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Gauheria 7 Au début de l’année 2006, s’est déroulée une opération de fouille sur les communes de Thélus et de Vimy, dirigée par une équipe mixte du Service archéologique d’Arras et de l’Inrap. Cette opération s’est inscrite dans le cadre des travaux de réaménagement de la RN 17. Notons qu’une fois encore l’ab- sence d’un service communautaire d’archéologie a entraîné l’intervention de professionnels extérieurs (Inrap et Service archélogique d’Arras) sur un sec- teur qui intéresse au premier chef les habitants de la Gohelle puisque les monts d’Artois marquent la limite de la plaine de Lens. Notons aussi que, quelles que soient les équipes qui les assument, les différentes recherches archéologi- ques menées dans notre secteur géographique ont montré l’extrême richesse de nos « archives du sol », déjà mise en valeur par notre président-fondateur, Eugène Monchy. C’est lui, en effet, qui avait glané, dessiné et analysé des milliers d’artefacts préhistoriques dont un bon nombre provenait de la com- mune de Vimy, formant à ce type de recherche André Styza qui lui a rendu hommage en prolongeant son travail (voir Gauheria, 57, p. 3-12). C’est encore Eugène qui avait découvert et fouillé la petite nécropole de Vimy, témoin d’une occupation romaine précoce, ce que confirment aujourd’hui les résultats de la fouille de 2006. Par ses publications et ses causeries, notamment en milieu scolaire, il avait prouvé à maintes reprises que les habitants de la Gohelle, et notamment les jeunes, s’intéressent à l’archéologie. Cet intérêt a une nouvelle fois été manifesté par le nombre et l’enthousiasme des Avionnais qui ont pu, récemment et par deux fois, s’approprier les conclusions des fouilles menées sur le territoire communal par Gilles Prilaux et son équipe. Nul doute que les prochaines campagnes de fouilles soient susceptibles d’entraîner la même satisfaction chez les habitants de la Gohelle. B. G. L’occupation archéologique Les résultats présentés aujourd’hui sont le fruit d’un travail collectif entre les archéologues de l’Inrap et le service archéologique de la ville d’Arras, l’interven- tion de fouille ayant été dirigée conjointement par ces deux structures. Cette opération a été menée en deux temps ; le secteur 1 comprend les ves- tiges gallo-romains et carolingiens du lieu-dit « Le Petit Vimy » sur le territoire communal de Vimy, et le secteur 2 concerne la fouille du chemin gallo-romain au lieu-dit « Le chemin aux ânes » sur la commune de Thélus (fig. 1). Pour le secteur 1, les prescriptions du Service Régional de l’Archéologie du Nord – Pas-de-Calais se rapportaient à la fouille de deux zones distantes de plus de 200 m. La première se trouvait à l’emplacement d’un futur bassin de rétention et la seconde, plus au sud, au pied de la colline de Vimy. Ces deux zones repré- sentaient près de l0 000 m 2 à décaper. La bande comprise entre ces deux secteurs pouvait faire l’objet de décapages complémentaires si cela s’avérait nécessaire. Dès les premiers terrassements, nous avons constaté que les structures repérées dans les deux zones appartenaient à un même ensemble. Une réunion sur site, à laquelle ont participé le responsable du service archéologique de la ville d’Arras, Fouilles archéologiques à Vimy et Thélus Alain JACQUES, Gilles PRILAUX, Cyrille CHAIDRON Alain Jacques Gilles Prilaux (mi3 3 13/04/10 10:52:17
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Fouilles archéologiques à Vimy et Thélus (62). Gauhéria, n°73, 2010

Dec 21, 2022

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Au début de l’année 2006, s’est déroulée une opération de fouille sur les communes de Thélus et de Vimy, dirigée par une équipe mixte du Service archéologique d’Arras et de l’Inrap. Cette opération s’est inscrite dans le cadre des travaux de réaménagement de la RN 17. Notons qu’une fois encore l’ab-sence d’un service communautaire d’archéologie a entraîné l’intervention de professionnels extérieurs (Inrap et Service archélogique d’Arras) sur un sec-teur qui intéresse au premier chef les habitants de la Gohelle puisque les monts d’Artois marquent la limite de la plaine de Lens. Notons aussi que, quelles que soient les équipes qui les assument, les différentes recherches archéologi-ques menées dans notre secteur géographique ont montré l’extrême richesse de nos « archives du sol », déjà mise en valeur par notre président-fondateur, Eugène Monchy. C’est lui, en effet, qui avait glané, dessiné et analysé des milliers d’artefacts préhistoriques dont un bon nombre provenait de la com-mune de Vimy, formant à ce type de recherche André Styza qui lui a rendu hommage en prolongeant son travail (voir Gauheria, 57, p. 3-12). C’est encore Eugène qui avait découvert et fouillé la petite nécropole de Vimy, témoin d’une occupation romaine précoce, ce que confirment aujourd’hui les résultats de la fouille de 2006. Par ses publications et ses causeries, notamment en milieu scolaire, il avait prouvé à maintes reprises que les habitants de la Gohelle, et notamment les jeunes, s’intéressent à l’archéologie. Cet intérêt a une nouvelle fois été manifesté par le nombre et l’enthousiasme des Avionnais qui ont pu, récemment et par deux fois, s’approprier les conclusions des fouilles menées sur le territoire communal par Gilles Prilaux et son équipe. Nul doute que les prochaines campagnes de fouilles soient susceptibles d’entraîner la même satisfaction chez les habitants de la Gohelle. B. G.

L’occupation archéologiqueLes résultats présentés aujourd’hui sont le fruit d’un travail collectif entre les

archéologues de l’Inrap et le service archéologique de la ville d’Arras, l’interven-tion de fouille ayant été dirigée conjointement par ces deux structures.

Cette opération a été menée en deux temps ; le secteur 1 comprend les ves-tiges gallo-romains et carolingiens du lieu-dit « Le Petit Vimy » sur le territoire communal de Vimy, et le secteur 2 concerne la fouille du chemin gallo-romain au lieu-dit « Le chemin aux ânes » sur la commune de Thélus (fig. 1).

Pour le secteur 1, les prescriptions du Service Régional de l’Archéologie du Nord – Pas-de-Calais se rapportaient à la fouille de deux zones distantes de plus de 200 m. La première se trouvait à l’emplacement d’un futur bassin de rétention et la seconde, plus au sud, au pied de la colline de Vimy. Ces deux zones repré-sentaient près de l0 000 m2 à décaper. La bande comprise entre ces deux secteurs pouvait faire l’objet de décapages complémentaires si cela s’avérait nécessaire. Dès les premiers terrassements, nous avons constaté que les structures repérées dans les deux zones appartenaient à un même ensemble. Une réunion sur site, à laquelle ont participé le responsable du service archéologique de la ville d’Arras,

Fouilles archéologiques

à Vimy et Thélus

Alain JACquES,Gilles PRILAux,Cyrille ChAIdRoN

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le responsable du Service Régional de l’Archéologie du Nord – Pas-de-Calais et le responsable de l’Inrap, a amené à une modification sensible du cahier des charges, l’objectif étant alors de raccorder les deux secteurs en réalisant de larges fenêtres de décapages afin de tenter de circonscrire et de caractériser au mieux cette occupation. C’est ainsi que nous avons plus que doublé la surface initiale de décapage, passant de l0 000 m2 à 22 000 m2.

Le secteur 1 : les marges d’un grand établissement augustéen précoceétat 1. Les données du diagnostic de 2003 avaient permis de percevoir les

principaux développements d’un grand enclos quadrangulaire de 310 m de long pour une largeur estimée à 160 m. Le mobilier céramique recueilli à la surface du fossé suggérait un colmatage de l’enclos au cours de la période augustéenne, notamment par la présence d’écuelles et de terrines de tradition laténienne ainsi que de quelques fragments de céramiques tournées à pâte sableuse bien connues dans les répertoires de la région d’Arras à la fin du ier siècle avant notre ère. La fouille de 2006 a confirmé l’existence d’un vaste enclos ouvert au nord, par un système d’entrée en chicane, et dont le flanc oriental a été renforcé, dans un second temps, par un double fossé (st l et st 21).

Le fossé 1 représente la structure la plus ancienne identifiée sur le site. Il s’agit d’un long fossé rectiligne de 310 m de long et qui présente une largeur à l’ouverture variant de 1,10 m à 2,15 m. La profondeur conservée oscille entre 0,40 m et 1,05 m. Les bords sont irréguliers et très évasés, le talon est en géné-ral assez étroit ; on a observé que, dans la partie sud, celui-ci est beaucoup plus incurvé. Le comblement du fossé résulte d’un apport limono-argileux contenant très peu d’inclusions. Le fond du fossé est parfois recouvert d’une argile à silex très proche du terrain naturel.

Il convient de noter, qu’aux premiers résultats obtenus au terme de l’examen provisoire du mobilier céramique (cf. Cyrille Chaidron infra) et qui suggère un

Secteur 1

« Le Petit-Vimy »

Secteur 2« Le cheminaux ânes »

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Les fouilles de 2006 à Vimy et Thélus

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comblement du fossé dans les années -30/-10 avant notre ère, avec notamment une belle série d’amphores de type Dressel 1, il faut ajouter 2 fibules en bronze : l’une filiforme à arc tendu et porte-ardillon ajouré, s’apparentant au type Feugère 3a, la seconde, incomplète, se rapproche des Knotenfibeln, voisine du type Feugère 8a. Toutes deux se rencontrent plus particulière-ment dans des contextes datés du milieu du ier siècle avant notre ère.

état 2.  Un  remodelage  de  l’enclos  primitif. Le premier enclos (st 1) a été, semble-t-il légèrement agrandi (ou doublé) sur son flanc oriental. Cette transformation se traduit par la construction d’un long fossé rectiligne (st 2l) parallèle à la limite primitive. La largeur séparant les deux fossés est assez constante

et elle varie de 4 m à 5 m. Le profil du fossé 21 est assez irrégulier, les lar-geurs à l’ouverture oscillent entre 0,60 m et 2,12 m. Les profondeurs conservées sont comprises entre 0,30 m et 1,05 m. Les bords sont évasés, très irréguliers, le talon du fossé peut être soit assez étroit, soit au contraire fortement incurvé. Le comblement du fossé est assez homogène et résulte d’un apport limono-argileux contenant parfois des silex.

Nous avons associé à cette phase de remodelage 3 segments de fossés qui ont recoupé d’ouest en est l’enclos primitif (st 30, 53 et 54). à ce stade de l’examen, et compte tenu du manque d’information concernant le tracé et le développement des fossés, il est difficile de qualifier la fonction et la vocation de ces structures. Le mobilier datant est peu abondant et peu probant ; on retiendra la présence d’une assiette en sigillée à décor à la roulette en st 30, un Drag 29a (datation -10/-40. Passelac, Vemhet 1996) en sigillée de La Graufesenque dans la par-tie sommitale du comblement du fossé, associée à une assiette en terra nigra champenoise (horizons IV-V de x. Deru, soit circa 15/20-65/70. Deru 1996). Ces informations, issues d’une première identification faite par Cyrille Chaidron (voir infra), suggèrent une date de comblement pour ces fossés autour des règnes de Tibère et de Claude.

Les seuls indices d’une occupation humaine recensés dans l’enclos augustéen se manifestent par trois structures de combustion de type « four » qui se rencon-trent approximativement au centre de notre emprise. à ce stade de l’étude, il est difficile de préciser la fonction de ces structures, aucun artefact pertinent, de type scorie ou terre cuite par exemple, n’ayant été observé. Ces vestiges se présentent sous la forme de petites excavations cylindriques dont les parois portent les signes d’une exposition au feu (parois indurées et rubéfiées).

Structure 50. elle se présente sous la forme d’un creusement circulaire d’en-viron 0,80 m de diamètre ; les bords sont droits et le fond prend la forme d’une petite cuvette. La profondeur conservée est de 0,38 m. Le comblement est un apport massif de limon très charbonneux enrichi de quelques silex ainsi que de petits morceaux de grès brûlés. Le mobilier archéologique se résume à un unique tesson de céramique provenant d’une cruche à pâte orange datable, au sens large, du ier siècle de notre ère.

Structure  51. Là aussi la fosse est circulaire, le diamètre à l’ouverture est de 0,51 m pour une profondeur conservée de 0,26 m. Les bords sont verticaux et le fond presque plat. Le comblement est un sédiment limono-argileux contenant de nombreuses inclusions charbonneuses et cendreuses. Le mobilier céramique ne concerne que deux fragments de panse ; les pâtes sont brunes à noires et les dégraissants observés sont la chamotte et quelques grains de silex.

Structure 48. Il s’agit d’un creusement piriforme, long de 0,94 m pour une largeur de 0,58 m. La profondeur conservée est de 0,30 m. Les parois sont verti-cales et le fond est plat. Le comblement est un apport limono-argileux très riche en inclusions charbonneuses et cendreuses. Le mobilier archéologique comprend deux fragments de céramiques à pâte noire dégraissée à la chamotte.

QuelQues sépultures à incinérAtion du second siècle de notre ère

Au sud-est de notre emprise, sept sépultures à incinération ont été découver-tes, réparties le long de l’enclos augustéen décrit précédemment. Sept d’entre

Fibules 1 et 2.

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Les fouilles de 2006 à Vimy et Thélus

elles ont par ailleurs été creusées dans le niveau supérieur des fossés augustéens, ce qui suggère que ceux-ci étaient encore parfaitement visibles lors de la mise en place des tombes et qu’ils ont même probablement servi de marqueurs ou de bor-nage pour l’implantation du lieu de sépulture. L’état de conservation des tombes est assez moyen. Le contexte chronologique a été établi par Cyrille Chaidron (cf. sa note sur la céramique) et s’apparente au second siècle de notre ère.

La sépulture 45elle se présente sous la forme d’une petite fosse circulaire de 0,60 m de

diamètre, dont la profondeur conservée atteint 0,18 m. Les bords sont éva-sés et le fond incurvé. Le comblement se caractérise par un apport limono-argileux riche en inclusions charbonneuses et contenant quelques ossements brûlés (mais ne présentant pas de véritable concentration). Le mobilier se

compose de deux vases (incomplets) portant des traces d’exposition au feu (probablement récu-pérés au terme de la cré-mation).

Le vase 1 est un pot tron-conique à pâte sableuse avec décor de bandes lissées à la jonction épaule/col.

Le vase 2 est une écuelle à lèvre déjetée et à panse arrondie.

La sépulture 46La fosse est ovale, longue de 1,20 m et large de 0,50 m. La profondeur

conservée est de 0,20 m. Les bords sont évasés et le fond plat. Le com-blement se compose d’un limon argileux avec quelques concentrations charbonneuses et cendreuses. Les ossements brûlés, très fragmentaires, se retrouvent de manière très discrète dans tout le comblement (pas de concentration). Le mobilier céramique, là encore très fragmentaire, porte des traces évidentes d’exposition au feu.

Le vase 1 est une assiette en sigillée de type Drag. 18/3 1, avec une estampille illi-sible.

Le vase 2 est un pot tronconique à pâte sableuse, à décor de bandes lissées sur le col.

Le vase 3 est une cruche à pâte claire, à deux anses (la partie haute n’est pas connue).

Le vase 4 est un fond annulaire de céra-mique sigillée avec une estampille par-tiellement conser-vée.

On notera la présence d’un frag-ment d’objet en fer se présentant sous la forme d’une pla-que avec un rivet.

Il s’agit peut-être d’une attache de seau ou d’un coffre en bois.

La sépulture 47La fosse est plus ou moins circulaire, d’un diamètre approximatif de 0,44 m,

pour une profondeur conservée de 0,08 m. Les parois sont évasées et le fond

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plat. Le comblement est un apport limono-argileux avec quelques traces charbonneuses et cendreuses, parmi lesquelles on note la pré-sence de quelques esquilles d’ossements brûlés. Le mobilier d’accompagnement se résume à la

partie supérieure d’une cruche à pâte blanche.

La sépulture 85C’est une petite fosse circulaire de 0,45 m de dia-

mètre pour une profondeur conservée de 0,24 m. Les bords sont évasés et le fond incurvé. Le comblement est un limon argileux riche en inclusions charbon-neuses avec quelques traces fugaces d’ossements brûlés. Le mobilier céramique se résume à un petit pot tronconique à pâte sableuse et à décor de bandes lissées sur le col (vase 1).

La sépulture 61elle se présente sous la forme d’un creusement irrégulier plus ou moins ovale,

d’une longueur de 1,04 m pour une largeur comprise entre 0,40 m et 0,64 m. Les bords sont évasés et le fond irrégulier, le creusement étant par ailleurs plus marqué dans la partie sud de la fosse. Le comblement se présente, dans le fond de la fosse, sous la forme d’un apport de limon argileux riche en inclusions charbonneuses et cendreuses avec des ossements brûlés répartis dans l’ensemble du remplissage. Le mobilier, qui ici ne porte pas de trace d’exposition au feu, se compose de six fragments de vases, d’une applique en bronze de type phalère, d’un morceau de chaînette en bronze, d’une perle en bronze et d’une tige en verre bleu.

Les vases 1, 2, 4 et 5 correspondent à des pots tronconiques à décor de bandes lissées et de croisillons. Le vase 3 est un petit pot à pâte sableuse avec décor de bandes lissées. quant au vase 6, il s’agit d’une cruche à pâte orange à une anse.

La sépulture 60La fosse est plus ou moins rectangulaire, longue de 0,62 m et large de 0,40 m,

pour une profondeur conservée de 0,16 m. Les bords sont assez incisés et le fond presque plat. Le comblement est un limon argileux, très charbonneux, contenant quelques ossements brûlés. Aucun mobilier datant n’a été découvert.

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Les fouilles de 2006 à Vimy et Thélus

La sépulture 84elle se présente sous la forme d’une fosse plus ou moins circulaire de 0,42 m,

pour une profondeur conservée de 0,06 m. Les parois sont évasées et le fond bosselé. Le comblement est un limon argileux riche en inclusions charbonneuses et contenant quelques fragments d’os brûlés. Aucun élément de datation n’a été recueilli.

QuelQues témoins diffus de lA période cArolinGienne

Le long de la limite ouest de notre emprise, on rencontre trois ensembles de structures (unités 1 à 3) qui s’apparentent à de petits habitats dont il est difficile d’apprécier l’importance et la véritable vocation, puisque ceux-ci se développent hors de notre champ d’investigation.

L’unité  1. elle se compose de 13 structures fossoyées dont huit poteaux, deux fosses indéterminées et ce qui pourrait être les restes de structures excavées à fond plat (st 78, 33 et 34). Ces structures se développent sur une surface d’en-viron 200 m2. La restitution d’un éventuel plan de maison ou de tout autre type d’édifice ne pourra pas être raisonnablement proposée ici car les données dont nous disposons sont, à l’évidence, trop lacunaires. On signalera néanmoins qu’un groupe de 6 poteaux délimite une aire plus ou moins rectangulaire d’environ 10 m de long sur 5 m de large (st 34, 39, 41, 75, 76 et 74). Pour ce qui concerne les trois structures excavées à fond plat, peu de choses à dire : absence d’aménagement particulier (de type calage par exemple), de trou de poteau (interne ou externe) et de mobilier particulier (scorie, peson...).

Les sépultures à inhumation. à 45 m au sud-ouest de l’unité 1, deux sépul-tures à inhumation ont été découvertes le long du flanc ouest de l’emprise. Les deux tombes, très arasées, contenaient les restes d’enfants dont les ossements étaient fort mal conservés. en l’absence de dépôt funéraire conservé ou d’une quelconque relation stratigraphique, il ne sera pas possible de préciser le contexte chronologique de l’enfouissement de ces corps. La présence de quelques vestiges de l’époque carolingienne au nord-ouest des deux sépultures est le seul indice qui permet d’envisager, avec toute la prudence qui s’impose, une éventuelle rela-tion.

L’unité  2.  Un groupe de 17 structures se trouve à 47 m au nord-ouest du secteur 1. Cet ensemble est assez compact et se développe sur une surface de 70 m2. On remarquera que cette unité d’habitat semble se « bloquer » sur le fossé augustéen de la première phase : même si celui-ci n’était plus en service au xe siè-cle, il devait vraisemblablement être encore marqué dans le paysage. Un groupe principal de 8 trous de poteaux indique la présence d’un bâtiment probablement à usage d’habitation si l’on se réfère aux artefacts découverts dans les fosses conne-xes. Le plan de l’édifice est difficile à restituer avec précision, on notera qu’il se développe sur une longueur de 9 m et une largeur moyenne de 6 m.

L’unité 3. Un petit groupe composé de sept structures se trouve au nord-ouest, le long de l’emprise des travaux. Cet ensemble n’a, par conséquent, été dégagé que très partiellement, ce qui rend fort difficile une quelconque interprétation. Il se compose de quatre poteaux et trois fosses, dont deux correspondent probable-ment à des silos à grains (st 23 et 24). Le mobilier est peu abondant mais très proche des exemplaires issus des unités 1 et 2.

Le mobilier archéologique de la période carolingienneIl se compose uniquement de fragments de céramiques, en général présentant

un taux de fragmentation assez important. Néanmoins le mobilier récolté dans les 3 unités est assez homogène, il comporte majoritairement des oules et des cruches peintes, les motifs rencontrés se composant de longues virgules ou « flammes » parallèles et, en règle générale, réalisées obliquement sur les panses. Pour Fran-çois Gentilli, ces décors parallèles sont appliqués au doigt (extrémité arrondie) ou au pinceau (extrémité pointue) et sont parfois reliés par des « raccords » au pinceau (F. Gentilli 1988). On notera ici l’absence de décor réalisé par coulure de barbotine qui se développe massivement en île-de-France à la fin du xie siè-

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cle. On peut signaler à Vimy la présence d’une cruche à bec tubulaire et d’un fragment de panse ornée d’un décor en casiers. Nos comparaisons s’appuient sur les ensembles de Villiers-le-Sec et de Baillet-en-France qui font aujourd’hui référence (F. Gentilli 1988). On se rapprochera également des ensembles xie siè-cle du village des Ruelles à Serris (N. Mahé 2002), mais aussi des exemplaires de la phase 3 (xe/xie siècle) de la typologie établie par Murielle George-Leroy et Michel Lenoble en Champagne méridionale (M. George-Leroy et M. Lenoble 1993). Enfin, pour se rapprocher un peu plus de notre secteur géographique, on retiendra les ensembles issus de l’atelier de potier de Baralle daté du xe siècle (Jacques 1994), mais aussi ceux découverts dans le cimetière carolingien de Wan-quetin (J. Barbieux et A. Jacques 1987).

Étude des cÉramiques du site de Vimy « rN. 17 » par Cyrille chAidron

Présentation. L’opération archéologique dirigée par Alain Jacques (SAM d’Arras) et G. Prilaux (INRAP) sur le territoire de la commune de Vimy (Pas-de-Calais) a permis de mettre au jour une partie d’un établissement fossoyé dont la chronologie et la structuration spatiale le place dans la liste des quelques sites majeurs pour le début de l’occupation romaine en Atrébatie. Les différentes opérations menées dans la région d’Arras par le Ser-vice archéologique municipal d’Arras (A. Jacques) et l’INRAP (G. Prilaux, D. Gaillard) ont permis de dévoiler une organisation très structurée du territoire depuis la période de la Guerre des Gaules (site d’Actiparc. Fouilles A. Jacques, G. Prilaux) jusqu’à la mise en place « politisée » d’un tissu urbain à Arras (sites de Baudimont. Fouilles A. Jacques). Le site de Vimy se situant à 11 km d’Arras et à 10 km d’Actiparc, il est plausible que ce site participe à un schéma organisationnel en relation directe avec celui des alentours proches d’Arras.

La présente étude n’est qu’un aperçu succinct du mobilier mis au jour. Aucun comp-tage, faute de temps, n’a pu être effectué mais il sera réalisé ultérieurement dans le cadre d’un travail universitaire (Chaidron doctorat en cours).

Les données chronologiques fournies sur la seule base des céramiques ont permis de dissocier trois phases à la datation bien distincte.

état 1 : l’Augustéen précoce (st l, 54, 21, 22)Il s’agit de la phase la mieux documentée et principalement par l’important lot collecté

dans le comblement du fossé 1 auquel on associe le mobilier de la structure 22 et celui de la structure 54, contemporaines. Cet ensemble du fossé 1 peut être considéré comme un lot de référence régionale pour la période augustéenne. Les multiples comparaisons avec le mobilier du site d’Actiparc, et notamment par un argumentaire a silentio, permettent de placer ce comblement au cours de la période augustéenne. La quantité importante de céramiques modelées, sur un site où les importations ne sont pas négligeables, est un critère chronologique fiable. Le site de Renancourt, dans la banlieue d’Amiens, est daté entre les années 30 et 20/15 av. J.-C. La céramique modelée y est anecdotique (Dubois, Lemaire 1999). Par contre, elle est majoritaire sur le site tardo-républicain d’Actiparc (US 4-5 du fortin de « La Corette », fossés S 1-S 25 des « Soixante »). De même, sur le site de Baudimont, à Arras, daté de l’Augustéen moyen et final (c. -20/+10), la céramique mode-lée a largement cédé le pas à la céramique tournée cuite en mode réducteur et dégraissée aux quartz.

De plus, le mobilier mis au jour dans le fossé 1 de Vimy a livré une importante quan-tité d’amphores italiques dont la hauteur des bords (moins de 4 cm) permet, dans l’attente d’une expertise par é. Marlière (CNRS), de les placer dans le type Dressel 1A. Il s’agit de la forme majoritaire retrouvée dans les structures tardo-républicaines d’Actiparc. Aucune amphore typiquement augustéenne n’a d’ailleurs été retrouvée pour cette phase.

La présence de céramiques sigillées italiques ou de tradition italique (lyonnaises ?) place un terminus entre les années 30 et 20 av. J.-C., date des plus anciennes importations dans le Nord de la Gaule (c. 19/15 av. à Amiens, Roth-Rubi 2004 : 76 ; c. 30/15 av. à Renancourt, Dubois, Lemaire 1999 ; c. 20/10 av. à Arras, Jacques, Prilaux 2003 : 41).

Tous ces indices nous permettent de proposer comme datation pour le comblement du fossé 1 les années 30/10 av. J.-C.

La céramique fine importée, les amphores italiques, la présence de jattes type patellae en céramique modelée locale et d’une forme imitant très probablement un lopas méridio-nal (forme déjà bien attestée dans les contextes tardo-républicains d’Actiparc. Chaidron, Dubois 2004) prônent en faveur d’une population très romanisée dans un contexte chro-nologique très haut.

Nous pouvons rapprocher de cette phase le fossé 21, parallèle au fossé 1. Le mobilier est, par contre, très peu abondant (le fossé est très érodé), ne permettant, malheureusement, que quelques comparaisons formelles avec le fossé 1. Il est donc impossible d’observer une dichotomie chronologique même si l’antériorité du fossé 21 peut être envisageable.

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Les fouilles de 2006 à Vimy et Thélus

état 2 : La période Tibère-Claude (st 3021)Cette période, très ténue, n’est individualisée que par la présence ponctuelle d’élé-

ments plutôt caractéristiques comme l’assiette en sigillée à décor à la roulette en st 30, un Drag 29a (datation : 10-40. Passelac, Vernhet 1996) en sigillée de La Graufesenque dans la partie sommitale du comblement du fossé, associée à une assiette TN A38 champenoise (horizons IV-V de X. Deru, soit c. 15/20-65/70. Deru 1996).

La céramique commune se compose aussi bien de céramiques modelées similaires à celles de phases antérieures que de céramiques communes à pâte grise sableuse granuleuse typiques de la période julio-claudienne (st 30).

état 3 : Les sépultures de la deuxième moitié du iie s. apr. J.-C. (st 45, 46, 47, 61)Cette dernière période est mieux documentée que la précédente. Plusieurs structures,

contemporaines, ont livré un mobilier datable du iie siècle au sens large (st. 45, 46, 47 et 61). La sigillée, et notamment l’estampille de Cintugenus, ainsi que certaines céramiques communes sombres permettent de situer plus précisément cette occupation caractérisée principalement par des structures en creux (tombes, fosse). L’estampille CINTVGEN cor-respond donc au potier de Lezoux Cintugenus dont l’activité est attribuée à la phase 7 de Lezoux (Bet 1988), soit de la deuxième moitié du iie au premier tiers du iiie siècle apr. J.-C.

La céramique commune présente un répertoire classique pour cette période : marmite à col tronconique, marmite à panse aplatie et bord en crochet type Bayard 32 (Bayard 1980) ou type IIa-IIb des marmites à panse aplatie (Tuffreau-Libre 1980). Cette forme est datée à Amiens de la deuxième moitié du iie à la fin du iiie siècle (Bayard 1980).

ConclusionCet aperçu chrono-typologique a permis d’appréhender deux phases d’occupation bien

différentes dans leur nature, un établissement fossoyé augustéen précoce et une zone funé-raire correspondant à la fin du règne des Antonins et le début de celui des Sévères. Entre les deux, on note une présence ténue, si l’on en croit les témoins céramiques, pouvant correspondre à la période Tibère-Claude.

L’intérêt majeur du site, pour la céramologie régionale, est d’avoir livré un ensemble bien circonscrit chronologiquement et quantitativement important pour le début du règne d’Auguste. Les problématiques apportées par les données céramiques permettent d’entre-voir le site comme un élément de romanisation important du secteur géographique situé au nord d’Arras.

le secteur 2, un chemin encAvé GAllo-romAin sur lA commune de thélus, Au lieu-dit « le chemin Aux Ânes »

Comme l’avait très justement souligné D. Gaillard lors de la campagne de diagnostic de 2003, les vestiges d’un chemin antique, repéré préalablement par photographie aérienne, sont aujourd’hui encore parfaitement perceptibles dans le paysage. Ces empreintes sont marquées par un micro-relief orienté selon un axe nord-est/sud-ouest. en s’appuyant sur les données du rapport de diagnostic, nous avons réalisé trois larges tranchées implantées perpendiculairement à l’axe du chemin. La partie supérieure du chemin est apparue assez rapidement sous la terre végétale et se manifeste par une large bande de 5 à 12 m de large, colmatée par un apport de terre grisâtre contenant des inclusions de craie de charbons de bois et de silex. La voie semble avoir « glissé » vers le sud, où l’on a remarqué une seconde excava-tion aux dimensions plus modestes, mais qui épouse assez pré-cisément le tracé du chemin principal. à 35 m au sud, un fossé (st 3) parallèle à l’axe du chemin pourrait bien être intégré dans la structure de la voirie avec une autre fonction que le drainage, compte tenu de la distance qui sépare ces témoins.

Description du chemin antiqueLes trois coupes pratiquées dans la voie révèlent une structure encavée de

1,70 m de profondeur (en moyenne et sans compter la terre arable) pour une largeur à l’ouverture comprise entre 8 et 12 m. Le chemin encavé semble avoir « glissé » vers le nord donnant lieu à une seconde excavation. C’est pour cette rai-son que nous avons enregistré ces structures comme deux faits différents (voie 1 et voie 2) bien qu’elles participent à un même ensemble. Le fond de la voie est marqué par une bande de roulement de 4 à 5 m de large, rechargée parfois par

Plan général des structures de Thélus, « Le chemin aux ânes» .

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AlAin JACqUeS & Gilles PRILAUx

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des apports de craie et de silex. Ce niveau est immédiatement recouvert par des limons de couleur beige à orange contenant de nombreuses inclusions blanchâ-tres, résultat d’une sédimentation hydromorphe. De nombreuses traces d’ornières sont visibles au-dessus de ce niveau et on les trouve sur une épaisseur de 0,60 m. Ces ornières ont été régulièrement colmatées par des rognons bruts de silex, des petits blocs de craie et parfois des fragments de grès. Le chemin creux a été défi-nitivement scellé par un apport limoneux, dont la puissance peut atteindre 0,70 m et qui contenait quelques fragments de tuiles et de rares tessons de céramiques gallo-romaines (au sens large).

Aujourd’hui de nombreuses voies antiques ont été fouillées aux marges de la ville d’Arras. On notera les interventions menées à Anzin-Saint-Aubin (Jacques, Henry 1997) et à l’occasion des travaux de la rocade ouest d’Arras (Gaillard, Jacques 2000). L’origine gauloise de certains chemins est maintenant tout à fait établie, d’une part, avec un exemple probant à Dainville « Gérico » (Prilaux, Jac-ques 2006) et, d’autre part, si l’on se réfère aux fouilles d’Actiparc qui ont révélé l’existence d’une voirie gauloise ayant fait l’objet d’une restructuration radicale avec l’arrivée de troupes romaines sur le site. Le tracé de la voie augustéenne d’Actiparc a été reconnu sur une longueur de 3,2 km et celle-ci a été fouillée intégralement sur une longueur de 1,1 km (Jacques, Prilaux 2003).

Conclusion générale

Les fouilles menées à Vimy au lieu-dit « Le Petit Vimy » ont permis d’explorer la partie orientale d’un grand établissement agricole augustéen précoce, dont la zone d’habitat se localise plus à l’ouest, si l’on se réfère aux résultats obtenus lors de la phase de diagnostic. Le manque de « recul », dû à l’exiguïté de notre fenêtre de fouille, ne permet pas de caractériser précisément la nature de l’occu-pation primitive. On retiendra néanmoins que la nature des rejets contenus dans les fossés, notamment une belle série d’amphores de type Dressel, atteste de la présence ici d’une influence romaine bien marquée dans un contexte daté des années 30/-10 avant notre ère. Des phases de transformations de l’établissement sont perceptibles sans que l’on puisse en mesurer véritablement l’importance. Ces changements se sont opérés jusqu’aux règnes de Tibère et de Claude. Le iie siècle est représenté par sept sépultures secondaires à inhumation qui s’étirent le long de la limite est de l’enclos augustéen. en règle générale, elles présentent un état de conservation assez moyen ; il s’agit de petites fosses dans lesquelles ont été déposés un sédiment charbonneux contenant des ossements brûlés ainsi que des fragments de céramiques portant très souvent des traces d’exposition au feu. Il faudra attendre les xe et xie siècles avant que des hommes n’investissent à nou-veaux les lieux (au vu de ce qui a pu être observé ici). Cette occupation se traduit par trois petites unités d’habitation dégagées partiellement le long de la limite ouest de notre emprise. Là encore il sera difficile de caractériser véritablement cette occupation, compte tenu de la faiblesse de l’échantillonnage disponible.

Alain JACquES, Gilles PRILAux, Cyrille ChAIdRoNArras, Inrap. Inrap

Coupe de la voie 1.

Coupe de la voie 2.

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