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+ FRANCK RIBÉRY + FRANCE-PORTUGAL + EURO 2016 + COSMIN MOTI + VANNES OC + JAMES RODRIGUEZ + ALBERT ÉBOSSÉ + BIELSA JEU CONCOURS Devenez un vrai supporter des Bleus sJe numéro 49 août-septembre 2014 Gratuit /footplus2 @foot_plus + FOOT+ Dopage La grande omerta ©Alto Press/MAXPPP
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FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Apr 06, 2016

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Arthur Massot

Numéro 49 de FOOT+, journal gratuit. Pour vous abonner : bit.ly/sabonner-footplus
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Page 1: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

+ FRANCK RIBÉRY + FRANCE-PORTUGAL + EURO 2016 + COSMIN MOTI + VANNES OC + JAMES RODRIGUEZ + ALBERT ÉBOSSÉ + BIELSA

JEU CONCOURS

Devenez un vrai supporter des Bleus

sJe

numéro 49

août-septembre 2014

Gratuit

/footplus2

@foot_plus

+ FOOT+

Dopage La grande

omerta

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Page 2: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Sommaire 2 Le tacle de… Arthur Massot.

3 ZAP+. L'actualité des deux derniers mois sous un autre angle.

3 Le match des rédacteurs. Giurgiu-Lyon et Saint Étienne-Krabukspor.

4 Questions-réponses. Luzenac, équipe de France et indice UEFA.

4 La question. Ribéry a-t-il eu raison de prendre sa retraite internationale ?

5 Disparition. Il s'appelait Albert Ébossé.

6 Coup de gueule. Vannes OC.

8 Équipe de France. Franck Ribéry prend sa retraite internationale.

10 Lettre ouverte. Cher James Rodriguez…

11 Ligue des Champions. Cosmin Moti dans la légende.

12 Euro 2016. Le point à moins de deux ans du coup d'envoi.

14 Grand thème. Dopage, la grande omerta.

20 Football féminin. ZAP+.

20 Football féminin. Les Bleuettes en bronze.

21 Prolongations. Ces supporters de clubs sous-médiatisés.

22 Fiction. Chapitre 1 : Un nouveau départ.

23 Jeu-concours. Devenez un vrai supporter.

24 Replay. Les derniers France-Portugal.

26 Zoom. La glacière de Marcelo Bielsa.

Le tacle d'Arthur Massot

Nouvelle formule

Une nouvelle formule pour un périodique est

rarement anodine. Elle a souvent une signification

bien précise, communiquée ou non. Elle peut

laisser plus de place à l'image et aux infographies,

être plus dans l'analyse ou dans le décalé. Elle peut

voir le prix de la parution augmenter ou non. Nous,

à FOOT+, nous avons décidé de ne pas modifier

notre choix tarifaire, qui est la gratuité pour toujours

une plus grande qualité. Nous avons en revanche

décidé de vous proposer une plus grande analyse

avec des articles plus poussés, allant au bout des

choses. Ainsi, notre grand thème est là pour le

démontrer. Pour le premier numéro de notre

nouvelle formule, nous voulions frapper fort. Et

nous avons réussi. Un an d'enquête dans une des

faces obscures du football : le dopage. Tabou,

omerta et loi du silence sont trois expressions qui

résument bien la position du monde du ballon rond

sur le sujet. Jamais vous n'avez entendu parler

jusqu'à présent de dopage organisé,

d'arrangements financiers et de docteurs peu

scrupuleux. En tout cas, pas dans le football. Pas

jusqu'à maintenant. Nous vous donnons rendez-

vous en page 14 pour que vous jugiez vous-même

de l'état des choses.

Cette nouvelle formule, c'est un nouvel habillage

laissant plus d'espace entre les articles, un

habillage plus pur qui rend plus agréable la lecture

des articles. Cette nouvelle formule, c'est un format

plus grand afin d'aller au bout de nos idées. Cette

nouvelle formule, ce sont les rubriques qui ont fait

notre succès comme le ZAP+ ̶ d'ailleurs étendu au

football féminin ̶ , replay, le match des rédacteurs

ou coup de gueule qui restent et qui sont même

accompagnées de nouvelles comme le question-

réponse, zoom ou la question. Également au

programme, une fiction qui vous bercera les deux

prochaines années. Vous suivrez durant ce laps de

temps les aventures de Louis, un journaliste sans

emploi qui aura en face de lui l'opportunité de sa

carrière.

Pour inaugurer cette nouvelle formule, nous vous

proposons de participer à un jeu-concours dans

lequel vous pourrez remporter différents lots aux

couleurs de l'équipe de France, afin d'être un parfait

supporter. Dans l'ordre : écharpe, drapeau et

maquillage, pour prouver votre attachement à notre

sélection nationale. La participation à ce jeu-

concours est gratuite et ouverte à chacun de nos

abonnés. Nous vous invitons à sauter sur

l'occasion. Enfin, cette nouvelle formule est le fruit

d'un travail mûri et ressemble parfaitement à

l'image que nous nous faisions d'elle. Comme

Rome, elle ne s'est pas faite en un jour et il nous a

fallu de nombreuses conférences de rédaction pour

nous mettre au point, affiner telle ou telle idée,

jusqu'à arriver à ce résultat final. Nous espérons

que vous nous resterez fidèle et que nous faisons

votre bonheur. Merci à vous pour votre confiance,

vous faîtes notre succès puisque sans vous, nous

ne serions rien.

Footballistiquement vôtre.

FOOT+. Journal bimestriel amateur. 49 numéros. Abonnement gratuit. Envoi par email. Créateur : Arthur Massot. Date de création : avril 2007.

Rédacteur en chef : Arthur Massot. Secrétaire de rédaction : Grégoire Quelain. Relecture : Grégoire Quelain. Mise en page : Arthur Massot.

Rédacteurs ayant collaborés à ce numéro : Gael Simon, Grégoire Quelain, Alexis Fontana, Alexandre Muffon, Arthur Massot, Kérian Portrait, Daniel

Marques, Maxime Hérault (pigiste). Responsable marketing : Thibaud Delabre. Responsable abonnement : Daniel Marques. Maquette : Arthur

Massot. Logo : Jérémy Fachetti. Dessinateur fiction : Joseph Raingeard. Adresse email : [email protected] Abonnements :

bit.ly/sabonner-footplus Courrier des lecteurs : bit.ly/courrier-footplus Diffusion du dernier numéro : 340 envois. Prochain numéro : 1er décembre

2014.

©Autissier-Robinot/Panoramic

©FFF

©Tous Droits Réservés

Page 3: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

INSOLITE

Bastia a joué avec des maillots de…

Bordeaux

Scène insolite le 31 août dernier au

stade Chaban-Delmas où le SC Bastia

a affronté les Girondins de Bordeaux

avec… des maillots de Bordeaux. En

effet, l'intendant du club depuis 2011

Manu Vasta s'était tout simplement

trompé sur la couleur des maillots à

apporter, les arbitres ayant indiqué que

seul le blanc serait accepté puisque

Bordeaux avait décidé de jouer avec

son troisième maillot. Pour remédier à

ce problème, le club bordelais a prêté

des tenues d'entraînements

numérotées de 1 à 18. Le SCB a donc

joué avec des maillots bordelais.

NATIONALMANNSCHAFT

Kramer ne se souviendra jamais de

la finale

Victime d'une commotion cérébrale

suite à un coup d'épaule d'Ezequiel

Garay dans sa tempe lors de la finale

de la dernière finale Coupe du Monde,

Christopher Kramer avait dû quitter

ses partenaires prématurément à la

32ème minute. Il avait même demandé

à l'arbitre de la rencontre, Nicola

Rizzoli : "Monsieur l'arbitre, c’est la

finale là ?" Le 1er septembre, il a

déclaré au magazine allemand Focus

qu'il ne se souviendrait jamais de

l'apogée de sa carrière : "Les

médecins sont certains que mes

souvenirs de la finale du Mondial ne

reviendront pas". Espérons pour lui

qu'il remporte l'édition 2018 de la plus

grande compétition mondiale de

football.

BOURDE

Du Linkin Park à la place de l'hymne maltais

Fou rire général à Zilina le 4 septembre lors du match amical

entre la Slovaquie et Malte. En effet, au lieu de lancer l'hymne

des visiteurs, L-Innu Malti, les responsables slovaques ont

diffusé l'espace de trois notes la célèbre chanson Numb de

Linkin Park. Les joueurs maltais ont pris la mésaventure avec

le sourire puisqu'ils ont éclaté de rire, tout comme les

spectateurs présents. Une dizaine de secondes plus tard, le

véritable hymne maltais a été lancé.

LOURDE SUSPENSION

Il n'a plus le droit de jouer pendant… 70 matchs

Ismail Gundüz, banal joueur amateur de CFA2 autrichienne

(5ème division) s'est vu infliger la plus lourde interdiction de

jouer de l'histoire du football. Ayant envoyé suite à un coup de

tête l'arbitre de la rencontre entre SPG Innsbruck West et le

SK Rum, auquel il participait. L'homme en noir voulait lui

infliger un second carton jaune. Suite à ce geste, il a été

renvoyé par son club et il ne foulera pas de sitôt les pelouses.

La fédération autrichienne l'a en effet suspendu l'espace de

70 rencontres. "La suspension de 70 matches est sans

précédent à notre connaissance, mais elle nous apparaît

proportionnée à la gravité des faits" a conclu le porte-parole

de la Fédération, Horst Scherl. La suspension équivaut à

entre deux et trois saisons. À côté, Brandao et ses six mois…

LE DESSIN DE… LEFRED THOURON

Dans L'Équipe Magazine du 6 septembre, le dessinateur

LeFred Thouron est revenu sur les différentes retraites

internationales de Nasri, Ribéry et d'Abidal à travers l'œil d'un

joueur et de son entraîneur.

NOUVEAUTÉ

FOOT+ simplifie son adresse mail

À l'occasion de sa nouvelle formule,

FOOT+ change d'adresse mail. Exit

l'adresse longue de 39 caractères,

place à une adresse beaucoup plus

courte (21 caractères) :

[email protected] Pour

nous contacter pour quelque motif que

ce soit, tant au niveau de l'abonnement

que pour une remarque, vous n'avez

plus qu'à nous envoyer un mail à cette

adresse. C'est aussi par cette-ci que

vous seront envoyé vos différents

numéros.

COUPE DU MONDE 2018

Menace d'un boycott européen

Comme par le passé lors de la guerre

froide (1945-1991) où des Jeux

Olympiques de substitution avaient été

organisés en 1980, l'Europe menace

de boycotter la Coupe du Monde 2018,

prévue en Russie si celle-ci continue

d'encourager la présence illégale de

ses soldats en Ukraine. Selon le

Financial Time, un document de travail

parle d'une "action coordonnée au sein

du G7 et au-delà pour recommander la

suspension de la participation de la

Russie à de grands événements

culturels, économiques ou sportifs"

dont la Coupe du Monde fait partie.

Pour l'instant, tout cela n'est qu'à

l'étude et aucune décision n'a été

prise.

RÉSEAUX SOCIAUX

FOOT+ sur les réseaux sociaux,

c'est…

Facebook : 616 mentions J'aime

Twitter : 518 followers

Google+ : 16 précurseurs

Zap+ L'actualité des deux derniers

mois sous un autre angle

Le match des rédacteurs Daniel Marques – Astra Giurgiu-Olympique Lyonnais, 28 août

C’était surement un des matches les plus importants de l’année pour l’OL.

Défaits chez eux à l’aller (1-2), les joueurs d’Hubert Fournier devaient s’imposer

d’au moins deux buts en Roumanie afin de participer pour la dix-huitième fois

d’affilée à une compétition européenne. Tout commence bien quand Jordan

Ferri trouve la faille dès la 23ème minute. Mais derrière, les Lyonnais ne

parviennent pas à doubler la mise, trouvant même le poteau en fin de match

sur une frappe sublime de Ferri. Le match aller a fini par peser et la fin d’une

série que l’on annonçait depuis des années a fini par arriver. Lyon ne sera pas

européen cette saison.

Maxime Hérault (pigiste) – Saint-Étienne-Krabukspor, 28 août

Alors que l'indice UEFA de la France a encore perdu une place aux dépends de la

Russie, chaque amoureux du ballon rond et chaque passionné du maillot vert aura

vécu une grande soirée de football ce jeudi 28 août 2014. Même si l'adversaire des

Verts n'était pas une équipe monstrueuse européenne, les journalistes qualifient

chaque équipe inconnue à une piteuse équipe, ce qui n'est guère le cas. Après une

défaite logique à l'aller, les Verts ont tout donnés et se sont transcendés pour aller

chercher une qualification en Europa League. Ce n'est certes qu'une qualification,

mais cette ambiance des grands soirs européens montre bien que le football est

encore un sport populaire avec des instants magiques et inoubliables.

©Droits Réservés

Page 4: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Questions-Réponses

Luzenac, équipe de France et indice UEFA Pourquoi la LFP ne veut pas de Luzenac en Ligue 2 ? Suite à la visite de la délégation LFP/FFF dans les locaux du club, celui-ci a été averti que son enceinte ne répond pas aux normes de la Ligue 2. Le LAP part alors à la recherche d’un stade et un compromis est trouvé entre Luzenac et le Stade Toulousain pour que le club ariégeois joue au stade Ernest Wallon mais aussi avec le Stadium du Toulouse FC, puisque celui-ci est de toutes façons homologué pour la Ligue 1. Suite à ces solutions, la LFP laisse entendre que le club doit disposer de son propre stade pour évoluer en tant que professionnel. Le CNOSF et le Tribunal Administratif de Toulouse

approuvent cette décision. Luzenac est donc interdit de montée et remplacé par Châteauroux, 18ème de Ligue 2 lors de la saison 2013/2014. Le LAP finira finalement sa course en DHR, 7ème division nationale. Pourquoi Deschamps a-t-il gardé le même groupe qu'au Mondial pour affronter l'Espagne et la Serbie ? Pour recevoir en match amical l'Espagne (1-0) et la Serbie (1-1), le sélectionneur français a convoqué pas moins de 21 des 23 joueurs ayant fait le déplacement au Brésil. Parmi les mondialistes Seuls Landreau (retraité) et Giroud (blessé) n'ont pas été

appelé. En vérité, Didier Deschamps cherche à construire une équipe stable où les automatismes entre joueurs sont présents. Il cherche aussi à faire jouer la nouvelle génération (9 des 23 joueurs ont moins de 25 ans) qui sera l’Équipe de France de demain. Avec comme ligne de mire, l'Euro 2016. Pourquoi la Russie est passée devant la France à l'indice UEFA ? Suite à l'élimination en barrages de la Ligue des Champions de Lille, la Russie a dépassé la France à l'indice UEFA et lui a pris sa sixième place. Les conséquences sont grandes : si la

France ne repasse pas devant la Russie d'ici à la fin de la saison, elle n'aura que deux représentants en Ligue des Champions, dont un devra passer par le troisième tour préliminaire. L’origine du problème est l’intérêt que portent les clubs tricolores à jouer les matchs européens. La culture française veut que les clubs n’aient pas la même considération pour les matchs européens. Ces derniers se focalisent sur leurs ambitions nationales en négligeant l’aspect européen pourtant si important à leur renommée. Inconsciemment, ils causent donc progressivement leur perte. Pour information, la nation huitième à l'indice UEFA est l'Ukraine, talonnée de près par les Pays-Bas.

La question

Ribéry a-t-il eu raison d'arrêter la sélection ? OUI

Alexandre Muffon

Peut-on aller contre la volonté du joueur même ? Si celui-ci décide

d’arrêter, au sélectionneur et supporters de prendre en considération

cette demande. Ribéry est le plus à même à savoir s’il peut encore

contribuer au bien-être de l’équipe de France. Or, depuis la Coupe du

Monde, l’ailier gauche est presque disparu des radars.

Il n’a pas manqué. Après avoir déclaré forfait à quelques jours du

départ pour le Brésil, alors qu’il était considéré comme l’élément clé de

cette équipe, il a forcément déçu et fâché certains. D’autant que son

forfait s’est fait sur fond de mini-polémique, où le joueur a préféré faire

confiance au médecin du Bayern qu’à celui des Bleus. Ses coéquipiers

s'en sont eux bien remis. Un quart de finale sans son joueur

emblématique : la France a fait fort au Brésil et aurait même pu

prétendre à mieux. Certes, Ribéry a peut-être manqué dans les

moments clés mais Griezmann, Rémy ou encore Cabella se sont

transcendé pour faire oublier son absence.

Il n’est pas l’avenir des Bleus. À 31 ans, le Français est plus proche de

la fin que du début de sa carrière même si son expérience peut

contribuer au jeu tricolore, et qu’il a été décisif dans la qualification

pour le Mondial. L’EDF souhaite regarder loin devant elle, comptant

sur de jeunes joueurs dotés d’une solide marge de progression. Or,

Ribéry peut régresser dans les prochains mois, alors que certains

progresseront fortement.

Il est l’un des derniers survivants de Knysna. Même si la crise sud-

africaine semble loin, les Français savent se souvenir. Même si ses

performances sportives sont indéniables, l’état d’esprit de Franck

Ribéry n’a pas toujours été du goût de tout le monde. Le départ de

l’ailier est synonyme de renouveau, de renaissance, et aussi de

fraîcheur. Tout ce qu’il faut à cette équipe de France pour progresser

et surprendre.

Si Ribéry a su se montrer précieux par le passé (souvenez-vous de

son but contre l’Espagne lors de la Coupe du Monde 2006), si sa

présence lors de la qualification et des barrages pour le Mondial

brésilien a compté, Franck ne va plus faire partie de cette équipe. Une

formation française jeune, ambitieuse, et tournée vers l’avenir, qui

espère son heure de gloire en 2016.

NON

Kérian Portrait

Premier argument qui vient à l'esprit : l'expérience. Un groupe, qui

plus est jeune, peut-il se passer de l'expérience de deux Coupes du

Monde, un Euro ou bien du très haut niveau régulier depuis 2007

(année de son arrivée au Bayern) ? Assurément non. Les Griezmann,

Lacazette, Remy...auront-ils les épaules assez larges pour remplacer

Franck Ribéry, autant dans le vestiaire que sur le terrain ? Rien n'est

moins sûr.

Même en tant que supersub (super remplaçant), il ne serait pas de trop

pour Didier Deschamps. Encore faut-il qu'il accepte sa condition de

remplaçant. Franck Ribéry a 31 ans (né en 1984), un âge où l'on peut

encore faire monts et merveilles. Ce n'est pas Carlos Tevez (30 ans),

goleador de la Juventus qui dira le contraire. Xavi (34 ans) dans un

autre domaine, a disputé trente-deux matchs internationaux les trois

dernières saisons. Et on peut multiplier les exemples de longévité avec

Eto'o, Di Natale, Giggs...

Parce qu'il doit encore prouver qu'il peut refaire la même chose qu'en

2006. Surprendre son monde, être décisif en phase finale, faire rêver...

La Coupe du Monde 2010 et l’Euro 2012 déjà loin, pourquoi ne pas

décrocher un titre majeur avec l'équipe de France ? Il a déjà remporté

la Ligue des Champions, les championnats allemand et français, il lui

faut finir en apothéose.

Même si on y croit peu, il ne faut pas oublier qu'il est sous le coup d'une

suspension de l'UEFA avec son club, le Bayern Munich. Si Didier

Deschamps décidait de le sélectionner quand même (ce qui a peu de

chance de se produire), Franck Ribéry serait dans l'obligation

d'accepter sa sélection. Ou bien cela serait contre-productif pour le

joueur et son club.

Retrouvez un dossier sur la retraite internationale de Franck Ribéry en

pages 8 et 9.

ÉCHAUFFEMENT QUESTIONS-RÉPONSES, LA QUESTION

Page 5: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Il s'appelait Albert ÉbosséAlbert Ébossé, attaquant de la JS Kabylie est mort sur un terrain fin août de jets de pierres

d'un de ses supporters. L'illustration d'un football algérien malade de sa passion.

Stade du 1er novembre 1954, Tizi-

Ouzou (Algérie). Nous sommes le 23 août et

se joue sur le terrain synthétique la rencontre

du championnat algérien entre les locaux de la

Jeunesse Sportive de Kabylie et les visiteurs

de l'Union Sportive Médina d'Alger, ancien

club d'Hervé Renard, Didier Ollé-Nicolle et

Roland Courbis. 27ème minute de jeu. Le

joueur de l'USM Alger Mokhtar Benmoussa

touche volontairement le ballon de la main

dans la surface adverse. Pour ce geste, il

écope d'un carton jaune ; son second de la

rencontre. Il est exclu sur le champ. Albert

Ébossé se saisit alors du ballon. Il le pose et

recule jusqu'à la ligne des 16.50 mètres. Le

joueur star de la JS Kabylie veut permettre à

son équipe d'égaliser à 1-1. Il fait comme son

habitude trois pas très calmement vers le

ballon avant d'immédiatement passer en mode

sprint et de se mettre en position de frappe. Le

voici qui tire. "Intérieur du pied-sécurité" dirons

certains à propos de sa frappe. Il prend à

contre-pied Mohamed Zemmamouche : but.

Les deux équipes reviennent à égalité.

Albert Ébossé ne le sait pas encore

mais ce but sera le dernier de sa carrière. Mort

sur un terrain, tué sur son terrain par un de ses

supporters. Sa vie lui a été ôtée, sans raison,

à part une misérable frustration liée à une

défaite. Une injustice, un acte odieux qui a

glacé le sang de tous les fans du ballon rond à

travers la planète. À l'issue de la rencontre,

l'ennemi de l'USM Alger s'est imposé 2-1. Un

imprudent, un dangereux, un inconscient

supporter s'empare de deux pierres et les jette

sur le terrain vers l'équipe qu'il supporte. Il est

kabyle. Et le joueur qui reçoit les objets

tranchants n'est autre qu'Albert Ébossé. Le

premier à la nuque, le second au poignet.

Évacué d'urgence, il succombera à ses

blessures. Aucune équipe de la Croix Rouge

n'était sur les lieux. C'en est fini de la carrière

du joueur camerounais, décrit souriant,

attachant, modeste, généreux par ses

partenaires mais atteint d'un meurtre dont il

n'aurait jamais imaginé être la victime. Son

mètre quatre-vingt-neuf ne courra plus sur les

pelouses et son pied droit n'enverra plus de

ballon au fond des filets adverses. Il se

déclarait être "en mission", envoyait

régulièrement de l'argent à sa famille. Celle-ci

ne le reverra plus vivant. Passé par Coton

Sport dans son pays natal où il fut champion

du Cameroun, il avait ensuite rejoint l'Unisport

Bafang puis le Douala AC. Un exil en Malaisie

au Perak FC où il termina meilleur buteur du

championnat avec 16 réalisations et 11

passes décisives et le voilà en Algérie, à la JS

Kabylie. Ce sera son dernier club. Meilleur

buteur du championnat la saison dernière

avec 17 réalisations, il ne le sera pas de

nouveau cette année, contre son gré et son

dernier but, face à l'USM Alger.

Un drame prévisible

C'est certes un décès comme un

autre, comme il y en a des dizaines de milliers

sur Terre par jour. Mais il n'est pas naturel et il

est dû à un match de football. Le football

algérien dans son intégralité est en deuil.

Jamais ce drame n'aurait dû se produire.

Jamais ce stade du 1er novembre 1954 n'aurait

dû être temporairement suspendu. Jamais un

être humain comme Albert Ébossé n'aurait dû

mourir pour avoir rempli sa tâche. Pourtant, la

tragédie était prévisible à en croire certains

observateurs locaux ou joueurs. "Je savais

que ça allait arriver. Comme on dit, ça nous

pendait au nez" déclare à contrecœur à RFI

l'ancien joueur de la JSK Mohamed Chalali.

"J’ai joué deux ans dans ce Championnat

algérien et chaque week-end c’était la même

chose. Il n’y a jamais eu une vraie prise en

considération de la part des autorités. […] On

joue vraiment la peur au ventre. En rigolant, je

disais parfois qu’on jouait notre vie. Mais c’est

vraiment ça !" ajoute-t-il dans l'émission Radio

Foot Internationale. Un constat est saisissant

: les supporters peuvent entrer avec ce qu'ils

veulent dans un stade en Algérie. "La fouille

est quasi inexistante. On peut rentrer ce qu'on

veut. En général, cela rentre par groupe,

parmi eux, certains ont des couteaux ou des

petits sabres au cas où ça dérape avec

l’adversaire" décrit ainsi un supporter du club,

Farid Baya à France Football. "Dans le stade,

des mecs rôdent, beaucoup sont sous

cachetons. Le match ne les intéresse pas. La

haine monte vite. Les jets de cailloux sont

courants. On se les prend dans le dos etc…On

n'en parle pas. Mais les plus visés sont les

joueurs qui jouent à domicile. Les supporters

n'acceptent pas la défaite, quand ça gagne, ils

sont super contents. Si ça tourne mal au score,

ça part en c..." témoigne-t-il. Les

responsabilités de cet acte odieux sont

partagées. Il y a bien sûr le coupable mais

aussi tout un système.

Le reflet d'un système défaillant

Il y a tout d'abord le club lui-même,

chargé de la sécurité des supporters et des 22

acteurs, qui a laissé entrer de tels projectiles

dans son antre. Le club, lui-même symbolisé

par un président décrit comme fou furieux au

nom de Cherif Hannachi, niant presque le

décès de son joueur : "Il faut aussi dire les

quatre vérités. Ebossé a trop forcé ce jour-là.

Il a beaucoup couru." Il y a ensuite les journaux

locaux, qui font monter la pression pour

chaque derby et qui en font une question de

vie ou de mort. Ce fut la deuxième solution

pour Ébossé. "Les titres sont provocants,

choquants. Pour chaque match, on a le droit

à 'c'est la victoire ou la descente', 'c'est le

match de la vie, c'est le match de la mort', tout

cela contribue à créer une atmosphère

épouvantable" s'insurge Azzedine Ait-Joudi à

So Foot, lui qui était la saison dernière encore

l'entraîneur du joueur camerounais. Les

autorités également qui n'ont rien fait alors que

plusieurs joueurs ont reçu des menaces de

mort après des défaites ou que le climat

devenait de plus en plus délétère en tribunes.

Il est maintenant temps d'engager de grandes

réformes pour qu'un tel drame ne se

reproduise pas. Le football algérien ne le

mérite pas. Albert Ébossé non plus. Il était âgé

de 24 ans et venait le jour-même d'assister à

la naissance de sa fille.

©Capture d'écran/Tous Droits Réservés

DISPARITION ALBERT ÉBOSSÉ

Page 6: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Le calvaire du Vannes OC En Ligue 2 en 2011, le Vannes Olympique Club devrait évoluer cette saison en

DSE (7ème division). Un été mouvementé et toujours pas terminé, pour le club

morbihannais sur lequel FOOT+ a souhaité revenir à travers un coup de gueule.

L’histoire entre le Vannes Olympique

Club et la Fédération Française de Football

commence en décembre dernier. Le lundi 9

décembre 2013, le VOC apprend avec joie qu’il

recevra le dauphin du PSG en Ligue 1, Monaco

à l’occasion du 9ème tour de la Coupe de

France. Le lendemain, c’est une terrible

nouvelle qui s’abat sur le club. LA DNCG

(Direction Nationale du Contrôle de Gestion)

sévit le club de Vannes à cause d'un budget

non en adéquation avec les comptes de la

saison 2012-2013, commence à surveiller sa

masse salariale et surtout ôte quatre points à

l’équipe dans le classement du National, ce qui

place Vannes de la 17ème à la dernière place

du championnat (18ème). Le pire est pour le

président du club Stéphane Kerdodé. Ce

dernier est allé le jour même au siège de la

Fédération pour demander une audience, suite

au premier bilan déficitaire après la saison

2011-2012 pour pouvoir ainsi présenter le

nouveau projet du club et prouver un budget

équilibré grâce à la belle performance du club

en Coupe de France. Le soir même en

rentrant, il apprend la sanction sans même

avoir été prévenu dans la journée. Un

scandale.

Des causes multiples

La première cause de ces problèmes

n'est pas due directement au club mais à ses

"partenaires nationaux [qui] n’ont pas honoré

leurs engagement" d'après les dires du

président du club. La deuxième est en

revanche à la charge du club "le licenciement

du coach nous a coûté très cher" explique à

ses supporters Stéphane Kerdodé. Les

résultats n’étaient pas à la hauteur d’un club

qui a de l’ambition pour le président et ce

dernier avait alors dû changer de staff. "C’est

une décision que j’ai prise avec beaucoup

d’émotion [mais] il fallait prendre une décision"

justifie-t-il. La dernière explication de la

mauvaise situation financière du club vient de

la fin du droit à l’image collective (c’est-à-dire

une exonération de 30 % de charges sociales

sur les revenus des joueurs) qui a coûté pas

moins 220 000€. "En passant de Ligue 2 en

National, les salaires ne peuvent être baissés

de plus de 20% alors que le budget a presque

été divisé par trois" détaillait Kerdodé : le club

a ainsi vu son budget passer de 9 millions à 3.8

millions d'euros. Cette règle fixée par la DNCG

provoque le plus souvent des problèmes

financiers voire des faillites pour de petits

clubs. Pour résoudre ces problèmes financiers,

le VOC a de ce fait présenté un projet de

restructuration. Ce projet a pour but d’imiter le

modèle de l’EAG qui s’appuie sur des

partenaires locaux et qui a une économie qui

fonctionne bien pour le club qui évolue en

Ligue 1.Le club vannetais et Stéphane

Kerdodé ont fait appel des décisions de la

DNCG.

©Bruno Perrel

COUP DE GUEULE LES RÉTROGRADATIONS DU VANNES OC

Page 7: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Suite à cet appel, ce dernier a expliqué

que le déficit de 400 000€ était réglé, que "le

trou avait été bouché". En février et après

étude de l'appel, la commission décide de

changer la sanction en réduisant la pénalité de

quatre à trois points. Une décision des plus

étranges car soit le club a effectivement

éponger ses dettes et ne mérite donc plus de

sanction, soit les dettes sont toujours

existantes et cette diminution est alors

inexplicable. La saison 2013-2014 aura été

une saison difficile pour le club morbihannais

sur tous les aspects. Après avoir été

sanctionné, il finit finalement 17ème et avant

dernier de National à six points de Strasbourg

(17ème), soit à une victoire sans compter la

pénalité attribuée. Le premier non reléguable

est lui à 11 points de Vannes. Suite à ce

classement, le VOC jouerait donc en CFA, la

division inférieure, la saison suivante. En juillet

dernier le club est contraint de déposer le bilan

et il est ainsi rétrogradé au niveau de son

équipe réserve c’est-à-dire en DH (Division

d’Honneur, 6ème division). Le 22 juillet, le VOC

est inscrit dans le championnat 2014/2015 de

DH auprès de la Ligue de Bretagne. Une règle

similaire pour l’ensemble des clubs qui ont

déposé le bilan précédemment.

Après le dépôt de bilan, l'acharnement

Alors que tout semble dans l’ordre et

que le VOC a déjà assez souffert comme cela,

la FFF relance l’affaire. Selon son règlement, il

est interdit pour un club de repartir de DH après

une affaire de problèmes financiers. Dans un

communiqué officiel, les présidents Stéphane

Kerdodé et René Tozzo expliquent que "la

saison dernière [l’]équipe B a participé à ce

championnat de DH et y a gagné le droit sportif

de s' y réengager, ce qu’a confirmé la Ligue de

Bretagne qui a intégré [les 3 équipes du VOC]

dans ses championnats, respectivement, en

DH, DSE et DSR lors de sa publication de

groupes." Cette décision est en effet étrange et

il y a donc un nouvel imbroglio dans cette

affaire. Le club vannetais serait interdit de

repartir de DH, là où Rouen et Le Mans avaient

eu eux l’occasion de recommencer à ce stade

national. La sanction est telle que club qui

évoluait en Ligue 2 en 2011, soit le deuxième

échelon national, se retrouve à jouer en DSE

(Division Supérieure Elite, 7eme niveau

national). La DH 2014-2015 évoluerait alors à

13 équipes au lieu de 14 puisqu’aucun club ne

peut être repêché dans ce championnat après

le 15 juillet.

Après un appel qui avait permis au

club d’écoper de trois au lieu de quatre points

de pénalités au début d’année, le VOC est une

nouvelle fois amené à faire appel après cette

décision surprenante de la part de la

Fédération. Il est important de signaler que la

Ligue de Bretagne a exprimé son soutien quant

à l’appel de Vannes dans ce dossier. Le VOC

décide de s’exprimer devant le CNOSF avant

la FFF. Selon une des règles de la FFF, un club

qui serait en liquidation judiciaire (ce qui est le

cas de Vannes) perd théoriquement "la

déchéance de ses droits sportifs", article 234-

3 du règlement général de la FFF. Une règle

aberrante qui montre le degré d’importance de

la notion de l’argent pour la Fédération

Française de Football aux profits des valeurs

sportives. Avec cette règle, la FFF pourrait

ainsi faire ce qu’elle veut du club a qui des

problèmes d’argent. Vannes n’est pas le seul

club à devoir intégrer le champion inférieur. En

effet, Valence, Cannes et Cherbourg ont dans

le même cas que le club morbihannais. Une

règle qui évolue pour la FFF cette année

puisque l’an passé, Le Mans avait repris au

stade de la DH ayant pourtant des problèmes

financiers bien supérieurs à ceux du VOC (14.4

millions contre 500 000 euros). Le club sarthois

a d'ailleurs accédé la saison dernière à la

CFA2 suite à sa montée sportive.

La FFF attentiste

"La Fédération a voulu durcir la

sanction, mais je ne sais pas sur quel

fondement", s'insurge Philippe Le Yondre,

vice-président de la ligue de Bretagne de

football aux journalistes d'Ouest France. Le

club espérait encore être réintégré au

championnat de DH jusqu’au mois de

septembre sinon le VOC se verrait obligé de

jouer en DSE. Le CNOSF décide finalement

qu’"en conséquence des éléments retenus et à

des fins de conciliation, le conciliateur entend

proposer à la FFF de mettre les équipes

seniors de l'association Vannes OC à

disposition de la ligue de Bretagne de football

en laissant l'entière liberté à celle-ci pour fixer

leur intégration dans les championnats

régionaux et départementaux, sans interdire

l'intégration de l'équipe première senior de ce

club en championnat de DH." La décision est

logique de la part du CNOSF étant donné que

selon l’article 234 du règlement de la FFF,

"lorsque cette rétrogradation [liquidation

judiciaire] a pour conséquence de reléguer un

club dans les championnats organisés par une

Ligue régionale, cette dernière a toute

compétence pour déterminer les conditions

dans lesquelles ce club sera autorisé à

poursuivre ses activités." Or, la Ligue de

Bretagne soutient le club vannetais.

Mais "malgré l'avis positif du CNOSF le

22 août dernier et sa prise de position en

faveur d'une réintégration de [l’]équipe

première en championnat de DH et malgré le

soutien de la ligue de Bretagne [au] club, par le

maintien d'un championnat de DH à 13 équipes

en attendant notre réintégration, la FFF semble

jouer la montre. Pour qui ? Pour quoi ?" ont

alors réagi les deux co-présidents du club en

ajoutant même que "l'attitude irrespectueuse

de cette instance dirigeante du football français

et du football amateur, qui pour mémoire ne

s'est pas présentée à l'audience du CNOSF,

qui adresse [au club] un fax laconique sans

argumenter sa décision, motive [le club] à

continuer [son] combat en déposant une

demande de référé auprès du tribunal

administratif de Rennes". À l'heure où nous

écrivons ces lignes, la décision n'a pas encore

été rendue.

Depuis maintenant des années, les

décisions de la FFF et de son instance la

DNCG se suivent et diffèrent. Des décisions

qui évoluent suivant les clubs ou les années à

l’instar de l’affaire Luzenac. La meilleure façon

de conclure cet article reste, outre qu'espérer

que la FFF accorde à Vannes le droit de jouer

en DH, de citer les propos des deux présidents

Stéphane Kerdodé et René Tozzo suite à la

décision de la FFF : "Nous nous engageons

dans cette procédure […] pour la défense du

football amateur en général. Nous ne

lâcherons pas et ferons valoir nos droits

jusqu'au bout."

©Sylvain Beauval/Ouest France

COUP DE GUEULE LES RÉTROGRADATIONS DU VANNES OC

Page 8: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Ribéry dit stop aux Bleus Franck Ribéry a décidé de prendre sa retraie internationale à 32 ans, préférant

laisser la place aux jeunes. Rétrospective.

"J'arrête. J'ai compris que

le moment était venu. Je souhaite

consacrer plus de temps à ma

famille, me concentrer totalement

sur ma tâche au Bayern Munich et

aussi laisser la place en sélection

aux nombreux jeunes joueurs

talentueux". Ces mots sortent de la

bouche de Franck Ribéry dans le

magazine allemand Kicker du 13

août dernier. L’ailier gauche titulaire

de la sélection française a décidé

de tirer un trait sur sa carrière

internationale. Une carrière sous le

maillot tricolore riche de 81

sélections et de 16 buts. N’ayant

pas pu participer au dernier

Mondial à cause d’une lombalgie

chronique, Ti’Franck comme il était

surnommé à Boulogne sur Mer ne

se voyait pas avoir la force de

continuer sa carrière internationale.

De plus, l’avènement d’une

nouvelle génération symbolisée par

Antoine Griezmann ne l’assurait

pas d’une place de titulaire

indiscutable : "On doit savoir quand

il est temps de s'arrêter. J'ai vécu

tant de choses. Il est désormais

temps pour d'autres d'aller de

l'avant et on a vu lors de la Coupe

du monde qu'il n'y a pas

d'inquiétudes à avoir pour l'avenir

de l'équipe de France. Les Français

ont perdu en quart de finale 1-0

contre le futur champion du monde

allemand". L’Allemagne justement,

Ribéry y reste puisqu’il continue sa

carrière de club sous les couleurs

du Bayern Munich. Mais sans

oublier son passé en bleu… qui a

débuté par une belle performance

en Allemagne.

27 juin 2006, Hanovre. La

France joue son huitième de finale

de Coupe du Monde face à

l’Espagne et elle est menée 0-1

suite à un penalty inscrit David

Villa. 42ème minute de jeu, Iker

Casillas dégage au loin un ballon

donné en retrait par un de ses

défenseurs. Celui-ci est récupéré

par les Français suite à un bon

pressing de Zinedine Zidane.

Franck Ribéry reçoit le ballon et

effectue un une-deux avec Patrick

Vieira en pivot. Dans la profondeur,

Ribéry a le champ libre et se

présente face à Casillas. Plutôt que

de frapper directement, il préfère

déborder le portier espagnol avant

d’envoyer le ballon dans les cages

ibériques malgré le retour de Carles

Puyol. La France revient à 1-1, elle

s’imposera finalement 3-1 et ira

jusqu’en finale de la compétition.

Mais le fait le plus important de ce

match est le premier but

international de Franck Ribéry. Le

joueur qui évoluait alors sous les

couleurs de l’Olympique de

Marseille avait lancé de la plus

belle des manières son compteur

de buts sous le maillot bleu.

Titulaire durant huit ans

Des buts, Ribéry en aura inscrit 16. Et à chaque fois, la France se sera imposée¹. Suite à son beau parcours au Mondial 2006, il devient un cadre du dispositif de Raymond Domenech. Mais malgré tout, il ne peut empêcher la débâcle de l’Euro 2008 où la France fait match nul face à la Roumanie (0-0) avant de s’incliner lourdement face aux Pays-Bas (1-4). Il ne peut même pas terminer le dernier match de poule face à l’Italie, obligé de sortir sur civière dès la 8ème minute de jeu. Suite à cet échec retentissant, Ribéry permet à Raymond Domenech de ne pas perdre son poste en évitant la défaite lors des qualifications du Mondial 2010 en Roumanie en inscrivant un but avant de faire une passe décisive à Yoann Gourcuff. Menée 0-2, la France termine le match sur un score de 2-2. Mais déjà des blessures le gênent et elles se succèdent : tenditine rotulienne, inflammation de la cheville ou de l’orteil… Ribéry passera plus de trois ans sans marquer en équipe de France, du 1er avril 2009 au 27 mai 2012. Durant cette période, le fiasco de Knysna et notamment la grève de l’entraînement du 20 juin 2010. Ribéry est vu comme le meneur de la fronde et est suspendu trois matchs par sa fédération.

Pour son retour, il fait un mea culpa, assume ses erreurs passées et demande pardon. Il prend deux ans avant de retrouver le chemin des filets sous le maillot national. Ce sera en match de préparation de l’Euro 2012, face à l’Islande. Le début d’un renouveau. Cette renaissance durera jusqu’à fin 2013. Performant en Pologne et en Ukraine, il devient ensuite indispensable sous l’ère Dider Deschamps. Il y marquera six fois, permettant de débloquer la situation face au Bélarus par exemple le 10 septembre 2013 où il permet à la France de remporter un match important. Puis au fur et à mesure, il perd de son importance, devient de moins en moins performant au point d’être presque inexistant face à l’Ukraine. Pas au niveau face aux Pays-Bas en mars dernier, il terminera sa carrière internationale par la petite porte, éclipsé par les performances de ses successeurs. Son but face à la Finlande le 15 octobre dernier sera le dernier.

"Il y a eu des hauts et des bas" analyse-t-il à propos de sa carrière en bleu. Celle-ci ne fut en effet pas tout à fait linéaire. Chouchou du public lors du Mondial 2006, il a réalisé de beaux gestes inoubliables. Comme cet hommage à Thierry Gilardi le lendemain de son décès lors de la rencontre France-Angleterre le 26 mars 2008. Suite à son but sur penalty face à l’Angleterre, il soulève son maillot où il rend hommage à l’ancien commentateur. Ribéry laissera aussi l’image d’un homme sulfureux comme lors de l’affaire Zahia, où il est accusé d’avoir eu des relations sexuelles tarifées avec une jeune femme mineure. Il est également soupçonné d’avoir une jalousie envers Yoann Gourcuff, son partenaire en sélection et d’avoir été à l’origine de la fronde de l’entraînement au Mondial 2010. N’ayant pas applaudi lors de la minute d’applaudissement en hommage à Thierry Roland lors de France-Uruguay le 15 août 2012, il aggrave son image. Mais quoiqu’il arrive, Ribéry restera un grand joueur de l’équipe de France. Il a fait vibrer la France durant huit ans et ça, personne ne l’oubliera. "C'est aujourd'hui le moment pour une nouvelle étape de ma vie" déclare-t-il. Nous ne lui souhaitons qu’une chose : bonne continuation Francky !

________________________ ¹ À l’exception de Roumanie-

France en 2008 où le score final fut de 2-2.

©L'Équipe

ÉQUIPE DE FRANCE LA RETRAITE INTERNATIONALE DE FRANCK RIBÉRY

Page 9: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Une annonce en questions

QUESTIONS-RÉPONSES. Franck Ribéry a pris sa retraite internationale. Mais qu’est-ce qui

l’a motivé ? A-t-il une chance de revenir tout de même ? Éclairage.

Pourquoi arrête-t-il maintenant ?

Depuis sa défaite au Ballon d’Or 2013, Franck

Ribéry n’est plus le même. Enchaînant les

blessures au dos notamment et souffrant d’une

grosse concurrence au Bayern Munich, il n'est

plus le joueur virevoltant qu'il était encore en

2013. Malgré sa volonté, il avait dû déclarer

forfait pour le dernier Mondial. Sentant qu’un

nouvel état d’esprit s’était formé dans le groupe

en son absence, il ne sentait plus à sa place. Sa

décision de décliner l’invitation de Noël Le Graët

à venir assister au quart de finale France-

Allemagne était un signe annonciateur.

Didier Deschamps était-t-il au courant ?

Même s’il n’a pas officiellement réagi, le

sélectionneur de l’équipe de France a été mis au

courant après la Coupe du Monde que Franck

Ribéry pourrait stopper sa carrière

internationale. Ce serait l’agent du joueur depuis

2007, Jean-Pierre Bernès qui aurait averti

Deschamps d’un possible communiqué.

Est-ce la fin d’une génération ?

Quatre jours plus tôt, le 10 août, Samir Nasri qui

lui aussi n’avait pas disputé le dernier Mondial

(par choix du sélectionneur) annonçait sa

retraite internationale dans le Guardian.

Quelques heures après l’annonce de Ribéry,

Éric Abidal a lui aussi déclaré prendre sa retraite

internationale. Ce dernier n’avait lui aussi pas

été du voyage au Brésil, pour la même raison

que Nasri. Ribéry et Abidal étaient les derniers

du groupe présents au Mondial 2006. Nasri était

lui plus connu pour ses frasques que pour ses

exploits sous le maillot tricolore. Ce triple départ

laisse plus de place à une génération où figurent

Aréola, Digne, Varane, Pogba ou Griezmann.

Qui pour prendre sa place ?

Antoine Griezmann semble en pôle pour

occuper la place du Munichois. Souvent utilisé

sur le flanc gauche lors du Mondial brésilien, il a

fait ses preuves. Le départ de Ribéry ouvre aussi

de nouvelles possibilités à Deschamps, qui peut

du coup tenter le duo Benzema-Giroud à la

pointe de l’attaque avec Valbuena en retrait et

un milieu à trois. Benzema peut également être

aligné à gauche, comme cela a été le cas contre

la Suisse pendant que Giroud est aligné à la

pointe de l’attaque et que Valbuena joue sur le

côté droit.

Peut-il revenir ?

Le cas de Zinedine Zidane, Lilian Thuram et de

Claude Makelele, qui étaient revenus sur leur

décision pour aider la France à se qualifier pour

le Mondial 2006 est possible, mais il faudrait que

les circonstances s’y prêtent. Ribéry devrait

redevenir incontournable en club, comme il l’a

été en 2012-2013 et que la France peine à

quelques mois de l’Euro. Jean-Pierre Bernès,

agent de Deschamps et de Ribéry pourrait alors

mettre les deux hommes en contact. Mais

l’hypothèse paraît pour le moment improbable.

– A. M.

Les 16 buts de Ribéry en sélection

Numéro du but. Date, stade, ville (pays/département). Compétition. Match score final.

1. 27 juin 2006, AWD-Arena, Hanovre (Allemagne). Huitièmes de finale de Coupe du Monde.

France-Espagne 3-1.

2. 2 juin 2007, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications de l’Euro 2008.

France-Ukraine 2-0.

3. 26 mars 2008, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Match amical. France-

Angleterre 1-0.

4. 3 juin 2008, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Match amical. France-

Colombie 1-0.

5. 11 octobre 2008, Standionul Farul, Constanta (Roumanie). Qualifications de la Coupe du

Monde 2010. Roumanie 2-2 France.

6. 28 mars 2009, Dariaus ir Giréno stadionas, Kaunas (Lituanie). Qualifications de la Coupe du

Monde 2010. Lituanie 0-1 France.

7. 1er avril 2009, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications de la Coupe du

Monde 2010. France 1-0 Lituanie.

8. 27 mai 2012, Stade du Hainaut, Valenciennes (Nord). Match amical. France-Islande 3-2.

9. 31 mai 2012, Stade Auguste-Delaune, Reims (Marne). Match amical. France-Serbie 2-0.

10. 5 juin 2012, MMArena, Le Mans (Sarthe). Match amical. France-Estonie 4-0.

11. 11 septembre 2012, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications pour la

Coupe du Monde 2014. France-Belarus 3-1.

12. 22 mars 2013, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications pour la

Coupe du Monde 2014. France-Géorgie 3-1.

13. 10 septembre 2013, Stade central, Gomel (Belarus). Qualifications pour la Coupe du Monde

2014. Belarus-France 2-4.

14. 10 septembre 2013, Stade central, Gomel (Belarus). Qualifications pour la Coupe du Monde

2014. Belarus-France 2-4.

15. 11 octobre 2013, Parc des Princes, Paris (Paris). Match amical. France-Australie 6-0.

16. 15 octobre 2013, Stade de France, Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Qualifications pour la

Coupe du Monde 2014. France-Finlande 3-0.

Abidal et Nasri arrêtent aussi. Non sélectionnés

pour le Mondial, le défenseur Éric Abidal et le

défenseur Samir Nasri ont tout comme Ribéry

annoncé leur retraite internationale. Tous deux ne

se reconnaissaient plus dans la génération actuelle

de la sélection tricolore.

Deschamps veut terminer premier du groupe de

qualification. Bien que qualifiée d'office en qualité

d'organisatrice, l'équipe de France participera bien

à un groupe de qualifications pour son Euro. Placé

dans le groupe I avec le Portugal, la Serbie, le

Danemark, l'Albanie et l'Arménie. Elle y visera la

première place, dixit son sélectionneur Didier

Deschamps dans les colonnes de L'Équipe : "Nous

sommes dans un groupe. L'objectif sera de le

gagner" s'est-il ainsi exclamé.

Match amical en vue contre le Maroc ? Les Bleus

pourraient bien rencontrer leurs homologues

marocains en mars prochain, dans le cadre d'un

match amical. En effet, la FFF a envoyé à la

fédération marocaine une demande officielle de

match amical. Cette dernière est en phase de

réflexion mais la réponse devrait être positive. Lors

du dernier affrontement entre les deux équipes,

celles-ci s'étaient quittées sur un score nul de 2-2.

Les Espoirs en barrages de l'Euro 2015. Suite à

leur victoire le 4 août dernier à Astana (Kazakhstan),

l'équipe de France Espoirs s'est assurée une place

de barragiste lors des qualifications pour l'Euro

2015, qui se déroulera en République Tchèque.

Ceux-ci se joueront sur le format aller-retour, les 8

et 14 octobre prochain. L'équipe qui se qualifiera ira

donc dans le pays de Sigmund Freud disputer la

phase finale de la compétition. Rappelons que celle-

ci est qualificative pour les Jeux Olympiques de

2016, qui se dérouleront à Rio.

Le programme des Bleus. 11 octobre, France-

Portugal ; 14 octobre, Arménie-France ; 14

novembre, France-Albanie ; 29 mars 2015, France-

Danemark. Tous ces matchs sont amicaux.

BLEUS EXPRESS

ÉQUIPE DE FRANCE LA RETRAITE INTERNATIONALE DE FRANCK RIBÉRY

Page 10: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Cher James… Il a quitté la Ligue 1 cet été, pour s'envoler vers l'Espagne et le club roi de sa capitale. James Rodriguez restera quoiqu'il arrive dans l'histoire de la Ligue 1 grâce à son aisance technique et son indispensabilité. Lettre ouverte à un joueur qui manquera à notre championnat.

Cher James…

Tu n’es parti que depuis juillet mais dans notre cœur, nous avons l’impression que cela fait une éternité. Sache que chaque semaine, ton absence sur les terrains de Ligue 1 se fait ressentir. Sans toi, regarder un match de l’AS Monaco n’a plus la même saveur. Alors parce qu’en une saison, tu as fait bien plus que ce que certains feront en 10 ans, nous t'écrivons cette lettre ouverte, qui à défaut de te faire revenir, te fera comprendre à quel point tu nous manques.

Cher James…

La trace que tu as laissée en France restera à jamais indélébile. Rien ni personne ne pourra effacer ce que tu as apporté à notre championnat. Tu n’as pas seulement guidé Monaco à la deuxième place, tu n’as pas seulement marqué ou fait marquer, tu as prouvé qu’il était possible d’être performant en Ligue 1 avec pour seul argument la technique. Dans notre football qui se perd, tu es venu démontrer que l’aisance balle au pied reste la seule, la plus puissante des armes. Tu as valorisé le spectacle, dès ton premier grand match contre Saint-Etienne. Tu as régalé nos yeux, mais tu as également démontré qu’un joueur pouvait être à la fois élégant et efficace. Tu n’as pas été qu’un joueur spectaculaire, tu as été notre bouffée d’air frais dans notre championnat trop morose. Tu as vengé ceux qui avaient tué Lucho Gonzalez, Miralem Pjanic ou ceux qui veulent tuer Javier Pastore. Ceux qui imposent leur dictat du physique, de l’athlétique et du puissant. Ceux-là même qui guident notre football à l’échec. Tu as envoyé un message fort. Tu leur as répondu. Tu leur as montré qu’ils avaient tort. Les défenseurs dont on se fait des montagnes sont devenus ridicules face à tes dribbles. Les milieux qu’on croyait géniaux sont devenus médiocres à côté de ta vision du jeu. C’est une nouvelle façon de juger les joueurs et de voir le football qui est arrivée avec ton éclosion. Tu as mis la technique en avant, tu as toujours valorisé le jeu, tu as fait tant de choses en si peu de temps. Alors vraiment, comment pourrions-nous t’oublier ? Tu as ouvert la voie à un nouveau football. Tu

as démontré qu’une nouvelle façon de jouer été possible. Jouer, voilà ce que tu as fait, jouer. Dans une Ligue 1 repliée sur elle-même. Dans une Ligue 1 qui se contente du strict minimum, toi tu as joué. Comme un gamin de 10 ans le fait sur un terrain ou dans la cours de récréation, tu as joué sans te soustraire à la morosité de notre championnat. Cher James, c’est pour cela qu’on ne pourra jamais oublier tout ce que tu as apporté.

Cher James…

Tu fais désormais parti des grands parmi les grands de l’histoire de notre

championnat. Et pourtant tu n’es resté qu’un an. Et pourtant tu t’es montré

impatient en partant peut-être trop vite au Real. Peut-être parce

que c’était devenu trop facile pour toi de joueur face à nos pauvres équipes. Peut-être que c’était le moment de voir

plus grand. Peut-être que la Ligue 1 ne te faisait pas rêver. Mais saches que toi, tu as fait rêver la Ligue 1. Tu as été le successeur de Ronaldinho. Comme lui tu es arrivé jeune, comme lui tu es reparti star. Tu resteras dans les mémoires comme le sont restés Josip Skoblar, Roger Magnusson, Safet Susic, Marco Simone, Ali Benarbia ou Chris Waddle. Comme eux tu incarneras désormais une époque, une ère, une

période réjouissante de notre championnat. Comme eux, tu as marqué une génération de supporters de ton empreinte. Ce sont désormais des dizaines, des centaines, des milliers de jeunes fans de football qui garderont en tête ton souvenir. Ta place dans le temple des légendes de la Ligue 1 est assurée.

Certains jeunes étaient orphelins de grandes stars, avec toi et Zlatan, ils ont désormais leurs

idoles. Ne l’oublie jamais. Même si tu es maintenant loin de tout ça, n’oublies pas le bonheur que tu as apporté en Ligue 1. Ton passage en France n’était qu’une parenthèse, mais une

parenthèse de pur bonheur, de joie totale comme rarement nous en avons eu. N’oublies pas que tu es désormais une légende de notre championnat. Ton destin a fait en sorte que tu partes après seulement une saison, mais il a agi de manière à ce que tu restes présent dans nos cœurs, à tout jamais.

Cher James…

Tu es parti mais ton souvenir est toujours là, puissant et indéfectible. Nous ne te reverrons probablement jamais sur nos pelouses. Peu

importe, tu as laissé une trace suffisamment grande pour que nous ne t’oublions pas. Nous nous consolerons en regardant les images de tes buts, de tes coup-francs, de tes dribbles ou de tes passes décisives, en

nous rappelant qu’un jour, tu es passé par chez nous…

©Tous Droits Réservés

LIGUE 1 LETTRE OUVERTE À JAMES RODRIGUEZ

Page 11: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Le conte de fée de Moti En barrages retour de la Ligue des Champions, l'habituel défenseur roumain du

club bulgare du Ludogorets Razgrad s'est mué en gardien le temps d'une séance

de tirs aux buts. Et ça lui a plutôt réussi…

Au matin du 27 août

dernier, personne ne connaissait

Cosmin Moti à part quelques

Bulgares et Roumains. Quelques

heures plus tard, son nom sonnait

dans l'Europe entière. Pourquoi ?

Ce que l'on appelle un instant de

grâce, sûrement. Un événement

qui ne se reproduira a priori jamais

dans sa carrière, qui l'a fait passer

de l'ombre à la lumière. Jusqu'à

devenir deuxième tendance

mondiale sur le réseau social

Twitter. Tout est parti d'un match de

barrage de Ligue des Champions

qui paraissait tout à fait banal.

Cosmin Moti est défenseur depuis

2012 au club du Ludogorets

Razgrad, champion de Bulgarie la

saison dernière. À ce titre, le club

avait le droit de participer à la Ligue

des Champions, à condition de

passer par les tours préliminaires.

Entrant au second tour, il se défait

facilement de Dudelange, un club

luxembourgeois (4-0 à l'aller, 1-1 au

retour) avant de récidiver face au

Partizan Belgrade (0-0 à l'aller, 2-2

au retour). Le voilà en barrages de

la compétition au même titre que

Naples, Arsenal ou Porto. Le tirage

au sort désigne le Steaua Bucarest

comme adversaire. Une motivation

pour Cosmin Moti. En effet,

l'international roumain (quatre

sélections dont l'Euro 2008) a joué

entre 2005 et 2012 au… Dinamo

Bucarest, l'ennemi juré du Steaua.

Et il ne compte pas faire de cadeau

à ce club.

Ambiance électrique en tribunes

Le match aller est assez

bien géré par Ludogorets, qui ne

concède qu'un but (0-1). Au retour,

toute la Bulgarie est derrière son

équipe car l'exploit est possible.

Enfin presque toute. Les supporters

du TSKA Sofia, rival de Razgrad et

ayant des amitiés avec ceux du

Steaua Bucarest se décident d'aller

au stade encourager l'adversaire

de leurs ennemis. L'ambiance est

électrique et partagée dans le stade

entre pro et anti-Ludogorets. La

rencontre se déroule normalement,

sans incident majeur. Sur le terrain,

les deux équipes n'arrivent pas à se

départager et à l'aube du temps

additionnel, il est nul et vierge. S'il

en reste-là, le Steaua Bucarest est

qualifié. Mais ce match serait alors

resté banal. Pour devenir épique, il

doit y avoir des péripéties

inattendues. Le but de Wanderson

d'une superbe volée de l'extérieur

suite à un corner à l'entrée du

temps additionnel y participe. Mais

pas seulement. La rencontre se

poursuit en prolongations. Rien

d'anormal à signaler jusqu'à cette

119ème minute et l'exclusion du

gardien du Ludogorets Vladislav

Stoyanov suite à un second carton

jaune. Le portier quitte le terrain et

l'entraîneur de Razgrad, Georgi

Dermendzhiev a déjà réalisé ses

trois changements. Un joueur de

champ doit alors le remplacer. Ce

sera le défenseur Cosmin Moti,

novice à ce poste et ce, même à

l'entraînement. Les supporters du

TSKA Sofia en tribune et du Steaua

Bucarest en Roumanie exultent.

Voici la fatidique séance de tirs aux

buts qui se présente alors.

L'homme du match

Ludogorets commence à

tirer en premier par l'intermédiaire

de… son défenseur, éphémère

gardien Cosmin Moti. Et ce dernier

réalise son tir au but. Quoiqu'il

arrive, il n'aura rien à se reprocher.

Cependant, il fait mieux que de la

figuration et plonge du bon côté sur

chacune des frappes roumaines.

La dimension épique n'est pas

encore là. Elle arrive après le

deuxième tir-au-but bulgare non

transformé. En cas de but,

Bucarest prend l'avantage. Dans

les cages, Cosmin Moti veut jouer

un mauvais tour à ses

compatriotes. Et il réussit. Il

détourne le tir pleine lucarne de

Paul Pirvulescu et permet à son

équipe de rester dans la course à la

qualification. Les tirs-au-but

transformés s'enchaînent : neuf de

suite finissent au fond des filets.

Les 21 joueurs sont dans un

système de "mort subite" : la

première équipe à ne pas marquer

est éliminée.

Place à Cornel Rapa qui se

présente face à son compatriote

Cosmin Moti. Ce dernier bouge sur

la ligne pour déstabiliser le tireur.

Rapa frappe à mi-hauteur, sur la

droite de Moti… qui bloque le ballon

! Incroyable scénario, Moti permet à

son équipe d'être la première

formation bulgare à jouer la phase

de poules de la Ligue des

Champions ! L'Europe est ébahie

par ce scénario et retient le nom de

cet illustre inconnu qui rentre en

une séance dans l'histoire de la

compétition et plus généralement

du football. Dès le lendemain, le

propriétaire du club Kiril

Domoustchiev indique qu'une des

tribunes du stade en construction

portera son nom. "Ce n'est pas

seulement un héros pour

Ludogorets, mais pour toute la

Bulgarie" a-t-il indiqué. Le Daily

Mirror, célèbre quotidien

britannique est tout aussi

enthousiaste : "Pour tout ce que tu

as fait, nous ici, au Mirror Football,

on te salue Sir". Tout est dit…

©MaxPPP

LIGUE DES CHAMPIONS LE JOUR DE GRÂCE DE COSMIN MOTI

Page 12: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

L'Euro 2016 en France, c'est dans moins de 2 ans...

Le 10 juin 2016 sera donné le coup d'envoi de l'Euro 2016 en France. A moins de deux ans de l'évènement, petit tour d'horizon sur son organisation.

La Coupe du Monde passée, la prochaine grande compétition pour les équipes de notre continent est bien évidemment l’Euro 2016, qui se déroulera en France. Ce championnat d’Europe accueillera à l’inverse de son habitude, 24 équipes dont la France, qualifiée d’office en tant que pays organisateur. Les qualifications en cours depuis début septembre, il est temps de faire un point sur les infrastructures et l’évolution des stades de ce championnat d’Europe.

10 stades et 10 villes accueilleront l’évènement : Lille, Lens, Paris, Saint-Denis,

Bordeaux, Toulouse, Marseille, Nice, St-Etienne, Lyon. Parmi eux, quatre nouveaux stades : le stade Pierre-Mauroy à Lille, le Grand Stade de Nice, le Stade des Lumières de Lyon et le Nouveau Stade de Bordeaux. Deux d’entre eux sont déjà terminés, à savoir ceux de Lille et Nice. Aux abords de chaque stade seront également placés des "Fan Zone" où les matchs seront diffusés sur écrans géants, comme lors de la précédente Coupe du Monde. Les constructions du stade de Bordeaux sont en cours et dans les temps, celles du Stade des Lumières de Lyon ont mis plus de temps que prévu à débuter à cause de mouvements politiques s’opposant à la construction du stade, mais ce dernier devrait tout de même être terminé dans les temps.

Des travaux à l'heure

Au niveau des autres stades, le Stade de France qui accueillera le match d'ouverture (au même titre que le stade Vélodrome et le

stade Pierre-Mauroy), ne bénéficie d’aucun travaux nécessaire. Le Stade Vélodrome de Marseille a lui finit ses travaux nécessaires et a été inauguré le 6 septembre dernier face à Montpellier. Saint-Etienne et son mythique stade de Geoffroy-Guichard a aussi souffert de la rénovation de son stade d’un point de vue économique (places en moins dans une bonne période sportive), mais les travaux sont en cours de finition et devraient être terminés entre fin novembre et début décembre. Le club ligérien espère inaugurer le stade pour la réception de Lyon lors du derby le 30 novembre. Lens subit aussi les conséquences de la rénovation de son stade Félix-Bollaert, le club de Gervais Martel doit ainsi jouer toute la saison à Amiens au stade de la Licorne. L’évolution des travaux est satisfaisante, pour une augmentation de seulement 3 500 places. De son côté, le Stadium de Toulouse devrait être livré en 2015, alors que les travaux sont toujours en cours. Pour information, c’est le seul stade où la capacité sera réduite, de 35 000 à 33 000 places. Dans la capitale, le Parc des Princes (qui ne sera pas rasé au souhait du président parisien Nasser Al-Khalaïfi), a vu ses quelques travaux commencer cet été (rénovation des tribunes présidentielles et des vestiaires) et les quelques aménagement restants qui sont en cours de rénovations devraient être terminés à la fin de la saison.

Par ailleurs, plusieurs stades comme ceux de Marseille et de Saint-Etienne ont profité de l’été dernier pour s’équiper d’une pelouse hybride (c’est-à-dire semi-synthétique et semi-naturelle), pour une meilleure qualité de jeu, surtout dans des régions à fortes altitudes. Au niveau de la capacité, la seule ville qui verra la capacité de son enceinte gonfler sera Lyon qui l'augmentera de plus de 15 000 places. Tout ceci nous promet un bel Euro 2016… sur le terrain !

©AFP

EURO 2016 LE POINT À DEUX ANS DE LA COMPÉTITION

Page 13: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Le calendrier de la compétition dévoilé Six groupes de quatre équipes, 23 jours de compétitions, trois horaires différents… le

calendrier de la compétition a été dévoilé. Un calendrier réfléchi et malin.

Quatre groupes de six ou

six groupes de quatre ? Avec le

passage de 16 à 24 équipes, la

question se posait. Après de

longues réflexions, les

organisateurs ont finalement

décidé d'opter pour la seconde

option. Chaque équipe ne jouera

donc que trois matchs en phase

de poule. Les deux premières

nations étant qualifiées pour les

huitièmes de finale – nouveauté

de cette version à 24 équipes –, il

fallait également trouver un

système pour repêcher quatre

équipes. Ce seront les quatre

meilleurs troisièmes qui iront

finalement en phase à élimination

directe. Ce qui fait que les deux

tiers des équipes se retrouveront

au second tour. La phase de

poule sera du coup bien moins

intéressante qu'actuellement au

contraire de la phase à

élimination directe qui, plus

longue, sera plus palpitante.

Une répartition des rencontres

sagement pensée

Chaque stade

accueillera au minimum quatre

matchs et au moins un match de

la phase à élimination directe. Le

comité d'organisation a

également bien réparti sur le

territoire les différentes

rencontres. Ainsi, des matchs ne

se joueront pas le même jour à

Lille et à Lens, à Lyon et à Saint-

Étienne, à Paris et à Saint-Denis,

à Toulouse et à Bordeaux ou à

Marseille et à Nice. Pour sa part,

l'équipe de France débutera au

Stade de France avant d'enchaîner

sur le Stade Vélodrome et le Stade

Pierre-Mauroy. Si elle venait à

terminer première de son groupe,

elle se déplacerait ensuite à Lyon

(huitièmes de finale) puis à

Bordeaux (quarts) et à Marseille

(demis). La finale se jouera elle à

Saint-Denis.

Il y aura au total 23 jours de

compétition pour huit jours de

repos. Les matchs seront espacés

comme lors de la dernière Coupe

du Monde de trois heures chacun et

se joueront à 15h, 18h et 21h.

Aucun match à 15h ne se disputera

à Marseille et à Nice, afin de

préserver l'intégrité physique des

joueurs. À partir du 27 juillet, toutes

les rencontres se disputeront à

l'horaire de 21h, plus télévisuelle. À

noter par ailleurs qu'à l'instar des

dernières éditions, il n'y aura pas de

finale pour la troisième place,

comme c'est de coutume en Coupe

du Monde.

EURO 2016 LE CALENDRIER DE LA COMPÉTITION

Page 14: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Dopage, la grande omerta Les cas de dopage dans le football sont assez rares et peu médiatisés. Pourtant, la réalité est toute autre. Le dopage est bien plus présent qu'on ne le pense dans le football. Durant un an, nous avons mené notre enquête sur un sujet plus que tabou dans le monde du ballon rond. Et les conclusions sont accablantes. Investigation, preuves à l'appui.

Dopage. Un mot que l'opinion publique renvoie au cyclisme et à l'athlétisme principalement. Six lettres qui ne sont jamais associées au football. Du dopage dans le football ? Jamais ! Supporters, institutions et journalistes se cachent les yeux. Il ne peut y avoir de dopage dans le football selon eux. Mais nous avons décidé de voir les choses en face, d’ouvrir nos yeux à la réalité. Durant un an, nous avons mené une enquête, interrogé différentes personnes de différents milieux : journalistes, supporters, entraîneurs… La plupart du temps, le sujet a été évacué. "Je n'ai rien à dire sur le dopage" commente ainsi un ancien arbitre. Beaucoup de ceux qui nous répondent nient l’évidence quand ils ne coupent pas court à la conversation ou changent de sujet. Quelques-uns ont expliqué pourquoi ils ne souhaitaient pas répondre : "Je crains de ne pouvoir vous être d’aucun secours. Le dopage est un domaine extrêmement complexe,

technique et je n’ai vraiment pas assez de connaissances pour risquer de m’y aventurer." Cependant, certains ont acceptés de nous répondre, anonymement ou non. Nous les en remercions. Beaucoup n'ont pas voulus dévoiler leur identité mais nous ont cependant répondu. Même si un d'entre eux nous a mis en garde : "le milieu du foot est opaque. Avoir des témoignages et des preuves est redoutablement difficile".

Nous avons cependant eu des périodes de doutes quant à l'intérêt de notre démarche. Nous arrivions facilement à trouver des éléments concordants mais pas des preuves. Car les contrôles sont rares, trop rares. Un footballeur professionnel sur 2000 fait l'objet d'un contrôle. Une goutte d'eau dans un océan. Puis, nous avons finalement réussis à mettre bout à bout tous ces éléments qui prouvent notre pensée. Pour ceci, nous avons lus les quelques articles sur le sujet, écouté des émissions de radio, lu un rapport sénatorial de plus de 200 pages, avons fouillés dans le passé pour rassembler les cas avérés ou presque afin d'être bien certains de ce que nous allions démontrer. Car oui, le dopage existe dans le football. Et il est bien plus présent qu’on ne le pense. Il est l’heure de briser l’omerta. Autissier Robinot Panoramic

En 1958, déjà…

"Le dopage est omniprésent dans le football. Gerardo Ottani, un footballeur professionnel de Bologne devenu médecin puis président de la société médico-sportive italienne, mène en 1958 une étude qui révèle

que 27 % des footballeurs de la première division prenaient des amphétamines, 62 % des stimulants du coeur et de la respiration, 68 % des stéroïdes anabolisants. Il y a alors un match et deux entraînements par semaine et beaucoup moins d'argent qu'aujourd'hui : le vrai moteur du dopage n'a jamais été l'argent ; c'est l'égo, la compétition. Tant que l'on n'a pas compris cela, on parle en amateur. " Ces propos de Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport lors du commission sénatoriale sur le dopage le 14 mars 2013 sont clairs : pourquoi tous les autres sports et pas le football ? Pourquoi le dopage n'impliquerait-il pas le football ? Les faits sont pourtant là.

Novembre 2010. Jean-Michel Aulas s'emporte en suspectant ses adversaires de Schalke 04 d'être dopés mais sans jamais utiliser le terme. Le président de l'Olympique Lyonnais vient de perdre 3-0 à domicile face au club allemand. Il sous-entend alors sur OLTV, la chaîne du club : "Les joueurs n'étaient pas comme au match aller, ils couraient beaucoup plus vite et beaucoup plus longtemps. Je ne sais pas quelle préparation ils avaient suivi, mais leur dimension physique était impressionnante. Nous avons été tellement battus physiquement que c'était un peu trop gros... On voit que les joueurs ne sont pas toujours à armes égales." S'en était alors suivi un grand débat. Ces mots spontanés : "c'était un peu trop gros" insinuent beaucoup trop de choses. L'OL s'en sortira avec un communiqué appuyant les propos de son président mais en niant toute interprétation. "Aulas aurait dû dire plus de choses. Pourquoi insinuer des choses et ne pas aller au bout ?" s'insurge Sébastien

Bézard.

©Autissier Robinot/Panoramic

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LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL

Page 15: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Jean-Michel Aulas avait alors soulevé un vaste débat vite étouffé. Si le président lyonnais avait élevé la voix, ce n'est en revanche pas le cas de la FIFA. L'institution dirigée par Sepp Blatter nie en bloc. Le médecin en chef, Jiri Dvorak a démenti l'été dernier tout système de dopage : "Je suis convaincu qu'il n'existe pas de culture du dopage systématique dans le football." Selon lui, sur 30 000 contrôles par an, "débouchent sur 70 à 90 résultats positifs." C'est peu, beaucoup trop peu. Jean-Pierre de Mondenard détaillait d’ailleurs en septembre dernier à Sport 24 : "Il faut 10% de sportifs contrôlés pour dissuader les tricheurs. Or, dans le football et avec des résultats qui sont en plus sous-évalués, on constate en France que l’on a 548 contrôles sur 2 225 000 licenciés, soit 0,002 %". "Quand on ne cherche rien, on ne trouve rien ! " enchaîne devant la commission sénatoriale le 3 avril 2013 Stéphane Mandard, spécialiste des questions sur le dopage.

Juventus, Puerto… la face immergée de l'iceberg

Les preuves sont claires. Bernd Schuster a récemment avoué dans un entretien au quotidien espagnol Marca que "certains joueurs prennent plus de pilules et de comprimés qu'ils ne mettent du parfum ou du déodorant. On buvait tous des produits. Ce n'était pas forcément des stimulants mais à l'époque les médecins et les physiothérapeutes nous en donnaient en permanence." Il n'est pas le seul. L'idole allemande Franz Beckenbauer a lui aussi reconnu s'être dopé "Bien sûr que nous avions des injections de vitamines. Comment pourrais-je le savoir... Le docteur nous disait : ce sont des injections de vitamines." Son compatriote Dieter Schatschneider, meilleur buteur de deuxième division allemande des années 1980 enfonce le clou : " Le dopage était présent. Les produits circulaient dans le bus ou étaient cachés dans les toilettes. Les joueurs ont pris leurs responsabilités en pensant qu’ils seraient plus performants, qu’ils pourraient courir plus longtemps. J’ai décidé que cela ne valait pas le coup. Et que l’on ne me dise pas qu’on ne savait rien du Captagon" faisant référence à un stimulant. Trois ex-joueurs professionnels Allemands affirment donc que le dopage existe, et qu'il est bien plus présent qu'on ne le pense. Et ce ne sont pas les seuls.

En 1998 éclate l'affaire Festina, impliquant uniquement des cyclistes. Mais l'évènement s'est déroulé à deux semaines seulement après la fin de la Coupe du Monde. En 2004, le procès de Turin, resté célèbre car le seul cas avéré de dopage de masse dans le football aboutit sur des non-lieux. Aucun joueur n'est inquiété pénalement et le club garde l'intégralité de ses titres. En mai 2006 commence le grand déballage de l'affaire Puerto. Les médias s'emparent de l'affaire et les cyclistes sont pointés du doigt. De grands noms ou de futurs grands noms de la discipline sont impliqués : Ivan Basso, Marco Pantani, Michele Scarponi, Jan Ulrich, Alberto Contador ou Alejandro Valverde. Ils s'en sortiront avec des sanctions diverses, entre le blanchiment total, une peine allégée pour collaboration ou une peine plus lourde. Ce que l'opinion publique n'a en revanche pas su, c'est que les deux clubs les plus riches du monde étaient impliqués : le Real Madrid et le FC Barcelone. Avec le Bétis Sévis et le FC Valence, ils auraient fait appel aux services du médecin Eufemiano Fuentes (voir photo ci-contre) pour avoir accès à un programme de dopage. Stéphane Mandard, journaliste au Monde a réussi à convaincre le docteur espagnol de lui faire visiter ses locaux. Dans un article paru le 7 décembre 2006 sur le site internet du journal, il détaillait sa visite. D'après ses dires, Fuentes aurait écrit sur une simple feuille A4 au stylo tout le programme de préparation du club et des joueurs avec différents pics de forme. Jusque-là, le travail d'un préparateur physique classique. Sauf qu'il n'était pas question ici de doses de travail mais bien de doses de piqûres. Des sigles ("IG", flèches, "e" entouré) permettait au docteur et aux équipes de savoir quel produit serait injecté et à quelle dose. De l'organisation réfléchie. Fuentes niera par la suite ces informations qui lui "paraissent trop graves et [qu'il] démen[t]". Suite à cette rencontre, Mandard sera poursuivi en justice par le FC Barcelone et le Real Madrid. Chacun des deux clubs réclame 300 000€ au Monde, son employeur qui a diffusé l'article, pour droit à la dignité, équivalent des dommages et intérêts en France. La justice espagnole a tranché et le montant total est de 350 000€. Bien trop pour le journal en difficulté financière. Au micro d'Emmanuel Leclère pour France Culture, le journaliste – toujours en procès – détaillait la stratégie des deux mastodontes, qui ne sont pas à cette somme-ci près : "leur objectif est de dire 'si vous enquêtez sur le dopage dans le football, voilà ce qui vous arrivera'". Depuis, le Français se refuse de dire les noms des sportifs incriminés mais ne

regrette pas la publication de cet article. Il continue d'ailleurs d'écrire presque exclusivement sur le dopage dans le sport et a témoigné devant la commission sénatoriale sur le dopage.

La FIFA se bande les yeux

"La Coupe du monde 1998 a été celle de l'EPO." Cette phrase n'a pas été prononcé par un passant ayant une haine pour le ballon rond mais bien par Michel d'Hooghe, membre exécutif de la FIFA depuis 1988. Pas anodine, elle a vite été étouffée par un démenti forcé. Mais ces mots voulaient dire quelque chose. Rien que pour l'équipe de France, nous pouvons affirmer avec une presque certitude que les joueurs, ou à défaut une partie d'entre eux étaient dopés. Par exemple, Didier Deschamps et Zinedine Zidane "présentaient un taux d'hématocrite anormal" selon Jean-Pierre Paclet, médecin des équipes de France Espoirs puis A entre 1992 et 2008 dans son livre L'Implosion (éditions Michel Lafon, 2010). L'hématocrite est le pourcentage de globules rouges circulant dans le sang par rapport au volume total du sang. Le taux moyen pour un homme se situe entre 40% et 52%. Celui de Deschamps était de 51,9%... un taux anormalement haut et qui aurait par exemple entraîné son exclusion du Tour de France. Cette pratique était courante en Italie selon Jean-Marcel Ferret, médecin des Bleus de 1993 à 2004 : "Il s'agissait souvent des produits utilisés pour leurs effets secondaires ou parce qu'ils contenaient un certain nombre d'éléments intéressants pour l'organisme - mais jamais interdits". Le dopage n'est pas encore là, l'esprit

oui.

©AFP

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LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL

Page 16: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Pour le Mondial 1998, les équipes étaient amenées à déclarer leur bagage médicamenteux. Parmi eux, de l'Actovegin… utilisé pour faire baisser le taux d'hématocrite. Le taux déjà anormalement élevé de Didier Deschamps pourrait alors être en réalité encore plus fort ? Rien ne nous l'indique mais rien non plus ne nous prouve le contraire. Encore plus surprenant, de la nandrolone aurait été déclaré. Cette substance, interdite par la FIFA et par toutes les associations anti-dopage comme l'AMA (Agence Mondiale Antidopage) permet de gagner rapidement du muscle, améliore la confiance en soi, exacerbe l’agressivité et atténue les douleurs articulaires liées à un entraînement intensif. L'idéal pour une bonne préparation d'une équipe. Pour contrer ce phénomène, les autorités françaises souhaitent procéder à des contrôles policiers dans les hôtels des équipes, comme cela est fréquemment le cas lors du Tour de France. La FIFA applique aussitôt son veto. "La magie de la FIFA" selon une de nos personnes interviewées. Elle indique qu'elle se charge seule du contrôle anti-dopage. Cette même FIFA qui a demandé à détruire à la fin de l'édition du Mondial français les échantillons des contrôles antidopage. Ceux de Ronaldo en faisaient partie. L'attaquant Brésilien a eu un malaise avant la finale officiellement en ayant trop joué aux jeux vidéo. Pour faire un malaise, le numéro 9 aurait dû jouer plus de 5 heures dans la même journée. Une version difficile à croire tant l'on sait la préparation de match importante. Jean-Pierre de Mondenard, spécialiste du dopage détaille ainsi que le joueur de l'Inter Milan à l'époque "souffrait des genoux depuis le début du Mondial et le staff médical lui faisait des infiltrations pour qu’il puisse jouer malgré son handicap. De plus, ce genre de produit contient un anesthésique qui peut, s'il est injecté en partie dans un vaisseau sanguin, provoquer un choc avec perte de connaissance pouvant passer pour une crise d’épilepsie."

Un engagement dans la lutte anti-dopage bien discret

Cette volonté de se cacher les yeux de la FIFA n'est pas nouvelle. En effet, le contrôle anti-dopage lors de cette édition du Mondial n'était qu'optionnelle. En soi, ses effets n'étaient alors quasi-nuls. Comment imaginer qu'un joueur qui sait s'être dopé soit assez honnête pour réaliser ces contrôles et risquer alors une sanction alors qu'il peut éviter tous ces problèmes légalement ? Alors que, comme le défend le docteur Jean-Pierre de Mondenard, spécialiste du dopage et auteur du livre "Dopage dans le football, la loi du silence" (éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2010) en 2013 à Sport 24 : "C’est une imbécillité ! Dans le football moderne, ce sont les qualités physiques qui priment d’abord. Il faut avoir un gros moteur pour être performant dans le dernier quart d’heure. Si vous courez plus vite et sautez plus haut, vous allez voir la différence. Avec de l’EPO ou de la testostérone, un joueur peut gagner en puissance et en endurance".

La FIFA a été la dernière fédération à adopter le code mondial antidopage de l'AMA en juin 2006 alors que toutes les autres l'avaient ratifié avant les Jeux Olympiques d'Athènes en 2004. La fédération a même dû être menacée d’être exclu des disciplines olympiques pour obtempérer. Lancé en janvier 2004, celui-ci avait été adopté en sept mois par les autres et en… 29 mois pour la FIFA. Comme par hasard, l'instance internationale n'avait pas fait de communication dessus. En général de toutes manières, la FIFA ne fait pas de communication sur le dopage. Sur la page d'accueil du site internet de l'institution, pas de lien direct vers ses mesures antidopage. Pour trouver une trace sur ce sujet, il faut naviguer sur le site, cliquer tour à tour sur "développement", sur "médical" puis enfin sur "anti-dopage". En étudiant de près cette page peu exhaustive, l'on peut lire en bas de page une phrase surprenante : "le système de tests individuels n'est pas efficace". En somme, la fédération internationale avoue directement ne pas arriver à réaliser des contrôles efficaces et admet son impuissance.

Son impuissance, elle l'a aussi avoué en 2006 quand Jiri Dvorak, le médecin en chef de l'institution expliquait au Monde l'absence de contrôles à la Coupe du Monde parce que "Nous considérons la probabilité de cette pratique dans le football tellement faible que ce serait une perte de temps, d'argent et d'énergie de faire des contrôles sanguins". Il a fallu attendre cette Coupe du Monde 2014 pour que des contrôles soient mis en place. Et encore, la FIFA se vante d'user d'une "approche complètement nouvelle, avec la mise en place du profil biologique". Une approche nouvelle mise en place dans le cyclisme depuis 2008. Problème, seuls deux joueurs par équipe sont contrôlés, bien peu. Mais ce n'est rien par rapport à l'efficacité des contrôles en eux-mêmes. Michel Rieu, ancien conseiller scientifique de l'AFLD (Agence française de lutte contre le dopage) explique le procédé typique à nos confrères du Monde : "La fenêtre de détection de l'EPO administrée en microdoses, comme c'est la règle aujourd'hui, est seulement de 12 heures". Le laboratoire antidopage de Rio de Janeiro étant à proximité des lieux de compétition, il n'y avait pas de problèmes apparents. Jusqu'à ce qu'en 2013, l'AMA décide de retirer l'accréditation au laboratoire. La FIFA peut alors espérer se rabattre sur Montréal ou Los Angeles, eux aussi agréés. Mais elle préfère rapatrier en Suisse, à Lausanne plus exactement ces échantillons. Obstacle : avec le trajet en avion, les échantillons ont pris plus d'une journée pour arriver dans le laboratoire. Bien trop tard pour détecter la moindre trace d'EPO. "Pour des temps de transport de 24 à 48 heures, cela devient très aléatoire avec des paramètres comme l'hémoglobine ou l'hématocrite" s'insurge Michel Rieu. Pour comparer, les échantillons d'une étape du Tour de France arrivent sous trois heures au laboratoire.

©AP/Sipa

©FIFA

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LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL

Page 17: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Solutions : réduire le nombre de matchs

"Le mot dopage n'est pas dans le vocabulaire des dirigeants du football." En une phrase, Sébastien Bézard résume la situation. "Comment cela se fait-il qu'un joueur comme Lionel Messi n'ai jamais été contrôlé positif alors que ses résultats sont plus que douteux ? Si un cyclisme français arrivait 3ème d'un Tour de France [l’interview a été réalisée à l’été 2013], il serait accusé de dopage mais Messi qui inscrit plus de 90 buts dans une même année, tout le monde trouve cela normal…" Le 20 mars 2013, Marc Sanson, ancien président du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage proposait l’idée suivante lors de son audition devant la commission sénatoriale : "Il faut établir un plafond de pratiques pour les sportifs professionnels, afin d'éviter le dopage ou rendre possible la pratique sportive sans assistance médicamenteuse. Il faudrait, autrement dit, limiter le nombre de matchs ou de jours de compétition dans l'année. Pour un footballeur, 60 matchs dans l'année représentent un nombre de prestations important... [...] Je pense donc qu'il faut restreindre le calendrier des épreuves : un trop grand nombre de coupes d'Europe avec tours préliminaires, poules avec matchs aller-retour - là où l'on procédait par élimination directe - est nuisible à la santé des sportifs et à l'intérêt des compétitions." en craignant toutefois "que la sagesse des organisateurs ne vienne que lorsque le public sera lassé émotionnellement ou financièrement de la répétition des compétitions et qu'il ne vienne plus au stade ou ne regarde plus la télévision !"

Jean-Marcel Ferret, médecin de l'équipe de France de football de 1993 à 2004 était du même avis le 5 juin 2013 devant la même commission : "Actuellement, un joueur court un grand risque de se blesser après trois à quatre saisons pleines. En 1998, la moyenne des matchs était de 41. En 2002, on est passé à 52, avec des extrêmes à plus de 70 matchs par saison. On insiste beaucoup sur la récupération des joueurs, mais plus on les fait récupérer, plus on leur fait faire de matchs. Il faut donc légiférer à propos de la charge de travail. Cela existe en médecine du travail ! Or, les cyclistes ou les footballeurs professionnels sont des salariés qui relèvent de la médecine du travail" propose-t-il. Ce trop grand nombre de matchs a déjà fait des victimes. Les cas d'arrêts cardiaques sur le terrain sont fréquents sans que cela alerte plus que ça les autorités : Marc Vivien Foé en 2003, Antonio Puerta en 2007 ou Piermario Morosini en sont des exemples parfaits. "C'est étonnant qu'on nie encore les cas de dopage alors que nombre de joueurs de foot ont fait des arrêts cardiaques pendant un match. Cela a été trop fréquent pour être le hasard" dénonce Sébastien Bézard. Même si tous les arrêts cardiaques ne sont pas liés au dopage.

Des risques pour la santé

Si réduire le nombre de matchs et de compétitions est une solution quasiment obligatoire, c’est aussi car la vie des joueurs est

mise en danger. Ainsi, le président de SOS Dopage David Dehaemers expliquait sur France Inter fin août 2012 : "J'ai reçu un appel d'un jeune joueur qui allait signer un contrat professionnel dans un club de Ligue 1. Une des conditions de la signature était qu'il prenne des anabolisants durant l'été, ce qui va permettre de développer l'aspect musculaire." La pression du haut niveau est aussi due au dopage apparemment chez certains clubs. Marc Sanson, ancien président du CPLD (Conseil de prévention et de lutte contre le dopage) déclarait ainsi le 20 mars 2013 devant la commission sénatoriale de lutte contre le dopage : "Selon une enquête réalisée à l'époque où j'étais au CPLD, un nombre significatif de jeunes des sections ‘sport et études’ se déclaraient prêts à se doper. Le mot pouvait naturellement recouvrir des pratiques inefficaces ou nocives destinées à être plus performant, avoir de meilleurs résultats que ses camarades ou augmenter ses chances de devenir professionnel pour un footballeur. Cela témoignait d'un état d'esprit inquiétant."

Le dopage a déjà fait de grandes victimes à l’image de Tom Simpson sur le Mont Ventoux en 1967 ou du grand Émile Zatopek à l’arrivée de certains de ses marathons. Ainsi, le dopage a des effets indésirables comme le montrent des études scientifiques. Ainsi, le rapport Spitzer de 2006 concernant les conséquences du dopage d'État tel qu'il était organisé dès le plus jeune âge en République Démocratique Allemande était basé sur une étude portant sur 10 000 sportifs dopés. Elle a identifié 1 000 troubles mineurs et 500 troubles graves (changement de sexe, stérilité, cancer...). Les produits incriminés étaient essentiellement des anabolisants stéroïdiens et des neuro-stimulants. Sur le football uniquement, une étude a montré que les anciens footballeurs professionnels italiens sont sept à huit fois plus touchés que le reste de la population par la sclérose latérale amyotrophique (également appelée maladie de Charcot). Autre exemple, sept des joueurs de la sélection algérienne qui avaient participé aux Mondial de 1982 ou de 1986 et qui avaient été dopés à leur insu par un médecin soviétique peu scrupuleux ont vu leurs enfants naître avec des malformations. Ces joueurs sont Djamel Menad, Kaci Said, Tej Bensaloua, Mehdi Cerbah, Mohamed Chaïb, Abdelkader

Tlemçani et Salah Larbès. Le problème n’est plus de préserver l’intérêt du sport mais bien de préserver l’intégrité physique des êtres humains.

Cependant, quels que soient les risques, la FIFA ne semble pas pressée. Responsable de la section tennis sur le site VAVEL, Jérémy Triffault sent bien que ce n’est pas la priorité de l’institution : "Pour le moment, les sujets principaux sont la vidéo et le Mondial au Qatar... On n’est pas près de voir du changement d'ici peu." Ce suiveur assidu du football français est lui plus critique en parlant de la FIFA : "C'est un petit monde merveilleux où tout le monde peut s'arranger avec tout le monde dans la discrétion la plus totale. C'est un système limite mafieux qui ne fait pas du bien à l'image du foot mais cela n'est pas prêt de changer." Gérard Dine est à l’origine du passeport biologique. Selon ses dires sur France Culture en février dernier, le problème pourrait être réglé à l’image de cas dans d’autres sports : "Dans le cyclisme, on a laissé Armstrong gagner sept Tour de France alors qu'on avait les moyens de l'arrêter dès 1999. Si l'UCI [Union Cycliste Internationale, équivalent cycliste de la FIFA] avait décidé d'utiliser l'outil créé par le ministère des Sports français, Armstrong aurait été hors des clous tout de suite au Tour 1999." Jean-Pierre Paclet, médecin de l'équipe de France de 2004 à 2008 pensait lui le 16 mai 2013 lors de la commission sénatoriale à une sanction différente et bien plus embêtante dans les sports collectifs : "Il faudrait réfléchir à la portée des sanctions personnelles. Dans les sports collectifs, les sanctions devraient être collectives. Cela inciterait l'ensemble les dirigeants, les entraineurs, les accompagnateurs à s'engager davantage. J'ai expliqué à un responsable de la FIFA qu'avec les sanctions existantes il était possible d'amener en finale une équipe intégralement dopée. Cela l'a paniqué... Si l'on dit ‘un joueur positif, toute l'équipe sera sanctionnée’, il y aura des ruptures de contrat - il n'y en a pas actuellement - et la situation changera."

©FIFA

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LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL

Page 18: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Des actions, vite !

Une idée est cependant adoptée par l’immense majorité des spécialistes du dopage : "Il faut que l’organisme chargé des contrôles soit extérieur à l’organisme qui organise l’évènement. Pour des sanctions plus adaptées et des contrôles mieux réalisés." Jérémy Triffault est de cet avis-là : "Il faut que cette sorte de tribunal du dopage ne soit pas lié à la fédération du joueur et soit donc indépendant." Devant la commission sénatoriale le 3 avril 2013, Stéphane Mandard comprend presque la position de la FIFA : "On l’imagine mal effectuer de vrais contrôles, elle scierait la branche sur laquelle elle est assise !" Cette situation ne peut plus durer ainsi. Il est encore temps de réagir. La FIFA doit rapidement créer ou désigner un organisme chargé des contrôles, lui donner un budget conséquent (10 millions d’euros par an) même si cela n’est rien pour l’institution et lui donner les pleins pouvoirs au niveau des sanctions. Elle ne doit pas avoir son mot à dire, ne doit pas pouvoir opposer de véto, ni alléger des sanctions. Un énorme scandale apparaîtra alors et avec ses conclusions, le football pourra repartir sur des bases saines. Quand la peur du contrôle sera là, le dopage disparaitra peu à peu même s’il ne disparaîtra pas totalement : "Il y aura toujours du dopage tant que des produis permettront d'augmenter l'endurance et la puissance des sportifs" nous prédit ainsi ce suiveur du championnat allemand. Le football doit retomber les pieds sur terre, comme l’ont fait le cyclisme ou l’athlétisme. Il est l’heure de retrouver de la crédibilité. Mais le chemin sera long et tortueux. Cet échange en fin de séance de la commission sénatoriale le 11 avril 2013 est là pour en témoigner. Antoine Vayer, ancien entraîneur d'équipe cycliste professionnelle et professeur d'éducation physique et sportive glisse comme dernière phrase avant de s’éclipser : "J'aimerais simplement que tout cela [l’audition] serve à quelque chose." Le président lui répond alors comme découragé : "Nous avons la naïveté de le penser"…

Arthur Massot (@Massobry)

20 affaires de dopage Nous avons sélectionné vingt affaires qui ressemblent plus ou

moins au dopage : soupçons, dopage avéré, déclaration ou

constat accablant. Cette liste est non-exhaustive, bien sûr…

1955-1957. Le Budapest Honved, où évolue Ferenc Puskas enchaîne les tournées en Europe et joue

pratiquement quotidiennement. L’équipe aurait usé de nombreuses amphétamines, ce qui leur aurait permis

de tenir la cadence.

1958. Le footballeur de Bologne Gerardo Ottani fait une enquête dans le Calcio italien et en tire le rapport

suivant : 27% des footballeurs prennent des amphétamines, 62% prennent des stimulants du cœur et de la

respiration et 68% prennent des stéroïdes anabolisants.

1970. Van Rompu, docteur à l’AZ Alkmaar déclare dans le journal L’Équipe que "le dopage est largement

répandu parmi les footballeurs hollandais".

1976. Capitaine de la sélection allemande championne du monde en 1974, Franz Beckenbauer explique au

magazine Stern avoir : "une méthode particulière pour demeurer au top niveau : l'injection de [son] propre

sang".

1982 et 1986. Les joueurs de la sélection algérienne qui dispute le Mondial sont dopés à leur insu par leur

médecin peu scrupuleux. Sept joueurs voient leurs enfants naître quelques années plus tard avec des

malformations.

1987. Harald Schumacher décrit dans son livre "Coup de sifflet" en 1987 les penchants de l'équipe

d'Allemagne pour l'éphédrine, produit qui développe entre autre l'agressivité.

Été 1994. En conflit avec la FIFA, Diego Maradona est exclu du Mondial suite à un contrôle positif à

l’éphédrine. Trois ans plus tôt, il avait déjà été contrôlé positif. À la cocaïne cette fois-ci.

26 octobre 1994. Dans son autobiographie "Prolongations d'enfer", l'ancien international français José Touré

indique avoir reçu lors de son passage au FC Nantes d'étranges "piqûres de vitamines".

26 décembre 1997. Le ministère des Sports procède à un contrôle inopiné à Tignes où l’équipe de France

procède à un stage de préparation. Les enquêteurs doivent patienter cinq heures pour pouvoir procéder à des

prélèvements.

30 avril 1999. Christophe Dugarry est contrôlé positif à la nandrolone à l’issue du match Marseille-Lyon. Il

s’en sortira sur un vice de forme.

2001. Franck De Boer, Josep Guardiola, Fernando Couto et Edgar Davis sont tous quatre contrôlés positifs à

la nandrolone.

Février 2002. Deux cadres dirigeants du club de la Juventus de Turin se retrouvent devant les tribunaux,

accusés d'avoir administré des médicaments dangereux pour la santé. Le procureur fait défiler à la barre près

de 150 témoins. Il est révélé que la pharmacie du club italien abritait 281 types de médicaments, une quantité

jugée "incompatible avec une structure non sanitaire". Les deux accusés seront finalement acquittés.

2004. Un rapport commandé par le procureur italien Raffaele Guariniello dresse un tableau pour le moins

alarmant. Cancer du côlon, du foie, de la thyroïde, leucémie, sclérose… les anciens footballeurs

professionnels italiens sont deux à dix fois plus fréquemment malades que le reste de la population.

2005. La chaîne de télévision italienne Rai 2 diffuse une vidéo dans laquelle on voit le défenseur Fabio

Cannavaro en train de s'injecter un produit par intraveineuse, la veille de la finale de la Coupe UEFA entre

Parme et l'Olympique de Marseille.

28 janvier 2006. Dans un entretien accordé à L'Équipe Magazine, l'ancien défenseur de l'Olympique de

Marseille Jean-Jacques Eydelie évoque avoir été en contact avec le dopage : "Je l'ai vu dans tous les clubs

où je suis passé, sauf à Bastia. Dans les années 1980-90, beaucoup de choses traînaient. On nous donnait

des cachetons. C'était de la folie, en particulier autour du Captagon".

Mai 2006. Début de l’affaire Puerto. Stéphane Mandard publie sur le site internet du Monde un article où il

indique que quatre clubs espagnols, dont le Real Madrid et le FC Barcelone sont impliqués. Il est attaqué en

justice par les deux clubs.

Novembre 2010. Jean-Michel Aulas s’insurge après un match de Ligue des Champions face à Schalke 04 :

"Les joueurs n'étaient pas comme au match aller, ils couraient beaucoup plus vite et beaucoup plus longtemps.

[…] Nous avons été tellement battus physiquement que c'était un peu trop gros... "

18 octobre 2011. Suite à la positivité au clenbutérol de 109 des 208 échantillons prélevés sur le Mondial U17,

la FIFA conclue le problème en indiquant qu’il ne s’agissait pas de dopage mais d’un "problème de santé

publique".

14 mars-13 juin 2013. Le Sénat français réalise 86 auditions dans le cadre d’une commission sur le dopage

dans le sport. Le rapport est publié en juillet. Jean-Marcel Ferret, médecin de l'équipe de France de football de 1993 à 2004 fait partie des personnes interrogées tout comme son successeur Jean-Pierre Paclet, médecin de l'équipe de France de 2004 à 2008. 19 juin 2014. Le Costa Rica voit sept de ses joueurs contrôlés après sa victoire en Coupe du Monde contre

l’Italie. Surpris de l’initiative, le chef de délégation s’insurgera : "On a demandé des explications à la FIFA, ils ne nous ont pas répondu", ne connaissant sûrement pas les contrôles antidopage.

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LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL

Page 19: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

10 propositions pour en finir Le dopage ne disparaîtra pas totalement sans la volonté collective des joueurs et des instances,

il est possible d'éradiquer le dopage du football ou au moins de diminuer conséquemment son

emprise. Nous vous proposons justement 10 idées pour en finir.

1. Faire signer une charte antidopage lors de l’achat de la licence.

Le joueur, quel que soit son âge s’engagerait à ne pas utiliser de produits dopants

ni à s’en procurer. Toute personne refusant de la signer ne se verrait pas accorder

de licence.

2. Donner un document sur les dangers du dopage avec la licence.

Ainsi, dès leur plus jeune âge, les joueurs seraient avertis du danger du dopage.

Le numéro vert gratuit et anonyme d’Écoute Dopage (0 800 15 2000) serait

également inscrit.

3. Obliger les footballeurs

professionnels à suivre tous les

deux ans un stage de prévention

sur le dopage.

Chaque joueur jouant en National,

Ligue 2, Ligue 1 ou Division 1 féminine

devrait suivre un stage de

sensibilisation aux risques du dopage

à un intervalle régulier. Le numéro vert

d’Écoute Dopage (0 800 15 2000)

serait rappelé.

4. Créer une commission indépendante chargée de la lutte anti-dopage.

La FIFA doit créer une commission indépendante qui se chargerait de la lutte anti-

dopage. Celle-ci aurait les pleins pouvoirs au niveau de la détection et des

sanctions. Le budget alloué par la FIFA à cette commission doit être d’au minimum

10 millions d’euros par an.

5. Attribuer à cette commission indépendante le produit des amendes

financières.

Cette commission recevrait les sommes versées par les personnes condamnées

financièrement par cette même commission.

6. Effectuer des contrôles sanguins.

Plus efficaces, les contrôles sanguins permettent de détecter plus de produits. Ils

ne sont actuellement pas utilisés par la FIFA.

7. Augmenter le nombre de contrôles inopinés.

Plus efficaces, ceux-ci prennent de cours les tricheurs et leurs adressent un

message clair : où et quand que vous vous dopiez, vous pouvez être pris. Ceux-

ci inspirent la peur chez les tricheurs. La FIFA est actuellement la seule fédération

internationale à interdire cette pratique à l’AMA (Agence Mondiale Antidopage).

8. Mettre en place des sanctions collectives.

"Cela inciterait l'ensemble les dirigeants, les entraineurs, les accompagnateurs à

s'engager davantage. […] Si l'on dit ‘un joueur positif, toute l'équipe sera

sanctionnée’, il y aura des ruptures de contrat et la situation changera." Jean-

Pierre Paclet, médecin de l'équipe de France de 2004 à 2008, le 16 mai 2013

devant la Commission sénatoriale d’enquête sur l’efficacité de la lutte contre le

dopage.

9. Mettre en place une obligation individuelle de localisation pour les

joueurs.

À l’image des athlètes ou des lutteurs, les footballeurs devraient se soumettre le

temps de leur carrière à une obligation de localisation. Dans ce système, ils

indiqueraient leur position actuelle et future afin d’être sujet à des contrôles

inopinés. Au bout de trois manquements de localisations, ils seraient suspendu un

an et demi comme cela a été le cas pour Teddy Tamgho (triple-sauteur) ou Steve

Guénot (lutteur) en 2014.

10. Réduire les cadences infernales.

À coup sûr la décision la plus urgente et la plus importante à prendre. Les

compétitions subsidiaires n’ayant pas un intérêt sportif certain doivent être

supprimées afin de respecter le temps de récupération du sportif. Sont visés au

plan national : la Coupe de la Ligue et le Trophée des Champions. Au plan

continental : l’Europa Leagu et, la Supercoupe d’Europe. Au plan international : la

Coupe des Confédérations. "A force de tirer sur le physique des joueurs, il y a

forcément de la casse. Le décès de Marc Vivien Foé lors de cette compétition en

est le triste exemple…" expliquait Dorian Martinez, le responsable d’Écoute

Dopage en 2006 à Doctissimo. Le nombre de clubs par championnat doit

également être réduit à 18 au maximum. L'adoption par la FIFA du code de

l'Agence mondiale antidopage devait appliquer cette idée lors de la saison 2007-

2008 en France, en Espagne, en Italie et en Angleterre. Cela n’a depuis pas été

le cas. A. M.

Réagissez sur les réseaux sociaux et exprimez votre avis sur le sujet :

@foot_plus, /footplus2 et +FOOT+.

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LE DOPAGE DANS LE FOOTBALL

Page 20: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

LA STATISTIQUE

Nouveau record pour l’OL

L’Olympique Lyonnais a signé le nouveau record du club en s’imposant

le dimanche 7 septembre 15 buts à 0 sur la pelouse du FC Metz-

Algrange. Les buts sont signés Lotta Schelin (triplé), Louisa Necib, Lara

Dickenmann, Amel Majri, Wendie Renard, Ada Hegerberg (triplé),

Eugénie Le Sommer (doublé), Camille Abily, Amandine Henry et Elodie

Thomis.

LA COMPÉTITION

La Valais Women’s Cup

La deuxième édition de la Valais Women’s Cup

(tournoi à quatre clubs en Suisse) a été remporté

par l’Olympique Lyonnais. Les championnes de

France ont dominé le PSG en finale 3-2 grâce

notamment au doublé d’Ada Hegerberg. En

demi-finales, Lyon avait battu Anderlecht 7-1

avec un but de la Française Pauine Crammer

pour le club belge alors que Paris s’était imposé

aux penaltys 3-1 (1-1 au terme de la prolongation)

face au FC Barcelone.

LA PERFORMANCE

Les Bleues au Mondial

L’équipe de France féminine a validé sa participation pour la Coupe du

Monde 2015 (au Canada) après neuf victoires en autant de rencontres

face à la Bulgarie, l’Autriche, le Kazakhstan, la Hongrie et enfin la

Finlande. Elles ont inscrit 51 buts pour seulement deux encaissé. Elles

enchaîneront d'ici à leur voyage en Amérique les matchs et les tournois

amicaux.

LES PREMIÈRES FOIS

Diacre et Frappart au milieu des hommes

Corinne Diacre est devenue la première entraineuse de Ligue 2 le 4 août

dernier avec le Clermont Foot. Elle a signé sa première victoire en

championnat le 12 septembre dernier (1-0 face au Havre) et Clermont a

remporté ses deux premiers matchs de la Coupe de la Ligue. Prochaine

rencontre dans cette compétition le 28 octobre prochain à l’extérieur face

au SM Caen. De son côté Stéphanie Frappart est elle aussi un symbole

fort du développement du football féminin. En effet, elle est devenue le 8

août la première femme à arbitrer des hommes dans un championnat

professionnel français. Il s’agit de la rencontre entre Niort et Brest (0-0)

où Frappart distribué deux cartons jaunes.

COUPE DU MONDE U20

Les Bleuettes en bronze L'équipe de France U20 a décroché le bronze lors de la Coupe du Monde de la catégorie grâce

à une victoire lors de la petite finale 3-2 face à la Corée du Nord. Une nouvelle médaille pour

une génération dorée, championne du monde U17 en 2012 et d'Europe U17 en 2013.

Alors que les Bleues A se

rendront au Canada en juin 2015,

cette année le pays francophone

accueillait la Coupe du Monde des

-20 ans. Les Bleuettes,

championnes d’Europe U19 en

2013 et surtout championnes du

monde U17 en 2012 partaient avec

de belles intentions et ramènent

finalement une très belle médaille

de bronze. Si les Tricolores avaient

été remarquable en phase de poule

en étant l’unique nation à remporter

l’ensemble de ses matchs, les

Bleuettes ont douté en quart de

finale face à la Corée du Sud mais

se sont servies de leur expérience

pour finalement s’imposer (0-0,

t.a.b. 4-3). En demi-finales, elles

retrouvèrent l’Allemagne, meilleure

attaque de ce Mondial et ayant

dominé auparavant les USA mais

aussi le pays hôte, le Canada.

Cette finale avant l’heure tourne

finalement à l’avantage de la

Nationalmannschaft 2 buts à 1

grâce – ou à cause, c'est selon – à

une réalisation de Petermann en fin

de match.

Deux Françaises sur le podium

des meilleures joueuses

Une petite déception

pour la France mais Gilles

Eyquem, le sélectionneur

de cette génération,

remotive ses joueuses en

vue de la petite finale. Une

finale pour la médaille de

bronze remportée 3 buts à 2

par les Bleuettes face à la

Corée du Nord, équipe sacrée

championne de la compétition

en 2006, grâce aux nouvelles

belles performances de la

Montpelliéraine Claire

Lavogez sur le plan offensif et

de la capitaine Griedge

Mbock-Bathy, patronne de la

défense tricolore. Les deux

joueuses ont été récompensées à

juste titre de leur très bon Mondial

en finissant respectivement ballon

de bronze et ballon d’argent de la

compétition.

Si c'est l’Allemagne qui est

finalement sacrée championne du

Monde U20 2014, la Nigériane

Asisat Oshoala pourra se consoler

de sa défaite 1-0 dans cette finale

en

étant récompensée du titre de

ballon d’or de la compétition. Un

Mondial qui montre que la relève

est présente pour l’équipe de

France mais aussi le potentiel de

l’équipe allemande tandis que les

Américaines, championnes en titre

qui ont été éliminées dès les quarts

de finale ont montré leurs limites.

Zap+ foot féminin L'actualité des deux derniers

mois sous un autre angle

©Getty Images

Page 21: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

À l'ombre des grands Niort, Laval, Tours, Angers, Châteauroux, Clermont… ces clubs sous-médiatisés

ont pourtant une réelle histoire avec le football professionnel mais peinent à trouver

des atouts pour séduire de nouveaux supporters. Les anciens restent eux fidèles,

quelque soient les résultats sur le terrain. Focus.

La crainte des nombreux clubs du

ventre mou de Ligue 2 : les supporters. Vont-

ils permettre de remplir les caisses à la fin du

match ? Seront-ils accrocheur pendant la

rencontre ? Entonneront-ils les chants propres

à leur localisation ? Tant de questions qui

restent en suspens lorsqu’on s'appelle Laval

ou Châteauroux. Là est le risque des clubs peu

médiatisés qui doivent ruser pour attirer

chaque week-end de nouveaux supporters

hors des performances sportives.

Lens, un modèle pour tous

L'aura et le classement d'un club ne

font pourtant pas tout. Prenons l’exemple de

l'AS Monaco. Chaque week-end à domicile, le

club peine à remplir de moitié son stade. Un

comble quand on sait que Monaco veut titiller

le Paris Saint-Germain. Une horreur quand on

sait aussi que les joueurs sur la pelouse sont

très friands de chants de motivation des

troupes, de plus à domicile. L’heure est grave

quand, derrière son téléviseur, nous percevons

même les consignes du coach au bord de la

pelouse. Sur le plan économique, le club

monégasque compte sur son investisseur qui

injecte à l’heure actuelle les capitaux

nécessaires aux ambitions du club mais ne

peux pas prendre en compte les retombées du

week-end puisqu’elles sont quasi-vierges.

Pour contredire nos propos, intéressons-nous

au RC Lens, club promu en Ligue 1 cette

saison. Le club nordiste, qui joue à guichets

fermés chaque week-end doit faire face à une

demande impressionnante des supporters

souhaitant se rendre au match. La ferveur est

telle que le club ne peut pas répondre à

l’affluence record !

Il ne s’agit donc pas uniquement d’une

question de médiatisation puisque les chiffres

qui sont donnés sur l’affluence du week-end

sont stables depuis quelques années, en Ligue

2 comme en Ligue 1. La raison est bien plus

ancienne que l'on ne le croit. La gloire passée

du club lensois en D1 parle à chacun d'entre

nous. À ce moment-là, le stade est comble.

Ces supporters présents chaque week-end ont

suscité l’intérêt et la curiosité d’autres

supporters. Ces derniers ne se sont pas

nécessairement retirés lorsque le club a connu

des années plus difficiles. Au contraire, l’intérêt

est resté le même et la patience n’est pas resté

vaine puisqu’avec le travail du club, le RC Lens

remonte sur les marches de la Ligue 1 en 2014.

Personne ne saura dire si les supporters ont eu

un rôle dans l’accession en Ligue 1 mais nous

pouvons être sûrs qu’ils y ont contribué.

Prix bas en tribunes

Néanmoins, supporter un club

professionnel peu médiatisé n’est pas une

mince affaire. Nîmes, Tours, Châteauroux,

Clermont, Angers, Laval (photo du stade

Francis Le Basser en août 2012 ci-contre),

Niort… La liste est longue de ces clubs que l'on

observe seulement de loin à l'exception des

passionnés de Ligue 2. Supporter un club est

un investissement de chaque instant.

Économiquement, se rendre chaque week-end

aux bords des terrains a un coût avec un prix

des places moyen qui a tendance à

augmenter. Pour contrer ce phénomène, ces

clubs utilisent la technique des très bas prix.

Entre 3€ pour un tarif réduit en virage sud à

Tours (4€ en tarif plein) à une vingtaine d'euros

en tribune principale à Clermont ou à

Châteauroux, les prix restent abordables. Ce

qui pousse les supporters à revenir le week-

end suivant pour revivre la même émotion.

Grâce à ceci, la moyenne d'affluence ces clubs

reste tout de même honorable : 5000

spectateurs environ.

Socialement, aller au stade permet de

partager son émotion avec des amoureux de

son équipe. Des liens se créent et c’est ce qui

fait le mérite de ce sport. L'objectif n'est plus

forcément de supporter une équipe mais bien

de tisser des liens humains, de sortir du cadre

du football en lui-même. Au niveau sportif, le

maintien est bien souvent l'objectif, à quelques

rares exceptions près. Alors, pour se changer

les idées, les supporters adhèrent aux coupes

nationales et la Coupe de la Ligue devient

même un objectif. Comme quoi, celle-ci a bien

une utilité…

(Avec A. M.)

©Stade Lavallois MFC

PROLONGATIONS

LES SUPPORTERS DES CLUBS SOUS-MÉDIATISÉS

Page 22: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

Un nouveau départ Louis est un jeune journaliste,

renvoyé de sa première véritable

expérience journalistique à cause

de son franc-parler. À partir de ce

numéro 49, retrouvez tous les

bimestres la suite de ses péripéties

hautes en couleur.

Certains s’attachent à faire

d’ultimes adieux avant que les

portes du train ne se referment. Je

ne suis pas de ceux-là. Déjà

tranquillement installé contre une

fenêtre, en seconde classe, je quitte

provisoirement une routine et une

ville dont je suis las, pour prendre le

large et me changer les idées. Cette

année n’a pas commencé sous les

meilleurs auspices, les mauvaises

nouvelles semblent s’enchaîner

alors que le mois de mai vient à

peine de débuter. A ce rythme, je ne

tiendrai pas le coup très longtemps.

Il y a une semaine, je me suis fait

renvoyer par le journal pour lequel

je bossais. Un canard local qui

suivait le club du coin en Ligue 2. Je

traitais le football comme je

l’entendais et ça me suffisait. Après

un stage de 3 mois, j’avais profité

d’un arrêt maladie de mon

superviseur pour le remplacer

temporairement. Qu’ils ont été

nombreux ces stages sans grande

rémunération, où l’on te vante

l’expérience que tu vas acquérir et

la chance de pouvoir être publié.

Ces rédacteurs en chef qui ne font

que te louer mais te remercient à

peine une fois l’échéance arrivée.

Les stages ont été nombreux, mais

rares sont ceux qui ont débouché.

Personne n’a voulu me faire

confiance. Triste réalité, mais voilà

enfin que la chance tournait et me

souriait. Cet arrêt maladie dans le

secteur que je convoitais le plus, et

me voilà accrédité et assis en

tribune de presse. Le patron me

faisait confiance, n’y connaissant

pas grand-chose au football. Après

une série de cinq défaites

consécutives, je commençais à me

pencher sur les raisons de cette

série noire, et relevait quelques

incompréhensions. Le choix de

l’entraîneur de se passer de

certains joueurs de qualité, de se

contenter de défendre. Le ton des

articles avait dû changer par rapport

à mon prédécesseur puisque

l’attaché de presse du club s’est en

informé auprès de mes supérieurs.

Il n’a pas dû seulement s’en

informer puisque ceux-ci se sont

mis à relire plus

consciencieusement mes papiers.

― Tu comprends Louis, nous les

suivons depuis longtemps. Ils nous

fournissent certaines informations

en priorité ». Et de part ce prétexte

on doit taire aux lecteurs la

mauvaise forme d’un club ? Les

empêcher de s’interroger, de

débattre ? C’est donc avec plein de

rancœur que je me rends à la

conférence de presse d’avant-

match suivante. Les journalistes ne

se bousculent pas, comme souvent,

la salle est à moitié vide. Après des

banales questions autour du match

précédent, je prends la parole :

— Pourquoi continuez-vous de vous

passer de certains éléments

offensifs au vue du manque de

créativité de ces derniers matches ?

» Les sourcils froncés de l’attaché

de presse ont précédé la réponse

de l’intéressé :

— Je pense que je suis le plus à

même de faire des choix, même s’ils

ne vous conviennent pas ».

L’atmosphère semble électrique,

mais loin de moi l’idée de baisser les

yeux et de ne plus broncher :

— La stérilité de votre équipe

depuis déjà cinq matchs ne vous fait

pas remettre en cause ces choix ? »

Le technicien prend quelques

secondes avant de dégainer :

— Je vous invite à passer vos

diplômes et poster votre

candidature si vous pensez pouvoir

mieux faire ». Je souris

intérieurement, satisfait d’avoir

remporté cette joute verbale que le

coach a évitée. Je savais que mes

questions n’avaient pas plu, et

qu’elles remonteraient rapidement.

Tant pis. Mon franc-parler m’avait

parfois fait défaut par le passé, en

centre de formation. Je n’étais

jamais vulgaire ni colérique mais

j’accusai, j’invectivai toujours de

manière argumentée et précise,

sans hausser la voix. Certains de

mes camarades n’aimaient pas, les

arbitres non plus. La vérité peut

fâcher, mais il ne faut pas la cacher,

il faut la révéler. Voilà pourquoi

j’avais fait des études de

journalisme après une blessure qui

m’avait fait oublier le monde

professionnel, voilà pourquoi je

demandais des comptes à cet

entraîneur qui continuait de se voiler

la face sur la déroute de son équipe.

Il s’en mordra les doigts quelques

mois plus tard quand son équipe

sera reléguée et qu’il sera le

premier à être écarté. Le journal

sera aussi bien embêté de perdre

un club professionnel parti rejoindre

le monde amateur. Pour ma part, je

m’attendais à ne plus suivre le

football, être relégué à écrire

temporairement les chiens écrasés,

comme un stagiaire. Même pas ; à

mon retour au bureau, on m’a

annoncé que l’article sur cette

conférence serait le dernier. Je

n’avais pas de regret, ni de

remords. J’étais plutôt navré de voir

un média se plier aux exigences

d’un club de football, de camoufler

la vérité. Mes affaires avaient été

vite expédiées, et je me retrouvais à

la porte des locaux. La fin d’une

courte et plaisante aventure, qui

aura rapidement dégénéré. Il fallait

que je rebondisse, et vite.

À suivre…

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FICTION

LA CROISIÈRE DE LA DERNIÈRE CHANCE, CHAPITRE 1

Page 23: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

JEU-CONCOURS

DEVENEZ UN VRAI SUPPORTER Répondez à la question ci-dessous et tentez de remporter un des trois

lots mis en jeu en participant au tirage au sort.

1er prix : Une écharpe aux couleurs de la France. Taille : 140x22 cm

Valeur unitaire : 6.15€

2nd prix : Un drapeau Français aux dimensions 150x95 cm

Valeur unitaire : 3.60€

3ème prix : Maquillage bleu-blanc-rouge

Valeur unitaire : 6€

COMBIEN D'ARTICLES ONT ÉTÉ CONSACRÉ À L'ÉQUIPE DE FRANCE DANS FOOT+ DEPUIS LE NUMÉRO 42 ?

Répondez sur bit.ly/jeuconcours-footplus en marquant le mot de passe F+JC14.

Règlement : Participation possible du mercredi 1er octobre 2014 (01/11/2014) au vendredi 31 octobre 2014 (31/11/2014) inclus. Jeu ouvert à toute personne ayant entre 10 et 100 ans, abonnée à FOOT+, résidant en France Métropolitaine et limité

à une participation par personne. Les gagnants seront désignés parmi les bonnes réponses ou à défaut parmi les réponses les plus proches et recevront chez eux leur lot. Ils seront avertis par mail et aurons sept jours pour se déclarer. Si dans les

sept jours suivant réception du mail, un de ceux-ci ne s'est pas déclaré, un autre participant sera tiré au sort. Aucune réclamation n'est possible. Article signifie pour nous un papier d'au moins 1000 caractères, avec titre et chapô, paru dans notre

publication, entre le numéro 42 inclus et le numéro 49 inclus, suppléments inclus. Les brèves ne sont donc pas comptées tout comme la partie "Bleus Express". Les lots peuvent être achetés séparément et valent respectivement 6.15€ (écharpe),

3.59€ (drapeau) et 5.95€ (maquillant). L'écharpe est en acrylique et mesure 140 cm de large sur 22 cm de haut. Le drapeau est en polyester et mesure 150 cm de large sur 95 cm de haut. Le maquillant ne contient pas de paraben et il est prévu

pour plus de 100 applications. La livraison qui coûte respectivement 4.79€ (écharpe), 1€ (drapeau) et 3€ (maquillant) est gracieusement offerte par FOOT+. En participant au jeu-concours, la personne accepte ce règlement.

Page 24: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

France-Portugal :

comme on se retrouve L'équipe de France recevra le 11 octobre prochain le Portugal au Stade de France.

Deux équipes qui se sont affrontées trois fois en compétition officielle. Et à chaque

fois, ce fut en demi-finales. Et à chaque fois, c'est la France qui gagne. Replay.

Un France-Portugal a toujours un

goût particulier quand on sait que les

Portugais sont les étrangers les plus

nombreux en France, notamment depuis la

forte immigration des années 60 à 80. Le

dilemme entre soutenir son pays d'origine ou

son pays d'accueil est toujours compliqué.

D'autant que la France et le Portugal sont

deux grands pays du football, l'un détenant un Euro et une Coupe du

Monde et l'autre étant arrivé en finale de l'Euro chez lui et ayant déjà été

plusieurs fois en demis en Coupe du Monde. Trois rencontres, trois demi-

finales sortent du lot et furent plus que chargées en émotions.

France-Portugal 1984 : La surprise portugaise

Le premier match nous emmène en France, à Marseille plus

précisément, pour l'Euro 1984. La France, guidée par Platini, voit en cet

Euro à la maison sa première belle occasion de remporter un trophée

continental. Sortie en tête de sa poule devant la Belgique et le Danemark

avec trois victoires en autant de matches, elle s’avance en ultra favori. Le

Portugal de son côté surprend. Pour la deuxième compétition

internationale de son histoire après le Mondial 1966, il parvient à sortir

deuxième de son groupe, à égalité de points avec l'Espagne mais devant

la RFA, championne d'Europe en titre. Arriver en demie de l'Euro est donc

un exploit déjà en soi pour des Portugais que l’on n’attendait pas à ce

niveau de la compétition.

Et à la surprise générale, les Ibériques résistent bien aux Français.

Les Bleus dominent le match et ouvre le score par Domergue (24ème

minute). Mais les Portugais, procédant beaucoup en contre, parviennent à

égaliser en seconde période par l'un des hommes du match, Rui Jordao

(74ème). En prolongations, ce dernier jettera un froid dans les tribunes du

Vélodrome en donnant l'avantage au Portugal (94ème). Derrière, les

Portugais font le dos rond et tiennent comme ils peuvent. Mais les

Français, déterminés à l'emporter chez eux, poussent et finissent par faire

©Tous Droits Réservés

REPLAY

FRANCE-PORTUGAL 1984, 2000 ET 20006

Page 25: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

craquer la défense adverse, avec un doublé de Platini (114ème, 119ème).

Cruel et logique scénario pour le Portugal qui débute là une série noire

encore en cours aujourd’hui. La France atteint elle la finale de son Euro,

rencontre qu’elle remportera 2 à 0 face à l’Espagne devant le public du

Parc des Princes.

France-Portugal 2000 : Le but en or fatidique

Rendez-vous en capitale belge pour ce deuxième match, cette fois

ci pour l’Euro 2000. Auréolée de son titre de championne du monde, la

France a pour seul objectif de réaliser le doublé Mondial-Euro. Deuxième

de son groupe derrière les Pays-Bas, contre lesquels ils se sont inclinés

(3-2), elle dispose ensuite de l’Espagne en quart de finale (2-1). Le

Portugal voit lui le début de l’explosion de sa génération dorée, vainqueur

de la Coupe du Monde U20 1989 et 1991. Son groupe est une véritable

surprise. Il finit premier avec trois victoires devant la Roumanie,

l’Allemagne et l’Angleterre étant donc éliminés dès le premier tour. Il se

débarrassera de la Turquie en quarts sans trop de problèmes (2-0).

En demi-finales, les deux nations nous offrent une des plus belles

oppositions du tournoi. Nuno Gomes ouvre le score (19ème minute) avant

que Thierry Henry n’égalise dès le début de seconde période (52ème). Les

deux équipes ne parviennent pas à se départager jusqu’au bout des

prolongations. À la 117ème minute, Abel Xavier commet une faute de main

dans la surface. Zidane se charge de transformer la sentence, décisive

étant donné que la règle du but en or est en vigueur. Ce France-Portugal

a sans doute été l’un des plus équilibrés et un des plus serrés de l’histoire.

La France est parvenue à s’en sortir et à continuer sa série face aux

Portugais grâce à ce coup du sort, avant de remporter la finale du tournoi

face à l’Italie (2-1). Les Lusitaniens ont réalisé eux un parcours honorable,

à un niveau auquel on ne les attendait pas.

France-Portugal 2006 : Le réalisme français

Pour finir ce voyage, allons en Allemagne à Munich. Finaliste du

dernier Euro chez lui et guidé par une génération dorée de feu, le Portugal

n’est jamais apparu aussi fort depuis bien longtemps. Sortis premiers de

leur poule sans encombre, les hommes de Scolari ont battu les Pays-Bas

(1-0) et l’Angleterre (0-0, 3-1 t.a.b) au terme de deux matchs très tendus.

La France quant à elle a perdu de sa superbe avec des parcours assez

moyens en 2002 et 2004. Elle s’extirpe de justesse de son groupe en

deuxième position, derrière la Suisse et un point devant la Corée du Sud.

Les Bleus sortent ensuite l’Espagne (3-1) et le Brésil (1-0) pour arriver en

demis.

Pour ce France-Portugal, il n’y aura pas besoin de prolongations.

Dans un match globalement dominé par le Portugal, notamment à la

possession de balle, les joueurs de Raymond Domenech ont su l’emporter,

grâce à un penalty concédé sur une faute de Carvalho et transformé

encore une fois par Zidane (33ème minute). Les Portugais ont pourtant

poussé pour égaliser, mais sans succès. La France allonge donc encore

sa série face au Portugal, alors que le rapport de force semblait pour une

fois un peu inversé. Elle tombera en finale face à l’Italie aux tirs aux buts

(1-1, 5-3 t.a.b). Le Portugal n’égalera pas sa meilleure performance en

Coupe du Monde en s’inclinant face à l’Allemagne dans la petite finale (3-

1).

Chaque France-Portugal en compétition officielle a donc eu son lot

de surprise, de démonstration et d’émotion. Celui à venir au Stade de

France sera encore dans un tout autre contexte : une France jeune et

prometteuse face à un Portugal en totale reconstruction. Reste à voir qui

parviendra à s’imposer cette fois-ci.

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REPLAY

FRANCE-PORTUGAL 1984, 2000 ET 20006

Page 26: FOOT+ numéro 49 août septembre 2014

ZOOM

MARCELO BIELSA PAR L'ÉQUIPE

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Avant d'arriver à Marseille, il était déjà surnommé "El Loco" par sa rigueur tactique

et la charge physique de ses entraînements. Atypique, il passe la majorité de ses rencontres

assis sur sa glacière, à donner des conseils à ses joueurs comme ici face à Reims.

Et pour l'instant, cela porte ses fruits car l'OM caracole en tête de la Ligue 1.