ÉTUDE SUR LA MISE SUR PIED D'UN FONDS DE CAPITAL DE RISQUE POUR SOUTENIR L'INDUSTRIE TOURISTIQUE DU QUÉBEC. Michel Rochette Enterprise Risk Advisory, LLC 1995 Problématique actuelle: Tout d'abord, il est important de rappeler l'impact du secteur touristique dans son ensemble sur l'économie et le niveau des emplois qu'il génère. En termes mondiaux, l'Organisation mondiale du tourisme prévoit que le tourisme sera la première industrie au niveau mondial en l'an 2000. C'est également le plus grand employeur au monde et procure de l'emploi à un travailleur sur quinze. Le taux de croissance de cette industrie se situera à plus de 3,5% par année pour les 10 prochaines années. C'est une industrie de 336 milliards de dollars américains sans compter les transports internationaux. Au niveau canadien, l'industrie touristique a généré des recettes intérieures de 27,2 milliards en 1993. Bien qu'on ne considère pas souvent le tourisme comme une activité d'exportation, celle-ci occupe le cinquième rang des exportations canadiennes. Le tourisme fait d'ailleurs partie de la Stratégie canadienne pour le commerce international telle qu'incarnée par la 2
PROJET D'ÉTUDES POUR LA CRÉATION D'UN FONDS DE CAPITAL DE RISQUE POUR L'INDUSTRIE TOURISTIQUE DU QUÉBEC
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ÉTUDE SUR LA MISE SUR PIED D'UN FONDS DE CAPITAL DE RISQUE POUR SOUTENIR L'INDUSTRIE TOURISTIQUE DU QUÉBEC.
Michel RochetteEnterprise Risk Advisory, LLC1995
Problématique actuelle:
Tout d'abord, il est important de rappeler l'impact du secteur touristique dans son
ensemble sur l'économie et le niveau des emplois qu'il génère. En termes mondiaux,
l'Organisation mondiale du tourisme prévoit que le tourisme sera la première industrie au niveau
mondial en l'an 2000. C'est également le plus grand employeur au monde et procure de l'emploi
à un travailleur sur quinze. Le taux de croissance de cette industrie se situera à plus de 3,5% par
année pour les 10 prochaines années. C'est une industrie de 336 milliards de dollars américains
sans compter les transports internationaux.
Au niveau canadien, l'industrie touristique a généré des recettes intérieures de 27,2
milliards en 1993. Bien qu'on ne considère pas souvent le tourisme comme une activité
d'exportation, celle-ci occupe le cinquième rang des exportations canadiennes. Le tourisme fait
d'ailleurs partie de la Stratégie canadienne pour le commerce international telle qu'incarnée par la
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Commission canadienne du tourisme. Cette industrie compte quelque 60 000 entreprises, qui
emploient directement 600 000 personnes à tous les niveaux, des lignes aériennes aux magasins
de souvenirs jusqu'aux gîtes du passant.
Au niveau du Québec, les dépenses globales ont atteint 4,9 milliards en 1993(touristes et
excursionnistes). Cette industrie compte environ 22 000 entreprises dont 85% sont considérées
comme des PMEs. Cependant, c'est une industrie qui est concentrée sous plusieurs aspects:
A)Répartition géographique des touristes et des dépenses:
-La région touristique de Montréal obtient 35% des dépenses mais 22% des voyages.
-La région de Québec obtient 21% des dépenses mais 17% des voyages.
-Toutes les autres régions du Québec obtiennent en général moins de dépenses que de
voyages.
Raisons:
-La durée moyenne du séjour est supérieure à Montré l(3 nuitées en moyenne) et à
Québec(2,4 nuitées) que dans les autres régions.
-Les touristes dépensent plus à Montréal(78$ en moyenne par jour) parce qu'il s'agit plus
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d'une clientèle étrangère, de voyages d'affaires et de congrès.
-À Québec, la clientèle est plus une clientèle d'agrément(73$ en moyenne par jour). La
venue du nouveau centre des congrès devrait cependant rapprocher Québec de Montréal.
-Dans les autres régions, la clientèle est plus d'origine québécoise, de circuit et dépense
moins par jour.
B)Répartition selon les secteurs d'activités:
-Globalement, dans un "voyage", les principales dépenses sont le transport, l'hébergement,
la restauration et les divertissements.
-Au Québec, 75% des dépenses sont reliés au transport(44%) et à l'hébergement et
restauration(31%). Les loisirs et divertissements occupent le reste(7%).
i)Transport:
Au niveau du transport, 25% des emplois en tourisme relèvent de ce secteur. Le transport
aérien représente 20% des dépenses. La très grande majorité des touristes externes arrivent au
Québec par avion(30% pour les Américains et 80% dans les autres cas) mais seulement 2% des
voyages faits par les Québécois le sont en avion. Ces transports sont concentrés entre les filiales
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des deux grands transporteurs nationaux. Cependant, la déréglementation a permis l'éclosion de
plusieurs PMEs aériennes régionales(Ailes de Gaspé, Confortaire, Air Satellite, Air Alma, Air
Crebec). De plus, suite aux difficultés de Canadien, de nouvelles compagnies pourraient naître.
Le transport interurbain de surface accapare près de 25% des dépenses. L'automobile
représente 92% des déplacements touristiques. De nouvelles PMEs de transport par autocar, qui
dédient une partie de leurs opérations au secteur touristique, sont nées (Ex. Deshaies, Limocar,
Maheux). D'autres modes de transport saisonnier servent le marché touristique tels des PMEs
ferroviaires(Le Tortillard de Québec à La Malbaie, le train Hull-Wakefield), des PMEs
spécialisées en navigation telles que Croisières Navimex entre Québec et Le fjord du Saguenay,
le nouveau transport par bateau entre Carleton et les îles de la Madeleine depuis l'été 95, le
Nordik Passeur entre la Gaspésie et la basse Côte-Nord. Il ne faudrait pas négliger non plus les
"nouveaux modes de transport" dont la motoneige(réseau TransQuébec), le traîneau à
chiens(dans les traditions des peuples autochtones dont les Inuits), le vélo avec la création de
l'autoroute cycliste du Québec au cours des 10 prochaines années.
ii)Hébergement:
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Au niveau de l'hébergement, 64% des emplois en tourisme sont reliés à l'hébergement.
L'hôtellerie(1845 établissements) est la principale forme suivi des terrains de camping(743), des
pourvoiries(582), des centres de vacances(247), des meublés touristiques(159), des gîtes
touristiques(144) et auberges de jeunesse(25).
En général, Montréal et Québec ont moins d'hôtelleries en nombre mais possèdent une
plus grande proportion des chambres disponibles que les autres régions. Donc, les régions ont
de plus petits hôtels. De plus, selon le ministère du Tourisme, 75% du parc hôtelier québécois a
moins de 25 chambres. Quant aux autres formes d'hébergement, elles sont concentrées dans
certaines régions. Par exemple, les terrains de camping se retrouvent beaucoup en Montérégie,
les pourvoiries (SEPAQ) dans l'Outaouais et le Manicouagan, les centres de vacances dans
les Laurentides et l'Estrie.
Au niveau de la restauration, 75% des établissements de restauration se situent dans les
régions administratives de Montréal et Québec. Globalement, seulement 17% des revenus des
17 000 restaurants proviennent des touristes bien que pour certaines formes d'hébergement
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(hôtellerie/pourvoirie), la composante restauration représente une part importante de leurs
chiffres d'affaires, surtout en région.
iii)Loisir/Divertissement:
Au niveau du divertissement, on retrouve une kyrielle d'acteurs, surtout des PMEs
oeuvrant dans une foule de secteurs.
-Activités sportives:
Deux des principaux centres destinés à la pratique sportive sont arrivés à maturité, soient
les centres de ski alpin et de fond et les activités de chasse et de pêche. Quant au centre de ski,
ils se divisent en petits centres et en centres majeurs et les séjours sont combinés avec de
l'hébergement (style condo au cours des dernières années mais en perte de vitesse, cependant). Il
y a eu beaucoup d'investissements publics faits dans certains centres de ski au cours des dernières
années. Par la suite, certains ont été achetés par l'entreprise privée tels que le Mont-Tremblant
par Intrawest et le Mont St-Anne a été le dernier sur la liste de privatisation. C'est une industrie
importante mais en restructuration. Quant au ski de fond, c'est un secteur en perte de vitesse.
D'autres activités sportives sont cependant en croissance. Les randonnées en motoneige
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représentent près de 120 000 adeptes au Québec sur 30 000 kilomètres de sentiers. Le
cyclotourisme est aussi devenu une activité importante. On n'a qu'à penser à l'organisation
d'événements par des petites PMEs tels que Le Tour de l'île de Montréal, la randonnée annuelle
entre Montréal et Québec et certains événements plus pointus tels que le Tour de l'Île d'Orléans à
Québec. Le vélo de montagne connaît encore une certaine mode. Le tourisme nautique profite
maintenant d'un bon réseau de marinas construites à grands frais par les pouvoirs publics au
début des années 80; le dilemme actuel est de les entretenir dans un contexte de restriction
budgétaire gouvernemental. En effet, il existe plus de 105 marinas et 300 structures nautiques
sans compter les nombreuses très petites PMEs oeuvrant dans la location de bateaux. D'autres
secteurs sont particulièrement importants dans certaines régions tels que les centres équestres.
Quant au golf, il est en plein croissance, surtout dû au vieillissement de la population. Par
ailleurs, certains parcs d'activités tels qu'à Valcartier près de Québec sont à noter comme
intervenant complémentaire au tourisme.
-Attraits permanents:
Les festivals ont pris beaucoup d'importance au cours des dernières années. Ce sont
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évidemment des activités complémentaires mais qui, dans plusieurs cas, sont des déclencheurs du
tourisme. Il existe les fêtes populaires. En effet, quel village au Québec ne met pas en vigueur
son festival distinctif attirant une clientèle locale et inter régionale! Par exemple, le festival de la
Poésie de Trois-Rivières. D'autres festivals régionaux connaissent quand même des retombées
en dehors des frontières du Québec. On n'a qu'à penser au Festival du folklore de
Drummondville, au festival du Cinéma international de Rouyn-Noranda et au Carnaval souvenir
de Chicoutimi. Ce sont cependant souvent l'oeuvre d'intervenants locaux tels que les chambres de
commerce et les municipalités. Il existe aussi les spectacles-performance surtout concentrés à
Montréal et Québec tels que le Festival de jazz de Montréal, le Festival des films du Monde, le
Festival d'été de Québec, le Carnaval de Québec, la course à voile Québec-Saint-Malo, le
chancelant festival Les Médiévales de Québec mais quand même très prometteur et différent, le
Grand prix de formule un de Montréal, le Challenge Player's de tennis. Il est également à noter
que ces derniers festivals, qui sont quand même gérés par des PMEs, auront peut-être bientôt
besoin de financement si le gouvernement fédéral limite la possibilité des compagnies de tabac
de financer de tels événements amiraux, qui drainent beaucoup de touristes et qui peuvent servir
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de catalyseurs pour d'autres activités touristiques plus petites.
Quant au parc thématiques, centres d'interprétations et musées, il y encore là une très
grande diversité. On retrouve les grands musées financés par les fonds publics -exception faite
du Musée Juste pour Rire - surtout à Montréal et Québec alors que les plus petits centres se
retrouvent en région. Il en existe des plus traditionnels tels que le musée du Capitaine Bernier à
l'Îlet sur Mer jusqu'aux plus récents tels que les économusées thématiques. Quant aux parcs,
certains sont à rayonnement international tels que le Jardin Botanique et le Biôdome à Montréal,
les jardins zoologiques à Québec, à Hemmingford, à St-Félicien, à Granby et l'aquarium de
Québec. Il ne faut pas oublier les innombrables centres d'interprétation de même que les
observatoires et le Planétarium de Montréal. Et cela, sans compter les nombreux villages où les
thèmes de l'histoire(Ex. Village québécois d'antan à Drummondville, Village d'Émilie.) et de la
culture sont présents. Le tourisme religieux est cependant souvent négligé de même que les
églises du Québec qui sont nos châteaux. On dénote 10 abbayes, 130 églises ou chapelles
historiques sans compter les couvents, les cimetières et les lieux historiques à caractère religieux.
Cependant, encore une fois, devant les rationalisations des gouvernements, certains équipements,
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que l'on considère actuellement comme publics, devront peut-être devoir être assumés par des
PMEs.
iv)Distribution:
Le secteur des grossistes et des agents de voyage représentent 1094 agents de voyage. La
majorité sont des détaillants suivi des grossistes. A ce chapitre, il est utile de distinguer les
agences réceptives des agences qui n'envoient que les Québécois vers les destinations étrangères.
Les agences réceptives sont un peu le parent pauvre de l'industrie de la distribution. De la
vingtaine d'entreprises réceptives, la très grande majorité vendent le produit québécois aux États-
Unis surtout pour le tourisme d'agrément et le tourisme d'affaires. Viennent par la suite les
voyages de motivation, les voyages de chasse et de pêche et le ski.
C)Répartition selon les saisons:
Une caractéristique importante du tourisme au Québec est sa réalisation et son importance
selon les saisons. En effet, les voyages d'agrément se déroulent surtout au troisième
trimestre(48%), les touristes qui viennent par affaires et pour les congrès se répartissent
uniformément durant l'année avec une pointe au deuxième trimestre alors que les touristes
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visitant des parents et des amis le font uniformément durant l'année. On peut mesurer le
tourisme en fonction des saisons mais on observe le même phénomène.
D)Impacts généraux au niveau du mode de financement:
Les PMEs de Montréal et Québec ont sans doute une structure financière un peu plus
solide que celles des régions. Les touristes y viennent à longueur d'année contrairement aux
autres régions, ils dépensent plus d'argent et restent plus car ce sont beaucoup des touristes
étrangers et d'affaires.
Dans les régions autres que Montréal et Québec, il s'agit plus d'un tourisme saisonnier que
ce soit l'été ou l'hiver. Ceux-ci vont nécessairement utiliser des moyens de transport - à part la
voiture - plus locaux et vont demeurer dans de petits hôtels ou dans leur famille. Ils sont surtout
constitués des Québécois dans certaines périodes de l'année, dépensent moins que les touristes
étrangers et demeurent moins longtemps.
Quant aux activités de loisir et de divertissement, elles sont offerts par des PMEs et dans
plusieurs cas de très petites entreprises. Ce sont des activités avant tout extrêmement
influencées par la saison. Ce sont sans doute des entreprises qui nécessitent beaucoup de
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financement intérimaire car elles font face à un long délai entre le moment où elles encourent
leurs dépenses de préparation et leurs revenus subséquents. Entre temps, des risques non-prévus,
à la fois internes et externes, peuvent anéantir leurs projets. On n'a qu'à penser aux inondations
au Saguenay à l'été 96 qui ont, dans plusieurs cas, détruit la saison touristique. Cependant, elles
furent sauvées par un programme d'assurance gouvernementale. Donc, les risques sont élevés.
Quant au secteur de la distribution, le renforcement financier du secteur des agences
réceptives, qui pourraient offrir plus de circuits, de séjours urbains et de villégiature et des
produits innovateurs au Québec, aurait comme impact le renforcement financier des secteurs
fournisseurs de transport, d'hébergement et de divertissement.
Objectifs de l'étude:
Dans toute activité touristique, il y a trois phases. Il faut TRANSPORTER le touriste, il
faut l'HÉBERGER(incluant la restauration) et il faut le DIVERTIR. Ainsi, que le touriste voyage
par lui-même ou en groupe, qu'il vienne ici lors d'un congrès, d'un séjour de villégiature, lors d'un
voyage de motivation ou d'un circuit, qu'il vienne spécifiquement pour pratiquer un sport,
participer à une activité culturelle ou thématique, les interventions se feront toujours au niveau
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de ces trois catégories. Et pour que celles-ci fonctionnement rondement, il y a plusieurs
composantes à tenir compte dont le financement, qui est le but premier de cette étude.
Il existe plusieurs sources de financement traditionnelles telles que celles offertes par les
gouvernements sous forme de subventions, de garanties et les institutions financières sous forme
de prêts, surtout. Nous analyserons plus loin celles qui ont existé jusqu'à maintenant mais on
peut affirmer, à prime abord, qu'elles ne sont pas toutes appropriées pour l'industrie touristique
puisqu'elles exigent toujours une certaine forme de garantie, qui s'exerce la majorité du temps sur
des actifs tangibles. D'ailleurs, les institutions sont en général très "risk-averse" puisqu'elles sont
incapables d'évaluer les risques. Puisqu'elles sont incapables de les évaluer, elles ne font
qu'exiger des garanties afin de minimiser une perte potentielle, qu'elles ont de toute façon de la
difficulté à estimer à prime abord.
Il est peut-être possible d'accorder une telle garantie dans le cas de l'hébergement ou du
transport mais devient carrément impossible à obtenir s'il s'agit d'entreprises de divertissement où
les actifs sont composés des créateurs et de leurs créations. On retrouve, en fait, la même
problématique au niveau des entreprises qu'ont qualifient de la nouvelle économie -
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biotechnologies, logiciels, animations, cdroms - et celle des secteurs du divertissement tels que le
théâtre, le spectacle et l'animation.
C'est alors qu'interviennent les capitaux de risque. En effet, le Guide Pratique du capital-
risque1
définit le capital-risque comme "une source de financement particulière offerte aux
entreprises non cotées, récentes ou connaissant un développement important". Ainsi, pour qu'un
tel fonds puisse fonctionner, il faudra vérifier l'applicabilité des critères généraux des capitaux-
risque au contexte de l'industrie touristique québécoise:
-Contrairement aux financements traditionnels, ils n'exigent ni caution, ni garantie.
-L'investissement se fait en général en capital propre permettant une croissance
harmonieuse et équilibrée en permettant également d'absorber les coups.
-L'investissement est fait sur mesure.
-L'investisseur en capital-risque aide aussi à l'analyse et au processus de décision
de l'entrepreneur puisqu'il s'agit d'une participation active de capital-risque
contrairement aux méthodes de financement traditionnel. C'est en fait un