acquisi-tion du troisième portique de quai, dontl’échéance d’acquisition avait été repor-tée en 2011 à la demande de la direction

 générale du port d’alors », a-t-il indiquépar ailleurs.

Fournisseur de locomotives aux com-pagnies ferroviaires dans 43 paysen Afrique, la société sud-africaineGrindrod a ouvert, depuis le 2 septembre2015, une succursale au Cameroun.Cette entité est baptisée Grindrod RailCameroon Ltd, a-t-on appris dans uneannonce légale publiée le 27 octobre2015. Cette succursale est cogérée parMichaël Christian Schoeman et Ferrar

Patrick Michaël Southey. Au Cameroun,l’entreprise sud-africaine ambitionnede fournir des services ferroviaires inté-grés et des solutions logistiques. Il s’agitconcrètement, explicite l’annonce légalede Gringrod Rail Cameroon Ltd, de « la

 gestion du fret et la fourniture de maté-riels roulants spécialisés, la maintenanceet la location de locomotives, la mainte-nance des voies ferrées et des embranche-

ments ferroviaires etc. »L’installation de Grindrod au Cameroundevrait permettre de renforcer son par-tenariat avec Camrail, le transporteurferroviaire camerounais, auquel cetteentreprise sud-africaine a livré pour13,5 milliards de francs CFA de locomo-tives (neuf au total) depuis le début decette année.

A côté du port de Kribi, celui de Douala

« restera un pôle logistique de premier ordre  »,selon Cyrille Bolloré

La société sud-africaine Grindrods’installe au Cameroun

TRANSPORT

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-60- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

De passage à Douala le 19 octobre 2015,Cyrille Bolloré, président de BolloréTransport Logistics, a annoncé que legroupe Bolloré a décidé de financerla réalisation des études de faisabilitéet les travaux de construction du che-min de fer entre Ngaoundéré, dans lapartie septentrionale du Cameroun,et Ndjamena, la capitale tchadienne.Choisi comme partenaire technique par

les deux Etats dans le cadre de ce projet,le rôle du groupe Bolloré ne consistait jusqu’ici qu’à « appuyer la réalisationdes études ; apporter un appui à la pré-

 paration des dossiers de présentation du projet aux bailleurs de fonds ; préparerles rencontres avec les bailleurs de fonds ;

apporter une contribution aux réflexionset aux montages institutionnels et finan-ciers ». Désormais, le logisticien françaisveut prendre une part plus active dansce projet d’intégration sous-régionalepar le chemin de fer.En plus de l’extension du chemin de fercamerounais au Tchad, qui nécessitedes financements compris entre 1160 et1400 milliards de francs CFA, selon le

tracé et les premières estimations, le lea-der de la logistique intégrée en Afriquesubsaharienne lorgne également sur laligne ferroviaire Edéa-Kribi-Lolablé.«  Nous avons également manifesté auxautorités camerounaises notre intentionde financer la construction du chemin de

 fer Edéa-Kribi-Lolabé, pour accompagnerla mise en place du complexe industria-lo-portuaire de Kribi », a précisé CyrilleBolloré. La ligne de chemin de fer Edéa-Kribi-Lolablé permettra d’optimiserl’exploitation du port en eaux profondesde Kribi, dont la mise en service devraitintervenir dans les prochains mois.Dans la seconde phase de sa construc-tion, le port de Kribi abritera, entre

autres infrastructures nouvelles, unterminal hydrocarbures et un terminalminéralier, en prélude à l’exploitationde l’usine de liquéfaction de gaz proje-tée à Kribi, et l’exploitation du mineraide fer de l’Est-Cameroun.

L’Etat camerounais a décidé de confierl’élaboration du plan de relance dela Cameroon Airlines Corporation(Camair Co), le transporteur aérienpublic, à la société Boeing Consulting,révèle une correspondance du secré-taire général de la Présidence de laRépublique, Ferdinand Ngoh Ngoh,envoyée le 9 octobre 2015 au PCA deCamair Co, Edouard Akame Mfoumou.Répondant à une requête dans laquelle

Edouard Akame Mfoumou souhaitaitobtenir l’accord présidentiel pour recou-rir aux services de Boeing Consulting,la correspondance de M. Ngoh Ngohprécise cependant que « cette optionn’exclut toutefois pas la participationd’autres intervenants qualifiés pour l’au-dit de Camair Co. A cet égard, la procé-dure de sélection d’un cabinet d’audit,à la diligence du ministre des Finances,se poursuivra normalement   ». En effet,

en septembre dernier, le ministre desFinances Alamine Ousmane Mey a lancéun « appel à manifestation d’intérêt pourle recrutement d’un consultant chargéd’auditer et d’accompagner la Camair Codans l’élaboration d’un plan de restructu-ration et de relance ». Les cabinets inté-ressés par cette offre avaient jusqu’au 30septembre 2015 pour postuler.

Bolloré veut nancer la construction des

chemins de fer Ngaoundéré-Ndjaménaet Edéa-Kribi-Lolablé

L’Etat camerounais s’en remet à BoeingConsulting pour relancer Camair Co

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-61-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

La Société Sucrière du Cameroun(Sosucam), filiale du groupe françaisVilgrain et leader du marché camerou-nais du sucre, escompte une produc-tion de 124 000 tonnes au cours de lacampagne 2015-2016, qui a démarré

le 26 octobre dernier et s’achèvera en juin 2016, a-t-on appris officiellement.Cette production, qui est en baisse parrapport aux 150 000 tonnes prévuespour la dernière campagne, n’est sur-tout pas très éloignée de la moyenne de130 000 tonnes produites par cette firmeagro-industrielle sur les cinq dernièresannées. Ce qui, à l’analyse, révèle queles investissements consentis jusqu’icine portent pas encore leurs fruits. Eneffet, l’on se souvient que Louis Yinda,le PDG de la Sosucam, avait annoncé àl’ouverture de la campagne 2013-2014que cette entreprise investirait succes-sivement 110 milliards de francs CFAà partir de cette campagne-là, afind’atteindre un niveau de production de170 000 tonnes dès 2017. L’argent ainsimobilisé devait principalement per-mettre d’étendre les 23 000 hectares de

canne à sucre actuellement exploités parSosucam dans les localités de Nkoteng etde Mbandjock, dans la région du Centredu pays. Concrètement, avait alors pré-cisé M. Yinda, sur les 10 000 nouveauxhectares concédés à l’entreprise en 2005grâce à un bail emphytéotique signéavec l’Etat du Cameroun, près de 3500ont servi au tracé des routes et à l’ins-

tallation de certaines infrastructures debase, tandis que 3500 hectares avaientdéjà été plantés. Il restait donc à plan-ter 3000 nouveaux hectares, au rythmede 1000 hectares en moyenne chaqueannée à compter de la campagne 2013-2014, de manière à pouvoir augmenterla production.

Les producteurs de coton en activitédans les régions septentrionales duCameroun attendent d’être payés depuissix mois, apprend-on de bonnes sources.A l’origine de ces retards de payementplutôt rares chez ces producteurs, lestensions de trésorerie que vit actuelle-ment la Société de Développement duCoton (Sodecoton) suite aux retardsdans l’exportation de ses cargaisons decoton fibre, explique Bebnoné Payouni,le vice-président de la Confédération

nationale des producteurs de cotondu Cameroun (CNPCC). Face au ma-laise qui couve chez les producteursde coton, l’Etat camerounais auraitdécidé de mettre à la disposition de laSodecoton une enveloppe de 30 mil-liards de francs CFA pour permettre àcette entreprise publique d’honorer sesengagements vis-à-vis des producteurs,en attendant le renflouement des caissesgrâce au produit des ventes de coton.Pour rappel, la Sodecoton encadre envi-

ron 250 000 producteurs. Afin de réglerses achats de coton auprès des produc-teurs à temps, l’entreprise recourt sou-vent à des crédits généralement obte-nus auprès des banques locales. Le 27

 janvier 2015, ce sont 36,5 milliards defrancs CFA qui ont été levés auprès d’unpool de cinq banques locales à l’effetd’acheter 266 400 tonnes de coton au-près des producteurs en 2015.

La Sosucam table sur une production de124 000 tonnes de sucre en 2015-2016

La Sodecoton accuse six mois de retard dans

le payement des producteurs

INDUSTRIE

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-62- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Remi Depoix, président de Céréalis,révèle que cette entreprise française spé-cialisée dans le négoce des céréales ex-porte vers le Cameroun environ 200 000tonnes de blé chaque année. Ce quireprésente, selon lui, environ 20% duchiffre d’affaires de la société. En clair,avec environ 200 millions d’euros (131milliards FCFA) de chiffre d’affairesréalisé par an en Afrique centrale et del’Ouest (pour des exportations de bléculminant à un million de tonnes paran), Céréalis exporte du blé sur le ter-ritoire camerounais pour environ 26

milliards de francs CFA chaque année.Selon Remi Depoix, au cours des dixprochaines années, Céréalis entendd’ailleurs doubler son chiffre d’affairessur ces deux marchés, avec le Camerouncomme tête de pont de cette conquêtede nouveaux marchés. « Il y a une acti-vité industrielle meunière très remar-quable au Cameroun avec une douzained’acteurs importants. Il y a des moulinsqui vont ouvrir très prochainement etd’autres rouvrent après avoir fermé.L’activité est d’autant plus importantequ’il se développe un phénomène de réex-

 portation vers le Tchad, la RépubliqueCentrafricaine, et même vers le Nigeria »,affirme-t-il.Pour rappel, depuis la fermeturede la Société de Développement duBlé (Sodeblé) dans les années 90, leCameroun importe la totalité du bléconsommé sur son territoire. En 2012,par exemple, les statistiques officiellesrévélaient des importations de plus de517 000 tonnes, pour une enveloppeglobale d’environ 102 milliards defrancs CFA.

L’Union Camerounaise des Brasseries(UCB), société brassicole fondée etcontrôlée par l’industriel camerou-nais Joseph Kadji Defosso (classé parle magazine Forbes parmi les neuf plusgrandes richesses du Cameroun et les24 plus grandes fortunes en Afriquesubsaharienne francophone), vient deprocéder à une augmentation subs-tantielle de son capital social. Celui-ciest ainsi passé de 2,9 à 25 milliards de

francs CFA, a-t-on appris dans une an-nonce légale. Bien que les modalités etles motivations de cette augmentationdu capital ne soient pas révélées, il estfort probable que cette recapitalisationprécède de nouveaux investissementssur un marché camerounais sur lequelUCB fait office de petit poucet, avecmoins de 5% de parts, contre plus de80% pour le leader, la Société Anonymedes Brasseries du Cameroun, et environ

15% pour Guinness, la filiale locale dugroupe Diageo.Un quatrième opérateur devrait d’ail-leurs venir renforcer la concurrence surce marché au cours des prochains mois.Il s’agit de la société Brasaf, fondée enaoût 2014 par l’industriel Samuel Foyou(également classé par Forbes en 2015),qui détient déjà Fermencam, une dis-tillerie rachetée en 2006 au milliardaireVictor Fotso.

Céréalis, le négociant de céréales français,

réalise 20% de son chiffre d’affairesau Cameroun

Le brasseur UCB explose son capital social, le

portant de 2,9 à 25 milliards FCFA

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-63-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

La société des Plantations du HautPenja (PHP), filiale camerounaise de laCompagnie Fruitière de Marseille et lea-der de la production de la banane dessertdans le pays, veut implanter une unitéde transformation du cacao dans la villede Njombé, située dans la région duLittoral. Ce projet qui vise à produire du

chocolat made in Cameroon a été révéléau ministre camerounais de l’Agricul-ture, Henri Eyébé Ayissi, par Jean-MarcGravellini, le vice-président Afrique dela Compagnie Fruitière, qui a été reçuen audience à Yaoundé le 4 novembre2015. Bien que les détails de ce projetagro-industriel ne soient pas explicités

pour l’instant, l’unité de transformationdu cacao annoncée par la PHP viendrase greffer aux nombreux autres projetsdu même type annoncés dans le pays, etqui visent tous à transformer 70% de laproduction locale de fèves sur le moyenterme, contre 25% actuellement.Parallèlement à cette diversificationannoncée de ses activités au Cameroun,l’on sait que la PHP, qui produit éga-lement du poivre blanc à Penja, s’est

récemment lancée dans un processus derenforcement de son leadership sur lemarché de la banane dans le pays, à tra-vers l’extension de ses bananeraies. Eneffet, en plus des 3000 hectares qu’elleexploite dans la région du Littoral, laPHP, qui escompte une production de170 000 tonnes de bananes en 2015, « estactuellement en phase d’extension de ses

 plantations de bananes à Dehane(dans leSud du pays, ndlr). Cette extension se feraen plusieurs phases, sur un projet globalde 800 hectares. Dans la première phase, ilest envisagé d’irriguer 52 hectares. Pour ce

 faire, nous avons besoin de matériel sous frondaison pour l’installation des surfacesen préparation », annonçait l’entreprisedans un appel d’offres publié en juillet2014.

Utracom, entendez Unité deTransformation et de Commercialisationdu Manioc de Ngoulémakong. C’estl’appellation de l’unité de transforma-tion, d’une capacité de 7 à 8 tonnes par

 jour, que le ministre des PME, LaurentSerge Etoundi Ngoa, vient d’inaugurerdans cette localité du Sud-Camerounen marge de la Fête du manioc, dontNgoulémakong est l’un des princi-paux bassins de production du pays

avec ses 7600 tonnes annuelles. Le gou-vernement camerounais, à travers leProgramme d’appui à la création et audéveloppement des PME de transfor-mation agricole (PACD/PME), pilotépar le Ministère des PME, a investi 36millions dans la mise en place de cetteunité industrielle spécialisée dans laproduction du tapioca, farine de manioctrès consommée au Cameroun et danscertains pays voisin tels que le Nigeria.

Ngoulémakong est situé non loin de lavile de Sangmélima, qui abrite égale-ment une unité industrielle plus impor-tante, la Sotramas. D’une capacité detransformation de 120 tonnes de ma-nioc par jour, cette usine, créée grâce àune joint-venture entre la commune ducoin et la Chambre de commerce, tardecependant à démarrer ses activités dufait du manque de matières premières etde querelles entre dirigeants.

La Compagnie Fruitière de Marseille veut se

lancer dans la transformation du cacao

Une usine de transformation de maniocinaugurée à Ngoulémakong, dans

la région du Sud

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-64- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

La célèbre marque Vachette n’est plusprésente au Cameroun par le biaisd’un simple représentant légal. Ellel’est désormais par le truchement desa maison-mère, la firme suédoise AssaAbloy elle-même, qui a créé une filialeau Cameroun il y a six mois, a-t-on ap-pris au cours d’une récente cérémonied’inauguration d’un showroom de cetteentreprise à Douala, la capitale écono-mique du pays. Selon William Bureau, le

responsable d’Assa Abloy pour l’Afriquecentrale, cette présence directe de lafirme suédoise au Cameroun vise à res-taurer l’image de la marque Vachettedans le pays, laquelle est écornée par lesproduits de contrefaçon qui ont inondéle marché local, avec des appellationsprêtant à confusion. « Le problème est quela marque Vachette est tellement contre-

 faite que les gens commencent à perdreconfiance en elle. Ils pensent que Vachette

est fabriquée en Chine, évidemment c’estcomplètement faux. Et nous sommes pré-sents ici pour vraiment communiquer suroù trouver l’original, le vrai Vachette, etessayer d’éradiquer la contrefaçon. C’est

 pour cela qu’on est sur le terrain, on vachez les distributeurs au quotidien pouressayer de lutter contre cette contrefaçonet mettre nos produits en avant  », a expli-qué William Bureau.

En partenariat avec CFAO, dont elle a re- joint le « club des marques » il y a un peuplus d’un mois seulement, l’enseigne derestaurants Brioche Dorée, appartenantau groupe français Le Duff, ouvrira sesportes au Cameroun en 2016, a révéléle journal français Ouest-France   le 4novembre 2015. Au total, ce sont quatrerestaurants Brioche Dorée qui seront ou-verts sur le territoire camerounais dans

le cadre du plan d’expansion africaindu groupe Le Duff, dont l’ambition estd’ouvrir 30 restaurants dans sept paysd’Afrique (Cameroun, Nigeria, Côted’Ivoire, Congo, Gabon, Ghana et RDC)au cours des dix prochaines années.Brioche Dorée est le leader de la restau-ration rapide à la française, avec plus de500 restaurants dans le monde et plusde 125 000 sandwichs vendus quoti-

diennement. Cette enseigne appartientau groupe Le Duff, créé en 1976 et pré-sent dans les segments de la restaurationrapide, la restauration traditionnelle, laproduction industrielle de pain et deviennoiserie. De nos jours, le groupecompte plus de 1300 restaurants etboulangeries dans 80 pays à travers lemonde.

Le Suédois Assa Abloy, fabricant des serrures de

marque Vachette, ouvre une liale au Cameroun

Le groupe français Le Duff ouvrira quatrerestaurants Brioche Dorée dans le paysà partir de 2016

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-65-Décembre 2015-Janvier 2016 / N° 44-45

A la quincaillerie Quifeurou du quartierBiyem-Assi à Yaoundé, des centaines desacs de ciment sont exposées ce 28 oc-tobre 2015. Aux couleurs bleu et rougequi dorent les emballages, l’on dirait leproduit de Dangote Cement Cameroun.

Mais une observation plus affinée per-met de constater que sur les sacs, ilest bien écrit « Medcem Cameroun »,du nom de la cimenterie turque nou-vellement construite à Douala, la 4ème du pays après Cimencam, du groupeLafarge, Cimaf du Marocain Addoha etDangote Cement du milliardaire nigé-rian Aliko Dangote. Une plaque poséeà côté de cette cargaison achève d’ail-leurs de convaincre les sceptiques surl’effectivité de la commercialisation de

ce ciment, dont l’ouverture de l’usinede production annoncée depuis mars2015, puis pour le mois de juin, a fina-lement pris beaucoup de retard. Mais,en ce mois d’octobre 2015, les premierssacs de ciment de la société Medcem

Cameroun, filiale locale du groupeturc Eren Holdings, sont bel bien surle marché. Une présence discrète pourl’instant.En effet, apprend-on de bonnessources, seule la chaîne de quincaille-ries Quifeurou commercialise ce cimentpour l’instant. Certaines sources ausein de cette entreprise parlent même,pour l’heure, d’exclusivité. « C’est leciment Medcem Cameroun qui va rem-

 placer le ciment Quifeurou », soutient un

employé de la quincaillerie, évoquantainsi la disparition prochaine du ci-ment importé en vrac par cet opérateurcamerounais, et ensaché localementavec l’estampille Quifeurou sur les sacs.Malheureusement, comme c’est déjà le

cas avec Cimaf et Dangote, l’arrivée deMedcem Cameroun sur le marché du ci-ment risque de ne pas avoir d’incidencenotable sur le prix de ce produit dans lepays. En effet, le sac de 50 kg du cimentMedcem est actuellement vendu sur lemarché de Yaoundé à 4750 francs CFA,soit très légèrement en dessous des 4800à 5000 FCFA pratiqués par les distribu-teurs des concurrents dans la capitale.

Patrick Lemougna Ninla, jeune cher-cheur camerounais, vient d’être honorépar le Prix national jeunes scientifiquesKwame Nkrumah, organisé par l’Unionafricaine et l’Académie des sciences pourle monde en voie de développement(TWAS). A l’origine de cette distinctionqui vient de lui être remise à Yaoundé

par la ministre de la Recherche scien-tifique et de l’Innovation, MadeleineTchuinté, une trouvaille qui risqued’apporter une petite révolution dans laproduction du ciment. En effet, ce cher-cheur âgé de 30 ans, diplômé de chimiede l’Université de Yaoundé I, a mis aupoint une variété de ciment produite àbase de latérite, matériau disponible sur70% du territoire camerounais, maistrès peu usité. En plus de la disponibi-lité de la matière première, le « cimentmade in Lemougna  » recèle d’impor-

tants avantages écologiques, dans lamesure où son processus de productionémet bien moins de CO2 que le cimentPortland, fabriqué à base de clinker et depouzzolane chauffés à 1400 degrés. Avecde la matière première disponible et peu

coûteuse, le ciment écologique à base delatérite devrait pouvoir tirer vers le basles prix du ciment au Cameroun et enAfrique en général, ainsi que le rêve déjàle jeune chercheur.

Medcem, la quatrième cimenterie du pays, alancé la commercialisation de son produit

Un jeune chercheur camerounais met au pointun ciment écologique produit à base de latérite

MINES

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-66- N° 44-45 / Décembre 2015-Janvier 2016

Leader du mois

Selon l’édition africaine du maga-zine américain  Forbes, l’homme leplus riche en Afrique francophoneau Sud du Sahara s’appelle Baba

 Ahmadou Danpullo, de nationali-té camerounaise, avec une fortuneévaluée à environ 547 milliardsde francs CFA. Une fortune en-grangée à coup d’investissementsdans l’immobilier, les télécoms et

 l’agro-industrie.

En effet, l’on sait que cet anciencamionneur devenu milliardaireest actionnaire de Nexttel, le 3ème opérateur de téléphonie mobile dupays, dans lequel il contrôle 30%des parts. Mais Danpullo, dont lesproches affirment qu’il possèdeplus de biens au Nigeria qu’auCameroun, est plus connu dansson pays pour ses immenses plan-tations de thé de Ndawara, dans larégion du Nord-Ouest, lesquellespermettent à Ndawara Tea Estates

d’exporter le thé camerounais àl’étranger.Son ranch de Ndawara compteégalement des milliers de têtes debœufs, dont le plus gros avait étéexposé lors du Comice agropastorald’Ebolowa en 2011, lequel animalavait ébloui le chef de l’Etat came-rounais Paul Biya, sous le regard

 joyeux de Danpullo lui-même.Mais en dehors de l’agro-industrieet des télécoms, l’homme le plusriche du Cameroun est crédité d’in-

nombrables biens immobiliers auNigeria, en France, en Suisse et enAfrique du Sud, dont deux « malls »à Cape Town et le « Marbre Towers »de Johannesburg, un immeuble de32 étages et de 152 mètres de haut,la 3ème plus grande tour au pays deNelson Mandela.

En 2009, Baba Ahmadou Danpullo,qui n’hésite pas à faire don d’uneenveloppe de 100 millions defrancs CFA au parti au pouvoir, leRDPC, s’est lancé dans la commu-nication en créant la chaîne de télé-vision DBS (Danpullo Broadcasting

System). Il est actionnaire mino-ritaire au sein d’entreprises pu-bliques telles que la Sodecoton,les Aéroports du Cameroun(ADC), et a repris la filière théde la Cameroon DeveloppementCorporation (CDC) dans le cadred’une privatisation houleuse.De sources concordantes, il a beau-coup manœuvré dans l’ombre pourle compte de l’entreprise philip-pine ICTSI pour la concession duterminal à conteneurs du port eneaux profondes de Kribi, qui a fina-lement échu à un consortium fran-co-chinois conduit par le groupeBolloré. A en croire les mêmessources, le très discret milliardairede Ndawara, qui n’a pas une trèsbonne réputation en matière de

respect des droits des travailleurs deses entreprises, visait alors les 20%de parts à attribuer aux nationauxdans le cadre de cette concession,selon les exigences du gouverne-ment camerounais.

BRM

Le Camerounais Baba AhmadouDanpullo est l’homme le plusriche d’Afrique francophone

subsaharienneDanpulloest connudansson payspour sesimmensesplantationsde thé deNdawara,dans larégion duNord-Ouest,lesquellespermettentà Ndawara

Tea Estatesd’exporterle thécame-rounais àl’étranger.

Cet ancien camionneur devenu milliardaire estactionnaire de Nexttel, le 3ème opérateur detéléphonie mobile du pays, dans lequel il contrôle30% des parts.

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