Huileries du Congo belge (HCB) Service médical en 1928. (d’après un rapport du Dr. H. Seidelin) Les grandes compagnies agricoles ont eu une importance appréciable dans la lutte contre les maladies tropicales en zone rurale. Si cette évidence est peu mise en relief, c’est probablement parce qu’on n’a pas fait autour de cette pratique toute la lumière qu’on aurait pu faire. Encore fallait-il que les médias de l’époque aient connaissance des détails et que ceux-ci intéressent le grand public. Mais l’histoire ne peut pas se prévaloir de cette excuse pour ne pas fouiller cette source d’information. Le médecin en chef du service médical des Huileries du Congo belge a publié dans les revues médicales de l’époque, un rapport important relatif aux résultats du travail du service qu’il dirige. Celui-ci est particulièrement intéressant car les plantations des HCB couvrent des zones rurales très différentes au point de vue du climat, très distantes les unes des autres et les populations qui y travaillent appartiennent à des ethnies nettement distinctes. Précisons tout d’abord que l’existence de ces services médicaux relève des conventions passées entre l’état et les compagnies à la création de celles-ci et n’est pas étranger aux avantages reçus par celles-ci. L’avantage pour l’état est la multiplication à frais nuls de pôles médicaux (hôpitaux et dispensaires) hors des zones citadines ; l’avantage pour les compagnies est le contrôle de la santé de la main d’œuvre autochtone (elle reçoit également une ration alimentaire journalière) et de celle plus générale des camps, mais aussi un contrôle sanitaire permanent des expatriés. 17 ans après leur première apparition, en 1928, la population expatriée des diverses compagnies de LEVER au Congo (HCB plantations, SAVCO fabrique de savon et SEDEC magasins) est la suivante : hommes (408), femmes et enfants (92) ; les expatriés de la SAVCO, de la SEDEC et le staff des HCB vivent en zone citadine et leurs employés dans les cités africaines des villes. Les employés des HCB et leurs travailleurs vivent en zone rurale à Leverville, Pindi, Tango, Lusanga, Elisabetha, Mosite, Alberta, Flandria et Brabanta. (Voir en fin d’article pour les différentes conditions climatiques). Pour les HCB, le nombre de jours de travail perdu pour maladie représente 2,3 % des jours de travail totaux. En 1928, 4 expatriés sont décédés au Congo, un du paludisme, 2 de fièvre hémoglobinurique et un de tuberculose. 14 expatriés ont été rapatriés : 5 pour paludisme, 3 pour tuberculose, 1 pour fièvre hémoglobinurique, 1 pour maladie nerveuse, 1 pour suite d’appendicite, 1 pour maladie rénale et un pour corps étrangers suite à la guerre 14-18. Santé des travailleurs. Vaccinations (variole) 52.839 vaccinations ont été réalisées au cours de l’année 1928 mais la grosse majorité des vaccinés ne se présente pas au contrôle post vaccination. Les étrangers dont il est fait mention, sont des Congolais non-employés par les HCB. Le médecin en chef fait remarquer que les hôpitaux sont beaucoup trop occupés de malades qui souffrent d’ulcères des jambes et d’affections banales, que de trop nombreux Congolais meurent hors des hôpitaux de pneumonies et de maladies abdominales sans diagnostic. Il considère qu’on ne possède pas encore la confiance absolue des Noirs en ce qui regarde les maladies internes et qu’il est certain, qu’à l’avenir, la médecine interne pourra sauver un plus grand nombre de vies. Cette affirmation s’applique également à la médecine infantile ; les mères n’apportent pas assez souvent leurs enfants malades et elles les amènent la plupart du temps trop tard. D’autre part, elles viennent rarement à l’hôpital pour elles-mêmes, même pour les accouchements. Ceci peut être constaté dans un tableau suivant. Les HCB utilisent 26982 travailleurs indigènes : les hôpitaux en ont traité 6853 et les dispensaires 83612. Dans ces chiffres sont également compris les enfants, les femmes et les étrangers à la compagnie. En 1928 on a constaté 510 décès dont 254 travailleurs.